En cours au Siège de l'ONU

Conseil de sécurité: la Fédération de Russie met en garde le « régime de Kiev » et les Occidentaux contre l’emploi de missiles à longue portée contre son territoire

9724e séance – matin
CS/15820

Conseil de sécurité: la Fédération de Russie met en garde le « régime de Kiev » et les Occidentaux contre l’emploi de missiles à longue portée contre son territoire

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, 
la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Réuni ce matin à la demande de la Fédération de Russie pour examiner une nouvelle fois les livraisons d’armes occidentales aux forces armées ukrainiennes, le Conseil de sécurité a entendu la Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, Mme Izumi Nakamitsu, faire état de la poursuite des transferts d’armes et de munitions au profit des deux principaux acteurs de ce conflit.  La délégation russe a profité de cette discussion pour mettre en garde le « régime de Kiev » et ses « protecteurs » occidentaux contre l’emploi de missiles à longue portée contre son territoire. 

Évoquant les restrictions imposées jusqu’alors par les États-Unis et leurs alliés quant à l’utilisation d’armes capables de frapper le territoire russe en profondeur, le représentant de la Fédération de Russie a averti qu’en cas de levée de ces consignes, « les pays de l’OTAN entreraient directement en guerre contre la Russie et nous serions contraints de prendre les décisions qui s’imposent ».  Ce scénario, a-t-il ajouté, est bien compris par les stratèges occidentaux, comme l’attestent « des documents du Département de la défense des États-Unis sur les conséquences d’une guerre nucléaire pour le secteur agricole de l’est de l’Europe ». 

Pour le délégué russe, « la faute ne peut être entièrement rejetée sur Kiev » puisque l’emploi de telles armes n’est possible qu’avec l’aide de données de renseignement provenant de satellites américains et européens.  De fait, a-t-il avancé, la décision des Occidentaux porte moins sur le fait d’autoriser « le régime de Zelenskyy » à utiliser ces armes à longue portée contre la Russie que sur la détermination des « cibles à frapper ». 

Alors que l’Ukraine essuie « défaite sur défaite » sur le terrain, y compris dans la région russe de Koursk, elle et ses « protecteurs » occidentaux « cherchent toujours une arme magique qui permettrait d’inverser la situation », a ironisé le représentant, selon lequel les forces ukrainiennes auraient déjà épuisé leurs réserves en missiles ATACMS américains.  À tel point, a-t-il affirmé, que Washington envisagerait de leur livrer des JASSM, plus puissants que les missiles franco-britanniques Scalp/Storm Shadow.  Accusant par ailleurs l’armée ukrainienne d’utiliser, avec l’aval occidental, des substances toxiques et chimiques « dans la zone de l’opération militaire spéciale », il a réfuté les « insinuations » du « chef de la junte néonazie » sur la livraison de missiles balistiques iraniens à la Russie. 

Dénonçant « la propagande et les mensonges hallucinants » de la délégation russe, les États-Unis ont estimé que le seul « fait nouveau » depuis la dernière réunion sur cette question concerne la livraison à la Russie, début août, du premier lot de missiles iraniens d’une portée de 120 kilomètres.  Ces missiles s’ajoutent aux milliers de drones envoyés par l’Iran à la Russie depuis 2022 et utilisés par les forces russes avec des effets dévastateurs sur les civils et les infrastructures civiles de l’Ukraine, a souligné la délégation américaine.  Selon elle, ce partenariat russo-iranien menace la sécurité européenne et contribue à déstabiliser le Moyen-Orient et le monde entier. 

« Les missiles balistiques iraniens à courte portée atteindront bientôt le sol européen », a renchéri le Royaume-Uni, pour qui le transfert de ces armes à la Russie augmente la capacité de celle-ci à lancer des attaques à courte portée sur les lignes de front, « lui permettant ainsi d’utiliser davantage ses missiles à longue portée pour frapper plus profondément à l’intérieur de l’Ukraine ».  De surcroît, a-t-il ajouté, la Russie continue d’acheter des quantités importantes d’armes, notamment des missiles balistiques, à la République populaire démocratique de Corée (RPDC) pour les utiliser contre l’Ukraine, en violation des résolutions du Conseil de sécurité pour lesquelles la Russie elle-même a voté. Une coopération militaire également condamnée par le Japon et la République de Corée, tous deux voisins de la RPDC, ainsi que par Malte et la Suisse. 

Même indignation de la part de la France, qui a relevé qu’en contrepartie de ce soutien à sa guerre d’agression, la Russie intensifie sa coopération militaire avec la RPDC, « ce qui pourrait permettre à Pyongyang de développer encore ses programmes balistiques et d’armes de destruction massive, avec des répercussions graves sur la stabilité régionale et internationale ». Quant à l’exportation par l’Iran de missiles balistiques vers la Russie, elle a appelé Téhéran à y mettre fin immédiatement et a annoncé son intention de travailler à la désignation d’individus et d’entités impliqués dans ces transferts. 

Accusée par les États-Unis de « prolonger l’agression russe de l’Ukraine » avec des transferts d’armes et de composantes de pièces détachées à la Russie, la Chine a répété qu’elle « n’est pas partie à cette crise », qu’elle « ne fournit pas d’armes » à l’un ou l’autre des belligérants et qu’elle « maîtrise l’utilisation des articles à double usage ».  Plutôt que de s’employer à discréditer la Chine, les États-Unis devraient plutôt cesser de faire la « sourde oreille » aux initiatives de paix telles que le consensus sino-brésilien en 6 points ou encore la proposition africaine en 10 points, a-t-elle soutenu. 

Avant ces échanges tendus, la Haute-Représentante pour les affaires de désarmement a confirmé, en début de séance, la poursuite d’une assistance militaire et du transfert d’armes et de munitions aux forces armées ukrainiennes ces dernières semaines.  Comme précédemment, Mme Izumi Nakamitsu a ajouté que des États « transfèrent ou envisagent de transférer » des armes telles que des drones, des missiles balistiques et des munitions aux forces armées russes et que ces armes « ont été utilisées et seront probablement utilisées en Ukraine ». 

Mme Nakamitsu a rappelé que tout transfert d’armes et de munitions doit être conforme au cadre juridique international applicable, y compris aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, qui dans certains cas imposent des sanctions et des mesures restrictives sur de tels transferts.  Elle a été appuyée sur ce point par le Mozambique et la Sierra Leone, qui se sont alarmés des risques de détournement.  Tout en reconnaissant que l’afflux d’armes est susceptible d’intensifier les combats, la Slovénie a, pour sa part, fait valoir qu’il existe une distinction claire entre l’aide militaire, en soutien à la légitime défense, et les transferts d’armes qui soutiennent l’agression. Dans cette optique, elle a promis de maintenir son aide à l’Ukraine dans le respect du droit international. 

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Exposé

Mme IZUMI NAKAMITSU, Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, a indiqué que, depuis le dernier exposé au Conseil de sécurité sur ce sujet il y a seulement deux semaines, la fourniture d’une assistance militaire et le transfert d’armes et de munitions aux forces armées ukrainiennes se sont poursuivis dans le contexte de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine lancée par la Fédération de Russie le 24 février 2022, en violation de la Charte des Nations Unies et du droit international.  Elle a précisé que, selon les informations provenant de divers gouvernements, ces transferts portent sur des armes conventionnelles lourdes telles que des chars de combat, des véhicules blindés de combat, des avions de combat, des hélicoptères, des systèmes d’artillerie de gros calibre, des systèmes de missiles et des véhicules aériens de combat sans équipage (drones), ainsi que des munitions télécommandées et des armes légères et de petit calibre. 

Il a également été signalé que des États transféraient ou envisageaient de transférer des armes telles que des drones, des missiles balistiques et des munitions aux forces armées russes et que ces armes ont été utilisées et seront probablement utilisées en Ukraine, a-t-elle ajouté, rappelant que tout transfert d’armes et de munitions doit être conforme au cadre juridique international applicable, y compris aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, qui dans certains cas imposent des sanctions et des mesures restrictives sur de tels transferts. 

La haute fonctionnaire s’est déclarée particulièrement préoccupée par les informations relatives à l’utilisation et au transfert d’armes à sous-munitions depuis le début du conflit et à la contamination généralisée de territoires ukrainiens par des mines et des restes explosifs de guerre. Après avoir appelé tous les États à respecter leurs obligations en matière de droit international humanitaire et à devenir parties en priorité aux traités de désarmement, elle a enjoint les États importateurs, de transit, producteurs et exportateurs à agir de manière responsable à chaque étape de la chaîne de transfert d’armes et de munitions afin de prévenir et de détecter le détournement, le trafic illicite et l’utilisation abusive.  Les évaluations des risques, le marquage et la tenue de registres avant le transfert, ainsi que les capacités de traçage et d’enquête, sont de la plus haute importance, a souligné la Haute-Représentante, plaidant également pour une gestion efficace des stocks d’armes et de munitions, ainsi que pour des mesures de contrôle des douanes et des frontières. 

Depuis le 24 février 2022, a poursuivi Mme Nakamitsu, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a recensé plus de 11 700 civils tués et plus de 24 600 civils blessés en Ukraine. Selon la même source, août a été le deuxième mois le plus lourd en victimes en 2024 -après juillet- avec au moins 184 civils tués et 856 blessés en Ukraine.  Tout en notant que l’utilisation de drones et de missiles par la Fédération de Russie continue de causer des morts et des blessés parmi les civils et d’endommager les infrastructures civiles en Ukraine, elle a fait état d’un certain nombre de frappes transfrontalières utilisant des missiles et des drones menées par l’Ukraine à l’intérieur de la Fédération de Russie, certaines ayant entraîné des victimes civiles et des dommages aux biens de caractère civil.  Les drones et les missiles ne doivent pas être utilisés d’une manière incompatible avec le droit international humanitaire, a-t-elle fait valoir, avant d’appeler à éviter l’utilisation d’armes explosives dans les zones peuplées et à distinguer les objets civils et les objectifs militaires. 

Assurant que l’ONU continuera d’œuvrer en faveur d’une paix globale, juste et durable en Ukraine, elle a formé le vœu que la soixante-dix-neuvième session de l’Assemblée générale des Nations Unies « contribuera à trouver des solutions pour combler les divisions politiques et mettre fin aux conflits qui causent tant de morts et de souffrances ». 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale organise les travaux d’une nouvelle session axée sur la paix, le développement et la dignité

Soixante-dix-neuvième session
2e séance plénière – matin
AG/12624

L’Assemblée générale organise les travaux d’une nouvelle session axée sur la paix, le développement et la dignité

L’Assemblée générale a adopté, ce matin, une série de recommandations de son Bureau pour l’organisation de sa soixante-dix-neuvième session dont le thème est « Ne laisser personne de côté: agir ensemble pour la paix, le développement durable et la dignité humaine des générations présentes et futures ».  Elle a aussi approuvé la prorogation exceptionnelle du mandat de Mme Fatoumata Ndiaye, Secrétaire générale adjointe aux services de contrôle interne, jusqu’au 24 octobre 2026. 

Le débat général de l’Assemblée débutera le 24 septembre et se déroulera jusqu’au lundi 30 septembre, y compris le samedi 28 septembre.  Le Président a attiré l’attention des délégations sur les règles relatives à l’exercice du droit de réponse aux discours de chefs d’État, qui doit être fait uniquement par écrit. 

L’Assemblée a approuvé la répartition des questions à l’ordre du jour de ses six grandes commissions et de ses séances plénières, tel que cela figure dans le premier rapport du Bureau

Cent soixante-dix-neuf points sont à l’ordre du jour de l’Assemblée pour toute l’année, réparties au sein des grands thèmes suivant: promotion d’une croissance économique soutenue et d’un développement durable; maintien de la paix et de la sécurité internationales; développement de l’Afrique;  promotion des droits humains; efficacité de la coordination des opérations d’assistance humanitaire; promotion de la justice et du droit international; désarmement; contrôle des drogues, prévention du crime et lutte contre le terrorisme international sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations; questions d’organisation, questions administratives et autres questions. 

En ce qui concerne le point 62 (« La situation dans les territoires ukrainiens temporairement occupés »), la représentante de la Fédération de Russie a critiqué sa formulation qui, à son avis, ne reflète pas la réalité et sème la confusion.  Elle a aussi estimé que cela nie le principe fondamental du droit à l’autodétermination. La russification des orthodoxes en Ukraine n’a pas laissé d’autre choix que l’autodétermination, a-t-elle rappelé en revenant à ce qui s’est passé à partir de 2014.  Selon elle, la formulation partiale et incorrecte du point 62 empêche d’en discuter à l’Assemblée générale.  La déléguée a en outre dénoncé le double emploi que constitue l’inscription de cette question à l’ordre du jour de l’Assemblée, alors que le Conseil de sécurité l’examine déjà. 

Son homologue de l’Ukraine a salué au contraire cette inscription, se disant peu surprise par « les manipulations de la délégation russe ». L’inscription de ce point résulte de la résolution 77/229, a-t-elle rappelé.  La déléguée a regretté le mépris de la Fédération de Russie vis-à-vis de l’Assemblée générale, alors que c’est l’organe le plus représentatif de l’ONU. L’inscription de ce point est de la plus haute importance, a-t-elle conclu en rappelant que le débat de cette année avait suscité un intérêt substantiel chez les États Membres, ce qui atteste de son importance. 

Parmi les autres recommandations du Bureau, le Président de l’Assemblée a rappelé que la participation du Saint-Siège, de l’État de Palestine et de l’Union européenne, en leur qualité d’observateur, ne donnera pas lieu à une explication liminaire avant chaque intervention.  Il a cité les différents textes applicables pour chaque observateur. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: au Yémen, la dynamique actuelle vient rappeler brutalement le risque d’un retour d’une guerre à grande échelle, avertit l’Envoyé spécial

9723e séance – matin            
CS/15819

Conseil de sécurité: au Yémen, la dynamique actuelle vient rappeler brutalement le risque d’un retour d’une guerre à grande échelle, avertit l’Envoyé spécial

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Deux hauts responsables de l’ONU ont décrit, ce matin devant le Conseil de sécurité, la dynamique actuelle au Yémen, estimant qu’elle constituait un rappel brutal d’un risque bien réel de retour à une guerre à grande échelle dans le pays, ainsi que la situation humanitaire dramatique du pays.  Comme les membres du Conseil après eux, les intervenants ont dit craindre les conséquences déstabilisatrices de la guerre à Gaza sur le Yémen, réclamé la libération des travailleurs humanitaires détenus par les houthistes du mouvement Ansar Allah, qu’ils ont accusés des attaques contre des navires en mer Rouge, menaçant la stabilité régionale et la sécurité maritime internationale.

M. Hans Grundberg, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, a réclamé dès le début de son exposé la libération immédiate et sans condition des travailleurs humanitaires yéménites et internationaux ainsi que des diplomates et employés du secteur privé et des communautés religieuses minoritaires détenus par Ansar Allah.  Il a ensuite rappelé que son objectif principal restait l’obtention, par la médiation, d’une résolution durable et juste du conflit au Yémen, avant de regretter que la guerre à Gaza et l’escalade régionale compliquent ses efforts.  M. Grundberg a lancé un appel en faveur d’un cessez-le-feu immédiat, la libération immédiate et sans condition de tous les otages et d’une augmentation massive de l’aide humanitaire à Gaza. 

L’Envoyé spécial a décrit les conséquences déstabilisatrices de la guerre à Gaza sur le Yémen.  Rappelant qu’Ansar Allah avait poursuivi ses attaques contre des navires en mer Rouge, présentées comme des représailles aux attaques israéliennes à Gaza mais qui menacent la stabilité régionale et la sécurité maritime internationale, M. Grundberg s’est dit particulièrement préoccupé par les conséquences de l’attaque du pétrolier M.V. Sounion avant d’exhorter le groupe houthiste à cesser de prendre pour cible les navires civils, dans la mer Rouge et au-delà. 

M. Grundberg a également déploré une situation intérieure militaire qui ne s’est pas améliorée, avec des activités militaires inquiétantes le long des lignes de front et l’escalade verbale entre les parties belligérantes.  La dynamique actuelle est un rappel brutal que la menace d’un retour à une guerre à grande échelle reste toujours présente, a-t-il prévenu.  L’Envoyé spécial a toutefois dit « être résolu à s’engager avec toutes les parties au conflit afin de trouver des solutions immédiates et à plus long terme ».  Mentionnant des « discussions approfondies » avec des interlocuteurs clefs, il a fait état de discussions constructives sur la question prioritaire de la libération des détenus et noté que les communications avec les commandants militaires se poursuivaient afin d’assurer un fonctionnement efficace des mécanismes de cessez-le-feu.  C’est en s’engageant durablement et de manière ciblée sur des questions économiques, le cessez-le-feu à l’échelle nationale et un processus politique global et inclusif, que le Yémen pourra parvenir à une paix durable, a affirmé l’Envoyé spécial. 

« Le temps presse si nous voulons éviter une catastrophe humanitaire », a pour sa part affirmé Mme Joyce Msuya, Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence. Affirmant que 62% des ménages yéménites déclarent ne pas disposer d’assez de nourriture, elle a également rappelé que le Yémen est confronté aux effets de pluies dévastatrices, d’inondations et de glissements de terrain, ainsi qu’à une épidémie de choléra en pleine expansion. Mme Msuya a déploré un financement très insuffisant de la réponse humanitaire, relevant notamment que le mécanisme de réponse rapide n’avait reçu que 6,4 millions des 17,9 millions de dollars nécessaires.  C’est pourquoi, a-t-elle expliqué, elle avait autorisé le Fonds central pour les interventions d’urgence (CERF) à débloquer 20 millions de dollars pour la réponse au Yémen, tout en avertissant que ce fait ne dispensait aucunement les États Membres et les autres donateurs d’augmenter leur soutien financier à cette réponse.

L’intensification de la réponse humanitaire nécessitera le soutien de la communauté internationale et la coopération des parties, a souligné Mme Msuya, qui a déploré la persistance d’obstacles à l’accès et d’interférences avec les activités humanitaires.  Elle a en particulier rappelé aux autorités de facto leur devoir de protéger les travailleurs humanitaires, libérer toutes les personnes arbitrairement détenues et faciliter l’aide humanitaire. 

Les membres du Conseil se sont particulièrement appesantis sur cet appel aux houthistes à libérer le personnel humanitaire, yéménite comme international.  Pour les États-Unis, « le moment est venu pour l’ONU de revoir ses opérations et ses programmes non vitaux au Yémen afin de garantir la sûreté et la sécurité de ses employés ». 

L’arrêt des attaques contre les navires commerciaux en mer Rouge et partout ailleurs a été réclamé par les différentes membres du Conseil, y compris la Fédération de Russie.  Pour cette dernière toutefois, « l’obstacle, ici, est la résolution des États-Unis et du Royaume-Uni à poursuivre la lutte armée contre Ansar Allah plutôt que la désescalade de la violence du conflit israélo-palestinien ».  La Chine a abondé dans la même direction, appelant à « mettre tous les moyens en jeu pour restaurer la paix et la sécurité au Moyen-Orient ».  Les A3+ (Algérie, Guyana, Mozambique et Sierra Leone) ont affirmé qu’une réponse rapide et une action diligente restaient nécessaires pour résoudre les conflits plus larges dans la région, insistant notamment sur l’urgence d’un cessez-le-feu à Gaza, lequel reste essentiel à la stabilité du Moyen-Orient.

