9544e séance - après-midi
CS/15580

Ukraine: le Conseil de sécurité, réuni à la demande de la Russie, débat des responsabilités de l’incident du 3 février à Lysychansk

Réunis de nouveau à la demande de la Fédération de Russie, les membres du Conseil de sécurité ont débattu, cet après-midi, des frappes sur la ville ukrainienne de Lysychansk (région de Louhansk), sous contrôle russe, lesquelles auraient entraîné la mort de 28 civils.  Attribuant ces attaques à l’Ukraine, la Russie a déclaré disposer de preuves que les projectiles sont de fabrication américaine.  Les délégués ont examiné l’incident après un bref exposé de Mme Rosemary DiCarlo, Secrétaire générale aux affaires politiques et à la consolidation de la paix.  Si la plupart des membres du Conseil ont rappelé aux deux parties leurs obligations humanitaires, plusieurs ont également estimé que la Russie devrait être considérée comme principale responsable. 

Rappelant les faits, le représentant de la Fédération de Russie a évoqué une frappe de missile le 3 février dernier, ayant détruit une boulangerie et tué 28 personnes à Lysychansk.  Il a invoqué les conclusions d’enquêteurs russes selon lesquels l’attaque aurait reposé sur des systèmes de roquettes américains HIMARS.  Partant, il a accusé l’Ukraine d’être à l’origine de plusieurs « actes terroristes » pendant ce dernier mois et demi.  Kiev aurait ainsi fomenté un attentat à Voronej et commis un acte terroriste délibéré le 24 janvier dernier contre un avion de transport militaire russe.  Tout cela a conduit le délégué russe à exhorter les membres du Conseil et l’ONU à condamner la frappe ayant touché la ville de Lysychansk et tous les actes terroristes du « régime de Kiev ». 

Plusieurs intervenants ont réagi en lançant un appel aux deux parties.  L’Équateur a ainsi exhorté la Russie et l’Ukraine à observer strictement le droit international humanitaire dans le respect des principes de distinction, de proportionnalité et de précaution.  Une requête également relayée par la Suisse. Dans la même veine, le Mozambique, la Chine, l’Algérie ou encore le Guyana ont exhorté les belligérants à entamer des négociations.  La Sierra Leone a appelé de ses vœux la recherche d’une solution politique et diplomatique, qui respecte la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues. Il faut cesser immédiatement les hostilités, a-t-elle martelé. 

D’autres délégations ont insisté sur la responsabilité particulière qui incomberait à la Russie.  Ainsi, les États-Unis ont estimé que Moscou devait être considérée à « 100% responsable » des décès et des destructions découlant de « la guerre de Putin contre l’Ukraine »; le Royaume-Uni, bien que déplorant les victimes de Lysychansk, a considéré qu’il convenait de ne pas oublier qui est responsable; et la République de Corée a jugé que la « mauvaise décision » de la Russie était à l’origine de ces « situations tragiques ».  De son côté, la France n’a pas hésité à fustiger « le cynisme avec lequel la Russie tente d’inverser les responsabilités » en convoquant cette réunion du Conseil, estimant que sa démarche « insulte notre intelligence ». 

Ces dernières interventions ont été saluées par l’Ukraine, qui a accusé la Russie d’utiliser le Conseil comme tribune pour y diffuser des « infox ».  Son représentant a condamné une diplomatie russe « dénuée de morale ». 

Alarmée comme chacun de l’augmentation « significative » du nombre de victimes en décembre et en janvier, la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix a évoqué aussi bien le pilonnage de Lysychansk que l’intensification des frappes par la Russie et son ciblage des installations de la région de Zaporizhzhia. Selon elle, ces événements montrent que le conflit est particulièrement délétère pour les populations qui résident à proximité des zones de combat actif.  À ce titre, elle a déploré l’insuffisance de l’aide déployée pour les civils en Ukraine et appelé la Russie à ménager un accès humanitaire aux populations sous son contrôle, conformément au droit international. 

 

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Déclarations

Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a commencé son intervention avec un bilan du conflit ukrainien en termes de victimes civiles.  Depuis février 2022, ce sont ainsi 10 382 personnes qui ont été tuées, dont 579 enfants, selon le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme.  La Secrétaire générale adjointe s’est alarmée de l’augmentation « significative » du nombre de victimes en décembre et en janvier, notant que durant ce dernier mois seulement, plus de 158 civils auraient perdu la vie. 

