En cours au Siège de l'ONU

Syrie: le Conseil de sécurité condamne les massacres de civils, en particulier alaouites, et demande aux autorités intérimaires de « protéger tous les Syriens et toutes les Syriennes »

9879e séance – après-midi
CS/16020

Syrie: le Conseil de sécurité condamne les massacres de civils, en particulier alaouites, et demande aux autorités intérimaires de « protéger tous les Syriens et toutes les Syriennes »

Le Conseil de sécurité a, aujourd’hui, dans une déclaration présidentielle, condamné fermement les actes de violence généralisés commis dans les provinces de Lattaquié et de Tartous en Syrie depuis le 6 mars, notamment les massacres de civils, en particulier au sein de la communauté alaouite. 

Gravement préoccupé par l’effet de ces violences sur la montée des tensions entre les communautés en Syrie, le Conseil demande à toutes les parties de cesser immédiatement toute violence et toute activité incendiaire et de veiller à ce que tous les civils, toutes les infrastructures civiles et toutes les opérations humanitaires soient protégés.  Il demande également aux autorités intérimaires de protéger tous les Syriens et toutes les Syriennes, « indépendamment de leur appartenance ethnique ou religieuse ».  

De même, il demande que soient menées des enquêtes « rapides, transparentes, indépendantes, impartiales et exhaustives », afin que les responsabilités soient établies et que tous les auteurs soient traduits en justice. 

Enfin, le Conseil demande que de nouvelles mesures soient prises pour empêcher que de tels faits ne se reproduisent, y compris les violences contre les personnes fondées sur l’appartenance ethnique, la religion ou les convictions, et pour protéger tous les civils en Syrie, sans distinction. 

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La situation au Moyen-Orient

Déclaration de la Présidente du Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité condamne fermement les actes de violence généralisés commis dans les provinces de Lattaquié et de Tartous en Syrie depuis le 6 mars, notamment les massacres de civils, en particulier au sein de la communauté alaouite.  Le Conseil condamne également fermement les attaques dirigées contre des infrastructures civiles, notamment des hôpitaux.  Il se déclare gravement préoccupé par l’effet de ces violences sur la montée des tensions entre les communautés en Syrie et demande à toutes les parties de cesser immédiatement toute violence et toute activité incendiaire et de veiller à ce que tous les civils, toutes les infrastructures civiles et toutes les opérations humanitaires soient protégés.

Le Conseil réaffirme que le respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire s’impose en toutes circonstances et demande instamment à toutes les parties, ainsi qu’aux États, de garantir un accès humanitaire complet, sûr et sans entrave aux populations touchées et de veiller à ce que toutes les personnes, y compris celles qui se sont rendues ou ont déposé leurs armes, soient traitées avec humanité.  Il exhorte la communauté internationale à apporter un appui supplémentaire aux efforts déployés par l’ONU et les organisations humanitaires pour accroître rapidement l’aide humanitaire afin de venir en aide aux civils dans le besoin dans toute la Syrie.

Le Conseil demande aux autorités intérimaires de protéger tous les Syriens et toutes les Syriennes, indépendamment de leur appartenance ethnique ou religieuse.

Le Conseil rappelle sa résolution 2254 (2015) et sa déclaration à la presse du 17 décembre 2024 et réaffirme son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’unité et à l’intégrité territoriale de la Syrie, et demande à tous les États de respecter ces principes et de s’abstenir de toute action ou ingérence susceptible de déstabiliser davantage la Syrie.

Le Conseil souligne qu’il importe de lutter contre le terrorisme en Syrie et se déclare gravement préoccupé par la terrible menace que représentent les combattants terroristes étrangers, notant que cette menace peut atteindre toutes les régions et tous les États Membres. Il demande instamment à la Syrie de prendre des mesures décisives pour faire face à la menace que représentent les combattants terroristes étrangers et souligne les obligations qui incombent à la Syrie en vertu de ses résolutions relatives à la lutte contre le terrorisme, en particulier les résolutions 1267 (1999), 1989 (2011), 2178 (2014), 2253 (2015) et 2396 (2017), et de ses résolutions relatives à la situation en Syrie.

Le Conseil prend note du fait que les autorités intérimaires syriennes ont annoncé avoir créé une commission indépendante chargée d’enquêter sur les violences commises contre des civils et d’en identifier les responsables, et demande que soient menées des enquêtes rapides, transparentes, indépendantes, impartiales et exhaustives, conformément aux normes internationales, afin que les responsabilités soient établies et que tous les auteurs soient traduits en justice.  Les autorités intérimaires syriennes doivent faire en sorte que les auteurs de ces massacres répondent de leurs actes.  Le Conseil prend également note de la décision des autorités intérimaires syriennes de former un comité pour la paix civile.

Le Conseil se félicite que les autorités intérimaires syriennes aient publiquement condamné les actes de violence et demande que de nouvelles mesures soient prises pour empêcher que de tels faits ne se reproduisent, y compris les violences contre les personnes fondées sur l’appartenance ethnique, la religion ou les convictions, et pour protéger tous les civils en Syrie, sans distinction.

Le Conseil souligne qu’il est important et urgent d’engager des processus de justice et de réconciliation inclusifs et transparents en vue de parvenir à une paix durable en Syrie.

Le Conseil demande que soit mis en œuvre un processus politique inclusif dirigé et contrôlé par les Syriens, facilité par l’Organisation des Nations Unies et fondé sur les principes fondamentaux énumérés dans la résolution 2254 (2015).  Ce processus doit notamment garantir la protection des droits de tous les Syriens et de toutes les Syriennes, indépendant de leur appartenance ethnique ou religieuse.  Il doit également répondre aux aspirations légitimes de tous les Syriens et de toutes les Syriennes, les protéger tous et toutes, et leur permettre de décider pacifiquement, indépendamment et démocratiquement de leur avenir.

Le Conseil réaffirme le rôle important que l’ONU joue pour soutenir une transition politique conduite et prise en main par les Syriens et réitère son soutien aux efforts déployés par l’Envoyé spécial des Nations Unies à cet égard.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Commission de la condition de la femme: vibrant plaidoyer en faveur d’une revitalisation de l’instance, malgré les coupes budgétaires annoncées

Soixante-neuvième session,
8e séance plénière – matin
FEM/2243

Commission de la condition de la femme: vibrant plaidoyer en faveur d’une revitalisation de l’instance, malgré les coupes budgétaires annoncées

À l’occasion d’un dialogue interactif de haut niveau, organisé ce matin par la Commission de la condition de la femme, des appels convergents ont résonné en faveur d’une revitalisation de cet organe onusien, principale instance intergouvernementale dédiée exclusivement à la promotion de l’égalité des genres et de l’autonomisation des femmes, afin que ses travaux concourent à accélérer la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing, adopté il y a 30 ans mais en perte de vitesse.  Cette volonté de changement a toutefois été contrariée par les annonces de coupes budgétaires dans le système de l’ONU. 

En ouvrant ce dialogue, qu’il présidait, M. Fernando Elísio Freire, Ministre de la famille, de l’inclusion et du développement social de Cabo Verde, a appelé à « cocréer » une commission de la condition de la femme qui soit véritablement à même de relever les défis en constante évolution auxquels sont confrontées les femmes et les filles, « aujourd’hui et demain ».  Selon lui, cet organe subsidiaire du Conseil économique et social (ECOSOC) devrait jouer un rôle plus large dans le renforcement des mécanismes nationaux de promotion de l’égalité des genres et l’échange de bonnes pratiques. 

Comodératrice des échanges, Mme Jennifer Carroll MacNeill, Ministre de la santé de l’Irlande, a rappelé le contexte de recul des droits des femmes dans lequel se tient ce dialogue.  Si les tendances restent les mêmes, il est fort probable qu’une fille née aujourd’hui ne verra pas l’égalité à des postes de responsabilité, a-t-elle observé.  Cette même femme devra atteindre l’âge de 68 ans avant de se réjouir de la fin des mariages précoces des filles, s’est désolée l’autre modératrice, Mme Lesego Chombo, Ministre de la jeunesse et des affaires de genre du Botswana

Revitaliser la Commission malgré la baisse attendue de ses ressources 

À cette aune, M. Abdulaziz M. Alwasil, Président de la soixante-neuvième session de la Commission, a estimé que cet organe « ne doit plus seulement être un forum de promesses » mais une instance ancrée dans l’action. Au-delà de la nécessaire revitalisation de la Commission, il faut s’assurer que les résolutions qu’elle adopte sont mises en œuvre à travers les législations des États Membres, a-t-il plaidé. 

Le Président du Conseil économique et social (ECOSOC) est venu tempérer l’enthousiasme de la salle en faisant remarquer que ce processus intervient dans des circonstances budgétaires « difficiles », en raison des annonces faites par « un certain nombre d’États Membres » concernant le financement du système de l’ONU. Faisant état d’une possible coupe de 60 milliards de dollars pour l’aide publique au développement à l’horizon 2027, M. Bob Rae a jugé indispensable de « repenser la façon dont nous travaillons ». 

En dépit de la « restructuration importante » qui s’amorce, il a appelé à préserver et consolider les progrès réalisés en matière d’égalité des genres.  « On ne peut pas perdre les avancées obtenues par les femmes et pour les femmes », a-t-il dit, souhaitant que la revitalisation de la Commission soit « bien réelle » mais assortie d’un souci d’efficacité. 

Cette baisse annoncée des ressources ne doit pas empêcher la Commission de jouer son rôle de chef de file, a réagi la représentante à New York du Comité des ONG sur la condition de la femme, pour qui il importe de revitaliser cet organe essentiel afin qu’il fasse mieux entendre sa voix et ses décisions.  À cet égard, Mme Joanne Sandler a fait part des résultats d’une consultation menée l’an dernier par le Comité sur ce thème. 

Appels en faveur d’une Commission plus axée sur les résultats 

Des quelque 600 réponses reçues lors de cette enquête, il ressort que la demande la plus souvent formulée est de faire en sorte que la Commission soit axée sur les résultats et le terrain, et qu’en sa qualité d’« épicentre mondial pour l’égalité des genres », elle continue d’agir de manière décisive en faveur du changement.  Parmi les propositions avancées, la militante a retenu la possibilité pour la Commission d’élaborer chaque année un programme d’action concret de deux pages, avec une liste de tâches à accomplir.  L’examen des progrès réalisés permettrait de promouvoir les pratiques innovantes. 

Selon Mme Sandler, la majorité des personnes interrogées souhaitent en outre que la Commission aborde toutes les questions d’actualité, notamment l’intelligence artificielle, la crise climatique et la cyberviolence, et qu’elle fasse progresser la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles. 

Constatant par ailleurs que trop de personnes sont exclues des travaux de la Commission du fait d’obstacles bureaucratiques et administratifs, elle a avancé l’idée d’avoir deux représentantes d’ONG au Bureau de la Commission et dans les bureaux régionaux de l’organe.  « Ce serait une reconnaissance du rôle essentiel et du leadership des organisations et réseaux de défense des droits des femmes », a-t-elle fait valoir. 

Des propositions de réforme très diverses

Dans la même veine, l’Allemagne a estimé que la revitalisation proposée permettrait une plus grande représentation de la société civile dans les travaux de la Commission, un avis partagé par l’Union européenne, qui, outre les ONG de femmes, a souhaité une participation accrue des jeunes et du secteur académique.  La délégation européenne a insisté sur le fait que le mandat de la Commission doit rester inchangé.  De même, le processus de revitalisation ne doit pas modifier la nature intergouvernementale de l’organe, a souligné Cuba

Si l’on plaide pour la parité des genres, alors il faut commencer par l’ONU elle-même, ont considéré les Philippines, favorables comme beaucoup d’autres États Membres à l’élection d’une femme au poste de secrétaire général de l’Organisation.  Pour l’Égypte, les Nations Unies doivent soutenir en priorité les pays en développement, qui sont en proie à de multiples crises ayant un impact direct sur la condition de la femme, de la pauvreté aux effets des changements climatiques en passant par la fracture numérique. 

Dans une intervention très applaudie, Guyana a décrit le paradoxe d’une salle de réunion pleine de représentantes alors que de nombreuses autres femmes n’y ont pas accès.  La délégation a souhaité que la salle de l’Assemblée générale, qui reste vide pendant le conclave annuel des femmes, soit désormais mise à contribution. Israël a, pour sa part, déploré que les travaux de la Commission soient le reflet de ceux des autres organes onusiens. De l’avis de la délégation israélienne, il serait utile de modifier le format des sessions pour rendre cet organe « plus productif », et non enchaîner les débats, tables rondes et discussions générales comme ailleurs. 

Pendant que l’on parle de revitalisation de la Commission, les femmes de l’est de la République démocratique du Congo (RDC) meurent « dans le silence assourdissant des soi-disant féministes du monde », s’est offusquée la représentante congolaise.  Son homologue de l’Ouganda a, elle, assuré que son pays accueille des milliers de réfugiées de RDC qui fuient les combats. 

Demain, vendredi 14 mars, la Commission tiendra à 15 heures un autre dialogue interactif de haut niveau avec les représentantes et représentants de la jeunesse. 

 

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À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

ECOSOC: le Forum pour la coopération en matière de développement ferme ses portes sur des appels à « se battre » pour cette coopération

Session de 2025
11e séance plénière – matin
ECOSOC/7193

ECOSOC: le Forum pour la coopération en matière de développement ferme ses portes sur des appels à « se battre » pour cette coopération

Après deux jours d’échanges particulièrement riches, le Forum pour la coopération en matière de développement a achevé ses travaux sur des appels à « se battre » pour sauver cette coopération, celle-ci étant désormais attaquée de toutes parts.  Les orateurs des deux tables rondes de la matinée ont notamment déploré la baisse alarmante de l’aide publique au développement (APD) et les graves conséquences qui en découleront. 

