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Ukraine: le Conseil de sécurité, réuni à la demande de la Russie, débat des responsabilités de l’incident du 3 février à Lysychansk

9544e séance - après-midi
CS/15580

Ukraine: le Conseil de sécurité, réuni à la demande de la Russie, débat des responsabilités de l’incident du 3 février à Lysychansk

Réunis de nouveau à la demande de la Fédération de Russie, les membres du Conseil de sécurité ont débattu, cet après-midi, des frappes sur la ville ukrainienne de Lysychansk (région de Louhansk), sous contrôle russe, lesquelles auraient entraîné la mort de 28 civils.  Attribuant ces attaques à l’Ukraine, la Russie a déclaré disposer de preuves que les projectiles sont de fabrication américaine.  Les délégués ont examiné l’incident après un bref exposé de Mme Rosemary DiCarlo, Secrétaire générale aux affaires politiques et à la consolidation de la paix.  Si la plupart des membres du Conseil ont rappelé aux deux parties leurs obligations humanitaires, plusieurs ont également estimé que la Russie devrait être considérée comme principale responsable. 

Rappelant les faits, le représentant de la Fédération de Russie a évoqué une frappe de missile le 3 février dernier, ayant détruit une boulangerie et tué 28 personnes à Lysychansk.  Il a invoqué les conclusions d’enquêteurs russes selon lesquels l’attaque aurait reposé sur des systèmes de roquettes américains HIMARS.  Partant, il a accusé l’Ukraine d’être à l’origine de plusieurs « actes terroristes » pendant ce dernier mois et demi.  Kiev aurait ainsi fomenté un attentat à Voronej et commis un acte terroriste délibéré le 24 janvier dernier contre un avion de transport militaire russe.  Tout cela a conduit le délégué russe à exhorter les membres du Conseil et l’ONU à condamner la frappe ayant touché la ville de Lysychansk et tous les actes terroristes du « régime de Kiev ». 

Plusieurs intervenants ont réagi en lançant un appel aux deux parties.  L’Équateur a ainsi exhorté la Russie et l’Ukraine à observer strictement le droit international humanitaire dans le respect des principes de distinction, de proportionnalité et de précaution.  Une requête également relayée par la Suisse. Dans la même veine, le Mozambique, la Chine, l’Algérie ou encore le Guyana ont exhorté les belligérants à entamer des négociations.  La Sierra Leone a appelé de ses vœux la recherche d’une solution politique et diplomatique, qui respecte la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues. Il faut cesser immédiatement les hostilités, a-t-elle martelé. 

D’autres délégations ont insisté sur la responsabilité particulière qui incomberait à la Russie.  Ainsi, les États-Unis ont estimé que Moscou devait être considérée à « 100% responsable » des décès et des destructions découlant de « la guerre de Putin contre l’Ukraine »; le Royaume-Uni, bien que déplorant les victimes de Lysychansk, a considéré qu’il convenait de ne pas oublier qui est responsable; et la République de Corée a jugé que la « mauvaise décision » de la Russie était à l’origine de ces « situations tragiques ».  De son côté, la France n’a pas hésité à fustiger « le cynisme avec lequel la Russie tente d’inverser les responsabilités » en convoquant cette réunion du Conseil, estimant que sa démarche « insulte notre intelligence ». 

Ces dernières interventions ont été saluées par l’Ukraine, qui a accusé la Russie d’utiliser le Conseil comme tribune pour y diffuser des « infox ».  Son représentant a condamné une diplomatie russe « dénuée de morale ». 

Alarmée comme chacun de l’augmentation « significative » du nombre de victimes en décembre et en janvier, la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix a évoqué aussi bien le pilonnage de Lysychansk que l’intensification des frappes par la Russie et son ciblage des installations de la région de Zaporizhzhia. Selon elle, ces événements montrent que le conflit est particulièrement délétère pour les populations qui résident à proximité des zones de combat actif.  À ce titre, elle a déploré l’insuffisance de l’aide déployée pour les civils en Ukraine et appelé la Russie à ménager un accès humanitaire aux populations sous son contrôle, conformément au droit international. 

 

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Déclarations

Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a commencé son intervention avec un bilan du conflit ukrainien en termes de victimes civiles.  Depuis février 2022, ce sont ainsi 10 382 personnes qui ont été tuées, dont 579 enfants, selon le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme.  La Secrétaire générale adjointe s’est alarmée de l’augmentation « significative » du nombre de victimes en décembre et en janvier, notant que durant ce dernier mois seulement, plus de 158 civils auraient perdu la vie. 

La Secrétaire générale adjointe a ensuite évoqué le pilonnage de la ville ukrainienne de Lysychansk, sous contrôle russe, qui aurait entraîné la mort de 28 personnes.  Elle a également déploré l’intensification des frappes russes, à l’origine de la mort de 4 civils hier, ainsi que le ciblage par la Fédération de Russie de 570 installations dans la région de Zaporizhzhia, à l’origine de la mort de 12 civils.  Les conséquences du conflit sont particulièrement délétères pour les populations qui vivent à proximité des zones de combat actif, a-t-elle averti. 

Saluant le travail des organisations humanitaires, elle a condamné la détérioration de leurs conditions de travail.  À ce titre, elle a rappelé la mort, le 1er février, de deux travailleurs humanitaires français suite à des frappes russes dans la région de Kherson.  Plus de 14,6 millions d’Ukrainiens, soit 40% de la population totale, ont besoin d’aide humanitaire, a-t-elle poursuivi, rappelant que l’ONU a demandé un total de 4,2 milliards de dollars pour aider les communautés touchées. Dans ce cadre, elle a lancé un appel à la Russie pour qu’elle ménage un accès humanitaire aux populations sous son contrôle, rappelant qu’il s’agit d’une obligation en droit international humanitaire.  

Sur une note plus positive, la Secrétaire générale adjointe a relevé les récents échanges de prisonniers entre la Russie et l’Ukraine.  Dans ce cadre, elle a toutefois appelé la Russie à laisser les observateurs internationaux accéder aux prisonniers de guerre.  Dans deux semaines, nous entrerons dans une troisième année de conflit, a-t-elle conclu, estimant que les conséquences du conflit en termes de paix et de sécurité mondiales se font de plus en plus claires.

Le représentant de la Fédération de Russie a indiqué que sa délégation avait demandé la convocation de cette « réunion d’urgence » du Conseil de sécurité suite à une frappe de missile sur la ville de Lissitchansk ayant détruit une boulangerie et tué 28 personnes.  Cette frappe a été effectuée par des systèmes de roquettes HIMARS selon la commission d’enquête de la Russie qui a déjà prélevé des fragments de munitions en cours d’analyse.  Si la délégation russe convoque « trop souvent » le Conseil de sécurité au sujet de la crise ukrainienne, c’est à cause des combattants ukrainiens qui se déchaînent sans retenue commettant « chaque semaine des actes terroristes contre des civils sur les territoires de la Russie », a expliqué le délégué.  « Il s’agit du quatrième acte terroriste en un mois et demi par le régime de Kiev. »  Hier, la Russie a appris que les douaniers géorgiens avaient confisqué des explosifs destinés à effectuer des actes terroristes à Voronej, a signalé le délégué en comparant le Gouvernement de l’Ukraine à l’État islamique.  Il a regretté que les forces armées ukrainiennes se sentent autorisées à agir en toute impunité parce que Washington, Londres ou Bruxelles les soutiennent quoi qu’il arrive. 

Poursuivant, le délégué a accusé les pays occidentaux de sacrifier des vies et la morale humaine.  Il a espéré que les simples citoyens des États-Unis et de l’Union européenne en apprennent davantage sur ce qui est commis à Kiev et sur la participation de leurs autorités à ces actes terribles.  Ils doivent savoir que l’armement destiné à l’Ukraine est utilisé à des fins terroristes et contre des civils et des infrastructures civiles, a-t-il souhaité.  Le représentant a accusé l’Ukraine d’avoir commis un acte terroriste délibéré le 24 janvier dernier contre un avion de transport militaire russe qui transportait 64 prisonniers de guerre ukrainiens. Il s’est étonné du fait que le Président Zelenskyy soit revenu sur la nécessité de mener une enquête internationale sur cet incident à mesure qu’apparaissent de nouvelles preuves de la participation des forces ukrainiennes.  La Russie est prête à informer des résultats de l’enquête nationale menée sur ce crime des forces armées ukrainiennes, a déclaré le représentant qui a, enfin, appelé les membres du Conseil et l’ONU à condamner la frappe contre la ville de Lissitchansk et tous les actes terroristes du « régime de Kiev ».

Le représentant des États-Unis a regretté toutes les victimes civiles.  Comme la Russie ne permet pas un libre accès de la presse, il est difficile de vérifier les informations avancées, a dit le délégué, tout en estimant que le Kremlin est à « 100% responsable » des décès et des destructions découlant de « la guerre de Putin contre l’Ukraine ».  Les attaques visant les civils et les biens civils sont des violations du droit international humanitaire, a-t-il rappelé.  Il a demandé la protection des civils et dénoncé le mépris de la Russie pour le droit international humanitaire.  Il a souligné la nécessité d’enquêter sur toutes les violations de ce droit, en évoquant les atrocités commises par la Russie, notamment à Boutcha. 

C’est la Russie seule qui a lancé cette guerre en violation flagrante de la Charte des Nations Unies et qui essaye de détruire la souveraineté ukrainienne, a-t-il tranché.  Le représentant a dénoncé également l’utilisation par la Russie de missiles balistiques provenant de la République populaire démocratique de Corée, dénonçant un transfert illicite d’armes et de technologies qui sape la sécurité régionale et le régime de non-prolifération.  « La Russie est le seul agresseur dans cette guerre et la seule partie qui puisse mettre un terme à cette guerre », a déclaré le délégué avant de lui demander à nouveau de retirer ses forces du territoire internationalement reconnu de l’Ukraine. 

Le représentant du Mozambique s’est tout particulièrement inquiété des répercussions du conflit sur la stabilité future en Europe et, partant, de ses conséquences sur la sécurité internationale.  Il a estimé que le conflit présentait un risque important d’expansion régionale, voire mondiale.  Nous approchons un point de non-retour, lequel pourrait remettre en cause des décennies de paix en Europe, a-t-il averti, estimant que nous sommes aujourd’hui à un tournant susceptible de définir l’avenir pendant plusieurs générations. Dans ce contexte, la résilience du cadre des Nations Unies est mise à l’épreuve, et le cadre international de règlement des conflits montre ses limites, a-t-il déploré.  Il a conclu en lançant un appel à la recherche d’une solution politique et négociée, en mettant notamment la priorité sur le respect de la souveraineté et le bien être des civils. 

Le représentant de la République de Corée a regretté que le Conseil se réunisse à nouveau pour discuter d’une tragédie causée par la guerre, notamment la tragédie qui s’est produite dans la ville de Lysychansk.  Il a dit être préoccupé par l’augmentation du nombre de civils innocents tués en Ukraine.  Il s’est aussi inquiété de la destruction d’infrastructures civiles pendant la guerre.  Toute attaque contre les femmes et les enfants est inacceptable, a-t-il appuyé en demandant de pleinement respecter les biens indispensables à la survie de la population civile et de protéger les infrastructures civiles.  Le représentant a appelé les parties à respecter le droit international humanitaire afin de protéger la vie et les biens des civils à tout moment.  Si la Russie n’avait pas pris la mauvaise décision, nous ne serions pas aujourd’hui témoins et en deuil de ces situations tragiques, a déploré le délégué qui a demandé à la Fédération de Russie de retirer immédiatement ses forces militaires du territoire ukrainien et de mettre fin à cette guerre, afin d’éviter de nouvelles victimes civiles. 

Le représentant de la Suisse a pris note de la raison invoquée par la Russie pour convoquer le Conseil aujourd’hui, à savoir l’attaque signalée à Lysychansk, une ville occupée par la Russie dans la région de Luhansk, dans l’est de l’Ukraine. « La Suisse déplore la perte de chaque vie, qui représente le coût le plus exorbitant de cette guerre, qui a déjà fait tant de ravages. »  Nous appelons toutes les parties au conflit à strictement respecter le droit international humanitaire et les droits de l’homme, a-t-il dit.  Il a appelé au respect des principes de distinction, de proportionnalité et de précaution dans la conduite des hostilités.  « Nous réitérons la nécessité de garantir un accès humanitaire complet, rapide, sûr et sans entrave dans toute l’Ukraine, y compris dans les territoires sous contrôle militaire russe. »

Le représentant de l’Équateur a fait part d’un sentiment de déjà-vu au Conseil de sécurité.  Il a regretté les récents rapports faisant état de lancement de missiles, évoquant l’attaque sur Lysychansk.  Dans ce cadre, il a exhorté les deux parties non seulement à cesser de cibler les civils et les infrastructures civiles, mais aussi à respecter les principes de proportionnalité et de précaution.  Enfin, le délégué a lancé un appel pour que l’on use de toutes les voies diplomatiques possibles afin de mettre fin au conflit. 

La représentante du Japon a estimé difficile de faire des commentaires officiels sans connaître les faits.  Mais « pourquoi cet incident s’est-il produit à Lysychansk? s’est-t-elle ensuite interrogée en faisant remarquer que sans l’agression non provoquée de la Russie contre un État souverain, cet incident n’aurait pas eu lieu.  La Russie répète ses tentatives inutiles pour nous faire oublier cette évidence, a analysé la déléguée, rappelant un autre fait fondamental selon lequel la Russie est un membre permanent du Conseil de sécurité, avec la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales. 

L’agression russe contre l’Ukraine ne concerne pas seulement l’Europe: elle constitue un défi aux règles et principes de la communauté internationale dans son ensemble, a estimé la déléguée.  En tant que membre de la communauté internationale, son pays est d’avis que la Russie doit cesser de violer la Charte des Nations Unies, assumer ses responsabilités et utiliser sa puissance pour le bien du monde entier. Elle a enfin exhorté une fois de plus la Russie à mettre un terme à son agression et à se retirer immédiatement et sans condition de l’ensemble du territoire internationalement reconnu de l’Ukraine.

Le représentant de la Slovénie a compati avec les familles des victimes de l’attaque perpétrée samedi dernier dans la ville occupée de Lysychansk.  Il a regretté ces pertes inutiles en vies humaines dans cette guerre inutile et illégale.  Le respect du droit international humanitaire et des droits humains doit être garanti par toutes les parties et à tout moment, a prié le délégué en demandant de respecter les dispositions sur la protection des civils, des bâtiments civils et d’autres infrastructures pendant les conflits armés. Il a également demandé de mettre en œuvre la résolution 2573 (2021) du Conseil de sécurité. 

Le représentant a souligné l’importance de la confiance afin d’obtenir l’action du Conseil pour mettre fin à la guerre en Ukraine.  Le délégué a dit avoir réclamé à plusieurs reprises des mesures rapides, efficaces et totales de redevabilité, y compris la justice pour les victimes.  La Slovénie soutient la Cour pénale internationale (CPI), a-t-il ajouté rappelant que son pays est membre du groupe restreint sur la création d’un tribunal spécial sur le crime d’agression contre l’Ukraine.   Il a exigé que la Russie mette fin à sa guerre d’agression et retire ses troupes d’Ukraine. « Ce n’est qu’ainsi que l’on pourra mettre fin à la destruction et aux morts inutiles.  C’est aussi simple que cela. » 

Le représentant de l’Algérie a mis en garde contre une escalade des tensions qui ne peut qu’alourdir encore le bilan des pertes en vies humaines.  Il a déploré la mort de 28 civils lorsqu’une boulangerie a été frappée.  « Comment le simple acte d’acheter du pain peut devenir aussi dangereux! »  Il a souligné la nécessité de mobiliser des efforts diplomatiques intenses pour mettre fin à la crise humanitaire.  Il est capital que toutes les parties ouvrent la voie à la désescalade des tensions et protègent les civils, a poursuivi le délégué.  « Il est également essentiel de créer les conditions pour un dialogue inclusif et constructif, conformément au principe de règlement pacifique des différends. » 

Le représentant de la France a condamné l’attaque russe du 3 février contre le convoi de l’organisation non gouvernementale EPER, laquelle aurait eu lieu alors que les véhicules non blindés arboraient le logo de l’ONG.  À ce titre, il a jugé cette action « délibérée », rappelant que deux secouristes français avaient perdu la vie.  Poursuivant, il a dressé un bilan des hostilités russes, mentionnant plus de 1 500 attaques et rappelant le ciblage de la gare de Kramatorsk, du centre commercial de Krementchouk ou des immeubles résidentiels de Vinytssia.  Dans ce cadre, il a fustigé « le cynisme avec lequel la Russie tente d’inverser les responsabilités », estimant que sa démarche « insulte notre intelligence ». La Russie porte l’entière responsabilité des morts de sa guerre en Ukraine, a-t-il conclu, estimant qu’elle seule a le pouvoir de faire cesser l’hécatombe en cessant son agression.

Le représentant de Malte a déclaré que la Russie avait mené, hier, des attaques contre neuf régions d’Ukraine, tuant au moins quatre civils et en blessant au moins cinq autres.  Ces attaques inhumaines s’ajoutent à la longue liste des atrocités russes, parmi lesquelles l’attaque massive menée dans la région de Kharkiv le 23 janvier, qui a causé la mort de 18 civils et en a blessé 130 autres, a rappelé le délégué avant d’exhorter la Russie à respecter pleinement le droit international, y compris le droit international humanitaire.  Il a aussi réaffirmé le soutien de Malte à tous les processus d’établissement des responsabilités en cours, notamment du travail important de la Cour internationale de Justice et de la Cour pénale internationale, ainsi que d’autres mandats essentiels.  Il a, enfin, de nouveau soutenu le droit à l’indépendance, à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues. 

Le représentant de la Sierre Leone a appelé à respecter la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, à cesser immédiatement les hostilités et à renforcer les efforts diplomatiques pour résoudre le conflit.  Il a pris note du bombardement de la ville de Lysychansk, occupée et contrôlée par la Russie, qui aurait entraîné la mort d’au moins 15 personnes.  Les parties au conflit et les parties impliquées doivent entamer un dialogue constructif et rechercher une voie vers une solution pacifique, a-t-il prié avant de demander également aux parties de protéger les civils à tout moment.  Les manquements à ces obligations doivent faire l’objet d’une enquête et les auteurs doivent être tenus pour responsables. 

Rappelant notamment que la guerre en Ukraine a fait plus de 29 731 victimes, le délégué a demandé que des mesures soient prises pour remédier à la situation humanitaire désastreuse en Ukraine.  « Il faut cesser immédiatement les hostilités. »  Il a expliqué que les parties au conflit doivent s’engager de manière constructive et de bonne foi afin de trouver une solution politique et diplomatique, qui respecte pleinement la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues. 

Le représentant de la Chine a appelé les parties à faire montre de retenue, à respecter le droit international humanitaire et à protéger les civils.  Les parties doivent s’accorder sur une solution sécuritaire qui leur convienne afin d’éteindre les « flammes de la guerre », a-t-il exhorté.  Le représentant a appuyé les efforts internationaux visant à répondre à la crise humanitaire.  La Chine est prête à contribuer à tous les efforts de paix, a conclu le délégué chinois.

Le représentant du Royaume-Uni a regretté toutes les pertes en vies humaines. Il a accusé la Russie d’atrocités à grande échelle, évoquant des actes de torture, des déplacements forcés ou encore des exécutions sommaires.  Le délégué a de même rappelé que la population russe paie elle aussi le prix fort du conflit.  À ce titre, il a fustigé le Président russe pour son obstination, malgré les dommages infligés à la position de son pays dans le monde et à ses propres populations endeuillées.  Il importe de ne pas oublier qui est responsable, a-t-il poursuivi, lançant un appel à la Russie, laquelle a le pouvoir de mettre fin au conflit immédiatement. 

La représentante du Guyana a déploré l’augmentation du nombre des victimes civiles de la guerre entre la Russie et l’Ukraine.  Elle a appelé à la fin immédiate de ce conflit et au retour à la diplomatie, a déploré le recours à la force et a demandé un règlement pacifique de la guerre.  Alarmée par l’intensification des bombardements ces derniers jours, la représentante a appelé les parties à protéger les infrastructures civiles et à éviter de nouvelles souffrances et pertes en vies humaines parmi les civils. Elle a dénoncé les atrocités commises dans cette guerre qui entraînent de graves crises humanitaires et des violations des droits humains.  Ces atrocités auront des répercussions néfastes à long terme sur la vie, la sécurité et le bien-être des civils, a prévenu la déléguée condamnant la détérioration continue de la situation des femmes et des enfants en Ukraine. 

La déléguée a cité l’UNICEF selon lequel il y a plus de 4 millions d’enfants dans le besoin en Ukraine.  Elle a exigé des parties qu’elles protègent les enfants et a demandé qu’elles mettent fin aux attaques contre les écoles, les hôpitaux, l’énergie, l’eau et les systèmes d’assainissement.  Le Guyana, a terminé la représentante, est solidaire du peuple ukrainien et appuie la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  Il faut parvenir à un règlement rapide de ce conflit et mettre fin à la menace qui pèse sur la paix et la sécurité internationales. 

Le représentant de l’Ukraine a jugé stupéfiant le « cynisme débridé du régime de Putin » qui continue d’inventer, encore et encore, de nouvelles allégations contre le pays qu’il a attaqué avec férocité.  Se disant satisfait que de nombreux membres du Conseil aient rappelé qu’il n’y aurait pas de guerre actuellement s’il n’y avait pas eu l’invasion à grande échelle menée contre son pays il y a deux ans, le représentant ukrainien a attaqué son homologue russe, l’accusant de lâcheté face à M. Putin.  Selon lui, la diplomatie russe, « dénuée de morale », n’aura jamais le courage de rappeler à M. Putin un fait des plus simples: c’est lui qui a pris la décision d’envahir l’Ukraine, et c’est aussi son choix d’y mettre un terme en retirant ses troupes. 

Accusant la Russie d’utiliser le Conseil comme tribune pour y diffuser des « infox », il a rappelé que Lysychansk était occupée par la Russie depuis juillet 2022 et que des crimes de guerre atroces et des crimes contre l’humanité y ont été commis.  Le 27 juin 2022, huit civils dont un enfant ont été tués par une roquette russe, alors qu’ils allaient chercher de l’eau.  Un militaire ukrainien a aussi été castré et torturé à mort à proximité de cette ville, a ajouté le délégué, citant une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux.  Il a aussi rappelé que des travailleurs humanitaires, y compris des ressortissants étrangers, y avaient trouvé la mort.  Le délégué a poursuivi en évoquant d’autres crimes de guerre ayant tué des Ukrainiens, dont des enfants, à Kharkiv et Kherson, ainsi qu’autour de ces villes. 

Engagé à faire en sorte que la Russie paie pour ses crimes, le représentant ukrainien a de nouveau exhorté ce pays à retirer ses troupes de l’Ukraine en vertu de la résolution de l’Assemblée générale (A/RES/ES-11/6) datée du 23 février 2023, intitulée « Principes de la Charte des Nations Unies sous-tendant une paix globale, juste et durable en Ukraine ».  L’Assemblée y exige que la Fédération de Russie retire immédiatement, complètement et sans condition toutes ses forces militaires du territoire ukrainien à l’intérieur des frontières internationalement reconnues du pays, et appelle à une cessation des hostilités.

Reprenant la parole, le représentant de la Fédération de Russie s’est inscrit en faux contre des déclarations qualifiées de « cyniques » selon lesquelles les tragédies n’auraient lieu qu’en raison de son intervention en Ukraine.  Il a fait valoir que sans la Russie, des événements tels que les frappes sur Lissitchansk se dérouleraient chaque jour, estimant que tel avait d’ailleurs été le cas pendant les huit années précédant l’opération russe.  Mentionnant la prise de parole du Royaume-Uni, il a accusé l’ancien Premier Ministre britannique Boris Johnson d’avoir sapé la signature d’un accord entre la Russie et l’Ukraine en ordonnant à ses « marionnettes de Kiev » de poursuivre les hostilités.  De ce fait, a-t-il continué, il est responsable de la mort de dizaines de milliers de jeunes ukrainiens sur le champ de bataille. 

Le délégué russe a également fustigé la pratique du « deux poids, deux mesures » par la France, laquelle déplorerait les décès de ses compatriotes, tout en fermant les yeux sur les victimes russes tombées sous les armes qu’elle donne à l’Ukraine.  Il a condamné Paris pour avoir soutenu le « régime néo-nazi » ukrainien pendant huit ans, ainsi que les attaques contre les civils du Donbass.  Accusant la France de prolonger la crise en participant au conflit, il a déploré que des citoyens français, victimes de la propagande, se mettent en danger en se rendant en Ukraine en qualité de volontaires ou de mercenaires. 

Reprenant à son tour la parole, le représentant de la France a dit s’incliner devant la mémoire de toutes les victimes.  Le jour où la Russie cesse la guerre, les victimes cessent, a-t-il établi. Il a rappelé que le niveau de violence dans le Donbass avant le début de la guerre était sans commune mesure avec la violence actuelle.  Enfin, pour répondre aux allégations de nazisme en Ukraine, il a rappelé que les seuls qui s’en réclamaient étaient Molotov et le fondateur de Wagner.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Iraq: les membres du Conseil de sécurité saluent des progrès politiques, alors que la situation sécuritaire redevient volatile

9543e séance - matin
CS/15578

Iraq: les membres du Conseil de sécurité saluent des progrès politiques, alors que la situation sécuritaire redevient volatile

 La Représentante spéciale du Secrétaire général pour l’Iraq et Cheffe de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI) Jeanine Hennis-Plasschaert a informé, ce matin, le Conseil de sécurité des derniers développements en Iraq, y compris la consolidation du processus électoral.  Le 18 décembre 2023, l’Iraq a organisé des élections provinciales pour la première fois depuis 10 ans, et, dans le cas de Kirkouk, pour la première fois depuis 2005.  Le processus électoral s’est déroulé de manière « globalement pacifique et techniquement solide », conduisant à l’élection de 76 femmes sur 285 sièges pourvus.  Des avancées unanimement saluées par les membres du Conseil. 

Cette unanimité a disparu à l’évocation des derniers développements sécuritaires et militaires à l’intérieur du pays et autour, dans un contexte régional inflammable. Comme Mme Hennis-Plasschaert l’a exposé, une attaque de drone du 28 janvier sur un camp militaire américain situé en Jordanie, à proximité de la frontière avec l’Iraq, a tué et blessé des militaires américains, qui ont riposté le 2 février, faisant eux aussi des victimes.  Ce qui est en cause, pour la Fédération de Russie, ce sont les efforts américains pour transformer le territoire iraquien en une « arène de règlement de comptes géopolitiques ».  Critiquant de nouveau la série de frappes américaines en Iraq et en Syrie, déjà à l’ordre du jour au Conseil hier, la Russie a fermement condamné ce qu’elle voit comme une ingérence américaine contre la souveraineté des États, ingérence attisant l’instabilité dans une région déjà en proie à la violence.  Justifiant leurs représailles, les États-Unis ont pour leur part fustigé des groupes armés échappant au contrôle de l’État iraquien, qui « menacent d’hypothéquer les gains de l’Iraq dans sa lutte contre Daech » et mettent à mal une stabilité obtenue de haute lutte. 

Craignant le débordement en Iraq du conflit à Gaza, Malte a souligné l’importance de respecter la souveraineté, l’intégrité territoriale et le processus politique démocratique de l’Iraq, afin de renforcer la stabilité intérieure et régionale. La Suisse, Malte et les A3+ (Algérie, Guyana, Mozambique et Sierra Leone) ont appelé à la plus grande retenue et à prendre des mesures urgentes pour désamorcer les tensions dans tout le Moyen-Orient.  L’État iraquien doit contrôler l’usage de la force sur son territoire, a ajouté la Suisse, tandis que l’Équateur, préoccupé avec le Japon par la présence de groupes terroristes en Iraq et la recrudescence de leurs attaques, appelait à un cessez-le-feu permanent et à un « resserrement » des alliances régionales.  La Cheffe de la MANUI a appelé à se recentrer sur la protection de l’Iraq contre une éventuelle implication dans un conflit plus vaste, en évitant le recours à la force brute.  « Frapper dans le but de lancer un message ne fait qu’attiser les tensions », a-t-elle prévenu. 

Sur la présence militaire américaine sur son sol, l’Iraq a, pour sa part, déclaré que le calendrier du retrait était en cours de discussion pour assurer une transition sans heurt.  La priorité selon lui est de réduire à néant la menace terroriste et le trafic de stupéfiants sur son sol. 

Concernant les relations entre le Gouvernement central et la Région du Kurdistan, la Cheffe de la MANUI a regretté que les élections législatives de la Région, initialement prévues en octobre 2022 et reportées à novembre 2023, soient de nouveau reportées à février de cette année.  La confiance déjà faible en pâtit, tandis que se poursuivent les querelles entre Bagdad et Erbil sur les questions financières et budgétaires, a-t-elle expliqué en observant que « ce sont les gens ordinaires qui souffrent » de la situation.  Pour préserver la stabilité, elle a jugé essentiel que la Région du Kurdistan ait les fonds nécessaires au paiement des salaires de ses fonctionnaires. La Chine a appelé à la poursuite du dialogue entre le Gouvernement central et celui de la Région sur les questions en suspens qui, ont rappelé la Slovénie et la France, concernent le partage des revenus pétroliers et les questions sécuritaires.  La France a souhaité la reprise du dialogue avant de condamner les attaques menées dans la Région du Kurdistan, dont l’une, à Erbil, le 15 janvier 2024, revendiquée par les gardiens de la révolution iraniens.  « Ces ingérences doivent cesser. » 

Le dossier koweïtien -des ressortissants koweïtiens et de pays tiers disparus, ainsi que des biens koweïtiens disparus– a aussi été discuté. De l’aveu du Koweït, ces questions demeurent une pierre angulaire de sa politique étrangère.  Avec 308 personnes toujours portées disparues, des progrès plus rapides sont nécessaires, a reconnu Mme Hennis-Plasschaert: ceci implique entre autres le démantèlement d’obstacles bureaucratiques.  Le Koweït a salué le rôle du Conseil dans l’opération de recherche et d’identification des dépouilles, et exprimé sa gratitude aux « frères de l’Iraq » ayant prêté main forte dans ce dossier.  L’Iraq en a profité pour lancer un appel à de nouveaux témoins, en particulier les anciens soldats américains, et réclamé un accès aux archives, y compris les images satellites. 

