En cours au Siège de l'ONU

L’Assemblée générale commémore en « des temps troubles » la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale

Soixante-dix-neuvième session
61e séance plénière – matin
AG/12678

L’Assemblée générale commémore en « des temps troubles » la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale

L’Assemblée générale a tenu, ce matin, une réunion commémorative à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale, observée en « des temps troubles », « où ceux qui veulent nous diviser ont le vent en poupe », selon les expressions de plusieurs hauts responsables onusiens.  Elle a également adopté par consensus deux décisions, ainsi qu’une résolution sur la neutralité permanente du Turkménistan.

« La lutte contre les discriminations raciales n’est pas seulement un impératif moral, c’est une nécessité pour la paix, la justice et le développement », a déclaré son Président, M. Philémon Yang, qui a rappelé que cette journée internationale qui coïncide, cette année, avec la célébration du soixantième anniversaire de l’adoption de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale, est observée le 21 mars pour commémorer ce jour de 1960 où, à Sharpeville, en Afrique du Sud, la police a ouvert le feu et tué 69 personnes lors d’une manifestation pacifique contre l’apartheid. 

Notant que l’Afrique a montré la voix s’agissant de l’abolition du racisme institutionnel, il a appelé à écouter les voix africaines et intégrer les perspectives africaines dans les efforts antiracistes mondiaux, demandant en outre la pleine application de la Convention et de la Déclaration de Durban.

« Le poison du racisme détruit les fondements de la justice et de l’égalité », a mis en garde le Chef de cabinet du Secrétaire général, M. Courtenay Rattray.  Constatant que ceux qui veulent nous diviser ont le vent en poupe, il a plaidé pour l’universalisation de ce texte, « fruit de la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud », à l’instar de la Sous-Secrétaire générale aux droits de l’homme qui a longuement évoqué les temps « troubles » actuels. 

Les divisions se creusent, les intolérances sont plus marquées et les droits humains sont remis en question, s’est notamment inquiétée Mme Ilze Brands Kehris,, en pointant l’érosion du consensus mondial sur cette question.  Elle a également constaté que le racisme est nourri par la résurgence du populisme nationaliste dans le monde, avant d’appeler à affronter les injustices historiques ainsi que l’héritage du colonialisme.  « L’heure est venue d’agir. » 

Même son de cloche du côté du Président du Comité pour l’élimination de la discrimination raciale, M. Michal Balcerzak, qui s’est lui aussi inquiété de la résurgence de plateformes et d’organisations politiques promouvant des idées de supériorité raciale.  Les discours racistes et xénophobes sont non seulement en augmentation, mais sont aussi encouragés par certains responsables politiques et personnalités publiques, a-t-il déploré.

« Ce n’est pas le moment de rester silencieux », a poursuivi M. Balcerzak, en exhortant les États Membres à faire preuve d’une plus grande détermination dans la lutte contre les discours de haine raciste, y compris sur les réseaux sociaux, et contre les organisations diffusant des idées fondées sur la supériorité raciale.  Ces 60 dernières années, nous avons constaté des progrès précieux dans la lutte contre la discrimination raciale, et toute « tentative de remise en cause de ces acquis est profondément inacceptable. »

Une inquiétude partagée par Mme Claire Lewis, professeure associée à l’université Harvard et fondatrice de Vision & Justice, qui a notamment insisté sur l’importance de corriger la déformation des faits historiques.  Si les individus n’agissent pas face au racisme, c’est parce qu’ils ne disposent pas des faits, a-t-elle dit, en pointant l’ignorance qui entoure l’histoire de l’esclavage.  « L’ignorance est nécessaire à l’existence même du racisme, car une fois que l’on connaît l’histoire, il devient nécessaire d’agir », a-t-elle dit.

À l’instar des autres groupes, la Guinée équatoriale, au nom du Groupe des États d’Afrique, a appelé à combattre énergiquement le racisme et à pleinement mettre en œuvre la Convention.  Tous les États doivent s’engager en faveur de ce texte, a tranché les Fiji, au nom des pays d’Asie-Pacifique, tandis que l’Union européenne s’est elle aussi alarmée de la prévalence du racisme.  La Fédération de Russie a dénoncé les gouvernements qui encouragent le révisionnisme, jugeant en outre qu’on ne peut pas laisser la haine s’exprimer au motif de la liberté d’expression.  De son côté, Cuba a accusé les États-Unis de ne pas lutter contre la discrimination systématique sur leur sol.

