En cours au Siège de l'ONU

L’Assemblée générale décide de poursuivre le processus de négociations intergouvernementales sur la réforme du Conseil de sécurité

Soixante-dix-huitième session
104e séance plénière – matin
AG/12618

L’Assemblée générale décide de poursuivre le processus de négociations intergouvernementales sur la réforme du Conseil de sécurité

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Rappelant l’engagement des États Membres à insuffler « un nouvel élan » aux discussions sur la réforme du Conseil de sécurité, l’Assemblée générale a décidé, ce matin, de poursuivre immédiatement les négociations intergouvernementales sur la réforme du Conseil de sécurité en séance plénière informelle lors de sa soixante-dix-neuvième session, en s’appuyant sur les réunions informelles de la session précédente. 

En adoptant sans mise aux voix un projet de décision orale transmis par son Président, elle salue la tenue de dialogues structurés sur les modèles présentés par les États Membres et les groupes d’États pour la réforme du Conseil et note l’utilité de ces dialogues pour accroître les points de convergences et mieux comprendre les propositions individuelles.  Par ce texte, l’Assemblée générale décide également de convoquer, au cours de sa prochaine session, le Groupe de travail à composition non limitée chargé d’examiner la question de la représentation équitable au Conseil de sécurité et de l’augmentation du nombre de ses membres, ainsi que d’autres questions ayant trait au Conseil de sécurité. 

Saluant la décision de reconduire le processus des négociations intergouvernementales, les intervenants se sont, dans une large mesure, tous accordés à dire que la réforme du Conseil de sécurité est plus urgente que jamais.  « Au vu de la situation géopolitique actuelle, la réforme du Conseil de sécurité doit contribuer à renforcer l’unité parmi les États Membres », a estimé la Chine

Le Groupe des Quatre (Allemagne, Brésil, Inde, et Japon), par la voix du Brésil, a estimé toutefois que le document des négociations révisé a atteint ses limites, notant que si les éléments de convergence se renforcent, le texte ne contient rien de nouveau.  De même le document relève exclusivement de la liberté des Présidents des négociations et ne reflète pas une convergence au niveau multilatéral, tandis que les propositions faites dans le Pacte pour l’avenir ne sont pas consensuelles, a indiqué la délégation qui a appelé à arrêter une méthode de travail pour les négociations intergouvernementales.  Si cela n’est pas fait, alors il faudra conclure que le cadre des négociations n’est plus adapté et qu’il entrave au contraire les pourparlers. 

Ce texte ne fait que documenter nos progrès, en identifiant les domaines de convergence, ainsi que les domaines de divergence qui nécessitent un examen plus approfondi afin d’obtenir l’acceptation politique la plus large possible, a relevé pour sa part Saint-Vincent-et-les Grenadines, au nom du Groupe L.69. Estimant que la décision d’aujourd’hui permettra d’établir les bases de la prochaine session des négociations intergouvernementales, la délégation a appelé à établir un document de fond avant de saluer les dialogues structurés –une initiative innovante introduite lors de cette session– et le libellé utilisé pour décrire la contribution des négociations intergouvernementales au Pacte pour l’avenir.  Cette réalisation renforce l’engagement des États à créer un Conseil de sécurité plus représentatif, transparent, efficace, démocratique et responsable, a-t-elle souligné. 

En raison de l’absence de procédure régulière, ce document, même s’il part d’une bonne intention, ne reste en fin de compte qu’un résumé subjectif des Coprésidents, a tranché l’Inde.  Estimant que l’initiative visant à élargir les éléments de convergence serait dans l’impasse, la délégation a appelé à entamer au plus vite des négociations sur un texte. 

Les membres du Groupe des Quatre ont également regretté que le texte proposé sur la réforme du Conseil dans le but d’être inclus dans le Pacte pour l’avenir ne jouisse pas de l’acceptation la plus large possible des délégations, faute d’avoir fait l’objet d’un processus de négociation en bonne et due forme.  Le Japon a toutefois concédé que ce texte comprend de nombreuses actions importantes à entreprendre, telles que: travailler au développement d’un modèle consolidé par le biais d’un dialogue structuré; souligner l’importance de limiter la portée et l’utilisation du veto, en particulier dans les cas de prévention ou de cessation de génocide, de crimes contre l’humanité ou de crimes de guerre; reconnaître l’injustice historique à l’égard de l’Afrique; et envisager 2030 comme échéance pour élargir le Conseil afin qu’il soit plus représentatif. 

L’Italie, au nom du Groupe du consensus, a salué le fait que des modèles concrets d’une réforme du Conseil aient pu être débattus cette année en prévision du Sommet de l’avenir, tout en déplorant la lenteur avec laquelle s’est faite la reconduction de ces discussions.  Cela sape le processus de négociations intergouvernementales, alors même que l’objectif partagé est un consensus pour une réforme crédible du Conseil, susceptible de restaurer la confiance, a-t-elle constaté. 

Quant au projet de décision adopté ce matin, il a été qualifié d’équilibré par Singapour alors que la Fédération de Russie s’est réjouie de voir qu’il reflète bien les discussions qui ont été menées.  Le consensus est capital, a insisté la délégation russe qui s’est dite confiante que les points de divergence peuvent être surmontés.  Pour le Groupe L.69, un mécanisme de compromis, « qui a fait ses preuves », serait d’ailleurs le moyen par lequel cette réforme pourra être menée à bien. 

Parmi les questions brûlantes, celle des critères d’entrée au Conseil a été soulevée, notamment par Sri Lanka, qui souhaite que ces critères soient clairs et tiennent compte de la contribution des États au maintien de la paix. Le Groupe des États d’Afrique, par la voix de la Sierra Leone, a appelé à réparer « l’injustice historique » infligée au continent africain dans la composition actuelle du Conseil en plaidant pour une reconnaissance du statut particulier de l’Afrique.  Dans la même veine, le Groupe arabe, par la voix de Bahreïn, a demandé une représentation permanente arabe et une représentation appropriée dans le cadre des membres non permanents d’un Conseil réformé.  De son côté, Singapour a souligné que le modèle qui sera retenu ne doit pas réduire la possibilité pour les petits États, notamment les petits États insulaires en développement, d’être élus au Conseil.  Un point de vue partagé par le Pakistan, qui a jugé essentiel d’assurer une représentation accrue des pays de petite et moyenne taille, appelant à une consultation plus active avec les groupes régionaux et sous-régionaux.  La délégation pakistanaise a par ailleurs regretté qu’« une délégation » ait lié la décision orale aux négociations sur le texte du Pacte pour l’avenir, retardant ainsi son adoption. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité achève son débat sur la prévention des conflits

9710e séance (reprise) – après-midi
CS/15798

Le Conseil de sécurité achève son débat sur la prévention des conflits

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, 
la Section des communiqués de presse n’a pas pu couvrir cette séance.)

Le Conseil de sécurité a achevé, cet après-midi, son débat public qui avait pour thème « Consolidation et pérennisation de la paix: le Nouvel Agenda pour la paix – traiter les aspects mondiaux, régionaux et nationaux de la prévention des conflits ».

Entamé le 21 août, cette réunion aura vu plus de 70 délégations s’exprimer sur le sujet.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: pour le Coordonnateur spécial, l’Autorité palestinienne doit être au cœur de la gouvernance des territoires palestiniens occupés

9711e séance - matin
CS/15797

Conseil de sécurité: pour le Coordonnateur spécial, l’Autorité palestinienne doit être au cœur de la gouvernance des territoires palestiniens occupés

Le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, M. Tor Wennesland, a estimé ce matin devant le Conseil de sécurité, à l’instar de certaines délégations, que l’Autorité palestinienne devait être au centre de la gouvernance des territoires palestiniens occupés.  La communauté internationale doit favoriser son retour à Gaza, a-t-il tranché.  Cette séance a en outre été marquée par de nombreux appels à une pause des hostilités à Gaza afin de mener à bien la vaccination des enfants contre la poliomyélite. 

D’emblée, M. Wennesland a dit sa grave préoccupation devant la trajectoire au Moyen-Orient, en citant la guerre à Gaza, le risque d’une escalade régionale, l’absence de solution au conflit israélo-palestinien et la poursuite de l’occupation israélienne.  « Nos capacités individuelles et collectives à gérer et résoudre ces crises sont poussées au-delà de leurs limites. »  Il a mis en garde contre une « étincelle » ou une erreur de calcul qui pourrait déclencher une série d’escalades incontrôlables. 

« Nous avons besoin d’un cessez-le-feu maintenant. »  Le Coordonnateur spécial a ensuite souligné la nécessité de restaurer un horizon politique, en appuyant la solution des deux États.  À cette fin, M. Wennesland a estimé qu’il n’y a pas d’« alternative crédible » à l’Autorité palestinienne s’agissant de la gouvernance des Palestiniens.  Il a donc appelé à renforcer ladite Autorité et à remédier aux actions israéliennes qui la fragilisent. 

Parmi ces actions, le Coordonnateur a cité les opérations des forces de sécurité, la violence des colons, l’expansion des colonies et les pressions financières extrêmes.  « La communauté internationale doit contribuer à remédier à la crise financière structurelle de l’Autorité palestinienne, à renforcer ses capacités et à permettre son retour à Gaza. »  Une position partagée par plusieurs délégations, dont le Japon qui a plaidé pour une unification de Gaza et de la Cisjordanie sous l’égide de l’Autorité palestinienne. 

Même son de cloche du côté de la Slovénie qui a souhaité la prise de mesures en vue de réaliser la solution des deux États.  « Cela doit se traduire sur le terrain, y compris en remédiant à la crise de liquidités en Palestine et en appuyant fermement l’Autorité palestinienne. »  Les États-Unis ont, eux, appelé Israël à débloquer les recettes fiscales palestiniennes. De son côté, Israël a indiqué que « l’on ne pourra pas reconstruire Gaza tant que le Hamas gardera la main ». 

Les cas de poliomyélite ont été au cœur des préoccupations.  Mme Louisa Baxter, de Save the Children, a rappelé qu’il s’agit d’un virus hautement contagieux, particulièrement dangereux pour les enfants de moins de 5 ans.  Très peu des 50 000 enfants nés à Gaza depuis l’escalade du conflit ont reçu les vaccins nécessaires, a-t-elle dit.  Elle a aussi rappelé que le virus se propage principalement par les eaux usées, omniprésentes à Gaza depuis la destruction par Israël des infrastructures d’approvisionnement en eau et d’assainissement. 

À cette aune, les délégations ont été nombreuses à relayer les appels de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) pour une pause des hostilités à Gaza aux fins de vaccination des enfants.  « Plus de 640 000 enfants de moins de 10 ans doivent être vaccinés », a rappelé le Royaume-Uni, tandis que l’Algérie a dit vouloir contribuer aux efforts, avec la construction de trois hôpitaux à Gaza.  Les parties doivent faciliter la campagne de vaccination, ont appuyé la Sierra Leone et les États-Unis. 

Le délégué israélien a souligné qu’une campagne de vaccination a déjà été lancée à Gaza et qu’une autre est en préparation.  Les Forces de défense israéliennes ont des valeurs morales parmi les plus solides, a-t-il assuré.  De son côté, l’Observateur permanent de l’État de Palestine a rappelé que l’État de Palestine avait été épargné par la poliomyélite pendant 25 ans, avant de soutenir une campagne de vaccination urgente.  Reprenant les paroles du Secrétaire général, il a également martelé qu’« un vaccin ultime contre la poliomyélite est la paix et un cessez-le-feu humanitaire immédiat ». 

Les États-Unis ont fait le point sur les négociations en cours.  Le Premier Ministre israélien a confirmé que son pays acceptait les propositions de paix, a indiqué leur déléguée.  « Nous avons maintenant une approche pour sauver des vies, reconstruire Gaza et ramener les otages à la maison », s’est-elle félicitée, en exhortant le Hamas à accepter ces propositions.  La Russie a, elle, ironisé sur ce « tour de passe-passe » des États-Unis qui essayent encore aujourd’hui de « vendre » leur plan de paix alors qu’Israël est décidé à maintenir une présence militaire sur le terrain. 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

M. TOR WENNESLAND, Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, a dit sa grave préoccupation devant la trajectoire au Moyen-Orient.  La guerre à Gaza, le risque grave d’une escalade régionale, le manque de solution pour le conflit israélo-palestinien et la poursuite de l’occupation alimentent une situation volatile, a-t-il noté.  « Nos capacités individuelles et collectives à gérer et résoudre ces crises sont poussées au-delà de leurs limites. »  Il a mis en garde contre une étincelle ou une erreur de calcul qui pourrait déclencher une série d’escalades incontrôlables.  « Nous avons besoin d’un cessez-le-feu maintenant. » 

M. Wennesland a appelé à la poursuite des efforts afin d’apaiser les souffrances humaines dans la région.  « Cela veut dire un cessez-le-feu immédiat et la libération des otages, cela veut dire des efforts diplomatiques de désescalade dans la région et cela veut dire la prise de mesures irréversibles en vue de rétablir un cadre de règlement du conflit et de promouvoir la solution des deux États. » Si l’un de ces éléments vient à manquer, alors la paix et la stabilité ne pourront pas voir le jour, a-t-il déclaré. 

Il a détaillé l’effroyable bilan de la guerre à Gaza, avec la mort de plus de 40 000 Palestiniens et de 1 600 ressortissants israéliens et étrangers.  Le mois dernier, plus de 200 000 Palestiniens ont dû évacuer, dernier épisode d’un déplacement de masse dans la bande de Gaza.  Il a souligné l’ampleur des destructions à Gaza, avant de mentionner l’apparition des premiers cas de poliomyélite depuis 25 ans. 

« Alors que le monde a les yeux braqués sur Gaza, la Cisjordanie occupée demeure une poudrière », s’est encore alarmé le Coordonnateur spécial en notant que les forces israéliennes continuent de mener des opérations dans la zone A, tandis que les attaques des militants palestiniens se poursuivent. Il a dénoncé l’assaut donné par des colons israéliens contre le village palestinien de Jit près de Naplouse le 15 août, conséquence de l’expansion des colonies en Cisjordanie.  Il a également dénoncé toute violation du statu quo autour des lieux saints. 

M. Wennesland a ensuite évoqué les tensions le long de la Ligne bleue entre le Hezbollah et Israël, ainsi que les attaques aériennes perpétrées contre Israël par des forces soutenues par l’Iran.  Au regard de ces tendances négatives, et après plus de 300 jours de guerre à Gaza, le Coordonnateur spécial a estimé que la région est à un tournant.  « Un cessez-le-feu et la libération des otages maintenant sont impératifs pour la paix et la sécurité régionales. » Le Coordonnateur spécial a salué les efforts des médiateurs –l’Égypte, le Qatar et les États-Unis– et exhorté les parties à trouver un accord dans les prochains jours.  « Il n’y a plus de temps à perdre. » 

M. Wennesland a estimé que l’Autorité palestinienne doit être au centre de la gouvernance du Territoire occupé palestinien.  « Il n’y a pas d’alternative crédible », a-t-il dit, en appelant à renforcer ladite Autorité et à remédier aux actions israéliennes qui la fragilisent.  Parmi ces actions, le Coordonnateur a cité les opérations de sécurité, la violence des colons, l’expansion des colonies et les pressions financières extrêmes.  « La communauté internationale doit contribuer à remédier à la crise financière structurelle de l’Autorité palestinienne, à renforcer ses capacités et à permettre son retour à Gaza. » Enfin, M. Wennesland a souligné la nécessité de rétablir un horizon politique, en appuyant la solution des deux États. 

Mme LOUISA BAXTER, de l’organisation Save the Children, qui travaille en tant que médecin à Gaza, a témoigné que depuis 320 jours, les enfants vivant sous des bombardements incessants sont tués, déplacés et assiégés.  Leurs besoins ont augmenté de façon exponentielle, tout comme les restrictions imposées à la capacité de la communauté internationale à y répondre.  Selon le Ministère de la santé de Gaza, plus de 1% de la population infantile totale (14 000 enfants) a été tuée, et il s’agit probablement d’une sous-estimation grossière, selon Mme Baxter, car ce chiffre n’a pas été mis à jour depuis le mois de mai.  Les corps d’au moins 10 000 personnes, dont de nombreux enfants, sont toujours perdus. 

Le médecin a fait état d’une « destruction massive », avec plus de 1,9 million de personnes déplacées vivant dans les décombres, les ordures et les eaux usées, alors que les soi-disant « ordres d’évacuation » se multiplient.  Elle a indiqué notamment qu’à Deïr el-Balah, des milliers de personnes ont à nouveau été déplacées.  Les cliniques, les entrepôts humanitaires et les centres d’approvisionnement sont devenus inaccessibles, a précisé le docteur Baxter en signalant plus de 13 000 personnes soignées dans la clinique locale, dont des enfants présentant des signes de traumatisme profond.  De plus, les maladies infantiles courantes sont aggravées par la malnutrition sur fond de manque d’eau et d’absence de médicaments simples.  Le Gouvernement israélien a bloqué l’approvisionnement en antibiotiques, en analgésiques et même en réfrigérateurs pour les vaccins, a expliqué le médecin pour laquelle il s’agit d’une obstruction délibérée et répétée de l’aide humanitaire.  « Soyons clairs: aucun endroit de Gaza n’est sûr. »

Soulignant que les équipes de protection de Save the Children à Gaza travaillent avec des enfants libérés du système de détention militaire israélien, elle a expliqué que ces enfants font état de violences sexuelles, y compris de viols.  Ils disent avoir été privés de nourriture, battus et attaqués par des chiens.  Ils disent avoir vu leurs parents déshabillés et battus devant eux.  Ces enfants ont du mal à surmonter le profond traumatisme et les dommages mentaux et physiques qu’ils ont subis, s’est-elle inquiétée.  Elle s’est également dite préoccupée des otages israéliens à Gaza, n’ayant aucune information sur leur traitement. 

Mme Baxter a par ailleurs confirmé les débuts d’une épidémie de poliomyélite à Gaza, rappelant qu’il s’agit d’un virus hautement contagieux et que les enfants de moins de 5 ans sont particulièrement vulnérables.  Or les services de vaccination se sont effondrés au cours des 10 derniers mois, s’est-elle désolée en prévenant que sur les 50 000 enfants nés à Gaza depuis l’escalade du conflit, beaucoup n’auront reçu aucun des vaccins nécessaires à leur enfance.  La poliomyélite se propage principalement par l’eau, en particulier les eaux usées, qui sont désormais omniprésentes à Gaza, a-t-elle encore expliqué en précisant que le Gouvernement israélien a détruit les infrastructures d’approvisionnement en eau et d’assainissement, tout en empêchant l’eau propre d’entrer dans la bande de Gaza.  Pour le docteur Baxter, c’est cette baisse de l’immunité de la population, combinée à des conditions sanitaires et environnementales désastreuses, qui a permis la réapparition de la maladie.  Elle a mis en garde que sans mesures préventives immédiates, cette épidémie de poliomyélite ne sera pas seulement une catastrophe pour les enfants de Gaza, mais elle risque de faire reculer considérablement les efforts d’éradication à l’échelle mondiale.

S’agissant de l’acheminement des fournitures médicales, le docteur Baxter a martelé que nous ne devrions pas avoir besoin de négociations ou d’autorisations spéciales, et que les humanitaires et les équipes médicales ne devraient pas passer près d’un an à plaider pour que les règles de la guerre soient respectées par les parties au conflit.  Elle a aussi fait remarquer qu’une action urgente pour protéger les enfants de Gaza ne devrait pas intervenir uniquement lorsque les dangers auxquels ils sont confrontés posent des risques au-delà de leurs frontières.  Toutes les parties au conflit ont l’obligation légale, normative et morale de faciliter l’accès humanitaire et médical dans toute la mesure nécessaire à la population, a-t-elle rappelé.  « Et il est de la responsabilité de chaque État Membre, y compris des 15 membres de ce Conseil, de veiller à ce que ces droits soient respectés. » 

Le docteur Baxter a conclu par une demande de cessation des hostilités durant plusieurs jours entiers et consécutifs, avec des conditions énoncées publiquement et partagées avec toutes les communautés.  Le respect de ces conditions doit faire l’objet d’un contrôle rigoureux de la part de ce Conseil, a-t-elle plaidé en espérant que cette occasion permette non seulement d’obtenir des vaccins, mais aussi de fournir à Gaza une aide humanitaire à grande échelle.  En définitive, a conclu Mme Baxter, seul un cessez-le-feu immédiat et durable permettra de répondre à la multitude des besoins à Gaza. 

La représentante des États-Unis a fait état de la visite du Secrétaire d’État Anthony Blinken au Moyen-Orient qui vient de se terminer.  Il s’agit de sa neuvième visite depuis l’attaque du Hamas du 7 octobre dernier.  M. Blinken, a-t-elle dit, en a profité pour poursuivre les pourparlers de paix. Il a indiqué à cet égard que le Premier Ministre israélien avait confirmé que son pays acceptait les propositions de paix faites par les États-Unis, le Qatar et l’Égypte.  « Nous avons maintenant une approche pour sauver des vies, reconstruire Gaza et ramener les otages à la maison », s’est-elle félicitée, plaidant pour que le Hamas accepte ces propositions. 

La déléguée a par ailleurs appelé Israël à faciliter la vaccination des enfants de Gaza, notamment contre la poliomyélite.  Elle a également évoqué la situation en Cisjordanie, soulignant que les attaques contre les civils commises par les colons doivent cesser.  Les autorités israéliennes doivent donc intervenir pour faire cesser ces attaques et demander des comptes aux auteurs, a-t-elle réclamé.  La représentante a aussi appelé Israël à débloquer les revenus fiscaux palestiniens. Elle a jugé inquiétantes les informations sur de futures campagnes de colonisations par Israël, faisant remarquer que cela ne faciliterait pas la solution des deux États.  La déléguée a, de plus, appelé le Hamas à transférer immédiatement les dépouilles des Israéliens décédés à Gaza, avant d’appeler la communauté internationale à tout faire pour parvenir à un cessez-le-feu et à la libération des otages. 

