En cours au Siège de l'ONU

SOIXANTE-DEUXIÈME SESSION,
2E ET 3E SÉANCES PLÉNIÈRES, MATIN ET APRÈS-MIDI
SOC/4913

La Commission du développement social débute sa session 2024 axée sur l’accélération du Programme 2030 et l’élimination de la pauvreté

La Commission du développement social (CDS), organe technique du Conseil économique et social (ECOSOC), a donné, aujourd’hui, le coup d’envoi de sa soixante-deuxième session, qui se réunira jusqu’au 14 février avec pour thème prioritaire: « Promouvoir le développement social et la justice sociale au moyen de politiques sociales, afin de faire progresser plus rapidement la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et d’atteindre l’objectif primordial de l’élimination de la pauvreté ». 

En ouvrant les travaux de cette session, la Présidente de la CDS a justifié le choix de ce thème prioritaire par le fait que le monde n’est pas sur la bonne voie en matière de réalisation des objectifs de développement durable (ODD) et que le nombre de défis qui se présentent est considérable.  Nous assistons à de nouveaux conflits, une intensification des changements climatiques, une crise du coût de la vie, un creusement des inégalités, une augmentation de la pauvreté et davantage d’insécurité alimentaire, a résumé Mme Kuchira Kamboj, de l’Inde, avant d’appeler à une action concrète pour « changer de cap et orienter le monde vers la justice, la confiance, l’inclusion, la sécurité et la résilience ». 

Alors que pas moins de 575 millions de personnes risquent de vivre dans l’extrême pauvreté en 2030, il faut de toute urgence adapter les solutions aux objectifs, ainsi que le préconise la Déclaration politique adoptée l’an dernier lors du Sommet sur les ODD, a renchéri le Président de l’Assemblée générale.  Cette réorientation exige de réaliser des investissements stratégiques dans la paix, de réduire la fracture numérique, d’adopter une croissance et un développement équitables et inclusifs axés sur l’innovation partagée et de démanteler les barrières structurelles, a soutenu M. Dennis Francis, non sans inviter les États Membres à combler le déficit de financement des ODD, notamment via l’Aide publique au développement (APD) et les ressources nationales. 

Convaincu que la première « semaine du développement durable », qu’il organisera en avril, constituera une « grande opportunité » pour progresser sur ces questions, en particulier sur le problème grandissant de la dette des pays pauvres, M. Francis a expliqué que l’objectif est d’ouvrir la voie au Sommet de l’avenir, qui se tiendra en septembre prochain, et de faire avancer les discussions qui se tiendront en amont du Sommet social mondial de 2025.

Dans un monde où 4,5 milliards de personnes ne bénéficient pas de services de santé essentiels et où 4,1 milliards de personnes sont exclues de toute forme de protection sociale, un changement fondamental s’impose, a argué le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, exhortant à placer le développement social au cœur de toute action de développement.  Si des progrès ont été réalisés depuis l’adoption, il y a près de 30 ans, de la Déclaration et du Programme d’action de Copenhague sur le développement social, il faut aller plus loin, a ajouté M. Li Junhua, pour qui il importe de mobiliser des ressources financières à la hauteur des ambitions des États Membres.

Sur cette même ligne, la Présidente du Comité des ONG sur le développement social a plaidé pour que les institutions financières internationales fassent preuve de solidarité et combattent les inégalités économiques à l’échelle planétaire.  La coopération financière mondiale, la refonte du système commercial, la restructuration de la dette et les politiques budgétaires sont nécessaires pour réaliser les ODD, a fait valoir Mme Jean Quinn.  Un point de vue partagé par le G77 et la Chine, par la voix de la Ministre de l’égalité des sexes, du travail et du développement social de l’Ouganda, et le Bostwana s’exprimant au nom du Groupe des États d’Afrique, cette dernière jugeant également impératif que les engagements pris en matière d’APD envers les pays en développement, à savoir 0,7% du revenu national brut des pays développés, soient respectés. 

En prévision du forum politique de haut niveau qui se tiendra en juillet, M. Robert Rae, Vice-Président de l’ECOSOC, a misé, pour sa part, sur la question émergente de cette session, « l’influence de la transformation numérique sur la croissance et le développement inclusifs: une voie menant à la réalisation de la justice sociale », pour renforcer la résilience des sociétés.

L’évolution rapide de la révolution numérique constitue l’occasion d’identifier des solutions innovantes à même de relever les défis contemporains, a-t-il assuré, rejoint dans cette analyse par la porte-parole de l’ONG Global Youth Health Caucus of Copper Rose de Zambie, qui a constaté que la fracture numérique accentue les disparités existantes dans les pays du Sud, où la santé et l’éducation sont étroitement liées aux défis socioéconomiques. 

Les nombreux représentants gouvernementaux présents à cette séance ont, tour à tour, présenté leur politique nationale d’élimination de la pauvreté, tout en reconnaissant des difficultés dans leur quête de développement et la réalisation des ODD, du fait des crises interconnectées.  Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), la Ministre du développement social et des services à la famille de la Trinité-et-Tobago a mis l’accent sur les effets des changements climatiques sur la trajectoire de développement des pays de sa région.  « Pour nous, la justice sociale inclut la justice climatique », a-t-elle insisté, appelant de ses vœux une réforme de l’architecture financière internationale, par le biais de l’indice de vulnérabilité et le Pacte de Bridgetown. 

En début de séance, la Commission a complété son bureau en élisant par acclamation Mme Joslyne Kwishaka, du Burundi, et Mme Stéphanie Toschi, du Luxembourg, Vice-Présidentes de la soixante-deuxième session.  Après consultations au sein du Bureau, il a également été convenu que Mme Toschi assumerait en outre les responsabilités de Rapporteuse pour cette session. 

Les participants à cette soixante-deuxième session ont poursuivi leurs travaux dans l’après-midi à l’occasion d’une table ronde de haut niveau sur le thème prioritaire. 

La Commission du développement social reprendra ses travaux demain, mardi 6 février, à partir de 10 heures. 

 

SUITE DONNÉE AU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET À LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

Déclarations liminaires

Mme RUCHIRA KAMBOJ (Inde), Présidente de la soixante-deuxième session de la Commission du développement social (CDS), a présenté les thèmes prioritaires de cette édition, qui sont la promotion du développement social et de la justice sociale afin de faire progresser plus rapidement la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et d’atteindre l’objectif primordial de l’élimination de la pauvreté.  Le développement social est au cœur du Programme 2030, dont la promesse centrale est que personne ne doit être laissé de côté.  Or, le monde, a observé la Présidente, n’est actuellement pas sur la bonne voie et le nombre de défis qui se présentent est considérable.  Nous assistons à de nouveaux conflits, à une intensification des changements climatiques, à une crise du coût de la vie, à un creusement des inégalités, à une méfiance croissante, à une augmentation de la pauvreté et à davantage d’insécurité alimentaire.  Une action concrète et concertée est donc nécessaire pour changer de cap et orienter le monde vers la justice, la confiance, l’inclusion, la sécurité et la résilience. 

