Le Conseil de sécurité débat des derniers développements dans un Moyen-Orient « au bord du gouffre », dont les récentes frappes des États-Unis en Iraq et en Syrie
Le Conseil de sécurité s’est réuni cet après-midi, à la demande de la Fédération de Russie, pour débattre des derniers développements au Moyen-Orient, en particulier les récentes frappes des États-Unis en Syrie et en Iraq, présentées par le premier pays comme une riposte à l’attaque de drone ayant tué trois soldats américains en Jordanie le 28 janvier dernier. Les appels à la désescalade ont été au cœur des interventions.
Première à s’exprimer, la Secrétaire générale adjointe des Nations Unies aux affaires politiques, Mme Rosemary Di Carlo, a précisé que depuis la mi-octobre, il y a eu quelque 165 attaques contre des bases américaines en Syrie et en Iraq, déclenchant une riposte des États-Unis dans ces deux pays. Elle a indiqué que l’attaque du 28 janvier dans le nord de la Jordanie a également blessé 40 personnes.
Le 2 février, les États-Unis ont conduit 85 frappes aériennes contre la Force Al-Qods du Corps iranien des gardiens de la révolution Islamique et groupes affiliés, a-t-elle indiqué. Les États-Unis ont assuré qu’ils ont visé des entrepôts d’armes et des centres de commandement, notamment, et qu’ils ne cherchent pas le conflit, a-t-elle dit. Dans un Moyen-Orient très volatile, elle a appelé toutes les parties à « s’éloigner de l’abîme » et à soupeser les risques insupportables d’un conflit régional.
En tout état de cause, la Russie a vivement dénoncé « une nouvelle action illégale et irresponsable des États-Unis en Iraq et en Syrie, territoires souverains ». Ces frappes aériennes « massives » ayant tué des civils et des militaires démontrent une fois de plus la nature agressive de la politique américaine et le mépris total de Washington pour les normes du droit international, a tonné la délégation.
De son côté, la Chine a déclaré que dans « un Moyen-Orient au bord du gouffre, le plus fort ne doit pas pouvoir imposer sa volonté ». Le représentant de l’Iraq a condamné les attaques américaines qui ont visé des bases militaires, tuant des civils et détruisant des infrastructures. Le territoire iraquien, a-t-il prévenu, ne saurait être utilisé pour des règlements de comptes entre les États. Même son de cloche du côté de la Syrie qui a fustigé les « prétextes fragiles » et « affirmations trompeuses » de l’Administration américaine.
Celle-ci tente de justifier ses attaques en présentant une interprétation déformée et erronée de la Charte des Nations Unies, a déclaré le délégué syrien, en condamnant le soutien « aveugle » des États-Unis à Israël, malgré « le crime de génocide en cours contre le peuple palestinien ». L’Iran a également dénoncé la tentative des États-Unis de détourner l’attention de leurs propres agressions. La seule solution pour éviter l’escalade est qu’Israël mette fin au génocide à Gaza et que les forces américaines se retirent d’Iraq et de Syrie, a dit le délégué iranien.
Celui des États-Unis a justifié ces mesures « proportionnées et indispensables » par le fait qu’elles sont conformes au droit à la légitime défense après les attaques subies par des soldats américains le 28 janvier et lancées par des milices affiliées à l’Iran en Iraq. « La Russie a demandé la tenue de cette réunion sous le prétexte erroné que les États-Unis n’auraient pas le droit de répondre à des attaques faisant des victimes américaines. »
Le délégué américain a aussi assuré que les cibles avaient été choisies pour éviter les victimes civiles. « Ce n’est que le début de notre riposte aux attaques quotidiennes dans la région », a-t-il averti. Plusieurs pays, dont le Royaume-Uni, ont souligné le droit des États-Unis à se défendre, tout en rappelant que la coalition internationale a pour but de vaincre Daech. Le soutien de l’Iran aux groupes armés dans la région entrave la réponse collective face à Daech, a tranché la déléguée britannique.