Le représentant de la Slovénie a appuyé l’appel du Secrétaire général pour une pause à Gaza afin de soigner les cas de poliomyélite par l’administration des vaccins nécessaires.  Un cessez-le-feu durable est crucial, a dit le délégué, en appuyant les efforts des médiateurs.  Il a estimé que les tendances négatives actuelles ne pourront pas être contrecarrées par une poursuite des colonies de peuplement.  Il a également condamné toute violation du statu quo autour des Lieux saints.  Enfin, il a plaidé pour la prise de mesures en vue de réaliser la solution des deux États. « Cela doit se traduire sur le terrain, y compris en remédiant à la crise de liquidités en Palestine et en appuyant fermement l’Autorité palestinienne. » 

Soutenant les efforts de médiation des États-Unis, de l’Égypte et du Qatar, la représentante de la France a déclaré que ces négociations doivent aboutir au plus vite, en appelant les parties à faire les compromis nécessaires pour que la guerre s’arrête à Gaza, que l’aide humanitaire y afflue massivement et que les otages retrouvent enfin leurs familles.  Il faut un cessez-le-feu immédiat et permanent dans la bande de Gaza, a-t-elle martelé.  Préoccupée par la situation sanitaire et notamment de la recrudescence des cas de poliomyélite à Gaza, elle a appelé Israël à prendre toutes les mesures nécessaires pour permettre la vaccination de la population.  Dans un contexte d’extrêmes tensions, la France condamne tout acte de provocation, à Jérusalem comme en Cisjordanie, a-t-elle poursuivi en rappelant aux autorités israéliennes leur responsabilité de faire respecter le statu quo historique sur les Lieux saints à Jérusalem.  De plus, elle a demandé à Israël de prendre toutes les mesures qui s’imposent face aux attaques inacceptables de colons menées contre la population civile palestinienne en Cisjordanie.  Face à la montée des tensions au Moyen-Orient, ce Conseil doit tout faire pour éviter un embrasement régional, a fait valoir la représentante. Elle a fait part de son soutien à la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), dont l’action est indispensable, et a appelé le Conseil à soutenir le projet de résolution renouvelant le mandat de la Force pour 12 mois. 

Le représentant de l’Équateur s’est inquiété du risque sérieux que représente la résurgence de la poliomyélite à Gaza.  Il a appuyé l’initiative de l’ONU qui entend organiser une campagne de vaccination massive pour protéger les enfants de Gaza.  Il est urgent et essentiel que les parties apportent des garanties de sécurité à cet effet, a-t-il plaidé.  Le délégué a ensuite appelé les pays qui exercent une influence sur les parties à faire tous les efforts pour parvenir à un accord de paix. 

Les attaques se poursuivent en Cisjordanie, a-t-il déploré en évoquant la violence des colons contre des civils palestiniens.  Il a condamné les actes terroristes comme l’attentat de dimanche dernier revendiqué par le Jihad islamique, ainsi que les attentats du 7 octobre 2023 et les prises d’otages.  Il a émis le vœu que les parties parviennent à un accord qui permettra un cessez-le-feu et la libération des otages. 

La représentante du Royaume-Uni a estimé que Gaza est l’endroit le plus meurtrier au monde pour un enfant.  Les enfants représentent un tiers des victimes palestiniennes à Gaza, s’est-elle inquiétée.  Elle a ensuite demandé la libération des otages aux mains du Hamas.  Elle a plaidé pour un cessez-le-feu immédiat à Gaza, avant d’appeler à remédier à l’épidémie de poliomyélite, notant que plus de 640 000 enfants de moins de 10 ans doivent être vaccinés.  Enfin, la déléguée a qualifié d’inexcusable la violence des colons en Cisjordanie, qualifiant d’effroyable la récente attaque contre le village de Jit.  « Mon pays a sanctionné huit individus et deux entités pour violence », a-t-elle fait savoir. 

Le représentant du Mozambique a demandé qu’il soit mis fin immédiatement au cycle de la violence dans les territoires occupés et que soient intensifiés les efforts pour prévenir l’escalade régionale.  Il a plaidé pour un cessez-le-feu durable et urgent pour protéger les civils, permettre le retour des otages et assurer l’acheminement de l’aide humanitaire.  La paix et la sécurité internationales se construisent sur la base d’un dialogue sincère, constructif et significatif, ainsi que sur la confiance, a fait valoir le représentant.  Par conséquent, les parties au conflit de Gaza devraient démontrer leur intérêt et leur volonté de changer le cours des événements en Palestine par leurs actions. 

Revenant sur le risque imminent d’une épidémie de poliomyélite à Gaza, il a exhorté à une aide humanitaire et sanitaire urgente et immédiate dans la bande. Il a soutenu les efforts de dialogue et de négociation et a réaffirmé son ferme soutien à un règlement juste et global entre Israéliens et Palestiniens, avec l’État d’Israël et un État palestinien démocratique et souverain, vivant l’un à côté de l’autre dans la paix et la sécurité et se reconnaissant mutuellement en tant que Membres à part entière des Nations Unies. 

Le représentant de la Chine a relevé que les actions militaires ne conduiront pas à la paix, ni pour Israël ni pour la région.  La famine et les vies civiles ne peuvent être monnayées, a-t-il dit en appelant Israël à laisser passer l’assistance humanitaire à Gaza.  Il a indiqué que la solution sera trouvée avec la contribution de toutes les parties.  Il a exhorté Israël à cesser les opérations militaires à Gaza et le massacre des civils.  Il a dit soutenir toute mesure que prendrait le Conseil de sécurité pour promouvoir la mise en œuvre des résolutions pertinentes sur Gaza.  La Chine, a-t-il ajouté, se tient prête à travailler avec la communauté internationale pour alléger la catastrophe humanitaire de Gaza. 

La représentante du Guyana a dénoncé l’impuissance du Conseil devant les souffrances inimaginables endurées par les Palestiniens.  Elle s’est élevée contre l’attaque menée par des colons israéliens contre le village palestinien de Jit, en Cisjordanie.  Toute résistance à l’occupation et à l’oppression est punie avec une brutalité qui ferait rougir les oppresseurs les plus cruels de l’histoire, s’est impatientée la représentante.  Elle a estimé que la vie des Palestiniens et des Israéliens est sacrée et qu’aucune n’est supérieure à l’autre.  Enfin, compte tenu de la violation par Israël de ses obligations, elle a exhorté le Conseil à examiner « sérieusement » les mesures nécessaires afin d’y remédier. 

La représentante de Malte a jugé urgent de s’attaquer à la famine provoquée par l’homme et à la menace de la poliomyélite, en appuyant l’appel du Secrétaire général à une « pause poliomyélite » pour faire face à cette crise.  « Toutefois, les Nations Unies ne peuvent s’efforcer de sauver des vies grâce aux vaccins, si c’est pour les voir à nouveau détruites par des bombes et des balles. »  Elle a donc demandé instamment aux deux parties d’accepter les termes du cessez-le-feu et de le mettre en œuvre afin de garantir la libération des otages et la résolution de la crise humanitaire à Gaza. 

La représentante s’est indignée de constater que, dans le « cauchemar » que vivent les civils de Gaza jour après jour, toutes les principales menaces à la condition humaine sont réunies, allant de la famine à la maladie, des déplacements à l’anarchie, sans oublier l’impunité, les traumatismes psychologiques et le désespoir.  Elle a notamment mis en exergue la privation délibérée de soins de santé et la décimation des infrastructures, ce qui affecte particulièrement les femmes et les enfants.  Elle a exigé le strict respect du droit international humanitaire, avant de demander l’acheminement sans entrave de l’aide humanitaire à travers Gaza, notamment par l’ouverture de tous les points de passage, y compris les postes-frontières. La déléguée a également demandé des enquêtes sur les violations des droits humains dans les territoires palestiniens occupés, dénonçant notamment la présence israélienne dans ces territoires et la violence des colons. 

Le représentant du Japon s’est dit consterné par les hostilités incessantes à Gaza et leur « inimaginable bilan humain ».  La situation humanitaire demeure extrêmement préoccupante. Il a noté que les tensions se font sentir hors de Gaza, en dénonçant la violence des colons israéliens.  Il a indiqué que le Japon a pris de récentes sanctions contre les colons violents.  Leur comportement sape la solution des deux États et ne doit pas être toléré, a tranché le délégué.  Il a jugé capital un cessez-le-feu à Gaza afin de mettre fin au « cauchemar » et de restaurer la paix au Moyen-Orient.  Enfin, il a plaidé pour une unification de la bande de Gaza et de la Cisjordanie sous l’égide de l’Autorité palestinienne. 

Le représentant de la Suisse a jugé impératif qu’un accord de cessez-le-feu soit conclu au plus vite.  Il a salué les efforts de médiation du Qatar, de l’Égypte et des États-Unis et appelé les parties à s’engager de bonne foi dans ces négociations.  Il a indiqué que la Suisse soutient la mise en place urgente du plan de vaccination en deux phases de l’ONU contre la poliomyélite et est disposée à y contribuer financièrement. 

Le délégué a relevé qu’en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, les propos inflammatoires, provocations, mesures unilatérales ou actes de violence contre les civils, attisent les tensions.  Malgré les appels unanimes de ce Conseil, les attaques, menaces et intimidations de colons israéliens contre la population palestinienne, comme récemment dans le village de Jit, se poursuivent dans une quasi-impunité, a-t-il déploré.  La Suisse condamne ces attaques, a-t-il dit en rappelant qu’Israël a l’obligation de protéger les civils palestiniens, de prévenir la violence à leur encontre, y compris celle des colons, et de faire en sorte que leurs auteurs soient traduits en justice. 

Le représentant de la République de Corée a appelé à un cessez-le-feu immédiat pour mettre fin à la tragédie de Gaza.  Toute extension de ce conflit ne conduira qu’à de nouvelles morts de civils innocents, a-t-il mis en garde, et cela ne fera qu’aggraver la catastrophe humanitaire en cours.  Compte tenu de la menace permanente qui pèse sur la sécurité des travailleurs humanitaires et de la destruction complète de l’ordre public, il a souligné que sans un cessez-le-feu immédiat, il sera impossible d’alléger les souffrances humaines et d’éviter la possibilité d’une pandémie généralisée de poliomyélite.  Les tensions régionales de plus en plus dangereuses sont une autre raison pour laquelle un cessez-le-feu immédiat s’impose, a-t-il souligné, évoquant l’exacerbation de la violence en Cisjordanie, les frappes quotidiennes du Hezbollah et des Forces de défense israéliennes à travers la Ligne bleue et les attaques incessantes des houthistes en mer Rouge. 

Appelant à garder à l’esprit que sans un règlement durable basé sur la solution des deux États, la sécurité à long terme d’Israël ne peut être garantie, il a estimé qu’un cessez-le-feu immédiat doit être le premier pas vers cette aspiration.  Tout le monde, y compris les décideurs israéliens et les dirigeants du Hamas, doit donner la priorité à l’énorme souffrance des otages israéliens et des civils palestiniens, ainsi qu’à la paix régionale, a-t-il exigé en estimant qu’il est temps de parvenir à un accord.  À cet égard, il a salué les efforts de médiation déployés par les États-Unis, l’Égypte et le Qatar. 

Le représentant de l’Algérie a souligné la nécessité de mener des campagnes de vaccination contre la poliomyélite à Gaza.  « Mon pays est prêt à contribuer aux efforts, y compris par la construction de trois hôpitaux et le déploiement de personnel soignant. » Il a relayé les appels de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) pour une pause dans le conflit, aux fins de vaccination.  Il a estimé que la situation à Gaza est catastrophique et qu’aucune lueur d’espoir n’existe.  Un cessez-le-feu permanent à Gaza est le seul moyen d’éviter une escalade accrue dans la région, a-t-il dit.  Enfin, il a dénoncé la violence des colons, alertant sur un risque réel de voir la situation à Gaza se produire en Cisjordanie.  « La communauté internationale ne peut pas rester silencieuse. » 

Le représentant de la Fédération de Russie a accusé le Conseil de sécurité d’apathie devant ce qui se passe à Gaza.  Il a accusé Israël de bloquer le travail des humanitaires alors que les membres du Conseil ont pourtant souscrit à la proposition de paix américaine, même si la Russie s’était abstenue.  Il a ironisé sur ce « tour de passe-passe » des États-Unis qui essayent encore aujourd’hui de « vendre » leur plan de paix alors qu’Israël est décidé à maintenir la présence des Forces de défense israéliennes sur le terrain.  « Au nom de qui les États-Unis ont-ils travaillé en avançant un plan de paix dont les termes n’ont pas été agréés par le Conseil de sécurité? » a-t-il demandé. 

Le délégué a estimé que le Premier Ministre israélien fait de la provocation avec le soutien américain.  « Combien de temps allons-nous rester les bras croisés alors que Washington retient en otage le Conseil depuis plus de 10 mois en menaçant de recourir au veto? »  Il a déploré l’effet de cette situation sur l’autorité du Conseil, avant de préconiser d’adopter une nouvelle résolution « avec les outils nécessaires » pour faire cesser la violence.  Il est aussi important que Washington cesse de verser des milliards de dollars pour armer Israël, a-t-il réclamé, tout en rappelant qu’il y a déjà eu 40 000 victimes dont une majorité de femmes et d’enfants. 

Le représentant de la Sierra Leone a appelé à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu, à la libération des otages et à la garantie d’un accès humanitaire à Gaza.  Il a appuyé la campagne de vaccination contre la poliomyélite à Gaza et demandé que les parties la facilitent.  Le délégué s’est dit extrêmement préoccupé par la violence des colons en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.  Il a salué la reprise des négociations à Doha la semaine dernière, et a encouragé les médiateurs à utiliser tous les outils à leur disposition afin de parvenir rapidement à un accord.  Enfin, le délégué a appuyé la solution des deux États. 

L’Observateur permanent de l’État de Palestine s’est alarmé du risque imminent de retour de l’épidémie de poliomyélite à Gaza, alors qu’il n’y avait pas eu de cas depuis 25 ans.  « Gaza n’a pas besoin de plus de paralysie et de mort, d’abord par les bombes et les balles, puis la famine et la maladie sur fond d’occupation!»  Si la vie à Gaza a été détruite, Gaza a besoin que la vie soit restaurée, et elle en a besoin maintenant, s’est-il impatienté. C’est pourquoi le représentant a pleinement soutenu la proposition du Secrétaire général en faveur d’une campagne de vaccination urgente pour arrêter la propagation de cette maladie, arguant que toute obstruction à cet effort serait une preuve supplémentaire de l’intention et des actes génocidaires d’Israël à l’encontre de son peuple.  Reprenant les paroles du Secrétaire général, il a martelé que « le vaccin ultime contre la poliomyélite est la paix et un cessez-le-feu humanitaire immédiat ».

La population palestinienne de Gaza a été témoin et a ressenti dans sa chair l’effondrement programmé de toutes les conditions de vie dans la bande, a constaté l’Observateur permanent en citant l’effondrement du système de santé et du système éducatif sous l’assaut d’Israël, mais également l’absence de tout sentiment de sécurité à la suite de la destruction de la quasi-totalité des maisons et des bombardement visant les soi-disant « zones de sécurité », sans oublier l’effondrement des structures sociales par les déplacements et les morts. « Et Israël n’en a toujours pas assez. »  Il a accusé le Gouvernement israélien de se soucier davantage de tuer des Palestiniens que de sauver les otages israéliens.  S’adressant à ceux qui voudraient remettre le sort de son peuple entre les mains de ce gouvernement, il les a prévenus qu’ils se trompent lourdement.  Il a exigé un cessez-le-feu maintenant, conformément aux termes de la résolution 2735 (2024).  Il a rejeté toute autre condition ou exigence de mauvaise foi allant à l’encontre de l’esprit et de la lettre de la résolution et visant clairement à faire dérailler les efforts en vue d’un cessez-le-feu.  « Qui vous empêche d’appliquer cette résolution? » a-t-il lancé aux membres du Conseil.  « Quand allez-vous agir? »  Avec ou sans accord, rien ne justifie qu’Israël continue de tuer des civils palestiniens innocents, des enfants, des bébés, a-t-il insisté.  Il n’y a pas non plus d’excuses pour autoriser les attaques continues des forces d’occupation israéliennes et des milices de colons contre les civils palestiniens en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, a-t-il asséné. 

Rappelant que, face à un génocide, le monde a la responsabilité de l’arrêter, immédiatement et sans condition, il a décrit le conflit à Gaza comme une guerre d’atrocités.  Le seul moyen d’arrêter ces atrocités est d’arrêter cette guerre, a-t-il tranché en soulignant qu’elle ne peut être justifiée d’aucune manière.  On dit souvent que la justice est aveugle, a-t-il poursuivi, ce qui signifie que la justice ne fait pas de discrimination, qu’elle est juste et égale pour tous, indépendamment de la race, de la nationalité, de l’appartenance ethnique ou de la religion.  Pourtant, certains veulent que la justice soit aveugle à la douleur et à la souffrance de notre peuple, a-t-il affirmé, qu’elle soit aveugle lorsque les crimes sont commis par des Israéliens.  « Nous ne l’accepterons pas. » 

En attendant que le Conseil agisse, le Président Mahmoud Abbas a déclaré son intention de se rendre à Gaza, en appelant les leaders du monde entier à se joindre à lui et à soutenir cette initiative, a indiqué l’Observateur permanent en relayant l’invitation aux membres du Conseil.  Il a également annoncé que le mois prochain, à l’Assemblée générale, la délégation palestinienne demandera que l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice devienne une résolution applicable avec un calendrier précis pour la fin de l’occupation israélienne de la Cisjordanie.  Il a espéré pouvoir compter sur le soutien des États Membres.  « Mettez fin à ce génocide.  Imposez un cessez-le-feu immédiat », a conclu l’Observateur permanent. 

Le représentant d’Israël a accusé le Conseil de n’avoir pas agi immédiatement pour soutenir Israël après le massacre du 7 octobre 2023. Et 320 jours après ces actes, il n’y a toujours pas de condamnation du Hamas, s’est-il indigné.  Il a expliqué que cette guerre a été imposée à Israël qui n’en n’a pas voulu.  Il a assuré que son pays n’avait pas intentionnellement ciblé des civils ou empêché l’aide d’accéder à Gaza.  Il a aussi assuré qu’une campagne de vaccination était déjà lancée à Gaza et qu’une autre était en préparation.  Les Forces de défense israéliennes ont des valeurs morales parmi les plus solides, s’est prévalu le représentant avant d’accuser le Hamas de priver les civils de nourriture par calcul politique, alors que l’ONU et l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) continuent de collaborer avec lui. 

Selon le délégué, les Accords d’Abraham ont laissé voir que les populations arabes de la région veulent un avenir de paix.  La défaite du Hamas permettra aux civils de Gaza de décider de leur avenir, a-t-il espéré, arguant qu’on ne peut reconstruire Gaza si le Hamas garde la main.  Le délégué a accusé le Conseil d’avoir passé les 20 dernières années à instiguer la violence en adoptant des résolutions prétendument en faveur de la paix. S’adressant ensuite à l’Observateur permanent de l’État de Palestine, il lui a demandé de condamner le Hamas.  À défaut, il a prévenu qu’il serait considéré comme « un terroriste et l’un d’entre eux ». 

Le délégué israélien a également accusé l’Iran de jouer un rôle dans le chaos du Moyen-Orient, avant d’accuser le Hezbollah d’avoir lancé des attaques contre Israël après le 8 octobre.  De ce fait, près de 100 000 civils israéliens restent déplacés du fait des tirs de roquettes du Hezbollah, s’est indigné le représentant.  « L’époque où le sang juif était répandu sans réaction est révolu, et l’époque où les juifs étaient à la merci des tyrans est révolu », a-t-il déclaré.  « Nous sommes désormais les capitaines de notre navire, et nous prendrons toutes les mesures nécessaires contre celles et ceux qui veulent nous nuire », a-t-il conclu. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: gros plan sur le Nouvel Agenda pour la paix, un programme « fondé sur le rétablissement de la confiance entre pays et au sein des pays »

9710e séance – matin & après-midi
CS/15796

Conseil de sécurité: gros plan sur le Nouvel Agenda pour la paix, un programme « fondé sur le rétablissement de la confiance entre pays et au sein des pays »

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Le Conseil de sécurité a tenu aujourd’hui un débat public sur la prévention des conflits dans le monde, une séance présidée par le Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la République de Sierra Leone, M. Musa Timothy Kabba. Les orateurs ont tablé sur le thème « Consolidation et pérennisation de la paix: le Nouvel Agenda pour la paix – traiter les aspects mondiaux, régionaux et nationaux de la prévention des conflits ».

C’est en juillet 2023 que le Secrétaire général de l’ONU a défini une vision visant à renforcer l’action multilatérale en faveur de la paix dans un monde en transition et devant servir de contribution aux travaux du Sommet de l’avenir qui se tiendra en septembre.  Dans ce « Nouvel Agenda pour la paix », il passe en revue les menaces qui pèsent sur la paix et la sécurité dans le monde et étudie les moyens devant permettre aux États Membres de dépasser la logique actuelle de concurrence et de trouver des voies de coopération et d’action collective pour poursuivre des intérêts communs.  Il souligne aussi que la prévention des conflits est une priorité politique qui permet de sauver des vies et de préserver les acquis du développement.  Or, celle-ci ne reçoit pas le traitement prioritaire qu’elle mérite. 

