En cours au Siège de l'ONU

Première Commission: rappel des souffrances endurées par les victimes de l’arme nucléaire et dénonciation des obstructions au désarmement par les pays dotés

Soixante-dix-neuvième session
6e séance plénière – après-midi
AG/DSI/3740

Première Commission: rappel des souffrances endurées par les victimes de l’arme nucléaire et dénonciation des obstructions au désarmement par les pays dotés

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

La Première Commission, chargée des questions de désarmement et de la sécurité internationale, a repris, ce lundi 14 octobre, son débat général dominé par les questions nucléaires.  S’exprimant lors de la même séance, le Japon et Kiribati ont partagé une perspective particulière sur le sort des victimes des bombardements comme des essais nucléaires. Plusieurs délégations ont également mentionné le problème croissant des armes légères et de petit calibre (ALPC), tout particulièrement dans les pays en développement. 

Au nom de la Coalition pour un nouvel ordre du jour, l’Afrique du Sud, dans une intervention entièrement consacrée au risque nucléaire, a multiplié les rappels à l’ordre à l’intention des pays dotés, estimant que l’expansion quantitative de leurs arsenaux trahit leur intention de les détenir de manière indéfinie, contrairement à leurs engagements au titre de l’article VI du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Le représentant a appelé les pays dotés à prendre des mesures de transparence pour mettre en œuvre cet article, qui porte sur le désarmement nucléaire des pays dotés, mentionnant notamment la soumission de rapports détaillés sur leurs projets de modernisation des arsenaux, leurs capacités, le type et statut de leurs ogives, leur doctrine, leurs mesures de réduction des risques ou encore les quantités de matière fissile dont ils disposent. 

Le Japon a lui aussi soulevé la question de la transparence en matière nucléaire, jugeant la Chine coupable de manquements à cet égard.  Sa représentante a lancé un appel aux pays dotés pour qu’ils fournissent des informations chiffrées sur leurs arsenaux, estimant qu’une telle mesure constitue le fondement du désarmement nucléaire.  La déléguée japonaise a en outre évoqué le prix Nobel de la paix, attribué la semaine dernière au mouvement national des hibakushas, les survivants des bombardements nucléaires d’Hiroshima et Nagasaki.  L’année prochaine marquera le quatre-vingtième anniversaire de cette tragédie, a-t-elle rappelé, estimant qu’un renforcement du TNP pourrait faire qu’un tel événement ne se reproduise jamais. 

Hélas, la voie vers un monde sans armes nucléaires est compromise en raison des divisions croissantes de la communauté internationale, a-t-elle déploré, mentionnant notamment l’emploi de la menace nucléaire de la Russie et les programmes balistiques de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), deux pays dont les activités ont été dénoncées par plusieurs autres délégations. La Lituanie a ainsi condamné le retrait par la Fédération de Russie, en fin d’année dernière, de sa ratification du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) et l’installation d’armes nucléaires sur le sol du Bélarus. 

Autre nation victime des armes nucléaires, à la suite des essais effectués sur son territoire, Kiribati a souligné leurs conséquences humanitaires et environnementales durables.  À ce titre, le délégué a dénoncé un test de missile balistique chinois, le mois dernier, lequel a explosé en haute mer mais à proximité de la zone économique exclusive de Kiribati, État partie au Traité de Rarotonga qui a établi une zone exempte d’armes nucléaires dans cette partie du Pacifique.  Le délégué a rappelé que son pays avait, avec le Kazakhstan, soumis l’année dernière une résolution adoptée par 171 États sur le traitement de l’héritage des essais nucléaires, se félicitant que le Secrétaire général ait depuis mentionné des efforts en cours afin de soutenir les victimes. Il a également pris note des déclarations d’un État doté « qui a testé ses armes à Kiribati », à propos de ses efforts de remise en état dans son pays. 

Le Royaume-Uni, seul pays doté à s’exprimer aujourd’hui, a défendu une « posture de dissuasion nucléaire crédible et minimale », expliquant qu’il continuera de détenir des armes nucléaires aussi longtemps que d’autres pays feront de même.  Le premier devoir d’un gouvernement est d’assurer la sécurité de la nation, a poursuivi le délégué, estimant que la doctrine de dissuasion de son pays représente une garantie vitale de sécurité pour lui-même, ses alliés et le monde dans son ensemble.  En outre, il a évoqué la prise de mesures pratiques au niveau national en vue de réduire le risque nucléaire. 

L’Iran, dont le programme nucléaire suscite toujours les inquiétudes de nombreux pays, a, pour sa part, considéré que les États dotés n’étaient pas seuls à devoir être blâmés.  Son délégué a ainsi rappelé que cinq États de l’OTAN, « dont la Belgique, l’Allemagne, l’Italie et les Pays-Bas », hébergent des armes nucléaires américaines, tandis que plus de 40 pays, « dont l’Australie, le Japon et la République de Corée », s’appuient sur la dissuasion nucléaire élargie que leur offrent les États-Unis.  À ce titre, ces nations sont toutes coupables de violations au titre du TNP, a-t-il estimé. 

Le représentant s’en est ensuite pris à Israël, « seul État détenteur » de l’arme nucléaire au Moyen-Orient, qui « a menacé d’annihilation nucléaire les autres tout en les accusant à tort de prolifération ». Il a lancé un appel à la communauté internationale pour faire pression sur Israël, exigeant son adhésion au TNP et la soumission de ses installations au régime de garantie de l’Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). 

Le représentant iranien a aussi assuré que le programme nucléaire de son pays était « pacifique » et donc légitime.  La plupart des pays en développement qui ont pris la parole ont, à l’image de Cuba, souligné l’importance pour eux de pouvoir exercer leur droit inaliénable aux utilisations pacifiques de l’énergie atomique, ainsi d’ailleurs que des ressources spatiales.  Sur ce point, le Kenya, notamment, a souhaité le renforcement les capacités permettant à tous un accès équitable à la technologie nucléaire et spatiale, laquelle favorise le progrès partagé. 

Comme l’Iran, la Syrie a dénoncé Israël, son recours au terrorisme comme arme politique et sa politique régionale d’occupation et de destruction, en violation flagrante de la Charte des Nations Unies.  Il a en outre pointé du doigt la détention clandestine d’armes nucléaires fournies par les États-Unis à Israël, reprochant à ces pays leur refus méprisant de participer aux négociations, lancées en 2019, sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive au Moyen-Orient.  Assurant par ailleurs que son pays a démantelé ses stocks d’armes chimiques, le représentant syrien a déploré que cet accomplissement soit éclipsé par les accusations infondées d’entorses syriennes à la Convention sur les armes chimiques (CIAC).  Il a accusé le Secrétariat technique de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) d’être gravement politisé. 

Les instruments de contrôle des armes classiques ont également été mentionnés. Cuba a dit son attachement à leurs principes et objectifs généraux, y compris ceux du Traité sur le commerce des armes (TCA), tout en rappelant le droit à la légitime défense dont disposent les États parties à ces traités.  La légitime défense est un droit international dont l’Article 51 de la Charte des Nations Unies a codifié les principaux aspects, a souligné le représentant. 

C’est aussi par le droit de se défendre dans un monde où la sécurité s’est dégradée que la Lituanie a justifié son retrait de la Convention sur les armes à sous-munitions cette année –une « décision difficile » mais aussi son « droit souverain ».  Le représentant a toutefois assuré de la pleine adhésion de son pays au droit international humanitaire, notamment dans le cadre des Conventions de Genève, mais aussi des autres instruments internationaux de désarmement auxquelles elle est partie. 

Plusieurs délégations, notamment africaines, ont une nouvelle fois soulevé la question des armes légères et de petit calibre (ALPC).  Le Ghana a souligné le rôle des ALPC dans la perpétuation des violences, l’instabilité et le sous-développement de plusieurs régions d’Afrique.  Il a rappelé que son pays est la troisième nation africaine à bénéficier de l’initiative SALIENT, avec le soutien du Bureau des affaires de désarmement (UNODA) et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).  Ce programme pourrait fournir des leçons utiles pour mettre en œuvre des approches globales, à même de lutter contre le trafic des ALPC, a-t-il espéré. 

Pour sa part, le Nigéria a réaffirmé son attachement au Programme d’action des Nations Unies sur les ALPC, se félicitant de l’adoption du document final de la quatrième Conférence d’examen en juin dernier.  Le Nigéria a estimé avoir démontré son engagement en s’associant à plusieurs instruments internationaux, régionaux et sous-régionaux, notamment en ratifiant le TCA et en concluant un partenariat avec le Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Afrique. 

Enfin, le représentant du Soudan a assuré la Première Commission de la détermination sans faille de son gouvernement à mettre un terme aux attaques lancées par les milices des Forces d’appui rapide, qu’il a accusées de crimes de génocide.  Ces exactions sont rendues possibles par l’appui financier et militaire des pays de la région, a-t-il ajouté, jugeant effarant le silence de la communauté internationale, qui protège les complices du meurtre de masse des Soudanais.  Il a appelé le Conseil de sécurité à ranger les Forces d’appui rapide parmi les organisations terroristes passibles de sanctions. 

En fin de séance, les États-Unis ont exercé leur droit de réponse à la suite de propos de la Chine sur leur rôle dans la région Pacifique.  L’Australie, en son nom et en celui du Royaume-Uni et des États-Unis, a réagi à la critique par l’Iran du programme AUKUS.  De vifs échanges ont eu lieu entre la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et le Japon, d’une part, et Israël, la Syrie et l’Iran, d’autre part. 

La Première Commission poursuivra son débat général, demain mercredi 15 octobre, à 15 heures. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Deuxième Commission: l’harmonie avec la nature au cœur des objectifs de développement durable

Soixante-dix-neuvième session,
10e & 11e séances plénières – matin & après-midi
AG/EF/3604

Deuxième Commission: l’harmonie avec la nature au cœur des objectifs de développement durable

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

« Nous ne pourrons ni vivre ensemble en paix ni atteindre notre objectif de développement durable si nous n’apprenons pas rapidement à respecter et à protéger le monde naturel qui nous permet de vivre ».  Tel est le constat sous forme de sentence du Secrétaire général dans son rapport consacré à l’harmonie avec la nature, présenté à la Deuxième Commission (questions économiques et financières) par Mme Astra Bonini, du Département des affaires économiques et sociales (DESA).

Aujourd’hui, la Commission a fait le point sur les objectifs de développement durable et entendu de nombreux experts de l’ONU présenter des rapports relatifs au Programme 2030 et à ses 17 objectifs de développement durable (ODD).  Et le bilan n’est guère satisfaisant: le monde n’est en voie d’atteindre que 17% des cibles des ODD, a indiqué une autre représentante du DESA, Mme Yongyi Min. Si des avancées modérées ont été enregistrées, force est de constater que les progrès stagnent, voire régressent, pour plus d’un tiers des cibles alors qu’au cours des premières années du Programme 2030, la progression était lente mais constante.

Ensuite, après 2020, les problèmes mondiaux se sont multipliés.  La pandémie de COVID-19, l’escalade des conflits, les tensions géopolitiques, les effets des changements climatiques et les lacunes économiques systémiques ont mis en danger les ODD, touchant de manière disproportionnée les pays en développement et les populations vulnérables du monde entier.  Par exemple, pour ce qui concerne les ODD no 1 (« Pas de pauvreté ») et 2 (« Faim zéro »), Mme Min a comparé les chiffres avec ceux de 2019: 23 millions de personnes supplémentaires vivaient dans une pauvreté extrême en 2022 et 383 millions de personnes supplémentaires étaient en insécurité alimentaire modérée ou grave en 2023.

