En cours au Siège de l'ONU

Conseil de sécurité: le conflit au Soudan aggrave une situation régionale fragile et paralyse le processus de détermination du statut final d’Abyei

9777e séance - matin
CS/15889

Conseil de sécurité: le conflit au Soudan aggrave une situation régionale fragile et paralyse le processus de détermination du statut final d’Abyei

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

La guerre au Soudan entre les Forces armées soudanaises et les Forces d’appui rapide, qui est entrée dans son dix-neuvième mois, continue d’avoir de profondes répercussions sur la situation sécuritaire, économique et humanitaire au Soudan comme au Soudan du Sud, y compris dans la zone d’Abyei, a fait observer la Sous-Secrétaire générale pour l’Afrique, Mme Martha Ama Akyaa Pobee, au cours d’une séance d’information devant le Conseil de sécurité, ce matin. Ce conflit est en outre une source majeure de déstabilisation dans la Corne de l’Afrique et la région du Sahel.

Des centaines de milliers de personnes ont fui les combats au Soudan pour se réfugier au Soudan du Sud.  À Abyei, l’arrivée de populations déplacées n’a fait que peser sur des conditions de vie déjà difficiles.  « La crise humanitaire est grave », a prévenu la représentante du Soudan du Sud, exhortant le Conseil à s’en préoccuper et à renforcer les mesures d’aide.

En outre, ces pressions sur les ressources limitées d’Abyei ont entraîné une hausse de la criminalité dans une zone où les armes légères et de petit calibre continuent de proliférer.  D’ailleurs, a signalé Mme Pobee, le 21 octobre, le Soudan du Sud a fait état d’une incursion d’un groupe de combattants des Forces d’appui rapide, qui se sont livrés à des pillages.

Ces mouvements de groupes armés aggravent la situation sécuritaire déjà fragile au Soudan du Sud et à Abyei, a fait observer la Sous-Secrétaire générale. Elle a toutefois salué l’amélioration des relations entre les communautés ngok dinka et misseriya, dans laquelle la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA) a joué un grand rôle.

Progrès faits et à faire pour la réconciliation communautaire

Le représentant du Soudan s’en est félicité et a salué le rôle clef de la FISNUA dans le maintien de la sécurité et de la stabilité à Abyei.  Il l’a d’ailleurs priée de continuer à mener des projets qui encouragent le dialogue et la cohésion sociale dans la région, ce qui contribue à la consolidation de la paix.

Dans le même esprit, le Royaume-Uni a noté que, malgré les tensions persistantes, aucun affrontement intercommunautaire n’a été signalé depuis avril, ce qui représente un progrès par rapport au nombre alarmant d’incidents sécuritaires signalés plus tôt dans l’année.

Adoptant une perspective plus large, le Mozambique, l’Algérie, le Guyana et la Sierra Leone (les A3+) ont prôné une approche coordonnée pour renforcer la réconciliation communautaire, soutenir les réfugiés et gérer la prolifération des armes légères.

Appels à retirer les troupes sud-soudanaises de la zone

La Sous-Secrétaire générale, comme les membres du Conseil, a toutefois relevé un autre problème: la présence continue de personnel de sécurité sud-soudanais dans le sud d’Abyei constitue une violation de l’Accord du 20 juin 2011 entre le Gouvernement de la République du Soudan et le Mouvement populaire de libération du Soudan concernant les arrangements provisoires pour l’administration et la sécurité de la zone d’Abyei.  Cette présence militaire a également pour conséquence de restreindre la liberté de mouvement du personnel de la FISNUA.

Le Royaume-Uni s’en est inquiété et a appelé les autorités soudanaises à délivrer de toute urgence des visas pour le personnel civil et policier de l’ONU, afin de lui permettre de faire face aux menaces criminelles à Abyei.  La France, parmi d’autres, a appelé les autorités sud-soudanaises à retirer leurs forces déployées à Abyei et à lever l’ensemble des obstacles à l’action des Nations Unies dans la région, y compris les entraves à sa liberté de circulation.  Des demandes qui figurent dans le rapport du Secrétaire général et qui ont été également formulées par le Soudan, la délégation se disant préoccupée par la présence d’éléments militaires sud-soudanais.

Ce déploiement de force n’est que temporaire, s’est défendue la déléguée du Soudan du Sud.  L’intention de son gouvernement a toujours été la désescalade, a-t-elle assuré, se disant disposée à discuter d’un arrangement sécuritaire alternatif.  Quoi qu’il en soit, ont insisté les États-Unis et la Slovénie, cette présence militaire viole l’Accord du 20 juin 2011 et remet en question le statut démilitarisé et exempt d’armes de la région d’Abyei.

Impasse dans le processus de dialogue

Dans ces circonstances, la FISNUA n’a enregistré aucune avancée cette année en ce qui concerne le dialogue entre le Soudan et le Soudan du Sud sur le statut final de la zone administrative d’Abyei et les questions frontalières. Une stagnation que la Fédération de Russie a attribuée à des « facteurs objectifs qui ne permettent pas d’espérer plus », notamment le conflit armé au Soudan dont l’épicentre se déplace vers le Darfour.

C’est pour cela, a expliqué le délégué du Soudan, que les arrangements temporaires entre son pays et le Soudan du Sud signés en 2011 sont irremplaçables et gages de sécurité tant que la question du statut final d’Abyei n’aura pas été réglée.  Il n’en reste pas moins que ce statut final et le règlement des questions frontalières sont essentiels pour pouvoir tenir un référendum donnant droit à l’autodétermination de la région, ont fait valoir les A3+.

Également inquiète que le statut final d’Abyei ne soit toujours pas réglé, la Slovénie a prié le Soudan et le Soudan du Sud de reprendre les discussions dès que la situation sécuritaire le permettra.  Si le Conseil de sécurité se veut efficace, a expliqué le délégué du Soudan, il doit adopter des arrangements de nature à mettre un terme à « l’agression par l’État qui parraine les Forces d’appui rapide ». Selon lui, il s’agit d’une milice qui bénéficie d’un soutien politique, diplomatique et militaire, dont les combattants et mercenaires sont recrutés dans les pays voisins du Sahel.

Laisser les deux Soudans régler leurs problèmes internes

Pour sa part, la Fédération de Russie a insisté sur le fait que les populations du Soudan et du Soudan du Sud doivent résoudre leurs problèmes internes, sans ingérence, y compris celui du statut final d’Abyei.  Toute initiative de paix ou de règlement du conflit sans leur participation est vouée à l’échec, a martelé la déléguée, s’inquiétant d’un « chantage politique et d’interventions étrangères ».

Avec l’appui de l’ONU

Pour conserver les espoirs de règlement, la Sous-Secrétaire générale Pobee a assuré que le Bureau de l’Envoyé spécial pour la Corne de l’Afrique continuera de soutenir les efforts de médiation de l’Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Soudan dans sa quête d’un cessez-le-feu rapide, viable et durable.  Il maintiendra également son appui au rôle stabilisateur de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) et de la FISNUA, en coordination avec l’Union africaine, l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et d’autres partenaires.

NOUVEAU - Suivez la couverture des réunions en direct sur notre LIVE

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD (S/2024/740)

Exposé

Mme MARTHA AMA AKYAA POBEE, Sous-Secrétaire générale pour l’Afrique aux Départements des affaires politiques et de la consolidation de la paix, et des opérations de paix, a fait le point sur la situation au Soudan et au Soudan du Sud. Elle a souligné que la guerre au Soudan continue d’avoir de profondes répercussions sur la situation sécuritaire, économique et humanitaire dans les deux pays, y compris la zone d’Abyei.  Au Soudan du Sud, la production pétrolière et les exportations ont été perturbées par l’insécurité, ce qui a aggravé la situation financière du pays.

Sur le front humanitaire, des centaines de milliers de réfugiés ont fui les combats au Soudan pour se diriger vers le Soudan du Sud, où les conditions sont difficiles (accès insuffisant à l’eau potable, à la nourriture et aux services de santé).  L’arrivée de populations déplacées à Abyei a renforcé les contraintes sur les ressources limitées de la zone et accentué sa pénurie de denrées de base.  Cette pression a entraîné une hausse de la criminalité, a encore décrit la Sous-Secrétaire générale.

Dans la zone d’Abyei, les armes de petit calibre et les armements lourds continuent de proliférer, a-t-elle poursuivi, en signalant que, le 21 octobre, le Soudan du Sud a fait état d’une incursion d’un groupe de combattants des Forces d’appui rapide, qui se sont livrés à des pillages.

Le mouvement des groupes armés aggrave aussi la situation sécuritaire déjà fragile au Soudan du Sud et à Abyei, a fait observer Mme Pobee, en particulier par rapport aux tensions préexistantes entre les Dinka Twic et les Ngok Dinka.

Et pour aggraver la situation, les fortes précipitations et les inondations en septembre et en octobre ont gravement touché les populations, détruit les récoltes et des infrastructures et perturbé les services de santé, ce qui accroît les risques de maladies.  Rien qu’à Abyei, plus de 18 000 personnes ont été déplacées et plus de 3 000 maisons emportées par les pluies.

Quant aux pourparlers entre le Mouvement populaire de libération du Soudan-Nord et les Forces armées soudanaises, avec la médiation du Gouvernement du Soudan du Sud, qui visaient notamment à faciliter l’accès de l’aide humanitaire, ils n’ont pas abouti à un accord formel.  Les hostilités entre les deux parties ont repris fin juillet à Dilling, deuxième ville du Kordofan méridional.  Le Mouvement a déclaré le 13 août que les zones sous son contrôle étaient en situation de famine, touchant « environ 3 millions de personnes ».

La guerre entre les Forces armées soudanaises et les Forces d’appui rapide est entrée dans son dix-neuvième mois, a fait observer la Sous-Secrétaire générale, rappelant que ce conflit demeure une source majeure de déstabilisation dans la Corne de l’Afrique et les régions du Sahel, avec des conséquences sécuritaires, humanitaires et économiques sur les voisins du Soudan.

La pleine mise en œuvre de la résolution 2046 (2012) est impossible tant que le conflit au Soudan n’est pas réglé, a-t-elle insisté.  Au vu de l’impact de cette guerre sur la région, elle a encouragé les entités onusiennes concernées et les partenaires internationaux à apporter une réponse coordonnée.

Le Bureau de l’Envoyé spécial pour la Corne de l’Afrique continuera à soutenir les efforts de médiation de l’Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Soudan dans sa quête d’un cessez-le-feu rapide, viable et durable, a assuré Mme Pobee.  Il continuera également à soutenir le rôle stabilisateur de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) et de la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA), en coordination avec l’Union africaine, l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et d’autres partenaires.

Se tournant vers les activités de la FISNUA, et son soutien au Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière, Mme Pobee a indiqué qu’aucune avancée n’a été enregistrée cette année en ce qui concerne le dialogue entre le Soudan et le Soudan du Sud sur le statut final d’Abyei et les questions frontalières.  En revanche, sur le terrain, l’amélioration des relations entre les communautés ngok dinka et misseriya s’est confirmée et aucun affrontement n’a été enregistré au cours de la période à l’examen.  La FISNUA a joué un grand rôle dans cette réconciliation.