C’est là la raison d’être du nouvel agenda qui fournit aux États Membres une feuille de route pour parvenir à la paix.  Cette feuille de route, a expliqué la Sous-Secrétaire générale chargée du Bureau d’appui à la consolidation de la paix, est fondée sur le rétablissement de la confiance entre les pays, mais aussi au sein de chacun d’eux, et enracinée dans les principes d’universalité et de solidarité.  Mme Elizabeth Spehar a dit que ce programme propose un changement de paradigme en matière de prévention, fondé sur deux principes fondamentaux: premièrement, l’idée que la prévention doit être universelle –aucun pays n’est à l’abri des facteurs de conflit et de violence–, et deuxièmement, la reconnaissance du fait que nous devons nous concentrer sur l’action et les priorités nationales. 

Le Nouvel Agenda pour la paix met également l’accent sur l’appropriation nationale comme principe directeur pour des efforts efficaces de prévention et de consolidation de la paix.  Il souligne en outre la nécessité d’inclure des voix diverses, les besoins et la participation de tous les segments de la société, ce qui peut aider à rendre la paix plus durable, a précisé la Sous-Secrétaire générale qui s’est dite inquiète de constater que les investissements dans la paix et la prévention des conflits diminuent sans cesse alors que les dépenses militaires augmentent dans le monde entier. 

Le Nouvel Agenda pour la paix offre à l’ONU la possibilité de moderniser sa boîte à outils de prévention, a déclaré à son tour le Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la Sierra Leone, qui a aussi proposé de tabler sur l’amélioration des économies des pays les moins développés en offrant des opportunités de croissance adéquates et nouvelles, des systèmes de prêt équitables ainsi que des opportunités commerciales internationales plus durables et mieux adaptées au marché mondial d’aujourd’hui. 

Le Commissaire aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité de l’Union africaine, M. Bankole Adeoye, a pour sa part invité le Conseil de sécurité à intégrer les voix de toutes les régions, en particulier celles du Sud, pour garantir que le cadre international de paix et de sécurité soit reconfiguré pour être inclusif et efficace.  Les donateurs devraient investir davantage dans la recherche, la communication et le dialogue en tant que stratégies cruciales de prévention des conflits, a conseillé la Secrétaire exécutive de la Independent Commission for Peace and National Cohesion de la Sierra Leone, Mme Hawa Samai.  L’intégration de la dimension de genre, l’implication des jeunes et des personnes handicapées et l’accent mis sur l’appropriation et la participation locales sont d’autres éléments cruciaux qui ont contribué au succès de la Sierra Leone, a-t-elle témoigné, rappelant le chemin de son pays du conflit vers une paix inclusive et le développement.  Le Mozambique a également partagé son expérience en matière de consolidation de la paix.  Son délégué a indiqué que le processus de paix de Maputo qui a abouti à l’Accord de paix et de réconciliation de 2019 témoigne de l’importance de l’appropriation locale, du dialogue et du soutien international dans la résolution des conflits. 

La représentante des États-Unis a, comme plusieurs intervenants, rappelé que les questions de paix, de développement et les efforts humanitaires se renforcent mutuellement.  Il est donc crucial de coordonner ces efforts.  De même, la Commission de consolidation de la paix est tout indiquée pour un partage d’expériences sur la prévention nationale, ont souligné maints orateurs notant que son expertise peut accompagner les pays qui le souhaitent dans leurs processus de consolidation de la paix. 

La Commission de consolidation de la paix est bien placée pour servir de passerelle pour le Conseil de sécurité lorsqu’il examine les situations de conflit ou lorsque les pays sortent d’un conflit, a appuyé le Guyana, notant que cet organe subsidiaire dispose d’un riche corpus d’expertises sur lequel on peut s’appuyer pour transformer les conditions qui génèrent des conflits violents et qui peut fournir des orientations stratégiques sur des situations nationales spécifiques.

En outre, a indiqué Malte, la prévention efficace nécessite une compréhension de la dynamique sexospécifique des causes et des conséquences des conflits.  Les mesures de désarmement et de contrôle des armes tenant compte de l’approche sexospécifique sont essentielles pour prévenir les violences sexuelles liées aux conflits, a constaté la délégation. 

Le Japon a conseillé d’adopter des approches spécifiques à chaque contexte et dirigées par le pays lui-même, un point de vue partagé par la Fédération de Russie qui a souligné que les stratégies de prévention des conflits et de la violence ne doivent pas être adaptées aux intérêts des donateurs étrangers, reprochant aux anciennes métropoles et leurs alliés d’avoir recours à tous les moyens possibles pour empêcher la formation d’un ordre mondial plus juste et multipolaire.

CONSOLIDATION ET PÉRENNISATION DE LA PAIX

Le Nouvel Agenda pour la paix – traiter les aspects mondiaux, régionaux et nationaux de la prévention des conflits (S/2024/581)

Exposés

Mme ELIZABETH SPEHARSous-Secrétaire générale chargée du Bureau d’appui à la consolidation de la paix, a déclaré qu’en donnant la priorité à la prévention des conflits et à la consolidation de la paix, il est possible de contribuer à inverser les tendances à la multiplication des conflits, à offrir des opportunités aux personnes touchées par la violence et à réduire les coûts humain et économique des guerres.  Raison pour laquelle un Nouvel Agenda pour la paix fournit aux États Membres une feuille de route pour y parvenir, fondée sur le rétablissement de la confiance entre pays, mais aussi au sein de chacun d’eux, enracinée dans les principes d’universalité et de solidarité, a assuré la haute fonctionnaire.

Nous pourrions investir dans trois domaines clefs, a-t-elle suggéré: tout d’abord, la promotion et le soutien des efforts de prévention et de consolidation de la paix volontaires, inclusifs, pris en charge et dirigés par les pays eux-mêmes et le renforcement des infrastructures nationales pour la paix. Ensuite, la Sous-Secrétaire générale a fait valoir la garantie de la cohérence et d’une approche globale de la prévention et du maintien de la paix, et l’importance des partenariats.  Le Nouvel Agenda pour la paix, a-t-elle poursuivi, propose un changement de paradigme en matière de prévention, fondé sur deux principes fondamentaux: premièrement, l’idée que la prévention doit être universelle –aucun pays n’est à l’abri des facteurs de conflit et de violence–, et deuxièmement, la reconnaissance du fait que nous devons nous concentrer sur l’action et les priorités nationales.

Le Nouvel Agenda pour la paix met l’accent sur l’appropriation nationale comme principe directeur pour des efforts efficaces de prévention et de consolidation de la paix.  Il souligne également la nécessité d’inclure des voix diverses, les besoins et la participation de tous les segments de la société, ce qui peut aider à rendre la paix plus durable, a précisé la Sous-Secrétaire générale.  En République centrafricaine, par exemple, le Fonds pour la consolidation de la paix a soutenu des programmes visant à renforcer les médiatrices communautaires, contribuant ainsi à prévenir les conflits et à maintenir la paix au niveau communautaire, à l’appui des objectifs plus larges du pays en matière de paix. 

Pour la haute fonctionnaire, la meilleure façon d’empêcher les pays de sombrer dans les crises est de veiller à leur résilience en investissant dans un développement inclusif et durable et une gouvernance qui le soit tout autant. C’est pourquoi, a-t-elle dit, un Nouvel Agenda pour la paix appelle à accélérer la mise en œuvre du Programme 2030 et à lutter contre les inégalités, la marginalisation et l’exclusion.  Elle a souligné la pertinence des partenariats avec les acteurs régionaux et sous-régionaux, notant que les échanges réguliers entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, par exemple, et un partenariat similaire entre la Commission de consolidation de la paix et le Conseil de paix et de sécurité sont prometteurs.

À l’intersection des partenariats et du financement, nous devons également explorer plus avant la relation entre l’ONU et les institutions financières internationales dans le contexte de la prévention et de la consolidation de la paix, a préconisé la Sous-Secrétaire générale.  De tels partenariats sont nécessaires pour garantir que les investissements dans le développement contribuent à une paix durable, a-t-elle expliqué.  L’expansion des banques multilatérales de développement régionales offre également de nouvelles possibilités de collaboration, avec des ressources concessionnelles dans des contextes pertinents qui peuvent être ciblées pour soutenir les efforts de paix durables. 

Par ailleurs, nous devons trouver davantage de moyens pour que les capitaux privés investissent dans des environnements fragiles et touchés par des conflits d’une manière positive pour la paix.  Enfin, la Commission de consolidation de la paix a un potentiel inexploité pour aborder les efforts structurels à long terme visant à prévenir les conflits et à consolider la paix.  Il est donc essentiel que cet organe développe une relation plus stratégique et systématique avec les institutions financières internationales et les banques régionales de développement, afin d’aligner les instruments de financement sur les priorités nationales en matière de consolidation de la paix. 

M. BANKOLE ADEOYE, Commissaire aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité de l’Union africaine (UA), a appelé le Conseil de sécurité à intégrer les voix de toutes les régions, en particulier celles du Sud, pour garantir que le cadre international de paix et de sécurité soit reconfiguré pour être inclusif et efficace.  Il a relevé que les États d’Afrique mettent en œuvre la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance.  Ainsi, de plus en plus d’États africains organisent des élections relativement pacifiques et justes.  Il a expliqué que l’UA, en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a donné la priorité au renforcement des capacités institutionnelles et de la résilience des États traversant des transitions politiques critiques, afin d’assurer un retour rapide à l’ordre constitutionnel.  Pour ceux qui sont aux prises avec des crimes transfrontaliers, en particulier le terrorisme et l’extrémisme violent, l’UA accompagne les régions du continent pour faire face à ces menaces à la paix, à la stabilité et au développement. 

En outre, pour assurer une approche coordonnée et fondée sur les connaissances, l’UA a créé la plateforme interrégionale de connaissances « I-RECKE » pour l’alerte précoce et la réponse rapide.  D’autres plateformes la complètent, a-t-il relevé.  Le Commissaire a également appelé au renforcement des capacités institutionnelles et de la résilience des États membres, en particulier au niveau des communautés locales et frontalières, tout en donnant la priorité aux institutions nationales et traditionnelles essentielles. De même, des investissements dans une éducation de qualité et accessible aux communautés défavorisées sont cruciaux, en particulier pour les communautés rurales et celles installées aux frontières. 

Mme HAWA SAMAI, Secrétaire exécutive de la Independent Commission for Peace and National Cohesion de la Sierra Leone, a fait part du chemin de son pays du conflit vers une paix inclusive et le développement.  Il s’agit d’un exemple remarquable d’une situation de transition postconflit réussie.  Cette transformation mue par une volonté politique forte, un engagement sociétal et des stratégies de consolidation de la paix innovantes prouve que même les nations les plus dévastées peuvent se relever grâce à des efforts concertés et au soutien de la communauté internationale, a souligné l’intervenante. 

Elle a insisté sur l’attachement de toutes les parties au dialogue et au règlement pacifique des désaccords, ce qui a permis de jeter des bases solides pour la consolidation de la paix et le redressement.  De même, elle a mis en exergue le rôle crucial de la Commission Vérité et réconciliation qui, sous l’impulsion de la société civile et grâce au leadership des femmes, a joué un rôle essentiel dans l’identification des causes profondes de la guerre et dans la recommandation de réformes systémiques globales. 

L’intervenante a ensuite passé en revue les différentes commissions nationales mises en place par la suite pour, entre autres, consolider la paix, moderniser les institutions, défendre les droits humains et lutter contre la corruption. Le point culminant de ces efforts furent les excuses présidentielles présentées aux femmes pour les atrocités commises en temps de guerre, a-t-elle expliqué.  En outre, une approche centrée sur la population, en collaboration avec les leaders traditionnels et religieux, les femmes, les jeunes et la société civile et autres a permis à la Commission de consolidation de la paix de marquer une évolution dans l’architecture de consolidation de la paix de la Sierra Leone, a affirmé Mme Samai.  Des mécanismes d’alerte rapide ont été mis en place dans les 16 districts du pays, avec une salle de crise, un centre d’alerte et des médiateurs. 

Elle a insisté sur l’importance d’une prévention des conflits prise en charge et dirigée par la communauté, notant que le renforcement des capacités est essentiel au fonctionnement permanent des structures de paix.  Demeurer apolitique est crucial pour renforcer la confiance entre tous les acteurs clefs, et la mise en réseau avec des partenaires nationaux et internationaux est un autre atout important. L’intervenante a également souligné qu’une communication efficace est essentielle à l’ère de l’intelligence artificielle et de la désinformation.  Selon elle, les donateurs devraient investir davantage dans la recherche, la communication et le dialogue en tant que stratégies cruciales de prévention des conflits.  L’intégration de la dimension de genre, l’implication des jeunes et des personnes handicapées et l’accent mis sur l’appropriation et la participation locales sont d’autres éléments cruciaux qui ont contribué au succès de la Sierra Leone. 

M. ARNOUX DESCARDES, Directeur exécutif du Volontariat pour le développement d’Haïti, a estimé qu’un premier seuil d’action en faveur de la paix concerne le niveau mondial, l’ONU demeurant essentielle pour concevoir, proposer, mettre en œuvre, suivre et évaluer un agenda mondial de paix.  Les différentes organisations régionales et sous-régionales sont, elles aussi, vivement encouragées à développer des programmes et des outils susceptibles de prévenir tout conflit éventuel, a encore dit l’intervenant.  Il convient enfin de souligner l’importance des actions à entreprendre au niveau local, dans des pays ravagés par la violence et qui peinent à retrouver la paix, a ajouté M. Descardes. 

C’est le cas du sien, Haïti, où la dégradation de la situation sécuritaire au cours des dernières années empêche la circulation des personnes, des biens et des services et, conséquemment, contribue à faire chuter la disponibilité des denrées, aggravant ainsi l’insécurité alimentaire qui touche actuellement 50% de la population.  Au milieu de toutes ces difficultés, Haïti semble vouloir inverser la courbe de la violence, rétablir l’ordre institutionnel au travers d’élections irréprochables et construire une paix durable, a-t-il témoigné.  Des acteurs sociaux, économiques et politiques ont souscrit un nouvel accord politique le 3 avril, donnant naissance à un exécutif bicéphale et à la mise en place, avec la participation de diverses tendances politiques, d’un gouvernement appelé à mettre en œuvre les différents chantiers de la transition.  De plus, la société civile haïtienne, y compris de la diaspora, propose un cadre stratégique d’action sensible aux jeunes et aux femmes pour la réussite de la transition et a mis en place le Groupe d’assistance à la transition pour accompagner de manière non partisane les deux ailes de l’exécutif et faciliter la participation des différentes parties prenantes dans une quête commune de stabilisation du pays.  Enfin, des efforts sont consentis de la part du Gouvernement pour renforcer les forces de l’ordre, alors que, parallèlement, les premiers contingents de la Mission multinationale d’appui à la sécurité sont arrivés en Haïti. 

Au regard des réalités sur le terrain, a analysé le Directeur exécutif, il est recommandé que l’agenda de la paix en Haïti s’appuie également sur un programme de réduction de la violence communautaire par le dialogue national; un programme efficace de démobilisation, démantèlement et réinsertion qui cible les responsables de la violence actuelle; un programme qui promeut la vérité et la justice; un programme de prévention et de réhabilitation des groupes vulnérables aux propositions des gangs armés; et enfin un programme de gestion de la crise humanitaire aiguë que connaît le pays. 

Déclarations

M. MUSA TIMOTHY KABBA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la Sierra Leone, a estimé que l’ONU a la possibilité de moderniser sa boîte à outils de prévention grâce à des initiatives telles que le Nouvel Agenda pour la paix, le prochain Pacte pour l’avenir, ainsi que la prochaine révision de la structure de consolidation de la paix.  Le Nouvel Agenda pour la paix, a-t-il expliqué, fournit des plans directeurs à notre génération pour laisser un héritage positif. La tolérance doit être le baume avec lequel nous guérissons tous les différends, la prévention étant le maître mot, a-t-il affirmé.  Nous devons promouvoir, a-t-il préconisé, l’appropriation nationale de toutes les stratégies et actions qui doivent être centrées sur les personnes, en donnant la priorité aux voix des jeunes et des femmes.  De même, a poursuivi le Ministre, il est primordial que nous nous concentrions sur l’amélioration des économies des pays les moins développés en offrant des opportunités de croissance adéquates et nouvelles, des systèmes de prêt équitables ainsi que des opportunités commerciales internationales plus durables et mieux adaptées au marché mondial d’aujourd’hui. 

Évoquant le cas de son pays, il a estimé que son redressement remarquable et la paix durable des deux dernières décennies démontrent l’importance de l’appropriation nationale et d’une gouvernance inclusive dans la prévention des conflits.  L’accent mis par le Gouvernement sur la reconstruction des institutions, la promotion de la bonne gouvernance et la promotion de la paix et de la cohésion nationale a contribué à empêcher la récurrence des conflits, a-t-il dit.  Au niveau mondial, la Sierra Leone contribue au maintien de la paix et de la sécurité internationales, notamment par son adhésion au Conseil de sécurité, en mettant l’accent sur la consolidation de la paix et en partageant les leçons apprises au cours de son parcours de consolidation de la paix.  La paix et la stabilité dans les régions de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel revêtent une importance particulière pour la Sierra Leone, et nous avons également continué à nous engager activement sur cette question au sein du Conseil, a expliqué M. Kabba. 

Le représentant du Japon a appelé à miser sur la prévention des conflits, « une approche très rentable », compte tenu des coûts politiques, socioéconomiques et financiers des conflits.  Pour cela, il a conseillé d’adopter des approches spécifiques à chaque contexte et dirigées par le pays lui-même.  Les transitions stratégiquement planifiées qui s’adaptent le mieux au contexte national auront plus de chances de prévenir une rechute dans le conflit, en particulier dans les cas où les opérations de paix de l’ONU sont en cours de reconfiguration ou de retrait, a fait valoir le représentant. 

Tout en mettant en place des approches préventives, les pays devraient identifier les causes profondes des conflits et les sources de résilience, a-t-il poursuivi en insistant sur l’appropriation nationale à tous les niveaux. Le renforcement des institutions est également essentiel pour que les personnes se sentent protégées et aient les moyens de relever efficacement les défis propres à leur contexte.  La communauté internationale doit soutenir les efforts de prévention menés au niveau national en promouvant une approche globale de l’ONU, y compris au sein du Conseil de sécurité.  Dans cette optique, la Commission de consolidation de la paix (CCP) est bien placée pour conseiller le Conseil, a estimé le représentant tout en relevant que le Conseil lui-même peut également conseiller la CCP sur l’établissement de son ordre du jour.

La représentante du Guyana a déclaré que le Conseil de sécurité ne doit pas se limiter à être le « service des urgences » des pays en guerre, mais faire de la prévention un élément central de son travail. Elle a appelé à investir dans des systèmes d’alerte précoce et des stratégies localisées et adaptées au contexte, afin de mieux reconnaître les points chauds potentiels et répondre aux griefs naissants ou existants avant qu’ils ne s’aggravent et ne dégénèrent en violence. 

De même, elle a souligné la nécessité d’une approche stratégique, fondée sur des partenariats à tous les niveaux, réunissant les gouvernements, les organismes internationaux, le secteur privé et la société civile pour remédier aux déficits de développement qui sont à l’origine de la grande majorité des conflits.  Ensuite, la représentante a estimé que « nous devons nous assurer que nos approches sont globales et s’attaquent aux facteurs de conflit traditionnels et contemporains ».  Ceux-ci sont souvent interdépendants et découlent des inégalités socioéconomiques, de l’exclusion politique et des impacts des changements climatiques, entre autres.  Selon elle, la Commission de consolidation de la paix est bien placée pour servir de passerelle pour le Conseil de sécurité lorsqu’il examine les situations de conflit ou lorsque les pays sortent d’un conflit.  Cet organe subsidiaire dispose d’un riche corpus d’expertises sur lequel on peut s’appuyer pour transformer les conditions qui génèrent des conflits violents et peut fournir des orientations stratégiques sur des situations nationales spécifiques, a ajouté la déléguée. 

Le représentant de l’Algérie a insisté sur l’importance du renforcement de la gouvernance et de l’état de droit pour toute société stable et prospère. Les réformes constitutionnelles, l’indépendance de la justice et la lutte contre les flux financiers illicites ont contribué à renforcer la responsabilité et la transparence, a-t-il concédé, mais, pour réaliser le potentiel de la bonne gouvernance, il faut s’atteler à renforcer la capacité institutionnelle, en veillant à ce que les institutions de l’État soient équipées pour fournir des services essentiels de manière efficace et équitable.  Une réforme efficace du secteur de la sécurité est également essentielle pour jeter les bases d’une paix et d’une stabilité durables. 

Il a mis en avant l’importance des programmes de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR), déplorant que ceux-ci soient trop souvent confrontés à des défis importants en termes de ressources et de financement.  Le délégué a également insisté sur l’importance de forger des partenariats pour les approches globales en termes de consolidation de la paix.  Cela doit se faire en coordination avec les mécanismes régionaux, les institutions nationales et les acteurs concernés, a-t-il estimé, notant en outre que les relations avec les autorités hôtes sont une composante essentielle de toute stratégie de consolidation de la paix.  Cela permet de s’assurer que cette stratégie reflète les priorités nationales et renforce le principe d’appropriation nationale, a expliqué le représentant avant d’appeler au renforcement de la Commission de consolidation de la paix. 

Le représentant de la Suisse a estimé que la prévention, tel que l’explique le Nouvel Agenda pour la paix, doit être abordée aux niveaux local et national, tout en s’appuyant sur l’échange d’expériences entre différents pays. Selon lui, la prévention dépend de la confiance dans la sécurité, la justice et la garantie de liberté.  Une telle confiance est un puissant antidote contre la violence, a-t-il argué. 

