En cours au Siège de l'ONU

Soixante-dix-neuvième session,
40e et 41e séances plénières – matin et après-midi
AG/SHC/4424

La Troisième Commission fait le point sur la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Durban

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Concluant son examen marathon de trois semaines de la question de la promotion et la protection des droits humains, la Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles s’est penchée aujourd’hui sur les obstacles structurels qui compromettent la participation électorale des personnes LGBTQI+; la création de modèles institutionnels favorisant une participation effective des minorités; et la nécessité d’alléger le fardeau des femmes qui souffrent de la lèpre. 

Elle a ensuite entamé son examen du racisme et de l’autodétermination, l’occasion pour les délégations de faire le point sur la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Durban. Plusieurs « questions sensibles » ont été abordées, notamment celle des réparations pour les crimes historiques de l’esclavage et de la colonisation. 

Après la présentation, par la Sous-Secrétaire générale aux droits de l’homme, Mme Ilze Brands Kehris, de plusieurs rapports en lien avec cette question, le Président du Groupe d’éminents experts indépendants sur la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Durban s’est inquiété de l’impact des nouvelles technologies, à commencer par l’intelligence artificielle (IA), sur la propagation du racisme dans le monde. 

La discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée sont « toujours bien présentes », a déploré M. José António Aguilar Contreras, constatant que la période récente a été jalonnée de « purges ethniques » et de « génocides » et par l’apparition de nouvelles sciences dites « raciales », qui ont pour but de masquer la persistance du racisme. 

Notant que l’IA peut également contribuer à la lutte contre le racisme et la discrimination raciale, il a appelé les États Membres à mettre au point de toute urgence des stratégies d’atténuation, les enjoignant à faire preuve de davantage de volonté politique pour transformer en actions concrètes la Déclaration et le Programme d’action de Durban.  Il a également insisté sur l’importance de former et employer des enseignants issus de minorités racialisées. 

Créer un cadre mondial solide pour réparer les crimes de l’esclavage et du colonialisme

De son côté, le Président-Rapporteur du Groupe de travail intergouvernemental sur l’application effective de la Déclaration et du Programme d’action de Durban a attiré l’attention sur la persistance des structures économiques existantes au moment du commerce triangulaire et du colonialisme, exhortant les États à adopter des politiques de discrimination positive pour pallier les désavantages structurels issus des circonstances historiques. 

Les femmes et les filles devraient en être les premières bénéficiaires, a estimé M. James Ndirangu Waweru, qui a par ailleurs salué les progrès réalisés en vue d’aboutir à une déclaration des Nations Unies sur la question des personnes d’ascendance africaine, visant notamment à ce que la communauté internationale répare les violations dont ces personnes ont été victimes en raison de l’esclavage, du colonialisme, de l’apartheid et des génocides.

La création d’un cadre mondial solide pour lutter contre le racisme systémique et affronter les héritages du passé et les violations des droits humains associées affectant les personnes d’ascendance africaine devrait être une priorité pour tout le monde, a-t-il insisté. 

Surmonter les obstacles à la participation politique des personnes LGBTQI+ 

Au préalable l’Expert indépendant sur la protection contre la violence et la discrimination fondées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre a attiré l’attention sur les répercussions d’une rhétorique « diabolisante » sur la participation électorale des personnes LGBTQI+. 

M. Graeme Reid a expliqué que les discours hostiles à l’encontre des personnes LGBTQI+ de certains acteurs politiques peuvent avoir un effet dissuasif sur la participation politique de ces dernières.  En outre, dans les 61 États Membres de l’ONU qui criminalisent encore l’intimité consensuelle entre personnes de même sexe, une condamnation pénale pour ce motif peut entraîner une privation automatique du droit de vote. 

Heureusement, s’est-il aussi félicité, certains États ont adopté des lois qui garantissent la participation des personnes LGBTIQ+ aux affaires publiques, notamment en établissant des procédures simples pour modifier les documents d’identité, y compris ceux nécessaires à l’inscription sur les listes électorales ou pour se porter candidat aux élections. 