Un autre problème tient à la présence continue de personnel de sécurité sud-soudanais dans le sud d’Abyei, en violation de l’Accord du 20 juin 2011 entre le Gouvernement de la République du Soudan et le Mouvement populaire de libération du Soudan concernant les arrangements provisoires pour l’administration et la sécurité de la zone d’Abyei.  Ce déploiement a également pour conséquence des restrictions à la liberté de mouvement de la FISNUA, a noté la Sous-Secrétaire générale.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: la Présidente de l’ECOSOC met en avant la contribution de l’organe à promouvoir des solutions multilatérales efficaces à des défis complexes

Soixante-dix-neuvième session,
34e séance plénière - matin
AG/12653

Assemblée générale: la Présidente de l’ECOSOC met en avant la contribution de l’organe à promouvoir des solutions multilatérales efficaces à des défis complexes

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

« Le développement durable ne peut être atteint sans s’attaquer aux inégalités mondiales, tant en termes d’accès aux ressources que de répartition des responsabilités financières », a déclaré ce matin, devant l’Assemblée générale, la Présidente de la session 2024 du Conseil économique et social, venue présenter le dernier rapport de cet organe chargé de promouvoir les dimensions économique, sociale et environnementale du développement durable.

Lors de ce tour d’horizon sur les initiatives et activités du Conseil durant la période allant du 27 juillet 2023-24 juillet 2024, Mme Paula Narváez a notamment mis l’accent sur le suivi du Forum 2024 sur le financement du développement qui a jeté les bases de la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement (FfD4), prévue en 2025 en Espagne.  À ce propos, elle s’est félicitée que son processus préparatoire intègre pour la première la question des effets des mesures coercitives unilatérales sur les populations.  Une démarche saluée par la Fédération de Russie pour qui la présidence chilienne de l’ECOSOC a « honoré sa promesse » de prendre en compte les intérêts des pays du Sud, reconnaissant une « décision politique difficile » mais « indépendante ».

De son côté, la Tunisie a espéré que ce sommet contribuera à une restructuration de l’architecture financière internationale pour un ordre économique plus juste, notamment vis-à-vis des pays en développement.

Un point de vue partagé par la Guinée, qui souhaiterait y voir une opportunité pour les pays en développement de faire avancer le Programme 2030 et le Programme d’action d’Addis-Abeba.  Il faut renforcer le dialogue sur cette question, a souligné la délégation du Canada.

Mme Narváez a également évoqué une période marquée par la consolidation des enjeux prioritaires au sein de l’ECOSOC, notamment au regard des conflits et catastrophes qui ont multiplié les besoins et l’urgence d’adopter une approche préventive.

C’est dans ce sens que l’ECOSOC et la Commission de consolidation de la paix ont tenu des réunions conjointes dont l’objectif, a-t-elle expliqué, est de souligner l’importance de la cohérence entre les initiatives de développement et de consolidation de la paix comme base d’une stabilité sur le long terme.

De même, elle a souligné l’urgence d’augmenter le financement du développement et d’intégrer l’action climatique dans l’agenda humanitaire.  Ce sont des questions fondamentales pour un avenir résilient et équitable, a estimé Mme Narváez, notant que la fréquence et l’intensité croissantes des catastrophes climatiques et des situations d’urgence résultant de conflits ont mis en évidence la nécessité d’intégrer l’innovation et la technologie dans les réponses humanitaires.

L’égalité des genres a été une autre priorité centrale des discussions de l’ECOSOC; et grâce au Forum des jeunes de l’ECOSOC, un nombre record de jeunes ont pu participer aux travaux du Conseil, s’est encore enorgueillie la Présidente qui a encouragé à une plus grande participation de la société civile aux travaux du Conseil.

L’initiative de la Présidente d’organiser au Chili une réunion sur l’avenir du travail a également été saluée par les délégations.  Il s’agit de la deuxième fois de l’histoire de l’ECOSOC qu’une réunion est organisée hors de New York, ce qui démontre, selon la Pologne, que le dialogue politique mondial devrait prendre en compte la réalité des régions.  Le Canada, qui préside la session 2025 de l’ECOSOC, a préconisé pour sa part de réduire les réunions du Conseil, afin de permettre aux délégués de se concentrer sur un ensemble de sujets plus restreints mais ayant plus d’impact.

L’Assemblée générale était également saisie d’une note (A/79/261) du Secrétaire général, relative à l’attribution du Prix des Nations Unies en matière de population pour 2024.

Celui-ci a été décerné à Mme Haifa Abu Ghazaleh (Jordanie) dans la catégorie des personnes et la National Alliance to End Female Genital Mutilation and Child Marriage in Ethiopia (Alliance nationale pour l’élimination des mutilations génitales féminines et du mariage d’enfants en Éthiopie) dans la catégorie des institutions.

En fin de matinée, les délégations ont achevé l’examen du rapport du Conseil des droits de l’homme (CDH) entamé le 1er novembre.  L’occasion pour la Fédération de Russie de critiquer le Conseil transformé, selon elle, en un instrument de politique étrangère agressive des pays de « l’Occident collectif » pour faire des pressions et ingérences dans les affaires intérieures d’autres États.  En revanche, Kyïv a vu dans la prolongation du mandat de la Commission d’enquête internationale indépendante sur l’Ukraine une étape importante pour la reddition de comptes, thème également cher à l’Afrique du Sud qui a évoqué les crimes commis à Gaza.  Israël a accusé pour sa part le CDH de s’être transformé en une arène de persécution politique.

Les États Membres ont ensuite poursuivi leur débat sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale, entamé le lundi 4 novembre, l’occasion pour les États-Unis de plaider pour « moins de discours et plus d’actions ».  Il faut rationaliser nos travaux, réduire les chevauchements et limiter les réunions thématiques et commémoratives, qui sont le reflet, à son avis, d’un « problème plus large ».

La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

NOUVEAU - Suivez la couverture des réunions en direct sur notre LIVE 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Préserver l’intégrité de l’information, une problématique centrale face aux développements rapides des technologies de l’information et de l’intelligence artificielle

Soixante-dix-neuvième session
18e séance plénière - après-midi
CPSD/817

Préserver l’intégrité de l’information, une problématique centrale face aux développements rapides des technologies de l’information et de l’intelligence artificielle

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Cet après-midi, à la Quatrième Commission, chargée des questions de politiques spéciales et de la décolonisation, les délégations ont souligné l’importance pour le Département de la communication globale (DCG) de préserver l’intégrité de l’information face aux avancées spectaculaires des technologies de l’information et des communications et de l’intelligence artificielle (IA).

La soixante-dix-huitième session de l’Assemblée générale a été marquée par d’importantes consultations autour des instruments multilatéraux pour répondre aux défis posés par la désinformation, la mésinformation et les discours de haine, a rappelé la France, qui s’exprimait au nom du Groupe des Ambassadeurs francophones.  Le Pacte mondial pour le numérique, adopté par consensus à cette occasion, ainsi que les Principes mondiaux des Nations Unies pour l’intégrité de l’information, rendus publics par le Secrétaire général, ont posé les fondations d’une action multipartite cohérente en vue de préserver l’intégrité de l’information, a argué le représentant français, pour lequel « l’heure est désormais à l’action ».

Vivement préoccupées par la prolifération de la mésinformation et de la désinformation, comme de la manipulation de l’information, les délégations ont relevé que ce Pacte, avec son annexe sur le numérique et la Déclaration pour les générations futures, prouve que la solidarité et le multilatéralisme doivent prévaloir.  Le Pacte s’est fixé comme objectif essentiel d’œuvrer à un avenir numérique inclusif, ouvert, durable, équitable, sûr et sécurisé pour tous, et la diffusion des principes mondiaux pour l’intégrité de l’information.  « Il faut prévenir les utilisations malveillantes de l’IA afin de propager des informations faussées », a mis en garde le Pakistan.

L’attention accordée par le Pacte numérique mondial à l’intégrité de l’information illustre bien, selon l’Union européenne, l’intérêt commun des États Membres à progresser sur cette question afin d’atténuer les risques liés à l’information, de préserver un paysage médiatique indépendant et pluraliste et de renforcer les systèmes d’éducation aux médias et à l’information.  À cet égard, la délégation européenne a dénoncé le recours à la désinformation et à la manipulation par la Fédération de Russie dans ses tentatives de justifier son agression contre l’Ukraine, alors que les délégations arabes et d’autres se sont indignées de cette pratique dans le cadre des conflits en cours au Moyen-Orient.  La République de Moldova a également fait cas d’ingérences externes et de tentatives de déstabilisation de la part de la Fédération de Russie tout au long de son cycle électoral.

Venu témoigner de sa propre expérience, le Burkina Faso a expliqué que, dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, les nouvelles technologies de l’information ont facilité la radicalisation, l’implantation de l’extrémisme violent et du terrorisme.  « C’est par ces canaux que les terroristes recrutent et enrôlent des jeunes », afin de les instrumentaliser et de les faire se retourner contre leur propre pays, leurs propres communautés, « pour commettre des attaques ignobles », s’est indignée cette délégation.

De son côté, Israël a considéré que le « raz-de marée » d’attaques antisémites qui déferle depuis le 7 octobre 2023 démontre l’importance de lutter contre les récits trompeurs et la désinformation.  Cette délégation a insisté sur l’importance de l’impartialité et la neutralité au sein du DCG, dont le Programme d’information sur la question de la Palestine présente, selon elle, un récit unilatéral sur les événements au Moyen-Orient, ne tenant pas compte du rôle d’organisations terroristes comme le Hamas. Israël a accusé ce groupe d’être en contact avec la chaîne Al-Jazeera afin qu’elle serve ses intérêts.

Comme par le passé, les États Membres ont été nombreux à insister sur la nécessité de respecter le multilinguisme.  À ce titre, le DCG a été invité à éliminer le décalage entre l’anglais et les autres langues officielles sur les médias sociaux et sites Web administrés par le Secrétariat, en traduisant tous les documents disponibles sur ces plateformes dans un délai de six mois.  À l’instar du Groupe des Amis de la langue espagnole hier et des pays arabophones aujourd’hui, le Groupe des Ambassadeurs francophones a encouragé le Département à privilégier des contenus originaux en lieu et place de la traduction, « qui ne rend qu’imparfaitement compte des subtilités propres à chaque langue officielle ».  Pour les Ambassadeurs francophones, seule une main d’œuvre multilingue serait à même d’exécuter pleinement, et à moindre coût, les mandats de l’ONU relatifs à l’information et à la communication dans toutes les langues officielles qui y sont reconnues.

Pointant que le Cadre stratégique des Nations Unies sur le multilinguisme offre un levier d’action pour promouvoir le multilinguisme dans les activités du DCG, les délégations ont dit attendre les directives administratives et opérationnelles annoncées par le Secrétaire général à cet effet parce que « le multilinguisme est un facteur propice à la diplomatie multilatérale », comme l’a fait valoir l’Arabie saoudite.