Il a appelé à désamorcer les appréhensions politiques par rapport à la notion de prévention, notant que des études récentes identifient des éléments clefs pour les stratégies nationales de prévention.  Ces éléments vont des mesures garantissant la sécurité et l’indépendance du système judiciaire aux initiatives visant à renforcer la tolérance, la solidarité et l’inclusion, en passant par la confiance dans les institutions, ainsi que l’atténuation des effets des changements climatiques et à l’adaptation à ceux-ci.  La prévention est efficace si elle émane du niveau local, a-t-il ajouté.

La Commission de consolidation de la paix est tout indiquée pour un partage d’expériences sur la prévention nationale, a aussi indiqué le représentant, notant que son expertise collective peut accompagner les pays qui le souhaitent dans leurs processus de consolidation de la paix.  Il a ensuite appelé le Conseil à pleinement assumer son rôle dans la prévention.  D’une part, il doit mieux utiliser les instruments du Chapitre VI, qui lui permettent de formuler des recommandations pour le règlement pacifique des différends.  D’autre part, les missions régionales qu’il mandate doivent être capables de soutenir –à leur requête– les gouvernements afin d’identifier les risques accrus de conflit et à les réduire durablement. 

La représentante de la France a souligné la nécessité d’investir dans tous les secteurs, notamment l’état de droit, l’éducation, la santé et la protection du climat et de la biodiversité.  Il est également crucial d’inclure des dispositifs spécifiques visant à réduire la pauvreté, créer des emplois et soutenir les communautés vulnérables au sein des stratégies de développement.  Les opérations de paix demeurent à ce titre des outils précieux, dont les modèles sont multiples, et s’inscrivent dans un dialogue étroit avec les pays hôtes.  La réponse à apporter passe également par la complémentarité des initiatives, à l’image de l’adoption de la résolution 2719 (2023) relative aux opérations africaines de paix, qui offre désormais un cadre clair pour agir de concert avec l’Union africaine, a encore préconisé la déléguée.  Enfin, a-t-elle estimé, les situations postconflit doivent continuer de bénéficier du soutien international.  C’est le sens de l’action de la Commission de consolidation de la paix et de son Fonds, qui ont mené des activités dans plus de 40 pays au cours des 15 dernières années.  La France, qui figure parmi les premiers contributeurs au Fonds, se réjouit qu’il puisse désormais bénéficier d’un financement pérenne pour accompagner au mieux les contextes de transition, a conclu sa représentante.

Le représentant du Royaume-Uni a estimé que la prévention des conflits doit être au premier plan, afin de préserver les vies humaines et les acquis du développement.  Il a prôné des approches nationales de prévention, en jugeant que l’intégration de mécanismes d’alerte précoce permet d’identifier les risques et réagir rapidement, y compris sur des questions mondiales comme les changements climatiques. Il est clair, a-t-il dit, que le sous-développement entraîne des conflits, et les conflits, le sous-développement.  Il faut rompre ce cycle pour accélérer les progrès sur les objectifs de développement durable, en faisant en sorte que les efforts humanitaires, de développement et de paix se renforcent.  Le Sommet de l’avenir, a estimé le représentant, offre l’occasion de redynamiser les efforts, en maximisant la coopération entre les multiples acteurs, à savoir les États, les organisations régionales et l’ONU.  De même, la participation pleine, égale, sûre et significative des femmes aux processus de paix inclusifs est indispensable.

La représentante des États-Unis a noté que le Conseil de sécurité se réunit rarement pour débattre de la prévention des conflits étant plus en prise directe avec ceux qui font rage.  Pourtant, nous savons comment créer des conditions propices à la paix et quelles sont les méthodes qui fonctionnent, a-t-elle constaté en appelant à les mettre en pratique et à joindre le geste à la parole. Concrètement, a-t-elle détaillé, il faut élaborer des stratégies nationales de prévention, s’appuyer sur des partenariats et sur une volonté politique ferme ainsi qu’une approche inclusive pour promouvoir et protéger l’état de droit et renforcer la cohésion sociale. La paix, le développement et les efforts humanitaires se renforcent mutuellement, a-t-elle ajouté.  Elle a ensuite salué l’exemple de la Sierra Leone en termes de consolidation de la paix, ainsi que le rôle efficace de la Commission de consolidation de la paix et son Fonds pour la consolidation de la paix. 

Les efforts de prévention des conflits et de consolidation de la paix doivent être inclusifs, a poursuivi la représentante en mettant en avant le potentiel des femmes et des jeunes dans ces domaines.  De même, elle a encouragé la coopération entre la Commission de consolidation de la paix et les principaux organes de l’ONU, ainsi qu’un dialogue avec les organisations régionales.

Pour s’attaquer aux symptômes et aux causes sous-jacentes des conflits, a dit le représentant de la Chine, le développement doit être placé au rang des priorité.  Mobiliser des ressources dans les pays postconflit pour un développement durable et instaurer une bonne gouvernance est indispensable pour la stabilité à long terme, pour autant que chaque pays puisse, de manière indépendante, déterminer la voie de son développement.  La cohésion sociale doit être promue, dont l’accès de tous aux services publics, pour que tous les segments de la société puissent participer sur un pied d’égalité au développement national et en percevoir les dividendes.  Dans ce contexte, il faudra tenir compte des besoins particuliers de certains groupes, comme les jeunes et les femmes, a conclu le représentant.

Le représentant de Malte a indiqué que la prévention efficace nécessite une compréhension de la dynamique sexospécifique des causes et des conséquences des conflits.  Les mesures sexospécifiques de désarmement et de contrôle des armes sont essentielles pour prévenir les violences sexuelles liées aux conflits, a-t-il dit.  Le financement d’organisations de femmes pour la consolidation de la paix et la priorité accordée à la prévention des violences sexuelles et sexistes favorisent également une paix durable, a-t-il relevé.  Il a appelé à un financement plus durable et plus prévisible des efforts de consolidation de la paix, notamment par le biais du Fonds pour la consolidation de la paix. La Commission de consolidation de la paix est bien placée pour repérer les menaces émergentes et les signes avant-coureurs qu’elle peut transmettre au Conseil, a estimé le délégué.  Il a par ailleurs souligné l’importance de renforcer l’analyse des risques liés au climat et à la sécurité dans le cadre des efforts de consolidation de la paix.

Le représentant de la Fédération de Russie a relevé que le Nouvel Agenda pour la paix part du principe qu’une prévention efficace des conflits doit prendre en compte les priorités nationales et le caractère unique de chaque cas.  Il a souligné que les stratégies de prévention des conflits et de la violence ne doivent pas être adaptées aux intérêts des donateurs étrangers, notant que même si l’ère du colonialisme est révolue, il existe toujours une myriade de moyens de maintenir et d’approfondir la dépendance des États. 

Il a notamment reproché aux anciennes métropoles et leurs alliés d’avoir recours à tous les moyens possibles pour dominer le monde et tenter d’empêcher la formation d’un ordre mondial plus juste et multipolaire, provoquant l’enracinement du sous-développement économique, de la pauvreté et de l’instabilité politique dans les pays en développement, et créant ainsi un terreau idéal pour les conflits.  Ce sont ensuite des sanctions et des mesures restrictives illégales qui attendent ceux qui s’opposent à cette injustice, a-t-il dénoncé, reprochant à certains membres du Conseil de faire preuve de surdité et d’aveuglement sélectifs.

Il a ensuite fustigé les États qui, selon lui, s’opposent à la formation d’un système paneuropéen équitable de sécurité indivisible pour tous, en y opposant leurs propres intérêts égoïstes et leurs aspirations hégémoniques, et enflamment artificiellement la situation au Moyen-Orient et en Asie de l’Est, en y promouvant des approches basées sur des blocs et en refusant de chercher des solutions qui respectent les intérêts de tous les acteurs clefs.  Pour le représentant, il ne sera possible de parler de véritable prévention que lorsqu’un ordre mondial plus juste prendra forme et que tous les pays du monde bénéficieront de conditions égales pour le développement et l’édification de leur nation.

La représentante de la Slovénie a affirmé qu’aucune crise ou aucun conflit ne peut être résolu avec succès sans inclusivité.  Selon elle, l’élimination de tous les obstacles à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes nous permet d’avoir des institutions plus efficaces.  C’est un investissement qui renforce leur participation dans toutes les sphères de la société.  Les femmes ont beaucoup à perdre dans les conflits et peuvent donc être l’un des principaux moteurs de la prévention, a-t-elle rappelé.  Par ailleurs, l’amélioration de la capacité de gouvernance pour gérer et contrôler de manière durable et efficace les ressources naturelles doit être considérée comme un investissement dans la prévention des conflits et un élément essentiel de la consolidation de la paix.  « C’est pourquoi la Slovénie soutient fermement la recommandation du Nouvel Agenda pour la paix visant à renforcer les capacités du système des Nations Unies par le biais de pôles régionaux communs sur le climat, la paix et la sécurité, contribuant à accélérer les progrès et le soutien technique dans ce domaine », a précisé la déléguée. Elle a ensuite appelé le Conseil à agir en vertu du Chapitre VI de la Charte des Nations Unies et faire un meilleur usage des outils à sa disposition pour le règlement pacifique des différends.  Il doit également, selon elle, tirer pleinement parti de la Commission de consolidation de la paix pour discuter de la prévention menée au niveau national et la promouvoir.

Le représentant du Mozambique a relevé que le Nouvel Agenda pour la paix est un élément de réflexion extrêmement important qui approfondit et expose la compréhension de la prévention comme pilier de la sécurité collective.  Cet agenda, a-t-il noté, appelle à des systèmes d’alerte précoce plus solides, des outils de prospective stratégique, de meilleures données et analyses, ainsi que des capacités de médiation plus fortes.  Il souligne également l’importance d’une participation significative des femmes et des jeunes aux processus de paix, reconnaissant que l’instauration d’une paix inclusive est essentielle pour parvenir à une paix durable, a-t-il ajouté. 

Prenant exemple sur son pays, le délégué a rappelé que le processus de paix de Maputo qui a abouti à l’Accord de paix et de réconciliation nationale de 2019, témoigne de l’importance de l’appropriation locale, du dialogue et du soutien international dans la résolution des conflits.  Il a également démontré que la prévention des conflits, le traitement de leurs causes profondes et la prévention de leur récurrence restent une responsabilité principale des États.  Selon le représentant, l’expérience du Mozambique justifie les prémisses d’un Nouvel Agenda pour la paix en soulignant la nécessité de stratégies de prévention des conflits profondément ancrées dans les réalités locales, tout en étant soutenues par les institutions régionales et mondiales.  De même, l’approche continentale, soutenue par le principe des « solutions africaines aux problèmes africains », souligne à juste titre la nécessité d’agir tôt et de manière décisive sur les problèmes émergents. 

Le fait que la prévention des conflits soit chroniquement sous-financée et que seuls 17% des objectifs de développement durable sont atteints montre à suffisance que le postulat selon lequel la paix et le développement se renforcent mutuellement n’est pas vraiment intégré, a diagnostiqué le représentant de l’Équateur.  Une prévention efficace nécessite des approches globales, de la volonté politique et pourquoi pas un pacte social au niveau national.  Elle nécessite aussi des partenariats durables et des ressources pérennes et le plein respect du principe d’appropriation nationale. Comme il ne saurait y avoir de paix sans justice, des institutions judiciaires fortes sont indispensables. Une population qui a accès à la justice, aux services de base, à l’éducation et à un emploi décent est moins susceptible de plonger dans la violence et la criminalité.  Dans ce contexte, la lutte contre la pauvreté, les inégalités et l’exclusion sociale doit être la priorité des sociétés démocratiques qui doivent pouvoir compter sur le soutien des institutions financières internationales.  Quant aux États Membres, ils doivent miser sur la diplomatie préventive et la médiation, en renforçant, entre autres, la Commission de consolidation de la paix, a conclu le représentant. 

Le représentant de la République de Corée a rappelé qu’avec le concept de pérennisation de la paix, l’accent mis sur la reconstruction postconflit s’est déplacé vers une approche qui englobe la prévention des conflits.  Pour lui, l’appropriation nationale doit figurer au cœur de la prévention et du maintien de la paix.  Des stratégies de prévention inclusives et menées par les pays eux-mêmes ont plus de chances de réussir si elles bénéficient d’un soutien solide des circonscriptions locales, ainsi que de la communauté internationale, a assuré le délégué.  En outre, l’ONU doit travailler plus étroitement avec de multiples parties prenantes extérieures qui ont une compréhension approfondie des complexités régionales et des dynamiques locales.  La coopération avec les organisations régionales et sous-régionales est essentielle pour garantir l’efficacité et la continuité de la consolidation de la paix, a insisté le représentant.  Il a aussi insisté sur l’importance de renforcer la coordination entre les différentes parties prenantes sur la base du lien entre l’aide humanitaire, le développement et la paix.  C’est un lien dans lequel l’ONU devrait jouer un rôle de premier plan. 

Interventions des États non membres du Conseil de sécurité

Un pays a mis en avant son expérience récente en matière de consolidation de la paix: les Philippines, dont la Région autonome bangsamoro en Mindanao musulman est devenue, en 2019, la seule du pays à disposer de son propre gouvernement, après « des décennies d’injustices historiques subies par le peuple moro ».  Un accord-cadre a été conclu en 2014, un budget régional a été élaboré et des milliers de combattants ont été démobilisés.  Autant d’« exploits majeurs » constituant aux yeux de la délégation la pièce maîtresse de l’expérience philippine dans le domaine de la construction de la paix.

Dans le domaine des conflits, « quelques grammes de prévention valent des kilos de traitement », a formulé le Mexique.  Parmi les nombreuses priorités, la majorité des États non membres ont préconisé de régler l’instabilité sociale et de favoriser un développement économique harmonieux.  Pour les Maldives, il ne fait aucun doute que les conflits naissent de « la fragilité des structures politiques et sociales » et que les politiques et l’aide doivent être orientées vers le renforcement des capacités productives des États.  Plaidant la cause des petits États insulaires en développement (PEID) et leurs spécificités, les Maldives ont mis en garde contre les effets délétères d’une aide publique au développement « plaquée » sans réflexion d’un pays à l’autre.  Le Groupe des pays nordiques, par la voix du Danemark, a aussi appuyé cette approche d’adaptation de l’aide au contexte économique de chaque pays afin d’en garantir la légitimité et l’efficacité.

Dans tous les cas, l’absence de développement inclusif et durable est un déclencheur évident de conflits, comme en témoignent « les cas d’extrémisme violent, où des groupes armés recrutent dans des zones de grande pauvreté et de chômage élevé », a rappelé le Burundi.  Lui emboîtant le pas, la Türkiye a appelé à un contrôle efficace de la circulation des armes de petit calibre pour juguler les activités de ces groupes.  Les pays du Sahel ont besoin d’un soutien économique massif mais comme la récente épidémie de COVID-19 l’a illustré, l’aide internationale est bien en deçà des besoins malgré les promesses, a déploré le Pakistan, avant de critiquer un système de sanctions « mal conçu » frappant les pays en conflit les plus pauvres et ne faisant qu’aggraver leurs problèmes de surendettement.  Le Bangladesh, au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), a souligné le rôle de la Banque islamique de développement pour soutenir ses membres, ainsi que le rôle des microfinancements, des formations professionnelles et de la tolérance interreligieuse.

Concernant la coopération internationale et régionale, les appels de la Croatie à soutenir la création et le renforcement d’organisations régionales et de cadres de coopération liés à la prévention des conflits -y compris les mécanismes d’alerte précoce et la coopération transfrontalière- ont été entendus.  Complimentant la CCP pour son expérience en matière de coopération avec le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, la Croatie a cité en exemple le Cadre commun ONU-Union africaine pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité.  La Grèce a, elle, loué le fait que la Commission se soit engagée à garantir davantage la participation des femmes aux processus de prise de décisions, à y inclure les jeunes générations, ainsi qu’à protéger les enfants dans les conflits armés.

Le Guatemala a ajouté qu’il était essentiel d’inviter les peuples autochtones à la table des négociations pour mieux comprendre les racines de certains conflits et construire une paix durable.  C’est aussi l’avis du Brésil, pour lequel l’implication de la société civile, des organisations locales, des groupes autochtones, des dirigeants et des communautés locales dans la prévention des conflits est primordiale. Ces défis liés à l’inclusivité touchent « tous les États et toutes les régions, indépendamment de leur taille, de leur richesse ou de leur niveau de développement », a noté l’Australie, qui a reconnu ne pas faire exception et témoigné de ses efforts continus pour promouvoir le respect des droits et des traditions de ses populations autochtones.

Le rôle primordial des autorités nationales dans la prévention des conflits a été souligné par de nombreuses délégations, dont la Lettonie, de même que l’Autriche qui a précisé que cette mission d’ériger une stratégie nationale de prévention n’était pas seulement réservée aux États dits « faibles », mais à tous les États Membres de manière universelle.  La Pologne a mis en avant sa propre stratégie nationale de prévention qui consiste à « améliorer le niveau de vie et la création d’emplois » - notamment en renforçant le secteur des services publics dédiés au retour à l’emploi des chômeurs.  Des aspects fondamentaux pour « favoriser la stabilité économique, l’harmonie sociale et les efforts de consolidation de la paix à long terme ». Le Maroc a déclaré de son côté miser sur le développement humain, l’éducation ainsi que sur un système d’alerte rapide et de médiation en matière de prévention de l’extrémisme.  Dans un tout autre registre, les Émirats arabes unis ont mis en avant une stratégie nationale de développement de technologies de pointe en matière de police et de maintien de l’ordre.

La Lettonie a espéré que le Pacte pour l’avenir et, en particulier, la prochaine révision du dispositif de consolidation de la paix fourniront des orientations supplémentaires à la CCP pour aider les États à élaborer leurs stratégies.  Concernant l’élaboration dudit pacte, l’Afrique du Sud a recommandé au Secrétaire général de produire un rapport prenant en compte les différentes facettes de la prévention des conflits en fonction des pays, afin d’établir une vision d’ensemble. Elle a aussi appelé à mieux étudier les effets des flux financiers illicites en provenance d’Afrique.  « Le Pacte ne peut pas faire l’économie de l’étude de ces dynamiques en matière de prévention des conflits », a-t-elle appuyé.

Étant donné son expérience de plus important pays contributeur de troupes et de police de l’ONU, le Népal a mis l’accent sur la nécessité d’un retrait sans heurts des forces des zones de conflits ou d’après conflit.

Le Pakistan et l’Égypte ont appelé au respect du droit des peuples à l’autodétermination, notamment ceux sous occupation étrangère.  À ce propos, le Liechtenstein a estimé qu’une meilleure compréhension de la relation entre l’autodétermination et le conflit peut aider à construire une paix durable.  En effet, selon la délégation liechtensteinoise, une proportion importante de conflits font irruption lorsque des communautés, y compris des groupes minoritaires, demandent aux États d’être plus réceptifs à leurs demandes pour un plus grand degré d’autodétermination.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Libye: « un statu quo intenable », met en garde la Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général devant le Conseil de sécurité

9709e séance – matin
CS/15795

Libye: « un statu quo intenable », met en garde la Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général devant le Conseil de sécurité

Au cours des deux derniers mois, la situation en Libye s’est rapidement détériorée sur les plans politique, économique et sécuritaire, a constaté, ce matin au Conseil de sécurité, la Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général chargée des affaires politiques pour la Libye et responsable de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL).  « Le statu quo est intenable », s’est alarmée Mme Stephanie Koury, en faisant état de « mesures unilatérales » prises par des acteurs libyens de tous bords, qui creusent encore davantage les « divisions institutionnelles et politiques » paralysant l’État libyen depuis des années. 

Au nombre des incidents survenus au cours de la période à l’examen, la haute fonctionnaire a cité l’incursion, le 9 août dernier, de l’Armée nationale libyenne (ANL) dans le sud-ouest du pays, déclenchant une mobilisation immédiate des forces et groupes armés adverses basés dans cette région. « Si l’ANL a par la suite justifié cette incursion par la nécessité de sécuriser la frontière sud-ouest, cette action unilatérale a suscité des inquiétudes chez l’Algérie voisine », a-t-elle relevé.  Des mouvements de troupes qui se produisent également entre forces et groupes armés basés dans la partie occidentale du pays. 

Et le 9 août également, a précisé Mme Koury, de violents affrontements armés ont éclaté à Tajoura, à l’est de Tripoli, entre deux groupes armés, faisant des morts et des blessés parmi les civils.  Des efforts de médiation menés localement ont ensuite permis de désamorcer la situation, a-t-elle précisé, ce dont plusieurs membres du Conseil, dont l’Équateur, se sont félicités. 

Or, cette instabilité, a poursuivi la Représentante spéciale adjointe, est aggravée par des actions condamnables dans le champ politique.  Elle en a voulu pour preuve les tentatives unilatérales de destituer le Gouverneur de la Banque centrale et des manœuvres similaires concernant le Premier Ministre Dbaibah et son gouvernement.  De plus, a-t-elle aussi mentionné, les tensions se sont intensifiées le 14 août, à la suite d’informations faisant état de mouvements armés pour prendre le contrôle de la Banque centrale, et des groupes armés se sont mobilisés à Souk el-Joumaa, à Tripoli.  Si le calme est revenu dès le lendemain, Mme Koury a déploré que les efforts déployés pour changer le Gouverneur nourrissent la perception des habitants de l’ouest, et de leurs dirigeants, qu’ils sont lésés par la Banque centrale. 

Dans ce contexte difficile, a relaté la Représentante spéciale adjointe les Libyens ordinaires tentent d’avancer, notamment grâce à des processus démocratiques inclusifs, salués aujourd’hui par le Royaume-Uni, la Suisse, Malte, la République de Corée et l’Équateur.  Mme Koury a en effet constaté un regain d’engagement des partis politiques, des syndicats, de la société civile, des personnalités indépendantes et d’autres acteurs avec lesquels la MANUL a engagé un dialogue pour coordonner et promouvoir des idées constructives. 

