En cours au Siège de l'ONU

L’ECOSOC achève son débat sur les activités opérationnelles de développement dans un contexte d’incertitudes et de défis persistants aux Nations Unies

Session de 2025,
19e et 20e séances plénières – matin & après-midi
ECOSOC/7206

L’ECOSOC achève son débat sur les activités opérationnelles de développement dans un contexte d’incertitudes et de défis persistants aux Nations Unies

Le Conseil économique et social (ECOSOC) a achevé, aujourd’hui, son débat annuel consacré aux activités opérationnelles de développement qui s’est articulé, sur trois jours, autour de neuf tables rondes, dont deux temps forts qui ont permis aux États Membres de dialoguer avec le Secrétaire général et la Vice-Secrétaire générale.

Alors que M. António Guterres a lancé l’Initiative ONU80, un grand chantier de réformes de l’Organisation qui fête cette année son quatre-vingtième anniversaire, le Président de l’ECOSOC, M. Bob Rae (Canada), a fait remarquer que ce débat se tenait « dans un contexte d’incertitudes et de défis persistants » (montée des conflits et des inégalités socioéconomiques, crise climatique, crises simultanées de trésorerie et de financement de l’ONU).

Lors des discussions de cette session, il est apparu clairement que le système des Nations Unies pour le développement et les États Membres étaient fermement déterminés à relever les défis de taille et à accélérer la mise en œuvre des mesures visant à atteindre les objectifs de développement durable (ODD).  M. Rae a aussi relevé la valeur que les États Membres reconnaissent au système réformé des coordonnateurs résidents.

Parallèlement, un consensus général s’est dégagé sur le fait qu’il reste encore beaucoup à faire pour garantir des ressources suffisantes et prévisibles aux coordonnateurs résidents ainsi que pour améliorer la coordination, la mise en œuvre, la responsabilisation et la pérennité du système des Nations Unies.  La nécessité d’avoir des systèmes de données et d’évaluation plus performants a également été mise au jour.

« Nous devons contribuer à garantir que le système des Nations Unies pour le développement soit réactif, agile et efficace », a conclu M. Rae en rappelant que le Pacte pour l’avenir et la prochaine Conférence sur le financement du développement à Séville sont essentiels à la réalisation des ODD.

Responsabilité efficace: évaluation à l’échelle du système des Nations Unies 

Cette séance était consacrée à la présentation du rapport annuel du Bureau des évaluations à l’échelle du système, qui a été créé pour évaluer les contributions apportées par le système des Nations Unies dans son ensemble à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD). Les États Membres ont également entendu un exposé portant sur des évaluations récentes menées par le Bureau des services de contrôle interne (BSCI), notamment concernant le rôle des coordonnateurs résidents dans les contextes complexes.

Mme Andrea Cook, la Directrice exécutive du Bureau du Groupe des Nations Unies pour le développement durable (GNUDD) chargé des évaluations à l’échelle du système, qui a présenté son rapport (E/2025/57), a rappelé que la politique d’évaluation à l’échelle du système du GNUDD a été officiellement adoptée en novembre 2024. Cette politique, qui confirme l’indépendance structurelle de ce Bureau au sein du Secrétariat de l’ONU, a établi un cadre, des principes directeurs et des procédures pour cette évaluation. 

L’an dernier, a poursuivi Mme Cook, deux rapports ont été rédigés sur l’Initiative Spotlight, un investissement de plus de 500 millions de dollars destiné à lutter contre les violences faites aux femmes et aux filles.  De même, une évaluation a porté sur la performance globale et la contribution aux efforts de la réforme du système de développement des Nations Unies.  Pour Mme Cook, cette évaluation démontre la capacité d’une approche intégrée et interinstitutions à contribuer à des changements majeurs aux niveaux régional, national et local. 

Cependant, des difficultés ont été rencontrées en raison d’un modèle opérationnel complexe et des limites de compatibilité des systèmes administratifs et financiers des Nations Unies, a-t-elle tempéré.  Elle a indiqué que huit recommandations étaient ressorties de l’évaluation, qui ont toutes été acceptées dans la réponse de la Direction.  Elle a aussi souligné le rôle important que joue le Bureau des évaluations à l’échelle du système dans le renforcement de l’utilisation et de l’apprentissage de la base de données d’évaluation des Nations Unies, qui est vaste mais fragmentée.  Elle a présenté enfin deux nouvelles évaluations, dont une portant sur les progrès vers une nouvelle génération d’équipes de pays des Nations Unies.

Mme Cook a assuré que les réponses et le suivi de son Bureau sont largement accessibles, ce qui garantit la transparence tout en promouvant l’utilisation des rapports.  Un répertoire complet est d’ailleurs disponible sur les sites Internet du Groupe des Nations Unies pour l’évaluation (GNUE) et du GNUDD et, depuis 2025, sur le site Internet principal du Secrétariat de l’ONU.

Sur le plan budgétaire, elle a indiqué que sur un budget de 2,4 millions de dollars pour 2024, un total de 1,54 million de dollars a été reçu par le Bureau en contributions extrabudgétaires et 80 562 dollars en contributions en nature.  Le Bureau prévoit de lancer deux nouvelles évaluations, ainsi qu’une série d’autres rapports sous réserve de la disponibilité des ressources, a indiqué Mme Cook en précisant que le Bureau reste tributaire de ressources extrabudgétaires.  Son budget révisé est de 3,01 millions de dollars pour 2025, alors que la nouvelle structure espère élargir sa base de financement et avoir des ressources stables et prévisibles pour répondre aux attentes des États Membres.

De son côté, le Bureau des services de contrôle interne (BSCI) a indiqué la Secrétaire générale adjointe, Mme Diakité Fatoumata N’diaye, a adressé 11 recommandations depuis 2021 au Bureau de la coordination des activités de développement (BCAD), qui ont toutes été acceptées, dont 5 sont déjà appliquées et 6 en cours de mise en œuvre.  Le BSCI finalise actuellement l’examen triennal de son évaluation de la cohérence des programmes de pays de 2021, qui a révélé que quatre recommandations adressées au Bureau de coordination des pays (BCP) avaient été mises en œuvre, avec des résultats positifs.

Par ces efforts, a salué la Secrétaire générale adjointe, la proportion d’équipes de pays des Nations Unies disposant d’au moins un programme conjoint actif est passée de 78% en 2021 à 87% en 2024.  La multiplication des plans de travail conjoints a permis notamment d’identifier les domaines de complémentarité entre les entités, d’améliorer la communication avec les partenaires clés et d’améliorer la coopération avec les gouvernements.  De plus, « grâce à la réalisation d’enquêtes mondiales annuelles auprès des coordonnateurs résidents et des équipes de pays des Nations Unies, nous avons accumulé un important volume de données historiques que nous pouvons utiliser pour réaliser des analyses de tendances et d’autres évaluations, notamment en utilisant l’intelligence artificielle pour synthétiser de vastes ensembles de données », s’est réjouie Mme N’diaye. 

Après coup, le Bureau des services de contrôle interne (BSCI) a formulé quatre recommandations au Bureau du contrôle des finances pour revoir la structure du personnel du système des coordonnateurs résidents dans les contextes complexes et produire un document d’orientation sur les ressources.  En 2025, le BSCI a prévu d’évaluer le système des coordonnateurs résidents dans les pays les moins avancés (PMA), en mettant l’accent sur le soutien apporté par ce système lorsque les pays sortent de la catégorie des PMA. 

Les évaluations des politiques et programmes sont la pierre angulaire de la bonne gouvernance partout, aussi bien au sein des Nations Unies qu’au sein des gouvernements, a fait remarquer Mme Isabelle Mercier, Directrice de Bureau indépendant de l’évaluation au PNUD, qui est également Présidente du GNUE.  Elle a estimé que les connaissances du système onusien en matière d’évaluation devraient être adaptées aux besoins spécifiques des pays.  Les Nations Unies utilisent de plus en plus l’intelligence artificielle pour effectuer des évaluations en matière de mise en œuvre des ODD, a-t-elle relevé à cet égard.

Réagissant à ces présentations, les États Membres ont reconnu l’importance de la redevabilité.  Le Rwanda a estimé que la vraie responsabilisation demande un changement de paradigme au sein du système.  À son avis, les évaluations ne doivent pas être une fin en soi mais doivent au contraire aider à la prise de décision et à entreprendre des modifications subséquentes, y compris sur le plan budgétaire.  Il a réclamé une réelle responsabilité du système, y compris entre les agences, vis-à-vis des États Membres.  Or pour le délégué, il y a encore malheureusement des écarts entre les ambitions et les résultats réalisés sur le terrain par les coordonnateurs résidents. Ces derniers n’ont d’ailleurs pas les ressources suffisantes pour véritablement prendre les décisions adéquates sur le terrain, a-t-il estimé. 

L’Allemagne a aussi salué les évaluations menées par le système, avertissant qu’économiser sur les évaluations aujourd’hui coûtera cher en termes d’efficacité future.  Il a indiqué que l’Initiative ONU80 offre une occasion unique de garantir la coordination à l’échelle du système, question d’assurer une mise en œuvre plus cohérente et plus efficace au niveau des pays.  Il a appelé à combler l’écart entre les recommandations d’évaluation et leur mise en œuvre au sein du système onusien.  Il a aussi plaidé pour l’harmonisation des axes et des efforts d’évaluation avec « l’orientation stratégique ».

La Suède, comme d’autres délégations, a également souhaité que l’Initiative ONU80 permette de rassembler les activités dévaluations en une seule entité, tandis que la Fédération de Russie a souhaité que les agences et les équipes de pays soient invitées à prendre la parole au cours de ce genre de débat sur l’évaluation du système des Nations Unies pour le développement. 

Responsabilité effective: mesures visant à prévenir l’exploitation et les abus sexuels ainsi que le harcèlement sexuel

En 2024, 675 allégations d’exploitation et d’abus sexuels ont été enregistrées dans le système des Nations Unies pour le développement, a déclaré M. Christian Saunders, Coordonnateur spécial pour l’amélioration de la réponse des Nations Unies à l’exploitation et aux abus sexuels, premier orateur de cette table ronde, en précisant qu’environ 30% des cas concernaient des enfants.  De nombreux autres cas ne sont pas signalés à cause de la stigmatisation, la peur et le manque de confiance quant aux résultats des dénonciations, a-t-il ajouté en déplorant le nombre de cas d’abus qui portent atteinte à la crédibilité de l’ONU et trahissent la confiance des communautés. 

L’un des principaux défis à son avis est le manque de leadership à tous les niveaux du système des Nations Unies.  Il a cité à cet égard l’enquête mondiale menée en 2024 auprès du personnel de l’ONU sur la Politique de protection contre l’exploitation et les abus sexuels qui a révélé une augmentation inquiétante de la méfiance à l’égard des dirigeants: 10% de ceux qui ont répondu ont exprimé un manque de confiance dans la capacité à lutter contre ce fléau.  M. Saunders a donc appelé l’ONU à agir de toute urgence pour rétablir la confiance et garantir la reddition de comptes.  Il a aussi récriminé contre le manque de financement durable -aggravé par les récentes réductions budgétaires- qui prive les victimes du soutien et des services dont elles ont urgemment besoin. Les ressources nécessaires pour prévenir et lutter contre les abus sexuels doivent faire partie des coûts de fonctionnement de base de chaque entité et de chaque programme national, a-t-il préconisé.  Enfin, il a encouragé l’ONU à passer à un modèle de lutte axée sur la protection des enfants, laquelle doit être institutionnalisée et intégrée dans toutes ses activités.

De plus, M. Saunders a insisté sur le rôle que doivent jouer les États Membres pour éradiquer les causes profondes et mettre en place des cadres juridiques et institutionnels solides et efficaces pour lutter contre ce problème.  À cette fin, en 2024, l’ONU a élaboré une clause-type sur la Politique de protection contre l’exploitation et les abus sexuels, qui doit être intégrée dans tous les cadres de coopération pour le développement durable.  En conclusion, M. Saunders a prié de ne pas prétexter des réserves inhérentes à cette question ou des contraintes budgétaires pour abandonner les victimes d’exploitation et d’abus sexuels. 

« Les droits et la dignité des victimes doivent être placés au centre des efforts de lutte contre ce fléau », a renchéri Mme Najla Nassif Palma, défenseuse des droits des victimes, en insistant sur la nécessité pour les victimes de faire entendre leur voix, de bénéficier d’une assistance et d’obtenir justice.  L’ONU, a-t-elle informé, a élaboré le Protocole des nations unies sur la prise en charge et l’accompagnement des victimes d’exploitation et d’abus sexuels et a publié la Déclaration sur les droits des victimes.  De plus, la présence sur le terrain de spécialistes dédiés à l’aide aux victimes pour défendre leurs intérêts fait une réelle différence, a souligné la défenseuse citant les résultats atteints en République centrafricaine, en République démocratique du Congo, en Haïti et au Soudan du Sud: ces spécialistes ont considérablement amélioré le soutien apporté aux victimes et aux enfants nés de l’exploitation et des abus sexuels commis en situation de conflit ou de violence, car ils mobilisent des ressources, facilitent l’accès à l’aide, accompagnent les victimes pendant les enquêtes et, lorsqu’il y a des enfants nés de l’exploitation et des abus sexuels, ils aident à résoudre les demandes de reconnaissance de paternité et de pension alimentaire. 

Pour Mme Palma, le Fonds d’affectation spéciale en faveur des victimes d’exploitation et d’abus sexuels est uniquement destiné à combler les lacunes et il n’est pas possible de compter sur des contributions volontaires. Elle a donc prôné un financement intégré et prévisible pour tenir les promesses envers les victimes, en soulignant à cet égard le rôle essentiel des gouvernements hôtes, notamment par la fourniture de services publics, notamment la justice, et le renforcement des systèmes de lutte contre la violence sexiste et de protection de l’enfance.  Elle a appelé les gouvernements à aligner leur législation nationale sur les normes internationales relatives aux droits des victimes, à adopter une approche juridique plus souple pour traiter les demandes de reconnaissance de paternité et de pension alimentaire et à fournir une aide provisoire à ces enfants jusqu’à la fin de la procédure judiciaire. 

Apportant un témoignage venant du terrain, Mme Gwyn Lewis, Coordonnatrice résidente des Nations Unies au Bangladesh, a déclaré que son équipe fournit une aide multifacette, en particulier aux réfugiés rohingya, pour prévenir les exploitations et les abus sexuels.  Le système de l’ONU veille à ce que les rescapés soient au centre des efforts tout en aidant les victimes à accéder aux tribunaux locaux.  En 2023, a-t-elle indiqué, un réseau composé d’ONG, du Gouvernement et du système de l’ONU a été mis en place en faveur de la prévention et de la riposte dans le contexte local.  Mme Lewis a appelé à garantir un financement pérenne de ces efforts, sachant que cette lutte est un travail difficile nécessitant une approche cohérente. 

Dans l’échange qui a suivi, plusieurs délégations et parties prenantes ont exprimé des positions convergentes sur la nécessité de renforcer la prévention et la lutte contre les violences sexuelles, notamment dans les contextes de conflit et au sein du système des Nations Unies.  Trois axes principaux se sont dégagés de leurs interventions: la primauté de la prise en charge des victimes, le renforcement des mécanismes de prévention et de responsabilisation, et l’importance d’un appui institutionnel et financier durable. 

Le Mexique, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, l’Allemagne et la Suisse ont tous insisté sur la nécessité de recentrer les politiques sur les besoins des victimes.  Cela inclut l’accès à la justice, aux services de santé, à un accompagnement juridique, et à des mécanismes de signalement sûrs et efficaces. Le Royaume-Uni et la Suisse ont également souligné l’importance de faire entendre la voix des victimes, tandis que l’association Youth and Students for Peace, a dénoncé les préjugés persistants à leur encontre et l’absence de recours dans certains contextes professionnels.

L’Allemagne, les Pays-Bas, le Mexique, le Royaume-Uni et la Suisse ont appelé à une amélioration des mécanismes de prévention et de responsabilisation.  Le Mexique a insisté sur la formation des forces de l’ordre et des experts à l’enquête sur les violences sexuelles, selon une approche sexospécifique.  L’Allemagne a souligné l’importance de protéger les lanceurs d’alerte et de simplifier les services pour les survivants.  Les Pays-Bas ont plaidé pour une réponse coordonnée à l’échelle du système des Nations Unies.  La Suisse, pour sa part, a affirmé que la prévention repose sur une culture institutionnelle forte et un leadership engagé. 

Enfin, la nécessité de financements durables et de ressources prévisibles a été mise en avant par plusieurs délégations qui estiment que la lutte contre les violences sexuelles doit être intégrée de manière transversale dans la réforme des Nations Unies.  Le Royaume-Uni a souligné le rôle clef des coordinateurs résidents pour appuyer les efforts sur le terrain, tandis que la Suisse a mis en garde contre l’impact de la crise de liquidités sur les capacités de prévention.  En conclusion de cette table ronde, la déléguée du Costa Rica, l’une des Vice-Présidentes de l’ECOSOC, a demandé aux États Membres de mettre en place des mécanismes d’application de la tolérance et des sanctions en cas de non-respect des règles.  La politique de tolérance zéro doit s’appliquer aux technologies émergentes, a-t-elle ajouté.

Soutien aux pays dans leurs efforts visant à réaliser les ODD dans des contextes complexes: liens entre développement et consolidation de la paix

Ce dialogue interactif s’est penché sur les synergies entre la consolidation de la paix et le développement.  En quoi les investissements dans la consolidation de la paix et la prévention peuvent-ils contribuer à l’instauration de sociétés plus pacifiques?  En renforçant la résilience et la cohésion, en favorisant le dialogue social et en mettant en place des institutions étatiques inclusives, ont répondu les intervenants. 

Après avoir entendu des exposés de Mme Elizabeth Spehar, Sous-Secrétaire générale chargée du Bureau d’appui à la consolidation de la paix, et de M. Oscar Fernández-Taranco, Sous-Secrétaire général à la coordination des activités de développement, la voix du terrain a été apportée par les coordonnateurs résidents et coordonnateurs humanitaires en poste au Tchad et au Mozambique, deux pays confrontés à une convergence de crises qui entravent leurs progrès vers la réalisation des ODD. 