Mais c’est bien l’inquiétude et les appels à la désescalade qui ont dominé cette réunion. La Suisse a jugé indispensable de calmer la situation, tandis que le Guyana a fait remarquer que les risques d’une confrontation régionale « nous concernent tous ». Enfin, plusieurs pays, dont l’Algérie et la Slovénie, ont réitéré leur appel à un cessez-le-feu humanitaire à Gaza. La cause principale de la situation est « notre incapacité à imposer un cessez-le-feu à Gaza », a déclaré la Chine.
MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES
Déclarations
Mme ROSEMARY ANNE DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et de la consolidation de la paix, a rappelé les risques d’escalade au Moyen-Orient depuis les « odieuses attaques » du Hamas du 7 octobre et la « dévastatrice contre-offensive israélienne à Gaza ». Depuis la mi-octobre, il y a eu quelque 165 attaques contre des bases américaines en Syrie et en Iraq, déclenchant une riposte des États-Unis dans ces deux pays, a-t-elle dit. Elle a indiqué que l’attaque par drone du 28 janvier dans le nord de la Jordanie a tué trois soldats américains et blessé 40 personnes. Le 2 février, les États-Unis ont conduit 85 frappes aériennes contre la Force Al-Qods du Corps iranien des gardiens de la révolution islamique et groupes affiliés. La Syrie et l’Iraq ont condamné les frappes du 2 février, tandis que les États-Unis ont indiqué qu’ils ont visé des entrepôts d’armes et des centres de commandement notamment. « Les États-Unis ont assuré qu’ils ne cherchent pas le conflit. »
Si les forces iraquiennes ont assuré de leur engagement à protéger les forces de la coalition, des factions armées liées à la « résistance islamique en Iraq » sont déterminées à poursuivre leurs attaques contre les forces des États-Unis et de la coalition dans la région, a-t-elle poursuivi. Elle a détaillé la vague de violence dans la région, avec notamment des échanges de feu quotidiens le long de la Ligne bleue ou bien encore les tirs de missiles des houthistes en mer Rouge. Depuis le 11 janvier, les États-Unis et le Royaume-Uni, avec le soutien de six pays, ont frappé des positions houthistes au Yémen, a-t-elle rappelé. Mme DiCarlo a exhorté toutes les parties à « s’éloigner de l’abîme » et à soupeser les risques insupportables d’un conflit régional. Elle a appelé à un cessez-le-feu humanitaire immédiat à Gaza, en rappelant que les risques d’escalade étaient bien réels dès le 7 octobre. En conclusion, elle a appelé ce Conseil à activement impliquer toutes les parties en vue de prévenir une escalade dans un Moyen-Orient « extrêmement volatile ».
Le représentant de la Fédération de Russie a fustigé « une nouvelle action illégale et irresponsable des États-Unis en Iraq et en Syrie, territoires souverains ». Ces frappes aériennes « massives » ayant tué des civils et des militaires démontrent une fois de plus pour le délégué russe la nature agressive de la politique américaine et le mépris total de Washington pour les normes du droit international. La participation du Royaume-Uni ne peut faire illusion quant à une soi-disant « coalition internationale », a-t-il ajouté. Peut-être que ces actions brutales s’inscrivent dans le cadre de ce que l’on appelle « l’ordre international fondé sur des règles », a ironisé le délégué, un ordre qu’il a qualifié de « construction pseudo-juridique américaine » n’ayant en fait rien à voir avec le droit international.
Avec ces frappes aériennes américaines « spécifiquement conçues pour enflammer davantage le conflit », les États-Unis tentent d’entraîner délibérément les plus grands pays du Moyen-Orient dans un conflit régional, a analysé le délégué. De son point de vue, Washington, sûr de son impunité, continue de semer la destruction et le chaos au Moyen-Orient. Ce qu’il a décrit comme « la plus grande opération aérienne américaine dans la région depuis 2003 » n’a, selon le délégué russe, aucune justification, sauf celle de « montrer les muscles » et d’influencer la politique intérieure américaine, notamment la campagne présidentielle en cours. Pour préserver à tout prix leur position dominante dans le monde, les États-Unis cherchent et continueront à chercher à « éteindre le feu avec de l’essence » et à exacerber les tensions, tant qu’elles profitent à son allié israélien. Selon le délégué russe, il n’y a absolument aucune raison de compter sur une quelconque prudence de l’establishment américain et sur sa volonté de prendre en compte les intérêts des pays de la région: les frappes des 2 et 3 février l’en ont convaincu.