Mais le nombre de sièges réservés aux femmes pour les élections municipales doit encore augmenter, a souligné la haute fonctionnaire, en recommandant des mesures proactives à cet égard, alors que les femmes sont confrontées à de nombreux obstacles, notamment l’intimidation, la violence en ligne, les attaques verbales et d’autres obstacles qui les découragent de se porter candidates.  Le Guyana, au nom des A3+, un groupe constitué avec l’Algérie, le Mozambique et la Sierra Leone, a exprimé sa préoccupation face à cette hostilité.  La Slovénie a considéré que les élections municipales seraient un « test », le Secrétaire général affirmant dans son rapport qu’elles sont « essentielles à une gouvernance efficace et représentative au niveau local » et qu’elles « peuvent servir de tremplin vers des processus électoraux au niveau national ». 

Encore faudrait-il que les liens entre organisations extrémistes et criminalité organisée locale et transnationale soient rompus, a noté Mme Koury, en s’alarmant des violations de l’embargo sur les armes. La délégation britannique a d’ailleurs regretté « l’inefficacité persistante » de cet embargo, rappelant que le Groupe d’experts qui est associé au comité des sanctions continue de souligner des manquements « flagrants et malveillants », notamment la fourniture d’un soutien militaire à des acteurs libyens, « y compris par certains membres du Conseil ». 

Pour la Fédération de Russie, aucune solution ne saurait être imposéee de l’extérieur à la Libye, la délégation plaidant pour un retrait graduel de toutes les forces étrangères du pays, « sans exception », avant de dénoncer le gel des avoirs libyens.  Ce sont les pays occidentaux qui ont détruit la Libye, a-t-elle tranché, en dénonçant le vol, par des « banquiers occidentaux », de 2 milliards d’euros appartenant à la population libyenne. 

Le représentant de la Libye s’est montré dubitatif devant les initiatives de pourparlers qui fleurissent, « les unes sincères et d’autres moins ».  Pour lui, la communauté internationale n’a jamais permis au peuple libyen de conduire son propre processus de paix, le problème du pays étant de nature politique et non juridique.  Aussi le délégué a-t-il appelé les États à s’abstenir de toute ingérence dans les affaires de son pays, affirmant que la seule issue est la tenue d’élections. Selon lui, le processus politique à venir doit s’appuyer sur ce qui a déjà été fait tout en évitant les divisions. 

Pour la Cheffe de la MANUL, en l’absence de nouveaux pourparlers politiques menant à un gouvernement unifié et à des élections, nous assisterons à une plus grande instabilité politique, financière et sécuritaire, à des divisions politiques et territoriales profondément ancrées, et à une plus grande instabilité nationale et régionale.  Aussi la Mission concentre-t-elle désormais ses bons offices sur l’aide à la désescalade des tensions, la préservation de la stabilité et la promotion de mesures de confiance entre les principales parties prenantes, ainsi que la préparation de la convocation de pourparlers politiques « dirigés par les Libyens eux-mêmes », a assuré Mme Koury. 

Le Président du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1970 (2011) concernant la Libye, M. Yamazaki Kazuyuki (Japon), a également participé à cette séance pour faire le compte rendu des travaux du Comité entre le 19 juin et le 20 août 2024. 

LA SITUATION EN LIBYE (S/2024/598)

Exposés

Mme STEPHANIE KOURY, Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général chargée des affaires politiques pour la Libye et responsable de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL), a décrit la détérioration rapide de la situation dans le pays au cours des deux derniers mois en termes de stabilité politique, économique et sécuritaire.  Elle a expliqué que les actes unilatéraux des acteurs libyens de la politique, de l’armée et de la sécurité avaient accru les tensions, creusé davantage les divisions institutionnelles et politiques et compliqué les efforts pour parvenir à une solution politique négociée.  Au nombre des incidents récents, elle a cité l’incursion, le 9 août, de l’Armée nationale libyenne (ANL) dans le sud-ouest de la Libye, qui a incité les forces et groupes basés dans cette région à se mobiliser et à affirmer leur volonté de répondre à toute attaque.  Si l’ANL a par la suite justifié cette incursion par la nécessité de sécuriser la frontière sud-ouest, cette action unilatérale a suscité des inquiétudes chez l’Algérie voisine, a relevé la Représentante spéciale adjointe.  Elle a aussi noté que ce type de mouvements sécuritaires unilatéraux ne se limitent pas aux mouvements des forces d’est en ouest, mais se produisent également entre les forces et groupes armés regroupés dans la partie occidentale du pays. 

Le 23 juillet, a-t-elle poursuivi, les forces affiliées au Gouvernement d’unité nationale se sont déplacées vers l’ouest, déclenchant une mobilisation de l’ANL et des groupes armés contrôlant cette zone.  Et le 9 août, de violents affrontements armés ont éclaté à Tajoura, à l’est de Tripoli, entre deux groupes armés, faisant des morts et des blessés parmi les civils.  Des efforts de médiation locaux ont permis de désamorcer la situation, a précisé la Représentante spéciale adjointe. 

Les actions unilatérales des responsables politiques et sécuritaires compromettent également la stabilité, a-t-elle regretté.  Les tentatives unilatérales de destituer le Gouverneur de la Banque centrale se heurtent à celles de le maintenir en place, de même que les tentatives de destituer le Premier Ministre Dbaibah et son gouvernement. Le 14 août, les tensions se sont intensifiées et des groupes armés se sont mobilisés à Souk el-Joumaa, à Tripoli, en raison d’informations faisant état de mouvements armés cherchant à prendre le contrôle de la Banque centrale.  La situation s’est apaisée le matin du 15 août, a annoncé Mme Koury. 

Elle a ensuite rendu compte d’une élection « très serrée » tenue le 7 août: potentiellement avec une voix d’écart, les résultats du vote pour élire le président du Haut Conseil d’État restent contestés et les votes pour les sièges de Vice-Président et de rapporteur sont suspendus.  Elle a également signalé que le 13 août, des membres de la Chambre des députés se sont réunis à Benghazi, votant pour mettre fin au mandat du Gouvernement d’unité nationale et du Conseil présidentiel et transférer le rôle de Commandant suprême des forces armées au Président de la Chambre.  Ces membres ont également approuvé le Gouvernement désigné par la Chambre des députés à l’est comme seul pouvoir exécutif légitime, une décision rejetée par les dirigeants de l’ouest. 

Les actions unilatérales dans le domaine économique sont également un facteur d’instabilité, a relevé la haute fonctionnaire.  Après des mois d’efforts pour élaborer un budget unifié avec la participation des représentants de l’est et de l’ouest, le 10 juillet, la Chambre des députés a adopté une allocation budgétaire supplémentaire soumise unilatéralement par le gouvernement désigné par ladite Chambre. Une mesure dénoncée par les dirigeants de l’ouest, a précisé Mme Koury en ajoutant que les efforts visant à changer le Gouverneur de la Banque centrale sont alimentés par la perception qu’ont les dirigeants politiques et sécuritaires, ainsi que les Libyens ordinaires de l’ouest, que la Banque centrale de Libye facilite les dépenses dans l’est mais pas dans l’ouest. 

Dans ce contexte difficile, les Libyens ordinaires tentent d’avancer, notamment grâce à des processus démocratiques inclusifs, a relaté la Représentante spéciale adjointe.  Elle a en effet constaté un regain d’engagement des partis politiques, des syndicats, de la société civile, des personnalités indépendantes et d’autres acteurs avec lesquels la MANUL a engagé un dialogue pour coordonner et promouvoir des idées constructives.  Les élections locales se déroulent bien, mais l’augmentation du nombre de sièges réservés aux femmes pour les élections municipales doit encore être réalisée. Mme Koury a recommandé de prendre des mesures plus proactives étant donné que les femmes sont confrontées à de nombreux obstacles, notamment l’intimidation, la violence en ligne, les attaques verbales et d’autres obstacles pour les décourager de s’inscrire comme candidates. 

Quant aux organisations extrémistes, elles maintiennent leur présence en Libye en tirant parti de leurs liens avec la criminalité organisée locale et transnationale, a déploré Mme Koury, en s’alarmant que des armes soient potentiellement entrées en Libye, en violation de l’embargo en place.  Elle a également rapporté que des restrictions de l’espace civique, des détentions arbitraires, notamment de femmes et d’enfants, des enlèvements, des disparitions forcées, des actes de torture, des décès en détention et des « aveux » extorqués continuent d’être signalés à travers tout le pays.  Sans compter une crise humanitaire désastreuse, aggravée par d’énormes inondations le 16 août dans le sud-ouest, et l’arrivée de près de 100 000 réfugiés soudanais fuyant les hostilités dans leur pays, a ajouté la haute fonctionnaire.

Le statu quo n’est pas tenable, a tranché la Cheffe de la MANUL.  « En l’absence de nouveaux pourparlers politiques menant à un gouvernement unifié et à des élections, nous assisterons à une plus grande instabilité politique, financière et sécuritaire, à des divisions politiques et territoriales profondément ancrées et à une plus grande instabilité nationale et régionale », a-t-elle prédit.  Aussi la Mission concentre-t-elle désormais ses bons offices sur l’aide à la désescalade des tensions, la préservation de la stabilité et la promotion de mesures de confiance entre les principales parties prenantes, ainsi que la préparation de la convocation de pourparlers politiques dirigés par les Libyens eux-mêmes, a assuré Mme Koury. 

M. YAMAZAKI KAZUYUKI (Japon), Président du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1970 (2011) concernant la Libye, a rendu compte au Conseil des travaux du Comité pendant la période allant du 19 juin au 20 août 2024.  Le Comité, a-t-il tout d’abord indiqué, a mené ses travaux en utilisant la procédure d’approbation tacite, dans le but de faciliter la mise en œuvre des mesures de sanctions.  En ce qui concerne l’embargo sur les armes, il a dit que le Comité prépare actuellement une réponse à la suite d’informations supplémentaires données par l’Espagne. 

S’agissant du gel des avoirs libyens, le Président du Comité a indiqué qu’aucune décision négative n’a été prise par rapport aux sept notifications reçues, dont six soumises par Bahreïn et une par le Royaume-Uni.  Le Comité a répondu à une lettre d’Oman sur une question liée au gel des avoirs et il est en train d’examiner une notification de Bahreïn.  De plus, le Comité examine actuellement deux questions dans le cadre des consultations informelles tenues début juin pour examiner le rapport intérimaire du Groupe d’experts. 

Pour ce qui est de la liste des sanctions, le Président du Comité a signalé que celui-ci avait reçu une communication du point focal en vue de radier un individu de ladite liste.  Le processus d’examen de cette demande est toujours en cours, a-t-il précisé.  En conclusion, il a réitéré l’engagement du Comité à contribuer à la promotion de la paix et de la stabilité en Libye. 

Déclarations

Le représentant du Royaume-Uni a estimé que les Libyens méritent la stabilité et la prospérité.  Malheureusement, un règlement politique permettant cela reste lointain, a-t-il déploré. Il a pris note des initiatives politiques qui se déroulent en dehors des auspices de l’ONU, y compris la récente réunion des membres de la Chambre des députés et du Haut Conseil d’État.  Il a souligné que le dialogue politique doit être inclusif pour être efficace, et il doit reconnaître le rôle central de la MANUL mandatée par le Conseil. 

Il a ensuite dit partager l’inquiétude croissante exprimée par le Groupe d’experts concernant l’augmentation des violations et des abus des droits humains. Cela comprend les rapports récents d’arrestations illégales et de mauvais traitements infligés aux journalistes. Il existe également un manque persistant de protection des femmes, ce qui restreint leur capacité à participer à tous les aspects de l’espace civil, social et politique de la Libye, a-t-il déploré.  Le délégué a en outre regretté l’inefficacité persistante de l’embargo sur les armes, rappelant que le Groupe d’experts continue de souligner des manquements flagrants et malveillants, notamment la fourniture d’un soutien militaire, y compris par les membres du Conseil.  Le Secrétaire général de l’ONU a notre plein soutien dans ses efforts pour nommer un nouveau Représentant spécial dès que possible, a-t-il également affirmé. 

La représentante du Guyana, au nom des A3+ (Algérie, Mozambique, Sierra Leone et Guyana), a noté que la situation en Libye ne fait que de se détériorer, exigeant une attention croissante du Conseil.  Elle a plaidé pour un dialogue national dirigé et contrôlé par les Libyens.  Les récentes actions unilatérales de membres de la Chambre des députés, en violation des résolutions du Conseil, ne font qu’accroître les tensions entre les Libyens.  Elle a souligné la nécessité d’une bonne préparation des élections nationales tout en préservant le cessez-le-feu et en promouvant le dialogue politique.  « Ce Conseil devrait à nouveau concentrer toute son attention à préserver les efforts en vue de la tenue de ces élections. »  Elle a plaidé pour le renforcement du mandat de la MANUL afin de relever les défis de la paix et de la stabilité.  Elle s’est dite préoccupée par le manque de participation des femmes à l’édification de l’avenir du pays.  Préoccupée par la récente mobilisation de forces en divers endroits du pays, elle a appelé toutes les parties prenantes à s’abstenir de toute action provocatrice susceptible de fragiliser davantage encore la Libye.  Toutes les forces étrangères doivent se retirer du pays, a dit la déléguée. 

Au vu de la détérioration de la situation sur le terrain, la représentante de la Slovénie a exhorté tous les acteurs libyens à faire preuve de la plus grande retenue et à respecter le droit international humanitaire et le droit international des droits de l’homme.  Préoccupée par la mobilisation et les mouvements militaires dans le sud-ouest du pays, elle a appelé à la pleine mise en œuvre de l’accord de cessez-le-feu d’octobre 2020, et au renforcement de la coordination entre les acteurs militaires et sécuritaires de l’est et de l’ouest en vue de leur unification.  Le retrait de toutes les forces étrangères, des combattants étrangers et des mercenaires du territoire libyen est également essentiel, a exigé la déléguée.  Elle a noté que la précarité de la situation sécuritaire est due à l’impasse politique qui s’est enracinée en Libye.  Mais une transition politique et une réconciliation nationale en Libye ne seront réussies que si les femmes sont habilitées à participer pleinement, de manière égale, significative et en toute sécurité à tous les processus liés à l’avenir de leur pays, a mis en garde la représentante, en soulignant qu’à cet égard, les prochaines élections municipales seraient un test. 

Le représentant de la Chine a estimé que pour promouvoir la réconciliation nationale et le processus politique en Libye, il faut s’appuyer sur le dialogue, la consultation et la communication, en notant que les parties libyennes ont toujours des vues différentes quant aux élections et aux organes nationaux.  Il a salué l’annonce de la République démocratique du Congo qui va organiser une conférence en octobre prochain en vue de promouvoir la réconciliation intralibyenne et donner un nouvel élan à la transition politique en Libye.  Préoccupé par la situation sécuritaire dans le pays, le représentant a demandé aux parties d’éviter les frictions et les affrontements en renforçant la communication dans le cadre de la Commission militaire conjointe 5+5.  Il a appelé la communauté internationale à soutenir le développement du pays, et demandé le retrait des forces étagères et mercenaires du pays.  La Chine appelle aussi toutes les parties à régler les différends économiques par le dialogue, a-t-il poursuivi avant de souligner que les avoirs gelés de la Libye appartiennent au pays et que la résolution 2701 (2023) doit être appliquée.  Avant de conclure, le représentant a soutenu tous les efforts en vue de renforcer le cessez-le-feu dans le pays.

Le représentant de la République de Corée a relevé que la récente fermeture par une milice du champ pétrolifère de Charara, lequel produisait 40% de la production nationale de pétrole, met en évidence les risques économiques découlant de la fragilité de la situation sécuritaire et du manque de gouvernance nationale en Libye.  Il a exhorté tous les dirigeants libyens à dialoguer et à donner la priorité aux intérêts du peuple libyen et non à leurs intérêts personnels.  Dans le contexte du processus électoral, il a jugé particulièrement important de protéger les femmes libyennes du harcèlement et de la violence sexiste, et de renforcer leur participation à toutes les étapes des processus politiques. 

Rappelant l’observation du Secrétaire général de l’ONU selon laquelle la Libye est devenue un terrain de rivalité entre pays étrangers motivés par des intérêts géopolitiques et économiques, le délégué a prédit que l’influence extérieure sur les acteurs nationaux individuels va probablement approfondir et prolonger les divisions entre les Libyens.  Nous attendons du Secrétaire général la nomination rapide d’un Représentant spécial compétent pour la Libye qui dirigera les efforts de médiation de l’ONU, a-t-il souhaité.  Il a par ailleurs exhorté vivement les parties libyennes et étrangères à respecter pleinement l’embargo sur les armes du Conseil de sécurité.  Il a également appelé la communauté internationale à intensifier ses efforts pour répondre aux conditions désastreuses auxquelles sont confrontés les migrants de toute l’Afrique qui tentent de traverser la Méditerranée, ainsi que les réfugiés de pays voisins.  Il a enfin estimé que le plus urgent et le plus impératif pour l’amélioration de la situation libyenne est la tenue d’élections présidentielles et parlementaires libres, équitables et inclusives le plus rapidement possible. 

La représentante de la Suisse a dit suivre avec préoccupation les développements politiques et militaires de ces dernières semaines en Libye.  Elle a exhorté l’ensemble des parties à faire preuve de retenue afin d’éviter une escalade qui aurait des conséquences désastreuses en Libye et dans la région, y compris sur la vie des femmes et des filles. « Au niveau sécuritaire, nous nous faisons l’écho des appels de la MANUL déplorant l’utilisation de projectiles lourds et de roquettes par les groupes combattants dans des zones densément peuplées et rappelons à toutes les parties leur obligation de protéger les civils à tout moment. »  Les actes susceptibles d’accroître les tensions, de saper la confiance et d’enraciner davantage les divisions institutionnelles et la discorde entre les Libyens doivent cesser, a tranché la déléguée.  Elle a jugé crucial d’organiser des élections libres, transparentes et inclusives.  « Un gouvernement élu et des institutions unifiées sont des prérequis à la consolidation de la stabilité et à l’essor économique. »  Enfin, elle a dénoncé le ciblage des femmes actives en politique en Libye. 

La représentante de la France s’est déclarée préoccupée par la situation sécuritaire en Libye, réitérant l’impératif de pleinement respecter l’accord de cessez-le-feu d’octobre 2020.  La déléguée a ensuite encouragé la reprise d’un processus politique seul à même de mettre fin au cycle de tensions entre groupes armés.  Ce processus doit mener à la formation d’un nouveau gouvernement unifié et à l’organisation d’élections présidentielle et législatives sans plus attendre, a-t-elle exhorté.  Pour que le pays sorte de l’impasse, la représentante a appelé les acteurs libyens à respecter leurs engagements et à s’engager dans le dialogue. Elle a favorablement accueilli la réunion tenue au Caire entre des parlementaires de la Chambre des députés et du Haut Conseil d’État, le 18 juillet dernier, appelant à la poursuite des efforts en ce sens. 

La déléguée a ensuite souhaité qu’un représentant spécial du Secrétaire général pour la Libye soit prochainement désigné.  Pour elle, l’actuelle période de transition doit être l’occasion de mener une réflexion approfondie sur les objectifs stratégiques de la MANUL, afin qu’elle remplisse au mieux son rôle de facilitation du dialogue interlibyen et qu’elle accompagne le processus sécuritaire pour mener à la réunification des forces armées libyennes.  La déléguée a enfin appelé à ce que tout soit mis en œuvre pour garantir la libre expression des électeurs lors des prochaines élections municipales, qui représenteront une étape importante dans la vie démocratique du pays. 

Le représentant des États-Unis s’est dit préoccupé par les divisions qui perdurent et qui sèment un risque de conflit en Libye, notant que les conditions ne sont pas propices au dialogue pour réunifier le pays.  Il a jugé impératif que les parties négocient dans l’intérêt de l’unité du pays, souhaitant voir des efforts en ce sens. Le délégué a appelé tous les acteurs, qu’ils soient au sein ou à l’extérieur de la Libye, à soutenir les efforts du Secrétaire général pour définir une feuille de route devant guider le processus d’élections nationales « justes et libres », afin de parvenir à constituer un gouvernement responsable et représentatif, tel que le peuple libyen le mérite.  Le représentant a également insisté sur l’importance de la réunification militaire du pays, avant de faire part de ses préoccupations relatives à la division de la Banque centrale et aux tentatives de remplacer son gouverneur.  Il a appelé à y renoncer au nom du bon fonctionnement de la Banque et a plaidé en faveur d’une répartition juste et équitable des ressources du pays. 

S’agissant des sanctions imposées au pays, le représentant a fait état de la présence de navires russes non loin de côtes libyennes qui déchargent équipements et personnels militaires.  Il a craint que cela ne déstabilise la Libye et la région.  Il est vital que les États Membres respectent les exigences de notification concernant les livraisons d’armes, a-t-il martelé à cette occasion, en encourageant le Groupe d’experts à continuer à faire rapport sur toutes les infractions à l’embargo sur les armes.  Le Conseil doit en rester saisi, a-t-il demandé. 

La représentante de Malte a estimé qu’un processus politique dirigé et contrôlé par les Libyens reste le seul moyen par lequel le pays pourra prospérer. De même, le rôle de médiation des Nations Unies dans tout processus politique est crucial.  Toute proposition visant à soutenir le processus politique doit être inclusive, motivée par la bonne foi et complémentaire au rôle et aux efforts de l’ONU, a-t-elle souligné.  De même, elle a insisté sur la nécessité de combler l’absence de leadership actuel au sein de la MANUL, craignant qu’une absence prolongée solidifie le statu quo. 