« L’APD est facile à critiquer et un outil aisé à démanteler », a ainsi déclaré la députée française, Mme Éléonore Caroit. En raison des coupes en matière d’APD, 110 millions d’enfants dans le monde pourraient être privés de vaccins contre la poliomyélite.  Les reculs risquent également d’être « monumentaux » en matière des droits des femmes, s’est-elle alarmée.  « Il faut se battre pour la coopération en matière de développement, parce qu’elle en vaut la peine », a-t-elle insisté.  

Cet appel a été relayé par le Président de l’ECOSOC, M. Bob Rae, qui a également repris à son compte une expression employée par la délégation chinoise, selon laquelle « la certitude est une ressource très rare aujourd’hui ».  Le Président a loué le consensus remarquable ayant émergé au cours de ces deux derniers jours en vue de transformer la coopération en matière de développement, afin qu’elle ait un impact réel et durable.  Elle doit par ailleurs être prévisible, répondre sur les besoins de long terme et respecter les aspirations des pays, a-t-il dit. 

L’évolution des priorités des bailleurs de fonds ne doit pas occulter les priorités fondamentales telles que la réduction de la pauvreté notamment, a dit M. Rae, en espérant que la Conférence internationale sur le financement du développement qui se tiendra dans quelques mois à Séville, en Espagne, permettra de restaurer la confiance dans la coopération.  « Nous avons besoin d’un conversation politique entre bailleurs de fonds qui veulent des changements et les pays récipiendaires qui veulent également des changements », a conclu le Président, en espérant que ces aspirations au changement puissent désormais se rencontrer. 

 

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Forum pour la coopération en matière de développement

Table ronde 4: Renforcer la coordination dirigée par les pays

Alors que nombre de pays font face au morcellement des donateurs et ploient sous le fardeau de la rédaction de rapports excessifs, cette table ronde a été l’occasion pour experts et délégations de réfléchir par quel moyen permettre aux États de concevoir et mettre en œuvre des plans et des stratégies de financement nationaux qui s’alignent efficacement avec divers partenaires de développement. 

Pour la Vice-Ministre de la coopération internationale de la République dominicaine, Mme OLAYA DOTEL CARABALLO, les plans de développement et les stratégies de financement doivent répondre aux priorités nationales, et le secteur privé est appelé à jouer un rôle essentiel dans ces processus.  Elle a également insisté sur l’importance d’une coordination basée sur la planification et un dialogue pluripartite, ainsi que du renforcement des capacités institutionnelles.  Nos stratégies sont alignées avec les priorités de nos partenaires de développement, et tiennent comptent des enjeux et des défis en matière de développement. Ce processus est ajusté le cas échéant avec les priorités des partenaires bilatéraux et régionaux. 

Pour ce qui est de la coopération régionale, la Vice-Ministre a indiqué qu’avec l’Union européenne, les consultations régionales ont abouti à l’élaboration du plan pluriannuel 2020-2027 dont le but est de redresser les problématiques structurelles de la région des Caraïbes. L’objectif final est de mettre en œuvre des activités de développement adaptées aux axes mis au point par les gouvernements.  Ce processus facilite la diversification des ressources de financement qui doivent correspondre aux besoins et à la situation de la République dominicaine qui est un petit État insulaire en développement (PEID). 

« Dans un monde interconnecté et interdépendant, les solutions isolées pour des problèmes collectifs ne fonctionnent pas », a souligné le Directeur général des politiques de développement durable de l’Espagne qui a jugé urgent de revitaliser le Programme 2030, l’Accord de Paris et la mobilisation des ressources.  M. SERGIO COLINA MARTÍN a expliqué que la coopération espagnole s’est dotée d’instruments structurés fondés sur le dialogue politique, l’appropriation nationale, la gestion des résultats et le principe de responsabilité réciproque.  Les cadres de partenariats pour le développement durable sont en adéquation avec les priorités, besoins et caractéristiques des pays partenaires.  Les échelons local et régional jouent également un rôle ainsi que le dialogue avec la société civile pour fixer les grandes priorités pour les quatre années à venir.  Cette approche permet une visibilité et de dépasser les alternances gouvernementales.  Selon lui, la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) passe également par l’échelon local qui doit jouer son rôle dans la fourniture des services de base aux populations. 

Le Directeur général de la coopération internationale et du commerce extérieur de Vanuatu, M. NOAH PATRICK KOUBACK, a indiqué que son pays est en phase de relèvement après avoir été ravagé par le séisme de décembre 2024.  Il a insisté sur l’importance de la coordination pour garantir la complémentarité et l’harmonisation avec les priorités nationales.  Pour avoir un développement centré sur l’humain, il faut une aide ciblée. 

Il a expliqué que son gouvernement dispose de mécanismes de coopération bilatérale qui permettent d’associer le secteur privé, favorisant ainsi la création d’emplois et la génération de revenus.  La coopération régionale est également un élément important. Le Forum des leaders d’Asie a permis de créer le mécanisme de financement pour la résilience du Pacifique, et Vanuatu a par ailleurs reçu 1,2 million de dollars d’une compagnie d’assurance régionale après le séisme.  S’agissant de la coopération Sud-Sud, le Timor-Leste, les Fidji, la Papouasie Nouvelle-Guinée et d’autres pays nous ont offert 2 millions de dollars pour la reconstruction.  Le Directeur général a aussi souligné l’importance du commerce international, avant d’appeler les partenaires à tenir compte de la stratégie nationale de Vanuatu et à respecter les mécanismes gouvernementaux.  L’objectif est que les ressources arrivent et soient bien utilisées, a-t-il dit. 

Au cours du débat interactif qui a suivi, l’Indonésie a insisté sur l’importance pour les pays en développement de disposer de données afin d’élaborer des stratégies en matière de coopération.  Elles aident à créer un tableau de bord de financement, réduire le gaspillage et le morcellement. 

Le Burundi a appelé à respecter l’autonome politique des pays récipiendaires de l’aide au développement, le Botswana insistant pour sa part sur la cohérence entre l’aide internationale et les priorités nationales, grâce à une coordination de l’aide pilotée par le Gouvernement.  Soroptimist International a demandé à tenir compte de la voix des femmes tandis que l’ONG Children and Youth International a appelé à financer les entreprises créées par les jeunes y compris par l’aide publique au développement (APD).  Les jeunes sont essentiels dans le secteur de l’économie des soins et de la politique des genres, a fait observer l’Espagne

Table ronde 5: Renforcer la cohérence de la coopération internationale en matière de développement pour l’adapter davantage aux objectifs

Les réformes institutionnelles à consentir pour renforcer la cohérence de la coopération en matière de développement dans un contexte de diminution de l’Aide publique au développement (APD) ont été au cœur de cette table ronde, marquée par « un débat franc », comme l’avait souhaité le Président du Conseil économique et social (ECOSOC), en présentation de cette table ronde. 

Mme ÉLÉONORE CAROIT, députée française, a planté le décor des discussions, en s’inquiétant du fait que les pays se consacrent davantage aux dépenses militaires qu’à la coopération en matière de développement.  C’est un nouveau paradigme préoccupant des relations internationales, a-t-elle dit, avant de dénoncer les attaques et la désinformation visant la coopération en matière de développement, y compris en France où certains partis répandent de fausses informations sur ce que finance la France par le biais de ses agences.  « L’APD est quelque chose de facile à critiquer et un outil aisé à démanteler ». Elle a averti qu’en raison des coupes en matière d’APD, 110 millions d’enfants pourraient être privés de vaccins contre la poliomyélite dans le monde.  Les reculs risquent en outre d’être « monumentaux » en matière des droits des femmes.  « Il faut se battre pour la coopération en matière de développement, parce qu’elle en vaut la peine. » 

Les perspectives de développement de nombreux pays sont désormais compromises, s’est inquiétée la Directrice exécutive d’IBON International, pour qui il demeure nécessaire de corriger les injustices historiques en matière de développement.  La coopération Sud-Sud, en complément de la coopération Nord-Sud, mériterait d’être davantage institutionnalisée.  Mme JENNIFER DEL ROSARIO-MALONZO a également avancé l’idée d’une convention juridiquement contraignante sur la coopération en matière de développement.  Il faut répondre aux aspirations financières des pays du Sud et honorer les engagements pris, a-t-elle dit. 

Mme SUSANNA GABLE, de la Gates Foundation, a elle aussi appelé à changer les manières de procéder, en rappelant que les différentes ressources de financement ne sont pas égales et interchangeables.  Le rendement d’un dollar d’APD n’est pas le même que celui d’un dollar généré par une exemption fiscale pour une action philanthropique.  Chaque dollar doit être utilisé à son plein potentiel.  « Tout est dilué, l’APD est diluée, comme les financements mixtes.  Ce ne sont pas les instruments qui posent un problème mais la manière dont ils sont utilisés. »  Elle a plaidé pour un nouveau cadre de financement de développement intégrant tous les sources de financement, ce qui permettrait de mieux souligner les spécificités de l’APD.  Chaque dollar doit être utilisé le mieux possible, a-t-elle insisté. 

M. BAYO OYEWOLE, Conseiller principal au sein de l’African Center for Economic Transformation (ACET), a apporté un point de vue africain, en rappelant l’incompatibilité de l’architecture financière internationale avec la nouvelle réalité mondiale et les besoins des pays africains.  Les baisses d’APD entraîneront des conséquences graves, a-t-il dit, en estimant à 19 millions le nombre d’Africains risquant de tomber dans l’extrême pauvreté.  Les programmes de développement doivent plutôt être conformes aux priorités des pays africains plutôt qu’à celles des bailleurs de fonds. « Nous avons besoin de financements innovants », a insisté ce panéliste.  Et l’Afrique doit guider la réforme de ladite architecture.

Dans le court débat interactif qui a suivi, le Portugal a appelé à renforcer l’efficacité de l’aide, afin d’optimiser une aide qui est par essence limitée.  Pour El Salvador, le critère du PIB n’est pas suffisant pour déterminer l’accès des pays à revenus intermédiaires aux financements.  Ce pays a plaidé pour une réforme tandis que la République de Corée a espéré que la conférence de Séville permettra d’aller de l’avant.  Les spécificités des pays doivent être prises en compte, a insisté le Bélarus, en demandant l’élimination des sanctions. Enfin, Oxfam a souhaité que le pouvoir informationnel et décisionnel des pays développés soit partagé avec les pays en développement. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: le Soudan, en proie à la crise humanitaire « la plus dévastatrice au monde », est aussi le théâtre d’horribles violences sexuelles

9878e séance – matin
CS/16018

Conseil de sécurité: le Soudan, en proie à la crise humanitaire « la plus dévastatrice au monde », est aussi le théâtre d’horribles violences sexuelles

Le Soudan est aujourd’hui confronté à « la crise humanitaire la plus grave et la plus dévastatrice au monde », une « polycrise » qui a le potentiel de provoquer une « catastrophe générationnelle » non seulement pour le Soudan, mais aussi pour la région et au-delà.  Tel a été le constat accablant dressé ce matin, au Conseil de sécurité, par la Directrice générale du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), lors d’une séance demandée par le Danemark et le Royaume-Uni, alarmés par la généralisation des violences sexuelles dans le pays.

Au Soudan, a relaté Mme Catherine Russell, la violence sexuelle est « omniprésente », utilisée pour « humilier, dominer, disperser, déplacer de force et terrifier toute une population ».  Elle a estimé à 12,1 millions le nombre de femmes et de filles –et de plus en plus d’hommes et de garçons– qui risquent d’être victimes de ce fléau, soit une hausse de 80% par rapport à l’année précédente.  Selon l’UNICEF et ses partenaires, 221 cas de viols d’enfants ont été signalés en 2024 dans neuf États, dont 67% de filles et 33% de garçons.  « Dans 16 des cas recensés, les enfants avaient moins de 5 ans.  Quatre étaient des bébés de moins d’un an. » 

Violences sexuelles, assaut contre les civils

Unanimes, les membres du Conseil ont condamné le recours à cette violence sexuelle, qualifiée d’« abominable » par les États-Unis et d’« horrifiante » par l’Algérie, qui a pris la parole au nom des A3+, le groupe formé par ce pays, la Sierra Leone, la Somalie et le Guyana.  Le représentant soudanais a imputé le recours à cette violence comme arme de guerre aux Forces d’appui rapide, le groupe paramilitaire en conflit avec les forces armées gouvernementales.  Elle a été encouragée par la diffusion de discours de haine fondés sur la suprématie ethnique, la création de marchés d’esclaves et la vente de filles, s’est-il indigné, avant de mettre en exergue les mesures prises par son gouvernement pour tenter d’y mette fin.

Ces violences sexuelles s’inscrivent dans le cadre plus général d’un assaut lancé contre les civils et les infrastructures civiles, dont certains membres du Conseil ont également jugé que le Gouvernement soudanais était responsable.  C’est le cas du Danemark, qui a regretté que la réponse humanitaire soit dans l’impasse « alors que les Forces armées soudanaises comme les Forces d’appui rapide instrumentalisent délibérément les opérations humanitaires ».  Pour la délégation danoise, « le voile de la bureaucratie ne devrait jamais être invoqué pour bloquer ou détourner une aide vitale », alors que les personnels de l’ONU sont victimes d’intimidations et de menaces. 

« Malgré l’urgence évidente de la situation au Soudan, l’acheminement de l’aide humanitaire au Soudan demeure extrêmement et, dans certains cas, délibérément complexe », a signalé le Secrétaire général de Médecins Sans Frontières (MSF). M. Christopher Lockyear a expliqué que l’obtention des permis de voyage reste difficile, l’accès à travers les lignes de front nécessite des négociations exténuantes et, malgré des accords préalables, les centres humanitaires vitaux de l’ONU au Darfour restent bloqués.  Et dans les zones contrôlées par les Forces d’appui rapide, le groupe armé et ses affiliés ont retardé arbitrairement les convois d’aide et imposé des péages et des taxes injustifiables par l’intermédiaire de l’Agence soudanaise pour les secours et les opérations humanitaires (SARHO). 