Le représentant de la Sierra Leone a dit être préoccupé par le meurtre des trois soldats américains en Jordanie le 28 janvier dernier et a pris note des mesures menées en réponse par les États-Unis la semaine dernière. Le délégué a appelé au calme, demandant aux parties d’éviter une escalade des tensions pouvant mener à la déstabilisation de la région. Il a dit craindre que les attaques menées par les États-Unis puissent être prises pour un encouragement à l’escalade par certaines parties au conflit. La guerre à Gaza et la crise humanitaire qui s’y déroulent pèsent lourdement sur la région, a-t-il constaté en plaidant pour un cessez-le-feu et pour que l’aide humanitaire parvienne aux populations de Gaza. « Préserver le bien-être des civils doit être la priorité de tous. » Pour cela, il faut éviter la propagation du conflit à Gaza dans toute la région, a exhorté le représentant appelant une fois de plus à prévenir la détérioration de la situation mais aussi à se réengager au règlement pacifique des conflits et à la promotion d’une paix durable dans la région.
Le représentant de la Chine a dénoncé les frappes des États-Unis en Syrie et en Iraq, qui ont été menées en violation de la souveraineté de ces pays. « Nous sommes très préoccupés », a-t-il reconnu, estimant que le Moyen-Orient est au bord du gouffre. « Le plus fort ne doit pas pouvoir imposer sa volonté », a-t-il martelé. Le représentant a noté que la Syrie et l’Iraq ont condamné les attaques des États-Unis et que ce pays assure qu’il ne cherche pas le conflit. Or, selon lui, les États-Unis font le contraire et attisent les tensions. Il a regretté que les actions américaines exacerbent le cycle de la violence au Moyen-Orient, appelant les parties à œuvrer à la désescalade. Enfin, le représentant a estimé que la cause principale de la situation est « notre incapacité à imposer un cessez-le-feu à Gaza ».
Le représentant de l’Algérie, inquiet de l’escalade et de voir le Moyen-Orient au bord de l’effondrement, a estimé que les peuples de Syrie et d’Iraq méritent de vivre en paix. Il a appelé les parties à la plus grande retenue en évitant les mesures pouvant aggraver la situation. Convaincu que la force n’est pas la manière d’imposer la paix et la stabilité, le délégué a invité au dialogue et à une action collective, en laissant de côté la violence, la dissuasion et les punitions. Il a appelé à un traitement de fond des causes profondes de l’instabilité, ainsi qu’à des solutions de long terme pour une paix durable dans la région. La question palestinienne étant la pierre angulaire conditionnant cette paix, le délégué a de nouveau tiré la sonnette d’alarme quant à un risque de propagation régionale du conflit entre Israël et la Palestine. Tous les peuples de la région aspirent à la paix, a-t-il insisté. Pour atteindre cet objectif, un premier pas serait de mettre en place un cessez-le-feu à Gaza, a-t-il affirmé.
La représentante du Royaume-Uni a appuyé tous les efforts visant au maintien de la paix et de la sécurité au Moyen-Orient, y compris en Iraq et en Syrie. « Nous usons de tous les instruments diplomatiques et sécuritaires en vue d’une désescalade des tensions dans la région », a-t-elle assuré. Elle a ensuite dénoncé l’attaque qui a tué trois soldats américains le 28 janvier dernier. Elle a pleinement appuyé le droit des États-Unis à se défendre et à riposter. Elle a rappelé que la coalition internationale a pour but de vaincre Daech, lequel continue de poser une menace grave. De l’avis de la représentante, le soutien politique, financier et militaire de l’Iran aux groupes dans la région entrave la réponse collective face à Daech. « Nous appelons ce régime à contrecarrer ces groupes et à agir pour empêcher toute nouvelle attaque en Iraq, en Syrie et au Yémen », a-t-elle déclaré en conclusion.