L’Assemblée a ensuite adopté sa résolution décennale sur la neutralité permanente du Turkménistan (A/79/L.59), présentée par la délégation turkmène, par laquelle elle encourage la mise à profit du territoire des pays neutres pour la tenue de pourparlers de paix et de processus de résolution et de règlement des conflits, et prend note de la proposition du Turkménistan d’établir sur son territoire la Chambre de médiation de la paix sous les auspices de l’ONU.  Elle prie également le Secrétaire général d’élaborer des orientations sur le respect et l’application des principes de la neutralité en faveur de la paix et de la sécurité.

L’Assemblée générale a par ailleurs décidé* de convoquer la prochaine Conférence des Nation Unies pour les annonces de contributions aux activités de développement en 2026, et que le deuxième Sommet mondial pour le développement social comprendra** une déclaration de l’Émir de l’État du Qatar en qualité de pays hôte.

La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

*A/79/L.61

**A/79/L.65

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Conseil de sécurité: en présence d’un Israélien relâché, appels renouvelés au retour au cessez-le-feu à Gaza et à la libération des otages restants

9882e séance - matin
CS/16024 

Conseil de sécurité: en présence d’un Israélien relâché, appels renouvelés au retour au cessez-le-feu à Gaza et à la libération des otages restants

À la demande des États-Unis, de la France et du Royaume-Uni, le Conseil de sécurité s’est à nouveau réuni, ce matin, pour examiner la situation humanitaire à Gaza, cette fois sous l’angle des otages encore détenus par le Hamas et d’autres groupes armés palestiniens.  En présence de l’ex-otage Eli Sharabi, qui a livré un témoignage poignant sur sa captivité, les membres du Conseil ont, dans leur grande majorité, exigé l’arrêt des nouvelles frappes israéliennes, le retour au cessez-le-feu et la libération de tous les otages restants.  Appuyé par les États-Unis, Israël a quant à lui promis de poursuivre ses attaques « jusqu’à la libération de tous les otages et la défaite du Hamas ». 

En ouvrant cette séance, le Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique a rappelé que l’accord de cessez-le-feu et de libération des otages et de détenus conclu le 19 janvier dernier offrait une « lueur d’espoir ».  Cet accord, a noté M. Mohamed Khiari, a permis de réunir 25 otages avec leurs familles et de restituer les dépouilles de 8 autres otages décédés. Leur libération et leur retour ont toutefois été source de grande angoisse, a constaté le haut fonctionnaire, condamnant les cérémonies en forme de « parades » organisées à cette occasion par le Hamas. 

Tous les otages encore détenus doivent être libérés sans condition   

À ce jour, a-t-il précisé, au moins 59 otages, vivants ou décédés, sont encore détenus par le Hamas et d’autres groupes armés palestiniens à Gaza.  Les récits terrifiants d’ex-otages laissent entendre que ceux qui restent aux mains de leurs geôliers continuent de subir des conditions abominables, a constaté le haut fonctionnaire.  Appelant à la libération immédiate et sans condition de tous les otages restants, il a également exigé que, dans l’intervalle, ils reçoivent des visites du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et soient traités avec dignité et respect. 

Dans ce contexte, M. Khiari a estimé que la reprise des frappes israéliennes, le 18 mars, ajoute à l’incertitude concernant les otages, tout en ayant des effets dévastateurs pour la population civile de Gaza.  Après avoir également déploré la mort dans ces bombardements de cinq employés de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) et d’un membre du personnel du Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets (UNOPS), il s’est fait l’écho de l’appel du Secrétaire général en faveur d’une reprise de négociations sérieuses pour garantir le respect du cessez-le-feu, assurer l’acheminement de l’aide humanitaire et permettre la libération de tous otages.  « Chaque jour qui passe nous éloigne de ces objectifs », a-t-il toutefois averti. 

Le Conseil a ensuite entendu le témoignage d’Eli Sharabi, ex-otage libéré le 8 février après 491 jours de captivité.  Expliquant avoir été enchaîné nuit et jour par ses geôliers, privé de sommeil, de soins et de nourriture, et transféré en cours de détention dans un tunnel sous-terrain du Hamas, il a dit avoir appris à son retour chez lui que sa femme, de nationalité britannique, ses deux enfants et son frère avaient été assassinés le 7 octobre 2023 lors de l’attaque du kibboutz Be’eri où ils vivaient. 