Les effets des changements climatiques 

Par ailleurs, l’année 2023 a été la plus chaude jamais enregistrée et les dangers liés au climat tels que les canicules, les inondations et les feux de forêt ont gagné en fréquence et en intensité, a fait observer M. Kamal Kishore, Représentant spécial du Secrétaire général, en présentant le rapport sur la Mise en œuvre du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe (2015-2030).  Pire, « des phénomènes récents ont montré que des catastrophes peuvent réduire à néant des décennies de développement en un instant ».

Comme l’ont rappelé le Groupe des 77 et la Chine, les changements climatiques pèsent de manière disproportionnée sur les pays en développement, en particulier sur les plus pauvres et les plus vulnérables. Ainsi, les petits États en développement sans littoral (PDSL) ne contribuent qu’à 1% des émissions mondiales de CO2 mais sont les premiers à subir les catastrophes climatiques comme les sécheresses, la désertification et la fonte des glaciers. En effet, malgré certaines réductions des émissions dans les pays développés, les concentrations de gaz à effet de serre ont atteint des niveaux records en 2022 et continué d’augmenter en 2023, a renchéri Mme Min.  « Nous devons nous débarrasser des combustibles fossiles en accélérant de manière concertée les transitions justes vers les énergies renouvelables », a-t-elle lancé.

À ce propos, M. James Grabert, du Secrétariat de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), a fait état des résultats de la COP28, qui s’est tenue à Dubaï, aux Émirats arabes unis, du 30 novembre au 13 décembre 2023. Le « Consensus des Émirats arabes unis » auquel cette conférence des Parties a abouti marque le début de la fin de l’ère des combustibles fossiles en jetant les bases d’une transition rapide, juste et équitable, étayée par des réductions d’émissions importantes et un financement accru.  Un « accord historique sur la mise en œuvre des dispositifs de financement » visant à répondre aux pertes et préjudices a été conclu, et la création d’un nouveau fonds dédié « est un symbole important de la solidarité mondiale, qui témoigne de l’urgence climatique et représente une avancée en matière de justice climatique ».

Sécheresse, désertification et dégradation des terres

Les sécheresses pourraient en effet toucher les trois quarts de la population mondiale d’ici à 2050, selon les prévisions transmises par M. Ibrahim Thiaw, Secrétaire exécutif de la Convention sur la lutte contre la désertification.  Le Secrétariat de la Convention a pris un certain nombre de mesures pour faire face à cette situation.  Il soutient par exemple des initiatives de restauration des terres à grande échelle, telles que l’Initiative mondiale du G20 pour la restauration des terres et l’initiative Grande Muraille verte pour le Sahara et le Sahel.

La problématique de la désertification et de l’accès à l’eau a été évoquée à maintes reprises au cours des échanges à la Deuxième Commission.  Les sécheresses plus fréquentes et les événements météorologiques extrêmes accélèrent la dégradation des terres, a expliqué la Mongolie, qui a mis en œuvre une stratégie nationale pour lutter contre la désertification en mettant l’accent sur la reforestation, l’agriculture durable et la protection des écosystèmes.

Le Pakistan a dit figurer parmi les 10 nations les plus touchées par les catastrophes liées au climat malgré sa contribution négligeable aux émissions mondiales de gaz à effet de serre.  Quant au Cameroun, il joue un rôle clef dans l’action climatique, car il est un des pays qui séquestrent le plus de carbone au monde, mais les services écosystémiques qu’il rend ne sont pas encore bien compris ni évalués.

Les initiatives pour l’eau

L’Égypte a mis en avant l’urgence de traiter la rareté de l’eau, un problème existentiel pour de nombreux pays dont elle-même, où la disponibilité par habitant atteint 560 mètres cubes par an, bien en dessous du seuil de pauvreté en eau de 1 000 mètres cubes.  Le Maroc a pour sa part érigé la question de l’eau en priorité nationale et lancé plusieurs initiatives telles que des projets de stations de dessalement, comme la station de Casablanca, le plus grand projet du genre en Afrique et la deuxième installation au monde qui sera alimentée à 100% en énergie propre.  Pleinement consciente de l’importance de concilier le développement de nos économies avec la préservation de nos mers et océans, la Principauté de Monaco accueillera, quant à elle, le Forum sur l’économie bleue et la finance, axé sur la mobilisation des ressources publiques et privées pour l’océan, en juin 2025.

Le Tadjikistan, qui a accueilli en juin la troisième Conférence internationale de haut niveau sur la Décennie internationale d’action sur le thème « L’eau et le développement durable » (2018-2028), a indiqué que les objectifs concernant l’eau et l’assainissement sont loin d’être atteints.  De fait, en 2030, 2 milliards de personnes devraient toujours manquer d’accès à de l’eau potable, 3 milliards à l’assainissement et 1,4 milliard à des services d’hygiène de base.  Face à cette réalité, le représentant tadjik s’est félicité de la nomination d’un envoyé spécial pour l’eau.

Une assemblée de la Terre en vue

Convaincue que l’harmonie entre les êtres humains et la nature est essentielle, la Chine a souligné que le principe des responsabilités communes mais différenciées doit guider les efforts contre les changements climatiques.  L’idée de convoquer une « assemblée de la Terre » lancée par le Président de l’Assemblée générale fait son chemin, et les dialogues interactifs de l’ONU sur l’harmonie avec la nature mettent en avant la nécessité d’une transition vers des modèles de production et de consommation durables. 

« Cette transition suppose de ne plus considérer le profit à court terme et la croissance économique comme les principaux moteurs du développement, mais d’adopter une approche globale du développement durable qui soit en harmonie avec la nature et donne ainsi la priorité au bien-être de la Terre », a souligné Mme Bonini.  En ce sens, « les États Membres doivent continuer à se tenir mutuellement responsables de la protection de la planète pour les générations actuelles et futures ».

Les délégations ont également misé sur la prochaine Conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique (COP16), qui se déroulera à Cali, en Colombie, du 21 octobre au 1er novembre, sur le thème « La paix avec la nature ».  Il s’agit en effet de mettre en œuvre le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal, l’ambitieux plan adopté en 2022 lors de la COP15 et qui vise à stopper et à inverser la perte de biodiversité d’ici à 2030.

La Deuxième Commission poursuivra ses travaux relatifs au développement durable demain, mardi 15 octobre, dans l’après-midi, après une réunion conjointe avec le Conseil économique et social (ECOSOC), le matin.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Troisième Commission: « priorité nationale » de tous les États, la protection des droits de l’enfant est aussi le révélateur de profondes divisions

Soixante-dix-neuvième session,
13e et 14e séances plénières – matin & après-midi
AG/SHC/4410

Troisième Commission: « priorité nationale » de tous les États, la protection des droits de l’enfant est aussi le révélateur de profondes divisions

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

La Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, a poursuivi aujourd’hui sa discussion générale sur la promotion et la protection des droits de l’enfant.  Ce sujet, a priori consensuel, a été traité essentiellement sous l’angle des réalisations nationales, qu’elles soient législatives, juridiques ou programmatiques. Les interventions ont toutefois fait ressortir de profondes divisions en lien avec les tensions géopolitiques, récentes et anciennes, ou autour du rôle assigné à la famille. 

Préoccupations face au sort des enfants en situation de conflit

À l’instar de nombreuses délégations arabes, l’État de Palestine a alerté sur le sort des enfants de Gaza, victimes innocentes d’une agression israélienne en forme de « vengeance barbare » contrevenant au droit international.  « Sauvez les générations palestiniennes et israéliennes futures des fléaux des guerres israéliennes », a lancé la déléguée palestinienne, en appelant à mettre fin au transfert d’armes et de munitions vers Israël, à appliquer les ordonnances de la Cour internationale de Justice (CIJ), à demander des comptes aux auteurs d’atrocités et à soutenir les efforts de la Cour pénale internationale (CPI). 

En appui de ce plaidoyer, l’Arabie saoudite a accusé Israël de vouloir « éliminer les enfants » par des « meurtres systématiques » à Gaza et au Liban.  L’Algérie a estimé « injuste » de parler des droits et de la protection des enfants lorsque 16 000 enfants de Gaza ont perdu la vie et que 17 000 autres ont été condamnés à vivre sans parents, un avis partagé par le Sultanat d’Oman et le Koweït, ce dernier signalant des traumatismes durables chez les plus jeunes et l’aggravation du « fossé éducatif qui pèse sur l’avenir de la Palestine ».  Les Émirats arabes unis ont, quant à eux, appelé à un environnement « stable, sûr et sain » pour les enfants du Moyen-Orient, rappelant leur « initiative pour l’espoir et la paix », qui prévoit la prise en charge médicale d’un millier d’enfants palestiniens de la bande de Gaza. 

« J’appelle à reconnaître le sort de tous les enfants touchés par les conflits, y compris ceux en Israël », a rétorqué la déléguée de la jeunesse israélienne, rappelant le sort des 40 enfants enlevés par le Hamas le 7 octobre 2023.  Ces enfants, dont certains ont été libérés depuis, ont été détenus dans des conditions difficiles, séparés de leurs frères et sœurs et de leurs parents, effrayés et torturés psychologiquement et physiquement, a dénoncé la déléguée qui a appelé à travailler ensemble pour qu’aucun enfant ne souffre des horreurs de la guerre, du terrorisme ou de l’endoctrinement à la haine. 

De son côté, l’Iraq a attiré l’attention sur la situation des enfants qui croupissent dans le camp de Hol, dans le nord-est de la Syrie, au motif que leur famille est proche de militants de Daech.  Le Gouvernement iraquien travaille au transfert de ces enfants vers le centre d’Al-Jada, dans la province iraquienne de Ninive, afin qu’ils y suivent une réhabilitation psychosociale et soient rendus à leur famille, a expliqué la délégation, non sans enjoindre aux États ayant des ressortissants à Hol d’« assumer leurs responsabilités ».  Un appel entendu par le Kazakhstan, qui a dit avoir rapatrié des femmes et des enfants kazakhstanais de Syrie et d’Iraq et leur avoir procuré les moyens de se réintégrer dans la société.

Plusieurs États africains ont eux aussi exigé des efforts accrus en matière de protection des enfants vivant en situation de conflit armé.  Les belligérants et la communauté internationale doivent tout faire pour les préserver de la violence, des abus, des déplacements et du recrutement par les groupes armés, a plaidé le Ghana, en réclamant davantage d’investissements dans les programmes de réinsertion.  Les parties au conflit ont une responsabilité particulière, a renchéri le Mozambique, tandis que le Nigéria affirmait œuvrer à la fourniture d’un soutien psychosocial et de soins de traumatologie aux enfants touchés par la violence des conflits. Même dans ce type de contexte, les droits des enfants à l’alimentation et à la santé doivent impérativement être sauvegardés, a insisté la Zambie. 

La guerre en Ukraine et son lot de souffrances pour les enfants ont également été évoqués, notamment par la Roumanie qui a fait état d’un dispositif d’accueil et de soutien des jeunes réfugiés ukrainiens mis en place en partenariat avec le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).  « En ouvrant nos écoles et nos communautés, nous offrons à ces enfants non seulement un refuge sûr, mais aussi les outils dont ils ont besoin pour reconstruire leur vie », a-t-elle souligné, précisant que des programmes adaptés en langue maternelle et en roumain ainsi qu’un soutien psychosocial aident ces enfants à progresser.  Il est inacceptable de voir l’obligation de protection des enfants dans les conflits armés « bafouée de manière flagrante, non seulement par les groupes armés et les terroristes, mais aussi par un membre permanent du Conseil de sécurité », s’est indignée l’Islande.