Face aux défis complexes et profondément interdépendants auxquels ces pays sont confrontés, il faut des réponses urgentes, coordonnées et soutenues, a plaidé M. François Batalingaya, Coordonnateurs résident des Nations Unies au Tchad, qui, comme son homologue, la Coordonnatrice résidente des Nations Unies au Mozambique, Mme Catherine Sozi, a rappelé combien la crise climatique impacte la sécurité alimentaire, les conflits et les retombées des conflits dans les pays voisins notamment en termes de personnes déplacées.  Les intervenants ont tour à tour expliqué comment, grâce au repositionnement du système des Nations Unies pour le développement et à son système des coordonnatrices et coordonnateurs résidents, il leur a été possible d’agir de manière plus efficace et plus cohérente, en étroite collaboration avec les Gouvernements respectifs, les agences onusiennes et les partenaires de développement.

Mme Sozi a dit avoir institutionnalisé cette collaboration à travers notamment une plateforme de coordination du développement et un groupe de travail de la communauté internationale sur les crises.  De son côté, M. Batalingaya a expliqué que le Gouvernement tchadien, en partenariat avec l’ONU et d’autres acteurs du développement, a lancé une initiative de résilience et de stabilisation à moyen et long termes pour l’est du Tchad.  Le pays s’efforce de passer d’une réponse d’urgence à une trajectoire de développement durable, a-t-il expliqué en soulignant la collaboration à cet égard avec l’ONU, l’Union européenne (UE) et des institutions financières internationales telles que la Banque mondiale et la Banque africaine de développement.  Grâce aux financements du Fonds pour la consolidation de la paix et à des outils tels que l’allocation pour la prévention et la résilience, les Nations Unies et la Banque mondiale s’attaquent désormais conjointement aux causes profondes de la fragilité et des déplacements, a-t-il précisé.

Abondant en ce sens, la Sous-Secrétaire générale chargée du Bureau d’appui à la consolidation de la paix a mis en avant l’importance du Fonds pour la consolidation de la paix en citant une récente étude du Fonds monétaire international selon laquelle pour chaque dollar investi dans la prévention de conflits, on peut générer un retour sur investissement de 103 dollars.  Pourtant les fonds consacrés à la consolidation de la paix et à la prévention sont toujours insuffisants et l’aide publique au développement (APD) est en baisse, tandis que les dépenses dans le secteur de la défense augmentent, s’est-elle alarmée.  Il ne fait plus de doute qu’il ne peut y avoir de paix sans développement, et qu’il ne peut y avoir de développement sans paix, a-t-elle martelé, une « évidence » reprise par le représentant du Japon

Comme la Commission de consolidation de la paix (CCP) travaille à l’articulation de la paix et du développement, elle a un pouvoir de mobilisation capable de réunir tous les membres du système pour appuyer les priorités de consolidation de la paix des États Membres, des priorités qu’ils définissent eux-mêmes, a fait valoir la Sous-Secrétaire générale.  Le Fonds pour la consolidation de la paix apporte d’ailleurs une contribution concrète à ces liens, un point souligné tant par l’UE que par d’autres États Membres intervenus dans le cadre de ce débat.  Tous ont reconnu l’importance de ce Fonds et déploré sa sous-capitalisation. 

Aux côtés du Sous-Secrétaire général à la coordination des activités de développement, la Coordonnatrice résidente des Nations Unies au Mozambique a mis en exergue le potentiel d’autres fonds, en particulier le fonds d’affectation spéciale pluripartenaire et le Fonds pour la réalisation des objectifs de développement durable.  Exhortant les États Membres à financer ces fonds, qui sont des mécanismes de financement communs pour la mise en œuvre des cadres de coopération, elle a fait valoir qu’ils permettent de réduire la fragmentation, de favoriser la collaboration et d’améliorer l’impact à grande échelle. 

Besoins en matière de développement et solutions pour les personnes déplacées 

Les participants à cette table ronde ont été invités à répondre à la question de savoir comment intégrer des solutions durables pour les personnes déplacées dans la planification du développement et garantir un engagement soutenu au sein du système des Nations Unies et au-delà. En Iraq, a répondu M. Ghulam Mohammad Isaczai, Représentant spécial adjoint du Secrétaire général, Coordonnateur résident des Nations Unies et Coordonnateur des affaires humanitaires en Iraq, l’ONU se concentre sur le relèvement à long terme et des solutions durables en lien avec le Gouvernement.  Une feuille de route a été élaborée qui donne la priorité aux logements sûrs, à l’accès à l’eau et l’électricité, à la sécurité et à la stabilité à long terme. D’autres solutions comprennent le retour des personnes déplacées dans leurs régions d’origine.  Le représentant a salué l’engagement du Gouvernement provincial du Kurdistan envers ces solutions et souligné l’importance de la réintégration des personnes déplacées dans l’économie et de l’accès aux services essentiels de base. 

Après avoir salué le travail des coordonnateurs résidents, Mme Nicole Ruder, Directrice générale adjointe de la Direction du développement et de la coopération suisse, a mis l’accent sur les besoins de financement et de temps pour résoudre la crise des personnes déplacées.  Elle a prôné des solutions durables et conseillé d’écouter les populations locales et les gouvernements hôtes. 

Pour trouver des solutions concrètes aux besoins en matière de développement et des personnes déplacées, M. Robert Piper, ancien Conseiller spécial du Secrétaire général pour les solutions aux déplacements internes, a préconisé le passage du système d’aide internationale à un système d’appui et d’accompagnement, avec un soutien financier cohérent.  Soulignant l’importance d’une action rapide, il a exhorté les donateurs à débourser beaucoup plus tôt les ressources nécessaires pour financer les solutions.  En revanche, a-t-il déclaré, les dépenses humanitaires ne constituent pas une solution de sortie de la crise des personnes déplacées.  Il a quand même suggéré d’investir l’équivalent de 10% des dépenses humanitaires dans un mécanisme de financement concessionnel géré par les institutions financières internationales afin de mettre en place une réponse à grande échelle au problème des personnes déplacées. 

La réponse de la Colombie au problème des personnes déplacées est leur intégration à long terme.  Le Gouvernement s’efforce de transformer les territoires, les économies locales et de renforcer la paix afin de leur permettre de revenir et de se réinstaller en toute sécurité.  Pour le Nigéria, l’ONU est mieux placée pour résoudre le problème des personnes déplacées mais pour cela, elle doit améliorer la cohérence des politiques, partager les ressources, renforcer les capacités, mettre l’accent sur la reddition de comptes et renforcer l’accès aux services de base. 

Dans le droit fil de cet échange, la Géorgie a indiqué offrir des conditions décentes pour les personnes déplacées comme l’aide matérielle et le choix d’une formation.  On veut une solution durable, a plaidé le Mexique en avertissant que les déplacements de population peuvent intervenir dans n’importe quel lieu de la planète et arriver à tout individu à cause des catastrophes naturelles ou des guerres.  Offrir une solution aux personnes déplacées, c’est mettre en place une coordination entre les efforts de développement et la paix, a analysé le représentant.  Pour l’Azerbaïdjan, les solutions, ce sont les villes et les villages intelligents, mais il faut avant tout résoudre le problème d’ampleur des mines terrestres dans son pays.  Il a demandé à l’ONU de renforcer les opérations de déminage. 

Pour trouver des solutions au problème des personnes déplacée, il faut remédier aux problèmes de développement à long terme, a estimé l’Allemagne saluant la création du Pôle mondial de solutions aux déplacements. L’Initiative ONU80 est une occasion idoine pour créer des synergies et des solutions efficaces, a estimé la délégation.  Le Royaume-Uni a promis d’aider les 80 millions de déplacés dans le monde en mettant en œuvre des programmes multilatéraux et bilatéraux, avant d’exhorter les autres États Membres à financer les fonds d’aide aux personnes déplacées.  L’Arménie, qui souffre de vagues de réfugiés de force, a témoigné d’avoir mis en œuvre des programmes de développement à long terme pour qu’ils puissent refaire leur vie dans le pays en bénéficiant de programmes d’accès aux services de base. 

Experte de la question, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a souligné l’importance de « la visibilité » sur la question des personnes déplacées.  Les gouvernements doivent être aux commandes en matière de visibilité, de reddition de comptes et d’appropriation des solutions aux déplacements, a-t-elle recommandé.  Enfin, le grand groupe des enfants et des jeunes a prôné l’octroi de terres et d’abris aux jeunes déplacés pour qu’ils puissent reconstruire leur vie.  Les gouvernements doivent aussi leur garantir une vie dans la dignité, investir dans des programmes sociaux pour empêcher le recrutement des jeunes par les gangs et investir dans la résilience avant, pendant et après les déplacements, a préconisé le groupe. 

 

Suivez les délibérations: En direct de l'ONU | Couverture des réunions & communiqués de presse

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’ECOSOC évalue le système de coordonnateurs résidents et discute des moyens d’aider les pays à atteindre le développement durable dans le contexte actuel

Session de 2025,
17e et 18e séances plénières – matin & après-midi
ECOSOC/7205

L’ECOSOC évalue le système de coordonnateurs résidents et discute des moyens d’aider les pays à atteindre le développement durable dans le contexte actuel

Le Conseil économique et social (ECOSOC) a poursuivi, aujourd’hui, son débat annuel sur les activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies.  Des activités menées dans une conjoncture complexe marquée par une crise de liquidité doublée par le retrait du multilatéralisme.  La journée s’est articulée autour de trois tables rondes, la première étant un dialogue entre les États Membres et la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Amina Mohammed, qui a souligné les gains d’efficacité du système des coordonnateurs résidents.

En effet, six ans après le repositionnement du système des coordonnatrices et coordonnateurs résidents, 2024 a été marquée par les résultats d’une enquête menée par l’ONU.  Celle-ci a dévoilé que les gouvernements des pays hôtes et les pays contributeurs ont constamment exprimé leur forte approbation du rôle que joue ce mécanisme dans la coordination des efforts du système des Nations Unies pour le développement et dans l’accélération de la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).

Comme les fonds manquent cruellement, l’Assemblée générale a décidé en 2024 d’allouer 53 millions de dollars supplémentaires, prélevés sur le budget ordinaire de 2025, au renforcement du système des coordonnatrices et coordonnateurs résidents, cheville ouvrière du système des Nations Unies pour le développement réformé, et véritable rampe de lancement pour des initiatives de réforme plus approfondies.

Malgré cela, les délégations ont soulevé le problème du manque de prévisibilité des financements, qui continue de nuire à la capacité du système des coordonnatrices et coordonnateurs résidents de remplir pleinement ses fonctions et de répondre aux attentes des États Membres. La Vice-Secrétaire générale a promis que les réformes entamées allaient améliorer la situation, assurant que l’Initiative ONU80 allait apporter des solutions idoines, notamment en élaguant les milliers de mandats confiés au 42 agences, fonds et programmes.

En plus de cette conversation avec la Vice-Secrétaire générale, les États Membres ont également tenu un dialogue, dans l’après-midi, avec les Directeurs exécutifs du système des Nations Unies pour le développement pour envisager comment aider les pays à atteindre le développement durable dans le contexte actuel.  Enfin, la journée s’est terminée avec une table ronde sur le financement des ODD au niveau national.

Dialogue entre les États Membres et la Vice-Secrétaire générale 

Pour démarrer la deuxième journée du débat de l’ECOSOC sur les activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies, les États Membres ont discuté avec la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Amina Mohammed, en se basant sur le rapport (E/2025/61) de la Présidente du Groupe des Nations Unies pour le développement durable. 

Mme Mohammed a relevé que six ans après le repositionnement du système des coordonnatrices et coordonnateurs résidents, nous avons un système qui sert les populations à travers le monde.  Dans un contexte de crises multiples et de retrait du multilatéralisme, elle a souligné que le système réajuste ses efforts pour répondre aux attentes des États Membres.  Pour confirmer cette embellie, elle a signalé que le mécanisme de coordination des activités de développement du système des Nations Unies avait reçu des évaluations de plus en plus favorables.  Ainsi, une moyenne de 88% des pays hôtes estimaient en 2024 que les coordonnatrices et coordonnateurs résidents jouent un rôle moteur de plus en plus fort.  De même, 87% des gouvernements des pays hôtes ont indiqué que les entités des Nations Unies travaillent davantage en collaboration, contre 83% en 2023. 

Toutefois, a reconnu Mme Mohammed, le volume insuffisant et le manque de prévisibilité des financements continuent de nuire à la capacité du système des coordonnatrices et coordonnateurs résidents à remplir pleinement ses fonctions et à répondre aux attentes des États Membres. C’est d’ailleurs pourquoi en 2024 l’Assemblée générale a décidé d’allouer 53 millions de dollars supplémentaires, prélevés sur le budget ordinaire de 2025, au renforcement dudit système.

Elle a aussi relevé que, toujours en 2024, seulement 33% des bureaux des coordonnateurs résidents avaient le personnel requis pour fonctionner.  Au vu de ces défis et obstacles, elle a estimé qu’il n’y avait pas de temps à perdre. « Investissons dans le système des Nations Unies pour le développement.  C’est une responsabilité commune et une nécessité stratégique pour un avenir meilleur et durable, afin de ne laisser personne de côté », a-t-elle conclu. 

Après l’exposé de la Vice-Secrétaire générale, plusieurs délégations ont fait part de leur propre bilan, alternant entre suggestions et franches critiques.  L’Iraq, s’exprimant au nom du Groupe des 77 et la Chine (G77), a par exemple souhaité que le système des coordonnatrices et coordonnateurs résidents soit renforcé afin de poursuivre le soutien aux pays en développement. 

Dans le cadre des discussions sur la réforme de l’Initiative ONU80, l’Union européenne a dit continuer de croire qu’une présence multilatérale plus unifiée est nécessaire aux niveaux national et régional pour atteindre les ODD.  Pour sa part, le Népal, parlant au nom des pays les moins avancés (PMA), a salué le rôle essentiel joué par le coordonnateur résident dans l’accompagnement des PMA en cours de reclassement pour préparer une transition en douceur.  La délégation a appelé à un soutien explicite et personnalisé aux PMA pour l’intégration, la mise en œuvre et le suivi du Plan d’action de Doha dans ces pays. 

Pour ce qui concerne les pays à revenu intermédiaire, le Maroc a réclamé un point focal dans le système de développement, en droite ligne des exigences de l’examen quadriennal complet de 2024.  Un avis partagé par le Brésil qui a parlé du besoin d’un soutien technique spécialisé à ces pays. 

Pour les pays en développement sans littoral (PDSL) également, il est important que le système continue de les appuyer, a déclaré le Kirghizistan en souhaitant notamment un appui pour les politiques fondées sur des données et en mettant l’accent sur l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle.  Les PDSL sont inquiets de toute réduction possible des bureaux de pays et de leurs mandats alors que ces pays enclavés ont plus que jamais besoin de soutien.  Le système onusien devrait donc établir une assistance plus ciblée à ces pays, a souhaité le groupe.  Dans la même veine, le Zimbabwe a recommandé que l’aide des Nations Unies s’adapte aux besoins et défis nationaux de développement.

Cuba a tenu à rappeler que « les pays développés devraient honorer leur promesse historique en matière de financement du développement », rappelant le principe de responsabilité commune mais différentiée.  Au nom du Groupe des États d’Afrique, l’Éthiopie a souhaité des fonds prévisibles en faveur du système de coordonnatrices et coordonnateurs résidents qui dépend grandement de financements volontaires en ce moment.  Le Canada a demandé des fonds prévisibles et durables, rejointe par la Norvège qui a également appelé à des bureaux « allégés mais solides ». Même son de cloche du côté de la Suisse, qui a appelé à financer de manière appropriée ce système, alors que l’Allemagne a constaté un abyme entre les mandats et ce que les États déboursent pour les mettre en œuvre. 

Des délégations ont d’ailleurs insisté sur le besoin de plus de rapports à faire aux États Membres, « qui doivent comprendre pourquoi ils paient », comme l’a relevé notamment la Fédération de Russie.  La délégation russe a décrié à cet égard la duplication des fonctions, non seulement entre différentes agences du système, mais aussi entre ces agences et le système des coordonnatrices et coordonnateurs résidents.  Les États-Unis ont, eux, fait observer que le système pourrait gagner en efficacité en recrutant du personnel local au lieu de s’appuyer uniquement sur un personnel international. 

« Les fonds et programmes agissent en fonction des financements reçus », a retorqué la Vice-Secrétaire générale qui a repris la parole afin de répondre aux sollicitations et observations des États Membres.  Selon elle, les conflits et crises à travers le monde n’aident pas à la mobilisation des fonds dédiés au système des Nations Unies pour le développement.  Aux PMA et pays à revenu intermédiaire qui réclament un traitement spécifique, elle a fait observer que les équipes de pays et les coordonnateurs résidents n’ont pas les capacités de remplir ces fonctions sans les moyens requis.  Il faut donc améliorer le Pacte de financement, surtout en veillant à un financement de base solide et durable, a-t-elle préconisé.

Mme Mohammed a fait remarquer que la quatrième Conférence des Nations Unies sur le financement du développement allait justement plancher sur la mobilisation des fonds pour le développement.  Elle a aussi assuré que l’Initiative ONU80 allait aussi servir d’« accélérateur pour aller vers plus d’efficacité ». Elle va notamment permettre d’évaluer les multiples mandats des 42 agences, fonds et programmes des Nations Unies. 

Pour remettre le système sur les rails, il faut mettre à profit l’intelligence artificielle qui peut aider dans les analyses pour parvenir à l’ONU 2.0, a-t-elle avancé.  Sur la question du personnel local qui pourrait pallier le manque de fonctionnaires dans les bureaux des coordonnateurs résidents, elle a rappelé que la première exigence est d’avoir un personnel qualifié.  « On veut bien recruter davantage mais vous, les États Membres, devrez donner plus d’argent. »

Dialogue avec les chefs du secrétariat du système des Nations Unies pour le développement: aider les pays à atteindre le développement durable dans le contexte actuel 

Ce dialogue a permis d’entendre les témoignages d’agences spécialisées quant aux appuis qu’elles fournissent, soit aux pays directement soit au système des Nations Unies, pour accompagner le développement durable.  Premier orateur de ce segment, M. Achim Steiner, Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), s’est focalisé sur l’avenir en insistant sur l’urgence de respecter les engagements pris dans le cadre du Pacte de financement.  Des ressources souples et prévisibles sont essentielles pour fournir un soutien pragmatique parce que le développement se déroule de plus en plus dans des environnements fragiles et à haut risque, a-t-il observé.  D’ailleurs en 2024, a-t-il informé, 50% des dépenses mondiales du PNUD ont été consacrées aux environnements fragiles.  Il a ajouté que les cadres financiers nationaux intégrés sont au cœur de cette mission afin d’aider les gouvernements à mobiliser des milliards de dollars pour réaliser les ODD et instaurer la paix et la stabilité.  M. Steiner a toutefois mis en garde contre le cloisonnement des flux de financement. 