Elle a appelé à redoubler d’efforts pour combler les lacunes dans les services sociaux de base en promouvant l’accès universel aux soins de santé et à la protection sociale ainsi qu’une éducation de qualité et un travail décent pour tous.  Il est également nécessaire de développer les infrastructures de base qui permettent l’accès à l’eau potable et à l’assainissement, à l’électricité et à Internet, a-t-elle poursuivi.  Il faut également, a-t-elle insisté, accroître les investissements nationaux dans les politiques sociales en améliorant les recettes fiscales et en redéfinissant les priorités des dépenses publiques, sans oublier de renforcer la coopération multilatérale. 

Évoquant ensuite la question nouvelle de cette session, qui est « l’influence de la transformation numérique sur la croissance et le développement inclusifs: une voie menant à la réalisation de la justice sociale », la Présidente de la Commission a par ailleurs souligné que la transformation numérique présente de nombreuses opportunités pour accélérer le développement social, mais aussi de nombreux défis.  Nous devons veiller à ce que celle-ci bénéficie à tous, a affirmé la Présidente. 

M. DENNIS FRANCIS, Président de l’Assemblée générale, a jugé particulièrement opportun le thème prioritaire retenu pour cette session, compte tenu des retards pris dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a remarqué que les revers subis par tout le monde, évidents avant même la pandémie de COVID-19, se sont aggravés dans un contexte de défis mondiaux convergents, des conflits au réchauffement climatique en passant par le surendettement, les chocs commerciaux et l’effritement de la confiance dans les institutions.  La conséquence en est que le monde est en train de perdre rapidement la bataille contre la pauvreté, la faim et les inégalités, et celle pour l’éducation de qualité pour tous, les soins de santé accessibles et abordables, et les systèmes de protection sociale.  En effet, a-t-il relevé, pas moins de 575 millions de personnes risquent de vivre dans l’extrême pauvreté en 2030, ce qui impose de faire bouger les choses en adaptant les solutions aux objectifs, comme le souligne la Déclaration politique adoptée l’an dernier lors du Sommet sur les objectifs de développement durable (ODD). Il a également suggéré de « réorienter notre approche de la politique sociale », ce qui exige de réaliser des investissements stratégiques dans la paix, de réduire la fracture numérique, d’adopter une croissance et un développement équitables et inclusifs axés sur l’innovation partagée et de démanteler les barrières structurelles.  Mais tout cela ne sera possible que si nos politiques, notre budgétisation et notre législation sont socialement justes et sensibles au fait que les inégalités se creusent, a-t-il dit, appelant à combler le déficit de financement des ODD, notamment via l’aide publique au développement (APD) et les ressources nationales.

Sur la base des résultats du Sommet sur les ODD, M. Francis a exhorté les États Membres à se rassembler autour d’actions capables d’apporter des gains significatifs.  Il a mentionné à cet égard la première semaine du développement durable, qu’il organisera en avril, y voyant une « grande opportunité ». Ses cinq segments de haut niveau permettront d’explorer les défis pour trouver des solutions durables dans les domaines du tourisme, des transports, des infrastructures et de la connectivité, de l’énergie et, surtout, de la dette, a-t-il précisé, ajoutant que l’objectif est d’ouvrir la voie au Sommet de l’avenir, en septembre 2024, censé accélérer l’action pour redynamiser le « consensus historique » au cœur du Programme 2030.  Il a invité les États Membres à mettre à profit le Sommet de l’avenir et ses résultats escomptés, à savoir un pacte pour l’avenir, une déclaration sur les générations futures et un pacte numérique mondial, afin de faire progresser les discussions qui se tiendront en amont du Sommet social mondial de 2025.  Avant cela, il a souhaité que les délibérations des huit prochains jours alimentent et renforcent d’autres processus intergouvernementaux en cours et ravivent la solidarité. 

Au nom de la Présidente de l’ECOSOC, Mme Paula Narváez, le Vice-Président de l’ECOSOC, M. ROBERT RAE, a déclaré que l’éradication de la pauvreté reste le principal défi du développement durable.  Il a dès lors recommandé d’agir de manière urgente et innovante pour atteindre les cibles du Programme 2030.  En prévision du forum politique de haut niveau qui se tiendra en juillet prochain, le Vice-Président a misé sur la question émergente de cette session, à savoir l’influence de la transformation numérique sur l’inclusion sociale, pour renforcer la résilience des sociétés.  L’évolution rapide de la révolution numérique constitue selon lui l’occasion d’identifier des solutions innovantes, à même de relever les défis contemporains. 

La réunion extraordinaire de l’ECOSOC sur l’avenir du travail qui s’est tenue en janvier au Chili a souligné la nécessité de créer davantage d’emplois décents en tant que réponse à la pauvreté et aux inégalités croissantes, a poursuivi M. Rae.  Les participants ont concentré leur attention sur les tendances démographiques et l’innovation technologique, tout en observant que les technologies émergentes ne constituent pas une fin en soi mais un moyen essentiel pour améliorer le bien-être des personnes, la productivité et la réalisation des ODD.  À cet égard, M. Rae a insisté sur le rôle crucial d’une éducation et d’une formation professionnelle de qualité, tout en reconnaissant l’impératif de réduire la fracture numérique et de promouvoir des transitions énergétiques justes, permettant de soutenir la connectivité. 

La semaine dernière, le forum sur les partenariats a réitéré le rôle crucial joué par des partenariats efficaces: ils permettent de partager les ressources et l’expertise en faveur du développement durable, a expliqué le Vice-Président.  Il a aussi parlé du débat consacré aux questions de la coordination qui a présenté le travail diversifié des organes subsidiaires de l’ECOSOC. Malgré le retard pris dans la réalisation des ODD, M. Rae a invité les délégués à se tourner vers l’avenir en s’appuyant sur de meilleures pratiques, un engagement renouvelé et une coopération coordonnée.

M. LI JUNHUA, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a estimé qu’à mi-chemin de la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), il est urgent d’opérer un changement systémique pour aller vers un monde plus inclusif, juste et résilient. La dernière analyse du Département des affaires économiques et sociales (DESA) sur les perspectives économiques mondiales montre en effet que l’écart entre les économies développées et en développement se creuse, notamment en matière de chômage.  Dans la plupart des économies, la croissance des salaires n’a pas réussi à compenser l’impact de l’inflation, a-t-il observé, faisant état de perspectives sombres pour 2024, alors que les tensions géopolitiques, les conditions de financement plus strictes, les vulnérabilités liées à l’endettement, le ralentissement des échanges commerciaux et le réchauffement climatique persistant menacent le progrès social et économique.  En 2022, a-t-il rappelé, le nombre de personnes extrêmement pauvres a atteint près de 670 millions, 735 millions de personnes souffraient de la faim et environ 8,4 millions de personnes dans les pays à revenu faible ou intermédiaire sont mortes à cause de soins de santé de mauvaise qualité.  De fait, a précisé le haut fonctionnaire, 4,5 milliards de personnes dans le monde ne bénéficient pas de services de santé essentiels et 4,1 milliards de personnes sont exclues de toute forme de protection sociale, à commencer par les femmes, les filles et les groupes vulnérables. 

