En cours au Siège de l'ONU

Soixante-dix-neuvième session
4e séance plénière – matin
AG/AB/4468

Cinquième Commission: accablée par une mauvaise santé financière, l’ONU risque d’épuiser toutes ses réserves d’ici à la fin de l’année

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

La Secrétaire générale adjointe chargée des stratégies et politiques de gestion et de la conformité a présenté ce matin à la Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, une situation financière qui ne s’est pas améliorée, risquant de contraindre l’ONU à épuiser toutes ses réserves d’ici à la fin de l’année 2024. 

Mme Catherine Pollard a indiqué que le Secrétaire général continue d’alerter les États Membres de la crise de trésorerie de l’Organisation, touchant en particulier le budget ordinaire.  Le versement des contributions fluctue considérablement chaque année, rendant difficiles la planification et l’exécution efficace des programmes.

Budget ordinaire 

Pourtant au premier trimestre, les paiements ont dépassé les prévisions de 134 millions de dollars et au deuxième trimestre, de 178 millions de dollars, parce que certains États Membres ont payé plus tôt que prévu.  Pour ce dernier trimestre, l’Organisation a reçu 58 millions de dollars de plus que prévu.

Comment s’explique alors la crise de trésorerie?  Le versement des contributions pendant ce dernier trimestre reste incertain et les prévisions pointent vers un déficit qui empêchera la pleine mise en œuvre des programmes.  Au mois de septembre, le Secrétariat a dû siphonner le Fonds de roulement et il sera peut-être nécessaire de ponctionner le Compte spécial ce mois-ci. 

La Secrétaire générale adjointe a souligné, une nouvelle fois, l’importance d’avoir un certain degré de prévisibilité dans le versement des contributions.  Elle a lancé un appel aux États Membres pour qu’ils s’engagent à payer le plus tôt possible et, au moins, à communiquer tout aussi vite leurs plans de paiement.

Pour pouvoir exécuter le budget dans son intégralité et ne pas se retrouver dans une situation pire qu’au début de cette année, il faut recouvrer 105% des quotes-parts, y compris les arriérés, a prévenu Mme Pollard, et pour reconstituer les réserves, il faudra un taux de 115% des recouvrements.  En attendant, l’ONU risque d’épuiser des réserves d’environ 350 millions de dollars, d’ici à la fin de l’année, ne gardant que les 130 millions de dollars des tribunaux internationaux fermés. 

Sur un budget ordinaire de 3,2 milliards de dollars, 2,6 milliards avaient été perçus au 30 septembre, dont 569 millions d’arriérés.  Une somme de 1,5 milliard de dollars est toujours attendue.  À ce jour, 142 États Membres ont versé intégralement leur quote-part au budget ordinaire et 52 autres sont toujours sur la liste des mauvais payeurs.  L’Ukraine ayant donné une avance pour l’année prochaine, la Secrétaire générale adjointe a encouragé les États Membres à envisager des paiements anticipés. 

Budget des opérations de paix

Avec un cycle allant du 1er juillet d’une année au 30 juin de l’année suivante, les sommes versées pour l’exercice 2024-2025 s’élèvent à 2,5 milliards de dollars sur un budget total de 5,6 milliards de dollars.  Les problèmes de liquidités, a averti la Secrétaire générale adjointe, pourraient avoir une incidence sur le remboursement des pays contributeurs de troupes et d’effectifs de police.  Au 15 octobre 2024, 64 États Membres seulement s’étaient acquittés de l’intégralité de leurs contributions. 

Manquent toujours à l’appel 487 millions de dollars pour les opérations clôturées et 1,3 milliard pour les opérations actives, dont 835 millions de contributions pour l’exercice 2024-2025 et 510 millions pour les exercices précédents. 

Mme Pollard a rappelé que dans sa résolution 73/307, l’Assemblée générale a décidé que le Secrétaire général doit mettre en recouvrement l’intégralité des contributions aux opérations de maintien de la paix pour lesquelles des barèmes sont disponibles, même si le Conseil de sécurité n’a pas encore prorogé les mandats. 

En conséquence, pour la période allant de juillet à décembre 2024, 634 millions de dollars ont été mis en recouvrement pour des opérations « non encore mandatées ».  Dans l’attente de l’approbation par l’Assemblée générale du barème des quotes-parts pour 2025-2027, des États Membres ont déjà versé des avances d’un montant total de 123 millions de dollars pour la période allant de janvier à juin 2025. 

Tribunaux internationaux

Au 30 septembre, les arriérés s’élevaient à 55 millions de dollars, y compris pour le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) et le Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles de ces tribunaux. 

En conclusion, la Secrétaire générale adjointe a insisté sur le fait que la santé financière de l’Organisation dépend du versement à temps et en totalité des contributions.  La pleine mise en œuvre intégrale des programmes en est tributaire.  Elle a appelé les États Membres à adopter un budget ordinaire réaliste que le Secrétariat s’engage à utiliser de manière responsable, efficace et transparente.

Dès demain, mercredi 16 octobre, la Cinquième Commission tiendra une autre séance publique pour examiner le projet de budget-programme pour 2025.

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