Mme Doreen Bogdan-Martin, Secrétaire générale de l’Union internationale des télécommunications (UIT), a rappelé que son organisme travaille avec environ 60 équipes de pays des Nations Unies et coordinateurs résidents contribuant aux analyses par pays et produisant des tableaux de bord numériques afin de fournir des données fiables pour des interventions ciblées et un suivi axé sur les résultats.  L’UIT aide également les États Membres à mener à bien leur transformation numérique sur le terrain, a-t-elle ajouté en donnant l’exemple de l’expertise technique qu’elle fournit au niveau régional par le biais de coalitions thématiques sur le numérique en Asie-Pacifique, en Europe et en Afrique.

À ce propos, l’UIT codirige le volet « transformation numérique » du Fonds commun pour les ODD avec le PNUD, dont la première tranche, de 40 millions de dollars, soutient 13 programmes nationaux, tandis que 10 autres sont en cours d’élaboration.  L’intervenante a également parlé des financements innovants qui sont rentables et transforment des vies, comme l’initiative « Smart Islands » lancée pour améliorer la résilience et l’accès à l’éducation, aux soins de santé et aux services financiers dans le Pacifique Nord.  Enfin, en collaboration avec 50 partenaires des Nations Unies, l’UIT organise le Sommet mondial sur l’IA au service du bien commun, en juillet.

Abordant la question sous un autre angle, Mme Sima Bahous, Directrice exécutive d’ONU-Femmes, a dit que l’égalité des sexes est à la base de la réalisation des ODD, elle est une condition préalable à la paix et au développement.  C’est ainsi qu’ONU-Femmes travaille avec 116 équipes de pays pour l’intégration de l’égalité et l’autonomisation des femmes dans leurs programmes.  Mme Bahous, qui a mis en garde contre un financement imprévisible de ces programmes, a applaudi le soutien de l’Union européenne et d’autres partenaires à cet égard.  Elle a plaidé pour une coordination qui assure des effets tangibles.  Le plan stratégique d’ONU-Femmes, élaboré dans cet esprit, sera adopté dans les mois à venir, a-t-elle annoncé en assurant que le droit des femmes est un pilier du système multilatéral. 

Citant Charles Darwin, M. Andrés Efren Montalvo Sosa (Équateur), a dit que « ce n’est pas l’espèce la plus forte qui survit mais celle qui s’adapte le mieux », afin de souligner l’importance d’accroître l’ambition et la capacité de réponse systémique, et ce dans le cadre d’une plus grande appropriation nationale.  Le moment est venu d’aller au-delà des approches technocratiques ou des changements cosmétiques, a-t-il lancé.  Il a appelé à soutenir la réforme structurelle du système des Nations Unies pour le développement, lancée en 2018, à surmonter la concurrence institutionnelle et à remédier à la fragmentation des financements, sans oublier la nécessité de respecter les engagements financiers.

Mme Tara Soomro, Ambassadrice auprès de l’ECOSOC du Royaume-Uni, a pour sa part encouragé le système des coordinateurs résidents à s’aligner sur le Plan-cadre de coopération des Nations Unies pour le développement durable au niveau national, qui doit servir de plan directeur unique pour toutes les équipes de pays.  Il doit aussi favoriser la collaboration et éviter les doubles emplois.  La présence d’une équipe doit refléter les besoins des pays conformément aux résultats et aux priorités convenus dans le Plan-cadre de coopération.  La configuration par pays devrait être déterminée par le coordonnateur résident, en accord avec les gouvernements hôtes, et complétée par un système régional plus solide, a plaidé Mme Soomro. 

Dans les échanges qui ont suivi, des délégations ont émis des critiques déjà entendues contre la dispersion des entités du système des Nations Unies pour le développement, paralysées par les doublons des mandats et des tâches, et qui seraient donc en concurrence pour obtenir des financements.  Appelant à éliminer ces doublons et à plus d’efficacité, elles ont suggéré notamment l’élimination ou la fusion de certains programmes, fonds et organismes. 

« Comment pouvons-nous venir en aide aux 100 millions de personnes dans le monde qui ont faim en éliminant ou fusionnant ces entités », a demandé l’Administrateur du PNUD, selon lequel l’ONU a permis aux gens de ne pas fermer les yeux sur ces problèmes et d’autres.  Il a souligné que les entités de l’ONU travaillent déjà ensemble pour faire face à ces défis.  La discussion a également tourné autour des « rumeurs et des fuites » concernant les travaux en cours sur l’Initiative ONU80.  Les hauts responsables se sont étonné de cette situation tout en insistant sur le fait que les décisions finales concernant la réforme à venir reviendront aux États Membres. 

Financement des ODD au niveau des pays: dialogue avec les équipes de pays des Nations Unies et d’autres acteurs

Cette table ronde s’est concentrée sur la manière dont le système des Nations Unies pour le développement aide les pays à débloquer des financements et des investissements pour la réalisation des ODD grâce à des approches innovantes et à une coordination renforcée au niveau national.  Il a également été question de la collaboration entre les entités des Nations Unies et d’autres acteurs, notamment les institutions financières internationales et les banques nationales de développement, aux fins d’apporter des solutions concrètes sur le terrain, adaptées aux contextes nationaux spécifiques.

Première panéliste à intervenir, Mme Rola Dashti, Secrétaire générale adjointe et Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO), a partagé les perspectives de la région arabe sur le déblocage du financement des ODD au niveau national.  Malgré des efforts notables, a-t-elle expliqué, de nombreux pays sont encore confrontés à des déficits de financement persistants.  Relever ces défis exige, selon elle, plus que de simples mobilisations de fonds: il faut traduire l’ambition de financement en actions nationales structurées.  C’est ce que s’emploie à faire la CESAO dans des pays comme l’Égypte et la Jordanie. En collaboration avec les coordonnateurs résidents et les équipes de pays des Nations Unies, la Commission soutient l’élaboration de stratégies nationales de financement intégrées afin de consolider les ressources nationales, internationales et privées dans des feuilles de route prospectives et des cadres alignés sur les priorités nationales de développement. 

Pour faire évoluer ces stratégies vers des mécanismes opérationnels, a détaillé Mme Dashti, la CESAO fournit aux pays des plateformes numériques et des outils d’analyse adaptés qui guident la conception des politiques, identifient les déficits de financement et améliorent l’alignement des financements publics et privés sur les priorités nationales.  La Commission s’appuie également sur des instruments innovants tels que les conversions de dette climat/ODD, actuellement en cours de conception avec la Jordanie, la Tunisie et la Mauritanie. Ces mécanismes, a-t-elle précisé, convertissent le service de la dette extérieure en investissements résilients aux changements climatiques.

Mme Dashti a ajouté que, par l’intermédiaire de la Coalition pour une dette durable, la CESAO collabore avec la Commission économique pour l’Afrique (CEA), la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) et la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) pour fournir aux pays un soutien technique sur la viabilité de la dette, la résilience budgétaire et l’accès au capital. 

Le problème est que la conjoncture mondiale « extrêmement difficile » pousse les donateurs à renoncer à leurs engagements d’aide, tout en remettant en question la notion même de multilatéralisme, a observé Mme Bjørg Sandkjær, Sous-Secrétaire générale à la coordination des politiques au Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies (DESA).  Cette situation exacerbe la crise du développement durable, au cœur de laquelle se trouvent les problèmes de financement, a-t-elle analysé, indiquant que des solutions à ces problèmes sont recherchées lors des sessions préparatoires de la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement, qui se tiendra en Espagne en juillet. 

Selon Mme Sandkjær, ces discussions font ressortir l’importance du leadership et de l’appropriation par les pays dans la définition des stratégies de financement.  Ainsi, les cadres de financement nationaux intégrés sont devenus un outil essentiel pour permettre aux pays d’élaborer des stratégies de financement de leurs stratégies nationales de développement durable, a-t-elle relevé, ajoutant que la « famille des Nations Unies » s’est mobilisée pour soutenir plus de 80 pays dans la mise en œuvre de ces cadres, souvent pilotés par les coordonnateurs résidents.  Grâce à son initiative de financement des petits États insulaires en développement (PEID), le DESA apporte un soutien ciblé à des pays comme la République dominicaine, les Seychelles, les Fidji et le Vanuatu pour élaborer des stratégies de financement intégrées, alignées sur leurs priorités nationales de développement, a précisé la Sous-secrétaire générale, avant de souligner l’importance de l’investissement privé comme moteur majeur du développement durable. 

Coordonnateur résident des Nations Unies en Afrique du Sud, M. Nelson Muffuh a ensuite rappelé le rôle essentiel joué par les équipes de pays pour mobiliser des investissements et aligner les priorités des pays sur les ODD. Ce sont elles qui font en sorte que des stratégies de financement soient intégrées dans les plans de développement des pays.  De même, a-t-il poursuivi, les équipes de pays appuient des dispositifs de financement mixte pour les partenaires de développement, le but étant d’accompagner les pays dans leurs aspirations et de proposer des palettes de projets dans lesquels ils peuvent investir.  M. Muffuh a plaidé en faveur de collaborations sur des projets spécifiques en faisant travailler ensemble différents secteurs et des communautés locales, notamment les townships en Afriques du Sud. 

Coordonnateur résident des Nations Unies en Uruguay, M. Pablo Ruiz Hiebra a, lui, présenté un nouvel instrument de financement mixte, le Renewable Energy Innovation Fund (REIF), qui réunit l’ONU, les banques commerciales, les institutions financières internationales et le Gouvernement au sein d’une plateforme collaborative visant à accélérer la transition énergétique et à promouvoir l’investissement durable.  Pour les pays ne disposant pas de cadre national de financement intégré, le REIF permet de débloquer des ressources pour la transition énergétique, tout en combinant financement et assistance technique, a-t-il expliqué, précisant qu’à ce jour, 20 millions de dollars ont été alloués à l’Uruguay, selon un ratio de un pour 6: pour chaque dollar investi par le REIF, les banques en contribuent 6.  Un financement supplémentaire de 20 millions de dollars est en phase finale de négociation avec la Banque mondiale pour des investissements dans l’hydrogène vert. 

Représentant permanent du Cambodge, M. Chhea Keo a, pour sa part, témoigné du succès dans son pays du cadre de financement national intégré élaboré depuis 2021 avec le soutien de l’équipe de pays des Nations Unies.  Ce cadre est désormais intégré à la politique nationale de financement, permettant une mobilisation, une priorisation et une coordination plus stratégiques des ressources publiques et privées, a-t-il dit, avant de présenter différents instruments de financement mixte, notamment des obligations libellées en monnaie locale et destinées à attirer les investissements privés dans les secteurs prioritaires des ODD.  Citant d’importants partenariats public-privé au Cambodge, il a indiqué qu’une zone économique spéciale verte est également prévue pour promouvoir une croissance à faible émission de carbone.  À l’aune de ces projets, il a réaffirmé l’engagement ferme de son pays à travailler en étroite collaboration avec l’ONU et tous les partenaires de développement pour combler les déficits de financement et promouvoir un développement inclusif pour tous. 

Ces exemples de financement innovant ont faire dire à M. François Jackman, Représentant permanent de la Barbade, qu’« il ne faut pas changer un système qui fonctionne bien », même si l’ONU est aujourd’hui confrontée à de graves difficultés financières et cherche à gagner en efficacité.  Il a donc réitéré son soutien au financement du système des coordonnateurs résidents par le budget ordinaire de l’Organisation.  Pour les PEID comme la Barbade, « les problèmes n’ont pas tant trait au volume du financement du développement disponible mais à la fragmentation et aux obstacles pour y accéder », a-t-il souligné, avant de plaider pour des collaborations à l’échelle des Caraïbes.  Il a noté à cet égard que son pays accueille 21 agences de l’ONU qui ont toutes une assise régionale. 

Suivez les délibérations: En direct de l'ONU | Couverture des réunions & communiqués de presse

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: l’Envoyé spécial salue l’annonce de la levée des sanctions contre la Syrie

9920e séance – matin
CS/16066

Conseil de sécurité: l’Envoyé spécial salue l’annonce de la levée des sanctions contre la Syrie

« Un optimisme prudent et un désir de renouveau règnent à Damas. »  C’est en ces termes que l’Envoyé spécial pour la Syrie a décrit, ce matin devant le Conseil de sécurité, l’atmosphère dans le pays, une semaine après l’annonce de la levée des sanctions des États-Unis puis de l’Union européenne, une évolution qui a été saluée par la majorité des délégations.  M. Geir Otto Pedersen n’a néanmoins pas fait mystère des défis considérables que la Syrie doit relever, notamment sur le plan sécuritaire, après les violences interconfessionnelles qui se sont déroulées en mars puis fin avril.  La situation humanitaire demeure par ailleurs très préoccupante comme l’a rappelé le Bureau de la coordination des affaires humanitaires. 

« Il s’agit de développements historiques », a déclaré l’Envoyé spécial qui a également salué le soutien financier apporté à la Syrie par l’Arabie saoudite, la Türkiye et le Qatar notamment.  Cela devrait permettre d’améliorer les conditions de vie dans le pays, d’appuyer la transition politique et d’offrir aux Syriens l’occasion de se confronter à l’héritage de violence et de pauvreté de la période dont ils peinent à émerger, a noté M. Perdersen. 

L’Envoyé spécial a mentionné la création de la Commission nationale pour la justice transitionnelle et de la Commission nationale pour les personnes disparues, comme autant d’étapes essentielles dans le relèvement de la Syrie.  La prochaine étape pour la transition politique en Syrie sera l’établissement du Haut-Comité chargé de sélectionner les membres de la nouvelle Assemblée du peuple, a-t-il ajouté.

L’Envoyé spécial a insisté sur l’importance de déployer de robustes efforts d’inclusion et de transparence afin que cette Assemblée soit représentative de la nation syrienne.  Le futur processus constitutionnel devra être inclusif et ouvrir la voie à des élections libres et crédibles comme l’a annoncé dès le début le Président syrien, M. Ahmed Hussein Al-Sharaa, a insisté M. Pedersen. 

Le délégué de la Syrie s’est, lui, réjoui de voir « les portes s’ouvrir de nouveau ». La visite du Président des États-Unis dans la région et l’annonce de la levée des sanctions américaines offre à la Syrie de véritables perspectives d’avenir et est la preuve de cette évolution positive, qui vient couronner l’action menée à cette fin par les pays frères d’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis et du Qatar, a-t-il déclaré. 

La levée des sanctions américaines va donner à la Syrie une chance de se stabiliser et de prospérer, ont appuyé les États-Unis qui ont annoncé leur intention de normaliser leurs relations avec le Gouvernement de transition.

« Aujourd’hui, la Syrie a une occasion historique de progresser et de prospérer, et de devenir un facteur de stabilité pour l’ensemble de la région », a déclaré le Ministre des affaires étrangères de la Grèce. 

Le Danemark, le Qatar, les Émirats arabes unis au nom de la Ligue des États arabes ou bien encore la République de Corée ont eux aussi salué la levée de ces sanctions, la Türkiye soulignant son rôle de premier plan dans ces décisions.  La République de Corée a espéré que cette levée sera suffisamment large pour atténuer les risques de « surréaction » et l’effet négatif souvent observé quant à l’engagement du secteur privé. Face à la situation humanitaire catastrophique aggravée par la réduction de l’aide internationale, la Fédération de Russie a rappelé pour sa part qu’elle réclamait la levée des sanctions unilatérales coercitives depuis des années. 

Des besoins humanitaires qui restent immenses

La gravité de la situation humanitaire a été au cœur de l’intervention du Directeur de la Division de la coordination du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA).  « En dépit de l’espoir suscité par la transition en Syrie, les besoins humanitaires restent immenses dans tout le pays et leur complexité ne cesse de croître. »  Aujourd’hui, a précisé M. Ramesh Rajasingham, 16,5 millions de Syriens ont besoin de protection et d’aide humanitaire.  Si plus de la moitié de la population souffre d’insécurité alimentaire, près de 3 millions de personnes sont confrontées à une grave insécurité alimentaire. 

La situation financière est par ailleurs alarmante.  En effet, a-t-il expliqué, l’appel de 2 milliards de dollars lancé par l’ONU et ses partenaires pour venir en aide à 8 millions de personnes parmi les plus vulnérables de janvier à juin 2025 n’est financé à ce jour qu’à hauteur de 10%. « Les conséquences sont déjà visibles et s’accentueront avec le temps et la mise en place de coupes budgétaires. »  Face à cette baisse catastrophique des financements, l’ONU et ses partenaires opèrent une redéfinition de leurs priorités de réponse avec des ressources toujours plus limitées, a indiqué M. Rajasingham. 

Notant avec préoccupation que la récente conférence de Bruxelles n’a permis de recueillir que 200 millions de dollars de promesses de dons, la Somalie, au nom des A3+ (Algérie, Sierra Leone, Somalie et Guyana), a estimé que la levée des sanctions doit s’inscrire dans une stratégie de réengagement plus large visant à garantir que l’aide parvienne aux plus démunis et à soutenir les initiatives locales de relèvement. 

Le Qatar a indiqué avoir procédé au remboursement des arriérés syriens à la Banque mondiale, soit une somme de 15 millions de dollars, afin de permettre la reprise des programmes de la Banque mondiale dans le pays.  « L’amélioration de la situation économique doit rester la priorité de la communauté internationale. »  Même son de cloche du côté de l’Arabie saoudite qui a loué les développements positifs en Syrie et rappelé l’aide constante qu’elle a lui apportée. 

Les violences confessionnelles –un spectre omniprésent

Dans son intervention, l’Envoyé spécial a évoqué les graves violences qui se sont produites fin avril dans les zones résidentielles à majorité druze des environs de Damas puis dans la province de Soueïda, faisant des dizaines de victimes. S’il a salué l’accent mis sur le dialogue par le Président Al-Sharaa, M. Pedersen s’est dit préoccupé par de possibles nouvelles violences et une fragilisation de la confiance que de tels épisodes entraînent immanquablement.  Quant à la situation dans les zones côtières de la Syrie qui ont connu de graves incidents en mars, elle demeure « fragile », de l’aveu même de l’Envoyé spécial. 

