En cours au Siège de l'ONU

Conseil de sécurité: l’ouverture de deux nouvelles questions relatives aux armes chimiques syriennes suscite des préoccupations

9718e séance – matin
CS/15811

Conseil de sécurité: l’ouverture de deux nouvelles questions relatives aux armes chimiques syriennes suscite des préoccupations

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Le Directeur du Bureau des affaires de désarmement et Haut-Représentant adjoint pour les affaires de désarmement, M. Adedeji Ebo, a fait savoir ce matin, devant le Conseil de sécurité, que le dossier des armes chimiques syriennes compte désormais 26 questions, à la suite de l’ouverture de deux questions supplémentaires en juillet de cette année. 

M. Adedeji Ebo a indiqué qu’au cours du vingt-septième cycle de consultations entre l’Équipe d’évaluation des déclarations de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) et l’autorité nationale syrienne, qui s’est tenu en mai à Damas, l’Équipe a demandé des éclaircissements sur des échantillons prélevés entre septembre 2020 et avril 2023. Le Secrétariat technique de l’OIAC n’a pas été satisfait des réponses de la partie syrienne, ce qui a donné lieu à l’ouverture de deux questions supplémentaires en juillet 2024, portant le nombre total de question à 26, dont 19 restent en suspens, s’est-il inquiété. 

Le Secrétariat technique attend également des informations supplémentaires sur des mouvements non autorisés de deux cylindres en lien avec l’incident du 7 avril 2018 à Douma.  En l’état actuel des choses, le Secrétariat technique considère que la déclaration soumise par la République arabe syrienne ne peut toujours pas être considérée comme exacte et complète conformément à la Convention sur les armes chimiques, a souligné M. Ebo. 

Les 19 questions en suspens suggèrent qu’il y aurait un développement à grande échelle non déclaré d’armes chimiques, a soupçonné le Royaume-Uni, tandis que la République de Corée et d’autres États, tels que le Japon et la Suisse, ont dénoncé les efforts syriens visant à saper le travail de l’OIAC et la résolution des questions en suspens.  Le rapport détaillé de l’Équipe d’évaluation des déclarations fait notamment état d’activités non déclarées impliquant des moutardes azotées et du soman, ainsi que la présence d’un indicateur d’agent neurotoxique EA 1699 dans une installation de production d’armes chimiques, a relevé la délégation japonaise. 

En effet, la clarté n’a toujours pas été faite sur l’état du programme syrien d’armes chimiques, a constaté la France qui a souhaité que le vingt-huitième cycle de consultations permette de progresser vers la résolution des questions en suspens.  La Syrie doit se conformer à ses obligations au titre de la Convention sur les armes chimiques afin de recouvrer ses droits et privilèges en tant qu’État partie à celle-ci, a-t-elle avancé. 

Le représentant des États-Unis a rappelé que la résolution 2118 (2013), adoptée à l’unanimité, exigeait que l’OIAC veille à la destruction du programme syrien d’armes chimiques.  « Nous ne cèderons pas », a déclaré le délégué qui a assuré que les États-Unis continuent de travailler avec leurs partenaires pour mettre un terme au programme d’armes chimiques syrien et ailleurs. 

Devant ce florilège de critiques, le délégué syrien a fait observer que l’autorité nationale syrienne a accepté de prolonger l’accord tripartite entre la République arabe syrienne, le Secrétariat technique de l’OIAC et le Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets pour six mois supplémentaires, afin de faciliter les tâches et les activités de l’OIAC en Syrie. 

La coopération de la Syrie avec l’OIAC se heurte à l’insistance du Secrétariat technique de l’Organisation à politiser ce dossier au lieu d’adhérer aux principes de professionnalisme, de neutralité et de crédibilité, a déploré la délégation syrienne, selon qui les rapports mensuels du Directeur général de l’OIAC continuent de promouvoir les mêmes fausses allégations et accusations que les pays occidentaux hostiles portent contre Damas.  Elle a évoqué la lettre du « Berlin Group 21 » datée du 18 juillet 2024 qui, a-t-elle affirmé, ajoute une preuve supplémentaire des graves lacunes du travail des équipes du Secrétariat technique de l’OIAC.  Cette lettre souligne en outre les risques de politisation, a renchéri la République islamique d’Iran. 

La Fédération de Russie a également trouvé surprenant que le rapport de l’OIAC fasse état de nouveaux problèmes techniques imputés aux Syriens à la suite de la découverte de traces résiduelles d’un certain nombre de produits chimiques répertoriés.  Selon elle, il aurait été préférable d’attendre de recevoir des éclaircissements supplémentaires de la part de Damas et de prendre en compte les difficultés rencontrées par la Syrie pour fournir des preuves matérielles du fait des opérations militaires sur son territoire, des éventuelles activités suspectes et de la procédure accélérée pour la destruction du programme syrien d’armes chimiques). 

« Cette fiction politisée n’a qu’un seul objectif: tromper le Conseil et suivre la ligne de l’Occident collectif pour maintenir sans fin le dossier chimique syrien à flot », a fustigé la délégation russe.  En 10 ans, 150 réunions techniques ont eu lieu, 45 visites de sites ont été effectuées, 180 échantillons ont été prélevés et 350 documents ont été reçus de Damas, a ajouté la Russie pour qui « nier les succès obtenus dans ces domaines, c’est aller à l’encontre de la vérité ». 

Les enquêtes de l’OIAC doivent être menées dans le respect stricte des procédures établies afin que les preuves soient fiables, a plaidé la Chine.  Il faut maintenir ouvert les canaux de communication et promouvoir un esprit de collaboration pour résoudre avec succès les questions en suspens, a résumé l’Algérie qui s’exprimait au nom des A3+ (Algérie, Mozambique, Sierra Leone et Guyana). 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT (S/2024/632)

Exposé

M. ADEDEJI EBO, Directeur du Bureau des affaires de désarmement et Haut-Représentant adjoint pour les affaires de désarmement, a indiqué que depuis la dernière réunion du Conseil, l’Équipe d’évaluation des déclarations de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) a poursuivi son travail de vérification de la déclaration initiale et des déclarations suivantes de la République arabe syrienne.  En mai 2024, le vingt-septième cycle de consultations entre l’Équipe d’évaluation des déclarations et l’autorité nationale syrienne a eu lieu à Damas.  Il a précisé que l’Équipe a demandé des éclaircissements sur des échantillons prélevés entre septembre 2020 et avril 2023 et que le Secrétariat technique de l’OIAC n’a pas été satisfait des réponses de la partie syrienne; ce qui a donné lieu à l’ouverture de deux questions supplémentaires en juillet 2024.  Cela porte le nombre total de question à 26, dont 19 restent en suspens et 7 réglées, s’est-il inquiété. 

En outre, l’autorité nationale syrienne n’a pas accepté les deux dates proposées par le Secrétariat technique pour le vingt-huitième cycle de consultations. Les négociations sur de nouvelles dates sont en cours, a-t-il indiqué.  Le Secrétariat technique attend également des informations supplémentaires sur des mouvements non autorisés de deux cylindres en lien avec l’incident du 7 avril 2018 à Douma.  En l’état actuel des choses, le Secrétariat technique considère que la déclaration soumise par la République arabe syrienne ne peut toujours pas être considérée comme exacte et complète conformément à la Convention sur les armes chimiques, a souligné M. Ebo.  Il a appelé la Syrie à coopérer avec le Secrétariat technique et à répondre à toutes ses demandes.  Dans le même temps, l’Équipe d’enquête et d’identification poursuit ses investigations sur les incidents pour lesquels la mission d’établissement des faits a déterminé que des armes chimiques avaient été utilisées ou susceptibles d’avoir été utilisées en Syrie.  Elle publiera ses rapports en temps voulu, a dit le haut fonctionnaire.  Il a enfin exhorté les membres du Conseil de sécurité à être unis sur la question et à veiller à ce qu’aucune utilisation d’arme chimique soit tolérée. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale célèbre la Journée internationale contre les essais nucléaires et souligne l’importance du Traité international

Soixante-dix-huitième session,
105e et 106e séances plénières – matin & après-midi
AG/12619

L’Assemblée générale célèbre la Journée internationale contre les essais nucléaires et souligne l’importance du Traité international

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

La célébration de la Journée internationale contre les essais nucléaires était aujourd’hui l’occasion pour le Président de l’Assemblée générale, les groupes régionaux, des agences de l’ONU et des universitaires de promouvoir le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires « dans un monde déchiré par les conflits et les guerres » et marqué par « des signes inquiétants qui menacent les efforts visant à mettre fin au régime de désarmement et de non-prolifération ».  Mme Shizuka Kuramitsu, jeune chercheuse ayant grandi à Hiroshima, a prévenu: « l’échec n’est pas une option pour notre génération ».

M. Dennis Francis, Président de l’Assemblée générale, a rappelé que cette Journée est célébrée le 29 août depuis 1996, en l’honneur des victimes et des survivants des essais nucléaires.  Cette Journée, a-t-il ajouté, est l’occasion de réaffirmer notre engagement à mettre fin à ces essais « une fois pour toute » rappelant qu’avant l’adoption du Traité en 1996, plus de 2000 essais avaient été menés et qu’après, seulement une dizaine. 

« Encouragé » par le fait que depuis 1996, 187 États Membres ont signé le Traité et que 178 l’ont ratifié, M. Francis a salué la Papouasie-Nouvelle-Guinée de l’avoir ratifié en 2023.  Il a néanmoins averti que face aux tensions géopolitiques, rien n’est acquis.  Le Traité n’étant pas encore entré en vigueur, le Président a dit aux États concernés: « La complaisance face aux menaces risque d’annihiler la civilisation telle que nous la connaissons. »  Le temps est venu de mettre fin aux essais nucléaires « aujourd’hui et pas demain ».  Le Traité entrera en vigueur 180 jours après la date à laquelle tous les États inscrits à l’annexe 2 l’auront ratifié, dont la Chine, les États-Unis, la Fédération de Russie, l’Iran ou encore Israël. 

M. Adedeji Ebo, Haut-Représentant adjoint pour les affaires de désarmement, a souligné que le moratoire mondial sur les essais nucléaires reste insuffisant sans l’entrée en vigueur du Traité.  Il s’est alarmé « des signes inquiétants » notamment les menaces de plus en plus nombreuses de recourir aux armes nucléaires pour faire pression ou d’effectuer des essais nucléaires pour assoir son influence. 

Le Haut-Représentant adjoint a jugé impératif de réparer les erreurs du passé, compte tenu des « cicatrices » laissées sur l’environnement et la santé et a estimé que l’arrêt complet des essais nucléaires est « une obligation morale » pour sauvegarder l’avenir de l’humanité et de notre planète.  Mme Vivian Okeke, Directrice de la liaison newyorkaise de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a d’ailleurs indiqué que pour mieux aider les États à se préparer aux menaces sécuritaires posées par les acteurs non étatiques, l’AIEA a inauguré en octobre 2023 son nouveau Centre de formation et de démonstration en sécurité nucléaire, à Seibersdorf, en Autriche.

S’agissant en particulier de la situation à la centrale nucléaire de Zaporizhzhia, en Ukraine, Mme Okeke a expliqué que la Mission de soutien et d’assistance de l’AIEA effectue sa vingt-deuxième rotation pour surveiller le respect des sept piliers de la sûreté et de la sécurité nucléaires pendant les conflits armés et les cinq principes visant à garantir la sécurité à la centrale.

Jeune chercheuse à l’Association pour la maîtrise des armements, Mme Shizuka Kuramitsu, s’est présentée comme une originaire d’Hiroshima qui a grandi entourée de survivants des bombardements de 1945.  Elle a accusé la communauté internationale de ne pas faire assez pour en finir avec la course aux armements et comme d’autres intervenants, a dénoncé le fait que la Fédération de Russie ait retiré sa ratification du Traité.  Exhortant les États-Unis à ne pas reprendre ses essais nucléaires, elle a prévenu: pour notre génération, l’échec n’est pas une option.  Le Traité doit être préservé afin que ma génération puisse vivre sans la crainte d’une nouvelle détonation, a-t-elle plaidé. 

Quatrième intervenante de haut niveau, Mme Sharon Squassoni, professeure à l’Elliot School of International affairs, de l’université George Washington, a dit constaté l’effondrement de l’échafaudage des accords, des normes et des traités qui, ensemble, constituent la sécurité nucléaire collective.  L’idée même d’une sécurité nucléaire partagée est attaquée aujourd’hui par ce qu’on appelle « la concurrence entre les grandes puissances ».  Nous n’avons aucune intention de procéder à des essais, ont assuré les États-Unis qui ont dit œuvrer à la transparence de leur programme nucléaire, comme l’atteste la récente déclassification des informations sur ses arsenaux et ses programmes d’essais. 