Compte tenu du rôle des médias dans la formation de l’opinion publique et du besoin urgent de combler le fossé numérique entre Nord et Sud, il est impératif, pour Sri Lanka, de lutter collectivement contre les discours de haine et la désinformation en neutralisant les contenus nuisibles et les faux récits.  « En privilégiant une communication exacte, nous pouvons favoriser la compréhension, l’empathie et la collaboration en abordant les problèmes sous-jacents qui alimentent les conflits et les divisions », a argué son représentant, en saluant la campagne de communication trilingue « réussie » visant à promouvoir le système de gestion intégrée des éléments nutritifs pour les plantes auprès des cultivateurs de riz.  La délégation srilankaise a salué le DCG pour avoir intégré le Centre d’information des Nations Unies (CINU) de Colombo au Bureau du Coordonnateur résident dans ce pays, ce qui a permis d’améliorer la communication stratégique de l’ONU avec les différentes parties prenantes.

Il est indéniable que le DCG ne peut s’acquitter de son mandat sans le vaste réseau mondial des CINU, a corroboré le Japon.  Assurant la diffusion d’informations sur les activités de l’ONU auprès des populations locales, ces centres jouent un rôle essentiel en comblant les lacunes des médias et en transmettant les nouvelles sous des formes numériques et traditionnelles.  Celui de Tokyo joue d’ailleurs un rôle important dans la promotion de l’Expo 2025 Osaka.  Abondant en ce sens, le Sénégal a fait savoir que le CINU de Dakar participe à sensibiliser les responsables politiques, les médias, les chercheurs, la société civile, les parlementaires, les étudiants et le grand public aux actions du système des Nations Unies dans les pays qu’il dessert, à savoir le Sénégal, la Gambie, la Mauritanie, la Guinée, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau et Cabo Verde.

Israël, le Pakistan et la République islamique d'Iran ont exercé leur droit de réponse.

La Quatrième Commission finira son débat général sur les questions relatives à l’information demain, mercredi 6 novembre, et adoptera les projets de résolution qui s’y rapportent.

NOUVEAU - Suivez la couverture des réunions en direct sur notre LIVE

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Première Commission adopte les six projets de texte sur l’espace extra-atmosphérique et neuf projets de résolution sur les armes classiques

Soixante-dix-neuvième session
30e séance plénière – matin
AG/DSI/3755

La Première Commission adopte les six projets de texte sur l’espace extra-atmosphérique et neuf projets de résolution sur les armes classiques

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

La Première Commission (désarmement et sécurité internationale) a adopté aujourd’hui dans la division six projets de résolution et de décision relatifs aux aspects du désarmement dans l’espace extra-atmosphérique.  Les votes ont vu s’affronter des projets de résolutions concurrents émanant de l’Occident et de la Russie.  La Commission a également adopté neuf projets de résolution sur les armes classiques -un scrutin marqué notamment par les 19 votes séparés demandés sur le texte consacré aux systèmes d’armes létaux autonomes (SALA), toutefois adopté à une majorité écrasante. 

Comme l’année dernière, les questions relatives à la prévention de la militarisation dans l’espace extra-atmosphérique ont mis en évidence deux blocs –l’un occidental, et l’autre principalement représenté par la Russie, mais aussi la Chine, l’Iran ou Cuba.  Le premier met l’accent sur la promotion de normes, de règles et de principes de comportement responsable dans l’espace, tandis que le second préconise sans plus tarder le lancement de négociations pour un instrument juridiquement contraignant. D’autres délégations, non alignées, faisaient valoir la pertinence des deux approches. 

La démarche occidentale était représentée par le projet « Réduire les menaces spatiales au moyen de normes, de règles et de principes de comportement responsable », adopté après un vote séparé par 166 voix pour, 8 contre, dont la Russie, l’Iran, la Chine, la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et la Syrie, et 5 abstentions, dont l’Inde et le Pakistan. 

Au terme de ce texte, qui réactualise la résolution 78/238 de l’Assemblée générale, celle-ci engagerait tous les États à examiner plus avant les normes, règles et principes de comportement responsable, concernant notamment la détérioration et la destruction volontaires de moyens spatiaux ou les menaces qui pèsent sur ces derniers.  Elle engagerait également les États à se pencher sur le suivi et la vérification de l’application de ces normes, notamment à travers le renforcement des capacités ou la coopération, par exemple en mettant en place un mécanisme de coordination et de consultation interétatique. 

Le Royaume-Uni s’est fait le principal porte-parole du projet, notant qu’il recueille depuis 2020 la préférence majoritaire au sein de l’Assemblée générale.  Ce texte permet de sortir de l’impasse actuelle en se focalisant sur l’ensemble des menaces et en prenant en compte tous les points de vue, dont celui des organisations internationales, des universités et du secteur privé, a estimé le délégué.  De même, il a assuré que le projet répond à la fois à l’appel lancé par le Groupe de travail à composition non limitée (GTCNL) créé par la résolution 76/231, ainsi qu’aux normes, règles et principes énoncés en 2023 avec la résolution 78/20 et la seconde session du GTCNL associé.  Il a fait part des frustrations des États Membres, recueillies lors de consultations, à propos du nombre croissant de résolutions et des divisions grandissantes sur la question de l’espace extra-atmosphérique.  Dans ce cadre, il a accusé certaines délégations, et notamment la Fédération de Russie, d’entraver l’approche basée sur des comportements responsables. 

Parmi les opposants au texte, Cuba lui a reproché de ne pas reconnaître la menace de premier plan constituée par le placement d’armes en premier dans l’espace et le risque accru de militarisation.  La déléguée a aussi jugé ambigus certains libellés, qui laisseraient entendre que l’emploi de la force dans l’espace n’est pas totalement exclu. Tout en se disant favorable aux mesures de confiance, la Chine a également souligné le caractère subjectif de la notion de comportement responsable, estimant qu’en l’absence de définition agréée, il ne peut y avoir de distinction nette entre comportements responsables et irresponsables.  De même, son représentant a estimé que l’approche basée sur des comportements responsables ne permet pas d’éviter les politisations ou les violations du droit international. Quant à la République islamique d’Iran, elle a estimé qu’en l’absence de mention du domaine militaire dans le Traité sur l’espace extra-atmosphérique, il convient de déployer un instrument juridiquement contraignant.  Son délégué a, de même, qualifié de « problématiques » les propositions alignées sur le travail « peu réussi » du GTCNL créé par la résolution. 

D’autres États ont expliqué les raisons de leur abstention.  L’Inde, se disant en faveur d’un instrument juridiquement contraignement, a reproché au texte de se focaliser sur certaines mesures plutôt que d’autres.  Le Pakistan, rappelant sa participation aux travaux du premier GTCNL issu de la résolution, a jugé complémentaires les mesures de confiance et un instrument juridiquement contraignant.  S’il s’est félicité que cette complémentarité soit reconnue dans le texte, il a déploré que le texte soit focalisé outre mesure sur les comportements et ignore la question centrale des capacités.  Il a également fait part de ses craintes face à une politisation de la définition de comportement responsable. 

La démarche du bloc opposé était représentée par deux projets de résolution: « Nouvelles mesures concrètes de prévention d’une course aux armements dans l’espace », adopté à l’issue de trois votes séparés, par 122 voix pour, 50 voix contre et 8 abstentions, et « Non-déploiement d’armes dans l’espace en premier », adopté après cinq votes séparés par 123 voix pour, 52 voix contre et 6 abstentions. 

Au terme du premier texte, l’Assemblée générale prendrait des mesures d’urgence afin de, notamment, prévenir pour toujours le déploiement d’armes dans l’espace et la menace ou l’emploi de la force, et élaborerait rapidement des accords multilatéraux juridiquement contraignants dans ce but.  Quant au second projet, il s’agit d’une réactualisation de la résolution 78/407, par laquelle l’Assemblée générale appuierait les efforts visant à mondialiser l’initiative internationale en faveur du non-déploiement d’armes de tout type dans l’espace en premier et engagerait tous les États à envisager la possibilité de prendre l’engagement politique de ne pas être les premiers à déployer des armes dans l’espace. 

Autrice principale des deux projets, la Russie a plaidé pour la prise de mesures rapides devant ouvrir la voie à un instrument juridiquement contraignant de prévention de la course aux armements dans l’espace.  Sa représentante s’est dite convaincue que la communauté internationale doit prendre de nouvelles mesures fortes.  La Chine a expliqué son soutien du projet relatif au non-déploiement d’armes en premier, estimant qu’il pourrait contribuer au lancement de négociations à la Conférence du désarmement en vue de préparer un instrument juridiquement contraignant. 

La Hongrie, au nom de l’Union européenne (UE), a annoncé l’opposition des États membres de l’UE aux deux projets de résolution russes, arguant qu’il faut privilégier une combinaison d’instruments juridiquement et non juridiquement contraignants, axés sur des régimes agréés de vérification. 

La France, qui s’exprimait également au nom du Royaume-Uni et des États-Unis, a estimé que le texte ne définit pas ce qu’est une arme dans l’espace, notant que le caractère dual de nombreux systèmes spatiaux rend cette démarche difficile.  Une telle ambiguïté pourrait servir de base à des affirmations fallacieuses selon lesquelles des satellites civils seraient des armes et justifier leur prise pour cible, s’est inquiétée sa représentante.  En outre, elle a jugé difficile d’établir si un État est le premier à mettre une arme dans l’espace, ce qui impliquerait de juger les intentions des opérateurs, chose impossible en l’absence d’une compréhension commune de ce qui est menaçant ou ne l’est pas.  Enfin, citant des rapports évoquant l’intention russe de placer une arme nucléaire dans l’espace, la représentante a émis des doutes sur la sincérité de sa rhétorique de non-placement en premier. 

Évoquant le même argument, à savoir que le principal auteur du projet serait en train de renforcer ses capacités militaires dans l’espace, la Suisse a notifié son abstention tout en estimant important que l’on poursuive l’objectif d’un instrument juridiquement contraignant. 

De son côté, le Japon a expliqué avoir voté contre le projet de résolution sur les « nouvelles mesures concrètes » car il ne tient pas compte de la nature duale des objets spatiaux et ne semble porter que sur les discussions de fond autour d’un instrument juridiquement contraignant. 

Tous les textes ont finalement été adoptés du fait que de nombreuses autres délégations ont, à l’image de l’Égypte, choisi de voter en faveur des deux approches. Le délégué égyptien a expliqué que son pays s’engageait par principe à soutenir tout effort visant à prévenir une course aux armements dans l’espace. 

Cette division avait jusqu’à présent entraîné une duplication des instances.  Elle devrait disparaître si l’Assemblée générale confirme le vote du projet de décision « Groupe de travail à composition non limitée sur la prévention d’une course aux armements dans l’espace sous tous ses aspects », adopté à l’issue de cinq votes séparés, par 168 voix pour, 2 contre, dont la Russie, et 9 abstentions. 

Aux termes de ce projet, l’Assemblée générale déciderait en effet de convoquer, pour la période 2024-2028, un unique groupe de travail à composition non limitée (GTCNL) qui remplacera les deux groupes actuellement existant créés en application des résolutions 78/20 et 78/238 adoptées l’an dernier. 

La Nouvelle-Zélande, qui a voté en faveur de ce projet, a souligné le rôle de celui-ci pour alléger le travail des délégations, plus particulièrement celles des petits États.  C’est aussi le meilleur moyen de tenir compte des divergences, a estimé la représentante. Les États-Unis se sont également prononcés en faveur de ce texte, que son délégué a salué pour unifier les processus onusiens élargis de délibération sur la sécurité spatiale.  S’opposer à ce texte, comme le fait la Russie, ne peut que suggérer une volonté de limiter le nombre de participants à un groupe unique de travail sur cette question importante, a-t-il ajouté. 