Le rôle de la famille

Plutôt que d’aborder la question des conséquences de ce conflit sur les enfants, la Fédération de Russie a préféré dénoncer la « manipulation » de certaines dispositions de la Convention relative aux droits de l’enfant, en particulier les tentatives des « États néolibéraux » visant à passer sous silence le rôle moteur des parents ou des représentants légaux dans l’exercice de ces droits.  De telles approches sont contraires à la relation naturelle entre parents et enfants et créent les conditions préalables à une atteinte aux valeurs familiales et culturelles traditionnelles, a-t-elle fait valoir, rejointe par le Cameroun, pour qui « favoriser l’indépendance des enfants sans tenir compte de leur niveau de maturité et de leurs capacités en récusant les droits reconnus aux parents est irresponsable, voire dangereux ». 

Sur cette même ligne, le Yémen a réaffirmé l’importance de la « famille naturelle », composée d’un homme, le père, d’une femme, la mère, et de leurs enfants, bien loin des « déviations sexuelles que proposent certains États ou organisations ».  Le Sénégal a, lui, préconisé une approche holistique de la protection de l’enfance qui, outre la prévention des maltraitances et des abus, intègre aussi la nécessité d’améliorer le contexte global dans lequel vivent les enfants et leurs familles. 

Accusés par la Fédération de Russie de nuire à la portée universelle de la Convention en refusant de la ratifier, les États-Unis ont aussi été fustigés par Cuba, qui a rappelé que le blocus que lui impose Washington n’épargne « aucun nourrisson ou adolescent » dans le pays.  Chiffrant le coût du blocus pour l’achat d’appareils auditifs pour les enfants et adolescents handicapés, de fauteuils roulants électriques, de jouets et de matériel pédagogique pour les garderies, ou encore d’ordinateurs pour les centres éducatifs, la délégation cubaine a condamné une « politique criminelle » qui s’en prend au « secteur le plus noble et le plus innocent de la société ». 

Santé mentale et pratiques traditionnelles nuisibles

Parmi les priorités listées par les intervenants, la santé mentale des enfants est revenue à plusieurs reprises, notamment par la voix du délégué de la jeunesse du Luxembourg, qui a parlé de « pandémie silencieuse » affectant un jeune sur sept âgé de 10 à 19 ans.  Un tiers des troubles mentaux apparaissent avant l’âge de 14 ans, a-t-il relevé, ajoutant que le suicide est désormais la troisième cause de décès chez les 15-29 ans.  Après avoir pointé le fait que le sous-investissement dans ce problème entraîne des pertes économiques évaluées à quelque 387 milliards de dollars par an, il a appelé à prioriser la prévention et à garantir un accès rapide et équitable aux soins dès les premiers signes. 

Pour leur part, les délégations africaines ont mis l’accent sur les efforts visant à lutter contre des fléaux tels que la traite, le travail et le mariage des enfants.  S’agissant de cette dernière pratique, la République du Congo a appelé à bannir les « coutumes sociales rétrogrades » et à éduquer les jeunes pour mettre fin aux unions précoces et forcées.  « Éduquer une femme, c’est éduquer une nation », a-t-elle résumé, se prononçant pour une éducation sexuelle des jeunes filles « dès le plus jeune âge et en famille » et pour l’adoption de lois assorties de sanctions.  Sur ce même sujet, l’Éthiopie a annoncé que sa stratégie de lutte contre les pratiques traditionnelles nuisibles avait débouché sur l’abandon par 4 700 villages des mutilations génitales féminines et du mariage précoce, ce qui a valu au pays le prix annuel du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP). 

Opposées aux gouvernements de facto au pouvoir dans leur pays respectif, les délégations de l’Afghanistan et du Myanmar ont toutes deux dénoncé des violations multiples des droits de l’enfant sur leur territoire national.  La première a rappelé que 14 millions d’enfants afghans sont aujourd’hui privés de leurs droits fondamentaux à l’éducation, à la santé et à la protection, une situation particulièrement alarmante pour les filles qui sont exclues d’un système éducatif de plus en plus restrictif et prônant un islam radical. La seconde s’est alarmée de ce que les enfants soient la catégorie de population la plus durement affectée par l’escalade du conflit au Myanmar, le coup d’État militaire de 2021 ayant forcé 1,3 million d’entre eux à quitter leurs foyers, dans un contexte de crise humanitaire aiguë. 

Plusieurs délégations, dont la Fédération de Russie, l’Iran, Israël, la République populaire démocratique de Corée, la République de Corée et la Syrie, ont exercé leur droit de réponse.

La Commission a ensuite poursuivi sa discussion générale sur la promotion des femmes entamée le 8 octobre.

La Troisième Commission reprendra ses travaux demain, mardi 15 octobre, à partir de 10 heures, en abordant la question des droits des peuples autochtones.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

En attendant l’« heure africaine », l’Assemblée générale achève son débat sur les progrès du développement durable en Afrique

Soixante-dix-neuvième session
20e séance plénière - matin
AG/12644

En attendant l’« heure africaine », l’Assemblée générale achève son débat sur les progrès du développement durable en Afrique

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

L’Assemblée générale a évalué, ce matin, les progrès accomplis dans la réalisation du développement durable en Afrique, dans le cadre du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique et l’Agenda 2063 de l’Union africaine (UA).  Elle était saisie, entre autres, d’un rapport du Secrétaire général sur l’analyse de la dette africaine qui dit qu’après avoir accédé à l’indépendance, le continent a dû financer par l’emprunt la refondation de ses économies à partir de zéro. Toutefois, les emprunts réalisés n’ont pas conduit à des investissements efficaces dans des secteurs stratégiques propres à stimuler la croissance économique. 

Les conditions dont étaient assortis les prêts octroyés par les institutions financières internationales n’ont pas permis de modifier fondamentalement la structure des économies africaines, mais ont plutôt aggravé leur dépendance en les enfermant dans un cycle de dettes et de dépendance vis-à-vis de l’aide extérieure.  Dans les décennies qui ont suivi, le montant total de la dette extérieure a continué d’augmenter, pour atteindre 237,5 milliards de dollars en 2000, puis a presque encore triplé pour s’établir à 655,8 milliards de dollars en 2022.

Face à tous ces problèmes et défis à relever, le Cameroun a appelé le Président de l’Assemblée générale à faire sonner, au cours de son mandat, « l’heure africaine » qui verrait toutes les forces bilatérales et multilatérales former une coalition avec celles de l’Afrique, résolument tournées vers l’action et non plus les déclarations, pour qu’émerge enfin une véritable renaissance africaine. 

Réformer l’architecture financière et restructurer la dette

Avec une architecture financière internationale représentant mieux les besoins de l’Afrique, le continent serait positionné pour exploiter son énorme potentiel, a relevé le Président de l’Assemblée générale, M. Philémon Yang.  Comme le dit le rapport sur l’analyse de la dette, les pays africains dépensent en moyenne deux fois plus au titre du service de la dette que pour la santé. Des ressources qui pourraient être utilisées pour investir dans les objectifs de développement durable le sont pour rembourser la dette.  Dans le même temps, indique le rapport, le continent perd entre 500 et 600 milliards de dollars, par an, en raison des flux financiers illicites, de l’inefficacité des dépenses publiques, de la détermination peu judicieuse des prix de transfert, des niches fiscales et d’une passivité face aux possibilités offertes par le marché de droits d’émission de carbone. 

Tout cela peut être vrai mais ce que l’Afrique veut, ce n’est pas la charité mais un accès aux financements avec des taux d’intérêt justes et compétitifs, a plaidé le Zimbabwe qui a aussi reproché aux agences de notation d’effectuer une évaluation « biaisée » des risques. Avec des conditions d’emprunt plus équitables et la suppression des étiquettes « injustes » sur les risques, l’Afrique pourrait renforcer sa résilience économique, réduire sa dépendance à l’aide extérieure et exploiter son potentiel de croissance et de développement. 

Au nom du Groupe des États d’Afrique, le Tchad a ajouté qu’il faut réformer le cadre actuel du traitement de la dette au-delà de l’Initiative d’expansion du service de la dette.  Il est important d’avoir une approche différenciée de l’allègement de la dette.  La quatrième Conférence sur le financement du développement, prévue en 2025, doit être l’occasion de lancer les réformes nécessaires mais aussi de traiter de la question des flux financiers illicites et de l’évasion fiscale, a voulu le Zimbabwe. 

D’autres délégations ont également souligné que le système financier international actuel ne répond en rien aux besoins de l’Afrique, d’où les appels à sa réforme dont celui de la Lettonie, en particulier pour lutter contre les flux financiers illicites.  Le Nigéria en a profité pour réclamer une convention-cadre des Nations Unies sur la coopération fiscale internationale.

La Thaïlande a rappelé aux pays développés leur promesse de consacrer 0,7% de leur revenu national brut à l’aide publique au développement (APD).  En plus de l’APD officiel, les États-Unis ont relevé que le secteur privé américain a investi quatre fois plus dans les économies africaines, citant l’exemple du projet du corridor de Lobito entre les océans Atlantique et Indien, pour lequel 3 milliards de dollars ont été consacrés en moins de 18 mois. 

Les droits humains, paix et sécurité comme fondation du développement

Selon l’Indice Ibrahim de la gouvernance en Afrique de 2022, 70% de la population africaine subit la dégradation de la sécurité et de l’état, une tendance qui s’est accélérée ces cinq dernières années dans plus de la moitié des pays.  Du continent, comme l’indique le rapport du Secrétaire général sur la promotion d’une paix durable par la voie du développement durable en Afrique. 

Fort de ce constat, le Président de l’Assemblée générale a estimé que la paix durable nécessite le règlement urgent des conflits qu’il s’agisse du Sahel, du Soudan, de la République démocratique du Congo ou de la Somalie.  Il faut aussi triompher du terrorisme et de l’extrémisme violent.  La promotion de la paix et de l’état de droit en Afrique exige une stratégie globale qui englobe des réformes juridiques et de grandes transformations sociétales. 

Au nom du Groupe des États d’Afrique, le Tchad a confirmé la nécessité d’une stratégie globale qui doit comprendre à un éventail de services adaptés aux différents besoins des sociétés africaines, dont des systèmes informels fondés sur le droit coutumier.  L’accès à la justice, a prescrit le Président de l’Assemblée générale, signifie que l’on abatte les barrières systémiques qui perpétuent les cycles de pauvreté et barrent l’accès à l’éducation, à l’emploi et aux services sociaux.

La priorité doit être donnée aux communautés vulnérables et aux femmes qui doivent pouvoir libérer tout leur potentiel.  En tant que Président de l’Assemblée générale, je m’engage à maintenir l’accent sur la promesse de l’Afrique, en restant focalisé sur l’Agenda 2063.  Avec un juge pour 100 000 habitants, le Nigéria a souligné le rôle que peut jouer la coopération internationale. 

Sur le plan sécuritaire, l’Ukraine a dénoncé l’action déstabilisatrice des mercenaires étrangers, principalement russes, dans certains pays africains.  La Fédération de Russie s’est défendue en invoquant « l’histoire d’un partenariat étroit et mutuellement bénéfique ».  Elle a fait le lien entre les conflits et le passé colonial qui a privé les États africains d’une vraie souveraineté politique et économique.  L’Algérie n’a pas dit autre lorsqu’elle a dénoncé l’ingérence étrangère. 