Pour inverser cette tendance, M. Li a prôné un changement fondamental qui identifie et élimine les obstacles aux aspirations des citoyens.  Pour éliminer les exclusions liées à la race, à l’origine ethnique, au sexe, à l’âge, aux handicaps et au statut socioéconomique, il a exhorté à placer le développement social au cœur de toutes les actions de développement.  Si des progrès ont été réalisés depuis l’adoption, il y a près de 30 ans, de la Déclaration de Copenhague sur le développement social et de son programme d’action, il faut aller plus loin, a-t-il plaidé, appuyant la proposition du Secrétaire général d’accueillir le Sommet social mondial en 2025 pour tirer les leçons du passé et donner une impulsion à la réalisation des ODD.  Il a recommandé à cette fin de mobiliser des ressources financières à la hauteur de nos ambitions de développement social, invitant à suivre le plan de relance des ODD, à réorienter les dépenses publiques vers les services sociaux et à cesser de subventionner les combustibles fossiles et d’autres secteurs nuisibles.  Rappelant les engagements pris lors du Sommet sur les ODD, il a appelé les États Membres à tenir ces promesses et à fournir des orientations du point de vue social pour mettre en œuvre le Programme 2030. 

Mme JEAN QUINN, Présidente du Comité des ONG sur le développement social, après avoir alerté des menaces pour la société humaine que font peser les inégalités structurelles et les injustices, a dit que le moment est venu de mettre en œuvre un changement social et durable transformateur en investissant dans le capital humain, la dignité et le bien-être des personnes.  Cela passe par des programmes sociaux transformateurs centrés sur les personnes et axés sur l’équité, a-t-elle ajouté, précisant que ces programmes doivent garantir des emplois décents, l’accès aux services publics, un revenu de base universel, l’éducation, le logement, les soins de santé et la protection sociale ainsi que les droits humains.  Elle a aussi souhaité que les structures financières mondiales soient fondées sur la solidarité et combattent les inégalités économiques mondiales.  La coopération financière mondiale, la refonte du système commercial mondial, la restructuration de la dette et de politiques budgétaires sont nécessaires pour réaliser les ODD, a-t-elle confirmé.  De plus, elle a considéré que toutes les populations doivent avoir un accès égal à un environnement sain et sûr et à une protection équitable contre les dangers et les risques environnementaux.  Il faut éliminer la stigmatisation, les préjugés et les stéréotypes de toutes sortes et dans tous les domaines, a-t-elle ajouté. 

La Présidente du Comité a lancé plusieurs appels à l’action, le premier étant d’inclure les populations dans la conception, la mise en œuvre et l’évaluation des réponses politiques pour mener à des résultats efficaces et transformateurs.  Elle a aussi recommandé de garantir l’égalité d’accès à un logement abordable et adéquat, y compris pour les sans-abris, des aliments à bas coût, des soins de santé de qualité, un revenu de base, une éducation de qualité, des infrastructures publiques et à l’eau, l’assainissement, l’énergie et la technologie numérique.  Autres appels: il faut mettre en place des systèmes de protection sociale universels financés par les États; annuler les dettes des pays les moins avancés (PMA); intégrer une perspective de genre dans toutes les politiques afin d’éradiquer la pauvreté et d’atteindre l’égalité des sexes; valoriser les connaissances des peuples autochtones et respecter leurs droits sur les terres, les territoires et les ressources; inclure les droits des femmes à posséder et à hériter des terres. 

Mme MWIZA MUWOWO, porte-parole de Global Youth Health Caucus of Copper Rose de Zambie, a dit porter la voix des jeunes du Sud qui promeuvent les intersections entre l’éducation, la santé et la technologie. Forte de son expérience dans l’utilisation de la technologie pour la transformation des entreprises, l’éducation et la promotion de l’équité en santé, elle a expliqué s’appuyer sur l’innovation pour relever les défis sociaux urgents et favoriser un développement inclusif.  Face aux inégalités et à la pauvreté, le développement social constitue une bouée de sauvetage pour des millions de personnes, a-t-elle souligné, souhaitant que les discussions de cette session permettent de concevoir un changement tangible, notamment pour les populations des régions mal desservies qui n’ont pas encore ressenti « le vent transformateur de l’inclusion numérique », en raison d’opportunités manquées et de potentiels non réalisés.

Dans les pays du Sud, où la santé et l’éducation sont étroitement liées aux défis socioéconomiques, la fracture numérique accentue les disparités existantes, a fait remarquer la jeune représentante. Elle a donné l’exemple de son pays, la Zambie, où plus de 60% de la population n’a pas accès aux ressources numériques essentielles, ce qui entrave la participation économique et restreint l’accès aux informations cruciales.  Il est essentiel, selon elle, de défendre l’accès à la technologie et d’exploiter le potentiel important de celle-ci pour la santé et la justice sociale. C’est pour cela que son plaidoyer porte non seulement sur la connectivité, mais aussi sur une « connectivité utile » qui permette aux plateformes numériques d’atteindre les lieux les plus reculés.  Il faut, a conclu Mme Muwowo, que notre poursuite de la transformation numérique soit une voie éclairée par l’inclusivité, l’équité et, plus important encore, la santé, l’éducation et la justice sociale. 

Débat de haut niveau sur le thème prioritaire: promouvoir le développement social et la justice sociale au moyen de politiques sociales, afin de faire progresser plus rapidement la mise en œuvre du programme de développement durable à l’horizon 2030 et d’atteindre l’objectif primordial de l’élimination de la pauvreté

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, Mme BETTY AMONGI, Ministre de l’égalité des sexes, du travail et du développement social de l’Ouganda, a observé que les défis de la pauvreté, de la malnutrition, des tensions géopolitiques, des changements climatiques et des crises financières ont inversé les progrès réalisés en vue de la mise en œuvre du Programme 2030 et des ODD.  Notant que les ressources financières et les infrastructures sanitaires inadéquates continuent d’affecter les pays en développement, elle a prévenu que les progrès vers l’élimination de la pauvreté ne seront possibles que si « nous transformons nos paroles en actions concrètes », à commencer par la mobilisation d’un appui financier aux pays en développement à hauteur de 3,3 à 4,5 milliards de dollars par année, assorti de financements concessionnels de la part des institutions multilatérales et des banques de développement. Pour une reprise inclusive de l’économie du Sud, les pays en développement ont également besoin de ressources financières sous forme de subventions, et non de prêts. 

Préoccupée par le fait que plus de la moitié des 8,4 millions de décès attribués chaque année à des soins de santé de mauvaise qualité auraient pu être évités, la Ministre a souligné la nécessité pour les pays en développement de disposer d’un espace budgétaire permettant de financer la protection sociale et sanitaire.  Il est donc impératif de restructurer la dette des pays en développement et de revoir les programmes d’austérité afin de soutenir le développement durable ainsi que la viabilité à long terme de la dette.  Les possibilités d’emploi pour tous, l’accès égal à une éducation de qualité et le renforcement des capacités d’adaptation et d’atténuation aux changements climatiques permettent en outre de s’attaquer aux dimensions économique, sociale et environnementale du développement durable, a-t-elle ajouté.  Pour relever ces défis et soutenir les efforts nationaux, la Ministre a aussi insisté sur le besoin impératif de la coopération Nord-Sud, Sud-Sud et triangulaire. 