L’Iran a salué les intentions des coauteurs du projet, avant d’expliquer son abstention par un renvoi dans le texte à la résolution de l’an passé sur la réduction de la menace par un « comportement responsable » jugé problématique.  De même, la Chine, tout en saluant les efforts des coauteurs du texte, a noté qu’il ne répondait toujours pas à toutes ses questions, ce qui l’a amenée à s’abstenir. 

« Armes classiques »: pas de nouveau texte et un projet longuement discuté… avant une adoption massive

La Première Commission s’est ensuite penchée sur les projets de résolution portant sur les armes « classiques ».  Le projet le plus débattu de cette section, « Systèmes d’armes létaux autonomes » (SALA), a été adopté à l’issue de 19 votes séparés à la majorité écrasante de 161 voix pour, 3 voix contre (Bélarus, Fédération de Russie et RPDC) et 13 abstentions. 

À travers cette réactualisation d’un projet introduit pour la première fois l’année dernière en Première Commission, l’Assemblée générale se féliciterait notamment du rapport du Secrétaire général, soumis en application de la version précédente du texte, dans lequel sont présentés les points de vue divers des États Membres et des États observateurs, des organisations internationales et régionales, du Comité international de la Croix-Rouge, de la société civile, de la communauté scientifique et des professionnels du secteur sur les SALA.  Elle déciderait en outre d’organiser en 2025 des consultations informelles ouvertes pour favoriser le mandat du Groupe d’experts gouvernementaux et accroître la compréhension de la communauté internationale.  L’Autriche, qui présentait le texte pour la seconde fois consécutive, a estimé que le soutien dont ce texte bénéficie montre qu’il existe déjà un large consensus quant à la nécessité de se prononcer d’urgence sur les SALA. 

Si le projet de résolution « Traité sur le commerce des armes » (TCA) a été adopté sans opposition, par 154 voix pour, zéro contre et 24 abstentions et à l’issue de deux votes séparés, il a fait l’objet de plusieurs critiques des délégations.  Au terme de ce texte, l’Assemblée générale, noterait qu’elle a invité les États Membres à adopter des législations lorsqu’il n’en existait pas déjà pour exercer un contrôle sur les transferts internationaux d’armes classiques afin qu’ils ne facilitent pas des violations du droit international, y compris le droit international humanitaire.  Elle inviterait les États parties qui sont en mesure de le faire à offrir leur aide aux États demandeurs, en vue de promouvoir l’application et l’universalisation du Traité et préconiserait l’adoption d’autres mesures qui aideront les États à mieux prévenir et combattre le détournement d’armes classiques et de munitions. 

L’Iran a estimé que le TCA présente de graves lacunes, notamment en permettant le transfert d’armes à un État qui agresse ou occupe une puissance étrangère. Par ailleurs, il a reproché au texte d’appeler les États non parties à accepter le Traité alors même que ce dernier n’a pas joui du consensus en raison de manquements substantiels et de la prise en compte insuffisante des opinions des États qui ont pris part aux négociations. Il a aussi estimé que des États parties commettent des violations majeures des dispositions du Traité, notamment en exportant des armes vers Israël.  Cuba s’est faite l’écho de ces critiques, regrettant que le vote du texte ait été soumis de manière prématurée, avant l’aboutissement des négociations et en l’absence de consensus. Sa déléguée a dénoncé un traité biaisé en faveur des États exportateurs d’armes, lesquels ont établi ses paramètres selon un deux poids, deux mesures.  Les principaux défenseurs de ce texte en tirent parti pour commettre un génocide en Palestine, a-t-elle estimé, dénonçant un traité flou et ambigu, qui ne saurait être efficace. 

Les délégations ont aussi largement approuvé le projet de résolution sur la « mise en œuvre de la Convention sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction » auquel seule la Russie s’est opposée.  Comme l’année dernière, Cuba a expliqué son abstention en raison de la politique hostile des États-Unis, qui rend l’usage de mines indispensable pour défendre son intégrité territoriale.  Pour autant, sa déléguée a reconnu l’importance de la Convention et sa contribution au droit humanitaire international, assurant employer ces armes de manière responsable et à des fins uniquement défensives. 

La Première Commission donnera demain, mercredi 6 novembre, la parole aux délégations pour les explications de vote après le vote concernant les projets de résolution relatifs aux armes classiques, avant de se prononcer sur les projets de texte relatifs aux « autres mesures de désarmement ». 

NOUVEAU - Suivez la couverture des réunions en direct sur notre LIVE

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Cinquième Commission: le Secrétaire général demande 23 132 000 dollars pour remédier en 2025 à la détérioration des bâtiments de conférence au siège de l’ONU à Nairobi

Soixante-dix-neuvième session
8e séance plénière – matin
AG/AB/4472

Cinquième Commission: le Secrétaire général demande 23 132 000 dollars pour remédier en 2025 à la détérioration des bâtiments de conférence au siège de l’ONU à Nairobi

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

La Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, a eu un programme chargé aujourd’hui: elle a examiné la demande d’une enveloppe de 23,1 millions de dollars pour la rénovation des salles de conférence de l’Office des Nations Unies à Nairobi (ONUN) et une autre demande de 2 950 000 dollars pour financer les recommandations de la Commission de la fonction publique internationale (CFPI) concernant les organisations appliquant le Régime commun des Nations Unies. 

En outre, dans le litige qui l’oppose à Skansa, maître d’œuvre du plan de construction et de rénovation du Siège de New York, l’ONU a reçu instruction du tribunal arbitral de verser 5,7 millions de dollars.

Travaux de construction à l’Office des Nations Unies à Nairobi

Dans son rapport sur le plan-cadre de Gigiri, dont l’achèvement est fixé à 2029, le Secrétaire général indique que le coût global maximum reste à 265,7 millions de dollars.  Pour 2025, il demande une ouverture de crédits de 23 132 000 dollars. 

Le Comité consultatif sur les questions administratives et budgétaires (CCQAB) ne s’y oppose pas, dans son rapport, et le Groupe des États d’Afrique a demandé au Secrétaire général de mobiliser des contributions volontaires.  Le Groupe des 77 et la Chine ont souligné l’importance d’un contrôle et d’une coordination solides, en particulier par l’intermédiaire du Service des politiques mondiales de gestion des avoirs (GAMPS) au Siège. 

Le Gouvernement du Kenya a dit avoir investi de manière proactive dans la modernisation des infrastructures essentielles autour du complexe de l’ONUN, afin d’améliorer l’accès, la connectivité et la résilience.  La création d’une route  à deux voies a considérablement amélioré l’accessibilité du complexe, en particulier lors de grandes conférences.  Le Gouvernement a également simplifié les processus administratifs liés aux privilèges et immunités diplomatiques en créant, en 2022, le Centre du service diplomatique.

Régime commun des Nations Unies

La Cinquième Commission a été saisie d’une demande de 1 888 000 dollars pour 2024 et de 2 950 000 dollars pour 2025 pour financer les incidences sur le budget-programme des recommandations de la CFPI concernant les organisations appliquant le Régime commun des Nations Unies.  Les recommandations portent sur le barème des traitements de base à minima, les indemnités pour enfant à charge et pour personne indirectement à charge et l’indemnité pour frais d’études.  

Pour les opérations de paix, le montant estimatif serait de 1 348 100 dollars pour l’exercice 2024-2025 et de 1 444 100 dollars pour l’exercice 2025-2026.  Si le CCQAB a recommandé que l’Assemblée générale prenne note de l’état présenté par le Secrétaire général, le Japon a sursauté devant ces montants.  

Étant donné que la rémunération du personnel des Nations Unies est financée par les États Membres et que l’Assemblée générale a décidé de ne pas se prononcer, l’année dernière, sur les questions relatives au Régime commun, le Japon a dit attendre avec intérêt des explications sur les enveloppes demandées.  

La Chine a réclamé une discussion approfondie, compte tenu des difficultés financières de l’Organisation alors que le Groupe des 77 et la Chine ont dit tenir à la poursuite de l’examen des méthodes de calcul de l’indemnité pour frais d’études, dans le cadre de l’examen complet des mesures de rémunération.  L’Égypte, qui s’exprimait au nom du Groupe des États d’Afrique, a souhaité l’élargissement du projet pilote concernant les lieux d’affectation classés D et E.

La CFPI classe les lieux d’affectation dans six catégories: H et A à E.  La catégorie H comprend les villes sièges et d’autres lieux d’affectation situés dans des pays où l’ONU n’a pas de programme de développement ou d’aide humanitaire et dans des pays membres de l’Union européenne.  Tous les autres lieux d’affectation sont classés, par ordre de difficulté des conditions de vie et de travail, dans les catégories A à E.

Litige avec le maître d’œuvre du plan-cadre d’équipement

L’ONU est partie à une instance d’arbitrage intentée contre Skansa, maître d’œuvre du plan-cadre d’équipement, dont la première phase s’est achevée en 2020.  Après la deuxième phase, en avril 2024, l’ONU a été tenue de verser au maître d’œuvre le montant net de 5,7 millions de dollars pour 2024.  Le Bureau juridique des Nations Unies et des avocats externes s’apprêtent à batailler pendant la troisième phase.

Le Secrétaire général indique, dans son rapport, que le montant total des frais de justice se chiffrera à 10 988 500 dollars à la fin décembre 2024, un montant qui a fait sursauter le CCQAB.  Comme le solde du fonds du plan-cadre d’équipement s’établissait à 4 millions de dollars au 30 juin 2024, il sera soustrait aux 6,1 millions de dollars nécessaires pour 2024.  Les 2,1 millions de dollars restants seront financés par le chapitre « appui opérationnel » du budget ordinaire de cette année.

Administration de la justice à l’ONU

Dans son rapport, le Secrétaire général se félicite de ce que le recours accru au système informel témoigne de la confiance que le personnel accorde au Bureau des services d’ombudsman et de médiation des Nations Unies.  M. António Guterres attire d’ailleurs l’attention sur l’initiative « priorité à la procédure informelle ».  Dans la foulée, il a annoncé une proposition consistant à assurer une présence permanente du Bureau de l’ombudsman au Moyen-Orient, à la grande satisfaction de la Suisse, qui parlait aussi au nom du Liechtenstein. 

Israël a découragé toute politisation du travail de la Cinquième Commission après que le Koweït a déploré le sort des employés de l’ONU dans le Territoire palestinien occupé et au Liban.  Le Groupe des 77 et la Chine ont plaidé pour un système d’administration de la justice durable, doté de ressources suffisantes et décentralisé, conforme aux règles pertinentes du droit international, aux principes de l’état de droit et de procès équitable.  Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), le Suriname n’a pas dit autre chose mais a insisté sur l’égalité de traitement entre les six langues officielles de l’ONU alors que la Suisse et le Liechtenstein insistaient sur la pérennisation du régime de financement volontaire du Bureau d’aide juridique. 

La Cinquième Commission a enfin examiné le rapport du Conseil des chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies pour la coordination sur la situation budgétaire et financière des entités du système des Nations Unies, et un rapport de la Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, sur la planification des programmes.

