En cours au Siège de l'ONU

9746e séance – après-midi
CS/15850

Conseil de sécurité: les membres du Conseil appellent à la désescalade au Liban et à une solution politique négociée

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Le conflit au Liban, associé à la situation en Syrie et à la violence à Gaza et en Cisjordanie, montre une région qui glisse dangereusement vers une guerre totale, a prévenu la Secrétaire générale adjointe aux affaires politique et à la consolidation de la paix, cet après-midi, devant le Conseil de sécurité. Avec les bombardements, les destructions et les déplacements, le Liban est devenu la prochaine Gaza, a déploré la Slovénie, après que les membres du Conseil, deux hauts fonctionnaires de l’ONU et d’autres intervenants ont appelé à la désescalade, à la fin des hostilités et à une solution politique négociée. 

Demandée par la France, cette réunion a été l’occasion pour Mme Rosemary A. DiCarlo, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, de faire le bilan de la situation au Liban depuis le 1er octobre. Le nombre de morts a atteint plus de 2 000, a-t-elle dit, en citant le Ministère de la santé du Liban.  Plus de 600 000 personnes ont fui ailleurs dans le pays depuis mercredi dernier, et les ordres d’évacuation d’Israël ont vidé de leur population plus de 100 villages, soit un quart du territoire du Liban. Environ 250 000 personnes, dont des Libanais et des Syriens, sont parties en Syrie et des dizaines de milliers d’autres ont quitté le pays en avion. 

Le personnel de l’ONU et les Casques bleus de la FINUL doivent être protégés 

Dans le nord d’Israël, les attaques du Hezbollah ont tué 50 personnes et déplacés plus de 60 000 personnes.  Mme DiCarlo a rappelé que l’ONU a demandé que les États Membres répondent à l’appel lancé la semaine dernière pour collecter une somme de 425 millions de dollars et venir en aide à un million de personnes au cours des trois prochains mois.  Les parties doivent saisir les options diplomatiques mises sur la table et déposer les armes.  « Il est encore temps de donner une chance à la diplomatie.  Maintenant », a martelé Mme DiCarlo. 

Les parties doivent s’engager à une cessation des hostilités et la mise en œuvre intégrale des résolutions 1559 (2004) et 1701 (2006) du Conseil de sécurité, a encore plaidé la haute fonctionnaire pour qui la souveraineté du Liban et l’intégrité territoriale des deux pays doivent être respectées.  Pour elle, le personnel de l’ONU et les courageux Casques bleus de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) doivent être protégés. Il faut tout mettre en œuvre pour inverser ce cycle de violence et préserver le Liban, Israël et la région de la catastrophe. 

Le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, M. Jean-Pierre Lacroix, a informé qu’une grande partie du sud du Liban, où opère la FINUL, est désormais inhabitable.  La présence de personnel et d’armes non autorisés au sud du fleuve Litani, en violation flagrante de la résolution 1701 (2006), reste une source de préoccupation.  Depuis le 23 septembre, la FINUL a détecté 5 451 trajectoires provenant du sud du Liban et 610 attaques aériennes israéliennes, tandis que 1 385 projectiles ont été tirés en réaction, du nord vers le sud. 

Il n’existe pas de solution militaire

La capacité de la Force de surveiller les événements reste limitée, en partie à cause des risques encourus par les Casques bleus, a déploré M. Lacroix qui a fait savoir que deux soldats de la paix ont été blessés par des tirs de chars israéliens, dénonçant un mépris pour la protection accordée par le droit international aux installations et au personnel de l’ONU.  Les conditions sécuritaires ont forcé la FINUL à relocaliser temporairement 300 soldats et à réduire ses effectifs dans certaines des bases les plus exposées.  De plus, l’installation de positions israéliennes près des postes de la FINUL a aggravé les risques pour les Casques bleus. 