La Secrétaire générale adjointe a ensuite évoqué le pilonnage de la ville ukrainienne de Lysychansk, sous contrôle russe, qui aurait entraîné la mort de 28 personnes.  Elle a également déploré l’intensification des frappes russes, à l’origine de la mort de 4 civils hier, ainsi que le ciblage par la Fédération de Russie de 570 installations dans la région de Zaporizhzhia, à l’origine de la mort de 12 civils.  Les conséquences du conflit sont particulièrement délétères pour les populations qui vivent à proximité des zones de combat actif, a-t-elle averti. 

Saluant le travail des organisations humanitaires, elle a condamné la détérioration de leurs conditions de travail.  À ce titre, elle a rappelé la mort, le 1er février, de deux travailleurs humanitaires français suite à des frappes russes dans la région de Kherson.  Plus de 14,6 millions d’Ukrainiens, soit 40% de la population totale, ont besoin d’aide humanitaire, a-t-elle poursuivi, rappelant que l’ONU a demandé un total de 4,2 milliards de dollars pour aider les communautés touchées. Dans ce cadre, elle a lancé un appel à la Russie pour qu’elle ménage un accès humanitaire aux populations sous son contrôle, rappelant qu’il s’agit d’une obligation en droit international humanitaire.  

Sur une note plus positive, la Secrétaire générale adjointe a relevé les récents échanges de prisonniers entre la Russie et l’Ukraine.  Dans ce cadre, elle a toutefois appelé la Russie à laisser les observateurs internationaux accéder aux prisonniers de guerre.  Dans deux semaines, nous entrerons dans une troisième année de conflit, a-t-elle conclu, estimant que les conséquences du conflit en termes de paix et de sécurité mondiales se font de plus en plus claires.

Le représentant de la Fédération de Russie a indiqué que sa délégation avait demandé la convocation de cette « réunion d’urgence » du Conseil de sécurité suite à une frappe de missile sur la ville de Lissitchansk ayant détruit une boulangerie et tué 28 personnes.  Cette frappe a été effectuée par des systèmes de roquettes HIMARS selon la commission d’enquête de la Russie qui a déjà prélevé des fragments de munitions en cours d’analyse.  Si la délégation russe convoque « trop souvent » le Conseil de sécurité au sujet de la crise ukrainienne, c’est à cause des combattants ukrainiens qui se déchaînent sans retenue commettant « chaque semaine des actes terroristes contre des civils sur les territoires de la Russie », a expliqué le délégué.  « Il s’agit du quatrième acte terroriste en un mois et demi par le régime de Kiev. »  Hier, la Russie a appris que les douaniers géorgiens avaient confisqué des explosifs destinés à effectuer des actes terroristes à Voronej, a signalé le délégué en comparant le Gouvernement de l’Ukraine à l’État islamique.  Il a regretté que les forces armées ukrainiennes se sentent autorisées à agir en toute impunité parce que Washington, Londres ou Bruxelles les soutiennent quoi qu’il arrive. 

Poursuivant, le délégué a accusé les pays occidentaux de sacrifier des vies et la morale humaine.  Il a espéré que les simples citoyens des États-Unis et de l’Union européenne en apprennent davantage sur ce qui est commis à Kiev et sur la participation de leurs autorités à ces actes terribles.  Ils doivent savoir que l’armement destiné à l’Ukraine est utilisé à des fins terroristes et contre des civils et des infrastructures civiles, a-t-il souhaité.  Le représentant a accusé l’Ukraine d’avoir commis un acte terroriste délibéré le 24 janvier dernier contre un avion de transport militaire russe qui transportait 64 prisonniers de guerre ukrainiens. Il s’est étonné du fait que le Président Zelenskyy soit revenu sur la nécessité de mener une enquête internationale sur cet incident à mesure qu’apparaissent de nouvelles preuves de la participation des forces ukrainiennes.  La Russie est prête à informer des résultats de l’enquête nationale menée sur ce crime des forces armées ukrainiennes, a déclaré le représentant qui a, enfin, appelé les membres du Conseil et l’ONU à condamner la frappe contre la ville de Lissitchansk et tous les actes terroristes du « régime de Kiev ».