En revanche, pour le Yémen, ce sont les houthistes qui sapent le processus de paix avec leur escalade militaire en mer Rouge et sur le terrain en ciblant les civils, ainsi qu’en menant une lutte économique contre les dirigeants du pays.  Le représentant a exigé un processus politique qui respecte la volonté des Yéménites.  Les houthistes doivent revenir à la table des négociations conduites par l’Envoyé spécial, a réitéré la France souhaitant en outre que soit garantie la participation effective des femmes yéménites aux négociations.  « Plutôt que de poursuivre des attaques imprudentes et des détentions de civils innocents, les houthistes doivent donner la priorité aux besoins des Yéménites en s’engageant dans les négociations du processus de paix », a renchéri le Royaume-Uni qui a appelé à l’arrêt immédiat des livraisons d’armes aux houthistes. 

Le Conseil a également entendu une représentante de la société civile, Mme Linda Al Obahi, Conseillère principale aux affaires politiques et en médiation de « Peace Track Initiative » dont le travail se concentre sur le soutien à la consolidation d’une paix inclusive au Yémen et sur la défense des droits des femmes. Après avoir mentionné que 6,3 millions de femmes et de filles yéménites sont exposées à un risque accru de violences domestiques, sexuelles et de mariage forcé, elle a dénoncé les tortures physiques et mentales et viols subis par les femmes en détention, en particulier dans les prisons houthistes. Se disant « déçue » face à la tiédeur de la réaction internationale à ces développements, elle a exhorté les agences onusiennes et les organisations internationales opérant au Yémen à militer beaucoup plus fermement en faveur de la libération immédiate et inconditionnelle des détenus.  Elle a également dit craindre qu’en l’absence de possibilité pour les femmes d’influencer de manière significative le processus de paix mené par l’ONU, les consultations des diverses représentantes féminines restent symboliques, alors que, pour la première fois en 24 ans, aucune femme n’occupe de poste au Gouvernement ni ne fait partie du Conseil de direction présidentiel du Yémen, malgré l’existence d’un quota minimum de 30% de femmes dans les instances dirigeantes du pays. 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Exposés

M. HANS GRUNDBERG, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, a d’abord réclamé la libération immédiate et sans condition des travailleurs humanitaires yéménites et internationaux ainsi que les diplomates et employés du secteur privé et des communautés religieuses minoritaires détenus par Ansar Allah.  Leur détention est une profonde injustice, réduit l’espace civique et a un impact négatif sur les efforts humanitaires pour les Yéménites, a-t-il affirmé, demandant qu’Ansar Allah s’abstienne de toute nouvelle détention arbitraire. 

Mon objectif principal reste la médiation d’une résolution durable et juste du conflit au Yémen, a déclaré l’Envoyé spécial, qui a regretté que la guerre à Gaza et l’escalade régionale compliquent ses efforts.  M. Grundberg a lancé un appel en faveur d’un cessez-le-feu immédiat, la libération immédiate et sans condition de tous les otages et d’une augmentation massive de l’aide humanitaire à Gaza. 

Les conséquences déstabilisatrices de la guerre à Gaza ont un impact négatif sur le Yémen, a ensuite rappelé l’Envoyé spécial.  Ansar Allah a poursuivi ses attaques contre des navires en mer Rouge, menaçant la stabilité régionale et la sécurité maritime internationale.  En réponse, les États-Unis et le Royaume-Uni ont continué de frapper des cibles militaires à l’intérieur du Yémen.  Se disant préoccupé face à cette escalade, M. Grundberg a demandé aux parties de donner la priorité au Yémen et au règlement du conflit au Yémen.

L’Envoyé spécial s’est dit particulièrement préoccupé par l’attaque d’Ansar Allah du pétrolier M.V. Sounion, battant pavillon grec, qui présente une menace imminente de marée noire et d’une catastrophe environnementale d’une ampleur sans précédent au Yémen et dans la région.  Il a exhorté Ansar Allah à cesser de prendre pour cible les navires civils dans la mer Rouge et au-delà.

M. Grundberg a déploré une situation intérieure militaire qui ne s’est pas améliorée, avec des activités militaires inquiétantes le long des lignes de front et l’escalade verbale entre les parties belligérantes.  Bien que les niveaux de violence restent inférieurs à ceux d’avant la période de trêve de 2022, les affrontements à Dalea, Hodeïda, Lahj, Mareb, Saada, Chaboua et Taëz entraînent souvent des pertes en vies humaines inutiles et tragiques.  La dynamique actuelle est un rappel brutal que la menace d’un retour à une guerre à grande échelle reste toujours présente, a-t-il averti.

Sur le plan économique, l’accord conclu entre les parties le 23 juillet sur la désescalade économique a permis d’éviter une crise aiguë, a observé l’Envoyé spécial, qui a toutefois noté que la situation économique des Yéménites continue de se détériorer.  À cela s’ajoutent les catastrophes naturelles qui touchent de manière disproportionnée les plus vulnérables notamment à Hodeïda et Hajja.  L’ampleur de cette perte souligne l’importance de rester concentré sur les besoins du peuple yéménite.  Il est également crucial que les Yéménites travaillent ensemble de part et d’autre sur les lignes de front pour répondre aux urgences sans entraver les efforts de sauvetage.

L’Envoyé spécial a déclaré être « résolu à s’engager avec toutes les parties au conflit afin de trouver des solutions immédiates et à plus long terme ».  Il a fait part de discussions approfondies avec des interlocuteurs clefs à Aden, Taëz, Dalea, Riyad, Le Caire et Londres.  Ces engagements ont été constructifs sur les questions économiques, a-t-il estimé.  Il y a aussi des discussions constructives sur la libération des détenus, qui reste une priorité absolue. 

Ces signaux positifs ne suffisent toutefois pas eux seuls, a poursuivi l’Envoyé spécial, pour qui le peuple yéménite doit rester la priorité.  Il a donc demandé des actions concrètes qui contribuent à la désescalade et à l’avancement de la paix, encourageant la mise en œuvre effective de l’accord de juillet sur la désescalade dans le secteur bancaire et Yemenia Airways.  Il a relevé que les communications avec les commandants militaires se poursuivent afin d’assurer un fonctionnement efficace des mécanismes de cessez-le-feu.  Pour sa part, le Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH) se prépare à d’autres consultations avec les partis politiques et la société civile afin de promouvoir un processus de paix inclusif au Yémen.  Les voix de tous les segments de la société yéménite doivent être entendues, a rappelé M. Grundberg.

C’est en s’engageant durablement et de manière ciblée sur des questions économiques, le cessez-le-feu à l’échelle nationale et un processus politique global et inclusif, que le Yémen pourra parvenir à une paix durable, a encore affirmé l’Envoyé spécial, qui a demandé le soutien indéfectible du Conseil à ses efforts pour obtenir la libération du personnel des Nations Unies détenu et pour réfuter les accusations sans fondement portées sur les différentes agences onusiennes et des partenaires humanitaires.  L’ONU, par l’intermédiaire de tous ses organismes, continuera d’œuvrer sans relâche pour le bien-être du peuple yéménite, a-t-il conclu. 

Mme JOYCE MSUYA, Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence, a commencé par exprimer sa profonde préoccupation face à la détention arbitraire persistante de membres du personnel des Nations Unies et d’organisations non gouvernementales ainsi que de représentants de la société civile par les autorités de facto houthistes.  Si la plupart de ces personnes sont détenues depuis plus de trois mois, quatre autres le sont depuis 2021 et 2023, a-t-elle précisé, appelant à leur libération immédiate et inconditionnelle.  L’ONU mène des actions diplomatiques à cette fin, a indiqué Mme Msuya, avant d’exhorter tous les États Membres à exercer l’influence dont ils disposent pour soutenir ces efforts.  Elle a par ailleurs dénoncé les accusations mensongères des autorités de facto houthistes concernant les travailleurs humanitaires, notamment celles faisant état d’une ingérence dans le système éducatif du Yémen, avertissant que de telles allégations menacent la sécurité du personnel et entravent encore davantage la capacité de l’ONU et de ses partenaires à servir le peuple yéménite. 

Mme Msuya a ensuite évoqué la situation humanitaire au Yémen, laquelle ne cesse de se détériorer, 62% des ménages interrogés déclarant ne pas avoir assez de nourriture.  Pour la première fois, a-t-elle relevé, 3 districts –2 à Hodeïda et un à Taëz– sont confrontés à des niveaux de malnutrition extrêmement critiques (phase 5 du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire) et 4 autres devraient atteindre ce niveau d’ici à octobre.  Dans les zones contrôlées par le Gouvernement du Yémen, 600 000 enfants devraient, d’ici à la fin de l’année souffrir de malnutrition aiguë et environ 118 000 de malnutrition aiguë sévère, soit une augmentation de 34% depuis 2023.  « Le temps presse si nous voulons éviter une catastrophe », a prévenu Mme Msuya, pour qui l’intensification de la réponse humanitaire nécessitera le soutien de la communauté internationale et la coopération des parties. 

Alors que les besoins augmentent, les attaques contre les navires en mer Rouge continuent de poser des risques environnementaux importants, a déploré l’intervenante, qui a rappelé que l’ONU suit de près la tentative de sauvetage du navire marchand Sounion.

En plus de ces défis, le Yémen est confronté aux effets de pluies dévastatrices, d’inondations et de glissements de terrain, ainsi qu’à une épidémie de choléra en pleine expansion, a ajouté Mme Msuya, indiquant qu’à ce jour, 177 000 personnes ont reçu une forme d’aide d’urgence.  Toutefois, à l’approche du dernier trimestre de l’année, l’appel humanitaire coordonné n’est financé qu’à 28%, les programmes de sécurité alimentaire et agricole qu’à 9% et les activités de soutien aux refuges qu’à 16%, a-t-elle alerté.  Quant au Mécanisme de réponse rapide, principal outil de l’OCHA pour répondre aux situations d’urgence soudaines, il n’a reçu que 6,4 millions des 17,9 millions nécessaires. 

En réponse à la gravité de cette pénurie de financement, la Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires a dit avoir accepté de débloquer 20 millions de dollars du Fonds central d’intervention d’urgence des Nations Unies (CERF) pour la réponse au Yémen.  Ceci ne dispense pas les États Membres et les autres donateurs d’augmenter leur soutien financier à cette réponse, a-t-elle averti. 

Outre un financement adéquat, une réponse efficace nécessite que les parties respectent leurs obligations de faciliter les opérations de secours humanitaires, a souligné Mme Msuya, qui a déploré la persistance d’obstacles à l’accès et d’interférences avec les activités humanitaires.  Affirmant avoir récemment reçu l’assurance du nouveau cabinet formé par les autorités de facto houthistes qu’il travaillera avec l’ONU et la communauté humanitaire dans son ensemble pour relever ces défis d’accès, elle l’a exhorté à prendre des mesures concrètes pour respecter ces engagements, protéger les travailleurs humanitaires, libérer toutes les personnes arbitrairement détenues et faciliter l’aide humanitaire. 

Parallèlement, l’OCHA a pris des mesures pour minimiser l’exposition de son personnel aux risques dans les zones contrôlées par les houthistes, ce qui a pour conséquence une réponse plus restreinte, a-t-elle expliqué.  Lorsque les exigences minimales seront remplies en matière de sûreté et de sécurité du personnel des Nations Unies et des autres travailleurs humanitaires, nous espérons sincèrement pouvoir à nouveau élargir les programmes, a-t-elle confié.  Dans ce contexte, elle a une nouvelle fois enjoint aux parties de respecter le droit international humanitaire, d’abandonner la voie du conflit et de donner la priorité aux progrès en faveur d’une paix durable. 

Mme LINDA AL OBAHI, Conseillère principale aux affaires politiques et en médiation de « Peace Track Initiative », a précisé que son travail se concentre sur le soutien à la consolidation d’une paix inclusive au Yémen et sur la défense des droits des femmes.  Elle a relevé que 6,3 millions de femmes et de filles yéménites sont exposées à un risque accru de violences basées sur le genre, notamment de violences domestiques et sexuelles.  Nombre d’entre elles ont été contraintes de recourir à des mécanismes d’adaptation extrêmes, notamment le mariage forcé ou précoce, et plus de 30% des filles sont mariées avant l’âge de 18 ans.  Les femmes et les filles issues de minorités et de groupes marginalisés comme les Muhamasheen et les Baha'ies sont encore plus touchées de manière disproportionnée, a-t-elle argué. 

Les droits fondamentaux des femmes, en particulier leur liberté de mouvement, sont fortement restreints par toutes les parties belligérantes au Yémen, a déploré Mme Al Obahi.  De même, l’imposition de codes vestimentaires et de restrictions à la liberté d’expression, en particulier dans les zones contrôlées par les houthistes, entrave la capacité des femmes à travailler, à accéder aux soins de santé et à l’éducation, et à participer à la vie publique.  En outre, les défenseuses des droits humains et les artisanes de la paix yéménites sont souvent sujettes à la diffamation publique, aux violences en ligne et aux menaces.  Mme Al Obahi a relevé que les femmes en détention sont victimes de tortures physiques et mentales, de viols, en particulier dans les prisons houthistes, alors que certaines détenues ont à peine 14 ans.  Les femmes qui ont purgé leur peine de prison se voient refuser la libération sans tuteur masculin et sont privées de leurs droits légaux, notamment de communiquer avec des avocats et des membres de leur famille, a-t-elle ajouté.  Elle a aussi rappelé que, depuis le 31 mai, les houthistes procèdent à des détentions arbitraires de personnes travaillant pour l’ONU et des ONG internationales et nationales. 

Mme Al Obahi a par ailleurs exprimé la profonde déception ressentie par la majorité des Yéménites face à la tiédeur de la réaction internationale à ces développements.  Elle a exhorté les agences onusiennes et les organisations internationales opérant au Yémen à militer beaucoup plus fermement en faveur de la libération immédiate et inconditionnelle des détenus.  Concernant le processus politique, elle a estimé que, bien que la consultation de diverses représentantes féminines soit louable, ces efforts risquent de rester symboliques en l’absence de possibilité pour les femmes d’influencer de manière significative le processus de paix mené par l’ONU.  Pour la première fois en 24 ans, aucune femme n’occupe de poste au Gouvernement ni ne fait partie du Conseil de direction présidentiel, a-t-elle regretté. En outre, les femmes sont totalement absentes des comités de négociation du processus de paix, y compris ceux sous les auspices de l’ONU. 

Mme Al Obahi a appelé le Conseil de sécurité à exhorter toutes les parties à établir une paix globale, inclusive, juste et durable, tout en militant pour la mise en œuvre du quota minimum de 30% de femmes dans les instances dirigeantes. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité examine les travaux du Comité 1591 sur les sanctions imposées au Soudan, alors que la crise humanitaire s’accentue au Darfour

 
9722e séance – matin 
CS/15818

Le Conseil de sécurité examine les travaux du Comité 1591 sur les sanctions imposées au Soudan, alors que la crise humanitaire s’accentue au Darfour

Le Conseil de sécurité a entendu, ce matin, un exposé sur les activités du Comité des sanctions du Conseil de sécurité créé par la résolution 1591 (2005) concernant le Soudan.  Le Comité et les différents intervenants ont exprimé leurs inquiétudes au sujet non seulement de la crise humanitaire que subit la population du Darfour mais aussi des victimes civiles.  Le Président du Comité 1591, M. Hwang Joonkook, Représentant permanent de la République de Corée, a précisé que le rapport présenté couvre la période allant du 14 juin 2024 à ce jour. 

Au cours de ladite période, le Comité s’est réuni une fois dans le cadre de consultations informelles et a reçu le rapport intérimaire du Groupe d’experts sur le Soudan.  Le 19 août, le Comité a entendu un exposé du Groupe sur ce rapport ainsi qu’un compte rendu fait par la Coordonnatrice pour le Soudan sur la détérioration de la situation à El-Fasher, indiquant que toutes les parties au conflit utilisent des armes lourdes à El-Fasher.  C’est la cause de victimes civiles, de déplacements massifs et de destruction d’infrastructures civiles essentielles.  Le Groupe d’experts a déclaré qu’en plus d’aggraver la crise humanitaire au Darfour, le conflit a également déstabilisé la région.  Ses recommandations ont été notées par le Comité.

Deux délégations se sont exprimées après cet exposé, tout d’abord le représentant du Mozambique, au nom des A3+ (Algérie, Guyana, Mozambique et Sierra Leone). Il s’est alarmé de la détérioration constante de la situation au Soudan, avec des « violations indescriptibles » commises contre les civils et des « conséquences dramatiques sur le plan humanitaire ».  Il a averti que la situation est particulièrement préoccupante au Darfour, où la complexité des défis nécessite selon lui une approche multiforme et inclusive. Cela englobe la protection des civils, le DDR (désarmement, démobilisation et réintégration) ainsi que la responsabilisation pour les crimes perpétrés contre les civils et pour les violations de l’embargo sur les armes, a-t-il précisé. 

« Nous devons réfléchir aux moyens de remédier aux ingérences négatives », a ajouté le délégué pour qui il importe que le Conseil de sécurité parle d’une seule voix pour soutenir les efforts de l’ONU et ceux d’autres partenaires en vue de rétablir la paix au Soudan. 

Le représentant des Émirats arabes unis a, pour sa part, tenu à répondre « aux allégations infondées » émises par son homologue du Soudan qui, dans la précédente séance, avait accusé la délégation d’ingérence dans les affaires intérieures soudanaises en alimentant le conflit.  « Ces allégations fallacieuses ont pour objectif de détourner l’attention des manquements des Forces armées soudanaises qui ont causé cette catastrophe », a-t-il rétorqué. 

Le délégué a saisi cette occasion pour appeler les Forces d’appui rapide et les Forces armées soudanaises à faire taire les armes, à permettre un accès humanitaire durable et à s’engager à mettre en place un gouvernement dirigé par des civils.  Il a aussi demandé des comptes pour les graves violations du droit international humanitaire qui ont été perpétrées par les Forces armées soudanaises.  Les Émirats arabes unis ont versé près de 200 000 000 de dollars d’aide depuis le début de la crise humanitaire, a ajouté le délégué qui a promis que, dès que les armes se tairont, son pays se tiendra aux côtés du Soudan. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Soudan: le Conseil de sécurité reconduit d’un an le régime de sanctions

9721e séance – matin
CS/15817

Soudan: le Conseil de sécurité reconduit d’un an le régime de sanctions

Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, le Conseil de sécurité a décidé, ce matin, de reconduire jusqu’au 12 septembre 2025 le régime de sanctions en vigueur au Soudan.  En adoptant à l’unanimité la résolution 2750 (2024), il a également décidé de se prononcer sur leur renouvellement à cette même date au plus tard. 

« L’adoption de cette résolution qui envoie un message important à la population du Darfour que la communauté internationale ne l’a pas oubliée », se sont félicités les États-Unis, porte-plume du texte.  Renouveler le régime de sanctions permettra de restreindre les arrivées d’armes, ce qui est fondamental pour mettre fin au conflit et remettre le Soudan sur la voie de la stabilité et de la sécurité, ont-ils insisté. 

Le Royaume-Uni a exhorté les États à s’abstenir de renforcer les capacités de combats d’une partie ou de l’autre du conflit au Soudan, un appel également lancé par la France. 