Une autre séance publique est prévue, vendredi 8 novembre, à partir de 10 heures, pour nommer les membres du CCQAB, du Comité des contributions, du Comité des placements, de la Commission de la fonction publique internationale et du Comité des pensions du personnel de l’ONU.

NOUVEAU - Suivez la couverture des réunions en direct sur notre LIVE

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Sixième Commission appelle à renforcer la protection des victimes des conflits armés dans le respect du droit international humanitaire

Soixante-dix-neuvième session
35e séance plénière – matin
AG/J/3735

La Sixième Commission appelle à renforcer la protection des victimes des conflits armés dans le respect du droit international humanitaire

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Ce matin, la Sixième Commission, chargée des questions juridiques, s’est penchée sur l’état des Protocoles additionnels de 1977 et 2005 aux Conventions de Genève de 1949 relatifs à la protection des victimes des conflits armés.  Les délégations ont notamment débattu des mesures prises pour appliquer, renforcer et promouvoir au niveau national le droit international humanitaire (DIH).  À ce titre, elles étaient saisies d’un rapport du Secrétaire général établi à partir des renseignements communiqués par les États Membres et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

À l’occasion du soixante-quinzième anniversaire des Conventions de Genève, les délégations ont tenu à rappeler à quel point ces Conventions et leurs Protocoles additionnels restent « plus pertinents que jamais » pour protéger les civils et les travailleurs humanitaires dans les situations de conflit armé.  « Fruit de la volonté politique des États », le DIH est le meilleur outil pour protéger les victimes des répercussions des guerres, a assuré la Suisse. Selon elle, les violations du DIH ne sont pas le signe de l’inefficacité de ces règles juridiques, mais bien « le signe de la faiblesse humaine à les respecter ». 

Si la Chine a rappelé que les Conventions de Genève constituent « l’instrument international le plus universel », l’Australie, au nom également du Canada et de la Nouvelle-Zélande, a prôné une universalisation des Protocoles qui font partie du droit international coutumier.  En effet, les Conventions et leurs Protocoles additionnels permettent de restreindre les moyens de faire la guerre et de protéger les personnes qui ne participent pas aux hostilités, a rappelé la Pologne. 

« La guerre a ses limites et ces limites visent à préserver ce qui est le plus sacré, à savoir la vie et la dignité humaine », a abondé le Guatemala. À ce titre, les principes de distinction, de proportionnalité et de précaution sont indispensables pour éviter que des dommages ne soient infligés aux populations civiles, a ajouté le délégué de la Sierra Leone, non sans rappeler que son pays « est allé en enfer et en est revenu ». 

Pourtant, les conflits qui font rage dans le monde –plus de 120 d’après la Suisse– montrent que les parties belligérantes affichent un « mépris très clair » pour le DIH, ont remarqué les délégations, déplorant les attaques indiscriminées envers les civils et les travailleurs humanitaires. On assiste à une « véritable politisation » de l’assistance humanitaire, a argué le Brésil, regrettant que les agents humanitaires soient pris pour cible à des fins politiques. L’Arménie a, quant à elle, condamné l’utilisation de « prétextes fallacieux » visant à entacher l’image des organisations humanitaires, y compris le CICR.

Dans ces guerres devenues asymétriques, beaucoup d’acteurs non étatiques foulent au pied le DIH en attaquant les infrastructures civiles et humanitaires sous le couvert des États, a déploré Israël, affirmant que les Forces de défense israéliennes respectent « toujours » les règles du droit international coutumier.  « Comment le droit international humanitaire peut-il encore avoir un sens après ce qu’en a fait Israël? » a rétorqué l’État de Palestine, estimant que toutes les règles des Conventions et des Protocoles additionnels ont été violées par cet État. 

À ce propos, plusieurs délégations, dont l’Algérie et le Koweït, sont revenues sur les « violations flagrantes » du DIH dont Gaza fait l’objet, rappelant les devoirs d’Israël envers la population palestinienne.  En dépit des évolutions, notamment technologiques, des conflits, les principes humanitaires établis dans le cadre du Protocole I doivent être appliqués à la lettre, a martelé la Sierra Leone, appuyée par le Guatemala. 

Quoiqu’il en soit, il ne peut y avoir d’impunité pour les crimes graves, y compris les crimes de guerre et les violations du DIH, a fait valoir l’Union européenne, appuyée par la Suède, au nom des pays nordiques.  La Cour pénale internationale (CPI) est un tribunal compétent pour poursuivre ces crimes et les pays doivent la soutenir dans l’exercice de ses compétences pour renforcer le respect du droit international, a estimé le Mexique, soutenu par les Maldives. 

Afin justement de renforcer le respect du DIH, les délégations ont appelé les États ne l’ayant pas encore fait à ratifier les Protocoles additionnels, puis à les appliquer dans leur législation nationale et dans leur doctrine militaire.  À cet égard, les États-Unis ont précisé que les règles observées par les troupes américaines sont plus strictes que celles prescrites par le DIH.  La République islamique d’Iran et les Philippines ont également indiqué avoir pris des mesures pour inclure les dispositions du DIH dans leurs activités militaires. 

De plus, les délégations ont jugé important de cultiver le respect du DIH via des initiatives concrètes au niveau national, mettant en exergue les formations et politiques mises en place par leurs gouvernements respectifs pour promouvoir le DIH.  Plusieurs délégations, dont l’Iran et l’Australie, ont salué le rôle crucial du CICR dans la protection des civils et la mise en œuvre du DIH, notamment au moyen des initiatives réalisées en partenariat avec certains États. 

L’Irlande et la Slovénie ont, pour leur part, souligné l’importance de ratifier le plus largement possible des conventions connexes, telles que la Convention de Ljubljana-La Haye pour la coopération internationale en matière d’enquête et de poursuite du crime de génocide, des crimes contre l’humanité, des crimes de guerre et autres crimes internationaux. 

La Sixième Commission terminera l’examen de ce point demain, mercredi 6 novembre, à partir de 10 heures. 

NOUVEAU - Suivez la couverture des réunions en direct sur notre LIVE

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Président du Comité des sanctions pour le Yémen rend compte des travaux annuels de cet organe subsidiaire du Conseil de sécurité

9776e séance - matin
CS/15888

Le Président du Comité des sanctions pour le Yémen rend compte des travaux annuels de cet organe subsidiaire du Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité a, ce matin, entendu un bref exposé du Président du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 2140 (2014), relatif au régime de sanctions applicables au Yémen.  M. Joonkook Hwang, de la République de Corée, a rendu compte des travaux de cet organe subsidiaire du Conseil au cours de l’année écoulée. 

Durant ce laps de temps, les membres du Comité se sont réunis à quatre reprises en consultations officieuses pour entendre son groupe d’experts, chargé d’évaluer la mise en œuvre du train de mesures imposées par le Conseil à ce pays en guerre depuis 10 ans.  Le 19 septembre, le Groupe a notamment présenté son rapport final, transmis au Conseil le 11 octobre, et le Comité envisage maintenant d’y donner suite, a annoncé M. Hwang.

Au nombre des recommandations du Groupe d’experts, figure la demande de lui adjoindre un membre supplémentaire, qui serait spécifiquement chargé de surveiller les activités maritimes qui menacent la paix et la sécurité au Yémen, telles que la contrebande.  Il préconise aussi que le Conseil demande aux groupes armés régionaux de s’abstenir de fournir une assistance militaire ou financière aux rebelles houthistes en violation du régime de sanctions, et d’exprimer son intention de sanctionner ceux qui se livrent à de tels agissements.

Au cours de consultations officieuses tenues le 17 octobre, le Comité a aussi entendu un exposé du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) en application du paragraphe 5 de la résolution 2664 (2022). 

M. Hwang a par ailleurs ajouté qu’aucune décision négative n’avait été prise par le Comité au sujet d’une notification d’exemption qui lui avait été soumise par un État Membre en avril 2024, en vertu du paragraphe 12 de la résolution 2140.

Le Président a enfin indiqué que 10 personnes et une entité étaient inscrites sur la liste des sanctions.  En juillet dernier, à la demande d’un État Membre, le Comité a radié deux individus de ladite liste, MM. Ali Abdullah Saleh et Ahmed Ali Abdullah Saleh.

NOUVEAU - Suivez la couverture des réunions en direct sur notre LIVE

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Troisième Commission fait le point sur la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Durban

Soixante-dix-neuvième session,
40e et 41e séances plénières – matin et après-midi
AG/SHC/4424

La Troisième Commission fait le point sur la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Durban

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Concluant son examen marathon de trois semaines de la question de la promotion et la protection des droits humains, la Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles s’est penchée aujourd’hui sur les obstacles structurels qui compromettent la participation électorale des personnes LGBTQI+; la création de modèles institutionnels favorisant une participation effective des minorités; et la nécessité d’alléger le fardeau des femmes qui souffrent de la lèpre. 

Elle a ensuite entamé son examen du racisme et de l’autodétermination, l’occasion pour les délégations de faire le point sur la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Durban. Plusieurs « questions sensibles » ont été abordées, notamment celle des réparations pour les crimes historiques de l’esclavage et de la colonisation. 

Après la présentation, par la Sous-Secrétaire générale aux droits de l’homme, Mme Ilze Brands Kehris, de plusieurs rapports en lien avec cette question, le Président du Groupe d’éminents experts indépendants sur la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Durban s’est inquiété de l’impact des nouvelles technologies, à commencer par l’intelligence artificielle (IA), sur la propagation du racisme dans le monde. 

La discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée sont « toujours bien présentes », a déploré M. José António Aguilar Contreras, constatant que la période récente a été jalonnée de « purges ethniques » et de « génocides » et par l’apparition de nouvelles sciences dites « raciales », qui ont pour but de masquer la persistance du racisme. 

Notant que l’IA peut également contribuer à la lutte contre le racisme et la discrimination raciale, il a appelé les États Membres à mettre au point de toute urgence des stratégies d’atténuation, les enjoignant à faire preuve de davantage de volonté politique pour transformer en actions concrètes la Déclaration et le Programme d’action de Durban.  Il a également insisté sur l’importance de former et employer des enseignants issus de minorités racialisées. 

Créer un cadre mondial solide pour réparer les crimes de l’esclavage et du colonialisme

De son côté, le Président-Rapporteur du Groupe de travail intergouvernemental sur l’application effective de la Déclaration et du Programme d’action de Durban a attiré l’attention sur la persistance des structures économiques existantes au moment du commerce triangulaire et du colonialisme, exhortant les États à adopter des politiques de discrimination positive pour pallier les désavantages structurels issus des circonstances historiques. 

Les femmes et les filles devraient en être les premières bénéficiaires, a estimé M. James Ndirangu Waweru, qui a par ailleurs salué les progrès réalisés en vue d’aboutir à une déclaration des Nations Unies sur la question des personnes d’ascendance africaine, visant notamment à ce que la communauté internationale répare les violations dont ces personnes ont été victimes en raison de l’esclavage, du colonialisme, de l’apartheid et des génocides.

La création d’un cadre mondial solide pour lutter contre le racisme systémique et affronter les héritages du passé et les violations des droits humains associées affectant les personnes d’ascendance africaine devrait être une priorité pour tout le monde, a-t-il insisté. 