La Fédération de Russie et la Chine devraient suivre l’exemple américain, a commenté Mme Squassoni.  La ratification du Traité par l’Égypte, l’Iran et Israël aurait un poids considérable au Moyen-Orient, tout comme dans leurs régions respectives, celles du Pakistan, de l’Inde et de la République populaire démocratique de Corée (RPDC).

Les États dotés et ceux qui sont sous le « parapluie nucléaire » doivent signer et ratifier le Traité dans les plus brefs délais, a martelé le Groupe des États d’Afrique qui a appelé à la volonté politique nécessaire pour que la prochaine Conférence d’examen en 2026 puisse faire des recommandations concrètes sur le désarmement nucléaire et l’universalisation du Traité.  L’entrée en vigueur de ce dernier est d’autant plus importante aujourd’hui avec l’invasion de notre territoire par la Fédération de Russie, a dit l’Ukraine.

Le Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes (GRULAC) a mis l’accent sur le Plan d’action conjoint avec l’AIEA, tout comme  l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) qui s’est tout de même dite préoccupée par les agissements de la RPDC.  L’Union européenne (UE) a d’ailleurs exhorté la RPDC à respecter ses obligations, en vertu des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et a plaidé pour un soutien financier au régime de vérification de l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et des activités intégrées de renforcement des capacités dans les pays en développement.  Le Groupe des États arabes a réitéré ses craintes face aux capacités nucléaires d’Israël.

L’observateur du Saint-Siège qui a cité le pape François a rappelé les États à leur devoir de reconstruire la vie des victimes des essais nucléaires et de protéger l’environnement pour les générations futures. 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: le sort des otages israéliens, la situation qui s’aggrave à Gaza et le débordement en Cisjordanie alarment les délégations

9717e séance – après-midi
CS/15810

Conseil de sécurité: le sort des otages israéliens, la situation qui s’aggrave à Gaza et le débordement en Cisjordanie alarment les délégations

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

La souffrance et la dévastation montrent qu’il n’y a pratiquement aucune limite à l’inhumanité se déroulant sous nos yeux, s’est désolée cet après-midi la Directrice des opérations et de la communication du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), Mme Edem Wosornu.  Il n’y a pas de gagnant dans cette guerre qui oppose Israël aux Palestiniens, a-t-elle argué en s’alarmant non seulement du traitement réservé aux otages israéliens et du refus d’autoriser les visites du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), mais également du fait qu’une grande partie des morts et des ravages à Gaza est le résultat de l’utilisation d’armes lourdes dans des zones densément peuplées. 

Convoquée à la suite de deux demandes distinctes -l’une émanant d’Israël (soutenue par les États-Unis,la France et le Royaume-Uni) après la récupération, le 31 août, des dépouilles de six otages israéliens tués à Gaza; l’autre venant de l’Algérie, afin de discuter de l’évolution de la situation dans la bande de Gaza et en Cisjordanie–, cette réunion du Conseil a entendu les appels se multiplier pour que les parties fassent les compromis nécessaires à une issue à cette guerre, pour que l’aide humanitaire afflue à Gaza et pour que les otages israéliens retrouvent enfin leurs familles.  Comme l’a rappelé la France, « face à la montée des tensions au Moyen-Orient, le Conseil doit tout faire pour éviter un embrasement régional ». 

« Aujourd’hui, les mots ne suffisent plus.  Aujourd’hui, nous devons agir pour que le droit soit au-dessus de tout », a exigé l’Algérie, mettant le Conseil de sécurité devant ses responsabilités en tant qu’organe principal responsable du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Il doit faire en sorte sans plus attendre que ses décisions soient respectées et mises en œuvre en imposant un cessez-le-feu immédiat et permanent à Gaza et en engageant un véritable processus de paix. 

Pour la partie palestinienne, il ne fait pas de doute qu’Israël cherche à imposer une solution militaire au conflit en faisant disparaître une nation, un point de vue partagé par la Fédération de Russie qui a accusé les autorités israéliennes d’ignorer délibérément les résolutions du Conseil.  « Personne ici n’est assez naïf pour croire qu’Israël va corriger le tir de lui-même et respecter soudainement le droit international », s’est emporté l’Observateur permanent de l’État de Palestine en faisant remarquer aux membres du Conseil qu’ils n’ont eu de cesse de « condamner, appeler, exhorter et exiger… mais en vain ».  Il est temps de passer à l’action, a-t-il martelé: « Plus d’armes, plus d’argent, plus de commerce, plus de bouclier pour aider Israël à commettre ses crimes contre le peuple palestinien.  En d’autres termes: plus de complicité et plus d’impunité », a-t-il exigé. 

Le délégué d’Israël a également interpelé le Conseil en lui disant que l’heure est venue d’agir en adoptant « enfin » une résolution dans laquelle il condamnerait sans équivoque le Hamas, « cette organisation terroriste barbare ». 

Face à ce constat sévère, la plupart des membres du Conseil, mais également la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, Mme Rosemary DiCarlo, ont placés leurs espoirs dans les efforts de médiation des États-Unis, de l’Égypte et du Qatar.  Ils ont souligné l’urgence, soucieux que ces négociations aboutissent à un cessez-le-feu immédiat, à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages et à une augmentation massive de l’aide humanitaire à Gaza. 

Alors que 101 otages israéliens se trouvent toujours aux mains du Hamas, Mme DiCarlo a confirmé l’assassinat de six d’entre eux, le 31 août, dont les corps ont été retrouvés par les Forces de défense israéliennes à Gaza. Selon le Gouvernement israélien, ils auraient été exécutés par plusieurs tirs à bout portant par le Hamas peu avant que les soldats israéliens ne parviennent à eux dans un tunnel à Rafah. Le Hamas a d’ailleurs annoncé que les militants qui gardent les otages ont reçu de nouvelles instructions pour tuer les otages avant que les forces israéliennes ne les récupèrent vivants, a relayé la Secrétaire générale adjointe qui a exigé une nouvelle fois que tous les otages soient libérés immédiatement et sans condition, et qu’ils soient traités conformément aux obligations juridiques internationales, c’est-à-dire humainement. 

Le Japon a jugé « inhumain et totalement inacceptable » d’utiliser la vie des otages comme monnaie d’échange.  La France, le Royaume-Uni et les États-Unis ont exprimé leur indignation face à l’assassinat par le Hamas de ces otages et réaffirmé leur attachement indéfectible à la sécurité d’Israël.  Les États-Unis ont fait valoir que l’on peut condamner le Hamas tout en ayant de la compassion pour les populations de Gaza. 

Décrivant la situation « sombre » dans la bande de Gaza, Mme DiCarlo a fait état des opérations militaires israéliennes qui s’y poursuivent et du nombre de morts qui ne cesse tragiquement d’augmenter.  Avançant les chiffres du Ministère de la santé de Gaza, selon lequel, depuis le 7 octobre, quelque 41 000 Palestiniens seraient morts, elle a également mis en exergue les déplacements massifs de milliers de familles palestiniennes qui n’ont pas de véritable accès aux services médicaux, à l’eau et à l’assainissement.  « Aucun endroit n’est sûr à Gaza. »

C’est précisément sur ces conditions alarmantes dans l’enclave, mais également en Cisjordanie, que l’Algérie a souhaité braquer les projecteurs en opposant au récit sur les otages israéliens le sort des détenus palestiniens.  Leur sort « est trop souvent passé sous silence ou ignoré » alors que ces Palestiniens subissent des tortures et des abus et qu’Israël refuse l’accès au CICR.  Depuis le 7 octobre 2023, le CICR a signalé plus de 8 700 disparitions de Palestiniens, principalement à Gaza, alors que plus de 9 400 Palestiniens, dont plus de 200 enfants, sont détenus dans les prisons israéliennes. De plus, depuis cette date, les autorités d’occupation israéliennes ont tué 24 détenus palestiniens alors qu’ils étaient sous leur garde, a affirmé la délégation algérienne. 

Notant qu’« Israël veut nous faire croire que son agression militaire est une question de sécurité », l’observateur palestinien a démonté cet argument en affirmant qu’il s’agit en réalité d’« une question de terre ». Il en a voulu pour preuve le vote de la Knesset contre un État palestinien; la terreur causée par les colons israéliens; les déplacements de Palestiniens qui ne cessent jamais; les meurtres de masse et la destruction; la carte de Netanyahu où la Palestine a disparu; les appels de l’Ambassadeur israélien à propos de la résolution 2334 (2016) du Conseil de sécurité qu’il a qualifiée de « décret diabolique ».  « Ne m’écoutez pas », a-t-il lancé aux membres du Conseil, « écoutez les familles des otages israéliens.  Ils savent que Netanyahu ne se soucie pas des otages et ne veut pas d’un accord ». 

Le débordement de la situation à Gaza en Cisjordanie a été commentée notamment par Mme Yuli Novak, Directrice exécutive de B’Tselem, qui a cité le rapport publié le mois dernier par cette organisation, intitulé Bienvenue en enfer. Ce rapport s’élève contre l’utilisation de la guerre par le Gouvernement israélien pour transformer les prisons israéliennes en un réseau de camps de torture pour Palestiniens. La militante s’est impatientée face à la communauté internationale qui a manqué à son devoir de protéger les civils, citant notamment quatre résolutions du Conseil de sécurité sur le conflit de Gaza qui n’ont pas abouti à un cessez-le-feu durable, ni à la libération des otages. 

Face aux demandes faites à Israël de déposer les armes, le délégué israélien a rétorqué que l’armée israélienne est à Gaza pour combattre le Hamas, à cause de « ses fils et filles qui sont torturés par des monstres ».  Il a assuré qu’Israël ne baissera pas les bras tant qu’ils ne rentreront pas.  « Aucun enfant ne devrait jamais vivre ce que les enfants et les civils d’Israël ont vécu le 7 octobre », a lancé à son tour la docteure Efrat Bron-Harley, Directrice générale du Schneider Children’s Medical Center (Centre médical pour enfants Schneider) en donnant un témoignage direct de la souffrance et des traumatismes subis par les enfants israéliens revenant de captivité, « des enfants de 3, 4, 5, 8 et 14 ans ».  « J’ai besoin que vous l’entendiez, que vous le compreniez et que vous nous aidiez à ramener les enfants qui ne sont pas encore revenus », a-t-elle conclu. 

Pour ce qui est de la réémergence de la poliomyélite dans l’enclave de Gaza, Mme DiCarlo, à l’instar de la plupart des membres du Conseil, a décrit les pauses instaurées à l’occasion de la campagne de vaccination comme « une rare lueur d’espoir et d’humanité dans l’horreur à Gaza ».  Elle a constaté que, jusqu’à présent, les accords conclus entre les agences des Nations Unies et les Forces de défense israéliennes pour interrompre les activités militaires dans les zones de vaccination désignées ont été respectés.  De son côté, la représentante de l’OCHA a confirmé que plus de 187 000 enfants de moins de 10 ans ont été vaccinés au cours de la première phase de la campagne, avec le but d’atteindre plus de 640 000 enfants au total. Dans ce contexte, Mme Wosornu a mis en avant le rôle essentiel de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), notamment avec ses plus de 200 équipes opérant dans ses cliniques et points de santé. 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Exposés

Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a rappelé qu’il y a bientôt un an, lors de l’attaque « terrible » lancée par Hamas le 7 octobre, plus de 1 250 Israéliens et ressortissants étrangers ont été tués et environ 250 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza.  Rappelant aussi l’assassinat de six otages israéliens, dont les corps ont été retrouvés par les Forces de défense israéliennes à Gaza, elle a précisé que, selon le Gouvernement israélien ils auraient été exécutés par plusieurs tirs à bout portant.  Ils ont été tués par le Hamas peu avant que les soldats israéliens ne parviennent à eux dans un tunnel à Rafah.  Le Hamas a annoncé que les militants qui gardent les otages dans les bâtiments et les tunnels de Gaza avaient reçu de nouvelles instructions pour tuer les otages avant que les forces israéliennes ne les récupèrent vivants, a relayé la Secrétaire générale adjointe. 

Rappelant qu’au moins 101 otages sont toujours détenus à Gaza, Mme DiCarlo a confirmé que les visites humanitaires leur sont toujours refusées alors que, d’après les récits d’otages libérés, ils sont probablement détenus dans des conditions horribles, certains étant soumis à des violences, y compris sexuelles, et à d’autres formes d’abus.  Elle a demandé que tous les otages soient libérés immédiatement et sans condition, demandant aussi qu’ils soient traités conformément aux obligations juridiques internationales, c’est-à-dire humainement.  Ils doivent aussi être autorisés à recevoir des visites et de l’aide du Comité international de la Croix-Rouge. 