Selon M. Sharabi, qui a déclaré n’avoir jamais vu des membres du CICR durant sa détention, et que le Hamas détournait à son profit l’aide humanitaire envoyée à Gaza, privant les otages de tout.  « Où était l’ONU?  Où était le monde? » a-t-il interrogé, exhortant les dirigeants mondiaux à « cesser leurs discussions inutiles et à agir immédiatement pour ramener tous les otages à la maison ». 

La Palestine défend l’accord de cessez-le-feu, Israël accuse le Hamas

L’Observateur permanent de l’État de Palestine a adressé ses condoléances à l’ex-otage.  « Nous, Palestiniens, comprenons cette douleur car nous la vivons », a-t-il affirmé, rappelant le lourd tribut payé par la population palestinienne depuis des décennies, particulièrement ces derniers mois.  Rendant également hommage aux membres du personnel de l’ONU tués ces derniers jours alors qu’ils s’acquittaient de « la mission la plus noble », il a dénoncé la nature aveugle des attaques israéliennes sur Gaza.  « La justice met fin aux souffrances, la vengeance les perpétue », a souligné le diplomate, pour qui « ceux qui souffrent sont les plus ardents défenseurs du cessez-le-feu ». 

Notant qu’en l’espace de 42 jours, plus d’otages ont été libérés qu’en 15 mois de bombardements aveugles, l’Observateur permanent a appelé au respect des trois phases de l’accord du 19 janvier.  « Si Netanyahu se souciait vraiment du sort des otages, il n’aurait pas fait voler en éclats le cessez-le-feu », a-t-il martelé, non sans observer que les familles des otages elles-mêmes manifestent pour que s’arrête le bain de sang. Selon lui, le Gouvernement israélien ne peut dénoncer la barbarie « quand il fait 400 morts en une seule nuit, détruit la vie de plus de 2 millions de Palestiniens, déplace toute une population par la force, enlève des milliers de personnes en les soumettant à la torture et retient les dépouilles de centaines d’autres ». Les agissements d’Israël ne visent à ses yeux qu’à « détruire le peuple palestinien et faire main basse sur ses terres ». 

« C’est le Hamas qui a massacré notre population » et qui a fait « le choix de la guerre », lui a répondu le représentant d’Israël, avertissant que « la guerre ne cessera pas tant que tous les otages n’auront pas été libérés ».  Rappelant qu’il reste « 59 Eli Sharabi sous terre », il a également conditionné l’arrêt des hostilités à la « défaite du Hamas ». 

« Votre monde a disparu, mais vous êtes là, pour tous ceux qui sont encore otages », a dit le délégué en s’adressant à M. Sharabi.  Dénonçant les conditions de détention inhumaines imposées aux otages à Gaza, il a jugé que cette cruauté n’est pas imputable au seul Hamas mais au silence du monde entier.  Il a déploré à cet égard qu’aucune résolution du Conseil ne condamne le Hamas, avant de critiquer l’Algérie qui « n’a même pas eu la décence de prononcer le nom de M. Sharabi » et de reconnaître sa présence. 

Le délégué a par ailleurs constaté que l’aide humanitaire bénéficie à toutes les composantes de la population à Gaza, « sauf une, les otages », qui ne reçoivent qu’un morceau de pita par jour.  L’inaction de l’ONU face au sort des otages relève selon lui d’un « effondrement moral ».  Quant au CICR, il n’a pas passé un seul moment avec les otages, préférant « suivre les règles imposées par le Hamas », s’est-il indigné. 

Les membres du Conseil partagés entre soutien et critiques envers Israël 

En appui à Israël, les États-Unis ont appelé à reconnaître la « sauvagerie » du Hamas, qui est « le seul responsable de cette guerre et de la reprise des hostilités ».  Ce groupe terroriste, qui a massacré aveuglément des enfants, des femmes et des vieillards, commis des violences sexuelles et libéré des otages « dans un état physique proche de celui des survivants de l’Holocauste », a refusé toute prorogation du cessez-le-feu, a accusé la délégation.  Dans ces conditions, a-t-elle ajouté, « le Président Trump a été clair: tous les otages doivent être libérés, faute de quoi le prix à payer sera élevé ». Voyant dans le Hamas un obstacle à la paix, elle a demandé d’envisager « un avenir sans lui à Gaza ».

