En cours au Siège de l'ONU

Cinquième Commission: accablée par une mauvaise santé financière, l’ONU risque d’épuiser toutes ses réserves d’ici à la fin de l’année

Soixante-dix-neuvième session
4e séance plénière – matin
AG/AB/4468

Cinquième Commission: accablée par une mauvaise santé financière, l’ONU risque d’épuiser toutes ses réserves d’ici à la fin de l’année

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

La Secrétaire générale adjointe chargée des stratégies et politiques de gestion et de la conformité a présenté ce matin à la Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, une situation financière qui ne s’est pas améliorée, risquant de contraindre l’ONU à épuiser toutes ses réserves d’ici à la fin de l’année 2024. 

Mme Catherine Pollard a indiqué que le Secrétaire général continue d’alerter les États Membres de la crise de trésorerie de l’Organisation, touchant en particulier le budget ordinaire.  Le versement des contributions fluctue considérablement chaque année, rendant difficiles la planification et l’exécution efficace des programmes.

Budget ordinaire 

Pourtant au premier trimestre, les paiements ont dépassé les prévisions de 134 millions de dollars et au deuxième trimestre, de 178 millions de dollars, parce que certains États Membres ont payé plus tôt que prévu.  Pour ce dernier trimestre, l’Organisation a reçu 58 millions de dollars de plus que prévu.

Comment s’explique alors la crise de trésorerie?  Le versement des contributions pendant ce dernier trimestre reste incertain et les prévisions pointent vers un déficit qui empêchera la pleine mise en œuvre des programmes.  Au mois de septembre, le Secrétariat a dû siphonner le Fonds de roulement et il sera peut-être nécessaire de ponctionner le Compte spécial ce mois-ci. 

La Secrétaire générale adjointe a souligné, une nouvelle fois, l’importance d’avoir un certain degré de prévisibilité dans le versement des contributions.  Elle a lancé un appel aux États Membres pour qu’ils s’engagent à payer le plus tôt possible et, au moins, à communiquer tout aussi vite leurs plans de paiement.

Pour pouvoir exécuter le budget dans son intégralité et ne pas se retrouver dans une situation pire qu’au début de cette année, il faut recouvrer 105% des quotes-parts, y compris les arriérés, a prévenu Mme Pollard, et pour reconstituer les réserves, il faudra un taux de 115% des recouvrements.  En attendant, l’ONU risque d’épuiser des réserves d’environ 350 millions de dollars, d’ici à la fin de l’année, ne gardant que les 130 millions de dollars des tribunaux internationaux fermés. 

Sur un budget ordinaire de 3,2 milliards de dollars, 2,6 milliards avaient été perçus au 30 septembre, dont 569 millions d’arriérés.  Une somme de 1,5 milliard de dollars est toujours attendue.  À ce jour, 142 États Membres ont versé intégralement leur quote-part au budget ordinaire et 52 autres sont toujours sur la liste des mauvais payeurs.  L’Ukraine ayant donné une avance pour l’année prochaine, la Secrétaire générale adjointe a encouragé les États Membres à envisager des paiements anticipés. 

Budget des opérations de paix

Avec un cycle allant du 1er juillet d’une année au 30 juin de l’année suivante, les sommes versées pour l’exercice 2024-2025 s’élèvent à 2,5 milliards de dollars sur un budget total de 5,6 milliards de dollars.  Les problèmes de liquidités, a averti la Secrétaire générale adjointe, pourraient avoir une incidence sur le remboursement des pays contributeurs de troupes et d’effectifs de police.  Au 15 octobre 2024, 64 États Membres seulement s’étaient acquittés de l’intégralité de leurs contributions. 

Manquent toujours à l’appel 487 millions de dollars pour les opérations clôturées et 1,3 milliard pour les opérations actives, dont 835 millions de contributions pour l’exercice 2024-2025 et 510 millions pour les exercices précédents. 

Mme Pollard a rappelé que dans sa résolution 73/307, l’Assemblée générale a décidé que le Secrétaire général doit mettre en recouvrement l’intégralité des contributions aux opérations de maintien de la paix pour lesquelles des barèmes sont disponibles, même si le Conseil de sécurité n’a pas encore prorogé les mandats. 

En conséquence, pour la période allant de juillet à décembre 2024, 634 millions de dollars ont été mis en recouvrement pour des opérations « non encore mandatées ».  Dans l’attente de l’approbation par l’Assemblée générale du barème des quotes-parts pour 2025-2027, des États Membres ont déjà versé des avances d’un montant total de 123 millions de dollars pour la période allant de janvier à juin 2025. 

Tribunaux internationaux

Au 30 septembre, les arriérés s’élevaient à 55 millions de dollars, y compris pour le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) et le Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles de ces tribunaux. 

En conclusion, la Secrétaire générale adjointe a insisté sur le fait que la santé financière de l’Organisation dépend du versement à temps et en totalité des contributions.  La pleine mise en œuvre intégrale des programmes en est tributaire.  Elle a appelé les États Membres à adopter un budget ordinaire réaliste que le Secrétariat s’engage à utiliser de manière responsable, efficace et transparente.

Dès demain, mercredi 16 octobre, la Cinquième Commission tiendra une autre séance publique pour examiner le projet de budget-programme pour 2025.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Quatrième Commission: les Îles Falkland (Malvinas) et le Sahara occidental dominent les échanges entre États Membres sur les questions de décolonisation

Soixante-dix-neuvième session
7e séance plénière - matin
CPSD/807

Quatrième Commission: les Îles Falkland (Malvinas) et le Sahara occidental dominent les échanges entre États Membres sur les questions de décolonisation

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

« La décolonisation est un processus continu, un impératif moral et une question de droit international », a soutenu ce matin la Zambie, lors de la reprise du débat général de la Quatrième Commission sur les questions relatives à la décolonisation.  Un point de vue auquel ont fait écho de nombreuses délégations, alors que l’actuelle Décennie internationale pour l’élimination du colonialisme doit s’achever en 2030.

Or, l’année prochaine marquera aussi le soixante-cinquième anniversaire de l’adoption de la résolution 1514 (XV) de l’Assemblée générale, qui proclame la nécessité de mettre fin rapidement et inconditionnellement au colonialisme et déclare que tous les territoires non autonomes ont droit à l’autodétermination.  Raison pour laquelle la trentaine de délégations ayant pris la parole ce matin ont convenu de l’importance de venir à bout des processus de décolonisation de manière pacifique.

Mais « pour négocier, il faut d’abord dialoguer », a relevé l’Argentine, l’une des deux parties au conflit de souveraineté sur les Îles Malvinas, les îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les zones maritimes environnantes.  Pour elle, elle diffère des autres questions coloniales dans la mesure où elle repose sur le principe d’intégrité territoriale, que Buenos Aires considère comme ayant été violé par l’occupation britannique d’une partie du territoire argentin.

Une particularité reflétée dans la résolution 2065 de 1965, par laquelle l’Assemblée générale a établi la voie à suivre au moyen d’une négociation bilatérale destinée à résoudre pacifiquement ce différend.  « C’est le fil conducteur qui doit orienter la question des Îles Malvinas », a insisté le représentant argentin, dont le pays revendique la souveraineté sur cet archipel, une position également défendue par les pays d’Amérique latine et des Caraïbes qui se sont exprimés aujourd’hui.

Il a regretté que, depuis quelques années, le Royaume-Uni affirme qu’il n’engagera de négociations avec l’Argentine que si les habitants du territoire le souhaitent, un raisonnement qui ne trouve « aucun appui en droit international », selon cette dernière.  Or, aucune résolution de l’Assemblée générale n’a considéré que le principe de l’autodétermination des peuples était applicable à la situation des Îles Malvinas, a argué la délégation.  Le Royaume-Uni, Puissance occupante, a catégoriquement réfuté cette position dans un droit de réponse.

Pourtant, « la composition actuelle de la population des îles est le résultat d’une colonisation initiée par le Royaume-Uni en 1833 », a observé l’Argentine.  Selon elle, cette population établie par le Royaume-Uni ne saurait être considérée comme un peuple soumis, dominé ou assujetti: il s’agit d’« une situation coloniale, mais pas d’un peuple colonisé », et donc il n’y a pas de sujet actif pouvant exercer son droit à l’autodétermination.

La Colombie, qui s’exprimait au nom du consensus de Brasilia, a assuré que ses États membres étaient alignés sur la position de l’Argentine.  La République dominicaine, Cuba, le Mexique, l’Équateur, la Bolivie, El Salvador ou encore le Pérou lui ont apporté leur soutien à Buenos Aires.  Ces pays ont argué tour à tour que la seule façon de mettre fin à cette situation est de parvenir à un accord négocié entre l’Argentine et le Royaume-Uni, en saluant les bons offices du Secrétaire général en vue de faciliter la reprise des négociations.

La question du Sahara occidental a également suscité de nombreuses prises de position.  La grande majorité de la trentaine d’intervenants du jour a salué les efforts inlassables de M. Staffan de Mistura, Envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU sur ce dossier, visant à faciliter la relance du processus politique sous les auspices exclusifs de l’ONU.  Les délégations ont encouragé les parties à ce différend régional -le Maroc, le Front POLISARIO, l’Algérie et la Mauritanie– à s’engager davantage pour parvenir à une solution politique réaliste et durable, conformément au droit international et aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale.

Pour les défenseurs du droit à l’autodétermination des peuples, dont le Venezuela, Cuba et la Zambie, la MINURSO doit pouvoir s’acquitter de son mandat et organiser un référendum d’autodétermination pour permettre aux Sahraouis d’exercer leur droit.  D’autres délégations ont invité les parties prenantes à s’engager dans le processus politique en vue de parvenir à un règlement pacifique, mutuellement acceptable et durable, fondé sur le compromis de ce différend de longue date.  Le Bénin, le Sénégal, le Qatar, la Guinée équatoriale, la Jordanie et d’autres ont ainsi invité les protagonistes à faire montre de réalisme et d’esprit de compromis, appuyant l’initiative marocaine d’autonomie pour le Sahara occidental.  Cette initiative contribue de manière significative à la qualité de vie des populations de cette région, a argué le Burkina Faso, là où le Sénégal a rappelé qu’elle avait obtenu le soutien d’une centaine d’États Membres de l’ONU.  Signalant la présence de nombreux consulats généraux dans les villes de Laayoune et de Dakhla, y compris celui du Gabon, le représentant de ce pays a confirmé le dynamisme de développement du « Sahara Marocain », appuyant sa marocanité.

Pour le Groupe des Amis pour la défense de la Charte des Nations Unies, au nom duquel s’exprimait le Venezuela, c’était l’occasion de rappeler qu’il a présenté une résolution sur « l’élimination du colonialisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations », qui sera soumise à la Quatrième Commission dans les prochains jours.  Ce texte vise notamment à faire progresser les consultations en vue de proclamer le 14 décembre Journée internationale contre le colonialisme, a expliqué le délégué vénézuélien.  La Commission demanderait également au Secrétaire général d’élaborer un programme de sensibilisation mémorielle en vue de mobiliser les établissements éducatifs et la société civile pour développer des activités destinées à entretenir la mémoire du colonialisme.