Mme DiCarlo a insisté sur l’impératif d’un cessez-le-feu immédiat, de la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages et d’une augmentation massive de l’aide humanitaire à Gaza, saluant les efforts continus de l’Égypte, du Qatar et des États-Unis à cet égard.  Les réunions tenues récemment à Doha et au Caire ont tenté de combler certaines lacunes, mais des divergences majeures persistent, a concédé la haute responsable appelant néanmoins les parties à redoubler d’efforts pour parvenir à un accord sans plus tarder.  Les Nations Unies restent déterminées à soutenir tous les efforts en ce sens, a-t-elle assuré en martelant qu’entre-temps, la situation sur le terrain reste sombre.  Les opérations militaires israéliennes se poursuivent dans la bande de Gaza et le nombre de morts ne cesse tragiquement d’augmenter, s’est-elle désolée. 

Reprenant les chiffres du Ministère de la santé de Gaza, elle a expliqué que depuis le 7 octobre, quelque 41 000 Palestiniens ont été tués, dont une majorité de femmes et d’enfants, et que les déplacements massifs de milliers de familles palestiniennes se poursuivent sans véritable accès aux services médicaux, à l’eau et à l’assainissement.  « Aucun endroit n’est sûr à Gaza. »  Les civils ne doivent en aucun cas être utilisés comme boucliers humains, a martelé Mme DiCarlo qui a également dénoncé les difficultés d’accès humanitaire, compromis par des conditions dangereuses, notamment l’effondrement complet du droit et de l’ordre dans toute la bande de Gaza. 

Abordant également le problème de la réémergence de la poliomyélite dans l’enclave, Mme DiCarlo a décrit les pauses instaurées à cette occasion comme « une rare lueur d’espoir et d’humanité dans l’horreur à Gaza ». Elle a constaté que, jusqu’à présent, les accords conclus entre les agences des Nations Unies et les Forces de défense israéliennes pour interrompre les activités militaires dans les zones de vaccination désignées ont été respectés. 

La Secrétaire générale adjointe a également appelé à ne pas perdre de vue la situation alarmante qui règne en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est, en pointant notamment les opérations militaires israéliennes, les attaques de colons et la violence armée palestinienne contre les Israéliens. Israël a lancé, le 28 août, des opérations militaires de grande envergure, y compris des frappes aériennes, contre des cellules terroristes présumées dans les provinces de Jénine, Toulkarm et Toubas, a-t-elle précisé, en dénonçant les dégâts infligés aux infrastructures de base. 

Également alarmée par les attaques menées par des colons israéliens contre des Palestiniens, y compris à proximité des Forces de sécurité israéliennes, Mme DiCarlo a constaté que ces attaques sont de plus en plus effrontées et meurtrières.  Elle a exhorté Israël, en tant que puissance occupante, à protéger la population palestinienne contre tout acte ou menace de violence.  Depuis le 7 octobre, quelque 630 Palestiniens et 15 Israéliens ont été tués en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est, a-t-elle rappelé en exigeant qu’Israël se conforme à ses obligations en droit international. 

« Tous les auteurs d’actes de violence, qu’ils soient israéliens ou palestiniens, doivent répondre de leurs actes », a tranché Mme DiCarlo avant de condamner les déclarations des groupes armés palestiniens appelant à de nouvelles violences et attaques contre les Israéliens ainsi que les actes et déclarations incendiaires d’un ministre israélien sur les Lieux saints de Jérusalem qui ne font qu’aggraver une situation déjà explosive en Cisjordanie occupée. 

Chaque jour qui passe nous éloigne de l’objectif de mettre fin à l’occupation et de parvenir à une solution viable fondée sur la coexistence de deux États, s’est impatientée la haute responsable en appelant les membres du Conseil et la communauté internationale à assumer leur responsabilité de tout faire pour aider les parties à atteindre cet objectif. 

Mme EDEM WOSORNU, Directrice des opérations et de la communication du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), s’est désolée de constater que la souffrance et la dévastation montrent qu’il n’y a pratiquement aucune limite à l’inhumanité qui se déroule sous nos yeux.  Il n’y a pas de gagnant dans cette guerre.  Au contraire, elle est marquée par des pertes et des agonies, les civils en portant le plus lourd fardeau, s’est-elle indignée.  Elle s’est dite alarmée par le traitement et les conditions de vie des otages et par le refus d’autoriser les visites ou l’assistance du Comité international de la Croix-Rouge.  Elle a relevé qu’une grande partie des morts et des ravages à Gaza est le résultat de l’utilisation d’armes lourdes dans des zones densément peuplées, notamment dans les camps, les abris et les zones où les civils ont reçu l’ordre d’évacuer.

La brutalité de ce conflit semble ne connaître aucune limite, a-t-elle affirmé, avant de déplorer également les nombreuses attaques visant les travailleurs humanitaires dont 295 ont été tués depuis le 7 octobre.  Depuis janvier, des véhicules de l’ONU ont été directement touchés dans plus d’une douzaine d’incidents distincts, bien que leurs déplacements aient été notifiés, a-t-elle déploré.  Les attaques visant le personnel humanitaire et ses déplacements limitent encore davantage l’acheminement de l’aide vitale, a-t-elle fait remarquer, donnant l’exemple du Programme alimentaire mondial (PAM) qui a temporairement suspendu les déplacements de son personnel à la suite d’une attaque contre l’un de ses convois le 28 août.

Mme Wosornu a également parlé des rapports faisant état de mauvais traitements, notamment de torture et de violences sexuelles, infligés à des milliers de Palestiniens placés en détention par les forces israéliennes à Gaza et en Cisjordanie.  De plus, le système médical de Gaza ayant été décimé, les gens, y compris des femmes enceintes et allaitantes et de jeunes enfants, se retrouvent privés de soins essentiels.  De même, les infrastructures hydriques ont été gravement endommagées, réduisant l’approvisionnement en eau au quart seulement de ce qu’il était avant octobre 2023.  Les sources alimentaires et les installations de production ont été également détruites, tandis que l’acheminement de la nourriture reste gravement entravé par les combats.  Les routes sont endommagées et les obstacles entravent l’entrée et la circulation des fournitures humanitaires, s’est-elle encore impatientée.

Environ 96% de la population continue à faire face à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë, voire une « faim catastrophique » pour près d’un demi-million de personnes, a alerté Mme Wosornu. Elle a fait savoir que les opérations humanitaires vitales sont paralysées, de plus en plus de missions et de déplacements humanitaires à Gaza se voyant interdits.  Dans le même temps, les ordres d’évacuation répétés exposent les civils aux dangers des hostilités et les privent de l’essentiel pour survivre, a-t-elle poursuivi en assurant qu’il n’y a pas d’endroit sûr pour les civils à Gaza.

La Directrice a salué les pauses humanitaires locales qui ont permis le lancement de la campagne de vaccination d’urgence contre la poliomyélite, avant de reconnaître les efforts colossaux des acteurs de la santé pour la mener dans un environnement très difficile.  Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), plus de 187 000 enfants de moins de 10 ans ont été vaccinés au cours de la première phase de la campagne, avec le but d'atteindre plus de 640 000 enfants au total.  Dans ce contexte, l’UNRWA joue un rôle essentiel, notamment avec ses plus de 200 équipes opérant dans ses cliniques et points de santé, a-elle salué.

Passant à la situation en Cisjordanie, la Directrice a dit être très alarmée par le bilan humain des opérations militaires israéliennes qui se sont intensifiées.  Elle a confirmé que plus de deux douzaines de Palestiniens ont été tués au cours de la semaine écoulée, pendant que des centaines de familles ont été déplacées et que les infrastructures de base et les biens privés ont été considérablement endommagés par des frappes aériennes, des bulldozers militaires, des échanges de tirs et des explosions en Cisjordanie.  Le respect du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme n’est pas facultatif, a tancé Mme Worsornu.  Selon elle, le Conseil de sécurité et tous les États Membres doivent user de leur influence pour garantir le respect de ces règles, notamment en exerçant des pressions diplomatiques et autres et en coopérant pour faire en sorte que les responsables rendent des comptes.

Mme EFRAT BRON-HARLEV, la Directrice générale du Schneider Children’s Medical Center (Centre médical pour enfants Schneider), qui est pédiatre spécialisée en soins intensifs, a décrit les préparatifs qu’avait entrepris le Centre le jour de l’attentat du 7 octobre.  Elle a d’abord informé que depuis l’ouverture des portes du Centre, il y a 32 ans, sa mission a été de soigner les enfants, « tous les enfants, parce que les enfants sont au-dessus de tout, au-delà des religions, des cultures, des sexes et des nationalités ».  Les enfants sont notre avenir, a-t-elle martelé. 

Très vite, ce jour-là, elle dit avoir compris que le Centre n’accueillerait pas d’enfants.  « J’ai compris que quelques dizaines d’enfants blessés étaient soignés dans les hôpitaux du Sud, mais j’ai aussi compris que beaucoup d’enfants, de tous âges (bébés, bambins, enfants) avaient été massacrés dans leurs maisons -massacrés, abattus, brûlés, étouffés. »  Un jour ou deux plus tard, elle a également compris que les adultes n’étaient pas les seuls à avoir été enlevés.  En effet, sur les 253 otages, 38 étaient des enfants. Le plus jeune, qui se trouve toujours à Gaza, n’avait alors que 8 mois, a rappelé l’intervenante qui, depuis, a décidé de « préparer le Centre à leur retour en Israël ». 

Alors même que son hôpital pédiatrique est de très haut niveau et à la pointe de la technologie pour traiter les enfants dans des situations extrêmes, la docteure Bron-Harlev a concédé qu’elle et son équipe n’avaient jamais imaginé devoir se préparer à traiter des enfants de 3, 4, 5, 8 et 14 ans revenant de captivité.  Après avoir apporté des témoignages saisissants de certains des 19 enfants, des 6 mères et d’une grand-mère traités au Centre Schneider, et des faits « horribles et inimaginables » qu’ils ont vécus, le médecin a observé que les enfants sont trop souvent les spectateurs innocents de toute guerre.  Ils sont souvent involontairement blessés, ce qui devrait toujours être évité. S’emportant, la pédiatre a dit ne pas comprendre, ni supporter, l’idée que l’on puisse intentionnellement assassiner et capturer des enfants, les enfermer, les torturer, physiquement et mentalement, délibérément, intentionnellement. 

La docteure Bron-Harlev a dit intervenir aujourd’hui devant le Conseil en tant que médecin pédiatre israélienne et directrice de l’un des principaux centres pédiatriques du monde, pour dire qu’aucun enfant ne devrait jamais vivre ce que les enfants et les civils d’Israël ont vécu le 7 octobre. « J’ai besoin que vous l’entendiez, que vous le compreniez et que vous nous aidiez à ramener les enfants qui ne sont pas encore revenus », a-t-elle conclu. 

Mme YULI NOVAK, Directrice exécutive de B’Tselem, a rappelé l’annonce de la mort de six otages israéliens, exécutés par le Hamas, signalant que des centaines de milliers d’Israéliens sont descendus dans la rue cette semaine, se sentant en colère, désespérés et trahis par leur gouvernement. « Ils ont compris, peut-être pour la première fois, que le Gouvernement israélien ne veut pas que le retour des otages soit inclus dans un accord, mais qu’il veut continuer la guerre indéfiniment. »  Ces Israéliens voient que l’occupation et les colonies comptent plus que la vie humaine, a-t-elle constaté.  Décrivant l’objectif du « régime » -promouvoir la suprématie juive sur tout le territoire qu’il contrôle-, elle a rappelé que cela a été érigé en principe constitutionnel il y a six ans.  Pour Mme Novak, ce qui se passe à Gaza (expulser, affamer, tuer et détruire à une échelle sans précédent) va au-delà de la vengeance: Israël utilise cette occasion pour promouvoir son programme idéologique, c’est-à-dire « rendre Gaza inhabitable ». 

Décrivant les destructions et les déplacements à Gaza, ainsi que les changements irréversibles qui sont opérés en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, Mme Novak a déploré que la communauté internationale n’ait pas empêché Israël de mener sa politique criminelle contre les civils et les infrastructures à Gaza, notant que la situation déborde maintenant sur la Cisjordanie.  Elle a cité le rapport publié le mois dernier par B’Tselem, intitulé Bienvenue en enfer, qui s’élève contre l’utilisation de la guerre par le Gouvernement israélien pour transformer les prisons israéliennes en un réseau de camps de torture pour Palestiniens.  Elle s’est impatientée face à la communauté internationale qui a manqué à son devoir de protéger les civils, avec notamment quatre résolutions du Conseil de sécurité sur le conflit de Gaza n’ayant pas abouti à un cessez-le-feu durable, ni à la libération des otages. 