Le Royaume-Uni a défendu une position moins tranchée, réclamant que le Hamas rende des comptes pour ses actes odieux, notamment le meurtre de l’épouse, britannique, et des deux filles d’Eli Sharabi, tout en appelant de ses vœux un retour au cessez-le-feu.  Après avoir condamné le traitement effroyable infligé aux otages pendant leur captivité, il a rappelé les soupçons de l’ONU quant à des violences sexuelles perpétrées lors des attaques du 7 octobre 2023 et a fait état d’informations selon lesquelles de telles violences seraient aussi commises par les Forces de défense israéliennes à l’encontre de détenus palestiniens.  Dans une reprise de parole, les États-Unis ont assuré que les personnes incriminées seraient sanctionnées, refusant toutefois que ces violences soient mises « sur un pied d’égalité avec celles du Hamas ». 

De son côté, la France a estimé que les frappes israéliennes sur la bande de Gaza doivent cesser, « car elles compromettent la vie des otages et ont fait de très nombreuses victimes civiles palestiniennes ».  Elle a appelé au respect du cessez-le-feu dans son intégralité et à l’ouverture de négociations de bonne foi afin de le pérenniser, jugeant que c’est là le seul chemin pour une paix durable.  Le Danemark, la Grèce, la République de Corée et la Slovénie ont partagé ce point de vue. 

En tant que Conseil, nous devons œuvrer collectivement pour répondre à la grave crise humanitaire qui se déroule à Gaza, soutenir les efforts visant à protéger les civils en Israël, à Gaza et en Cisjordanie, et œuvrer sans relâche pour un règlement pacifique et durable du conflit, a pour sa part plaidé la Sierra Leone, tandis que la Somalie appelait à remédier de toute urgence au grave sous-financement des efforts de réponse humanitaire, qui n’ont reçu à ce jour que 4% des ressources nécessaires dans l’enclave palestinienne. 

Le Guyana a, lui, estimé que le Conseil devrait être le premier à instaurer des mesures pour remédier aux violations du droit international, y compris quand celles-ci se traduisent par des prises d’otages ou des détentions administratives de civils innocents.  « L’obligation de rendre des comptes est un moyen de dissuasion important », a-t-il fait valoir, rejoint par l’Algérie, selon laquelle la Puissance occupante impose la « loi du plus fort » dans les territoires palestiniens. « Ce n’est qu’en appliquant les mêmes normes juridiques à toutes les parties que l’on pourra espérer mettre un terme à ces souffrances et faire advenir une paix juste et durable », a souligné la délégation algérienne. 

Israël doit mettre un terme à son « obsession » du recours à la force, a insisté la Chine en dénonçant avec force le « châtiment collectif » imposé à la population de Gaza.  « La vie est précieuse, le peuple palestinien et le peuple israélien ont le même droit à vivre », a-t-elle lancé, avant de plaider pour une solution politique.  Sur un ton plus offensif, la Fédération de Russie a déploré la fin du cessez-le-feu et le discours belliqueux d’Israël, « qui n’a pas respecté les engagements pris pour la deuxième phase de l’accord ».  Dans l’immédiat, elle a appelé à une « solution de compromis acceptable par tous », tout en soulignant l’importance de prendre en compte les préoccupations sécuritaires d’Israël et le droit des Palestiniens à un État souverain. 

La situation au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne

Exposé

M. MOHAMED KHALED KHIARI, Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique, a fait rapport au Conseil de sécurité de la situation humanitaire des otages restants à Gaza.  Après avoir salué la présence de l’ex-otage Eli Sharabi et exprimé son respect aux familles endeuillées par l’attaque du 7 octobre 2023, il a assuré que l’ONU continue de condamner sans équivoque ces actes de terreur que rien ne saurait justifier.  Les mois d’agonie que les otages ont subis et continuent de subir nous rappellent la douleur de ceux qui attendent encore de retrouver leurs êtres chers, a-t-il dit. 

Pour le Sous-Secrétaire général, l’accord de cessez-le-feu et de libération des otages conclu le 19 janvier dernier offrait une « lueur d’espoir ».  Cet accord, a-t-il noté, a permis de réunir 25 otages avec leurs familles et de restituer les dépouilles de 8 autres otages décédés.  Leur libération et leur retour ont toutefois été source de grande angoisse, sachant que le Hamas les a « paradés » devant des foules, a déploré M. Khiari, ajoutant que l’ONU n’a eu de cesse de condamner ces cérémonies. 