La représentante de Malte s’est dite très préoccupée par la situation au Moyen-Orient, notamment en mer Rouge, et exhorté les houthistes à cesser leurs attaques. À toutes les parties, elle a rappelé l’obligation de lutter contre les fauteurs de troubles et de protéger les civils. Elle a appelé pour sa part le Conseil de sécurité à s’attaquer aux causes profondes de la situation et à œuvrer à l’instauration d’une paix durable. « Nous allons continuer à appuyer toutes les initiatives allant en ce sens », a déclaré la déléguée en conclusion.
Le représentant des États-Unis a rappelé que le Président Joseph Biden avait donné l’ordre des frappes aériennes en Iraq et en Syrie contre des groupes liés au Corps des gardiens de la révolution islamique iranienne. Il a justifié ces mesures « proportionnées et indispensables » par le fait qu’elles sont conformes au droit à la légitime défense après les attaques subies par des soldats américains le 27 janvier et lancées par des milices affiliées à l’Iran en Iraq. « La Russie a demandé la tenue de cette réunion sous le prétexte erroné que les États-Unis n’auraient pas le droit de répondre à des attaques faisant des victimes américaines », a répondu le représentant qui a réitéré que les actions des forces armées américaines, le 2 février, étaient nécessaires et proportionnées. Il a révélé que sa délégation avait envoyé plusieurs lettres au Conseil expliquant que les États-Unis prendraient des mesures pour réagir à toute attaque ou aux menaces d’attaques contre des ressortissants américains ou des infrastructures ou soldats américains. La dernière attaque fait partie de cette catégorie, a-t-il indiqué.
Expliquant la riposte, il a assuré que les cibles avaient été choisies pour éviter les victimes civiles. « Ce n’est que le début de notre riposte aux attaques quotidiennes dans la région. » Le délégué a ajouté que ces frappes sont à distinguer de celles de la coalition contre les houthistes au Yémen qui s’en prennent aux navires commerciaux en mer Rouge. Les États-Unis souhaitent éviter tout conflit dans la région, a martelé le délégué en mettant en avant qu’ils œuvrent à la désescalade du conflit à Gaza et en assurant qu’ils ne souhaitent pas un conflit direct avec l’Iran.
L’Iran a appuyé beaucoup d’attaques similaires à celles du 28 janvier, a accusé le délégué mettant en garde ce pays contre toute attaque qui viserait le personnel américain. À son avis, l’Iran ne peut pas réfuter son rôle d’appui à ces attaques ou rejeter sa responsabilité quant à l’escalade des tensions. Le représentant a appelé les membres du Conseil, et notamment ceux qui ont des liens directs avec l’Iran, à demander à celui-ci de modérer ses milices. Les membres du Conseil devraient aussi faire pression pour que la Syrie n’offre plus de plateformes pour que l’Iran déstabilise la région. Le délégué a assuré que les États-Unis n’hésiteront pas à défendre leur personnel et qu’ils veilleront à ce que tous ceux qui s’en prennent aux Américains, y compris l’Iran et ses satellites, rendent des comptes.
Le représentant de la République de Corée s’est alarmé de l’escalade de la violence dans la région, citant les attaques terroristes du Hamas et les représailles israéliennes, les attaques houthistes en mer Rouge ainsi que les bruits de bottes entendus le long de la Ligne bleue entre Israël et le Liban.
Dans ce contexte inflammable, la série d’attaques perpétrées contre les États-Unis et ses alliés par des groupes militants en Iraq et en Syrie -et la riposte américaine- aggravent encore la situation, a-t-il constaté. Le représentant coréen a appelé les groupes militants à cesser leurs provocations tout en prenant note des mesures prises par les forces américaines pour limiter le risque d’escalade.
S’agissant de la riposte américaine et britannique contre les milices houthistes, le délégué a prévenu qu’une erreur de calcul pourrait mettre le feu aux poudres. La meilleure chose à faire à ce stade, selon le représentant, est se concentrer sur la diplomatie pour renforcer la sécurité régionale et favoriser le commerce.