Les États-Unis, seule Puissance administrante à prendre la parole aujourd’hui, ont reconnu les difficultés rencontrées par les Îles Vierges américaines, Guam et les Samoa américains s’agissant de l’exploitation de leurs ressources naturelles, ainsi que des conséquences d’années de colonialisme et d’esclavage pour les peuples autochtones et les résidents.

Le Gouvernement américain a toutefois contribué à élever le développement économique et social de ces peuples au sein de la société américaine, a cependant nuancé la délégation.  L’administration Biden s’est efforcée de remédier aux injustices, consciente aussi de ses obligations de promouvoir certains aspects de l’autodétermination sur ces îles.  La délégation a en outre tenu à souligner que malgré leur statut onusien de territoires non autonomes, ils sont autonomes localement et dotés d’institutions politiques, en plus de jouir d’une représentation politique à l’échelon fédéral, notamment au Congrès.

L’Inde, Israël, la République islamique d’Iran, le Royaume-Uni et l’Argentine ont exercé leur droit de réponse en fin de séance.

La Commission reprendra son débat général sur la décolonisation demain, 15 octobre, à 10 heures.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Sixième Commission salue l’adoption par la CNUDCI de quatre textes législatifs renforçant le commerce international

Soixante-dix-neuvième session
11e & 12e séances plénières – matin & après-midi
AG/J/3721

La Sixième Commission salue l’adoption par la CNUDCI de quatre textes législatifs renforçant le commerce international

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

La Sixième Commission, chargée des questions juridiques, s’est penchée aujourd’hui sur le rapport annuel de la Commission des Nations Unies pour le droit commercial international (CNUDCI), présenté par sa Présidente, Mme Vilawan Mangklatanakul (Thaïlande).  La Sixième Commission a, auparavant, clos son débat sur les crimes contre l’humanité avec l’intervention du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).  En fin de journée, elle a entamé sa discussion sur la question de la responsabilité pénale des fonctionnaires et experts en mission des Nations Unies. 

Lors de sa « très productive » cinquante-septième session, qui a eu lieu entre le 24 juin et le 12 juillet 2024, la CNUDCI a parachevé quatre textes législatifs: Loi type CNUDCI-UNIDROIT sur les récépissés d’entrepôt; Clauses types de la CNUDCI sur le règlement express spécialisé des différends; Statut du Centre consultatif sur le règlement des différends relatifs à des investissements internationaux (adopté en principe); Loi type de la CNUDCI sur les contrats automatisés.

À l’entame de son propos, la Présidente de la CNUDCI s’est félicitée de la session qui a permis de « démontrer l’unité de tous afin de bâtir un cadre juridique plus efficace ».  Les textes législatifs présentés aujourd’hui sont « la preuve des capacités de production de la CNUDCI et de sa flexibilité », a notamment loué la Finlande, au nom des pays nordiques.  Outre ces textes, la Commission a confirmé le programme des activités législatives en cours menées par ses groupes de travail.

Concernant les futurs travaux de la CNUDCI, la Présidente a attiré l’attention sur la nécessité de procéder à un inventaire de tous les textes de la Commission qui traitent des aspects électroniques, et notamment à une enquête sur la manière dont les États ont incorporé ces textes dans leur droit interne et dont ils sont pris en compte dans les engagements pris à l’échelle internationale au sujet du commerce sans papier.  Des travaux seront également engagés concernant la reconnaissance des sentences arbitrales électroniques, une initiative saluée par la France.  Afin que la CNUDCI puisse rester pertinente, le Canada lui a demandé de se concentrer sur des projets qui posent des problèmes juridiques bien définis. 

S’exprimant après la Présidente, une quarantaine de délégations ont, dans l’ensemble, salué les avancées réalisées par la CNUDCI.  Plusieurs pays, dont Cuba et l’Afrique du Sud, ont néanmoins rappelé que ses travaux doivent bénéficier au développement de toutes les économies et « soutenir la participation de tous les pays afin de garantir une acceptation universelle ».  Tout en tenant compte des spécificités régionales, l’élimination des obstacles juridiques au droit commercial constitue un pas important afin que tous les pays puissent profiter du commerce international, a insisté le Bélarus. 

Les délégations ont applaudi la finalisation de la Loi type sur les récépissés d’entrepôt, « un effort réussi de coordination et de coopération entre la CNUDCI et UNIDROIT », ont remarqué Les États-Unis.  Ces récépissés permettront l’échange des marchandises entreposées dans les entrepôts et leur utilisation comme gages, tout en garantissant la sécurité juridique pour les créanciers et la réduction des coûts financiers pour les petits producteurs, a expliqué la Présidente de la CNUDCI.  Pour la déléguée américaine, cette loi type est « nécessaire pour garantir le bon fonctionnement du système et l’accès aux financements, particulièrement pour les petits agriculteurs ». 

S’agissant des Clauses types de la CNUDCI sur le règlement express spécialisé des différends, elles fourniront aux entreprises des moyens rapides de règlement des différends afin de réduire les délais et les dépenses, a encore assuré la Présidente.  Elles permettront d’adopter des procédures spécialisées qui s’inspirent des règles d’arbitrage accélérées de la CNUDCI afin d’éviter les retards ou les pertes financières dans les projets, ont également apprécié quelques délégations.

Le Royaume-Uni, à l’instar de plusieurs autres pays, a témoigné de sa volonté de respecter les normes internationales en matière de règlement des différends en rappelant son adhésion à la Convention de Singapour sur la médiation, « une pratique qui n’est pas assez répandue aujourd’hui » selon le Japon.  Appuyée par l’Arabie saoudite et la Chine, l’Union européenne a rappelé l’importance de la Convention de Beijing sur la vente judiciaire de navires qui apporte une protection aux acquéreurs tout en préservant les intérêts des parties dans le respect des règles nationales.  Elle a également attiré l’attention sur la Convention de Maurice sur la transparence dans l’arbitrage entre investisseurs et États, démontrant ainsi « l’engagement politique de l’Union européenne envers les efforts menés par la CNUDCI ».

Nombre de délégations, dont celles du Mexique et de la Chine, ont également salué l’adoption de la Loi type de la CNUDCI sur les contrats automatisés, portant notamment sur les contrats utilisant l’intelligence artificielle et des traductions automatisées.  Dans une économie numérique en constante évolution, cette loi type renforcera la confiance et permettra aux économies de mieux se préparer pour faire face aux changements, ont estimé plusieurs intervenants.  Il s’agit aussi d’un instrument supplémentaire pour promouvoir le commerce électronique, a noté Singapour. 

Néanmoins, certaines délégations, dont la Sierra Leone et la République islamique d’Iran, ont insisté sur le nécessaire renforcement des capacités dans les pays en développement afin que ceux-ci puissent également bénéficier des avancées en droit commercial international.  Les États-Unis ont, en outre, insisté sur l’importance d’adapter les modalités aux préférences des parties prenantes afin de préserver leurs relations mutuelles.

Enfin, la CNUDCI a été félicitée pour l’adoption « en principe » du Statut du Centre consultatif sur le règlement des différends relatifs à des investissements internationaux.  Pour la Présidente, ledit Centre représente « un jalon important dans les efforts de réforme » afin d’aider les États à accélérer le règlement de leurs différends.  Certaines délégations ont, par ailleurs, appelé à ce que les solutions élaborées par le Centre soient adaptées au États et à leurs spécificités.  D’autres, comme la Malaisie, ont souhaité qu’il développe des activités de renforcement des capacités en matière de règlement des différends pour les États.  Favorable également à ce Centre, l’Iran a toutefois posé comme condition de garantir son indépendance, notamment vis-à-vis de ses bailleurs de fonds.

Le choix du siège du Centre restant à définir, plusieurs États se sont portés candidats.  Si la Thaïlande a proposé de l’accueillir à Bangkok, la France a informé que Paris refléterait parfaitement « l’approche multipolaire de partenariat Nord-Sud adoptée depuis le début des travaux ».  De son côté, l’Afrique du Sud, appuyée par la Sierra Leone, a tenu à souligner que l’augmentation constante des procédures d’arbitrage lancées par des pays d’Afrique sub-saharienne et leur coût « exorbitant » justifieraient que le siège revienne à l’Afrique.  La Côte d’Ivoire, le Ghana et l’Arménie ont également souhaité endosser cette responsabilité.  Le délégué du Panama a, quant à lui, estimé qu’il faudrait créer des bureaux régionaux en sus du siège central.

À l’issue de son examen du rapport de la CNUDCI, la Sixième Commission a entamé son débat sur la responsabilité pénale des fonctionnaires et experts en mission des Nations Unies.  Une quinzaine de délégations se sont exprimées sur les deux rapports* du Secrétaire général: l’un décrit les politiques et procédures adoptées par le Secrétariat de l’ONU, les fonds et programmes ainsi que d’autres entités des Nations Unies pour le traitement des allégations crédibles d’infraction imputable à un fonctionnaire ou expert en mission des Nations Unies; l’autre résume des informations communiquées par divers États Membres à ce sujet. 

Les rapports contiennent également des recommandations visant à garantir la cohérence, la systématisation et la coordination de ces politiques et procédures, un point apprécié par les délégations.  Celles-ci ont unanimement réaffirmé leur engagement en faveur de la politique de « tolérance zéro », en particulier pour les actes d’exploitation et d’atteinte sexuelle.  À ce sujet, l’Iran, au nom du Mouvement des pays non alignés, a salué la stratégie d’assistance et de soutien aux victimes qui permettra de fournir des soins médicaux et des conseils juridiques.

S’il est « crucial de sauvegarder la confiance en l’ONU », a estimé l’Ouganda, au nom du Groupe des États d’Afrique, il reste néanmoins des lacunes et des disparités dans les juridictions qui empêchent la poursuite pénale de manière systématique.  Appuyé par l’Iran et l’Australie, au nom également du Canada et de la Nouvelle-Zélande, l’Ouganda a rappelé que les États de nationalité ont ici le devoir d’exercer leur compétence en ce qui concerne les infractions commises par leurs ressortissants, appelant à renforcer les capacités des États en matière d’enquête, de poursuite et d’extradition. 

Les États doivent prendre les mesures législatives nécessaires, en toute transparence, pour que leurs ressortissants qui se sont rendus coupables d’une infraction grave puissent être poursuivis, a dit la Norvège, au nom des pays nordiques.  À cette fin, il est important que les États coopèrent avec les Nations Unies afin de faciliter l’échange d’informations sur des allégations d’infractions imputables au personnel onusien. 

Abondant en ce sens, l’Union européenne a mis l’accent sur la nécessité de mettre fin à l’impunité des fonctionnaires et experts coupables d’infractions alors qu’ils sont « le visage de l’ONU sur le terrain ».  Les privilèges et immunités doivent être levés dans ce cas, a plaidé le délégué, insistant sur l’importance de la protection des victimes et des lanceurs d’alerte contre les représailles et de la coopération pour permettre les poursuites.  « Personne n’est au-dessus de la loi. »

Accusant l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) d’avoir été infiltré par le Hamas avant les attaques du 7 octobre 2023, Israël a battu en brèche la réponse de l’ONU, estimant « choquant » que l’Organisation n’ait pas enquêté officiellement et qu’aucune poursuite n’ait été lancée.  « C’est la sombre réalité de l’ONU aujourd’hui », a-t-il asséné. 

