9748e séance – matin
CS/15852

Conseil de sécurité: réunion d’information mensuelle consacrée à la situation au Yémen

 (Le résumé complet de la réunion sera disponible ultérieurement.)

Le Conseil de sécurité se réunit ce mardi 15 octobre pour examiner comme chaque mois la situation au Yémen, où le processus de paix interne est au point mort et la situation humanitaire, désastreuse.

L’examen d’octobre intervient dans un contexte régional particulièrement inflammable, dans lequel le pays a été impliqué à plusieurs reprises durant le mois écoulé, en raison à la fois de plusieurs tirs sur Israël de missiles par les rebelles houthistes alliés à l’Iran, suivis d’une riposte israélienne, et d’une attaque au missile contre des navires américains qui traversaient le détroit de Bab-el-Mandeb, elle-même suivie de représailles des États-Unis. 

Avant que ses membres ne s’expriment, le Conseil entendra l’Envoyé spécial des Nations Unies pour le Yémen, M. Hans Grundberg, la Secrétaire générale adjointe par intérim aux affaires humanitaires, Mme Joyce Msuya, ainsi qu’une représentante de la société civile. 

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LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Exposés

M. HANS GRUNDBERG, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, a relevé qu’Ansar Allah continue de détenir arbitrairement du personnel onusien, des travailleurs de la société civile et des membres du personnel diplomatique. 

Le Yémen et sa population souffrent déjà de l’impact de l’escalade régionale, a indiqué l’Envoyé spécial, avant d’affirmer qu’Ansar Allah poursuit ses attaques sur des navires et a essayé plusieurs fois de cibler Israël avec des missiles et des drones.  Il a jugé inacceptable les attaques sur des navires civils.  En réponse à ces attaques, des frappes conduites par les États-Unis ont eu lieu sur quatre provinces, alors que des frappes israéliennes ont également touché Hodeïda.  Des rapports sur des victimes de ces frappes contre Hodeïda, ainsi que des dommages sur des infrastructures civiles critiques sont préoccupants, a-t-il déploré. 

L’Envoyé spécial a souligné que ce cycle de représailles entraîne le Yémen plus profondément dans le conflit régional, détruisant ainsi les espoirs de paix et de stabilité.  De plus, cela distrait du besoin urgent de discuter de la crise interne au Yémen.

Face aux détentions arbitraires de travailleurs humanitaires, M. Grundberg a rappelé que la société civile et les défenseurs des droits continuent de jouer un rôle critique pour faire face aux besoins humanitaires urgents, et qu’ils méritent une protection appropriée et le soutien international afin de poursuivre leur mission. 

Sur le plan politique, l’Envoyé spécial a indiqué avoir engagé des discussions constructives avec des parties prenantes yéménites et internationales au cours de ses récentes visites à New York, Téhéran et Moscou.  Il a rappelé que la résolution pacifique du conflit au Yémen est possible, et que le peuple yéménite a besoin d’un soutien international unifié.  Il a indiqué que, durant le mois écoulé, son Bureau avait engagé des pourparlers avec des représentants de partis politiques yéménites ainsi qu’avec la société civile, avec une participation importante de femmes et de jeunes.

Sur le plan militaire, l’Envoyé spécial a évoqué des lignes de front globalement calmes, tandis que sur le plan économique, son Bureau œuvre à favoriser la collaboration entre les parties pour atteindre la stabilité économique. 

Par ailleurs, avec ONU-Femmes, le Bureau de l’Envoyé spécial a mené des consultations avec plus de 400 femmes et hommes afin de permettre une plus grande implication des femmes dans le processus de paix yéménite. 

Enfin, l’Envoyé spécial a estimé que, malgré le conflit régional, la paix au Yémen est toujours possible, ajoutant qu’il fallait se concentrer pour la matérialiser. 