M. Lacroix a indiqué que la FINUL a maintenu une coordination étroite avec les Forces armées libanaises et les Forces de défense israéliennes (FDI) pour faciliter les missions humanitaires et éviter les erreurs de calcul.  La FINUL appuie les autorités libanaises dans la protection des civils.  Le Secrétaire général adjoint a aussi appelé à une désescalade immédiate et à un cessez-le-feu.  Il n’existe pas de solution militaire à la crise.  Les parties doivent mettre pleinement en œuvre la résolution 1701 (2006). 

C’est aussi l’opinion de la France, qui a demandé la convocation de cette réunion et qui a annoncé une conférence internationale à Paris le 24 octobre prochain.  Le cessez-le-feu est la voie à suivre et la mise en œuvre intégrale de la résolution 1701 (2006) est le cadre de ce cessez-le-feu, a souligné la France. 

Une résolution pour mettre fin à la violence et imposer le retrait d’Israël du Liban

Parce qu’Israël viole la Charte des Nations Unies et la résolution 1701, le Liban a demandé au Conseil d’adopter immédiatement une résolution pour mettre fin à la violence et imposer le retrait d’Israël des frontières libanaises.  Quel est l’intérêt de prendre pour cible des stations d’épuration d’eau, des sites archéologiques, des points de passage frontaliers?  Quel est l’objectif de prendre pour cible les journalistes, des professionnels de la santé et des agents humanitaires? a demandé le délégué libanais dénonçant « la fameuse opération militaire ciblée » d’Israël. 

Il a réitéré l’appel à l’aide humanitaire lancé par l’ONU pour venir en aide aux millions de déplacés, avant de presser les États Membres de trouver une solution diplomatique fondée sur la résolution 1701 (2006), de soutenir la souveraineté de son pays et de mobiliser la communauté internationale pour répondre aux besoins humanitaires de la population. 

Le Japon, qui a contribué à hauteur de 290 millions de dollars d’aide humanitaire au Liban depuis 2012, a dit examiner de nouvelles aides.  Le Royaume-Uni a annoncé une aide humanitaire supplémentaire de 15 millions de livres.  La Suisse a annoncé son intention d’allouer 7 millions de francs supplémentaires et les États-Unis ont annoncé la somme de 187 millions de dollars d’assistance pour les déplacés et les réfugiés. 

Les bombardements et la guerre ne garantiront pas la sécurité la sûreté et la stabilité, a prévenu le Liban.  Seule une solution diplomatique fondée sur les résolutions du Conseil de sécurité et le droit international humanitaire nous permettra de mettre fin à cette guerre et à cette agression.  Le Liban a aussi appelé à un cessez-le-feu de 21 jours, conformément à l’initiative franco-américaine, afin de régler les questions frontalières en suspens. 

Protéger la population

Le conflit actuel a été déclenché par Hassan Nasrallah, a martelé Israël, en regrettant les souffrances tant sur son territoire qu’au Liban.  Il a dénoncé l’inaction du Conseil de sécurité et promis de repousser le Hezbollah au nord du fleuve Litani.  Pour éviter de nouvelles pertes civiles, nous avons conseillé à la FINUL de se retirer de la zone de conflit, mais celle-ci a choisi d’y rester, s’est étonné Israël, qui a ajouté: « le Liban appartient aux Libanais et pas aux Iraniens. » 

Nous cherchons à protéger notre population.  Le Conseil, a-t-il dit, doit mettre en place des mécanismes solides pour garantir que la FINUL et l’Armée libanaise remplissent leurs missions.  S’adressant à son homologue libanais en arabe, le délégué israélien l’a appelé à s’asseoir à ses côtés et à s’opposer au régime islamique d’Iran. 

Les délégations ont condamné les attaques contre la FINUL.  À l’instar de la France et de la Chine, elles ont demandé des enquêtes et des mesures pour que de tels actes ne se répètent plus.  La Chine a appelé toutes les parties au calme et à la responsabilité.  Israël, qui détient les clefs du règlement du conflit, doit renoncer à l’usage de la force et mettre fin aux violations de l’intégrité territoriale du Liban. 