La présence continue de combattants étrangers, de forces étrangères et de mercenaires ainsi que la prolifération d’armes sous le contrôle de divers acteurs étatiques et non étatiques sont des facteurs tout aussi déstabilisateurs, a poursuivi la déléguée.  Selon elle, le respect total du cadre plus large des sanctions reste tout aussi essentiel. Du point de vue régional, nous soulignons que le territoire libyen ne doit pas être utilisé pour la compétition entre les acteurs, a-t-elle plaidé.  Les restrictions à l’engagement politique des femmes et leur représentation limitée dans les structures nationales sont profondément regrettables et incompatibles avec la feuille de route politique de la Libye, a indiqué la représentante. 

Le représentant du Japon s’est dit profondément préoccupé par l’impasse politique qui se prolonge en Libye.  Estimant que des élections nationales sont une condition préalable pour restaurer la légitimité des institutions de l’État, il a noté l’absence de progrès vers la résolution des questions contestées dans les lois électorales, avant d’exhorter « une nouvelle fois » toutes les parties prenantes libyennes à placer les aspirations du peuple au-dessus de leurs propres intérêts.  « La Libye a besoin d’une distribution équitable et transparente de ses revenus plutôt que de groupes politiques et armés qui se disputent le pouvoir sur les ressources. »  Le représentant a mis en exergue les risques pour la sécurité qui découlent de la division politique structurelle actuelle en Libye, réaffirmant la nécessité d’un dialogue et d’un renforcement de la confiance entre les parties.  Il a également encouragé la MANUL à poursuivre son soutien aux efforts de la Commission militaire conjointe 5+5 afin de faire respecter l’accord de cessez-le-feu, y compris le retrait des forces étrangères, des combattants étrangers et des mercenaires, et de faciliter le dialogue en vue d’établir des institutions militaires et sécuritaires unifiées, responsables et professionnelles.

Alors que la situation humanitaire des migrants et des réfugiés qui entrent et transitent par la Libye reste très préoccupante, le délégué a mis en garde contre l’intensification du conflit au Soudan qui a déjà ajouté plus de 20 000 réfugiés aux frontières libyennes.  Bien que la réponse humanitaire apportée par les agences onusiennes et les autorités locales soit louable à ses yeux, il a appelé la communauté internationale à mettre davantage en lumière ces personnes en situation de vulnérabilité.  Le Japon est également alarmé par les rapports faisant état de violations systématiques du droit international en matière de droits de l’homme, de même que de restrictions excessives imposées à la société civile, aux femmes, aux jeunes, aux journalistes, aux défenseurs des droits humains et à d’autres personnes, a-t-il indiqué.

La représentante de l’Équateur a constaté que la stagnation du processus politique libyen continue de retarder la tenue d’élections présidentielle et législatives libres, inclusives et transparentes.  Dans cette perspective, il est essentiel que la Haute Commission électorale nationale garantisse la participation pleine, significative et sûre des femmes, des minorités et des jeunes à ce processus.  Mais la persistance de divisions et l’existence d’institutions parallèles compromettent la sécurité et la stabilité économique du pays, ainsi que la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Libye dans un contexte régional de plus en plus complexe, a-t-elle mis en garde.  Notant que des affrontements armés ont été signalés ces derniers mois dans différentes régions du pays, la déléguée a toutefois salué la désescalade des hostilités à Tajoura.  Elle a apporté son soutien aux efforts de la Commission militaire conjointe 5+5 pour mettre en œuvre l’accord de cessez-le-feu de 2020.  « Ces affrontements soulignent la nécessité d’unifier l’appareil militaire et sécuritaire libyen. »  La représentante a ainsi salué la réunion des membres de la Chambre des députés et du Haut Conseil d’État tenue au Caire le 18 juillet, qui avait pour objectif de faciliter un processus politique dirigé et assumé par les Libyens.  Elle doit maintenant se traduire par des actions concrètes, a-t-elle ajouté. 

Le représentant de la Fédération de Russie a noté que le processus politique libyen est dans l’impasse.  La situation critique exige une action internationale, a-t-il recommandé.  Il a plaidé pour un dialogue national « dirigé et contrôlé par les Libyens », avant de demander que la priorité soit donnée aux aspirations de la population libyenne.  Aucune solution ne doit être imposée de l’extérieur, a-t-il réclamé.  Le délégué a espéré que « l’abîme de défiance entre les Libyens depuis l’agression de l’OTAN » pourra être surmonté et l’unité restaurée.  Il a plaidé pour un retrait graduel de toutes les forces étrangères du pays, « sans exceptions », avant de dénoncer le gel des avoirs libyens.  Ce sont les pays occidentaux qui ont détruit la Libye, a tranché le délégué, en dénonçant le vol, par des banquiers occidentaux, de 2 milliards d’euros appartenant à la population libyenne.  Le délégué a demandé la nomination d’un nouveau représentant spécial du Secrétaire général, qui soit doté d’une autorité forte et qui sache établir un dialogue avec toutes les parties prenantes.  Enfin, il a rappelé que la coopération amicale russo-libyenne est conforme aux résolutions onusiennes. 

Le représentant de la Libye s’est dit surpris des divers discours entendus ce jour.  Il a fait remarquer que ces exposés rendent compte de faits sans faire de proposition pour sortir le pays de l’impasse.  Le Conseil n’arrive même pas à s’entendre sur la nomination d’un représentant spécial, et ce, depuis des mois, a-t-il ironisé.  Il a fait état d’initiatives de pourparlers qui naissent malgré tout, « les unes sincères et d’autres moins ».  Mais la communauté internationale n’a jamais permis au peuple libyen de conduire son propre processus de paix, a déploré le représentant avant d’affirmer que « le problème libyen est politique et non pas juridique ». 

Le délégué a appelé les États à s’abstenir de toute pratique pouvant aggraver la situation en Libye.  Il a affirmé que la seule issue est la tenue d’élections.  Selon lui, le processus politique à venir doit s’appuyer sur ce qui a déjà été fait tout en évitant les divisions.  Le peuple libyen veut faire entendre sa voix, a-t-il assuré, tout en rejetant les ingérences étrangères.  De son avis, les parties doivent agir par le biais de la Commission militaire conjointe 5+5. 

En ce qui concerne la situation économique, le représentant libyen a évoqué la diffusion de fausses monnaies sur le marché, en soulignant le besoin d’assainir le secteur des hydrocarbures.  Il a appelé à ne pas sous-estimer la résilience du peuple libyen qui est, a-t-il assuré, déterminé à contrer les ingérences étrangères.  Tôt ou tard, le territoire national sera épuré de cette présence, a-t-il prédit, en rappelant que la stabilité de la Libye aura un impact positif sur la région.  « Il est temps de mettre un terme à ces ingérences de parties qui ne veulent pas le bien du pays.  Il est temps de se consacrer à la reconstruction du pays. » 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité reconduit jusqu’au 31 décembre 2024 les autorisations données à l’Union africaine pour maintenir sa Mission de transition en Somalie (ATMIS)

9708e séance – après-midi
CS/15793

Le Conseil de sécurité reconduit jusqu’au 31 décembre 2024 les autorisations données à l’Union africaine pour maintenir sa Mission de transition en Somalie (ATMIS)

Trois jours après une première reconduction technique, le Conseil de sécurité a prolongé, cet après-midi, jusqu’au 31 décembre 2024, les autorisations données à l’Union africaine pour maintenir sa Mission de transition en Somalie (ATMIS), avec un maximum de 12 626 membres du personnel en tenue, dont 1 040 policiers.

Aux termes de la résolution 2748 (2024), présentée par le Royaume-Uni et adoptée à l’unanimité, le Secrétaire général est prié de continuer à fournir un ensemble de mesures de soutien logistique et, en concertation avec l’Union africaine (UA) et le Gouvernement fédéral somalien, d’actualiser le plan de soutien logistique en tant que de besoin, par l’intermédiaire du Bureau d’appui des Nations Unies en Somalie (BANUS), dans le plein respect de la politique de diligence voulue en matière de droits humains.

Par ailleurs, le Conseil prie le Secrétaire général, conjointement avec le Président de la Commission de l’UA et en consultation avec la Somalie et les parties prenantes internationales, de lui faire rapport avant le 15 novembre 2024 sur la conception générale de l’opération de soutien à la paix dirigée par l’UA destinée à remplacer l’ATMIS, notamment une proposition de structure; un plan de transition du BANUS et de l’ATMIS à la mission proposée; les responsabilités et les engagements de la Somalie pour ce qui est de transférer la responsabilité de la sécurité; ainsi que sur une stratégie de sortie complète pour la mission proposée, entre autres.

Après l’adoption, le Royaume-Uni a invité le Conseil à soutenir les prochaines étapes de transition de la Somalie, rappelant qu’en octobre, le Conseil va se réunir avec l’UA et le Secrétariat de l’ONU pour envisager les étapes suivantes. Ce sont ces étapes qui inquiètent les États-Unis qui ont insisté sur le défi du financement de la mission qui va remplacer l’ATMIS.  Ils ont également salué l’engagement de la Somalie à lutter contre les Chabab et à assumer par elle-même sa sécurité.

Cette lutte engagée contre les Chabab demande d’importantes capacités que la Somalie n’a pas, a déploré son représentant qui a insisté sur le fait que la planification de la prochaine mission doit tenir compte des aspirations du peuple somalien à travers son gouvernement fédéral.  Le délégué a déploré un retrait lent de l’ATMIS et a appelé tous les États, y compris les voisins de la Somalie, à mettre en œuvre l’embargo sur les armes frappant les Chabab.

LA SITUATION EN SOMALIE

Texte du projet de résolution (S/2024/609)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant toutes ses résolutions et toutes les déclarations de sa présidence sur la situation en Somalie, 

Réaffirmant son attachement total à la souveraineté, à l’intégrité territoriale, à l’indépendance politique et à l’unité de la Somalie, 

Soulignant l’importance de consolider les acquis en matière de paix et de sécurité en Somalie, conscient que l’action militaire ne permettra pas à elle seule de venir à bout des menaces contre la paix et la sécurité en Somalie, soulignant que la protection des civils est indispensable pour instaurer une paix durable, et réaffirmant qu’il est nécessaire de suivre une démarche intégrée qui consolide les assises de la paix et de la stabilité, dans le respect des priorités définies par le Gouvernement somalien,

Prenant note du rapport présenté par le Gouvernement fédéral somalien le 11 avril 2024, conformément au paragraphe 10 de la résolution 2710 (2023), dans lequel celui-ci demandait que soit maintenu l’appui au développement de son secteur de la sécurité,

Prenant note également du communiqué du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine en date du 20 juin 2024, qui contient une analyse du conflit et une évaluation stratégique conjointe de la situation en Somalie, élaborées par la Commission de l’Union africaine en consultation avec la Somalie, et qui envisage diverses propositions d’intervention possibles par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et lui-même et demande l’élaboration d’un projet de concept général d’opérations, 

Se félicitant du communiqué en date du 1er août 2024 par lequel le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine lui a transmis pour examen le concept général d’opérations pour la Mission d’appui et de stabilisation de l’Union africaine en Somalie (AUSSOM), opération de soutien à la paix dirigée par l’Union africaine destinée à remplacer la Mission de transition de l’Union africaine en Somalie (ATMIS), 

Se déclarant profondément préoccupé par la grave menace que les Chabab continuent de représenter pour la paix, la sécurité et la stabilité en Somalie et dans la région,

Condamnant dans les termes les plus énergiques les attaques terroristes commises en Somalie et dans les États voisins,

Engageant toutes les parties à respecter pleinement les obligations que leur impose le droit international, y compris le droit international des droits humains, selon qu’il convient, et le droit international humanitaire,

Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

Mission de transition de l’Union africaine en Somalie (ATMIS)

1.    Rappelle le paragraphe 22 de la résolution 2628 (2022), tel qu’il a été récemment reconduit par la résolution 2747 (2024), et prolonge ses autorisations jusqu’au 31 décembre 2024;

2.    Autorise les États membres de l’Union africaine à continuer d’envoyer à l’ATMIS jusqu’à concurrence de 12 626 membres du personnel en tenue, dont 1 040 policiers, jusqu’au 31 décembre 2024;

3.    Encourage les donateurs traditionnels et les nouveaux donateurs à soutenir l’ATMIS, le fonds d’affectation spéciale à l’appui des forces de sécurité somaliennes, administré par le Bureau d’appui des Nations Unies en Somalie (BANUS), ainsi que la mission proposée, et à fournir le financement nécessaire, et souligne qu’un soutien supplémentaire à l’ATMIS et aux forces de sécurité somaliennes permettra à la Somalie d’intensifier sa lutte contre les Chabab et d’améliorer la paix et la sécurité dans le pays et dans la région;

Bureau d’appui des Nations Unies en Somalie (BANUS)

4.    Prie le Secrétaire général de continuer à fournir un ensemble de mesures de soutien logistique et, en concertation avec l’Union africaine et le Gouvernement fédéral somalien, d’actualiser le plan de soutien logistique en tant que de besoin, par l’intermédiaire du BANUS, dans le plein respect de la politique de diligence voulue en matière de droits humains, pour: 

a)    la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM), selon le principe du recouvrement des coûts; 

b)    le personnel en tenue de l’ATMIS, compte tenu du paragraphe 2 de la présente résolution et selon les modalités énoncées au paragraphe 2 de la résolution 2245 (2015)

c)    le personnel civil de l’ATMIS, dont le nombre pourra être porté à 85 membres, pour soutenir les opérations militaires et les opérations de police de l’ATMIS et améliorer la coordination entre l’Organisation des Nations Unies, l’Union africaine et la Somalie;

5.    Rappelle le paragraphe 2 de la résolution 2245 (2015) et décide d’en maintenir les dispositions prévues aux alinéas f) et g) concernant 20 900 soldats de l’Armée nationale somalienne ou membres de la Police somalienne, lors des opérations menées ou coordonnées conjointement avec l’ATMIS, dans le plein respect de la politique de diligence voulue en matière de droits humains, jusqu’au 31 décembre 2024;

Maintenir la dynamique de la transition en matière de sécurité

6.    Encourage la Somalie à poursuivre l’élaboration et la mise en œuvre de son plan de développement du secteur de la sécurité, afin qu’elle puisse, à terme, s’approprier pleinement la responsabilité de sa sécurité, invite les partenaires de la Somalie en matière de sécurité à continuer d’appuyer la mise en œuvre de ce plan, et souligne que l’assistance internationale fournie au secteur de la sécurité somalien doit être coordonnée et cohérente;

7.    Salue le travail accompli par la Commission de l’Union africaine, en consultation avec la Somalie et les parties prenantes internationales, pour établir le concept général d’opérations pour une opération de soutien à la paix dirigée par l’Union africaine destinée à remplacer l’ATMIS et prend note des préoccupations du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine concernant les difficultés financières rencontrées par les missions précédentes et de son projet de modèle de financement pour la mission proposée;

8.    Prie le Secrétaire général, conjointement avec le Président de la Commission de l’Union africaine et en consultation avec la Somalie et les parties prenantes internationales, de lui faire rapport sur la conception générale de la mission proposée, guidée par une stratégie politique nationale claire visant à soutenir le Gouvernement fédéral somalien dans la transition de la Somalie du conflit à la paix, dans le respect de la politique de diligence voulue en matière de droits humains en cas d’appui de l’ONU à des forces de sécurité non onusiennes et du cadre de conformité et de responsabilisation de l’Union africaine, en vue de renforcer l’autonomie de l’Union africaine et la prise en main par elle de la mission proposée, et compte tenu du concept général d’opérations transmis par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, notamment sur:

a)    une proposition de structure de la mission, y compris des options concernant la fourniture d’un appui des Nations Unies;

b)    un plan de transition du BANUS et de l’ATMIS à la mission proposée;

c)    les responsabilités et les engagements de la Somalie pour ce qui est de transférer la responsabilité de la sécurité, tels que définis dans le cadre de consultations avec la Somalie et à la lumière des engagements pris par les partenaires de la Somalie dans le domaine de la sécurité;

d)    un mécanisme de coordination clair entre la mission proposée et ses donateurs;

e)    un cahier des charges, y compris des indicateurs et un calendrier précis permettant de mesurer les progrès réalisés sur le terrain et dans lequel sont indiqués les rôles respectifs des parties prenantes internationales, y compris l’Union africaine et l’ONU, dans l’appui apporté à la Somalie; 

f)    une stratégie de sortie complète pour la mission proposée; 

et prie le Secrétaire général de lui communiquer ces informations pour examen le 15 novembre 2024 au plus tard;

9.    Demande que le rapport sollicité au paragraphe 8 de la présente résolution contienne une estimation des ressources nécessaires et des coûts et, à l’issue de consultations avec des donateurs potentiels, présente clairement une série d’options pour le financement de la mission, y compris, mais sans se limiter au soutien fourni par les partenaires internationaux, le cadre établi par la résolution 2719 (2023), d’autres solutions possibles, ou une combinaison de ces options, et tous les mécanismes ou moyens qui pourraient être nécessaires à la réalisation de ces options;

Mises à jour

10.   Demande au Secrétaire général de lui faire un bilan détaillé de la suite donnée à ces demandes d’ici au 11 octobre 2024 et fait part de son intention de convoquer une séance privée en octobre pour débattre de ce bilan avec l’Union africaine et la Somalie, avec la participation du Secrétariat;

11.   Prie le Secrétaire général de le tenir informé, dans les rapports que celui-ci établira périodiquement en application du paragraphe 14 de la résolution 2705 (2023) et du paragraphe 14 de la résolution 2710 (2023), de l’application de la présente résolution;

12.   Décide de rester activement saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Yémen: appels insistants au Conseil de sécurité pour prévenir un embrasement régional et libérer le personnel onusien détenu par les houthistes

9707e séance – matin
CS/15792

Yémen: appels insistants au Conseil de sécurité pour prévenir un embrasement régional et libérer le personnel onusien détenu par les houthistes

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Le Conseil de sécurité a entendu ce matin des appels insistants afin de libérer le personnel onusien et humanitaire détenu par les houthistes et de prévenir un embrasement régional.  « Le Moyen-Orient retient son souffle », a indiqué l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, M. Hans Grundberg, qui s’est exprimé, à l’instar d’une représentante du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA). 

D’emblée, M. Grundberg a dénoncé la campagne des houthistes contre les employés yéménites de l’ONU, la société civile, les membres des organisations non gouvernementales et des missions diplomatiques, ainsi que le secteur privé.  « Des dizaines d’hommes et de femmes, parmi lesquels 13 employés de l’ONU, y compris de mon propre personnel, sont toujours détenus dans des endroits inconnus. »  

L’Envoyé spécial a, en particulier, dénoncé l’assaut donné le 3 août par les houthistes, en violation des privilèges et immunités onusiens, contre les locaux du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme à Sanaa.  « Il s’agit d’une attaque grave contre l’ONU et sa capacité à s’acquitter de son mandat », a-t-il dit, en rappelant l’importance de protéger les droits fondamentaux.  L’Envoyé spécial a exhorté les houthistes à se comporter de manière responsable et à les libérer. 

« La situation est inacceptable », a appuyé Mme Lisa Doughten, Directrice du financement et des partenariats de l’OCHA, en dénonçant, elle aussi, ces détentions arbitraires.  Elle a ensuite fait part de sa préoccupation devant la détérioration inquiétante de l’environnement opérationnel dans les zones contrôlées par les houthistes.  « La fermeture récente par les houthistes des locaux du Haut-Commissariat, ainsi que leur assaut, sont tout aussi inacceptables. » 

Une position partagée par de nombreuses délégations, dont la Suisse qui s’est dite très préoccupée par les limitations de l’espace civil et humanitaire par les houthistes, créant « un climat de peur ».  Les détentions arbitraires de personnels des Nations Unies et des ONG locales et internationales sont contraires au droit international humanitaire, ont appuyé la France; la Sierra Leone, au nom des A 3+ (Algérie, Mozambique, Sierra Leone et Guyana); ou encore la Chine. 

Le Yémen a estimé que la prise d’assaut des locaux à Sanaa s’inscrit dans l’approche des houthistes visant à exercer une pression sur les agences onusiennes.  Le délégué de ce pays a appelé à fournir de toute urgence une aide au Yémen pour répondre aux besoins humanitaires urgents et lutter contre les effets des changements climatiques, en soutenant le Plan de réponse humanitaire qui manque de ressources.  Le Plan pour 2024 n’est financé qu’à hauteur de 27%, a reconnu Mme Doughten. 

M. Grundberg a espéré que la trajectoire d’escalade que le Moyen-Orient connaît ces derniers mois sera inversée.  Malgré de sérieux efforts pour protéger le Yémen d’une escalade régionale, les houthistes continuent d’attaquer des navires en mer Rouge, tandis que les États-Unis et le Royaume-Uni continuent de frapper des cibles dans le territoire contrôlé par Ansar Allah, a dit l’Envoyé spécial.  « Cette situation, qui dure depuis huit mois maintenant, n’est pas tenable. » 

De son côté, le Royaume-Uni a dénoncé les attaques irresponsables des houthistes menées en coordination avec des groupes affiliés à l’Iran.  Soulignant de même leurs liens avec les Chabab, cette délégation a estimé que les actions des houthistes s’inscrivent dans un schéma plus large de déstabilisation. « Les membres du Conseil doivent cesser de trouver des prétextes aux houthistes qui poursuivent leurs attaques dans la mer Rouge et le golfe d’Aden », ont appuyé les États-Unis.   

Ce pays a accusé l’Iran de soutenir les houthistes en leur fournissant des armes dans le but de semer le chaos dans tout le Moyen-Orient.  « La seule réponse appropriée est de condamner ces attaques et d’exiger qu’elles cessent, tout en empêchant l’accès des houthistes aux armes iraniennes. » Tout en dénonçant les activités déstabilisatrices des houthistes, la France a exhorté le Conseil à tout faire pour éviter un embrasement régional, tandis que les A3+ ont demandé aux pays influents de veiller à ne pas attiser les flammes. 