Des raisons d’espérer

Comme l’a relevé le Président de l’Assemblée générale, l’Afrique subsaharienne montre des signes de ténacité.  Sa croissance économique devrait atteindre 3,4% en 2024 et 3,8% en 2025 et servir à sortir de la pauvreté 462 millions de personnes. Nous devons, a-t-il dit, faire notre part pour exploiter l’ingéniosité des Africains et jeter les bases d’une croissance inclusive et d’une prospérité partagée. 

Avec de bons investissements dans l’éducation, les systèmes de santé, la technologie et l’entrepreneuriat, le potentiel des jeunes africains est sans limite.  De même, avec une gestion financière plus efficace, une mobilisation plus forte des ressources nationales et une meilleure utilisation de la dette comme outil de développement, les économies africaines peuvent soutenir et augmenter leur taux de croissance.  Avec un soutien financier international accru et des investissements sans risque, ces économies peuvent attirer encore plus d’investissements, réduire les coûts et mettre en lumière la perception exagérée des risques. 

En 2025, l’Afrique du Sud assumera la présidence du G20 et mettra l’Afrique au centre de l’agenda, a annoncé la délégation sud-africaine qui a promis de mettre l’accent sur la question de la dette.  Plusieurs orateurs ont dit placer beaucoup d’espoir sur la zone de libre-échange continentale.  En attendant, l’Algérie a rappelé être à l’initiative, avec d’autres, d’une zone de libre-échange, de l’autoroute transsaharienne, du projet lié à la fibre optique et du système de gazoduc qui transporte du gaz de l’Afrique à l’Europe en passant par le territoire algérien. 

Satisfait du Programme de communication sur le génocide des Tutsis en 1994, le Rwanda a indiqué qu’avec le soutien de l’ONU, il a installé le mémorial de la Flamme de l’espoir de Kwibuka dans les jardins de l’Organisation, le 11 septembre dernier. 

L’Assemblée générale a prévu une autre séance publique demain mardi 15 octobre à partir de 10 heures pour examiner le rapport annuel de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Quatrième Commission conclut son audition des pétitionnaires sur la question du Sahara occidental

Soixante-dix-neuvième session
6e séance plénière – après-midi
CPSD/806

La Quatrième Commission conclut son audition des pétitionnaires sur la question du Sahara occidental

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

La Quatrième Commission, chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, a achevé cet après-midi son audition des pétitionnaires concernant la question du Sahara occidental sur de nouveaux appels à résoudre le statut de ce dernier territoire non autonome sur le continent africain.

Au nom de l’Association 9 Mars, Mme Khadija Ezaoui a noté que les projets issus de l’initiative marocaine d’autonomie sont porteurs d’une vision non seulement pour le Sahara marocain et le Maroc, mais aussi pour l’Afrique et ceux qui croient à « la promesse du développement ».  Ce programme de développement d’un montant de 8 milliards de dollars vise selon elle à créer une base économique à même de positionner la région en tant qu’acteur clef de l’avenir de l’Afrique, en fournissant de l’énergie verte aux pays voisins, tout en ouvrant la voie à l’intégration économique régionale en reliant les provinces du Sud au reste du continent.

Pourtant, ces efforts se heurtent depuis des décennies à l’action du Front POLISARIO qui, fort du soutien militaire, politique et diplomatique « permanent » de « son pays hôte », détourne toute possibilité d’une paix et d’une sécurité durables en Afrique du Nord, a regretté M. Ignacio Ortiz Palacio, du Forum Canario Saharaui, rejoint par M. Mohammed Elaissaoui, de l’Organisation pour la fin des violations des droits de l’homme.  Ajoutée à la perméabilité des frontières dans la région, l’instabilité politique qui en découle vient, selon lui, alimenter la menace terroriste au Sahel, un avis partagé par M. Hammada El Baihi, de la Ligue du Sahara pour la démocratie et les droits de l’homme.

Voir le Sahara occidental devenir une partie intégrante du Maroc est une question de « justice historique et de stabilité régionale », a argué M. Sifiso Mahlangu, d’Independent Media South Africa, fondée notamment sur la reconnaissance par la Cour internationale de Justice (CIJ) des liens historiques entretenus de longue date entre ce territoire et le Maroc.

Or, le fait est que le « défi de la décolonisation » du peuple sahraoui n’a pas été relevé dans le respect des droits humains ni des « droits des peuples », a observé Mme Marta Carrio I Palou, du Parlament De Les Illes Balears.  Comment est-il possible que, parvenus au XXIsiècle, et alors que nous discutons, en ce lieu, de progrès et de droits humains, « des générations de garçons et de filles sahraouis continuent de naître et de mourir sur une terre qui ne leur offre aucun avenir? » s’est demandé M. Omar Lamine, d’Intergupo Parlament Illes Balears.  Il ne s’agit pas, selon lui, d’un conflit oublié mais plutôt d’un conflit « passé sous silence et nié » par l’indifférence « de ceux qui ont le pouvoir d’agir ».

« La présence généralisée de l’État au Sahara occidental ne réprime qu’une seule chose: tout signe visible de soutien à l’autonomie sahraouie, et surtout, le recours au terme ‘‘Sahara occidental’’ », a observé M. Mark Drury, de l’International Academic Observatory on Western Sahara.  L’occupation continue de ce territoire par le Maroc bénéficie selon lui de l’inattention de la communauté internationale.

À l’opposé, M. Zine El Aabidine El Ouali Afores, de l’African Forum For Research And Studies In Human Rights, s’est inquiété de la « plaie béante au Maghreb » que constitue la poursuite du conflit au Sahara occidental, source de tensions et d’instabilité dans toute la région, exacerbées par la « position irresponsable d’un voisin hostile ».

Prenant acte de la « lutte acharnée » que continue de mener le peuple sahraoui pour mettre fin au « dernier processus de décolonisation en Afrique », Mme Joana Maria Gomila Lluch, du Parlament De Les Illes Balears – Grupo Interpalameario, a appelé à ne pas permettre que la tenue du référendum d’autodétermination soit différée davantage.  « Seule la pression internationale peut mettre fin à cette situation », a-t-elle ajouté.

À cette fin, Mme Margarita Duran Cladera, du Grupo Parlamentario Popular Illes Balears, a exigé que soient mises en œuvre les résolutions de l’ONU reconnaissant le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination par le biais d’un référendum en tant qu’ultime étape du processus de décolonisation.  M. Llorenç Galmés Verger a vu dans le plan convenu entre le Maroc et le Front POLISARIO, et entériné par l’ONU en 1991, la meilleure solution pour que cesse ce conflit de façon durable.  À cette fin, il a exhorté à l’ONU à s’engager « véritablement » sur cette question.

Si M. Mouhidine Souvi a vu dans l’arrêt rendu par la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) « le premier pas vers un statut d’État » pour le Sahara occidental, M. Mohamed Edabadda, de l’Association Rotary International Boujdour, a estimé pour sa part que la « prétendue victoire » que constitue pour certains ce jugement n’a « rien à voir » avec le Maroc, mais concerne plutôt l’Union européenne.  En tout état de cause, a-t-il rappelé, la seule autorité habilitée à trancher cette question est le Conseil de sécurité.

De nombreux pétitionnaires ont dénoncé la situation qui prévaut dans les camps de Tindouf.  Réfugié sahraoui né dans ces camps, M. M’rabih Adda a relaté les violations dont il a été victime depuis son enfance de la part de ceux « qui ont imposé leur volonté avec le feu et l’acier sur des milliers de civils ».  Il a dénoncé les exactions systématiques qui y ont cours, « avec l’appui de l’armée de l’État hôte ».

M. El Fadel Braika, qui affirme avoir été un élément armé du Front POLISARIO depuis l’âge de 14 ans, s’est dit victime, comme des centaines d’enfants de sa génération, de l’endoctrinement contre « un ennemi créé dans nos esprits pour rester otages des camps de toile de Tindouf », un témoignage corroboré par Mme Lemaadla Mohamed Salem Zrug, de l’Association sahraouie contre l’impunité dans les camps de Tindouf.

« Il est essentiel que la communauté internationale reconnaisse que les camps de Tindouf constituent un lieu de détention illégal », a insisté Mme Touria Hmyene, de l’Association pour la liberté des femmes séquestrées dans les camps de Tindouf, tout comme il incombe aux États Membres de mettre un terme aux violences sexuelles et aux mariages forcés dont sont victimes les femmes et les filles qui s’y trouvent.

La délégation marocaine a présenté plusieurs motions d’ordre lors de cette séance, afin de rappeler à certains pétitionnaires de respecter les règles établies. 

La Quatrième Commission reprendra son débat général sur la décolonisation le lundi, 14 octobre 2024, à compter de 10 heures.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Les « souffrances inimaginables » des enfants de Gaza concentrent l’attention de la Troisième Commission

Soixante-dix-neuvième session,
11e et 12e séances plénières – matin & après-midi
AG/SHC/4409

Les « souffrances inimaginables » des enfants de Gaza concentrent l’attention de la Troisième Commission

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies,
la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Entamant aujourd’hui l’examen des droits des enfants, la Troisième Commission, en charge des questions sociales, humanitaires et culturelles, a dialogué avec cinq intervenants, dont la Présidente du Comité des droits de l’enfant, qui a indiqué que le nombre d’enfants victimes des six graves violations des droits humains vérifiées par les Nations Unies avait augmenté de façon exponentielle en raison de l’escalade des conflits, en particulier à Gaza, au Soudan et au Myanmar. À elle seule, la guerre à Gaza a coûté la vie à 17 000 d’entre eux, a rappelé la Mauritanie au nom du Groupe arabe. 

« L’année passée a connu le nombre le plus élevé de violations graves vérifiées par les Nations Unies depuis la création de mon mandat », a expliqué la Représentante spéciale du Secrétaire général pour la question des enfants et des conflits armés, précisant que leur nombre total s’élevait à 33 000 réparties dans 25 pays. Ce chiffre est en augmentation de plus de 20% par rapport à l’année précédente, a précisé la France.  L’aspect le plus choquant du rapport concerne le meurtre et la mutilation de 11 700 enfants, a ajouté Mme Virginia Gamba, l’Irlande rappelant que ce chiffre avait, lui, connu une hausse de 35%. 

La situation des enfants à Gaza mobilise l’attention

Notant que cette situation était notamment liée au conflit à Gaza, le Chili a rappelé les demandes faites à Israël par la Cour internationale de Justice (CIJ) concernant le respect de la Convention sur le génocide.  Évoquant « une des crises humanitaires les plus graves de ces dernières décennies », l’Espagne a dénoncé les attaques contre les écoles et les hôpitaux de l’enclave et appelé au respect de l’accès à l’aide humanitaire et de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles.  L’Égypte a signalé pour sa part que selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA), Gaza abritait le plus grand nombre d’enfants amputés de l’histoire moderne.

Pointant un problème de collecte et de vérification des informations, Israël a demandé comment le rapport pouvait n’avoir enregistré qu’un seul cas d’utilisation d’un centre de santé à des fins militaires par le Hamas, et aucune école, malgré l’abondance d’informations sur ce phénomène et l’usage d’enfants comme boucliers humains par cette « organisation terroriste ».  Menaçant de cesser de coopérer avec le Bureau de la Rapporteuse en l’absence de prise en compte de ces faits, il a condamné son inclusion dans l’annexe du rapport aux côtés d’organisations terroristes. 

« Cessez d’envoyer des armes à Israël, sanctionnez les responsables, ne faites pas obstruction à la justice, n’inventez pas de justifications pour que ces crimes puissent continuer sans que des comptes soient rendus », a martelé l’État de Palestine, estimant que les États Membres avaient l’obligation d’empêcher les forces armées israéliennes « sur liste noire » de continuer à perpétrer des crimes contre ses enfants.  De son côté, le Liban a dressé le bilan suite à l’« agression israélienne » ces trois dernières semaines pour ses enfants: 127 morts, 690 blessés et 120 000 déplacés. 