Constatant que le Conseil de sécurité ne parvient pas à répondre aux violations flagrantes de l’embargo sur les armes, la République de Corée a appelé ses membres à travailler de concert pour adopter des mesures plus concrètes pour faire respecter le régime de sanction.  Celui-ci doit tenir compte de l’évolution de la situation sur le terrain, a ajouté la délégation.  La liste doit être mise à jour selon que de besoin et des sanctions ciblées doivent être envisagées.  « Il est urgent d’agir. » 

La Chine s’est elle aussi faite l’écho des appels au respect de l’embargo sur les armes.  Elle a toutefois souligné que les sanctions étant un moyen et non pas une fin, celles-ci ne doivent pas remplacer la diplomatie ou devenir un outil politisé, appelant le Conseil de sécurité à privilégier le dialogue.  La délégation porte-plume doit elle aussi respecter les aspirations légitimes du Gouvernement soudanais et s’abstenir d’insérer dans les textes des éléments qui servent ses desseins personnels, a-t-elle ajouté. 

Convaincue que les efforts du Gouvernement soudanais pourront faire advenir une stabilité et un ordre tant attendu, la Fédération de Russie a fustigé à son tour le « caractère inadmissible » des mesures coercitives unilatérales imposées par certaines parties aux autorités soudanaises.  Toute mesure d’aide extérieur doit être constructive et se faire en coordination avec les autorités centrales du pays, a insisté la délégation. 

Le représentant du Soudan a condamné pour sa part le « terrorisme ethnique » commis au Darfour par les Forces d’appui rapide, et a affirmé que cette guerre est le résultat de l’appui des Émirats arabes unis aux milices, invoquant à cet égard des « preuves irréfutables ». 

Aussi a-t-il exhorté à faire pression sur les autorités de ce pays pour qu’elles cessent leur « guerre secrète » au Soudan, accusant notamment les Émirats arabes unis d’en profiter par l’exploitation illégale de l’or, s’appuyant sur plusieurs sources dont le Groupe d’action financière (GAFI). Des mesures claires doivent être prises contre ceux qui participent au sabotage de l’économie soudanaise, dont sept entreprises dont le siège est aux Émirats arabes unis, a-t-il ajouté. 

En maintenant le régime des sanctions en l’état, en particulier l’embargo sur les armes, nous observons un déséquilibre, puisqu’une partie reçoit des armes et l’autre n’en reçoit pas, a-t-il déploré.  Selon lui, la milice remplit toutes les conditions pour figurer sur la liste des groupes et individus ciblés par les sanctions, en appelant à s’attaquer également à son financement.  Il a d’ailleurs remercié la délégation porte-plume, les États-Unis, d’avoir listé deux des chefs de la milice. 

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD

Texte du projet de résolution (S/2024/666)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant ses précédentes résolutions concernant le Soudan, notamment les résolutions 1591 (2005), 1651 (2005), 1665 (2006), 1672 (2006), 1713 (2006), 1779 (2007), 1841 (2008), 1891 (2009), 1945 (2010), 1982 (2011), 2035 (2012), 2091 (2013), 2138 (2014), 2200 (2015), 2265 (2016), 2340 (2017), 2400 (2018), 2455 (2019), 2508 (2020), 2562 (2021) et 2620 (2022), complétées par les résolutions 2664 (2022), 2676 (2023), 2725 (2024) et 2736 (2024), la déclaration de son président en date du 11 décembre 2018 (S/PRST/2018/19) et ses déclarations à la presse, et redisant son ferme attachement à la souveraineté, à l’unité, à l’indépendance et à l’intégrité territoriale du Soudan,

Réaffirmant qu’il importe que toutes les parties au conflit assurent la protection des civils et concourent à amener les auteurs de violations des droits humains, d’atteintes à ces droits et de violations du droit international humanitaire à répondre de leurs actes,

Rappelant le rapport final du Groupe d’experts sur le Soudan (S/2024/65),

Soulignant que les mesures rappelées au paragraphe 1 pour faire face à la situation au Darfour ne sont pas dirigées contre les autorités soudanaises,

Prenant note de la lettre du 24 novembre 2023 que lui a adressée le Secrétaire général (S/2023/918) et de la lettre du 30 novembre 2023 qui a été adressée au Comité par le Gouvernement soudanais (S/AC.47/2023/COMM.8) se référant au paragraphe 5 de sa résolution 2676 (2023), demandant une évaluation des progrès accomplis concernant les principaux critères établis au paragraphe 4 de sa résolution 2676 (2023),

Sachant qu’il faut préserver les garanties d’une procédure régulière et garantir des procédures claires et équitables pour radier des listes relatives aux sanctions des personnes et des entités qui y sont inscrites conformément à la résolution 1591 (2005) et aux résolutions ultérieures, et se félicitant de l’adoption de la résolution 2744 (2024), par laquelle le mandat du Point focal pour les demandes de radiation et la procédure à suivre ont été renforcés,

Considérant que la situation qui règne au Soudan continue de menacer la paix et la sécurité internationales dans la région,

Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

1.    Rappelle les mesures imposées aux paragraphes 7 et 8 de la résolution 1556 (2004), telles que modifiées au paragraphe 7 de la résolution 1591 (2005) et au paragraphe 4 de la résolution 2035 (2012), ainsi que les critères de désignation et les mesures imposés aux alinéas c), d) et e) du paragraphe 3 de la résolution 1591 (2005), tels que modifiés au paragraphe 3 de la résolution 2035 (2012), et les dispositions des alinéas f) et g) du paragraphe 3 de la résolution 1591 (2005), du paragraphe 9 de la résolution 1556 (2004) et du paragraphe 4 de la résolution 2035 (2012), et décide de réaffirmer et de reconduire ces mesures jusqu’au 12 septembre 2025 et de se prononcer sur leur renouvellement au plus tard le 12 septembre 2025;

2.    Rappelle les dispositions de la résolution 2725 (2024);

3.    Décide de rester saisi de la question. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Après les attaques russes menées depuis fin août, le Conseil de sécurité examine, pour la septième fois cette année, la situation humanitaire en Ukraine

9720e séance – après-midi
CS/15816

Après les attaques russes menées depuis fin août, le Conseil de sécurité examine, pour la septième fois cette année, la situation humanitaire en Ukraine

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Pour la septième fois cette année, le Conseil de sécurité a examiné, cet après-midi, la situation humanitaire en Ukraine.  La séance a été tenue à la demande de la France et de l’Équateur, après les intenses attaques menées depuis la fin août par la Fédération de Russie contre plusieurs villes du pays.  C’est aussi la première fois que le Conseil se penchait sur l’aspect humanitaire du conflit depuis l’entrée des forces ukrainiennes sur le territoire russe dans la région de Koursk, le 6 août. 

Après avoir dressé un bilan de la situation humanitaire depuis le début de l’invasion russe le 24 février 2022, la Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires par intérim, Mme Joyce Msuya, a rappelé les conséquences des attaques systématiques contre les infrastructures énergétiques de l’Ukraine sur l’accès aux services de base comme l’eau, le chauffage, les télécommunications, les services de santé ou le système éducatif. 

Mme Msuya s’est également inquiétée de l’extension des combats à de nouvelles zones des deux côtés de la frontière internationale reconnue entre l’Ukraine et la Fédération de Russie.  Citant des sources locales russes, elle a notamment relevé que, depuis le début de l’opération militaire de l’Ukraine dans la région de Koursk, au moins 130 000 civils auraient été évacués.  Elle a ensuite dit sa préoccupation face à l’impossibilité d’atteindre quelque 1,5 million de personnes vivant dans les régions de l’Ukraine occupées par les forces russes, malgré des besoins urgents.  Elle a en outre rappelé que les déplacements des lignes de front rendent les opérations humanitaires extrêmement dangereuses pour les travailleurs humanitaires.  Précisant qu’au cours des sept premiers mois de l’année, environ 6,2 millions de personnes avaient reçu une aide humanitaire en Ukraine, Mme Msuya a assuré que les préparatifs du plan d’intervention pour l’hiver à venir avançaient à plein régime. 

Lors de la discussion qui a suivi, le représentant de l’Ukraine a déploré l’impuissance de l’ONU qui n’a ni la mission de forcer la Fédération de Russie à respecter le droit international ni la capacité à le faire. Dénonçant la poursuite d’une « guerre d’anéantissement », il a vu dans la récente recrudescence des tirs de missiles contre le peuple ukrainien et les infrastructures essentielles du pays la « quatrième session de l’invasion à grande échelle » de son pays, faisant observer qu’elle coïncide avec la soixante-dix-neuvième session de l’Assemblée générale, laquelle est « saluée par les explosions de missiles balistiques et les cris des civils ukrainiens blessés ».

L’Ukraine a été soutenue par ses alliés et appuis au sein du Conseil -États-Unis, membres européens du Conseil, Japon et République de Corée-  mais aussi par l’Union européenne (UE) et, à titre individuel, plusieurs de ses États membres voisins de l’Ukraine, suscitant la protestation de la délégation russe face à l’intervention de ces derniers. 

Tout en rappelant leur soutien indéfectible à l’Ukraine, y compris en matière d’aide humanitaire, ces pays, à l’image de la Slovénie, ont insisté sur la poursuite de l’escalade par la Fédération de Russie, voyant dans l’attaque du 26 août « l’assaut aérien le plus important depuis le début de la guerre ».  Ils ont mis l’accent sur les crimes de guerre commis par les forces russes.  Le Royaume-Uni et les États-Unis ont rappelé la frappe, en juillet, de l’hôpital pour enfants Okhmatdyt de Kyïv lors d’une attaque massive sur la capitale ukrainienne. La Suisse a rappelé « les limites clairement établies par le droit international humanitaire que toutes les parties doivent respecter en toutes circonstances », insistant sur la séparation entre combattants et non-combattants et entre biens civils et militaires. 

Les attaques contre les infrastructures énergétiques ont été les plus largement dénoncées.  Les attaques gratuites et aveugles menées actuellement par la Russie contre des civils et des biens civils en Ukraine, y compris des infrastructures énergétiques, constituent des violations flagrantes du droit international, a ainsi déclaré la République de Corée.  La Russie s’efforce de saper la résilience du peuple ukrainien et de rendre insupportable la vie des populations civiles pendant les mois d’hiver qui approchent, ont dénoncé la Slovénie, la France ou encore le représentant de l’UE, alors que la Pologne, principal pays d’accueil des réfugiés ukrainiens avec 1 million de personnes sur son sol, demandait qu’on fasse en sorte d’éviter que l’Ukraine ne devienne une crise humanitaire de longue durée. 

Ces délégations ont répété que la Fédération de Russie devrait rendre des comptes pour ses multiples violations du droit international et ses exactions.  Certaines, dont l’Union européenne, ont rappelé que la Cour pénale internationale avait lancé des mandats d’arrêt contre six responsables, dont le Président russe Vladimir Putin, et que tout État partie au Statut de Rome de la Cour devait exécuter ces mandats d’arrêt.  La justice pour les victimes de l’agression russe est une condition préalable à une paix durable, ont commenté les États-Unis. 

Les appuis de l’Ukraine ont également condamné les transferts d’armes à ce pays et mis en garde les pays fournisseurs, en premier lieu la République islamique d’Iran et la République populaire démocratique de Corée (RPDC).  Le représentant des États-Unis a expliqué que son pays avait prévenu l’Iran « en privé et en public » que le transfert de missiles balistiques à la Russie constituerait une « escalade dramatique », ajoutant que son pays annoncerait ultérieurement de nouvelles sanctions contre l’Iran.  S’adressant à l’Iran mais aussi à la RPDC, le représentant a averti: « Le monde regarde.  Vos transferts d’armes, en particulier de missiles et de technologies de drones, à la Russie lui permettent de mener à bien son agression en Ukraine, de tuer des civils et de dégrader la vie civile de manière générale. Cela vous rend complices et vous place du mauvais côté de l’histoire. » 

La République de Corée a rappelé l’illégalité des transferts d’armes de la RPDC à la Fédération, puisque le Conseil de sécurité a imposé à la RPDC « pas moins de 10 résolutions au titre du Chapitre 7 de la Charte » depuis 2006, « toutes adoptées à l’unanimité ».  Inquiète de constater l’érosion du régime de sanctions du fait de sa violation flagrante par la Russie, la République de Corée a demandé à cette dernière de cesser sa coopération militaire avec la RPDC et de « remplir son devoir de membre permanent du Conseil de sécurité en mettant fin à cette guerre ». 

Les États-Unis ont également mis en garde la Chine, accusée de « vouloir avoir le beurre et l’argent du beurre ».  Elle ne peut se dire en faveur de la paix et de la protection de la Charte des Nations Unies « tout en permettant à la Russie de faire la guerre par le biais d’importations à double usage ou en soutenant un processus de paix qui récompense la Russie pour l’invasion d’un autre État Membre », a averti le représentant.  Quant au Bélarus, il a lui aussi été prié, par la Lituanie s’exprimant au nom des pays baltes, de s’abstenir de « toute mesure qui pourrait être considérée comme un acte de complicité avec la Fédération de Russie ».

Au contraire, le représentant de la Fédération de Russie s’est félicité des frappes menées par les forces armées de son pays contre l’Ukraine, qu’il a jugées « impressionnantes et très efficaces », affirmant qu’elles visaient des cibles militaires, à l’exemple de l’école militaire de Poltava « qui forme des spécialistes d’appareils de détection électromagnétique et de guerre radioélectronique ».  Ces frappes ont détruit également de nombreuses installations énergétiques importantes, des entrepôts, des moyens aériens et de munitions d’artillerie, des lieux de fabrication de drones et des aéroports de déploiement, ainsi que des centres de formation nationaliste et de mercenaires étrangers, a-t-il détaillé.  Il a également relevé que ces frappes avaient été suivies par un grand nombre d’annonces de décès de militaires haut gradés, dont « des Américains, des Britanniques, des Français, des Polonais ou des Suédois ».  Tout ce qui viendrait aider « la clique de Zelenskyy » deviendrait une cible légitime pour la Russie, a-t-il averti. 

Le représentant russe a certes reconnu « des tragédies qui n’ont pas pu être évitées ces derniers jours », mais a attribué les victimes civiles des frappes russes à des problèmes rencontrés par « le système de défense antiaérienne défaillant de l’Ukraine », citant le cas d’une « erreur de tir qui a tué sept personnes le 30 août à Kharkov ».  Il a aussi dénoncé le placement de la défense antiaérienne dans des lieux habités en violation du droit international humanitaire.  Les pays occidentaux devraient apprendre aux Ukrainiens de ne pas placer les installations de tirs dans les écoles, les crèches et les hôpitaux; ils devraient également leur apprendre à ne pas transporter des militaires dans des ambulances et des bus scolaires, a-t-il ajouté. 

Le représentant a également dénoncé « l’aventure de Koursk », accusant « des égorgeurs ukrainiens » introduits dans la région d’avoir lancé contre des civils pacifiques un véritable régime de terreur, tuant des enfants ou enlevant des civils qui n’ont pas eu le temps d’être évacués.  Il a dénoncé comme un exemple flagrant de politique de « deux poids, deux mesures » le mutisme de ses « collègues occidentaux » face aux crimes commis par les Ukrainiens sur le territoire de Koursk et leur silence sur les tirs du « régime de Kiev » sur des villes russes pacifiques, comme le 28 août dans la région de Zaporojie.  Il a dénoncé à de multiples reprises les agissements de « nazis » ou de « néonazis », dont il a aussi longuement énuméré les activités menées ouvertement sur le territoire d’États soutiens de l’Ukraine, comme le Canada ou le Japon, État membre du Conseil qui a ensuite dénoncé des propos « malicieux » à l’égard de son pays.

Les membres africains et latino-américains du Conseil ont pour leur part déploré que les populations et les infrastructures civiles continuent d’être ciblées, appelant les parties à renoncer au bain de sang et à la violence en cessant au plus vite toutes les hostilités. 

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ DE L’UKRAINE

Exposé

Mme JOYCE CLEOPA MSUYA MPANJU, Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires et Coordonnatrice des secours d’urgence par intérim, a déclaré que, selon le Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH), plus de 11 700 civils avaient été tués depuis le 24 février 2022, ajoutant que plus de 24 600 civils avaient été blessés.  Dans tout le pays, 10 millions de personnes ont été forcées de fuir leur foyer.  Depuis le 26 août, les frappes incessantes de missiles et de drones se sont poursuivies dans toute l’Ukraine, notamment dans la région de Donetsk. 

Les attaques systématiques contre les infrastructures énergétiques de l’Ukraine provoquent des coupures d’électricité quotidiennes pour des millions de personnes dans tout le pays, a poursuivi Mme Msuya.  Ces pannes limitent l’accès à l’eau, au chauffage, aux réseaux mobiles, à Internet et aux transports publics.  Elles entravent la capacité des hôpitaux et des établissements de santé à fonctionner et perturbent le système éducatif.  La rentrée scolaire a été marquée par des attaques constantes et des dégâts infligés aux écoles. 

Mme Msuya a appelé à ne pas négliger les impacts psychologiques à long terme de ces hostilités.  En Ukraine, les civils passent des heures interminables dans des abris antibombes. Les personnes vivant dans les régions le long de la ligne de front passent souvent des jours à se cacher des combats.  Des millions d’Ukrainiens sont confrontés quotidiennement à la mort, à la destruction et à la peur d’être attaqués.  La responsable a rappelé l’impact disproportionné de la guerre sur les femmes et les enfants, qui ont du mal à accéder aux services essentiels et sont exposés à des risques accrus pour leur sécurité, notamment en raison de la violence fondée sur le genre.  Elle a dit être préoccupée par l’extension récente des combats à de nouvelles zones des deux côtés de la frontière entre l’Ukraine et la Russie.  Ainsi, depuis l’opération militaire menée par l’Ukraine dans la région russe de Koursk, le 6 août, au moins 130 000 civils ont été évacués, selon des responsables locaux russes. 

Les changements des lignes de front rendent les opérations humanitaires extrêmement dangereuses et exposent les travailleurs humanitaires à de graves dommages, a fait observer la Secrétaire générale adjointe.  Celle-ci a rappelé qu’au cours des sept premiers mois de 2024, quelque 6,2 millions de personnes avaient reçu une aide humanitaire en Ukraine, ajoutant qu’à l’approche de l’hiver, le plan d’intervention et les préparatifs avançaient à plein régime.  Elle s’est toutefois dite préoccupée par le fait que quelque 1,5 million de personnes ne peuvent pas être atteintes dans les régions de l’Ukraine occupées par la Fédération de Russie, notamment à Donetsk, Kherson, Luhansk et Zaporizhzhia.  Elles ont pourtant besoin de soins de santé urgents, de médicaments, de nourriture et d’eau potable. 

Mme Msuya a lancé un appel en faveur de l’acheminement sûr, rapide et sans entrave de l’aide humanitaire à tous les civils dans le besoin, avant de rappeler que, depuis le début de l’année, les donateurs avaient fourni près de 1,4 milliard de dollars pour la réponse humanitaire en Ukraine.  Le plan d’intervention et les besoins humanitaires exigent que les dons augmentent et que les donateurs accélèrent le financement de la réponse, a-t-elle averti. 