La Sixième Commission se réunira demain, mardi 15 octobre, à partir de 10 heures, afin de poursuivre le débat en cours. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Première Commission: rappel des souffrances endurées par les victimes de l’arme nucléaire et dénonciation des obstructions au désarmement par les pays dotés

Soixante-dix-neuvième session
6e séance plénière – après-midi
AG/DSI/3740

Première Commission: rappel des souffrances endurées par les victimes de l’arme nucléaire et dénonciation des obstructions au désarmement par les pays dotés

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

La Première Commission, chargée des questions de désarmement et de la sécurité internationale, a repris, ce lundi 14 octobre, son débat général dominé par les questions nucléaires.  S’exprimant lors de la même séance, le Japon et Kiribati ont partagé une perspective particulière sur le sort des victimes des bombardements comme des essais nucléaires. Plusieurs délégations ont également mentionné le problème croissant des armes légères et de petit calibre (ALPC), tout particulièrement dans les pays en développement. 

Au nom de la Coalition pour un nouvel ordre du jour, l’Afrique du Sud, dans une intervention entièrement consacrée au risque nucléaire, a multiplié les rappels à l’ordre à l’intention des pays dotés, estimant que l’expansion quantitative de leurs arsenaux trahit leur intention de les détenir de manière indéfinie, contrairement à leurs engagements au titre de l’article VI du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Le représentant a appelé les pays dotés à prendre des mesures de transparence pour mettre en œuvre cet article, qui porte sur le désarmement nucléaire des pays dotés, mentionnant notamment la soumission de rapports détaillés sur leurs projets de modernisation des arsenaux, leurs capacités, le type et statut de leurs ogives, leur doctrine, leurs mesures de réduction des risques ou encore les quantités de matière fissile dont ils disposent. 

Le Japon a lui aussi soulevé la question de la transparence en matière nucléaire, jugeant la Chine coupable de manquements à cet égard.  Sa représentante a lancé un appel aux pays dotés pour qu’ils fournissent des informations chiffrées sur leurs arsenaux, estimant qu’une telle mesure constitue le fondement du désarmement nucléaire.  La déléguée japonaise a en outre évoqué le prix Nobel de la paix, attribué la semaine dernière au mouvement national des hibakushas, les survivants des bombardements nucléaires d’Hiroshima et Nagasaki.  L’année prochaine marquera le quatre-vingtième anniversaire de cette tragédie, a-t-elle rappelé, estimant qu’un renforcement du TNP pourrait faire qu’un tel événement ne se reproduise jamais. 

Hélas, la voie vers un monde sans armes nucléaires est compromise en raison des divisions croissantes de la communauté internationale, a-t-elle déploré, mentionnant notamment l’emploi de la menace nucléaire de la Russie et les programmes balistiques de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), deux pays dont les activités ont été dénoncées par plusieurs autres délégations. La Lituanie a ainsi condamné le retrait par la Fédération de Russie, en fin d’année dernière, de sa ratification du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) et l’installation d’armes nucléaires sur le sol du Bélarus. 

Autre nation victime des armes nucléaires, à la suite des essais effectués sur son territoire, Kiribati a souligné leurs conséquences humanitaires et environnementales durables.  À ce titre, le délégué a dénoncé un test de missile balistique chinois, le mois dernier, lequel a explosé en haute mer mais à proximité de la zone économique exclusive de Kiribati, État partie au Traité de Rarotonga qui a établi une zone exempte d’armes nucléaires dans cette partie du Pacifique.  Le délégué a rappelé que son pays avait, avec le Kazakhstan, soumis l’année dernière une résolution adoptée par 171 États sur le traitement de l’héritage des essais nucléaires, se félicitant que le Secrétaire général ait depuis mentionné des efforts en cours afin de soutenir les victimes. Il a également pris note des déclarations d’un État doté « qui a testé ses armes à Kiribati », à propos de ses efforts de remise en état dans son pays. 

Le Royaume-Uni, seul pays doté à s’exprimer aujourd’hui, a défendu une « posture de dissuasion nucléaire crédible et minimale », expliquant qu’il continuera de détenir des armes nucléaires aussi longtemps que d’autres pays feront de même.  Le premier devoir d’un gouvernement est d’assurer la sécurité de la nation, a poursuivi le délégué, estimant que la doctrine de dissuasion de son pays représente une garantie vitale de sécurité pour lui-même, ses alliés et le monde dans son ensemble.  En outre, il a évoqué la prise de mesures pratiques au niveau national en vue de réduire le risque nucléaire. 

L’Iran, dont le programme nucléaire suscite toujours les inquiétudes de nombreux pays, a, pour sa part, considéré que les États dotés n’étaient pas seuls à devoir être blâmés.  Son délégué a ainsi rappelé que cinq États de l’OTAN, « dont la Belgique, l’Allemagne, l’Italie et les Pays-Bas », hébergent des armes nucléaires américaines, tandis que plus de 40 pays, « dont l’Australie, le Japon et la République de Corée », s’appuient sur la dissuasion nucléaire élargie que leur offrent les États-Unis.  À ce titre, ces nations sont toutes coupables de violations au titre du TNP, a-t-il estimé. 

Le représentant s’en est ensuite pris à Israël, « seul État détenteur » de l’arme nucléaire au Moyen-Orient, qui « a menacé d’annihilation nucléaire les autres tout en les accusant à tort de prolifération ». Il a lancé un appel à la communauté internationale pour faire pression sur Israël, exigeant son adhésion au TNP et la soumission de ses installations au régime de garantie de l’Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). 

Le représentant iranien a aussi assuré que le programme nucléaire de son pays était « pacifique » et donc légitime.  La plupart des pays en développement qui ont pris la parole ont, à l’image de Cuba, souligné l’importance pour eux de pouvoir exercer leur droit inaliénable aux utilisations pacifiques de l’énergie atomique, ainsi d’ailleurs que des ressources spatiales.  Sur ce point, le Kenya, notamment, a souhaité le renforcement les capacités permettant à tous un accès équitable à la technologie nucléaire et spatiale, laquelle favorise le progrès partagé. 

Comme l’Iran, la Syrie a dénoncé Israël, son recours au terrorisme comme arme politique et sa politique régionale d’occupation et de destruction, en violation flagrante de la Charte des Nations Unies.  Il a en outre pointé du doigt la détention clandestine d’armes nucléaires fournies par les États-Unis à Israël, reprochant à ces pays leur refus méprisant de participer aux négociations, lancées en 2019, sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive au Moyen-Orient.  Assurant par ailleurs que son pays a démantelé ses stocks d’armes chimiques, le représentant syrien a déploré que cet accomplissement soit éclipsé par les accusations infondées d’entorses syriennes à la Convention sur les armes chimiques (CIAC).  Il a accusé le Secrétariat technique de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) d’être gravement politisé. 

Les instruments de contrôle des armes classiques ont également été mentionnés. Cuba a dit son attachement à leurs principes et objectifs généraux, y compris ceux du Traité sur le commerce des armes (TCA), tout en rappelant le droit à la légitime défense dont disposent les États parties à ces traités.  La légitime défense est un droit international dont l’Article 51 de la Charte des Nations Unies a codifié les principaux aspects, a souligné le représentant. 

C’est aussi par le droit de se défendre dans un monde où la sécurité s’est dégradée que la Lituanie a justifié son retrait de la Convention sur les armes à sous-munitions cette année –une « décision difficile » mais aussi son « droit souverain ».  Le représentant a toutefois assuré de la pleine adhésion de son pays au droit international humanitaire, notamment dans le cadre des Conventions de Genève, mais aussi des autres instruments internationaux de désarmement auxquelles elle est partie. 

Plusieurs délégations, notamment africaines, ont une nouvelle fois soulevé la question des armes légères et de petit calibre (ALPC).  Le Ghana a souligné le rôle des ALPC dans la perpétuation des violences, l’instabilité et le sous-développement de plusieurs régions d’Afrique.  Il a rappelé que son pays est la troisième nation africaine à bénéficier de l’initiative SALIENT, avec le soutien du Bureau des affaires de désarmement (UNODA) et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).  Ce programme pourrait fournir des leçons utiles pour mettre en œuvre des approches globales, à même de lutter contre le trafic des ALPC, a-t-il espéré. 

Pour sa part, le Nigéria a réaffirmé son attachement au Programme d’action des Nations Unies sur les ALPC, se félicitant de l’adoption du document final de la quatrième Conférence d’examen en juin dernier.  Le Nigéria a estimé avoir démontré son engagement en s’associant à plusieurs instruments internationaux, régionaux et sous-régionaux, notamment en ratifiant le TCA et en concluant un partenariat avec le Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Afrique. 

Enfin, le représentant du Soudan a assuré la Première Commission de la détermination sans faille de son gouvernement à mettre un terme aux attaques lancées par les milices des Forces d’appui rapide, qu’il a accusées de crimes de génocide.  Ces exactions sont rendues possibles par l’appui financier et militaire des pays de la région, a-t-il ajouté, jugeant effarant le silence de la communauté internationale, qui protège les complices du meurtre de masse des Soudanais.  Il a appelé le Conseil de sécurité à ranger les Forces d’appui rapide parmi les organisations terroristes passibles de sanctions. 

En fin de séance, les États-Unis ont exercé leur droit de réponse à la suite de propos de la Chine sur leur rôle dans la région Pacifique.  L’Australie, en son nom et en celui du Royaume-Uni et des États-Unis, a réagi à la critique par l’Iran du programme AUKUS.  De vifs échanges ont eu lieu entre la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et le Japon, d’une part, et Israël, la Syrie et l’Iran, d’autre part. 

La Première Commission poursuivra son débat général, demain mercredi 15 octobre, à 15 heures. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Deuxième Commission: l’harmonie avec la nature au cœur des objectifs de développement durable

Soixante-dix-neuvième session,
10e & 11e séances plénières – matin & après-midi
AG/EF/3604

Deuxième Commission: l’harmonie avec la nature au cœur des objectifs de développement durable

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

« Nous ne pourrons ni vivre ensemble en paix ni atteindre notre objectif de développement durable si nous n’apprenons pas rapidement à respecter et à protéger le monde naturel qui nous permet de vivre ».  Tel est le constat sous forme de sentence du Secrétaire général dans son rapport consacré à l’harmonie avec la nature, présenté à la Deuxième Commission (questions économiques et financières) par Mme Astra Bonini, du Département des affaires économiques et sociales (DESA).

Aujourd’hui, la Commission a fait le point sur les objectifs de développement durable et entendu de nombreux experts de l’ONU présenter des rapports relatifs au Programme 2030 et à ses 17 objectifs de développement durable (ODD).  Et le bilan n’est guère satisfaisant: le monde n’est en voie d’atteindre que 17% des cibles des ODD, a indiqué une autre représentante du DESA, Mme Yongyi Min. Si des avancées modérées ont été enregistrées, force est de constater que les progrès stagnent, voire régressent, pour plus d’un tiers des cibles alors qu’au cours des premières années du Programme 2030, la progression était lente mais constante.