Le Conseil doit reconnaître cet échec et prendre des mesures efficaces pour contraindre Israël et le Hamas à cesser immédiatement et définitivement toutes les hostilités et à commencer à mettre en œuvre le plan qu’ils ont négocié ces derniers mois, a-t-elle conclu. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

ECOSOC: élection du Bureau et examen des répercussions économiques et sociales de l’occupation israélienne dans le Territoire palestinien occupé

Session de 2025,
2e séance – après-midi
ECOSOC/7186

ECOSOC: élection du Bureau et examen des répercussions économiques et sociales de l’occupation israélienne dans le Territoire palestinien occupé

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, 
la Section des communiqués de presse n’a pas pu couvrir cette séance.)

Le Conseil économique et social (ECOSOC) a tenu aujourd’hui la deuxième séance de sa nouvelle session pour élire les membres de son Bureau et pour examiner le sujet suivant: « Répercussions économiques et sociales de l’occupation israélienne sur les conditions de vie du peuple palestinien dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et de la population arabe dans le Golan syrien occupé ».

Les 54 membres de l’ECOSOC étaient saisis d’une note du Secrétaire général sur le sujet (A/79/187-E/2024/68).

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Réunion du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien pour adopter son rapport annuel

418e séance – après-midi
AG/PAL/1471

Réunion du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien pour adopter son rapport annuel

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse n’a pas pu couvrir cette séance.)

Le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien s’est réuni cet après-midi pour entendre un compte rendu de la Mission permanente d’observation de l’État de Palestine auprès de l’Organisation des Nations Unies. Il devait également examiner et adopter son projet de rapport annuel à l’Assemblée générale 2024 (document A/79/35), avant de parler de ses activités récentes et à venir. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: les délégations continuent d’exprimer des positions divergentes au sujet des livraisons d’armes à l’Ukraine

9716e séance – matin
CS/15807

Conseil de sécurité: les délégations continuent d’exprimer des positions divergentes au sujet des livraisons d’armes à l’Ukraine

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Tout comme ce fut le cas le 25 juillet dernier, le Conseil de sécurité a entendu, ce matin, les délégations défendre leur position sur la question des livraisons d’armes occidentales à l’Ukraine.  Dans une nouvelle séance, la dix-septième convoquée par la Fédération de Russie sur ce sujet depuis le début de son invasion de l’Ukraine en février 2022, le camp occidental a fait valoir son soutien constant à l’Ukraine et à son droit à la légitime défense.  Pour la Fédération de Russie en revanche, ces armes prolongent le conflit et le rôle destructeur de l’Occident dans la tragédie ukrainienne est évident. 

Dans un premier temps, le Haut-Représentant adjoint pour les affaires de désarmement a indiqué que la fourniture d’une assistance militaire et les transferts d’armes et de munitions aux forces armées ukrainiennes se sont poursuivis, précisant que les transferts auraient concerné des armes conventionnelles lourdes, ainsi que des munitions télécommandées et des armes légères et de petit calibre et leurs munitions.

M. Adedeji Ebo a également signalé que des États transféraient ou prévoyaient de transférer des armes telles que des véhicules aériens sans pilote, des missiles balistiques et des munitions aux forces armées russes, et que ces armes avaient été utilisées en Ukraine. 

En outre, le transfert d’armes et de munitions dans le cadre d’un conflit armé comporte un risque de détournement et, par extension, suscite de graves inquiétudes quant à une escalade de la violence, a mis en garde le haut fonctionnaire. Pour atténuer le coût humain des armes, les États doivent faire preuve de la plus grande responsabilité dans leurs transferts d’armes et de munitions, a souligné M. Ebo, qui a insisté sur l’importance des mesures visant à prévenir et à atténuer le risque de détournement d’armes et de munitions afin de prévenir une plus grande instabilité et insécurité en Ukraine et au-delà. 

L’Ukraine a le droit de se défendre, en vertu de l’Article 51 de la Charte des Nations Unies, contre les attaques de la Russie, a fait valoir le Royaume-Uni, pour qui cela n’exclut pas son droit de projeter la force sur le territoire russe, tant que l’action est conforme au droit international.  L’Ukraine doit pouvoir neutraliser les cibles militaires directement impliqués dans les opérations la visant, a renchéri la France. Le soutien de la communauté internationale contrarie la Russie car il fait obstacle à ses desseins, a-t-elle ajouté. La République de Corée et le Japon ont pour leur part unanimement condamné les transferts d’armes entre la République populaire démocratique de Corée et la Russie, en violation des résolutions du Conseil de sécurité. 

Les États-Unis ont eux aussi clairement accusé la République populaire démocratique de Corée, ainsi que l’Iran, de fournir des armes à la Russie.  La Russie bénéficie également du soutien de la Chine dans le cadre d’un partenariat stratégique et a reçu d’elle des microprocesseurs et autres matériels aidant à la guerre, a dit la délégation qui a invité la Chine à choisir son camp. 

La Chine n’a pas créé la crise ukrainienne et n’a fourni d’armes à aucune partie, a rétorqué la délégation chinoise qui a contre-attaqué en accusant les États-Unis d’avoir fermé les yeux aux efforts de paix de Beijing.  Dans une reprise de parole, les États-Unis ont signalé qu’ils continueront de dénoncer les pays qui, comme la Chine, apportent un soutien industriel à la Fédération de Russie. 

Pour sa part, la délégation russe a conseillé au délégué américain de se regarder dans le miroir pour savoir qui menace la paix et la sécurité internationales. Selon elle, le rôle destructeur de l’Occident dans la tragédie ukrainienne est évident, mettant en avant les 243 milliards d’euros d’aide occidentale à l’Ukraine à l’échéance de février 2024 alors que le montant réel des besoins militaires de l’Ukraine serait de 56,6 milliards de dollars.

« Sans armes occidentales, l’Ukraine aurait cessé de combattre depuis longtemps. Cette boucherie insensée aurait pu prendre fin », a déclaré la Fédération de Russie qui a aussi fait état de frappes et de tirs d’obus contenant des armes chimiques dans la région de Koursk, affirmant qu’il s’agit d’armes occidentales.  « Kiev cherche à impliquer l’OTAN, dirigée par les États-Unis, dans une confrontation directe avec la Russie », a-t-elle accusé. 

Cette séance a également été marquée par l’intervention du Mali, qui a appelé le Conseil de sécurité à prévenir les actions subversives de l’Ukraine qui menacent la stabilité du Sahel. 

La délégation malienne a notamment fait savoir que le porte-parole de l’Agence ukrainienne de renseignement militaire et l’Ambassadeur d’Ukraine au Sénégal ont avoué « publiquement et de manière assumée » l’implication de leur pays dans « l’attaque lâche, traître et barbare », les 24, 25 et 26 juillet 2024, des groupes armés terroristes ayant causé la mort d’éléments des Forces de défense et de sécurité maliennes à Tinzaouten, au Mali, ainsi que des dégâts matériels importants.  Pire, ces hauts responsables ukrainiens ont publiquement annoncé d’autres « résultats » à venir.  C’est fort de cela que le Mali a décidé la rupture des relations diplomatiques avec l’Ukraine, a-t-il fait savoir.

En début de séance, le Royaume-Uni avait questionné le bien-fondé de la présence du Mali, avant que la Fédération de Russie ne précise que ce pays est confronté au terrorisme ukrainien et que des citoyens maliens ont été tués.

Dans son intervention, le Mali a par ailleurs interpellé l’Algérie au sujet des propos qu’elle aurait tenus le 26 août lors d’un événement organisé en Suisse à l’occasion des 75 ans de la convention de Genève sur le droit de la guerre, et au cours duquel le représentant algérien aurait affirmé que « ceux qui appuient sur la manette de ce drone [qui a effectué une frappe dans le nord du Mali] n’ont de compte à rendre à personne sur ces frappes ».  En colportant à la légère ces informations de presse non vérifiées, il se fait le relais de la propagande terroriste dans notre région, a déploré la délégation malienne.

« L’Algérie n’a jamais eu l’intention de causer quelque tort que ce soit au Mali », a réagi la délégation algérienne qui a appelé à faire la différence entre des actes de terrorisme et des actes de résistance légitime.

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Exposé

M. ADEDEJI EBO, Directeur du Bureau des affaires de désarmement et Haut-Représentant adjoint pour les affaires de désarmement, a indiqué que la fourniture d’une assistance militaire et les transferts d’armes et de munitions aux forces armées ukrainiennes se sont poursuivis, précisant que les informations émanant de divers gouvernements concernant ces transferts sont accessibles via des sources ouvertes.  Les transferts auraient concerné des armes conventionnelles lourdes telles que des chars de combat, des véhicules blindés de combat, des avions de combat, des hélicoptères, des systèmes d’artillerie de gros calibre, des systèmes de missiles et des véhicules aériens de combat sans pilote, ainsi que des munitions télécommandées et des armes légères et de petit calibre et leurs munitions, a-t-il précisé.

Il a également été signalé, a-t-il indiqué, que des États transféraient ou prévoyaient de transférer des armes telles que des véhicules aériens sans pilote, des missiles balistiques et des munitions aux forces armées russes, et que ces armes avaient été utilisées en Ukraine.  Tout transfert d’armes et de munitions doit se faire conformément au cadre juridique international applicable, y compris aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, a rappelé le haut fonctionnaire.  Les rapports relatifs à l’utilisation d’armes à sous-munitions et à la contamination généralisée par des mines et des restes explosifs de guerre en Ukraine sont profondément préoccupants, a-t-il relevé.

Pour atténuer le coût humain des armes, les États doivent faire preuve de la plus grande responsabilité dans leurs transferts d’armes et de munitions, a exhorté M. Ebo.  Il a rappelé que le transfert d’armes et de munitions dans le cadre d’un conflit armé comporte un risque de détournement et, par extension, suscite de graves inquiétudes quant à une escalade.  Selon lui, les mesures visant à prévenir et à atténuer le risque de détournement d’armes et de munitions sont essentielles pour prévenir une plus grande instabilité et insécurité en Ukraine, dans la région et au-delà.  Cela nécessite une transparence de la chaîne d’approvisionnement, une coopération et un échange d’informations entre les États importateurs, de transit et exportateurs, a expliqué le haut fonctionnaire.  En juin de cette année, les États se sont réunis pour examiner les progrès réalisés dans la mise en œuvre du Programme d’action sur les armes légères et de petit calibre et de son Instrument international de traçage, a-t-il rappelé.  Ainsi, les États ont adopté, par consensus, des mesures pragmatiques pour la période 2024-2030 afin de prévenir, combattre et éradiquer le commerce illicite d’armes légères et de petit calibre tout au long de leur cycle de vie.  Tous les États doivent maintenant mettre en œuvre ces engagements et d’autres engagements connexes, a-t-il plaidé.

M. Ebo a indiqué que l’utilisation de drones armés et de missiles par la Fédération de Russie continue de faire des morts et des blessés parmi les civils ainsi que d’endommager les infrastructures civiles en Ukraine.  De même, des informations ont également fait état d’un certain nombre de frappes transfrontalières utilisant des missiles et des drones par l’Ukraine à l’intérieur de la Fédération de Russie, dont certaines, selon les autorités russes, auraient fait des victimes civiles.  Tout comme toute autre arme ou système d’arme, les véhicules aériens sans pilote armés et les missiles ne doivent pas être utilisés d’une manière incompatible avec le droit international humanitaire, a-t-il souligné.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: inquiétudes pour les personnes déplacées de force dans Gaza et pour les humanitaires, à l’arrivée de la poliomyélite

9715e séance – après-midi
CS/15805

Conseil de sécurité: inquiétudes pour les personnes déplacées de force dans Gaza et pour les humanitaires, à l’arrivée de la poliomyélite

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Le Conseil de sécurité s’est penché cet après-midi sur la situation humanitaire à Gaza, à l’aune du premier cas de poliomyélite détecté en 25 ans.  La Suisse a expliqué avoir demandé la convocation de cette séance aux côtés du Royaume-Uni parce que les conditions de sécurité sur le terrain ne permettent pas aux humanitaires de faire leur travail. 

« Ceci est inacceptable », s’est impatientée la déléguée suisse, surtout au moment où la situation humanitaire s’aggrave de jour en jour.  Ce qui a fait dire à son homologue de la France que le démarrage de la campagne de vaccination contre la poliomyélite, fin août, n’est simplement pas négociable.  Comme l’ont souligné les États-Unis, « c’est la vie des enfants qui est en jeu ».

À l’instar de la Suisse, les membres du Conseil ont été nombreux à exiger le respect du droit international humanitaire, en toutes circonstances et par toutes les parties, partant du principe que même en l’absence d’un cessez-le-feu, le travail humanitaire doit pouvoir se poursuivre. 