Mme Msuya a rappelé que la guerre, qui n’a que trop duré, avait causé d’immenses souffrances et abouti à ce que plus de 14,6 millions de personnes, soit 40% de la population de l’Ukraine, aient besoin d’une aide humanitaire.  Protéger les civils, et finalement mettre fin à cette guerre, est une question de volonté, a-t-elle conclu. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Président de la soixante-dix-neuvième session de l’Assemblée générale place son mandat sous le signe de « l’unité dans la diversité »

Soixante-dix-neuvième session
1re séance plénière – après-midi
AG/12622

Le Président de la soixante-dix-neuvième session de l’Assemblée générale place son mandat sous le signe de « l’unité dans la diversité »

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Conscient de la « responsabilité titanesque » qui lui incombe, le Président de la soixante-dix-neuvième session de l’Assemblée générale, M. Philémon Yang, ancien Premier Ministre du Cameroun, a déclaré, cet après-midi, placer son mandat sous le signe de « l’unité dans la diversité » afin de relever les multiples défis auxquels notre monde est confronté: changements climatiques, conflits armés, pauvreté, faim, préjugés et haine amplifiés par les nouveaux outils numériques.

« Nous devons lancer un appel à l’action pour répondre à ces défis en tirant notre inspiration de la Charte des Nations Unies, montrer que la coopération reste l’outil le plus efficace dont nous disposons et mettre en commun nos ressources et notre ingéniosité au service de la paix, de la justice et du développement durable », a préconisé M. Yang en lançant la soixante-dix-neuvième session. 

Faisant part de sa vision, il a rappelé que l’Assemblée générale est l’instrument le plus puissant pour concrétiser la promesse faite aux 8 milliards d’habitants de notre planète.  « C’est à nous de faire en sorte que les bénéfices de la coopération soient partagés sans laisser personne de côté », a-t-il dit, avant de plaider pour la création d’un environnement où chacun puisse se faire entendre et être pris à sa juste valeur.  Il a également promis d’œuvrer pour la paix et de mettre le développement durable au cœur de sa présidence, insistant sur la croissance économique équitable, conjuguée à la gouvernance environnementale. 

Le nouveau Président de l’Assemblée générale s’est par ailleurs engagé à accorder la priorité au multilinguisme au sein de l’organe et à promouvoir l’égalité femmes-hommes.  Il a dit vouloir se faire le chantre de l’innovation et s’assurer que les avantages induits soient accessibles à toutes les nations.  Dans le domaine de la paix et de la sécurité, il a souhaité que la priorité soit accordée à la prévention des conflits plutôt qu’à la course aux armements, ce qui permettrait de réduire les dépenses militaires qui compliquent la réalisation des ODD.  Il faut investir dans la réduction des tensions, bâtir la confiance et élaborer des stratégies de règlement des conflits, notamment ceux qui font rage à Gaza, en Haïti, en Ukraine et dans la région africaine des Grands Lacs, a-t-il insisté. 

Il a également misé sur l’élan que donnera le Sommet de l’avenir pour insuffler un nouveau dynamisme au Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Une attention particulière sera accordée aux pays les moins avancés, aux pays en développement sans littoral et aux petits États insulaires en développement, ainsi qu’à l’Afrique.  Parmi ses autres priorités, le Président a cité la réforme du Conseil de sécurité, la revitalisation de l’Assemblée générale, le Sommet social de 2025, la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement, la quatrième Conférence de haut niveau sur les maladies transmissibles et la mise en œuvre du Pacte pour l’avenir. 

À la suite de cet exposé, le Secrétaire de l’ONU a salué l’accent mis par M. Yang sur des priorités clefs telles que la finance, la science et la technologie, « toutes essentielles au progrès mondial », et lui a promis son plein soutien.  S’adressant à l’Assemblée dans son ensemble, M. António Guterres a souhaité que l’on trouve des solutions qui donnent à tous les pays une voix dans les institutions mondiales de finance, de paix et de sécurité, et qui garantissent que les technologies révolutionnaires comme l’intelligence artificielle soient une aubaine, et non un obstacle, au progrès humain et à l’égalité.

L’Assemblée générale reste « un outil indispensable et une voie vitale vers un avenir pacifique et juste pour tous », a souligné le Chef de l’ONU. 

Témoin des tensions actuelles, cette séance inaugurale a été marquée par deux motions d’ordre, l’une émanant de l’Égypte, l’autre d’Israël.  Rappelant que l’État de Palestine réunit « tous les éléments juridiques constitutifs d’un État », la délégation égyptienne a voulu avoir confirmation du Président de l’Assemblée que la résolution ES-10/23 était bien entrée en vigueur et que l’Ambassadeur Riyad Mansour pouvait siéger parmi les autres représentants permanents.  « J’ai été informé que tous les arrangements nécessaires ont été pris pour que la Palestine puisse siéger là où elle est censée siéger et prendre place là où elle doit prendre place », lui a répondu M. Yang. 

Israël a ensuite répondu à cette motion en estimant que la résolution ES-10/23, motivée par un « favoritisme politique », modifie la Charte des Nations Unies et permet à des entités non étatiques d’atteindre le plus haut niveau de représentation internationale « sans respecter les conditions de base du statut d’État ».  Pour la délégation, toute action ou mesure qui améliore le statut de la Palestine revient à promouvoir le terrorisme du Hamas.  De fait, a-t-elle jugé, cette décision de l’Assemblée générale appuie le terrorisme et empêche de trouver une solution au conflit.

Avant la levée de cette première séance plénière, l’Assemblée générale a nommé Antigua-et-Barbuda, Cabo Verde, la Chine, la Dominique, les États-Unis, la Fédération de Russie, le Libéria, Monaco et la République démocratique populaire lao, membres de la Commission de vérification des pouvoirs pour la soixante-dix-neuvième session.  Elle a en outre autorisé une dizaine d’organes subsidiaires à se réunir pendant la partie principale de cette session. 

L’Assemblée générale lancera son débat général annuel mardi 24 septembre, après le Sommet de l’avenir qui se tiendra dimanche 22 et lundi 23 septembre.

OUVERTURE DE LA SESSION PAR LA PRÉSIDENCE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

Déclarations

M. PHILÉMON YANG, Président de la soixante-dix-neuvième session de l’Assemblée générale, s’est dit conscient de la « responsabilité titanesque » qui lui incombe au moment de prendre ses fonctions.  Plaçant son mandat sous le signe de « l’unité dans la diversité », il a déclaré vouloir s’attaquer aux multiples défis auxquels notre monde est confronté, des changements climatiques aux conflits armés, sans oublier les souffrances causées par la pauvreté et la faim, ainsi que les préjugés et la haine amplifiés par les nouveaux outils numériques.  « Nous devons lancer un appel à l’action pour répondre à ces défis en tirant notre inspiration de la Charte des Nations Unies, montrer que la coopération reste l’outil le plus efficace dont nous disposons et mettre en commun nos ressources et notre ingéniosité au service de la paix, de la justice et du développement durable », a-t-il préconisé, assurant que l’Assemblée générale est l’instrument le plus puissant pour concrétiser la promesse faite aux 8 milliards d’habitants de notre planète. 

« C’est à nous de faire en sorte que les bénéfices de la coopération soient partagés en ne laissant personne de côté », a-t-il dit, avant de plaider pour la création d’un environnement où chacun puisse se faire entendre et être pris à sa juste valeur.  Il a également promis d’œuvrer pour la paix et de mettre le développement durable au cœur de sa présidence.  Selon lui, il importe d’œuvrer pour une croissance économique équitable, conjuguée à la gouvernance environnementale.  Ces efforts, a-t-il affirmé, reposeront sur un engagement inébranlable en faveur de la dignité humaine. 

Rappelant qu’il vient d’un pays comptant plus de 250 langues nationales et 2 langues officielles, le français et l’anglais, M. Yang s’est engagé à accorder la priorité au multilinguisme au sein de l’Assemblée générale. La diversité linguistique fait partie du respect mutuel, a-t-il souligné, ajoutant qu’il en va de même de l’égalité femmes-hommes, socle indispensable à la création d’un monde inclusif et prospère.  Il a noté à cet égard que lorsque les femmes participent pleinement à la société, celle-ci en sort gagnante.  Il a par conséquent encouragé les États Membres, non seulement à accroître le nombre de femmes dans leurs délégations, mais aussi à intégrer les questions de genre dans leurs politiques nationales. 

Soucieux d’offrir des solutions à tous les niveaux, le nouveau Président de l’Assemblée générale a jugé impératif d’étudier des stratégies susceptibles d’encourager la croissance et de garantir la durabilité et l’équité.  Il a dit vouloir se faire le chantre de l’innovation et faire en sorte que les avantages induits soient accessibles à toutes les nations.  Dans le domaine de la paix et de la sécurité, il a souhaité que la priorité soit accordée à la prévention des conflits plutôt qu’à la course aux armements, ce qui permettrait de réduire les dépenses militaires qui compliquent la réalisation des ODD.  Il faut investir dans la réduction des tensions, bâtir la confiance, créer des opérations de paix efficaces et élaborer des stratégies de règlement des conflits, notamment ceux qui font rage à Gaza, en Haïti, en Ukraine et dans la région africaine des Grands Lacs, a-t-il insisté. 

Les droits humains demeureront au cœur du programme de l’Assemblée générale pour faire en sorte que la dignité de chaque individu soit respectée, a poursuivi M. Yang, pour qui il est urgent d’améliorer la coordination humanitaire afin que l’aide parvienne aux populations qui en ont le plus besoin.  Le renforcement du droit international et des cadres de justice sera également au centre des délibérations pour appuyer la création d’un environnement plus sûr, a-t-il promis, s’engageant par ailleurs à traiter de questions telles que le terrorisme international, la drogue, la traite des personnes et l’esclavage moderne. 

De l’avis de M. Yang, l’Assemblée générale devra s’appuyer sur l’élan imprimé dans le cadre du Sommet de l’avenir et insuffler un nouveau dynamisme au Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Une attention particulière sera accordée aux pays les moins avancés, aux pays en développement sans littoral et aux petits États insulaires en développement, confrontés à des faiblesses structurelles.  Nos efforts se concentreront sur l’Afrique, a-t-il précisé, exprimant son soutien à l’Agenda 2063 de l’Union africaine, qui vise à transformer le continent grâce au commerce et au développement. 

Le nouveau Président prévoit d’autre part de se concentrer notamment sur la réforme du Conseil de sécurité, la revitalisation de l’Assemblée générale, le Sommet social mondial de 2025, la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement, et la mise en œuvre du Pacte pour l’avenir qui sera adopté sous peu. « Mettons en avant ces priorités en collaborant pour faire en sorte les Nations Unies demeurent une source de solutions pour la communauté mondiale », a-t-il lancé en conclusion, se disant convaincu du pouvoir du dialogue pour surmonter les difficultés complexes de notre époque. 

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a félicité le Président de la soixante-dix-neuvième session de l’Assemblée générale, rappelant que M. Philémon Yang apporte à cette fonction une riche expérience en tant qu’ancien Premier Ministre du Cameroun, diplomate, fonctionnaire et « fier Africain ». Il a salué l’accent mis par M. Yang dans son énoncé de vision sur des priorités clefs telles que la finance, la science et la technologie, toutes essentielles au progrès mondial, et lui a promis son plein soutien. 

Le Chef de l’ONU a ensuite estimé que, dans le monde en difficulté que nous connaissons, « la bonne nouvelle est que nous pouvons faire quelque chose ».  Depuis ses débuts, l’ONU est le lieu idéal pour trouver des solutions multilatérales fondées sur la collaboration, le dialogue, la diplomatie et la Charte des Nations Unies, a affirmé M. Guterres, ajoutant que la dignité et les droits humains y prennent vie.  « Alors que nous accueillons cette soixante-dix-neuvième session, ces tâches vous incombent désormais », a-t-il lancé aux délégations. 

C’est à l’ONU que les solutions sont élaborées, a poursuivi le Secrétaire général. Il en faut pour redonner vie aux objectifs de développement durable (ODD) et mettre fin à la pauvreté et aux inégalités, pour stimuler le progrès économique et la création d’emplois pour tous, pour combler les divisions politiques et mettre fin aux conflits, ainsi qu’à la catastrophe climatique et pour mobiliser les financements dont les pays en développement ont besoin.  Il a souhaité que l’on trouve des solutions qui donnent à tous les pays une voix dans les institutions mondiales de finance, de paix et de sécurité, et qui garantissent que les technologies révolutionnaires comme l’intelligence artificielle soient une aubaine, et non un obstacle, au progrès humain et à l’égalité. 

« Pas à pas, solution après solution, nous pouvons reconstruire la confiance les uns envers les autres et dans ce que nous pouvons accomplir grâce à la collaboration et à la solidarité », a assuré M. Guterres, pour qui l’Assemblée générale reste « un outil indispensable et une voie vitale vers un avenir pacifique et juste pour tous ». 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale clôt sa soixante-dix-huitième session marquée par le conflit à Gaza, la relance des ODD et les préparatifs du Sommet de l’avenir

Soixante-dix-huitième session,
109e séance – matin
AG/12621

L’Assemblée générale clôt sa soixante-dix-huitième session marquée par le conflit à Gaza, la relance des ODD et les préparatifs du Sommet de l’avenir

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Sous les applaudissements nourris des délégations, M. Dennis Francis, Président sortant de l’Assemblée générale, a transmis aujourd’hui le marteau de séance à son successeur, M. Philémon Yang, ancien Premier Ministre du Cameroun, qui a prêté serment devant l’Assemblée, clôturant ainsi les travaux de la soixante-dix-huitième session. 

Cette session n’aura pas été « de tout repos », a reconnu M. Francis, rappelant que, dès septembre 2023, la semaine de haut niveau a été suivie du Sommet sur les objectifs de développement durable (ODD) et du Dialogue de haut niveau sur le financement du développement, deux événements dont il a attribué le succès à la diplomatie multilatérale.  Il a également rappelé l’organisation en avril de la toute première Semaine du développement durable, dans le but de donner une dynamique nouvelle aux efforts de développement avant le Sommet de l’avenir prévu dans quelques jours. 

M. Francis a déclaré avoir donné la priorité, au cours de sa présidence, à l’égalité entre les femmes et les hommes, avec notamment le rétablissement du Conseil consultatif pour l’égalité des genres.  Il a dit avoir pris en compte les préoccupations légitimes des États vulnérables et s’est félicité de la création des liens de confiance et de solidarité entre les États Membres pour prendre à bras-le-corps des questions globales pressantes. 

Évoquant ses visites dans 31 pays, notamment en Haïti, au Soudan et en Ukraine, le Président sortant a dit avoir passé un message de solidarité et d’appui inébranlable.  Il a regretté, compte tenu des circonstances sur le terrain, de ne pas avoir pu rencontrer des Israéliens et des Palestiniens sur le théâtre des événements actuels.  Confiant avoir discuté de cette situation avec un grand nombre de dirigeants, il a souhaité que les efforts en cours permettent d’aboutir à un cessez-le-feu à Gaza, « même temporaire », et conduisent à un processus politique visant à établir une paix durable pour le bien des peuples de la région. 

Soucieux de la pleine mise en œuvre des résolutions de l’Assemblée générale, M. Francis a tout particulièrement exhorté la Fédération de Russie à respecter le droit international en Ukraine.  Il a par ailleurs rappelé que, sous sa présidence, a été lancée l’initiative relative au droit de veto, qui a permis d’entendre les voix des États Membres lorsque le Conseil de sécurité se trouve paralysé. Le Président sortant a aussi souligné la nécessité de respecter les droits humains et a formé le vœu que soit proclamée une deuxième Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine (la première couvrait la période 2015-2024), avec un accent sur la justice réparatrice. 

Alors que de nombreux États sont pris au piège de l’endettement et contraints de choisir entre les plans d’avenir et la prévention des risques de catastrophes produites par les dérèglements climatiques, M. Francis a appelé à se concentrer sur le financement du développement et à aller au-delà du simple PIB par habitant pour mesurer la santé économique d’un pays.  Il s’est cependant réjoui de l’adoption de la résolution sur l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle, « étape cruciale vers une évaluation plus équitable ». 

Déplorant que le monde soit « loin d’être sur la bonne voie pour atteindre les ODD d’ici à 2030 », il a également averti que, si l’objectif de 1,5 °degré Celsius n’est pas respecté, « des millions de personnes se trouveront dans une situation vulnérable aux quatre coins du monde ».  Il a dit compter sur la réunion plénière de haut niveau sur les menaces existentielles liées à l'élévation du niveau de la mer, prévue le 25 septembre, pour avancer sur ces questions alors que « notre marge de manœuvre se réduit comme peau de chagrin ».  À ses yeux, seule la durabilité permettra d’assurer l’avenir de notre planète commune. 

L’engagement de M. Francis tout au long de cette soixante-dix-huitième session a été salué par le Secrétaire général, M. António Guterres, qui a rappelé le rôle inestimable qu’il a joué dans le succès du Sommet sur les ODD, son leadership dans les préparatifs du Sommet de l’avenir, ainsi que son plaidoyer inlassable en faveur de l’égalité des sexes et de la participation des jeunes. 

Après l’observation d’une minute de prière ou de méditation silencieuse, le Président élu pour la soixante-dix-neuvième session a prêté serment devant l’Assemblée.  M. Yang s’est engagé à exercer les fonctions qui lui sont confiées en toute loyauté, discrétion et conscience, dans le seul intérêt des Nations Unies et conformément à la Charte des Nations Unies et au code de conduite du Président de l’Assemblée générale. 

La soixante-dix-neuvième session de l’Assemblée s’ouvrira cet après-midi à 15 heures. 

CLÔTURE DE LA SOIXANTE-DIX-HUITIÈME SESSION DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

Déclarations 

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a constaté que la soixante-dix-huitième session de l’Assemblée générale s’achève au terme d’une année tumultueuse, « une année de pauvreté, d’inégalité et d’injustice persistantes », mais aussi « une année de division, de violence et de conflit ».  Une année qui a été « encore une fois la plus chaude jamais enregistrée », a-t-il ajouté, notant toutefois que cette session se termine également « à un moment d’espoir et d’inspiration croissants quant à ce que nous pouvons réaliser si nous travaillons ensemble ».  Cet esprit de solidarité transparaît dans les réalisations de cette Assemblée au cours de l’année écoulée, a observé M. Guterres, pour qui, grâce aux outils intemporels de la diplomatie, du dialogue et du débat, cette soixante-dix-huitième session a travaillé pour apporter des solutions et de l’espoir aux peuples et à la planète. 

Le Chef de l’ONU a profité de cette déclaration de clôture pour rendre un hommage appuyé à M. Dennis Francis, Président sortant de l’Assemblée générale, qui, sous le thème « Paix, prospérité, progrès et durabilité », a non seulement porté les besoins des petits États insulaires en développement comme le sien -Trinité-et-Tobago- mais aussi convoqué la réunion de haut niveau sur la prévention, la préparation et la réponse aux pandémies en septembre dernier. M. Francis a également joué un rôle inestimable dans le succès du Sommet sur les objectifs de développement durable (ODD), qui a abouti à une forte démonstration de soutien politique en faveur d’une relance des ODD et d’une réforme de l’architecture financière mondiale afin qu’elle serve mieux les pays en développement, et n’a cessé de tirer la sonnette d’alarme et d’inspirer des actions contre l’élévation du niveau de la mer. Il a par ailleurs convoqué la toute première Semaine du développement durable à l’Assemblée générale, a rappelé M. Guterres, avant de louer le leadership du Président sortant dans les préparatifs du Sommet de l’avenir de ce mois-ci, ainsi que son plaidoyer inlassable en faveur de l’égalité des sexes et de la participation des jeunes. 