Dénonçant un « échec abyssal » en matière de protection des enfants, l’Irlande, rejointe par la Grèce et l’Égypte, a exhorté les États à mettre fin au « règne de l’impunité » concernant les violations graves détaillées dans le rapport. Un enfant sur cinq dans le monde vit aujourd’hui en situation de conflit a rappelé la Grenade, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM). 

Au nom des États nordiques et baltiques, l’Estonie a mêlé sa voix à celle de l’Ukraine pour s’inquiéter du sort des enfants ukrainiens « déportés » par la Fédération de Russie, valant à Vladimir Putin l’émission d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) à son encontre.  La Fédération de Russie a dénoncé une politisation de la protection de l’enfance, notant qu’elle avait été placée sur la liste des auteurs de violations dans le rapport alors que l’Ukraine ne l’était pas.

Le Nigéria a considéré comme « trop fortes » certaines formulations du rapport le concernant, tandis que le Pakistan a demandé pourquoi il faisait partie des « situations à surveiller » alors qu’aucun conflit n’était en cours sur son territoire.  Mme Gamba a invité les États placés dans son annexe cette année à adopter des plans d’action conjoints avec son bureau en vue de faire les progrès nécessaires pour en être retirés. 

« La violence à l’encontre des enfants a atteint des niveaux sans précédent », a renchéri la Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question de la violence contre les enfants, ajoutant que les données étaient probablement sous-estimées.  Elle a affirmé que les coûts économiques énormes de la violence vis-à-vis des enfants pouvaient, dans certains pays, représenter jusqu’à six fois les dépenses annuelles du gouvernement en matière de santé.  Le Brésil et le Maroc ont voulu obtenir des précisions sur l’outil d’évaluation du coût de la violence contre les enfants et la mesure des retours sur investissement consentis en matière de lutte contre ce fléau. 

Mme Najat Maalla M’jid a rappelé qu’elle dirigeait l’alliance mondiale pour mettre fin à la violence contre des enfants, rassemblant plus de 40 pays, et que cette dernière serait redynamisée officiellement lors de la Conférence ministérielle internationale organisée à Bogota, les 7 et 8 novembre prochains, visant notamment à faire avancer la réflexion sur un système de reddition de comptes. 

Inquiétudes face à l’exploitation sexuelle des enfants en ligne

Les délégations ont ensuite dialogué avec la Rapporteuse spéciale sur la vente d’enfants, l’exploitation sexuelle d’enfants et les abus sexuels sur enfants qui a alerté que chaque année, 300 millions d’enfants sont victimes d’atteintes et d’exploitation sexuelles en ligne.

Mme Mama Fatima Singhateh a expliqué que l’utilisation abusive de la technologie pour harceler sexuellement, prendre et partager des images et des vidéos non consensuelles, ou générer et diffuser des contenus d’abus sexuels sur des enfants, est exacerbée par les technologies émergentes telles que les « deepfakes », la nudification, le vieillissement, l’intelligence artificielle, le partage de fichiers peer-to-peer intégré et le clonage vocal.

Autre source d’inquiétude: l’augmentation rapide des comptes de « kidfluencing » et de « sharenting » où des parents et des tuteurs produisent des images suggestives d’enfants à des fins commerciales dans l’espoir d’obtenir des offres de publireportages et de publicités privées.  « Cette pratique soulève la question de savoir combien d’images d’enfants provenant de comptes courants sont collectées par des criminels pour créer des contenus pédopornographiques », a indiqué Mme Singhateh.

La persistance du mariage d’enfants

De son côté, le Conseiller spécial pour les droits de l’enfant de l'UNICEF, a attiré l’attention sur la persistance du mariage d’enfants, précisant que si on ne redouble par d’efforts, il faudra encore 300 ans pour éliminer cette pratique et 9 millions de filles se marieront encore dans leur enfance en 2030.

En outre, si les progrès sont réels, ils restent néanmoins inégaux selon les régions et ont principalement profité aux adolescentes des quintiles les plus riches, ce qui souligne la nécessité de redoubler d’efforts pour atteindre les filles les plus pauvres, les moins instruites, et les plus vulnérables ainsi que celles qui vivent dans les zones rurales. 

Le Comité des droits de l’enfant face au manque de ressources

Au préalable, la Présidente du Comité des droits de l’enfant a présenté le rapport d’activités de l’organe qui, a-t-elle indiqué, prépare une nouvelle observation générale sur le droit des enfants d’accéder à la justice.  Elle a également signalé que le rythme de ratification des Protocoles facultatifs à la Convention relative aux droits de l’enfant continue d’être lent avec seulement deux nouvelles ratifications du premier au cours de l’année écoulée.

De même, elle a insisté sur l’importance, pour le Comité, d’être doté de ressources adéquates pour pouvoir traiter ces communications dans les meilleurs délais.  « Une justice différée pour les enfants est une justice refusée », a-t-elle lancé.

La Troisième Commission poursuivra ses travaux lundi 14 octobre, à partir de 10 heures. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: les membres du Conseil appellent à la désescalade au Liban et à une solution politique négociée

9746e séance – après-midi
CS/15850

Conseil de sécurité: les membres du Conseil appellent à la désescalade au Liban et à une solution politique négociée

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Le conflit au Liban, associé à la situation en Syrie et à la violence à Gaza et en Cisjordanie, montre une région qui glisse dangereusement vers une guerre totale, a prévenu la Secrétaire générale adjointe aux affaires politique et à la consolidation de la paix, cet après-midi, devant le Conseil de sécurité. Avec les bombardements, les destructions et les déplacements, le Liban est devenu la prochaine Gaza, a déploré la Slovénie, après que les membres du Conseil, deux hauts fonctionnaires de l’ONU et d’autres intervenants ont appelé à la désescalade, à la fin des hostilités et à une solution politique négociée. 

Demandée par la France, cette réunion a été l’occasion pour Mme Rosemary A. DiCarlo, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, de faire le bilan de la situation au Liban depuis le 1er octobre. Le nombre de morts a atteint plus de 2 000, a-t-elle dit, en citant le Ministère de la santé du Liban.  Plus de 600 000 personnes ont fui ailleurs dans le pays depuis mercredi dernier, et les ordres d’évacuation d’Israël ont vidé de leur population plus de 100 villages, soit un quart du territoire du Liban. Environ 250 000 personnes, dont des Libanais et des Syriens, sont parties en Syrie et des dizaines de milliers d’autres ont quitté le pays en avion. 

Le personnel de l’ONU et les Casques bleus de la FINUL doivent être protégés 

Dans le nord d’Israël, les attaques du Hezbollah ont tué 50 personnes et déplacés plus de 60 000 personnes.  Mme DiCarlo a rappelé que l’ONU a demandé que les États Membres répondent à l’appel lancé la semaine dernière pour collecter une somme de 425 millions de dollars et venir en aide à un million de personnes au cours des trois prochains mois.  Les parties doivent saisir les options diplomatiques mises sur la table et déposer les armes.  « Il est encore temps de donner une chance à la diplomatie.  Maintenant », a martelé Mme DiCarlo. 

Les parties doivent s’engager à une cessation des hostilités et la mise en œuvre intégrale des résolutions 1559 (2004) et 1701 (2006) du Conseil de sécurité, a encore plaidé la haute fonctionnaire pour qui la souveraineté du Liban et l’intégrité territoriale des deux pays doivent être respectées.  Pour elle, le personnel de l’ONU et les courageux Casques bleus de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) doivent être protégés. Il faut tout mettre en œuvre pour inverser ce cycle de violence et préserver le Liban, Israël et la région de la catastrophe. 

Le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, M. Jean-Pierre Lacroix, a informé qu’une grande partie du sud du Liban, où opère la FINUL, est désormais inhabitable.  La présence de personnel et d’armes non autorisés au sud du fleuve Litani, en violation flagrante de la résolution 1701 (2006), reste une source de préoccupation.  Depuis le 23 septembre, la FINUL a détecté 5 451 trajectoires provenant du sud du Liban et 610 attaques aériennes israéliennes, tandis que 1 385 projectiles ont été tirés en réaction, du nord vers le sud. 

Il n’existe pas de solution militaire

La capacité de la Force de surveiller les événements reste limitée, en partie à cause des risques encourus par les Casques bleus, a déploré M. Lacroix qui a fait savoir que deux soldats de la paix ont été blessés par des tirs de chars israéliens, dénonçant un mépris pour la protection accordée par le droit international aux installations et au personnel de l’ONU.  Les conditions sécuritaires ont forcé la FINUL à relocaliser temporairement 300 soldats et à réduire ses effectifs dans certaines des bases les plus exposées.  De plus, l’installation de positions israéliennes près des postes de la FINUL a aggravé les risques pour les Casques bleus. 

M. Lacroix a indiqué que la FINUL a maintenu une coordination étroite avec les Forces armées libanaises et les Forces de défense israéliennes (FDI) pour faciliter les missions humanitaires et éviter les erreurs de calcul.  La FINUL appuie les autorités libanaises dans la protection des civils.  Le Secrétaire général adjoint a aussi appelé à une désescalade immédiate et à un cessez-le-feu.  Il n’existe pas de solution militaire à la crise.  Les parties doivent mettre pleinement en œuvre la résolution 1701 (2006). 

C’est aussi l’opinion de la France, qui a demandé la convocation de cette réunion et qui a annoncé une conférence internationale à Paris le 24 octobre prochain.  Le cessez-le-feu est la voie à suivre et la mise en œuvre intégrale de la résolution 1701 (2006) est le cadre de ce cessez-le-feu, a souligné la France. 

Une résolution pour mettre fin à la violence et imposer le retrait d’Israël du Liban

Parce qu’Israël viole la Charte des Nations Unies et la résolution 1701, le Liban a demandé au Conseil d’adopter immédiatement une résolution pour mettre fin à la violence et imposer le retrait d’Israël des frontières libanaises.  Quel est l’intérêt de prendre pour cible des stations d’épuration d’eau, des sites archéologiques, des points de passage frontaliers?  Quel est l’objectif de prendre pour cible les journalistes, des professionnels de la santé et des agents humanitaires? a demandé le délégué libanais dénonçant « la fameuse opération militaire ciblée » d’Israël. 

Il a réitéré l’appel à l’aide humanitaire lancé par l’ONU pour venir en aide aux millions de déplacés, avant de presser les États Membres de trouver une solution diplomatique fondée sur la résolution 1701 (2006), de soutenir la souveraineté de son pays et de mobiliser la communauté internationale pour répondre aux besoins humanitaires de la population. 

Le Japon, qui a contribué à hauteur de 290 millions de dollars d’aide humanitaire au Liban depuis 2012, a dit examiner de nouvelles aides.  Le Royaume-Uni a annoncé une aide humanitaire supplémentaire de 15 millions de livres.  La Suisse a annoncé son intention d’allouer 7 millions de francs supplémentaires et les États-Unis ont annoncé la somme de 187 millions de dollars d’assistance pour les déplacés et les réfugiés. 

Les bombardements et la guerre ne garantiront pas la sécurité la sûreté et la stabilité, a prévenu le Liban.  Seule une solution diplomatique fondée sur les résolutions du Conseil de sécurité et le droit international humanitaire nous permettra de mettre fin à cette guerre et à cette agression.  Le Liban a aussi appelé à un cessez-le-feu de 21 jours, conformément à l’initiative franco-américaine, afin de régler les questions frontalières en suspens. 