S’agissant du futur de la MANUI, la Chine a remarqué que la Mission devrait procéder à des ajustements compte tenu de l’évolution de la situation.  Son mandat devrait être optimisé, et ses ressources mieux utilisées. 

La France a enfin évoqué des allégations de détournement de fonds alloués au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) en Iraq, et réclamé une enquête du PNUD à ce sujet.

LA SITUATION CONCERNANT L’IRAQ (S/2024/95, S/2024/96)

Déclarations

Mme JEANINE HENNIS-PLASSCHAERT, Représentante spéciale du Secrétaire général pour l’Iraq et Cheffe de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI), a entamé son discours en parlant d’un « tournant critique » pour le Moyen-Orient et pour l’Iraq en particulier. Les attaques dont le pays fait l’objet proviennent de l’intérieur et de l’extérieur de ses frontières, a-t-elle noté en craignant, si elles se poursuivent, de voir disparaître la stabilité durement acquise au cours des 18 derniers mois.  Elle a noté que pour justifier leurs opérations, divers groupes armés iraquiens agissant en dehors du contrôle de l’État font référence à « une doctrine qui transcende la politique et les frontières étatiques »; ils appellent aussi à la fin de la présence militaire internationale dans le pays. 

« Frapper dans le but de lancer un message ne fait qu’attiser les tensions », a formulé la Cheffe de la MANUI.  Évoquant l’attaque du 28 janvier, qui a tué et blessé des militaires américains, ainsi que les frappes de représailles du 2 février, qui ont également fait des victimes, la haute responsable a appelé à se recentrer sur la protection de l’Iraq contre une éventuelle implication dans un conflit plus vaste, en évitant le recours à la force brute.  Dans ce contexte, l’attaque de missiles iraniens sur Erbil il y a quelques semaines, qui a tué des civils, dont une petite fille, a beaucoup choqué, a-t-elle dit en soulignant que ces actions étaient totalement en contradiction avec les efforts considérables déployés en faveur de l’accord de sécurité entre l’Iraq et l’Iran. 

Sur une note plus optimiste, elle a signalé que le 18 décembre 2023, l’Iraq a organisé des élections locales pour la première fois depuis 10 ans, et, dans le cas de Kirkouk, pour la première fois depuis 2005.  Saluant un processus électoral s’étant déroulé de manière « globalement pacifique et techniquement solide », elle a qualifié ces élections de nouvelle étape dans les efforts déployés par le Gouvernement pour rompre avec les cycles de dysfonctionnement passés.  Elle a aussi espéré que le rétablissement des instances représentatives locales, inactives depuis 2019, puisse constituer une avancée majeure.  Notant que 60% des électeurs inscrits n’avaient pas voté, elle a dit que l’objectif pour les prochaines élections serait d’obtenir une participation électorale plus élevée et, surtout, d’encourager les électeurs iraquiens éligibles à s’inscrire, un défi de grande ampleur. 

Autre développement positif signalé par Mme Hennis-Plasschaert: le Gouvernement iraquien continue de renforcer les secteurs financier et bancaire.  Les fusions et les réformes structurelles des principales entités d’assurance et bancaires démontrent son engagement pour que le secteur financier gagne en transparence.  Les mesures prises pour renforcer la gestion des finances publiques, notamment par la création d’un compte unique du Trésor, ont également été saluées par le Fonds monétaire international (FMI).  Parallèlement, des projets de construction ambitieux se poursuivent à un rythme soutenu, notamment de grands complexes résidentiels.  De même, l’engagement du Gouvernement à construire un millier de nouvelles écoles d’ici à la fin de 2024, s’il se concrétise, constituerait un véritable accélérateur d’opportunités. 

Concernant les engagements du pays à combattre les changements climatiques, elle a cité l’élimination complète du torchage du gaz d’ici à 2028 et la création d’une nouvelle banque verte et durable pour diversifier l’économie iraquienne en l’éloignant des combustibles fossiles.  Toutefois, la pénurie d’eau, la désertification, les migrations forcées, les conflits autour des ressources naturelles et les phénomènes météorologiques extrêmes se combinent, dressant un tableau « plutôt sombre » pour le pays, a-t-elle concédé, tout en appelant à ne pas baisser les bras et à concentrer désormais les attentions sur l’atténuation et l’adaptation, grâce à la mise en œuvre de programmes de gestion environnementale, à la modernisation des infrastructures d’irrigation et à des mesures immédiates pour réduire la dépendance au pétrole. 

Évoquant enfin, à la mi-novembre, un arrêt de la Cour suprême fédérale ayant mis fin brutalement au mandat du Président du Parlement iraquien, elle a déploré que les querelles politiques empêchent son remplacement mais espéré qu’un accord émergera « le plus tôt possible ».  Concernant la Région du Kurdistan, elle a regretté que les élections législatives de la région, initialement prévues en octobre 2022 et reportées à novembre 2023, soient de nouveau reportées à février de cette année.  « Nous attendons désormais une nouvelle date. »  Regrettant ces reports continus, qui sapent la confiance déjà faible, ainsi que les querelles entre Bagdad et Erbil sur les questions financières et budgétaires, elle a observé que « ce sont les gens ordinaires qui souffrent ».  Pour préserver la stabilité, elle a recommandé de doter la Région du Kurdistan de fonds pour payer les salaires mensuels de ses fonctionnaires. 

Pendant ce temps, l’ONU en Iraq continue d’évoluer, a déclaré la Représentante spéciale en signalant la date du 30 juillet 2024 fixée par le Conseil des ministres iraquien pour la fermeture de tous les camps de personnes déplacées dans le pays, dont le Kurdistan.  Elle a jugé cette décision « bienvenue » car elle définit des mesures concrètes, établit des mécanismes et consacre des fonds gouvernementaux à l’objectif de mettre fin aux déplacements.  Cela dit, l’ONU en Iraq souligne que cette décision devrait être complétée par des solutions pour les personnes déplacées hors des camps, a-t-elle commenté en demandant de veiller à ce que tous les retours et réinstallations soient informés, sûrs, volontaires, dignes et inclusifs, et poursuivis en coopération et coordination avec le Gouvernement régional du Kurdistan. 

La Cheffe de la MANUI a enfin abordé la question des ressortissants koweïtiens et de pays tiers disparus, ainsi que des biens koweïtiens disparus - y compris les archives nationales.  Elle a salué le Gouvernement iraquien pour son engagement dans ce dossier.  Avec 308 personnes toujours portées disparues, des progrès plus rapides sont nécessaires, et ceux-ci doivent impliquer le démantèlement des obstacles bureaucratiques et un suivi immédiat des questions en suspens, a conclu Mme Hennis-Plasschaert.

Le représentant de Malte a souligné l’importance de respecter la souveraineté, l’intégrité territoriale et le processus politique démocratique de l’Iraq afin de renforcer la stabilité intérieure et régionale.  Les parties doivent agir avec retenue afin d’éviter toute nouvelle escalade.  Le délégué a également craint le débordement en Iraq du conflit à Gaza.  Il a noté la tenue des élections provinciales et félicité les 76 femmes élues.  Il a espéré que ces élections conduiront à la mise en place rapide de nouveaux gouvernements locaux capables d’apporter des progrès socioéconomiques.  Le représentant a également salué la poursuite des préparatifs pour la tenue des élections parlementaires dans la Région du Kurdistan, avant d’insister sur l’importance de renforcer le dialogue entre Bagdad et Erbil. 

Après avoir encouragé les députés iraquiens à adopter le projet de loi contre la violence domestique, le délégué s’est dit préoccupé par les meurtres, les mutilations d’enfants ainsi que par le nombre élevé de victimes causées par des restes explosifs de guerre.  Il s’est ensuite félicité de l’engagement du Gouvernement à s’engager dans une coopération régionale et internationale pour faire face aux multiples effets des changements climatiques.  À cet effet, l’Iraq a besoin d’une aide de la communauté internationale.  Il est aussi essentiel de trouver des solutions durables pour les déplacés pour assurer la stabilité à long terme du pays. 

Le représentant de la Chine s’est félicité du bon déroulement des élections aux conseils provinciaux, ainsi que des mesures prises par le Gouvernement iraquien en faveur de la réforme économique, de la lutte contre la corruption et de l’amélioration de l’accès aux services publics.  Il a appelé à la poursuite du dialogue entre le Gouvernement central et le Gouvernement régional du Kurdistan sur les questions en suspens, afin de parvenir à des solutions durables.  Il a également espéré que l’Iraq et le Koweït progresseront sur la question des ressortissants koweïtiens et de pays tiers disparus, ainsi que des biens koweïtiens disparus. 

Poursuivant, le délégué a estimé que la MANUI doit procéder à des ajustements en temps opportun, compte tenu de l’évolution de la situation.  Il a demandé que le mandat de la MANUI soit optimisé et ses ressources mieux utilisées.  Le Conseil doit réfléchir à l’avenir de la Mission, a-t-il dit.  Il a exprimé son inquiétude face à l’escalade du conflit israélo-palestinien et au risque inquiétant de débordement, appelant les principaux pays influents à respecter la souveraineté de l’Iraq et à jouer un rôle constructif pour désamorcer la situation. 

La représentante du Japon s’est dite très préoccupée par la forte augmentation des attaques menées par des groupes armés non étatiques depuis octobre dernier.  Celles-ci risquent en effet de porter atteinte à la stabilité du pays et à la sécurité régionale, ainsi que de bloquer le développement de l’Iraq.  Elle a appelé les parties concernées à agir de toute urgence pour apaiser les tensions, soulignant que le maintien de relations de bon voisinage demeurait la pierre angulaire de la stabilité de l’Iraq et de sa région.  Jugeant aussi encourageant de voir l’Iraq poursuivre son engagement actif en faveur du renforcement de la confiance entre les pays voisins par le dialogue, elle a salué la coopération constante entre l’Iraq et le Koweït concernant les ressortissants koweïtiens et de pays tiers disparus et les biens koweïtiens disparus. 

En cette période difficile, la stabilité politique et les progrès en Iraq sont essentiels.  La représentante s’est donc félicitée que les élections aux conseils provinciaux se soient déroulées de manière ordonnée en décembre dernier, comme prévu, et espéré que les élections parlementaires de la Région du Kurdistan aient aussi lieu conformément au calendrier fixé.  Enfin, sur le volet humanitaire, elle a souligné l’importance de trouver des solutions durables pour les personnes déplacées et les rapatriés, ainsi que de rapatrier les personnes qui vivent dans le camp de Hol. 

Au nom de l’Algérie, du Guyana, du Mozambique, de la Sierra Leone (A3+), le représentant de l’Algérie a salué la tenue des élections dans les 15 provinces, le 18 décembre 2023, pour la première fois en 10 ans.  Le délégué s’est aussi félicité de l’engagement des femmes iraquiennes qui étaient au nombre de 1 600 à être candidates.  Les A3+ se sont dits encouragés par l’engagement du Gouvernement iraquien à améliorer les services publics et à mener d’importantes réformes économiques et financières, ainsi que dans la protection sociale.  Sur le plan de la sécurité, les A3+ ont applaudi la réponse des forces de sécurité iraquiennes aux menaces de Daech, tout en restant préoccupés par la poursuite des attaques de Daech contre le personnel et les biens des forces de sécurité iraquiennes.  De même pour l’augmentation des frappes contre le territoire souverain de l’Iraq.  Les retombées régionales de la situation actuelle à Gaza, y compris en Iraq, risquent d’anéantir les progrès du pays.  Toutes les parties doivent faire preuve de la plus grande retenue et prendre des mesures urgentes pour désamorcer les tensions au Moyen-Orient, a réclamé le représentant des A3+ en appelant à instaurer à Gaza un cessez-le-feu immédiat et un accès humanitaire complet, rapide, sûr et sans entrave. 

Sur la question des droits humains, le représentant a dit être préoccupé par le nombre d’enfants tués par les restes explosifs de guerre, demandant la fourniture d’un appui technique à l’Iraq pour l’enlèvement ces engins.  Il faut aussi répondre aux besoins humanitaires permanents et trouver des solutions durables pour les personnes déplacées, afin d’assurer la stabilité et la prospérité à long terme de l’Iraq.  Au vu des progrès réalisés par le Gouvernement, le délégué a exhorté la communauté internationale à continuer de soutenir le peuple iraquien et son aspiration légitime à la paix et à la prospérité.  L’Iraq est aujourd’hui un partenaire important dans la lutte pour le développement régional et la stabilité au Moyen-Orient, a-t-il assuré.

Le représentant du Royaume-Uni a salué la contribution de la MANUI aux progrès enregistrés en Iraq.  Ce pays a le potentiel de jouer un rôle stabilisateur dans la région, a-t-il poursuivi. « À cette fin, il est crucial que son territoire ne soit pas usé par des affidés de l’Iran pour déstabiliser la région. »  Il a appelé l’Iran à œuvrer à une désescalade des tensions, avant de saluer la tenue des élections provinciales en Iraq, les premières depuis une décennie.  Il a espéré que les élections dans le Kurdistan pourront se tenir prochainement.  Enfin, il a estimé que la Représentante spéciale, qui est sur le départ, avait apporté sur ce dossier iraquien une contribution personnelle qui sera appréciée pendant longtemps. 

La représentante de la France a salué le bon déroulement des élections provinciales le 18 décembre dernier, les première depuis 2013, ainsi que le soutien apporté par la MANUI à la Haute Commission électorale indépendante.  Elle a aussi souhaité que les élections parlementaires puissent se tenir au Kurdistan iraquien dans les meilleurs délais.  Entre Bagdad et Erbil, la reprise du dialogue est nécessaire, s’agissant notamment du partage des revenus des ressources pétrolières et des questions sécuritaires: il y va de l’intérêt des deux parties, a fait valoir la déléguée. Tout en saluant le rôle essentiel joué par la MANUI pour apporter une assistance à l’Iraq dans de nombreux domaines, elle s’est dite très préoccupée par les allégations de détournement de fonds alloués au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) en Iraq, demandant à celui-ci de lancer une enquête. 

Concernant les répercussions en Iraq des tensions régionales, elle a de nouveau fermement condamné l’attaque menée en décembre dans la Région du Kurdistan, ainsi que la frappe du 15 janvier 2024 à Erbil revendiquée par les gardiens de la révolution iraniens.  Elle a demandé que cessent ces actions violentes et déstabilisatrices, qui constituent des violations de la souveraineté de l’Iraq, avant d’appeler les pays voisins à cesser toute ingérence dans les affaires intérieures du pays.  Elle a aussi rappelé que les enceintes diplomatiques doivent être protégées.  Saluant enfin l’annonce par l’Iraq de sa disposition à reprendre les discussions avec le Koweït au sujet du différend territorial entre les deux pays, elle a redit l’importance d’une coopération étroite entre les deux pays sur le dossier des Koweïtiens et des ressortissants d’États tiers disparus.

La représentante de la Suisse a salué la tenue des premières élections des conseils provinciaux en 10 ans, se disant satisfaite du fait que le quota prévu par la loi était atteint.  Les conseils provinciaux doivent maintenant travailler pour répondre aux aspirations légitimes de la population comme l’accès à des services publics de qualité.  Elle a souhaité que les élections législatives dans la Région du Kurdistan pourront avoir lieu rapidement appelant à une intensification du dialogue sur les questions encore en suspens entre Bagdad et Erbil.  De plus, a-t-elle poursuivi, la poursuite de la mise en œuvre des plans gouvernementaux pour diversifier l’économie donnera des perspectives économiques à la population également essentielles pour la stabilité et la paix en Iraq. 

Sur le plan sécuritaire et régional, la représentante s’est inquiétée des répercussions croissantes des hostilités à Gaza en Iraq où les incidents sécuritaires ont fortement augmenté ces quatre derniers mois.  Les parties doivent faire preuve d’un maximum de retenue, a-t-elle insisté, estimant que l’État iraquien doit contrôler l’usage de la force sur son territoire.  La souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Iraq doivent être respectées.  La déléguée a salué la volonté de l’Iraq de trouver une approche régionale afin de faire face aux effets négatifs des changements climatiques et de la pénurie d’eau.  Elle a ensuite dit être préoccupée par la restriction du droit à la liberté d’expression, avant de saluer les efforts concernant le dossier des ressortissants koweïtiens et des pays tiers portés disparus. 

Le représentant de l’Équateur a salué la tenue des élections aux conseils provinciaux en Iraq, ainsi que l’élection de 76 femmes sur les 285 sièges pourvus.  Il s’est dit préoccupé par la présence de groupes terroristes en Iraq, avant d’appeler à un cessez-le-feu permanent et à un « resserrement » des alliances régionales.  Il a salué les consultations entre la Cheffe de la MANUI et les autorités iraquiennes.  Enfin, il a espéré que l’examen stratégique de la Mission en cours permettra d’aboutir à un soutien accru de l’ONU aux fins de renforcement des capacités du pays en matière de déminage, de justice et de protection des libertés fondamentales. 

Le représentant de la Fédération de Russie a salué les efforts inlassables, malgré la menace terroriste et le contexte régional inflammable, déployés par le Gouvernement iraquien pour améliorer la situation dans le pays, ainsi que la tenue d’élections provinciales tant attendues tenues le 18 décembre de l’année dernière.  Notant que le processus électoral dans 15 provinces s’est déroulé de manière organisée et sans violations significatives, il a espéré que les différends existants entre communautés ethno-confessionnelles et groupes sociaux seront résolus par le dialogue, et que la tenue des élections législatives dans la Région du Kurdistan, prévue pour le 25 février de cette année, auront bien lieu.  Nous soutenons, a dit le représentant, la poursuite du dialogue politique entre les autorités fédérales et la Région autonome du Kurdistan pour résoudre les différends en cours, dont l’issue est d’une importance fondamentale pour assurer la prospérité, la stabilité et la paix. 

Malgré les succès remportés par Bagdad dans le domaine de la sécurité, la situation demeure fragile, y compris à cause des efforts américains pour transformer le territoire en une « arène de règlement de comptes géopolitiques ».  Le représentant a rappelé que le 3 février dernier, les forces aériennes américaines ont, sur ordre du Président américain Joseph Biden, lancé une série de frappes en Iraq et en Syrie. Dénonçant une autre agression flagrante justifiée fallacieusement par l’Article 51 de la Charte des Nations Unies et une prétendue coordination avec les autorités iraquiennes, le représentant est revenu sur la réunion que le Conseil de sécurité a tenue hier à l’initiative de sa délégation, pour rappeler les protestations de l’Iraq face à l’ingérence américaine.  Il a fermement condamné l’action des États-Unis contre la souveraineté des États, en ce qu’elles créent des menaces supplémentaires à la paix et la sécurité internationales et attisent l’instabilité dans une région déjà en proie à la violence.

Le représentant de la Slovénie a salué l’engagement du Gouvernement iraquien en faveur de la protection des droits de l’homme, la fourniture de services sociaux de base, la lutte contre la corruption, la mise en place d’institutions responsables et de réformes économiques durables.  La coopération régionale et transfrontalière en matière de sécurité climatique et hydrique, en particulier en ce qui concerne la désertification et les sécheresses, est d’une importance cruciale pour la stabilité et la résilience.  Les dernières élections régionales marquent une nouvelle étape importante dans les progrès de l’Iraq.  Le délégué a appelé les parties à soutenir des élections législatives pacifiques dans la Région du Kurdistan.  Les efforts visant la participation des femmes aux processus politiques, électoraux et de paix et de sécurité doivent se poursuivre.  Le Gouvernement doit aussi renforcer la législation sur les violences sexuelles et sexistes et donner accès à des services centrés sur les survivantes, afin de garantir l’obligation de rendre des comptes pour les violations. 

Le représentant a encouragé le Gouvernement à protéger les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique et à protéger l’espace de la société civile.  En ce qui concerne les relations entre Bagdad et Erbil, il a exhorté les autorités fédérales et régionales à traiter les questions sur le partage des revenus pétroliers et sécuritaires.  Le délégué a dit attendre avec intérêt l’examen stratégique indépendant de la MANUI, avant de déplorer l’instabilité de la situation sécuritaire en Iraq pointant la multiplication des attaques menées par les milices contre la coalition en Iraq.

La représentante de la République de Corée a salué la tenue des élections provinciales en Iraq, les premières depuis une décennie.  C’est un pas en avant majeur, a-t-elle dit, en souhaitant la tenue des élections dans la Région du Kurdistan.  Elle a salué l’élection de 76 femmes sur les 285 sièges pourvus, un jalon important dans la participation des femmes au processus politique iraquien.  La déléguée a également apprécié les mesures prises par le Gouvernement pour autonomiser les femmes tant dans la sphère politique que dans la vie sociale.  Elle a aussi souhaité une accélération de la mise en œuvre de la loi de 2021 sur les victimes yézidies en vue de l’établissement des responsabilités dans les atrocités commises par Daech, dont des violences sexuelles ou basées sur le genre. 

La représentante a reconnu l’engagement constant du Gouvernement iraquien avec celui du Koweït et d’autres agences internationales pour traiter la question des Koweïtiens et autres citoyens disparus.  Elle a aussi salué les efforts du Gouvernement iraquien et l’assistance de la MANUI pour mettre en œuvre les réformes fiscales et de lutte anticorruption, ainsi que les programmes de développement, soulignant que la République de Corée est un partenaire de l’Iraq pour la reconstruction.  Enfin, la déléguée a appelé à la désescalade dans la région, reconnaissant le dialogue important du Gouvernement iraquien avec les pays voisins pour traiter la situation de la sécurité transfrontière. 

Le représentant des États-Unis a salué les progrès réalisés en Iraq et s’est dit déterminé à renforcer son partenariat pour un Iraq stable et souverain. « Hélas, certains groupes menacent d’hypothéquer les gains de l’Iraq dans sa lutte contre Daech. »  Depuis octobre 2023, ils ont attaqué les États-Unis et les forces de la coalition en Iraq, en Syrie et en Jordanie, « plus de 60 fois », a déclaré le délégué en déplorant la mort de trois soldats américains lorsque des groupes de milices se sont attaqués à des forces américaines stationnées en Jordanie.  De tels actes sont « inacceptables » et « ne peuvent se poursuivre », a formulé le délégué, qui a souligné également les pertes à déplorer parmi les partenaires iraquiens luttant contre Daech dans leur pays.  Ces groupes armés échappant au contrôle de l’État compliquent la tâche de l’Iraq et menacent de mettre à mal une stabilité obtenue de haute lutte, a-t-il constaté.  Dans un contexte où les risques sécuritaires évoluent constamment, le représentant a dit attendre avec impatience les recommandations de l’examen stratégique pour savoir comment la MANUI peut aider l’Iraq à atteindre ses objectifs et parachever sa transition politique. 

« Les États-Unis sont partenaires de l’Iraq », a répété le délégué en observant que le pays a encore beaucoup à faire.  Appuyant pleinement la poursuite du mandat de la MANUI, qui a apporté une vaste assistance dans divers domaines, y compris politiques et environnementaux, le délégué a salué des élections provinciales du 18 décembre organisées de façon pacifique et régulière.  Il a enfin encouragé la MANUI à continuer de soutenir la Haute Commission électorale indépendante afin que soient organisées sans retard des élections dans la Région du Kurdistan. 

Le représentant de l’Iraq a indiqué que son gouvernement mène une diplomatie préventive aux niveaux régional et international et qu’au niveau national, il s’efforce d’améliorer la sécurité et les conditions de vie des Iraquiens, en luttant contre la corruption, en renforçant la décentralisation et en organisant les premières élections provinciales depuis 2005, y compris à Kirkouk.  S’agissant des discussions avec le Gouvernement provincial du Kurdistan, elles portent sur le renforcement de la coopération politique et la coordination pour parvenir à des accords importants, par exemple sur le budget.  Les discussions portent sur la remise en service de l’oléoduc, qui est inactif depuis un an. 

Pour ce qui est des pourparlers sur la présence militaire américaine en Iraq, nous discutons, a relevé le représentant, du calendrier du retrait pour assurer une transition sans heurt.  Il a réitéré la nécessité de réduire à néant la menace terroriste et le trafic de stupéfiants.  L’Iraq, a-t-il souligné, ne menace pas ses voisins et honore son engagement en ce qui concerne la protection des missions diplomatiques.  Le Gouvernement est déterminé à mettre en œuvre son plan de développement soutenu notamment par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID).  Quant aux liens avec le Koweït, le Gouvernement privilégie le dialogue pour régler les questions en suspens, notamment celles sur les sites d’inhumation et la recherche des Koweïtiens et des ressortissants d’États tiers disparus. En la matière, nous bénéficions de l’aide du Royaume-Uni, des États-Unis et de la Croix-Rouge, a dit le représentant, avant de lancer un appel à de nouveaux témoins, en particulier, les anciens soldats américains, et de réclamer un accès aux archives, y compris les images satellites. 

Le représentant du Koweït a indiqué que la question des personnes portées disparues et des prisonniers de guerre, Koweïtiens et nationaux de pays tiers, ainsi que le retour des biens koweïtiens, sont les domaines clefs de la politique étrangère de son pays.  Il a estimé que ce dossier est de nature humanitaire, plutôt que politique.  « Nous ne l’avons pas politisé par le passé, nous ne le ferons pas à l’avenir. »  Le délégué a par ailleurs salué la façon dont le Conseil de sécurité a assumé ses responsabilités dans les relations entre son pays et l’Iraq, citant la mission de maintien de la paix, le mécanisme de réparation, en plus des mécanismes de démarcation des frontières entre les deux pays.  Selon lui, l’intervention de l’ONU depuis 1990, en ce qui concerne les relations Iraq-Koweït, constitue « une extraordinaire réussite ».  Ce Conseil a montré qu’il est possible, avec les instruments adéquats, d’imposer l’état de droit, a-t-il salué. 

Le représentant a aussi rappelé que le Conseil de sécurité et toutes les autres parties concernées avaient joué un rôle équilibré et central dans l’opération de recherche et d’identification des dépouilles des prisonniers koweïtiens et des personnes disparues, ainsi que des biens koweïtiens.  Il a exprimé sa gratitude aux « frères de l’Iraq » qui ont prêté main forte dans ce dossier et en ont compris l’importance pour tout le peuple koweïtien, les appelant à poursuivre et à accélérer cette coopération afin de panser les blessures des familles des prisonniers et des personnes disparues.  Enfin, il a souhaité que des rapports périodiques sur cette question continuent d’être soumis au Conseil.  Tout abandon de ces mécanismes qui ont montré leur efficacité ne ferait que saper les efforts consentis depuis 1991, a-t-il conclu. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission du développement social débute sa session 2024 axée sur l’accélération du Programme 2030 et l’élimination de la pauvreté

SOIXANTE-DEUXIÈME SESSION,
2E ET 3E SÉANCES PLÉNIÈRES, MATIN ET APRÈS-MIDI
SOC/4913

La Commission du développement social débute sa session 2024 axée sur l’accélération du Programme 2030 et l’élimination de la pauvreté

La Commission du développement social (CDS), organe technique du Conseil économique et social (ECOSOC), a donné, aujourd’hui, le coup d’envoi de sa soixante-deuxième session, qui se réunira jusqu’au 14 février avec pour thème prioritaire: « Promouvoir le développement social et la justice sociale au moyen de politiques sociales, afin de faire progresser plus rapidement la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et d’atteindre l’objectif primordial de l’élimination de la pauvreté ». 

En ouvrant les travaux de cette session, la Présidente de la CDS a justifié le choix de ce thème prioritaire par le fait que le monde n’est pas sur la bonne voie en matière de réalisation des objectifs de développement durable (ODD) et que le nombre de défis qui se présentent est considérable.  Nous assistons à de nouveaux conflits, une intensification des changements climatiques, une crise du coût de la vie, un creusement des inégalités, une augmentation de la pauvreté et davantage d’insécurité alimentaire, a résumé Mme Kuchira Kamboj, de l’Inde, avant d’appeler à une action concrète pour « changer de cap et orienter le monde vers la justice, la confiance, l’inclusion, la sécurité et la résilience ». 

Alors que pas moins de 575 millions de personnes risquent de vivre dans l’extrême pauvreté en 2030, il faut de toute urgence adapter les solutions aux objectifs, ainsi que le préconise la Déclaration politique adoptée l’an dernier lors du Sommet sur les ODD, a renchéri le Président de l’Assemblée générale.  Cette réorientation exige de réaliser des investissements stratégiques dans la paix, de réduire la fracture numérique, d’adopter une croissance et un développement équitables et inclusifs axés sur l’innovation partagée et de démanteler les barrières structurelles, a soutenu M. Dennis Francis, non sans inviter les États Membres à combler le déficit de financement des ODD, notamment via l’Aide publique au développement (APD) et les ressources nationales. 

Convaincu que la première « semaine du développement durable », qu’il organisera en avril, constituera une « grande opportunité » pour progresser sur ces questions, en particulier sur le problème grandissant de la dette des pays pauvres, M. Francis a expliqué que l’objectif est d’ouvrir la voie au Sommet de l’avenir, qui se tiendra en septembre prochain, et de faire avancer les discussions qui se tiendront en amont du Sommet social mondial de 2025.