Après avoir remercié M. Francis, au nom de toute la « famille des Nations Unies », pour ses efforts au cours de l’année écoulée, le Secrétaire général s’est dit impatient de collaborer avec son successeur, M. Philémon Yang, du Cameroun, pour faire avancer ces travaux au cours de la prochaine session.  L’efficacité de l’ONU et du système multilatéral lui-même dépend de l’engagement des États Membres à son égard, a-t-il souligné, appelant à considérer la soixante-dix-neuvième session comme « un moment où le monde peut apporter la confiance, les solutions et la paix dont notre monde a besoin ». 

M. DENNIS FRANCIS, Président de la soixante-dix-huitième session de l’Assemblée générale, a déclaré que cette session n’a pas été de tout repos. Elle a commencé au mois de septembre 2023 avec la semaine de haut niveau suivie du Sommet sur les objectifs de développement durable (ODD) et le Dialogue de haut niveau sur le financement du développement.  Il a attribué cette réussite à la diplomatie multilatérale qui a accouché d’une déclaration politique historique visant notamment à éradiquer la pauvreté et la faim, à combattre les inégalités et ériger des sociétés pacifiques, à ne laisser personne sur le côté, à prévenir les pandémies et à lutter contre la tuberculose.  Le Président a aussi rappelé la semaine du développement durable et les événements parallèles qui visaient à enclencher une dynamique nouvelle plus forte avant le Sommet de l’avenir. 

Il s’est réjoui d’une présidence qui a donné la priorité à l’égalité entre les femmes et les hommes avec notamment le rétablissement du Conseil consultatif pour l’égalité des genres.  Il a dit avoir pris en compte les préoccupations légitimes des États vulnérables et s’est félicité de la création des liens de confiance et de solidarité entre les États Membres pour prendre à bras-le-corps des questions globales pressantes.  M. Francis s’est dit très heureux d’avoir continué cette année avec le programme de bourse de la présidence de l’Assemblée générale qui a permis aux pays sous-représentés de travailler au sein du système des Nations Unies et du multilatéralisme et aussi d’améliorer leur participation effective et concrète aux négociations multilatérales.

L’Assemblée générale doit rester pertinente vis-à-vis des 8 milliards d’êtres humains qui vivent sur cette planète, a exhorté son Président estimant que les États Membres « sont profondément endettés vis-à-vis de tous ceux qui œuvrent en première ligne et qui travaillent sur le terrain malgré les contraintes budgétaires et autres sources de frustration ».  En servant avec fierté et abnégation sous l’étendard des Nations Unies, ils apportent du secours, de l’espoir et un appui aux personnes du monde entier y compris les personnes les plus marginalisées. 

S’agissant d’Haïti et de l’Ukraine, deux pays où il faut sauver des vies, le Président a dit avoir pu passer un message de solidarité et d’appui inébranlable. Il a regretté, en raison des circonstances rencontrées sur le terrain, de ne pas avoir pu rencontrer des Israéliens et des Palestiniens sur le théâtre des événements actuels.  Il a affirmé avoir discuté de la situation, y compris avec le pape François.  Les efforts qui sont en cours devront permettre d’aboutir à un cessez-le-feu, a-t-il espéré. 

En Haïti, au Moyen-Orient, en Afrique et en particulier dans la bande de Gaza, il a appelé à la pleine mise en œuvre des résolutions de l’Assemblée générale et à la remise en liberté immédiate et sans condition de tous les otages. Il a exhorté la Fédération de Russie à respecter le droit international en Ukraine conformément aux résolutions de l’Assemblée générale. 

Par ailleurs, la mise en œuvre de l’initiative relative au droit de veto a permis d’accroître la transparence du travail du Conseil de sécurité, a-t-il apprécié.  Le Président a aussi souligné la nécessité de respecter les droits humains et a exhorté à protéger les droits des personnes d’ascendance africaine.  Il s’est indigné que des millions d’individus continuent de vivre dans une pauvreté terrifiante, dans le désespoir et dans l’indignité, en souffrant de privation et de faim.  Se désolant du « piège de l’endettement » des pays en développement, il a fait remarquer qu’il leur est impossible de choisir entre les plans de développement pour garantir leur avenir et les mesures à prendre pour faire face aux risques de catastrophes produites par le dérèglement climatique. 

Appelant à se concentrer avec détermination sur le financement du développement, le Président a recommandé de ne pas utiliser uniquement la mesure du produit intérieur brut (PIB) par habitant pour évaluer la santé économique d’un pays, car beaucoup de nations doivent consacrer une bonne part de leurs ressources à la riposte face aux chocs.  Il a donc salué l’adoption de la résolution prévoyant l’utilisation d’un indice de vulnérabilité multidimensionnelle.  Le Président a également misé sur les avancées dans les domaines de l’intelligence artificielle, des technologies numériques ou de l’innovation scientifique, qui sont des promesses d’avenir meilleur et de conditions de vie plus prospères pour tout le monde. 

Le Président a insisté sur l’importance de la durabilité, de la paix et de la prospérité avant de déplorer la lenteur des progrès qui nous a mis sur une mauvaise voie pour atteindre les ODD d’ici à 2030.  Si l’objectif de 1,5°degré Celsius n’est pas respecté, si l’Accord de Paris sur le climat n’est pas réalisé, des millions de personnes se trouveront dans une situation vulnérable aux quatre coins du monde et souffriront des effets dévastateurs des changements climatiques, a-t-il prédit. Il a espéré que les dirigeants du monde examinent ces questions de manière approfondie, lors de la réunion plénière de haut niveau sur les menaces existentielles liées à l’élévation du niveau de la mer qui aura lieu le 25 septembre, au moment où notre marge de manœuvre pour éviter les pires répercussions du réchauffement climatique se réduit comme peau de chagrin. 

« La durabilité est le fil rouge qui connecte tous les aspects de nos travaux. »  Le Président a donc exhorté à choisir la durabilité, qui permettra de garantir notre avenir sur cette planète partagée.  M. Francis a terminé sa déclaration en réitérant l’importance du système multilatéral que représentante l’ONU, celle-ci demeurant « l’une des plus grandes forces positives au monde ». 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité entend des propositions pour renforcer l’efficacité des opérations de maintien de la paix de l’ONU

9179e séance – matin et après-midi
CS/15813

Le Conseil de sécurité entend des propositions pour renforcer l’efficacité des opérations de maintien de la paix de l’ONU

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Soulignant que l’objectif ultime de toutes les opérations de maintien de la paix est politique, le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, M. Jean-Pierre Lacroix, a appelé, aujourd’hui, le Conseil de sécurité et l’ensemble des États Membres à mobiliser un soutien « fort, cohérent et unifié » aux missions de maintien de la paix et, en particulier, à encourager les parties à trouver et à mettre en œuvre des solutions politiques aux conflits. 

« Une opération de maintien de la paix est, et devrait toujours être, l’une des expressions les plus concrètes de la détermination collective du Conseil de sécurité à régler efficacement les conflits », a déclaré M. Jean-Pierre Lacroix. 

Le Secrétaire général adjoint a également souligné que l’efficacité des opérations de maintien de la paix dépend de mandats stratégiques clairs, réalisables, adaptables aux circonstances changeantes et dotés de ressources suffisantes.  L’adoption de mandats longs et détaillés sans les ressources nécessaires suscite des attentes irréalistes, ce qui risque d’alimenter la frustration des États hôtes et de leurs populations et constitue un terreau fertile pour la désinformation, a-t-il mis en garde. 

Préoccupé par la persistance de divisions au sein du Conseil, le Président et Directeur général de l’International Peace Institute, M. Zeid Ra’ad al-Hussein, a invité pour sa part les membres à mandater le Secrétaire général pour qu’il se rende en personne sur le terrain afin d’évaluer la situation dans les points chauds du globe et présente ensuite des suggestions.  Le Conseil doit faire confiance au Secrétaire général et à son impartialité et son bon jugement lorsqu’il aborde des questions relatives à la paix et à la sécurité, a estimé M. Zeid Ra’ad al-Hussein. 

Aujourd’hui, il y a un déclin de la volonté des États d’accueillir des missions qu’ils considèrent comme dépassées, tandis que les autres pays sont réticents à fournir une masse critique de soutien politique pour mettre fin à des conflits qui semblent désormais interminables.  Au cœur de tout cela se trouve la confiance défaillante de l’ONU en elle-même, en sa capacité à être une organisation de paix dans les circonstances les plus difficiles, a analysé l’ancien Haut-Commissaire aux droits de l’homme. 

La Slovénie a insisté sur l’impératif, pour les opérations de paix, de promouvoir l’engagement des communautés, l’autonomisation des femmes et des jeunes, et des processus politiques inclusifs, tout en se montrant capables de s’adapter à la nature évolutive des conflits mondiaux.  Prévoir des objectifs stratégiques clairs qui correspondent aux attentes des gouvernements hôtes et des populations civiles est également important, a ajouté la délégation. 

Il est aussi essentiel de définir des attentes claires quant aux responsabilités des États hôtes, afin de réduire le risque de retraits accélérés des missions, a ajouté le Royaume-Uni qui a insisté sur l’importance du soutien et du consentement politiques des pays hôtes pour garantir l’exécution efficace des mandats et des transitions bien planifiées. 

Le Mozambique a émis des doutes quant à l’efficacité d’un « modèle unique » dans le cadre des opérations de maintien de la paix, arguant que chaque pays a ses propres complexités, et chaque conflit ses propres spécificités.  Le succès de l’Opération des Nations Unies au Mozambique (ONUMOZ) peut notamment être attribué à la volonté politique des parties de mettre fin au conflit par un accord de paix, a soutenu la délégation. 

À ce propos, la Suisse a plaidé pour l’élaboration de modèles de missions « modulables » afin de mieux faire face aux situations concrètes, notant en outre qu’une participation significative des femmes augmente les chances de succès et aide à réduire les risques des missions.  Un point de vue partagé par Malte qui a, par ailleurs, appelé le Conseil à s’intéresser davantage aux effets négatifs que les opérations de maintien de la paix peuvent avoir sur l’environnement et les communautés d’accueil. 

Présidente du Groupe de travail du Conseil de sécurité sur les opérations de maintien de la paix, la République de Corée a estimé pour sa part qu’une bonne gestion de la transition des opérations de paix en Afrique « est la tâche la plus urgente et la plus ardue d’aujourd’hui. »  Elle a soutenu un partenariat avec l’Union africaine à cet égard, notamment par la mise en œuvre de la résolution 2719 (2023) qui, a rappelé M. Lacroix, a permis aux opérations de paix dirigées par l’Union africaine (UA) d’accéder aux contributions statutaires de l’ONU au cas par cas. 

Une plus grande implication des organisations régionales telles que l’UA est cruciale, a appuyé la délégation des États-Unis qui a par ailleurs relevé que les missions multidimensionnelles ont apporté de nombreux bénéfices, tout en reconnaissant que le principe d’un mandat plus ciblé et visant quelques objectifs clairs pourrait obtenir un plus grand soutien au sein du Conseil. 

La Chine a d’ailleurs recommandé que le Conseil évite d’élargir le mandat des missions à chaque renouvellement, tendance qui tend à rendre lesdits mandats trop vastes et pas assez ciblés.  Il faut réduire les tâches secondaires des soldats de la paix, en particulier celles liées aux droits humains, au genre et au climat, qui détournent l’attention de l’exercice des fonctions essentielles et nécessitent un financement important, a renchéri la Fédération de Russie. 

Pour sa part, la Présidente et Directrice générale de l’International Crisis Group, Mme Comfort Ero, s’est montrée prudente quant aux propositions « chronophages » de remplacer les opérations de paix par des organisations régionales ou des missions ad hoc.  « Il faut valoriser et renforcer les opérations de l’ONU, et non les rejeter », a plaidé Mme Ero selon qui l’ONU doit faire davantage pour comprendre la perception des communautés et, en retour, comment elle peut répondre aux leurs attentes. 

OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DES NATIONS UNIES

Renforcement des opérations de maintien de la paix des Nations Unies: réflexions pour l’avenir (S/2024/638)

Déclarations

M. JEAN-PIERRE LACROIX, Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, a souligné que l’objectif ultime de toutes les opérations de maintien de la paix est politique, notant qu’elles sont toutes conçues pour appuyer les accords de paix entre les parties à un conflit.  À cet égard, il a cité en exemple le travail de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), qui mobilise les principales parties prenantes pour faire avancer des solutions politiques inclusives et consensuelles, et de la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre (UNFICYP), qui promeut un environnement propice aux négociations et à un règlement éventuel. 

Pour que les forces de maintien de la paix soient efficaces, le Conseil et l’ensemble des États Membres doivent mobiliser un soutien fort, cohérent et unifié aux missions de maintien de la paix et, en particulier, encourager les parties au conflit à trouver et à mettre en œuvre des solutions politiques au conflit.  Une opération de maintien de la paix est, et devrait toujours être, l’une des expressions les plus concrètes de la détermination collective du Conseil de sécurité à régler efficacement les conflits, a-t-il souligné.

De même, l’engagement bilatéral de tous les États Membres avec les parties au conflit doit être compatible avec les décisions prises par le Conseil.  Il a appelé ces derniers à exercer leur influence diplomatique pour appuyer les processus politiques que les opérations de maintien de la paix sont censées soutenir, et encourager les adversaires à s’engager en faveur d’un accord de paix et de sa mise en œuvre.  Le soutien des États Membres est un élément central de tous les exemples réussis d’opérations de maintien de la paix, comme au Timor-Leste, au Libéria, en Côte d’Ivoire et en Sierra Leone, a-t-il fait observer. 

Le Secrétaire général adjoint a ensuite souligné que l’efficacité des opérations de maintien de la paix dépend de mandats stratégiques clairs, réalisables, adaptables aux circonstances changeantes et dotés de ressources suffisantes. Il s’agit d’un facteur essentiel pour que toute mission soit adaptée à ses objectifs, a-t-il noté.  De même, les mandats doivent être dotés des ressources nécessaires pour répondre aux ambitions du Conseil.  L’adoption de mandats longs et détaillés sans les ressources nécessaires suscite des attentes irréalistes, ce qui risque d’alimenter la frustration des États hôtes et de leur population et constitue un terreau pour la désinformation, a-t-il mis en garde.

Notant que de nombreux moteurs de conflit -notamment la criminalité organisée, les groupes armés non étatiques aux idéologies extrémistes et les effets des changements climatiques- ne connaissent pas de frontières, il a estimé que le maintien de la paix doit adopter un modèle opérationnel davantage intégré au système des Nations Unies et aux partenaires régionaux et internationaux. Les États Membres doivent doter les opérations de mandats, de ressources et de la souplesse administrative pour leur permettre de s’engager dans des partenariats essentiels. 

Le Secrétaire général adjoint a aussi appelé à investir dans le renforcement du maintien de la paix afin de le rendre plus efficace et plus adaptable aux défis actuels et à venir.  En outre, la sécurité et le bien-être des soldats de la paix demeurent une préoccupation majeure, a-t-il signalé, alertant que le nombre total d’actes hostiles à l’encontre de Casques bleus a augmenté dans toutes les missions.  La menace émergente des véhicules aériens sans pilote est une source de préoccupation croissante, a-t-il ajouté, notant que l’année 2024 aura été marquée par la première attaque par un drone armé contre une mission de l’ONU.  Il a également signalé que les maladies demeurent la principale cause de décès parmi les soldats de la paix.

Après avoir exhorté les États Membres à faciliter l’accès des femmes aux postes de direction militaire dans leur pays et à les désigner pour servir dans les opérations de maintien de la paix de l’ONU, le Secrétaire général adjoint a prévenu des limites des opérations de paix.  Les Casques bleus peuvent agir vigoureusement pour protéger les civils, mais ils ne font pas la guerre.  En l’absence de cessez-le-feu ou d’accord politique, des mesures coercitives prises par les partenaires peuvent s’avérer nécessaires.  Il a rappelé l’adoption de la résolution 2719 (2023), qui a permis aux opérations de paix dirigées par l’Union africaine d’accéder aux contributions statutaires de l’ONU au cas par cas. 

Avant de conclure, M. Lacroix a souhaité que le Sommet de l’avenir débouche sur l’adoption d’un pacte ambitieux qui donne un mandat clair et fort pour poursuivre les efforts afin d’adapter le maintien de la paix aux défis d’aujourd’hui et de demain. 

Mme COMFORT ERO, Présidente et Directrice générale de l’International Crisis Group, organisation non gouvernementale travaillant dans presque tous les pays où l’ONU a des opérations de paix, a observé que certains analystes parlent du déclin des opérations de maintien de la paix de l’ONU et suggèrent que des organisations régionales ou des missions ad hoc remplaceront les forces de l’Organisation.  Toutefois, malgré le relatif rétrécissement des opérations de maintien de la paix de l’ONU au cours de la dernière décennie, la mise en place de missions ad hoc peut être un processus complexe et chronophage, a-t-elle relevé, prenant en exemple le déploiement de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) en Haïti.  Dans ce contexte, elle s’est félicitée du fait que le projet de Pacte pour l’avenir demande au Secrétaire général de revoir toutes les formes d’opérations de paix de l’ONU.  Elle a invité le Conseil et l’ONU dans son ensemble à valoriser et renforcer les opérations de l’ONU, et non les rejeter. 

Mme Ero a ensuite rappelé que de nombreux civils jugent les opérations de paix à l’aune de la sécurité physique qu’elles peuvent offrir.  Tout en signalant les manifestations de colère de la population en République démocratique du Congo face à l’incapacité des Casques bleus à mettre un terme à la violence contre les civils ou encore le scepticisme des Centrafricains face à l’action de l’ONU, elle a observé que, lorsque la violence éclate, les civils fuient vers les bases onusiennes dans l’espoir d’être en sécurité.  Plus généralement, les civils ne comprennent pas les mandats et les limites auxquels sont confrontées les forces de maintien de la paix, a constaté l’intervenante, pour qui l’ONU doit faire davantage pour comprendre comment les communautés la perçoivent et, en retour, comment elle peut œuvrer pour répondre aux leurs attentes. 

La responsable de l’International Crisis Group a par ailleurs noté que, dans de nombreux pays que couvre cette ONG, les opérations de maintien de la paix de l’ONU ne jouent plus un rôle politique majeur, même lorsque l’Organisation y compte des milliers de personnels.  Après avoir longtemps joué un rôle de médiateur pour mettre fin à des guerres, l’ONU s’en remet aujourd’hui à d’autres acteurs, États individuels ou organisations régionales, pour diriger le processus de rétablissement de la paix et la médiation, a-t-elle constaté, y voyant une « bonne stratégie ».  Dans certains cas, comme au Soudan du Sud, l’ONU a réussi à soutenir des initiatives de paix au niveau communautaire, même lorsque son influence au niveau national s’est réduite, a-t-elle salué, regrettant toutefois que, dans le cas du Sahara occidental, l’ONU maintienne des forces de maintien de la paix dans des endroits où les stratégies politiques qu’elles étaient censées servir ont depuis longtemps disparu.  Le Conseil a la capacité et le devoir de combler ce « vide politique », a-t-elle conclu. 