À ce jour, au moins 59 otages vivants ou décédés sont encore détenus par le Hamas et d’autres groupes armés palestiniens.  Certains ont livré des récits terrifiants de leur captivité, laissant entendre que ceux qui restent aux mains de leurs geôliers continuent de subir des conditions abominables, a constaté le haut fonctionnaire, avant d’appeler à la libération immédiate et sans condition de tous les otages restants, qui, dans l’intervalle, doivent recevoir des visites et l’appui du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et être traités avec dignité et respect. 

Dans ce contexte, M. Khiari a estimé que la reprise des hostilités, le 18 mars, ajoute au désespoir et à l’incertitude concernant les otages.  Les frappes aériennes menées par Israël ont aussi des effets dévastateurs pour la population civile palestinienne, a-t-il relevé, faisant état de centaines de personnes tuées, parmi lesquelles un membre du personnel du Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets (UNOPS) et cinq employés de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).  Les civils doivent être protégés, y compris le personnel de l’ONU, a martelé l’intervenant, demandant à toutes les parties de respecter les obligations qui leurs sont faites en droit international humanitaire et en droit international des droits de l’homme. 

M. Khiari s’est fait l’écho de l’appel du Secrétaire général en faveur d’une reprise de négociations sérieuses pour garantir le respect du cessez-le-feu, assurer l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza et permettre la libération immédiate de tous otages.  « Chaque jour qui passe nous éloigne de ces objectifs », a-t-il toutefois averti. En effet, la reprise des hostilités, conjuguée à l’absence d’accès à l’aide, expose les otages à un danger constant. 

Dans ces conditions, il s’est dit convaincu que le seul moyen de parvenir à une paix durable passe par la cohabitation entre Israël et la Palestine, conformément au droit international et aux résolutions du Conseil, avec Jérusalem comme capitale des deux États.  L’ONU mettra tout en œuvre pour atteindre ce but et continuera de faire tout son possible pour mettre fin aux souffrances, a-t-il conclu. 

 

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À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission de la condition de la femme dialogue avec des expertes sur l’importance de l’environnement et de sociétés pacifiques inclusives

Soixante-neuvième session
17e séance plénière - après-midi
FEM/2247

La Commission de la condition de la femme dialogue avec des expertes sur l’importance de l’environnement et de sociétés pacifiques inclusives

La Commission de la condition de la femme a poursuivi, cet après-midi, sa série de dialogues interactifs avec des expertes, le premier sur le thème « Préservation, protection et régénération de l’environnement », le second consacré aux « sociétés pacifiques et inclusives ».

Table ronde 1: Préservation, protection et régénération de l’environnement

Pour parvenir à un développement durable, il est essentiel d’assurer la participation égale des femmes dans les économies verte et bleue, ainsi que d’augmenter le financement d’une lutte contre les changements climatiques sensibles au genre.  C’est sur la base de ces recommandations que le premier dialogue interactif a mis en évidence les bonnes pratiques pour accélérer l’adoption d’une réponse environnementale coordonnée sensible au genre, tout en examinant les lacunes dans les efforts de résilience à la crise climatique planétaire, à la perte de biodiversité et à la pollution.  Personne ne doit être laissé pour compte dans la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing et la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), ont martelé les délégations et les intervenantes de la société civile. 

Mme Manasiti Omar, fondatrice et Présidente-Directrice générale de Spring of the Arid and Semi-arid lands au Kenya, a rappelé les obstacles que rencontrent les femmes et les filles autochtones dans les domaines de l’éducation, de l’emploi, du financement et du leadership avant d’appeler à l’action.  Ainsi, elle a demandé des bourses d’études et des formations techniques pour les jeunes filles.  Elle a plaidé pour que les initiatives menées par les jeunes femmes en matière de climat bénéficient de financements fiables.  Enfin, elle a prié de veiller à ce que les jeunes femmes ne soient pas seulement présentes dans les espaces de prise de décisions en matière de climat, mais qu’elles aient aussi le pouvoir de les façonner. 