Le représentant des États-Unis a regretté toutes les victimes civiles.  Comme la Russie ne permet pas un libre accès de la presse, il est difficile de vérifier les informations avancées, a dit le délégué, tout en estimant que le Kremlin est à « 100% responsable » des décès et des destructions découlant de « la guerre de Putin contre l’Ukraine ».  Les attaques visant les civils et les biens civils sont des violations du droit international humanitaire, a-t-il rappelé.  Il a demandé la protection des civils et dénoncé le mépris de la Russie pour le droit international humanitaire.  Il a souligné la nécessité d’enquêter sur toutes les violations de ce droit, en évoquant les atrocités commises par la Russie, notamment à Boutcha. 

C’est la Russie seule qui a lancé cette guerre en violation flagrante de la Charte des Nations Unies et qui essaye de détruire la souveraineté ukrainienne, a-t-il tranché.  Le représentant a dénoncé également l’utilisation par la Russie de missiles balistiques provenant de la République populaire démocratique de Corée, dénonçant un transfert illicite d’armes et de technologies qui sape la sécurité régionale et le régime de non-prolifération.  « La Russie est le seul agresseur dans cette guerre et la seule partie qui puisse mettre un terme à cette guerre », a déclaré le délégué avant de lui demander à nouveau de retirer ses forces du territoire internationalement reconnu de l’Ukraine. 

Le représentant du Mozambique s’est tout particulièrement inquiété des répercussions du conflit sur la stabilité future en Europe et, partant, de ses conséquences sur la sécurité internationale.  Il a estimé que le conflit présentait un risque important d’expansion régionale, voire mondiale.  Nous approchons un point de non-retour, lequel pourrait remettre en cause des décennies de paix en Europe, a-t-il averti, estimant que nous sommes aujourd’hui à un tournant susceptible de définir l’avenir pendant plusieurs générations. Dans ce contexte, la résilience du cadre des Nations Unies est mise à l’épreuve, et le cadre international de règlement des conflits montre ses limites, a-t-il déploré.  Il a conclu en lançant un appel à la recherche d’une solution politique et négociée, en mettant notamment la priorité sur le respect de la souveraineté et le bien être des civils. 

Le représentant de la République de Corée a regretté que le Conseil se réunisse à nouveau pour discuter d’une tragédie causée par la guerre, notamment la tragédie qui s’est produite dans la ville de Lysychansk.  Il a dit être préoccupé par l’augmentation du nombre de civils innocents tués en Ukraine.  Il s’est aussi inquiété de la destruction d’infrastructures civiles pendant la guerre.  Toute attaque contre les femmes et les enfants est inacceptable, a-t-il appuyé en demandant de pleinement respecter les biens indispensables à la survie de la population civile et de protéger les infrastructures civiles.  Le représentant a appelé les parties à respecter le droit international humanitaire afin de protéger la vie et les biens des civils à tout moment.  Si la Russie n’avait pas pris la mauvaise décision, nous ne serions pas aujourd’hui témoins et en deuil de ces situations tragiques, a déploré le délégué qui a demandé à la Fédération de Russie de retirer immédiatement ses forces militaires du territoire ukrainien et de mettre fin à cette guerre, afin d’éviter de nouvelles victimes civiles. 

Le représentant de la Suisse a pris note de la raison invoquée par la Russie pour convoquer le Conseil aujourd’hui, à savoir l’attaque signalée à Lysychansk, une ville occupée par la Russie dans la région de Luhansk, dans l’est de l’Ukraine. « La Suisse déplore la perte de chaque vie, qui représente le coût le plus exorbitant de cette guerre, qui a déjà fait tant de ravages. »  Nous appelons toutes les parties au conflit à strictement respecter le droit international humanitaire et les droits de l’homme, a-t-il dit.  Il a appelé au respect des principes de distinction, de proportionnalité et de précaution dans la conduite des hostilités.  « Nous réitérons la nécessité de garantir un accès humanitaire complet, rapide, sûr et sans entrave dans toute l’Ukraine, y compris dans les territoires sous contrôle militaire russe. »

Le représentant de l’Équateur a fait part d’un sentiment de déjà-vu au Conseil de sécurité.  Il a regretté les récents rapports faisant état de lancement de missiles, évoquant l’attaque sur Lysychansk.  Dans ce cadre, il a exhorté les deux parties non seulement à cesser de cibler les civils et les infrastructures civiles, mais aussi à respecter les principes de proportionnalité et de précaution.  Enfin, le délégué a lancé un appel pour que l’on use de toutes les voies diplomatiques possibles afin de mettre fin au conflit. 