Une note dissonante est venue de la Fédération de Russie selon qui ceux qui critiquent les agissements des houthistes devraient également critiquer ceux d’Israël contre le personnel de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).  Tout en appelant les houthistes à cesser d’entraver la navigation en mer Rouge, ce pays a exhorté les acteurs internationaux à respecter la souveraineté du Yémen, soulignant que tous les actes agressifs menés par la soi-disant coalition à l’encontre d’installations au Yémen sont contraires au droit international. 

Toute normalisation de la situation au Moyen-Orient et en mer Rouge sera impossible sans une désescalade à Gaza, a souligné la délégation russe qui a accusé les États-Unis de promouvoir une politique pro-israélienne qui entrave la réalisation d’un cessez-le-feu. 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Exposés

M. HANS GRUNDBERG, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, a dénoncé la campagne menée par Ansar Allah contre les employés yéménites de l’ONU, de la société civile, des membres des organisations non gouvernementales et des missions diplomatiques, ainsi que du secteur privé. « Des dizaines d’hommes et de femmes, parmi lesquels 13 employés de l’ONU, y compris de mon propre personnel, sont toujours détenus dans des endroits inconnus. » Il a dénoncé l’assaut, le 3 août, des forces d’Ansar Allah, en violation des privilèges et immunités onusiens, contre les locaux du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme.  « Il s’agit d’une attaque grave contre l’ONU et sa capacité à s’acquitter de son mandat », a-t-il dit, en rappelant l’importance de protéger les droits fondamentaux.  L’Envoyé spécial a exhorté Ansar Allah à se comporter de manière responsable et à les libérer. 

Le Moyen-Orient est en train de retenir son souffle, a poursuivi M. Grundberg.  Il a espéré que la trajectoire d’escalade des derniers mois pourra être inversée, notant que le conflit à Gaza a entraîné de nombreux pays, dont le Yémen.  Malgré de sérieux efforts pour protéger le Yémen d’une escalade régionale, Ansar Allah continue d’attaquer des navires en mer Rouge, tandis que les États-Unis et le Royaume-Uni continuent de frapper des cibles dans les territoires qu’il contrôle.  « Cette situation, qui dure depuis huit mois maintenant, n’est pas tenable », a-t-il prévenu. 

L’Envoyé spécial a rappelé l’urgence de remédier au conflit et exhorté les parties yéménites, en particulier Ansar Allah, à donner la priorité aux Yéménites. « Nous avons besoin de nous concentrer à nouveau sur le Yémen et de trouver des réponses à ses défis. » Il s’est dit préocntrccupé par la trajectoire du pays et sa tendance régressive, comme l’illustrent les activités militaires et la rhétorique incendiaire.  Il a pointé des menaces de retour à la guerre, même si le niveau de violence est contenu par rapport à celui qui prévalait avant la trêve de 2022.  Il a également signalé que la situation aux frontières du pays reste volatile. 

M Grunberg a néanmoins fait état de progrès entre les parties s’agissant du fonctionnement de la compagnie aérienne Yemenia et de l’accès des banques yéménites aux circuits bancaires internationaux.  Il a appelé les parties à exécuter les engagements pris, soulignant la nécessité d’une banque centrale et d’une monnaie unique et d’un secteur bancaire soustrait aux interférences politiques.  Il a dit sa détermination de garder ouverts les canaux de communication entre les parties sur les différents sujets tels que l’économie, un cessez-le-feu à l’échelle nationale, un processus politique et la libération des détenus. 

En conclusion, l’Envoyé spécial a rappelé la priorité de long terme qu’est une solution juste et durable pour tous les Yéménites.  « Je reste déterminé à accomplir la tâche que ce Conseil m’a confiée: appuyer la reprise d’une transition politique inclusive dirigée par les Yéménites. » 

Mme LISA DOUGHTEN, Directrice du financement et des partenariats du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), a, elle aussi, dénoncé la détention arbitraire depuis plus de deux mois par les autorités houthistes de facto de membres yéménites du personnel de l’ONU, et de dizaines de membres du personnel d’ONG internationales et nationales et de représentants de la société civile, une situation « inacceptable ». Elle a ensuite fait part de sa préoccupation devant la détérioration inquiétante de l’environnement opérationnel dans les zones contrôlées par les houthistes.  La fermeture récente par les autorités houthistes de facto des locaux du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme à Sanaa, ainsi que la descente dans son enceinte et la prise de contrôle des biens de l’ONU qui a suivi, sont tout aussi inacceptables, a tranché la haute fonctionnaire. 

Elle a ensuite fait savoir qu’au cours des 10 derniers jours, de fortes précipitations ont touché plusieurs provinces du Yémen, endommageant des habitations, des fermes et des infrastructures publiques.  Environ 69 500 familles ont été directement touchées, et beaucoup ont perdu leur maison et leurs moyens de subsistance. Quelque 98 personnes ont été tuées et plus de 600 autres blessées, a encore précisé Mme Doughten. La communauté humanitaire s’est mobilisée pour fournir une aide vitale immédiate, mais le Plan annuel de réponse humanitaire pour 2024 n’est financé qu’à hauteur de 27%, conduisant à des choix difficiles, a-t-elle reconnu. 

Outre la santé, notamment les problèmes posés par l’épidémie de choléra, la sécurité alimentaire au Yémen se détériore, a poursuivi la Directrice.  La consommation alimentaire inadéquate n’a cessé d’augmenter, touchant désormais 60% des ménages interrogés à l’échelle nationale.  Les impacts de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition croissantes vont bien au-delà de la faim, exposant les enfants, en particulier les filles, à des taux accrus de maltraitance et de négligence.  « Aujourd’hui, 30% des filles au Yémen sont contraintes de se marier avant l’âge de 18 ans, alors que leurs familles ont du mal à subvenir à leurs besoins », a relevé Mme Doughten. Et le nombre d’enfants non scolarisés –qui atteint actuellement le chiffre « stupéfiant » de 4,5 millions– risque d’augmenter, car davantage sont contraints de quitter l’école pour aider leurs familles. 

Le financement intégral et urgent du Plan de réponse humanitaire pour le Yémen est donc une exigence minimale pour subvenir aux besoins humanitaires critiques, a plaidé la haute responsable.  « Le peuple yéménite ne peut pas se permettre de payer le prix dévastateur d’un nouveau conflit.  Je fais donc écho à l’appel du Secrétaire général en faveur de la retenue et de la désescalade.  Et j’exhorte le Conseil à soutenir la paix au Yémen et dans la région », a-t-elle conclu. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: sur fond de retards dans l’organisation des élections, une « tempête parfaite » se profile sur les plans humanitaire et économique au Soudan du Sud

9705e séance – matin
CS/15791

Conseil de sécurité: sur fond de retards dans l’organisation des élections, une « tempête parfaite » se profile sur les plans humanitaire et économique au Soudan du Sud

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Soudan du Sud a averti ce matin, devant le Conseil de sécurité, qu’une « tempête parfaite » se prépare en ce qui concerne les perspectives humanitaires et économiques du pays, avant d’appeler à un élan collectif de la part de l’ensemble des parties prenantes, « notamment le Gouvernement de transition », pour empêcher un retour au conflit et jeter les bases d’une société pacifique, prospère et démocratique. 

Outre une insécurité alimentaire chronique, le débordement du conflit soudanais au Soudan du Sud et l’incertitude face aux événements politiques critiques nécessaires à une transition réussie, M. Nicholas Haysom s’est inquiété de la détérioration rapide de l’économie, exacerbée par la rupture des infrastructures et des revenus pétroliers essentiels, et du risque d’inondations historiques en septembre. 

Chacun de ces éléments représente à lui seul un défi important, a-t-il souligné, et, s’ils sont combinés, ils pourraient amener le pays à un point de basculement au moment même où le peuple entame une phase délicate de construction de la nation.  Le temps presse, a-t-il lancé, avertissant que la capacité de réponse de l’ONU risque d’être dépassée et la transition politique du pays de dérailler. 

C’est dans ce contexte qu’un deuxième processus de dialogue a été lancé en mai à Nairobi, a indiqué M. Haysom.  Connu sous le nom de l’initiative Tumaini, ces pourparlers visent à garantir que les groupes non signataires se joignent au processus de paix et proposent de nouveaux mécanismes de suivi, de contrôle et de mise en œuvre. Cependant, a-t-il rapporté, le Mouvement populaire de libération du Soudan dans l’opposition (MPLS dans l’opposition) a annoncé son retrait de l’initiative Tumaini le 16 juillet, craignant qu’elle ne traite de questions déjà convenues dans l’Accord revitalisé. 

M. Haysom a donc encouragé une approche dans laquelle les deux processus se renforceraient mutuellement, tout en appelant à clarifier davantage la manière dont l’initiative Tumaini et ses résultats convergeront avec le cadre de l’Accord revitalisé.  La MINUSS, a-t-il précisé, ne défend pas l’un ou l’autre processus comme une modalité exclusive, mais promeut la confluence constructive des deux. 

Voyant dans cette initiative un « pas dans la bonne direction », les États-Unis ont appelé tous les partenaires régionaux et internationaux à apporter un appui plus robuste à cet effort, plaidant en outre pour un espace politique libre.  La délégation s’est en revanche dite préoccupée par l’impact sur la liberté d’expression de la loi sur le service national de sécurité ainsi que par les taxes et frais imposés aux livraisons humanitaires. 

De son côté, le Président par intérim de la Commission mixte de suivi et d’évaluation reconstituée, le général de division Charles Tai Gituai, a signalé que malgré une prolongation de la période de transition de 24 mois, des tâches cruciales comme les préparatifs des élections restent à concrétiser et la phase 2 du processus d’unification des forces et de désarmement, démobilisation et réinsertion reste à être opérationnalisée. 

Avec l’annonce d’élections pour le 22 décembre 2024, il est de la plus haute urgence que les parties redoublent d’efforts dans la mise en œuvre de la feuille de route de la transition et s’engagent dans des discussions inclusives pour parvenir à un consensus sur des mesures pratiques et réalistes pour organiser les élections, ont souligné les A3+ (Algérie, Mozambique, Sierra Leone et Guyana). 

S’agissant de l’organisation des élections, les membres du Conseil ont relevé quelques avancées positives dans ce sens, notamment dans l’opérationnalisation des organes techniques électoraux, la formation des hauts organes électoraux de l’État et la mise en œuvre des dispositions transitoires. Malgré les défis liés à la situation économique, le financement du fonctionnement des structures responsables du processus électoral a permis d’ouvrir des bureaux régionaux de la Commission électorale nationale dans tous les États, s’est félicitée la Fédération de Russie. 

La France et le Royaume-Uni restent toutefois préoccupés par les retards pris dans la préparation des élections, notamment dans l’établissement du fichier électoral.  Ils ont également appelé les autorités sud-soudanaises à clarifier les modalités du scrutin et à lui allouer les ressources nécessaires afin de garantir la tenue d’élections libres, justes, sûres et transparentes en temps voulu. 

Assurant de sa détermination à garantir un processus électoral inclusif, le Soudan du Sud a indiqué que son Président a tenu, hier, une réunion avec les dirigeants des partis politiques sur la mise en œuvre de l’Accord revitalisé pendant laquelle il a décidé de demander un avis technique sur la faisabilité de tenir les élections dans les temps. 

La Chine a souligné pour sa part que c’est à la population du pays de déterminer ses choix d’avenir, choix que la communauté internationale se doit de respecter. 

Au cours de cette séance, les membres du Conseil ont également été informés par la Directrice des opérations et de la communication du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) que les inondations combinées au conflit pourraient créer des poches de famine entre juin 2024 et janvier 2025, alors même que le sous-financement continue d’obérer la réponse humanitaire, le Plan de réponse n’étant financé qu’à hauteur de 31%. 

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD (S/2024/572)

Exposés

M. NICHOLAS HAYSOM, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), a rappelé que lors de son dernier exposé en avril, il avait signalé que les parties n’avaient pas encore atteint la « masse critique » de mise en œuvre des tâches nécessaires à la tenue d’élections libres, justes et crédibles.  Depuis lors, les discussions se sont poursuivies entre les parties en vue de résoudre ces questions et d’autres questions prioritaires en suspens de la feuille de route. 

Il a également indiqué qu’en mai, un deuxième processus de dialogue a été lancé à Nairobi, connu sous le nom de l’initiative Tumaini.  Ces pourparlers visent à garantir que les groupes non signataires, la société civile, les groupes confessionnels et les chefs traditionnels se joignent au processus de paix, a expliqué le Chef de la Mission. Cette initiative propose de nouveaux mécanismes de suivi, de contrôle et de mise en œuvre, ainsi qu’une structure de conseil national de direction.  Cependant, le Mouvement populaire de libération du Soudan dans l’opposition (MPLS dans l’opposition) a annoncé son retrait de l’initiative Tumaini le 16 juillet, craignant qu’elle ne traite de questions déjà convenues dans l’Accord revitalisé. 

M. Haysom a encouragé une approche dans laquelle ces deux processus se renforceraient mutuellement dans la recherche d’un consensus entre toutes les parties prenantes, c’est-à-dire entre les signataires officiels et les non-signataires de l’accord de paix.  Il importe cependant de clarifier davantage la manière dont l’initiative Tumaini et ses résultats convergeront avec le cadre de l’Accord revitalisé et le compléteront.  La MINUSS, a-t-il précisé, ne défend pas l’un ou l’autre processus comme une modalité exclusive, mais promeut la confluence constructive des deux. 

Pour ce qui est de la mise en œuvre de l’Accord revitalisé et de sa feuille de route, il a évoqué l’octroi d’un financement à la Commission nationale de révision constitutionnelle et la formation de comités électoraux supérieurs d’État.  De plus, la Commission électorale nationale a commencé à évaluer les infrastructures et les installations nécessaires pour créer un environnement propice à la tenue des élections.  À ce jour, 29 partis politiques ont été enregistrés, mais certains continuent d’avoir des réserves au sujet du montant des frais d’enregistrement fixé par le Conseil des partis politiques, l’annonce de la clôture de la période d’enregistrement ou encore le maintien de formations militaires par certains partis, a indiqué le Chef de la MINUSS. 

Le 5 juillet, a-t-il poursuivi, la Commission électorale nationale a annoncé la date du 22 décembre 2024 pour la tenue des élections.  Alors que des consultations sont toujours en cours entre les acteurs politiques pour déterminer si des élections peuvent ou doivent avoir lieu cette année, il est difficile de considérer le 22 décembre comme un élément déclencheur définitif, indépendamment d’autres facteurs critiques. Il a également évoqué les préoccupations liées à l’adoption récente d’une loi qui confère au service de sécurité nationale le pouvoir d’effectuer des arrestations sans mandat.

M. Haysom a ensuite averti qu’une « tempête parfaite » se prépare au Soudan du Sud, en ce qui concerne les perspectives humanitaires et économiques du pays.  Il a parlé d’une crise humanitaire prolongée fondée sur une insécurité alimentaire chronique; d’un débordement du conflit soudanais au Soudan du Sud; de l’incertitude face aux événements politiques critiques nécessaires à une transition réussie; d’une économie qui se détériore rapidement, exacerbée par la rupture des infrastructures et des revenus pétroliers essentiels; et d’un risque d’inondations historiques en septembre. 

Chacun de ces éléments représente à lui seul un défi important, a-t-il souligné, et, s’ils sont combinés, ils pourraient amener le pays à un point de basculement au moment même où le peuple entame une phase délicate de construction de la nation.  Le temps presse, a-t-il lancé, avertissant que la capacité de réponse de l’ONU risque d’être dépassée et la transition politique du pays de dérailler.  Les conséquences pour l’ensemble de la région de l’Afrique de l’Est seraient considérables.

Il a insisté sur l’importance d’une discipline fiscale et monétaire pour relever ces défis, y compris la transparence dans la gestion des revenus pétroliers et des taux de change.  Le non-paiement des salaires des membres civils et en uniforme de la fonction publique est une source supplémentaire de tension, s’est inquiété M. Haysom en encourageant le Gouvernement à donner la priorité à cette question.  Le Chef de la MINUSS a également appelé à un élan collectif de la part de l’ensemble des parties prenantes, notamment le Gouvernement de transition, pour empêcher un retour au conflit et jeter les bases d’une société pacifique, prospère et démocratique.

Mme EDEM WOSORNU, Directrice des opérations et de la communication du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), a déclaré que le Soudan du Sud est aux prises d’une crise alimentaire, d’une crise économique et d’une crise climatique, dans un contexte de conflit et de diminution des ressources allouées à la réponse humanitaire.  Plus de 9 millions de personnes, soit 76% de la population du Soudan du Sud, ont besoin d’une aide humanitaire.  Parmi elles, 54% d’enfants et 24% de femmes. Selon nos projections, les inondations combinées au conflit pourraient créer des poches de famine entre juin 2024 et janvier 2025, a averti Mme Wosornu. 

Elle a rappelé que la crise économique a été largement déclenchée par la cessation en février dernier des exportations de pétrole transitant par le Soudan.  La livre sud-soudanaise s’est dépréciée de plus de 70% et l’inflation était de 97% en juin en moyenne annuelle.  Les conditions sont si désespérées que certains se nourrissent de végétation sauvage et de dattes.  Elle a ensuite souligné les conséquences du conflit au Soudan pour son voisin, le Soudan du Sud, accueillant le plus de déplacés après le Tchad.  Près de 780 000 personnes ont fui au Soudan du Sud depuis le 15 avril 2023, a-t-elle précisé. 

Malgré les défis, la communauté humanitaire continue d’apporter une aide, a-t-elle dit.  Plus de 2,6 millions de personnes ont reçu une aide au premier semestre 2024, et plus de 820 000 personnes ont bénéficié de soins de santé.  Elle a rappelé que le Soudan du Sud est l’un des pays les plus dangereux au monde pour les travailleurs humanitaires.  Quatre d’entre eux ont été tués depuis 2023.  Le sous-financement continue d’obérer la réponse humanitaire, a-t-elle déploré, en notant que le Plan de réponse n’est financé qu’à hauteur de 31%.  Elle a en conséquence demandé un soutien renforcé des donateurs.  Malgré la situation difficile, il reste possible d’agir, a-t-elle affirmé.  En conclusion, Mme Wosornu a appelé à appuyer la transition du pays, à répondre aux conséquences de la guerre et à remédier à l’insécurité alimentaire.  « Tout retard coûte des vies. »

Le général de division CHARLES TAI GITUAI, Président par intérim de la Commission mixte de suivi et d’évaluation reconstituée, a relevé que malgré une prolongation de la transition de 24 mois, des tâches cruciales comme les préparatifs des élections restent à concrétiser.  Il a indiqué que la phase 2 du processus d’unification des forces et de désarmement, démobilisation et réinsertion reste à être opérationnalisée.  Sur le front humanitaire, la situation reste difficile et il importe de souligner que le fonds spécial pour la reconstruction prévu dans l’Accord n’a pas encore vu le jour.  De même, la crise économique empire avec l’amenuisement des revenus pétroliers, la plongée de la livre sud-soudanaise et l’inflation, qui se double mécaniquement de la baisse du pouvoir d’achat.  Il a déploré le déficit d’engagement politique, ainsi que des lacunes en matière de capacités et la violence communautaire, entre autres obstacles à la consolidation de la paix au Soudan du Sud.  Les institutions prévues dans l’Accord manquent encore à l’appel, même si des réformes sécuritaires et juridiques sont en cours.  Il a estimé que l’Accord revitalisé reste la feuille de route idoine, raison pour laquelle il a demandé au Conseil de sécurité de continuer à suivre de près le processus de paix au Soudan du Sud et de mobiliser la communauté internationale afin d’y financer le processus de paix. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité se penche de nouveau sur la poursuite des hostilités dans la bande de Gaza à la suite de frappes israéliennes meurtrières contre une école

9704e séance – après-midi
CS/15790

Le Conseil de sécurité se penche de nouveau sur la poursuite des hostilités dans la bande de Gaza à la suite de frappes israéliennes meurtrières contre une école

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Le Conseil de sécurité s’est réuni cet après-midi à la demande de l’Algérie, soutenue par la Slovénie, pour discuter des hostilités en cours dans la bande de Gaza, et en particulier de frappes israéliennes en date du 10 août contre une école où se trouvaient des personnes déplacées.  Des frappes qualifiées de « dévastatrices » par la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, Mme Rosemary DiCarlo.  Il ne s’agit pas d’un incident isolé, mais de la vingt et unième frappe israélienne contre une école servant d’abri depuis le 4 juillet dernier, s’est alarmée de son côté la Directrice du financement et des partenariats au Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), Mme Lisa Doughten. 

Si Israël a indiqué que les Forces de défense israéliennes (FDI) avaient pris pour cible un centre de commandement du Hamas dans une mosquée située à l’intérieur de l’école, Mme DiCarlo a rappelé que le droit international humanitaire, y compris les principes de distinction, de proportionnalité et de précaution, devait être respecté à tout moment et en tous lieux. 

Indignée par ces frappes, l’Algérie a dénoncé la « généreuse assistance militaire prêtée gratuitement à l’agresseur » pour perpétrer ce « massacre odieux ».  La Chine a directement accusé les États-Unis, « premier fournisseur d’armes à Israël », alors que Washington détient aussi une influence considérable sur Tel-Aviv pour qu’elle mette fin à ses opérations militaires.  La fréquence des attaques, a estimé la Fédération de Russie, suggère qu’elles s’inscrivent dans le cadre d’une politique délibérée de la part des dirigeants israéliens.  Mais les États-Unis n’ont exercé aucune pression sur Israël à ce stade, appelant au contraire les États Membres à se mobiliser pour faire plier le Hamas, « comme s’il s’agissait de la seule partie au conflit ». 