Les attaques contre les populations druzes fin avril ont ravivé le spectre des violences confessionnelles, un mois après les massacres contre la communauté alaouite, s’est inquiétée la France pour qui il appartient aux autorités syriennes de tout mettre en œuvre pour rétablir la concorde entre toutes les composantes de la société syrienne.  Damas doit accorder à cette question tout l’attention qu’elle mérite car il en va de l’avenir du pays, a souligné la Fédération de Russie. 

Condamnation des attaques israéliennes

À l’instar de la France, du Royaume-Uni et du Qatar, les délégations ont par ailleurs été nombreuses à emboîter le pas de M. Pedersen pour condamner les nouvelles attaques israéliennes contre la Syrie.  Des possibilités diplomatiques existent clairement et elles doivent être prioritaires, a tranché l’Envoyé spécial.  Enjoignant à Israël de cesser ses bombardements et de retirer ses troupes de Syrie, la Russie a rappelé que Damas a exprimé sa volonté de construire des relations constructives avec tous ses voisins sans exception.  

Le délégué syrien a assuré que la « nouvelle Syrie » entend devenir un État de paix et de partenariats, non « un terrain de jeu pour les forces géopolitiques étrangères ».  Il a appelé le Conseil à assumer ses responsabilités et à prendre des mesures fermes pour qu’Israël cesse toute agression et retire ses forces du territoire syrien.  Les Émirats arabes unis, au nom du Groupe des États arabes, ont eux aussi exhorté le Conseil à contraindre Israël de cesser ses violations.   

Les attaques répétées d’Israël menacent la paix dans la région et sont rendus possibles grâce au soutien des États-Unis, a appuyé l’Iran.  Les États-Unis ont appelé, pour leur part, la Syrie à faire la paix avec Israël et à lutter contre les organisations terroristes.  Les A3+ ont noté de leur côté que les violations répétées de la souveraineté de la Syrie par Israël créent un environnement propice à la résurgence de groupes terroristes. 

Dans ce droit fil, l’Envoyé spécial s’est dit préoccupé par l’escalade des attaques de Daech ces dernières semaines dans plusieurs régions.  « Il est primordial que les autorités à Damas poursuivent la lutte contre cette menace et règlent sans tarder la question des combattants terroristes étrangers présents sur le sol syrien », a insisté la France.  La Chine a également souligné la nécessité que la Syrie ne devienne pas un refuge pour les groupes terroristes.  Le délégué de la Syrie a fait état de rencontres entre hauts responsables syriens, américains et turcs pour discuter de partenariats, notamment sur la lutte antiterroriste et la neutralisation des groupes armés non syriens. 

Suivez les délibérations: En direct de l'ONU | Couverture des réunions & communiqués de presse

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: débat public de haut niveau sur la nécessité de renforcer la sûreté maritime par la coopération internationale

9919e séance – matin & après-midi
CS/16065

Conseil de sécurité: débat public de haut niveau sur la nécessité de renforcer la sûreté maritime par la coopération internationale

À l’initiative de la présidence grecque pour ce mois de mai, le Conseil de sécurité a tenu, aujourd’hui, un débat public de haut niveau sur le thème « Renforcer la sûreté maritime par la coopération internationale aux fins de la stabilité mondiale ».  Au-delà des attaques contre le transport maritime international, qui représentent de graves risques pour la sécurité alimentaire et énergétique, le commerce et l’économie du monde, il a aussi été question de la convergence d’activités illicites pouvant faciliter le terrorisme, ainsi que des effets des changements climatiques et de la dégradation de l’environnement sur la sécurité des voies navigables. 

Le Secrétaire général de l’ONU a donné le ton de ce débat en soulignant que « sans sûreté maritime, il ne saurait y avoir de sécurité mondiale ». Or, de la piraterie, des vols à main armée, des trafics et du crime organisé aux actes de destruction visant le transport maritime, les installations situées au large des côtes et les infrastructures critiques, les menaces sont légion et aucune région n’est épargnée.  Le problème va même en s’aggravant, s’est inquiété M. António Guterres, observant qu’après une légère baisse des actes de piraterie et de vols à main armée signalés en 2024, un fort regain a été enregistré au premier trimestre de 2025.  En outre, les cyberattaques en pleine expansion constituent une menace croissante pour la sécurité des ports et des compagnies maritimes. 

Pour l’avenir, il faut commencer par respecter le droit international, a plaidé le Secrétaire général pour qui le régime juridique international de sûreté maritime fournit un cadre de coopération solide pour lutter contre les crimes commis en mer.  Il importe d’autre part de s’attaquer aux causes profondes de l’insécurité maritime et, collectivement, de redoubler d’efforts pour « réduire la probabilité que des personnes désespérées se tournent vers la criminalité et d’autres activités qui menacent la sûreté maritime et dégradent notre environnement océanique ». Enfin, a-t-il ajouté, il est essentiel d’associer toutes les parties concernées par les espaces maritimes à l’action menée dans ce domaine. 

Au nom de l’une de ces parties prenantes, la Présidente du Syndicat des armateurs grecs, puissante organisation représentant 20% de la flotte mondiale, a fourni des chiffres éclairants: 110 000 navires naviguent sur les mers du monde entier, assurant 90% du commerce international et transportant plus de 12 milliards de tonnes de marchandises chaque année.  De fait, si le système mondial de transport maritime devait s’arrêter, « l’économie mondiale s’effondrerait en 90 jours », a averti Mme Melina N. Travlos. 

Tout mettant en garde contre une piraterie en constante progression, l’intervenante a noté que l’instabilité politique sape elle aussi la sûreté maritime, un nombre sans précédent de navires commerciaux ayant été attaqués par des moyens militaires.  Des membres d’équipage ont en outre été tués ou pris en otage, a-t-elle signalé, ajoutant que la criminalité organisée et les cyberattaques sont des menaces grandissantes.  À cette aune, elle a souligné la nécessité d’un engagement mondial pour faire en sorte que la sûreté maritime demeure une priorité à part entière au sein de l’ONU. Elle a aussi réclamé une gouvernance du secteur qui soit coordonnée et prenne en compte le savoir-faire de l’industrie maritime face aux menaces nouvelles et anciennes. 

Dans le même ordre d’idées, M. Christian Bueger, professeur de relations internationales à l’Université de Copenhague et chercheur à l’Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR), a invité le Conseil de sécurité à soutenir et synchroniser la coordination, le partage d’informations et la réflexion stratégique sur ces questions, par le biais d’un point permanent à son ordre du jour.  À ses yeux, le Conseil devrait également envisager de créer un poste de rapporteur spécial, pour permettre à l’ONU dans son ensemble d’aborder la sûreté maritime de manière plus cohérente et de garantir un renforcement des capacités plus efficace. 

Depuis les années 1990, notre utilisation des mers s’est considérablement accélérée, le commerce maritime a augmenté de 300% et près de 60% des approvisionnements mondiaux en pétrole et en gaz sont transportés par voie maritime, a-t-il expliqué, non sans rappeler qu’en 2021, un seul navire –l’Ever Given– avait réussi à bloquer le canal de Suez pendant six jours, coûtant des milliards de dollars à l’économie mondialisée et perturbant les chaînes d’approvisionnement internationales. 

Remédier à la vulnérabilité maritime

Voyant dans la situation en mer Rouge un exemple de menace maritime permanente susceptible d’entraîner une hausse des prix des biens essentiels, le Premier Ministre de la Grèce a jugé que, dans de tels cas, une action collective est inévitable.  C’est le sens de l’action de la Grèce à la tête de l’opération navale ASPIDES conduite par l’Union européenne (UE) au large du Yémen, a-t-il indiqué, mentionnant également l’implication de son pays dans les opérations ATALANTA et IRINI de l’UE, respectivement dans le golfe d’Aden et en Méditerranée, face aux côtes libyennes. 

Cet engagement de l’UE est « strictement défensif », a souligné la France, elle aussi engagée dans ces opérations, tout comme dans les initiatives européennes menées dans le golfe de Guinée, en appui de pays africains dans le cadre de l’Architecture de Yaoundé pour la sûreté maritime, et dans la protection des navires civils et l’exportation des céréales en mer Noire.  Des efforts également soutenus par le Royaume-Uni, qui s’ajoutent aux efforts déployés pour faire face aux « flottes fantômes », nom donné par les pays européens aux navires utilisés par Moscou pour exporter clandestinement son pétrole, malgré les sanctions occidentales. 

La Fédération de Russie a dénoncé avec force ces nouvelles mesures coercitives unilatérales européennes, faisant valoir que le terme de « flottes fantômes » ne bénéficie d’aucune reconnaissance internationale.  De telles actions visant des navires civils relèvent de la piraterie, « à la seule différence que le rôle de ‘pirates de la mer Baltique’ est assumé par les pays de l’OTAN », a fulminé la délégation russe, avant de constater que, près de trois ans après l’attaque terroriste contre le gazoduc Nord Stream, les commanditaires et les auteurs de ce crime commis dans les zones économiques exclusives du Danemark et de la Suède n’ont toujours pas été identifiés et traduits en justice. 

Tensions croissantes au Moyen-Orient et en Asie

De leur côté, les États-Unis ont justifié leurs actions militaires contre les houthistes par le fait que ce groupe terrorisait le trafic maritime en mer Rouge et dans le golfe d’Aden, affectant 30% du transit international de conteneurs.  La délégation américaine a également pointé du doigt les mesures coercitives prises par la Chine en mer de Chine méridionale, accusant Beijing d’avoir, tout au long de l’année 2024, empêché les Philippines d’exploiter leur zone économique exclusive en haute mer, au mépris de la décision de la Cour permanente d’arbitrage de 2016.  « Les États-Unis sont la plus grande menace pour la paix et la stabilité en mer de Chine méridionale », a rétorqué la Chine, évoquant notamment la présence de navires de guerre américains dans cette zone.  Elle a appelé à préserver des dissentions « qui risquent de nous plonger dans l’abysse de l’isolement », tout en tenant compte des préoccupations légitimes de chacun. 

Sur un sujet connexe, la République de Corée a averti que les tirs de missiles de la République Populaire Démocratique de Corée, effectués sans préavis ni avertissement de navigation suffisant, mettent en danger la sécurité des navires civils dans la région de l’Asie de l’Est.  Face à ces menaces, elle a jugé essentiel de renforcer le partage d’informations et d’assurer une présence navale coordonnée dans les eaux à haut risque. 

L’action climatique au service de la sûreté maritime

Comme l’a professé l’Algérie, relever les défis liés à la sûreté maritime implique d’adopter une approche globale fondée sur le renforcement de la coopération internationale.  Elle a ainsi exhorté la communauté internationale à appuyer les efforts des pays en développement, en particulier sur le continent africain, par le biais d’un financement durable, d’un renforcement des capacités nationales, d’une aide à la surveillance maritime et de transferts de technologie.  Un appel repris à leur compte par la Sierra Leone et la Somalie, qui, à l’instar d’une majorité de délégations, ont appelé à la mise en œuvre pleine et entière de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer. 

Plusieurs pays ont également évoqué le lien entre la sûreté maritime et la protection de l’environnement et du climat.  « Les défis sont souvent liés à l’instabilité à terre dans les États côtiers, notamment la pauvreté, les difficultés d’application de la loi et les changements climatiques », a observé l’Envoyé spécial pour la sûreté maritime du Danemark.  Plus alarmiste, le Guyana a averti que le réchauffement de l’océan Arctique entraînera des conséquences considérables, notamment l’élévation du niveau de la mer dû à la fonte accélérée des neiges et des glaces.  Selon lui, les investissements dans les systèmes d’alerte précoce doivent donc aller de pair avec l’application de technologies abordables pour remédier aux impacts des changements climatiques sur la navigation maritime. 

La Grèce a appelé pour sa part à lutter contre la pollution marine et les risques posés par les déversements illégaux, les rejets et les émissions anthropiques, se félicitant, à cet égard, que le sauvetage du pétrolier M/V Sounion en mer Rouge ait permis d’éviter une catastrophe environnementale et humanitaire.  À son tour, le Vice-Ministre des affaires étrangères du Panama a mis en exergue la dimension climatique de la sûreté maritime en évoquant la récente sécheresse qui a frappé le canal de Panama, avec une inquiétante diminution du niveau des eaux. 

Convaincue elle aussi que la sûreté maritime est indissociable de la protection de l’environnement marin, la France a rappelé pour sa part qu’elle accueillera, avec le Costa Rica, à Nice en juin, la troisième Conférence sur l’océan. 

Interventions des États non membres

Certaines des positions exprimées par les membres du Conseil de sécurité ont été partagées par plusieurs de États non-membres, à l’instar de l’Égypte pour qui il ne peut y avoir de sécurité maritime durable dans la région de la mer Rouge sans que l’on s’attaque aux causes profondes de l’instabilité, au premier rang desquelles la situation à Gaza, ainsi que l’escalade des tensions au Yémen. « Le rétablissement de la sécurité de la navigation en mer Rouge et sur d’autres voies navigables stratégiques passe par des mesures de désescalade sérieuses ouvrant la voie à des solutions politiques durables », a souligné la délégation.

Si « la mer Rouge saigne », a déclaré Israël, c’est parce que la communauté internationale reste silencieuse face à la militarisation des voies de navigations par les houthistes, qui mènent une campagne de terrorisme maritime avec le soutien de la République islamique d’Iran.  Cette dernière a catégoriquement rejeté les accusations « infondées et politiquement motivées » portées par les représentants du « régime israélien » et des États-Unis.  « Soyons clairs: les causes profondes de l’instabilité en mer Rouge, ce sont les atrocités commises par Israël à Gaza, ainsi que son agression et son occupation continues dans la région, menées en toute impunité avec le soutien total des États-Unis ». 

De leur côté, les Philippines ont reconnu l’importance de la mer de Chine méridionale pour le commerce international, raison pour laquelle le nombre croissant d’incidents qui s’y produisent doit être traité de toute urgence.  « Nous participons aux négociations entre l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) et la Chine en vue de l’élaboration d’un code de conduite » dans ces eaux, ont-elles précisé, avant d’appeler à la retenue.  Les différends doivent être résolus pacifiquement, conformément au droit international, à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et au jugement rendu en 2016 par la Cour permanente d’arbitrage, a-t-elle ajouté. 

Après avoir évoqué sa vision d’un « Indopacifique libre et ouvert », le Japon a lui aussi critiqué les tentatives unilatérales visant à modifier le statu quo par la force ou la coercition qui s’intensifient en mer de Chine orientale et en mer de Chine méridionale.  Aussi a-t-il appelé tous les États Membres à faire preuve de fermeté et à s’exprimer ouvertement en faveur du respect de l’état de droit en mer, du maintien de la liberté de navigation et de survol, et du règlement pacifique des conflits. 

La centralité de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (UNCLOS) a été rappelée à plusieurs reprises, à l’instar de l’Union européenne qui a souligné que ses dispositions reflètent le droit international coutumier et s’appliquent à tous les États, « qu’ils aient rallié la Convention ou non ». L’UNCLOS est la « constitution des océans », a renchéri Singapour, qui a par ailleurs appelé les États Membres à se prémunir contre les menaces émergentes à commencer par les cyberattaques qui représentent de graves risques pour les infrastructures maritimes mondiales. Cette délégation a également dénoncé que 50 câbles sous-marins aient été sectionnés en Région Asie/Pacifique, appelant les gouvernements et le secteur industriel à travailler main dans la main pour les protéger. 

Le Ministre des transports, des communications et des travaux publics de Chypre, M. Alexis Vafeades, a recommandé d’approfondir la coopération mondiale et régionale par le biais de manœuvres navales communes, de patrouilles maritimes et de partage des renseignements.  « Nous devons explorer les pistes afin que les technologies émergentes telles que l’intelligence artificielle contribuent au renforcement de la sécurité maritime. »  Le Pérou a souligné l’importance de disposer d’un réseau intégré de centres internationaux d’échange d’informations maritimes qui permettent d’anticiper, de prévenir et de coordonner efficacement les incidents et les menaces, améliorant ainsi la protection du commerce international et de l’environnement marin. 

L’Italie a estimé pour sa part que la mise en œuvre du Code de conduite de Yaoundé, ainsi que la présence régulière d’unités navales de plusieurs pays de l’Union européenne, dont l’Italie, et le soutien continu de la communauté internationale ont joué un rôle crucial dans la réduction des incidents de piraterie dans le golfe de Guinée. 

 

(Lire la déclaration du Secrétaire général)

 

Suivez les délibérations: En direct de l'ONU | Couverture des réunions & communiqués de presse

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

ECOSOC: le débat annuel sur les activités opérationnelles de développement de l’ONU s’ouvre sur toile de fond de l’initiative ONU80

Session de 2025,
16e et 17e séances plénières – matin & après-midi
ECOSOC7204

ECOSOC: le débat annuel sur les activités opérationnelles de développement de l’ONU s’ouvre sur toile de fond de l’initiative ONU80

« La tâche qui nous attend n’est pas simplement de faire plus, mais de faire mieux, plus vite, et de manière transformatrice et responsable. »  C’est en ces termes que le Vice-Président de l’ECOSC a ouvert le débat annuel consacré aux activités opérationnelles de développement, affirmant que le système des Nations Unies pour le développement est particulièrement bien placé pour aider les pays à renforcer leur résilience, à condition de veiller à ce qu’il dispose des outils, des ressources et de la flexibilité nécessaires pour y parvenir.  Notre approche du développement doit être préventive, inclusive et ancrée dans le leadership et les partenariats locaux, a ajouté M. Krzysztof Szczerski.

Ce segment, a-t-il souligné, est l’une des plateformes les plus importantes pour examiner l’efficacité, l’efficience, la cohérence et les résultats du système des Nations Unies pour le développement. « C’est également là que nous façonnons son avenir. »  Même si le Pacte de l’avenir a tracé les voies d’un multilatéralisme renforcé à l’appui du Programme de développement durable à l’horizon 2030, M. Szczerski a relevé que, selon le dernier rapport 2025 du Secrétaire général, des mesures urgentes restent nécessaires pour accroître le soutien offert par le système des Nations Unies pour le développement, ainsi que pour combler les déficits de financement persistants et garantir l’impact au niveau des pays. 