Dans un monde où 4,5 milliards de personnes ne bénéficient pas de services de santé essentiels et où 4,1 milliards de personnes sont exclues de toute forme de protection sociale, un changement fondamental s’impose, a argué le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, exhortant à placer le développement social au cœur de toute action de développement.  Si des progrès ont été réalisés depuis l’adoption, il y a près de 30 ans, de la Déclaration et du Programme d’action de Copenhague sur le développement social, il faut aller plus loin, a ajouté M. Li Junhua, pour qui il importe de mobiliser des ressources financières à la hauteur des ambitions des États Membres.

Sur cette même ligne, la Présidente du Comité des ONG sur le développement social a plaidé pour que les institutions financières internationales fassent preuve de solidarité et combattent les inégalités économiques à l’échelle planétaire.  La coopération financière mondiale, la refonte du système commercial, la restructuration de la dette et les politiques budgétaires sont nécessaires pour réaliser les ODD, a fait valoir Mme Jean Quinn.  Un point de vue partagé par le G77 et la Chine, par la voix de la Ministre de l’égalité des sexes, du travail et du développement social de l’Ouganda, et le Bostwana s’exprimant au nom du Groupe des États d’Afrique, cette dernière jugeant également impératif que les engagements pris en matière d’APD envers les pays en développement, à savoir 0,7% du revenu national brut des pays développés, soient respectés. 

En prévision du forum politique de haut niveau qui se tiendra en juillet, M. Robert Rae, Vice-Président de l’ECOSOC, a misé, pour sa part, sur la question émergente de cette session, « l’influence de la transformation numérique sur la croissance et le développement inclusifs: une voie menant à la réalisation de la justice sociale », pour renforcer la résilience des sociétés.

L’évolution rapide de la révolution numérique constitue l’occasion d’identifier des solutions innovantes à même de relever les défis contemporains, a-t-il assuré, rejoint dans cette analyse par la porte-parole de l’ONG Global Youth Health Caucus of Copper Rose de Zambie, qui a constaté que la fracture numérique accentue les disparités existantes dans les pays du Sud, où la santé et l’éducation sont étroitement liées aux défis socioéconomiques. 

Les nombreux représentants gouvernementaux présents à cette séance ont, tour à tour, présenté leur politique nationale d’élimination de la pauvreté, tout en reconnaissant des difficultés dans leur quête de développement et la réalisation des ODD, du fait des crises interconnectées.  Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), la Ministre du développement social et des services à la famille de la Trinité-et-Tobago a mis l’accent sur les effets des changements climatiques sur la trajectoire de développement des pays de sa région.  « Pour nous, la justice sociale inclut la justice climatique », a-t-elle insisté, appelant de ses vœux une réforme de l’architecture financière internationale, par le biais de l’indice de vulnérabilité et le Pacte de Bridgetown. 

En début de séance, la Commission a complété son bureau en élisant par acclamation Mme Joslyne Kwishaka, du Burundi, et Mme Stéphanie Toschi, du Luxembourg, Vice-Présidentes de la soixante-deuxième session.  Après consultations au sein du Bureau, il a également été convenu que Mme Toschi assumerait en outre les responsabilités de Rapporteuse pour cette session. 

Les participants à cette soixante-deuxième session ont poursuivi leurs travaux dans l’après-midi à l’occasion d’une table ronde de haut niveau sur le thème prioritaire. 

La Commission du développement social reprendra ses travaux demain, mardi 6 février, à partir de 10 heures. 

 

SUITE DONNÉE AU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET À LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

Déclarations liminaires

Mme RUCHIRA KAMBOJ (Inde), Présidente de la soixante-deuxième session de la Commission du développement social (CDS), a présenté les thèmes prioritaires de cette édition, qui sont la promotion du développement social et de la justice sociale afin de faire progresser plus rapidement la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et d’atteindre l’objectif primordial de l’élimination de la pauvreté.  Le développement social est au cœur du Programme 2030, dont la promesse centrale est que personne ne doit être laissé de côté.  Or, le monde, a observé la Présidente, n’est actuellement pas sur la bonne voie et le nombre de défis qui se présentent est considérable.  Nous assistons à de nouveaux conflits, à une intensification des changements climatiques, à une crise du coût de la vie, à un creusement des inégalités, à une méfiance croissante, à une augmentation de la pauvreté et à davantage d’insécurité alimentaire.  Une action concrète et concertée est donc nécessaire pour changer de cap et orienter le monde vers la justice, la confiance, l’inclusion, la sécurité et la résilience. 

Elle a appelé à redoubler d’efforts pour combler les lacunes dans les services sociaux de base en promouvant l’accès universel aux soins de santé et à la protection sociale ainsi qu’une éducation de qualité et un travail décent pour tous.  Il est également nécessaire de développer les infrastructures de base qui permettent l’accès à l’eau potable et à l’assainissement, à l’électricité et à Internet, a-t-elle poursuivi.  Il faut également, a-t-elle insisté, accroître les investissements nationaux dans les politiques sociales en améliorant les recettes fiscales et en redéfinissant les priorités des dépenses publiques, sans oublier de renforcer la coopération multilatérale. 

Évoquant ensuite la question nouvelle de cette session, qui est « l’influence de la transformation numérique sur la croissance et le développement inclusifs: une voie menant à la réalisation de la justice sociale », la Présidente de la Commission a par ailleurs souligné que la transformation numérique présente de nombreuses opportunités pour accélérer le développement social, mais aussi de nombreux défis.  Nous devons veiller à ce que celle-ci bénéficie à tous, a affirmé la Présidente. 

M. DENNIS FRANCIS, Président de l’Assemblée générale, a jugé particulièrement opportun le thème prioritaire retenu pour cette session, compte tenu des retards pris dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a remarqué que les revers subis par tout le monde, évidents avant même la pandémie de COVID-19, se sont aggravés dans un contexte de défis mondiaux convergents, des conflits au réchauffement climatique en passant par le surendettement, les chocs commerciaux et l’effritement de la confiance dans les institutions.  La conséquence en est que le monde est en train de perdre rapidement la bataille contre la pauvreté, la faim et les inégalités, et celle pour l’éducation de qualité pour tous, les soins de santé accessibles et abordables, et les systèmes de protection sociale.  En effet, a-t-il relevé, pas moins de 575 millions de personnes risquent de vivre dans l’extrême pauvreté en 2030, ce qui impose de faire bouger les choses en adaptant les solutions aux objectifs, comme le souligne la Déclaration politique adoptée l’an dernier lors du Sommet sur les objectifs de développement durable (ODD). Il a également suggéré de « réorienter notre approche de la politique sociale », ce qui exige de réaliser des investissements stratégiques dans la paix, de réduire la fracture numérique, d’adopter une croissance et un développement équitables et inclusifs axés sur l’innovation partagée et de démanteler les barrières structurelles.  Mais tout cela ne sera possible que si nos politiques, notre budgétisation et notre législation sont socialement justes et sensibles au fait que les inégalités se creusent, a-t-il dit, appelant à combler le déficit de financement des ODD, notamment via l’aide publique au développement (APD) et les ressources nationales.

Sur la base des résultats du Sommet sur les ODD, M. Francis a exhorté les États Membres à se rassembler autour d’actions capables d’apporter des gains significatifs.  Il a mentionné à cet égard la première semaine du développement durable, qu’il organisera en avril, y voyant une « grande opportunité ». Ses cinq segments de haut niveau permettront d’explorer les défis pour trouver des solutions durables dans les domaines du tourisme, des transports, des infrastructures et de la connectivité, de l’énergie et, surtout, de la dette, a-t-il précisé, ajoutant que l’objectif est d’ouvrir la voie au Sommet de l’avenir, en septembre 2024, censé accélérer l’action pour redynamiser le « consensus historique » au cœur du Programme 2030.  Il a invité les États Membres à mettre à profit le Sommet de l’avenir et ses résultats escomptés, à savoir un pacte pour l’avenir, une déclaration sur les générations futures et un pacte numérique mondial, afin de faire progresser les discussions qui se tiendront en amont du Sommet social mondial de 2025.  Avant cela, il a souhaité que les délibérations des huit prochains jours alimentent et renforcent d’autres processus intergouvernementaux en cours et ravivent la solidarité. 

Au nom de la Présidente de l’ECOSOC, Mme Paula Narváez, le Vice-Président de l’ECOSOC, M. ROBERT RAE, a déclaré que l’éradication de la pauvreté reste le principal défi du développement durable.  Il a dès lors recommandé d’agir de manière urgente et innovante pour atteindre les cibles du Programme 2030.  En prévision du forum politique de haut niveau qui se tiendra en juillet prochain, le Vice-Président a misé sur la question émergente de cette session, à savoir l’influence de la transformation numérique sur l’inclusion sociale, pour renforcer la résilience des sociétés.  L’évolution rapide de la révolution numérique constitue selon lui l’occasion d’identifier des solutions innovantes, à même de relever les défis contemporains. 

La réunion extraordinaire de l’ECOSOC sur l’avenir du travail qui s’est tenue en janvier au Chili a souligné la nécessité de créer davantage d’emplois décents en tant que réponse à la pauvreté et aux inégalités croissantes, a poursuivi M. Rae.  Les participants ont concentré leur attention sur les tendances démographiques et l’innovation technologique, tout en observant que les technologies émergentes ne constituent pas une fin en soi mais un moyen essentiel pour améliorer le bien-être des personnes, la productivité et la réalisation des ODD.  À cet égard, M. Rae a insisté sur le rôle crucial d’une éducation et d’une formation professionnelle de qualité, tout en reconnaissant l’impératif de réduire la fracture numérique et de promouvoir des transitions énergétiques justes, permettant de soutenir la connectivité. 

La semaine dernière, le forum sur les partenariats a réitéré le rôle crucial joué par des partenariats efficaces: ils permettent de partager les ressources et l’expertise en faveur du développement durable, a expliqué le Vice-Président.  Il a aussi parlé du débat consacré aux questions de la coordination qui a présenté le travail diversifié des organes subsidiaires de l’ECOSOC. Malgré le retard pris dans la réalisation des ODD, M. Rae a invité les délégués à se tourner vers l’avenir en s’appuyant sur de meilleures pratiques, un engagement renouvelé et une coopération coordonnée.

M. LI JUNHUA, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a estimé qu’à mi-chemin de la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), il est urgent d’opérer un changement systémique pour aller vers un monde plus inclusif, juste et résilient. La dernière analyse du Département des affaires économiques et sociales (DESA) sur les perspectives économiques mondiales montre en effet que l’écart entre les économies développées et en développement se creuse, notamment en matière de chômage.  Dans la plupart des économies, la croissance des salaires n’a pas réussi à compenser l’impact de l’inflation, a-t-il observé, faisant état de perspectives sombres pour 2024, alors que les tensions géopolitiques, les conditions de financement plus strictes, les vulnérabilités liées à l’endettement, le ralentissement des échanges commerciaux et le réchauffement climatique persistant menacent le progrès social et économique.  En 2022, a-t-il rappelé, le nombre de personnes extrêmement pauvres a atteint près de 670 millions, 735 millions de personnes souffraient de la faim et environ 8,4 millions de personnes dans les pays à revenu faible ou intermédiaire sont mortes à cause de soins de santé de mauvaise qualité.  De fait, a précisé le haut fonctionnaire, 4,5 milliards de personnes dans le monde ne bénéficient pas de services de santé essentiels et 4,1 milliards de personnes sont exclues de toute forme de protection sociale, à commencer par les femmes, les filles et les groupes vulnérables. 

Pour inverser cette tendance, M. Li a prôné un changement fondamental qui identifie et élimine les obstacles aux aspirations des citoyens.  Pour éliminer les exclusions liées à la race, à l’origine ethnique, au sexe, à l’âge, aux handicaps et au statut socioéconomique, il a exhorté à placer le développement social au cœur de toutes les actions de développement.  Si des progrès ont été réalisés depuis l’adoption, il y a près de 30 ans, de la Déclaration de Copenhague sur le développement social et de son programme d’action, il faut aller plus loin, a-t-il plaidé, appuyant la proposition du Secrétaire général d’accueillir le Sommet social mondial en 2025 pour tirer les leçons du passé et donner une impulsion à la réalisation des ODD.  Il a recommandé à cette fin de mobiliser des ressources financières à la hauteur de nos ambitions de développement social, invitant à suivre le plan de relance des ODD, à réorienter les dépenses publiques vers les services sociaux et à cesser de subventionner les combustibles fossiles et d’autres secteurs nuisibles.  Rappelant les engagements pris lors du Sommet sur les ODD, il a appelé les États Membres à tenir ces promesses et à fournir des orientations du point de vue social pour mettre en œuvre le Programme 2030. 

Mme JEAN QUINN, Présidente du Comité des ONG sur le développement social, après avoir alerté des menaces pour la société humaine que font peser les inégalités structurelles et les injustices, a dit que le moment est venu de mettre en œuvre un changement social et durable transformateur en investissant dans le capital humain, la dignité et le bien-être des personnes.  Cela passe par des programmes sociaux transformateurs centrés sur les personnes et axés sur l’équité, a-t-elle ajouté, précisant que ces programmes doivent garantir des emplois décents, l’accès aux services publics, un revenu de base universel, l’éducation, le logement, les soins de santé et la protection sociale ainsi que les droits humains.  Elle a aussi souhaité que les structures financières mondiales soient fondées sur la solidarité et combattent les inégalités économiques mondiales.  La coopération financière mondiale, la refonte du système commercial mondial, la restructuration de la dette et de politiques budgétaires sont nécessaires pour réaliser les ODD, a-t-elle confirmé.  De plus, elle a considéré que toutes les populations doivent avoir un accès égal à un environnement sain et sûr et à une protection équitable contre les dangers et les risques environnementaux.  Il faut éliminer la stigmatisation, les préjugés et les stéréotypes de toutes sortes et dans tous les domaines, a-t-elle ajouté. 

La Présidente du Comité a lancé plusieurs appels à l’action, le premier étant d’inclure les populations dans la conception, la mise en œuvre et l’évaluation des réponses politiques pour mener à des résultats efficaces et transformateurs.  Elle a aussi recommandé de garantir l’égalité d’accès à un logement abordable et adéquat, y compris pour les sans-abris, des aliments à bas coût, des soins de santé de qualité, un revenu de base, une éducation de qualité, des infrastructures publiques et à l’eau, l’assainissement, l’énergie et la technologie numérique.  Autres appels: il faut mettre en place des systèmes de protection sociale universels financés par les États; annuler les dettes des pays les moins avancés (PMA); intégrer une perspective de genre dans toutes les politiques afin d’éradiquer la pauvreté et d’atteindre l’égalité des sexes; valoriser les connaissances des peuples autochtones et respecter leurs droits sur les terres, les territoires et les ressources; inclure les droits des femmes à posséder et à hériter des terres. 

Mme MWIZA MUWOWO, porte-parole de Global Youth Health Caucus of Copper Rose de Zambie, a dit porter la voix des jeunes du Sud qui promeuvent les intersections entre l’éducation, la santé et la technologie. Forte de son expérience dans l’utilisation de la technologie pour la transformation des entreprises, l’éducation et la promotion de l’équité en santé, elle a expliqué s’appuyer sur l’innovation pour relever les défis sociaux urgents et favoriser un développement inclusif.  Face aux inégalités et à la pauvreté, le développement social constitue une bouée de sauvetage pour des millions de personnes, a-t-elle souligné, souhaitant que les discussions de cette session permettent de concevoir un changement tangible, notamment pour les populations des régions mal desservies qui n’ont pas encore ressenti « le vent transformateur de l’inclusion numérique », en raison d’opportunités manquées et de potentiels non réalisés.

Dans les pays du Sud, où la santé et l’éducation sont étroitement liées aux défis socioéconomiques, la fracture numérique accentue les disparités existantes, a fait remarquer la jeune représentante. Elle a donné l’exemple de son pays, la Zambie, où plus de 60% de la population n’a pas accès aux ressources numériques essentielles, ce qui entrave la participation économique et restreint l’accès aux informations cruciales.  Il est essentiel, selon elle, de défendre l’accès à la technologie et d’exploiter le potentiel important de celle-ci pour la santé et la justice sociale. C’est pour cela que son plaidoyer porte non seulement sur la connectivité, mais aussi sur une « connectivité utile » qui permette aux plateformes numériques d’atteindre les lieux les plus reculés.  Il faut, a conclu Mme Muwowo, que notre poursuite de la transformation numérique soit une voie éclairée par l’inclusivité, l’équité et, plus important encore, la santé, l’éducation et la justice sociale. 

Débat de haut niveau sur le thème prioritaire: promouvoir le développement social et la justice sociale au moyen de politiques sociales, afin de faire progresser plus rapidement la mise en œuvre du programme de développement durable à l’horizon 2030 et d’atteindre l’objectif primordial de l’élimination de la pauvreté

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, Mme BETTY AMONGI, Ministre de l’égalité des sexes, du travail et du développement social de l’Ouganda, a observé que les défis de la pauvreté, de la malnutrition, des tensions géopolitiques, des changements climatiques et des crises financières ont inversé les progrès réalisés en vue de la mise en œuvre du Programme 2030 et des ODD.  Notant que les ressources financières et les infrastructures sanitaires inadéquates continuent d’affecter les pays en développement, elle a prévenu que les progrès vers l’élimination de la pauvreté ne seront possibles que si « nous transformons nos paroles en actions concrètes », à commencer par la mobilisation d’un appui financier aux pays en développement à hauteur de 3,3 à 4,5 milliards de dollars par année, assorti de financements concessionnels de la part des institutions multilatérales et des banques de développement. Pour une reprise inclusive de l’économie du Sud, les pays en développement ont également besoin de ressources financières sous forme de subventions, et non de prêts. 

Préoccupée par le fait que plus de la moitié des 8,4 millions de décès attribués chaque année à des soins de santé de mauvaise qualité auraient pu être évités, la Ministre a souligné la nécessité pour les pays en développement de disposer d’un espace budgétaire permettant de financer la protection sociale et sanitaire.  Il est donc impératif de restructurer la dette des pays en développement et de revoir les programmes d’austérité afin de soutenir le développement durable ainsi que la viabilité à long terme de la dette.  Les possibilités d’emploi pour tous, l’accès égal à une éducation de qualité et le renforcement des capacités d’adaptation et d’atténuation aux changements climatiques permettent en outre de s’attaquer aux dimensions économique, sociale et environnementale du développement durable, a-t-elle ajouté.  Pour relever ces défis et soutenir les efforts nationaux, la Ministre a aussi insisté sur le besoin impératif de la coopération Nord-Sud, Sud-Sud et triangulaire. 

Au nom de l’Union européenne (UE), le représentant de la Belgique a noté le retard pris dans le développement durable mondial mais souligné toutefois que le Sommet sur les ODD a redynamisé les efforts de mise en œuvre, une dynamique qui devrait se poursuivre en vue du Sommet de l’avenir en 2024 et du Sommet social mondial en 2025.  Il a assuré que l’UE s’emploie à promouvoir la justice sociale et à favoriser le développement économique, social et environnemental durable des pays en développement, dans le but principal d’éradiquer la pauvreté.  Pour illustrer cet engagement, il a précisé que l’UE promeut activement la dimension sociale à travers son action extérieure, notamment la stratégie Global Gateway, qui vise à soutenir la mise en œuvre des ODD, en particulier les ODD 8 et 10.  Plusieurs États membres de l’UE se sont également engagés à soutenir financièrement l’Accélérateur mondial pour l’emploi et la protection sociale et des transitions justes, a-t-il ajouté, faisant aussi état de l’appui de l’UE à la coalition mondiale pour la justice sociale et aux priorités annoncées sur ce thème par le Brésil en tant que Président du G20. 

Le représentant a ajouté qu’outre son plan d’action pour la jeunesse dans l’action extérieure, qui donne aux jeunes les moyens de s’impliquer dans la prise de décisions, l’UE a adopté un pacte pour les compétences, qui rassemble les entreprises, les travailleurs, les autorités locales, les partenaires sociaux, les prestataires de formation et les services de l’emploi pour identifier les compétences nécessaires dans différents secteurs.  Dans ce cadre, l’UE promeut la pleine jouissance par les femmes et les filles de tous les droits humains, de l’égalité des sexes, de l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée et de l’autonomisation, a-t-il indiqué, avant d’évoquer la stratégie européenne pour les droits des personnes handicapées 2021-2030, qui a conduit à l’adoption de mesures pour l’emploi de ces personnes. L’UE entend par ailleurs collaborer de manière significative avec le Groupe de travail à composition non limitée des Nations Unies sur le vieillissement et se tient prête à coopérer au processus d’identification des éventuelles lacunes dans la protection des droits humains des personnes âgées, a poursuivi le représentant, affirmant attendre de cette session qu’elle fournisse une contribution significative au forum politique de haut niveau sur le développement durable de juillet. 

Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), Mme DONNA COX, Ministre du développement social et des services à la famille de la Trinité-et-Tobago, a pris note de la proposition du Secrétaire général de convoquer un Sommet social mondial en 2025 afin d’examiner les progrès réalisés dans la promotion d’une approche du développement centrée sur les personnes.  Elle a indiqué qu’en tant que petits États insulaires en développement (PEID), les effets des changements climatiques ont bloqué la trajectoire de développement des pays de la CARICOM et continuent d’anéantir les progrès accomplis dans la réalisation des ODD, exacerbant les inégalités tant au sein des pays qu’entre eux. « Pour nous, la justice sociale inclut la justice climatique », a insisté la Ministre, avant d’ajouter que les pays de la région comptent « parmi les plus vulnérables, mais les moins responsables ».  Il est donc impératif d’aborder collectivement et de façon urgente les impacts sociaux, économiques et environnementaux de la crise climatique.  La Ministre a souligné la nécessité cruciale d’une coopération Nord-Sud, Sud-Sud et triangulaire afin de soutenir les efforts nationaux visant à renforcer la résilience, à réduire les inégalités et à atténuer la pauvreté.  De plus, elle a appelé à une action urgente de la part de la communauté internationale pour réformer l’architecture financière internationale, par le biais de l’indice de vulnérabilité et le Pacte de Bridgetown.

À titre national, la Ministre a présenté la stratégie nationale de développement de son pays afin d’ancrer la société sur les principes de justice sociale.  Le Gouvernement examine l’impact des programmes sociaux nationaux sur la réduction de la pauvreté multidimensionnelle et de la vulnérabilité, afin de garantir l’inclusion sociale et l’accessibilité aux services essentiels pour tous les citoyens, notamment en établissant un registre national des personnes vulnérables. 

S’exprimant au nom du Groupe des Amis de la famille, le représentant du Bélarus a déclaré que, outre ces effets directs sur les individus, la pauvreté hypothèque le bon fonctionnement des familles, qui demeurent une « unité centrale de nos sociétés ». Pourtant, la famille ne figure pas au cœur de nos efforts de réduction de la pauvreté, a-t-il déploré.  C’est pourquoi nous devons placer les politiques familiales au cœur de nos efforts de protection sociale tout en reconnaissant leur rôle central en matière de cohésion sociale et de création de sociétés pacifiques inclusives, a préconisé le représentant.  Les ODD, notamment ceux liés à l’éradication de la pauvreté, ne seront pas réalisables sans stratégie se concentrant sur la famille, a-t-il insisté. 

Le délégué a ensuite dénoncé les mesures unilatérales coercitives qui entravent le droit au développement et la capacité des États à éradiquer la pauvreté et à garantir un accès équitable à tous en matière de technologies numériques.  Il a appelé à créer des conditions propices à l’épanouissement des familles et d’assurer le suivi des décisions sociales économiques et de leurs retombées sur elles. Il est essentiel, a-t-il affirmé, d’analyser les politiques et programmes liés à la stabilité macroéconomique, aux programmes d’ajustements structurels, et à la question des politiques fiscales.  Une réforme de l’ordre économique international et de ses structures financières s’impose également d’urgence.

Au nom du Groupe des États d’Afrique, la représentante du Botswana a mis l’accent sur le défi de l’élimination de la pauvreté, constatant que les diverses conséquences de ce fléau, telles que la malnutrition, la mauvaise santé, le manque ou l’accès limité à l’éducation et à d’autres services de base, la faible croissance économique et la dégradation de l’environnement, continuent d’affecter et d’aggraver la vie de nombreuses personnes en Afrique.  En outre, en ce qui concerne l’inclusion sociale et les inégalités de revenus dans de nombreux pays africains, le développement n’a pas eu d’impact significatif sur la vie de la majorité de la population, en particulier celle des personnes en situation de vulnérabilité, a-t-elle déploré, avant de rappeler que le continent reste l’une des régions présentant les niveaux d’inégalités de revenus les plus élevés et fortement dépendante du secteur informel. 

Dans ce contexte, la représentante s’est déclarée profondément préoccupée par les contraintes qui pèsent sur la lutte de l’Afrique contre la pauvreté.  Elle a relevé à cet égard que, selon le rapport du Secrétaire général, les 64 pays les plus pauvres du monde ont dépensé plus en remboursement de dettes envers les pays et institutions riches qu’en soins de santé, alors que 600 millions de personnes devraient être confrontées à la faim d’ici à 2030.  « Les effets dévastateurs de ces crises sur nos pays soulignent la nature multidimensionnelle de la pauvreté et l’importance cruciale de la protection sociale pour réduire les vulnérabilités », a-t-elle souligné.  Chaque année, environ 8,4 millions de personnes meurent dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, dont la majorité se trouvent en Afrique, à cause de soins de santé de mauvaise qualité, a-t-elle ajouté.  En outre, l’Afrique reste confrontée au VIH/sida, ce qui aggrave la pauvreté , la maladie et la mort réduisant la capacité productive de la main-d’œuvre et ralentissant la croissance économique et le développement. Appelant la communauté internationale à unir ses efforts pour réduire les niveaux de pauvreté et d’injustice sociale dans le monde, la représentante a plaidé en faveur d’un partenariat mondial pour le développement, fondé sur une approche axée sur les droits humains. Elle a enfin jugé impératif que les engagements en matière d’APD envers les pays en développement -0,7% du revenu national brut des partenaires- soient respectés et que l’architecture internationale de la dette soit réformée 

Au nom du Groupe restreint LGBTI, le représentant du Luxembourg a rappelé l’objectif de son groupe qui est d’œuvrer au sein de l’ONU pour assurer le respect des droits humains et des libertés fondamentales de tous indépendamment de leur orientation sexuelle, de leur identité de genre ou de leurs caractéristiques sexuelles, réelles ou supposées.  Le Groupe met l’accent sur la protection des personnes LGBTI contre la violence et la discrimination, a-t-il précisé avant d’attirer l’attention sur les obstacles qui créent de profondes inégalités et entraînent l’exclusion des LGBTI en les privant de l’accès à l’éducation, la santé et la protection sociale, et en les faisant souffrir du chômage, de la faim et de la pauvreté. 

Le représentant a espéré que les défis auxquels sont confrontées les personnes LGBTI seront pris en compte dans les futurs rapports du Secrétaire général présentés à la Commission, recommandant la prise en compte des LGBTI et de leurs défis dans les documents officiels de l’ONU.  Afin d’adopter des politiques sociales qui répondent réellement à ces défis, il faut des données fiables, a-t-il souligné.  Le délégué a plaidé pour que les LGBTI soient inclus de manière égale dans les processus d’élaboration des politiques qui affectent leur vie.  Il a estimé que la dénonciation des violences, des abus des droits humains, de la discrimination et de l’exclusion à l’encontre des LGBTI ne devrait pas créer la controverse.  Le représentant a conclu en appelant à ne pas laisser sur le côté les LGBTI.

Mme ANA MENDES GODINHO, Ministre du travail, de la solidarité et de la sécurité sociale du Portugal, a souscrit au thème de cette année de la Commission du développement social au moment où nous sommes à mi-parcours de la mise en œuvre des ODD.  Alors que leur réalisation accuse des retards, la Ministre a appelé à accélérer les efforts en ce sens misant sur des investissements dans des politiques sociales et cela en dépit des tensions internationales.  Il faut trouver réponse à l’impact des changements climatiques et à l’évolution du monde du travail dans un contexte de numérisation notamment, et pour cela réfléchir aux mesures justes et ambitieuses à prendre, à commencer par investir dans les enfants en vue de briser le cercle vicieux de la pauvreté.  Au Portugal, chaque enfant bénéficie de l’égalité des chances, a-t-elle indiqué grâce au programme de « Garantie à l’enfance ».  Il faut également miser sur le travail décent, et, afin d’y parvenir, le travail illégal est désormais pénalisé au Portugal.  La Ministre a également appelé à honorer les pactes sociaux en vue de garantir une meilleure distribution des richesses dans le cadre de la lutte contre l’augmentation des inégalités dans le monde.

M. JOHANNES RAUCH, Ministre des affaires sociales, de la santé et de la protection sociale de l’Autriche, a annoncé que, pour la deuxième fois, son ministère consacrera 15 millions d’euros de son propre budget à l’aide publique au développement.  Évoquant ensuite les groupes en situation vulnérable, il s’est enorgueilli du plan d’action national sur le handicap, qui couvre divers domaines politiques tels que l’éducation, l’emploi et la santé, avec pour priorité une meilleure inclusion des femmes handicapées.  Le Ministre a également mentionné la stratégie autrichienne pour la jeunesse, ainsi que des investissements « massifs » dans le développement de l’éducation et de la prise en charge de la petite enfance.  Pour réagir à l’inflation, le Gouvernement autrichien a initié une revalorisation annuelle des prestations sociales et familiales, avec un montant d’environ 665 millions d’euros pour 2024.  De plus, un vaste programme de lutte contre l’inflation à destination des familles a également été approuvé.  Enfin, l’Autriche s’engage depuis de nombreuses années en faveur de politiques adaptées à l’âge, tant au niveau national qu’international, a précisé le Ministre.