Ensuite, après 2020, les problèmes mondiaux se sont multipliés.  La pandémie de COVID-19, l’escalade des conflits, les tensions géopolitiques, les effets des changements climatiques et les lacunes économiques systémiques ont mis en danger les ODD, touchant de manière disproportionnée les pays en développement et les populations vulnérables du monde entier.  Par exemple, pour ce qui concerne les ODD no 1 (« Pas de pauvreté ») et 2 (« Faim zéro »), Mme Min a comparé les chiffres avec ceux de 2019: 23 millions de personnes supplémentaires vivaient dans une pauvreté extrême en 2022 et 383 millions de personnes supplémentaires étaient en insécurité alimentaire modérée ou grave en 2023.

Les effets des changements climatiques 

Par ailleurs, l’année 2023 a été la plus chaude jamais enregistrée et les dangers liés au climat tels que les canicules, les inondations et les feux de forêt ont gagné en fréquence et en intensité, a fait observer M. Kamal Kishore, Représentant spécial du Secrétaire général, en présentant le rapport sur la Mise en œuvre du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe (2015-2030).  Pire, « des phénomènes récents ont montré que des catastrophes peuvent réduire à néant des décennies de développement en un instant ».

Comme l’ont rappelé le Groupe des 77 et la Chine, les changements climatiques pèsent de manière disproportionnée sur les pays en développement, en particulier sur les plus pauvres et les plus vulnérables. Ainsi, les petits États en développement sans littoral (PDSL) ne contribuent qu’à 1% des émissions mondiales de CO2 mais sont les premiers à subir les catastrophes climatiques comme les sécheresses, la désertification et la fonte des glaciers. En effet, malgré certaines réductions des émissions dans les pays développés, les concentrations de gaz à effet de serre ont atteint des niveaux records en 2022 et continué d’augmenter en 2023, a renchéri Mme Min.  « Nous devons nous débarrasser des combustibles fossiles en accélérant de manière concertée les transitions justes vers les énergies renouvelables », a-t-elle lancé.

À ce propos, M. James Grabert, du Secrétariat de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), a fait état des résultats de la COP28, qui s’est tenue à Dubaï, aux Émirats arabes unis, du 30 novembre au 13 décembre 2023. Le « Consensus des Émirats arabes unis » auquel cette conférence des Parties a abouti marque le début de la fin de l’ère des combustibles fossiles en jetant les bases d’une transition rapide, juste et équitable, étayée par des réductions d’émissions importantes et un financement accru.  Un « accord historique sur la mise en œuvre des dispositifs de financement » visant à répondre aux pertes et préjudices a été conclu, et la création d’un nouveau fonds dédié « est un symbole important de la solidarité mondiale, qui témoigne de l’urgence climatique et représente une avancée en matière de justice climatique ».

Sécheresse, désertification et dégradation des terres

Les sécheresses pourraient en effet toucher les trois quarts de la population mondiale d’ici à 2050, selon les prévisions transmises par M. Ibrahim Thiaw, Secrétaire exécutif de la Convention sur la lutte contre la désertification.  Le Secrétariat de la Convention a pris un certain nombre de mesures pour faire face à cette situation.  Il soutient par exemple des initiatives de restauration des terres à grande échelle, telles que l’Initiative mondiale du G20 pour la restauration des terres et l’initiative Grande Muraille verte pour le Sahara et le Sahel.

La problématique de la désertification et de l’accès à l’eau a été évoquée à maintes reprises au cours des échanges à la Deuxième Commission.  Les sécheresses plus fréquentes et les événements météorologiques extrêmes accélèrent la dégradation des terres, a expliqué la Mongolie, qui a mis en œuvre une stratégie nationale pour lutter contre la désertification en mettant l’accent sur la reforestation, l’agriculture durable et la protection des écosystèmes.

Le Pakistan a dit figurer parmi les 10 nations les plus touchées par les catastrophes liées au climat malgré sa contribution négligeable aux émissions mondiales de gaz à effet de serre.  Quant au Cameroun, il joue un rôle clef dans l’action climatique, car il est un des pays qui séquestrent le plus de carbone au monde, mais les services écosystémiques qu’il rend ne sont pas encore bien compris ni évalués.

Les initiatives pour l’eau

L’Égypte a mis en avant l’urgence de traiter la rareté de l’eau, un problème existentiel pour de nombreux pays dont elle-même, où la disponibilité par habitant atteint 560 mètres cubes par an, bien en dessous du seuil de pauvreté en eau de 1 000 mètres cubes.  Le Maroc a pour sa part érigé la question de l’eau en priorité nationale et lancé plusieurs initiatives telles que des projets de stations de dessalement, comme la station de Casablanca, le plus grand projet du genre en Afrique et la deuxième installation au monde qui sera alimentée à 100% en énergie propre.  Pleinement consciente de l’importance de concilier le développement de nos économies avec la préservation de nos mers et océans, la Principauté de Monaco accueillera, quant à elle, le Forum sur l’économie bleue et la finance, axé sur la mobilisation des ressources publiques et privées pour l’océan, en juin 2025.

Le Tadjikistan, qui a accueilli en juin la troisième Conférence internationale de haut niveau sur la Décennie internationale d’action sur le thème « L’eau et le développement durable » (2018-2028), a indiqué que les objectifs concernant l’eau et l’assainissement sont loin d’être atteints.  De fait, en 2030, 2 milliards de personnes devraient toujours manquer d’accès à de l’eau potable, 3 milliards à l’assainissement et 1,4 milliard à des services d’hygiène de base.  Face à cette réalité, le représentant tadjik s’est félicité de la nomination d’un envoyé spécial pour l’eau.

Une assemblée de la Terre en vue

Convaincue que l’harmonie entre les êtres humains et la nature est essentielle, la Chine a souligné que le principe des responsabilités communes mais différenciées doit guider les efforts contre les changements climatiques.  L’idée de convoquer une « assemblée de la Terre » lancée par le Président de l’Assemblée générale fait son chemin, et les dialogues interactifs de l’ONU sur l’harmonie avec la nature mettent en avant la nécessité d’une transition vers des modèles de production et de consommation durables. 

« Cette transition suppose de ne plus considérer le profit à court terme et la croissance économique comme les principaux moteurs du développement, mais d’adopter une approche globale du développement durable qui soit en harmonie avec la nature et donne ainsi la priorité au bien-être de la Terre », a souligné Mme Bonini.  En ce sens, « les États Membres doivent continuer à se tenir mutuellement responsables de la protection de la planète pour les générations actuelles et futures ».

Les délégations ont également misé sur la prochaine Conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique (COP16), qui se déroulera à Cali, en Colombie, du 21 octobre au 1er novembre, sur le thème « La paix avec la nature ».  Il s’agit en effet de mettre en œuvre le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal, l’ambitieux plan adopté en 2022 lors de la COP15 et qui vise à stopper et à inverser la perte de biodiversité d’ici à 2030.

La Deuxième Commission poursuivra ses travaux relatifs au développement durable demain, mardi 15 octobre, dans l’après-midi, après une réunion conjointe avec le Conseil économique et social (ECOSOC), le matin.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Troisième Commission: « priorité nationale » de tous les États, la protection des droits de l’enfant est aussi le révélateur de profondes divisions

Soixante-dix-neuvième session,
13e et 14e séances plénières – matin & après-midi
AG/SHC/4410

Troisième Commission: « priorité nationale » de tous les États, la protection des droits de l’enfant est aussi le révélateur de profondes divisions

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

La Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, a poursuivi aujourd’hui sa discussion générale sur la promotion et la protection des droits de l’enfant.  Ce sujet, a priori consensuel, a été traité essentiellement sous l’angle des réalisations nationales, qu’elles soient législatives, juridiques ou programmatiques. Les interventions ont toutefois fait ressortir de profondes divisions en lien avec les tensions géopolitiques, récentes et anciennes, ou autour du rôle assigné à la famille. 

Préoccupations face au sort des enfants en situation de conflit

À l’instar de nombreuses délégations arabes, l’État de Palestine a alerté sur le sort des enfants de Gaza, victimes innocentes d’une agression israélienne en forme de « vengeance barbare » contrevenant au droit international.  « Sauvez les générations palestiniennes et israéliennes futures des fléaux des guerres israéliennes », a lancé la déléguée palestinienne, en appelant à mettre fin au transfert d’armes et de munitions vers Israël, à appliquer les ordonnances de la Cour internationale de Justice (CIJ), à demander des comptes aux auteurs d’atrocités et à soutenir les efforts de la Cour pénale internationale (CPI). 

En appui de ce plaidoyer, l’Arabie saoudite a accusé Israël de vouloir « éliminer les enfants » par des « meurtres systématiques » à Gaza et au Liban.  L’Algérie a estimé « injuste » de parler des droits et de la protection des enfants lorsque 16 000 enfants de Gaza ont perdu la vie et que 17 000 autres ont été condamnés à vivre sans parents, un avis partagé par le Sultanat d’Oman et le Koweït, ce dernier signalant des traumatismes durables chez les plus jeunes et l’aggravation du « fossé éducatif qui pèse sur l’avenir de la Palestine ».  Les Émirats arabes unis ont, quant à eux, appelé à un environnement « stable, sûr et sain » pour les enfants du Moyen-Orient, rappelant leur « initiative pour l’espoir et la paix », qui prévoit la prise en charge médicale d’un millier d’enfants palestiniens de la bande de Gaza. 

« J’appelle à reconnaître le sort de tous les enfants touchés par les conflits, y compris ceux en Israël », a rétorqué la déléguée de la jeunesse israélienne, rappelant le sort des 40 enfants enlevés par le Hamas le 7 octobre 2023.  Ces enfants, dont certains ont été libérés depuis, ont été détenus dans des conditions difficiles, séparés de leurs frères et sœurs et de leurs parents, effrayés et torturés psychologiquement et physiquement, a dénoncé la déléguée qui a appelé à travailler ensemble pour qu’aucun enfant ne souffre des horreurs de la guerre, du terrorisme ou de l’endoctrinement à la haine. 

De son côté, l’Iraq a attiré l’attention sur la situation des enfants qui croupissent dans le camp de Hol, dans le nord-est de la Syrie, au motif que leur famille est proche de militants de Daech.  Le Gouvernement iraquien travaille au transfert de ces enfants vers le centre d’Al-Jada, dans la province iraquienne de Ninive, afin qu’ils y suivent une réhabilitation psychosociale et soient rendus à leur famille, a expliqué la délégation, non sans enjoindre aux États ayant des ressortissants à Hol d’« assumer leurs responsabilités ».  Un appel entendu par le Kazakhstan, qui a dit avoir rapatrié des femmes et des enfants kazakhstanais de Syrie et d’Iraq et leur avoir procuré les moyens de se réintégrer dans la société.

Plusieurs États africains ont eux aussi exigé des efforts accrus en matière de protection des enfants vivant en situation de conflit armé.  Les belligérants et la communauté internationale doivent tout faire pour les préserver de la violence, des abus, des déplacements et du recrutement par les groupes armés, a plaidé le Ghana, en réclamant davantage d’investissements dans les programmes de réinsertion.  Les parties au conflit ont une responsabilité particulière, a renchéri le Mozambique, tandis que le Nigéria affirmait œuvrer à la fourniture d’un soutien psychosocial et de soins de traumatologie aux enfants touchés par la violence des conflits. Même dans ce type de contexte, les droits des enfants à l’alimentation et à la santé doivent impérativement être sauvegardés, a insisté la Zambie. 