Ces développements ne mettent pas seulement en péril l’économie mondiale, ils compromettent aussi la lutte contre Daech. Évoquant « la terreur et le cataclysme impensables infligés par le groupe depuis 2014 » et l’attentat meurtrier commis par Daech en Iran le mois dernier, le délégué a craint une résurgence du groupe dans la région et prévenu que les récentes attaques commises contre les États-Unis et ses alliés menaçaient de saper les efforts pour le combattre.
Le représentant de l’Équateur s’est inquiété de l’escalade de la violence au Moyen-Orient. Les attaques du 2 février dernier dans diverses villes d’Iraq et de Syrie ont couté la vie à des dizaines de militaires et de civils, a-t-il déploré, appelant toutes les parties à la retenue et au respect de la Charte des Nations Unies. Se joignant aux appels de modération du Secrétaire général, il aussi a appelé à éviter d’engager toute action susceptible d’aggraver une situation déjà très fragile. Le délégué a de surcroît invité à user de tous les canaux diplomatiques à disposition pour améliorer la situation.
Le représentant de la Slovénie s’est dit extrêmement préoccupé par les développements actuels. La coalition en Iraq est sous le feu d’attaques croissantes, tandis que la situation en Syrie se détériore, a-t-il noté. Préoccupé par le cycle de la violence dans toute la région, il a appelé à un cessez-le-feu humanitaire à Gaza. « Nous pensons que c’est le meilleur espoir de commencer à restaurer le calme dans la région et d’empêcher un autre bain de sang. » Il a également exhorté au respect du droit international humanitaire, avant d’appeler les acteurs à faire preuve de la plus grande retenue et à œuvrer à la désescalade.
Le représentant du Japon a retenu que les États-Unis disent avoir mené des frappes aériennes contre des installations de militants affiliés à l’Iran et d’autres groupes en Iraq et en Syrie, à la suite de l’attaque du 28 janvier contre les troupes américaines en Jordanie, afin de mettre un terme aux attaques continues de ces groupes. Il a dit être conscient du fait que les États-Unis ne recherchent pas un conflit plus large au Moyen-Orient ou ailleurs, et qu’ils agissent sur cette base. Alors que les tensions au Moyen-Orient sont déjà très fortes et que la situation sur le terrain est extrêmement volatile, il s’est inquiété de ce qu’un certain nombre de groupes armés non étatiques, de milices et de terroristes lancent des attaques et indiquent vouloir intensifier leurs activités hostiles.
Le représentant a jugé que ce type d’activité ne saurait être justifiable sous aucun prétexte. Il a appelé toutes les parties à s’abstenir de toute action déstabilisatrice telle que le transfert d’armes, y compris de missiles et de drones, et d’autres technologies militaires, à ces acteurs non étatiques. Martelant que personne ne souhaite voir se poursuivre le cycle de la violence et voir augmenter le nombre de victimes civiles, le délégué a fait part de la détermination du Japon à déployer tous les efforts possibles, en étroite coopération avec les autres membres du Conseil et d’autres acteurs clefs, pour rétablir la sécurité et la stabilité et trouver des solutions durables susceptibles de mettre un terme aux combats dans la région.
Le représentant de la Suisse s’est dit préoccupé par l’escalade en cours dans la région depuis le début des hostilités à Gaza et qui a atteint un point dangereux avec les événements de ces 10 derniers jours. « Il existe dans la région un véritable risque pour la paix et la sécurité internationales. » Nous appelons toutes les parties ainsi que les acteurs ayant une influence sur elles à faire preuve d’un maximum de retenue pour éviter une poursuite de l’escalade, a dit le délégué, en rappelant que toute action menée doit être strictement conforme au droit international. « De plus, tous les canaux de communication doivent être utilisés pour éviter des malentendus. » Enfin, il a jugé indispensable de calmer la situation pour parvenir le plus rapidement possible à une désescalade au niveau régional.