Mme NEVINE KABBAJ, Ministre de la solidarité sociale de l’Égypte, a mis en avant les efforts de son pays en matière de protection sociale.  Depuis 2015, a-t-elle expliqué, le Gouvernement égyptien a mis en place un programme de justice sociale et d’investissement dans le capital humain, qui vise à identifier les problèmes de pauvreté, à venir en aide aux plus vulnérables et à construire des systèmes sociaux inclusifs.  Le pays s’est ainsi doté du programme d’aide en espèce le plus important de la région, ce qui lui a permis de venir en aide à près de 2 millions de foyers en 2023.  Parmi les bénéficiaires, 40% sont des enfants âgés de moins de 18 ans, a précisé la Ministre, qui a également fait état de services de soins de santé destinés aux mères.  Afin d’améliorer ces systèmes, des mécanismes de vérification et d’automatisation ont été mis en œuvre et le filet de sécurité sociale a été étendu, avec notamment un programme de carte alimentaire, des aides au logement, des services de planification familiale et des cours d’alphabétisation. 

Toutefois, notant que la pauvreté n’est pas seulement pécuniaire, la Ministre a recommandé d’agir de manière multidimensionnelle pour y répondre.  Le Gouvernement égyptien a ainsi mis en place un système d’aide aux personnes handicapées et aux seniors, assorti d’importants efforts budgétaires.  Une aide est par ailleurs fournie aux jeunes familles, en particulier dans les régions pauvres, tandis que des services de formation et d’emploi sont proposés aux foyers n’ayant pas bénéficié du système de transfert d’espèces.  Avant de conclure, la Ministre a regretté que la protection sociale soit parfois perçue comme un moyen de lutte contre la crise économique, plaidant pour des politiques à long terme qui permettent de lutter efficacement contre la pauvreté et de promouvoir la justice sociale. 

Mme FLORENCE KOSKEY BORE, Ministre du travail et de la protection sociale du Kenya, a informé que son pays met en œuvre des politiques et des programmes inclusifs axés sur la famille qui visent notamment à promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des jeunes, des femmes et des filles, dans le but de favoriser l’intégration sociale.  Elle a cité un programme national de « parentalité positive », qui offre une formation aux parents et aux personnes qui s’occupent des enfants, afin d’améliorer leurs compétences, leurs comportements, leurs croyances, leurs pratiques et leurs attitudes en la matière. La Ministre a également mentionné la stratégie nationale de réforme de la prise en charge des enfants qui réaffirme l’importance et le rôle prépondérant de la famille dans la prise en charge, l’éducation, la croissance et le développement des enfants. 

Elle a ensuite expliqué que la numérisation et l’automatisation de plus de 5 000 processus gouvernementaux clefs au Kenya avaient renforcé la prestation de services gouvernementaux.  En outre, le Kenya mise sur la création d’emplois pour les jeunes, grâce à un engagement accru avec les pays de destination du marché du travail, à la création de centres numériques, à l’amélioration de la culture numérique et au renforcement de l’infrastructure numérique.  En outre, un certain nombre de programmes sont mis en œuvre pour lutter contre les inégalités systémiques, promouvoir l’égalité des chances et créer une société plus inclusive et plus juste, a encore précisé la Ministre en évoquant des programmes d’action positive dans les domaines de l’emploi, de l’éducation, de la santé et de l’autonomisation des communautés, en particulier pour les jeunes, les femmes, les personnes handicapées, les populations vulnérables, marginalisées et mal desservies. 

Mme KAISA JUUSO, Ministre des affaires sociales et de la santé de la Finlande, a mis en avant les avancées de son pays en matière de progrès économiques et sociaux, en particulier l’économie du bien-être qui est fondée sur des investissements dans la stabilité fiscale et la croissance économique.  Cette politique investit dans le bien-être de la population pour qu’elle puisse travailler de manière efficace.  Elle a souligné l’importance d’offrir aux jeunes une éducation de qualité et des opportunités d’apprentissage tout au long de la vie.  L’économie du bien-être préconise en outre de rémunérer le travail des femmes et de garantir leur indépendance économique notamment en leur accordant des congés payés.  L’économie du bien-être devrait figurer à l’ordre du jour du Sommet social mondial de 2025 afin d’accélérer la réalisation des ODD, a préconisé la Ministre. 

Pour sa part, la déléguée de la jeunesse de la Finlande a également dissuadé de sous-estimer l’importance du travail rémunéré des femmes et des filles trop souvent obligées de porter un fardeau disproportionné dans la gestion des responsabilités ménagères et la prise en charge de leurs jeunes frères et sœurs au détriment de leur éducation.  Garantir l’accès des filles à une éducation de qualité est la clef du développement durable et de la construction de l’égalité sociale, a-t-elle insisté.  Elle a ensuite rappelé un rapport du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) publié en 2020 informant qu’une fille sur cinq a été abusée ou exploitée sexuellement avant d’atteindre l’âge de 18 ans.  À mesure que la numérisation s’accélère, le nombre de victimes augmentera et la réponse deviendra plus difficile.  Chacun a le droit de disposer de son propre corps, a défendu la jeune oratrice exhortant chaque État Membre à respecter les droits fondamentaux des filles. 

Mme NATALIA-ELENA INTOTERO, Ministre de la famille, de la jeunesse et de l’égalité des chances de la Roumanie, a apprécié le « partenariat mondial pour le développement » qui sert de feuille de route pour guider le redressement durable et le changement structurel en partenariat avec le secteur privé, la société civile et d’autres parties prenantes clefs.  Elle a appelé à s’attaquer aux causes profondes des inégalités, de l’instabilité politique et des déplacements de population, à une époque où trop de citoyens se sentent exclus.  Il faut en outre renforcer la responsabilité et la transparence et assurer un accès universel aux soins de santé de qualité, à l’éducation, à l’assainissement, à une énergie propre et à l’internet. 

Pour la Ministre, l’éducation doit être considérée comme un processus qui prépare les jeunes générations aux défis de l’avenir en encourageant l’innovation, la méritocratie, la pensée critique constructive, la curiosité, le comportement et l’émancipation.  Un électorat engagé et bien éduqué est au cœur des sociétés démocratiques fortes, a-t-elle argué avant d’appeler à créer un environnement dans lequel les jeunes sentent que leur voix compte parce que « les jeunes sont les gardiens actuels et futurs de la démocratie ».  C’est dans cet esprit que la Roumanie offre une éducation primaire et secondaire gratuite, offre des bourses aux étudiants éminents et a adopté des lois sur l’éducation, en dotant le Ministère de l’éducation du budget le plus important pour 2024. 

Mme SHAMMA BINT SOHAIL AL MAZRUI, Ministre du développement communautaire des Émirats arabes unis, a établi une distinction entre les différents systèmes de justice sociale dans le monde, tout en notant qu’ils demeurent interconnectés.  Le progrès social est le résultat et la culmination de différents facteurs et politiques en matière d’éducation, d’économie et d’environnement, avec des répercussions pour l’ensemble de la société.  Or, a-t-elle ajouté, les politiques publiques oublient trop souvent la partie « publique » de ces politiques.  Nous devons donc adopter une approche collective regroupant les secteurs de la santé, du droit ou encore du développement économique afin d’établir la confiance nécessaire au progrès social.  La Ministre a aussi insisté sur la coopération avec les secteurs public et privé, à même de susciter l’espoir. 

M. KGOTLA KENNETH AUTLWETSE, Ministre du Gouvernement local et du développement rural du Botswana, a indiqué que son gouvernement a pris la décision « audacieuse » de passer de l’élimination de la pauvreté à l’éradication de la pauvreté, en mettant au point un programme qui couvre tous les aspects de la question, y compris les dimensions environnementales et la mise en œuvre de projets de sécurité alimentaire et de moyens de subsistance.  Le Botswana a investi près de 3% de son PIB dans des programmes de protection sociale et adopté un cadre de protection sociale en août 2020: il s’agit d’un document de politique qui guide notre transition afin d’éviter la fragmentation des efforts déployés.  Le Ministre a également cité différentes législations, dont une prévoyant l’autonomisation économique, et une autre en matière emploi décent, l’objectif étant de contribuer à la réduction des inégalités salariales et d’éradiquer la pauvreté.  Il a fait en outre valoir une initiative politique de réduction de la pauvreté qui met l’accent sur la formation et le développement socioéconomique.

Mme VINDHYA PERSAUD, Ministre des services sociaux et de la sécurité sociale du Guyana, a relevé que les crises transversales actuelles soulignent l’interdépendance de notre monde et notre responsabilité mondiale commune en faveur de l’éradication de la pauvreté.  Le Guyana, a-t-elle ajouté, a adopté une approche proactive et centrée sur les personnes pour éradiquer la pauvreté et créer une société inclusive, résiliente et équitable.  Le budget national consacré à l’éducation a ainsi augmenté de plus de 60%, la majorité des programmes d’éducation et de formation étant fournis gratuitement, avec une attention particulière aux personnes vivant dans les zones rurales.  Ayant réalisé l’éducation primaire universelle, le Guyana s’efforce maintenant de parvenir à un accès universel à l’enseignement secondaire et universitaire d’ici à 2025.  S’agissant des changements climatiques, la Ministre a expliqué que la stratégie de développement à faibles émissions de carbone du pays à l’horizon 2030 permet d’exploiter les forêts dans le cadre d’un plan de développement.  Afin que personne ne soit laissé de côté, Mme Persaud a appelé à donner la priorité au développement social et aux communautés vulnérables. 

Mme PAULINE IRENE NGUENE, Ministre des affaires sociales du Cameroun, a indiqué que le Cameroun s’est doté d’une vision de développement à l’horizon 2035, qui met l’accent sur la lutte contre la pauvreté et les exclusions.  Face à ce défi, les pouvoirs publics misent sur la consolidation de la croissance et le renforcement de la protection sociale, et ce, malgré le ralentissement des recettes pétrolières et l’accroissement des dépenses de sécurité. Cette volonté, a expliqué la Ministre, se traduit par la mise en œuvre des politiques publiques visant à renforcer la résilience des populations, à assurer l’égalité des chances, à combler les écarts dans l’accès aux services sociaux de base et à lutter contre les inégalités en renforçant les mesures de protection des individus, des groupes et des communautés vulnérables.  Elle a ainsi évoqué la promotion de l’éducation inclusive et l’extension de la gratuité de l’éducation primaire publique.  La Ministre a également fait état de la mise en place progressive de la couverture de santé universelle, ainsi que d’interventions de nutrition, du traitement gratuit des personnes vivant avec le VIH et d’un programme élargi de vaccination. Le lancement en janvier de la vaccination des enfants contre le paludisme constitue une avancée majeure pour enrayer l’une des causes de la mortalité infantile au Cameroun, a-t-elle fait valoir. 

La Ministre a ajouté que des programmes gouvernementaux sont mis en œuvre pour favoriser l’accès à un habitat décent pour tous, tandis que l’offre énergétique continue de s’améliorer, à travers le projet d’électrification rurale par système solaire photovoltaïque.  Des efforts sont également déployés pour améliorer l’accès à l’eau potable, avec la construction de 800 forages dans huit régions du pays.  Dans le domaine de l’emploi, a-t-elle poursuivi, des actions sont menées pour promouvoir le travail décent pour tous et accroître les revenus réels par habitant tant dans les zones rurales qu’urbaines.  Un programme d’appui à l’insertion et à la réinsertion socioprofessionnelle des populations vulnérables vise aussi à lutter contre l’exclusion et la pauvreté, de même que la mise en place d’un registre social unifié, adossé à un mécanisme adapté d’identification et de ciblage des populations les plus vulnérables.  La Ministre a assuré que son gouvernement entend poursuivre ses réformes de renforcement de la protection sociale des populations.  Elle a cependant averti que les résultats dépendront de la mobilisation de financements innovants. 

Pour M. YAVUZ SELIM KIRAN, Vice-Ministre de la famille et des services sociaux de la Türkiye, les crises mondiales hypothèquent le développement social y compris à Gaza où la Türkiye est solidaire des populations palestiniennes.  Les défis sociaux requièrent la collaboration de tous, notamment en matière de lutte contre la pauvreté et d’efforts pour atteindre le développement pour tous.  Il a passé en revue les différents programmes mis en œuvre par son gouvernement pour garantir le développement du pays.  La population dans son ensemble peut compter sur les services de prestation et la population pauvre bénéficie en outre d’un revenu décent pour sortir du cycle de pauvreté. Le taux de pauvreté a reculé de 14% en 15 ans grâce en particulier aux programmes d’aide aux familles, s’est-il félicité. 

M. BARQ AL-DMOUR, Secrétaire général du Ministère du développement social de la Jordanie, a expliqué que son gouvernement met en œuvre ses stratégies nationales en matière de développement social en dialogue avec les différents partenaires.  Il a indiqué que la Jordanie fait partie des pays qui accueillent le plus grand nombre de réfugiés, ce qui met sous pression son système de prestations sociales.  La Jordanie reste toutefois déterminée à honorer les engagements pris en termes de développement social et cherche à assurer une croissance inclusive.  À cette fin, les mesures doivent permettre de faire face aux chocs.  Il faut également garantir la viabilité des mécanismes de financement et avoir des institutions à la hauteur de la tâche notamment pour ce qui est de la sécurité alimentaire et de l’approvisionnement en eau, a-t-il souligné.  Il a également expliqué que la Jordanie s’est dotée d’une approche de lutte contre la pauvreté multidimensionnelle et qu’elle mise sur une nouvelle législation pour assurer des services de base de qualité à tous et améliorer son système de prestations sociales afin de le rendre plus réactif.

Table ronde de haut niveau sur le thème prioritaire: Comment les futures politiques sociales peuvent-elles parvenir à des sociétés inclusives, résilientes et équitables?

Lors de cette discussion, modérée par M. DANILO TÜRK, Président du Club de Madrid et ancien Président de la Slovénie, Mme NORA LUSTIG, professeure d’économie et Directrice et cofondatrice de la Commitment to Equity Initiative à l’Université Tulane, a prononcé une allocution inaugurale, en se demandant si les politiques fiscales sont de nature à réduire les inégalités.  Oui, a-t-elle répondu, à en juger par les études réalisées dans les 66 pays dans le monde qui doivent réaliser l’ODD 10, 4, 2, même si d’importantes variations existent d’un État à l’autre.  Elle a ainsi rappelé que l’Argentine connaît aujourd’hui une crise budgétaire importante précisément parce qu’elle a trop dépensé d’argent pour lutter contre la pauvreté.  Elle n’en a pas moins vanté les mérites de la redistribution des richesses, en citant en particulier la taxation directe et indirecte, les transferts directs, les subventions, l’investissement dans l’éducation et les dépenses de santé. 

Mme VALÉRIE BERSET BIRCHER, Cheffe des affaires internationales du travail au Secrétariat d’État à l’économie du Département fédéral de l’économie, de la formation et de la recherche de la Suisse, a estimé que les inégalités sont un « poison politique » qui affaiblit la cohésion sociale et discrédite les institutions démocratiques. Prenant pour exemple son propre pays, elle a rappelé que, dans le contexte de pénurie de main-d’œuvre que connaît actuellement la Suisse, il apparaît essentiel d’utiliser au mieux la main-d’œuvre qualifiée disponible.  Les mesures visant à concilier vie familiale et vie professionnelle constituent un point de départ important, femmes et hommes devant avoir les mêmes chances de poursuivre une carrière, « quel que soit le modèle familial ».  Cet objectif peut être atteint en créant des conditions-cadres favorables à la famille, telles que des possibilités de garde d’enfants suffisantes, de bonne qualité et abordables, a précisé la panéliste, qui a également mentionné les formes d’emploi flexibles et les réglementations fiscales qui rendent le travail attrayant.  Elle a annoncé que le Gouvernement suisse soumettra bientôt au Parlement une proposition visant à introduire l’imposition individuelle des couples mariés à tous les niveaux étatiques, afin d’encourager une deuxième activité lucrative au sein du couple, en général celle de la femme.  De plus, il est important de maintenir l’accès à l’emploi des travailleurs âgés et d’intégrer les chômeurs de plus de 50 ans sur le marché du travail.  Par ailleurs, a encore noté Mme Bircher, dans le cadre de sa politique en matière de travailleurs qualifiés, la Suisse assure des conditions-cadres optimales pour l’apprentissage tout au long de la vie, avec un fort accent sur la formation continue pour acquérir les qualifications nécessaires sur un marché du travail de plus en plus compétitif. 

Mme ELENI NIKOLAIDOU, Conseillère ministérielle et Directrice de la politique de développement au Ministère des affaires étrangères de la Grèce, a déclaré que, dans un paysage financier de plus en plus complexe, l’Aide publique au développement continue de jouer un rôle crucial en tant qu’élément catalyseur du financement global pour contribuer à la réalisation du Programme 2030.  « L’APD peut contribuer à mobiliser d’autres sources de financement, en particulier le financement public intérieur, le financement mixte et les investissements privés durables, ainsi que d’autres moyens de mise en œuvre ou catalyseurs du développement, tels que le soutien à la science et à la recherche, à la technologie, à l’innovation et à la numérisation », a indiqué l’intervenante. Dans le cadre du Programme national quadriennal de coopération internationale au développement 2022-2025, Hellenic Aid développe des partenariats pour mettre en œuvre des programmes prioritaires, notamment celui de la médecine fœtale dans des pays comme l’Albanie, l’Arménie, l’Éthiopie, la Moldavie et la République de Macédoine du Nord, ainsi qu’au Kosovo.  L’objectif est de contribuer à la réduction de la mortalité maternelle et périnatale et d’améliorer la prise en charge des femmes enceintes, a expliqué l’intervenante. Par ailleurs, le Ministère grec des affaires étrangères coopère étroitement avec la Faculté de médecine de l’Université de Ioannina pour former des médecins albanais dans de nombreuses spécialisations différentes.  Enfin, la panéliste a mentionné que la Grèce coopère étroitement avec des organisations multilatérales comme le PNUD, notamment pour maximiser l’impact positif de l’aide multilatérale sur la réalisation des ODD en mettant en œuvre des protocoles d’accord pour des programmes de coopération au développement dans un certain nombre de pays. 

Compte tenu de la complexité des défis auxquels les États sont confrontés pour mettre en œuvre les ODD, Mme GLORIA REYES, Directrice générale du programme Supérate de la Présidence de la République dominicaine, a fait valoir que la notion de développement durable place la dimension sociale au même niveau que les dimensions environnementale, économique et institutionnelle, ses objectifs étant par leur nature intégrés et indivisibles.  De cette façon, les politiques sociales doivent être considérées comme un investissement et non comme une dépense. 

Elle a souligné la nécessité d’établir clairement les priorités, à l’aide d’informations fiables permettant d’identifier les plus vulnérables aux chocs climatiques, sociaux et économiques.  Il importe également d’identifier les modèles de discrimination dans les politiques et pratiques sociales qui ont cours.  Pour obtenir des résultats durables, nous devons encore prendre en compte les sphères économique, sociale, environnementale et institutionnelle, et en évaluer constamment les résultats.  Enfin, la responsabilité et la participation significative des divers acteurs impliqués dans les politiques sociales sont tout aussi importantes, comme le reconnaît la stratégie nationale de développement de la République dominicaine.  Néanmoins, a-t-elle prévenu, la mise en œuvre de politiques publiques visant à parvenir à des sociétés inclusives, résilientes et équitables qui ne laissent personne de côté est impossible sans un engagement ferme des gouvernements, en étroite collaboration avec le secteur privé et le secteur social. 

Mme SABINA ALKIRE, professeure d’université et Directrice de la Oxford Poverty and Human Development Initiative (OPHI), a déclaré qu’en 2023, 1,1 milliard de personnes vivaient dans la pauvreté multidimensionnelle dont la moitié étaient des enfants.  Près des deux-tiers, soit 730 millions, vivent dans des pays à revenu intermédiaire et 83% en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud. En 15 ans, s’est félicitée la panéliste, 25 pays ont réussi à diminuer de moitié la pauvreté.  Selon elle, les pays peuvent accélérer ce progrès en s’attaquant à quatre défis: accroître l’efficacité et mieux cibler les dépenses sociales; mettre en place un système de protection sociale efficace; renforcer le capital humain; et réaliser l’inclusion sociale entre les groupes ethniques et l’égalité entre les sexes. 

La panéliste a insisté sur l’importance de disposer de données actualisées et ventilées sur la pauvreté, préconisant « un investissement majeur dans les sources statistiques » de la pauvreté.  Elle a notamment suggéré d’institutionnaliser la collecte de données et la production de rapports sur les indices de pauvreté multidimensionnelle; d’investir dans les enquêtes auprès des ménages; et d’utiliser les indices de pauvreté multidimensionnelle pour orienter les actions d’éradication de la pauvreté. 

Dialogue interactif 

Comment passer de programmes transversaux fragmentaires à des systèmes de protection sociale solides? a demandé l’Union européenne qui, notant que plus de 4 milliards de personnes dans le monde n’ont toujours pas accès à la protection sociale, a évoqué la Coalition mondiale pour la justice sociale, une initiative novatrice qui vise à intensifier les efforts pour accélérer la mise en œuvre du Programme 2030. 

La Türkiye a indiqué que son gouvernement offre une protection sociale comportant plus de 50 programmes d’assistance, en particulier pour aider les personnes au chômage à retrouver le chemin du monde du travail, tandis que les Philippines ont rappelé la signature récente avec l’ONU d’un cadre de coopération pour le développement durable 2024-2028.  L’objectif est de faire en sorte que l’ensemble de notre population, notamment celles et ceux qui risquent d’être laissés de côté, aient un accès plus équitable aux services sociaux de qualité en tenant compte des considérations femme-homme. 

De son côté, le Kenya a expliqué avoir beaucoup investi dans le renforcement de l’accès aux technologies et aux infrastructures numériques, tout en se posant la question de savoir quel mécanisme devrait être mis en place pour permettre la non-exclusion des personnes handicapées dans la transition numérique.  Le Costa Rica a quant à lui souhaité savoir quels critères retenir pour assurer une lecture correcte des statistiques afin de s’attaquer réellement au problème de la pauvreté multidimensionnelle et élaborer des politiques publiques efficaces. Lui emboîtant le pas, l’ONG House Foundation a jugé essentiel de miser sur les organisations locales si nous voulons éliminer la pauvreté, tout en leur apportant l’appui extérieur dont elles ont besoin. 

Réagissant à ces interventions, la Directrice de la Commitment to Equity Initiative à l’Université Tulane a conseillé de procéder à l’intégration de systèmes qu’elle a jugés trop fragmentés au niveau international, en s’inspirant par exemple du modèle qui a prévalu sous le premier mandat du Président Lula au Brésil, qui avait demandé un audit de tous les programmes sociaux existants en vue de les harmoniser et de prendre en compte la pauvreté dans toutes ses dimensions. 

Revenant sur la question de l’inclusion des personnes handicapées, la représentante du Département fédéral de l’économie, de la formation et de la recherche de la Suisse a indiqué que son pays a procédé à plusieurs évaluations de ses propres législations et cherche à favoriser les mécanismes de concertation multipartite avec la société civile, notamment celle qui représente les personnes en situation de vulnérabilité.  Nous disposons d’une loi fédérale sur l’élimination des inégalités frappant les personnes handicapées et notre gouvernement a décidé de renforcer cette législation il y a un an donc, a encore précisé cette intervenante. 

Toujours à l’intention des personnes handicapées, la Directrice de la politique de développement au Ministère des affaires étrangères de la Grèce a cité un programme pour faciliter l’accès en ligne à l’ensemble des services sociaux et à l’éducation, entré en vigueur pendant la pandémie. 

Abordant la question des statistiques, la Directrice générale du programme Supérate de la présidence de la République dominicaine a indiqué que des mesures avaient été prises par son gouvernement pour atténuer le coût financier de la collecte des données, notamment par le biais d’une initiative qui s’appuie sur l’intelligence artificielle.  Nous travaillons aussi avec l’imagerie satellite pour recenser les zones vulnérables, a-t-elle ajouté.  La professeure d’université et Directrice de la Oxford Poverty and Human Development Initiative (OPHI) a rappelé pour sa part que tous les indicateurs devraient être ventilés par genre, y compris ceux qui sont liés à la crise climatique: « on peut fusionner les données relatives aux catastrophes naturelles avec celles portant sur les foyers pour étudier l’impact des menaces environnementales sur les personnes déjà touchées par les facteurs multiples de pauvreté », a recommandé cette experte. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité débat des derniers développements dans un Moyen-Orient « au bord du gouffre », dont les récentes frappes des États-Unis en Iraq et en Syrie

9542e séance - après-midi
CS/15577

Le Conseil de sécurité débat des derniers développements dans un Moyen-Orient « au bord du gouffre », dont les récentes frappes des États-Unis en Iraq et en Syrie

Le Conseil de sécurité s’est réuni cet après-midi, à la demande de la Fédération de Russie, pour débattre des derniers développements au Moyen-Orient, en particulier les récentes frappes des États-Unis en Syrie et en Iraq, présentées par le premier pays comme une riposte à l’attaque de drone ayant tué trois soldats américains en Jordanie le 28 janvier dernier.  Les appels à la désescalade ont été au cœur des interventions. 

Première à s’exprimer, la Secrétaire générale adjointe des Nations Unies aux affaires politiques, Mme Rosemary Di Carlo, a précisé que depuis la mi-octobre, il y a eu quelque 165 attaques contre des bases américaines en Syrie et en Iraq, déclenchant une riposte des États-Unis dans ces deux pays.  Elle a indiqué que l’attaque du 28 janvier dans le nord de la Jordanie a également blessé 40 personnes. 

Le 2 février, les États-Unis ont conduit 85 frappes aériennes contre la Force Al-Qods du Corps iranien des gardiens de la révolution Islamique et groupes affiliés, a-t-elle indiqué.  Les États-Unis ont assuré qu’ils ont visé des entrepôts d’armes et des centres de commandement, notamment, et qu’ils ne cherchent pas le conflit, a-t-elle dit.  Dans un Moyen-Orient très volatile, elle a appelé toutes les parties à « s’éloigner de l’abîme » et à soupeser les risques insupportables d’un conflit régional. 

En tout état de cause, la Russie a vivement dénoncé « une nouvelle action illégale et irresponsable des États-Unis en Iraq et en Syrie, territoires souverains ».  Ces frappes aériennes « massives » ayant tué des civils et des militaires démontrent une fois de plus la nature agressive de la politique américaine et le mépris total de Washington pour les normes du droit international, a tonné la délégation. 

De son côté, la Chine a déclaré que dans « un Moyen-Orient au bord du gouffre, le plus fort ne doit pas pouvoir imposer sa volonté ».  Le représentant de l’Iraq a condamné les attaques américaines qui ont visé des bases militaires, tuant des civils et détruisant des infrastructures.  Le territoire iraquien, a-t-il prévenu, ne saurait être utilisé pour des règlements de comptes entre les États.  Même son de cloche du côté de la Syrie qui a fustigé les « prétextes fragiles » et « affirmations trompeuses » de l’Administration américaine. 

Celle-ci tente de justifier ses attaques en présentant une interprétation déformée et erronée de la Charte des Nations Unies, a déclaré le délégué syrien, en condamnant le soutien « aveugle » des États-Unis à Israël, malgré « le crime de génocide en cours contre le peuple palestinien ».  L’Iran a également dénoncé la tentative des États-Unis de détourner l’attention de leurs propres agressions.  La seule solution pour éviter l’escalade est qu’Israël mette fin au génocide à Gaza et que les forces américaines se retirent d’Iraq et de Syrie, a dit le délégué iranien. 

Celui des États-Unis a justifié ces mesures « proportionnées et indispensables » par le fait qu’elles sont conformes au droit à la légitime défense après les attaques subies par des soldats américains le 28 janvier et lancées par des milices affiliées à l’Iran en Iraq.  « La Russie a demandé la tenue de cette réunion sous le prétexte erroné que les États-Unis n’auraient pas le droit de répondre à des attaques faisant des victimes américaines. »  

Le délégué américain a aussi assuré que les cibles avaient été choisies pour éviter les victimes civiles.  « Ce n’est que le début de notre riposte aux attaques quotidiennes dans la région », a-t-il averti.  Plusieurs pays, dont le Royaume-Uni, ont souligné le droit des États-Unis à se défendre, tout en rappelant que la coalition internationale a pour but de vaincre Daech.  Le soutien de l’Iran aux groupes armés dans la région entrave la réponse collective face à Daech, a tranché la déléguée britannique. 

Mais c’est bien l’inquiétude et les appels à la désescalade qui ont dominé cette réunion.  La Suisse a jugé indispensable de calmer la situation, tandis que le Guyana a fait remarquer que les risques d’une confrontation régionale « nous concernent tous ».  Enfin, plusieurs pays, dont l’Algérie et la Slovénie, ont réitéré leur appel à un cessez-le-feu humanitaire à Gaza.  La cause principale de la situation est « notre incapacité à imposer un cessez-le-feu à Gaza », a déclaré la Chine. 