Ce segment est en effet essentiel pour veiller à ce que les coordonnateurs résidents soient dotés des outils nécessaires pour montrer la voie et que les équipes de pays soient équipées pour apporter un soutien cohérent, a reconnu la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, qui préside le Groupe des Nations Unies pour le développement durable (GNUDD). Mme Amina Mohammed a appelé à réfléchir, ensemble, à comment rendre le système onusien de développement plus « stratégique, cohérent et orienté vers les résultats ».

Cela passe à son avis par la « coordination des coordonnateurs résidents », d’une part, et par des financements et des investissements de qualité, d’autre part.  Mettant en exergue « l’effet domino des investissements », Mme Mohammed a donné rendez-vous aux États Membres à la quatrième conférence des Nations Unies sur le financement du développement, qui se tiendra à Séville début juillet.  Elle a espéré que cette conférence sera l’occasion de débloquer des investissements pour le développement et de réformer l’architecture financière internationale afin de la rendre plus résiliente aux chocs.

Tous ces efforts doivent inclure les jeunes, a prôné à son tour Mme Chelsea Antoine (Trinité-et Tobago), qui s’exprimait au nom du grand groupe des enfants et des jeunes.  Mme Antoine, qui représentait également le Conseil régional de la jeunesse des Caraïbes, a dès lors appelé l’ONU à promouvoir et faciliter la participation des jeunes, souhaitant que les équipes de pays collaborent avec les structures de jeunes de manière inclusive, et non pas avec quelques jeunes triés sur le volet.  « Si nous sommes réellement attachés à la promesse du développement durable, alors il faut investir dans ceux qui doivent donner corps à cette promesse. »

Le débat de l’ECOSOC sur les activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies, qui se tient sur trois jours, s’articule en une série de dialogues thématiques, dont deux aujourd’hui. Le premier avait pour thème « Soutenir les activités opérationnelles de première ligne pour le développement: messages provenant du terrain », alors que l’après-midi était consacrée à un dialogue de haut niveau entre le Secrétaire général de l’ONU et les États Membres.

Soutenir les activités opérationnelles de première ligne pour le développement: les messages du terrain

Le premier dialogue interactif de ce débat a permis de mettre en exergue le travail des coordonnatrices et coordonnateurs résidents des Nations Unies à partir du témoignage de celles et ceux postés au Lesotho, au Tadjikistan, en Papouasie-Nouvelle-Guinée et en Indonésie.

Leurs interventions ont illustré les avantages comparatifs du système des Nations Unies pour le développement, la façon dont celui-ci fédère non seulement la famille onusienne mais aussi les autres acteurs du développement, dont le secteur privé, les banques nationales, la société civile et les mécanismes de mise en commun des financements.  Des exemples ont été donnés pour illustrer les fruits des efforts pilotés par les pays et facilités par un système onusien de développement cohérent et harmonisé.  Tour à tour, les coordonnatrices et coordonnateurs régionaux ont ainsi présentés les progrès concrets réalisés grâce à une appropriation nationale forte et appuyés par des équipes de pays intégrées.

Comme l’a résumé la modératrice du dialogue, Mme Inga Rhonda King (Saint-Vincent-et-les Grenadines), le système des Nations Unies pour le développement, grâce à son repositionnement, joue un rôle de catalyseur: il fédère expertise et partenariats et permet de déployer des actions conjointes dans différents secteurs.

Mme Amanda Mukwashi, Coordonnatrice résidente des Nations Unies au Lesotho, a décrit le soutien à fort impact et à forte valeur ajoutée apporté par l’équipe de pays des Nations Unies.  Celui-ci favorise en effet une coopération au développement intégrée et fondée sur des données factuelles.  La Coordonnatrice a notamment salué la collaboration entre l’équipe de pays et le Gouvernement pour lancer conjointement le Cadre de coopération 2024-2028, un cadre ancré dans les priorités nationales et articulé autour de trois piliers stratégiques: la bonne gouvernance et l’équité sociale; les systèmes alimentaires, l’action climatique et la durabilité environnementale; et le développement économique.  Ce cadre a été élaboré à travers un processus inclusif, avec la participation de la société civile, du secteur privé et des partenaires de développement.  Sa mise en œuvre est codirigée par le Ministre lesothan des finances et la Coordonnatrice résidente des Nations Unies, a-t-elle expliqué, ce qui garantit une forte appropriation et une grande responsabilité au niveau national. 

Son homologue, la Coordonnatrice résidente Des Nations Unies en Indonésie, Mme Gita Sabharwal, a donné un exemple concret du pouvoir fédérateur des coordonnateurs résidents.  Grâce à ce système, différents programmes alimentaires ont été mis en place pour aider 83 millions de personnes, avec le concours de l’OMS, du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) et de l’UNICEF qui misent sur des chaînes de valeur alimentaires pour lutter contre la malnutrition et donner des moyens aux communautés pour développer une agriculture verte. 

Les équipes de pays adoptent une approche plus axée sur les résultats, a témoigné à son tour le Coordonnateur résident en Papouasie-Nouvelle-Guinée en évoquant par exemple la mise en œuvre du nouveau Pacte de financement.  M. Richard Howard a expliqué comment, à partir d’une analyse du pays destinée à définir le cadre de coopération et les priorités pour une action conjointe, il a été possible de mettre en place des mécanismes de coordination avec le Gouvernement et les partenaires de développement.  L’équipe intégrée a travaillé sur une plus longue période et a permis de lever un budget de 50 millions de dollars non préaffectés auxquels se sont ajoutés des fonds de la Banque mondiale.  Cette mise en commun des financements a permis d’élaborer une stratégie politique nationale pour réaliser les objectifs de développement durable (ODD).

Dans la même veine, la Coordonnatrice résidente des Nations Unies au Tadjikistan a cité le nouveau programme de la Banque mondiale dans le secteur de la santé, élaboré à partir des recommandations d’une initiative de l’OMS dans le domaine des soins de santé primaires.  Ce programme constitue un modèle de cohérence programmatique et de renforcement des résultats, s’est réjouie Mme Parvathy Ramaswami. 

À la suite de ces exposés, plusieurs États Membres, dont le Paraguay, le Suriname, la République de Moldova, le Guatemala et l’Éthiopie, sont venus témoigner de leurs expériences respectives en matière de coopération avec le système des Nations Unies pour le développement.  Ils ont mis en avant les mérites non seulement de la coopération technique entre les différentes agences onusiennes et les institutions nationales pour renforcer les capacités des pays, mais également d’une approche participative. Les programmes et les cadres de coopération sont élaborés à l’issue de consultations systématiques avec les autorités nationales, ainsi qu’avec les acteurs de la société civile et les secteurs concernés afin de garantir la légitimité, la cohérence et l’appropriation locale.

Sur la base de leurs expériences, certaines recommandations ont été faites afin de continuer à améliorer l’efficacité du système de coopération.  Tout d’abord, les délégations ont plaidé pour une plus grande souplesse opérationnelle qui permette de s’adapter à l’évolution des contextes nationaux. Face à la « lourdeur bureaucratique », le Paraguay a encouragé l’unification des mécanismes de rapport et d’évaluation afin de réduire les charges administratives inutiles. Tous ont soutenu le renforcement du rôle du coordonnateur résident, avec des ressources suffisantes et l’autorité nécessaire pour promouvoir une véritable articulation entre les agences. 

Ces points ont été repris à leur compte par les coordonnateurs résidents qui ont tiré plusieurs enseignements clefs.  Tout d’abord, l’appropriation nationale et la codirigeance sont essentielles pour garantir la légitimité et la durabilité des programmes.  Cela passe par un soutien politique intégré et un dialogue inclusif, qui permettent une programmation agile et adaptative.  L’accent a été mis sur l’efficacité de la coordination dirigée par le coordonnateur résident, notamment la coordination avec les institutions financières internationales.  Cela renforce l’impact collectif.  Sans oublier l’impératif de l’inclusivité, sachant que les partenariats impliquant l’ensemble de la société, notamment la société civile, le secteur privé et les communautés, sont essentiels pour opérer un changement systémique.

Ces exposés ont mis en valeur le rôle précieux du système des Nations Unies pour le développement dans le soutien aux différents contextes nationaux, a relevé la modératrice du dialogue.  Elle a incité à poursuivre les efforts communs existants, à améliorer la coordination entre les acteurs et à créer des alliances innovantes dans le cadre de l’Initiative ONU80, la réforme structurelle entreprise par l’Organisation à l’occasion de son quatre-vingtième anniversaire. 

Dialogue de haut niveau avec le Secrétaire général 

Au cours de l’après-midi, les États Membres ont échangé avec le Secrétaire général de l’ONU après qu’il a présenté son « rapport sur l’application de la résolution 79/226 de l’Assemblée générale relative à l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies ». 

M. António Guterres a souligné qu’alors que l’ONU fête ses 80 ans, cet anniversaire est tempéré par une réalité dure et indéniable, qui transparaît à chaque page du rapport: « à moins de cinq ans de l’échéance de 2030, nous sommes face à une véritable crise du développement ». En effet, la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) accuse un retard alarmant, alors que certains des gains durement acquis ces dernières années risquent d’être réduits à néant. 

Face à la pauvreté, à la faim, aux inégalités, à la crise climatique, aux infrastructures en déclin et au manque de ressources dans l’éducation et la protection sociale, les progrès demeurent trop lents, a-t-il déploré, rappelant qu’il ne faut pas perdre de vue qu’une crise du développement est, avant tout, une crise humaine.  Cette crise du développement est aussi une crise du financement, a-t-il poursuivi en soulignant que dans tous les secteurs, les ressources se réduisent comme peau de chagrin, et ce depuis un certain temps. 

Le Secrétaire général a souligné que les contributions financières versées en 2023 au système des Nations Unies pour le développement ont chuté de 9 milliards de dollars, soit une baisse de 16% par rapport à l’année précédente.  « Notre Organisation est de plus en plus appelée à faire plus avec moins, et cela ne devrait pas changer de sitôt », a-t-il prévenu.  D’ailleurs, a-t-il constaté, cette année, plusieurs bailleurs de fonds mettent un coup de frein sans précédent à leurs engagements en matière d’aide sur le terrain. 

En dépit de ces défis, M. Guterres a estimé que son rapport est également porteur d’un vrai message d’espoir.  Cet espoir repose sur plusieurs éléments.  Il a évoqué les progrès accomplis ensemble dans la réforme et le repositionnement du système des Nations Unies pour le développement.  Il a cité l’Initiative ONU80, qui, dans le prolongement de ces réformes, induira les changements nécessaires à travers l’ensemble du système pour une organisation « plus efficace, plus cohésive et plus efficiente ». 

Le Secrétaire général a aussi parlé de l’appui résolu que les États continuent de manifester aux coordonnatrices et coordonnateurs résidents et aux équipes de pays, avant de mentionner leur détermination à travailler aux côtés des Nations Unies dans un esprit de collaboration.  Il a enfin dit compter sur le potentiel du Pacte pour l’avenir à accélérer les progrès vers les ODD.  Un Pacte dont les engagements exigent notamment de l’audace dans tous les aspects propices au développement durable, y compris le financement du développement, l’allègement de la dette et le renforcement de l’architecture financière internationale.

Pour la suite, le Secrétaire général a suggéré de « garder le cap sur les objectifs de développement durable ». Selon lui, si l’on veut accélérer la cadence, il faut que les États Membres honorent les engagements ambitieux qu’ils ont pris en 2015 en adoptant les ODD et dans le cadre du Pacte pour l’avenir.  La quatrième Conférence internationale sur le financement du développement, qui se tiendra à Séville, constituera un moment clef dans la conduite des changements nécessaires, a-t-il estimé.  « Pour passer à la vitesse supérieure, il faut engager une transformation audacieuse. »

M. Guterres a ensuite promis que l’ONU continuera d’adapter ses opérations aux besoins et aux priorités des pays hôtes.  Il a relevé que 98% des pays hôtes estiment que les activités de l’ONU prévues dans les plans-cadres de coopération concordent bien ou très bien avec les priorités nationales.  Il a néanmoins constaté que le cadre de gestion et de responsabilité, établi pour renforcer la responsabilité dans l’action collective des Nations Unies, n’est pas appliqué de manière uniforme dans toutes les entités du système. Il a indiqué que le Bureau chargé des évaluations dans le système des Nations Unies pour le développement, récemment établi, rédige actuellement son premier rapport indépendant qui sera présenté à l’ECOSOC cette année.

En matière de financement, il s’est dit très préoccupé par la situation du système.  En effet, les contributions aux ressources de base des organismes de développement sont insuffisantes.  Elles ne représentent plus que 16,5% du financement total, voire 12% pour certaines entités.  On est bien loin de l’objectif de 30% que les pays se sont engagés à atteindre dans le cadre du Pacte de financement, a-t-il mis en garde.  « Notre capacité à stimuler le développement et à apporter une aide durable est compromise, or c’est maintenant que les pays ont le plus besoin de nous », s’est-il lamenté.  Nous avons plus que jamais besoin de sources de financement souples, durables, prévisibles et novatrices, a-t-il souligné en invitant instamment les États Membres à mettre en œuvre sans délai le nouveau Pacte de financement. 

Enfin, M. Guterres a expliqué que l’ONU s’évertue à chercher comment optimiser l’utilisation des ressources consacrées au développement.  Selon lui, l’Initiative ONU80 n’est pas une réponse aux coupes budgétaires mondiales, mais une réponse aux besoins mondiaux et aux besoins des populations du monde entier. 

Préoccupations des États Membres et réaction du Secrétaire général

L’Iraq, s’exprimant au nom du Groupe des 77 et la Chine (G77), a constaté lui aussi que le financement du développement se réduit comme peau de chagrin alors que les pays font face à une crise de surendettement.  Sachant que 3,8 milliards de personnes ne bénéficient pas de couverture sociale par exemple, il a demandé à se reconcentrer sur le développement, en soulignant que la communauté internationale a ce qu’il faut pour résoudre ces problèmes.  Il faut juste transformer les promesses en réalité.  Il faut également que l’Initiative ONU80 permette de traduire le Pacte pour l’avenir en réalisations concrètes accompagnant la mise en œuvre des ODD, a renchéri l’Union européenne (UE).  L’UE, rappelant qu’elle est le plus grand bailleur de fonds du système des Nations Unies pour le développement, a appelé à élargir la base des donateurs.

Au nom des pays les moins avancés (PMA), le Népal a lancé un appel pour que soit renforcé le financement du développement et pour que des solutions soient trouvées pour remédier au surendettement de ces pays.  Le groupe a aussi plaidé pour une transition en douceur des PMA vers la catégorie des pays à revenu intermédiaire, précisant que le succès du Programme 2030 sera jugé à l’aune des progrès menés dans ces pays.  De son côté, l’Éthiopie, parlant au nom du Groupe des États d’Afrique, a pointé les lacunes de l’ECOSOC dans le suivi de la mise en œuvre des programmes du système des Nations Unies pour le développement,. 

Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), les Bahamas ont évoqué des défis structurels des pays de la région dont la majorité sont des petits États insulaires en développement (PEID). La CARICOM a dit son inquiétude face aux perspectives de réduction de la présence de l’ONU dans les Caraïbes du fait de la conjoncture actuelle.  Le soutien au développement doit se fonder sur la vulnérabilité réelle, a-t-elle insisté. À ce propos, l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle doit être pris en compte dans la programmation des activités opérationnelles de développement, ont confirmé les Palaos qui parlait au nom de l’Alliance des petits États insulaires.  Les pays en développement sans littoral, par la voix de la Bolivie, ont aussi égrené un chapelet de mesures à prendre pour les sortir de leur isolement géographique et faciliter leur accès aux chaînes de valeurs sur la scène mondiale.

L’Australie a pris la parole au nom du CANZ (Canada, Australie, Nouvelle-Zélande) pour plaider en faveur de solutions difficiles au vu de la situation critique que vit le système des Nations Unies pour le développement,.  Le système doit d’abord optimiser les fonctions que les Nations Unies maîtrisent le mieux, a déclaré le CANZ.  Pour le groupe, il faut un système pragmatique et souple, en évitant les doublons qui font apparaître la concurrence entre agences onusiennes au sein des pays.  Il faut également que les coordonnateurs résidents aient le profil de l’emploi, a ajouté la délégation des Philippines qui s’exprimait au nom du Groupe des amis des pays à revenu intermédiaire.  Ce groupe a appelé le Secrétaire général à nommer un point focal dédié à ces pays en situation particulière.

Réagissant aux délégations, le Secrétaire général a promis le langage de la franchise.  « Les grandes questions ne portent pas sur le système des Nations Unies pour le développement, mais sur le système financier international », a-t-il avancé.  Selon lui, même avec toutes les améliorations du système des Nations Unies pour le développement, on n’arrivera pas à résoudre tous les problèmes.  Il a aussi constaté que ce sont les pays en développement qui payent le prix des tensions et confrontations entre les grandes puissances. M. Guterres s’est tout de même réjoui des avancées que le système des Nations Unies pour le développement, a connu depuis sa prise de fonction.  Il a dépeint un système naguère désorganisé et segmenté qui connaît aujourd’hui une coordination plus élaborée, même s’il peut encore être améliorée.  « Nous voulons procéder à toutes les réformes nécessaires, c’est notre engagement. »

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Cinquième Commission: examen d’une enveloppe de 5,5 milliards de dollars pour financer les 10 opérations de paix de l’ONU en 2025-2026

Soixante-dix-neuvième session
35e séance plénière – matin
AG/AB/4500

Cinquième Commission: examen d’une enveloppe de 5,5 milliards de dollars pour financer les 10 opérations de paix de l’ONU en 2025-2026

La Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, a examiné aujourd’hui une enveloppe exacte de 5 498 500 000 dollars demandée par le Secrétaire général pour financer les 10 opérations de maintien de la paix des Nations Unies du 1er juillet 2025 au 30 juin 2026. 

Le Groupe des 77 et la Chine ainsi que le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) ont pris note de la réduction de 1,7% par rapport à l’exercice budgétaire précédent, compte tenu de la fermeture de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA). 