Au nom de l’Union européenne (UE), le représentant de la Belgique a noté le retard pris dans le développement durable mondial mais souligné toutefois que le Sommet sur les ODD a redynamisé les efforts de mise en œuvre, une dynamique qui devrait se poursuivre en vue du Sommet de l’avenir en 2024 et du Sommet social mondial en 2025.  Il a assuré que l’UE s’emploie à promouvoir la justice sociale et à favoriser le développement économique, social et environnemental durable des pays en développement, dans le but principal d’éradiquer la pauvreté.  Pour illustrer cet engagement, il a précisé que l’UE promeut activement la dimension sociale à travers son action extérieure, notamment la stratégie Global Gateway, qui vise à soutenir la mise en œuvre des ODD, en particulier les ODD 8 et 10.  Plusieurs États membres de l’UE se sont également engagés à soutenir financièrement l’Accélérateur mondial pour l’emploi et la protection sociale et des transitions justes, a-t-il ajouté, faisant aussi état de l’appui de l’UE à la coalition mondiale pour la justice sociale et aux priorités annoncées sur ce thème par le Brésil en tant que Président du G20. 

Le représentant a ajouté qu’outre son plan d’action pour la jeunesse dans l’action extérieure, qui donne aux jeunes les moyens de s’impliquer dans la prise de décisions, l’UE a adopté un pacte pour les compétences, qui rassemble les entreprises, les travailleurs, les autorités locales, les partenaires sociaux, les prestataires de formation et les services de l’emploi pour identifier les compétences nécessaires dans différents secteurs.  Dans ce cadre, l’UE promeut la pleine jouissance par les femmes et les filles de tous les droits humains, de l’égalité des sexes, de l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée et de l’autonomisation, a-t-il indiqué, avant d’évoquer la stratégie européenne pour les droits des personnes handicapées 2021-2030, qui a conduit à l’adoption de mesures pour l’emploi de ces personnes. L’UE entend par ailleurs collaborer de manière significative avec le Groupe de travail à composition non limitée des Nations Unies sur le vieillissement et se tient prête à coopérer au processus d’identification des éventuelles lacunes dans la protection des droits humains des personnes âgées, a poursuivi le représentant, affirmant attendre de cette session qu’elle fournisse une contribution significative au forum politique de haut niveau sur le développement durable de juillet. 

Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), Mme DONNA COX, Ministre du développement social et des services à la famille de la Trinité-et-Tobago, a pris note de la proposition du Secrétaire général de convoquer un Sommet social mondial en 2025 afin d’examiner les progrès réalisés dans la promotion d’une approche du développement centrée sur les personnes.  Elle a indiqué qu’en tant que petits États insulaires en développement (PEID), les effets des changements climatiques ont bloqué la trajectoire de développement des pays de la CARICOM et continuent d’anéantir les progrès accomplis dans la réalisation des ODD, exacerbant les inégalités tant au sein des pays qu’entre eux. « Pour nous, la justice sociale inclut la justice climatique », a insisté la Ministre, avant d’ajouter que les pays de la région comptent « parmi les plus vulnérables, mais les moins responsables ».  Il est donc impératif d’aborder collectivement et de façon urgente les impacts sociaux, économiques et environnementaux de la crise climatique.  La Ministre a souligné la nécessité cruciale d’une coopération Nord-Sud, Sud-Sud et triangulaire afin de soutenir les efforts nationaux visant à renforcer la résilience, à réduire les inégalités et à atténuer la pauvreté.  De plus, elle a appelé à une action urgente de la part de la communauté internationale pour réformer l’architecture financière internationale, par le biais de l’indice de vulnérabilité et le Pacte de Bridgetown.

À titre national, la Ministre a présenté la stratégie nationale de développement de son pays afin d’ancrer la société sur les principes de justice sociale.  Le Gouvernement examine l’impact des programmes sociaux nationaux sur la réduction de la pauvreté multidimensionnelle et de la vulnérabilité, afin de garantir l’inclusion sociale et l’accessibilité aux services essentiels pour tous les citoyens, notamment en établissant un registre national des personnes vulnérables. 

S’exprimant au nom du Groupe des Amis de la famille, le représentant du Bélarus a déclaré que, outre ces effets directs sur les individus, la pauvreté hypothèque le bon fonctionnement des familles, qui demeurent une « unité centrale de nos sociétés ». Pourtant, la famille ne figure pas au cœur de nos efforts de réduction de la pauvreté, a-t-il déploré.  C’est pourquoi nous devons placer les politiques familiales au cœur de nos efforts de protection sociale tout en reconnaissant leur rôle central en matière de cohésion sociale et de création de sociétés pacifiques inclusives, a préconisé le représentant.  Les ODD, notamment ceux liés à l’éradication de la pauvreté, ne seront pas réalisables sans stratégie se concentrant sur la famille, a-t-il insisté. 

Le délégué a ensuite dénoncé les mesures unilatérales coercitives qui entravent le droit au développement et la capacité des États à éradiquer la pauvreté et à garantir un accès équitable à tous en matière de technologies numériques.  Il a appelé à créer des conditions propices à l’épanouissement des familles et d’assurer le suivi des décisions sociales économiques et de leurs retombées sur elles. Il est essentiel, a-t-il affirmé, d’analyser les politiques et programmes liés à la stabilité macroéconomique, aux programmes d’ajustements structurels, et à la question des politiques fiscales.  Une réforme de l’ordre économique international et de ses structures financières s’impose également d’urgence.

Au nom du Groupe des États d’Afrique, la représentante du Botswana a mis l’accent sur le défi de l’élimination de la pauvreté, constatant que les diverses conséquences de ce fléau, telles que la malnutrition, la mauvaise santé, le manque ou l’accès limité à l’éducation et à d’autres services de base, la faible croissance économique et la dégradation de l’environnement, continuent d’affecter et d’aggraver la vie de nombreuses personnes en Afrique.  En outre, en ce qui concerne l’inclusion sociale et les inégalités de revenus dans de nombreux pays africains, le développement n’a pas eu d’impact significatif sur la vie de la majorité de la population, en particulier celle des personnes en situation de vulnérabilité, a-t-elle déploré, avant de rappeler que le continent reste l’une des régions présentant les niveaux d’inégalités de revenus les plus élevés et fortement dépendante du secteur informel. 

Dans ce contexte, la représentante s’est déclarée profondément préoccupée par les contraintes qui pèsent sur la lutte de l’Afrique contre la pauvreté.  Elle a relevé à cet égard que, selon le rapport du Secrétaire général, les 64 pays les plus pauvres du monde ont dépensé plus en remboursement de dettes envers les pays et institutions riches qu’en soins de santé, alors que 600 millions de personnes devraient être confrontées à la faim d’ici à 2030.  « Les effets dévastateurs de ces crises sur nos pays soulignent la nature multidimensionnelle de la pauvreté et l’importance cruciale de la protection sociale pour réduire les vulnérabilités », a-t-elle souligné.  Chaque année, environ 8,4 millions de personnes meurent dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, dont la majorité se trouvent en Afrique, à cause de soins de santé de mauvaise qualité, a-t-elle ajouté.  En outre, l’Afrique reste confrontée au VIH/sida, ce qui aggrave la pauvreté , la maladie et la mort réduisant la capacité productive de la main-d’œuvre et ralentissant la croissance économique et le développement. Appelant la communauté internationale à unir ses efforts pour réduire les niveaux de pauvreté et d’injustice sociale dans le monde, la représentante a plaidé en faveur d’un partenariat mondial pour le développement, fondé sur une approche axée sur les droits humains. Elle a enfin jugé impératif que les engagements en matière d’APD envers les pays en développement -0,7% du revenu national brut des partenaires- soient respectés et que l’architecture internationale de la dette soit réformée 

Au nom du Groupe restreint LGBTI, le représentant du Luxembourg a rappelé l’objectif de son groupe qui est d’œuvrer au sein de l’ONU pour assurer le respect des droits humains et des libertés fondamentales de tous indépendamment de leur orientation sexuelle, de leur identité de genre ou de leurs caractéristiques sexuelles, réelles ou supposées.  Le Groupe met l’accent sur la protection des personnes LGBTI contre la violence et la discrimination, a-t-il précisé avant d’attirer l’attention sur les obstacles qui créent de profondes inégalités et entraînent l’exclusion des LGBTI en les privant de l’accès à l’éducation, la santé et la protection sociale, et en les faisant souffrir du chômage, de la faim et de la pauvreté. 