 

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Déclarations

Mme ROSEMARY ANNE DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et de la consolidation de la paix, a rappelé les risques d’escalade au Moyen-Orient depuis les « odieuses attaques » du Hamas du 7 octobre et la « dévastatrice contre-offensive israélienne à Gaza ». Depuis la mi-octobre, il y a eu quelque 165 attaques contre des bases américaines en Syrie et en Iraq, déclenchant une riposte des États-Unis dans ces deux pays, a-t-elle dit.  Elle a indiqué que l’attaque par drone du 28 janvier dans le nord de la Jordanie a tué trois soldats américains et blessé 40 personnes.  Le 2 février, les États-Unis ont conduit 85 frappes aériennes contre la Force Al-Qods du Corps iranien des gardiens de la révolution islamique et groupes affiliés. La Syrie et l’Iraq ont condamné les frappes du 2 février, tandis que les États-Unis ont indiqué qu’ils ont visé des entrepôts d’armes et des centres de commandement notamment.  « Les États-Unis ont assuré qu’ils ne cherchent pas le conflit. » 

Si les forces iraquiennes ont assuré de leur engagement à protéger les forces de la coalition, des factions armées liées à la « résistance islamique en Iraq » sont déterminées à poursuivre leurs attaques contre les forces des États-Unis et de la coalition dans la région, a-t-elle poursuivi.  Elle a détaillé la vague de violence dans la région, avec notamment des échanges de feu quotidiens le long de la Ligne bleue ou bien encore les tirs de missiles des houthistes en mer Rouge.  Depuis le 11 janvier, les États-Unis et le Royaume-Uni, avec le soutien de six pays, ont frappé des positions houthistes au Yémen, a-t-elle rappelé.  Mme DiCarlo a exhorté toutes les parties à « s’éloigner de l’abîme » et à soupeser les risques insupportables d’un conflit régional.  Elle a appelé à un cessez-le-feu humanitaire immédiat à Gaza, en rappelant que les risques d’escalade étaient bien réels dès le 7 octobre. En conclusion, elle a appelé ce Conseil à activement impliquer toutes les parties en vue de prévenir une escalade dans un Moyen-Orient « extrêmement volatile ». 

Le représentant de la Fédération de Russie a fustigé « une nouvelle action illégale et irresponsable des États-Unis en Iraq et en Syrie, territoires souverains ».  Ces frappes aériennes « massives » ayant tué des civils et des militaires démontrent une fois de plus pour le délégué russe la nature agressive de la politique américaine et le mépris total de Washington pour les normes du droit international.  La participation du Royaume-Uni ne peut faire illusion quant à une soi-disant « coalition internationale », a-t-il ajouté.  Peut-être que ces actions brutales s’inscrivent dans le cadre de ce que l’on appelle « l’ordre international fondé sur des règles », a ironisé le délégué, un ordre qu’il a qualifié de « construction pseudo-juridique américaine » n’ayant en fait rien à voir avec le droit international. 

Avec ces frappes aériennes américaines « spécifiquement conçues pour enflammer davantage le conflit », les États-Unis tentent d’entraîner délibérément les plus grands pays du Moyen-Orient dans un conflit régional, a analysé le délégué.  De son point de vue, Washington, sûr de son impunité, continue de semer la destruction et le chaos au Moyen-Orient. Ce qu’il a décrit comme « la plus grande opération aérienne américaine dans la région depuis 2003 » n’a, selon le délégué russe, aucune justification, sauf celle de « montrer les muscles » et d’influencer la politique intérieure américaine, notamment la campagne présidentielle en cours.  Pour préserver à tout prix leur position dominante dans le monde, les États-Unis cherchent et continueront à chercher à « éteindre le feu avec de l’essence » et à exacerber les tensions, tant qu’elles profitent à son allié israélien.  Selon le délégué russe, il n’y a absolument aucune raison de compter sur une quelconque prudence de l’establishment américain et sur sa volonté de prendre en compte les intérêts des pays de la région: les frappes des 2 et 3 février l’en ont convaincu.

Le représentant de la Sierra Leone a dit être préoccupé par le meurtre des trois soldats américains en Jordanie le 28 janvier dernier et a pris note des mesures menées en réponse par les États-Unis la semaine dernière. Le délégué a appelé au calme, demandant aux parties d’éviter une escalade des tensions pouvant mener à la déstabilisation de la région.  Il a dit craindre que les attaques menées par les États-Unis puissent être prises pour un encouragement à l’escalade par certaines parties au conflit.  La guerre à Gaza et la crise humanitaire qui s’y déroulent pèsent lourdement sur la région, a-t-il constaté en plaidant pour un cessez-le-feu et pour que l’aide humanitaire parvienne aux populations de Gaza. « Préserver le bien-être des civils doit être la priorité de tous. »  Pour cela, il faut éviter la propagation du conflit à Gaza dans toute la région, a exhorté le représentant appelant une fois de plus à prévenir la détérioration de la situation mais aussi à se réengager au règlement pacifique des conflits et à la promotion d’une paix durable dans la région.

Le représentant de la Chine a dénoncé les frappes des États-Unis en Syrie et en Iraq, qui ont été menées en violation de la souveraineté de ces pays. « Nous sommes très préoccupés », a-t-il reconnu, estimant que le Moyen-Orient est au bord du gouffre.  « Le plus fort ne doit pas pouvoir imposer sa volonté », a-t-il martelé.  Le représentant a noté que la Syrie et l’Iraq ont condamné les attaques des États-Unis et que ce pays assure qu’il ne cherche pas le conflit.  Or, selon lui, les États-Unis font le contraire et attisent les tensions.  Il a regretté que les actions américaines exacerbent le cycle de la violence au Moyen-Orient, appelant les parties à œuvrer à la désescalade.  Enfin, le représentant a estimé que la cause principale de la situation est « notre incapacité à imposer un cessez-le-feu à Gaza ». 

Le représentant de l’Algérie, inquiet de l’escalade et de voir le Moyen-Orient au bord de l’effondrement, a estimé que les peuples de Syrie et d’Iraq méritent de vivre en paix.  Il a appelé les parties à la plus grande retenue en évitant les mesures pouvant aggraver la situation.  Convaincu que la force n’est pas la manière d’imposer la paix et la stabilité, le délégué a invité au dialogue et à une action collective, en laissant de côté la violence, la dissuasion et les punitions.  Il a appelé à un traitement de fond des causes profondes de l’instabilité, ainsi qu’à des solutions de long terme pour une paix durable dans la région.  La question palestinienne étant la pierre angulaire conditionnant cette paix, le délégué a de nouveau tiré la sonnette d’alarme quant à un risque de propagation régionale du conflit entre Israël et la Palestine.  Tous les peuples de la région aspirent à la paix, a-t-il insisté.  Pour atteindre cet objectif, un premier pas serait de mettre en place un cessez-le-feu à Gaza, a-t-il affirmé.

La représentante du Royaume-Uni a appuyé tous les efforts visant au maintien de la paix et de la sécurité au Moyen-Orient, y compris en Iraq et en Syrie. « Nous usons de tous les instruments diplomatiques et sécuritaires en vue d’une désescalade des tensions dans la région », a-t-elle assuré.  Elle a ensuite dénoncé l’attaque qui a tué trois soldats américains le 28 janvier dernier.  Elle a pleinement appuyé le droit des États-Unis à se défendre et à riposter.  Elle a rappelé que la coalition internationale a pour but de vaincre Daech, lequel continue de poser une menace grave.  De l’avis de la représentante, le soutien politique, financier et militaire de l’Iran aux groupes dans la région entrave la réponse collective face à Daech.  « Nous appelons ce régime à contrecarrer ces groupes et à agir pour empêcher toute nouvelle attaque en Iraq, en Syrie et au Yémen », a-t-elle déclaré en conclusion. 

La représentante de Malte s’est dite très préoccupée par la situation au Moyen-Orient, notamment en mer Rouge, et exhorté les houthistes à cesser leurs attaques.  À toutes les parties, elle a rappelé l’obligation de lutter contre les fauteurs de troubles et de protéger les civils.  Elle a appelé pour sa part le Conseil de sécurité à s’attaquer aux causes profondes de la situation et à œuvrer à l’instauration d’une paix durable.  « Nous allons continuer à appuyer toutes les initiatives allant en ce sens », a déclaré la déléguée en conclusion. 

Le représentant des États-Unis a rappelé que le Président Joseph Biden avait donné l’ordre des frappes aériennes en Iraq et en Syrie contre des groupes liés au Corps des gardiens de la révolution islamique iranienne.  Il a justifié ces mesures « proportionnées et indispensables » par le fait qu’elles sont conformes au droit à la légitime défense après les attaques subies par des soldats américains le 27 janvier et lancées par des milices affiliées à l’Iran en Iraq.  « La Russie a demandé la tenue de cette réunion sous le prétexte erroné que les États-Unis n’auraient pas le droit de répondre à des attaques faisant des victimes américaines », a répondu le représentant qui a réitéré que les actions des forces armées américaines, le 2 février, étaient nécessaires et proportionnées. Il a révélé que sa délégation avait envoyé plusieurs lettres au Conseil expliquant que les États-Unis prendraient des mesures pour réagir à toute attaque ou aux menaces d’attaques contre des ressortissants américains ou des infrastructures ou soldats américains.  La dernière attaque fait partie de cette catégorie, a-t-il indiqué. 

Expliquant la riposte, il a assuré que les cibles avaient été choisies pour éviter les victimes civiles.  « Ce n’est que le début de notre riposte aux attaques quotidiennes dans la région. »  Le délégué a ajouté que ces frappes sont à distinguer de celles de la coalition contre les houthistes au Yémen qui s’en prennent aux navires commerciaux en mer Rouge.  Les États-Unis souhaitent éviter tout conflit dans la région, a martelé le délégué en mettant en avant qu’ils œuvrent à la désescalade du conflit à Gaza et en assurant qu’ils ne souhaitent pas un conflit direct avec l’Iran. 

L’Iran a appuyé beaucoup d’attaques similaires à celles du 28 janvier, a accusé le délégué mettant en garde ce pays contre toute attaque qui viserait le personnel américain.  À son avis, l’Iran ne peut pas réfuter son rôle d’appui à ces attaques ou rejeter sa responsabilité quant à l’escalade des tensions.  Le représentant a appelé les membres du Conseil, et notamment ceux qui ont des liens directs avec l’Iran, à demander à celui-ci de modérer ses milices. Les membres du Conseil devraient aussi faire pression pour que la Syrie n’offre plus de plateformes pour que l’Iran déstabilise la région.  Le délégué a assuré que les États-Unis n’hésiteront pas à défendre leur personnel et qu’ils veilleront à ce que tous ceux qui s’en prennent aux Américains, y compris l’Iran et ses satellites, rendent des comptes.

Le représentant de la République de Corée s’est alarmé de l’escalade de la violence dans la région, citant les attaques terroristes du Hamas et les représailles israéliennes, les attaques houthistes en mer Rouge ainsi que les bruits de bottes entendus le long de la Ligne bleue entre Israël et le Liban. 

Dans ce contexte inflammable, la série d’attaques perpétrées contre les États-Unis et ses alliés par des groupes militants en Iraq et en Syrie -et la riposte américaine- aggravent encore la situation, a-t-il constaté.  Le représentant coréen a appelé les groupes militants à cesser leurs provocations tout en prenant note des mesures prises par les forces américaines pour limiter le risque d’escalade. 

S’agissant de la riposte américaine et britannique contre les milices houthistes, le délégué a prévenu qu’une erreur de calcul pourrait mettre le feu aux poudres.  La meilleure chose à faire à ce stade, selon le représentant, est se concentrer sur la diplomatie pour renforcer la sécurité régionale et favoriser le commerce. 

Ces développements ne mettent pas seulement en péril l’économie mondiale, ils compromettent aussi la lutte contre Daech.  Évoquant « la terreur et le cataclysme impensables infligés par le groupe depuis 2014 » et l’attentat meurtrier commis par Daech en Iran le mois dernier, le délégué a craint une résurgence du groupe dans la région et prévenu que les récentes attaques commises contre les États-Unis et ses alliés menaçaient de saper les efforts pour le combattre.

Le représentant de l’Équateur s’est inquiété de l’escalade de la violence au Moyen-Orient.  Les attaques du 2 février dernier dans diverses villes d’Iraq et de Syrie ont couté la vie à des dizaines de militaires et de civils, a-t-il déploré, appelant toutes les parties à la retenue et au respect de la Charte des Nations Unies.  Se joignant aux appels de modération du Secrétaire général, il aussi a appelé à éviter d’engager toute action susceptible d’aggraver une situation déjà très fragile.  Le délégué a de surcroît invité à user de tous les canaux diplomatiques à disposition pour améliorer la situation.   

Le représentant de la Slovénie s’est dit extrêmement préoccupé par les développements actuels.  La coalition en Iraq est sous le feu d’attaques croissantes, tandis que la situation en Syrie se détériore, a-t-il noté.  Préoccupé par le cycle de la violence dans toute la région, il a appelé à un cessez-le-feu humanitaire à Gaza.  « Nous pensons que c’est le meilleur espoir de commencer à restaurer le calme dans la région et d’empêcher un autre bain de sang. »  Il a également exhorté au respect du droit international humanitaire, avant d’appeler les acteurs à faire preuve de la plus grande retenue et à œuvrer à la désescalade. 

Le représentant du Japon a retenu que les États-Unis disent avoir mené des frappes aériennes contre des installations de militants affiliés à l’Iran et d’autres groupes en Iraq et en Syrie, à la suite de l’attaque du 28 janvier contre les troupes américaines en Jordanie, afin de mettre un terme aux attaques continues de ces groupes.  Il a dit être conscient du fait que les États-Unis ne recherchent pas un conflit plus large au Moyen-Orient ou ailleurs, et qu’ils agissent sur cette base. Alors que les tensions au Moyen-Orient sont déjà très fortes et que la situation sur le terrain est extrêmement volatile, il s’est inquiété de ce qu’un certain nombre de groupes armés non étatiques, de milices et de terroristes lancent des attaques et indiquent vouloir intensifier leurs activités hostiles. 

Le représentant a jugé que ce type d’activité ne saurait être justifiable sous aucun prétexte.  Il a appelé toutes les parties à s’abstenir de toute action déstabilisatrice telle que le transfert d’armes, y compris de missiles et de drones, et d’autres technologies militaires, à ces acteurs non étatiques.  Martelant que personne ne souhaite voir se poursuivre le cycle de la violence et voir augmenter le nombre de victimes civiles, le délégué a fait part de la détermination du Japon à déployer tous les efforts possibles, en étroite coopération avec les autres membres du Conseil et d’autres acteurs clefs, pour rétablir la sécurité et la stabilité et trouver des solutions durables susceptibles de mettre un terme aux combats dans la région.

Le représentant de la Suisse s’est dit préoccupé par l’escalade en cours dans la région depuis le début des hostilités à Gaza et qui a atteint un point dangereux avec les événements de ces 10 derniers jours.  « Il existe dans la région un véritable risque pour la paix et la sécurité internationales. »  Nous appelons toutes les parties ainsi que les acteurs ayant une influence sur elles à faire preuve d’un maximum de retenue pour éviter une poursuite de l’escalade, a dit le délégué, en rappelant que toute action menée doit être strictement conforme au droit international.  « De plus, tous les canaux de communication doivent être utilisés pour éviter des malentendus. »  Enfin, il a jugé indispensable de calmer la situation pour parvenir le plus rapidement possible à une désescalade au niveau régional. 

Le représentant de la France a jugé inacceptables les frappes qui ont visé des militaires américains engagés dans la lutte contre Daech à la frontière syro-jordanienne le 28 janvier, ajoutant qu’elles portent atteinte aux efforts collectifs contre ce groupe terroriste et menacent la stabilité de toute la région.  La France, a déclaré le représentant, exprime sa pleine solidarité à l’égard des États-Unis, aux côtés desquels elle est engagée depuis 2014.  « Nous le resterons, pour lutter contre le fléau du terrorisme, aux côtés des pays de la région. »  Par ailleurs, la France continuera à appuyer la lutte contre le terrorisme menée par les autorités iraquiennes, aussi longtemps que celles-ci le lui demanderont, dans le plein respect de la souveraineté de l’Iraq.  Le représentant a condamné l’attaque menée au moyen de drones armés contre un siège des forces kurdes en décembre, ainsi que la frappe du 15 janvier 2024 à Erbil revendiquée par les Gardiens de la révolution iraniens.  Ces actions, qui sont une violation de la souveraineté de l’Iraq, doivent cesser, a grondé le délégué. 

En Syrie, a-t-il poursuivi, les hostilités contre les civils au nord-est, au nord-ouest ainsi que dans la zone contrôlée par le « régime » doivent cesser, conformément aux résolutions de ce Conseil.  Le délégué a estimé qu’il n’y aura de perspective d’une solution juste et durable en Syrie que lorsqu’un processus politique crédible et inclusif sera engagé sur la base de la résolution 2254 (2015) du Conseil, appelant à tout faire pour éviter un embrasement de la région.  Il est aussi urgent de rechercher, collectivement, les voies d’une baisse durable des tensions, a-t-il recommandé en pointant l’Iran pour sa lourde responsabilité à cet égard.  Le représentant a mis en garde Téhéran contre toute tentative d’escalade régionale et lui a demandé de cesser immédiatement ses actions déstabilisatrices.

Le représentant du Mozambique a estimé que les représailles menées au Yémen, en Syrie et en Iraq aggravent le cycle de la violence dans la région et risquent d’avoir des répercussions négatives sur l’ensemble du Moyen-Orient, et même au-delà.  Ces attaques ont eu lieu alors que les États-Unis, le Qatar et l’Égypte sont engagés dans des contacts diplomatiques visant à mettre fin à la guerre dévastatrice et sanglante entre Israël et le Hamas, s’est-il désolé.  À cet égard, le délégué s’est fait l’écho des appels au calme lancés par le Secrétaire général de l’ONU.  Le représentant mozambicain a jugé important que toutes les parties concernées fassent, de toute urgence, baisser la tension.  Il faut absolument qu’elles évitent une confrontation armée et qu’elles s’engagent dans un dialogue significatif, responsable et constructif, en travaillant à la paix sur le long terme. 

La représentante du Guyana a mis en garde contre les risques d’une confrontation régionale.  « De tels risques nous concernent tous. »  Elle a condamné l’attaque du 28 janvier et appelé à éviter toute provocation susceptible d’alimenter les tensions.  « Nous appelons les parties à respecter le droit et la Charte des Nations Unies », a-t-elle lancé.  Elle a exhorté le Conseil à ne pas abandonner ses efforts visant à trouver une solution au défi sécuritaire dans la région.  La représentante a aussi appelé à un cessez-le-feu à Gaza.  « Le Conseil doit mettre un terme à cette tragédie humaine », a-t-elle conclu. 

Le représentant de la République arabe syrienne a fermement condamné l’agression dont son pays a été la victime, agression constituant une menace à la paix et à la sécurité régionales et internationales, ainsi qu’une violation flagrante du droit international et du droit international humanitaire.  Elle doit donc être condamnée et dénoncée par le Conseil, a-t-il souligné.  Il a ensuite fustigé les « prétextes fragiles » et « affirmations trompeuses » de l’Administration américaine, qui tente, a-t-il dit, de justifier ses attaques en présentant une interprétation déformée et erronée de la Charte. 

Selon lui, les causes profondes des conflits, des souffrances et de l’instabilité dans la région résident dans la politique des États-Unis, soutien « aveugle » de l’occupation israélienne et des atrocités commises par Israël, y compris « le crime de génocide en cours contre le peuple palestinien ». Le délégué a aussi accusé les États-Unis de financer le terrorisme en soutenant Daech ainsi que d’autres groupes terroristes et milices séparatistes.  Les États-Unis, a-t-il enchaîné, se sont profondément immiscés dans les affaires intérieures d’autres pays, y compris celles de la Syrie, en formant des coalitions militaires illégales en dehors du cadre des Nations Unies et de la légitimité internationale, en perpétrant des actes d’agression et d’occupation, ainsi qu’en brimant les peuples avec des mesures coercitives unilatérales et des blocus inhumains et immoraux.  Il a exhorté l’Administration américaine à abandonner ses politiques « erronées et destructrices » et à mettre fin à sa présence militaire illégale en Syrie. 

Le représentant de l’Iraq a mis en garde contre l’escalade des tensions dans la région.  Il a fait valoir la diplomatie équilibrée de Bagdad avec ses voisins de la région et les membres de la communauté internationale.  Au cours de ces deux dernières années, l’Iraq s’efforce d’être une source de stabilité régionale.  Les relations avec les États de la région et tous les autres pays se basent sur des principes comme la non-ingérence dans les affaires internes et la non-exportation des problèmes internes d’un pays à l’extérieur.  Toutefois, l’Iraq voit aujourd’hui des pays amis fouler au pied sa souveraineté, son indépendance et son intégrité territoriale.  Le représentant a condamné les attaques américaines qui ont visé des bases militaires, tuant des civils et détruisant des infrastructures.  Le territoire iraquien, a-t-il prévenu, ne saurait être utilisé pour des règlements de comptes entre les États.  Le Conseil de sécurité doit assumer sa responsabilité de maintien de la paix et de la sécurité internationales et protéger la souveraineté et l’intégrité territoriale de tous les États, a conclu le représentant. 

Le représentant de la République islamique d’Iran a fermement condamné des actions militaires américaines illégales et injustifiées, ayant violé de manière flagrante les normes et principes fondamentaux du droit international ainsi que la Charte des Nations Unies.  Tous les « groupes de résistance » de la région sont indépendants et leurs décisions et actions sont motivées par leur droit légitime de mettre fin à la présence illégale des États-Unis sur leurs territoires, au génocide à Gaza et à l’occupation du Territoire palestinien.  Par conséquent, toute tentative d’attribuer ces actions à l’Iran ou à ses forces armées est sans fondement et inacceptable.  L’Iran, a poursuivi son délégué, n’a ni présence militaire en Iraq, ni bases, ni conseillers militaires.  En Syrie, les conseillers militaires iraniens ont été invités officiellement par le Gouvernement pour lutter contre le terrorisme.  Les affirmations selon lesquelles ce sont des bases iraniennes qui ont été attaquées en Iraq et en Syrie sont donc infondées.  C’est plutôt une tentative des États-Unis de détourner l’attention de leurs propres agressions alors que l’Iran n’a jamais cherché à exporter ses différends avec les États-Unis sur le territoire iraquien. 

La seule solution pour mettre fin au conflit dans la région et d’empêcher les débordements serait de renvoyer les parties à leurs obligations en vertu du droit international.  Il s’agit, en d’autres termes, de forcer Israël à mettre fin au génocide à Gaza, d’établir un cessez-le-feu immédiat, de mettre fin à la présence des forces américaines en Iraq et en Syrie, et de faire pression sur Israël pour qu’il mette fin à son occupation.  De même, a poursuivi le délégué, les États-Unis doivent cesser leur obstruction au Conseil de sécurité et permettre l’adoption du projet de résolution proposé par l’Algérie, axé sur le cessez-le-feu à Gaza.  L’approche iranienne s’aligne sur l’objectif plus large de restaurer la paix et la stabilité dans la région, tout en répondant aux préoccupations humanitaires actuelles.  Le délégué a conclu en prévenant que si son pays était attaqué, il n’hésiterait pas à exercer ses droits et à réagir fermement.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Brésil axe sa présidence de la Commission de consolidation de la paix sur le renforcement de son rôle auprès du Conseil de sécurité

Dix-huitième session,
Séance officielle – après-midi
CCP/145

Le Brésil axe sa présidence de la Commission de consolidation de la paix sur le renforcement de son rôle auprès du Conseil de sécurité

Élu par acclamation, cet après-midi, par le Comité d’organisation de la Commission de consolidation de la paix, à la présidence de la CCP, le Représentant permanent du Brésil a présenté ses priorités pour élargir l’impact positif de cet organe, dont la vice-présidence sera assurée par la Croatie et le Kenya.

« La CCP est le lieu pour renforcer nos efforts collectifs en matière de prévention des conflits et de réponse aux défis de l’après-conflit, en vue d’une paix durable », a déclaré M. Sérgio França Danese.

Les priorités de la présidence brésilienne, a-t-il détaillé, s’articuleront notamment sur le renforcement de la Commission; la promotion du dialogue en matière de prévention des conflits; le renforcement du lien entre des institutions fortes, le développement durable, les droits humains, la paix et la sécurité; et la promotion de l’inclusivité afin de créer des sociétés stables et pacifiques.  Il a également cité le renforcement de la collaboration avec le Conseil de sécurité pour permettre à la CCP de jouer un rôle plus constructif dans la promotion de l’ordre du jour de cet organe.

La Commission a ensuite entendu son président sortant et Représentant permanent de la Croatie, faire le bilan des 12 derniers mois marqués par le creusement des divisions au sein du Conseil de sécurité et l’éclatement de nouveaux conflits. 

« Nous avons réalisé une percée dans le financement de la consolidation de la paix en obtenant 50 millions de dollars provenant des contributions statutaires, une décision d’une importance considérable », s’est notamment enorgueilli M. Ivan Šimonović, qui a par ailleurs évoqué le renforcement du rôle consultatif et de liaison de la CCP, ainsi que de sa coopération régionale avec l’Afrique.

S’agissant de ce nouveau financement, la Sous-Secrétaire générale chargée du Bureau d’appui à la consolidation de la paix, a expliqué que la dotation prévue permettra d’assurer la prévisibilité et la durabilité des ressources, tout en précisant que ces fonds ne seront pas disponibles avant 2025.  Une première étape consistera à réviser le mandat du Fonds pour la consolidation de la paix, processus qui devrait débuter au cours des prochains mois, a précisé Mme Elizabeth Spehar.

Rappelant que la Commission a organisé l’année dernière sa toute première réunion avec le groupe consultatif du Fonds pour la consolidation de la paix, la Sous-Secrétaire générale a exhorté les États Membres à poursuivre ce dialogue et à travailler avec son bureau pour explorer d’autres moyens de renforcer les synergies. 

L’approbation, par l’Assemblée générale, de cette dotation de 50 millions de dollars en contributions statutaires a également été saluée par les États-Unis.  La délégation a en revanche regretté que la Commission n’ait pas été en mesure de fournir des avis ou des conseils concrets au Conseil de sécurité ou au Conseil des droits de l’homme, l’exhortant à élargir encore son action en matière de droits humains; de femmes, de la paix et de la sécurité; de renforcement des institutions et de justice de transition. 

L’apport opérationnel de la Commission doit être encore accru vis-à-vis du Conseil de sécurité en produisant des recommandations davantage complémentaires, ciblées, opérationnelles, a estimé la France qui a qualifié d’« essentiel » le dialogue en amont des renouvellements de mandats d’opérations de maintien de la paix.  Elle a également exhorté la CCP à appuyer les retraits d’opérations de maintien de la paix, évoquant en particulier la transition de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO).

Le Japon a lui aussi exhorté à optimiser la collaboration entre la Commission et le Conseil de sécurité, la CCP étant à ses yeux une plateforme idoine pour promouvoir des partenariats étroits et mobiliser des financements auprès des institutions financières internationales et du secteur privé.

La CCP devra se pencher sur ce qui est réellement important pour les populations touchées par la violence, en évaluant objectivement l’origine des conflits pour éviter leur récurrence et leur intensification, a conseillé le Pérou qui s’est dit confiant que la CCP apportera, en 2024, une contribution significative au nouvel examen de l’architecture de consolidation de la paix de l’ONU.  C’est essentiel pour promouvoir la restructuration d’un contrat social qui donne la priorité au renforcement de la confiance et aux efforts pour parvenir à une coexistence pacifique basée sur la réduction de la pauvreté, de la faim et de l’inégalité, ainsi que sur l’égalité entre les sexes et des systèmes de santé et d’éducation adéquats. 

Une note divergente est venue de la Fédération de Russie qui a jugé inacceptable le lien établi entre climat et sécurité dans le processus de consolidation de la paix, estimant plutôt que l’impact potentiel des changements climatiques sur la sécurité devrait faire l’objet d’un examen spécifique pour chaque situation. La CCP devrait concentrer son attention sur les pays ou régions inscrits à son ordre du jour plutôt que sur des débats thématiques généraux, a-t-elle souhaité, insistant en outre sur la nécessité d’impliquer les pays sortant d’un conflit dans les réunions de la Commission.

La prochaine réunion de la Commission de consolidation de la paix sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’ECOSOC clôt son segment de coordination sur des appels à la transformation numérique et à la mobilisation des ressources afin de réaliser les ODD

SESSION DE 2024,
7E & 8E SEANCES PLÉNIÈRES – MATIN & APRÈS-MIDI
ECOSOC/7151

L’ECOSOC clôt son segment de coordination sur des appels à la transformation numérique et à la mobilisation des ressources afin de réaliser les ODD

Au dernier jour de son débat consacré à la coordination, le Conseil économique et social (ECOSOC) a conclu, aujourd’hui, ses discussions visant à accélérer la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 sur des appels pressants à faire progresser la transformation numérique, la mobilisation des ressources et la réforme de l’architecture financière internationale. 

En matinée, les secrétaires exécutifs des commissions régionales ainsi que les présidents des commissions techniques et des organes d’experts de l’ONU ont présenté tour à tour des solutions « durables, résilientes et innovantes » destinées à assurer la mise en œuvre globale des objectifs de développement durable (ODD).  Le Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) a ainsi insisté sur la nécessité pour le continent de tirer avantage de ses ressources naturelles pour développer des marchés du carbone et des chaînes de valeur régionales.  Pour y parvenir, il a encouragé, comme la Présidente de la Commission du développement social, à appuyer la réforme de l’architecture financière mondiale et la transformation numérique. 

Une position partagée par son homologue de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP) où, favorisée par son profil sociodémographique, ses économies d’échelle et l’expansion rapide de son infrastructure numérique, la région est en passe de devenir une plaque tournante de l’innovation numérique, avec la capacité de « dynamiser le développement durable ». 

Le potentiel « énorme » du numérique en faveur de l’autonomisation des femmes et des filles présente néanmoins une « pléthore de défis », a reconnu le Président de la soixante-huitième session de la Commission de la condition de la femme, parmi lesquels la perpétuation de normes sociales négatives.  Consciente de ces préoccupations, la Commission de la science et de la technique au service du développement (CSTD) s’efforce d’intensifier la coopération Nord-Sud, Sud-Sud et triangulaire, afin de de partager les solutions fondées sur la science, la technologie et l’innovation. 