Les organisations humanitaires qui tentent de fournir de l’aide dans les zones contrôlées par les Forces d’appui rapide sont confrontées à un choix impossible: se conformer aux exigences de la SARHO et risquer d’être expulsées par les autorités de Port-Soudan, ou refuser et voir leurs opérations interrompues par la SARHO. 

Estimant que la crise au Soudan exige un changement fondamental par rapport aux « approches inefficaces » du passé, le patron de MSF a plaidé pour un nouveau pacte humanitaire, fondé sur un engagement commun en faveur de la protection des civils et garantissant aux organisations humanitaires l’espace opérationnel dont elles ont besoin.  Ce pacte devra également imposer un moratoire sur toutes les restrictions à l’aide humanitaire et veiller à ce que l’intervention reste indépendante de toute ingérence politique. 

Quelles mesures adopter face à cette situation?

De son côté, le représentant soudanais, qui s’est longuement épanché sur les efforts déployés par son gouvernement pour atténuer les souffrances des populations, a appelé le Conseil à prendre des mesures immédiates pour mettre fin aux ingérences étrangères « flagrantes » et imposer des sanctions dissuasives à toutes les parties impliquées dans le soutien aux Forces d’appui rapide, y compris les pays et entités qui les financent et leur fournissent des mercenaires.  À la suite de l’intervention des Émirats arabes unis, qui ont rappelé avoir organisé en février une conférence humanitaire en marge du Sommet de l’Union africaine afin d’obtenir une trêve pour le ramadan, le Soudan s’est également livré à un réquisitoire virulent contre ce pays du Golfe, accusé de soutenir les Forces d’appui rapide et de violer l’embargo sur les armes. Les Émirats arabes unis, qui ont rejeté ces allégations, ont de leur côté exhorté le Conseil à faire de la violence sexuelle liée aux conflits un critère de désignation autonome dans le cadre du régime des sanctions applicable au Soudan.

Le Secrétaire d’État adjoint aux affaires étrangères du Royaume-Uni, M. Ray Collins, a estimé qu’il faut continuer à faire pression sur les parties belligérantes pour qu’elles respectent les engagements pris en matière de protection des civils dans le cadre de la Déclaration de Djedda.  La France s’est d’ailleurs dite favorable à la création d’un mécanisme de supervision et de vérification des engagements pris par les signataires de cette déclaration.  De leur côté, les États-Unis ont jugé « insuffisante » la déclaration faite à la presse la semaine dernière par la présidence du Conseil pour dénoncer la tentative des Forces d’appui rapide d’établir un gouvernement parallèle. 

Le conflit au Soudan peut et doit être résolu par des moyens politiques et diplomatiques, préalable au lancement d’un large dialogue national impliquant toutes les « forces patriotiques » poursuivant un agenda exclusivement « unificateur », a estimé la Fédération de Russie qui a jugé essentiel « d’éviter de répéter les erreurs des cinq dernières années dans la poursuite de schémas politiques étrangers à la société soudanaise ». L’ONU, et en particulier le Conseil de sécurité, devrait compléter et accompagner le processus de paix au Soudan, et non imposer des prescriptions « manifestement vouées à l’échec ».

Dans l’immédiat, la Directrice générale de l’UNICEF a demandé au Conseil qu’il fasse pression sur toutes les parties au conflit afin qu’elles garantissent une circulation rapide, sans entrave et sûre des travailleurs humanitaires et des articles de première nécessité au travers des lignes de conflit et des frontières, par tous les points d’entrée - l’accès humanitaire via le poste frontière d’Aweil pour atteindre le Darfour oriental et le Kordofan occidental est crucial, a-t-elle signalé.  La haute fonctionnaire a également demandé au Conseil d’appeler les donateurs à garantir que l’UNICEF et toutes les autres organisations humanitaires puissent rester dans le pays et intervenir auprès des enfants.  « Nous estimons à 1 milliard de dollars en 2025 le montant de l’aide vitale à apporter à 8,7 millions d’enfants vulnérables », a-t-elle indiqué. 

La délégation américaine a par ailleurs fait savoir que le Secrétaire d’État, M. Marco Rubio, est en train de réexaminer tous les programmes d’aide fournis par Washington pour veiller à leur conformité avec la politique étrangère des États-Unis.  M. Rubio, a-t-elle précisé, a approuvé une dérogation pour l’aide humanitaire vitale couvrant les vivres d’urgence, les médicaments et les abris, « notamment pour le Soudan ».

 

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Rapports du Secrétaire général sur le Soudan et le Soudan du Sud

Exposés

Mme CATHERINE RUSSELL, Directrice générale du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a déclaré que, près de deux ans après le début du conflit, le Soudan est aujourd’hui confronté à « la crise humanitaire la plus grave et la plus dévastatrice au monde ».  Avec une économie, des services sociaux et des infrastructures au bord de l’effondrement, près des deux tiers de la population, soit plus de 30 millions de personnes, auront besoin d’une aide humanitaire cette année, a-t-elle annoncé.  Seize millions d’entre eux sont des enfants, et ils paient un lourd tribut.  La famine sévit dans au moins cinq localités, où l’on estime à 1,3 million le nombre d’enfants âgés de moins de 5 ans qui en souffrent.  « Plus de 3 millions d’enfants de moins de 5 ans sont exposés à un risque imminent d’épidémies mortelles, notamment de choléra, de paludisme et de dengue, en raison d’un système de santé défaillant », a poursuivi la haute fonctionnaire, qui a ajouté que 16,5 millions d’enfants en âge d’être scolarisés, soit près d’une génération entière, ne le sont pas.  Cette « polycrise » touche tous les secteurs, de la santé et de la nutrition à l’eau, l’éducation et la protection. 

Mais au Soudan, les enfants subissent aussi une violence effroyable, a poursuivi Mme Russell.  Entre juin et décembre 2024, plus de 900 cas de violations graves contre des enfants ont été signalés, dont 80% ont entraîné des meurtres et des mutilations, principalement dans les États du Darfour, de Khartoum et de Gazira.  « Malheureusement, nous savons que ces chiffres ne représentent qu’une fraction de la réalité », a déploré la Directrice générale qui a indiqué qu’en seulement deux jours en février, 21 enfants ont été tués et 29 autres mutilés par des bombardements à Kadougli, dans l’État du Kordofan méridional.  L’utilisation généralisée d’armes explosives continue d’avoir des conséquences dévastatrices pour les enfants, sachant qu’elles ne disparaîtront pas à la fin du conflit, a-t-elle ajouté. 

Au Soudan, la violence sexuelle est omniprésente.  « Elle est utilisée pour humilier, dominer, disperser, déplacer de force et terrifier toute une population », a décrit la Directrice générale, qui a estimé à 12,1 millions le nombre de femmes et de filles –et de plus en plus d’hommes et de garçons– qui risquent d’être victimes de violences sexuelles, soit une hausse de 80% par rapport à l’année précédente.  Selon les données analysées par l’UNICEF et recueillies par des prestataires de services au Soudan, 221 cas de viols d’enfants ont été signalés en 2024 dans neuf États.  Dans 16 des cas recensés, les enfants avaient moins de 5 ans.  Quatre étaient des bébés de moins d’un an.  Une jeune fille nous a raconté comment, seule à Khartoum après la mort de ses parents, elle a été violée par quatre hommes armés et masqués.  Même après avoir enduré tant d’autres horreurs, elle a décrit cela comme « la plus grande épreuve » qu’elle ait jamais subie.

Selon Mme Russell, l’ampleur et la gravité de cette crise exigent une désescalade urgente du conflit et un accès humanitaire sans restriction, tant au-delà des frontières que des lignes de conflit, afin de combattre et d’atténuer la famine, et de répondre aux besoins immédiats de millions de personnes vulnérables.  Malheureusement, les parties n’ont pas convenu d’itinéraires communs à travers les lignes de conflit pour l’acheminement de l’aide, en particulier dans les zones les plus touchées.  Malgré ces énormes défis, l’UNICEF continue d’intervenir partout comme il le peut.  En 2024, nous avons fourni de l’eau potable à plus de 9,8 millions d’enfants et de familles en 2024, dépisté la malnutrition chez 6,7 millions d’enfants et fourni des traitements vitaux à 422 000 enfants sévèrement malnutris.

Mme Russell a formulé quatre demandes au Conseil de sécurité.  Tout d’abord, qu’il affiche une unité pour exiger la protection des enfants et des infrastructures dont ils dépendent pour survivre, conformément au droit international humanitaire, aux droits de l’homme et aux principes fondamentaux d’humanité.  Ce Conseil doit ensuite dialoguer avec toutes les parties au conflit et faire pression sur elles afin de garantir une circulation rapide, sans entrave et sûre des travailleurs humanitaires et des articles de première nécessité au travers des lignes de conflit et des frontières, par tous les points d’entrée: par exemple, l’accès humanitaire via le poste frontière d’Aweil pour atteindre le Darfour oriental et le Kordofan occidental est crucial.  La haute fonctionnaire a également appelé le Conseil à rétablir et à faciliter la présence permanente de l’ONU et de ses partenaires dans les zones où les besoins sont les plus critiques. 

Elle a ensuite appelé à la cessation, « de toute urgence », de tout soutien militaire aux parties pour empêcher une nouvelle escalade de la violence, avant de demander au Conseil d’appeler les donateurs à garantir que l’UNICEF et toutes les autres organisations humanitaires puissent rester dans le pays et intervenir auprès des enfants.  « Nous estimons à 1 milliard de dollars en 2025 le montant de l’aide vitale à apporter à 8,7 millions d’enfants vulnérables », a-t-elle indiqué.  Sans ces actions urgentes, cette crise accablera davantage la société soudanaise et les souffrances augmenteront de manière exponentielle, provoquant une catastrophe générationnelle qui menacera l’avenir du Soudan, de la région et au-delà.

M. CHRISTOPHER LOCKYEAR, Secrétaire général de Médecins Sans Frontières (MSF), a déclaré que la guerre au Soudan est une guerre contre les populations: les Forces d’appui rapide, les Forces armées soudanaises et les autres parties au conflit ne se contentent pas de ne pas protéger les civils, elles aggravent activement leurs souffrances.  Les Forces armées soudanaises ont bombardé à plusieurs reprises et sans discernement des zones densément peuplées, tandis que les Forces d’appui rapide et les milices alliées ont lancé une campagne de brutalité, marquée par des violences sexuelles systématiques, des enlèvements, des massacres, le pillage de l’aide humanitaire et l’occupation d’installations médicales.  Les deux camps ont assiégé des villes, détruit des infrastructures civiles vitales et bloqué l’aide humanitaire, s’est indigné le Secrétaire général de MSF apportant le témoignage de sa récente visite, il y a six semaines, dans l’État de Khartoum, à l’hôpital al-Nao d’Omdurman, soutenu par MSF, juste après le bombardement du marché de Sabreen par les Forces d’appui rapide.  « L’hôpital était le théâtre d’un véritable carnage. » 

Il a indiqué que les équipes de MSF, qui gère des programmes médicaux dans plus de 22 hôpitaux et 42 centres de soins de santé primaires dans 11 des 18 États du Soudan, constatent des niveaux critiques de malnutrition sévère et une recrudescence de maladies évitables par la vaccination, notamment la rougeole, le choléra et la diphtérie.  Les effets dévastateurs de cette guerre « alimentée de l’extérieur » sont aggravés par les restrictions imposées à l’accès humanitaire, qu’elles soient délibérées ou le résultat d’une paralysie bureaucratique, de l’insécurité ou de l’effondrement de la gouvernance et de la coordination. 

Il a néanmoins fait état de progrès sur certains fronts: l’accès transfrontalier au Darfour via l’Égypte; l’amélioration du traitement des visas pour le personnel international; et l’ouverture de pistes d’atterrissage spécifiques pour les vols humanitaires à Dongola et Kassala.  Mais malgré l’urgence évidente de la situation, l’acheminement de l’aide humanitaire au Soudan demeure extrêmement et, dans certains cas, délibérément complexe. 

Il a indiqué que l’obtention des permis de voyage reste difficile, l’accès à travers les lignes de front nécessite des négociations exténuantes et, malgré des accords préalables, les centres humanitaires vitaux de l’ONU au Darfour restent bloqués.  Dans les zones contrôlées par les Forces d’appui rapide, le groupe armé et ses affiliés ont retardé arbitrairement les convois d’aide et imposé des péages et des taxes injustifiables par l’intermédiaire de l’Agence soudanaise pour les secours et les opérations humanitaires (SARHO). 

Illustrant son propos, il a indiqué que le transport d’une cargaison de 60 tonnes d’aide humanitaire de N’Djamena, au Tchad, à Tawila, au Darfour septentrional, coûte la somme exorbitante de 18 000 dollars, dont plus d’un tiers doit être payé sur la route.

Les organisations humanitaires qui tentent de fournir de l’aide dans les zones contrôlées par les Forces d’appui rapide sont confrontées à un choix impossible: se conformer aux exigences de la SARHO et risquer d’être expulsées par les autorités de Port-Soudan, ou refuser et voir leurs opérations interrompues par la SARHO.  Dans tous les cas, l’aide vitale est en jeu, a-t-il averti, soulignant en outre que les affirmations de souveraineté ne peuvent continuer d’être utilisées comme une arme pour restreindre le flux de l’aide. 

« Vos appels restent creux », a-t-il lancé à l’intention des membres du Conseil de sécurité, et la réponse humanitaire vacille, paralysée par la bureaucratie, l’insécurité, l’hésitation au risque de devenir « le plus grand désinvestissement de l’histoire de l’aide humanitaire ». 