Le représentant a espéré que les défis auxquels sont confrontées les personnes LGBTI seront pris en compte dans les futurs rapports du Secrétaire général présentés à la Commission, recommandant la prise en compte des LGBTI et de leurs défis dans les documents officiels de l’ONU.  Afin d’adopter des politiques sociales qui répondent réellement à ces défis, il faut des données fiables, a-t-il souligné.  Le délégué a plaidé pour que les LGBTI soient inclus de manière égale dans les processus d’élaboration des politiques qui affectent leur vie.  Il a estimé que la dénonciation des violences, des abus des droits humains, de la discrimination et de l’exclusion à l’encontre des LGBTI ne devrait pas créer la controverse.  Le représentant a conclu en appelant à ne pas laisser sur le côté les LGBTI.

Mme ANA MENDES GODINHO, Ministre du travail, de la solidarité et de la sécurité sociale du Portugal, a souscrit au thème de cette année de la Commission du développement social au moment où nous sommes à mi-parcours de la mise en œuvre des ODD.  Alors que leur réalisation accuse des retards, la Ministre a appelé à accélérer les efforts en ce sens misant sur des investissements dans des politiques sociales et cela en dépit des tensions internationales.  Il faut trouver réponse à l’impact des changements climatiques et à l’évolution du monde du travail dans un contexte de numérisation notamment, et pour cela réfléchir aux mesures justes et ambitieuses à prendre, à commencer par investir dans les enfants en vue de briser le cercle vicieux de la pauvreté.  Au Portugal, chaque enfant bénéficie de l’égalité des chances, a-t-elle indiqué grâce au programme de « Garantie à l’enfance ».  Il faut également miser sur le travail décent, et, afin d’y parvenir, le travail illégal est désormais pénalisé au Portugal.  La Ministre a également appelé à honorer les pactes sociaux en vue de garantir une meilleure distribution des richesses dans le cadre de la lutte contre l’augmentation des inégalités dans le monde.

M. JOHANNES RAUCH, Ministre des affaires sociales, de la santé et de la protection sociale de l’Autriche, a annoncé que, pour la deuxième fois, son ministère consacrera 15 millions d’euros de son propre budget à l’aide publique au développement.  Évoquant ensuite les groupes en situation vulnérable, il s’est enorgueilli du plan d’action national sur le handicap, qui couvre divers domaines politiques tels que l’éducation, l’emploi et la santé, avec pour priorité une meilleure inclusion des femmes handicapées.  Le Ministre a également mentionné la stratégie autrichienne pour la jeunesse, ainsi que des investissements « massifs » dans le développement de l’éducation et de la prise en charge de la petite enfance.  Pour réagir à l’inflation, le Gouvernement autrichien a initié une revalorisation annuelle des prestations sociales et familiales, avec un montant d’environ 665 millions d’euros pour 2024.  De plus, un vaste programme de lutte contre l’inflation à destination des familles a également été approuvé.  Enfin, l’Autriche s’engage depuis de nombreuses années en faveur de politiques adaptées à l’âge, tant au niveau national qu’international, a précisé le Ministre.

Mme NEVINE KABBAJ, Ministre de la solidarité sociale de l’Égypte, a mis en avant les efforts de son pays en matière de protection sociale.  Depuis 2015, a-t-elle expliqué, le Gouvernement égyptien a mis en place un programme de justice sociale et d’investissement dans le capital humain, qui vise à identifier les problèmes de pauvreté, à venir en aide aux plus vulnérables et à construire des systèmes sociaux inclusifs.  Le pays s’est ainsi doté du programme d’aide en espèce le plus important de la région, ce qui lui a permis de venir en aide à près de 2 millions de foyers en 2023.  Parmi les bénéficiaires, 40% sont des enfants âgés de moins de 18 ans, a précisé la Ministre, qui a également fait état de services de soins de santé destinés aux mères.  Afin d’améliorer ces systèmes, des mécanismes de vérification et d’automatisation ont été mis en œuvre et le filet de sécurité sociale a été étendu, avec notamment un programme de carte alimentaire, des aides au logement, des services de planification familiale et des cours d’alphabétisation. 

Toutefois, notant que la pauvreté n’est pas seulement pécuniaire, la Ministre a recommandé d’agir de manière multidimensionnelle pour y répondre.  Le Gouvernement égyptien a ainsi mis en place un système d’aide aux personnes handicapées et aux seniors, assorti d’importants efforts budgétaires.  Une aide est par ailleurs fournie aux jeunes familles, en particulier dans les régions pauvres, tandis que des services de formation et d’emploi sont proposés aux foyers n’ayant pas bénéficié du système de transfert d’espèces.  Avant de conclure, la Ministre a regretté que la protection sociale soit parfois perçue comme un moyen de lutte contre la crise économique, plaidant pour des politiques à long terme qui permettent de lutter efficacement contre la pauvreté et de promouvoir la justice sociale. 

Mme FLORENCE KOSKEY BORE, Ministre du travail et de la protection sociale du Kenya, a informé que son pays met en œuvre des politiques et des programmes inclusifs axés sur la famille qui visent notamment à promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des jeunes, des femmes et des filles, dans le but de favoriser l’intégration sociale.  Elle a cité un programme national de « parentalité positive », qui offre une formation aux parents et aux personnes qui s’occupent des enfants, afin d’améliorer leurs compétences, leurs comportements, leurs croyances, leurs pratiques et leurs attitudes en la matière. La Ministre a également mentionné la stratégie nationale de réforme de la prise en charge des enfants qui réaffirme l’importance et le rôle prépondérant de la famille dans la prise en charge, l’éducation, la croissance et le développement des enfants. 

Elle a ensuite expliqué que la numérisation et l’automatisation de plus de 5 000 processus gouvernementaux clefs au Kenya avaient renforcé la prestation de services gouvernementaux.  En outre, le Kenya mise sur la création d’emplois pour les jeunes, grâce à un engagement accru avec les pays de destination du marché du travail, à la création de centres numériques, à l’amélioration de la culture numérique et au renforcement de l’infrastructure numérique.  En outre, un certain nombre de programmes sont mis en œuvre pour lutter contre les inégalités systémiques, promouvoir l’égalité des chances et créer une société plus inclusive et plus juste, a encore précisé la Ministre en évoquant des programmes d’action positive dans les domaines de l’emploi, de l’éducation, de la santé et de l’autonomisation des communautés, en particulier pour les jeunes, les femmes, les personnes handicapées, les populations vulnérables, marginalisées et mal desservies. 

