Assemblée générale: pour rompre avec près de 80 années d’exclusion, les délégations réclament une femme à la tête de l’ONU en 2026
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Exaspérée et déterminée à rompre le cycle de près de 80 années d’exclusion, la majorité des délégations qui débattait aujourd’hui de la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale, a appelé les États Membres à élire une femme comme secrétaire générale en 2026.
Outre la sélection et la nomination du secrétaire général, la revitalisation s’articule autour de trois autres axes: l’identification des moyens de renforcer le rôle, les pouvoirs et l’efficacité de l’Assemblée; les méthodes de travail et le renforcement de la responsabilisation, la transparence et la mémoire institutionnelle du Bureau du Président de l’Assemblée, conformément à la résolution.
Ce dernier, M. Philémon Yang, s’est d’ailleurs engagé à « faire de l’Assemblée un arbre à palabres à l’ombre duquel les délégations pourront harmoniser leurs points de vue pour atteindre leurs objectifs communs ».
Au cours de cette réunion biennale, le Président a aussi indiqué que le Groupe de travail spécial sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale va se pencher sur deux questions: la sélection et la nomination du secrétaire général de l’ONU en 2026 et le renforcement du Bureau du Président qui a nommé M. Cornel Feruță, Représentant permanent de la Roumanie (reconduit), et Mme Mathu Joyini, Représentante permanente de l’Afrique du Sud, Coprésidents du Groupe pour cette soixante-dix-neuvième session.
Il est essentiel, a souligné le Président, de réfléchir à ce que nous dit le Pacte pour l’avenir: il n’y a jamais eu de femme secrétaire générale de l’ONU en presque 80 ans. La nomination d’une femme est l’occasion de réaffirmer notre engagement partagé en faveur de l’égalité et de l’inclusivité, a-t-il ajouté.
Nous ne pouvons pas manquer l’occasion transformatrice de nommer la première femme secrétaire générale de l’ONU et de montrer l’engagement de notre Organisation en faveur de l’égalité des sexes au plus haut niveau, a renchéri l’Estonie, au nom du Groupe Responsabilité, cohérence et transparence (Groupe ACT). Elle a réclamé un calendrier clair et beaucoup plus prévisible pour l’ensemble du processus, arguant que cela allégerait les lourdeurs procédurales pour les États Membres, la société civile et les candidats eux-mêmes.
Posant le diagnostic de l’état de la parité au sein de l’Assemblée générale, la Slovénie, au nom d’un Groupe de pays, a constaté qu’au cours du débat général de cette session, moins de 10% des orateurs étaient des femmes. En outre, sur les 79 présidents de l’Assemblée générale, seules 4 étaient des femmes. Ces deux postes de direction à l’ONU sont le visage de l’Organisation et envoient un message au monde extérieur, en particulier aux jeunes femmes et aux jeunes filles, a fait observer la Slovénie.
Au nom de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), la Malaisie a souligné que les nominations aux postes de direction de l’Organisation doivent viser l’équilibre entre les sexes et une représentation géographique équitable. Pour le Costa Rica, « le moment est venu de rompre le cycle de près de 80 années d’exclusion ». Il faut garder à l’esprit qu’aucun poste ne doit être la chasse gardée d’un État ou d’un groupe d’États, a dit l’Indonésie.
En matière de sélection et de nomination du secrétaire général et d’autres hauts responsables, l’autorité et les prérogatives de l’Assemblée générale doivent être respectées, a martelé l’Afrique du Sud. Aussi, le Conseil de sécurité devrait-il à soumettre plus d’un nom à l’Assemblée générale parce que présenter un seul candidat fait de l’Assemblée générale une simple caisse de résonance, s’est expliquée l’Afrique du Sud qui a conseillé à l’Assemblée générale d’explorer l’idée de nommer les futurs secrétaires généraux pour un mandat plus long que cinq ans, mais unique et non renouvelable.