Le patron de MSF a donc plaidé pour un nouveau pacte humanitaire, fondé sur un engagement commun en faveur de la protection des civils et garantissant aux organisations humanitaires l’espace opérationnel dont elles ont besoin.  Il devra également imposer un moratoire sur toutes les restrictions à l’aide humanitaire et veiller à ce que l’intervention reste indépendante de toute ingérence politique.  Ce pacte devra également remplacer le système actuel de contrôle par un système qui préserve la survie et la dignité du peuple soudanais. Un tel accord, a-t-il ajouté, nécessite à la fois une volonté politique et un leadership capables d’amener les parties belligérantes à s’aligner sur les impératifs humanitaires. 

Cependant, même l’accord le plus solide est voué à l’échec sans l’engagement des donateurs à augmenter les financements et une approche plus proactive du Secrétariat des Nations Unies afin de mandater le plein redéploiement des agences humanitaires au Darfour et dans l’ensemble du Soudan.  « La crise au Soudan exige un changement fondamental par rapport aux approches inefficaces du passé. »

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Commission de la condition de la femme: nouveau débat ministériel sur les mécanismes nationaux favorisant l’égalité des genres

Soixante-neuvième session,
6e séance plénière – matin
FEM/2242

Commission de la condition de la femme: nouveau débat ministériel sur les mécanismes nationaux favorisant l’égalité des genres

Comme la veille, la Commission de la condition de la femme a tenu, ce matin, un débat ministériel sur l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes et des filles, l’occasion pour les intervenants de présenter les mécanismes, législations et partenariats mis en place au niveau national pour traduire dans les faits le Programme d’action de Beijing, 30 ans après son adoption, et ainsi contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD). 

En tant que pierre angulaire du Programme de développement durable à l’horizon 2030, l’autonomisation économique et sociale des femmes passe par l’éducation, la santé, la protection contre la violence fondée sur le genre mais aussi par leur représentation systématique dans la prise de décisions à tous les niveaux, tant dans le milieu public et institutionnel que dans celui des affaires, ont souligné plusieurs participantes. 

Dans ce droit fil, la Ministre et Directrice adjointe du Comité national de travail sur les enfants et les femmes du Conseil des affaires d’État de la Chine, panéliste de ce débat, a mis en avant la politique volontariste de son pays, décrivant l’étendue des efforts déployés par le Gouvernement central de son pays pour promouvoir le rôle des femmes dans la société et l’économie chinoises.  Une politique qui s’appuie sur 75 objectifs et 33 mesures stratégiques, avec un système de suivi statistique reposant sur 2 500 indicateurs, a-t-elle expliqué, signalant une forte réduction des écarts entre hommes et femmes dans les domaines de l’éducation et de l’emploi.  

L’entrepreneuriat et le crédit au service de l’autonomisation  

Convaincu que le développement dépend de l’autonomisation des femmes et des filles, le Gouvernement sud-africain a également intégré une approche de genre pour toutes ses politiques, particulièrement sur le plan économique.  La Ministre des femmes, de la jeunesse et des personnes handicapées de ce pays a précisé que des aides à hauteur de 100 milliards de rands ont été dirigées vers l’entrepreneuriat féminin et que 40% des marchés publics sont ouverts à des entreprises dirigées par des femmes.   

L’indépendance financière étant l’un des principaux leviers de l’autonomisation, les interventions ont souvent porté sur l’importance, pour les femmes, de l’accès au crédit et aux services bancaires.  À l’instar de nombreuses participantes de délégations africaines, la Ministre de la femme, de la famille et de l’enfant de la Côte d’Ivoire a fait état de « programmes structurants » destinés à accompagner l’entrepreneuriat féminin, notamment un fonds d’appui qui a permis à plus de 360 000 femmes d’accéder à un financement pour développer leurs activités économiques. 

Son homologue de la solidarité nationale, des affaires sociales et du genre du Burundi a évoqué le soutien apporté aux femmes entrepreneurs par des banques d’investissement et de développement.  Dans le même registre, la Ministre de l’action sociale, de la solidarité et de la promotion des femmes du Togo a indiqué que, par sa politique de quotas pour les marchés publics et les projets agricoles, le fonds national de la finance inclusive appuie l’entrepreneuriat féminin. 

Il n’en reste pas moins qu’un financement international accru sera nécessaire pour garantir la pérennité des programmes d’égalité des genres, ont signalé tour à tour des représentantes du monde en développement.  L’intégration systématique d’indicateurs sensibles au genre dans la planification et l’évaluation des politiques de développement a été encouragée. 

Lutter contre les violences fondées sur le genre pour faire progresser les droits 

Sur un autre volet, la Ministre de l’égalité des genres, de la prévention de la violence et de l’autonomisation des femmes de la Serbie, seul pays dans l’est des Balkans doté d’un tel ministère, a fait valoir que l’indépendance financière est un facteur essentiel pour lutter contre les violences conjugales. 

La question de la violence fondée sur le genre, problématique partagée par les pays développés et en développement, a été abordée sous différents angles.  La Ministre des femmes et de l’égalité des genres du Canada a ainsi annoncé que son pays a signé la semaine dernière la Convention interaméricaine sur la prévention, la sanction et l’élimination de la violence contre la femme.  Elle a qualifié ce traité de « mécanisme essentiel » pour faire progresser les droits des femmes dans le monde et fournir un cadre pour lutter contre les violences faites aux femmes et l’éradiquer. 

De son côté, la Ministre de l’égalité des genres et de la diversité du Luxembourg a fait état de la préparation d’un premier plan national de lutte contre les violences fondées sur le genre, tandis que son homologue tchèque signalait un renforcement de la législation de son pays en la matière ainsi qu’un élargissement de la spécialisation des tribunaux pénaux en matière de violence domestique et sexuelle.  La Vice-Ministre des affaires étrangères de la Géorgie s’est, pour sa part, enorgueillie de l’indemnisation qu’offre son pays aux victimes et survivantes de telles violences, y voyant une première étape vers la garantie de leur protection financière. 

La participation aux décisions, condition de l’égalité des genres

Autonomisation et représentation des femmes dans les sphères de décision allant main dans la main, la Ministre de l’autonomisation des jeunes, du développement social, des questions de genre, du vieillissement et des handicaps de Saint-Kitts-et-Nevis, autre membre du panel ministériel, a axé son intervention sur les mesures prises par son pays pour promouvoir des femmes à des postes de dirigeant.  Un effort qui a contribué à l’élection de la première Gouverneure générale en 2022, a-t-elle relevé, ajoutant que l’archipel connaît aujourd’hui son plus haut niveau de participation de femmes au sein du Cabinet gouvernemental et du Parlement, et que sa fonction publique est gérée à 75% par des femmes. 

Sur le même thème, la Ministre de la cohésion sociale et des affaires familiales de la Grèce a indiqué que son pays fixe désormais des quotas pour les femmes dans toutes les procédures électorales et dans les conseils d’administration.  La Ministre de la promotion des femmes, de l’enfance et des personnes vulnérables de la Guinée a, quant à elle, fait état de l’adoption d’une loi sur la parité permettant l’accès des femmes aux mandats électoraux et aux fonctions électives dans les institutions publiques.  Elle a ajouté que l’avant-projet de la nouvelle Constitution prévoit des quotas importants pour les femmes dans les instances de prise de décision. 

De l’avis de la Ministre de la famille des Émirats arabes unis, les quotas de genre, tant dans le secteur public que le secteur privé, se révèlent être un catalyseur important pour lutter contre la sous-représentation systématique des femmes et les obstacles institutionnels.  Elle a précisé que, dans son pays, au moins un siège doit être réservé aux femmes au sein des conseils d’administration.  La Vice-Ministre des affaires étrangères du Japon a évoqué des règles comparables, des objectifs chiffrés étant fixés pour la représentation de femmes cadres dans les principales entreprises cotées en bourse. 

Depuis 2022, a-t-elle poursuivi, le Japon a également rendu obligatoire pour les entreprises d’une certaine taille de divulguer des informations sur les écarts de salaire entre les hommes et les femmes, une question épineuse soulevée par d’autres intervenantes, en particulier la Secrétaire d’État à la famille, aux personnes âgées, aux femmes et aux jeunes de l’Allemagne, selon laquelle les femmes de son pays gagnent deux fois moins que les hommes au cours de leur vie.  L’une des raisons à cela est qu’une femme sur deux en Allemagne travaille à temps partiel, le plus souvent contre son gré, a concédé la responsable, avant d’appeler à investir dans l’offre de garde d’enfants et à concevoir un monde du travail favorable à la famille, en collaboration avec des partenaires du secteur privé et des syndicats. 

Pour pouvoir agir sur l’égalité économique et salariale, la Belgique et l’Estonie ont dit miser sur le numérique afin de disposer de données chiffrées en temps réel.  La Ministre estonienne a annoncé la mise en place un programme dédié spécifiquement à la lutte contre les écarts de salaires entre les hommes et les femmes, qui permet aux employeurs et décideurs de les analyser en quelques « clics ». 

La société civile, acteur essentiel du changement

Ce débat a aussi été marqué par des appels au sursaut, compte tenu des reculs alarmants observés dans de nombreux pays.  Décrivant le jalon de 1995 comme un véritable « mandat » pour la communauté internationale, la Secrétaire d’État allemande a exhorté les tenants de l’autonomisation des femmes et des filles à « maintenir le cap », alors qu’aucun pays au monde n’a réellement atteint une véritable égalité des sexes au sens de l’ODD no 5. 

« Le changement ne se produit pas tout seul, il est le résultat des efforts déterminés de gouvernements progressistes à travers le monde, d’une société civile forte, notamment des organisations de femmes, et de la puissance du multilatéralisme », a renchéri la Ministre de l’égalité des genres et de la vie professionnelle de la Suède, résumant le sentiment d’une large part des participantes, notamment de l’Envoyée spéciale pour les femmes et les filles du Royaume-Uni. 

La Ministre de la protection sociale de l’Estonie, autre panéliste de cette discussion, a, elle, mis en garde contre la montée de mouvements populistes qui alimentent les idéologies antiféministes et menacent la sécurité des femmes et des filles dans le monde entier. Face à cette tendance, elle a mis en exergue le rôle de premier plan joué par la société civile. 

Abondant en ce sens, la Ministre du bien-être et de la réduction de la pauvreté, de la culture et de l’égalité des chances de la Belgique a argué qu’en impliquant la société civile, les politiques d’égalité des genres gagnent en intégrité, en efficacité et en résilience.  Ce n’est qu’ainsi que leur impact peut être durable, a-t-elle insisté. 

Demain, jeudi 13 mars, la Commission tiendra à 10 heures un dialogue interactif de haut niveau sur son rôle dans l’accélération de la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing, avant de poursuivre son débat général dans l’après-midi. 

 

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À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Cinquième Commission: aux propositions du Secrétaire général pour gérer la crise de trésorerie à l’ONU, la Fédération de Russie ajoute la réduction de la masse salariale

Soixante-dix-neuvième session
27e séance plénière – matin
AG/AB/4492

Cinquième Commission: aux propositions du Secrétaire général pour gérer la crise de trésorerie à l’ONU, la Fédération de Russie ajoute la réduction de la masse salariale

Comme l’ONU redoute un déficit de plus de 600 millions de dollars et une situation d’insolvabilité dès le mois d’octobre de cette année, si les dépenses ne sont pas réduites de 400 millions de dollars, le Secrétaire général a soumis aujourd’hui, à la Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, ses propositions pour prévenir d’autres problèmes de liquidités. 

Les mesures d’austérité, telles que la réduction des services de conférence, le gel des recrutements et les coupes dans les dépenses, peuvent être efficaces pour éviter les défauts de paiement mais elles ne peuvent pas résoudre ces problèmes, dit le Secrétaire général dans son dernier rapport (A/79/734).  Aux propositions de M. António Guterres, la Fédération de Russie a ajouté la réduction des salaires dans toutes les catégories du personnel de l’ONU et ce, pour une période de six mois.

S’agissant du budget ordinaire, le Secrétaire général impute les crises récurrentes à plusieurs facteurs, y compris, le versement tardif et partiel des contributions; les fluctuations importantes des habitudes de paiement des États Membres; l’insuffisance des réserves, en particulier du Fonds de roulement; ou encore les méthodes budgétaires, dont la restitution des fonds inutilisés aux États Membres, tous les deux ans, et l’ajout de mandats en cours d’année. 

M. Guterres propose donc la restitution des crédits inutilisés au titre du budget ordinaire, des opérations de maintien de la paix et des tribunaux de manière cohérente, sur la base de la pratique suivie actuellement pour les opérations de maintien de la paix, et la création d’un mécanisme permettant de suspendre temporairement la restitution des crédits inutilisés au titre des activités financées au moyen du budget ordinaire lorsque la situation de trésorerie risque d’empêcher l’Organisation d’exécuter l’intégralité du budget de l’année suivante.

Il propose aussi le maintien de la gestion commune de la trésorerie des opérations de maintien de la paix en cours, à l’issue de la période d’essai qui se terminera en juin 2027; et l’utilisation, en dernier recours, de l’excédent de trésorerie des tribunaux ayant fermé pour que les opérations de maintien de la paix en cours puissent obtenir des liquidités.

En règle générale, les délégations ont promis d’accorder à ces propositions l’attention qu’elles méritent.  L’Union européenne, soutenue par le Royaume-Uni, a tout de même voulu que les mesures proposées n’alourdissent pas le fardeau financier de ceux qui honorent toujours leurs obligations financières.  La meilleure façon de résoudre les problèmes de liquidités est d’obtenir des États qu’ils honorent leurs obligations financières à temps et intégralement, ont souligné le Groupe des 77 et la Chine.