Dans son exposé, la Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires et Coordonnatrice des secours d’urgence par intérim, Mme Joyce Cleopa Msuya Mpanju, a confirmé que la réponse humanitaire de l’ONU et de ses partenaires, déjà mise à rude épreuve jusque-là, se heurte désormais à des difficultés sans précédent.  Rien que la semaine dernière, les équipes ont été déplacées et ont essuyé des tirs, s’est-elle indignée ajoutant que des locaux et des entrepôts de l’ONU ont été perdus.  La haute responsable a en outre signalé un incident datant d’il y a deux jours: des membres du personnel du Programme alimentaire mondial (PAM) ont essuyé des tirs dans leur véhicule pourtant balisé, ce qui a conduit à la suspension des activités de l’organisation dans la bande de Gaza.  « Ils ont survécu, par chance. » 

Ces incidents ont suscité une vive indignation chez les membres du Conseil. Les travailleurs humanitaires ne peuvent pas opérer dans un environnement d’hostilités actives, a fait valoir la Fédération de Russie selon laquelle le Conseil n’a simplement pas le droit moral de leur demander de sacrifier leur vie sans rien faire pour imposer un cessez-le-feu.  De son côté, la Slovénie a exigé une reddition de comptes et le respect, par les parties belligérantes, des règles d’engagement ainsi que de l’ONU et de son personnel.  Dans le même élan, le Royaume-Uni a appelé Israël à prendre des mesures immédiates pour protéger les humanitaires estimant que si des membres des forces armées sont responsables d’incidents, ils doivent rendre des comptes.  Les États-Unis ont suggéré que dans le cas du véhicule du PAM, il se serait agi d’une erreur de communication entre les membres de l’armée israélienne.  Mais ils ont insisté pour que ce type d’incident ne se reproduise pas.

En plus de ces problèmes de sécurité, la Coordonnatrice a expliqué que l’ONU ne sait jamais de quelles fournitures elle disposera, ni quand elle les aura, ni où elle pourra les livrer.  Cela rend impossible la planification des opérations humanitaires plus de 24heures à l’avance, s’est-elle impatientée en faisant observer qu’on ne peut pas faire dépendre la vie de 2,1 millions de personnes « de la chance et de l’espoir ».

Elle a également épinglé la multiplication des ordres d’évacuation émis par l’armée israélienne, qui ont des conséquences dévastatrices pour les civils et le personnel humanitaire, s’indignant que ces ordres aient causé le déplacement de plus de 88% des habitants de Gaza.  Ils vivent aujourd’hui sur moins de 11% de la bande de Gaza, a-t-elle constaté en tentant de décrire l’immense combat que mènent les gens pour trouver un abri et des biens de première nécessité. 

« Les civils ont faim.  Ils ont soif. Ils sont malades.  Ils sont sans abri.  Ils ont été poussés au-delà des limites de l’endurance - au-delà de ce qu’un être humain devrait supporter », s’est-elle indignée tout en assurant que l’ONU et ses partenaires humanitaires continuent de faire ce qu’ils peuvent.  C’est au Conseil de sécurité et à la communauté internationale d’agir, a-t-elle exigé, pour garantir le respect du droit international, lutter contre l’impunité, parvenir à une cessation immédiate des hostilités et à un cessez-le-feu durable à Gaza.

Rappelant elle aussi le droit international, la déléguée de la Suisse a souligné que les ordres d’évacuation doivent servir à protéger la population.  Ces évacuations doivent se dérouler dans de bonnes conditions d’hygiène, de santé, de sécurité, d’abri et de nutrition.  Or, elles ont à Gaza un effet contraire puisqu’elles réduisent la population à vivre sur moins de 11% de la bande: une petite zone surpeuplée, polluée et dangereuse, où les services essentiels sont limités.  Le Royaume-Uni a d’ailleurs demandé à Israël de minimiser ces ordres et de donner un préavis suffisant d’au moins 48 heures.  Pour le délégué de l’Algérie, ces déplacements de population par la force et la mort de 297 humanitaires à Gaza représentent des crimes de guerre.

Avec une vue d’ensemble du conflit, le Directeur général adjoint de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) s’est attardé sur ses conséquences profondes sur la santé et le bien-être des populations d’Israël et de Palestine, ainsi que sur celles du reste de la région.  Il a confirmé la propagation de maladies, dont la résurgence de la poliomyélite avec un premier cas à Gaza: un nourrisson de 10 mois, né en temps de guerre, qui n’a jamais été vacciné.

M. Mike Ryan a expliqué que la campagne de vaccination, qui doit commencer le 1er septembre, se déroulera par phases, sachant que 1,26 millions de doses de vaccin et 500 porte-vaccins ont déjà été livrés à Gaza, et que 400 000 doses supplémentaires devraient arriver bientôt. Le haut responsable a lancé un appel pour que soit assurée impérativement la sécurité des plus de 2 180 vaccinateurs, des établissements de santé ainsi que des familles et enfants à vacciner.  Rappelant le contexte dans lequel survient l’épidémie, il a parlé de « catastrophe de santé publique » de grande ampleur où les ordres d’évacuation perturbent encore davantage la prestation de soins.  M. Ryan a également insisté sur l’urgence de rétablir les évacuations médicales de Gaza vers la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, où les hôpitaux sont prêts à recevoir les patients.

Disant ne plus trouver les mots pour décrire la tragédie de Gaza, le représentant de la Slovénie a estimé difficile de comprendre et d’accepter qu’une telle souffrance de civils, et surtout d’enfants, se déroule « impunément sous nos yeux depuis 11 mois », sans que l’on ait réussi à l’arrêter.  En effet, a rappelé le représentant russe, 2 millions de personnes sont « piégées », soumises à des bombardements et à des souffrances inimaginables en raison du manque de nourriture, d’eau, de médicaments et d’installations sanitaires adéquates.

Plusieurs intervenants se sont dits profondément préoccupés par la montée de la violence en Cisjordanie, où plus de 130 Palestiniens, dont 26 enfants, ont été tués au cours de ce seul mois.  Ils ont appelé à une désescalade urgente.

Dans l’ensemble, les intervenants ont indiqué soutenir les efforts de médiation des États-Unis, de l’Égypte et du Qatar, plaidant en faveur de la mise en œuvre de la solution négociée des deux États, Israël et la Palestine, dont Gaza fait partie intégrante.  La Fédération de Russie a toutefois reproché aux États-Unis de « monopoliser » ces négociations sans même informer les membres du Conseil des changements de paramètres demandés par Israël pour le cadre de « l’initiative Biden ».

Dans un échange en fin de séance, la délégation américaine a accusé la Fédération de Russie de chercher à politiser le conflit à Gaza et d’avoir prononcé un discours anti-américain alors même qu’elle-même n’apporte aucune contribution au règlement du conflit Gaza.  Ce à quoi le représentant russe a répondu en rappelant que sa délégation avait tablé une résolution dès le 18 octobre pour demander un cessez-le-feu à Gaza, l’une des cinq résolutions ayant été bloquées par un veto américain.  Il a demandé des justifications et des éclaircissements sur les modifications des paramètres de la négociation en cours.

Le représentant américain lui a rétorqué que sa délégation avait très clairement expliqué sa position sur les cinq résolutions en question.  Sur le terrain, a-t-il expliqué, les États-Unis veillent à la mise en œuvre du cadre accepté par les parties et cherchent à combler les lacunes pour y parvenir.  « Nous œuvrons d’arrache-pied pour mettre fin à ce conflit », a martelé le délégué américain. 

Il n’en reste pas moins que les États-Unis ne devraient pas empêcher le Conseil de sécurité de faire son travail face à cette tragédie humaine où plus de 40 000 Palestiniens ont déjà perdu la vie, lui a répondu son homologue russe car, comme il l’avait relevé dans son intervention, « chaque jour de retard dans l’attente des résultats de la diplomatie bilatérale vantée par les États-Unis coûte la vie à des dizaines et des centaines de civils palestiniens ».  Il n’y aura pas de miracle, a-t-il affirmé et la communauté internationale, représentée par le Conseil de sécurité, doit prendre des mesures immédiates et décisives.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Exposés

Mme JOYCE CLEOPA MSUYA MPANJU, Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires et Coordonnatrice des secours d’urgence par intérim, a fait le point sur la situation humanitaire « alarmante » à Gaza.  À ce jour, plus d’un millier de personnes ont été tuées en Israël, notamment le 7 octobre, et 108 otages sont toujours en captivité, a-t-elle rappelé.  Dans le même temps, et selon le Ministère de la santé de Gaza, plus de 40 000 personnes ont été tuées et plus de 93 000 blessées dans la bande de Gaza, dont un grand nombre sont des femmes et des enfants. Mme Msuya Mpanju a également signalé une multiplication des rapports faisant état de mauvais traitements infligés aux détenus palestiniens en Israël.  Elle a concédé que la réponse humanitaire, déjà mise à rude épreuve jusque-là, se heurte désormais à des difficultés sans précédent.  Rien que la semaine dernière, nos équipes ont été déplacées et ont essuyé des tirs, s’est-elle indignée ajoutant que des locaux et des entrepôts de l’ONU ont été perdus.  La haute responsable a également pointé l’incident d’il y a deux jours dans lequel du personnel du Programme alimentaire mondial (PAM) a essuyé des tirs dans leur véhicule balisé.  « Ils ont survécu, par chance. » 

Expliquant qu’il est impossible de planifier plus de 24 heures à l’avance, faute de savoir de quelles fournitures l’ONU disposera, ni quand elle les aura, ni où elle pourra les livrer, Mme Msuya Mpanju s’est impatientée en disant que la vie de 2,1 millions de personnes ne peut simplement pas dépendre uniquement de la chance et de l’espoir. 

Notant la multiplication des ordres d’évacuation émis par l’armée israélienne, ainsi que leurs conséquences dévastatrices pour les civils, elle a relevé que rien qu’entre le 19 et le 24 août, cinq ordres de ce type ont été émis, soit le plus grand nombre d’ordres émis en une seule semaine depuis le début de cette crise.  Ces ordres concernent un quart de million de personnes dans 33 quartiers de Deïr el-Balah, Khan Younès et du nord de Gaza, a-t-elle précisé ajoutant que l’hôpital Al Aqsa -l’un des derniers grands hôpitaux de Gaza à fonctionner- ainsi que des cliniques, des puits, une usine de dessalement et un réservoir d’eau ont tous été touchés par ces derniers ordres.  La production d’eau à Deïr el-Balah a été réduite d’environ 85%, s’est-elle alarmée. 

L’ordre d’évacuation qui a suivi, le 25 août, a entraîné le plus grand déplacement de personnel de l’ONU depuis qu’il a été contraint de quitter le nord de Gaza en octobre 2023.  Au cours des derniers jours, quelque 200 membres du personnel ont été touchés, ainsi que 9 maisons d’hôtes et 4 entrepôts utilisés par le personnel des Nations Unies, et 6 maisons d’hôtes utilisées par des ONG. 

Concrètement, plus de 88% du territoire de Gaza a reçu, un jour ou l’autre, un ordre d’évacuation, a affirmé la Secrétaire générale adjointe par intérim, notant que les communautés vivent dans un état d’incertitude, ne sachant jamais quand viendra le prochain.  Les civils vivent aujourd’hui dans moins de 11% de la surface de Gaza, a-t-elle renchéri affirmant qu’il est difficile de décrire l’immense combat que mènent les gens pour trouver un abri et des biens de première nécessité.  C’est donc avec un certain soulagement qu’elle a appris ce matin qu’à la suite des appels lancés par l’ONU et certains États Membres, l’armée israélienne a annulé les ordres d’évacuation de trois pâtés de maisons dans les quartiers sud de Deïr el-Balah.  « C’est la première fois que des ordres d’évacuation sont annulés depuis le début du conflit. »  Les équipes de l’ONU travaillent pour confirmer s’il est possible de retourner dans les locaux quittés le 25 août. 

« Les civils ont faim.  Ils ont soif. Ils sont malades.  Ils sont sans abri.  Ils ont été poussés au-delà des limites de l’endurance - au-delà de ce qu’un être humain devrait supporter », s’est indignée la haute responsable.  Elle a assuré que les Nations Unies et ses partenaires humanitaires continuent de faire ce qu’ils peuvent, sous la direction du Coordonnateur de l’action humanitaire, M. Muhannad Hadi.  « Nous restons sur le terrain, planifiant du mieux que nous pouvons dans ces circonstances extrêmes. »  De plus, la communauté humanitaire travaille sans relâche pour arrêter la propagation de la poliomyélite, « une maladie que le monde pensait maîtriser ». Israël a facilité l’entrée de tous les vaccins contre la poliomyélite demandés, a confirmé Mme Msuya Mpanju, ainsi que du matériel nécessaire à la mise en œuvre de la campagne de vaccination. Le plus important est maintenant d’assurer la sécurité et l’accès nécessaires à la mise en œuvre efficace de cette campagne, a-t-elle insisté, en souhaitant que le même accès soit accordé à tous les produits et services vitaux à Gaza. 