La délégation américaine a dénoncé les frappes, rappelant que si Israël a le devoir de protéger les civils innocents, Israël a aussi celui de se défendre contre le Hamas qui continue d’opérer depuis des écoles.  Si le droit international humanitaire interdit d’instrumentaliser des civils dans le but de protéger un objectif militaire, a relevé la Suisse, la violation de cette règle ne suspend en rien l’obligation d’Israël de se conformer strictement au droit international humanitaire dans la conduite des hostilités.  Même son de cloche chez la Slovénie qui, tout en s’inquiétant des allégations selon lesquelles le Hamas s’infiltre parmi la population civile et des infrastructures civiles, s’est dite « horrifiée » des attaques.  Prise dans sa globalité, l’offensive israélienne constitue « une guerre menée au mépris du droit » pour la responsable de l’OCHA, qui a fait état de 40 000 Palestiniens tués et de 115 personnes toujours captives.  Sans compter une situation sanitaire critique et un système de santé à bout de souffle, a ajouté Mme Doughten, qui a révélé que près d’un quart de million de Gazaouites ont été déplacés au cours des deux dernières semaines. 

« Israël ne se soucie pas de vos condamnations.  Il rejette vos résolutions.  Il n’écoute même pas vos délibérations », a fulminé l’Observateur permanent de l’État de Palestine, en reprochant au Conseil d’avoir échoué à mettre fin en temps voulu à l’« impunité » et à la perpétration d’un « génocide ».  Pour la Russie, le Conseil s’est transformé en « observateur passif », avec « 14 membres pris en otage par les États-Unis qui bloquent toute action pour un cessez-le-feu immédiat ».  Accusé par le délégué palestinien d’être devenu un « État voyou », Israël, par la voix de son représentant, a vivement déploré une « inversion des valeurs », qualifiant l’État de Palestine de « terroriste », et s’autodécrivant comme le « pays le plus moral au monde ».  Le délégué a aussi imputé les frappes israéliennes du 10 août au Hamas, dans une « nouvelle machination antisémite », déplorant que le Conseil s’en fasse le complice.  Ce jour-là, Israël n’a pas pris pour cible une école, mais des terroristes, a-t-il tranché: « N’avez-vous rien appris des mensonges du Hamas? » a lancé Israël aux délégations. 

Mme DiCarlo a considéré que la menace d’une nouvelle escalade régionale était « plus palpable et effrayante que jamais », en évoquant des échanges de tirs quasi quotidiens de part et d’autre de la Ligne bleue au Sud-Liban, ainsi que des frappes de drones.  Tout aussi inquiète, la France a annoncé qu’elle soumettrait prochainement au Conseil un projet de résolution renouvelant pour 12 mois le mandat de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL).  Elle a aussi appelé l’Iran et ses alliés à s’abstenir de toute attaque de nature à aggraver les tensions régionales et à compromettre la possibilité de parvenir à un cessez-le-feu et à la libération des otages. 

La paix régionale dépend maintenant d’un cessez-le-feu à Gaza, a opiné la République de Corée, qui a salué, avec le Japon, la déclaration conjointe des États-Unis, de l’Égypte et du Qatar appelant à la reprise des négociations dès le 15 août.  L’Algérie a prévenu qu’il n’y avait pas lieu de « retarder ou de compliquer à l’excès les négociations » en ajoutant de nouvelles conditions ou demandes même si, a jugé l’État de Palestine, « chaque fois que le monde fait pression pour un cessez-le-feu, Israël répond par un massacre ».  Un accord-cadre est pourtant sur la table et doit être parachevé, ont assuré les États-Unis, qui n’ont vu aucune excuse pour ne pas conclure un cessez-le-feu et remettre les otages en liberté.  La délégation américaine s’est dite prête à présenter une version définitive pour répondre aux préoccupations de toutes les parties.  Le Conseil doit parler d’une seule voix pour que le Hamas se rallie à l’accord, ont-ils ajouté. 

La Slovénie a appelé le Conseil à se concentrer sur la mise en œuvre de la résolution 2735, adoptée en juin, soutenant l’appel lancé par les médiateurs aux deux parties pour qu’elles concluent les pourparlers sur un cessez-le-feu ainsi que la libération des otages et des prisonniers.  Appelant le Conseil à « assumer ses responsabilités et à honorer ses engagements », l’Algérie a mis en garde contre le « sabotage continu » des efforts de mise en œuvre urgente et effective de la résolution 2735 par Israël. 

Dans les prochains jours, a annoncé l’État de Palestine, nous nous adresserons à l’Assemblée générale pour faire en sorte qu’elle assume les responsabilités qui lui incombent en vertu de la Charte des Nations Unies, et pour veiller à ce que les décisions de la plus haute juridiction internationale, la Cour internationale de Justice (CIJ), se traduisent par une volonté et un élan politiques.  « L’Organisation des Nations Unies n’a pas été créée pour nous emmener au paradis, mais pour nous sauver de l’enfer », a déclaré l’Observateur en citant l’ancien Secrétaire général Dag Hammarskjöld. 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Exposés

Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a qualifié l’attaque par Israël sur l’école palestinienne Tabeen de « dévastatrice » et cité des sources locales palestiniennes faisant état de plusieurs dizaines de Palestiniens tués et de nombreux autres blessés, dont des femmes et des enfants.  Ces attaques, a-t-elle rappelé, ont été condamnées par le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres.  Si Israël a indiqué que les Forces de défense israéliennes (FDI) ciblaient un centre de commandement du Hamas dans une mosquée située à l’intérieur de l’école, Mme DiCarlo a rappelé que le droit international humanitaire, y compris les principes de distinction, de proportionnalité et de précaution, devait être respecté à tout moment et en tous lieux.  Le Hamas a aussi annoncé hier la mort d’un otage en captivité à Gaza, ainsi que des blessures graves sur deux autres, provoquées par des militants du Hamas.  « Les deux parties ont déclaré qu’elles enquêtaient sur ces incidents », a précisé la Secrétaire générale adjointe. 

Mme DiCarlo a rappelé que les hostilités s’éternisaient tout le long de la bande de Gaza et que la situation demeurait catastrophique pour les populations, y compris dans le nord, autour de la ville de Gaza; au centre, à Khan Younès; ainsi que dans et autour de Rafah, dans le sud de l’enclave.  La bande de Gaza, où « nul n’est en sécurité nulle part, et à l’intérieur de laquelle les civils continuent pourtant d’être forcés à l’évacuation vers des zones toujours plus restreintes ». 

Mme DiCarlo a illustré « la menace d’une nouvelle escalade régionale, plus palpable et effrayante que jamais », en évoquant des échanges de tirs quasi quotidiens de part et d’autre de la Ligne bleue au Sud-Liban ainsi que des frappes de drones.  Elle a aussi attiré l’attention sur la détérioration de la situation et la violence continue en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est.  Pour stopper l’escalade et prévenir une éventuelle catastrophe régionale, la haute fonctionnaire a appelé les parties à s’abstenir de toute rhétorique et action incendiaire.  Elle a également salué les efforts déployés par l’Égypte, le Qatar et les États-Unis pour amener les deux parties à conclure un accord visant à instaurer un cessez-le-feu, la libération des otages et l’aide humanitaire dont les Gazaouites ont désespérément besoin.  Elle a relayé l’appel de ces quatre pays dans leur déclaration conjointe du 8 août, qui exige la fourniture d’une aide immédiate à la population de Gaza, ainsi qu’aux otages et à leurs familles.  Enfin, Mme DiCarlo a exhorté les parties à accorder la priorité à la protection des civils, ainsi qu’à conclure rapidement un accord tel qu’approuvé par le Conseil dans sa résolution 2735 (2024). 

Mme LISA DOUGHTEN, Directrice du financement et des partenariats du Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA), a dénoncé la frappe israélienne contre l’école Tabeen, un nouvel épisode terrible de la guerre dévastatrice se déroulant à Gaza.  Ce n’est pas un incident isolé puisqu’il s’agit de la vingt et unième frappe contre une école servant d’abri depuis le 4 juillet dernier, a dit Mme Doughten. Elle a rappelé que près de 40 000 Palestiniens ont trouvé la mort en raison de la violence incessante à Gaza, tandis que 115 personnes sont toujours captives.  La situation sanitaire demeure critique et le système de santé est à peine fonctionnel.  Elle a également rappelé que près d’un quart de million de personnes ont été déplacées en deux semaines: « Cette guerre détruit des vies, des rêves et des avenirs. »  Ce que nous voyons à Gaza est le résultat d’une guerre menée au mépris du droit, a-t-elle tranché. 

Elle a ensuite détaillé la réponse humanitaire face à la catastrophe en cours. « Nous faisons notre possible pour accroître l’aide alimentaire, fournir un appui éducatif, renforcer les capacités des hôpitaux et prévenir la propagation de la poliomyélite », a-t-elle détaillé.  Elle a indiqué que l’aide a diminué de moitié depuis le début de l’offensive à Rafah et la fermeture du point de passage de Rafah, privant des centaines de milliers de personnes de l’aide vitale dont elles ont besoin, a-t-elle déploré. 

« Combien de temps une telle situation peut-elle durer? » s’est exclamée Mme Doughten, en demandant un cessez-le-feu durable et le strict respect du droit international humanitaire par toutes les parties.  Le respect du droit implique la libération des otages et la protection des civils, ainsi que la garantie d’un accès humanitaire sans entraves.  Tous les États Membres doivent prévenir et faire cesser les violations, y compris par des pressions économiques et diplomatiques, et conditionner les livraisons d’armes au respect du droit de la guerre, a-t-elle dit.  « J’exhorte ce Conseil et tous les États Membres à user de leur influence afin de protéger les civils et de mettre un terme à ce conflit et son intolérable bilan », a-t-elle ajouté en conclusion.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale proclame la Décennie d’action pour les sciences cryosphériques et décide du champ d’application de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle

Soixante-dix-huitième session,
103e séance – matin
AG/12617

L’Assemblée générale proclame la Décennie d’action pour les sciences cryosphériques et décide du champ d’application de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Trente ans après l’appel lancé par le Plan d’action de la Barbade, l’Assemblée générale a décidé par acclamation, ce matin, de faire avancer les travaux sur l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle.  Concernant en premier lieu les petits États insulaires en développement (PEID), cet indice vise à rendre compte des vulnérabilités exogènes et du manque de résilience face aux chocs exogènes de tous les pays en développement.

Au cours de cette séance, l’Assemblée générale a également décidé de proclamer la période 2025-2034 Décennie d’action pour les sciences cryosphériques afin de faire face aux problèmes liés à la fonte des glaciers et aux modifications de la cryosphère, en adoptant sans vote un texte présenté par la France et le Tadjikistan (A/78/L.99).

De même, elle a proclamé le 25 juillet Journée internationale des femmes et des filles d’ascendance africaine, un adoptant sans vote et telle qu’oralement amendée la résolution A/78/L.96 présentée par la Vice-Présidente de la Colombie.  Mme Francia Márquez a décrit des crimes tels que des viols que subissent les femmes d’ascendance africaine dans son pays et ailleurs.  Elle a expliqué que ces femmes sont effacées des statistiques officielles, d’où le besoin de mettre sur pied des politiques qui tiennent compte d’elles afin qu’elles puissent participer à la vie sociale et prendre des décisions.  L’amendement en question, proposé par l’Afrique du Sud, a été adopté à l’issue d’un vote.

Le consensus a prévalu en revanche au sujet d’une résolution présentée par l’Ouzbékistan et visant à encourager la gestion durable des forêts, notamment le boisement et le reboisement, comme solution efficace aux problèmes environnementaux (A/78/L.95).

Pour ce qui est des océans, le Secrétaire général a été prié, à l’issue d’un vote, de convoquer les première et deuxième sessions de la Commission préparatoire pour l’entrée en vigueur de l’Accord se rapportant à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et portant sur la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale (dit Accord BBNJ) du 14 au 25 avril et du 18 au 29 août 2025, respectivement, et de convoquer au moins une session de 10 jours ouvrables en 2026. La résolution A/78/L.102, présentée par le Belize, a été adoptée par 146 voix pour, 2 contre (Fédération de Russie et République arabe syrienne) et une abstention (Zimbabwe).

Le Secrétariat a précisé que les implications financières de ce texte sont évaluées entre 1,8 et 2,2 millions de dollars pour l’année 2025 et entre 1,4 et 1,7 million pour 2026.

Avant l’adoption, la Fédération de Russie a rappelé qu’elle n’a pas l’intention de devenir partie à l’Accord BBNJ qui, selon elle, va à l’encontre de certains accords internationalement agréés.  La délégation a décrié le fait que les États n’y ayant pas adhéré semblent être mis de côté et deviendraient de facto des figurants. 

Au nom de l’Union européenne, la Hongrie a expliqué que le projet de décision a pour seul objectif la préparation des prochaines échéances et ne devraient pas faire polémique.  Même son de cloche pour Saint-Kitts-et-Nevis qui a rappelé, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), que la Commission préparatoire doit entamer ses travaux.  Le Samoa, au nom de l’Alliance des petits États insulaires, a encouragé les partenaires à apporter un soutien à la participation des PEID aux futurs travaux de la Commission préparatoire.  Vanuatu, au nom des PEID du Pacifique, a assuré que ces pays entendent poursuivre leur engagement en faveur de l’Accord BBNJ.

Après l’adoption, la Belgique a indiqué que Bruxelles souhaiterait accueillir le Secrétariat technique de l’Accord BBNJ.

L’Assemblée générale a par ailleurs demandé à son Président de tenir une réunion de haut niveau à sa soixante-dix-neuvième session sur les recommandations figurant dans la décision 14/1 du Groupe de travail à composition non limitée sur le vieillissement, intitulée « Recommandations concernant le recensement d’éventuelles lacunes dans la protection des droits humains des personnes âgées et les moyens de les combler ». 

Après la présentation du projet A/78/L.104/Rev.1 par le Chili, la République islamique d’Iran a relevé que le processus de négociations de ce texte s’est fait de manière hâtive.

La Fédération de Russie a estimé que le titre du document suscite la confusion, puisque l’Assemblée générale n’a jamais statué sur le Groupe de travail à composition non limitée sur le vieillissement.  La délégation a en outre décrié le fait que ce texte ait été présenté seulement 24 heures avant son adoption.  Le Cameroun a estimé que le Groupe de travail n’a pas rempli son mandat, et que les délégations ne lui ont pas accordé l’attention nécessaire au cours des 14 dernières années.  Pourquoi une telle précipitation en adoptant ce texte à deux mois de la tenue des travaux de la Troisième Commission?  Même son de cloche de Cuba qui aurait souhaité que la Troisième Commission statue sur le bilan des délibérations du Groupe de travail.

Les autres intervenants sur la question seront entendus à une date qui sera déterminée ultérieurement. 

Enfin, l’Assemblée générale a nommé l’Inde au Conseil du Cadre décennal de programmation concernant les modes de consommation et de production durables pour un mandat allant du 13 août 2024 au 20 mars 2026.

Indice de vulnérabilité multidimensionnelle

Explications de position

En adoptant sans vote la résolution L.98 qui définit le champ d’application de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle, l’Assemblée générale prie notamment les entités du système des Nations Unies pour le développement d’envisager d’utiliser celui-ci en tant que complément aux mesures existantes, dans leurs programmes de travail et leurs rapports.

Elle décide en outre que l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle sera tenu à jour par une entité des Nations Unies existante compétente qui calculera l’indice périodiquement, un groupe consultatif d’experts indépendants et la Commission de statistique.  De son côté, le Secrétaire général est prié d’élaborer un manuel électronique contenant des conseils pour l’établissement des profils nationaux en matière de vulnérabilité et de résilience, entre autres.

Dans une explication de position, le Samoa, au nom de l’Alliance des petits États insulaires, a indiqué que cet indice permettra de donner une idée plus claire des vulnérabilités de ces États en matière de développement.  La délégation a également dit espérer que ledit indice permettra d’envisager une nouvelle manière d’appréhender le développement.  C’est le point de départ en vue d’un avenir meilleur, s’est-elle félicitée.

Saluant un pas important dans la bonne direction, l’Australie, au nom des délégations du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, a reconnu la nécessité de ne pas prendre des décisions uniquement sur la base des revenus des États. 

La prise en compte des vulnérabilités est essentielle, a appuyé Saint-Kitts-et-Nevis, au nom de la Communauté des Caraïbes, en notant que cet indice permet à la communauté internationale de mieux comprendre le sort des PEID et l’importance de leur fournir un appui concret.  Cet indice doit faire partie des processus de décision et influencer l’allocation des ressources, a-t-elle souligné.

Au nom de l’Union européenne, le Danemark a noté que cet indice permettra de prendre des décisions en toute connaissance de cause.  Cet instrument d’analyse va stimuler l’action, a-t-elle ajouté, un point de vue largement partagé par le Royaume-Uni.

Le Portugal, intervenant également au nom d’Antigua-et-Barbuda, les deux cofacilitateurs du processus intergouvernemental sur l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle, a noté que 30 ans après l’appel lancé par le Plan d’action de la Barbade, la communauté internationale dispose à présent d’une définition objective de la vulnérabilité structurelle et d’une boîte à outils pour le mesurer.

À son tour, Antigua-et-Barbuda a salué un moment historique et un effort visionnaire, notant que les outils employés jusqu’à présent, le produit intérieur brut (PIB) notamment, ne permettaient de tenir compte de la vulnérabilité des PEID.  Il faut repenser notre approche collective du développement et de la durabilité, a insisté la délégation, soulignant que cet indice est bien trop important pour se retrouver embourbé dans l’inertie bureaucratique.  Les Seychelles ont relevé que le recours à cet indice permettra au PEID de quitter la catégorie des PMA et de créer un environnement plus propice à un avenir prospère.  Cet outil « vivant » permettra d’étoffer le revenu national brut (RNB) et le PIB, ont renchéri les Fidji qui ont souhaité que l’indice bénéficie d’un soutien international renforcé.

La Colombie a elle aussi insisté sur la nécessité de mieux prendre en compte les enjeux en matière de développement en allant au-delà du PIB afin de tenir compte du contexte de chaque pays.  Cet indice, qui donne plus de visibilité aux facteurs externes qui influent sur le développement, est un pas dans la bonne direction et ne doit pas servir d’outil pour restreindre la coopération du développement ou limiter les négociations en cours ailleurs, a-t-elle estimé.

Les États-Unis ont fait observer pour leur part que les institutions financières, les banques internationales et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) disposent de leur propre processus de prise de décisions et doivent appuyer les objectifs de leurs membres. La délégation a renvoyé à son explication de vote quant à la portée de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle et l’indépendance des organisations internationales.

L’adoption de cette résolution a également été saluée par le Président de l’Assemblée générale.

Proclamation de la Journée internationale des femmes et des filles d’ascendance africaine

Explications de vote et de position

Avant le vote, le Cameroun, au nom du Groupe des pays d’Afrique, a regretté qu’il ne soit pas fait mention de la Déclaration de Durban et de son Programme d’action dans le libellé du projet de résolution, avant que l’Afrique du Sud ne propose un amendement oral au paragraphe 7 du préambule afin d’y faire figurer ladite Déclaration.  Devant cette proposition, les deux délégations qui ont conduit les négociations, le Brésil et la Colombie, ont dit préférer s’abstenir au cours du vote demandé par Israël.  Elles ont argué que l’amendement a été présenté tardivement alors que le libellé du texte était agréé de manière consensuelle.  Les États-Unis ont aussi rappelé que le consensus avait été agréé il y a un mois déjà.  De ce fait, la délégation préfère également s’abstenir.

Pour que le texte soit juste, il serait louable d’introduire la Déclaration et le Programme d’action de Durban, a toutefois estimé la République arabe syrienne.

L’amendement oral a été adopté par 61 voix pour, une voix contre (Israël) et 78 abstentions, et le texte de la résolution a ensuite été adopté par consensus, tel qu’amendé.

Après l’adoption, le Mexique a relevé à son tour que cet amendement arrive tardivement et qu’il aurait fallu respecter le principe de bonne foi des négociations au sein des Nations Unies.  Israël s’est dissocié du paragraphe 7 du préambule amendé et a assuré de sa volonté de lutter contre toutes les formes de discrimination.

La République islamique d’Iran s’est dissociée du paragraphe 3 du dispositif dont des termes ne sont pas conformes au contexte culturel du pays.  La Hongrie a dit regretter que l’amendement ait été présenté tardivement et de ce fait, la délégation ne souhaite plus parrainer le texte final adopté.  Le Togo a suivi son exemple en retirant son parrainage au texte.  La Déclaration et le Programme d’action de Durban sont le pilier de la lutte contre le racisme et la discrimination raciale, a rappelé Cuba qui s’est dite fière de son héritage africain.  L’Argentine a appelé à respecter les spécificités de chaque pays, alors que la Tunisie et le Nigéria ont assuré soutenir l’amendement de l’Afrique du Sud.  Il en va de même de l’Égypte qui a félicité l’initiative sud-africaine.

La République arabe syrienne a en outre accusé « quelqu’un » en coulisse de s’être opposé à l’amendement de l’Afrique du Sud, en estimant que la question de l’amendement ne méritait pas des consultations des capitales.  Réagissant aux propos de la délégation israélienne, elle a lancé que le seul pays à avoir voté contre l’amendement ne fait pas de discrimination entre les différentes populations de Gaza.

La Déclaration et le Programme d’action de Durban, adoptés il y a plus de 20 ans, sont cruciaux pour lutter contre la discrimination raciale, a souligné pour sa part l’Afrique du Sud.

La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.