Le représentant de la France a jugé inacceptables les frappes qui ont visé des militaires américains engagés dans la lutte contre Daech à la frontière syro-jordanienne le 28 janvier, ajoutant qu’elles portent atteinte aux efforts collectifs contre ce groupe terroriste et menacent la stabilité de toute la région. La France, a déclaré le représentant, exprime sa pleine solidarité à l’égard des États-Unis, aux côtés desquels elle est engagée depuis 2014. « Nous le resterons, pour lutter contre le fléau du terrorisme, aux côtés des pays de la région. » Par ailleurs, la France continuera à appuyer la lutte contre le terrorisme menée par les autorités iraquiennes, aussi longtemps que celles-ci le lui demanderont, dans le plein respect de la souveraineté de l’Iraq. Le représentant a condamné l’attaque menée au moyen de drones armés contre un siège des forces kurdes en décembre, ainsi que la frappe du 15 janvier 2024 à Erbil revendiquée par les Gardiens de la révolution iraniens. Ces actions, qui sont une violation de la souveraineté de l’Iraq, doivent cesser, a grondé le délégué.
En Syrie, a-t-il poursuivi, les hostilités contre les civils au nord-est, au nord-ouest ainsi que dans la zone contrôlée par le « régime » doivent cesser, conformément aux résolutions de ce Conseil. Le délégué a estimé qu’il n’y aura de perspective d’une solution juste et durable en Syrie que lorsqu’un processus politique crédible et inclusif sera engagé sur la base de la résolution 2254 (2015) du Conseil, appelant à tout faire pour éviter un embrasement de la région. Il est aussi urgent de rechercher, collectivement, les voies d’une baisse durable des tensions, a-t-il recommandé en pointant l’Iran pour sa lourde responsabilité à cet égard. Le représentant a mis en garde Téhéran contre toute tentative d’escalade régionale et lui a demandé de cesser immédiatement ses actions déstabilisatrices.
Le représentant du Mozambique a estimé que les représailles menées au Yémen, en Syrie et en Iraq aggravent le cycle de la violence dans la région et risquent d’avoir des répercussions négatives sur l’ensemble du Moyen-Orient, et même au-delà. Ces attaques ont eu lieu alors que les États-Unis, le Qatar et l’Égypte sont engagés dans des contacts diplomatiques visant à mettre fin à la guerre dévastatrice et sanglante entre Israël et le Hamas, s’est-il désolé. À cet égard, le délégué s’est fait l’écho des appels au calme lancés par le Secrétaire général de l’ONU. Le représentant mozambicain a jugé important que toutes les parties concernées fassent, de toute urgence, baisser la tension. Il faut absolument qu’elles évitent une confrontation armée et qu’elles s’engagent dans un dialogue significatif, responsable et constructif, en travaillant à la paix sur le long terme.
La représentante du Guyana a mis en garde contre les risques d’une confrontation régionale. « De tels risques nous concernent tous. » Elle a condamné l’attaque du 28 janvier et appelé à éviter toute provocation susceptible d’alimenter les tensions. « Nous appelons les parties à respecter le droit et la Charte des Nations Unies », a-t-elle lancé. Elle a exhorté le Conseil à ne pas abandonner ses efforts visant à trouver une solution au défi sécuritaire dans la région. La représentante a aussi appelé à un cessez-le-feu à Gaza. « Le Conseil doit mettre un terme à cette tragédie humaine », a-t-elle conclu.
Le représentant de la République arabe syrienne a fermement condamné l’agression dont son pays a été la victime, agression constituant une menace à la paix et à la sécurité régionales et internationales, ainsi qu’une violation flagrante du droit international et du droit international humanitaire. Elle doit donc être condamnée et dénoncée par le Conseil, a-t-il souligné. Il a ensuite fustigé les « prétextes fragiles » et « affirmations trompeuses » de l’Administration américaine, qui tente, a-t-il dit, de justifier ses attaques en présentant une interprétation déformée et erronée de la Charte.