Protéger la population

Le conflit actuel a été déclenché par Hassan Nasrallah, a martelé Israël, en regrettant les souffrances tant sur son territoire qu’au Liban.  Il a dénoncé l’inaction du Conseil de sécurité et promis de repousser le Hezbollah au nord du fleuve Litani.  Pour éviter de nouvelles pertes civiles, nous avons conseillé à la FINUL de se retirer de la zone de conflit, mais celle-ci a choisi d’y rester, s’est étonné Israël, qui a ajouté: « le Liban appartient aux Libanais et pas aux Iraniens. » 

Nous cherchons à protéger notre population.  Le Conseil, a-t-il dit, doit mettre en place des mécanismes solides pour garantir que la FINUL et l’Armée libanaise remplissent leurs missions.  S’adressant à son homologue libanais en arabe, le délégué israélien l’a appelé à s’asseoir à ses côtés et à s’opposer au régime islamique d’Iran. 

Les délégations ont condamné les attaques contre la FINUL.  À l’instar de la France et de la Chine, elles ont demandé des enquêtes et des mesures pour que de tels actes ne se répètent plus.  La Chine a appelé toutes les parties au calme et à la responsabilité.  Israël, qui détient les clefs du règlement du conflit, doit renoncer à l’usage de la force et mettre fin aux violations de l’intégrité territoriale du Liban. 

La Fédération de Russie, qui a qualifié les attaques contre les Casques bleus de crime de guerre, a voulu une réaction forte du Conseil.  Il n’y a plus de temps à perdre parce que la grande majorité des membres du Conseil ont fait part de leur consensus autour de la désescalade, du cessez-le-feu, de la cessation des violences et de la recherche d’une solution diplomatique. 

La Slovénie a appelé le Hezbollah à cesser ses attaques.  La Mauritanie, au nom du Groupe des États arabes, a appelé le Conseil et la communauté internationale à assumer pleinement leurs responsabilités. Une solution diplomatique entre le Liban et Israël le long de la Ligne bleue est le seul moyen de restaurer le calme et de permettre aux citoyens libanais et israéliens de rentrer chez eux, ont souligné les États-Unis, après avoir reconnu le droit d’Israël de protéger ses citoyens. 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Exposés

La Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, Mme ROSEMARY A. DICARLO, a dit être préoccupée par la situation au Liban qui s’est empirée depuis huit jours.  Les échanges de tirs entre le Hezbollah et l’armée israélienne, qui ont commencé le 8 octobre de l’année dernière, se sont intensifiés.  Depuis le début des opérations terrestres israéliennes au Liban le 1er octobre, les affrontements ont pris en intensité dans le sud du Liban provoquant la panique.  Plus de 300 personnes ont été tuées au Liban au cours de la semaine dernière.  Depuis le début du mois, le nombre de morts a atteint plus de 2 000, selon le Ministère libanais de la santé.  Des soldats israéliens ont également été tués, dont au moins 12 sur le territoire libanais depuis le 1er octobre.  Plus de 600 000 personnes ont été déplacées au Liban depuis mercredi dernier, dont une grande majorité de femmes et d’enfants.

Israël a émis des ordres d’évacuation sur un quart du territoire du Liban, soit plus de 100 villages.  Environ 250 000 personnes, dont des Libanais et des Syriens, se sont déplacées en Syrie.  Des dizaines de milliers d’autres sont parties par l’aéroport de Beyrouth.  Le secteur de la santé au Liban est sous pression. L’appel éclair lancé par l’ONU la semaine dernière demande 425 millions de dollars pour aider un million de personnes au cours des trois prochains mois.  Mme DiCarlo a exhorté les États Membres à soutenir cette demande. 

Dans le nord d’Israël, la population civile fait face aux attaques du Hezbollah et d’autres groupes armés non étatiques au Liban et dans la région.  Plus de 50 personnes ont été tuées et plus de 60 000 ont été déplacées en Israël et sur le plateau du Golan occupé. Le conflit dévastateur au Liban, associé à la situation en Syrie et à la violence qui fait rage à Gaza et en Cisjordanie, montre une région qui glisse dangereusement vers une guerre totale.

« Notre incapacité collective à arrêter la violence et à endiguer l’effusion de sang est accablante », a noté la Secrétaire générale adjointe.  Le Hezbollah et les autres groupes armés non étatiques doivent cesser leurs tirs de roquettes et de missiles sur Israël. Israël doit cesser ses bombardements sur le Liban et retirer ses forces terrestres.  Les parties doivent saisir les options diplomatiques mises sur la table et déposer les armes.  « Il est encore temps de donner une chance à la diplomatie.  Maintenant », a martelé Mme DiCarlo. 

La Coordonnatrice spéciale pour le Liban, Mme Jeanine Hennis-Plasschaert travaille avec tous les acteurs pour une désescalade immédiate et une solution diplomatique.  Les parties doivent s’engager à une cessation des hostilités et à la mise en œuvre intégrale des résolutions 1559 (2004) et 1701 (2006) du Conseil de sécurité. L’État libanais doit avoir le contrôle de toutes les armes qui se trouvent sur son territoire.  En cette période de crise, les dirigeants politiques libanais doivent prendre des mesures résolues pour combler le vide à la présidence du pays.  La souveraineté de l’État et l’intégrité territoriale des deux pays, Liban et Israël, doivent être respectées. 

Mme DiCarlo a exigé le respect du droit international et du droit international humanitaire.  Les parties doivent épargner les civils et les infrastructures civiles.  Il faut éviter les attaques aveugles et disproportionnées.  Le personnel humanitaire, le personnel médical et les journalistes ne doivent pas être pris pour cible.  Le personnel de l’ONU et les courageux Casques bleus le long de la Ligne bleue doivent être protégés.  Il faut tout mettre en œuvre pour inverser ce cycle de violence et préserver le Liban, Israël et la région de la catastrophe, a conclu Mme DiCarlo. 

Le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, M. JEAN-PIERRE LACROIX, s’est inquiété de la situation alarmante au Liban, marquée par une intensification des opérations militaires depuis le 1er octobre.  Les Forces de défense israéliennes (FDI) ont en effet mené des opérations terrestres accompagnées de bombardements aériens dans tout le pays, et une grande partie du sud du Liban, où opère la FINUL, est désormais inhabitable, a-t-il indiqué. 

Justifiées par la nécessité de laisser les Israéliens du nord d’Israël retourner chez eux après une année de peur et de déplacement forcé, ces actions des FDI n’ont pas empêché le Hezbollah de continuer à tirer au-delà de la Ligne bleue, avec des armes de plus en plus sophistiquées.  La présence de personnel et d’armes non autorisés au sud du fleuve Litani, en violation flagrante de la résolution 1701, reste une source de préoccupation, a ajouté le haut fonctionnaire.

Depuis le début de l’opération « Northern Arrows » le 23 septembre, la FINUL a détecté 5 451 trajectoires provenant du sud du Liban et 610 attaques aériennes israéliennes, tandis que 1 385 projectiles ont été tirés en réaction du nord vers le sud.  Sur le terrain, les combats ont fait au moins 12 morts parmi les soldats israéliens, tandis que plusieurs dizaines de combattants du Hezbollah ont été tués.

Le Secrétaire général adjoint a signalé que des incursions terrestres israéliennes ont été observées dans plusieurs secteurs, notamment à Maroun el-Ras, Labbouné et Yaroun. Cependant, la capacité de la FINUL de surveiller étroitement les événements reste limitée, en partie à cause des risques encourus par les Casques bleus.  M. Lacroix a fait savoir que deux Casques bleus ont été blessés et plusieurs véhicules endommagés dans ces affrontements, notamment lorsqu’un poste d’observation de l’ONU à Naqoura a été touché par des tirs de chars israéliens.  Cela démontre un mépris pour la protection accordée par le droit international aux installations et au personnel de l’ONU, a dénoncé le haut fonctionnaire. 

Cependant, a-t-il insisté, bien que les FDI aient demandé l’évacuation des troupes de la FINUL à proximité de la Ligne bleue, ces dernières sont restées en place, tout en renforçant la protection de leurs positions.  Les conditions sécuritaires ont toutefois forcé la FINUL à relocaliser temporairement 300 soldats et à réduire ses effectifs dans certaines des bases les plus exposées.  De plus, l’installation de positions israéliennes près des postes de la FINUL a aggravé les risques pour les Casques bleus, ces développements ayant fait l’objet de protestations auprès des autorités israéliennes.

La sécurité des approvisionnements en carburant, nourriture et eau pour la FINUL est également devenue une préoccupation majeure, alors que les affrontements ont conduit à la relocalisation de presque tout le personnel civil international hors du pays.  M. Lacroix a fait savoir que la FINUL a néanmoins maintenu une coordination étroite avec les Forces armées libanaises et les FDI pour tenter de faciliter les missions humanitaires et éviter les erreurs de calcul.

Le Secrétaire général adjoint a également exprimé son inquiétude quant aux victimes civiles, notant que les échanges de tirs ont fait des centaines de morts et de blessés et des centaines de milliers de personnes déplacées.  La FINUL continue de soutenir les autorités libanaises dans la protection des civils, notamment en facilitant les missions humanitaires et en offrant un abri lorsque cela est possible.  Pour conclure, M. Lacroix a appelé à une désescalade immédiate et à un cessez-le-feu.  Il a réaffirmé qu’il n’existe pas de solution militaire à la crise et a exhorté les parties à mettre pleinement en œuvre la résolution 1701.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Deuxième Commission: étranglés par le remboursement de la dette, les pays en développement ont besoin d’investissements et de commerce équitable

Soixante-dix-neuvième session,
8e & 9e séances plénières – matin & après-midi
AG/EF/3603

Deuxième Commission: étranglés par le remboursement de la dette, les pays en développement ont besoin d’investissements et de commerce équitable

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

À l’ouverture, en début de semaine, de la session de la Deuxième Commission (questions économiques et financières), le professeur d’économie Jeffrey Sachs avait observé que les pays en développement devraient atteindre des taux de croissance phénoménaux –de l’ordre de 7 à 10%- pour réaliser le Programme 2030.  Force est de constater que le niveau de stimulation et d’investissement nécessaire à une telle croissance est « difficilement mobilisable », a tempéré ce matin le panéliste Paul Bekker, Président du Conseil du commerce et du développement, « compte tenu de ce que certains appellent une crise du développement ». 

Une crise qui contraint les gouvernements à des arbitrages impossibles entre service de la dette et satisfaction des besoins fondamentaux des populations, comme l’éducation et la santé.  Aujourd’hui encore, le Groupe des pays les moins avancés (PMA), par la voix du Népal, ont répété comment cette dette grevait leurs efforts pour investir et s’extirper de leur catégorie.

« 2024 restera une année très difficile pour les pays en développement »

Depuis 2022, la pression sur la dette extérieure des pays en développement s’est accrue, rendant ce fardeau de moins en moins soutenable: plus de 40% de la population mondiale vit aujourd’hui dans un pays consacrant plus d’argent au service de la dette qu’à la santé et l’éducation, a noté la Mongolie, en proie elle-même à de grands sacrifices pour conserver une note financière inspirant assez de confiance aux investisseurs.  En 2023, la dette extérieure des pays en développement a atteint un record de 11 400 milliards de dollars, soit une augmentation annuelle de 3,4% depuis 2022.  Le paiement des intérêts a représenté 10% ou plus des recettes publiques dans 54 pays en développement en 2023, contre 29 en 2010.  Le tout dans un contexte volatile, où l’inflation dans les pays développés bouche l’accès aux capitaux, comme s’en est plainte l’Inde, la hausse des taux d’intérêt dans les économies développées minant son accès au crédit abordable. 