M. ZEID RA’AD AL-HUSSEIN, Président et Directeur général de l’International Peace Institute, a rappelé qu’il y a 30 ans, en Croatie, l’ONU comptait 15 bataillons ou unités constituées provenant de 11 pays différents de partout dans le monde.  Des unités constituées américaines et russes travaillaient sur le même théâtre d’opérations, sous un commandement militaire de l’ONU dirigé par la France, a-t-il souligné en précisant que toutes les unités répondaient au Représentant spécial japonais Yasushi Akashi.  Tout cela ne veut pas dire que le succès était garanti, a-t-il reconnu mais malgré des échecs, comme au Rwanda en 1994, « nous étions là, presque tous ensemble pour vivre la douleur ensemble, et, espérons-le, en tirer des leçons, ensemble ». 

Aujourd’hui, a constaté l’orateur, il y a un déclin de la volonté des États d’accueillir des missions qu’ils considèrent comme dépassées, tandis que les autres pays sont réticents à fournir une masse critique de soutien politique pour mettre fin à des conflits qui semblent désormais interminables.  Au cœur de tout cela se trouve la confiance défaillante de l’ONU en elle-même, en sa capacité à être une organisation de paix dans les circonstances les plus difficiles, a-t-il analysé. 

Selon lui, l’Union africaine doit être considérée comme un partenaire stratégique de l’ONU, rien de moins.  Il a aussi suggéré que le Conseil de sécurité se préoccupe moins de la structure précise des mandats et se concentre davantage sur le choix des bonnes personnes, conformément à l’Article 101, paragraphe 3 de la Charte des Nations Unies.  Il faut également, a-t-il ajouté, laisser travailler les missions sans qu’elles soient entravées par les instructions contraignantes figurant dans les mandats. 

Le Conseil étant si divisé, nous recommandons qu’il revienne aux fondamentaux, a poursuivi M. al-Hussein.  Ainsi, lorsqu’une menace émergente ou réelle à la paix et à la sécurité internationales se manifeste, le Conseil devrait mandater le Secrétaire général pour qu’il se rende en personne au cœur du point chaud afin d’évaluer la situation, avant de faire rapport au Conseil avec des suggestions.  C’est après ce rapport que le Conseil peut commencer à élaborer une réponse logique, a estimé l’orateur.  Il a rappelé que c’est bien le Conseil qui choisit le Secrétaire général avant que l’Assemblée générale ne le nomme.  De ce fait, le Conseil a le devoir de faire confiance au Secrétaire général et à son impartialité et son bon jugement lorsqu’il aborde des questions relatives à la paix et à la sécurité.  « Si vous pensez que le Secrétaire général en est capable, respectez ses capacités en conséquence, donnez-lui un mandat et missionnez-le, écoutez-le et répondez à la crise en conséquence. » 

Le représentant de la Slovénie a déclaré que pour améliorer les opérations de maintien de la paix de l’ONU, il faut prévoir des objectifs stratégiques clairs qui correspondent aux attentes des gouvernements hôtes et des populations civiles.  Ces opérations devraient promouvoir l’engagement des communautés, l’autonomisation des femmes et des jeunes, des processus politiques inclusifs, la responsabilité et la transparence, a-t-il énuméré.  Il a ajouté que les opérations de paix devraient bénéficier de partenariats renforcés et solides avec les organisations régionales, nationales et locales pour une meilleure compréhension des dynamiques locales dans lesquelles elles évoluent.  De plus, a proposé le délégué, les opérations de maintien de la paix doivent être plus agiles et réactives pour s’adapter à la nature évolutive des conflits mondiaux. Pour leur part, les gouvernements des pays hôtes devraient améliorer la gouvernance et la protection des populations civiles, a exhorté le représentant. 

Le représentant du Royaume-Uni a estimé important de protéger et d’améliorer l’outil que constituent les opérations de maintien de la paix face aux défis nouveaux et systémiques.  Pour ce faire, il est essentiel de définir des attentes claires quant aux responsabilités des États hôtes, afin de réduire le risque de retraits accélérés des missions. Nous avons besoin d’un partenariat et d’une collaboration plus solides, ainsi que du soutien et du consentement politiques des pays hôtes et des dirigeants des opérations de maintien de la paix, pour garantir l’exécution efficace des mandats et des transitions bien planifiées, a-t-il affirmé, avant de plaider pour des missions plus agiles et plus flexibles, avec des mandats ciblés et réalistes. 

Renforcer les missions passe par l’amélioration du renseignement sur le maintien de la paix, la connaissance de la situation, a ajouté le délégué en suggérant d’adopter de nouvelles technologies telles que l’intelligence artificielle et de lutter efficacement contre l’exploitation et les abus sexuels. Pour préserver les gains des missions, il a insisté sur l’importance des transitions durables, guidées par les meilleures pratiques et les leçons apprises et garantissant la protection des civils.  Saluant les progrès réalisés dans le cadre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité, il a appelé à veiller à ce que toutes les opérations de paix soient pleinement représentatives et sûres pour les femmes.  Les contributions des femmes font partie intégrante de toutes les étapes des missions de maintien de la paix, y compris les réductions, les transitions et les retraits, a-t-il fait valoir en soulignant l’engagement du Royaume-Uni à cet égard. 

La représentante de la Suisse a constaté que le maintien de la paix est aujourd’hui menacé par les tensions existantes entre les États, la diminution du consensus et l’acceptation réduite par les États hôtes.  Il importe donc d’adapter cet instrument de façon anticipatoire, a-t-elle préconisé, avant de rappeler que les opérations de paix s’inscrivent dans un contexte historique, culturel, social existant et viennent soutenir un processus politique, lequel doit impliquer toutes les parties prenantes, notamment les femmes.  La participation significative de celles-ci augmente les chances de succès et aide à réduire les risques des missions, a assuré la déléguée.  Elle a également plaidé pour l’élaboration de modèles de missions « modulables » afin de mieux faire face aux situations concrètes, souhaitant que le Conseil dispose d’un éventail de formats de mission pouvant être engagés et séquencés selon les besoins.  La représentante a enfin estimé que l’unité du Conseil est importante pour la crédibilité des opérations de paix, pour leur acceptation sur le terrain et, en fin de compte, pour la sécurité des Casques bleus. 

La représentante de Malte a salué la mémoire des 196 Casques bleus ayant perdu la vie à cause d’actes malveillants entre janvier 2017 et septembre 2024.  En ce qui concerne l’amélioration des opérations de maintien de la paix, elle a recommandé d’adopter une approche holistique qui intègre de nombreuses questions transversales telles que les droits humains, les changements climatiques et le programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  À cette fin, les missions de maintien de la paix doivent recueillir un large soutien politique et disposer d’un financement adéquat et prévisible, a-t-elle plaidé en demandant aussi que les missions aient des mandats crédibles et réalistes, fondés sur des stratégies politiques claires qui garantissent la protection des civils et le respect et la promotion des droits humains. 

La déléguée a aussi évoqué les effets négatifs que les opérations de maintien de la paix peuvent avoir sur l’environnement et les communautés d’accueil, jugeant essentiel que le Conseil de sécurité s’intéresse davantage à ce défi et agisse en conséquence.  Cela exige le déploiement de missions vertes responsables utilisant efficacement les ressources naturelles, a-t-elle ajouté.  En outre, des mandats « femmes et paix et sécurité » sont essentiels pour faire progresser les droits des femmes et assurer leur pleine participation, égale, significative et sûre à tous les aspects du maintien de la paix et de la sécurité, a conseillé la déléguée. 

Le représentant du Mozambique a souligné que, depuis leur création en 1948, les missions de maintien de la paix ont énormément contribué à la sécurité collective.  Se basant sur la réussite de l’Opération des Nations Unies au Mozambique (ONUMOZ), il a dit que ce succès pouvait être attribué à la volonté politique des parties de mettre fin au conflit par un accord de paix contraignant entre elles et à la volonté du peuple mozambicain de mettre fin à la guerre.  Elle peut aussi être attribuée au fort soutien reçu aux niveaux régional et international pour le règlement des conflits, a estimé le représentant qui a demandé à l’ONU de tenir compte de la nécessité d’avoir des mandats clairs, réalistes et bien conçus pour les opérations de maintien de la paix.  Cela exige une planification minutieuse de la part du Secrétariat, ainsi que le respect de l’accord sur le statut des forces entre le pays hôte et le Secrétariat, une allocation de ressources proportionnelle à la mission prévue et une convergence complète du champ d’application des mandats entre le Conseil de sécurité et le Secrétaire général.  Le délégué a de plus insisté sur la nécessité de respecter la souveraineté d’un État qui, bien que fragile ou défaillant, a droit à sa souveraineté. 

Le représentant a émis des doutes quant à l’efficacité d’un « modèle unique » dans le cadre des opérations de maintien de la paix, arguant que chaque pays a ses propres complexités, et chaque conflit ses propres spécificités.  Il incombe donc au Conseil de sécurité et au Secrétariat de prendre des mesures appropriées à chaque situation, a-t-il recommandé avant de recommander le renforcement du lien entre les processus de rétablissement, de maintien et de consolidation de la paix.  Une opération de maintien de la paix qui est complètement détachée du rétablissement et de la consolidation de la paix a moins de chances de réussir, a-t-il expliqué. 

Le représentant de la République de Corée a déclaré que les opérations de maintien de la paix doivent rester un outil efficace pour maintenir la paix et la sécurité internationales.  Les défis auxquels les opérations sont confrontées ne doivent pas conduire à l’échec. Présidente du Groupe de travail du Conseil de sécurité sur les opérations de maintien de la paix, la République de Corée vise un soutien accru pour les opérations de maintien de la paix de la part de l’ensemble des membres de l’ONU.  Elle s’efforcera de créer des synergies avec le Comité spécial des opérations de maintien de la paix (Comité des 34) et la Conférence ministérielle sur le maintien de la paix, afin de redynamiser le Groupe de travail et de contribuer aux délibérations sur l’avenir des opérations de maintien de la paix, a promis le délégué.  Il a suggéré une bonne gestion de la transition des opérations de paix en Afrique « qui est la tâche la plus urgente et la plus ardue d’aujourd’hui. » 

Il a appelé à tirer les enseignements de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) et des transitions en cours, afin de bien gérer la relation avec le pays hôte et renforcer la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales.  Il a soutenu un partenariat avec l’UA à cet égard, notamment par la mise en œuvre de la résolution 2719 (2023).  Il a estimé que les opérations de paix doivent s’adapter à l’utilisation malveillante des technologies et la propagation de la mésinformation et de la désinformation et jouer un rôle essentiel dans l’atténuation des effets néfastes des changements climatiques. Enfin, les opérations de paix devraient encourager une plus grande participation des femmes et s’engager plus directement auprès des populations locales, car, a-t-il souligné, gagner les cœurs et les esprits des communautés d’accueil est essentiel au succès des opérations de maintien de la paix. 

Le représentant de l’Algérie a appelé à concevoir des mandats adaptables et réalisables qui fournissent des orientations stratégiques claires pour les opérations de maintien de la paix de l’ONU.  Ces dernières doivent être basées sur les réalités, les priorités et les conditions sur le terrain, a-t-il souligné.  Il est également nécessaire d’inclure, dès le début de la mission, des éléments clairs qui définissent les processus de transition et la stratégie de sortie échelonnée, tout en préservant les acquis en matière de sécurité. Et toute stratégie de sortie doit être basée sur des repères réalistes et réalisables, afin de donner au Conseil et au pays hôte, dans les contextes pertinents, la visibilité nécessaire.  De même, la coopération avec le pays hôte doit être encore plus renforcée, conformément aux cadres juridiques pertinents et au mandat de la mission.  La coopération, a-t-il dit, doit veiller à ce que les Nations Unies respectent les priorités nationales.  En outre, le mandat des missions de maintien de la paix doit inclure une composante droits humains.  Sans un tel outil, la présence de la mission sur le terrain manquera de légitimité et de crédibilité, a argué le représentant.  De même, il a appelé à favoriser les partenariats avec les organisations régionales et sous-régionales, notamment l’Union africaine. Selon lui, la primauté des solutions politiques aux conflits doit être reflétée dans le mandat des opérations de maintien de la paix de l’ONU. 

Le représentant de la France a jugé que la « clef de voûte » du maintien de la paix est le soutien aux solutions politiques, qui sont le seul moyen de favoriser une paix durable après le départ des opérations de paix. Cet objectif passe par la mobilisation de tous: membres du Conseil, États hôtes, États impliqués dans les processus de paix et pays voisins, a-t-il souligné, saluant la réussite de la coopération entre État hôte et Nations Unies opérée par les missions au Libéria, en Côte d’Ivoire ou encore en Sierra Leone.  Pour le délégué, les ensembles régionaux et sous-régionaux, ainsi que les États voisins, jouent également un rôle majeur pour soutenir et faire avancer les solutions politiques, de même que la bonne articulation avec les autres moyens d’action de l’ONU.  Il a souhaité à cet égard que le Nouvel Agenda pour la paix du Secrétaire général puisse renforcer cette action collective. 

Dans le même temps, les opérations de maintien de la paix doivent poursuivre leurs efforts pour s’adapter aux nouveaux défis et à chaque contexte, a-t-il poursuivi, réitérant le soutien de la France à l’effort de réforme entrepris via l’initiative « Action pour le maintien de la paix » et sa stratégie de mise en œuvre « Action pour le maintien de la paix Plus » (A4P+). Ce soutien s’est traduit par l’allocation de près de 7 millions d’euros de contributions volontaires au Département des opérations de paix et au Département de l’appui opérationnel au cours des deux dernières années, a précisé le représentant, ajoutant qu’un million d’euros seront versés ces quatre prochaines années au secteur de la recherche stratégique.  Enfin, après avoir plaidé pour une intensification des partenariats afin d’améliorer le fonctionnement des opérations de paix, il a estimé que l’adoption de la résolution 2719 (2023) relative aux opérations africaines de paix offre un cadre propice au renforcement de la complémentarité entre l’ONU et l’Union africaine dans la réponse aux crises en Afrique.  À cet égard, il a rappelé que la France participe à ces efforts à hauteur de 250 000 dollars de contributions volontaires cette année et que l’Union européenne a alloué 1,5 milliard d’euros en soutien à la prévention des conflits et aux efforts de sécurité en Afrique subsaharienne pour la période 2021-2027. 

Le représentant de la Chine a souligné l’importance pour l’ONU de faire un bilan de ses opérations de paix et de mieux calibrer les missions compte tenu de l’évolution rapide de la situation internationale en matière de sécurité.  Rappelant que le consentement des pays concernés, l’impartialité des missions et le non-recours à la force, sauf en cas de légitime défense, sont le fruit de nombreuses années de pratique, il a souhaité que ces piliers restent des principes directeurs à long terme.  Comme le note le Secrétaire général note dans le Nouvel Agenda pour la paix, les opérations de paix doivent être déployées pour appuyer un processus politique clairement défini, a-t-il souligné, voyant dans cette recommandation une orientation importante pour les transformer et les redynamiser.  Plaidant aussi pour un mandat clair donné aux missions, pour assurer la paix et la stabilité, le délégué a estimé que les opérations multidimensionnelles déployées pour répondre à un conflit interne ne peuvent pas remplacer les efforts des pays eux-mêmes.  Le délégué a aussi souhaité que le mandat d’une opération reflète la situation sur le terrain et corresponde aux priorités des pays et non « aux priorités politiques d’autres ».  Il a demandé en outre que le Conseil évite d’élargir le mandat des missions à chaque renouvellement, tendance qui tend à rendre lesdits mandats trop vastes et pas assez ciblés. 

Rappelant que le maintien des missions sur place n’est pas une fin en soi, le représentant a recommandé que le Conseil établisse rapidement une stratégie de sortie claire une fois que la situation se stabilise, pour ouvrir la voie à une transition.  De surcroît, la performance des opérations de paix devrait, selon lui, être constamment améliorée pour que le pays hôte avance sur la voie de la stabilité et du développement.  L’ONU doit également améliorer ses mécanismes de riposte aux crises et réduire le nombre des victimes.  Notant par ailleurs que les contributions pour le maintien de la paix représentent deux tiers de l’ensemble du budget de l’ONU, il a appelé à garantir une discipline financière et éviter le gaspillage.  Enfin, après avoir exhorté les missions de l’ONU à s’intéresser à leurs effets sociaux sur le terrain et à laisser un héritage vert après leur retrait, le délégué a plaidé pour l’octroi de ressources prévisibles et adéquates aux opérations de soutien à la paix menées par l’UA, conformément aux modalités prévues par la résolution 2719 (2023). 

Le représentant des États-Unis a évoqué les obstacles qui entravent la conduite des opérations de maintien de la paix, notamment les divisions au sein même du Conseil de sécurité.  Il a appelé à renforcer l’appui du Conseil en faveur de cet outil incontournable, estimant possible d’améliorer le modèle actuel de ces opérations.  Il a souligné que les missions multidimensionnelles ont apporté de nombreux bénéfices, même si le principe d’un mandat plus ciblé et visant quelques objectifs clairs pourrait obtenir un plus grand soutien au sein du Conseil.  De même, une plus grande implication des organisations régionales telles que l’Union africaine (UA) est cruciale, a-t-il dit.  Pour le représentant, les missions doivent pourvoir opérer sans obstruction ni restriction.  Les opérations de maintien de la paix sont là pour servir les populations, a-t-il rappelé en insistant sur l’importance de veiller à mieux protéger les civils.  Le représentant a assuré que les États-Unis sont prêts à œuvrer au sein du Conseil pour améliorer ces opérations. 

Le représentant du Japon a recommandé une volonté forte et collective de la part de toutes les parties prenantes afin d’améliorer l’efficacité des opérations de maintien de la paix.  Avant cela et dans le même but, il a suggéré au Conseil de sécurité d’élaborer une stratégie politique active et cohérente, en établissant des mandats réalistes et réalisables avec un objectif stratégique clair et en répondant aux besoins et aux attentes des gouvernements hôtes et de leurs populations.  Le délégué a également demandé au Conseil de maintenir une communication étroite avec les pays fournisseurs de contingents et de police et les missions sur le terrain, afin de connaître les capacités et les défis.  Il a aussi suggéré au Conseil d’adopter une approche horizontale qui ne se concentre pas uniquement sur le maintien de la paix dirigé par les forces armées et de police, mais qui tienne également compte de la consolidation de la paix et de la prévention. 

Qui plus est, le Conseil devrait se concentrer davantage sur les femmes et les jeunes, pour que la société soit résiliente et durable, a poursuivi le délégué. À cet égard, il a demandé au Conseil de veiller à ce que les opérations de paix élaborent des stratégies de sortie et des plans de transition viables très tôt, en coordination avec les pays hôtes et les équipes de pays des Nations Unies.  Par ailleurs, le délégué a souligné l’importance de la sûreté et de la sécurité des Casques bleus, insistant sur le besoin de programmes de formation dans les domaines de la lutte contre les engins explosifs improvisés, du renseignement, de la lutte contre la mésinformation et la désinformation ainsi que de capacités médicales.  Le Japon et l’Uruguay organiseront en décembre la réunion préparatoire en vue de la Conférence ministérielle sur le maintien de la paix de 2025 afin d’approfondir le débat international sur la formation et le partenariat, a-t-il annoncé.  Enfin, il a mis en avant le rôle des organisations régionales, en particulier l’UA, en recommandant d’améliorer les capacités de leur personnel. 