Surmonter les obstacles à la participation politique des personnes LGBTQI+ 

Au préalable l’Expert indépendant sur la protection contre la violence et la discrimination fondées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre a attiré l’attention sur les répercussions d’une rhétorique « diabolisante » sur la participation électorale des personnes LGBTQI+. 

M. Graeme Reid a expliqué que les discours hostiles à l’encontre des personnes LGBTQI+ de certains acteurs politiques peuvent avoir un effet dissuasif sur la participation politique de ces dernières.  En outre, dans les 61 États Membres de l’ONU qui criminalisent encore l’intimité consensuelle entre personnes de même sexe, une condamnation pénale pour ce motif peut entraîner une privation automatique du droit de vote. 

Heureusement, s’est-il aussi félicité, certains États ont adopté des lois qui garantissent la participation des personnes LGBTIQ+ aux affaires publiques, notamment en établissant des procédures simples pour modifier les documents d’identité, y compris ceux nécessaires à l’inscription sur les listes électorales ou pour se porter candidat aux élections. 

Se réjouissant qu’en 2020, le monde comptait 230 parlementaires ouvertement LGBTQI+ dans 50 pays, dont 81% étaient des hommes, il a appelé à réduire « l’invisibilisation » des personnes LGBTQI+ en période électorale.  Les organismes de gestion électorale devraient garantir que les électeurs et les candidats puissent exercer leurs droits politiques tout au long du processus électoral, quelles que soient leur orientation sexuelle ou leur identité de genre.  Il faudrait en outre lever les obstacles discriminatoires et reconnaître juridiquement les identités de genre, a-t-il indiqué.

Au cours du dialogue interactif qui a suivi son intervention, beaucoup de délégations ont présenté les mesures adoptées sur le plan national pour promouvoir la participation des personnes LGBTQI+ dans les processus électoraux, comme au Brésil où des quotas de femmes transgenres ont été adoptés en 2018.  Aux États-Unis, le Président Biden a nommé un nombre « sans précédent » de personnes LGBTQI+ à des postes clefs de son administration, tandis que le Royaume-Uni a affirmé disposer de l’un des cadres juridiques les plus complets au monde pour protéger les personnes LGBTQI+.

Établir des modèles institutionnels favorisant une participation effective des minorités

Les délégations ont également dialogué avec le Rapporteur spécial sur les questions relatives aux minorités qui a appelé à établir une « structure institutionnelle sensible » à leur intention, estimant que la question des minorités ne doit pas être traitée exclusivement par une approche unique au niveau étatique, mais également grâce à une approche différenciée. 

Selon M. Nicolas Levrat, les États doivent s’efforcer de définir leur population de manière inclusive, soit par une disposition constitutionnelle faisant explicitement référence aux communautés minoritaires, soit par une formule inclusive.   

Des structures institutionnelles qui permettent une représentation effective des minorités ont un impact sur les questions de paix et de sécurité, a-t-il ajouté, estimant qu’elles devaient être privilégiées dans les processus de consolidation de la paix, propices aux changements institutionnels majeurs.   

Il a toutefois mis en garde contre la création de « sociétés parallèles » qui empêcheraient les personnes appartenant à des minorités de s’intégrer et de participer pleinement à la société nationale.

Alléger le fardeau des femmes atteintes de la maladie de Hansen

Même son de cloche pour les personnes atteintes de la maladie de Hansen, plus connue sous le nom de lèpre, elles aussi confrontées à des vulnérabilités particulières et à des obstacles en ce qui concerne l’accès à des soins de santé adéquats, à l’emploi ou à l’éducation.

La Rapporteuse spéciale sur l’élimination de la discrimination à l’égard des personnes touchées par la lèpre (maladie de Hansen) et des membres de leur famille, a notamment attiré l’attention sur la situation des femmes qui doivent non seulement gérer leur maladie, mais également prendre soin d’autres membres de leur famille qui en souffrent. 

Ces responsabilités se font souvent dans des conditions de travail non rémunéré et sous-évaluées et pèsent lourdement sur leur propre santé et leur bien-être, a indiqué Beatriz Miranda-Galarza.  En outre, la responsabilité de prendre soin des autres est souvent culturellement attendue des femmes, ce qui renforce les stéréotypes et limite leur accès à l’éducation, à l’emploi et à un revenu indépendant. 

Pour alléger ces fardeaux, Mme Miranda-Galarza a plaidé en faveur de systèmes de soins qui respectent les droits des femmes, favorisent leur indépendance financière et garantissent des mesures de protection sociale équitables. 

La lèpre est l’une des 21 maladies ou groupes de maladies que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) appelle « maladies tropicales négligées » ou MTN.  Elle est présente dans plus de 120 pays, tropicaux essentiellement, et plus de 200 000 nouveaux cas sont notifiés chaque année, soit une infection toutes les deux minutes.  Elle touche principalement les personnes et communautés vivant dans la pauvreté.

La Troisième Commission reprendra ses travaux, mardi 5 novembre, à partir de 15 heures.

 

***NOUVEAU - Suivez la couverture des réunions en direct sur notre LIVE***

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Quatrième Commission: malgré un contexte de crises, le Département de la communication globale poursuit ses innovations en appui au multilatéralisme

Soixante-dix-neuvième session
17e séance plénière - après-midi
CPSD/816

Quatrième Commission: malgré un contexte de crises, le Département de la communication globale poursuit ses innovations en appui au multilatéralisme

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.

 Au terme d’une année chargée pour l’ONU comme pour l’actualité mondiale, la Secrétaire générale adjointe à la communication globale a fait le décompte, cet après-midi, devant la Quatrième Commission, chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, des activités et innovations entreprises par le Département de la communication globale (DCG) qu’elle dirige afin de présenter une vision claire du travail de l’Organisation ainsi que d’un « multilatéralisme capable de tenir ses promesses ».  Pour guider ses travaux, la Commission était saisie du rapport annuel du Comité de l’information, présenté en début de séance par El Salvador.

La tenue récente du Sommet de l’avenir a permis au DCG de donner sa pleine mesure, selon Mme Melissa Fleming.  Il a ainsi créé une plateforme Web, actualisée en direct, présentant des images et des vidéos du Sommet, des communiqués de presse ainsi que des déclarations dans les six langues officielles de l’ONU.  La Secrétaire générale adjointe s’est également félicitée du succès rencontré par les différents comptes de médias sociaux du Département, lesquels ont enregistré quelque 8,6 millions de vidéos vues pendant la durée du Sommet. Les centres d’information de l’ONU ont, quant à eux, publié plus de 1 500 fois sur l’événement, cependant que 40 influenceurs ont transmis des messages aux 63 millions de personnes qui les suivent.

Le Département a également apporté un soutien crucial lors de la semaine de haut niveau de l’Assemblée générale, a noté la haute fonctionnaire, en publiant l’ensemble des déclarations prononcées à cette occasion, en plus de la diffusion vidéo en direct et sur demande.  Autre nouveauté cette année: pour la première fois, deux spots de diffusion en direct ont été mis en place afin de permettre aux chefs d’État et de gouvernement, ainsi qu’aux responsables de l’ONU, d’être interviewés par des diffuseurs du monde entier. « Nous avons maintenant l’intention d’étendre ce service à d’autres grandes conférences », a annoncé Mme Fleming.

L’an prochain, les messages concernant le quatre-vingtième anniversaire de l’ONU s’aligneront sur le Sommet de l’avenir pour démontrer de quelle façon, après huit décennies, l’Organisation conserve « une vision claire d’un multilatéralisme capable de tenir ses promesses ».  Néanmoins, a-t-elle ajouté, la crise des liquidités qui affecte l’Organisation fait en sorte que le Département manque de ressources, s’agissant notamment de la communication stratégique et de l’intégrité de l’information.

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), le Viet Nam a noté que les contenus de l’information et des communications publiques devraient être placés au cœur de la gestion stratégique de l’ONU en vue d’informer pleinement les peuples du monde des objectifs et des activités de l’Organisation.

En cette période de crise mondiale, la Secrétaire générale adjointe a réaffirmé que le Département compte poursuivre son action visant à mobiliser le soutien international en faveur de la réponse humanitaire, par le biais notamment des cellules de communication de crise chargées de coordonner les stratégies, les messages et les tactiques de l’ONU.  En août dernier, le Département a d’ailleurs lancé un site consacré à la paix et à la sécurité, comprenant notamment un explicatif multimédia du Nouvel Agenda pour la paix du Secrétaire général.  Au Moyen-Orient, le DCG a pour objectif d’amplifier la voix du Secrétaire général en mettant en exergue la situation humanitaire désespérée de la population de Gaza. Avec l’escalade de la crise au Liban, la cellule s’est agrandie pour coordonner les messages dans toute la région. Au Soudan et en Haïti, ces cellules attirent l’attention sur le sort des plus vulnérables en facilitant la couverture médiatique et en créant ses propres contenus.  Les comptes de médias sociaux de l’ONU continuent de mettre en avant les réponses de l’Organisation à ces crises à un public numérique de plus de 72 millions d’abonnés.

En ce qui concerne la crise climatique, Mme Fleming a rappelé que l’appel du Secrétaire général à l’action contre la chaleur extrême, en juillet, a bénéficié d’une couverture médiatique dans le monde entier.  Cet appel était accompagné d’un rapport du DCG publié sur son site Web sur le climat, qui combinait l’expertise de 10 entités de l’ONU.  En août, la visite du Secrétaire général dans le Pacifique a porté l’attention sur la menace de la montée des eaux pour les petits États insulaires en développement (PEID), mais aussi pour les mégalopoles côtières.  De tels événements contribuent, selon la haute fonctionnaire, à générer une fréquentation constante du site Web dédié au climat, lequel attire en moyenne 1,5 million de pages vues par mois.

C’est également l’objectif principal de l’initiative Verified, qui lutte contre la désinformation climatique en s’appuyant sur trois piliers, soit le recrutement de messagers de confiance au niveau local, de grands volumes de contenu créatif pour atteindre les publics cibles et la mise en exergue de solutions d’experts.  En communiquant via des vidéos sur TikTok, ceux-ci ont pu atteindre plus de 600 millions de personnes, a-t-elle relevé.  Le DCG prépare en outre une campagne à grande échelle tirant parti des connaissances issues des sciences du comportement, les messages les plus efficaces étant ceux qui mettent en évidence notre responsabilité envers les générations futures.  Verified s’est d’ailleurs appuyé sur cette idée pour lancer la campagne intitulée The Future Thanks You.

Comme plusieurs délégations, dont le Qatar au nom Conseil de coopération du Golfe (CCG), le Groupe des 77 et de la Chine s’est alarmé, par la voix de l’Ouganda, des attaques délibérées menées depuis octobre 2023 contre des journalistes et des professionnels des médias au Liban et à Gaza.  L’État de Palestine, rejoint par l’Algérie, s’est félicité que le séminaire des médias de l’ONU sur la paix au Moyen-Orient de cette année se penche sur la protection des journalistes palestiniens, après que 182 d’entre eux ont été tués par Israël à Gaza depuis octobre 2023, soit le plus grand nombre de journalistes tués dans un conflit de l’histoire moderne.  En réponse à ces propos, Mme Fleming s’est dite « choquée et indignée » par le nombre sans précédent de journalistes tués dans la bande de Gaza, où les médias internationaux devraient, selon elle, être autorisés à faire leur travail.

