En cours au Siège de l'ONU

Soixante-dix-neuvième session
18e séance plénière - après-midi
CPSD/817

Préserver l’intégrité de l’information, une problématique centrale face aux développements rapides des technologies de l’information et de l’intelligence artificielle

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Cet après-midi, à la Quatrième Commission, chargée des questions de politiques spéciales et de la décolonisation, les délégations ont souligné l’importance pour le Département de la communication globale (DCG) de préserver l’intégrité de l’information face aux avancées spectaculaires des technologies de l’information et des communications et de l’intelligence artificielle (IA).

La soixante-dix-huitième session de l’Assemblée générale a été marquée par d’importantes consultations autour des instruments multilatéraux pour répondre aux défis posés par la désinformation, la mésinformation et les discours de haine, a rappelé la France, qui s’exprimait au nom du Groupe des Ambassadeurs francophones.  Le Pacte mondial pour le numérique, adopté par consensus à cette occasion, ainsi que les Principes mondiaux des Nations Unies pour l’intégrité de l’information, rendus publics par le Secrétaire général, ont posé les fondations d’une action multipartite cohérente en vue de préserver l’intégrité de l’information, a argué le représentant français, pour lequel « l’heure est désormais à l’action ».

Vivement préoccupées par la prolifération de la mésinformation et de la désinformation, comme de la manipulation de l’information, les délégations ont relevé que ce Pacte, avec son annexe sur le numérique et la Déclaration pour les générations futures, prouve que la solidarité et le multilatéralisme doivent prévaloir.  Le Pacte s’est fixé comme objectif essentiel d’œuvrer à un avenir numérique inclusif, ouvert, durable, équitable, sûr et sécurisé pour tous, et la diffusion des principes mondiaux pour l’intégrité de l’information.  « Il faut prévenir les utilisations malveillantes de l’IA afin de propager des informations faussées », a mis en garde le Pakistan.

L’attention accordée par le Pacte numérique mondial à l’intégrité de l’information illustre bien, selon l’Union européenne, l’intérêt commun des États Membres à progresser sur cette question afin d’atténuer les risques liés à l’information, de préserver un paysage médiatique indépendant et pluraliste et de renforcer les systèmes d’éducation aux médias et à l’information.  À cet égard, la délégation européenne a dénoncé le recours à la désinformation et à la manipulation par la Fédération de Russie dans ses tentatives de justifier son agression contre l’Ukraine, alors que les délégations arabes et d’autres se sont indignées de cette pratique dans le cadre des conflits en cours au Moyen-Orient.  La République de Moldova a également fait cas d’ingérences externes et de tentatives de déstabilisation de la part de la Fédération de Russie tout au long de son cycle électoral.

Venu témoigner de sa propre expérience, le Burkina Faso a expliqué que, dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, les nouvelles technologies de l’information ont facilité la radicalisation, l’implantation de l’extrémisme violent et du terrorisme.  « C’est par ces canaux que les terroristes recrutent et enrôlent des jeunes », afin de les instrumentaliser et de les faire se retourner contre leur propre pays, leurs propres communautés, « pour commettre des attaques ignobles », s’est indignée cette délégation.

De son côté, Israël a considéré que le « raz-de marée » d’attaques antisémites qui déferle depuis le 7 octobre 2023 démontre l’importance de lutter contre les récits trompeurs et la désinformation.  Cette délégation a insisté sur l’importance de l’impartialité et la neutralité au sein du DCG, dont le Programme d’information sur la question de la Palestine présente, selon elle, un récit unilatéral sur les événements au Moyen-Orient, ne tenant pas compte du rôle d’organisations terroristes comme le Hamas. Israël a accusé ce groupe d’être en contact avec la chaîne Al-Jazeera afin qu’elle serve ses intérêts.

Comme par le passé, les États Membres ont été nombreux à insister sur la nécessité de respecter le multilinguisme.  À ce titre, le DCG a été invité à éliminer le décalage entre l’anglais et les autres langues officielles sur les médias sociaux et sites Web administrés par le Secrétariat, en traduisant tous les documents disponibles sur ces plateformes dans un délai de six mois.  À l’instar du Groupe des Amis de la langue espagnole hier et des pays arabophones aujourd’hui, le Groupe des Ambassadeurs francophones a encouragé le Département à privilégier des contenus originaux en lieu et place de la traduction, « qui ne rend qu’imparfaitement compte des subtilités propres à chaque langue officielle ».  Pour les Ambassadeurs francophones, seule une main d’œuvre multilingue serait à même d’exécuter pleinement, et à moindre coût, les mandats de l’ONU relatifs à l’information et à la communication dans toutes les langues officielles qui y sont reconnues.

Pointant que le Cadre stratégique des Nations Unies sur le multilinguisme offre un levier d’action pour promouvoir le multilinguisme dans les activités du DCG, les délégations ont dit attendre les directives administratives et opérationnelles annoncées par le Secrétaire général à cet effet parce que « le multilinguisme est un facteur propice à la diplomatie multilatérale », comme l’a fait valoir l’Arabie saoudite.

Compte tenu du rôle des médias dans la formation de l’opinion publique et du besoin urgent de combler le fossé numérique entre Nord et Sud, il est impératif, pour Sri Lanka, de lutter collectivement contre les discours de haine et la désinformation en neutralisant les contenus nuisibles et les faux récits.  « En privilégiant une communication exacte, nous pouvons favoriser la compréhension, l’empathie et la collaboration en abordant les problèmes sous-jacents qui alimentent les conflits et les divisions », a argué son représentant, en saluant la campagne de communication trilingue « réussie » visant à promouvoir le système de gestion intégrée des éléments nutritifs pour les plantes auprès des cultivateurs de riz.  La délégation srilankaise a salué le DCG pour avoir intégré le Centre d’information des Nations Unies (CINU) de Colombo au Bureau du Coordonnateur résident dans ce pays, ce qui a permis d’améliorer la communication stratégique de l’ONU avec les différentes parties prenantes.

Il est indéniable que le DCG ne peut s’acquitter de son mandat sans le vaste réseau mondial des CINU, a corroboré le Japon.  Assurant la diffusion d’informations sur les activités de l’ONU auprès des populations locales, ces centres jouent un rôle essentiel en comblant les lacunes des médias et en transmettant les nouvelles sous des formes numériques et traditionnelles.  Celui de Tokyo joue d’ailleurs un rôle important dans la promotion de l’Expo 2025 Osaka.  Abondant en ce sens, le Sénégal a fait savoir que le CINU de Dakar participe à sensibiliser les responsables politiques, les médias, les chercheurs, la société civile, les parlementaires, les étudiants et le grand public aux actions du système des Nations Unies dans les pays qu’il dessert, à savoir le Sénégal, la Gambie, la Mauritanie, la Guinée, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau et Cabo Verde.

Israël, le Pakistan et la République islamique d'Iran ont exercé leur droit de réponse.

La Quatrième Commission finira son débat général sur les questions relatives à l’information demain, mercredi 6 novembre, et adoptera les projets de résolution qui s’y rapportent.

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