L’Assemblée générale adopte le rapport annuel de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA)
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L’Assemblée générale a adopté, aujourd’hui, par consensus sa résolution sur le rapport 2023 de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) lors d’une séance dominée par les divergences entre ceux, nombreux, qui ont salué un document équilibré et impartial et ceux, à l’instar de la Fédération de Russie qui s’est dissociée du texte et de la République islamique d’Iran qui a dénoncé une AIEA « sous influence ».
En adoptant la résolution A/79/L7 présentée par le Ghana, l’Assemblée générale réaffirme « son appui énergique » à l’Agence pour le rôle incontournable qu’elle joue, en facilitant le développement et l’utilisation pratique de l’énergie atomique à des fins pacifiques et en favorisant le transfert des technologies aux pays en développement ainsi que la sûreté, la vérification et la sécurité nucléaires.
Plus de 40 États Membres ont pris la parole, en l’absence du Directeur général de l’AIEA, M. Rafael Mariano Grossi, dont la déclaration en anglais a été distribuée. La situation autour de la centrale nucléaire de Zaporijia, en Ukraine, a cristallisé les interventions. L’Ukraine a fait état de renseignements selon lesquels la Fédération de Russie planifierait des attaques directes contre ses centrales et infrastructures nucléaires et les sous-stations critiques, dans le but d’en déconnecter le réseau électrique.
L’Union européenne a intimé à la Fédération de Russie de quitter les lieux mais aussi tout le territoire ukrainien, dans un appel repris en chœur par une grande partie des délégations, en particulier celles des pays occidentaux. Le Canada a rejeté toute tentative russe de profiter du rapport de l’AIEA pour promouvoir des revendications « illégales et illégitimes » sur la propriété de la centrale nucléaire. Plus tempérée, la Chine a estimé que la sécurité nucléaire de toutes les installations devrait être assurée, y compris celle de la centrale de Zaporijia.
Dans l’avant-propos du rapport, le Directeur général de l’AIEA indique que du 1er janvier au 31 décembre 2023, une des priorités essentielles a été de contribuer à la sûreté et à la sécurité nucléaires en Ukraine. Quelque 86 missions de l’Agence, composées de 187 membres, ont été déployées et du matériel estimé à plus de 7,5 millions d’euros a été livré. Nous n’acceptons pas les dispositions et les annexes du rapport, a réagi la Fédération de Russie, arguant que les sites, la centrale de Sébastopol, les installations nucléaires en Crimée, dans les Républiques populaires de Donetsk et de Luhansk et dans les régions de Zaporijia et de Kherson relèvent de sa juridiction.
D’autres questions sensibles de non-prolifération et de sûreté nucléaires ont été discutées, suscitant les critiques de la République populaire démocratique de Corée (RPDC). Cette dernière s’est dite scandalisée par le contenu du rapport de l’AIEA qui qualifie ses activités de « violations flagrantes » des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. Nous ne sommes pas, a rappelé la RPDC, membre de l’AIEA qui n’est donc nullement habilitée à s’ingérer dans nos affaires intérieures.
La République islamique d’Iran a voulu que les discussions sur son programme nucléaire s’appuient sur des faits et pas sur des déclarations fabriquées de toutes pièces. Accusé par la Lituanie d’avoir une centrale nucléaire construite, en violation des normes de sécurité et dont l’emplacement, à une proximité alarmante de la capitale Vilnius et de la frontière orientale de l’Union européenne, le Bélarus a rejeté des propos politisés et s’est dit ouvert à un dialogue transparent dans toutes les instances spécialisées.
La situation au Moyen-Orient s’est invitée dans le débat. Des délégations, comme l’Iraq, le Koweït, l’Égypte et la République arabe syrienne ont fustigé Israël, comme une menace nucléaire, et appuyé la création d’une zone exempte d’armes nucléaires dans la région. Outre les menaces nucléaires proférées contre ses voisins, Israël a assassiné certains de nos spécialistes du nucléaire et attaqué nos installations pacifiques, a accusé l’Iran qui a participé à un vif échange avec les délégations israélienne et syrienne. Cette dernière a souligné qu’Israël est le seul pays de la région à être doté d’armes de destruction massive. Il est donc mal placé pour faire la morale sur le respect des obligations internationales.
Dans une note positive, le rapport a mis en avant les nombreuses initiatives lancées par l’Agence, citant l’initiative Atoms4Food, en collaboration avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Cette initiative tient compte des besoins des différents États Membres et tire parti de l’expérience en matière d’utilisation des techniques et technologies nucléaires pour améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition.
Cette approche a été saluée par la Namibie, compte tenu de son impact positif dans le pays et ailleurs dans le continent, comme en atteste les nouvelles variétés de riz et de sorgho, et les rendements plus élevés et plus adaptés aux conditions de sécheresse. Parmi les autres initiatives phares, le rapport parle des « Rayons d’espoir » s’agissant de la lutte contre le cancer ou encore du projet « Action intégrée contre les zoonoses (ZODIAC) »et de « NUTEC Plastics » contre la pollution plastique. Le Chili y a vu un moyen efficace de réaliser les objectifs de développement durable (ODD), notamment en matière de santé, d’agriculture, d’eau et d’alimentation.
Le rapport parle aussi du déploiement « rapide et sûr » de petits réacteurs modulaires (PRM) qui joueront un rôle important, notamment dans les pays en développement, dans la production d’une grande quantité d’électricité à faible émission de carbone. Le représentant de l’AIEA s’est dit convaincu que l’année 2023 pourrait être considérée rétrospectivement comme « un tournant » pour la transition vers l’objectif zéro émission nette.
D’ores et déjà, a dit l’Iraq, nous menons une réflexion pour opérer une transition et combler les lacunes en énergie électrique dues aux changements climatiques. Le Timor-Leste a partagé le même point de vue au motif que de telles initiatives peuvent aider les petits États insulaires en développement (PEID) à répondre à leurs besoins de développement, dont la sécurité énergétique et la résilience climatique. En fin de séance, le Bélarus, l’Iran, Israël, la Lituanie et la Syrie ont exercé leur droit de réponse sur les crises au Moyen-Orient et en Ukraine.
Demain mercredi 16 octobre, à partir de 10 heures, l’Assemblée générale examinera les activités du Mécanisme international a appelé à exercer les fonctions résiduelles des Tribunaux pénaux.