Soixante-dix-neuvième session
7e séance plénière - matin
CPSD/807

Quatrième Commission: les Îles Falkland (Malvinas) et le Sahara occidental dominent les échanges entre États Membres sur les questions de décolonisation

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« La décolonisation est un processus continu, un impératif moral et une question de droit international », a soutenu ce matin la Zambie, lors de la reprise du débat général de la Quatrième Commission sur les questions relatives à la décolonisation.  Un point de vue auquel ont fait écho de nombreuses délégations, alors que l’actuelle Décennie internationale pour l’élimination du colonialisme doit s’achever en 2030.

Or, l’année prochaine marquera aussi le soixante-cinquième anniversaire de l’adoption de la résolution 1514 (XV) de l’Assemblée générale, qui proclame la nécessité de mettre fin rapidement et inconditionnellement au colonialisme et déclare que tous les territoires non autonomes ont droit à l’autodétermination.  Raison pour laquelle la trentaine de délégations ayant pris la parole ce matin ont convenu de l’importance de venir à bout des processus de décolonisation de manière pacifique.

Mais « pour négocier, il faut d’abord dialoguer », a relevé l’Argentine, l’une des deux parties au conflit de souveraineté sur les Îles Malvinas, les îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les zones maritimes environnantes.  Pour elle, elle diffère des autres questions coloniales dans la mesure où elle repose sur le principe d’intégrité territoriale, que Buenos Aires considère comme ayant été violé par l’occupation britannique d’une partie du territoire argentin.

Une particularité reflétée dans la résolution 2065 de 1965, par laquelle l’Assemblée générale a établi la voie à suivre au moyen d’une négociation bilatérale destinée à résoudre pacifiquement ce différend.  « C’est le fil conducteur qui doit orienter la question des Îles Malvinas », a insisté le représentant argentin, dont le pays revendique la souveraineté sur cet archipel, une position également défendue par les pays d’Amérique latine et des Caraïbes qui se sont exprimés aujourd’hui.

Il a regretté que, depuis quelques années, le Royaume-Uni affirme qu’il n’engagera de négociations avec l’Argentine que si les habitants du territoire le souhaitent, un raisonnement qui ne trouve « aucun appui en droit international », selon cette dernière.  Or, aucune résolution de l’Assemblée générale n’a considéré que le principe de l’autodétermination des peuples était applicable à la situation des Îles Malvinas, a argué la délégation.  Le Royaume-Uni, Puissance occupante, a catégoriquement réfuté cette position dans un droit de réponse.

Pourtant, « la composition actuelle de la population des îles est le résultat d’une colonisation initiée par le Royaume-Uni en 1833 », a observé l’Argentine.  Selon elle, cette population établie par le Royaume-Uni ne saurait être considérée comme un peuple soumis, dominé ou assujetti: il s’agit d’« une situation coloniale, mais pas d’un peuple colonisé », et donc il n’y a pas de sujet actif pouvant exercer son droit à l’autodétermination.

La Colombie, qui s’exprimait au nom du consensus de Brasilia, a assuré que ses États Membres étaient alignés sur la position de l’Argentine.  La République dominicaine, Cuba, le Mexique, l’Équateur, la Bolivie, El Salvador ou encore le Pérou lui ont apporté leur soutien à Buenos Aires.  Ces pays ont argué tour à tour que la seule façon de mettre fin à cette situation est de parvenir à un accord négocié entre l’Argentine et le Royaume-Uni, en saluant les bons offices du Secrétaire général en vue de faciliter la reprise des négociations.

La question du Sahara occidental a également suscité de nombreuses prises de position.  La grande majorité de la trentaine d’intervenants du jour a salué les efforts inlassables de M. Staffan de Mistura, Envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU sur ce dossier, visant à faciliter la relance du processus politique sous les auspices exclusifs de l’ONU.  Les délégations ont encouragé les parties à ce différend régional -le Maroc, le Front POLISARIO, l’Algérie et la Mauritanie– à s’engager davantage pour parvenir à une solution politique réaliste et durable, conformément au droit international et aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale

Pour les défenseurs du droit à l’autodétermination des peuples, dont le Venezuela, Cuba et la Zambie, la MINURSO doit pouvoir s’acquitter de son mandat et organiser un référendum d’autodétermination pour permettre aux Sahraouis d’exercer leur droit.  D’autres délégations ont invité les parties prenantes à s’engager dans le processus politique en vue de parvenir à un règlement pacifique, mutuellement acceptable et durable, fondé sur le compromis de ce différend de longue date.  Le Bénin, la Guinée, le Sénégal, le Qatar, la Guinée équatoriale, la Jordanie et d’autres ont ainsi invité les protagonistes à faire montre de réalisme et d’esprit de compromis, appuyant l’initiative marocaine d’autonomie pour le Sahara occidental.  Cette initiative contribue de manière significative à la qualité de vie des populations de cette région, a argué le Burkina Faso, là où le Sénégal a rappelé qu’elle avait obtenu le soutien d’une centaine d’États Membres de l’ONU.  Signalant la présence de nombreux consulats généraux dans les villes de Laâyoune et de Dakhla, y compris celui du Gabon, le représentant de ce pays a confirmé le dynamisme de développement du « Sahara Marocain », appuyant sa marocanité.

Pour le Groupe des Amis pour la défense de la Charte des Nations Unies, au nom duquel s’exprimait le Venezuela, c’était l’occasion de rappeler qu’il a présenté une résolution sur « l’élimination du colonialisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations », qui sera soumise à la Quatrième Commission dans les prochains jours.  Ce texte vise notamment à faire progresser les consultations en vue de proclamer le 14 décembre Journée internationale contre le colonialisme, a expliqué le délégué vénézuélien.  La Commission demanderait également au Secrétaire général d’élaborer un programme de sensibilisation mémorielle en vue de mobiliser les établissements éducatifs et la société civile pour développer des activités destinées à entretenir la mémoire du colonialisme.

Les États-Unis, seule Puissance administrante à prendre la parole aujourd’hui, ont reconnu les difficultés rencontrées par les Îles Vierges américaines, Guam et les Samoa américains s’agissant de l’exploitation de leurs ressources naturelles, ainsi que des conséquences d’années de colonialisme et d’esclavage pour les peuples autochtones et les résidents.

Le Gouvernement américain a toutefois contribué à élever le développement économique et social de ces peuples au sein de la société américaine, a cependant nuancé la délégation.  L’administration Biden s’est efforcée de remédier aux injustices, consciente aussi de ses obligations de promouvoir certains aspects de l’autodétermination sur ces îles.  La délégation a en outre tenu à souligner que malgré leur statut onusien de territoires non autonomes, ils sont autonomes localement et dotés d’institutions politiques, en plus de jouir d’une représentation politique à l’échelon fédéral, notamment au Congrès.

L’Inde, Israël, la République islamique d’Iran, le Royaume-Uni et l’Argentine ont exercé leur droit de réponse en fin de séance.

La Commission reprendra son débat général sur la décolonisation demain, 15 octobre, à 10 heures.

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