Au vu du rôle particulier joué par la coopération fiscale internationale pour « uniformiser les règles du jeu » et établir un système fiscal équitable, à même de générer des revenus suffisants pour soutenir le développement, le Comité d’experts de la coopération internationale en matière fiscale a appelé à la mobilisation des ressources afin de permettre aux pays en développement de mettre en œuvre des programmes d’élimination de la pauvreté et de créer des emplois décents.  Un comité intergouvernemental commencera d’ailleurs bientôt à rédiger une proposition de termes de référence en vue d’une convention-cadre fiscale de l’ONU. 

Dans l’après-midi, lors de la table ronde consacrée à la réduction de la fracture numérique, le Secrétaire général adjoint de l’Union internationale des télécommunications (UIT) a fait valoir que le nombre restreint de pays qui détiennent des brevets sur l’intelligence artificielle devraient nous inciter à combler le fossé qui existe entre pays en développement et pays développés.  Pour ce faire, la Directrice de l’Institut de statistique de l’UNESCO et Vice-Présidente du Comité des statisticiens en chef du système des Nations Unies a prôné la mise en place d’infrastructures et de normes numériques. 

Enfin, la dernière table ronde de la journée a été l’occasion pour les délégués de dresser le bilan du Sommet sur les ODD de 2023 et de discuter de la préparation du Sommet de l’avenir, qui aura lieu en septembre de cette année. 

La prochaine réunion de l’ECOSOC sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

 

SUITE DU DÉBAT CONSACRÉ AUX QUESTIONS DE COORDINATION

Table ronde 5: Dialogue sur les solutions durables, résilientes et innovantes afin d’accélérer la mise en œuvre du Programme 2030 avec les Secrétaires exécutifs et Secrétaires exécutives des commissions régionales et les Présidentes et Présidents des commissions techniques et organes d’experts

Cette table ronde a été l’occasion pour les intervenants d’attirer l’attention sur les défis rencontrés dans leur région ou secteur d’activité.  Le potentiel de la transformation numérique a été évoqué à plusieurs reprises, de même que l’importance de la mobilisation de ressources.

En Europe, la réconciliation du développement durable et de la protection de l’environnement constitue un défi de taille, a reconnu Mme TATIANA MOLCEAN, Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Europe (CEE), en évoquant la transition vers l’économie circulaire et la transition verte.  La Commission dispose à cet égard d’un programme d’examen des performances environnementales destiné à aider les États à intégrer les politiques environnementales au développement économique, notamment dans le domaine des transports.  Aujourd’hui, le transport des marchandises dangereuses est soumis à des normes harmonisées à l’échelle mondiale, lesquelles contribuent à la gestion sûre des produits chimiques tout au long de leur cycle de vie, a indiqué le Président du Comité d’experts du transport des marchandises dangereuses et du Système général harmonisé de classification et d’étiquetage des produits chimiques, M. DUANE PFUND, favorisant ainsi l’introduction sur le marché d’alternatives énergétiques abordables et propres. 

S’il est de plus en plus reconnu à l’échelle mondiale que des forêts saines sont essentielles pour protéger la planète et renforcer la résilience face aux changements climatiques, M. ZÉPHYRIN MANIRATANGA, Président de la dix-huitième session du Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF), a constaté que nous n’avons toujours pas réussi à en exploiter le plein potentiel.  Il nous appartient d’intensifier nos efforts pour conserver et restaurer tous les types de forêts, par le biais d’investissements et de stratégies permettant de faire face aux chocs qui affectent les moyens de subsistance des populations, a-t-il insisté.  Pour réaliser les ODD et l’Agenda 2063 de l’Union africaine, l’Afrique devra cependant générer des ressources additionnelles provenant de ses richesses naturelles, a expliqué pour sa part le Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), M. CLAVER GATETE, notamment en développant des marchés du carbone ainsi que des chaînes de valeur régionales. Pour y parvenir, il a encouragé les pays du continent à plaider en faveur de réformes de l’architecture financière mondiale et de la transformation numérique. 

Dans la région de l’Asie-Pacifique, malgré des retards dans la réalisation des ODD, notamment en matière d’action climatique, Mme ARMIDA SALSIAH ALISJAHBANA, Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), a estimé que l’innovation numérique, soutenue par des politiques favorables, pourrait bénéficier d’un changement de cap significatif.  Aidée par son profil sociodémographique, ses économies d’échelle et l’expansion rapide de son infrastructure numérique, la région est en effet devenue une plaque tournante de l’innovation numérique, avec le potentiel de dynamiser le développement durable, a-t-elle ajouté.  Pour exploiter pleinement ce potentiel, elle a jugé nécessaire de renforcer la coopération numérique régionale, par le biais de plateformes telles que l’autoroute de l’information Asie-Pacifique. 

À ce sujet, le Président de la soixante-huitième session de la Commission de la condition de la femme, M. ANTONIO MANUEL REVILLA LAGDAMEO, a souligné le potentiel « énorme » du numérique en faveur de l’autonomisation des femmes et des filles.  Toutefois, si combler le fossé numérique est crucial pour garantir l’égalité en ligne et hors ligne, il présente néanmoins une « pléthore de défis », parmi lesquels la perpétuation de normes sociales négatives.  En réponse à ces préoccupations, la Présidente de la Commission de la science et de la technique au service du développement (CSTD), Mme ANA CRISTINA AMOROSO DAS NEVES, a indiqué que la CSTD s’efforce de renforcer la collaboration internationale entre les États Membres, notamment la coopération Nord-Sud, Sud-Sud et triangulaire, afin de partager les solutions fondées sur la science, la technologie et l’innovation. 

La Présidente de la Commission du développement social, Mme JOSELYNE KWISHAKA, a indiqué que la Commission a concentré son attention sur l’importance de la transformation numérique sur la croissance inclusive et le développement en vue de parvenir à la justice sociale et d’éliminer la pauvreté, en particulier en Afrique subsaharienne.  Consciente de l’importance de disposer de données de qualité pour atteindre ces objectifs tout en relevant les défis liés à l’environnement, Mme PALOMA MERODIO GOMEZ, Coprésidente du Comité d’experts sur la gestion de l’information géospatiale à l’échelle mondiale, a plaidé en faveur d’une infrastructure géodésique mondiale fiable et accessible afin d’appuyer le développement économique. 

Sur le plan économique, le Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), M. JOSÉ MANUEL SALAZAR-XIRINACHS, s’est inquiété du « triple piège » qui enserre les pays de la région, à commencer par leur faible capacité de croissance, qui n’était en moyenne que de 0,8% entre 2014 et 2023.  Autres pièges: les inégalités élevées et la faible capacité institutionnelle et de gouvernance, lesquelles influent directement sur le premier.  Il a donc plaidé en faveur du renforcement des politiques de développement en se concentrant sur des secteurs dynamiques liés à la croissance verte, tels que la transition énergétique, l’économie circulaire, la sécurité alimentaire et le tourisme durable, autant d’éléments nécessaires à la « grande poussée environnementale » de la région. 

Considérant le rôle joué par la coopération fiscale internationale pour « uniformiser les règles du jeu » et construire un système fiscal mondial équitable à même de générer des revenus suffisants pour le développement, M. MATHEW GBONJUBOLA, Coprésident du Comité d’experts de la coopération internationale en matière fiscale, a appelé à mobiliser les ressources pour permettre aux pays en développement, en particulier aux pays les moins avancés, de mettre en œuvre des programmes visant à mettre fin à la pauvreté et à créer des emplois décents.  Il a insisté sur l’importance de la réforme de l’architecture financière internationale et a fait savoir qu’un comité intergouvernemental commencera bientôt à rédiger une proposition de termes de référence en vue d’une convention-cadre fiscale de l’ONU.  En complément de ces efforts, les Normes internationales de comptabilité et de publication ont publié des directives sur les indicateurs relatifs à l’impact et la durabilité des ODD en ce qui concerne l’établissement de rapports transparents, a indiqué le Président du Groupe de travail intergouvernemental d’experts, M. SANJEEV KUMAR SINGHAL. 

Dans la région arabe, cependant, notre engagement collectif en faveur du droit international et du Programme 2030 est non seulement menacé, mais sur le point de perdre toute crédibilité, s’est alarmée Mme ROLA DASHTI, Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO).  Le tissu même de la société se désagrège sous la pression des conflits persistants et des crises, comme au Yémen, en Libye, au Soudan, en Syrie et, en particulier, à Gaza, où 25 000 vies ont été perdues, dont la moitié étaient des enfants.  Évoquant l’ODD 16 sur la paix et la justice, Mme Dashti a rappelé qu’une paix durable est une condition préalable au développement durable, et lancé un appel urgent à la communauté internationale pour qu’elle s’unisse pour négocier une paix durable en Palestine. 

Au terme de ces exposés, la Fédération de Russie a exprimé sa préoccupation face à la « politisation » de la CEE et à la discrimination sur la base de la nationalité lors des élections aux organes directeurs, ce qui ne contribue pas, selon elle, à la réalisation des ODD. 

Table ronde 6: Réduire la fracture numérique pour parvenir à une transformation numérique mondiale

Le coup d’envoi de cet échange a été donné par M. TOMAS LAMANAUSKAS, de l’Union internationale des télécommunications (UIT), qui a noté les craintes et espérances soulevées par l’avènement de l’intelligence artificielle.  La peur, en général, fait mieux vendre, a-t-il dit, en mentionnant le récent film Leave the World Behind.  Il a insisté sur ses bienfaits, puisque l’intelligence artificielle pourrait aboutir à une diminution de 10% des émissions carbones d’ici à 2050.  Les risques sont néanmoins bien réels, a-t-il concédé, en citant la désinformation et les deepfakes.  Il a souligné l’importance d’un accès équitable à cette intelligence artificielle, en notant qu’un petit nombre de pays en détient les brevets.  Il faut développer des normes de régulation et combler la fracture entre pays en développement et pays développés, a-t-il préconisé, en soulignant l’importance du rôle des experts.  Ne perdons pas de vue les bénéfices que peuvent apporter les nouvelles technologies, a-t-il plaidé, prenant l’exemple de Vanuatu, qui a enregistré de réels succès dans sa transformation numérique.  L’un des éléments clefs de cette réussite a été l’approche participative adoptée plutôt qu’une imposition par le haut, a-t-il précisé. 

« L’information géospatiale à l’échelle mondiale est le reflet numérisé de l’activité humaine », a constaté à son tour Mme PALOMA MERODIO GOMEZ, Vice-Présidente du Comité d’experts sur la gestion de l’information géospatiale à l’échelle mondiale.  Elle a déploré la fracture numérique qui existe dans le domaine de la collecte des données géospatiales.  Notre comité joue un rôle crucial dans l’accès à ces données afin de répondre aux grands besoins mondiaux, a-t-elle expliqué.  Elle a précisé que son comité produit des cartes qui recensent les zones où existent des carences dans l’accès à des services de base, concourant ainsi à la réalisation des ODD. 

De son côté, Mme SILVIA MONTOYA, Directrice de l’Institut de statistique de l’UNESCO et Vice-Présidente du Comité des statisticiens en chef du système des Nations Unies, a expliqué que son comité vise à apporter une vision holistique dans le domaine des statistiques.  Les statistiques officielles sont un bien public, a-t-elle dit, en estimant que leur importance n’est pas souvent bien appréhendée.  Elle a vu dans le Programme 2030 l’occasion de renforcer la robustesse des systèmes de collecte de données statistiques.  Trois éléments sont essentiels pour combler la fracture numérique: bâtir les infrastructures nécessaires, établir des normes numériques et promouvoir une bonne gouvernance, a-t-elle indiqué.  Enfin, elle a souligné l’importance du capital humain et appelé à investir dans les populations. 

Lors du débat interactif qui a suivi, le Suriname a détaillé sa stratégie nationale numérique, en soulignant l’importance des partenariats privé-public pour une transformation numérique à l’échelle mondiale.  L’Union européenne s’est inquiétée de l’ampleur du fossé numérique, tandis que le Mexique a souligné l’importance de la coopération pour le combler. La gestion des données numériques doit également se faire dans le respect de la confidentialité et de la vie privée, a ajouté la délégation mexicaine.  Nous devons faire le pari de la coopération et du multilatéralisme, a déclaré la Chine, en demandant que les pays développés contribuent davantage au renforcement des capacités numériques des autres pays.  Le Chili a, lui, insisté sur le risque de génération par l’intelligence artificielle d’informations fausses mais crédibles. Enfin, le Costa-Rica a jugé cruciale la réforme de l’éducation et de la formation professionnelle afin de répondre aux défis du numérique. 

Tableau ronde 7: La voie à suivre: du Sommet sur les objectifs de développement durable de 2023 au Sommet de l’avenir

Cette dernière table ronde a été l’occasion pour les intervenants et les délégations de faire le point sur le suivi de la déclaration politique sur le Sommet du développement durable en 2023. 

Mme SAKIKO FUKUDA-PARR, Présidente de la vingt-cinquième session du Comité des politiques de développement, a recommandé une transition juste qui exige des pays qu’ils respectent leurs engagements climatiques et financiers.  Les pays en développement ne doivent pas rester des exportateurs de produits de base et subir les effets des catastrophes naturelles.  Il faut un engagement vers une économie orientée vers l’être humain comme l’a démontré la pandémie de COVID-19, a ajouté Mme Fukuda-Parr rappelant que les outils existent et doivent libérer les potentiels des pays du Sud. 

M. ROBERT POWELL, Directeur du bureau de New York du Fonds monétaire international (FMI), a souligné l’importance de la coordination entre les différentes parties prenantes dans la réalisation des ODD d’ici à 2030.  Il a insisté sur la nécessité d’améliorer la gouvernance, la transparence et la résilience. Les pays en développement doivent en outre augmenter le ratio taxe-PIB et éliminer les dépenses inutiles faisant obstacle à la réalisation des ODD.  Il a appelé à faire preuve de créativité pour mobiliser les ressources, notamment en matière de financement climatique.  Le Directeur a enfin souligné le rôle des technologies numériques, y compris l’intelligence artificielle, et l’importance d’établir un cadre juridique robuste.

« Le financement est le moteur de la réalisation des ODD », a déclaré pour sa part M. MATTHEW GBONJUBOLA, Coprésident de la vingt-septième session du Comité d’experts de la coopération internationale en matière fiscale.  Partisan d’une taxation équitable sur le plan international, il a appelé à établir des normes fiscales qui permettent aux entreprises de ne pas être trop taxées et aux citoyens de bénéficier de la taxation.  Tous les pays du monde doivent pouvoir générer des revenus internes grâce à une fiscalité équitable afin de lutter contre la pauvreté, avoir un bon système de santé et accéder à l’énergie, a-t-il préconisé, insistant en outre sur la nécessité de taxer l’économie numérique.

Mme CELESTE SAULO, Secrétaire générale de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), a indiqué que 2023 a été l’année la plus chaude avec une température supérieure à 1,45 C au-dessus de la normale, alertant sur les conséquences de cette situation.  Elle a recommandé d’exploiter les potentiels des services météorologiques et hydrologiques pour le bénéfice de tous, en particulier des pays en développement.  Elle a également appelé à soutenir financièrement les services météorologiques des pays en développement, saluant en outre l’accent mis sur les jeunes et la paix dans l’espace extra-atmosphérique.  Le potentiel des sciences doit pouvoir être utilisé par tous les pays, a-t-elle insisté.  

M. AMANDEEP SINGH GILL, Envoyé du Secrétaire général pour les technologies, a souligné que les sciences, les technologies et l’innovation sont des éléments importants pour réaliser les ODD.  Il a attiré l’attention sur le rôle de la technologie dans l’accès au microfinancement ainsi que dans la réforme fiscale, celle-ci permettant d’éliminer les tâches répétitives du percepteur, entre autres.  Les technologies peuvent également renforcer la résilience face aux catastrophes et orienter les ressources vers la réalisation des ODD.  Partisan d’une réforme du système financier international et des institutions internationales, il a appelé à faire participer la société civile, le secteur privé et le monde universitaire, les médias et les plateformes numériques.  L’Envoyé a mis l’accent sur la paix et la sécurité et l’investissement dans les générations futures afin de se préparer à l’avenir.  Tout cela est dans le domaine du réalisable, a-t-il estimé. 

Dialogue interactif 

Une coopération fiscale internationale efficace passe par l’ONU, a estimé le Nigéria qui a voulu que cette question soit débattue au Sommet de l’avenir afin d’harmoniser la taxation mondiale.  La délégation s’est également intéressée à la lutte contre la corruption, tout en dénonçant le fait que ce sont les pays du Sud qui sont les plus incriminés lorsque des fonds quittent ou arrivent dans ces pays. 

Un système qui fonctionnerait pour tout le monde règlerait de nombreux problèmes, a estimé le Coprésident de la vingt-septième session du Comité d’experts de la coopération internationale en matière fiscale qui a appelé à agir de manière coopérative en expliquant les règles fiscales aux usagers.  Il faut également se montrer sélectif dans la mise en œuvre des règles destinées à contrer les flux illicites de capitaux.  Il n’y a pas de réponse facile à la question de la corruption, a reconnu le Directeur du bureau de New York du FMI.  Une cinquantaine de pays en développement ont vraiment besoin d’aide externe, notamment pour renforcer leurs systèmes fiscaux et augmenter leurs recettes fiscales. 

La Présidente de la vingt-cinquième session du Comité des politiques de développement a appelé à tirer parti des examens nationaux volontaires afin de déterminer ce qui a fonctionné ou non.  Préoccupée par l’accumulation de la dette des pays en développement, elle a signalé que les mécanismes multilatéraux ne sont pas adaptés pour faire face aux crises qu’affrontent ces derniers.  La Secrétaire générale de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) a rappelé que la science permet de mesurer si nous sommes sur la bonne voie ou non dans la réalisation des ODD, tandis que l’Envoyé du Secrétaire général pour les technologies a appelé à l’élaboration d’un pacte numérique mondial. 

Le Mexique a souligné pour sa part que pour accélérer la mise en œuvre du Programme 2030, les États Membres doivent se montrer plus ambitieux, et être conscients de l’urgence et des défis à relever dans un cadre de coopération internationale renouvelé.  Il faut des méthodes communes pour évaluer les actions des gouvernements et améliorer les résultats, a appuyé le Canada, tout en rappelant que les ODD s’appliquent à tous les pays.

« La coordination est la clef pour décloisonner notre action et obtenir des effets multiplicateurs permettant d’éliminer la pauvreté et la faim », a déclaré le Vice-Président de l’ECOSOC, M. Akan Rakhmetullin (Kazakhstan), en clôturant le débat.  Le Sommet de l’avenir permettra selon lui de renforcer ces efforts et de les aligner sur le Programme 2030. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Moyen-Orient: le Conseil de sécurité discute l’arrêt de la Cour internationale de Justice et les accusations contre des employés de l’UNRWA

9540E SÉANCE –
MATIN
CS/15575

Moyen-Orient: le Conseil de sécurité discute l’arrêt de la Cour internationale de Justice et les accusations contre des employés de l’UNRWA

À la demande de l’Algérie, le Conseil de sécurité débattait aujourd’hui de l’ordonnance de la Cour internationale de Justice (CIJ), laquelle contraint Israël à prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter des actes de génocide à Gaza.  Les intervenants ont également abordé les accusations lancées contre 12 employés de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), suspectés d’avoir pris part aux attaques du 7 octobre en Israël.  Enfin, plusieurs délégations ont souligné le bilan sinistre du conflit à Gaza et partagé leurs inquiétudes quant au risque croissant d’une escalade de la violence à l’échelle régionale, notamment au Liban et en Mer rouge. 

Émise le 26 janvier dernier, l’ordonnance de la CIJ a fait l’objet d’interprétations divergentes.  À l’origine de la procédure, l’Afrique du Sud a indiqué que la Cour a déterminé, à travers des mesures conservatoires imposées à Israël, que les actions de ce dernier relèvent potentiellement du génocide. Israël ne disposerait ainsi plus d’arguments crédibles pour défendre la conformité au droit international de ses opérations militaires, a-t-elle estimé.  D’après elle, l’arrêt représenterait également un signal clair aux pays qui financent et facilitent les opérations israéliennes et qui, ce faisant, pourraient eux-mêmes violer la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide. 

Suivant une même argumentation, l’Algérie a salué la décision « historique » de la CIJ de traiter les violations de la Convention sur le génocide à Gaza.  Quant à l’État de Palestine, il a estimé que l’ordonnance représente une fin de non-recevoir à tous ceux pour qui les accusations de génocide contre Israël n’ont aucun fondement.  Il a encouragé ceux qui doutent du génocide à relire attentivement le jugement de la CIJ.  Selon la Chine, les mesures conservatoires de la CIJ représentent avant tout un appel fort en faveur de la protection des populations civiles, tandis que le Mozambique et le Guyana ont estimé que l’arrêt apporte crédit et substance à l’appel du Conseil de sécurité pour une pause humanitaire immédiate et durable. 

De leur côté, les États-Unis ont estimé que, dans ses conclusions préliminaires, la Cour n’a pas préconisé de cessez-le-feu immédiat, ni affirmé qu’Israël ait pu enfreindre la Convention sur le génocide.  Saluant les mesures conservatoires imposées par la CIJ, la représentante les a estimées conformes à la vision de son pays, pour qui Israël a le droit d’agir pour garantir que les actes du 7 octobre « ne se reproduisent pas », dans le respect du droit international humanitaire.  Israël a dénoncé pour sa part un « processus politisé », se disant toutefois certain que la Cour, qui n’a pas encore statué sur le fond, rejettera les accusations de génocide. 

Il était également question, au cours de cette réunion, des accusations lancées contre des employés de l’UNRWA, suspectés d’avoir pris part aux attaques du 7 octobre en Israël, conduisant plusieurs pays à suspendre leur financement à l’Office.  À ce propos, M. Martin Griffith, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a lancé un appel pour que les services vitaux de l’UNRWA, dispensés à plus des trois quarts de la population gazaouite, ne soient pas compromis par les actions présumées de quelques individus.  Le Guyana a fait observer que « seules » 12 personnes sont suspectées sur plus de 13 000 employés de l’Office à Gaza. 

Plusieurs autres délégations ont souligné l’importance de maintenir le financement de l’UNRWA, relevant son rôle nécessaire dans un contexte humanitaire catastrophique.  Saluant la rapidité avec laquelle le Secrétaire général de l’ONU et le Commissaire général de l’Office ont lancé des enquêtes indépendantes, la Slovénie a estimé qu’il n’existe aucune alternative viable à l’UNRWA qui reste indispensable à des millions de personnes.  En la situation, la Chine a considéré qu’une suspension du financement équivaut à une punition collective. 

Les États-Unis, qui ont gelé leurs contributions à l’UNRWA, ont souhaité que cette mesure serve de « signal d’alerte », insistant sur l’importance de la reddition de comptes.  Quant à la France, elle a rappelé qu’elle n’avait pas prévu de nouveau versement au premier semestre 2024, se réservant le droit, à l’avenir, de décider de la conduite à tenir en fonction de ses exigences de transparence et de sécurité. 

Enfin, de nombreux intervenants ont réitéré leur appel à Israël pour que soient levés les obstacles à l’aide humanitaire.  M. Griffith, notamment, a déploré des accès humanitaires « largement inexistants » dans la zone critique de Khan Younès, dénonçant Israël pour des refus qualifiés d’arbitraires ou d’incohérents.  Des accès qui, comme l’ont rappelé l’Algérie et le Mozambique, doivent être rétablis selon les mesures conservatoires imposées par la CIJ à Israël. 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

M. MARTIN GRIFFITHS, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a commencé par dresser le bilan des victimes à Gaza, estimant le nombre de tués à 26 000 et de blessés à 65 000. La majorité de ces personnes sont des femmes et des enfants, a-t-il rappelé, déplorant que face à une telle situation, seuls 14 des 36 hôpitaux de Gaza soient encore fonctionnels.  Dans un tel contexte, il a partagé son inquiétude à propos des violents combats qui se sont poursuivis à Khan Younès, non loin des hôpitaux Nasser et Al-Amal, poussant également des milliers de personnes vers Rafah, où sont déjà réfugiés plus de la moitié des 2,2 millions d’habitants de Gaza. 

Dans toute la bande de Gaza, plus de 60% des logements seraient détruits ou endommagés et environ 75% de la population serait déplacée, a-t-il poursuivi.  Il a évoqué des conditions de vie « abominables » dans des tentes de fortune inondées, une insécurité alimentaire qui continue de s’aggraver, un accès quasi nul à l’eau potable et la propagation de maladies ordinairement évitables.  Il a également relevé l’importance d’organiser des évacuations médicales pour les patients qui ne peuvent recevoir de soins à Gaza.

La propagation des hostilités vers le sud ainsi que l’augmentation des privations et du désespoir des populations ne peuvent que renforcer la pression en faveur de déplacements massifs vers les pays voisins, a signalé M. Griffith qui a rapporté que certains Palestiniens de Gaza ont déjà pu sortir via l’Égypte.  Dans ce cadre, il a insisté sur la nécessité de garantir le droit au retour volontaire à toutes les personnes déplacées de Gaza, comme l’exige le droit international. 

Poursuivant, le Secrétaire général adjoint s’est alarmé de la capacité largement insuffisante de la communauté humanitaire à Gaza.  Il a indiqué que l’ONU continue de distribuer nourriture, eau, kits d’hygiène, tentes ou couvertures.  Il a lancé un appel afin que l’aide puisse être acheminée en toute sécurité, que le flux d’approvisionnement soit prévisible, et que les équipes bénéficient d’un accès rapide et sans entrave dans Gaza.  Il a notamment qualifié de « largement inexistant » l’accès humanitaire à Khan Younès, à la zone médiane et au nord de la bande.  Il a dénoncé les refus d’entrée fréquents d’Israël, estimant qu’ils reposent sur des raisons peu cohérentes et sont souvent imposés sans justification. 

Il a souligné que l’UNRWA était au cœur des actions entreprises en fournissant nourriture, eau et assistance médicale.  Partageant sa consternation à l’idée que des employés de l’Office puissent avoir été impliqués dans les attaques du 7 octobre en Israël, il a évoqué la prise de mesures rapides ainsi que le lancement d’une enquête.  Toutefois, les services vitaux de l’UNRWA, dispensés à plus des trois quarts de la population, ne doivent pas être compromis par les actions présumées de quelques individus, a-t-il insisté.  À ce titre, il a lancé un appel pour que soient révoquées les décisions de suspendre les fonds attribués à l’Office.  Notre réponse humanitaire dans le Territoire palestinien occupé dépend du financement et du fonctionnement adéquat de l’UNRWA, a-t-il affirmé.

Le représentant de l’Algérie a condamné l’agression de la « Puissance occupante » contre le peuple palestinien et a salué la décision « historique » de la CIJ de traiter les violations de la Convention sur le génocide à Gaza.  « Le temps de l’impunité est fini, à jamais », a-t-il espéré, soulignant la nécessité de rendre des comptes pour protéger les générations futures.  Il a également exhorté Israël à respecter les mesures provisoires imposées par la CIJ. 

Le délégué a souligné la nécessité d’un cessez-le-feu immédiat, exprimant son inquiétude face aux conséquences humanitaires d’une poursuite des hostilités, notamment un bilan quotidien de 250 morts, le nombre élevé d’enfants tués ou amputés sans anesthésie, de nourrissons nés dans la rue ou de malades du cancer sans accès à la chimiothérapie, mourant à petit feu.  Rien ne saurait justifier la barbarie infligée au peuple palestinien, a-t-il dit.

Il a appelé à la mise en œuvre des décisions de la CIJ, notant qu’il incombe à Israël d’assurer l’accès aux services de base et à l’aide humanitaire.  Il a également souligné le devoir du Conseil de sécurité de prendre des mesures urgentes pour faire respecter la justice internationale et garantir un cessez-le-feu immédiat.

La représentante des États-Unis a jugé « catastrophique » la situation humanitaire à Gaza et s’est félicitée que le Conseil ait pu s’unifier derrière la proposition de la Coordonnatrice de l’action humanitaire et de la reconstruction à Gaza permettant d’accélérer l’acheminement de l’aide en toute sécurité, comme l’exigent les résolutions 2712 (2023) et 2720 (2023) du Conseil de sécurité.  Elle a souligné que les mesures conservatoires de la CIJ ne faisaient que réaffirmer le cadre instauré par ces résolutions et étaient conformes à la vision des États-Unis selon laquelle Israël a le droit d’agir pour garantir que les actes du 7 octobre « ne se reproduisent pas ».  Israël et les autres parties au conflit sont tenus de respecter le droit international humanitaire, a-t-elle poursuivi, et les États-Unis ont, dans leurs contacts avec Israël, insisté sur la nécessité urgente de faire parvenir aux populations des aliments, de l’eau et les médicaments dont elles ont besoin. 

« Nous avons tous le cœur brisé à la vue de toutes ces vies perdues », a-t-elle déclaré, tout en rappelant que la CIJ n’avait ni prévu de cessez-le-feu immédiat, ni affirmé, dans ses conclusions préliminaires, qu’Israël ait pu enfreindre la Convention sur le génocide.  Elle a appelé à œuvrer en faveur des solutions diplomatiques, en rappelant que c’était par cette voie qu’un cessez le feu avait été accepté.  La libération par le Hamas des otages doit être immédiate et inconditionnelle, a-t-elle indiqué, en mentionnant des « négociations sensibles » actuellement en cours.  Notant que le Hamas a le choix entre continuer à construire des tunnels et utiliser les civils comme boucliers humains, ou déposer les armes et libérer les otages, elle a appelé à exercer une pression sur le Hamas pour qu’il « prenne la bonne décision ».  S’agissant des allégations selon lesquelles des employés de l’UNRWA auraient participé aux attaques du 7 octobre, la représentante a dit souhaiter une enquête rapide tout en reconnaissant le rôle de l’UNRWA dans toute la région.  Dans l’attente, la représentante a expliqué que les États-Unis avaient envoyé « un signal d’alerte » à l’UNRWA en suspendant temporairement leur financement à l’Office.  Elle a conclu son intervention en appelant à une désescalade du conflit, avec, à terme, une solution à deux États, « comme le méritent Israéliens et Palestiniens ».