Se réjouissant qu’en 2020, le monde comptait 230 parlementaires ouvertement LGBTQI+ dans 50 pays, dont 81% étaient des hommes, il a appelé à réduire « l’invisibilisation » des personnes LGBTQI+ en période électorale.  Les organismes de gestion électorale devraient garantir que les électeurs et les candidats puissent exercer leurs droits politiques tout au long du processus électoral, quelles que soient leur orientation sexuelle ou leur identité de genre.  Il faudrait en outre lever les obstacles discriminatoires et reconnaître juridiquement les identités de genre, a-t-il indiqué.

Au cours du dialogue interactif qui a suivi son intervention, beaucoup de délégations ont présenté les mesures adoptées sur le plan national pour promouvoir la participation des personnes LGBTQI+ dans les processus électoraux, comme au Brésil où des quotas de femmes transgenres ont été adoptés en 2018.  Aux États-Unis, le Président Biden a nommé un nombre « sans précédent » de personnes LGBTQI+ à des postes clefs de son administration, tandis que le Royaume-Uni a affirmé disposer de l’un des cadres juridiques les plus complets au monde pour protéger les personnes LGBTQI+.

Établir des modèles institutionnels favorisant une participation effective des minorités

Les délégations ont également dialogué avec le Rapporteur spécial sur les questions relatives aux minorités qui a appelé à établir une « structure institutionnelle sensible » à leur intention, estimant que la question des minorités ne doit pas être traitée exclusivement par une approche unique au niveau étatique, mais également grâce à une approche différenciée. 

Selon M. Nicolas Levrat, les États doivent s’efforcer de définir leur population de manière inclusive, soit par une disposition constitutionnelle faisant explicitement référence aux communautés minoritaires, soit par une formule inclusive.   

Des structures institutionnelles qui permettent une représentation effective des minorités ont un impact sur les questions de paix et de sécurité, a-t-il ajouté, estimant qu’elles devaient être privilégiées dans les processus de consolidation de la paix, propices aux changements institutionnels majeurs.   

Il a toutefois mis en garde contre la création de « sociétés parallèles » qui empêcheraient les personnes appartenant à des minorités de s’intégrer et de participer pleinement à la société nationale.

Alléger le fardeau des femmes atteintes de la maladie de Hansen

Même son de cloche pour les personnes atteintes de la maladie de Hansen, plus connue sous le nom de lèpre, elles aussi confrontées à des vulnérabilités particulières et à des obstacles en ce qui concerne l’accès à des soins de santé adéquats, à l’emploi ou à l’éducation.

La Rapporteuse spéciale sur l’élimination de la discrimination à l’égard des personnes touchées par la lèpre (maladie de Hansen) et des membres de leur famille, a notamment attiré l’attention sur la situation des femmes qui doivent non seulement gérer leur maladie, mais également prendre soin d’autres membres de leur famille qui en souffrent. 

Ces responsabilités se font souvent dans des conditions de travail non rémunéré et sous-évaluées et pèsent lourdement sur leur propre santé et leur bien-être, a indiqué Beatriz Miranda-Galarza.  En outre, la responsabilité de prendre soin des autres est souvent culturellement attendue des femmes, ce qui renforce les stéréotypes et limite leur accès à l’éducation, à l’emploi et à un revenu indépendant. 

Pour alléger ces fardeaux, Mme Miranda-Galarza a plaidé en faveur de systèmes de soins qui respectent les droits des femmes, favorisent leur indépendance financière et garantissent des mesures de protection sociale équitables. 

La lèpre est l’une des 21 maladies ou groupes de maladies que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) appelle « maladies tropicales négligées » ou MTN.  Elle est présente dans plus de 120 pays, tropicaux essentiellement, et plus de 200 000 nouveaux cas sont notifiés chaque année, soit une infection toutes les deux minutes.  Elle touche principalement les personnes et communautés vivant dans la pauvreté.

La Troisième Commission reprendra ses travaux, mardi 5 novembre, à partir de 15 heures.

 

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