Mme JOYCE MSUYA, Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires par intérim et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence, a commencé son intervention en exigeant la libération immédiate et inconditionnelle du personnel de l’ONU, du personnel des ONG et des membres de la société civile détenus arbitrairement par les houthistes.  Elle s’est faite l’écho des préoccupations des organisations concernées à propos d’une déclaration houthiste émise le 12 octobre, laquelle mentionne des poursuites pénales contre des personnes détenues, dont trois fonctionnaires des Nations Unies.  Ces détentions reflètent une tendance inacceptable à l’attaque des travailleurs humanitaires dans la région, a-t-elle déclaré. 

Évoquant les efforts diplomatiques de l’ONU avec les autorités de facto houthistes pour obtenir la libération de ces détenus, Mme Msuya a remercié les pays clefs de la région pour leur soutien.  Une majorité des membres du personnel de l’ONU détenus ont eu des contacts avec leur famille et des soins de santé ont été prodigués à ceux qui en avaient besoin, a-t-elle précisé.

La Secrétaire générale adjointe par intérim a fait part de ses préoccupations quant à la situation humanitaire au Yémen, soulignant le danger que représentent les attaques lancées depuis et contre le pays, lesquelles ont endommagé des infrastructures critiques dans les domaines énergétique et portuaire.  Si les ports de Hodeïda et Ras Issa sont encore opérationnels, les infrastructures énergétiques du premier tournent au ralenti, a-t-elle relevé. 

Rappelant le rôle d’artère vitale des ports yéménites de la mer Rouge pour des millions de personnes dans le pays, Mme Msuya a lancé un appel à leur protection.  Elle a également évoqué la faim qui frappe le Yémen, notant qu’en août dernier, le nombre de personnes dépourvues de ressources alimentaires avait atteint des niveaux sans précédents.  Elle a aussi mentionné la propagation du choléra, précisant que depuis mars 2024, la maladie a entraîné le décès de plus de 720 personnes.  On s’attend à un doublement des cas d’ici à mars 2025, s’est-elle alarmée, alors même que les partenaires dans le domaine de la santé ont été contraints de fermer 21 des 75 centres de traitement de la diarrhée. Le financement de la lutte contre le choléra est déjà épuisé, a-t-elle ajouté.

Remerciant les États Membres et autres donateurs pour leur soutien à la réponse humanitaire au Yémen, Mme Msuya a rappelé que cette dernière n’est pour l’heure financée qu’à hauteur de 41%.  Le secteur de la sécurité alimentaire nécessiterait ainsi 870 millions de dollars supplémentaires, a-t-elle déclaré, faute de quoi 9 millions de Yéménites pourraient être privés d’aide alimentaire d’urgence au cours du dernier trimestre de cette année.  Dans cette crise, les personnes les plus touchées sont les femmes, les enfants et certains groupes marginalisés, a-t-elle fait valoir.  À ce titre, elle a jugé essentiel de financer des programmes de lutte contre les violences sexistes, en faisant observer le sous-financement chronique de ce secteur.

Mme NAJAT JUMAAN, professeure et membre du Conseil d’administration de « Jumaan Trading and Investment Company », a évoqué l’impact incommensurable de la guerre sur le secteur privé yéménite.  Doublement des tarifs de douane, rupture de la coopération bancaire internationale et fuite des capitaux et des cerveaux sont quelques conséquences de la guerre, ainsi que la destruction d’infrastructures civiles, a-t-elle détaillé.  Une autre, qui affecte la vie des populations, est la flambée des prix du fait de l’insécurité autour de la mer Rouge et les prix exorbitants du transport maritime qui en découlent.

Mme Jumaan a exhorté l’Envoyé spécial et les parrains de la paix à poursuivre leurs efforts pour impliquer toutes les parties prenantes yéménites dans le processus de paix.  Elle a appelé la communauté internationale à veiller à ce que les salaires soient payés et la reconstruction du pays soit engagée, en veillant à impliquer le secteur privé.

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