Israël a rejeté ces « fausses accusations », et prié la Secrétaire générale adjointe d’énoncer les « faits » concernant l’utilisation des civils et des installations de l’ONU par le Hamas.  Mme Fleming a répondu que le Département qu’elle dirige a pour fonction « d’exposer les faits dont nous disposons et de communiquer les faits que nous constatons ».

Lancés en juin, les Principes mondiaux des Nations Unies pour l’intégrité de l’information énoncent une série de recommandations en faveur d’un écosystème de l’information « plus humain », a expliqué la haute fonctionnaire.  Ces Principes fournissent en outre un appui à la vision du Pacte numérique mondial, dont l’engagement à favoriser un espace numérique inclusif, ouvert et sûr.  Ce faisant, le Département vise à renforcer l’intégrité de l’information dans le monde entier, à soutenir les coalitions d’action sur le plan national, à renforcer les capacités et la résilience, et à répondre de manière stratégique aux menaces concernant l’information qui affectent les mandats de l’Organisation.  Une approche qu’elle a résumée à l’aide des trois « R », soit rechercher, évaluer les risques et répondre.  Née de la présidence brésilienne du G20, cette initiative sera lancée conjointement lors du Sommet des chefs d’État et de gouvernement du G20 qui se tiendra à Rio, à la fin du mois, a précisé la Secrétaire générale adjointe.

Pour l’Ouganda, qui s’exprimait au nom du Groupe de 77 et de la Chine, le Département doit poursuivre ses travaux sur la mise en œuvre des Principes mondiaux des Nations Unies pour l’intégrité de l’information, afin qu’ils puissent guider la pratique des États Membres en la matière.  Il a néanmoins exprimé sa profonde préoccupation face aux disparités numériques qui constituent une « nouvelle forme d’inégalité entre et parmi les États ».  Le Groupe a encouragé les organisations concernées à prendre des mesures pour garantir une plus grande connectivité Internet, en particulier dans les pays en développement, et à rectifier les déséquilibres du développement des technologies de l’information et des communications.

Au nom du Groupe des Amis pour la défense de la Charte des Nations Unies, le Venezuela a appelé à poursuivre les discussions afin d’éviter de légitimer les tentatives des entreprises privées d’exploiter leur domination technologique pour monopoliser les marchés des technologies de l’information et des communications et de renforcer encore la dépendance technologique d’autres États, portant ainsi atteinte à leur souveraineté numérique.

Abordant l’impact de l’intelligence artificielle sur l’environnement informationnel, la Lettonie, qui s’exprimait au nom des pays baltes a fait valoir que la facilité de créer des contenus numériques synthétiques, ou deep fakes, présente un risque pour les sociétés et la démocratie, y compris lors d’élections.  Elle a plaidé en faveur d’une collaboration renforcée entre les gouvernements, la société civile et les entreprises technologiques, afin de « libérer le potentiel de l’IA », tout en prévenant ses dangers inhérents.

La Secrétaire générale adjointe a également constaté que les contenus multimédias et multilingues d’actualités de l’ONU continuent de gagner en dynamisme sur l’Internet, avec plus 11,9 millions de pages vues entre juillet et mi-octobre, dont 2,5 millions pendant la seule semaine de haut niveau.  Elle a évoqué une nouvelle approche concernant la couverture des réunions: la publication, par la Division de l’information et des médias, de teasers offrant un aperçu des sujets abordés lors de chaque séance, approche qui s’est traduite par une hausse de 48% du nombre de pages consultées pendant la semaine de haut niveau par rapport à l’année précédente.  « À l’avenir, nous l’utiliserons pour d’autres thèmes prioritaires », a-t-elle assuré.

La République dominicaine, qui s’exprimait au nom du Groupe des Amis de la langue espagnole, a constaté pour sa part que l’absence de parité linguistique au sein de l’organisation est « une réalité ».  Malgré les efforts déployés par le Département, ceux-ci ne permettent toujours pas à l’ONU de fournir des informations cohérentes et opportunes sur ses activités à « tous ses publics », dont la population hispanophone.  Il a donc demandé instamment au Secrétariat de continuer à produire des contenus originaux en espagnol afin de refléter la diversité linguistique de l’ONU.

Les délégations suivantes ont exercé leur droit de réponse: Israël, République islamique d’Iran et Liban.

La Quatrième Commission poursuivra son débat général sur les questions relatives à l’information demain, mardi 5 novembre 2024, à compter de 15 heures.

QUESTIONS RELATIVES À L’INFORMATION

Déclaration liminaire

Mme MELISSA FLEMING, Secrétaire générale adjointe à la communication globale, a estimé que le Département de la communication globale (DCG) a été à la hauteur des ambitions du Sommet de l’avenir qui s’est tenu cette année, en communiquant et en organisant des événements.  En août dernier, le Département a lancé un site dédié à la paix et à la sécurité, comprenant un explicatif multimédia du Nouvel Agenda pour la paix du Secrétaire général. Il a en outre créé une plateforme Web qui a été mise à jour en direct avec un grand nombre d’images et de vidéos du Sommet, de communiqués de presse et de déclarations, site qui a été consulté plus d’un demi-million de fois pendant la semaine de haut niveau, et ce, dans toutes les langues officielles de l’ONU, s’est félicitée la haute fonctionnaire.

Les médias sociaux demeurent un outil essentiel pour atteindre le public, a noté la Secrétaire générale adjointe, les comptes du Département ayant enregistré 6 millions d’engagements et 8,6 millions de vidéos vues sur 500 publications pendant la durée du Sommet de l’avenir.  Les centres d’information de l’ONU ont quant à eux publié plus de 1 500 fois sur l’événement, cependant que plus de 40 influenceurs, dont les messagers de la paix et les ambassadeurs de bonne volonté de l’ONU, ont transmis des messages aux 63 millions de personnes qui les suivent sur Instagram, X et Facebook.  Mme Fleming a également évoqué les Journées d’action qui ont précédé le Sommet, inspirées par les 24 coalitions ImPACT créées lors de la Conférence de la société civile, en mai.

La haute fonctionnaire a fait état du soutien crucial apporté par le DCG tout au long de la semaine de haut niveau de l’Assemblée générale, en publiant l’ensemble des déclarations prononcées à cette occasion, en plus de la diffusion vidéo en direct et la transcription, ainsi que du contenu audio et vidéo sur demande.  En misant sur la couverture en direct, le Département a fourni des mises à jour en temps réel de type blog sur UN News et UN.org.  Autre nouveauté cette année: pour la première fois, deux spots de diffusion en direct ont été mis en place afin de permettre aux chefs d’État et de gouvernement, ainsi qu’aux responsables de l’ONU, d’être interviewés par des diffuseurs du monde entier.  « Nous avons maintenant l’intention d’étendre ce service à d’autres grandes conférences », a annoncé Mme Fleming.  Axée sur les principaux thèmes du Sommet, la programmation de cinq jours de la zone médiatique des objectifs de développement durable (ODD) a été organisée en collaboration avec 28 partenaires.

Après le Sommet, Mme Fleming a noté que l’objectif du Département « est en train de changer », alors que le DCG compte plaider en faveur de la mise en œuvre des résultats du Sommet, au moyen de campagnes de sensibilisation et de rapports mettant en évidence les événements importants.  L’an prochain, les messages concernant le quatre-vingtième anniversaire de l’ONU s’aligneront sur le Sommet pour démontrer comment, après huit décennies, l’Organisation conserve « une vision claire d’un multilatéralisme capable de tenir ses promesses ».

Dans l’intervalle, le Département compte poursuivre ses travaux afin de relever les défis de cette période de crise mondiale, a dit Mme Fleming, en mobilisant l’action et le soutien international pour les réponses humanitaires et en maintenant les cellules de communication de crise, qui coordonnent les stratégies, les messages et les tactiques de l’ONU.  En ce qui concerne Israël et les territoires palestiniens occupés, le DCG a pour objectif d’amplifier la voix du Secrétaire général.  Ses contenus se concentrent sur la situation humanitaire désespérée de la population de Gaza et, avec l’escalade de la crise au Liban, la cellule s’agrandit pour coordonner les messages dans toute la région.  En Ukraine, le Département a dénoncé les violations du droit international humanitaire tout en montrant l’action de l’Organisation sur le terrain.  Au Soudan et en Haïti également, les cellules de crise du DCG attirent l’attention sur le sort des plus vulnérables en facilitant la couverture médiatique et en créant ses propres contenus.  Les comptes de médias sociaux de l’ONU continuent également de mettre en avant les réponses de l’ONU à ces crises à un public numérique de plus de 72 millions d’abonnés.

S’agissant de la crise climatique, la haute fonctionnaire a rappelé que l’appel du Secrétaire général à l’action contre la chaleur extrême en juillet a bénéficié d’une couverture médiatique et d’un soutien important dans le monde entier.  Il était accompagné d’un rapport du DCG publié sur son site Web sur le climat, qui combinait l’expertise de 10 entités de l’ONU.  En août, la visite du Secrétaire général dans le Pacifique a porté l’attention sur la menace de la montée des eaux pour les petits États insulaires en développement (PEID), mais aussi pour les mégalopoles côtières.  Cet appel a suscité un large engagement sur les réseaux sociaux.  De tels événements contribuent selon elle à générer une fréquentation constante du site Web dédié au climat, lequel attire en moyenne 1,5 million de pages vues par mois.  C’est également l’objectif principal de l’initiative Verified, qui lutte contre la désinformation climatique en s’appuyant sur trois piliers, soit le recrutement de messagers de confiance au niveau local, de grands volumes de contenu créatif pour atteindre les publics cibles et la mise en exergue de solutions d’experts. En communiquant via des vidéos sur TikTok, ceux-ci ont pu atteindre plus de 600 millions de personnes, a-t-elle relevé.  Le DCG prépare en outre une campagne à grande échelle tirant parti des connaissances issues des sciences du comportement, les messages les plus efficaces étant ceux qui mettent en évidence notre responsabilité envers les générations futures. S’appuyant sur cette idée, Verified a lancé une campagne intitulée The Future Thanks You.

Poursuivant, la Secrétaire générale adjointe a indiqué que le Département s’est engagé dans les efforts visant à « remettre les ODD sur les rails ».  Sa campagne phare « Agissons » (ActNow), qui encourage les individus à agir sur chacun des ODD, a permis d’enregistrer 24 millions d’actions via la plateforme de la campagne.  Parallèlement, l’adhésion à l’initiative de l’ONU Football for the Goals compte plus de 300 fédérations nationales, ligues et organisations non gouvernementales (ONG) dans 120 pays.  En prévision de l’anniversaire de l’ONU, l’an prochain, le Département coordonne la présence de l’ONU à l’Expo 2025 à Osaka en avril, en mettant l’accent sur les partenariats, le multilatéralisme et l’action en faveur des ODD, avec plus de 30 entités onusiennes.