La guerre en Ukraine et son lot de souffrances pour les enfants ont également été évoqués, notamment par la Roumanie qui a fait état d’un dispositif d’accueil et de soutien des jeunes réfugiés ukrainiens mis en place en partenariat avec le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).  « En ouvrant nos écoles et nos communautés, nous offrons à ces enfants non seulement un refuge sûr, mais aussi les outils dont ils ont besoin pour reconstruire leur vie », a-t-elle souligné, précisant que des programmes adaptés en langue maternelle et en roumain ainsi qu’un soutien psychosocial aident ces enfants à progresser.  Il est inacceptable de voir l’obligation de protection des enfants dans les conflits armés « bafouée de manière flagrante, non seulement par les groupes armés et les terroristes, mais aussi par un membre permanent du Conseil de sécurité », s’est indignée l’Islande.

Le rôle de la famille

Plutôt que d’aborder la question des conséquences de ce conflit sur les enfants, la Fédération de Russie a préféré dénoncer la « manipulation » de certaines dispositions de la Convention relative aux droits de l’enfant, en particulier les tentatives des « États néolibéraux » visant à passer sous silence le rôle moteur des parents ou des représentants légaux dans l’exercice de ces droits.  De telles approches sont contraires à la relation naturelle entre parents et enfants et créent les conditions préalables à une atteinte aux valeurs familiales et culturelles traditionnelles, a-t-elle fait valoir, rejointe par le Cameroun, pour qui « favoriser l’indépendance des enfants sans tenir compte de leur niveau de maturité et de leurs capacités en récusant les droits reconnus aux parents est irresponsable, voire dangereux ». 

Sur cette même ligne, le Yémen a réaffirmé l’importance de la « famille naturelle », composée d’un homme, le père, d’une femme, la mère, et de leurs enfants, bien loin des « déviations sexuelles que proposent certains États ou organisations ».  Le Sénégal a, lui, préconisé une approche holistique de la protection de l’enfance qui, outre la prévention des maltraitances et des abus, intègre aussi la nécessité d’améliorer le contexte global dans lequel vivent les enfants et leurs familles. 

Accusés par la Fédération de Russie de nuire à la portée universelle de la Convention en refusant de la ratifier, les États-Unis ont aussi été fustigés par Cuba, qui a rappelé que le blocus que lui impose Washington n’épargne « aucun nourrisson ou adolescent » dans le pays.  Chiffrant le coût du blocus pour l’achat d’appareils auditifs pour les enfants et adolescents handicapés, de fauteuils roulants électriques, de jouets et de matériel pédagogique pour les garderies, ou encore d’ordinateurs pour les centres éducatifs, la délégation cubaine a condamné une « politique criminelle » qui s’en prend au « secteur le plus noble et le plus innocent de la société ». 

Santé mentale et pratiques traditionnelles nuisibles

Parmi les priorités listées par les intervenants, la santé mentale des enfants est revenue à plusieurs reprises, notamment par la voix du délégué de la jeunesse du Luxembourg, qui a parlé de « pandémie silencieuse » affectant un jeune sur sept âgé de 10 à 19 ans.  Un tiers des troubles mentaux apparaissent avant l’âge de 14 ans, a-t-il relevé, ajoutant que le suicide est désormais la troisième cause de décès chez les 15-29 ans.  Après avoir pointé le fait que le sous-investissement dans ce problème entraîne des pertes économiques évaluées à quelque 387 milliards de dollars par an, il a appelé à prioriser la prévention et à garantir un accès rapide et équitable aux soins dès les premiers signes. 

Pour leur part, les délégations africaines ont mis l’accent sur les efforts visant à lutter contre des fléaux tels que la traite, le travail et le mariage des enfants.  S’agissant de cette dernière pratique, la République du Congo a appelé à bannir les « coutumes sociales rétrogrades » et à éduquer les jeunes pour mettre fin aux unions précoces et forcées.  « Éduquer une femme, c’est éduquer une nation », a-t-elle résumé, se prononçant pour une éducation sexuelle des jeunes filles « dès le plus jeune âge et en famille » et pour l’adoption de lois assorties de sanctions.  Sur ce même sujet, l’Éthiopie a annoncé que sa stratégie de lutte contre les pratiques traditionnelles nuisibles avait débouché sur l’abandon par 4 700 villages des mutilations génitales féminines et du mariage précoce, ce qui a valu au pays le prix annuel du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP). 

Opposées aux gouvernements de facto au pouvoir dans leur pays respectif, les délégations de l’Afghanistan et du Myanmar ont toutes deux dénoncé des violations multiples des droits de l’enfant sur leur territoire national.  La première a rappelé que 14 millions d’enfants afghans sont aujourd’hui privés de leurs droits fondamentaux à l’éducation, à la santé et à la protection, une situation particulièrement alarmante pour les filles qui sont exclues d’un système éducatif de plus en plus restrictif et prônant un islam radical. La seconde s’est alarmée de ce que les enfants soient la catégorie de population la plus durement affectée par l’escalade du conflit au Myanmar, le coup d’État militaire de 2021 ayant forcé 1,3 million d’entre eux à quitter leurs foyers, dans un contexte de crise humanitaire aiguë. 

Plusieurs délégations, dont la Fédération de Russie, l’Iran, Israël, la République populaire démocratique de Corée, la République de Corée et la Syrie, ont exercé leur droit de réponse.

La Commission a ensuite poursuivi sa discussion générale sur la promotion des femmes entamée le 8 octobre.

La Troisième Commission reprendra ses travaux demain, mardi 15 octobre, à partir de 10 heures, en abordant la question des droits des peuples autochtones.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

En attendant l’« heure africaine », l’Assemblée générale achève son débat sur les progrès du développement durable en Afrique

Soixante-dix-neuvième session
20e séance plénière - matin
AG/12644

En attendant l’« heure africaine », l’Assemblée générale achève son débat sur les progrès du développement durable en Afrique

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

L’Assemblée générale a évalué, ce matin, les progrès accomplis dans la réalisation du développement durable en Afrique, dans le cadre du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique et l’Agenda 2063 de l’Union africaine (UA).  Elle était saisie, entre autres, d’un rapport du Secrétaire général sur l’analyse de la dette africaine qui dit qu’après avoir accédé à l’indépendance, le continent a dû financer par l’emprunt la refondation de ses économies à partir de zéro. Toutefois, les emprunts réalisés n’ont pas conduit à des investissements efficaces dans des secteurs stratégiques propres à stimuler la croissance économique. 

Les conditions dont étaient assortis les prêts octroyés par les institutions financières internationales n’ont pas permis de modifier fondamentalement la structure des économies africaines, mais ont plutôt aggravé leur dépendance en les enfermant dans un cycle de dettes et de dépendance vis-à-vis de l’aide extérieure.  Dans les décennies qui ont suivi, le montant total de la dette extérieure a continué d’augmenter, pour atteindre 237,5 milliards de dollars en 2000, puis a presque encore triplé pour s’établir à 655,8 milliards de dollars en 2022.

Face à tous ces problèmes et défis à relever, le Cameroun a appelé le Président de l’Assemblée générale à faire sonner, au cours de son mandat, « l’heure africaine » qui verrait toutes les forces bilatérales et multilatérales former une coalition avec celles de l’Afrique, résolument tournées vers l’action et non plus les déclarations, pour qu’émerge enfin une véritable renaissance africaine. 

Réformer l’architecture financière et restructurer la dette

Avec une architecture financière internationale représentant mieux les besoins de l’Afrique, le continent serait positionné pour exploiter son énorme potentiel, a relevé le Président de l’Assemblée générale, M. Philémon Yang.  Comme le dit le rapport sur l’analyse de la dette, les pays africains dépensent en moyenne deux fois plus au titre du service de la dette que pour la santé. Des ressources qui pourraient être utilisées pour investir dans les objectifs de développement durable le sont pour rembourser la dette.  Dans le même temps, indique le rapport, le continent perd entre 500 et 600 milliards de dollars, par an, en raison des flux financiers illicites, de l’inefficacité des dépenses publiques, de la détermination peu judicieuse des prix de transfert, des niches fiscales et d’une passivité face aux possibilités offertes par le marché de droits d’émission de carbone. 

Tout cela peut être vrai mais ce que l’Afrique veut, ce n’est pas la charité mais un accès aux financements avec des taux d’intérêt justes et compétitifs, a plaidé le Zimbabwe qui a aussi reproché aux agences de notation d’effectuer une évaluation « biaisée » des risques. Avec des conditions d’emprunt plus équitables et la suppression des étiquettes « injustes » sur les risques, l’Afrique pourrait renforcer sa résilience économique, réduire sa dépendance à l’aide extérieure et exploiter son potentiel de croissance et de développement. 

Au nom du Groupe des États d’Afrique, le Tchad a ajouté qu’il faut réformer le cadre actuel du traitement de la dette au-delà de l’Initiative d’expansion du service de la dette.  Il est important d’avoir une approche différenciée de l’allègement de la dette.  La quatrième Conférence sur le financement du développement, prévue en 2025, doit être l’occasion de lancer les réformes nécessaires mais aussi de traiter de la question des flux financiers illicites et de l’évasion fiscale, a voulu le Zimbabwe. 

D’autres délégations ont également souligné que le système financier international actuel ne répond en rien aux besoins de l’Afrique, d’où les appels à sa réforme dont celui de la Lettonie, en particulier pour lutter contre les flux financiers illicites.  Le Nigéria en a profité pour réclamer une convention-cadre des Nations Unies sur la coopération fiscale internationale.

La Thaïlande a rappelé aux pays développés leur promesse de consacrer 0,7% de leur revenu national brut à l’aide publique au développement (APD).  En plus de l’APD officiel, les États-Unis ont relevé que le secteur privé américain a investi quatre fois plus dans les économies africaines, citant l’exemple du projet du corridor de Lobito entre les océans Atlantique et Indien, pour lequel 3 milliards de dollars ont été consacrés en moins de 18 mois. 

Les droits humains, paix et sécurité comme fondation du développement

Selon l’Indice Ibrahim de la gouvernance en Afrique de 2022, 70% de la population africaine subit la dégradation de la sécurité et de l’état, une tendance qui s’est accélérée ces cinq dernières années dans plus de la moitié des pays.  Du continent, comme l’indique le rapport du Secrétaire général sur la promotion d’une paix durable par la voie du développement durable en Afrique. 

Fort de ce constat, le Président de l’Assemblée générale a estimé que la paix durable nécessite le règlement urgent des conflits qu’il s’agisse du Sahel, du Soudan, de la République démocratique du Congo ou de la Somalie.  Il faut aussi triompher du terrorisme et de l’extrémisme violent.  La promotion de la paix et de l’état de droit en Afrique exige une stratégie globale qui englobe des réformes juridiques et de grandes transformations sociétales. 

Au nom du Groupe des États d’Afrique, le Tchad a confirmé la nécessité d’une stratégie globale qui doit comprendre à un éventail de services adaptés aux différents besoins des sociétés africaines, dont des systèmes informels fondés sur le droit coutumier.  L’accès à la justice, a prescrit le Président de l’Assemblée générale, signifie que l’on abatte les barrières systémiques qui perpétuent les cycles de pauvreté et barrent l’accès à l’éducation, à l’emploi et aux services sociaux.