La représentante du Japon a estimé difficile de faire des commentaires officiels sans connaître les faits.  Mais « pourquoi cet incident s’est-il produit à Lysychansk? s’est-t-elle ensuite interrogée en faisant remarquer que sans l’agression non provoquée de la Russie contre un État souverain, cet incident n’aurait pas eu lieu.  La Russie répète ses tentatives inutiles pour nous faire oublier cette évidence, a analysé la déléguée, rappelant un autre fait fondamental selon lequel la Russie est un membre permanent du Conseil de sécurité, avec la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales. 

L’agression russe contre l’Ukraine ne concerne pas seulement l’Europe: elle constitue un défi aux règles et principes de la communauté internationale dans son ensemble, a estimé la déléguée.  En tant que membre de la communauté internationale, son pays est d’avis que la Russie doit cesser de violer la Charte des Nations Unies, assumer ses responsabilités et utiliser sa puissance pour le bien du monde entier. Elle a enfin exhorté une fois de plus la Russie à mettre un terme à son agression et à se retirer immédiatement et sans condition de l’ensemble du territoire internationalement reconnu de l’Ukraine.

Le représentant de la Slovénie a compati avec les familles des victimes de l’attaque perpétrée samedi dernier dans la ville occupée de Lysychansk.  Il a regretté ces pertes inutiles en vies humaines dans cette guerre inutile et illégale.  Le respect du droit international humanitaire et des droits humains doit être garanti par toutes les parties et à tout moment, a prié le délégué en demandant de respecter les dispositions sur la protection des civils, des bâtiments civils et d’autres infrastructures pendant les conflits armés. Il a également demandé de mettre en œuvre la résolution 2573 (2021) du Conseil de sécurité. 

Le représentant a souligné l’importance de la confiance afin d’obtenir l’action du Conseil pour mettre fin à la guerre en Ukraine.  Le délégué a dit avoir réclamé à plusieurs reprises des mesures rapides, efficaces et totales de redevabilité, y compris la justice pour les victimes.  La Slovénie soutient la Cour pénale internationale (CPI), a-t-il ajouté rappelant que son pays est membre du groupe restreint sur la création d’un tribunal spécial sur le crime d’agression contre l’Ukraine.   Il a exigé que la Russie mette fin à sa guerre d’agression et retire ses troupes d’Ukraine. « Ce n’est qu’ainsi que l’on pourra mettre fin à la destruction et aux morts inutiles.  C’est aussi simple que cela. » 

Le représentant de l’Algérie a mis en garde contre une escalade des tensions qui ne peut qu’alourdir encore le bilan des pertes en vies humaines.  Il a déploré la mort de 28 civils lorsqu’une boulangerie a été frappée.  « Comment le simple acte d’acheter du pain peut devenir aussi dangereux! »  Il a souligné la nécessité de mobiliser des efforts diplomatiques intenses pour mettre fin à la crise humanitaire.  Il est capital que toutes les parties ouvrent la voie à la désescalade des tensions et protègent les civils, a poursuivi le délégué.  « Il est également essentiel de créer les conditions pour un dialogue inclusif et constructif, conformément au principe de règlement pacifique des différends. » 

Le représentant de la France a condamné l’attaque russe du 3 février contre le convoi de l’organisation non gouvernementale EPER, laquelle aurait eu lieu alors que les véhicules non blindés arboraient le logo de l’ONG.  À ce titre, il a jugé cette action « délibérée », rappelant que deux secouristes français avaient perdu la vie.  Poursuivant, il a dressé un bilan des hostilités russes, mentionnant plus de 1 500 attaques et rappelant le ciblage de la gare de Kramatorsk, du centre commercial de Krementchouk ou des immeubles résidentiels de Vinytssia.  Dans ce cadre, il a fustigé « le cynisme avec lequel la Russie tente d’inverser les responsabilités », estimant que sa démarche « insulte notre intelligence ». La Russie porte l’entière responsabilité des morts de sa guerre en Ukraine, a-t-il conclu, estimant qu’elle seule a le pouvoir de faire cesser l’hécatombe en cessant son agression.