C’est une synergie qu’il faut pour réaliser les ODD, a enchaîné Mme Astrid Puentes Riaño, Rapporteuse spéciale sur le droit humain à un environnement propre, sain et durable, en dénonçant une compartimentalisation des actions.  Elle a ainsi plaidé pour une intégration systématique des droits humains dans toutes les activités visant le développement durable, arguant que cela permet d’assurer le respect de ces droits par les États, y compris le droit à un environnement sain.  De plus, elle a réclamé des cadres juridiques en matière d’environnement qui soient sensibles au genre.  La voix des femmes, notamment celle des femmes autochtones, doit être entendue dans l’élaboration des lois et des rapports, a encore recommandé l’oratrice. 

« Je vois rouge », a déclaré à son tour Mme Sascha Gabizon, Directrice exécutive du réseau international Women Engage for a Common Future, en exprimant sa colère à cause de la lenteur de la transition climatique et des conséquences des trois crises interconnectées (changements climatiques, perte de biodiversité et pollution).  En outre, s’est-elle indignée, les régimes autoritaires tentent de réduire au silence et de criminaliser les militantes du climat et les défenseuses des droits environnementaux.  Elle a donné l’exemple du Gouvernement des Pays-Bas qui a fait reculer les lois et les institutions relatives à l’égalité des sexes et qui a réduit au silence les féministes et la société civile en adoptant une loi sur les « agents étrangers ».  Cette tactique inspire aujourd’hui d’autres pays, qui ciblent les défenseurs des droits humains et de l’environnement.  Les vrais criminels sont les entreprises de combustibles fossiles, responsables des changements climatiques.  La moitié des émissions mondiales de CO2 proviennent de seulement 36 entreprises de combustibles fossiles. 

« Les gouvernements antidroits, comme celui de mon pays [Pays-Bas], détruisent des décennies de progrès en matière de droits humains et d’environnement », s’est-elle encore insurgée en soulignant notamment les coupures dans le financement de l’action climatique. Chaque année, a-t-elle aussi signalé, quelque 700 milliards de dollars sont consacrés aux subventions aux combustibles fossiles, tandis que les milliardaires produisent plus de carbone en 90 minutes que chacun d’entre nous dans toute notre vie.  La triple crise planétaire des changements climatiques, de la perte de biodiversité et de la pollution ne peut être résolue sans défendre l’égalité des sexes et le leadership féministe, a-t-elle conclu en appelant les États Membres à veiller à ce que l’espace civique et les droits humains soient au cœur de leur travail au cours des cinq prochaines années. 

C’est aussi une politique d’autonomisation des femmes et une stratégie d’intégration de la dimension de genre qui est nécessaire pour préserver l’environnement, a fait valoir Mme Valbona Mazreku, fondatrice et Directrice de Milieukontakt Albania.  Elle a donné l’exemple d’agricultrices albanaises qui ont développé des parcs solaires et qui ont ainsi inspiré d’autres citoyens à utiliser l’énergie renouvelable.  Elle a aussi expliqué que son ONG investit dans l’autonomisation des femmes entrepreneures en leur donnant une formation sur les technologies photovoltaïques et des modèles d’affaires durables.  De plus, elle déploie pour les jeunes et les étudiants le programme « Énergie renouvelable: la voie vers un avenir durable » visant à encourager les femmes à participer dans le secteur de l’énergie. 

Mme Yuli Velázquez, Directrice de la Fédération des pêcheurs artisanaux, environnementaux et touristiques de Santander, en Colombie, a, elle, encouragé les femmes à continuer de dénoncer la pollution de l’eau et à défendre cet élément vital pour les pêcheurs, hommes et femmes.  Elle a réclamé la justice environnementale pour protéger des vies et l’environnement. Elle a incité à s’insurger contre l’impunité accordée aux criminels environnementaux.  Les femmes autochtones veulent rester sur leurs territoires pour pouvoir transmettre aux générations futures leurs savoirs ancestraux en matière de pêche artisanale, a-t-elle expliqué, signalant que la pêche est la première activité économique de la Colombie avant le pétrole qui est un secteur dans lequel les femmes n’ont aucune compétence. 

À la suite de ces interventions, de nombreuses délégations ont énuméré les mesures prises au niveau national pour préserver et protéger l’environnement, comme le Venezuela qui a appelé à lever les sanctions internationales frappant son pays qui l’empêchent de prendre des mesures pour protéger l’environnement.  Le Brésil a souligné le rôle moteur de son pays au niveau mondial dans la lutte contre les changements climatiques, invitant les gouvernements et les autres parties prenantes à venir nombreux à la COP25 sur le climat qu’il accueillera cette année.  De son côté, Cuba a parlé de son plan d’incitation de la population et des scientifiques à s’impliquer dans la lutte climatique et à renforcer la résilience climatique.  Les femmes sont responsables de centres d’alerte précoce dans tout le pays, a ajouté Cuba.  Quant aux Philippines, elles investissent dans la protection de l’environnement y compris dans les territoires autochtones.  Les femmes et les filles philippines sont d’ailleurs consultées dans l’élaboration de feuille de route nationale sur la question.