« Nous prévoyons que 2024 restera une année très difficile pour les pays en développement », a sobrement confirmé Mme Penelope Hawkins, de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED).

Navrés, les petits États insulaires en développement (PEID) ont confirmé que la part du service de la dette dans leurs budgets ne cesse d’enfler, plombant leurs économies.  Représentant un cinquième des États Membres de l’ONU, les PEID devraient pouvoir se développer, ce qui se révèle « impossible, avec une telle dette ».  Le Groupe des États d’Afrique, par la voix du Tchad, a plaidé pour une réforme des agences de notation qui sanctionnent les pays africains en augmentant leurs taux d’intérêts, dans une spirale mortifère. Creusant le sillon, l’Égypte a réclamé la création d’une « autorité mondiale de la dette » qui superviserait le mécanisme de la dette souveraine.

Un commerce mondial inégalitaire et en contraction

La croissance mondiale devrait rester inférieure à 3% cette année selon la CNUCED, dont les rapports ont été examinés par la Commission. La solidité des moteurs traditionnels de la croissance est éprouvée: les flux d’investissement étranger direct (IED) sont en baisse, ce qui cause des répercussions négatives sur la capacité des pays en développement à investir dans les objectifs de développement durable (ODD) ou à transformer leurs économies. 

Un autre constat fait aujourd’hui: le commerce mondial s’est contracté l’année dernière, aggravé par les perturbations des chaînes d’approvisionnement et les tensions géopolitiques.  Il se chiffrait à environ 31 000 milliards de dollars, en léger recul par rapport aux niveaux records de 2022, selon la CNUCED.  Un commerce loin d’être équitable, ont relevé plusieurs orateurs, que ce soit entre pays ou à l’intérieur des pays: à l’heure où les changements climatiques bouleversent les économies, les investissements dans les énergies renouvelables vers l’Afrique ne représentent que 2% du total des flux mondiaux. 

Le Groupe des États d’Afrique a confirmé que la perspective du continent n’était pas prise en compte; elle ne le serait pas sans qu’une réforme de l’architecture financière internationale augmente les droits de vote de l’Afrique au Fonds monétaire international (FMI), à la Banque mondiale et dans d’autres institutions multilatérales.  Au sein des pays, le commerce mondial n’a pas non plus profité à éliminer la pauvreté, à autonomiser les femmes ou à créer des emplois sur une base durable.  En guise de piste, la CNUCED recommande de renforcer l’intégration des pays en développement dans les chaînes de valeurs mondiales, en particulier dans les secteurs de l’alimentation et des énergies renouvelables.

Le Groupe des pays en développement sans littoral (PDSL) s’est illustré dans la dénonciation d’une concurrence commerciale faussée par les politiques industrielles des nations les plus puissantes. « Génératrices de distorsions dans le commerce et l’investissement », ces politiques risquent d’aggraver davantage l’écart commercial entre pays.  Luttant pour que soit reconnue, entre autres, leur dépendance disproportionnée aux longues routes de transport et de transit, les PDSL ont prévenu qu’il faudrait des investissements de 510 milliards de dollars pour les hisser au niveau de la moyenne commerciale mondiale.  Ils ont renvoyé au prochain Programme d’action pour les PDSL, qui sera adopté à Gaborone, au Botswana, lors de la conférence prévue du 10 au 13 décembre.

Conversion de la dette souveraine en aide au développement réclamée par les délégations: pas la panacée, selon la CNUCED

Au Belize, en Équateur ou au Gabon, de récentes conversions de dettes souveraines en faveur de la nature ou du développement ont mobilisé des capitaux importants et suscité un intérêt international.  Le Groupe des États d’Afrique et le Groupe des 77 et la Chine en ont réclamé davantage.  Sollicitée, la CNUCED a examiné le rôle que pourraient jouer ces conversions pour se dégager un espace budgétaire.  Elle a appris qu’entre 1987 et 2023, 11,5 milliards de dollars de dettes avaient été converties sur des projets axés sur l’éducation, la santé, les enfants, l’alimentation, le climat, la nature et la réduction de la pauvreté. 

La question est de savoir dans quelle mesure les conversions de dettes sont généralisables, et après analyse, Mme Hawkins a observé que ces conversions ne se révèlent pas un outil complet ou efficace de restructuration de la dette, à cause de « leur valeur nominale limitée » et de « leurs coûts de transaction élevés ».  Les pays peuvent tout au moins, de manière pragmatique, considérer ces conversions comme « un instrument financier parmi d’autres », dans une boîte à outils plus vaste, a-t-elle conseillé.

Un projet de convention fiscale internationale très attendu

Parmi les rectifications à opérer pour un système de développement plus juste, les délégations n’ont pas manqué de souligner l’urgence d'un système global de fiscalité internationale ciblée.  D’où le projet très attendu -cité notamment par l’Inde, le Nigéria, le Bangladesh ou encore le Chili- d’une convention-cadre sur la coopération fiscale internationale.  Le Président du Comité spécial chargé du projet, M. Ramy M. Youssef, a promis « une étape importante vers un système fiscal international plus inclusif, plus juste et plus efficace » visant à accélérer la mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba et la réalisation du Programme 2030.

La convention-cadre pourrait agir comme un aspirateur de devises pour les pays en développement.  Elle pourrait assurer une répartition équitable des droits d’imposition et une imposition équitable des entreprises multinationales, avec une attention toute particulière portée sur l’économie numérisée.  Elle pourrait aussi lutter contre la fraude et l’évasion fiscales d’individus fortunés.  Les autres objectifs sont la coopération fiscale internationale en soutien au développement durable ainsi qu’une assistance administrative mutuelle efficace en matière fiscale.  De nombreuses délégation, à l’instar de l’Égypte, ont exprimé leurs grandes attentes vis-à-vis de cet outil en construction. 

Les flux financiers illicites rongent le développement des pays africains

La future convention-cadre lutterait, de plus, contre les flux financiers illicites liés à la fiscalité et aux mauvaises pratiques fiscales.  Sur ce point, tout reste à faire, tant les flux financiers illicites corrodent le développement: en Afrique, les pays aux flux financiers illicites élevés dépensent 25 à 60% de moins dans la santé et l’éducation que les autres.  Ces flux sont cachés mais leurs effets néfastes sont clairs.  Ils alimentent la criminalité transnationale organisée et privent les gouvernements de ressources, renforçant encore leur dépendance à la dette extérieure, a démontré Mme Anu Peltola de la CNUCED, qui a établi un instrument pour les mesurer statistiquement.  Le Nigéria a remarqué qu’il faudrait aussi s’intéresser aux pays de destination, car « sans destinataires, il n’y a plus de flux ».  Le temps nécessaire pour recouvrer les avoirs, bien trop long à son goût, peut inciter à l’inaction, a-t-il ajouté, invitant à réfléchir à des mesures dissuasives.

Le soutien multilatéral aux efforts de développement a aussi été exprimé pendant cette journée de débats.  Les États-Unis ont dit avoir déboursé plus de 150 milliards de dollars ces trois dernières années en faveur des ODD, assurant en outre que 250 milliards seront octroyés pour la prochaine décennie en faveur du développement.

La Deuxième Commission se réunira de nouveau lundi à 10 heures.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Sixième Commission: de nombreuses délégations veulent avancer en vue d’une convention sur la prévention et la répression des crimes contre l’humanité

Soixante-dix-neuvième session
9e & 10e séances plénière s– matin & après-midi
AG/J/3720

Sixième Commission: de nombreuses délégations veulent avancer en vue d’une convention sur la prévention et la répression des crimes contre l’humanité

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

De nombreuses délégations ont, devant la Sixième Commission chargée des questions juridiques, demandé à « aller de l’avant » en ce qui concerne le projet d’articles sur la prévention et la répression des crimes contre l’humanité.  Ce projet d’articles, adopté en 2019 par la Commission du droit international (CDI), doit servir de base aux négociations envisagées pour l’élaboration d’une convention universelle sur cette question. 

Alors que des conventions internationales existent déjà pour le crime de génocide et les crimes de guerre, il n’en existe aucune traitant des crimes contre l’humanité.  Encouragées par la reprise de session de la Commission en avril dernier et la richesse des discussions sur ce sujet depuis deux ans, ces délégations ont demandé la convocation d’une conférence internationale en vue de négocier un tel instrument.  D’autres délégations ont, en revanche, exprimé de nettes réserves, à l’instar de la Fédération de Russie qui a mis en garde contre toute « précipitation. »

Le but d’une conférence diplomatique, ouverte à tous les États, est de négocier et de trancher les dernières questions en suspens, a fait remarquer l’Autriche, en notant que le projet d’articles est une « bonne base » pour l’élaboration d’une convention.  « Il n’est néanmoins pas gravé dans le marbre. »  Le délégué autrichien a précisé que son pays a parrainé avec le Mexique et la Gambie un projet de résolution en vue de la convocation d’une conférence diplomatique en 2026.  « Nous pouvons aboutir à un traité qui améliore véritablement la vie des peuples », a-t-il assuré.

Un point de vue pleinement partagé par le Royaume-Uni qui a estimé que les divergences qui demeurent ne doivent pas empêcher « d’aller de l’avant. »  Ces divergences peuvent être surmontées au moyen de négociations, a ajouté cette délégation, tout en admettant que le projet a encore besoin d’être « affiné ».  Comme le Bangladesh ou l’Irlande, le Royaume-Uni s’est porté coauteur du projet de résolution précité.  Cabo Verde, au nom de la communauté des pays de langue portugaise, s’est également dit en faveur de la tenue d’une telle conférence.  « Le projet d’articles constitue une base solide ». 

« Nous devons agir de concert pour prévenir et faire cesser ces crimes odieux », a appuyé la Sierra Leone, au nom d’un groupe interrégional de 76 délégations, dont l’Union européenne et les États-Unis. Une convention sur les crimes contre l’humanité renforcerait la prévention et la répression de ces crimes odieux au niveau national, a déclaré le délégué de la Sierra Leone.  Elle établirait également des obligations pour les États de coopérer et fournirait une nouvelle base juridique pour l’extradition et l’entraide judiciaire.

La Sierra Leone a loué le fait que la Commission, grâce notamment à ces deux reprises de session, en 2023 et 2024, soit parvenue à dépasser les débats purement procéduraux.  « Dans cet état d’esprit axé sur l’action, nous espérons qu’il sera possible d’adopter, lors de cette session, ce projet de résolution convoquant une conférence. »  Le temps presse, a conclu le délégué, en exhortant les délégations à s’engager de manière constructive. 

À son tour, Malte a fait observer que l’idée d’une conférence est approuvée par une majorité de délégations, tandis que le soutien à une convention est « écrasant ».  « Nous espérons qu’un succès diplomatique viendra couronner notre session », a déclaré la représentante maltaise.  Israël s’est également prononcé en faveur d’une telle conférence, soulignant la nécessité d’un établissement des responsabilités pour des attaques odieuses comme celle ayant frappé son pays le 7 octobre 2023.

« Il s’agit du meurtre de masse de Juifs le plus grave depuis l’Holocauste. »  Notre voix doit résonner à l’unisson pour que les auteurs de tels crimes rendent des comptes, a dit le délégué israélien.  Il a estimé que la valeur ajoutée d’une telle conférence réside dans la participation large des États et la volonté de consensus.  Le Burkina Faso, le Sénégal, la Malaisie, la Colombie, la Micronésie, l’Ukraine, l’Argentine, la Bulgarie ou encore l’Irlande se sont aussi dits en faveur d’un tel texte afin de combler les lacunes du droit international.