La Fédération de Russie, qui a qualifié les attaques contre les Casques bleus de crime de guerre, a voulu une réaction forte du Conseil.  Il n’y a plus de temps à perdre parce que la grande majorité des membres du Conseil ont fait part de leur consensus autour de la désescalade, du cessez-le-feu, de la cessation des violences et de la recherche d’une solution diplomatique. 

La Slovénie a appelé le Hezbollah à cesser ses attaques.  La Mauritanie, au nom du Groupe des États arabes, a appelé le Conseil et la communauté internationale à assumer pleinement leurs responsabilités. Une solution diplomatique entre le Liban et Israël le long de la Ligne bleue est le seul moyen de restaurer le calme et de permettre aux citoyens libanais et israéliens de rentrer chez eux, ont souligné les États-Unis, après avoir reconnu le droit d’Israël de protéger ses citoyens. 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Exposés

La Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, Mme ROSEMARY A. DICARLO, a dit être préoccupée par la situation au Liban qui s’est empirée depuis huit jours.  Les échanges de tirs entre le Hezbollah et l’armée israélienne, qui ont commencé le 8 octobre de l’année dernière, se sont intensifiés.  Depuis le début des opérations terrestres israéliennes au Liban le 1er octobre, les affrontements ont pris en intensité dans le sud du Liban provoquant la panique.  Plus de 300 personnes ont été tuées au Liban au cours de la semaine dernière.  Depuis le début du mois, le nombre de morts a atteint plus de 2 000, selon le Ministère libanais de la santé.  Des soldats israéliens ont également été tués, dont au moins 12 sur le territoire libanais depuis le 1er octobre.  Plus de 600 000 personnes ont été déplacées au Liban depuis mercredi dernier, dont une grande majorité de femmes et d’enfants.

Israël a émis des ordres d’évacuation sur un quart du territoire du Liban, soit plus de 100 villages.  Environ 250 000 personnes, dont des Libanais et des Syriens, se sont déplacées en Syrie.  Des dizaines de milliers d’autres sont parties par l’aéroport de Beyrouth.  Le secteur de la santé au Liban est sous pression. L’appel éclair lancé par l’ONU la semaine dernière demande 425 millions de dollars pour aider un million de personnes au cours des trois prochains mois.  Mme DiCarlo a exhorté les États Membres à soutenir cette demande. 

Dans le nord d’Israël, la population civile fait face aux attaques du Hezbollah et d’autres groupes armés non étatiques au Liban et dans la région.  Plus de 50 personnes ont été tuées et plus de 60 000 ont été déplacées en Israël et sur le plateau du Golan occupé. Le conflit dévastateur au Liban, associé à la situation en Syrie et à la violence qui fait rage à Gaza et en Cisjordanie, montre une région qui glisse dangereusement vers une guerre totale.

« Notre incapacité collective à arrêter la violence et à endiguer l’effusion de sang est accablante », a noté la Secrétaire générale adjointe.  Le Hezbollah et les autres groupes armés non étatiques doivent cesser leurs tirs de roquettes et de missiles sur Israël. Israël doit cesser ses bombardements sur le Liban et retirer ses forces terrestres.  Les parties doivent saisir les options diplomatiques mises sur la table et déposer les armes.  « Il est encore temps de donner une chance à la diplomatie.  Maintenant », a martelé Mme DiCarlo. 

La Coordonnatrice spéciale pour le Liban, Mme Jeanine Hennis-Plasschaert travaille avec tous les acteurs pour une désescalade immédiate et une solution diplomatique.  Les parties doivent s’engager à une cessation des hostilités et à la mise en œuvre intégrale des résolutions 1559 (2004) et 1701 (2006) du Conseil de sécurité. L’État libanais doit avoir le contrôle de toutes les armes qui se trouvent sur son territoire.  En cette période de crise, les dirigeants politiques libanais doivent prendre des mesures résolues pour combler le vide à la présidence du pays.  La souveraineté de l’État et l’intégrité territoriale des deux pays, Liban et Israël, doivent être respectées. 