Mme Maria Costa, Contrôleuse adjointe des Nations Unies, qui a présenté le rapport de M. António Guterres, a aussi donné un aperçu de l’exécution du budget en 2024-2025.  À cet égard, le CCQAB se dit préoccupé, dans son rapport, par le fait que les missions au Kosovo, au Sahara occidental et en Somalie ne disposent pas actuellement de liquidités suffisantes pour couvrir leurs dépenses de fonctionnement pendant trois mois. 

Revenant au budget 2025-2026, Mme Costa a précisé que le montant de 5,5 milliards de dollars représente une diminution de 94,6 millions de dollars par rapport au budget approuvé pour l’exercice 2024-25.  Elle a tenu à souligner que les opérations de maintien de la paix sont l’un des instruments les plus importants et les plus visibles de l’Organisation en matière de gestion et de règlement des conflits.  Elles doivent recevoir des ressources suffisantes pour s’acquitter efficacement des mandats qui leur ont été confiés par le Conseil de sécurité.  Les bénéficiaires ultimes sont les populations des pays où les Casques bleus sont déployés, a rappelé la Contrôleuse adjointe. 

Le Groupe des 77 et la Chine ont noté la réduction du budget global, avant de s’étonner de l’augmentation significative des budgets de certaines missions.  Le Groupe a en effet jugé la chose « inhabituelle » dans le contexte de la réforme des opérations de maintien de la paix.  Toute réduction, a-t-il tout de même prévenu, doit se baser sur des données, étayées par des faits et évaluées de manière approfondie, afin de ne pas compromettre l’exécution des mandats, en particulier dans des environnements complexes et à haut risque.  Le CCQAB a pour sa part encouragé le Secrétaire général à poursuivre et à renforcer ses efforts pour recenser les domaines dans lesquels des réductions de ressources pourraient être réalisées. 

Saluant les gains d’efficacité de 53,4 millions de dollars prévus par le Secrétaire général, qui reflètent également la promotion d’une nouvelle culture, le Groupe des 77 et la Chine ont, comme le CCQAB, réclamé des explications plus détaillées et plus complètes sur les méthodes et les hypothèses utilisées pour calculer ces gains.  L’efficacité ne saurait se faire au détriment de la sécurité du personnel, a insisté le Groupe. 

En ce qui concerne les emprunts croisés, le Groupe a noté que le compte d’appui aux opérations de maintien de la paix continue d’être mis à rude épreuve par des problèmes de liquidités dus aux arriérés considérables du plus grand contributeur.  Un montant de 306,6 millions de dollars a dû être emprunté aux missions clôturées. Le Groupe a réitéré son appel en faveur du paiement intégral et en temps voulu des contributions statutaires.  Préoccupé par ailleurs par le niveau élevé de soldes inutilisés, en particulier au titre du personnel civil, des installations et des besoins opérationnels, le Groupe a dit appuyer la recommandation du CCQAB appelant les missions à renforcer la coordination entre les fonctions de planification et de budgétisation afin d’assurer une meilleure exécution et une évaluation plus précise des besoins. 

En ce qui concerne les mécanismes de recouvrement des coûts, le Groupe a noté avec préoccupation l’accumulation de soldes excédentaires dans le compte d’appui aux opérations de maintien de la paix et d’autres arrangements de partage des coûts.  Nous demandons des précisions sur la gestion de ces excédents.  Un lien plus clair doit être établi entre les besoins en ressources et les tendances réelles des dépenses, a-t-il argué. 

Le Groupe a également souligné l’importance pour les opérations de s’approvisionner sur les marchés locaux, avant de souligner la nécessité de maintenir une représentation géographique équitable, en particulier aux échelons supérieurs.  Les pays contributeurs de troupes doivent avoir une voix au chapitre de la gestion des opérations de maintien de la paix, a martelé le Groupe. 

La Cinquième Commission tiendra une autre séance publique le mercredi 28 mai, à partir de 10 heures, pour examiner le rapport d’étape annuel sur le Plan stratégique patrimonial de l’Office des Nations Unies à Genève. 

Suivez les délibérations sur: En direct de l’ONU | Couverture des réunions & communiqués de presse

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité des ONG reprend sa session de 2025 et recommande l’octroi du statut consultatif spécial auprès de l’ECOSOC à 71 ONG

Reprise de la session de 2025
14e& 15e séances plénières – matin & après-midi
ONG/989

Le Comité des ONG reprend sa session de 2025 et recommande l’octroi du statut consultatif spécial auprès de l’ECOSOC à 71 ONG

Le Comité chargé des organisations non gouvernementales (Comité des ONG) a repris sa session de 2025 en recommandant l’octroi du statut consultatif spécial à 71 ONG.  Soixante-et-une ONG ont en revanche vu leur demande reportée dans l’attente de l’examen de leurs réponses aux questions que leur ont posées aujourd’hui un ou plusieurs membres du Comité.

Le Comité a également décidé de rayer de la liste les demandes de statut consultatif reportées des sessions précédentes pour lesquelles les ONG n’ont pas répondu aux trois derniers rappels.

Le Comité des ONG, qui est composé de 19 membres, peut recommander trois différents statuts consultatifs auprès du Conseil économique et social (ECOSOC): le statut consultatif général, le statut consultatif spécial et l’inscription sur la Liste. 

Le premier statut est réservé aux grandes ONG internationales dont les domaines d’action et de travail couvrent la majorité des points contenus dans l’ordre du jour de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires.  Ces ONG sont habilitées à soumettre au Conseil des communications écrites et des pétitions, et à proposer l’inscription de points à l’ordre du jour. 

Le statut consultatif spécial est octroyé aux ONG travaillant dans un domaine spécifique et les autorise à soumettre des communications écrites et des pétitions à l’ECOSOC.  Enfin, la Liste va aux ONG qui ont tendance à travailler d’une manière plus technique et/ou restreinte.  Elles ne peuvent soumettre au Conseil que des communications écrites. 

Dans le cadre de cette reprise de session, le Comité devra examiner un total de 258 nouvelles demandes de statut consultatif et 356 demandes reportées des sessions précédentes, ce qui porte le nombre total de demandes à examiner à 614. 

Outre les demandes, le Comité est saisi de deux reclassements et d’une fusion reportés, de 407 nouveaux rapports quadriennaux et de 148 rapports reportés des sessions précédentes.  Il y a également 76 organisations qui ont soumis des rapports quadriennaux en souffrance et dont le statut consultatif doit donc être rétabli, 204 organisations dont les rapports sont en souffrance et dont le statut consultatif doit être suspendu et 239 organisations dont les rapports sont toujours en souffrance et dont le statut consultatif doit être retiré. 

Intervenant au sujet des méthodes de travail du Comité, l’Algérie a suggéré de ne pas inclure sur la liste les ONG qui ne sont pas éligibles.  La délégation algérienne a également souhaité obtenir des explications sur les changements de nom des ONG et a appelé à éviter les doublons sur le système de « Comité sans papier ».

La Türkiye a réagi à la proposition du Président d’accorder une seule minute au lieu de deux à l’examen des nouvelles demandes, regrettant que les délégations n’aient pas été consultées.  Le Président a ensuite fait observer que c’était une pratique établie.  Israël a commenté pour sa part la proposition de réduire de 10% le nombre de rapports examinés durant cette session.

La Chine a dénoncé la politisation des travaux du Comité, notant que les ONG chinoises font l’objet de nombreuses questions. À son tour, le Royaume-Uni a demandé l’approbation de toutes les ONG légitimes, dénonçant le blocage de certaines demandes et les reports politisés.  Elle a notamment pointé le fait que certaines ONG se voient poser des questions identiques à de multiples reprises.

La question de la politisation figurait également parmi les préoccupations de Cuba qui a par ailleurs appelé à rationaliser les processus internes de l’ECOSOC, s’agissant notamment du groupe de travail informel sur les méthodes de travail, afin d’éviter les chevauchements et alléger la charge de travail des petites délégations.  L’Inde a assuré pour sa part de son attachement au rôle de la société civile.

Avant de passer à l’examen des demandes, le Comité a accordé la parole au représentant de l’Azerbaïdjan, qui a accusé l’ONG Christian Solidarity International (CSI) d’abuser de son statut consultatif auprès de l’ECOSOC par des actes sans fondement et politiquement motivés et par une campagne de diffamation dirigée contre la souveraineté et l’intégrité territoriale de son pays.  Les réponses apportées par l’ONG aux questions du Comité sont trompeuses, a-t-il également affirmé.  La Türkiye a dit partager les préoccupations de l’Azerbaïdjan, de même que le Pakistan.

L’Arménie a en revanche dénoncé des « tentatives infondées » visant à discréditer CSI.  Les accusations à son encontre sont motivées politiquement, a-t-elle affirmé, insistant sur l’importance pour la société civile de pouvoir s’exprimer sans craindre des représailles.

En début de séance, le Chef du Service des organisations non gouvernementales a informé des répercussions de la crise de liquidités sur le travail du Comité.  Les ressources nécessaires ne sont pas mises à disposition et on n’est pas non plus en mesure de recruter pour les postes vacants, a-t-il déploré.

Nouvelles demandes d’admission au statut consultatif et nouvelles demandes de reclassement

Octroi du statut consultatif spécial

  1. African Transport and Logistics Supportive Foundation (Nigéria)
  2. Alliance Africaine pour la Gouvernance Participative (AAGP) (Guinée)
  3. Alliance For Reproductive Health Rights (Ghana)
  4. Altar Relief Foundation (Ghana)
  5. Arab Youth Climate Movement Qatar LLC(G) (Qatar)
  6. Asia Philanthropy Circle Ltd (Singapour)
  7. Asido Ohieku Foundation (Nigéria)
  8. Association Mauritanienne pour l’Aide aux enfants pauvres (Mauritanie)
  9. Association for Dalit Women Advancement of Nepal (Népal)
  10. Association pour la citoyenneté, le développement et la solidarité au Sahel (Mauritanie)
  11. Associação Data Privacy Brasil de Pesquisa (Brésil)
  12. Child Care Association (Arabie saoudite)
  13. Child's Destiny and Development Organisation (CHIDDO) (Soudan du Sud)
  14. Civil Society Network on Migration and Development (Nigéria)
  15. Coordinadora Latinoamericana y del Caribe de Pequeños Productores de Comercio Justo (El Salvador)
  16. Corporación Makaia Asesoría Internacional (Colombie)
  17. CrimsonBow Sickle Cell Initiative (Nigéria)
  18. EEGAI (Guarantee) Limited (Sri Lanka)
  19. Federation of Entrepreneurs (Ghana)
  20. Foyer de l'humanité pour un futur meilleur (République démocratique du Congo)
  21. Fundación Barranquilla+20 (Colombie)
  22. Fundación para el Desarrollo Integral en Género y Familia – GENFAMI (Colombie)
  23. Green Africa Youth Organization (Ghana)
  24. Green Crescent South Africa (Afrique du Sud)
  25. HATOF Foundation LBG (Ghana)
  26. Health Aid for All Initiative (Nigéria)
  27. HomeNet South Asia Trust (Maurice)
  28. Iniciativa Negra por Uma Nova Política de Drogas (Brésil)
  29. Instituto Brasileiro de Direito e Religião (Brésil)
  30. Instituto Rede Mulher Empreendedora - IRME (Brésil)
  31. International Organisation for Development and Environment (Égypte)
  32. International Water Management Institute (Sri Lanka)
  33. Jumeaux Republicains du Togo (Togo)
  34. Kadana Foundation (Kenya)
  35. Manluku Youth Development Initiatives Tanzania (Mydia-tz) (Tanzanie)
  36. ONG Cœur en Éveil (Côte d’Ivoire)
  37. Organisation Humanitaire pour le Développement Local (OHDEL) (Tchad)
  38. Philippine Center for Islam & Democracy Inc. (Philippines)
  39. Pink Africa Foundation (Nigéria)
  40. Qendra « .as » Durrësi Aktiv" « .as » (Albanie)
  41. Red Latinoamericana de Acogimiento Familiar (R.E.L.A.F.) (Uruguay)
  42. Resource Centre for Human Rights & Civic Education (Nigéria)
  43. STS International Solidarity (Somalie)
  44. Sino-Phil Asia International Peace Awards Foundation Inc. (Philippines)
  45. Sommac (RDC)
  46. United Nations Association of Tchad (UNA-CHAD) (Tchad)
  47. United Peace Organization (Soudan)
  48. Vulnerable Persons Rights Protection Foundation (Nigéria)
  49. Women Of Uganda Network Development (Ouganda)
  50. World Humanity Commission (Nigéria)
  51. Young Global Leaders Network LBG (Ghana)
  52. Youth and Conflict Resolution Initiatives (Nigéria)
  53. Youths and Environmental Advocacy Centre (Nigéria)
  54. Age Platform Korea (République de Corée)
  55. Assembly of Manitoba Chiefs Secretariat Inc. (Canada)
  56. Association Sine Qua Non (Suisse)
  57. Associazione ONLUS Missione Calcutta Hélène Ehret Children's Home (Italie)
  58. CMI Martti Ahtisaari Peace Foundation (Finlande)
  59. Camminiamo oltre l’Orizzonte (Italie)
  60. Center for Migration, Gender, and Justice (Allemagne)
  61. Coordinamento Donne nel Mondo…Rights in the Word (Italie)
  62. Cranstoun (Royaume-Uni)
  63. DaN Basel (Dienst am Nächsten Basel) (Suisse)
  64. Deafblind International (DbI) (Pays-Bas)
  65. EUROGAS - European Union of the Natural Gas Industry (Belgique)
  66. Egale Canada (Canada)
  67. Elevate International (Canada)
  68. European Alliance for the Self-Determination of Indigenous Peoples (Autriche)
  69. European Forum for Primary Care (Pays-Bas)
  70. Fondation Global Challenges Forum (Global Challenges Forum Foundation) (Suisse)
  71. Fundação EurOcean (Portugal) 

Examen des demandes de statut

Les ONG suivantes ont vu l’examen de leur demande reportée suite aux questions soulevées par un ou plusieurs membres du Comité.

L’Arménie a voulu savoir dans quels pays l’ONG « Azerbaijani Students and Alumni Platform » Public Union (Azerbaïdjan) met en œuvre ses projets en matière d’éducation et de culture et quelles sont ses organisations partenaires.

Comment « Sancaq Media Group » Məhdud Məsuliyyətli Cəmiyyəti (Azerbaïdjan) assure-t-elle sa viabilité financière, a demandé la Türkiye qui a noté que l’ONG n’est financée que par ses membres.

Les États-Unis ont demandé à African Belt and Road Development Initiative (Nigéria) une liste de ses projets en cours.  Ils ont également souhaité connaître les sources de financement des projets de ONG Aircraft Owners and Pilots Association of China (Chine). La Chine a quant à elle demandé à l’Association Impact pour le Développement (Maroc) de fournir davantage d’informations sur les subventions qu’elle reçoit et comment elle assure son indépendance financière. 

Le Cameroun a demandé à l’Association des jeunes entrepreneurs du Cameroun (Cameroun) de fournir un état détaillé de ses contributions par membre statutaire, relevant que l’ONG indique disposer d’un milliard de francs CFA pour 2023, qui ne proviendrait que de 40 membres. Quels sont les garde-fous mis en place pour vérifier d’où viennent les financements des membres?  Et y a-t-il un montant de contributions statutaires pour ses adhérents?

La délégation camerounaise a également souhaité obtenir une liste des montants versés à Ban Animal Trading South Africa (Afrique du Sud).

La Türkiye a souhaité connaître les critères d’adhésion au Center for Peace Advocacy and Sustainable Development (Nigéria), relevant que le Ministre de la jeunesse et des sports du Nigéria en est membre.  Pourriez-vous fournir par écrit le détail des sources de financement de tous vos projets, ont demandé les États-Unis à Chinese Doctors Association (Chine). De son côté, le Pakistan a souhaité obtenir des détails sur le programme CROP de Dr. Reddy's Foundation (Inde) et son incidence pour améliorer les conditions de vie des personnes handicapées.  Notant que Environment Conservation Society (Inde) a reçu un montant important du Gouvernement indien, le Pakistan a souhaité comprendre comment l’organisation peut dès lors prendre des décisions indépendantes.

Passant à Environment and Food Foundation (Cameroun), le Cameroun a demandé les états financiers complets de l’organisation pour l’année 2024.  S’adressant à Environment and Social Development Organization (Bangladesh), l’Inde a souhaité savoir comment l’organisation gère ses projets, notant que dans sa déclaration, il est indiqué qu’elle n’a pas de dépenses administratives.

Les États-Unis ont demandé le plan d’action pour 2025-2026 de l’ONG Fundación Huésped (Argentine), notamment les activités en rapport avec les Nations Unies.  À Gender Links (Afrique du Sud), Israël a demandé des détails sur les organisations internationales qui la financent, tandis que le Pakistan attend des détails sur les projets que mène Internet Freedom Foundation (Inde).  Les États-Unis ont souhaité obtenir la liste des projets déjà menés par Jingshi International Consulting Services (Hainan) Co., Ltd. (Chine) et connaître leur source de financement.  À L’instance nationale des droits de l’Homme (Maroc), la Chine a demandé de préciser les activités en 2024 en lien avec l’ONU.

S’adressant à Reality of Aid Network Asia Pacific, Inc. (Philippines), la Chine a demandé comment son champ de déploiement peut être circonscrit à l’Asie pacifique alors qu’elle dit recevoir des financements de l’Union européenne.  Slum Dwellers International (Afrique du Sud) a été invitée par le Cameroun à fournir la liste des États qui l’ont financé en 2024.  Quant à Society of Entrepreneurs & Ecology (SEE)(Chine), les États-Unis lui ont demandé de préciser ses liens avec le parti communiste chinois.  The Union of Palestinian National Organizations (État de Palestine) a été invitée également par la délégation américaine à clarifier sa liste d’ONG membres.  Le Pakistan a réclamé des détails du programme « connaître ses droits » de l’ONG The YP Foundation (Inde). 

L’ONG Ukrainian Peace Council (Ukraine) a ensuite été priée par la Chine d’expliquer comment elle fonctionne sans aucune dépense administrative.  Urban Planning Society of China (Chine) devra également expliquer, à la demande des États-Unis, ses rapports avec le Gouvernement chinois. La délégation américaine a aussi voulu savoir s’il y a eu des mutations à la tête de Vanke Foundation (Chine) comme semble le montrer des articles de presse.  La délégation chinoise a réagi à cette question en demandant au Comité si une délégation pouvait baser sa question sur des articles de presse alors que le dossier envoyé par les ONG fait foi.  Le secrétariat du Comité a confirmé que toutes les sources d’information sont exploitables par les États.