Ils n’ont pas manqué de dénoncer le fait qu’un seul pays, les États-Unis, bénéficiaires exclusifs du taux plafond dans les quotes-parts, doit 90% des arriérés au titre du budget ordinaire.  Une chose est claire, a souligné l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), la crise financière de l’ONU est principalement due aux paiements tardifs et aux non-paiements des contributions. 

Il est temps que les États Membres comprennent l’importance d’honorer leurs obligations financières à temps et intégralement, s’est-elle impatientée. La viabilité financière de l’ONU ne devrait pas être un sujet de débat récurrent, mais une responsabilité partagée par tous les États Membres, s’est, à son tour, agacée la Suisse, qui parlait également au nom du Liechtenstein. 

Si nous ne dotons pas l’Organisation des ressources nécessaires, nous perdons également une partie du contrôle sur le processus budgétaire, a-t-elle prévenu. Nos décisions restent lettre morte, tandis que nous subissons, sans maîtrise, des réductions dans certaines sections du budget, affaiblissant ainsi la souveraineté budgétaire des États Membres sur l’ONU, a fait observer la Suisse.

Le Groupe des 77 et la Chine ont aussi rappelé qu’il appartient à l’Assemblée générale de suspendre ou pas la restitution des fonds inutilisés aux États. Le Royaume-Uni s’est également dit préoccupé par l’idée d’un mécanisme automatique de conservation de ces fonds. Ce qu’il nous faut, ce sont des solutions durables et un équilibre avec les budgets nationaux. 

La discipline budgétaire doit être de mise à l’ONU.  Il ne fait aucun doute que la solution réside dans la promotion d’une culture de l’efficacité institutionnelle fondée sur la formulation de budgets réalistes, a ajouté le Mexique.  Il faut, a-t-il plaidé, s’attaquer à la rigidité structurelle des règles financières de l’ONU. 

Munie de ses propres solutions, la Fédération de Russie a d’abord réclamé la levée des sanctions unilatérales « injustes » qui empêchent les pays concernés d’honorer leurs obligations financières vis-à-vis de l’ONU.  Elle a aussi proposé un moratoire sur la mise en œuvre de certains mandats de l’Assemblée générale, en particulier ceux qui ont été adoptés par vote et sans consensus. 

N’épargnant en aucun cas le personnel de l’ONU, elle a défendu l’idée de réduire la masse salariale: retenir, pendant une période de six mois, 10% des salaires de la catégorie des services généraux et des administrateurs de grade 1 à 4 et 20% des salaires des administrateurs P5 et au-dessus, à savoir, les directeurs, les sous-secrétaires généraux et les secrétaires généraux adjoints. 

La Fédération de Russie a aussi proposé une réduction drastique des dépenses liées aux voyages du personnel de l’ONU.  En revanche, elle s’est dite favorable à une augmentation de 15% de la charge de travail des traducteurs. 

« Je demande de nouveau instamment aux États Membres de trouver des solutions pour remédier à la précarité de la situation financière de l’Organisation et éviter que l’exécution des mandats ne soit systématiquement mise à mal de ce fait », insiste le Secrétaire général dans son rapport, tout en assurant que l’Organisation reste résolue à utiliser efficacement et rationnellement les fonds qui lui sont confiés, à gérer la crise de liquidités de manière à réduire autant que possible son incidence sur l’exécution des mandats et à communiquer aux États Membres des informations à ce sujet de la façon la plus transparente possible.

En fin de la séance de ce matin, la Cinquième Commission a été saisie du rapport (A/79/575/Add.1) et (A/79/7/Add.47) du Secrétaire général sur les dépenses supplémentaires estimées à 871 000 dollars découlant des décisions du Conseil des droits de l’homme.  Le Comité consultatif de la Cinquième Commission a rabaissé ce montant à 479 900 dollars. 

L’Uruguay, qui s’exprimait également au nom des Bahamas, du Chili, du Costa Rica, de l’Équateur, du Guatemala, du Honduras, du Mexique, du Paraguay et de la République dominicaine, a insisté sur le fait que le financement adéquat et prévisible des mandats découlant des résolutions et décisions du Conseil des droits de l’homme est une priorité.  La Cinquième Commission ne saurait devenir un organe destiné à saper les mandats établis. 

La Cinquième Commission tiendra une autre séance publique lundi 17 mars, à partir de 10 heures, pour examiner le projet de budget révisé de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI). 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

ECOSOC: multiplication d’inquiétudes face à la contraction de l’aide internationale dans le cadre de la coopération pour le développement

Session de 2025
9e & 10e séances plénières – matin & après-midi
ECOSOC/7192

ECOSOC: multiplication d’inquiétudes face à la contraction de l’aide internationale dans le cadre de la coopération pour le développement

Le Conseil économique et social (ECOSOC) a, ce matin, entamé son Forum pour la coopération en matière de développement, qui intervient à un moment crucial.  En effet, près de 600 millions de personnes seront confrontées à l’extrême pauvreté d’ici à 2030 et les pays en développement à des déficits annuels de financement des objectifs de développement durable (ODD) pouvant atteindre 4 000 milliards de dollars. 

Alors que le système de coopération internationale pour le développement vacille, précisément au moment où les besoins sont les plus considérables et les priorités urgentes, le Président du Conseil économique et social, M. Bob Rae, du Canada, a rappelé l’importance d’accroître son efficacité, mais aussi de renforcer les capacités et les ressources nationales pour que les gouvernements puissent soutenir leur développement économique de manière durable, en tirant le meilleur parti des nouveaux modèles et technologies de financement innovants. 

Des objectifs d’autant plus nécessaires pour le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Li Junhua, que le contexte actuel sur le plan international est marqué par le recul des principaux bailleurs de fonds, qui menace de compromettre la réalisation des ODD.  Dès lors, les pays en développement, étranglés par le service de la dette, ne sont plus en mesure de fournir à leurs populations des services de base ou d’opérer une transition énergétique juste.  Mais tout effort de réforme devra se faire dans le respect de l’appropriation nationale des pays en développement, a insisté le haut fonctionnaire, qui a également plaidé pour un système fiscal plus juste prévoyant une action internationale robuste contre les flux financiers illicites. 

Dans son rapport sur les tendances et progrès en matière de coopération internationale pour le développement, présenté ce matin par le Sous-Secrétaire général chargé du développement économique, M. Navid Hanif, le Secrétaire général de l’ONU confirme que les tendances en matière de flux d’aide publique au développement (APD) doivent être inversées notamment en ce qui concerne la proportion d’APD versée aux pays en développement, la coopération pour le développement recentrée sur la qualité, l’utilité et l’efficacité, et l’architecture réformée, tant au niveau mondial qu’au niveau national.  À cet égard, « le rôle moteur des pays doit être renforcé afin de dépasser la notion traditionnelle de prise en main, notamment au moyen d’une éventuelle consolidation ou d’une meilleure adéquation des stratégies de développement durable, des contributions déterminées au niveau national et des cadres de financement nationaux intégrés », préconise le Chef de l’Organisation. 

Le multilatéralisme doit corriger les excès de la mondialisation -source de déséquilibres et d’inégalités entre les peuples- en mettant fin à la dérégulation qui la caractérise, a recommandé pour sa part la Conseillère spéciale du Secrétaire général pour l’Afrique. 

Mme Cristina Duarte a décrié la « faible supervision » à l’origine de fraudes et d’une évasion fiscale « massives », qui ont donné lieu à des pertes de recettes s’élevant à plusieurs milliards de dollars à travers le monde.  À de tels « méfaits » s’ajoute le manque de reddition de comptes, les institutions financières internationales n’ayant pas de mécanisme adéquat pour répondre à une crise comme celle des subprimes (prêts à risque) en 2008, s’est-elle inquiétée. 

À la suite de ce processus, on a vu l’affaiblissement des États en tant que garants de la coopération internationale, a constaté Mme Duarte, qui a regretté la disparition d’un monde construit sur un contrat social fort il y a 60 ans, dans lequel les pays jouaient un rôle important dans la redistribution des richesses.  Mais la Conseillère a également identifié un affaiblissement de la capacité des États récipiendaires de l’aide, alors que la coopération bilatérale et multilatérale est de plus en plus dictée par les forces du marché. Aussi lui est-il apparu nécessaire d’œuvrer à la mise en place d’une « gouvernance mondiale axée sur les peuples » si l’on veut mettre en œuvre les ODD. 

« Dans cette dynamique opposant mondialisation et multilatéralisme, il nous faut forger notre espace et le préserver coûte que coûte », a-t-elle insisté.

Le Forum pour la coopération en matière de développement, dont le thème cette année est « Transformer la coopération internationale pour le développement: passer d’un dialogue à l’échelle mondiale à l’action », organisera en tout cinq dialogues interactifs d’ici à la fin de ses travaux demain. 

Au cours de cette séance, la Slovénie a par ailleurs été élue au Comité d’organisation de la Commission de consolidation de la paix pour un mandat prenant effet aujourd’hui et s’achevant le 31 décembre 2026 ou avant si elle cessait d’être membre de l’ECOSOC. 

 

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Forum pour la coopération en matière de développement

Table ronde 1: Faire en sorte que la coopération en matière de développement fonctionne dans le monde actuel

Les vulnérabilités des pays en développement et la baisse alarmante de l’aide publique au développement (APD) ont été au cœur de cette première table ronde du Forum.  Les intervenants ont par ailleurs souligné l’importance de la prochaine Conférence internationale sur le financement du développement, prévue en Espagne fin juin, pour revitaliser la coopération en matière de développement, « une occasion en or » pour plusieurs pays. 

Les conséquences lourdes d’une diminution de l’APD cette année et en 2026 ont été soulignées par le Président du Comité d’aide au développement (CAD) de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), M. CARSTEN STAUR.  L’Europe doit désormais renforcer ses capacités de défense, a-t-il avancé comme l’une des explications.  Et cette aide devra en conséquence être plus ciblée. 

Notant que l’APD est un élément essentiel pour de nombreux pays vulnérables, il a invité à « repenser l’APD » en vue de la concentrer sur les pays les plus pauvres et la transformer en catalyseur d’autres moyens de financement, notamment une meilleure mobilisation des ressources nationales.  L’APD ne permettra pas de relever tous les défis, même si les pays développés honoraient leurs engagements, a-t-il toutefois fait observer, tout en appelant à éviter les doublons et les rivalités inutiles. 

Ce qu’il nous faut c’est un changement de paradigme, a opiné la Directrice exécutive de l’Agence péruvienne pour la coopération internationale (APCI), Mme NOELA PANTOJA CRESPO, en prônant une plus grande flexibilité du système mondial de coopération et des échanges accrus de connaissances.  Notant que l’APD ne tient compte que du revenu par habitant, alors qu’une approche multidimensionnelle est nécessaire, elle a estimé que le revenu ne doit pas être le seul critère de calcul.  En prévision de la conférence de Séville, elle a plaidé pour une rénovation des critères, prenant notamment en compte la mobilité sociale et donc les inégalités. Ce doit être un critère d’admissibilité à l’APD.  « Nous devons innover et la gravité de la situation est peut-être une occasion à saisir. » 

Il faut effectivement repenser l’APD pour la rendre plus efficace, a estimé à son tour M. HÅVARD MOKLEIV NYGÅRD, de l’Agence norvégienne de coopération pour le développement (NORAD) qui a rappelé que seuls 17% des ODD sont en passe d’être atteints, dans un contexte de baisse « sans précédent » des flux d’APD qui ont diminué de 25%. Selon lui, des attentes excessives sont placées dans les pays bailleurs de fonds, lesquels sont confrontés à des défis tels que la guerre d’agression russe ou les catastrophes humanitaires de plus en plus nombreuses.  Aujourd’hui, l’APD est utilisée pour éteindre des incendies, non pas pour le long terme, s’est-il inquiété. 

Lors du débat interactif qui a suivi, les pays en développement ont été exhortés à plusieurs reprises à honorer leurs engagements au titre de l’APD.  Ce fut notamment l’appel de l’Iraq, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, qui s’est également inquiété de l’insuffisance du financement climatique alors que la crise climatique touche de plein fouet les pays en développement. La conférence de Séville doit être l’occasion de repenser la gouvernance dans ce domaine.  Le Népal, au nom des pays les moins avancés (PMA), n’a pu que constater le niveau alarmant de l’APD, qui n’est pas à la hauteur de l’urgence.  Une position reprise par de nombreux orateurs, notamment la Guinée équatoriale qui, au nom du Groupe des États d’Afrique, a appelé à inverser cette tendance préoccupante, l’Indonésie plaidant pour sa part en faveur d’une plus grande appropriation nationale de l’APD.  L’accès aux biens publics mondiaux est un défi majeur pour les pays en développement, a constaté la République dominicaine

« Nous avons besoin de plus d’aide, et non pas moins », a déclaré Oxfam, y voyant un « impératif moral ». « L’aide diminue les risques de guerre, c’est un outil pour la paix. »  « Cette baisse de l’APD est inacceptable », a soutenu Cuba. La Colombie, appuyée par le Costa Rica, a espéré que la conférence de Séville permettra l’adoption de mesures concrètes permettant d’inverser les tendances préoccupantes en matière de développement. 

L’Espagne a souligné la nécessité de mieux prendre en compte les vulnérabilités des pays en développement, tandis que la Slovénie a souhaité un meilleur ciblage de l’aide et une reddition de comptes, ainsi qu’une rénovation des critères d’octroi de l’APD.  Séville sera l’occasion de renforcer l’architecture mondiale en matière de coopération pour le développement, a dit la déléguée slovène. La Fédération de Russie a indiqué que le but de l’APD doit être la réduction de la pauvreté, avant de dénoncer les sanctions imposées par les pays développés et les réticences de ces derniers à transférer leurs technologies.  La Russie est un bailleur de fonds fiable, a dit le délégué, en indiquant que son APD est d’un milliard de dollars par an. 