Le représentant de Malte a déclaré que la Russie avait mené, hier, des attaques contre neuf régions d’Ukraine, tuant au moins quatre civils et en blessant au moins cinq autres.  Ces attaques inhumaines s’ajoutent à la longue liste des atrocités russes, parmi lesquelles l’attaque massive menée dans la région de Kharkiv le 23 janvier, qui a causé la mort de 18 civils et en a blessé 130 autres, a rappelé le délégué avant d’exhorter la Russie à respecter pleinement le droit international, y compris le droit international humanitaire.  Il a aussi réaffirmé le soutien de Malte à tous les processus d’établissement des responsabilités en cours, notamment du travail important de la Cour internationale de Justice et de la Cour pénale internationale, ainsi que d’autres mandats essentiels.  Il a, enfin, de nouveau soutenu le droit à l’indépendance, à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues. 

Le représentant de la Sierre Leone a appelé à respecter la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, à cesser immédiatement les hostilités et à renforcer les efforts diplomatiques pour résoudre le conflit.  Il a pris note du bombardement de la ville de Lysychansk, occupée et contrôlée par la Russie, qui aurait entraîné la mort d’au moins 15 personnes.  Les parties au conflit et les parties impliquées doivent entamer un dialogue constructif et rechercher une voie vers une solution pacifique, a-t-il prié avant de demander également aux parties de protéger les civils à tout moment.  Les manquements à ces obligations doivent faire l’objet d’une enquête et les auteurs doivent être tenus pour responsables. 

Rappelant notamment que la guerre en Ukraine a fait plus de 29 731 victimes, le délégué a demandé que des mesures soient prises pour remédier à la situation humanitaire désastreuse en Ukraine.  « Il faut cesser immédiatement les hostilités. »  Il a expliqué que les parties au conflit doivent s’engager de manière constructive et de bonne foi afin de trouver une solution politique et diplomatique, qui respecte pleinement la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues. 

Le représentant de la Chine a appelé les parties à faire montre de retenue, à respecter le droit international humanitaire et à protéger les civils.  Les parties doivent s’accorder sur une solution sécuritaire qui leur convienne afin d’éteindre les « flammes de la guerre », a-t-il exhorté.  Le représentant a appuyé les efforts internationaux visant à répondre à la crise humanitaire.  La Chine est prête à contribuer à tous les efforts de paix, a conclu le délégué chinois.

Le représentant du Royaume-Uni a regretté toutes les pertes en vies humaines. Il a accusé la Russie d’atrocités à grande échelle, évoquant des actes de torture, des déplacements forcés ou encore des exécutions sommaires.  Le délégué a de même rappelé que la population russe paie elle aussi le prix fort du conflit.  À ce titre, il a fustigé le Président russe pour son obstination, malgré les dommages infligés à la position de son pays dans le monde et à ses propres populations endeuillées.  Il importe de ne pas oublier qui est responsable, a-t-il poursuivi, lançant un appel à la Russie, laquelle a le pouvoir de mettre fin au conflit immédiatement. 

La représentante du Guyana a déploré l’augmentation du nombre des victimes civiles de la guerre entre la Russie et l’Ukraine.  Elle a appelé à la fin immédiate de ce conflit et au retour à la diplomatie, a déploré le recours à la force et a demandé un règlement pacifique de la guerre.  Alarmée par l’intensification des bombardements ces derniers jours, la représentante a appelé les parties à protéger les infrastructures civiles et à éviter de nouvelles souffrances et pertes en vies humaines parmi les civils. Elle a dénoncé les atrocités commises dans cette guerre qui entraînent de graves crises humanitaires et des violations des droits humains.  Ces atrocités auront des répercussions néfastes à long terme sur la vie, la sécurité et le bien-être des civils, a prévenu la déléguée condamnant la détérioration continue de la situation des femmes et des enfants en Ukraine. 

La déléguée a cité l’UNICEF selon lequel il y a plus de 4 millions d’enfants dans le besoin en Ukraine.  Elle a exigé des parties qu’elles protègent les enfants et a demandé qu’elles mettent fin aux attaques contre les écoles, les hôpitaux, l’énergie, l’eau et les systèmes d’assainissement.  Le Guyana, a terminé la représentante, est solidaire du peuple ukrainien et appuie la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  Il faut parvenir à un règlement rapide de ce conflit et mettre fin à la menace qui pèse sur la paix et la sécurité internationales. 