Pour la représentante du Bureau de la coordination de l’aide humanitaire (OCHA), ce dont nous avons été témoins au cours des 11 derniers mois -et dont nous continuons d’être témoins- remet en question l’engagement du monde à l’égard de l’ordre juridique international qui a été conçu pour prévenir ces tragédies. Cela nous oblige à nous demander ce qu’il est advenu de notre sens fondamental de l’humanité, s’est-elle exclamée en sommant le Conseil et la communauté internationale d’agir pour garantir le respect du droit international, lutter contre l’impunité, et parvenir à une cessation immédiate des hostilités et à un cessez-le-feu durable à Gaza. 

M. MIKE RYAN, Directeur général adjoint et Directeur exécutif chargé du Programme de gestion des situations d’urgence sanitaire de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a indiqué que ce conflit incessant a des conséquences profondes sur la santé et le bien-être des populations d’Israël et de Palestine, ainsi que celles du reste de la région.  Ainsi, l’absence d’interventions de santé publique les plus élémentaires à Gaza pendant 11 mois a entraîné la propagation de maladies, y compris, malheureusement, la résurgence de la poliomyélite.  Le premier cas de la maladie a maintenant été confirmé après 25 ans de Palestine sans poliomyélite: un nourrisson de 10 mois, né en temps de guerre, qui n’a jamais été vacciné.  Le conflit à Gaza a provoqué une résurgence du poliovirus circulant dérivé d’une souche vaccinale de type 2 (PVDVc2), menaçant d’annuler des décennies de progrès, s’est-il inquiété. 

Il a ensuite expliqué que la campagne de vaccination qui doit débuter le 1er septembre va adopter une approche par phases, commençant par le centre de Gaza suivi du sud, puis du nord de Gaza, chaque zone étant couverte sur trois jours.  Le Directeur général adjoint de l’OMS a parlé de 1,26 million de doses de vaccin et 500 porte-vaccins déjà livrés à Gaza, alors que 400 000 doses de vaccin supplémentaires arriveront bientôt.  La sécurité de chacun des plus de 2 180 vaccinateurs doit être garantie, a-t-il dit, en exhortant toutes les parties à assurer leur protection, ainsi que celle des établissements de santé, des enfants et de leurs familles. 

L’épidémie de poliomyélite survient dans le cadre d’une catastrophe de santé publique de bien plus grande ampleur, a poursuivi le haut fonctionnaire.  Il a noté qu’au 25 août, seuls 44% des 132 établissements de soins de santé primaires fonctionnaient. Seuls 17 des 36 hôpitaux fournissent des services, et chacun d’entre eux ne fonctionne que partiellement. La fonctionnalité des établissements de santé est compromise par les dommages physiques, le manque de carburant, les fournitures médicales limitées et la perte de personnel, a-t-il expliqué. Du 7 octobre 2023 au 22 août 2024, l’OMS a recensé plus de 1 098 attaques sanitaires dans le territoire palestinien occupé.  À Gaza, 492 attaques de ce type ont fait 747 morts et 969 blessés. En Cisjordanie, l’OMS a vérifié plus de 520 attaques avec 23 morts et 100 blessés.  Les ordres d’évacuation perturbent encore davantage la prestation des soins de santé, mettent en danger les infrastructures sanitaires essentielles et entravent la livraison de fournitures essentielles. 

Il est de la plus haute urgence de rétablir les évacuations médicales de Gaza vers la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, où les hôpitaux sont prêts à recevoir les patients, a plaidé M. Ryan.  Les patients doivent également pouvoir être transférés vers l’Égypte et la Jordanie, et de là, vers d’autres pays si nécessaire, a-t-il encore demandé.  Il a appelé à la mise en place de multiples couloirs d’évacuation médicale pour assurer un passage durable, organisé, sûr et rapide des patients par tous les itinéraires possibles, y compris Rafah et Kerem Shalom.  Il a ensuite fait savoir que plus de 25% de la population souffre de maladies liées à l’eau et à l’assainissement, notamment des diarrhées sanglantes, l’hépatite A et des maladies cutanées telles que la gale. D’autres risques épidémiques sont également en hausse en raison des déplacements continus et de la dégradation des conditions de vie, a-t-il expliqué. 

La situation en Cisjordanie se détériore également, a-t-il poursuivi, évoquant l’intensification des actions militaires et des restrictions de mouvement qui ont gravement entravé l’accès aux soins de santé.  De même, la perturbation des services d’ambulance et l’obstruction de l’accès des patients aux hôpitaux menacent encore davantage la vie de ceux qui ont besoin de soins urgents.  Il a appelé la communauté internationale à agir maintenant pour garantir des pauses humanitaires, assurer la livraison de fournitures sanitaires essentielles et soutenir la mise en œuvre rapide de la campagne de vaccination contre la poliomyélite.  L’inaction entraînera des conséquences catastrophiques non seulement pour les enfants de Gaza mais aussi pour la population de la région et du monde, a—t-il averti.  Cet engagement à stopper la propagation de la poliomyélite doit être répliqué à tous les risques de santé publique, a-t-il souhaité. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Ukraine: inquiétudes au Conseil de sécurité alors que le conflit s’intensifie et des incidents sont signalés autour d’installations nucléaires en Ukraine et en Russie

9714e séance – après-midi
CS/15803

Ukraine: inquiétudes au Conseil de sécurité alors que le conflit s’intensifie et des incidents sont signalés autour d’installations nucléaires en Ukraine et en Russie

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Alors que le mois de juillet a été le plus meurtrier pour les civils en Ukraine depuis près de deux ans, le Sous-Secrétaire général pour l’Europe, l’Asie centrale et les Amériques a appelé, cet après-midi, devant le Conseil de sécurité, à intensifier les efforts urgents en faveur de la paix. 

« Nous ne pouvons pas laisser les terribles ravages de cette guerre devenir la norme.  Aujourd’hui plus que jamais, il est essentiel que nous parlions d’une seule voix pour assurer la protection des civils », a plaidé M. Miroslav Jenča, qui a précisé qu’au moins 219 civils ont été tués et 1 018 autres blessés durant le seul mois de juillet. 

« Malheureusement, ces chiffres ne font qu’augmenter, alors que des missiles, des obus et des drones continuent de frapper quotidiennement des villes et des villages à travers l’Ukraine », a déploré le haut fonctionnaire, notant qu’au cours des deux derniers jours, des centaines de missiles et de drones auraient tué au moins 11 personnes et touché des infrastructures énergétiques et civiles essentielles à travers l’Ukraine.  Il a également cité les chiffres des autorités locales de la région de Koursk, en Fédération de Russie, selon lesquels le début de l’incursion ukrainienne dans la région le 6 août aurait fait au moins 12 morts et 121 blessés et causé l’évacuation de 130 000 personnes. 

À ce sombre tableau s’ajoutent la détérioration de la situation en matière de sûreté nucléaire à la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporizhzhia ainsi que les inquiétudes concernant la sûreté et la sécurité nucléaires dans la région de Koursk, en Fédération de Russie.  De même, il a exprimé sa vive inquiétude quant au traitement des prisonniers de guerre détenus par la Fédération de Russie. 

« Alors que la guerre continue de faire rage, les enjeux deviennent de plus en plus importants », a constaté la Slovénie, notant que toute attaque contre une installation nucléaire civile ou l’empêchement de son fonctionnement normal pourrait entraîner une catastrophe humanitaire et environnementale inimaginable et à long terme.  Même son de cloche des États-Unis, qui ont assuré qu’ils étaient prêts, avec les autres membres de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), à défendre l’Ukraine.  Une position également confirmée par le Royaume-Uni.  La délégation américaine a du reste rappelé que c’est bien la Russie qui continue de « poignarder » la Charte des Nations Unies par sa guerre d’agression menée contre l’Ukraine.

Les États-Unis et leurs alliés doivent garder à l’esprit que ce sont des armes occidentales qui sont utilisées à Koursk, où des mercenaires et des consultants occidentaux perdent également la vie, a réagi la Fédération de Russie. Selon elle, la complicité des occidentaux est de plus en plus manifeste, et l’offensive ukrainienne sur Koursk, « un territoire sans objectif militaire où vivent avant tout des civils », met mal à l’aise les pays occidentaux.  Ces actes, a affirmé la délégation, constituent la réponse parfaite à ceux qui ont tenté de « faire l’autruche » en passant sous silence la brutalité des « nazis de Kiev », à savoir ses parrains occidentaux. 

Suite à cela, l’Ukraine a expliqué qu’elle ne pouvait rester passive alors que la Russie préparait, selon elle, une attaque depuis la région de Koursk.  Elle a assuré n’avoir pas de plan politique vis-à-vis des régions russes occupées, arguant que ces actions n’ont qu’une portée préventive.  La délégation a appelé le Conseil de sécurité à reconnaître le droit de l’Ukraine à mener des frappes de longue distance sur tout le territoire russe, et à intercepter des drones ciblant son territoire et qui transitent par des pays voisins. 

Les organes compétents des Nations Unies ont établi des faits accablants commis par l’armée russe, a confirmé la France.  C’est pourquoi la Russie et ses dirigeants doivent être tenus pleinement responsables d’avoir mené une guerre d’agression et d’avoir commis d’autres crimes très graves au regard du droit international, ainsi que des dégâts considérables causés par leur guerre, a renchéri l’Union européenne (UE).  À ce propos, la délégation française a salué l’autorisation donnée par le Parlement ukrainien de ratifier le Statut de Rome, notant que cette démarche facilitera les enquêtes de la Cour pénale internationale (CPI).  La paix en Ukraine ne peut être instaurée sans que les responsables soient tenus de rendre des comptes, a souligné à son tour la Roumanie qui a fait part de son appui envers l’initiative de paix du Président Zelenskyy, « la seule voie vers une paix juste et durable ».

Le Danemark, au nom du Groupe des pays nordiques, a condamné les dernières frappes aériennes massives de la Russie, qui comptent parmi les plus graves depuis le début de la guerre.  Déterminée à soutenir l’Ukraine dans la reconstruction de son infrastructure énergétique, la délégation a souligné que les attaques visant les civils et les biens à caractère civil sont strictement interdites par le droit international humanitaire et doivent cesser immédiatement. 

La Pologne a, pour sa part, dénoncé les violations répétées de son espace aérien, et donc de l’espace aérien de l’OTAN, par des attaques aériennes russes.  Au nom des États baltes, la Lettonie a appelé le Bélarus, l’Iran et la République populaire démocratique de Corée (RPDC) à cesser leur assistance à la Russie dans sa guerre contre l’Ukraine, exhortant en outre à ce que les forces du Bélarus se retirent de la frontière avec l’Ukraine. 

Jouant la carte de l’apaisement, l’Algérie a plaidé pour une désescalade qui doit aller de pair avec l’intensification des efforts diplomatiques pour réunir les parties autour de la table.

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Exposé

M. MIROSLAV JENČA, Sous-Secrétaire général pour l’Europe, l’Asie centrale et les Amériques aux Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix et Département des opérations de paix, a indiqué que, selon le Haut-Commissariat aux droits de l’homme, depuis le 24 février 2022, 11 662 civils ont été tués en Ukraine, dont 639 enfants, tandis que 24 207 civils ont été blessés, dont 1 577 enfants. Ce mois de juillet a été le mois le plus meurtrier pour les civils en Ukraine depuis près de deux ans, a-t-il indiqué en évoquant au moins 219 civils tués et 1 018 blessés.  Au cours des deux derniers jours, des centaines de missiles et de drones auraient tué au moins 11 personnes et touché des infrastructures énergétiques et civiles essentielles à travers l’Ukraine, a-t-il dit.  Il a noté que des dégâts ont été signalés dans 15 régions, avec au moins 11 installations énergétiques touchées.  Le 24 août, au milieu de l’escalade des combats dans l’est de l’Ukraine, un missile a frappé un hôtel dans la ville de Kramatorsk, dans la région de Donetsk.  Un employé de Reuters a été tué et quatre journalistes blessés, a-t-il rapporté. 

Le haut fonctionnaire s’est dit également préoccupé par l’impact de la propagation des combats sur la population civile des deux côtés de la frontière, y compris dans les régions de Sumy et de Kharkiv en Ukraine, ainsi que dans les régions de Koursk, Belgorod et Briansk en Fédération de Russie.  Le Sous-Secrétaire général a souligné qu’après le début de l’incursion ukrainienne dans la région de Koursk le 6 août, les autorités russes locales ont fait état d’au moins 12 morts et 121 blessés.  Selon les autorités locales, au moins 130 000 personnes ont été évacuées de la région, a-t-il ajouté. 