L’Allemagne a appelé les délégations à joindre le geste à la parole « dans nos propres pays », s’agissant du leadership des femmes au sein des Nations Unies. Nous prenons très au sérieux cet appel et nous sommes fiers de « tenir nos promesses » en désignant Mme Helga Schmid, candidate du Groupe des États d’Europe occidentale et autres États au poste de présidente de l’Assemblée générale, à la quatre-vingtième session. Plusieurs États, à la suite de l’Allemagne, ont également avancé l’idée d’une femme pour présider la prochaine session de l’Assemblée générale.
Renforcement du Bureau du Président
L’Assemblée générale devrait être soutenue par un Bureau du Président doté de ressources suffisantes ponctionnées sur le budget ordinaire, ont lancé plusieurs délégations. Les Philippines ont par exemple insisté sur l’importance pour le Bureau d’avoir un personnel de base permanent afin de réduire le coût d’experts qui y sont ponctuellement assignés.
Le renforcement de la mémoire institutionnelle de ce Bureau n’est pas seulement une question d’efficacité. Il est essentiel pour garantir que l’Assemblée continue à remplir son mandat de manière efficace et réactive, ont indiqué les Maldives. Il est essentiel de procéder à un examen approfondi de l’accessibilité numérique des documents de l’ONU, a lancé la Mongolie en plaidant pour un environnement de travail véritablement inclusif à l’Assemblée générale. Dans cette veine, le Portugal a salué le lancement de la plateforme « IGOV » qui va apporter de la clarté.
Pour l’Arabie saoudite, les obstacles les plus importants auxquels est confrontée la crédibilité de l’Assemblée générale sont la non-application de ses résolutions et décisions. Par exemple, malgré les décisions adoptées à une écrasante majorité lors de la dixième session extraordinaire d’urgence sur la situation dans la bande de Gaza, les opérations militaires brutales menées par les forces d’occupation israéliennes contre les civils palestiniens se poursuivent, en s’intensifiant.
Devant un ordre du jour de 179 différents points, Singapour a dénoncé cette prolifération et les résolutions aux préambules et dispositifs toujours plus longs qui rendent les négociations inefficaces. Comme Singapour, de nombreux États ont appelé à débattre de certaines questions et à adopter certaines résolutions tous les deux ou trois ans. C’est aussi ce qu’a suggéré le Royaume-Uni, en voulant que l’on réfléchisse à la taille, la fréquence et le nombre de résolutions. Nous devons nous concentrer sur les plus efficaces.
L’Algérie, au nom du Mouvement des pays non alignés, a préconisé une évaluation complète de l’état de mise en œuvre des résolutions et une identification claire des causes sous-jacentes de tout manquement pour éliminer progressivement les contraintes qui continuent d’empêcher le processus de revitalisation d’être à la hauteur de son potentiel.
Face aux nombreuses crises complexes, l’Union européenne a plaidé pour le renforcement du rôle de l’Assemblée dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité internationales. D’autres orateurs ont d’ailleurs émis le vœu de voir une plus grande coordination entre l’Assemblée générale et d’autres organes, notamment le Conseil de sécurité et la Commission de la consolidation de la paix, pour plus de synergie.
Trop lent, le processus de revitalisation des travaux de l’Assemblée générale mérite lui-même d’être revitalisé, ont estimé les Maldives. Pour le Pakistan, les déficiences de l’Assemblée générale émanent surtout du fait que certains États ne souhaitent pas la laisser exploiter son potentiel; la revitalisation des travaux étant une question politique et pas seulement de procédure.
Si pour Cuba, la revitalisation ou la rationalisation des travaux ne doit en aucun cas conduire à une réinterprétation des mandats, l’Inde a invité les États Membres à ne pas être bloqués en 1945 et à considérer que le processus de revitalisation doit être considéré comme une partie intégrante de l’appel du Sud à un multilatéralisme réformé.
L’argent étant le nerf de la guerre même pour la revitalisation, le Koweït a pressé tous les États Membres de remplir en temps opportun leurs obligations financières vis-à-vis du budget ordinaire des Nations Unies. Elle a invité les États à rejoindre l’initiative danoise appelant à garantir un financement rapide et prévisible de l’ONU.
Le débat sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale se poursuivra demain, mardi 5 novembre, à partir de 10 heures.
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