Mme DiCarlo a exigé le respect du droit international et du droit international humanitaire.  Les parties doivent épargner les civils et les infrastructures civiles.  Il faut éviter les attaques aveugles et disproportionnées.  Le personnel humanitaire, le personnel médical et les journalistes ne doivent pas être pris pour cible.  Le personnel de l’ONU et les courageux Casques bleus le long de la Ligne bleue doivent être protégés.  Il faut tout mettre en œuvre pour inverser ce cycle de violence et préserver le Liban, Israël et la région de la catastrophe, a conclu Mme DiCarlo. 

Le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, M. JEAN-PIERRE LACROIX, s’est inquiété de la situation alarmante au Liban, marquée par une intensification des opérations militaires depuis le 1er octobre.  Les Forces de défense israéliennes (FDI) ont en effet mené des opérations terrestres accompagnées de bombardements aériens dans tout le pays, et une grande partie du sud du Liban, où opère la FINUL, est désormais inhabitable, a-t-il indiqué. 

Justifiées par la nécessité de laisser les Israéliens du nord d’Israël retourner chez eux après une année de peur et de déplacement forcé, ces actions des FDI n’ont pas empêché le Hezbollah de continuer à tirer au-delà de la Ligne bleue, avec des armes de plus en plus sophistiquées.  La présence de personnel et d’armes non autorisés au sud du fleuve Litani, en violation flagrante de la résolution 1701, reste une source de préoccupation, a ajouté le haut fonctionnaire.

Depuis le début de l’opération « Northern Arrows » le 23 septembre, la FINUL a détecté 5 451 trajectoires provenant du sud du Liban et 610 attaques aériennes israéliennes, tandis que 1 385 projectiles ont été tirés en réaction du nord vers le sud.  Sur le terrain, les combats ont fait au moins 12 morts parmi les soldats israéliens, tandis que plusieurs dizaines de combattants du Hezbollah ont été tués.

Le Secrétaire général adjoint a signalé que des incursions terrestres israéliennes ont été observées dans plusieurs secteurs, notamment à Maroun el-Ras, Labbouné et Yaroun. Cependant, la capacité de la FINUL de surveiller étroitement les événements reste limitée, en partie à cause des risques encourus par les Casques bleus.  M. Lacroix a fait savoir que deux Casques bleus ont été blessés et plusieurs véhicules endommagés dans ces affrontements, notamment lorsqu’un poste d’observation de l’ONU à Naqoura a été touché par des tirs de chars israéliens.  Cela démontre un mépris pour la protection accordée par le droit international aux installations et au personnel de l’ONU, a dénoncé le haut fonctionnaire. 

Cependant, a-t-il insisté, bien que les FDI aient demandé l’évacuation des troupes de la FINUL à proximité de la Ligne bleue, ces dernières sont restées en place, tout en renforçant la protection de leurs positions.  Les conditions sécuritaires ont toutefois forcé la FINUL à relocaliser temporairement 300 soldats et à réduire ses effectifs dans certaines des bases les plus exposées.  De plus, l’installation de positions israéliennes près des postes de la FINUL a aggravé les risques pour les Casques bleus, ces développements ayant fait l’objet de protestations auprès des autorités israéliennes.

La sécurité des approvisionnements en carburant, nourriture et eau pour la FINUL est également devenue une préoccupation majeure, alors que les affrontements ont conduit à la relocalisation de presque tout le personnel civil international hors du pays.  M. Lacroix a fait savoir que la FINUL a néanmoins maintenu une coordination étroite avec les Forces armées libanaises et les FDI pour tenter de faciliter les missions humanitaires et éviter les erreurs de calcul.

Le Secrétaire général adjoint a également exprimé son inquiétude quant aux victimes civiles, notant que les échanges de tirs ont fait des centaines de morts et de blessés et des centaines de milliers de personnes déplacées.  La FINUL continue de soutenir les autorités libanaises dans la protection des civils, notamment en facilitant les missions humanitaires et en offrant un abri lorsque cela est possible.  Pour conclure, M. Lacroix a appelé à une désescalade immédiate et à un cessez-le-feu.  Il a réaffirmé qu’il n’existe pas de solution militaire à la crise et a exhorté les parties à mettre pleinement en œuvre la résolution 1701.

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