La représentante du Guyana a déploré que, réunion après réunion, le nombre de morts ne cesse d’augmenter.  Rappelant que son pays avait condamné sans équivoque les attaques du 7 octobre et continue d’appeler à la libération des otages, elle a également exhorté Israël à relâcher certains Palestiniens qu’elle a considéré être détenus illégalement.  Elle s’est dite consternée que 12 employés de l’UNRWA pourraient avoir été impliqués dans les attaques du 7 octobre, précisant toutefois que l’agence en compte plus de 13 000.  Dans ce cadre, elle a salué le lancement d’une enquête par l’ONU, tout en regrettant que des pays aient décidé de retenir leur financement à l’agence.  Elle a estimé qu’un cessez-le-feu représentait la première mesure nécessaire pour juguler les morts et la destruction.  À ce titre, les mesures conservatoires émises par la CIJ sont claires, a-t-elle estimé. Enfin, la représentante a rappelé le soutien de son pays pour une solution à deux États, estimant qu’il s’agit de la seule manière de sortir du cycle des violences.

La représentante du Royaume-Uni a condamné l’attaque terroriste du Hamas contre Israël le 7 octobre, « la pire de son histoire ».  Soulignant la gravité de la situation humanitaire à Gaza, elle a appelé à une suspension immédiate des combats pour faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire et la libération des otages, en vue d’un cessez-le-feu permanent et durable.  Elle a assuré que le Royaume-Uni travaille avec l’ONU et ses partenaires pour augmenter l’aide à Gaza, ayant triplé cette année son engagement humanitaire au bénéfice des Territoires palestiniens occupés. 

La déléguée a fait savoir que son pays, tout en restant engagé aux côtés d’Israël dans son opération militaire, lui a demandé de veiller à ne pas attaquer les civils et les infrastructures civiles.  Elle a par ailleurs soutenu l’appel de la Cour internationale de Justice à libérer immédiatement les otages et à distribuer davantage d’aide humanitaire. Toutefois, a-t-elle précisé, « c’est à la Cour, pas à des pays, de déterminer s’il y a un génocide ».  Enfin, elle a réaffirmé l’engagement du Royaume-Uni envers une solution à deux États et a souligné les étapes nécessaires pour atteindre la paix dans la région, y compris la formation d’un nouveau gouvernement palestinien soutenu par la communauté internationale ainsi que la fin du pouvoir et de la capacité de nuisance du Hamas à Gaza.

La représentante de la Suisse a rappelé toutes les parties à leurs obligations de respect du droit international au vu de la situation catastrophique à Gaza.  Elle a déploré que la population de Gaza soit « assiégée » et en proie à des déplacements répétés, à la famine et aux épidémies.  « Cela ne peut continuer », a-t-elle lancé, en demandant la mise en place d’un cessez-le-feu humanitaire pour permettre l’accès rapide, sûr et sans entrave de l’aide humanitaire à la population civile. 

La représentante a appuyé les mesures conservatoires décidée par la CIJ en demandant qu’Israël prenne les mesures nécessaires pour prévenir tout acte de génocide et toute incitation à le commettre.  Elle a en outre jugé inacceptables les attaques de colons contre les Palestiniens et le déplacement forcé de communautés entières en Cisjordanie.  Saluant la visite en Israël et en Cisjordanie de la Représentante spéciale Pramila Patten, elle a appelé à des enquêtes indépendantes sur toutes les allégations de violations du droit international commises en Israël et dans l’ensemble du Territoire palestinien occupé. 

Elle s’est enfin dite préoccupée par les allégations concernant 12 employés de l’UNRWA soupçonnés d’avoir participé aux actes de terreur du 7 octobre, et souligné « la tolérance zéro » de la Suisse pour tout soutien au terrorisme. Elle a jugé urgent de mettre fin à la crise afin d’aboutir à une désescalade au niveau régional, notant que les signaux se font toujours plus inquiétants, notamment des deux côtés de la Ligne bleue entre Israël et le Liban. 

Le représentant du Mozambique a relayé l’appel de l’UNRWA alertant sur les graves conséquences des coupes budgétaires opérées par ses bailleurs de fonds.  Plus de 2 millions de civils, dont une moitié d’enfants, dépendent entièrement de l’aide apportée par l’agence, a-t-il rappelé.  Au nom de son pays, il a lancé un appel pour que le financement de l’UNRWA ne soit pas suspendu, quelles que soient les raisons invoquées.  Poursuivant, il a rappelé que les mesures conservatoires de la CIJ sont contraignantes et exigent qu’Israël prenne des dispositions immédiates pour que les Palestiniens puissent avoir accès à l’aide humanitaire essentielle et aux services de base.  De même, a-t-il continué, les juges ont ordonné à Israël de préserver les éventuelles preuves d’une infraction à la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide.  Il a jugé que cette décision apporte du crédit et de la substance à l’appel du Conseil de sécurité pour une pause humanitaire immédiate et durable, estimant qu’à ce titre, la CIJ et le Conseil sont en plein accord.

Le représentant de la Sierra Leone a d’abord mis en lumière la situation humanitaire alarmante, avec 26 000 civils palestiniens tués, 64 000 blessés et 1,7 million de déplacés.  Insistant sur le respect des mesures provisoires de la CIJ, il a souligné l’obligation d’Israël de fournir des services essentiels et une aide humanitaire aux Palestiniens à Gaza.  Par conséquent, a-t-il estimé, un cessez-le-feu humanitaire est très important à ce stade, si l’on veut sauver des vies, faciliter l’accès à l’aide humanitaire, contrôler les déplacements, et minimiser la faim et la propagation des maladies. 

Le délégué a également exprimé ses préoccupations quant à l’implication présumée de personnel de l’UNRWA dans l’attaque du Hamas, tout en appelant les États Membres à maintenir leur assistance financière à l’UNRWA.  Il a fermement condamné l’attaque du Hamas et exigé la libération immédiate et inconditionnelle des 136 otages, soulignant la nécessité d’un accès pour le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).  Enfin, il a appelé toutes les parties à respecter le droit international humanitaire pour protéger les civils, en particulier les femmes, les enfants et le personnel humanitaire.

Le représentant de l’Équateur a rappelé que le Conseil avait exigé qu’une aide humanitaire suffisante soit acheminée vers la bande de Gaza et que soit mis sur pied un mécanisme pour faciliter l’entrée et l’acheminement de cette aide humanitaire. Il est donc indispensable que la Coordonnatrice de l’action humanitaire et de la reconstruction à Gaza puisse s’appuyer sur les ressources nécessaires et sur la collaboration des parties aux conflit, a-t-il noté. 

L’adoption de mesures immédiates qui garantissent la fourniture de services essentiels a aussi été exigée par la CIJ dans ses mesures conservatoires, a-t-il par ailleurs souligné, en appelant au respect « sans exception et à tout moment » de ces ordonnances et des résolutions du Conseil de sécurité.  Se disant préoccupé par les allégations concernant des fonctionnaires de l’UNRWA qui auraient participé aux attaques du 7 octobre, il a dit espérer que les éventuels responsables soient traduits en justice, tout en notant que le personnel de l’UNRWA avait aussi payé un lourd tribut depuis le commencement du conflit.  Évoquant la situation des otages détenus par le Hamas, il s’est félicité des efforts de pourparlers actuels, avant d’appeler à une solution à deux États. 

Le représentant de la Slovénie a appelé au respect du droit international, estimant que cette disposition exige notamment le respect des décisions des cours et des tribunaux internationaux.  À ce titre, il a rappelé la nature contraignante des mesures conservatoires émises par la CIJ, lançant plus particulièrement un appel pour que soient respectées les ordonnances relatives à l’acheminement de l’aide humanitaire.  Rappelant que l’UNRWA a joué un rôle vital pour des millions de Palestiniens dès sa création en 1949, il s’est toutefois dit préoccupé quant à l’implication de certains de ses employés dans les attaques du 7 octobre.  Il a salué la réponse rapide du Secrétaire général de l’ONU et du Commissaire général de l’Office, qui ont lancé des enquêtes indépendantes, de même que l’audit réclamé par l’Union européenne.  Estimant qu’il n’existe aucune alternative viable à l’UNRWA qui reste indispensable à des millions de personnes, il a assuré que son pays continuera de lui apporter son soutien. 

Le représentant du Japon a insisté sur l’obligation d’Israël de prévenir un génocide à Gaza et de fournir à sa population des services essentiels et une aide humanitaire, dans le respect des mesures conservatoires agrées par la CIJ.  Celle-ci, a précisé le délégué, n’a toutefois pas déterminé si la Convention sur le génocide a été violée par Israël.  Il a également insisté sur le respect du droit international humanitaire par toutes les parties, condamnant fermement les actes terroristes du Hamas et appelant à la libération immédiate et inconditionnelle des otages. 

Le délégué a ensuite évoqué le rôle de son pays dans les efforts diplomatiques pour améliorer la situation à Gaza.  Faisant mention des deux récentes résolutions du Conseil de sécurité, 2712 (2023) et 2720 (2023), il a appelé toutes les parties à se conformer au droit international, afin de désamorcer la situation en vue d’un éventuel cessez-le-feu. Il a exprimé sa préoccupation concernant l’implication présumée de membres du personnel de l’UNRWA dans l’attaque terroriste contre Israël, exhortant à une enquête approfondie.  Enfin, il a réaffirmé l’engagement du Japon envers une solution à deux États, appelant à la paix et à la dignité pour Israël et un futur État palestinien.

Le représentant de la République de Corée a noté que la CIJ n’avait pas vérifié si des violations de la Convention sur le génocide avaient eu lieu, car il s’agissait seulement pour elle de déterminer si les circonstances exigeaient l’indication de mesures conservatoires.  Il a toutefois rappelé qu’Israël devait prendre des mesures « immédiates et efficaces », conformes à l’ordonnance de la Cour sur l’application de mesures conservatoires, dont l’effet est contraignant, a-t-il indiqué, en ajoutant que toutes les parties au conflit étaient liées par le droit international humanitaire.  Rappelant aussi que son pays entretient des relations amicales avec Israël comme avec la Palestine et qu’il est fermement engagé en faveur de la solution des deux États, le délégué a déploré de voir le cycle de violence extrême se perpétrer « entre nos deux amis », une inimitié qui a engendré « une misère, une tristesse, une peur insondables » dans cette région.  S’il a jugé que le règlement final du conflit n’est pas une tâche aisée, il a invité le Conseil à agir de manière plus proactive et agressive en ce sens. 

Le représentant de la Chine a déploré les violations répétées du droit international et du droit international humanitaire commises dans le cadre du conflit à Gaza, s’inquiétant tout particulièrement du risque que la situation fait planer sur la stabilité régionale.  Dans ce cadre, il a estimé que le Conseil de sécurité n’a d’autre choix que d’imposer un cessez-le-feu immédiat.  Cette mesure correspond au consensus international, a-t-il fait remarquer, fustigeant certains pays pour avoir entravé cette solution avec une posture passive.  Il a appelé le Conseil à agir avec détermination, conformément à ses résolutions 2712 (2023) et 2720 (2023), et exhorté Israël à lever les obstacles à l’acheminement de l’aide humanitaire.  Émettant une série de recommandations, le représentant a notamment suggéré que soit organisée une conférence internationale pour la paix, demandé que soit établie une feuille de route pour mettre en œuvre une solution à deux États et appuyé l’adhésion de la Palestine à l’ONU. 

Les mesures conservatoires de la CIJ représentent un appel fort en faveur de la protection des populations civiles, a-t-il poursuivi.  Enfin, prenant note des allégations émises à l’encontre de certains employés de l’UNRWA, il a salué les enquêtes indépendantes diligentées par l’ONU. Estimant que des questions individuelles ne doivent pas détourner l’attention de la nécessité d’un cessez-le-feu, et soulignant le rôle indispensable joué par l’UNRWA, il a jugé qu’une suspension de son financement équivaut à une punition collective.

Le représentant de la Fédération de Russie s’est inquiété de la situation catastrophique dans la bande de Gaza et a critiqué l’absence d’accès humanitaire dans certaines zones, notamment à Khan Younès, où l’hôpital Al-Amal est assiégé. Il a plaidé pour un cessez-le-feu immédiat, non seulement à Gaza mais aussi en Cisjordanie, évoquant l’assaut de l’hôpital à Jénine, ainsi que le long de la Ligne bleue avec le Liban, et en Syrie.  Tout en condamnant fermement les attaques du 7 octobre contre Israël, il a une nouvelle fois rejeté leur exploitation pour imposer un châtiment collectif aux Palestiniens et déstabiliser la région.  De même que les soupçons contre 12 employés de l’UNWRA, qui méritent une enquête diligente et neutre, ne doivent pas être un prétexte pour punir des millions de Palestiniens dans le besoin et des milliers d’employés de l’Office, qui ont consciencieusement rempli leurs fonctions.  La rhétorique provocatrice d’un certain nombre de représentants israéliens, qui appellent à l’élimination de la présence de l’UNRWA dans l’enclave et au déplacement forcé des Palestiniens, est particulièrement alarmante.

Le représentant a ensuite dénoncé le blocage par les États-Unis, au Conseil de sécurité, de toute initiative visant à arrêter le conflit.  Il a également fustigé les actions « illégitimes et provocatrices » de Washington et de Londres en mer Rouge et au Yémen, les accusant de menacer la paix et la sécurité internationales en « exploitant sans vergogne les prétextes de lutte contre le terrorisme et le soi-disant droit à l’autodéfense ».  Saluant la décision de la CIJ du 26 janvier, le délégué a réaffirmé l’engagement de la Russie envers un règlement équilibré, basé sur le droit international.  En conclusion, il a appelé à la fin de l’injustice envers les Palestiniens et à la création d’un État palestinien indépendant avec Jérusalem-Est pour capitale.

La représentante de Malte a insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu permanent, seul moyen de garantir une réponse humanitaire efficace à Gaza.  Elle a jugé injustifiables les actes de terreur et insisté pour que tous les otages soient libérés, immédiatement et sans condition, conformément à la résolution 2712.  Elle s’est dite préoccupée par les informations faisant état de violences sexuelles dans ce conflit et par les allégations concernant l’implication du personnel de l’UNRWA dans les attaques du 7 octobre, tout en soulignant le rôle « indispensable » de l’UNRWA, en particulier pendant la crise actuelle.  Jugeant la situation à Gaza catastrophique, elle a rappelé l’obligation légale des parties de protéger les civils et celle d’Israël de faciliter l’acheminement sans entrave de l’aide humanitaire à Gaza.

Après avoir fait état du contenu de l’ordonnance sur les mesures provisoires rendue par la CIJ, la représentante s’est inquiétée de la menace d’intensification du conflit au-delà de Gaza, comme en Cisjordanie occupée, où elle a rappelé que les colonies israéliennes violent le droit international et les résolutions du Conseil de sécurité.  Elle a ensuite appelé les parties et acteurs non étatiques à faire preuve de retenue dans l’ensemble de la région.  Une base crédible pour la paix et la sécurité futures, pour les Israéliens et pour les Palestiniens, doit inclure une Autorité palestinienne légitime, a-t-elle conclu, et ce, conformément à la solution des deux États, avec Gaza faisant partie d’un État palestinien indépendant. 

La représentante de la France a commencé son intervention en exigeant la libération sans condition des otages israéliens.  L’UE a établi un régime de sanctions contre le Hamas, notamment à l’initiative de son pays, a-t-elle rappelé.  Elle a estimé que la situation de terrain requiert un cessez-le-feu immédiat et exhorté Israël à se conformer au droit international humanitaire, rappelant que ce dernier impose des principes clairs de distinction, de nécessité, de proportionnalité et de précaution. 

La représentante a qualifié d’extrêmement graves les accusations lancées sur certains employés de l’UNRWA.  Elle a souhaité que les enquêtes fassent la lumière sur les faits et soient assorties de mesures concrètes.  Rappelant que la France n’avait pas prévu de nouveau versement au premier semestre 2024, elle a réservé le droit de son pays à décider de la conduite à tenir en fonction de ses exigences de transparence et de sécurité.  Mentionnant les mesures conservatoires émises par la CIJ, elle a notamment fustigé l’organisation récente d’une conférence à Jérusalem pour promouvoir l’installation de colonies à Gaza et le déplacement des populations de Gaza.  La Cour a énoncé l’obligation pour Israël de prévenir et de punir ce genre de propos, a-t-elle rappelé.  Enfin, s’inquiétant d’un possible embrasement régional, elle a appelé au respect de la résolution 1701 (2006) au Liban et assuré que son pays assumera ses responsabilités concernant la sécurité en mer Rouge.

L’observateur de l’État de Palestine a déclaré que le jugement de la CIJ a offert une fin de non-recevoir à tous ceux pour qui les accusations de génocide contre Israël n’ont aucun fondement.  Il convient de s’indigner des crimes plutôt que des accusations, de la réalité sur le terrain plutôt que des mots utilisés pour la décrire, a-t-il tancé.  « Assez de racisme et de suprématisme, assez d’impunité », a-t-il exhorté, encourageant ceux qui doutent du génocide en cours à faire preuve d’humilité et à relire attentivement le jugement de la CIJ. Il a ainsi rappelé que les actions d’Israël, telles que les bombardements massifs, les déplacements forcés, les arrestations arbitraires et les exécutions sommaires, sont reconnues comme des crimes de guerre et contre l’humanité. 

Poursuivant, l’observateur a critiqué la réaction d’Israël à ce jugement, lui reprochant de maintenir le siège de Gaza et d’y orchestrer une famine, en somme de doubler la mise.  Il a également fustigé la participation de 12 ministres israéliens à une conférence visant à recoloniser Gaza et à éliminer les Palestiniens.  Il a surtout condamné les propos « génocidaire » du « criminel de guerre » Benjamin Netanyahu qui se serait par ailleurs vanté d’avoir saboté les efforts de paix pendant des décennies et d’avoir fait obstacle à l’indépendance palestinienne et à la solution des deux États, privant ainsi son propre peuple de la paix et de la sécurité.  « C’est dans une prison à La Haye qu’est sa place », a jugé l’observateur. 

Celui-ci a par ailleurs accusé le Gouvernement israélien de constamment défier les instances internationales et de mener une campagne continue contre les résolutions du Conseil de sécurité, mais aussi de la CIJ, de la CPI et de l’ONU en général. Et « pourquoi? » a-t-il demandé.  Parce que l’ONU est la source des preuves des crimes d’Israël, preuves que ce dernier cherche à détruire en discréditant le témoin principal.  « Les Nations Unies ont identifié les conditions d’une paix juste et durable » alors qu’« Israël a choisi la purification ethnique et le génocide », a-t-il lancé, avant de s’attarder sur la situation précaire de l’UNRWA. 

Soulignant l’importance de soutenir, face aux allégations israéliennes, cet Office « remarquable », le délégué a rappelé que plus de 150 de ses employés avaient été tués lors d’attaques menées par Israël à Gaza.  Concédant qu’il existe de « sérieuses allégations » et qu’une « enquête sérieuse » est en cours, il a estimé qu’il serait pour autant injuste de prendre des mesures revenant à infliger une punition collective aux 30 000 membres de son personnel, ainsi qu’à des millions de réfugiés bénéficiant de ses services.  Il a donc appelé tous les donateurs à ne pas suspendre leurs financements, et à ceux qui l’ont déjà fait à revenir sur leur décision.  Selon lui, le choix est désormais clair: « soit l’on permet à Israël de démanteler l’ordre basé sur le droit international, soit on le défend ».  Il a conclu en affirmant que la justice, la liberté et la paix sont la seule voie pour en finir avec cette « folie cruelle ».

Le représentant d’Israël a rappelé les actes « génocidaires » et les atrocités commis par le Hamas le 7 octobre et dénoncé « l’inversion obscène » de la réalité par laquelle les actes commis par le Hamas « disparaissent ».  S’il a reconnu la tragédie que traversent les civils qui souffrent dans cette guerre, il a aussi expliqué que son pays s’était engagé à respecter le droit et « à faire preuve d’humanité, face à l’inhumanité du Hamas ».  Nous cherchons à minimiser les pertes civiles, mais le Hamas veut les maximiser et nous sommes diffamés, a-t-il encore expliqué. 

Il a affirmé que ceux qui déforment la réalité déforment aussi la loi, en dénonçant notamment le « processus politisé » initié par l’Afrique du Sud.  Il s’est dit certain que les accusations de génocide seraient rejetées par la CIJ, car cette dernière n’a pas statué sur le fond, ni légitimé « les accusations scandaleuses de l’Afrique du Sud ». Quant aux mesures conservatoires décidées par la Cour, « elles relient la pratique aux obligations qui obligent déjà Israël », a-t-il assuré, en soulignant que son pays, comme toute démocratie, respectait la loi, garantissait la liberté d’expression et condamnait les déclarations appelant à nuire aux civils, qui peuvent constituer une infraction criminelle. 

S’agissant de l’UNRWA, le délégué s’est félicité de la décision de plusieurs pays de suspendre leurs paiements à cet office, et des enquêtes diligentées sur la question de la participation de certains de ses employés aux attaques du 7 octobre. Il a enfin regretté que le Conseil soit constamment convoqué pour discuter des « affirmations déformées des partisans du Hamas », sans avoir réussi à condamner les attaques terroristes du 7 octobre.  Tant que cela ne sera pas le cas, le Conseil ne sera pas à la hauteur de ses responsabilités, a-t-il déclaré.

La représentante de l’Afrique du Sud a expliqué pourquoi son pays a choisi de recourir à la CPI et à la CIJ, estimant que les actions d’Israël contreviennent à ses obligations internationales, notamment celles découlant de la Convention sur le génocide.  Pour que le droit international soit crédible, a-t-elle estimé, il doit être appliqué de manière uniforme et non sélective.  C’est pour cette raison que son pays a déposé une requête introductive d’instance contre Israël, a-t-elle poursuivi. 

La CIJ a déterminé que les actions d’Israël relèvent potentiellement du génocide, a poursuivi la représentante, insistant sur la quasi-unanimité des juges au moment de rendre leur ordonnance.  Détaillant les mesures provisoires, elle a précisé qu’elles visent à prévenir les actes de génocide tels que décrits dans l’article II de la Convention, mais aussi à prévenir et punir les incitations directes et publiques au génocide, fournir des services de base et de l’aide humanitaire et prendre des mesures efficaces pour empêcher la destruction de preuves.  Israël est tenu de détailler la mise en œuvre de ces mesures dans un délai d’un mois, a-t-elle rappelé, insistant sur leur nature contraignante.  Au vu de cette ordonnance, elle a considéré qu’Israël ne dispose désormais plus d’arguments crédibles pour défendre la conformité au droit international de ses opérations militaires. 

La représentante a de plus estimé que l’ordonnance de la CIJ informe clairement les États tiers du risque de génocide contre le peuple palestinien à Gaza.  Dans ce cadre, elle les a appelés à agir de manière immédiate, non seulement pour prévenir un génocide, mais aussi pour s’assurer qu’ils ne violent pas eux-mêmes la Convention en assistant la commission d’un génocide, notamment en finançant et en facilitant les opérations militaires israéliennes. 

S’inscrivant en faux contre l’argument de la légitime défense d’Israël, la représentante a considéré que la Cour elle-même ne lui avait pas accordé de crédit en raison de jugements antérieurs, lesquels stipulent qu’une puissance occupante ne peut pas se prévaloir de l’Article 51 à l’égard des personnes qu’elle occupe.  Elle a salué une victoire pour l’état de droit international, ainsi qu’une étape importante dans la recherche de justice pour le peuple palestinien.  Émettant l’espoir que l’ordonnance de la Cour donne un nouvel élan à la quête d’une solution durable pour la paix et la stabilité au Moyen-Orient, elle a toutefois déploré qu’Israël ait continué de poursuivre des « actions illégales » dans les jours qui ont suivi l’émission de l’ordonnance. 

Enfin, la représentante a partagé son inquiétude quant aux allégations israéliennes concernant la participation de 12 employés de l’UNRWA aux attaques du 7 octobre, saluant toutefois le lancement immédiat d’une enquête au sein de l’ONU. Elle a soutenu l’appel du Secrétaire général, qui a demandé de reconsidérer leur décision aux pays qui ont retiré ou suspendu leur financement à l’UNRWA.  Ce retrait aggravera une situation humanitaire déjà désastreuse, a-t-elle prévenu. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Comité des Palestiniens: le Secrétaire général appelle à assurer la poursuite des activités de l’UNRWA

415e séance - matin
AG/PAL/1460

Comité des Palestiniens: le Secrétaire général appelle à assurer la poursuite des activités de l’UNRWA

Le Secrétaire général a appelé, ce matin, à assurer la poursuite des activités de l’UNRWA à l’occasion d’une réunion du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien.  M. António Guterres a indiqué qu’il avait été personnellement « horrifié » par les accusations portées à l’encontre de 12 employés de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient, tout en insistant sur l’impératif de répondre aux besoins « désespérés » des Gazaouites qui en dépendent. 

« Si l’UNRWA s’effondre, l’ensemble des opérations humanitaires à Gaza s’effondrera.  Aucune organisation ne peut remplacer l’Office à Gaza », a insisté de son côté la Directrice du Bureau de l’UNRWA à New York, Mme Greta Gunnarsdottir qui a rappelé qu’outre le lancement d’une enquête, huit personnes ont été immédiatement licenciées, deux sont mortes et deux autres non identifiées.  Elle a également souligné que chaque année, l’UNRWA soumet la liste de son personnel au pays hôte. 

L’appel du Secrétaire général a été largement relayé par les membres du Comité dont certains ont dépeint l’Office comme la charpente du système humanitaire sur place.  Ils ont tous mis en exergue l’impératif de répondre aux besoins urgents et désespérés des civils de Gaza où, a averti le Secrétaire général, le système humanitaire est sur le point de s’effondrer. 

Réélu Président du Bureau du Comité en début de séance, M. Cheikh Niang, du Sénégal, est revenu pour sa part sur la décision de la Cour internationale de Justice du 26 janvier 2024, suite à une initiative « salutaire » de l’Afrique du Sud, qui engage Israël à prendre des mesures conservatoires pour protéger les populations palestiniennes, y compris en matière d’accès à l’aide humanitaire. 

Le droit international protège l’intégralité des populations palestiniennes, de la bande de Gaza à la Cisjordanie, a souligné M. Niang, martelant que les Palestiniens ne sauraient être les victimes expiatoires d’une logique de vengeance. 

La Représentante permanente de l’Afrique du Sud, Mme Mathu Joyini, a précisé que par cette décision, la Cour demande à Israël de prendre des mesures conservatoires pour éviter un génocide et garantir que ses soldats ne commettent pas de génocide; lutter contre l’incitation au génocide; prendre des mesures immédiates et efficaces pour permettre l’acheminement sans entrave de l’aide humanitaire; et prévenir la destruction de Gaza. 

Tout en reconnaissant qu’il ne s’agît pas explicitement d’un ordre de cessez-le-feu, la Représentante permanente de l’Afrique du Sud a fait observer que la mise en œuvre de facto de ces mesures conservatoires ne peut se faire sans un cessez-le-feu. 

De son côté, l’Observateur permanent de l’État de Palestine, M. Riyad H. Mansour, a insisté sur l’importance d’établir un horizon politique pour sauver et réaliser la solution des deux États et maintenir l’espoir.  Une fois la guerre finie, il sera possible d’avancer sur deux voies, a-t-il espéré: l’adhésion officielle de la Palestine aux Nations Unies, « un investissement pour la paix »; et le mécanisme portant création d’une conférence de paix internationale sur la base du droit international, de l’Initiative de paix arabe et des résolutions pertinentes de l’ONU pour entamer le processus de paix en vue de la concrétisation de la solution des deux États.  

« Les hostilités actuelles doivent se terminer par des progrès tangibles vers une solution à deux États, la seule à même de garantir la réalisation des droits inaliénables du peuple palestinien ainsi qu’une paix et une stabilité justes et durables dans la région », a appuyé le Secrétaire général. 

Le Comité a achevé sa séance en adoptant son programme de travail pour 2024 (A/AC.183/2024/L.3).  L’élection des vice-présidents et du rapporteur du Comité est prévue pour début mars 2024. 

La prochaine réunion du Comité sera annoncée dans le Journal des Nations Unies

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité chargé des ONG suspend la première partie de sa session de 2024 et recommande l’octroi du statut consultatif spécial auprès de l’ECOSOC à 132 ONG

SESSION DE 2024,
15E SÉANCE PLÉNIÈRE, MATIN
ONG/971

Le Comité chargé des ONG suspend la première partie de sa session de 2024 et recommande l’octroi du statut consultatif spécial auprès de l’ECOSOC à 132 ONG

Le Comité chargé des organisations non gouvernementales (ONG) a suspendu, ce matin, la première partie de sa session de 2024, entamée le 22 janvier dernier, après avoir examiné de nouveau 30 dossiers et avoir fait le bilan provisoire de ses huit premiers jours de travaux.  La Présidente du Comité, Mme Zebib Gebrekidan (Érythrée), a ainsi annoncé que cet organe subsidiaire du Conseil économique et social (ECOSOC) avait recommandé l’octroi du statut consultatif spécial à 132 ONG. 

Composé de 19 membres, le Comité des ONG peut recommander trois statuts consultatifs auprès de l’ECOSOC: le statut consultatif général, le statut consultatif spécial et l’inscription sur la Liste.  Le premier statut est réservé aux grandes ONG internationales dont les domaines d’action et de travail couvrent la majorité des points contenus dans l’agenda de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires.  Ces ONG sont habilitées à soumettre au Conseil des communications écrites et des pétitions, et à proposer l’inscription de points à l’ordre du jour. 