Mme KAISA JUUSO, Ministre des affaires sociales et de la santé de la Finlande, a mis en avant les avancées de son pays en matière de progrès économiques et sociaux, en particulier l’économie du bien-être qui est fondée sur des investissements dans la stabilité fiscale et la croissance économique.  Cette politique investit dans le bien-être de la population pour qu’elle puisse travailler de manière efficace.  Elle a souligné l’importance d’offrir aux jeunes une éducation de qualité et des opportunités d’apprentissage tout au long de la vie.  L’économie du bien-être préconise en outre de rémunérer le travail des femmes et de garantir leur indépendance économique notamment en leur accordant des congés payés.  L’économie du bien-être devrait figurer à l’ordre du jour du Sommet social mondial de 2025 afin d’accélérer la réalisation des ODD, a préconisé la Ministre. 

Pour sa part, la déléguée de la jeunesse de la Finlande a également dissuadé de sous-estimer l’importance du travail rémunéré des femmes et des filles trop souvent obligées de porter un fardeau disproportionné dans la gestion des responsabilités ménagères et la prise en charge de leurs jeunes frères et sœurs au détriment de leur éducation.  Garantir l’accès des filles à une éducation de qualité est la clef du développement durable et de la construction de l’égalité sociale, a-t-elle insisté.  Elle a ensuite rappelé un rapport du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) publié en 2020 informant qu’une fille sur cinq a été abusée ou exploitée sexuellement avant d’atteindre l’âge de 18 ans.  À mesure que la numérisation s’accélère, le nombre de victimes augmentera et la réponse deviendra plus difficile.  Chacun a le droit de disposer de son propre corps, a défendu la jeune oratrice exhortant chaque État Membre à respecter les droits fondamentaux des filles. 

Mme NATALIA-ELENA INTOTERO, Ministre de la famille, de la jeunesse et de l’égalité des chances de la Roumanie, a apprécié le « partenariat mondial pour le développement » qui sert de feuille de route pour guider le redressement durable et le changement structurel en partenariat avec le secteur privé, la société civile et d’autres parties prenantes clefs.  Elle a appelé à s’attaquer aux causes profondes des inégalités, de l’instabilité politique et des déplacements de population, à une époque où trop de citoyens se sentent exclus.  Il faut en outre renforcer la responsabilité et la transparence et assurer un accès universel aux soins de santé de qualité, à l’éducation, à l’assainissement, à une énergie propre et à l’internet. 

Pour la Ministre, l’éducation doit être considérée comme un processus qui prépare les jeunes générations aux défis de l’avenir en encourageant l’innovation, la méritocratie, la pensée critique constructive, la curiosité, le comportement et l’émancipation.  Un électorat engagé et bien éduqué est au cœur des sociétés démocratiques fortes, a-t-elle argué avant d’appeler à créer un environnement dans lequel les jeunes sentent que leur voix compte parce que « les jeunes sont les gardiens actuels et futurs de la démocratie ».  C’est dans cet esprit que la Roumanie offre une éducation primaire et secondaire gratuite, offre des bourses aux étudiants éminents et a adopté des lois sur l’éducation, en dotant le Ministère de l’éducation du budget le plus important pour 2024. 

Mme SHAMMA BINT SOHAIL AL MAZRUI, Ministre du développement communautaire des Émirats arabes unis, a établi une distinction entre les différents systèmes de justice sociale dans le monde, tout en notant qu’ils demeurent interconnectés.  Le progrès social est le résultat et la culmination de différents facteurs et politiques en matière d’éducation, d’économie et d’environnement, avec des répercussions pour l’ensemble de la société.  Or, a-t-elle ajouté, les politiques publiques oublient trop souvent la partie « publique » de ces politiques.  Nous devons donc adopter une approche collective regroupant les secteurs de la santé, du droit ou encore du développement économique afin d’établir la confiance nécessaire au progrès social.  La Ministre a aussi insisté sur la coopération avec les secteurs public et privé, à même de susciter l’espoir. 

M. KGOTLA KENNETH AUTLWETSE, Ministre du Gouvernement local et du développement rural du Botswana, a indiqué que son gouvernement a pris la décision « audacieuse » de passer de l’élimination de la pauvreté à l’éradication de la pauvreté, en mettant au point un programme qui couvre tous les aspects de la question, y compris les dimensions environnementales et la mise en œuvre de projets de sécurité alimentaire et de moyens de subsistance.  Le Botswana a investi près de 3% de son PIB dans des programmes de protection sociale et adopté un cadre de protection sociale en août 2020: il s’agit d’un document de politique qui guide notre transition afin d’éviter la fragmentation des efforts déployés.  Le Ministre a également cité différentes législations, dont une prévoyant l’autonomisation économique, et une autre en matière emploi décent, l’objectif étant de contribuer à la réduction des inégalités salariales et d’éradiquer la pauvreté.  Il a fait en outre valoir une initiative politique de réduction de la pauvreté qui met l’accent sur la formation et le développement socioéconomique.

Mme VINDHYA PERSAUD, Ministre des services sociaux et de la sécurité sociale du Guyana, a relevé que les crises transversales actuelles soulignent l’interdépendance de notre monde et notre responsabilité mondiale commune en faveur de l’éradication de la pauvreté.  Le Guyana, a-t-elle ajouté, a adopté une approche proactive et centrée sur les personnes pour éradiquer la pauvreté et créer une société inclusive, résiliente et équitable.  Le budget national consacré à l’éducation a ainsi augmenté de plus de 60%, la majorité des programmes d’éducation et de formation étant fournis gratuitement, avec une attention particulière aux personnes vivant dans les zones rurales.  Ayant réalisé l’éducation primaire universelle, le Guyana s’efforce maintenant de parvenir à un accès universel à l’enseignement secondaire et universitaire d’ici à 2025.  S’agissant des changements climatiques, la Ministre a expliqué que la stratégie de développement à faibles émissions de carbone du pays à l’horizon 2030 permet d’exploiter les forêts dans le cadre d’un plan de développement.  Afin que personne ne soit laissé de côté, Mme Persaud a appelé à donner la priorité au développement social et aux communautés vulnérables. 

Mme PAULINE IRENE NGUENE, Ministre des affaires sociales du Cameroun, a indiqué que le Cameroun s’est doté d’une vision de développement à l’horizon 2035, qui met l’accent sur la lutte contre la pauvreté et les exclusions.  Face à ce défi, les pouvoirs publics misent sur la consolidation de la croissance et le renforcement de la protection sociale, et ce, malgré le ralentissement des recettes pétrolières et l’accroissement des dépenses de sécurité. Cette volonté, a expliqué la Ministre, se traduit par la mise en œuvre des politiques publiques visant à renforcer la résilience des populations, à assurer l’égalité des chances, à combler les écarts dans l’accès aux services sociaux de base et à lutter contre les inégalités en renforçant les mesures de protection des individus, des groupes et des communautés vulnérables.  Elle a ainsi évoqué la promotion de l’éducation inclusive et l’extension de la gratuité de l’éducation primaire publique.  La Ministre a également fait état de la mise en place progressive de la couverture de santé universelle, ainsi que d’interventions de nutrition, du traitement gratuit des personnes vivant avec le VIH et d’un programme élargi de vaccination. Le lancement en janvier de la vaccination des enfants contre le paludisme constitue une avancée majeure pour enrayer l’une des causes de la mortalité infantile au Cameroun, a-t-elle fait valoir. 