La priorité doit être donnée aux communautés vulnérables et aux femmes qui doivent pouvoir libérer tout leur potentiel.  En tant que Président de l’Assemblée générale, je m’engage à maintenir l’accent sur la promesse de l’Afrique, en restant focalisé sur l’Agenda 2063.  Avec un juge pour 100 000 habitants, le Nigéria a souligné le rôle que peut jouer la coopération internationale. 

Sur le plan sécuritaire, l’Ukraine a dénoncé l’action déstabilisatrice des mercenaires étrangers, principalement russes, dans certains pays africains.  La Fédération de Russie s’est défendue en invoquant « l’histoire d’un partenariat étroit et mutuellement bénéfique ».  Elle a fait le lien entre les conflits et le passé colonial qui a privé les États africains d’une vraie souveraineté politique et économique.  L’Algérie n’a pas dit autre lorsqu’elle a dénoncé l’ingérence étrangère. 

Des raisons d’espérer

Comme l’a relevé le Président de l’Assemblée générale, l’Afrique subsaharienne montre des signes de ténacité.  Sa croissance économique devrait atteindre 3,4% en 2024 et 3,8% en 2025 et servir à sortir de la pauvreté 462 millions de personnes. Nous devons, a-t-il dit, faire notre part pour exploiter l’ingéniosité des Africains et jeter les bases d’une croissance inclusive et d’une prospérité partagée. 

Avec de bons investissements dans l’éducation, les systèmes de santé, la technologie et l’entrepreneuriat, le potentiel des jeunes africains est sans limite.  De même, avec une gestion financière plus efficace, une mobilisation plus forte des ressources nationales et une meilleure utilisation de la dette comme outil de développement, les économies africaines peuvent soutenir et augmenter leur taux de croissance.  Avec un soutien financier international accru et des investissements sans risque, ces économies peuvent attirer encore plus d’investissements, réduire les coûts et mettre en lumière la perception exagérée des risques. 

En 2025, l’Afrique du Sud assumera la présidence du G20 et mettra l’Afrique au centre de l’agenda, a annoncé la délégation sud-africaine qui a promis de mettre l’accent sur la question de la dette.  Plusieurs orateurs ont dit placer beaucoup d’espoir sur la zone de libre-échange continentale.  En attendant, l’Algérie a rappelé être à l’initiative, avec d’autres, d’une zone de libre-échange, de l’autoroute transsaharienne, du projet lié à la fibre optique et du système de gazoduc qui transporte du gaz de l’Afrique à l’Europe en passant par le territoire algérien. 

Satisfait du Programme de communication sur le génocide des Tutsis en 1994, le Rwanda a indiqué qu’avec le soutien de l’ONU, il a installé le mémorial de la Flamme de l’espoir de Kwibuka dans les jardins de l’Organisation, le 11 septembre dernier. 

L’Assemblée générale a prévu une autre séance publique demain mardi 15 octobre à partir de 10 heures pour examiner le rapport annuel de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Quatrième Commission conclut son audition des pétitionnaires sur la question du Sahara occidental

Soixante-dix-neuvième session
6e séance plénière – après-midi
CPSD/806

La Quatrième Commission conclut son audition des pétitionnaires sur la question du Sahara occidental

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

La Quatrième Commission, chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, a achevé cet après-midi son audition des pétitionnaires concernant la question du Sahara occidental sur de nouveaux appels à résoudre le statut de ce dernier territoire non autonome sur le continent africain.

Au nom de l’Association 9 Mars, Mme Khadija Ezaoui a noté que les projets issus de l’initiative marocaine d’autonomie sont porteurs d’une vision non seulement pour le Sahara marocain et le Maroc, mais aussi pour l’Afrique et ceux qui croient à « la promesse du développement ».  Ce programme de développement d’un montant de 8 milliards de dollars vise selon elle à créer une base économique à même de positionner la région en tant qu’acteur clef de l’avenir de l’Afrique, en fournissant de l’énergie verte aux pays voisins, tout en ouvrant la voie à l’intégration économique régionale en reliant les provinces du Sud au reste du continent.

Pourtant, ces efforts se heurtent depuis des décennies à l’action du Front POLISARIO qui, fort du soutien militaire, politique et diplomatique « permanent » de « son pays hôte », détourne toute possibilité d’une paix et d’une sécurité durables en Afrique du Nord, a regretté M. Ignacio Ortiz Palacio, du Forum Canario Saharaui, rejoint par M. Mohammed Elaissaoui, de l’Organisation pour la fin des violations des droits de l’homme.  Ajoutée à la perméabilité des frontières dans la région, l’instabilité politique qui en découle vient, selon lui, alimenter la menace terroriste au Sahel, un avis partagé par M. Hammada El Baihi, de la Ligue du Sahara pour la démocratie et les droits de l’homme.

Voir le Sahara occidental devenir une partie intégrante du Maroc est une question de « justice historique et de stabilité régionale », a argué M. Sifiso Mahlangu, d’Independent Media South Africa, fondée notamment sur la reconnaissance par la Cour internationale de Justice (CIJ) des liens historiques entretenus de longue date entre ce territoire et le Maroc.

Or, le fait est que le « défi de la décolonisation » du peuple sahraoui n’a pas été relevé dans le respect des droits humains ni des « droits des peuples », a observé Mme Marta Carrio I Palou, du Parlament De Les Illes Balears.  Comment est-il possible que, parvenus au XXIsiècle, et alors que nous discutons, en ce lieu, de progrès et de droits humains, « des générations de garçons et de filles sahraouis continuent de naître et de mourir sur une terre qui ne leur offre aucun avenir? » s’est demandé M. Omar Lamine, d’Intergupo Parlament Illes Balears.  Il ne s’agit pas, selon lui, d’un conflit oublié mais plutôt d’un conflit « passé sous silence et nié » par l’indifférence « de ceux qui ont le pouvoir d’agir ».

« La présence généralisée de l’État au Sahara occidental ne réprime qu’une seule chose: tout signe visible de soutien à l’autonomie sahraouie, et surtout, le recours au terme ‘‘Sahara occidental’’ », a observé M. Mark Drury, de l’International Academic Observatory on Western Sahara.  L’occupation continue de ce territoire par le Maroc bénéficie selon lui de l’inattention de la communauté internationale.

À l’opposé, M. Zine El Aabidine El Ouali Afores, de l’African Forum For Research And Studies In Human Rights, s’est inquiété de la « plaie béante au Maghreb » que constitue la poursuite du conflit au Sahara occidental, source de tensions et d’instabilité dans toute la région, exacerbées par la « position irresponsable d’un voisin hostile ».

Prenant acte de la « lutte acharnée » que continue de mener le peuple sahraoui pour mettre fin au « dernier processus de décolonisation en Afrique », Mme Joana Maria Gomila Lluch, du Parlament De Les Illes Balears – Grupo Interpalameario, a appelé à ne pas permettre que la tenue du référendum d’autodétermination soit différée davantage.  « Seule la pression internationale peut mettre fin à cette situation », a-t-elle ajouté.

À cette fin, Mme Margarita Duran Cladera, du Grupo Parlamentario Popular Illes Balears, a exigé que soient mises en œuvre les résolutions de l’ONU reconnaissant le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination par le biais d’un référendum en tant qu’ultime étape du processus de décolonisation.  M. Llorenç Galmés Verger a vu dans le plan convenu entre le Maroc et le Front POLISARIO, et entériné par l’ONU en 1991, la meilleure solution pour que cesse ce conflit de façon durable.  À cette fin, il a exhorté à l’ONU à s’engager « véritablement » sur cette question.

Si M. Mouhidine Souvi a vu dans l’arrêt rendu par la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) « le premier pas vers un statut d’État » pour le Sahara occidental, M. Mohamed Edabadda, de l’Association Rotary International Boujdour, a estimé pour sa part que la « prétendue victoire » que constitue pour certains ce jugement n’a « rien à voir » avec le Maroc, mais concerne plutôt l’Union européenne.  En tout état de cause, a-t-il rappelé, la seule autorité habilitée à trancher cette question est le Conseil de sécurité.

De nombreux pétitionnaires ont dénoncé la situation qui prévaut dans les camps de Tindouf.  Réfugié sahraoui né dans ces camps, M. M’rabih Adda a relaté les violations dont il a été victime depuis son enfance de la part de ceux « qui ont imposé leur volonté avec le feu et l’acier sur des milliers de civils ».  Il a dénoncé les exactions systématiques qui y ont cours, « avec l’appui de l’armée de l’État hôte ».

M. El Fadel Braika, qui affirme avoir été un élément armé du Front POLISARIO depuis l’âge de 14 ans, s’est dit victime, comme des centaines d’enfants de sa génération, de l’endoctrinement contre « un ennemi créé dans nos esprits pour rester otages des camps de toile de Tindouf », un témoignage corroboré par Mme Lemaadla Mohamed Salem Zrug, de l’Association sahraouie contre l’impunité dans les camps de Tindouf.

« Il est essentiel que la communauté internationale reconnaisse que les camps de Tindouf constituent un lieu de détention illégal », a insisté Mme Touria Hmyene, de l’Association pour la liberté des femmes séquestrées dans les camps de Tindouf, tout comme il incombe aux États Membres de mettre un terme aux violences sexuelles et aux mariages forcés dont sont victimes les femmes et les filles qui s’y trouvent.

La délégation marocaine a présenté plusieurs motions d’ordre lors de cette séance, afin de rappeler à certains pétitionnaires de respecter les règles établies. 

La Quatrième Commission reprendra son débat général sur la décolonisation le lundi, 14 octobre 2024, à compter de 10 heures.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Les « souffrances inimaginables » des enfants de Gaza concentrent l’attention de la Troisième Commission

Soixante-dix-neuvième session,
11e et 12e séances plénières – matin & après-midi
AG/SHC/4409

Les « souffrances inimaginables » des enfants de Gaza concentrent l’attention de la Troisième Commission

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies,
la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Entamant aujourd’hui l’examen des droits des enfants, la Troisième Commission, en charge des questions sociales, humanitaires et culturelles, a dialogué avec cinq intervenants, dont la Présidente du Comité des droits de l’enfant, qui a indiqué que le nombre d’enfants victimes des six graves violations des droits humains vérifiées par les Nations Unies avait augmenté de façon exponentielle en raison de l’escalade des conflits, en particulier à Gaza, au Soudan et au Myanmar. À elle seule, la guerre à Gaza a coûté la vie à 17 000 d’entre eux, a rappelé la Mauritanie au nom du Groupe arabe. 

« L’année passée a connu le nombre le plus élevé de violations graves vérifiées par les Nations Unies depuis la création de mon mandat », a expliqué la Représentante spéciale du Secrétaire général pour la question des enfants et des conflits armés, précisant que leur nombre total s’élevait à 33 000 réparties dans 25 pays. Ce chiffre est en augmentation de plus de 20% par rapport à l’année précédente, a précisé la France.  L’aspect le plus choquant du rapport concerne le meurtre et la mutilation de 11 700 enfants, a ajouté Mme Virginia Gamba, l’Irlande rappelant que ce chiffre avait, lui, connu une hausse de 35%. 