Nous sommes alarmés par les incidents signalés autour des installations nucléaires en Ukraine et en Russie, a poursuivi le haut fonctionnaire.  Il a souligné qu’en août, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a fait état d’une détérioration de la sûreté nucléaire à la centrale de Zaporizhzhia.  Le 17 août, une frappe de drone a ainsi touché la route autour du périmètre du site, et le 11 août, un incendie important dans l’une des tours de refroidissement a causé des dégâts considérables.  L’équipe de l’AIEA a également signalé une activité militaire intense périodique à proximité de la centrale, notamment des bruits d’explosions fréquentes, des tirs répétitifs de mitrailleuses lourdes et de fusils ainsi que d’artillerie à diverses distances de la centrale.  Les inquiétudes grandissent également concernant la sûreté et la sécurité nucléaires dans la région de Koursk, en Fédération de Russie.  En effet, le 22 août, la Fédération de Russie a informé l’AIEA que les restes d’un drone avaient été retrouvés sur le territoire de la centrale nucléaire de Koursk. 

De plus, la situation humanitaire déjà désastreuse devrait s’aggraver, car les hostilités ne montrent aucun signe d’apaisement et l’hiver approche.  Il a salué les récents échanges de prisonniers de guerre facilités par les Émirats arabes unis et d’autres acteurs.  Il a exprimé sa vive inquiétude quant au traitement des prisonniers de guerre détenus par la Fédération de Russie.  La Mission de surveillance des droits de l’homme des Nations Unies en Ukraine a ainsi signalé que ces prisonniers étaient soumis à des tortures prolongées et routinières, à des conditions d’internement épouvantables et à des violences sexuelles répétées.  Aujourd’hui plus que jamais, il est essentiel que nous parlions d’une seule voix pour assurer la protection des civils et intensifier nos efforts urgents en faveur de la paix, a-t-il martelé.  Il a espéré que le Sommet de l’avenir contribuera à renforcer la collaboration mondiale à un moment où elle est le plus urgent. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: dans la spirale de violences en cours, l’Envoyé spécial prône « une nouvelle approche » pour régler le conflit syrien

9713e séance – matin
CS/15802

Conseil de sécurité: dans la spirale de violences en cours, l’Envoyé spécial prône « une nouvelle approche » pour régler le conflit syrien

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Ce matin, devant le Conseil de sécurité, l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie a exhorté à une désescalade dans la région qui est en proie à des violences ayant atteint une « nouvelle dimension ».  Décrivant une situation « tendue et violente » en Syrie sur de nombreux fronts, M. Geir Otto Pedersen a préconisé d’explorer une « nouvelle approche » pour un règlement global de ce conflit engagé depuis plus de 14 ans.  Il a misé sur une ferme « volonté politique » et dit compter sur le soutien de tous sur la voie d’un processus politique réaliste et respectant les intérêts de chacun. 

Cela implique notamment un cessez-le-feu à Gaza ainsi qu’un retour au calme au Liban et de part et d’autre de la Ligne bleue, a-t-il fait remarquer, jugeant déplorable que des civils continuent d’être tués et blessés presque quotidiennement en Syrie et dans toute la région.  Les violences du mois dernier ont atteint une « nouvelle dimension » faisant craindre de réelles menaces à la paix et à la sécurité internationales, a-t-il mis en garde.

La division de facto de la Syrie, le conflit militaire qui fait rage, l’implication profonde d’acteurs extérieurs, la présence de groupes terroristes figurant sur la liste du Conseil, les souffrances humanitaires, le naufrage économique, ainsi que le sort des disparus ne peuvent être dissociés et doivent être abordés de manière significative dans le cadre d’un processus politique facilité par les Nations Unies et conforme à la résolution 2254 (2015), a recommandé l’Envoyé spécial.

À cet égard, il a dit vouloir continuer d’encourager les efforts conjoints en vue de faire avancer ce processus, indiquant avoir récemment eu une discussion approfondie avec la Commission syrienne de négociation à Genève. Il s’est dit, en outre, impatient de s’entretenir avec des représentants du Gouvernement syrien à Damas dès que possible.

En attendant, il a qualifié de « désastreuse » la situation humanitaire, se félicitant toutefois, de la décision du Gouvernement syrien de prolonger l’autorisation de l’accès à travers les points de passage de Bab el-Salam et de Raaï.  Une autorisation saluée par plusieurs membres du Conseil qui l’ont toutefois jugé insuffisante face à la crise humanitaire profonde en Syrie où, comme l’a décrit la Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires et Coordonnatrice des secours d’urgence par intérim, plus de 16 millions de personnes ont besoin d’aide.

Ce sont ainsi plus de 70% de la population, dont les trois quarts sont des femmes et des enfants, qui nécessitent une assistance humanitaire.  Face à ces niveaux records, Mme Joyce Cleopa Msuya Mpanju a mis en garde le Conseil de sécurité: « Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre de vue la Syrie. »  Elle n’en a pas moins souligné l’aide essentielle que l’ONU et ses partenaires fournissent chaque mois à des millions de Syriens.

La prorogation de l’autorisation de l’aide humanitaire à travers les points de passage de Bab el-Salam et de Raaï pour des périodes très courtes n’est pas la solution, a commenté le représentant des États-Unis qui a exhorté le Conseil à presser le « régime » de Damas de mettre en place un régime plus prévisible permettant un accès sur le long terme.

Si la Chine, qui entend jouer à un rôle constructif pour atténuer les tensions et maintenir le cap d’une solution politique, a salué les efforts conjoints des Nations Unies et du Gouvernement syrien, à travers le mécanisme transfrontalier de passage de l’aide, elle a pointé du doigt, tout comme les A3+ (Algérie, Sierra Leone, Mozambique et Guyana), les sanctions unilatérales et le pillage des ressources syriennes, qui empêchent le relèvement de ce pays.

Un point de vue partagé par la République islamique d’Iran qui a dénoncé la politisation de l’aide humanitaire et l’obstruction au soutien international à la reconstruction de la Syrie, accusant les États-Unis et leurs alliés d’en être à l’origine.  Abondant dans le même sens, la Fédération de Russie a jugé impératif de mettre fin à la présence militaire étrangère qui constitue une violation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Syrie.

L’occasion pour le représentant de la République arabe syrienne d’accuser les États-Unis, « présents illégalement » sur son territoire sous prétexte de combattre Daech, de mener des opérations de pillage des ressources syriennes et de maintenir le régime des sanctions.  La France a toutefois expliqué que les sanctions ne pourront être levées qu’à la condition de progrès tangibles dans un processus politique crédible et inclusif. Si cette condition est remplie, nous pourrons alors envisager de financer la reconstruction, a-t-elle précisé. 

Personne n’a infligé plus de douleurs au peuple syrien -sur le plan militaire, le plan économique ou le plan politique- que le « régime Assad », a en outre fait valoir le représentant des États-Unis, appuyé par le délégué du Royaume-Uni, qui a rappelé le triste épisode de l’usage des armes chimiques dans la Ghouta.

Réfutant ces « mensonges et allégations » infondés, son homologue syrien a dénoncé les politiques destructrices américaines menées dans la région, évoquant la crise à Gaza.  Pour l’heure, il a réitéré l’engagement de son pays envers un processus politique pour aboutir à un règlement politique contrôlé et dirigé par les Syriens.  Il a dit que son gouvernement entend continuer de dialoguer avec l’Envoyé spécial, plaçant ses espoirs dans la neuvième session de la Commission constitutionnelle prévue prochainement à Bagdad.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Exposés

M. GEIR OTTO PEDERSEN, Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, a saisi l’occasion de la célébration ce mois-ci du soixante-quinzième anniversaire de la ratification des Conventions de Genève pour rappeler à toutes les parties au conflit syrien leurs obligations en droit international humanitaire.  Il a jugé déplorable que des civils continuent d’être tués et blessés presque quotidiennement en Syrie et dans toute la région, avertissant que les violences du mois dernier ont atteint une nouvelle dimension, faisant peser de réelles menaces sur la paix et la sécurité internationales.  Il a détaillé une série d’incidents, dont les attaques menées par Israël visant un terrain de football dans le Golan syrien occupé, les frappes israéliennes sur Beyrouth, les assassinats ciblés de dirigeants du Hamas à Téhéran, puis du Hezbollah à Beyrouth par Israël et l’escalade importante des hostilités observée la semaine dernière, illustrée par les frappes du Hezbollah en Israël et les frappes israéliennes au Liban.

Dans cette escalade, la Syrie et les Syriens n’ont pas été épargnés, a-t-il déploré, rappelant qu’à la mi-août, des Syriens, dont des enfants, ont été tués lors de frappes aériennes israéliennes sur le Liban.  D’autres frappes ont eu lieu à Homs, Hama, Deraa, puis à la frontière entre la Syrie et le Liban, a-t-il énuméré.  Les mois de juillet et d’août ont également été marqués par des attaques contre des positions militaires américaines dans le nord-est de la Syrie, attaques menées, selon les États-Unis, par des groupes armés soutenus par l’Iran, a-t-il rappelé.

Face à cette situation sans précédent, M. Pedersen a prié de redoubler d’efforts en vue d’une désescalade régionale.  C’est pourquoi, il a plaidé pour un cessez-le-feu urgent à Gaza ainsi qu’un retour au calme au Liban et de part et d’autre de la Ligne bleue.

En attendant, M. Pedersen s’est inquiété de la situation tendue et violente qui règne sur de nombreux fronts dans le pays, citant notamment les affrontements, les frappes aériennes et les attaques par drones qui se déroulent en plus d’échanges de tirs d’artillerie et de roquettes dans le nord-est et le nord-ouest de la Syrie.  Il a cité également une brève recrudescence des frappes de drones progouvernementaux sur Edleb et un pic d’hostilités impliquant les Forces démocratiques syriennes (FDS) et les forces d’opposition armées près d’Izaz.  De même, il a pointé l’escalade significative des hostilités entre les FDS et certaines forces tribales arabes à Deïr el-Zor.

Le sud-ouest de la Syrie reste instable, avec de multiples incidents de sécurité à Deraa et de nouvelles tensions à Soueïda, où un mouvement de protestation pacifique fait rage depuis plus d’un an, a-t-il aussi observé.  M. Pedersen a en outre rappelé la récente mise en garde du Secrétaire général adjoint chargé du Bureau des Nations Unies de lutte contre le terrorisme, devant le Conseil, face à l’accélération du rythme opérationnel de Daech en Syrie. M. Pedersen a par ailleurs évoqué le dossier des détenus et des personnes portées disparues, tançant des pratiques répressives qui « doivent cesser ». 

Sur le plan humanitaire, la situation reste tout aussi désastreuse, s’est-il désolé, se félicitant, toutefois, de la décision du Gouvernement syrien de prolonger l’autorisation de l’accès à travers les points de passage de Bab el-Salam et Raaï.  Il a saisi cette occasion pour demander de tenir les promesses financières faites à Bruxelles pour soutenir le relèvement rapide.

La division de facto de la Syrie, le conflit militaire qui fait rage, l’implication profonde d’acteurs extérieurs, la présence de groupes terroristes figurant sur la liste du Conseil, la souffrance humanitaire, le naufrage économique, ainsi que le sort des disparus ne peuvent être dissociés et doivent être abordés de manière significative dans le cadre d’un processus politique facilité par les Nations Unies et conforme à la résolution 2254 (2015), a recommandé l’Envoyé spécial.

Pour sa part, il a dit vouloir continuer d’encourager les efforts conjoints en vue de faire avancer ce processus, indiquant avoir récemment eu une discussion approfondie avec la Commission syrienne de négociation à Genève.  Il a dit attendre avec impatience de s’entretenir avec des représentants du Gouvernement syrien à Damas dès que possible.

Mme JOYCE CLEOPA MSUYA MPANJU, Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires et Coordonnatrice des secours d’urgence par intérim, a décrit une crise humanitaire profonde en Syrie où plus de 16 millions de personnes, soit plus de 70% de la population, dont les trois quarts sont des femmes et des enfants, ont besoin d’aide. La récente escalade des hostilités dans le nord-est du pays ainsi que les attaques régulières dans le nord-ouest et dans d’autres régions continuent d’aggraver les souffrances de la population, s’est désolée la Secrétaire générale adjointe par intérim.  À titre d’exemple, elle a fait état d’au moins 25 civils tués à cause des combats à Deïr el-Zor depuis le 6 août, évoquant aussi les infrastructures publiques essentielles touchées, notamment des installations de traitement des eaux, et les restrictions aux déplacements de civils et de travailleurs humanitaires, notamment à cause de la fermeture des points de passage de l’Euphrate.  Mme Msuya a insisté sur l’impératif de respecter le droit international humanitaire, y compris la protection des civils et des infrastructures civiles, et de garantir un plein accès humanitaire.