Le représentant de la Sierra Leone a noté que, depuis 1948, 72 opérations de maintien de la paix de l’ONU ont été déployées dans le monde, chargées de prévenir et de gérer les conflits violents entre les États et à l’intérieur de ceux-ci, ainsi que d’aider les acteurs nationaux à protéger et à consolider la paix après un conflit.  En offrant aux belligérants des possibilités de dialogue et de résolution, ces opérations réduisent l’incidence des conflits récurrents, a-t-il observé, constatant que les missions de maintien de la paix mandatées par le Conseil continuent d’être un « phare d’espoir » pour des centaines de millions d’hommes, de femmes et d’enfants dans le monde. 

Toutefois, a-t-il ajouté, ces opérations n’étant pas des fins en soi, elles doivent être mises en place dans le cadre de la Charte des Nations Unies, comme le prévoit le Nouvel Agenda pour la paix.  La volonté politique des États Membres, en particulier ceux du Conseil de sécurité, est primordiale pour établir la légitimité et le succès des opérations de maintien de la paix, a souligné le délégué, avant d’appeler à des modèles de mission plus adaptatifs et centrés sur les personnes.  De même, il a qualifié d’essentiels les partenariats avec les accords régionaux de maintien de la paix, saluant à cet égard l’adoption de la résolution 2719 (2023) sur le financement des opérations de soutien à la paix dirigées par l’UA, ainsi que le format de partenariat innovant approuvé dans la résolution 2699 (2023), qui donne mandat à la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) en Haïti. 

La représentante du Guyana a rappelé que le Nouvel Agenda pour la paix du Secrétaire général souligne la nécessité d’une approche holistique du maintien de la paix qui intègre la prévention des conflits, le maintien et la consolidation de la paix pour créer une voie durable vers la paix et la sécurité. Il est maintenant temps pour nous de mettre en pratique les leçons apprises, a—t-elle lancé.  Selon la déléguée, si les organisations régionales et sous-régionales telles que l’Union africaine et la Communauté des Caraïbes (CARICOM) jouent un rôle crucial dans leur région, cela ne dispense en aucun cas le Conseil de sécurité de sa responsabilité principale en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales. 

En prélude au Sommet de l’avenir, elle a proposé de renforcer les capacités des opérations de paix en améliorant la formation et la planification stratégique, et en modernisant les équipements.  En outre, les principes de transparence et de responsabilité doivent rester au premier plan des mandats.  Elle a également insisté sur le respect des droits humains par les opérations de maintien de la paix, avant de conseiller de tenir compte des impacts des changements climatiques qui peuvent agir comme un multiplicateur de risques, exacerbant les vulnérabilités et aggravant les griefs existants.  Enfin, elle a appelé à la participation pleine et égale des femmes à tous les niveaux de commandement des opérations de maintien de la paix, à toutes les phases des opérations et de la planification, et à tous les processus de prise de décision.  C’est vraiment un ingrédient essentiel pour une paix durable, a-t-elle argué, avant de mettre également en avant le rôle des jeunes. 

Le représentant de l’Équateur a souligné la nécessité d’une coordination efficace entre les acteurs impliqués dans les opérations de maintien de la paix pour s’attaquer efficacement aux causes profondes des conflits.  Cette efficacité peut être garantie par un dialogue franc avec les pays hôtes sur les stratégies et les mandats, ainsi que par la prise en compte de leurs progrès.  Le délégué a également jugé essentiel que les mandats soient clairs, hiérarchisés et réalisables, en étant alignés sur les réalités du terrain. Cette approche est essentielle pour définir les objectifs stratégiques et hiérarchiser les tâches de la mission, a-t-il insisté en soulignant le rôle du Conseil à cet égard.  En outre, il a plaidé pour un financement adéquat et durable, soulignant l’importance de la résolution 2719 (2023) qui établit un cadre pour un financement prévisible et durable des opérations de soutien à la paix dirigées par l’UA. 

Le renforcement des opérations des organisations régionales et sous-régionales est crucial pour assurer une réponse coordonnée, a-t-il ajouté.  À son avis, des initiatives telles que la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) en Haïti, sous la direction éminente du Kenya, avec la participation de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), et autorisées par la résolution 2699 (2023), doivent disposer de mécanismes de coordination avec la mission de l’ONU sur le terrain et être alignées avec eux.  En outre, les missions devraient amorcer la planification de la transition avec les pays hôtes, les équipes de pays des Nations Unies et d’autres acteurs nationaux concernés, dès les premières étapes de leurs opérations, a souhaité le représentant.  Il a enfin suggéré de jeter la lumière sur les succès, de gérer les attentes et de contrer la désinformation et les discours de haine.  Une communication efficace est nécessaire pour que la coordination entre tous les acteurs devienne une réalité, a-t-il conclu. 

Le représentant de la Fédération de Russie a estimé que, quels que soient les changements que subissent les opérations de maintien de la paix de l’ONU, ils doivent être fondés sur le respect inconditionnel de la souveraineté des États hôtes et des buts et principes de la Charte des Nations Unies, ainsi que sur l’impératif des principes fondamentaux du maintien de la paix: le consentement des parties, l’impartialité et le non-recours à la force, sauf en cas de légitime défense et de défense du mandat.  Un autre élément clef est la coopération de l’ONU avec des organisations régionales et sous-régionales constructives, a-t-il ajouté. Moscou est ainsi favorable au développement de la coopération entre l’ONU, l’Union africaine et les organisations sous-régionales, sur la base du principe « solutions africaines aux problèmes africains ».  Il importe également que les pays africains conservent une marge de manœuvre pour leurs propres décisions, indépendamment de toute forme d’aide financière extérieure, a souligné le délégué, justifiant ainsi l’appui de la Fédération de Russie à la résolution du Conseil sur le financement du maintien de la paix en Afrique. 

Considérant que l’efficacité des missions réside avant tout dans la création des conditions préalables à un dialogue direct entre les parties en conflit dans l’intérêt de parvenir à un règlement politique, le représentant a souligné l’importance de l’unité du Conseil, sans laquelle il est impossible de s’entendre sur un mandat clair et réaliste, de gagner la confiance de l’État hôte et de fournir un soutien efficace aux efforts régionaux.  À cet égard, il a jugé nécessaire de réduire les tâches secondaires des soldats de la paix, en particulier celles liées aux droits humains, au genre et au climat, « qui détournent l’attention de l’exercice des fonctions essentielles et nécessitent un financement important ». De même, il est selon lui fondamental de prendre en compte les points de vue et les besoins des États hôtes lors de la définition du mandat d’une opération de paix.  La résolution de la crise interne du pays est un processus complexe, laborieux, souvent à long terme, qui doit être de nature nationale et prendre en compte les intérêts de tous les groupes de la population, a-t-il fait valoir.  Quant à la désinformation sur les activités de l’ONU, il a estimé que cette question nécessite une approche globale, « car les commentaires négatifs adressés à l’Organisation ne constituent pas toujours une tentative de ternir sa réputation ». 

Déclarations des autres délégations

Les profondes divisions au sein du Conseil de sécurité ont fait l’objet de commentaires inquiets et nombreux, de la part d’États non membres comme le Chili, le Pakistan et bien d’autres encore.  « Sans un soutien politique fort des 15 membres de ce Conseil, les opérations sont affaiblies dans leur orientation, leur dynamisme et leur autorité », a formulé le Portugal, résumant les réflexions de ces délégations. 

Pour que les opérations de paix soient mieux à même d’accomplir leurs objectifs, l’Angola a suggéré au Conseil de combler l’écart grandissant entre les mandats et ce que les missions peuvent réellement accomplir sur le terrain, de « gérer les attentes des autorités et des citoyens du pays hôte » et d’éviter ainsi aux missions d’essuyer une crise de légitimité –crise observée par un pays hôte tel que l’Éthiopie.  La Grèce a aussi poussé pour des « mandats réalistes », ainsi que pour des « stratégies de transition et de sortie bien réfléchies ». 

Conscients de la complexité du maintien de la paix, les pays contributeurs de troupes comme les Philippines ont en parallèle demandé au Conseil de bien clarifier le mandat des opérations de maintien de la paix, afin de garantir au mieux la sécurité des Casques bleus.  La Roumanie a, elle, réclamé, avec d’autres pays contributeurs de troupes tels que le Kazakhstan, des fonds robustes, du personnel bien formé et du matériel militaire approprié pour les missions. 

« Nous devons éviter que les missions ne soient progressivement perçues comme faisant partie du problème et non de la solution », a formulé la Lettonie, au nom des États baltes et du groupe des pays nordiques.  Selon la délégation, la planification de la transition doit se situer au cœur de toute opération de paix dès le départ, tout comme l’évaluation et l’ajustement continus des structures de mission, afin de garantir qu’elles restent adaptées à leur objectif.  L’Irlande a appelé à mettre en œuvre intégralement la résolution 2594 (2021) qui veille à ce que lorsque les opérations de paix de l’ONU sont réduites, elles le soient de manière à assurer la protection des civils et à renforcer la consolidation de la paix. 

Le strict respect des normes de responsabilité et de transparence est également essentiel, a noté la Croatie.  Cela implique des mécanismes solides de suivi et d’évaluation des missions de maintien de la paix pour maintenir leur crédibilité, leur efficacité et leur intégrité, et pour garantir qu’elles ne compromettent pas leur tâche la plus importante: la protection des civils. 

L’Éthiopie a fait porter la principale responsabilité de la baisse de confiance de la population dans les missions -« de moins en moins acceptées », a-t-elle insisté- par le manque de représentation de l’Afrique au Conseil de sécurité et par les sanctions dont certains pays hôtes sont l’objet.  Ces sanctions entraînent un manque d’accès à la coopération internationale et, par un effet pervers, la mise en place d’une « concurrence » entre la mission onusienne et le pays hôte. 

D’une manière générale, la majorité des délégations considèrent acquis le fait que les organisations régionales sont destinées à jouer un rôle essentiel dans le maintien de la paix.  Avec la régionalisation des conflits, accorder davantage de responsabilités aux organisations régionales est logique, a résumé le Maroc.  La Grèce soutient d’ailleurs l’appel du Secrétaire général pour une nouvelle génération de missions mandatées par le Conseil et dirigées par des partenaires africains, avec un financement garanti par des contributions obligatoires.  Pour renforcer les synergies, il est impératif de se réunir régulièrement sur les questions liées à la paix et à la sécurité.  « Pas de réunions pour le plaisir d’organiser des réunions », a précisé l’Autriche: pour parvenir à une coopération et une interaction réelles, il faut inciter l’ONU et les organisations régionales à davantage se rencontrer et mieux se coordonner. 

L’avancée significative apportée par la résolution 2719 (2023) dans ce domaine a été saluée par plusieurs délégations, dont le Burundi qui a relevé l’importance de soutenir les opérations régionales avec des ressources adéquates.  D’autant que permettre aux organisations régionales de se comporter de manière responsable, c’est aussi leur permettre de contribuer de manière cohérente au maintien de la paix, ont ajouté les États baltes et le groupe des pays nordiques.  L’Union africaine (UA) et ses organisations sous-régionales ont démontré un avantage comparatif évident en tant que premiers intervenants dotés de la volonté politique d’entreprendre des opérations offensives dans des environnements à haut risque, a estimé l’Angola, selon qui « une architecture africaine de paix et de sécurité bien financée est dans l’intérêt supérieur de la communauté internationale ».  Le Viet Nam s’est quant à lui réjoui de la collaboration entre les Nations Unies et l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) dans les opérations de paix, dans le cadre du Plan d’action 2021-2025. 

S’agissant d’une prise en compte adéquate des points de vue des pays hôtes et des attentes de la population civile, le Chili a proposé de renforcer les liens entre responsables militaires des opérations de maintien de la paix et acteurs locaux.  Il s’agit de mettre en place un « réseau d’artisans de paix », a résumé l’Italie qui, en termes de bonnes pratiques, a cité la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) « très respectueuse des populations locales et donc très stable ». 

Sri Lanka et le Timor-Leste ont pointé le rôle crucial des femmes pour un maintien de la paix plus efficace, le Guatemala notant en outre que les femmes suscitaient davantage la confiance des victimes de conflits et de violences sexuelles en période de conflit. L’Indonésie a appelé à promouvoir les soldates de la paix autant que les soldats, tandis que le Burundi a indiqué avoir préparé une unité de police de maintien de la paix presque entièrement composée de femmes, encore non déployée mais prête à intervenir en cas de besoin. 

La délégation éthiopienne a critiqué la militarisation excessive des missions et une certaine emprise des nouvelles technologies contribuant, selon elle, à des « excès de prudence ».  À l’inverse, pour la Pologne et la Croatie, les missions de maintien de la paix doivent s’adapter en intégrant justement des technologies avancées pour renforcer leurs capacités de renseignement, selon une stratégie d’adaptation constante. 

Enfin, la Thaïlande a appelé à prévenir les conflits en s’attaquant à leurs racines: « disparités socioéconomiques, pauvreté, inégalités au sein des pays et entre eux ».  « Une paix durable nécessite une approche globale de la sécurité prenant en compte les causes profondes de la violence, ainsi que la situation sociale et économique sur le terrain », a acquiescé le Brésil

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale adopte une série de résolutions, dont les modalités de la prochaine Conférence sur l’eau qui se déroulera aux Émirats arabes unis en décembre 2026

Soixante-dix-huitième session,
107e et 108e séances plénières – matin et après-midi
AG/12620

L’Assemblée générale adopte une série de résolutions, dont les modalités de la prochaine Conférence sur l’eau qui se déroulera aux Émirats arabes unis en décembre 2026

Alors que la soixante-dix-huitième session de l’Assemblée générale est sur le point de se terminer, l’organe universel de l’ONU a adopté ce matin plusieurs résolutions, dont une qui décide de convoquer la Conférence des Nations Unies sur l’eau de 2026 aux Émirats arabes unis, du 2 au 4 décembre. 

Plusieurs délégations, notamment la Hongrie au nom de l’Union européenne (UE) et les États-Unis, ont dit être déçus que ce texte ne reflète pas pleinement l'importance de la participation de la société civile à cette conférence.  Leur participation est essentielle pour pouvoir élaborer des politiques efficaces qui répondent aux besoins de l'ensemble des communautés dans le domaine de l'eau, a argumenté le Royaume-Uni, suivi par le groupe CANZ (Canada, Australie et Nouvelle-Zélande). 

Le souci d’inclusion de participants aux réunions de l’ONU s’est illustré également par l’adoption d’une résolution qui vise à renforcer la participation des représentants des peuples autochtones et de leurs institutions aux réunions des organes compétents de l’ONU.

L’Assemblée a en outre proclamé le 6 juillet Journée mondiale du développement rural en adoptant par consensus et telle qu’amendée une résolution présentée par le Bangladesh, qui souligne l’importance cruciale du développement et de la transformation des zones rurales pour la réalisation des objectifs de développement durable (ODD). 

Autre date prise aujourd’hui par l’Assemblée générale, avril 2025, qui verra la tenue de la deuxième édition des Jeux des Nations Unies. Les premiers ont été disputés à New York du 11 avril au 8 mai 2024, et leur succès a convaincu l’Assemblée de demander leur tenue à l’avenir chaque année.  

Plus près dans le temps, alors que la réunion plénière de haut niveau sur les menaces existentielles liées à l’élévation du niveau de la mer aura lieu le 25 septembre, l’Assemblée a approuvé la participation d’une liste de 20 organisations non gouvernementales, organisations de la société civile, établissements universitaires et entités du secteur privé.  Idem pour la participation d’une centaine de ces acteurs à la troisième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral

Un autre texte a été adopté par l’Assemblée pour inscrire à l’ordre du jour provisoire de sa soixante-dix-neuvième session la question intitulée « Élimination des mesures économiques coercitives unilatérales et extraterritoriales utilisées pour exercer une pression politique et économique », une question qu’elle a choisi d’examiner à l’avenir tous les deux ans. 

L’Assemblée générale a par ailleurs adopté une résolution sur le multilinguisme par laquelle elle prie le Secrétaire général d’appliquer le Cadre stratégique des Nations Unies sur le multilinguisme. Elle regrette à cette occasion que jusqu’ici la couverture des réunions et les communiqués de presse quotidiens ne soient disponibles qu’en anglais et en français.  « Il importe que ces documents paraissent dans toutes les langues officielles. »  De même, il faut traiter également les six langues officielles sur les sites Web, médias sociaux et autres outils de communication en ligne, ajoute le texte. 

Ce texte a suscité de nombreux commentaires de délégations très attachées au principe du multilinguisme, notamment la Communauté des pays lusophones, le Groupe des Amis de la langue espagnole au sein des Nations Unies et le Groupe des ambassadeurs francophones.Si les délégations se sont félicitées du premier Cadre stratégique des Nations Unies sur le multilinguisme, plusieurs ont regretté un manque de transparence pendant la dernière phase des négociations de la résolution adoptée aujourd'hui. De plus, certaines délégations ont souhaité que les efforts en faveur du multilinguisme ne soient pas compromis par la crise de liquidités qui frappe l’ONU cette année. 

DÉCISION SUR DES PROJETS DE RÉSOLUTION ET DE DÉCISION

Le sport au service du développement et de la paix: édification d’un monde pacifique et meilleur grâce au sport et à l’idéal olympique

Ce texte (A/78/L.107), adopté sans vote, se basant sur le succès des tout premiers jeux organisés avec les missions permanentes auprès de l’Organisation des Nations Unies à New York (Jeux des Nations Unies), qui ont été disputés à New York du 11 avril au 8 mai 2024, demande que ces Jeux soient organisés chaque année, dans des lieux accessibles aux représentants de tous les États Membres, des membres des institutions spécialisées et des observateurs auprès des Nations Unies.  Il demande que la deuxième édition des Jeux se tienne à New York en avril 2025. 

L’Assemblée générale encourage l’ensemble des délégations à apporter leur soutien à la tenue des Jeux, avec la collaboration du Département des affaires économiques et sociales (DESA) du Secrétariat.  Elle invite les cinq groupes régionaux à proposer chacun, en temps utile, une candidature pour le comité d’organisation de la deuxième édition de ces Jeux, de sorte que les personnes désignées puissent prendre part à la première réunion informelle du comité, qui se tiendra à New York en janvier 2025. 

Enfin, l’Assemblée générale engagetoutes les parties intéressées à verser des contributions volontaires à un fonds d’affectation spéciale consacré aux Jeux des Nations Unies, ainsi qu’à pourvoir par d’autres moyens à la tenue des Jeux. 

Application et suivi intégrés et coordonnés des textes issus des grandes conférences et réunions au sommet organisées par les Nations Unies dans les domaines économique et social et dans les domaines connexes

Par le projet de résolution intitulé « Journée mondiale du développement rural » (A/78/L.84/Rev.2), présenté par le Bangladesh et adopté par consensus tel qu’amendé, l’Assemblée générale décide de proclamer le 6 juillet Journée mondiale du développement rural, afin de souligner l’importance cruciale du développement et de la transformation des zones rurales pour la réalisation des objectifs de développement durable.