La Chine a pour sa part souhaité obtenir des explications sur le fonctionnement de l’ONG Accountable Impact Corp (États-Unis) qui n’a pas mentionné de dépenses administratives.  À Agora Partnerships (États-Unis), la délégation chinoise a demandé de justifier ses frais de fonctionnement très élevés et établis à 44% du budget total annuel.  À American Clean Power Association, la Chine a demandé des explications sur sa contribution aux travaux de l’ECOSOC, avant de prier American Geophysical Union (États-Unis), de détailler sa contribution aux deux dernières conférences des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.

De même, la Chine a prié Arab Foundations Forum USA (États-Unis) d’apporter des précisions sur certaines de ses ONG partenaires, et à Artistic Freedom Initiative Inc. (États-Unis) de fournir la liste des bailleurs de fonds des deux derniers exercices budgétaires. À Association Jeunesse pour Christ International (États-Unis), la Chine s’est enquise de l’usage qui a été réservé au prêt de 420 000 dollars du Gouvernement américain en 2020.

Les États-Unis ont demandé à l’organisation Autonomous Non-Profit Organization « International and Comparative Law Research Center » (Fédération de Russie) de fournir la liste de ses projets et de ses sources de financement dans tous les pays énumérés dans son dossier. 

La Türkiye a noté que le volet financier du dossier de Business and Professional Women Cyprus (Chypre) fait apparaître un écart entre les revenus et les dépenses.  Quelles sources de revenus permettent d’expliquer cet excédent? s’est-elle enquise. 

Constatant que CRISP - Crisis Simulation for Peace (Allemagne) reçoit d’importants financements du Gouvernement fédéral de l’Allemagne, la Chine a souhaité savoir comment cette ONG préserve son indépendance. 

Le Pakistan a demandé à Campaign for Human Rights Inc (États-Unis) d’expliquer des incohérences relevées sur le nombre des membres de son conseil d’administration et du personnel dédié à son site Internet. La Chine a ensuite voulu savoir si l’ONG Centre de la Promotion des Droits de l’Homme (France) a participé à des manifestations de l’ONU depuis 2021. 

À son tour, la Türkiye a rejeté les références faites par le Centre Internacional Escarré per les Minories Ètniques i les Nacions CIEMEN (Espagne) à des entités géographiques au Kurdistan, estimant qu’elles ne sont pas conformes à la terminologie correcte de l’ONU.  Elle a invité le Service des ONG à supprimer ces éléments dans le système de documentation. 

La Chine a demandé à Citizens’ Alliance for North Korean Human Rights (République de Corée) de fournir des informations relatives à ses financements d’origine gouvernementale ainsi que la liste de ses activités.  Elle a en outre invité ClientEarth (Royaume-Uni) à apporter les changements nécessaires concernant l’utilisation du nom « Taïwan » et d’afficher à la place « province de Chine », conformément à la terminologie correcte de l’ONU. 

La Chine a par ailleurs réclamé à l’ONG Climate Conservation (États-Unis) des informations supplémentaires sur ses liens avec le Gouvernement des États-Unis.  De même, elle a souhaité savoir comment Coalition For Americas’ Health, Inc (États-Unis) a participé aux recherches sur les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) en 2023, avant de demander à Communitywide Charities Incorporated (États-Unis) d’apporter plus de détails sur sa durabilité financière. 

La Chine a voulu obtenir davantage d’informations sur le mécanisme utilisé par l’ONG Connection (Allemagne) pour mener des consultations avec des personnes refusant d’effectuer leur service militaire.  Elle a également demandé à la Conrad N. Hilton Foundation (États-Unis) de fournir une liste des récipiendaires de ses bourses. 

Cuba a, pour sa part, souhaité savoir si l’organisation Cornell University (États-Unis) a des projets en cours impliquant des pays d’Amérique latine et des Caraïbes.  Le cas échéant, elle lui a demandé de préciser la nature de ces projets. 

Après s’être étonnée que l’ONG Dress for Success Worldwide (États-Unis) fonctionne sans aucun code administratif, la Chine a demandé à la Drug Policy Alliance (États-Unis) de préciser dans quelle mesure elle pourrait contribuer aux travaux de l’ONU et de l’ECOSOC sur le problème de la drogue. 

À son tour, le Pakistan a invité l’organisation ELNET Europe-Israel (Israël) à fournir des détails sur ses projets depuis 2022, en précisant les sources de financement, les finalités et les réalisations.  Dans le même ordre d’idées, le Nicaragua a demandé à l’ONG Edmond de Rothschild Partnerships (Israël) de fournir une liste de ses projets et activités entre 2022 et 2024, en précisant les effets sur le terrain. 

De son côté, Cuba a voulu savoir comment Educating for Excellence (Israël) peut garantir son indépendance tout en recevant des fonds gouvernementaux pour se financer.  La Chine a, elle, souhaité savoir comment Eli Adewole Foundation Incorporated (États-Unis) mène son travail avec les pays ciblés, notamment le Nigéria.  Elle a par ailleurs demandé à Environmental Defense Fund (États-Unis) si elle prévoit de participer aux travaux de l’Instance permanente des Nations Unies sur les questions autochtones. 

Constatant que l’ONG European Centre for Democracy and Human Rights Limited (Belgique) fonctionne avec un déficit, Bahreïn lui a demandé d’expliquer comment elle assure la continuité de ses activités. 

La Chine a réclamé à EverFree (États-Unis) des précisions sur son financement.  Elle a également demandé à Face Equality International LBG (Royaume-Uni) de fournir des détails sur sa participation à la session de 2023 de la Conférence des États parties à la Convention relative aux droits des personnes handicapées. 

Pour leur part, les États-Unis ont demandé au Federal Research and Methodological Center for Psychology and Pedagogy of Tolerance (Fédération de Russie) de répondre plus précisément à la question 12 du questionnaire, relative aux comités consultatifs et aux experts.  Cuba a ensuite invité l’ONG Fondation United People Global (Suisse) à donner plus d’informations sur les fonctions et les tâches de ses membres en Suisse. 

La Chine a demandé à l’ONG Foundation for the Ban Ki-moon Centre (États-Unis) de préciser les raisons pour lesquelles ses coûts administratifs représentent 73% de ses dépenses.  Elle a ensuite appelé Freedom House Detroit (États-Unis) à fournir de plus amples détails sur son travail en 2024 et ses projets en 2025. 

Observant que 77% des fonds de l’ONG Fundación F.A.B.RE (FABRE) (Espagne) proviennent de source gouvernementale, Cuba a voulu savoir comment elle garantit l’indépendance de son fonctionnement. La Türkiye a quant à elle relevé que la Fundación Internacional Baltasar Garzón (Espagne) ne présente pas de dépenses administratives.  Comment mène-t-elle ses activités et a-t-elle des personnels autres que ses membres, a-t-elle interrogé. 

Dialogue interactif avec une ONG présente

Conformément à sa pratique, le Comité a invité les ONG présentes dans la salle à participer à une séance de questions-réponses.  Celle-ci n’a cette fois concerné que l’ONG Global Energy Interconnection Development and Cooperation (Chine), spécialisée dans la promotion du développement énergétique durable dans le monde. 

En cas d’accréditation, avec quelles entités ou processus de l’ONU travailleriez-vous en lien avec vos activités, ont demandé les États-Unis.  Le représentant de l’ONG a répondu que son organisation travaille d’ores et déjà en collaboration avec plusieurs agences et commissions économiques de l’ONU, notamment sur des projets de recherches ayant trait à la biodiversité, aux changements climatiques et à la protection de l’environnement.  L’ONG a rappelé qu’elle a participé à toutes les conférences des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP) depuis la COP 24.  Elle a également indiqué qu’elle est coorganisatrice d’événements avec l’ONU et qu’elle propose chaque année une manifestation parallèle au forum politique de haut niveau. 

Les États-Unis ont ensuite demandé à l’ONG de fournir des exemples concrets de travail commun avec des entités du système des Nations Unies. Ils ont également souhaité connaître les sources de financement de l’ONG de 2023 à 2025, ainsi que les modifications apportées à son dossier depuis sa première demande en 2019. 

Nous avons des mémorandums d’accord avec plusieurs entités de l’ONU, dont le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a expliqué le représentant de l’ONG, faisant état de projets avec d’autres organismes onusiens.  Il a ajouté que l’ONG a également des projets de recherche avec des organisations régionales telles que l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN). 

La Chine s’est étonnée des questions posées par les États-Unis alors que le statut de cette ONG a été présenté à plusieurs reprises et que sa situation financière est plutôt claire.  Les États-Unis ont assuré que leurs questions sont pertinentes, en particulier s’agissant du financement du mandat de l’ONG. 

Suivez les délibérations sur: En direct de l’ONU | Couverture des réunions & communiqués de presse

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Cinquième Commission: les délégations avancent des propositions pour remédier au « défi chronique de liquidités » que connaît l’ONU

Soixante-dix-neuvième session
34e séance plénière – matin
AG/AB/4499

Cinquième Commission: les délégations avancent des propositions pour remédier au « défi chronique de liquidités » que connaît l’ONU

Les délégations ont, ce matin, devant la Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, avancé des propositions pour remédier au « déficit chronique de liquidités » que l’ONU connaît, selon l’expression de la Suisse.  Comme l’a rappelé l’Union européenne, au 30 avril 2025, 2,4 milliards sur 3,72 milliards de dollars manquent au budget ordinaire de l’ONU, soit 1,7 milliard de plus que l’an dernier, tandis que le budget des opérations de maintien de la paix souffre d’un déficit de 2,7 milliards de dollars.

La Commission a d’abord entendu un exposé de Mme Catherine Pollard, Secrétaire générale adjointe chargée du Département des stratégies et politiques de gestion et de la conformité, complétant la présentation de la situation financière de l’ONU faite le 9 mai dernier par le Contrôleur de l’ONU.  Mme Pollard a livré une actualisation de la situation des paiements au budget ordinaire et à ceux des opérations de maintien de la paix et des tribunaux internationaux.  En ce qui concerne le budget ordinaire, Djibouti et le Mali se sont ajoutés à la liste des pays ayant versé l’intégralité de leur contribution, ce qui porte à 106 le nombre total d’États Membres à jour de leurs cotisations. 

S’agissant des opérations de maintien de la paix, Djibouti et l’Égypte ont versé le montant total de leur contribution, ce qui porte à 67 le nombre total d’États Membres ayant versé l’intégralité de ce qu’ils doivent à ce budget.  Pour ce qui est des tribunaux internationaux, le Danemark, Djibouti et le Mali ont effectué les versements attendus, ce qui porte à 84 le nombre total d’États Membres ayant versé l’intégralité de leur contribution dans cette catégorie. 

Les délégations se sont ensuite exprimées sur l’état des finances de l’ONU en se préoccupant de la gravité de la situation, Singapour, au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) regrettant que la crise de trésorerie soit désormais devenue la norme, avec des conséquences concrètes. Par exemple, le bâtiment abritant la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP) a dû fermer ses portes en raison des restrictions budgétaires.  « Nous ne faisons pas seulement face à une crise financière, mais à une crise de crédibilité », a tranché la Suisse, au nom également du Liechtenstein. 

Ce pays s’est montré le plus précis dans ses recommandations pour remédier à la crise.  La Suisse a ainsi jugé nécessaire d’introduire un mécanisme permettant de reporter temporairement le retour des crédits dans des conditions bien précises. « À l’heure actuelle, d’importantes sommes sont restituées aux États Membres à la fin de l’exercice budgétaire, même lorsque cette restitution compromet l’exécution du budget de l’année suivante. »  Cette pratique rigide peut répondre à une logique procédurale, mais elle nuit à la continuité opérationnelle, a expliqué la Suisse. 

« Nous soutenons donc la création d’un mécanisme conditionnel, limité dans le temps, permettant au Secrétariat de différer les restitutions uniquement lorsque deux critères clairs sont remplis: un taux d’exécution inférieur à 90%, et une situation de liquidités telle qu’elle pourrait mettre en péril les activités de l’année suivante. »  La Suisse a estimé qu’un tel mécanisme constituerait une marge de manœuvre protectrice, conçue « pour offrir à l’Organisation juste assez d’oxygène » pour éviter une paralysie au mois de janvier, lorsque les contributions commencent à peine à être reçues.  Elle a présenté cette mesure « équilibrée et responsable » comme un moyen de protéger les mandats contre les perturbations liées à un décalage temporel. 

Concernant le deuxième ajustement proposé par la Suisse et le Liechtenstein, il s’agirait du recours contrôlé aux engagements spéciaux durant le premier trimestre de l’année.  Il s’agirait là encore de mieux gérer le démarrage de l’année budgétaire, qui souffre souvent d’un contexte de trésorerie contrainte, en raison du retard dans le versement des contributions.  C’est la mise en œuvre des programmes qui pâtit de ce décalage, précisément au moment où de nouveaux plans de travail sont lancés, a fait remarquer la délégation.  « Nous soutenons donc l’utilisation exceptionnelle des engagements spéciaux, limitée aux trois premiers mois de l’année budgétaire, qui permettrait au Secrétariat de contracter les engagements nécessaires, de maintenir l’élan opérationnel et d’éviter la restitution prématurée de ressources non dépensées mais encore nécessaires. » 

Il ne s’agit pas ici de demander de nouvelles ressources, ni d’accroître la flexibilité sans contrôle, mais d’adapter nos outils aux réalités des flux de trésorerie, a conclu la Suisse, en estimant qu’aucune de ces propositions n’est radicale.  Le Royaume-Uni a appuyé les propositions de la Suisse, tandis que la Fédération de Russie a rappelé que la recherche de flexibilité ne doit pas dispenser des obligations de paiement ni affaiblir le contrôle exercé par les États Membres. 

Les délégations ont été nombreuses, à l’instar de l’Union européenne (UE), à rappeler que la cause profonde de la crise reste inchangée, à savoir le non-paiement par les États Membres de leur contribution.  Si l’UE, à l’instar du Kazakhstan, s’est dite prête à explorer des pistes pour trouver des solutions durables, elle a rappelé que le « fardeau ne peut être supporté par une poignée ».  La solution c’est le paiement « en temps et en heure » des contributions, a déclaré l’UE, appuyée par l’Iraq, au nom du Groupe des 77 et de la Chine (G77). 

Jugeant l’ONU plus nécessaire que jamais, le G77 a noté que 90% des arriérés au budget ordinaire sont dus à un seul pays.  L’ASEAN a regretté le non-paiement des contributions, tout en reconnaissant que certains Membres éprouvent de véritables difficultés à payer en raison de circonstances indépendantes de leur volonté.  Les États dont la contribution au budget de l’ONU est importante doivent respecter leurs engagements, a tranché la Fédération de Russie, appuyée par la Norvège.  Enfin, dans une reprise de parole, Mme Pollard a demandé aux États Membres de prendre les mesures « difficiles mais nécessaires » à la viabilité à long terme de l’ONU. 

Suivez les délibérations sur: En direct de l’ONU | Couverture des réunions & communiqués de presse

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien débat avec la société civile de mesures permettant de lutter contre l’impunité

Réunion – matin & après-midi
AG/PAL/1482

Le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien débat avec la société civile de mesures permettant de lutter contre l’impunité

Après avoir commémoré hier la Nakba, la « catastrophe » de 1948 -l’exode forcé de leurs terres des populations palestiniennes-, le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien s’est penché aujourd’hui sur les actions en justice intentées récemment par la société civile.  Réfléchissant aux moyens de lutter contre l’impunité pour les crimes commis à l’encontre des Palestiniens, les participants ont également abordé la question de la possibilité d’un embargo sur les armes visant Israël et ont appelé à faire respecter la résolution demandant la fin de l’occupation du Territoire palestinien.

Panel II: « Les pratiques optimales pour arriver à la redevabilité et à la fin de la guerre à Gaza: actions juridiques récentes de la société civile et embargo sur les armes »

Ce matin, le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien a poursuivi sa discussion avec des représentants de la société civile en mettant l’accent sur les actions juridiques récentes engagées par la société civile en faveur d’un embargo militaire contre Israël, de la redevabilité des entreprises qui entretiennent des relations commerciales avec Israël et du rôle des tribunaux et législations nationales.

Quatre panélistes se sont succédé à la tribune pour témoigner de leurs actions, à commencer par le Coordonnateur des politiques au Comité national palestinien pour le boycott, le désinvestissement et les sanctions (BDS), qui dirige le mouvement mondial non violent œuvrant à la fin de la complicité avec le colonialisme, l’occupation militaire et l’apartheid d’Israël. Basé à Jérusalem, M. Saleh Hijazi a pointé qu’Israël ne peut perpétrer ses crimes à Gaza et en Cisjordanie que grâce à la complicité de certains États, en première ligne les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Allemagne qui lui apportent un appui militaire et des renseignements.  Il y a d’autres États, a-t-il ajouté, qui maintiennent leurs relations commerciales avec Israël, et cela en dépit des appels de plus de 35 experts de l’ONU à rompre leurs relations commerciales avec les entités israéliennes qui opèrent au mépris du droit international. 

Le mouvement BDS soutient les mesures et actions engagées partout sur la planète pour demander des sanctions contre Israël, un embargo militaire et un boycott dans les domaines des sports et des universités, a expliqué M. Hijazi. Il a salué les résultats obtenus à ce stade, notamment en Colombie, en Irlande et en Espagne, avant d’inviter plus d’États à suivre cet exemple afin d’exclure toute relation avec les entreprises complices de violations graves de droits humains dans le Territoire palestinien occupé.  Parmi les succès obtenus, il a mentionné entre autres la fermeture des supermarchés Carrefour en Jordanie à cause du boycott des produits israéliens.

L’importance de la redevabilité des entreprises, surtout dans le secteur de la défense, a été soutenue également par M. Shir Hever, Conseiller du Comité national de boycott pour la campagne d’embargo sur les armes.  Il a appelé les États à passer à l’action pour interdire toute exportation vers Israël de matériel militaire ou à double usage, d’intelligence artificielle et d’énergie.  S’adressant aux États qui continuent d’expédier du matériel militaire à ce pays, M. Hever les a prévenus:  « l’histoire vous jugera et, à terme, les tribunaux internationaux aussi ».  La retransmission en direct du génocide à Gaza restera une tache sombre dans l’histoire de l’humanité mais il n’est pas trop tard selon lui pour imposer à Israël un embargo militaire complet, tel que demandé par la Commission des droits de l’homme des Nations Unies.