Selon lui, les causes profondes des conflits, des souffrances et de l’instabilité dans la région résident dans la politique des États-Unis, soutien « aveugle » de l’occupation israélienne et des atrocités commises par Israël, y compris « le crime de génocide en cours contre le peuple palestinien ». Le délégué a aussi accusé les États-Unis de financer le terrorisme en soutenant Daech ainsi que d’autres groupes terroristes et milices séparatistes. Les États-Unis, a-t-il enchaîné, se sont profondément immiscés dans les affaires intérieures d’autres pays, y compris celles de la Syrie, en formant des coalitions militaires illégales en dehors du cadre des Nations Unies et de la légitimité internationale, en perpétrant des actes d’agression et d’occupation, ainsi qu’en brimant les peuples avec des mesures coercitives unilatérales et des blocus inhumains et immoraux. Il a exhorté l’Administration américaine à abandonner ses politiques « erronées et destructrices » et à mettre fin à sa présence militaire illégale en Syrie.
Le représentant de l’Iraq a mis en garde contre l’escalade des tensions dans la région. Il a fait valoir la diplomatie équilibrée de Bagdad avec ses voisins de la région et les membres de la communauté internationale. Au cours de ces deux dernières années, l’Iraq s’efforce d’être une source de stabilité régionale. Les relations avec les États de la région et tous les autres pays se basent sur des principes comme la non-ingérence dans les affaires internes et la non-exportation des problèmes internes d’un pays à l’extérieur. Toutefois, l’Iraq voit aujourd’hui des pays amis fouler au pied sa souveraineté, son indépendance et son intégrité territoriale. Le représentant a condamné les attaques américaines qui ont visé des bases militaires, tuant des civils et détruisant des infrastructures. Le territoire iraquien, a-t-il prévenu, ne saurait être utilisé pour des règlements de comptes entre les États. Le Conseil de sécurité doit assumer sa responsabilité de maintien de la paix et de la sécurité internationales et protéger la souveraineté et l’intégrité territoriale de tous les États, a conclu le représentant.
Le représentant de la République islamique d’Iran a fermement condamné des actions militaires américaines illégales et injustifiées, ayant violé de manière flagrante les normes et principes fondamentaux du droit international ainsi que la Charte des Nations Unies. Tous les « groupes de résistance » de la région sont indépendants et leurs décisions et actions sont motivées par leur droit légitime de mettre fin à la présence illégale des États-Unis sur leurs territoires, au génocide à Gaza et à l’occupation du Territoire palestinien. Par conséquent, toute tentative d’attribuer ces actions à l’Iran ou à ses forces armées est sans fondement et inacceptable. L’Iran, a poursuivi son délégué, n’a ni présence militaire en Iraq, ni bases, ni conseillers militaires. En Syrie, les conseillers militaires iraniens ont été invités officiellement par le Gouvernement pour lutter contre le terrorisme. Les affirmations selon lesquelles ce sont des bases iraniennes qui ont été attaquées en Iraq et en Syrie sont donc infondées. C’est plutôt une tentative des États-Unis de détourner l’attention de leurs propres agressions alors que l’Iran n’a jamais cherché à exporter ses différends avec les États-Unis sur le territoire iraquien.
La seule solution pour mettre fin au conflit dans la région et d’empêcher les débordements serait de renvoyer les parties à leurs obligations en vertu du droit international. Il s’agit, en d’autres termes, de forcer Israël à mettre fin au génocide à Gaza, d’établir un cessez-le-feu immédiat, de mettre fin à la présence des forces américaines en Iraq et en Syrie, et de faire pression sur Israël pour qu’il mette fin à son occupation. De même, a poursuivi le délégué, les États-Unis doivent cesser leur obstruction au Conseil de sécurité et permettre l’adoption du projet de résolution proposé par l’Algérie, axé sur le cessez-le-feu à Gaza. L’approche iranienne s’aligne sur l’objectif plus large de restaurer la paix et la stabilité dans la région, tout en répondant aux préoccupations humanitaires actuelles. Le délégué a conclu en prévenant que si son pays était attaqué, il n’hésiterait pas à exercer ses droits et à réagir fermement.