Les déplacements de population se poursuivent à un rythme effréné, a-t-elle ajouté, comptant plus de 6 millions de Syriens réfugiés ou demandeurs d’asile en dehors des frontières syriennes, et 7,2 millions de personnes déplacées, souvent depuis plus de 10 ans, soit près d’un tiers de la population.  Les 14 provinces de la Syrie accueillent des personnes déplacées par le conflit, a-t-elle précisé, 11 d’entre elles accueillant plus de 100 000 personnes.  La plupart de ces personnes vivent dans des tentes ou des campements informels surpeuplés et ont été contraintes de déménager à plusieurs reprises. Comme elles dépendent de l’aide humanitaire, elles sont frappées par la pénurie alarmante de fonds humanitaires, a expliqué la Secrétaire générale adjointe par intérim en précisant que près de neuf mois après le début de l’année, moins d’un milliard de dollars a été reçu sur les 4,1 milliards nécessaires.  Concrètement, cela signifie que l’aide alimentaire et les services d’approvisionnement en eau ont dû être interrompus.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) signale que de nombreuses familles sont exposées au risque de malnutrition, ce qui implique des mécanismes d’adaptation négatifs, comme le mariage forcé, le mariage des enfants et le travail des enfants, a pointé Mme Msuya.  Elle a mis en garde du fait que sans une augmentation du financement, près de 200 camps dans le nord-ouest seront privés d’eau et d’assainissement d’ici au mois prochain, et, d’ici à la fin de l’année, quelque 230 établissements de santé seront obligés de fermer totalement ou partiellement, ce qui affectera plus d’un million de personnes.  Insistant en outre sur l’importance des investissements dans des projets de redressement rapide, Mme Msuya a expliqué que le Fonds humanitaire transfrontière pour la Syrie, géré par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), soutient un tel projet qui vise à fournir une formation professionnelle et à réhabiliter les marchés et les écoles.  Elle a donc lancé un appel aux donateurs pour qu’ils redoublent leur soutien à la réponse humanitaire, y compris au relèvement rapide.

Alors que près de la moitié des personnes déplacées en Syrie se trouvent à Edleb et dans le nord d’Alep, la Secrétaire générale adjointe par intérim a salué la décision du Gouvernement syrien de prolonger de trois mois l’autorisation d’utiliser les points de passage de Bab el-Salam et de Raaï avant d’émettre le vœu que l’utilisation de ces points de passage, ainsi que de celui de Bab el-Haoua, restera possible tant que les besoins actuels persisteront.

Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre de vue la Syrie, a conclu Mme Msuya.  Alors que les Nations Unies et leurs partenaires continuent de fournir une aide essentielle à des millions de Syriens chaque mois, les besoins humanitaires continuent d’atteindre des niveaux records.  Il faut pouvoir compter sur une augmentation significative du financement de l’aide humanitaire dans ce pays, a-t-elle prévenu.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité proroge d’un an le mandat de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL)

9712e séance – matin
CS/15801

Le Conseil de sécurité proroge d’un an le mandat de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL)

Le Conseil de sécurité a décidé, ce matin, de proroger d’un an le mandat actuel de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), jusqu’au 31 août 2025. 

En adoptant à l’unanimité la résolution 2749 (2024), le Conseil de sécurité engage vivement tous les acteurs concernés à appliquer des mesures immédiates en vue d’une désescalade, notamment dans le but de rétablir le calme, la retenue et la stabilité de part et d’autre de la Ligne bleue; exige l’application intégrale de la résolution 1701 et souligne combien il est important et nécessaire de parvenir à une paix globale, juste et durable au Moyen-Orient. 

Cette prorogation intervient dans un contexte marqué par un regain des échanges de tirs de part et d’autre de la Ligne bleue.  Dimanche dernier, le Secrétaire général António Guterres avait d’ailleurs publié une déclaration dans laquelle il appelait à une cessation immédiate des hostilités dont les soldats de la paix de la FINUL ont été témoins ces derniers jours. 

Dans l’ensemble, les délégations ont chacune salué la prorogation du mandat de la Force et son utilité.  Porte-plume du projet, la France a expliqué que le risque de guerre ouverte était « réel ».  Afin d’éviter un embrasement régional, elle a appelé l’Iran à « s’abstenir de mener des attaques » et a jugé qu’il était de la responsabilité du Conseil que les parties cessent les hostilités « à l’aide de deux outils »: le mandat de la FINUL et la résolution 1701. 

Jugeant la situation le long de la Ligne bleue « plus grave que jamais », le Royaume-Uni a dit s’être entretenu avec des officiels israéliens et libanais pour contribuer à juguler la crise.  Il s’est joint aux appels à la retenue de la France en direction de l’Iran, estimant qu’« un élargissement du conflit ne bénéficierait à personne ». Inquiètes de la tournure des événements, Malte, la Suisse et la Slovénie ont appelé les parties à appliquer pleinement les termes de la résolution 1701 et se sont félicitées de l’unanimisme du Conseil sur la question.  Cela montre que le Conseil est conscient de la nécessité d’une solution à long terme, a pointé la Suisse. 

La République de Corée a jugé la prorogation « fondamentale », compte-tenu de la volatilité de la situation, tandis que le Guyana, suivi par l’Équateur, a loué le « rôle indispensable » de la FINUL et salué le « sacrifice » de ses troupes.  La Sierra Leone a insisté sur le caractère inviolable des locaux des Nations Unies ainsi que sur la nécessaire liberté de mouvement des Casques bleus.  Le Japon s’est préoccupé du sort des civils sur le terrain, un sort rendant le rôle de la FINUL « d’autant plus essentiel ». 

La Chine a espéré que les parties joueraient le jeu, en remarquant que « l’intégrité territoriale du Liban devait être respectée ».  Plus ferme, la Fédération de Russie a dénoncé la « violation de l’espace aérien libanais » par les « vols aériens israéliens au-dessus de Beyrouth pour intimider la population civile ». L’Algérie a elle a aussi dénoncé les attaques menées contre la souveraineté du Liban et jugé que la cause principale du conflit était l’occupation de terres arabes.  Évoquant une région « à la croisée des chemins » à la suite de « l’assaut sur Gaza par Israël », la délégation algérienne a appelé le Conseil à mettre un terme à « la machine à tuer israélienne ». 

Les États-Unis ont noté qu’une relative stabilité de 18 ans avait été ébranlée par l’« attaque terroriste » du Hamas du 7 octobre d’une part, et par les « attaques quasi quotidiennes menées par le Hezbollah » contre Israël d’autre part.  Regrettant que le Conseil n’ait pas encore sanctionné le Hezbollah alors que ce dernier « menace les civils » et « les soldats de la paix » et « met en danger la stabilité du Liban », les États-Unis ont pointé qu’Israël avait le droit de se défendre de ses attaques. 

Le Liban, invité à la réunion avec Israël, s’est félicité du « message clair » envoyé par le Conseil et l’a interprété comme « un geste d’espoir pour les Libanais », qui comptent sur lui pour l’instauration d’un cessez-le-feu et la mise en œuvre de la résolution 1701 dans son intégralité. 

Israël a remarqué de son côté que ce renouvellement du mandat de la Force différait des précédents, compte-tenu de la « situation extraordinaire » induite par les attaques du 7 octobre, ainsi que par celles menées depuis par le Hezbollah sur le nord d’Israël, accusant l’Iran, « régime dangereux », d’être à l’origine de toutes ces attaques.  Quant au Hezbollah, a poursuivi la délégation, il viole la résolution 1701 (2006), puisque ses roquettes sont entassées dans des maisons et des infrastructures près de la frontière, non loin de la zone de la FINUL, dans des « lieux privés » où la Force ne peut entrer.  Le délégué israélien a brandi deux photos aériennes pour prouver ses affirmations selon lesquelles des roquettes du Hezbollah étaient tirées depuis des lieux situés non loin des bases de la FINUL. 

Le Conseil de sécurité est « prisonnier de l’ère d’avant le 7 octobre », et ferme les yeux sur les « capacités militaires colossales » du Hezbollah, a fustigé la délégation israélienne qui a aussi critiqué le fait qu’il ne soit pas fait mention du Hezbollah dans la résolution.  « Vous ne parlez pas de l’embargo sur les armes, ni du besoin de protéger la FINUL des intimidations du Hezbollah. » 

De même, elle a pris ombrage du fait que les deux parties soient mises sur un pied d’égalité, jugeant que le Hezbollah est le seul responsable de l’escalade des tensions.  C’est au Liban de choisir s’il veut être un État fonctionnel ou à la merci du Hezbollah et de l’Iran, a lancé Israël, ajoutant que si la diplomatie échouait, il n’hésiterait pas à utiliser « tous les moyens » pour rétablir le calme. Il a ensuite appelé le Conseil de sécurité à désigner le Hezbollah comme organisation terroriste. 

Le mandat de la Force intérimaire avait déjà été renouvelé jusqu’au 31 août 2024 par la résolution 2695 du 31 août 2023. 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT (S/2024/567)

Texte du projet de résolution (S/2024/634)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant toutes ses résolutions antérieures concernant le Liban, en particulier les résolutions 425 (1978), 426 (1978), 1559 (2004) et 1701 (2006),

Notant avec une vive inquiétude l’escalade des échanges de tirs de part et d’autre de la Ligne bleue depuis le 8 octobre 2023, en violation de la cessation des hostilités et des autres dispositions de la résolution 1701, et soulignant qu’une nouvelle escalade emporte un risque élevé de conflit généralisé,

Se déclarant préoccupé au plus haut point par les conséquences de ces tensions, qui ont fait de nombreuses victimes civiles et contraint des dizaines de milliers de civils à fuir leur domicile, et appelant toutes les parties au conflit armé à s’acquitter des obligations que leur fait le droit international humanitaire, notamment en matière de protection des civils, y compris des enfants,

Réaffirmant son attachement à l’application intégrale de toutes les dispositions de la résolution 1701 (2006) et conscient de la responsabilité qui lui incombe d’aider à rétablir le calme le long de la Ligne bleue et à parvenir à un cessez-le-feu permanent et à une solution à long terme du conflit, comme prévu dans ladite résolution,

Exprimant son soutien à l’action diplomatique en cours menée pour désamorcer la situation et rétablir le calme le long de la Ligne bleue,

Condamnant les incidents qui ont touché les locaux et les forces de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), blessant plusieurs soldats de la paix, et demandant instamment à toutes les parties de prendre toutes les mesures nécessaires pour respecter la sûreté et la sécurité du personnel et des locaux de la FINUL, ainsi que pour permettre à la FINUL de s’acquitter des fonctions envisagées dans la résolution 1701 (2006)

Répondant à la demande formulée par le Gouvernement libanais dans une lettre que le Ministre libanais par intérim des affaires étrangères et des émigrés a adressée au Secrétaire général le 24 juin 2024, tendant à ce que le mandat de la FINUL soit prorogé pour une période d’un an, et accueillant avec satisfaction la lettre que le Secrétaire général a adressée au Président du Conseil le 24 juillet 2024 (S/2024/567) pour recommander cette prorogation,

Réaffirmant son ferme attachement à l’intégrité territoriale, à la souveraineté et à l’indépendance politique du Liban, sur la base des principes et des paramètres énoncés dans la résolution 1701 (2006),

Constatant que la situation au Liban continue de menacer la paix et la sécurité internationales,

1.    Exige l’application intégrale de la résolution 1701 (2006), réitère son ferme attachement au plein respect de la Ligne bleue et à la cessation totale des hostilités, et rappelle l’objectif d’une solution à long terme fondée sur les principes et éléments énoncés au paragraphe 8 de sa résolution 1701 (2006);

2.    Décide de proroger jusqu’au 31 août 2025 le mandat actuel de la FINUL;

3.    Engage vivement tous les acteurs concernés à appliquer des mesures immédiates en vue d’une désescalade, notamment en vue de rétablir le calme, la retenue et la stabilité de part et d’autre de la Ligne bleue;

4.    Encourage le Secrétaire général à veiller à ce que la FINUL reste prête à s’adapter pour soutenir la désescalade, dans les limites fixées par son mandat et ses règles d’engagement;

5.    Prie le Secrétaire général de continuer à lui faire rapport sur l’application de la résolution 1701 (2006), tous les quatre mois ou chaque fois qu’il le jugera nécessaire, selon le modèle de rapport existant, tel qu’il a été défini dans les résolutions précédentes;

6.    Souligne combien il est important et nécessaire de parvenir à une paix globale, juste et durable au Moyen-Orient, sur le fondement de toutes ses résolutions pertinentes;

7.    Décide de rester activement saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.