La situation des enfants à Gaza mobilise l’attention

Notant que cette situation était notamment liée au conflit à Gaza, le Chili a rappelé les demandes faites à Israël par la Cour internationale de Justice (CIJ) concernant le respect de la Convention sur le génocide.  Évoquant « une des crises humanitaires les plus graves de ces dernières décennies », l’Espagne a dénoncé les attaques contre les écoles et les hôpitaux de l’enclave et appelé au respect de l’accès à l’aide humanitaire et de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles.  L’Égypte a signalé pour sa part que selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA), Gaza abritait le plus grand nombre d’enfants amputés de l’histoire moderne.

Pointant un problème de collecte et de vérification des informations, Israël a demandé comment le rapport pouvait n’avoir enregistré qu’un seul cas d’utilisation d’un centre de santé à des fins militaires par le Hamas, et aucune école, malgré l’abondance d’informations sur ce phénomène et l’usage d’enfants comme boucliers humains par cette « organisation terroriste ».  Menaçant de cesser de coopérer avec le Bureau de la Rapporteuse en l’absence de prise en compte de ces faits, il a condamné son inclusion dans l’annexe du rapport aux côtés d’organisations terroristes. 

« Cessez d’envoyer des armes à Israël, sanctionnez les responsables, ne faites pas obstruction à la justice, n’inventez pas de justifications pour que ces crimes puissent continuer sans que des comptes soient rendus », a martelé l’État de Palestine, estimant que les États Membres avaient l’obligation d’empêcher les forces armées israéliennes « sur liste noire » de continuer à perpétrer des crimes contre ses enfants.  De son côté, le Liban a dressé le bilan suite à l’« agression israélienne » ces trois dernières semaines pour ses enfants: 127 morts, 690 blessés et 120 000 déplacés. 

Dénonçant un « échec abyssal » en matière de protection des enfants, l’Irlande, rejointe par la Grèce et l’Égypte, a exhorté les États à mettre fin au « règne de l’impunité » concernant les violations graves détaillées dans le rapport. Un enfant sur cinq dans le monde vit aujourd’hui en situation de conflit a rappelé la Grenade, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM). 

Au nom des États nordiques et baltiques, l’Estonie a mêlé sa voix à celle de l’Ukraine pour s’inquiéter du sort des enfants ukrainiens « déportés » par la Fédération de Russie, valant à Vladimir Putin l’émission d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) à son encontre.  La Fédération de Russie a dénoncé une politisation de la protection de l’enfance, notant qu’elle avait été placée sur la liste des auteurs de violations dans le rapport alors que l’Ukraine ne l’était pas.

Le Nigéria a considéré comme « trop fortes » certaines formulations du rapport le concernant, tandis que le Pakistan a demandé pourquoi il faisait partie des « situations à surveiller » alors qu’aucun conflit n’était en cours sur son territoire.  Mme Gamba a invité les États placés dans son annexe cette année à adopter des plans d’action conjoints avec son bureau en vue de faire les progrès nécessaires pour en être retirés. 

« La violence à l’encontre des enfants a atteint des niveaux sans précédent », a renchéri la Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question de la violence contre les enfants, ajoutant que les données étaient probablement sous-estimées.  Elle a affirmé que les coûts économiques énormes de la violence vis-à-vis des enfants pouvaient, dans certains pays, représenter jusqu’à six fois les dépenses annuelles du gouvernement en matière de santé.  Le Brésil et le Maroc ont voulu obtenir des précisions sur l’outil d’évaluation du coût de la violence contre les enfants et la mesure des retours sur investissement consentis en matière de lutte contre ce fléau. 

Mme Najat Maalla M’jid a rappelé qu’elle dirigeait l’alliance mondiale pour mettre fin à la violence contre des enfants, rassemblant plus de 40 pays, et que cette dernière serait redynamisée officiellement lors de la Conférence ministérielle internationale organisée à Bogota, les 7 et 8 novembre prochains, visant notamment à faire avancer la réflexion sur un système de reddition de comptes. 

Inquiétudes face à l’exploitation sexuelle des enfants en ligne

Les délégations ont ensuite dialogué avec la Rapporteuse spéciale sur la vente d’enfants, l’exploitation sexuelle d’enfants et les abus sexuels sur enfants qui a alerté que chaque année, 300 millions d’enfants sont victimes d’atteintes et d’exploitation sexuelles en ligne.

Mme Mama Fatima Singhateh a expliqué que l’utilisation abusive de la technologie pour harceler sexuellement, prendre et partager des images et des vidéos non consensuelles, ou générer et diffuser des contenus d’abus sexuels sur des enfants, est exacerbée par les technologies émergentes telles que les « deepfakes », la nudification, le vieillissement, l’intelligence artificielle, le partage de fichiers peer-to-peer intégré et le clonage vocal.

Autre source d’inquiétude: l’augmentation rapide des comptes de « kidfluencing » et de « sharenting » où des parents et des tuteurs produisent des images suggestives d’enfants à des fins commerciales dans l’espoir d’obtenir des offres de publireportages et de publicités privées.  « Cette pratique soulève la question de savoir combien d’images d’enfants provenant de comptes courants sont collectées par des criminels pour créer des contenus pédopornographiques », a indiqué Mme Singhateh.

La persistance du mariage d’enfants

De son côté, le Conseiller spécial pour les droits de l’enfant de l'UNICEF, a attiré l’attention sur la persistance du mariage d’enfants, précisant que si on ne redouble par d’efforts, il faudra encore 300 ans pour éliminer cette pratique et 9 millions de filles se marieront encore dans leur enfance en 2030.

En outre, si les progrès sont réels, ils restent néanmoins inégaux selon les régions et ont principalement profité aux adolescentes des quintiles les plus riches, ce qui souligne la nécessité de redoubler d’efforts pour atteindre les filles les plus pauvres, les moins instruites, et les plus vulnérables ainsi que celles qui vivent dans les zones rurales. 

Le Comité des droits de l’enfant face au manque de ressources

Au préalable, la Présidente du Comité des droits de l’enfant a présenté le rapport d’activités de l’organe qui, a-t-elle indiqué, prépare une nouvelle observation générale sur le droit des enfants d’accéder à la justice.  Elle a également signalé que le rythme de ratification des Protocoles facultatifs à la Convention relative aux droits de l’enfant continue d’être lent avec seulement deux nouvelles ratifications du premier au cours de l’année écoulée.

De même, elle a insisté sur l’importance, pour le Comité, d’être doté de ressources adéquates pour pouvoir traiter ces communications dans les meilleurs délais.  « Une justice différée pour les enfants est une justice refusée », a-t-elle lancé.

La Troisième Commission poursuivra ses travaux lundi 14 octobre, à partir de 10 heures. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: les membres du Conseil appellent à la désescalade au Liban et à une solution politique négociée

9746e séance – après-midi
CS/15850

Conseil de sécurité: les membres du Conseil appellent à la désescalade au Liban et à une solution politique négociée

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Le conflit au Liban, associé à la situation en Syrie et à la violence à Gaza et en Cisjordanie, montre une région qui glisse dangereusement vers une guerre totale, a prévenu la Secrétaire générale adjointe aux affaires politique et à la consolidation de la paix, cet après-midi, devant le Conseil de sécurité. Avec les bombardements, les destructions et les déplacements, le Liban est devenu la prochaine Gaza, a déploré la Slovénie, après que les membres du Conseil, deux hauts fonctionnaires de l’ONU et d’autres intervenants ont appelé à la désescalade, à la fin des hostilités et à une solution politique négociée. 

Demandée par la France, cette réunion a été l’occasion pour Mme Rosemary A. DiCarlo, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, de faire le bilan de la situation au Liban depuis le 1er octobre. Le nombre de morts a atteint plus de 2 000, a-t-elle dit, en citant le Ministère de la santé du Liban.  Plus de 600 000 personnes ont fui ailleurs dans le pays depuis mercredi dernier, et les ordres d’évacuation d’Israël ont vidé de leur population plus de 100 villages, soit un quart du territoire du Liban. Environ 250 000 personnes, dont des Libanais et des Syriens, sont parties en Syrie et des dizaines de milliers d’autres ont quitté le pays en avion. 

Le personnel de l’ONU et les Casques bleus de la FINUL doivent être protégés 

Dans le nord d’Israël, les attaques du Hezbollah ont tué 50 personnes et déplacés plus de 60 000 personnes.  Mme DiCarlo a rappelé que l’ONU a demandé que les États Membres répondent à l’appel lancé la semaine dernière pour collecter une somme de 425 millions de dollars et venir en aide à un million de personnes au cours des trois prochains mois.  Les parties doivent saisir les options diplomatiques mises sur la table et déposer les armes.  « Il est encore temps de donner une chance à la diplomatie.  Maintenant », a martelé Mme DiCarlo. 

Les parties doivent s’engager à une cessation des hostilités et la mise en œuvre intégrale des résolutions 1559 (2004) et 1701 (2006) du Conseil de sécurité, a encore plaidé la haute fonctionnaire pour qui la souveraineté du Liban et l’intégrité territoriale des deux pays doivent être respectées.  Pour elle, le personnel de l’ONU et les courageux Casques bleus de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) doivent être protégés. Il faut tout mettre en œuvre pour inverser ce cycle de violence et préserver le Liban, Israël et la région de la catastrophe. 

Le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, M. Jean-Pierre Lacroix, a informé qu’une grande partie du sud du Liban, où opère la FINUL, est désormais inhabitable.  La présence de personnel et d’armes non autorisés au sud du fleuve Litani, en violation flagrante de la résolution 1701 (2006), reste une source de préoccupation.  Depuis le 23 septembre, la FINUL a détecté 5 451 trajectoires provenant du sud du Liban et 610 attaques aériennes israéliennes, tandis que 1 385 projectiles ont été tirés en réaction, du nord vers le sud. 

Il n’existe pas de solution militaire

La capacité de la Force de surveiller les événements reste limitée, en partie à cause des risques encourus par les Casques bleus, a déploré M. Lacroix qui a fait savoir que deux soldats de la paix ont été blessés par des tirs de chars israéliens, dénonçant un mépris pour la protection accordée par le droit international aux installations et au personnel de l’ONU.  Les conditions sécuritaires ont forcé la FINUL à relocaliser temporairement 300 soldats et à réduire ses effectifs dans certaines des bases les plus exposées.  De plus, l’installation de positions israéliennes près des postes de la FINUL a aggravé les risques pour les Casques bleus. 

M. Lacroix a indiqué que la FINUL a maintenu une coordination étroite avec les Forces armées libanaises et les Forces de défense israéliennes (FDI) pour faciliter les missions humanitaires et éviter les erreurs de calcul.  La FINUL appuie les autorités libanaises dans la protection des civils.  Le Secrétaire général adjoint a aussi appelé à une désescalade immédiate et à un cessez-le-feu.  Il n’existe pas de solution militaire à la crise.  Les parties doivent mettre pleinement en œuvre la résolution 1701 (2006). 

C’est aussi l’opinion de la France, qui a demandé la convocation de cette réunion et qui a annoncé une conférence internationale à Paris le 24 octobre prochain.  Le cessez-le-feu est la voie à suivre et la mise en œuvre intégrale de la résolution 1701 (2006) est le cadre de ce cessez-le-feu, a souligné la France. 