Le Royaume-Uni a appelé de son côté à renforcer la coopération dans les domaines où son impact sera le plus important, avant de plaider pour une réforme des banques de développement et une augmentation des financements privés.  « Notre volume d’APD n’a cessé d’augmenter », ont déclaré à leur tour la Croatie et la République de Corée.  La Chine a souligné la centralité de l’ONU en matière de développement et appelé à lutter contre l’unilatéralisme.  Les pays développés doivent accroître leur APD, a tranché la Chine, en rappelant qu’elle n’impose aucun droit de douane aux PMA. 

Table ronde 2: Améliorer les modalités pour mieux répondre à l’évolution des besoins, des vulnérabilités et des priorités

Modérée par M. PAUL SMOKE, Professeur de finances publiques et de planification à l’Université de New York, cette table ronde a été l’occasion de faire le point sur les différentes modalités de coopération pour le développement et la façon dont elles peuvent répondre à l’évolution des besoins et des vulnérabilités.  À travers des exemples concrets et des discussions approfondies, les participants ont abordé les conditions et les contextes dans lesquels différents instruments – subventions, prêts, appui budgétaire, financements mixtes – peuvent contribuer efficacement à la réalisation des objectifs de développement durable.

Présentant les grands enjeux de cette table ronde, Mme RABAB FATIMA, Secrétaire générale adjointe et Haute-Représentante pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement, a rappelé que la dette publique dans les pays les moins avancés (PMA) avait augmenté de 50% depuis la pandémie, et que 40% des petits États insulaires en développement (PEID) connaissent des difficultés semblables.  Dans ce contexte, il est essentiel d’élargir l’accès de ces pays au financement à des conditions avantageuses pour garantir la stabilité économique, la résilience climatique, le développement humain et de veiller à ce que la coopération pour le développement soit prévisible et alignée sur les priorités nationales des États bénéficiaires. 

Elle a également appelé à améliorer la qualité, l’efficacité et l’impact de la coopération au développement, en particulier pour les pays en situation particulière. 

Quand on parle de modalités, on veut parler d’approches, de politiques, et d’efficacité des interventions qui doivent être en fonction du contexte, en particulier dans les pays vulnérables, a renchéri le Directeur de l’Agence italienne de coopération pour le développement (AICS).  Outre les prêts à condition avantageuse, M. MARCO RICCARDO RUSCONI a cité les échanges de dettes, un instrument important de financement qui s’est avéré très efficace pour soutenir le développement.  Par ailleurs, l’Italie a passé 16 accords avec des partenaires, dans le cadre desquels nous partageons nos pratiques optimales dans des domaines aussi variés que la sensibilisation aux initiatives climatiques.  Nous avons également mis en place un fonds italien pour le climat, doté de 4,4 millions d’euros, consacré au financement de mesures d’atténuation mais aussi d’adaptation, s’est-il encore félicité. 

Conseiller spécial du Ministre de la santé publique et de la population d’Haïti, M. Paul Ruddy Mentor a dressé pour sa part un bilan des actions à entreprendre. À court terme, il faudrait que les États mettent en place des groupes d’intervention rapide, comme le Rapport d’Évaluation Rapide de l’Impact de la Crise (Rapid Crisis Impact Assessment - RCIA), créé par le Gouvernement haïtien avec l’appui des organisations internationales, et renforcer les mécanismes de coordination interagences.  À moyen terme, M. Mentor a préconisé d’investir dans l’analyse des données pour améliorer les prévisions et de développer les initiatives communautaires, et à long terme, d’institutionnaliser les processus d’élaboration de politiques adaptatives et de concevoir des infrastructures résilientes et des filets de sécurité sociale. 

À son tour, la Directrice de la coopération pour le développement au Ministère des finances et de la planification nationale de la Zambie, Mme PAMELA KAUSENI, a indiqué que son pays finançait le soutien aux projets, soit par des prêts, soit par des subventions.  L’appui budgétaire sectoriel a été utilisé principalement dans les domaines de la santé et de l’éducation, et l’appui budgétaire général l’a été pendant la période suivant l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE), à laquelle, a-t-elle précisé, la plupart des partenaires de développement ont cessé de souscrire vers 2013.  Toutefois, la Banque mondiale et la Banque africaine de développement se sont montrées disposées à assurer l’appui budgétaire général, principalement pour soutenir les réformes macroéconomiques dans les pays qui en ont besoin.

À l’issue de ces interventionsl’Inde a expliqué que son modèle de développement inclut différents instruments et formes d’aide, considérant que ce panachage doit être conforme aux priorités nationales du pays bénéficiaire.  Le meilleur moyen de compenser le déclin de l’Aide publique au développement (APD) est encore de mettre en place des financements mixtes public-privé, a estimé le Réseau européen sur la dette et le développement.  Les Philippines ont souligné que la réforme de l’architecture financière internationale est indispensable pour renforcer l’intégration des plans de développement et éviter l’exclusion des pays à revenus intermédiaires des processus de prise de décision. 

Table ronde 3: Quels sont les moteurs de la qualité, de l’impact et d’un véritable leadership national dans la coopération internationale en matière de développement?

Fragmentation de l’aide, manque de moyens, lassitude – panélistes et délégations ont dressé une longue liste des défis à relever avant de pouvoir véritablement renforcer la coopération internationale en matière de développement.

Insistant sur l’importance de la responsabilité mutuelle dans les cadres de coopération internationale, le Directeur général par intérim de la National Development Agency d’Afrique du Sud, M. THABANI BUTHELEZI, a estimé que les relations traditionnelles donateur-bénéficiaire doivent évoluer vers des partenariats équitables privilégiant les bénéfices mutuels. 

Illustrant son propos, M. Buthelezi a indiqué que l’Afrique du Sud a mené des programmes vitaux dans le cadre de la coopération internationale pour le développement.  Mais le bailleur de fonds a annulé ses promesses de contribution sans préavis et sans tenir compte des conséquences sur le terrain, a-t-il déploré.  S’il s’était agi d’un partenariat équitable, le retrait des financements aurait été géré différemment.

De son côté, le Représentant permanent des Maldives a signalé que la fragmentation de la coopération pour le développement pousse les PEID à confier la conception de leur plan de développement à des entités plus importantes.  Or, les procédures de candidature de ces dernières sont complexes et les PEID ont du mal à respecter les critères en raison de leurs capacités institutionnelles limitées.  On passe plus de temps à respecter ces critères qu’à appliquer les programmes, a regretté M. ALI NASEER MOHAMED.

Selon lui, une mutualisation des ressources permettrait aux PEID de se concentrer sur la mise en œuvre.  Il conviendrait également de renforcer les capacités à tous les échelons afin de pérenniser l’aide au-delà des bailleurs de fonds.

Lui emboîtant le pas, le Conseiller économique en financement du développement à la Banque mondiale, M. FRANCISCO CARNEIRO, a indiqué que le nombre de bailleurs de fonds a plus que doublé au cours de la dernière décennie, passant de 64% à 117%, accompagné d’une explosion du nombre d’entités qui fournissent de l’aide.  En Éthiopie, leur nombre est ainsi passé de 118 à 258 en 20 ans.  Rendez-vous compte à quel point il est difficile de dialoguer avec plus de 200 agences, a-t-il interpellé.  En outre, le montant moyen des subventions a baissé de 40%, et de moins en moins de fonds sont versés vers les budgets publics, de plus en plus de projets étant exécutés par d’autres entités.

Experte économique à la Banque interaméricaine de développement, Mme MARIA VICTORIA DEL CAMPO a insisté pour sa part sur l’importance d’engager des réformes pour renforcer l’appropriation nationale, en coordination avec les bailleurs de fonds pour éviter les doublons.  Il faut aussi tenir compte des différentes perceptions quant à l’efficacité du développement, renforcer les capacités d’apprentissage et d’adaptation et établir des mécanismes pour tenir les dirigeants responsables de l’efficacité des politiques de développement.

Au cours du dialogue interactif, la Norvège s’est intéressée au rôle du coordonnateur résident, constatant que cette fonction a été rarement évoquée durant le Forum.  Il faudrait une volonté de États Membres pour mieux utiliser le mécanisme des coordonnateurs résidents, a renchéri le Représentant permanent des Maldives, qui a par ailleurs déploré l’impact des rapports de pouvoir entre bailleurs de fonds et récipiendaires sur les négociations en rapport avec l’octroi de fonds.  Les partenaires sont à même de dicter les termes de l’aide, même si elle ne correspond pas aux attentes des pays en développement, a-t-il déploré.

Il faut intégrer l’aide au système national, ce qui n’est pas chose aisée, a commenté M. JÜRGEN KARL ZATTLER, du Centre for Global Development (CGD), qui modérait cette table ronde.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Commission de la condition de la femme: débat ministériel sur les mesures nationales d’autonomisation des femmes et leur contribution au Programme 2030

Soixante-neuvième session,
4e séance plénière – matin
FEM/2241

Commission de la condition de la femme: débat ministériel sur les mesures nationales d’autonomisation des femmes et leur contribution au Programme 2030

Au deuxième jour de sa soixante-neuvième session, la Commission de la condition de la femme a tenu, ce matin, un débat ministériel sur le thème « mécanismes nationaux pour l’égalité des genres et l’avancement des femmes et des filles: renouveler l’engagement de mettre en œuvre le Programme d’action de Beijing, mobiliser les ressources à cet effet et accélérer cette mise en œuvre, en vue également de contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable ».  L’échange avec les États Membres a permis d’identifier des solutions favorisant l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes et des filles. 

Les membres du panel ministériel ont, pour la plupart, présenté des initiatives nationales en lien avec la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing et, partant, du Programme de développement durable à l’horizon 2030. La Ministre de la famille et des politiques sociales de la Türkiye a insisté sur l’autonomisation économique des femmes, priorité à laquelle son gouvernement donne corps en soutenant l’entrepreneuriat féminin et l’accès des femmes et des filles aux sciences, à la technologie, à l’ingénierie et aux mathématiques, domaines encore largement dominés par les hommes. 

L’autonomisation par l’entrepreneuriat et la lutte contre les violences 

Relevant que la Türkiye fait partie des 23 pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) à mettre en œuvre une politique budgétaire prenant en compte l’égalité entre les sexes, la Ministre a mis en avant deux plans de développement qui permettent à son pays d’intégrer de manière transversale les questions de genre dans le budget national.  Dans ce cadre, a-t-elle expliqué, un effort particulier concerne la formation et le financement des femmes entrepreneurs, ainsi que le renforcement des échanges entre communautés urbaines et rurales. 

Tout en faisant état de mesures semblables à l’échelle de son pays, le Ministre du développement social et de la sécurité humaine de la Thaïlande a mis l’accent sur la nécessité de faire reculer la violence et la discrimination à l’égard des femmes et des filles.  Pour lutter contre ces fléaux, principaux freins à l’autonomisation, son gouvernement a fait adopter l’an dernier une loi contre la violence conjugale.  Il a également pris un ensemble de mesures destinées à lutter contre le harcèlement sexuel, en particulier sur le lieu de travail. 

En matière de protection contre la violence sexuelle et fondée sur le genre, des centres pour femmes célibataires et familles vulnérables ont été créés dans tout le pays, a poursuivi le Ministre.  Chacun de ces centres offre aux femmes l’opportunité de suivre une formation professionnelle dans un contexte favorable à l’éducation des enfants, de bénéficier de microfinancements et de trouver un logement, a-t-il indiqué, ajoutant qu’une aide financière d’urgence et des refuges sont aussi disponibles pour les femmes et les filles vulnérables. 

Cette même priorité a été mise en avant par la Ministre de la femme de la République dominicaine, qui a souligné l’importance accordée par son gouvernement à l’éradication de la violence fondée sur le genre.  L’autre axe majeur de la politique nationale d’autonomisation des femmes est la réduction de la fracture numérique et l’aide à l’entrepreneuriat via des programmes de mentorat, a-t-elle indiqué, tandis que la Ministre des affaires européennes du Monténégro mettait en exergue la volonté de son pays de faire davantage participer les femmes dans les secteurs politique et économique.  « L’objectif est de s’assurer que les jeunes femmes aient voix au chapitre sur l’avenir du pays », a résumé cette responsable gouvernementale. 

L’accès des femmes aux technologies, condition de leur essor 

Au cours du débat, plusieurs délégations ont mis l’accent sur l’implication des femmes dans le secteur des technologies, conscientes que le numérique peut constituer un viatique pour l’égalité des genres.  Dans ce contexte, Aruba a dit vouloir garantir que les femmes ne soient pas seulement des consommatrices de technologies, mais également des initiatrices. De son côté, l’Inde s’est enorgueillie d’une implication des femmes et des filles dans tous les domaines technologiques, y compris l’intelligence artificielle. 

À cet égard, la Secrétaire générale de l’Union internationale des télécommunications (UIT), modératrice de cette discussion, a rappelé qu’à peine 0,8% des femmes du monde avaient accès à Internet en 1995, année de l’adoption de la Déclaration de Beijing, tandis que seulement 2% possédaient un téléphone portable.  Selon elle, le Programme d’action entériné il y a 30 ans avait déjà misé sur l’impact des technologies pour amplifier le message de l’égalité des genres. 

C’est pour entretenir cette dynamique et encourager les filles à faire carrière dans ce secteur de pointe que l’UIT organise chaque mois d’avril la Journée internationale des jeunes filles dans le secteur des technologies de l’information et des communications, a-t-elle expliqué. 

Nécessaire participation des femmes aux processus de décision

Dans une perspective d’égalité des genres réelle, plusieurs délégations ont souligné la nécessité d’une augmentation de la participation des femmes à la vie publique et aux processus de prise de décisions.  À ce propos, Aruba et le Samoa se sont déclarés fiers d’avoir une femme à la tête de leur gouvernement pour la première fois de leur histoire.  Certains pays, notamment les Îles Marshall et la République de Corée, ont à nouveau plaidé en faveur de la désignation d’une femme au poste de secrétaire général de l’ONU en 2026. 