Comme l’ont relevé de nombreux intervenants pendant la discussion, si le droit est limpide, le problème reste l’absence de volonté politique qu’il s’agisse des entreprises ou des gouvernements.  Sur ce point, ils ont reconnu que la pression de la rue est importante pour changer et infléchir les décisions politiques.  Les mérites d’une approche « du bas vers le haut », en faisant pression sur des élus locaux, des maires, des sénateurs et parlementaires ont été mis en avant par des interventions de la salle, qui ont souvent fait le parallèle avec le mouvement antiapartheid en Afrique du Sud. L’idée de revitaliser le Comité spécial contre l’apartheid des Nations Unies a également été avancée.

Leur emboîtant le pas, Mme Diala Shamas, avocate au Center for Constitutional Rights (CCR), a expliqué œuvrer contre les abus commis par le Gouvernement et les forces de l’ordre israéliens sous couvert de sécurité nationale, tant aux États-Unis qu’à l’étranger.  Dès le 18 octobre 2023, le Centre for Constitutional Rights avait envoyé un document à l’Administration Biden pour tirer la sonnette d’alarme face au réel risque de génocide à Gaza, a-t-elle signalé.  En l’absence de réaction, le Centre s’est tourné vers les tribunaux et a lancé un procès contre le Président Biden et le Secrétaire d’État Blinken pour complicité de génocide, mais le juge saisi de l’affaire a estimé ne pas avoir la compétence de statuer sur cette question « politique ».

Depuis, Mme Shamas se concentre sur la protection des défenseurs des droits des Palestiniens aux États-Unis « parce que le mouvement pour l’arrêt du génocide se solde aujourd’hui par des tentatives de déportation et de punition, voire de sanctions contre les universités et la Cour pénale internationale (CPI) ».  En tant qu’avocate, elle a donc décidé de représenter ceux qui sont ciblés par ces mesures, dont Mahmoud Khalil, l’étudiant de Columbia University arrêté il y a deux mois pour avoir soutenu les droits des Palestiniens.  Ces détentions font partie d’une politique générale visant à bâillonner ceux et celles qui condamnent les actions d’Israël et s’opposent à la complicité des États-Unis avec le génocide à Gaza, s’est-elle indignée en appelant à saisir les mécanismes régionaux et internationaux à défaut de pouvoir obtenir des résultats dans les tribunaux locaux.

Il faut que les États comprennent qu’aller à l’encontre du droit finira par aller contre leurs propres intérêts, a martelé Mme Shamas avant d’encourager les États arabes et du Sud à se décider à ne plus soutenir les États-Unis car seules des pressions politiques et commerciales permettront de mettre fin au soutien de ce pays « à la Nakba continuelle ».

Même son de cloche du côté de M. Jake Romm, de la Hind Rajab Foundation aux États-Unis, qui a été créée en 2024 par plusieurs avocats et militants bénévoles déterminés à utiliser les systèmes judiciaires nationaux et internationaux pour que les soldats israéliens répondent de leurs crimes de guerre, de leurs crimes contre l’humanité et de leur génocide en Palestine, en particulier dans la bande de Gaza. 

« Hind a été assassinée au vu et au su de tous - le monde a entendu ses derniers mots et a vu le carnage ».  Le génocide à Gaza est diffusé en direct non seulement par des Palestiniens documentant ce qui est, dans de nombreux cas, leurs derniers jours, mais également par les soldats israéliens, « sans honte, avec jubilation même », a rappelé l’avocat.  Sur ce point, un rabbin présent dans la salle a réagi en condamnant les actions des soldats israéliens, un « affront pour notre peuple » avant d’appeler à mettre fin « à la politisation de l’antisémitisme ».

Pourtant, malgré les preuves accablantes d’actes criminels de la part des Forces de défense israéliennes, aucun soldat ni fonctionnaire n’a encore eu à répondre de ses actes devant un tribunal national ou international, a constaté M. Romm avant de présenter les actions possibles, avec un vaste appareil logistique et opérationnel, afin d’agir contre des fonctionnaires parmi les plus hauts placés jusqu’aux soldats les moins gradés.  C’est ainsi que la Hind Rajab Foundation s’est engagée à rompre le cycle d’impunité en poursuivant devant les tribunaux nationaux et internationaux les soldats israéliens et les personnes ayant la double nationalité qui sont responsables d’avoir commis ou facilité ces crimes, quel que soit le lieu où ils vivent ou voyagent.

M. Romm a regretté qu’à ce stade, de nombreux États se contentent toujours de nommer ce génocide pour ce qu’il est, sans pour autant prendre d’autres mesures.  Les faits sont là et cela devrait suffire à inciter ces États à agir, a-t-il conclu.

Panel III: « Application de la résolution ES-10/24 de l’Assemblée générale: mettre un terme à l’occupation illégale »

Adoptée le 18 septembre 2024, deux mois après l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) qui stipule que la présence continue d’Israël dans le Territoire palestinien occupé est illicite et qu’Israël est dans l’obligation d’y mettre fin dans les plus brefs délais, la résolution ES-10/24 exige d’Israël qu’il mette fin sans délai à sa présence illicite dans le Territoire palestinien occupé, laquelle constitue un fait illicite à caractère continu engageant sa responsabilité internationale, et qu’il le fasse au plus tard 12 mois après l’adoption du texte.

Les grandes lignes de ces textes, ainsi que la résolution 476 (1980) du Conseil de sécurité, ont été mises en exergue par M. Michael Lynk, ancien Rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, qui a déclaré que les Palestiniens n’ont jamais connu de moment aussi sombre que ces 19 derniers mois. 

« L’épuration ethnique est à l’horizon.  C’est le moment de vérité pour notre système politique international et le droit international »,  a dit M. Lynk, notant que le droit international appuie le droit des Palestiniens à l’autodétermination, ainsi que leur droit d’exiger le principe de responsabilisation vis-à-vis des auteurs de violation du droit international. 

D’après lui, la Conférence internationale de haut niveau pour le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution des deux États de juin devra se focaliser sur le droit international et non la realpolitik en raison notamment de la différence asymétrique entre la Puissance occupante et l’État de Palestine. 

À son tour, le Chef de Bureau de Diakonia Sweden a décrié le deux poids, deux mesures des politiques de l’Union européenne (UE).  L’UE critique le manque de respect du droit international, mais prend peu de mesures face à Israël, comparativement notamment à Vladimir Putin, a relevé M. Magnus Walan.

Il a appelé l’UE, y compris la Suède qui dispose selon lui de leviers de pression vis-à-vis d’Israël, à mettre fin à sa coopération militaire avec Israël, notant qu’un tiers des importations d’armes d’Israël proviennent de l’Union. L’UE doit également rejeter les efforts d’Israël et des États-Unis d’utiliser l’aide humanitaire à des fins militaires et politiques, a-t-il ajouté, appelant par ailleurs la Suède à réévaluer sa décision de suspendre son aide financière à l’UNRWA.

Nous avons le devoir universel d’agir, a exhorté la porte-parole de Red Solidaria contra la Ocupación de Palestina (RESCOP), qui a appelé à la fin de la duplicité et de la complicité du Gouvernement espagnol vis-à-vis d’Israël, notamment en matière de commerce d’armes.  L’Espagne doit rompre ses relations diplomatiques avec Israël alors que le génocide se poursuit à Gaza, a insisté Mme Alys Samson Estape, qui a demandé l’imposition d’un embargo sur les armes contre Israël. 

Coordonnatrice de BDS South Africa et membre de Palestinian Solidarity Campaign South Africa, Mme Roshan Dadoo a appelé à la suspension d’Israël des Nations Unies, en raison de ses politiques d’apartheid, rappelant que ce fut le sort réservé à une époque à son propre pays, l’Afrique du Sud.

Elle a également conseillé de rétablir le Comité spécial contre l’apartheid, y voyant un mécanisme idéal pour aborder les crimes contre l’humanité commis par Israël et appuyer la mise en œuvre des résolutions de l’ONU. 

Directeur de la Palestinian Christian Alliance for Peace, M. Philip Farah, a constaté que la communauté internationale n’honore pas ses engagements à prendre des mesures pour sanctionner Israël après 19 mois « d’orgie meurtrière ».

A contrario, la société civile a réagi en faveur de l’appel au mouvement de boycott, de désinvestissement et de sanctions à l’encontre d’Israël, a-t-il indiqué, avant de passer en revue les contributions des associations chrétiennes à ce mouvement.  Il a par ailleurs annoncé que la semaine prochaine, des membres de l’organisation Veterans for Peace vont commencer une grève de la faim devant l’ONU, rejoints par plusieurs organisations méthodistes et catholiques, pour dénoncer la situation à Gaza.

Au cours du débat qui a suivi ces interventions, un étudiant américano-palestinien a insisté sur l’importance et l’efficacité des « petites luttes » de la société civile partout dans le monde pour modifier la situation sur le terrain.  S’agissant de la conférence de juin, il a demandé comment cette rencontre contribuera à défendre la cause des Palestiniens. 

Cette conférence internationale est coorganisée par la France, qui ne reconnaît pas l’État de Palestine, et l’Arabie saoudite, qui « démembre, emprisonne ses opposants et commerce avec la famille Trump », a fait remarquer une représentante de la société civile, suite à quoi la Présidente de la séance a rappelé que c’est l’Assemblée générale qui a désigné les deux coorganisateurs et établi les modalités de la conférence qui, selon elle, offre une occasion cruciale de revitaliser le soutien international aux efforts de paix.

Remarques de clôture

Exhortant à mettre fin à ce génocide et cette guerre, l’Observateur permanent de l’État de Palestine, M. Riyad Mansour, a appelé la communauté internationale à plaider pour la paix dans les rues à travers le monde. Après la fin des hostilités, il faudra reconstruire Gaza et nous avons un plan adopté avec les pays arabes, a—t-il souligné, tout en précisant que ce plan a été initié par les Palestiniens eux-mêmes et entériné par la Ligue des États arabes et l’Union européenne.  Dans l’urgence, il faut réparer en premier lieu les hôpitaux, les routes et les usines de désalinisation et établir des logements temporaires avant d’en construire des permanents.

La reconnaissance de la Palestine est peut-être symbolique, mais c’est un pas important, a-t-il par ailleurs lancé en invitant la France et le Canada à le faire.  « Nous voulons voir la lumière à la fin du tunnel », a conclu M. Mansour, qui a promis que la lutte va aussi se poursuivre auprès de la Cour pénale internationales (CPI) et de la CIJ. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité pour les droits des Palestiniens commémore la Nakba sur fond de guerre à Gaza

423e séance – matin & après-midi
AG/PAL/1481

Le Comité pour les droits des Palestiniens commémore la Nakba sur fond de guerre à Gaza

Le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien a commémoré, aujourd’hui, la « catastrophe » de 1948, à savoir l’exode forcé de leurs terres des populations palestiniennes, plus communément connue sous le nom de Nakba.  Au-delà de la fin de la guerre à Gaza, les intervenants ont unanimement plaidé pour la fin de l’occupation israélienne dans l’ensemble du Territoire palestinien, la création d’un État de Palestine indépendant et sa reconnaissance pleine et entière par l’ONU.

Intervenant au nom du Président palestinien Mahmoud Abbas, l’Observateur permanent de l’État de Palestine a affirmé que la guerre que mène actuellement Israël contre Gaza n’est que le prolongement des catastrophes de la Nakba qui se poursuit sans trêves depuis 1948.  « Cette tragédie est une honte pour l’humanité! » s’est-il exclamé. 

L’objectif d’Israël est de déplacer notre peuple et de le forcer à quitter la bande de Gaza en plus du vol continu de terres palestiniennes en Cisjordanie, a-t-il accusé.  Il a également exhorté les États Membres à soutenir et financer l’UNRWA, « témoin vivant de la Nakba » et « bouée de sauvetage » pour des millions de réfugiés palestiniens, mais aussi à lutter contre les « tentatives trompeuses » de mettre à mal son rôle mandaté par l’Assemblée générale.  Les souffrances du peuple palestinien sont aggravées par la prise pour cible de l’Office, a-t-il indiqué. 

La seule solution durable à cette crise réside dans le respect total du droit international, y compris l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice de 2024 déclarant illégale l’occupation israélienne des territoires palestiniens, a souligné à son tour le Vice- Président du Comité. 

La conférence de juin - occasion de soutenir la solution des deux États

Assurant que l’État palestinien est prêt à assumer toutes ses responsabilités politiques, économiques, sociales et sécuritaires à Gaza et en Cisjordanie, l’observateur palestinien a dit attendre des résultats tangibles de la Conférence internationale de haut niveau pour le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution des deux États qui se tiendra le mois prochain, au Siège des Nations Unies.

Pour le Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique, cette conférence, demandée par l’Assemblée générale et coprésidée par la France et l’Arabie saoudite, sera l’occasion de soutenir une solution viable à deux États « avant qu’il ne soit trop tard ».

Qualifiant la situation à Gaza de « catastrophe sans fin » , M. Khaled Khiari a indiqué que depuis les terribles attentats terroristes perpétrés par le Hamas le 7 octobre 2023 et la détention continue d’otages, plus de 1,9 million de Palestiniens –soit plus de 85% de la population de Gaza– ont été déplacés de force, parfois à 10 reprises ou plus.  Gaza est désormais un « enfer humanitaire », s’est-il alarmé.  Parallèlement, depuis le début de l’année 2025, plus de 40 000 Palestiniens ont été déplacés en Cisjordanie occupée en raison d’opérations militaires israéliennes.

Les déplacements forcés doivent être rejetés sans équivoque, a exigé M. Khiari qui a appelé en outre à un cessez-le-feu immédiat et durable, à la libération sans délai de tous les otages, à la fin de l’expansion des colonies et à la reprise de négociations politiques crédibles, des demandes largement reprises à leur compte par les États Membres et la Ligue arabe.  À défaut, la promesse d’une solution à deux États risque de s’amenuiser jusqu’à disparaître, a-t-il mis en garde.

Avancées judiciaires importantes en faveur de la libération de la Palestine

Professeure de relations internationales à la Rutgers University, Mme Nour Erekat s’est indignée de l’apathie de la communauté internationale alors « qu’au jour 585 du génocide perpétré par Israël », 92% des bâtiments résidentiels de Gaza ont été détruits, 36 hôpitaux rendus inutilisables et l’entrée de denrées alimentaires et de produits de première nécessité rendue impossible.  Ce faisant, Israël ne se contente pas de tuer des Palestiniens aujourd’hui, mais menace l’avenir même du peuple palestinien, s’est-elle inquiétée.

Mme Erekat a par ailleurs fait observer que cette période de génocide a néanmoins été marquée par des avancées judiciaires importantes en faveur de la libération de la Palestine, évoquant notamment les mesures provisoires de la Cour internationale de Justice (CIJ) ainsi que la délivrance, par la Cour pénale internationale, des mandats d’arrêt contre Benjamin Netanyahu et Yoav Gallant. 

Dénonçant la « déférence sélective » de certains pays, dont les États-Unis, envers la CIJ sur la question du génocide des Palestiniens, Mme Erekat y a vu une tentative de se décharger de toute responsabilité.  En défendant Israël, les États-Unis menacent l’ensemble de la structure juridique établie depuis la Seconde Guerre mondiale, a -t-elle mis en garde.

Les travaux du Comité se sont poursuivis dans l’après-midi dans le cadre d’un échange avec la société civile sur la « Nakba continuelle ».

Discussion avec la société civile sur la « Nakba continuelle »

Avant de céder la parole aux intervenants de la société civile, le modérateur de cet échange et Observateur permanent de l’État de Palestine s’est réjoui de la mobilisation massive des étudiants, notamment aux États-Unis, en faveur de la cessation du conflit à Gaza et la cause du peuple palestinien. 

Cet échange a été marqué par l’intervention de M. Ahmed Masoud, auteur et enseignant anglo-palestinien qui a informé que sa belle-sœur et son neveu ont été tués aujourd’hui même par des frappes israéliennes.  « Aujourd’hui, je pleure leur vie », a-t-il déclaré, avant d’évoquer les souvenirs de son enfance marquée par la faim et le froid dans un camp de réfugiés. 

Intervenant par visioconférence, il a également expliqué avoir décidé de ne pas intervenir devant le Comité en personne par crainte d’être arrêté à la frontière américaine en raison sa prise de position concernant la situation à Gaza. 

Directrice de Zochrot, une organisation non gouvernementale (ONG) israélienne qui défend le droit au retour des Palestiniens, Mme Maya Yavin insiste sur le droit au retour des Palestiniens.  Des solutions pratiques existent et doivent être négociées par les réfugiés Palestiniens eux-mêmes, a estimé l’intervenante qui a par ailleurs proposé de dépasser la solution des deux États et de privilégier la réalisation du droit inaliénable à l’autodétermination. 

Elle a également appelé les États Membres à révoquer le statut d’ONG de la Jewish National Fund en la tenant responsable pour son rôle dans le nettoyage ethnique du peuple palestinien.  Les États doivent aussi soutenir la mise en place d’un mécanisme international robuste pour punir l’apartheid et appliquer le droit au retour, a-t-elle ajouté, avant de réclamer la suspension d’Israël des Nations Unies en raison de ses violations persistantes du droit international. 

« La Nakba doit être vue comme un crime et un génocide », a déclaré à son tour Mme Zaha Hassan, chargée de mission à la Carnegie Endowment for International Peace, en relevant que les crimes commis ces 19 derniers mois sont bien plus graves que ceux qui a été perpétrés en près de huit décennies. 

De son côté, la Directrice exécutive adjointe de l’Arab Center Washington a constaté que les implications juridiques de la Nakba sont limpides mais que la communauté internationale refuse de donner aux Palestiniens les moyens de se défendre.  Il est essentiel de combattre la déshumanisation et le racisme envers les Palestiniens, a souligné Mme Tamara Kharroub.  Il est temps de reformer le système de justice internationale et d’appliquer les avis et les sentences de la CIJ. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.