Une résolution pour mettre fin à la violence et imposer le retrait d’Israël du Liban

Parce qu’Israël viole la Charte des Nations Unies et la résolution 1701, le Liban a demandé au Conseil d’adopter immédiatement une résolution pour mettre fin à la violence et imposer le retrait d’Israël des frontières libanaises.  Quel est l’intérêt de prendre pour cible des stations d’épuration d’eau, des sites archéologiques, des points de passage frontaliers?  Quel est l’objectif de prendre pour cible les journalistes, des professionnels de la santé et des agents humanitaires? a demandé le délégué libanais dénonçant « la fameuse opération militaire ciblée » d’Israël. 

Il a réitéré l’appel à l’aide humanitaire lancé par l’ONU pour venir en aide aux millions de déplacés, avant de presser les États Membres de trouver une solution diplomatique fondée sur la résolution 1701 (2006), de soutenir la souveraineté de son pays et de mobiliser la communauté internationale pour répondre aux besoins humanitaires de la population. 

Le Japon, qui a contribué à hauteur de 290 millions de dollars d’aide humanitaire au Liban depuis 2012, a dit examiner de nouvelles aides.  Le Royaume-Uni a annoncé une aide humanitaire supplémentaire de 15 millions de livres.  La Suisse a annoncé son intention d’allouer 7 millions de francs supplémentaires et les États-Unis ont annoncé la somme de 187 millions de dollars d’assistance pour les déplacés et les réfugiés. 

Les bombardements et la guerre ne garantiront pas la sécurité la sûreté et la stabilité, a prévenu le Liban.  Seule une solution diplomatique fondée sur les résolutions du Conseil de sécurité et le droit international humanitaire nous permettra de mettre fin à cette guerre et à cette agression.  Le Liban a aussi appelé à un cessez-le-feu de 21 jours, conformément à l’initiative franco-américaine, afin de régler les questions frontalières en suspens. 

Protéger la population

Le conflit actuel a été déclenché par Hassan Nasrallah, a martelé Israël, en regrettant les souffrances tant sur son territoire qu’au Liban.  Il a dénoncé l’inaction du Conseil de sécurité et promis de repousser le Hezbollah au nord du fleuve Litani.  Pour éviter de nouvelles pertes civiles, nous avons conseillé à la FINUL de se retirer de la zone de conflit, mais celle-ci a choisi d’y rester, s’est étonné Israël, qui a ajouté: « le Liban appartient aux Libanais et pas aux Iraniens. » 

Nous cherchons à protéger notre population.  Le Conseil, a-t-il dit, doit mettre en place des mécanismes solides pour garantir que la FINUL et l’Armée libanaise remplissent leurs missions.  S’adressant à son homologue libanais en arabe, le délégué israélien l’a appelé à s’asseoir à ses côtés et à s’opposer au régime islamique d’Iran. 

Les délégations ont condamné les attaques contre la FINUL.  À l’instar de la France et de la Chine, elles ont demandé des enquêtes et des mesures pour que de tels actes ne se répètent plus.  La Chine a appelé toutes les parties au calme et à la responsabilité.  Israël, qui détient les clefs du règlement du conflit, doit renoncer à l’usage de la force et mettre fin aux violations de l’intégrité territoriale du Liban. 

La Fédération de Russie, qui a qualifié les attaques contre les Casques bleus de crime de guerre, a voulu une réaction forte du Conseil.  Il n’y a plus de temps à perdre parce que la grande majorité des membres du Conseil ont fait part de leur consensus autour de la désescalade, du cessez-le-feu, de la cessation des violences et de la recherche d’une solution diplomatique. 

La Slovénie a appelé le Hezbollah à cesser ses attaques.  La Mauritanie, au nom du Groupe des États arabes, a appelé le Conseil et la communauté internationale à assumer pleinement leurs responsabilités. Une solution diplomatique entre le Liban et Israël le long de la Ligne bleue est le seul moyen de restaurer le calme et de permettre aux citoyens libanais et israéliens de rentrer chez eux, ont souligné les États-Unis, après avoir reconnu le droit d’Israël de protéger ses citoyens. 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Exposés

La Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, Mme ROSEMARY A. DICARLO, a dit être préoccupée par la situation au Liban qui s’est empirée depuis huit jours.  Les échanges de tirs entre le Hezbollah et l’armée israélienne, qui ont commencé le 8 octobre de l’année dernière, se sont intensifiés.  Depuis le début des opérations terrestres israéliennes au Liban le 1er octobre, les affrontements ont pris en intensité dans le sud du Liban provoquant la panique.  Plus de 300 personnes ont été tuées au Liban au cours de la semaine dernière.  Depuis le début du mois, le nombre de morts a atteint plus de 2 000, selon le Ministère libanais de la santé.  Des soldats israéliens ont également été tués, dont au moins 12 sur le territoire libanais depuis le 1er octobre.  Plus de 600 000 personnes ont été déplacées au Liban depuis mercredi dernier, dont une grande majorité de femmes et d’enfants.

Israël a émis des ordres d’évacuation sur un quart du territoire du Liban, soit plus de 100 villages.  Environ 250 000 personnes, dont des Libanais et des Syriens, se sont déplacées en Syrie.  Des dizaines de milliers d’autres sont parties par l’aéroport de Beyrouth.  Le secteur de la santé au Liban est sous pression. L’appel éclair lancé par l’ONU la semaine dernière demande 425 millions de dollars pour aider un million de personnes au cours des trois prochains mois.  Mme DiCarlo a exhorté les États Membres à soutenir cette demande. 

Dans le nord d’Israël, la population civile fait face aux attaques du Hezbollah et d’autres groupes armés non étatiques au Liban et dans la région.  Plus de 50 personnes ont été tuées et plus de 60 000 ont été déplacées en Israël et sur le plateau du Golan occupé. Le conflit dévastateur au Liban, associé à la situation en Syrie et à la violence qui fait rage à Gaza et en Cisjordanie, montre une région qui glisse dangereusement vers une guerre totale.

« Notre incapacité collective à arrêter la violence et à endiguer l’effusion de sang est accablante », a noté la Secrétaire générale adjointe.  Le Hezbollah et les autres groupes armés non étatiques doivent cesser leurs tirs de roquettes et de missiles sur Israël. Israël doit cesser ses bombardements sur le Liban et retirer ses forces terrestres.  Les parties doivent saisir les options diplomatiques mises sur la table et déposer les armes.  « Il est encore temps de donner une chance à la diplomatie.  Maintenant », a martelé Mme DiCarlo. 

La Coordonnatrice spéciale pour le Liban, Mme Jeanine Hennis-Plasschaert travaille avec tous les acteurs pour une désescalade immédiate et une solution diplomatique.  Les parties doivent s’engager à une cessation des hostilités et à la mise en œuvre intégrale des résolutions 1559 (2004) et 1701 (2006) du Conseil de sécurité. L’État libanais doit avoir le contrôle de toutes les armes qui se trouvent sur son territoire.  En cette période de crise, les dirigeants politiques libanais doivent prendre des mesures résolues pour combler le vide à la présidence du pays.  La souveraineté de l’État et l’intégrité territoriale des deux pays, Liban et Israël, doivent être respectées. 

Mme DiCarlo a exigé le respect du droit international et du droit international humanitaire.  Les parties doivent épargner les civils et les infrastructures civiles.  Il faut éviter les attaques aveugles et disproportionnées.  Le personnel humanitaire, le personnel médical et les journalistes ne doivent pas être pris pour cible.  Le personnel de l’ONU et les courageux Casques bleus le long de la Ligne bleue doivent être protégés.  Il faut tout mettre en œuvre pour inverser ce cycle de violence et préserver le Liban, Israël et la région de la catastrophe, a conclu Mme DiCarlo. 

Le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, M. JEAN-PIERRE LACROIX, s’est inquiété de la situation alarmante au Liban, marquée par une intensification des opérations militaires depuis le 1er octobre.  Les Forces de défense israéliennes (FDI) ont en effet mené des opérations terrestres accompagnées de bombardements aériens dans tout le pays, et une grande partie du sud du Liban, où opère la FINUL, est désormais inhabitable, a-t-il indiqué. 

Justifiées par la nécessité de laisser les Israéliens du nord d’Israël retourner chez eux après une année de peur et de déplacement forcé, ces actions des FDI n’ont pas empêché le Hezbollah de continuer à tirer au-delà de la Ligne bleue, avec des armes de plus en plus sophistiquées.  La présence de personnel et d’armes non autorisés au sud du fleuve Litani, en violation flagrante de la résolution 1701, reste une source de préoccupation, a ajouté le haut fonctionnaire.

Depuis le début de l’opération « Northern Arrows » le 23 septembre, la FINUL a détecté 5 451 trajectoires provenant du sud du Liban et 610 attaques aériennes israéliennes, tandis que 1 385 projectiles ont été tirés en réaction du nord vers le sud.  Sur le terrain, les combats ont fait au moins 12 morts parmi les soldats israéliens, tandis que plusieurs dizaines de combattants du Hezbollah ont été tués.

Le Secrétaire général adjoint a signalé que des incursions terrestres israéliennes ont été observées dans plusieurs secteurs, notamment à Maroun el-Ras, Labbouné et Yaroun. Cependant, la capacité de la FINUL de surveiller étroitement les événements reste limitée, en partie à cause des risques encourus par les Casques bleus.  M. Lacroix a fait savoir que deux Casques bleus ont été blessés et plusieurs véhicules endommagés dans ces affrontements, notamment lorsqu’un poste d’observation de l’ONU à Naqoura a été touché par des tirs de chars israéliens.  Cela démontre un mépris pour la protection accordée par le droit international aux installations et au personnel de l’ONU, a dénoncé le haut fonctionnaire. 

Cependant, a-t-il insisté, bien que les FDI aient demandé l’évacuation des troupes de la FINUL à proximité de la Ligne bleue, ces dernières sont restées en place, tout en renforçant la protection de leurs positions.  Les conditions sécuritaires ont toutefois forcé la FINUL à relocaliser temporairement 300 soldats et à réduire ses effectifs dans certaines des bases les plus exposées.  De plus, l’installation de positions israéliennes près des postes de la FINUL a aggravé les risques pour les Casques bleus, ces développements ayant fait l’objet de protestations auprès des autorités israéliennes.

La sécurité des approvisionnements en carburant, nourriture et eau pour la FINUL est également devenue une préoccupation majeure, alors que les affrontements ont conduit à la relocalisation de presque tout le personnel civil international hors du pays.  M. Lacroix a fait savoir que la FINUL a néanmoins maintenu une coordination étroite avec les Forces armées libanaises et les FDI pour tenter de faciliter les missions humanitaires et éviter les erreurs de calcul.

Le Secrétaire général adjoint a également exprimé son inquiétude quant aux victimes civiles, notant que les échanges de tirs ont fait des centaines de morts et de blessés et des centaines de milliers de personnes déplacées.  La FINUL continue de soutenir les autorités libanaises dans la protection des civils, notamment en facilitant les missions humanitaires et en offrant un abri lorsque cela est possible.  Pour conclure, M. Lacroix a appelé à une désescalade immédiate et à un cessez-le-feu.  Il a réaffirmé qu’il n’existe pas de solution militaire à la crise et a exhorté les parties à mettre pleinement en œuvre la résolution 1701.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.