Le Maroc a ensuite indiqué qu’une entité de lutte contre les discriminations a été mise sur pied afin d’accompagner le Gouvernement à adapter la législation nationale aux dispositions des accords multilatéraux auxquels le royaume chérifien est partie.  Après avoir fait observer que l’égalité des genres est consacrée dans sa Constitution, la Jordanie a relevé que son parlement national comprend désormais 20% de femmes, une première pour le pays.  À son tour, le Mali a expliqué que les femmes qui concourent aux grandes écoles reçoivent le soutien de l’État, qui entend ainsi appuyer leur participation à la vie de la nation. 

La France a dit militer pour l’implication de la société civile dans la construction de sociétés égalitaires, notamment en veillant au financement d’ONG dédiées à la cause des femmes.  Il en va de même pour la Suisse, qui finance chaque année les ONG œuvrant dans ce domaine.  La délégation helvétique a aussi invité les hommes à participer activement à l’autonomisation des femmes, « main dans la main » avec ces dernières. 

La participation est également économique, a fait valoir le Brésil, non sans rappeler que les femmes noires du pays ont un salaire moyen de 50% inférieur à celui des hommes blancs.  La misogynie et les féminicides sont également des problèmes majeurs de la société brésilienne, a reconnu la délégation.  Pour le Mexique, l’autonomisation passe par un soutien économique aux femmes les plus démunies, une approche partagée par le Paraguay, qui a dit cibler en priorité les femmes en situation de vulnérabilité. 

Au Nigéria, plus de 60% des plus de 200 millions d’habitants sont des jeunes, dont la majorité des femmes, a souligné la Ministre de la condition féminine et du développement social.  Il est donc crucial de favoriser l’accès des filles à une éducation en toute sécurité, notamment dans les zones rurales et celles en proie à des conflits, a-t-elle affirmé, avant de rappeler que son gouvernement entend éradiquer la pratique des mariages précoces d’ici à 2030.  Quant à la représentation des femmes aux postes à responsabilité et dans la gouvernance, un projet de loi est actuellement à l’examen pour la faire progresser. 

En ouvrant ce débat, la Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine a réaffirmé l’attachement de son pays au Programme d’action de Beijing, malgré les défis sans précédent posés par la guerre à grande échelle menée par la Russie contre son pays.  Afin de tenir compte de cette « nouvelle réalité », l’Ukraine a modifié son plan national de mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité sur « les femmes et la paix et la sécurité », a-t-elle noté.  À présent, il soutient la participation des femmes aux processus de consolidation de la paix et de reconstruction et offre une assistance essentielle aux survivantes de violences sexuelles liées au conflit. 

De l’avis de l’Union européenne, la période actuelle marquée par les conflits est une opportunité pour accélérer la lutte en faveur des droits des femmes.  Tout en se vantant d’être l’une des zones au monde favorisant le plus l’essor des femmes, elle a tenu à rappeler que « l’égalité des genres est également une bonne chose pour les hommes ». 

Demain, mercredi 12 mars, la Commission tiendra à 10 heures un second débat ministériel sur le même thème, avant de poursuivre son débat général dans l’après-midi. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: l’Union européenne appelle à réaliser rapidement une paix juste et durable en Ukraine

9876e séance – matin
CS/16016

Conseil de sécurité: l’Union européenne appelle à réaliser rapidement une paix juste et durable en Ukraine

La situation en Ukraine a été abondamment évoquée, ce matin au Conseil de sécurité, à l’occasion du débat annuel sur la coopération entre l’ONU et l’Union européenne (UE), « partenaire fiable de choix » selon l’expression de la Haute Représentante de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité.  Mme Kaja Kallas, à l’instar de nombreux intervenants, a appelé à réaliser rapidement une paix juste et durable en Ukraine, alors que des négociations américano-ukrainiennes se tiennent en Arabie saoudite.  Les échanges entre Mme Kallas et la Fédération de Russie ont été particulièrement acrimonieux. 

« Il y a deux semaines dans cette enceinte, la Russie a exercé son droit de veto contre l’appui du Conseil de sécurité en faveur de l’intégrité territoriale de l’Ukraine », a d’emblée fustigé Mme Kallas, en rappelant la « sacro-sainte importance » de la Charte des Nations Unies pour un monde plus sûr, en Ukraine et ailleurs.  Comme le montre l’histoire européenne, lorsqu’un agresseur ne paye pas le prix de ses actions, cela ne fait qu’alimenter la violence, a-t-elle mis en garde. 

Estimant que les Ukrainiens doivent pouvoir décider de leur avenir, la Haute Représentante a affirmé que cette guerre d’agression peut cesser si la Russie, « qui en est la seule responsable », retire ses troupes et cesse ses bombardements contre l’Ukraine. 

Selon elle, cette guerre n’est pas une guerre européenne, pas plus qu’elle n’est une guerre entre pays voisins ou une guerre par procuration, la Russie ayant enrôlé l’Iran et la République populaire démocratique de Corée (RPDC) dans cette « guerre coloniale ». 

Une position partagée par les membres européens du Conseil, à l’instar de la Slovénie qui a estimé qu’il n’y aura pas de paix juste et durable en Ukraine si ce pays ne s’assoit pas à la table des négociations.  « L’issue des pourparlers de paix déterminera également l’avenir de la sécurité européenne, et cela ne peut se décider sans les Européens. »  Un règlement juste, global et durable par le biais d’une diplomatie inclusive fondée sur la Charte et le droit, assorti de garanties de sécurité crédibles empêchant toute reprise de la guerre, est nécessaire, a déclaré la Grèce, pour qui, comme pour la Chine, le « temps de la paix est venu ». 

« Nous sommes mobilisés, plus que jamais, pour soutenir l’Ukraine face à l’agression russe », a déclaré la France qui a estimé que dans cette guerre se joue non seulement la sécurité du continent européen, mais aussi la défense de l’ordre international.  Le Royaume-Uni a précisé travailler en étroite collaboration avec l’UE pour assurer une paix et une sécurité justes et durables en Ukraine, tandis que la République de Corée a loué la coopération étroite avec l’UE pour répondre « aux provocations de la RPDC ». 

« Début 2025, l’UE est passée d’un projet économique appelé à garantir la coopération entre d’anciens ennemis pour prévenir la guerre en Europe à un projet politique redoublant d’efforts pour semer l’inimitié et provoquer la guerre », a rétorqué la Fédération de Russie, selon qui l’UE est aujourd’hui un « bloc russophobe sclérosé » qui déploie toute son énergie pour s’opposer à son voisin de l’Est.  « Aujourd’hui plus que jamais, il est clair que l’UE a tout à perdre de cet antagonisme », a affirmé le représentant russe qui a notamment accusé la Pologne et les pays baltes, qui souffriraient d’un « complexe historique de revanchisme », d’avoir instillé la russophobie dans l’UE. 

« Il aurait été possible d’arrêter ce conflit avec les accords de Minsk, toutefois le régime de Kiev n’avait pas l’intention de mettre en œuvre ces accords », a-t-il cinglé.  Le délégué russe s’est ensuite livré à une attaque personnelle contre la Haute Représentante, qui fut la Première Ministre de l’Estonie.  À l’époque, elle avait déclaré qu’une défaite de la Russie, « ce ne serait pas si mal », ce dont s’est indigné le délégué russe. 

« Les pays voisins ont peur de la Russie parce qu’ils sont attaqués », a rétorqué la Haute Représentante, en jugeant ces peurs « fondées » et en fustigeant la tentative de la Russie de « propager la désinformation ».  Au représentant russe qui rappelait à la présidence danoise qu’un exposé au Conseil n’est pas un dialogue interactif, la France a fait observer que les « attaques ad hominem », hargneuses et acrimonieuses, ne sont pas prévues par le Règlement intérieur du Conseil. 

Alors que la guerre entre l’Ukraine et la Russie menace la sécurité européenne, les États-Unis comptent sur l’UE et sur l’Europe pour faciliter le plan de paix du Président Trump, a commenté la déléguée de ce pays.  Une fois une paix durable atteinte, il sera plus urgent que jamais pour l’UE et ses membres de jouer un rôle clef afin de fournir des garanties de sécurité en Europe.  « L’Europe doit être forte, résiliente et autosuffisante pour garantir non seulement la paix et la sécurité en Europe mais pour être un partenaire véritable dans le domaine de la paix et de la sécurité internationales », a insisté la délégation américaine. 

Le rôle de premier plan joué par l’UE s’agissant de l’aide et du financement de l’action de l’ONU a également été largement évoqué.  L’UE s’est engagée là où d’autres acteurs se sont retirés, fournissant près de 2 milliards d’euros d’aide humanitaire pour cette seule année, a fait savoir Mme Kallas.  L’UE est également le premier donateur au titre de l’aide publique au développement, en fournissant 42% de cette aide en 2022 et 2023, tandis que ses membres financent le cinquième du budget onusien de maintien de la paix. 

Les membres de l’UE sont le premier contributeur au budget ordinaire et le troisième au budget des opérations de maintien de la paix, contributions qu’ils versent en intégralité et dans les délais impartis, a renchéri la France.  De son côté, la Sierra Leone a souligné l’importance de mettre pleinement en œuvre la résolution 2719 (2023) sur le financement onusien des opérations de paix de l’Union africaine et reconnu, à l’instar de l’Algérie, le rôle de l’UE dans la réalisation de cet objectif.  « L’engagement de l’UE en Afrique, notamment dans la prévention des conflits, les opérations de maintien de la paix et le relèvement postconflit, reste essentiel au système de sécurité collective », a-t-elle souligné.  Le Guyana a dit attendre avec intérêt les options de financement considérées par l’UE s’agissant de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) en Haïti. 

De son côté, la Grèce a estimé qu’une coopération renforcée entre l’ONU et l’UE est essentielle dans les efforts collectifs visant à défendre la liberté de navigation et la sécurité maritime, évoquant la contribution de l’opération militaire de l’UE en Méditerranée (EUNAVFOR MED IRINI) au maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Le représentant du Pakistan a salué pour sa part l’aide humanitaire fournie par l’UE à Gaza et à la Cisjordanie et son appui à la solution des deux États. 

Enfin, la Haute Représentante a vigoureusement défendu le multilatéralisme, en butte à de nombreuses attaques, le Danemark y voyant « l’ADN » de l’UE.  « Nous appuyons le multilatéralisme non pas parce que cela relève de nos intérêts mais parce que c’est dans l’intérêt de tous », a indiqué Mme Kallas, tout en reconnaissant les besoins de réforme, notamment du Conseil de sécurité. Nous en appelons au soutien concret de l’UE afin de corriger l’injustice historique faite à l’Afrique quant à sa représentation, a appuyé la Sierra Leone.  La Chine a également défendu le multilatéralisme et qualifié le leadership de l’UE « d’indispensable ». 

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Coopération entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales aux fins du maintien de la paix et de la sécurité internationales: Union européenne

Exposé

Mme KAJA KALLAS, Haute Représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, a dénoncé les violations flagrantes de la Charte des Nations Unies et les tentatives visant à remplacer l’état de droit par la force.  L’Union européenne (UE) restera un partenaire de choix fiable de l’ONU, a-t-elle assuré, avant d’évoquer la guerre d’agression illicite de la Russie contre l’Ukraine.  « N’oublions pas qu’il y a deux semaines dans cette enceinte, la Russie a exercé son droit de veto contre l’appui du Conseil en faveur de l’intégrité territoriale de l’Ukraine. »  Elle a rappelé que la Charte des Nations Unies est d’une sacro-sainte importance pour un monde plus sûr, en Ukraine et ailleurs.  De même, elle a assuré que l’UE soutient l’Ukraine, conformément à son droit à la légitime défense, et recherche une paix juste et durable.  Comme le montre l’histoire européenne, lorsqu’un agresseur ne paye pas le prix de ses actions, cela ne fait qu’alimenter la violence, a-t-elle constaté.  Cette guerre peut cesser si la Russie, « qui est la seule responsable », retire ses troupes et cesse ses bombardements contre l’Ukraine.  Les Ukrainiens ne veulent pas faire partie de la Russie et doivent pouvoir décider de leur avenir, a tranché Mme Kallas.  « Nous devons tous les soutenir. »  Selon elle, cette guerre n’est pas une guerre européenne, pas plus qu’elle n’est une guerre entre pays voisins ou une guerre par procuration, la Russie ayant enrôlé l’Iran et la République populaire démocratique de Corée pour appuyer cette « guerre coloniale ».  Pour s’améliorer, tout pays doit perdre sa dernière guerre coloniale, a-t-elle affirmé, en disant que ce n’est pas encore le cas de la Russie. « Nous devons concentrer nos efforts afin de réaliser rapidement une paix juste et durable en Ukraine. » 

Passant à Gaza, la Haute Représentante a évoqué la mission d’assistance frontalière de l’Union européenne à Rafah qui, au 8 mars, a permis à 3 500 personnes de se rendre en Égypte.  Cette mission est notre contribution concrète à l’appui du cessez-le-feu.  Elle a également indiqué que l’UE est le premier fournisseur d’aide à Gaza et en Cisjordanie, précisant que ces deux dernières années, l’aide de l’UE et de ses membres s’est élevée à près de 5,1 milliards de dollars.  Elle a appuyé la solution des deux États et rejeté toute modification démographique ou territoriale, à Gaza et ailleurs.  « Nous appuyons un futur État de Palestine, Gaza en étant une partie intégrante. »  Elle a ensuite qualifié d’inacceptables les atrocités commises dernièrement en Syrie, avant d’appeler à une transition inclusive.  L’UE a, de son côté, suspendu certaines mesures restrictives, mais pourrait les rétablir si la situation se détériorait. 