Le statut consultatif spécial, qui est octroyé aux ONG travaillant dans un domaine spécifique, permet à ces dernières de soumettre des communications écrites et des pétitions à l’ECOSOC. 

L’inscription sur la Liste est pour les ONG qui ont tendance à travailler d’une manière plus technique et/ou restreinte.  Elles ne peuvent soumettre au Conseil que des communications écrites. 

Dans sa brève déclaration, la Présidente, qui a salué la fluidité des travaux, les contributions respectueuses et professionnelles ainsi que la participation constructive des membres, a informé que le Comité avait examiné plus de 240 nouvelles demandes de statut consultatif, ainsi que plus de 300 demandes dont l’examen avait été reporté lors de sessions antérieures. 

Le bilan provisoire de ces travaux est que le Comité a examiné au total 508 demandes de statut consultatif et 165 nouveaux rapports quadriennaux d’ONG déjà dotées de statut consultatif auprès de l’ECOSOC. 

Le Comité a également fait droit à cinq demandes de changement de nom d’ONG déjà dotées du statut consultatif. 

Sur les 132 ONG ayant été recommandées à cette première partie de session pour obtenir le statut consultatif spécial, la Présidente a souligné que 52% des demandes étaient reportées de précédentes sessions. Cet habituel grand nombre de demandes reportées de session en session alourdit la charge de travail du Comité, a-t-elle commenté, invitant les membres du Comité à rester néanmoins « mobilisés ». 

Au cours de la séance de ce matin, le Comité des ONG a reporté sa décision sur les demandes de 30 organisations à la suite de questions formulées par des membres du Comité. 

Présentant le projet de rapport du Comité, la Présidente a précisé que le rapport final sera adopté le 9 février prochain.  La Türkiye a voulu inscrire dans le rapport une demande de plusieurs membres qui souhaitent discuter des méthodes de travail du Comité au cours de discussions officieuses dont la date reste à déterminer. Les États-Unis ont dit que ce qui figure dans le projet de rapport leur convient. 

Le Comité des ONG reprendra ses travaux le vendredi 9 février, à partir de 10 heures, dans la salle du Conseil de tutelle.

EXAMEN DES DEMANDES D’ADMISSION AU STATUT CONSULTATIF POUR LESQUELLES LE COMITÉ AVAIT DÉCIDÉ DE REPORTER L’EXAMEN LORS DE PRÉCÉDENTES SESSIONS 

Le Comité a commencé par examiner le dossier de l’ONG Welfare Association Jared (Pakistan).  Qui sont les bénéficiaires de ses activités et quels sont les résultats de celles-ci? a demandé l’Inde.  Puis, à l’organisation Yadam Institute of Research (Inde), la Chine a demandé d’expliquer les raisons pour lesquelles les dépenses et les recettes sont les mêmes montants.  « Est-ce qu’il y a des dépenses cachées, des éléments dissimulés dans les états financiers? »  La Chine a également voulu avoir des détails sur la participation de BCI - Better Cotton Initiative (Suisse) à des conférences de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). 

L’Inde a prié la Dalit Solidarity, Inc. (États-Unis) de donner une liste avec les noms des bénéficiaires, les projets et les résultats obtenus à l’étranger.  De son côté, Darülaceze Vakfi (Türkiye) devra donner à l’Arménie la liste de ses activités en 2024 et de leurs sources de financement.  Puis Cuba a voulu savoir pour quels pays Den Norske Helsingforskomité (Norvège) a participé à l’examen périodique universel (EPU). 

Concernant Ensaaf, Inc. (États-Unis), l’Inde a voulu savoir pour quelles activités les 50 000 dollars reçus d’une banque canadienne ont été utilisés.  Comment Every Woman Treaty Inc (États-Unis) collecte-t-elle ses données? a interrogé la ChineHayrat Humanitarian Aid Association (Türkiye) a quant à elle été invitée par l’Arménie à communiquer au Comité les activités qu’elle a prévues en 2024 ainsi que les pays dans lesquels elle entend intervenir. 

Au sujet de Human Rights Activists (États-Unis), Cuba a noté que l’ONG reçoit plus de 600 000 dollars d’autres fondations et a voulu savoir à quelles activités est affecté cet argent.  L’Érythrée a demandé à IFEX (Canada) de préciser le rôle de ses experts régionaux.  L’International Cultural Diversity Organization (Autriche) a ensuite été invitée par la Chine à informer sur les activités qu’elle entend mener en 2024. 

L’Arménie a demandé à l’International Human Rights Commission La Commission Internationale des Droits de l’homme Mezinárodní komise pro lidská práva - nadační fond, ve zkrácené formě IHRC - nadační fond (Suisse) comment sont financées l’administration et les dépenses de personnel. Israël a prié Just Peace Advocates Mouvement pour une paix juste (Canada) de fournir des états financiers actualisés.  L’institut européen de droit international et les relations internationales (IEDI) - The European Institute for International Law and International Relations (EIIL) (France) devra donner à la Chine des détails sur les questions de médiation. 

La Türkiye a encouragé la Luftbrücke Irak e.V. (Allemagne) à donner une liste de ses activités prévues en 2024 en expliquant en quoi elles contribueront aux travaux de l’ECOSOC.  Quel est le lien entre MENA Rights Group (Suisse) et son sponsor? a interrogé Israël, avant que Cuba ne demande à PVBLIC Foundation, Inc. (États-Unis) si ses ressources financières sont affectées à des activités de son choix ou déterminées par le donateur. 

Que fera la Peace Without Limits (PWL) International Organization, Inc. (Suisse) en 2024?  En quoi ses activités contribueront-elles aux travaux de l’ECOSOC? a voulu savoir la Türkiye.  L’Érythrée a noté que SJAC (États-Unis) n’a que 13 experts en technologies.  Comment a-t-elle ainsi pu faire entrer plus de 2 millions de données dans l’Internet en open source?  Qui sont les parrains et quelles sont les sources de financement de SosyalBen Vakfı (Türkiye)? a demandé l’Arménie

La Southern Poverty Law Center, Inc. (États-Unis) a été priée par la Chine de donner ses prévisions financières pour les années à venir.  Stichting InterNations Exchange (Pays-Bas) devra indiquer à la Chine les plateformes que l’ONG entend créer, avec des exemples concrets.  Quelles sont les sources de financement de Su Politikaları Derneği (Türkiye) en 2023? a demandé l’Arménie en souhaitant aussi voir communiqué un état financier actualisé. 

La Chine a demandé à The International Center for Supporting Rights and Freedoms (Suisse) des liens vers ses études et recherches entre 2020 et 2023.  The Zakat Foundation of America (États-Unis) a été invitée par la Chine à donner des détails sur sa participation à des conférences des Nations Unies depuis 2020.  L’Arménie a demandé à la Turkish Marine Research Foundation (TUDAV) (Türkiye) d’informer le Comité des ONG de ses activités dans d’autres entités des Nations Unies. 

Israël a voulu que l’Uluslararası Yardımlaşma ve Kalkındırma Derneği (Türkiye) lui expose ses projets pour 2024 et les années à venir.  Quelles pourraient être les contributions de Öz Gida Sanayi Ve Yardimci İşçileri Sendikasi(Türkiye) à l’ECOSOC et ses organes subsidiaires? a demandé l’Arménie qui a aussi voulu que İnsani Hayat Derneği (Türkiye) lui communique ses projets pour 2024 et 2025 ainsi que les ressources financières y afférentes.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Les enjeux de financement dominent l’entame du débat sur les questions de coordination de l’ECOSOC

SESSION DE 2024, 5E & 6E SEANCES plénières – MATIN & APRÈS-MIDI
ECOSOC/7150

Les enjeux de financement dominent l’entame du débat sur les questions de coordination de l’ECOSOC

Les questions de l’endettement des pays en développement, du financement du développement durable et de l’action climatique ont dominé la première journée du débat du Conseil économique et social (ECOSOC) consacré aux questions de coordination.  Ce débat, qui doit durer deux jours, a pour thème: « Renforcer le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et éradiquer la pauvreté en temps de crises multiples: la mise en œuvre efficace de solutions durables, résilientes et innovantes ».

Alors que le monde, au rythme actuel, ne parviendra pas à réaliser les objectifs de développement durable (ODD) d’ici à 2030, le Vice-Président de l’ECOSOC, M. Akan Rakhmetullin, a, dans ses remarques liminaires, souligné l’importance des enjeux financiers.  Il a repris à son compte l’appel lancé par le Secrétaire général pour un stimulus de 500 milliards de dollars par an afin de réaliser les ODD.  « Imprimons un nouvel élan », a-t-il lancé, appuyé par la Présidente de l’ECOSOC, Mme Paula Narvaez.

S’exprimant au nom du Secrétaire général, son chef de cabinet, M. Courtenay Rattray, n’a pas dit autre chose, en espérant que ce débat sera l’occasion de formuler de nouvelles idées afin « de revitaliser le système financier ».  Les progrès sont insuffisants, a-t-il dit, en pointant le contexte actuel marqué par la crise climatique, la pauvreté persistante et « l’obsolescence » du système financier international.

Ces appels se sont faits plus pressants encore lors des quatre tables rondes organisées pendant cette journée.  Lors de la première table ronde consacrée à la lutte contre la pauvreté, M. Luís Felipe Lopez-Calva, de la Banque mondiale, a souligné l’importance de s’attaquer aux contraintes de liquidité auxquels sont confrontés les pays en développement.  Le service de la dette de ces pays –soit 185 milliards de dollars– représente un « fardeau écrasant », a-t-il alerté.

Une position partagée par la délégation du Nigéria, qui a demandé l’élaboration d’une convention internationale de lutte contre l’évasion fiscale.  De son côté, la Représentante spéciale par intérim pour la prévention des catastrophes, Mme Paola Albrito, a également demandé une augmentation des fonds consacrés à la prévention des catastrophes.  « Notre objectif est que d’ici à 2027 chaque personne dans le monde soit protégée par le biais d’un système d’alerte précoce. »

La question du financement a été au cœur de la table ronde de l’après-midi consacrée à l’action climatique.  « Le financement de l’action climatique est loin d’être à la hauteur des besoins », a déclaré le Directeur exécutif du Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets (UNOPS), M. Jorge Moreira da Silva.  De son côté, Mme Ligia Noronha, du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a appelé à abonder le Fonds vert pour le climat et demandé une « mise à niveau » des contributions nationales.

Le financement est l’un des plus grands défis en matière d’action climatique, a déclaré l’Indonésie, tandis que l’Égypte a jugé que les moyens d’exécution sont « l’éléphant dans la pièce », en matière d’action climatique.  Le délégué égyptien a souligné les 5 000 milliards de dollars nécessaires pour l’atténuation des conséquences des changements climatiques.  La Colombie a, elle, demandé une réforme du système financier international.  « En l’état actuel, ce système est un obstacle à l’action climatique. »

Enfin, Mme Sarah Hendriks, ONU-Femmes, a évoqué le nouveau fonds pour les pertes et les préjudices.  Elle a demandé que les pertes et dommages « non économique » soient également reconnus et souhaité que le financement climatique donne la priorité à des projets d’autonomisation des femmes.  Elle a en effet mentionné une étude qui montre que le taux de mariages forcés des filles augmente avec l’aridité des terres.

L’ECOSOC poursuivra son débat consacré aux questions de coordination demain, jeudi 1er février, à partir de 10 heures.

 

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DÉBAT CONSACRÉ AUX QUESTIONS DE COORDINATION

Table ronde 1: Traduire les engagements en actions concrètes pour se remettre sur la bonne voie, lutter contre les inégalités et éliminer la pauvreté en période de crises multiples

Cette table ronde a permis de faire le point sur les efforts, stratégies et recommandations de différentes entités onusiennes pour remédier aux inégalités et éradiquer la pauvreté. 

M. DARIO MEJIA MONTALVO, Président de la vingt-deuxième session de l’Instance permanente sur les questions autochtones, a critiqué la distinction entre nature et culture et cette croyance « que nous sommes supérieurs à la nature ».  Il a souligné la difficulté des questions climatiques et économiques pour les peuples autochtones.  Il a pris l’exemple des batteries au lithium.  Si celles-ci sont plus efficientes d’un point de vue environnemental, une grande partie du lithium se trouve dans les terres autochtones, a-t-il dit, en soulignant les conséquences de leur exploitation.  Il a douté du terme « d’économie verte », qui ne reflète pas les approches des peuples autochtones, pour lesquels la Terre nourricière est capitale.  Pour nous, le monde n’est pas linéaire, a-t-il conclu, en appelant à protéger les peuples autochtones et leur contribution inestimable. 

M. LUIS FELIPE LOPEZ-CALVA, du Groupe de la Banque mondiale, a détaillé la nouvelle stratégie de la Banque mondiale pour lutter contre la pauvreté.  Il a indiqué que la réalisation de l’ODD no 1 relatif à l’éradication de la pauvreté est pour l’heure hors de portée.  Au rythme actuel, 7% de la population mondiale vivra dans une extrême pauvreté, ce qui est inacceptable, a-t-il dit.  Il a rappelé que la lutte contre la pauvreté est entravée par un cadre fiscal restreint, en soulignant le « fardeau colossal » de la dette pour les pays en développement.  Le service de la dette pour ces pays est de 185 milliards de dollars.  Il a aussi souligné l’importance des transferts technologiques au bénéfice des pays en développement.  La Banque mondiale a, pour la première fois, décidé d’utiliser les inégalités comme critère de la lutte contre la pauvreté, a-t-il déclaré, en soulignant la nécessité pour la Banque de changer pour plus d’efficacité. « Nous avons l’ambition d’éradiquer la pauvreté dans une planète qui demeure viable. »  Enfin, il a souligné l’importance de s’attaquer aux contraintes de liquidités auxquelles sont confrontés les pays en développement. 

Mme DIENE KEITA, Directrice exécutive adjointe du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a alerté de l’augmentation du nombre de personnes vivant dans la pauvreté.  Elle a appelé à renforcer la qualité de la collecte de données sur les populations, en soulignant la contribution du FNUAP à cette fin au Kenya, au Brésil ou encore en Zambie.  « Sans données, nous ne pouvons rien faire. »  Elle a souligné la nécessité d’investissements conséquents pour changer la donne.  Une infime partie de ces investissements dans le monde est consacrée à l’autonomisation des femmes, a-t-elle déploré. 

Mme PAOLA ALBRITO, Représentante spéciale par intérim du Secrétaire général pour la réduction des risques de catastrophe, a rappelé l’objectif de protéger, par le biais d’un système d’alerte précoce, chaque personne dans le monde d’ici à 2027.  Nous avons mis en place un cadre d’évaluation robuste des progrès accomplis à cette fin, a-t-elle dit.  Elle a rappelé l’impossibilité pour nombre de pays de réaliser les ODD s’ils ont toujours à se relever de catastrophes.  La mise en œuvre du Cadre de Sendai est primordiale, a-t-elle tranché, en demandant une augmentation des fonds consacrés à la prévention des catastrophes. 

Lors du bref débat interactif qui a suivi, le Nigéria a souligné la gravité du défi du surendettement pour les pays en développement.  La dette de l’Afrique atteint les 700 milliards de dollars, a-t-il dit, en demandant l’élaboration d’une convention internationale de lutte contre l’évasion fiscale.  L’Indonésie a demandé un financement crédible et pérenne des efforts de développement durable, tandis que la Chine a plaidé en faveur d’une réforme de l’architecture financière internationale.  Le Canada a, lui, voulu attirer l’attention sur le fléau de la criminalité organisée pour le développement durable, notamment en Amérique latine.  Le délégué du Chili a enfin expliqué que la baisse bien réelle de la pauvreté dans son pays s’explique par une politique publique ambitieuse de redistribution, plutôt que par une croissance robuste. 

Table ronde 2: Systèmes alimentaires résilients et durables: voie à suivre pour atteindre l’objectif de développement durable no 2 et au-delà

Afin d’atténuer les risques d’insécurité alimentaire par des mesures politiques et de garantir l’accès à une alimentation saine tout en assurant un développement durable, Mme NOEMÍ ESPINOZA MADRID, Présidente de la cinquante-septième session de la Commission de la population et du développement, a relevé le lien intrinsèque qui existe entre les tendances démographiques et les systèmes alimentaires.  En effet, la grave « crise de gaspillage » et les inégalités, qui s’ajoutent à la croissance démographique, auront pour effet d’augmenter la demande alimentaire, en plus d’entraîner des changements dans les modes de consommation qui accompagnent la hausse des revenus et de l’urbanisation.  Or, pour que les États Membres soient en mesure de dégager une voie vers la durabilité, elle a vu le multilatéralisme comme « l’unique option ». Mme Espinoza Madrid a cité l’exemple de l’intégration régionale, qui permet aux pays de centraliser leurs efforts de lutte contre l’insécurité alimentaire, comme le fait la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC).  Nous devons par ailleurs mettre en œuvre des modes de consommation responsables et des modes de production dignes, à même de mener à une réduction des changements climatiques.  La sécurité alimentaire est l’élément central de la durabilité de l’humanité, a fait remarquer Mme Espinoza Madrid, et une condition essentielle pour veiller sur notre « maison, la Terre ». 

La mise en place de systèmes agroalimentaires durables nécessite, selon M. MAXIMO TORERO, Économiste en chef de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), de transformer ces systèmes pour les rendre plus inclusifs et résilients face aux principaux facteurs externes, tout en garantissant une alimentation saine et abordable.  Face aux défis récurrents des conflits, des changements climatiques et des fluctuations économiques, il a recommandé de cibler les efforts en vue d’atteindre les objectifs d’éradication de la faim, l’insécurité alimentaire et la malnutrition d’ici à 2030.  À cette fin, M. Torero a souligné l’importance de renforcer « la résilience climatique » dans l’ensemble des systèmes alimentaires, estimant que les changements climatiques, causes du principal choc alimentaire, « ne disparaîtront pas », mais que leurs effets peuvent être atténués. Pour réduire le coût des aliments nutritifs, il a misé sur l’intégration de politiques humanitaires, de développement et de consolidation de la paix dans les zones de conflit, le renforcement de la résilience des plus vulnérables et des interventions continues dans les chaînes d’approvisionnement.  Il a également appelé à augmenter les investissements dans le secteur agricole pour qu’il soit « plus diversifié et plus productif », tout en accélérant les efforts visant à résoudre les problèmes structurels qui affligent le continent africain. 

C’est le « double fardeau » de la malnutrition qui a inquiété en particulier M. OMAR ABDI, Directeur général adjoint chargé des programmes du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF): la sous-nutrition et l’obésité.  C’est le résultat d’une « double défaillance des systèmes alimentaires », a-t-il analysé.  D’une part, ceux-ci ne parviennent pas à fournir aux enfants des aliments suffisants, abordables et nutritifs, et d’autre part, les enfants sont de plus en plus exposés à une offre « agressive » de produits alimentaires malsains qui contribuent à la hausse incessante des niveaux d’obésité. Le programme de transformation des systèmes alimentaires souhaité par le Secrétaire général se veut selon lui un « programme des droits de l’enfant » appelé à remédier à ce double échec.  De même, la stratégie de l’UNICEF sur cette question repose sur trois domaines d’action à fort potentiel d’impact, à savoir l’amélioration de l’alimentation des enfants au moyen de politiques publiques ciblées, un environnement alimentaire amélioré pour les enfants (dans les lieux où ils vivent, apprennent et mangent), ainsi que de meilleures pratiques alimentaires des enfants.  Pour y parvenir, M. Abdi a appelé à un leadership mondial plus audacieux, notamment de la part des gouvernements, premiers responsables du respect du droit à l’alimentation et à la nutrition de leurs enfants.  De telles mesures, a-t-il ajouté, devront s’accompagner d’investissements dans la prévention des conflits et la consolidation de la paix. 

Réagissant à ces exposés, le Chili a renouvelé son engagement en faveur du multilatéralisme, moyen idoine de relever les défis alimentaires tout en ne laissant personne de côté.  Améliorer les systèmes alimentaires au moyen de politiques structurelles constitue une priorité tant éthique que pratique du Chili, avec des effets interconnectés sur la santé, l’éducation, l’emploi et l’égalité des genres, a-t-il témoigné. 

Dans cette optique, l’Économiste en chef de la FAO a fait valoir que la question de l’alimentation se résume à la réduction des inégalités sur la base de l’inclusion et du développement durable. 

Table ronde 3: Solutions durables, résilientes et innovantes visant à promouvoir l’action climatique

La mise en œuvre des engagements en matière climatique, ainsi que la coordination de l’action, ont été au cœur de cette table ronde.  « Ce sont les deux éléphants dans la pièce », a indiqué l’une des intervenantes.

Mme ANA CRISTINA AMOROSO DAS NEVES, Présidente de la Commission de la science et de la technique au service du développement (CSTD), a noté la révolution technologique en cours au sein de l’économie verte, avec notamment un enracinement des énergies renouvelables. Elle a loué les progrès enregistrés dans plusieurs pays, comme au Brésil avec le recours accru au bioéthanol ou en Chine avec l’implantation de panneaux photovoltaïques.  L’intelligence artificielle peut être utilisée pour un meilleur rendement de ces énergies renouvelables.  Elle a indiqué que les pays développés sont les gagnants de cette révolution technologique, tandis que les pays en développement risquent d’être mis de côté. Il est crucial de disposer de mécanismes de partage, a-t-elle dit, en demandant la mise sur pied de fonds de financement ad hoc.  Enfin, se faisant l’écho de la délégation de l’Égypte, elle a indiqué qu’il y a « deux éléphants dans la pièce » en matière d’action climatique: la mise en œuvre des engagements et la coordination des actions.

« L’action climatique est capitale pour accélérer les progrès de réalisation de chaque ODD », a déclaré Mme LIGIA NORONHA, du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).  Elle a souligné la nécessité d’une participation des jeunes, en prévision notamment du Sommet de l’avenir de septembre prochain.  Elle a appelé à renforcer les capacités de recherche des pays en développement et à abonder au Fonds vert pour le climat.  Les contributions nationales de l’action climatique doivent être mises à niveau, a-t-elle déclaré.

« Tout est une question de mise en œuvre », a déclaré M. JORGE MOREIRA DA SILVA, Directeur exécutif du Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets (UNOPS), en soulignant le sentiment d’urgence qui a animé la dernière COP.  Il faut fermer les centrales fonctionnant à l’énergie fossile et respecter les engagements pris, a-t-il continué.  Il a rappelé que le financement de l’action climatique est loin d’être à la hauteur des besoins.  Il a aussi mentionné le défi que constitue la capacité d’exécution des financements.  Nous avons parfois les ressources, mais il manque la capacité de les dépenser, a-t-il dit.

Mme SARAH HENDRIKS, de ONU-Femmes, a rappelé que le monde est loin de ses objectifs d’égalité de genre, comme il est loin de ses objectifs climatiques.  Au rythme actuel, 236 millions de femmes et de filles connaîtront une insécurité alimentaire aiguë en 2050, a-t-elle dit.  Elle a insisté sur les conséquences des changements climatiques pour l’égalité des genres.  Selon les études à notre disposition, le taux de mariages forcés des filles augmente avec l’aridité des terres, a-t-elle dit.  Elle a demandé que les droits des femmes et des filles soient au cœur de l’action climatique. Elle a évoqué le récent fonds pour les pertes et les préjudices et demandé que les pertes et dommages non économiques soient reconnus.  Le financement climatique doit donner la priorité à des projets d’autonomisation des femmes, a-t-elle dit.  « Nous devons investir dans les femmes. »

Lors du débat qui a suivi, la déléguée du Suriname a indiqué que son pays est l’un des trois pays au monde émetteur négatif de carbone, tout en soulignant sa vulnérabilité aux changements climatiques. « Nous sommes un des premiers pays à vendre des crédits carbone », a-t-elle dit, en demandant la mobilisation de l’appui international, financier comme politique, nécessaire à l’action climatique.  La Pologne a souligné l’importance du renforcement de la résilience des infrastructures face aux changements climatiques, tandis que la Slovénie a, elle, plaidé pour améliorer la résilience des systèmes de production alimentaire.  Les efforts des pays développés sont très en deçà de ce dont nous avons besoin en matière de justice climatique, a tranché la Colombie, en demandant une réforme du système financier international.  « Ce système est un obstacle à l’action climatique. »  Le financement est l’un des plus grands défis en matière d’action climatique, a déclaré l’Indonésie, tandis que l’Égypte a répété que les moyens d’exécution sont « l’éléphant dans la pièce ».  Le délégué égyptien a souligné les 5 000 milliards de dollars nécessaires pour l’atténuation des conséquences des changements climatiques.

Table ronde 4: Des institutions efficaces, fortes et réactives pour atteindre les objectifs de développement durable et l’avenir que nous voulons

Au nombre des mesures clefs destinées à transformer les institutions et à faire avancer le Programme 2030, Mme GERALDINE FRASER-MOLEKETI, Chancelière de l’Université Nelson Mandela et Présidente de la vingt-deuxième session du Comité d’experts de l’administration publique, a souligné l’importance de prioriser la mise en œuvre des ODD.  Ceux-ci doivent en effet servir de « cadre politique pour l’avenir », permettant de surmonter les crises multiples actuelles en favorisant la résilience.  La mise en œuvre des ODD doit être intégrée aux cycles budgétaires, de la coordination institutionnelle au suivi de leur efficacité, par le biais d’une planification financière à moyen terme.  Le renforcement des effectifs du secteur public, s’agissant notamment de la représentation et de la diversité, ainsi que la responsabilité et la transparence, sont autant d’éléments susceptibles de contribuer à l’atteinte de ces objectifs. Mme Fraser-Moleketi s’est également attardée sur l’importance de mobiliser les citoyens et les parties prenantes en faveur des activités de coopération et de coordination au niveau mondial afin de soutenir l’aide aux plus vulnérables.  À l’ère du numérique et de « l’espace civique élargi » qui en résulte, le rétablissement de la confiance dans les institutions publiques revêt une importance critique, a-t-elle ajouté, afin de contrer la désinformation et de la mésinformation, notamment en période de conflit.

En cette période de crise multidimensionnelle, nous nous comportons parfois « comme un troupeau d’éléphants en colère », a renchéri M. ACHIM STEINER, Administrateur, Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), en se référant à l’ODD 16 sur la justice et la paix.  Il s’est inquiété de l’érosion de la confiance de la part des citoyens qui sont de plus en plus nombreux à contester non seulement la gouvernance, mais également les résultats du développement en ce qui concerne des questions comme le genre ou encore la pandémie de COVID-19.  Pour contrer ces tendances, M. Steiner a appelé à renforcer notre collaboration pour faire en sorte que les données soient en mesure de générer des consensus sur la gestion des ressources et du financement.  Une coordination renforcée entre les États et la société civile, en particulier par l’entremise des équipes de pays de l’ONU, permettrait également de renforcer les institutions chargées de mettre en œuvre les ODD, tout en évitant le cloisonnement. M. Steiner a en outre souligné la connexion étroite qui existe entre les questions de genre et les ODD, connexion que le PNUD a reconnue en établissant un « sceau d’égalité de genre » à l’intention des institutions publiques. 

Or, si l’ODD 16 est un véritable « accélérateur des ODD », l’Organisation internationale de droit du développement (IDLO) a mis en garde contre les effets de la corruption et de la violence sur leur mise en œuvre, ainsi que leur impact sur l’identité de genre. 

Devant ce constat, Mme SARAH HENDRIKS, Directrice exécutive adjointe par intérim d’ONU-Femmes a souligné l’impact disproportionné des crises mondiales interconnectées et des inégalités sur les femmes, ce qui demande des interventions différenciées de la part des institutions.  Cet impact se fait particulièrement sentir en matière de pauvreté et d’insécurité alimentaire, creusant ainsi l’écart de genre.  Pour combler ce fossé, les institutions financières doivent selon elle fonder leur financement sur des considérations de genre.  Des investissements soutenus dans les politiques sont également nécessaires, par le biais d’un système financier équitable et d’institutions publiques redevables de genre, comme la protection sociale et la santé. 

Prenant la parole à la suite de ces exposés, le Nigéria s’est alarmé de la « menace existentielle » que constituent la pauvreté et la malnutrition, tout en notant que les institutions publiques n’existent pas en vase clos.  De ce fait, sans la coopération et la concertation requises avec la communauté internationale, les politiques publiques nationales sont vouées à l’échec. 

La confiance est en effet le cœur du développement, a approuvé l’Indonésie, confiance qui se bâtit en renforçant la pertinence des institutions publiques de même que leur capacité à répondre aux besoins de leurs populations.  Le renforcement des institutions publiques et leur redevabilité doivent donc être poursuivis dans le cadre d’une approche tenant compte de l’ensemble des composantes de la société, a approuvé la Bulgarie

S’exprimant en tant que membre de l’Équipe spéciale interinstitutions des Nations Unies pour la science, la technologie et l’innovation au service de la réalisation des objectifs de développement durable, M. RALF BREDEL, Directeur et Représentant au Bureau de liaison de New York de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), s’est félicité du lien étroit établi entre l’innovation et le développement industriel durable dans le projet du pacte pour l’avenir.  Non seulement l’industrie est l’un des principaux bénéficiaires de ces évolutions, elle se veut également une source essentielle de nouvelles technologies et d’innovation.  À cet égard, M. Bredel a indiqué que l’élaboration de politiques en matière d’innovation doit être axée sur des objectifs précis et être guidée par les ODD, afin de remédier simultanément aux défaillances des infrastructures critiques, des institutions et des capacités.  Il est également nécessaire d’intensifier le renforcement des capacités des pays en développement, notamment en ce qui concerne les politiques industrielles. 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.