Avant la décision sur le projet de résolution, l’Assemblée générale a adopté par 60 voix pour, 3 voix contre (États-Unis, Israël et Palaos) et 81 abstentions une proposition d’amendement (A/78/L.92/Rev.1) présentée par la Bolivie et prévoyant l’insertion au quatrième alinéa du préambule d’un nouvel alinéa, libellé comme suit: « Prenant note de sa résolution 73/165 du 17 décembre 2018, par laquelle elle a adopté la Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales ».

Explications de vote et de position

Avant la mise aux voix de la proposition d’amendement, les États-Unis, qui ont indiqué avoir demandé un vote sur ce texte, ont regretté que certains États aient tenté d’accaparer le processus de consultation en présentant un amendement qui ne jouit pas du consensus.  La délégation a dénoncé une manœuvre qui fait fi des travaux menés par les États Membres pour parvenir à un consensus et qui ignore les efforts des négociateurs et des facilitateurs.  Elle a invité les États Membres à voter contre cette proposition au nom du respect des procédures en vigueur et de la préservation du consensus.

Après l’adoption du projet de résolution, la Hongrie, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne (UE), a déploré qu’après cinq séries de consultations officieuses et une procédure d’approbation tacite, une délégation ait tenté d’hypothéquer ce consensus.  Les résolutions sur les journées internationales doivent être des textes de procédure, a-t-elle fait valoir, justifiant ainsi l’abstention des États membres de l’UE sur la proposition d’amendement.  Les États-Unis se sont dissociés de l’amendement adopté.

Application et suivi intégrés et coordonnés des textes issus des grandes conférences et réunions au sommet organisées par les nations unies dans les domaines économique et social et dans les domaines connexes

Suite donnée aux textes issus du sommet du millénaire 

L’Assemblée général a en outre adopté par consensus une décision (A/78/L.112) déposée par son Président et portant sur la « participation d’organisations non gouvernementales, d’organisations de la société civile, d’établissements universitaires et du secteur privé à la réunion plénière de haut niveau sur les menaces existentielles liées à l’élévation du niveau de la mer ».  En vertu de ce texte, elle décide d’approuver la participation à cette réunion de 20 organisations non gouvernementales, d’organisations de la société civile, d’établissements universitaires et d’entités du secteur privé.

Avant l’adoption de cette décision, la Fédération de Russie a déploré le libellé qui ne tient pas compte du fait que la participation des parties concernées doit se baser sur le « principe de non-opposition » des États Membres.  Pour la délégation, cela restreint la possibilité des États à faire opposition à la participation d’ONG.  La Russie a ainsi dit ne pas se féliciter de la participation de « Society of Gender professionals » à la réunion plénière de haut niveau.

Développement durable

En adoptant par consensus la résolution A/78/L.110, l’Assemblée générale a décidé que la Conférence des Nations Unies sur l’eau de 2026, coorganisée par les Émirats arabes unis et le Sénégal, se tiendra aux Émirats arabes unis du 2 au 4 décembre 2026, et que son document final mettra l’accent sur des mesures d’urgence et des mesures collectives permettant de favoriser la réalisation de l’objectif de développement durable no 6. 

Explications de position

Au nom de l’Union européenne (UE), la Hongrie a déploré que les libellés sur la participation des parties prenantes n’aient pas fait l’objet de consensus, mais a néanmoins espéré que la Conférence débouchera sur un document final robuste. 

Les États-Unis ont salué le fait que le texte fasse mention des peuples autochtones mais ont en regretté l’absence d’un libellé reflétant pleinement l’importance de la participation de la société civile à cette Conférence. Leur participation est essentielle pour pouvoir élaborer des politiques efficaces qui répondent aux besoins de l’ensemble des communautés dans le domaine de l’eau, a souligné le Royaume-Uni

L’Australie qui s’exprimait au nom des délégations du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (CANZ) a appelé l’Assemblée générale à examiner les critères établis par le Comité chargé des organisations non gouvernementales pour déterminer l’éligibilité des ONG à participer aux réunions, tout en réfutant toute politisation de ce travail. 

Le texte adopté permet à n’importe quel État de bloquer unilatéralement la participation d’une organisation de la société civile, s’est alarmé de son côté le Mexique.  La délégation a recommandé l’inclusion d’un paragraphe qui garantisse que l’Assemblée générale soit notifiée de toute objection concernant la participation d’une organisation de la société civile.  Cela contribuerait à une prise de décision intergouvernementale plus démocratique et plus accessible à tous, a-t-elle estimé. 

La Türkiye s’est dissociée du consensus sur les paragraphes 17 et 18, et des réunions préparatoires qui n’apporteraient pas de contributions à la Conférence de 2026.  La délégation a insisté sur l’importance de suivre les procédures des Nations Unies et les pratiques et règles établies s’agissant des négociations afin de respecter une transparence et une inclusion totales. 

La Fédération de Russie a observé que la résolution prend note de la stratégie en matière d’eau et d’assainissement à l’échelle du système des Nations Unies. Cette stratégie n’ayant pas fait l’objet d’un accord avec les États Membres, la résolution concerne donc en premier lieu les organes du Secrétariat, les organismes des Nations Unies et non pas les États Membres, a-t-elle estimé. 

Groupes de pays en situation particulière : suivi de la deuxième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral

Par le projet de décision intitulé « Participation d’organisations non gouvernementales, d’organisations de la société civile, d’établissements universitaires et du secteur privé à la troisième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral » (A/78/L.111), adopté par consensus, l’Assemblée générale décide d’approuver la participation à la troisième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral et à ses travaux préparatoires des organisations non gouvernementales, des organisations de la société civile, des établissements universitaires et des entités du secteur privé.  La liste des plus de 100 entités concernées est annexée au texte.

Explication de position

La Fédération de Russie a indiqué qu’elle a rejoint le consensus sur cette décision mais n’approuve pas la participation de deux organisations à la troisième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral: GÉANT et Society of Gender Professionals.

Droits des peuples autochtones

L’Assemblée générale a également adopté par consensus la résolution (A/78/L.106) intitulée « Renforcer la participation des représentants des peuples autochtones et de leurs institutions aux réunions des organes compétents de l’Organisation des Nations Unies portant sur des questions qui les concernent ».

Par ce texte, elle exhorte notamment les gouvernements et les organisations intergouvernementales et non gouvernementales à continuer d’alimenter le Fonds de contributions volontaires des Nations Unies pour les peuples autochtones, afin que celui-ci puisse aider les représentants d’organisations et d’institutions autochtones à participer aux consultations concernant les mesures à prendre sur le plan procédural et institutionnel qui leur permettraient de participer aux réunions des organes des Nations Unies portant sur des questions les intéressant.

Explications de position

Avant l’adoption, le Guatemala a souligné que la participation des peuples autochtones est une obligation incombant aux Nations Unies.  Il serait donc de bon ton de créer une nouvelle catégorie permettant à ces peuples de participer aux travaux à l’international sous une autre étiquette que celle d’ONG.

« Les peuples autochtones ne sont pas venus aux Nations Unies pour créer des problèmes, mais pour apporter des solutions », a déclaré le Canada pour qui une meilleure participation des peuples autochtones s’inscrit en droite ligne du principe de ne laisser personne de côté.

Jugeant eux aussi essentiel que ces peuples puissent s’exprimer sur les questions les concernant, les États-Unis ont déploré que les représentants de ces peuples ne soient pas admis dans le processus d’accréditation des participants aux travaux les concernant.  De son côté, l’Australie a regretté que la résolution ne prévoit pas l’organisation d’un atelier informel avec les peuples autochtones pour discuter de cette question.  Le Mexique a pour sa part pointé le manque d’ambition du texte.

Renforcement du système des Nations Unies

Par cette résolution (A/78/L.105), l’Assemblée générale décide, par consensus, d’inscrire à l’ordre du jour provisoire de sa soixante-dix-neuvième session, pour examen en séance plénière, la question intitulée « Élimination des mesures économiques coercitives unilatérales et extraterritoriales utilisées pour exercer une pression politique et économique ».  En outre, elle décide d’examiner la question tous les deux ans en séance plénière à compter de sa soixante-dix-neuvième session. 

Par ailleurs, elle décide que la partie inaugurale du Sommet de l’avenir comportera également des déclarations du Président de la République de Namibie et du Chancelier de la République fédérale d’Allemagne en lieu et place de leurs déclarations nationales figurant sur la liste des orateurs en séance plénière. 

Le Venezuela qui a adhéré au consensus, a souligné que la question des mesures coercitives unilatérales ne peut être ignorée, minimisée ou occultée, au motif que ces mesures compromettent délibérément, non seulement la réalisation de la promesse de ne laisser personne pour compte, mais aussi le bien-être et le plein développement des générations actuelles et futures.  Le représentant vénézuélien a dénoncé cette approche qui cherche à maintenir un statu quo inacceptable.  « La crédibilité de notre Organisation est en danger tout comme la réalisation de la promesse de paix, de développement durable et de droits humains. »  Plaidant pour que tous les textes de l’ONU reflètent les questions qui touchent directement les populations au quotidien, il a demandé d’y inclure des éléments concrets qui rejettent la promulgation et l’application de ces mesures coercitives unilatérales illégales.  Il a inclus dans cette demande les textes qui seront soumis à l’examen des Chefs d’État et de gouvernement dans moins de trois semaines.  Le Venezuela subit aujourd’hui « plus de 930 soi-disant sanctions » pour le simple fait de ne pas avoir cédé au chantage et à l’extorsion des puissances étrangères, a fustigé le représentant. Il a toutefois estimé que la décision adoptée va dans le bon sens et offre des possibilités de tenir au sein de l’Assemblée générale un dialogue politique régulier qui permettra, d’une part, de sensibiliser davantage à ce problème mondial et, d’autre part, d’avancer vers la levée complète, immédiate et inconditionnelle de ces mesures criminelles. 

Multilinguisme

Par le projet de résolution intitulé « Multilinguisme » (A/78/L.108), présenté par Andorre et adopté par consensus, l’Assemblée générale souligne que l’égalité des six langues officielles de l’ONU est d’une importance primordiale.  Prenant note avec inquiétude des conséquences que les mesures prises par le Secrétaire général pour faire face à la crise de liquidités et aux effets résiduels de la pandémie de COVID-19 ont sur la fourniture de services linguistiques et sur la gestion des réunions, elle prie le Secrétaire général d’appliquer le Cadre stratégique des Nations Unies sur le multilinguisme. Elle demande en outre aux États Membres et au Secrétariat d’encourager la conservation et la défense de toutes les langues parlées par les peuples du monde entier, notamment en célébrant la Journée internationale de la langue maternelle, le 21 février. 

Par ailleurs, l’Assemblée générale regrette que jusqu’ici la couverture des réunions et les communiqués de presse quotidiens ne soient disponibles qu’en anglais et en français, et souligne qu’il importe que ces documents paraissent dans toutes les langues officielles. Elle encourage le Département de la communication globale à continuer d’utiliser d’autres langues, outre les langues officielles, sans faire de préférence et comme prévu dans ses résolutions, afin d’atteindre un public aussi large que possible. De même, elle souligne qu’il faut traiter également les six langues officielles sur les sites Web, médias sociaux et autres outils de communication en ligne. 

L’Assemblée générale prie également le Secrétaire général de faire en sorte que soit mené à bien, à titre prioritaire, le téléchargement de tous les documents importants plus anciens de l’Organisation sur son site Web, dans les six langues officielles, afin que les États Membres puissent aussi accéder en ligne à ces archives, et de continuer de veiller à ce que les possibilités de formation offertes dans les six langues officielles soient les mêmes pour tout le personnel. 

Enfin, elle prie instamment le Secrétariat de traduire tous les documents de formation au maintien de la paix dans les six langues officielles de l’Organisation, de façon à ce que tous les États Membres, en particulier les pays qui fournissent des contingents et des effectifs de police, et les autres institutions participantes puissent s’en servir. 

Déclarations

Cabo Verde, qui s’exprimait au nom de la Communauté des pays lusophones, a exprimé son ferme appui à ce projet de résolution, qui réaffirme la valeur fondamentale de la diversité linguistique et culturelle au sein du système des Nations Unies et dans le monde. Il a dit défendre le droit de chaque nation et individu d’être écouté, compris et respecté dans sa langue maternelle. À cet égard, il a indiqué que la communauté lusophone, qui rassemble près de 270 millions de lusophones à travers cinq continents, s’est engagée à promouvoir l’utilisation du portugais parallèlement aux autres langues officielles de l’ONU afin de contribuer à enrichir le dialogue mondial. 

Au nom du Groupe des Amis de la langue espagnole au sein des Nations Unies , la République dominicaine a estimé que l’intégration du multilinguisme dans tous les domaines d’activités des Nations Unies doit être une priorité. C’est une nécessité pratique et un symbole majeur de l’engagement de l’ONU en faveur de l’unité et de la diversité. Rappelant que, lors de la dernière adoption de ce texte il y a deux ans, le Groupe des Amis de la langue espagnole au sein des Nations Unies a souligné la nécessité pour le Secrétariat d’établir des stratégies pour parvenir à la mise en œuvre effective du multilinguisme en tant que principe transversal au sein de l’Organisation, elle s’est déclarée fière que le Groupe ait pris cette année des mesures concrètes pour répondre à cette urgence dans le but de parvenir à la parité linguistique. 

La République démocratique du Congo, s’exprimant au nom du Groupe des ambassadeurs francophones, a rappelé que le multilinguisme est au cœur du multilatéralisme. Elle s’est félicitée de la publication du premier Cadre stratégique des Nations Unies sur le multilinguisme et a appelé à sa mise en œuvre. Notant que le projet de résolution met en lumière cette étape et engage le Secrétariat à agir à cet égard, elle a appelé à voter pour ce texte. 

La Fédération de Russie a exhorté les États Membres à redoubler d’efforts afin que le multilinguisme se reflète dans tous les domaines d’activités de l’ONU. Saluant la publication du Cadre stratégique des Nations Unies sur le multilinguisme, elle a regretté que certains problèmes empêchent de garantir la parité entre les six langues officielles de l’ONU. Il suffit d’aller sur le site Web de l’ONU et de comparer le volume d’informations disponibles en anglais par rapport aux autres langues officielles, a-t-elle fait observer. La délégation a indiqué que, lors des consultations, la Fédération de Russie a appuyé toutes les propositions des délégations prévoyant un renforcement des ressources en personnel et financières du Secrétariat en matière de multilinguisme. Selon elle, il serait nuisible pour le Secrétariat de faire des économies sur le multilinguisme en se cachant derrière une crise de liquidités provoquée par les États-Unis.  

Le Guatemala, pays multiculturel où sont parlées 25 langues, s’est félicité à son tour de la publication du Cadre stratégique des Nations Unies sur le multilinguisme, qui renforce le principe selon lequel l’ONU est au service d’une communauté internationale multilingue. Il a jugé prioritaire de mettre en place une approche cohérente du multilinguisme au sein de l’ONU en tant que valeur fondamentale de l’Organisation. Se disant conscient des ressources limitées de l’ONU, il a souhaité que les États Membres soutiennent les efforts du Secrétaire général afin que le multilinguisme ne soit pas compromis par la crise de liquidités. 

Avant que l’Assemblée se prononce sur le projet de résolution, une mise aux voix distincte a été demandée sur les paragraphes 14 et 48 du texte. La Fédération de Russie s’est alors opposée à ces votes séparés, ce qui a provoqué un vote. La division des votes a été rejetée par 5 voix pour (Chine, États-Unis, Israël, Libéria et Royaume-Uni), 63 voix contre et 55 abstentions. 

Explications de position

Après l’adoption du projet de résolution, les États-Unis ont rappelé que le règlement intérieur de l’Assemblée générale précise que toute dépense prévue dans une résolution doit donner lieu à une consultation de la Cinquième Commission. À cet égard, ont-ils relevé, il est prévu au paragraphe 14 du dispositif de la résolution de renforcer la capacité en ressources humaines du Bureau du Coordonnateur pour le multilinguisme. Le texte prie le Secrétaire général de présenter une proposition en ce sens, notamment dans les prévisions budgétaires révisées pour 2025 et le projet de budget-programme pour 2026, ce qui n’est pas approprié, selon la délégation. De même, les États-Unis ont déploré le manque de clarté du paragraphe 48 du dispositif, qui intègre le multilinguisme dans les efforts permettant d’empêcher la propagation de la désinformation et de la mésinformation, sans préciser les implications budgétaires de telles mesures. Regrettant que leurs préoccupations sur ces points n’aient pas été prises en compte durant les négociations, ils se sont dissociés des paragraphes contestés.  

La Chine a souhaité que l’ONU mette véritablement en œuvre le multilinguisme et élimine le déséquilibre dans l’utilisation des langues officielles de l’Organisation. Affirmant avoir pris part aux consultations de manière constructive, la délégation a regretté que le consensus n’ait pu être atteint, faute d’un souci d’inclusivité de la part des cofacilitateurs. Elle a ainsi estimé que des éléments restent à clarifier aux paragraphes 14 et 48 du dispositif.  

Le Royaume-Uni a dit avoir demandé un vote sur les paragraphes 14 et 48, avant de regretter que la Fédération de Russie n’ait pas permis aux États Membres de faire entendre leur voix à ce sujet. Ces paragraphes manquent de clarté, notamment sur le plan budgétaire, a-t-il fait valoir. La délégation a par ailleurs dénoncé le manque de transparence pendant la dernière phase des négociations et la non-prise en compte de ses propositions de libellés transrégionaux. S’agissant des paragraphes 14 et 48, elle a déclaré réserver sa position en attendant les débats de la Cinquième Commission. 

Le Japon a dit avoir œuvré au consensus mais a regretté lui aussi le manque de transparence dans la dernière partie des négociations sur le texte. Il a regretté que ses demandes faites aux cofacilitateurs pour résoudre les questions en souffrance n’aient pas été entendues.  

Exploitation et atteintes sexuelles: application d’une politique de tolérance zéro

L’Assemblée générale a ensuite adopté par consensus la résolution (A/78/L.109) intitulée « Action de l’Organisation des Nations Unies concernant l’exploitation et les atteintes sexuelles ».  Dans ce texte, elle prie instamment le Secrétaire général de continuer à donner la priorité aux actions préventives dans l’ensemble du système des Nations Unies.  Elle lui demande de continuer à jouer un rôle actif dans ce domaine et, en collaboration avec les États Membres, de redoubler d’efforts pour harmoniser la prévention de l’exploitation et des atteintes sexuelles dans l’ensemble du système des Nations Unies.  L’Assemblée insiste sur le fait que les mesures prises par l’ONU à l’échelle de l’ensemble du système pour appliquer la politique de tolérance zéro doivent être centrées sur les victimes d’exploitation et d’atteintes sexuelles. 

Enfin, l’Assemblée a décidé d'inscrire les questions suivantes à l'ordre du jour de sa soixante-dix-neuvième session: Renforcement du rôle de la médiation dans le règlement pacifique des différends et la prévention et le règlement des conflits; Question de l’île comorienne de Mayotte; Zone de paix, de confiance et de coopération de l’Asie centrale; Demande d’avis consultatif de la Cour internationale de Justice sur les effets juridiques de la séparation de l’archipel des Chagos de Maurice en 1965; Application des résolutions de l’Organisation des Nations Unies; et Financement de la Mission des Nations Unies au Timor oriental. 

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