Sur le dossier du financement, elle a rappelé que les membres de l’UE financent le cinquième du budget onusien de maintien de la paix.  L’Union a par ailleurs lancé depuis 2003 plus de 40 missions militaires et civiles dans le monde entier, 21 d’entre elles étant en cours.  Mme Kallas a redit l’engagement de l’UE en faveur du multilatéralisme, lequel est le seul moyen d’aller de l’avant sur de nombreuses dossiers, comme en Somalie et au Myanmar.  « Nous appuyons le multilatéralisme non pas parce que cela relève de nos intérêts mais parce que c’est dans l’intérêt de tous », a-t-elle appuyé. 

S’agissant de l’aide humanitaire, elle a indiqué que l’UE s’est engagée là où d’autres acteurs se sont retirés, fournissant près de 2 milliards d’euros d’aide cette seule année.  L’UE a ainsi alloué près de 260 millions d’euros à la réponse humanitaire au Soudan. Elle est également le premier donateur au titre de l’aide publique au développement, en fournissant 42% de cette aide en 2022 et 2023.  En outre, l’UE est la pierre angulaire du financement onusien.  Enfin, Mme Kallas a plaidé pour une réforme du multilatéralisme, en particulier de ce Conseil. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Trente ans après Beijing, la Commission de la condition de la femme adopte une déclaration politique en ouverture de sa soixante-neuvième session 

Soixante-neuvième session,
2e et 3e séances plénières – matin & après-midi
FEM/2240

Trente ans après Beijing, la Commission de la condition de la femme adopte une déclaration politique en ouverture de sa soixante-neuvième session 

La Commission de la condition de la femme a donné, aujourd’hui, le coup d’envoi de sa soixante-neuvième session en adoptant une déclaration politique qui réaffirme l’engagement pris voilà 30 ans, lors de l’adoption à l’unanimité de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing.  Étalés sur deux semaines, les travaux de la Commission porteront sur l’examen et l’évaluation de la mise en œuvre de ces jalons, avec un accent particulier mis sur les défis qui freinent la réalisation de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes. 

Dans leur déclaration politique, entérinée par consensus, les États Membres réunis à l’occasion de cette session réaffirment leur « détermination à appliquer de manière intégrale, effective et accélérée la Déclaration et le Programme d’action de Beijing, les documents finaux de la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale et les déclarations de la Commission de la condition de la femme, sachant que c’est un moyen de contribuer à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ». 

Tout en constatant que, 30 ans après la quatrième Conférence mondiale sur les femmes, « aucun pays n’a pleinement réalisé l’égalité des genres et l’avancement des femmes et des filles », ils conviennent que des obstacles majeurs subsistent, notamment des barrières structurelles, des lois et pratiques discriminatoires, des stéréotypes de genre et des normes sociales négatives, ainsi que toutes les formes de violence et de discrimination à l’égard des femmes et des filles et des niveaux importants d’inégalité à l’échelle mondiale. 

À cette aune, ils demandent au système des Nations Unies de continuer à soutenir la mise en œuvre intégrale, effective et accélérée de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing, notamment au moyen de l’intégration systématique de la dimension de genre, de partenariats multipartites, de la mobilisation de ressources pour obtenir des résultats, et du suivi et de l’évaluation des progrès à l’aide de données ventilées et de systèmes de responsabilité solides.  Ils encouragent par ailleurs la présentation de candidatures de femmes lors du prochain processus de sélection pour les postes de secrétaire général et de président de l’Assemblée générale. 

Des droits en « état de siège »

En ouvrant cette session, le Secrétaire général de l’ONU a reconnu que « garantir l’égalité pour toutes et tous est une mission de longue haleine ». Trois décennies après la Conférence de Beijing, cette promesse semble plus difficile à tenir que nous ne l’aurions jamais imaginé, a concédé M. António Guterres, pour qui « les droits des femmes sont en état de siège ».  Face au retour en force du « poison du patriarcat », qui détruit les progrès accomplis et prend des formes nouvelles et dangereuses, il n’existe selon lui qu’un antidote: l’action. 

Alors que d’immenses disparités persistent, que la violence, la discrimination et les inégalités économiques sont monnaie courante pour les femmes et les filles, le Chef de l’ONU a jugé urgent d’intensifier le financement en faveur du développement durable « et, partant, en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes ».  À ses yeux, le Pacte pour l’avenir, adopté l’an dernier, constitue une « formidable avancée dans ce sens » puisque les droits des femmes et des filles y sont « partout ». 

M. Guterres a également plaidé en faveur d’un renforcement du soutien aux organisations de femmes, d’une utilisation accrue de la technologie pour corriger les biais de genre, et d’une participation pleine, égale et effective des femmes à la consolidation de la paix et à la prise de décisions « à tous les niveaux et dans tous les domaines de la vie ». Des avancées pour lesquelles l’ONU peut servir d’exemple, étant elle-même parvenue à la parité femmes-hommes aux postes de haute direction, s’est-il enorgueilli. 

À sa suite, le Président de l’Assemblée générale, M. Philémon Yang, a fait valoir que le développement durable ne pourra être atteint que si les droits des femmes sont respectés, tandis que le Président du Conseil économique et social (ECOSOC), M. Bob Rae, rappelait que l’égalité de genre est non seulement un objectif commun mais aussi « le socle dont nous avons besoin pour bâtir un monde juste, pacifique et durable ». 

Témoignages de femmes de la société civile

Des témoignages de représentantes de la société civile sont venu éclairer ces déclarations.  Mme Jana Suliman AlRifi, étudiante saoudienne en ingénierie électrique, a confié qu’au cours de son parcours académique et de chercheuse, chaque obstacle a alimenté sa détermination.  « Je suis la preuve que la résilience et un environnement favorable peuvent permettre aux jeunes femmes de réaliser des rêves incroyables dans le monde entier », a-t-elle affirmé.  Moins enthousiaste, Mme Françoise Moudouthe, Présidente du Conseil d’administration de l’organisation non gouvernementale « The African Women’s Development Fund », a dénoncé la baisse des fonds dédiés à l’autonomisation des femmes, notamment les quelque 730 millions de dollars venant d’entités philanthropiques, avant de rappeler, à l’adresse des donateurs, que « s’engager à soutenir les droits des femmes est un acte de justice et non de charité ». 

Représentante des femmes autochtones, Mme Loretta Jeff Combs a rappelé que ses semblables ont été à l’avant-garde de la lutte pour les droits des femmes.  Un avis partagé par la représentante des jeunes, Mme Küyenray Rupayan, qui a rendu hommage au combat des femmes autochtones, avant de dénoncer la violence dans les espaces numériques et l’utilisation abusive de l’intelligence artificielle et des réseaux sociaux qui rendent invisibles les luttes des femmes. 

Malgré ces abus, l’amélioration de la culture numérique est devenue un moyen important de promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, a assuré Mme Bu Wei, qui s’exprimait au nom de la société civile dans son ensemble.  De fait, il est essentiel de garantir la participation égale et complète des femmes à l’innovation scientifique et technologique, a-t-elle argué, appelant à des politiques concrètes et à des investissements spécifiques aux femmes et aux filles. 

Dialogue interactif de haut niveau avec les commissions régionales

Dans l’après-midi, la Commission a tenu un dialogue interactif de haut niveau avec les commissions régionales de l’ONU sur les résultats des examens régionaux de la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing et sur les prochaines étapes.  Modératrice de cette discussion, la Directrice exécutive d’ONU-Habitat a établi un lien entre l’égalité de genre et l’accès des femmes au logement et au droit foncier.  Bien que des progrès aient été réalisés sur les plans législatif et pratique, un milliard de femmes et de filles qui résident dans des installations informelles risquent de se retrouver sans logement d’ici à 2050, a-t-elle alerté, appelant à investir dans un développement urbain qui tienne compte de la dimension de genre, avec un budget et une planification intégrant les effets des changements climatiques. 

Tirant les enseignements de l’examen régional Beijing + 30, la Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Europe s’est déclarée préoccupée par l’insécurité économique des femmes âgées, un phénomène que partagent les régions Europe, Asie centrale et Amérique du Nord, où une femme sur 4 aura plus de 65 ans d’ici à 2050, contre une sur 5aujourd’hui.  « En raison des systèmes de retraite et du fait que ces femmes prennent souvent en charge leur famille, il est nécessaire de mettre en place une protection sociale qui les cible spécifiquement », a-t-elle préconisé. 

S’agissant de la région Europe, elle a constaté la montée d’un « mouvement conservateur » qui restreint la portée de l’égalité entre les genres, met à mal les financements et affaiblit les mécanismes nécessaires au progrès.  Elle a d’autre part rappelé que, comme le montre la guerre en Ukraine, les conflits touchent particulièrement les femmes et les filles, qui sont exposées à des risques de violence, de traite et de difficultés économiques accrus. 

Si des propositions concrètes sont faites au sein de la région, comme l’établissement de politiques étrangères féministes, l’investissement dans les recherches et programmes relatifs aux femmes et la participation active des femmes à l’action climatique et aux pratiques agroécologiques, on note aussi une augmentation des féminicides, une diminution des opportunités économiques, une aggravation de la pauvreté des femmes et un manque de statistiques ventilées par sexe.

La Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO) a également recensé des obstacles à l’essor des femmes dans sa région. Pour sa Secrétaire exécutive, il faut agir d’urgence pour l’éducation des filles et des femmes, assurer la santé maternelle et infantile, ou encore soutenir l’autonomisation économique des femmes.  Même urgence dans l’appel lancé par la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) pour juguler des problèmes régionaux tels que les grossesses précoces, les violences à l’encontre des femmes, la sous-scolarisation des filles et la sous-représentation des femmes dans les domaines de l’éducation, de l’administration publique, de l’industrie, du commerce, de la politique ou encore des technologies.  Les représentantes de cette région ont également identifié des problèmes émergents tels que les changements climatiques, la violence sexiste facilitée par la technologie et l’augmentation des migrations en raison de défis socioéconomiques et de conflits. 

La situation des femmes a incontestablement progressé en Afrique depuis 1995, a observé, pour sa part, le Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique (CEA).  Il en a tenu pour preuve la proportion paritaire des femmes dans l’éducation primaire et secondaire, mais aussi l’augmentation du nombre de femmes à des postes à responsabilité, certains pays comme l’Ouganda dépassant la moyenne africaine de représentation politique.  Il a aussi noté que 34 pays africains ont adopté des plans d’action au titre de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité. 

Il a toutefois constaté qu’une femme sur 10 continue de vivre dans la pauvreté extrême et que l’écart entre hommes et femmes demeure. Pour combler ce fossé, la CEA propose d’utiliser la part des budgets nationaux consacrée au service de la dette pour l’égalité de genre.  Elle plaide en outre en faveur d’une baisse de l’assiette fiscale et d’un accès au marché des capitaux pour les entrepreneuses.  Enfin, pour les 17 pays les plus vulnérables aux changements climatiques, elle demande de développer la résilience via le leadership des femmes. 

Des représentantes de cette région ont déploré qu’une question centrale comme celle du VIH/sida n’occupe qu’une place mineure dans la déclaration politique adoptée par la Commission.  Elles ont par ailleurs jugé prioritaire de mettre en place des filets de sécurité sociale spécifiques compte tenu du fort taux de femmes engagées dans le secteur informel en Afrique. 

La Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP) a clôturé cet échange en notant des améliorations notables dans plusieurs domaines clefs comme la réduction de la pauvreté, l’élargissement de l’accès à la protection sociale et aux soins de santé tout comme à d’autres services publics.  Malgré ces avancées, elle a pointé de profondes lacunes, notamment des obstacles systémiques persistants en matière d’autonomisation et de résilience économiques, de représentation et d’élimination de la violence fondée sur le genre. 

De l’avis de la Secrétaire exécutive adjointe de la CESAP, la persistance de l’inégalité de genre dans la région impose de donner la priorité à l’autonomisation économique des femmes et de transformer les systèmes de soins.  Notant que de nombreuses femmes continuent d’être piégées dans des emplois informels à bas salaires, privées de protection sociale et de sécurité économique, elle a également constaté que la part disproportionnée du travail de soins non rémunéré reste un obstacle fondamental à la participation économique des femmes. 

Pour éliminer ces obstacles structurels, elle a appelé à étendre la protection sociale aux femmes, favoriser des marchés du travail qui incluent les femmes et investir dans l’économie des soins.  À cet égard, elle a qualifié d’encourageante la déclaration de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) sur le renforcement de l’économie des soins, adoptée l’an dernier, car elle positionne les soins comme un bien public et réclame des politiques globales prévoyant une protection sociale inclusive. 

Nominations et procédure

En début de séance, le Président de la soixante-neuvième session de la Commission, M. Abdulaziz M. Alwasil (Arabie saoudite) a supervisé les procédures de désignation des membres du Bureau. Les postes de vice-président sont revenus à Mme Dúnia Pires do Canto (Cabo Verde), Mme Yoka Brandt (Pays-Bas), Mme Maritza Chan Valverde (Costa Rica) et Mme Nataliia Mudrenko (Ukraine), cette dernière faisant également office de Rapporteur de la session. 

En plus de l’Ukraine et de l’Espagne, la Commission a également nommé l’Arabie saoudite et le Nigéria comme membres du Groupe de travail chargé des communications relatives à la condition de la femme. Elle a d’autre part adopté son ordre du jour provisoire (E/CN.6/2025/1) et le projet d’organisation des travaux (E/CN.6/2025/1/Add.1). 

Demain, mardi 11 mars, la Commission tiendra à 10 heures une table ronde sur les mécanismes nationaux pour l’égalité des genres et l’avancement des femmes et des filles. 

 

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