Soixante-dix-neuvième session
6e séance plénière – après-midi
CPSD/806

La Quatrième Commission conclut son audition des pétitionnaires sur la question du Sahara occidental

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

La Quatrième Commission, chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, a achevé cet après-midi son audition des pétitionnaires concernant la question du Sahara occidental sur de nouveaux appels à résoudre le statut de ce dernier territoire non autonome sur le continent africain.

Au nom de l’Association 9 Mars, Mme Khadija Ezaoui a noté que les projets issus de l’initiative marocaine d’autonomie sont porteurs d’une vision non seulement pour le Sahara marocain et le Maroc, mais aussi pour l’Afrique et ceux qui croient à « la promesse du développement ».  Ce programme de développement d’un montant de 8 milliards de dollars vise selon elle à créer une base économique à même de positionner la région en tant qu’acteur clef de l’avenir de l’Afrique, en fournissant de l’énergie verte aux pays voisins, tout en ouvrant la voie à l’intégration économique régionale en reliant les provinces du Sud au reste du continent.

Pourtant, ces efforts se heurtent depuis des décennies à l’action du Front POLISARIO qui, fort du soutien militaire, politique et diplomatique « permanent » de « son pays hôte », détourne toute possibilité d’une paix et d’une sécurité durables en Afrique du Nord, a regretté M. Ignacio Ortiz Palacio, du Forum Canario Saharaui, rejoint par M. Mohammed Elaissaoui, de l’Organisation pour la fin des violations des droits de l’homme.  Ajoutée à la perméabilité des frontières dans la région, l’instabilité politique qui en découle vient, selon lui, alimenter la menace terroriste au Sahel, un avis partagé par M. Hammada El Baihi, de la Ligue du Sahara pour la démocratie et les droits de l’homme.

Voir le Sahara occidental devenir une partie intégrante du Maroc est une question de « justice historique et de stabilité régionale », a argué M. Sifiso Mahlangu, d’Independent Media South Africa, fondée notamment sur la reconnaissance par la Cour internationale de Justice (CIJ) des liens historiques entretenus de longue date entre ce territoire et le Maroc.

Or, le fait est que le « défi de la décolonisation » du peuple sahraoui n’a pas été relevé dans le respect des droits humains ni des « droits des peuples », a observé Mme Marta Carrio I Palou, du Parlament De Les Illes Balears.  Comment est-il possible que, parvenus au XXIsiècle, et alors que nous discutons, en ce lieu, de progrès et de droits humains, « des générations de garçons et de filles sahraouis continuent de naître et de mourir sur une terre qui ne leur offre aucun avenir? » s’est demandé M. Omar Lamine, d’Intergupo Parlament Illes Balears.  Il ne s’agit pas, selon lui, d’un conflit oublié mais plutôt d’un conflit « passé sous silence et nié » par l’indifférence « de ceux qui ont le pouvoir d’agir ».

« La présence généralisée de l’État au Sahara occidental ne réprime qu’une seule chose: tout signe visible de soutien à l’autonomie sahraouie, et surtout, le recours au terme ‘‘Sahara occidental’’ », a observé M. Mark Drury, de l’International Academic Observatory on Western Sahara.  L’occupation continue de ce territoire par le Maroc bénéficie selon lui de l’inattention de la communauté internationale.

À l’opposé, M. Zine El Aabidine El Ouali Afores, de l’African Forum For Research And Studies In Human Rights, s’est inquiété de la « plaie béante au Maghreb » que constitue la poursuite du conflit au Sahara occidental, source de tensions et d’instabilité dans toute la région, exacerbées par la « position irresponsable d’un voisin hostile ».

Prenant acte de la « lutte acharnée » que continue de mener le peuple sahraoui pour mettre fin au « dernier processus de décolonisation en Afrique », Mme Joana Maria Gomila Lluch, du Parlament De Les Illes Balears – Grupo Interpalameario, a appelé à ne pas permettre que la tenue du référendum d’autodétermination soit différée davantage.  « Seule la pression internationale peut mettre fin à cette situation », a-t-elle ajouté.

À cette fin, Mme Margarita Duran Cladera, du Grupo Parlamentario Popular Illes Balears, a exigé que soient mises en œuvre les résolutions de l’ONU reconnaissant le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination par le biais d’un référendum en tant qu’ultime étape du processus de décolonisation.  M. Llorenç Galmés Verger a vu dans le plan convenu entre le Maroc et le Front POLISARIO, et entériné par l’ONU en 1991, la meilleure solution pour que cesse ce conflit de façon durable.  À cette fin, il a exhorté à l’ONU à s’engager « véritablement » sur cette question.

Si M. Mouhidine Souvi a vu dans l’arrêt rendu par la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) « le premier pas vers un statut d’État » pour le Sahara occidental, M. Mohamed Edabadda, de l’Association Rotary International Boujdour, a estimé pour sa part que la « prétendue victoire » que constitue pour certains ce jugement n’a « rien à voir » avec le Maroc, mais concerne plutôt l’Union européenne.  En tout état de cause, a-t-il rappelé, la seule autorité habilitée à trancher cette question est le Conseil de sécurité.

De nombreux pétitionnaires ont dénoncé la situation qui prévaut dans les camps de Tindouf.  Réfugié sahraoui né dans ces camps, M. M’rabih Adda a relaté les violations dont il a été victime depuis son enfance de la part de ceux « qui ont imposé leur volonté avec le feu et l’acier sur des milliers de civils ».  Il a dénoncé les exactions systématiques qui y ont cours, « avec l’appui de l’armée de l’État hôte ».

M. El Fadel Braika, qui affirme avoir été un élément armé du Front POLISARIO depuis l’âge de 14 ans, s’est dit victime, comme des centaines d’enfants de sa génération, de l’endoctrinement contre « un ennemi créé dans nos esprits pour rester otages des camps de toile de Tindouf », un témoignage corroboré par Mme Lemaadla Mohamed Salem Zrug, de l’Association sahraouie contre l’impunité dans les camps de Tindouf.

« Il est essentiel que la communauté internationale reconnaisse que les camps de Tindouf constituent un lieu de détention illégal », a insisté Mme Touria Hmyene, de l’Association pour la liberté des femmes séquestrées dans les camps de Tindouf, tout comme il incombe aux États Membres de mettre un terme aux violences sexuelles et aux mariages forcés dont sont victimes les femmes et les filles qui s’y trouvent.

La délégation marocaine a présenté plusieurs motions d’ordre lors de cette séance, afin de rappeler à certains pétitionnaires de respecter les règles établies. 

La Quatrième Commission reprendra son débat général sur la décolonisation le lundi, 14 octobre 2024, à compter de 10 heures.

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