Le Brésil axe sa présidence de la Commission de consolidation de la paix sur le renforcement de son rôle auprès du Conseil de sécurité
Élu par acclamation, cet après-midi, par le Comité d’organisation de la Commission de consolidation de la paix, à la présidence de la CCP, le Représentant permanent du Brésil a présenté ses priorités pour élargir l’impact positif de cet organe, dont la vice-présidence sera assurée par la Croatie et le Kenya.
« La CCP est le lieu pour renforcer nos efforts collectifs en matière de prévention des conflits et de réponse aux défis de l’après-conflit, en vue d’une paix durable », a déclaré M. Sérgio França Danese.
Les priorités de la présidence brésilienne, a-t-il détaillé, s’articuleront notamment sur le renforcement de la Commission; la promotion du dialogue en matière de prévention des conflits; le renforcement du lien entre des institutions fortes, le développement durable, les droits humains, la paix et la sécurité; et la promotion de l’inclusivité afin de créer des sociétés stables et pacifiques. Il a également cité le renforcement de la collaboration avec le Conseil de sécurité pour permettre à la CCP de jouer un rôle plus constructif dans la promotion de l’ordre du jour de cet organe.
La Commission a ensuite entendu son président sortant et Représentant permanent de la Croatie, faire le bilan des 12 derniers mois marqués par le creusement des divisions au sein du Conseil de sécurité et l’éclatement de nouveaux conflits.
« Nous avons réalisé une percée dans le financement de la consolidation de la paix en obtenant 50 millions de dollars provenant des contributions statutaires, une décision d’une importance considérable », s’est notamment enorgueilli M. Ivan Šimonović, qui a par ailleurs évoqué le renforcement du rôle consultatif et de liaison de la CCP, ainsi que de sa coopération régionale avec l’Afrique.
S’agissant de ce nouveau financement, la Sous-Secrétaire générale chargée du Bureau d’appui à la consolidation de la paix, a expliqué que la dotation prévue permettra d’assurer la prévisibilité et la durabilité des ressources, tout en précisant que ces fonds ne seront pas disponibles avant 2025. Une première étape consistera à réviser le mandat du Fonds pour la consolidation de la paix, processus qui devrait débuter au cours des prochains mois, a précisé Mme Elizabeth Spehar.
Rappelant que la Commission a organisé l’année dernière sa toute première réunion avec le groupe consultatif du Fonds pour la consolidation de la paix, la Sous-Secrétaire générale a exhorté les États Membres à poursuivre ce dialogue et à travailler avec son bureau pour explorer d’autres moyens de renforcer les synergies.
L’approbation, par l’Assemblée générale, de cette dotation de 50 millions de dollars en contributions statutaires a également été saluée par les États-Unis. La délégation a en revanche regretté que la Commission n’ait pas été en mesure de fournir des avis ou des conseils concrets au Conseil de sécurité ou au Conseil des droits de l’homme, l’exhortant à élargir encore son action en matière de droits humains; de femmes, de la paix et de la sécurité; de renforcement des institutions et de justice de transition.
L’apport opérationnel de la Commission doit être encore accru vis-à-vis du Conseil de sécurité en produisant des recommandations davantage complémentaires, ciblées, opérationnelles, a estimé la France qui a qualifié d’« essentiel » le dialogue en amont des renouvellements de mandats d’opérations de maintien de la paix. Elle a également exhorté la CCP à appuyer les retraits d’opérations de maintien de la paix, évoquant en particulier la transition de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO).
Le Japon a lui aussi exhorté à optimiser la collaboration entre la Commission et le Conseil de sécurité, la CCP étant à ses yeux une plateforme idoine pour promouvoir des partenariats étroits et mobiliser des financements auprès des institutions financières internationales et du secteur privé.
La CCP devra se pencher sur ce qui est réellement important pour les populations touchées par la violence, en évaluant objectivement l’origine des conflits pour éviter leur récurrence et leur intensification, a conseillé le Pérou qui s’est dit confiant que la CCP apportera, en 2024, une contribution significative au nouvel examen de l’architecture de consolidation de la paix de l’ONU. C’est essentiel pour promouvoir la restructuration d’un contrat social qui donne la priorité au renforcement de la confiance et aux efforts pour parvenir à une coexistence pacifique basée sur la réduction de la pauvreté, de la faim et de l’inégalité, ainsi que sur l’égalité entre les sexes et des systèmes de santé et d’éducation adéquats.
Une note divergente est venue de la Fédération de Russie qui a jugé inacceptable le lien établi entre climat et sécurité dans le processus de consolidation de la paix, estimant plutôt que l’impact potentiel des changements climatiques sur la sécurité devrait faire l’objet d’un examen spécifique pour chaque situation. La CCP devrait concentrer son attention sur les pays ou régions inscrits à son ordre du jour plutôt que sur des débats thématiques généraux, a-t-elle souhaité, insistant en outre sur la nécessité d’impliquer les pays sortant d’un conflit dans les réunions de la Commission.
La prochaine réunion de la Commission de consolidation de la paix sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.