Les divergences ont néanmoins été bien réelles. Sur la forme d’abord, des délégations, telles que la Côte d’Ivoire, ont souligné la nécessité d’un processus transparent et inclusif, afin de gagner l’adhésion de la majorité des États Membres.  « Il est essentiel que les préoccupations exprimées collectivement ou individuellement par les délégations au cours des débats tenus sur cette question, surtout lors des reprises de session, soient prises en compte dans le processus de négociation d’une convention », a déclaré la Côte d’Ivoire.

Appuyée par le Maroc, la Guinée équatoriale a souhaité, au vu des divergences exprimées, la poursuite des discussions et demandé que toute décision soit prise par consensus.  « On ne peut pas accepter tels quels les travaux de la CDI qui n’est pas un organe législateur », a rappelé cette délégation. Le Kenya a appelé à poursuivre les discussions en vue de forger un « consensus plus robuste », tandis que la République islamique d’Iran a dit qu’elle n’était pas « convaincue » par la proposition de convocation d’une conférence.  D’après le délégué iranien, divers instruments internationaux pertinents et accords bilatéraux d’assistance judiciaire fournissent déjà des bases juridiques suffisantes pour prévenir et punir les crimes contre l’humanité.

Sur le fond, l’Arabie saoudite a déclaré que le projet d’articles ne fait pas consensus en ce qui concerne les définitions, les immunités et la compétence universelle.  « Il prévoit un élargissement du concept et du champ d’application du principe de compétence universelle. »  Dans ce droit fil, l’Iran s’est dit préoccupée par les pratiques de certains États concernant les efforts de « normalisation » de la définition de crimes contre l’humanité, alors que celle-ci doit être rigoureuse. 

Son délégué a dit craindre en effet que des crimes moins graves se trouvent dans la catégorie des crimes internationaux.  Soulignant la nécessité d’éviter toute fragmentation du droit international, l’Iran a estimé que le projet d’articles ne sert pas cet objectif.  « Il ne faut pas tenter d’imposer des définitions juridiques issues d’instruments internationaux qui ne jouissent pas d’une acceptation universelle », a renchéri le Maroc, appuyé par l’Inde. 

Rappelant qu’elle participe de manière constructive à l’élaboration du projet d’articles de la CDI, la déléguée de l’Inde a demandé que soient prises en compte les préoccupations légitimes de tous les États Membres.

La charge la plus forte, tant sur la forme que sur le fond, est venue de la Fédération de Russie qui a dit son désaccord total avec la thèse selon laquelle le projet d’articles serait une convention presque achevée.  « Ce produit ne peut même pas servir de base au lancement de négociations », a tranché le délégué, en estimant que le projet de convoquer une conférence diplomatique serait non seulement prématuré mais « destructeur. »  Dénonçant la « précipitation » sur ce sujet, le délégué russe a demandé une révision totale de chaque article dudit projet.

« Il y des éléments inacceptables mais également des éléments qui n’y figurent pas », s’est-il étonné, en estimant que l’esclavage et les sanctions constituent de tels crimes.  Dans ce droit fil, le Togo, secondé par le Nigéria, a estimé qu’une définition du crime contre l’humanité en ce XXIe siècle serait « incomplète et non avant-gardiste » si elle ne prend pas en compte la question de l’esclavage.  La Malaisie a, elle, souhaité que les liens entre le projet d’articles et le Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI) soient clarifiés. 

Le projet d’articles s’appuie sur le Statut de Rome qui ne jouit pas d’un consensus international, a tancé la République arabe syrienne.  La séance a enfin été marquée par le droit de réponse exercé par la délégation de la Palestine qui a estimé qu’Israël ne peut invoquer la mémoire de l’Holocauste alors que ce pays commet des crimes contre l’humanité à l’endroit des Palestiniens. « Honte à vous, n’évoquez pas ici ces victimes », lui a répondu la délégation israélienne. 

La Sixième Commission se réunira lundi 14 octobre, à 10 heures, pour examiner le rapport de la Commission des Nations Unies pour le droit commercial international (CNUDCI).

Retrouvez toute la couverture de la session de la Sixième Commission et des sessions antérieures

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Première Commission: face à la dégradation de la sécurité internationale, les pays défendent leurs doctrines et plaident pour des mesures de confiance régionale

Soixante-dix-neuvième session
5e séance plénière – matin
AG/DSI/3739

Première Commission: face à la dégradation de la sécurité internationale, les pays défendent leurs doctrines et plaident pour des mesures de confiance régionale

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Renoncer à la « mentalité de guerre froide », universaliser le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), créer au Moyen-Orient une zone exempte d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive, mieux coopérer pour lutter contre le trafic d’armes légères et de petit calibre: en ce quatrième jour du débat général de la Première Commission (chargée des questions de désarmement et de sécurité internationale), les 22 délégations qui se sont exprimées ont exploré les moyens à privilégier pour atténuer les tensions et pacifier à terme un environnement sécuritaire ébranlé par les conflits au Moyen-Orient et en Ukraine.

La Chine, seule puissance nucléaire à s’être exprimée aujourd’hui, a défendu sa doctrine en matière de sécurité, tandis que le Bélarus, où la Russie a déployé l’an dernier des armes nucléaires tactiques, a expliqué quels sont les principes qui guident sa politique militaire alors que des « confrontations » ont toujours lieu à ses frontières.  De leur côté, plusieurs États du Groupe arabe ont souligné la nécessité urgente d’avancer dans la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive au Moyen-Orient. 

La Chine a ainsi appelé « certains pays » à renoncer à la mentalité de la Guerre froide.  Le représentant a notamment reproché aux États-Unis –sans les nommer- d’investir des centaines de milliards de dollars pour renforcer et améliorer techniquement leurs immenses stocks nucléaires et déployer de nouveaux missiles dans la Région Asie/Pacifique.  Cette attitude conduit l’humanité dans l’impasse et empêche la réalisation des aspirations de l’humanité à la création d’un monde exempt d’armes nucléaires, a soutenu le délégué.  Il a en outre invité les États dotés à reconnaître l’efficacité de la politique nucléaire de la Chine depuis 1964, date à laquelle elle a pris l’engagement, respecté à la lettre depuis, de ne jamais utiliser d’armes nucléaires contre des États non dotés ou appartenant à une zone exempte d’armes nucléaires.  La Chine continuera à œuvrer à l’amélioration de la gouvernance sécuritaire mondiale ainsi qu’à la revitalisation et à la dépolitisation de la Conférence du désarmement, a-t-il dit encore déclaré. 

Le Bélarus, sur ce thème de la dégradation et de « la fragmentation du système de sécurité international » -lesquelles sapent l’efficacité des instruments de désarmement et de contrôle des armements- a jugé urgent de restaurer la confiance dans le mécanisme multilatéral de désarmement.  À cette fin, il a préconisé de mettre fin à la politisation des processus, en s’attachant à rétablir la règle du consensus dans les secrétariats techniques des conférences d’examen des traités majeurs et des conventions interdisant les armes de destruction massive. 

À cette fin, le représentant du Bélarus a invité les délégations de la Commission à soutenir un projet de résolution que son pays présentera sur la lutte contre le risque de prolifération de ces armes, en lien avec la résolution 1540 (2004) du Conseil de sécurité.  Le représentant a en outre assuré que son pays est attaché à la sécurité nucléaire, ce qu’a reconnu, a-t-il dit, le directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) lors d’une récente visite au Bélarus. 

Le Tadjikistan a tenu à rappeler qu’il revient à l’ONU de tenir le premier rôle dans l’organisation d’une réponse rapide et coordonnée aux conflits et tensions mondiaux.  Le succès des actions de prévention et de règlement de ces défis en matière de sécurité dépend de l’utilisation efficace des outils de diplomatie préventive et de médiation, a-t-il insisté. 

À la lumière de la crise au Moyen-Orient, l’Égypte a elle aussi déploré une dégradation de l’environnement sécuritaire, la qualifiant à ce niveau de « catastrophique ».  Dans ce contexte marqué par la tragédie de Gaza, l’invasion destructrice et militaire du Liban et la rhétorique nucléaire d’Israël -un contexte de tout évidence lourd de menaces pour la sécurité internationale-, le représentant a souligné la nécessité d’avancer concrètement et « sans délais » sur la voie d’un désarmement nucléaire complet et irréversible. 

Qualifiant le désarmement nucléaire du Moyen-Orient d’impératif militaire, juridique et moral, le représentant égyptien a rappelé la nécessité de rendre universel le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), afin qu’il puisse donner sa pleine mesure. 

Le représentant a également abordé la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive au Moyen-Orient, une proposition de son pays datant de 1995.  Sur ce sujet, au cœur d’un projet de résolution annuel égyptien, il a souhaité que la cinquième session de la Conférence sur une telle zone soit assortie d’avancées supplémentaires sur le fond.  Dans une allusion claire à Israël, non partie au TNP et qui ne participe pas à ce processus de négociations, le délégué a insisté sur l’importance que tous États de la région « sans exception » s’engagent dans l’élaboration d’un « instrument juridiquement contraignant pour se débarrasser de toutes les armes de destruction massive au Moyen-Orient ». 

La Jordanie et la Mauritanie, laquelle présidera cette cinquième session en novembre prochain, à New York, ont, elles aussi, appelé Israël à assumer ses responsabilités en adhérant au TNP, en participant à la Conférence mais aussi en plaçant ses installations nucléaires « clandestines » sous le contrôle de l’AIEA.  La Jordanie et l’Iraq ont appuyé les travaux de la Conférence et souhaité plein succès à la présidence mauritanienne.  D’autres pays arabes, comme le Yémen, ont désigné directement Israël comme le principal obstacle à la réalisation d’une zone exempte d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive au Moyen-Orient.  Le représentant yéménite a ainsi considéré que le refus israélien de travailler à la création de cette zone, ainsi que de toutes les initiatives internationales visant à universaliser le TNP, exacerbe l’instabilité et la course aux armements dans la région. 

Le Maroc, de son côté, a rappelé le droit conféré à tout adhérent du TNP aux utilisations de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques. 

La circulation anarchique et en grandes quantités des armes classiques sur le plan régional, au premier rang desquelles les armes légères et de petit calibre (ALPC), a été pointée du doigt par des pays en développement des régions d’Afrique et d’Amérique latine.  Pour le Burkina Faso, ces armes alimentent depuis 2015 le terrorisme dans un pays qui avait jusqu’alors toujours été un havre de paix.  Devant cette réalité alarmante, le représentant a appelé à une mobilisation urgente et déterminée de la communauté internationale incluant le partage de renseignements, la formation des forces de sécurité et le renforcement des contrôles aux frontières. 

De leur côté, le Guatemala et la Colombie ont salué la portée du document final de la dernière réunion de la Conférence des Nations Unies chargée d'examiner les progrès accomplis dans l'exécution du Programme d'action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects, qui a décidé la création d’un groupe technique d’experts à composition non limitée chargé de suivre l’évolution de la fabrication, de la technologie et de la conception de ces armes aux effets dévastateurs sur le développement durable.  La question du suivi des munitions des ALPC tout au long de leur cycle de vie fera l’objet d’un projet de résolution dont la Colombie est l’un des principaux coauteurs. 

En fin de séance, Israël a exercé son droit de réponse, provoquant des interventions de représentants de pays arabes et de l’Iran.  La République de Corée et la République populaire démocratique de Corée (RPDC) ont également eu de vifs échanges dans ce cadre. 

La Première Commission poursuivra son débat général lundi 14 octobre, à 15 heures.  

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