La Ministre a ajouté que des programmes gouvernementaux sont mis en œuvre pour favoriser l’accès à un habitat décent pour tous, tandis que l’offre énergétique continue de s’améliorer, à travers le projet d’électrification rurale par système solaire photovoltaïque.  Des efforts sont également déployés pour améliorer l’accès à l’eau potable, avec la construction de 800 forages dans huit régions du pays.  Dans le domaine de l’emploi, a-t-elle poursuivi, des actions sont menées pour promouvoir le travail décent pour tous et accroître les revenus réels par habitant tant dans les zones rurales qu’urbaines.  Un programme d’appui à l’insertion et à la réinsertion socioprofessionnelle des populations vulnérables vise aussi à lutter contre l’exclusion et la pauvreté, de même que la mise en place d’un registre social unifié, adossé à un mécanisme adapté d’identification et de ciblage des populations les plus vulnérables.  La Ministre a assuré que son gouvernement entend poursuivre ses réformes de renforcement de la protection sociale des populations.  Elle a cependant averti que les résultats dépendront de la mobilisation de financements innovants. 

Pour M. YAVUZ SELIM KIRAN, Vice-Ministre de la famille et des services sociaux de la Türkiye, les crises mondiales hypothèquent le développement social y compris à Gaza où la Türkiye est solidaire des populations palestiniennes.  Les défis sociaux requièrent la collaboration de tous, notamment en matière de lutte contre la pauvreté et d’efforts pour atteindre le développement pour tous.  Il a passé en revue les différents programmes mis en œuvre par son gouvernement pour garantir le développement du pays.  La population dans son ensemble peut compter sur les services de prestation et la population pauvre bénéficie en outre d’un revenu décent pour sortir du cycle de pauvreté. Le taux de pauvreté a reculé de 14% en 15 ans grâce en particulier aux programmes d’aide aux familles, s’est-il félicité. 

M. BARQ AL-DMOUR, Secrétaire général du Ministère du développement social de la Jordanie, a expliqué que son gouvernement met en œuvre ses stratégies nationales en matière de développement social en dialogue avec les différents partenaires.  Il a indiqué que la Jordanie fait partie des pays qui accueillent le plus grand nombre de réfugiés, ce qui met sous pression son système de prestations sociales.  La Jordanie reste toutefois déterminée à honorer les engagements pris en termes de développement social et cherche à assurer une croissance inclusive.  À cette fin, les mesures doivent permettre de faire face aux chocs.  Il faut également garantir la viabilité des mécanismes de financement et avoir des institutions à la hauteur de la tâche notamment pour ce qui est de la sécurité alimentaire et de l’approvisionnement en eau, a-t-il souligné.  Il a également expliqué que la Jordanie s’est dotée d’une approche de lutte contre la pauvreté multidimensionnelle et qu’elle mise sur une nouvelle législation pour assurer des services de base de qualité à tous et améliorer son système de prestations sociales afin de le rendre plus réactif.

Table ronde de haut niveau sur le thème prioritaire: Comment les futures politiques sociales peuvent-elles parvenir à des sociétés inclusives, résilientes et équitables?

Lors de cette discussion, modérée par M. DANILO TÜRK, Président du Club de Madrid et ancien Président de la Slovénie, Mme NORA LUSTIG, professeure d’économie et Directrice et cofondatrice de la Commitment to Equity Initiative à l’Université Tulane, a prononcé une allocution inaugurale, en se demandant si les politiques fiscales sont de nature à réduire les inégalités.  Oui, a-t-elle répondu, à en juger par les études réalisées dans les 66 pays dans le monde qui doivent réaliser l’ODD 10, 4, 2, même si d’importantes variations existent d’un État à l’autre.  Elle a ainsi rappelé que l’Argentine connaît aujourd’hui une crise budgétaire importante précisément parce qu’elle a trop dépensé d’argent pour lutter contre la pauvreté.  Elle n’en a pas moins vanté les mérites de la redistribution des richesses, en citant en particulier la taxation directe et indirecte, les transferts directs, les subventions, l’investissement dans l’éducation et les dépenses de santé. 

Mme VALÉRIE BERSET BIRCHER, Cheffe des affaires internationales du travail au Secrétariat d’État à l’économie du Département fédéral de l’économie, de la formation et de la recherche de la Suisse, a estimé que les inégalités sont un « poison politique » qui affaiblit la cohésion sociale et discrédite les institutions démocratiques. Prenant pour exemple son propre pays, elle a rappelé que, dans le contexte de pénurie de main-d’œuvre que connaît actuellement la Suisse, il apparaît essentiel d’utiliser au mieux la main-d’œuvre qualifiée disponible.  Les mesures visant à concilier vie familiale et vie professionnelle constituent un point de départ important, femmes et hommes devant avoir les mêmes chances de poursuivre une carrière, « quel que soit le modèle familial ».  Cet objectif peut être atteint en créant des conditions-cadres favorables à la famille, telles que des possibilités de garde d’enfants suffisantes, de bonne qualité et abordables, a précisé la panéliste, qui a également mentionné les formes d’emploi flexibles et les réglementations fiscales qui rendent le travail attrayant.  Elle a annoncé que le Gouvernement suisse soumettra bientôt au Parlement une proposition visant à introduire l’imposition individuelle des couples mariés à tous les niveaux étatiques, afin d’encourager une deuxième activité lucrative au sein du couple, en général celle de la femme.  De plus, il est important de maintenir l’accès à l’emploi des travailleurs âgés et d’intégrer les chômeurs de plus de 50 ans sur le marché du travail.  Par ailleurs, a encore noté Mme Bircher, dans le cadre de sa politique en matière de travailleurs qualifiés, la Suisse assure des conditions-cadres optimales pour l’apprentissage tout au long de la vie, avec un fort accent sur la formation continue pour acquérir les qualifications nécessaires sur un marché du travail de plus en plus compétitif. 

Mme ELENI NIKOLAIDOU, Conseillère ministérielle et Directrice de la politique de développement au Ministère des affaires étrangères de la Grèce, a déclaré que, dans un paysage financier de plus en plus complexe, l’Aide publique au développement continue de jouer un rôle crucial en tant qu’élément catalyseur du financement global pour contribuer à la réalisation du Programme 2030.  « L’APD peut contribuer à mobiliser d’autres sources de financement, en particulier le financement public intérieur, le financement mixte et les investissements privés durables, ainsi que d’autres moyens de mise en œuvre ou catalyseurs du développement, tels que le soutien à la science et à la recherche, à la technologie, à l’innovation et à la numérisation », a indiqué l’intervenante. Dans le cadre du Programme national quadriennal de coopération internationale au développement 2022-2025, Hellenic Aid développe des partenariats pour mettre en œuvre des programmes prioritaires, notamment celui de la médecine fœtale dans des pays comme l’Albanie, l’Arménie, l’Éthiopie, la Moldavie et la République de Macédoine du Nord, ainsi qu’au Kosovo.  L’objectif est de contribuer à la réduction de la mortalité maternelle et périnatale et d’améliorer la prise en charge des femmes enceintes, a expliqué l’intervenante. Par ailleurs, le Ministère grec des affaires étrangères coopère étroitement avec la Faculté de médecine de l’Université de Ioannina pour former des médecins albanais dans de nombreuses spécialisations différentes.  Enfin, la panéliste a mentionné que la Grèce coopère étroitement avec des organisations multilatérales comme le PNUD, notamment pour maximiser l’impact positif de l’aide multilatérale sur la réalisation des ODD en mettant en œuvre des protocoles d’accord pour des programmes de coopération au développement dans un certain nombre de pays. 