Les contenus multimédias et multilingues d’actualités de l’ONU gagnent en dynamisme sur Internet, s’est félicitée la haute fonctionnaire, avec plus 11,9 millions de pages vues entre juillet et mi-octobre, dont 2,5 millions pendant la seule semaine de haut niveau.  Mme Fleming a évoqué une nouvelle approche qui s’est révélée utile pour accroître le nombre de vues relatives à la couverture des réunions: la Division de l’information et des médias publie des teasers qui offrent un aperçu des sujets abordés lors de chaque réunion.  Ces premiers messages sont ensuite mis à jour avec des citations et des contenus complémentaires au fur et à mesure de leur disponibilité, une approche qui s’est traduite par une hausse de 48% du nombre de pages consultées pendant la semaine de haut niveau par rapport à l’an dernier.  « À l’avenir, nous l’utiliserons pour d’autres thèmes prioritaires », a-t-elle assuré.

Un système d’alerte a par ailleurs été mis en place pour informer les partenaires du système de l’ONU des nouvelles vidéos qu’ils peuvent utiliser sur leurs sites Web.  Le service concerné a d’ailleurs produit plus de 300 vidéos originales de juillet à octobre, couvrant des questions d’actualité mondiale.

Lancés en juin, les Principes mondiaux des Nations Unies pour l’intégrité de l’information énoncent une série de recommandations pour un écosystème de l’information « plus humain ».  Ils fournissent notamment un cadre qui soutient la vision du Pacte numérique mondial, dont l’engagement à favoriser un espace numérique inclusif, ouvert et sûr.  Ce faisant, le Département vise à renforcer l’intégrité de l’information dans le monde entier, à soutenir les coalitions d’action sur le plan national, à renforcer les capacités et la résilience, et à répondre de manière stratégique aux menaces concernant l’information qui affectent les mandats de l’Organisation. Elle a résumé cette approche avec les trois « R », soit rechercher, évaluer les risques et répondre.  Pour y parvenir, le DCG fait appel aux cellules de communication de crise ainsi qu’en offrant des formations aux équipes nationales des Nations Unies dans le monde entier, en collaboration avec le Brésil et l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).  Cette initiative, née de la présidence brésilienne du G20, sera lancée conjointement lors du Sommet des chefs d’État et de gouvernement du G20 qui se tiendra à Rio, à la fin du mois, a encore précisé Mme Fleming.

Néanmoins, a-t-elle ajouté, la crise de liquidités qui affecte l’Organisation fait en sorte que le Département manque de ressources, s’agissant notamment de la communication stratégique et de l’intégrité de l’information.

NOUVEAU - Suivez la couverture des réunions en direct sur notre LIVE

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Armes de destruction massive: la Première Commission se prononce en faveur de la création d’une agence internationale pour la sécurité biologique

Soixante-dix-neuvième session
29e séance plénière – matin
AG/DSI/3754

Armes de destruction massive: la Première Commission se prononce en faveur de la création d’une agence internationale pour la sécurité biologique

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

La Première Commission (désarmement et sécurité internationale) a continué ce matin à se prononcer sur des projets de résolution et de décision, en entérinant les six textes qui lui étaient soumis concernant les armes de destruction massive autres que nucléaires. 

Présenté pour la première fois par le Kazakhstan, Kiribati et l’Arabie saoudite, un texte visant le renforcement et l’institutionnalisation de la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication et du stockage des armes bactériologiques (biologiques) ou à toxines et sur leur destruction, a été adopté sans vote. 

Les auteurs du projet de résolution saluent le fait qu’à sa neuvième conférence d’examen, il a été décidé de créer un groupe de travail intergouvernemental sur le renforcement de la Convention.  Aussi, si elle entérinait ce texte, l’Assemblée générale, consciente du développement rapide des technologies nouvelles dans les sciences de la vie, engagerait-elle ce groupe à envisager l’élaboration d’une agence internationale pour la sécurité biologique. 

L’Union européenne (UE), la France et les États-Unis ont indiqué s’être ralliés au consensus, en soulignant toutefois que le mandat d’une telle agence devra être fondé sur le texte de la Convention et ne pas empiéter sur celui d’autres organisations compétentes, l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) notamment. 

Un autre projet de résolution relatif à la Convention, annuel quant à lui, a été adopté sans vote. 

En revanche, il a fallu mettre aux voix le projet de résolution portant sur les mesures visant à renforcer l’autorité du Protocole de Genève de 1925 concernant la prohibition d’emploi à la guerre de gaz asphyxiants, toxiques ou similaires et de moyens bactériologiques.  Ce texte biennal, qui engage les États qui maintiennent des réserves au Protocole à les retirer, a été adopté par 177 voix pour, zéro contre mais avec les abstentions des États-Unis et d’Israël. 

Divisions de nouveau affichées sur l’application de la Convention sur les armes chimiques

Comme les années précédentes, le projet de résolution portant sur l’application de la Convention sur l'interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l'emploi des armes chimiques et sur leur destruction (CIAC) -l’autre grande convention d’interdiction d’armes de destruction massive- a généré la discorde, puisque ce texte, présenté cette année par la Pologne, a été adopté dans son ensemble par 155 voix pour, 9 contre et 16 abstentions, la Chine, la Fédération de Russie, la République arabe syrienne et la République islamique d’Iran ayant voté contre, cela après 11 votes séparés sur différents alinéas et paragraphes.  La plupart mettaient en cause la Syrie, État partie cité plus de 20 fois dans le document long de huit pages. 

Si le texte est validé par l’Assemblée générale, la Syrie s’y verrait condamnée pour son emploi d’armes chimiques dans les localités syriennes de Tell Méniss, le 21 avril 2014, et de Sarmin et Qaminas, le 16 mars 2015. Le délégué syrien a fustigé un texte « plus politisé que jamais », au point, a-t-il ajouté, qu’il devient difficile de ne pas douter du bien-fondé des objectifs défendus à travers lui par la Pologne et ses coauteurs.  Il s’est aussi demandé comment un texte sur ce sujet peut passer sous silence le fait « avéré » que l’armée syrienne est la cible d’attaques chimiques par des groupes terroristes.  Sur ce dernier point, il a accusé les mêmes pays qui profèrent contre la Syrie des accusations basées sur des rapports factuellement faux de soutenir ces groupes terroristes et d’aider Israël à se constituer un programme d’armes de destruction massive non soumis au système international de vérification.  Pourquoi le projet de résolution L.65 n’aborde pas cette question grave? a-t-il demandé. 

La Chine et l’Iran ont expliqué leur opposition à ce texte, la première déplorant qu’il ne mentionne pas le retard pris par le Japon pour détruire les armes chimiques abandonnées sur son territoire, la seconde rejetant un projet de résolution « totalement politisé » et qui, de ce fait, échoue à unir les États autour des objectifs communs de la Convention.  Si le texte dans son ensemble a été approuvé à une très large majorité et si, lors des votes séparés, l’opposition n’a jamais dépassé la douzaine de voix, certains paragraphes ont suscité plus de 40 absentions, et le paragraphe 3, qui condamne « l’utilisation comme arme d’un produit chimique toxique contre M. Alexeï Navalny en Fédération de Russie », a été marqué par 61 abstentions face à 80 votes favorables. 

Deux projets de résolution pour empêcher l’acquisition d’armes de destruction massive par des terroristes

D’autre part, la Commission a approuvé un texte de la France et de l’Allemagne sur la prévention de l’acquisition de sources radioactives par des terroristes, sur lequel seul l’Iran s’est abstenu.  La France a rappelé le point de départ de cette résolution biennale, à savoir l’adoption, en 2004, par le Conseil de sécurité de la résolution 1540 (2004), laquelle prévoit que tous les États doivent s’abstenir d’apporter un appui, quelle qu’en soit la forme, à des acteurs non étatiques pour qu’ils mettent la main sur des armes de destruction massive. La version 2024 du texte attire l’attention sur la protection des sources radioactives non seulement dans les situations de conflits armés, mais aussi pendant leur transport. 

Enfin, le projet de résolution présenté par l’Inde portant sur des « mesures visant à empêcher les terroristes d’acquérir des armes de destruction massive » a été adopté sans vote.  Par ce texte, l’Assemblée générale demanderait à tous les États Membres d’appuyer l’action menée au niveau international pour empêcher les terroristes d’acquérir des armes de destruction massive et leurs vecteurs.  Elle leur lancerait un appel pour qu’ils envisagent d’adhérer sans tarder à la Convention internationale pour la répression des actes de terrorisme nucléaire. 

Explications sur les votes de vendredi 1er novembre

La première partie de la séance a été consacrée à l’écoute des explications de vote d’une trentaine de délégations qui, vendredi 1er novembre, s’étaient prononcées sur les projets de résolution et de décision portant sur les armes nucléaires. 

La France, le Royaume-Uni et les États-Unis ont expliqué avoir voté contre le projet de résolution L.39, estimant que la communauté internationale n’a pas besoin d’une nouvelle étude sur les effets d’une guerre nucléaire, qu’elle sait dévastateurs, mais de faire cesser les actions déstabilisatrices de certains États pour retrouver un environnement de sécurité propice au désarmement nucléaire. Ce texte, qui de plus est potentiellement « politisable », ne change pas la perception généralement partagée de ce qu’est une guerre nucléaire, ont considéré les États-Unis. 

Les délégations française et britannique ont par ailleurs indiqué s’être abstenues sur le projet de résolution L.41, en raison des références à l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN), dont ces deux États dotés ne reconnaissent pas la légitimité.  En effet, ils considèrent que le TIAN n’est ni complémentaire, ni compatible avec le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), et qu’il n’est pas une mesure efficace au sens de son article VI. Ils jugent encore que le désarmement nucléaire, pour être réaliste et crédible, ne peut ignorer le contexte stratégique actuel, la reconnaissance du TIAN n’en prenant pas acte. 

La Chine, de son côté, s’est opposée au texte, dû au Japon, en raison de sa politisation. 

Le Japon a expliqué ses votes sur d’autres textes, profitant de cette prise de parole pour appeler tous les États, dotés ou non d’armes nucléaires, à concentrer leurs efforts sur la recherche de mesures réalistes et pratiques pour faire progresser le désarmement nucléaire, « quelles que soient les divergences de vues sur la manière d’atteindre cet objectif commun ». 

En ce qui concerne le projet de résolution L.31, qu’ils ont rejeté, l’Égypte et Cuba ont défendu la mise au point, à la Conférence du désarmement, non pas d’un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins militaires mais d’un traité interdisant ces matières, y compris les stocks existants. Le représentant de l’Inde a donné une explication de vote similaire à ses homologues égyptien et cubain. 

S’agissant du projet de résolution L.1, l’Iran a déploré qu’Israël, qui a voté contre ce texte de l’Égypte, et les États-Unis, qui se sont abstenus, refusent de participer à la Conférence sur la création au Moyen-Orient d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive. 

De son côté, Israël a expliqué son vote contre le projet de résolution L.68, estimant qu’une étude complète de la question des zones exemptes d’armes nucléaires ne peut être conduite qu’à travers un travail scientifique réalisé de manière « professionnelle et non politisée ».  Enfin, le Pakistan a expliqué avoir voté contre tous les projets de résolution demandant son adhésion au TNP, son déléguant répétant que l’arsenal nucléaire de son pays n’a qu’un objectif de dissuasion. 

La Première Commission poursuivra demain, mardi 5 novembre, à partir de 10 heures, l’adoption de ses projets de résolution et de décision.  Les délégations devraient se prononcer sur les textes relatifs à l’espace et aux armes classiques. 

NOUVEAU - Suivez la couverture des réunions en direct sur notre LIVE

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.