Le représentant de l’Ukraine a jugé stupéfiant le « cynisme débridé du régime de Putin » qui continue d’inventer, encore et encore, de nouvelles allégations contre le pays qu’il a attaqué avec férocité.  Se disant satisfait que de nombreux membres du Conseil aient rappelé qu’il n’y aurait pas de guerre actuellement s’il n’y avait pas eu l’invasion à grande échelle menée contre son pays il y a deux ans, le représentant ukrainien a attaqué son homologue russe, l’accusant de lâcheté face à M. Putin.  Selon lui, la diplomatie russe, « dénuée de morale », n’aura jamais le courage de rappeler à M. Putin un fait des plus simples: c’est lui qui a pris la décision d’envahir l’Ukraine, et c’est aussi son choix d’y mettre un terme en retirant ses troupes. 

Accusant la Russie d’utiliser le Conseil comme tribune pour y diffuser des « infox », il a rappelé que Lysychansk était occupée par la Russie depuis juillet 2022 et que des crimes de guerre atroces et des crimes contre l’humanité y ont été commis.  Le 27 juin 2022, huit civils dont un enfant ont été tués par une roquette russe, alors qu’ils allaient chercher de l’eau.  Un militaire ukrainien a aussi été castré et torturé à mort à proximité de cette ville, a ajouté le délégué, citant une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux.  Il a aussi rappelé que des travailleurs humanitaires, y compris des ressortissants étrangers, y avaient trouvé la mort.  Le délégué a poursuivi en évoquant d’autres crimes de guerre ayant tué des Ukrainiens, dont des enfants, à Kharkiv et Kherson, ainsi qu’autour de ces villes. 

Engagé à faire en sorte que la Russie paie pour ses crimes, le représentant ukrainien a de nouveau exhorté ce pays à retirer ses troupes de l’Ukraine en vertu de la résolution de l’Assemblée générale (A/RES/ES-11/6) datée du 23 février 2023, intitulée « Principes de la Charte des Nations Unies sous-tendant une paix globale, juste et durable en Ukraine ».  L’Assemblée y exige que la Fédération de Russie retire immédiatement, complètement et sans condition toutes ses forces militaires du territoire ukrainien à l’intérieur des frontières internationalement reconnues du pays, et appelle à une cessation des hostilités.

Reprenant la parole, le représentant de la Fédération de Russie s’est inscrit en faux contre des déclarations qualifiées de « cyniques » selon lesquelles les tragédies n’auraient lieu qu’en raison de son intervention en Ukraine.  Il a fait valoir que sans la Russie, des événements tels que les frappes sur Lissitchansk se dérouleraient chaque jour, estimant que tel avait d’ailleurs été le cas pendant les huit années précédant l’opération russe.  Mentionnant la prise de parole du Royaume-Uni, il a accusé l’ancien Premier Ministre britannique Boris Johnson d’avoir sapé la signature d’un accord entre la Russie et l’Ukraine en ordonnant à ses « marionnettes de Kiev » de poursuivre les hostilités.  De ce fait, a-t-il continué, il est responsable de la mort de dizaines de milliers de jeunes ukrainiens sur le champ de bataille. 

Le délégué russe a également fustigé la pratique du « deux poids, deux mesures » par la France, laquelle déplorerait les décès de ses compatriotes, tout en fermant les yeux sur les victimes russes tombées sous les armes qu’elle donne à l’Ukraine.  Il a condamné Paris pour avoir soutenu le « régime néo-nazi » ukrainien pendant huit ans, ainsi que les attaques contre les civils du Donbass.  Accusant la France de prolonger la crise en participant au conflit, il a déploré que des citoyens français, victimes de la propagande, se mettent en danger en se rendant en Ukraine en qualité de volontaires ou de mercenaires. 

Reprenant à son tour la parole, le représentant de la France a dit s’incliner devant la mémoire de toutes les victimes.  Le jour où la Russie cesse la guerre, les victimes cessent, a-t-il établi. Il a rappelé que le niveau de violence dans le Donbass avant le début de la guerre était sans commune mesure avec la violence actuelle.  Enfin, pour répondre aux allégations de nazisme en Ukraine, il a rappelé que les seuls qui s’en réclamaient étaient Molotov et le fondateur de Wagner.  

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