Compte tenu de la complexité des défis auxquels les États sont confrontés pour mettre en œuvre les ODD, Mme GLORIA REYES, Directrice générale du programme Supérate de la Présidence de la République dominicaine, a fait valoir que la notion de développement durable place la dimension sociale au même niveau que les dimensions environnementale, économique et institutionnelle, ses objectifs étant par leur nature intégrés et indivisibles.  De cette façon, les politiques sociales doivent être considérées comme un investissement et non comme une dépense. 

Elle a souligné la nécessité d’établir clairement les priorités, à l’aide d’informations fiables permettant d’identifier les plus vulnérables aux chocs climatiques, sociaux et économiques.  Il importe également d’identifier les modèles de discrimination dans les politiques et pratiques sociales qui ont cours.  Pour obtenir des résultats durables, nous devons encore prendre en compte les sphères économique, sociale, environnementale et institutionnelle, et en évaluer constamment les résultats.  Enfin, la responsabilité et la participation significative des divers acteurs impliqués dans les politiques sociales sont tout aussi importantes, comme le reconnaît la stratégie nationale de développement de la République dominicaine.  Néanmoins, a-t-elle prévenu, la mise en œuvre de politiques publiques visant à parvenir à des sociétés inclusives, résilientes et équitables qui ne laissent personne de côté est impossible sans un engagement ferme des gouvernements, en étroite collaboration avec le secteur privé et le secteur social. 

Mme SABINA ALKIRE, professeure d’université et Directrice de la Oxford Poverty and Human Development Initiative (OPHI), a déclaré qu’en 2023, 1,1 milliard de personnes vivaient dans la pauvreté multidimensionnelle dont la moitié étaient des enfants.  Près des deux-tiers, soit 730 millions, vivent dans des pays à revenu intermédiaire et 83% en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud. En 15 ans, s’est félicitée la panéliste, 25 pays ont réussi à diminuer de moitié la pauvreté.  Selon elle, les pays peuvent accélérer ce progrès en s’attaquant à quatre défis: accroître l’efficacité et mieux cibler les dépenses sociales; mettre en place un système de protection sociale efficace; renforcer le capital humain; et réaliser l’inclusion sociale entre les groupes ethniques et l’égalité entre les sexes. 

La panéliste a insisté sur l’importance de disposer de données actualisées et ventilées sur la pauvreté, préconisant « un investissement majeur dans les sources statistiques » de la pauvreté.  Elle a notamment suggéré d’institutionnaliser la collecte de données et la production de rapports sur les indices de pauvreté multidimensionnelle; d’investir dans les enquêtes auprès des ménages; et d’utiliser les indices de pauvreté multidimensionnelle pour orienter les actions d’éradication de la pauvreté. 

Dialogue interactif 

Comment passer de programmes transversaux fragmentaires à des systèmes de protection sociale solides? a demandé l’Union européenne qui, notant que plus de 4 milliards de personnes dans le monde n’ont toujours pas accès à la protection sociale, a évoqué la Coalition mondiale pour la justice sociale, une initiative novatrice qui vise à intensifier les efforts pour accélérer la mise en œuvre du Programme 2030. 

La Türkiye a indiqué que son gouvernement offre une protection sociale comportant plus de 50 programmes d’assistance, en particulier pour aider les personnes au chômage à retrouver le chemin du monde du travail, tandis que les Philippines ont rappelé la signature récente avec l’ONU d’un cadre de coopération pour le développement durable 2024-2028.  L’objectif est de faire en sorte que l’ensemble de notre population, notamment celles et ceux qui risquent d’être laissés de côté, aient un accès plus équitable aux services sociaux de qualité en tenant compte des considérations femme-homme. 

De son côté, le Kenya a expliqué avoir beaucoup investi dans le renforcement de l’accès aux technologies et aux infrastructures numériques, tout en se posant la question de savoir quel mécanisme devrait être mis en place pour permettre la non-exclusion des personnes handicapées dans la transition numérique.  Le Costa Rica a quant à lui souhaité savoir quels critères retenir pour assurer une lecture correcte des statistiques afin de s’attaquer réellement au problème de la pauvreté multidimensionnelle et élaborer des politiques publiques efficaces. Lui emboîtant le pas, l’ONG House Foundation a jugé essentiel de miser sur les organisations locales si nous voulons éliminer la pauvreté, tout en leur apportant l’appui extérieur dont elles ont besoin. 

Réagissant à ces interventions, la Directrice de la Commitment to Equity Initiative à l’Université Tulane a conseillé de procéder à l’intégration de systèmes qu’elle a jugés trop fragmentés au niveau international, en s’inspirant par exemple du modèle qui a prévalu sous le premier mandat du Président Lula au Brésil, qui avait demandé un audit de tous les programmes sociaux existants en vue de les harmoniser et de prendre en compte la pauvreté dans toutes ses dimensions. 

Revenant sur la question de l’inclusion des personnes handicapées, la représentante du Département fédéral de l’économie, de la formation et de la recherche de la Suisse a indiqué que son pays a procédé à plusieurs évaluations de ses propres législations et cherche à favoriser les mécanismes de concertation multipartite avec la société civile, notamment celle qui représente les personnes en situation de vulnérabilité.  Nous disposons d’une loi fédérale sur l’élimination des inégalités frappant les personnes handicapées et notre gouvernement a décidé de renforcer cette législation il y a un an donc, a encore précisé cette intervenante. 

Toujours à l’intention des personnes handicapées, la Directrice de la politique de développement au Ministère des affaires étrangères de la Grèce a cité un programme pour faciliter l’accès en ligne à l’ensemble des services sociaux et à l’éducation, entré en vigueur pendant la pandémie. 

Abordant la question des statistiques, la Directrice générale du programme Supérate de la présidence de la République dominicaine a indiqué que des mesures avaient été prises par son gouvernement pour atténuer le coût financier de la collecte des données, notamment par le biais d’une initiative qui s’appuie sur l’intelligence artificielle.  Nous travaillons aussi avec l’imagerie satellite pour recenser les zones vulnérables, a-t-elle ajouté.  La professeure d’université et Directrice de la Oxford Poverty and Human Development Initiative (OPHI) a rappelé pour sa part que tous les indicateurs devraient être ventilés par genre, y compris ceux qui sont liés à la crise climatique: « on peut fusionner les données relatives aux catastrophes naturelles avec celles portant sur les foyers pour étudier l’impact des menaces environnementales sur les personnes déjà touchées par les facteurs multiples de pauvreté », a recommandé cette experte. 

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