Une représentante des femmes autochtones a plaidé pour le droit à la terre des femmes grâce auquel elles peuvent défendre l’environnement.  Elle a demandé un engagement collectif en faveur du droit à la terre et aux ressources naturelles pour plus de 100 millions de femmes autochtones dans le monde. « L’heure est venue de joindre la parole aux actes: ces droits doivent être promus contre vents et marrées. »  L’Iraq a pour sa part fait valoir sa stratégie nationale de l’environnement et assuré que les femmes participent à sa mise en œuvre.  Au Kenya, la Constitution jette les bases de la protection de l’environnement et de la participation des femmes dans ce domaine. Le Gouvernement kényan a développé une action climatique qui tient compte de l’impact des changements climatiques sur les femmes.  Il a lancé l’initiative « 2 milliards d’arbres » et un plan d’investissement énergétique visant l’indépendance énergétique à moyen terme.  L’Ukraine a pour sa part dénoncé les conséquences de l’agression de la Russie sur ses sols, empoisonnés, sur sa biodiversité, détruite, et sur ses terres, minées.  Ainsi, le Gouvernement a lancé le plus grand plan de restauration écologique d’Europe comprenant notamment des plans de régénération des forêts, de restauration des sols et de déminage.  Les femmes participent activement à ce plan.  Enfin, Human Rights Now a demandé aux États Membres de mettre en œuvre les recommandations des rapporteurs spéciaux pour chaque pays. 

Table ronde 2: Des sociétés pacifiques et inclusives

Cet échange visait à réfléchir aux moyens de promouvoir un maintien de la paix, une consolidation de la paix et une imposition de la paix qui soient véritablement inclusifs et tiennent compte de l’égalité des sexes, selon les mots de la modératrice, Mme Awa Dabo, Directrice et Cheffe adjointe du Bureau d’appui à la consolidation de la paix des Nations Unies.

Les études à cet égard sont formelles, a souligné Mme Sarah Hendriks, Directrice de la Division des politiques, des programmes et des affaires intergouvernementales d’ONU-Femmes.  « Lorsque les femmes siègent à la table de négociation, il a été prouvé que les accords de paix sont plus pérennes, plus inclusifs et bien plus susceptibles d’être mis en œuvre », a-t-elle souligné.

Pourtant, malgré ces preuves irréfutables, le pourcentage de femmes dans les négociations de paix stagne à 10% depuis près d’une décennie.  Quoiqu’indignée par ce constat, la panéliste s’est déclarée convaincue que cette situation n’est pas pour autant inéluctable.  Elle a appelé à faire fond sur le programme pour les femmes et la paix et la sécurité, « véritable feuille de route pour parvenir à un monde qui fait le choix du dialogue plutôt que de la destruction, le choix de l’inclusion plutôt que de l’exclusion et le choix de la paix plutôt que de la guerre ». 

Pour promouvoir cet objectif, faire entendre les voix des femmes et faire en sorte qu’elles soient écoutées, ONU-Femmes a noué, l’an dernier, des partenariats avec plus de 30 États Membres, a précisé Mme Hendricks.  À l’instar des autres intervenantes, elle a estimé que cet effort d’inclusion impose d’éliminer les obstacles à la participation des femmes aux processus de paix, de financer directement les organisations de la société civile dirigées par des femmes et de protéger celles qui prônent la paix et les droits humains.

Pour avoir vécu la guerre d’indépendance de son pays en 1991, Mme Darja Bavdaž Kuret, ambassadrice itinérante pour les femmes, la paix et la sécurité de Slovénie, a consacré sa carrière à défendre la paix, « valeur ultime de notre monde », selon elle.  Or, comme l’a rappelé Mme Hendriks, 612 millions de femmes vivent aujourd’hui en situation de conflit armé, soit 50% de plus qu’il y a 10 ans. 

Compte tenu de cette tendance plus qu’alarmante, la Slovénie et la Norvège misent sur une politique étrangère féministe.  Ainsi Mme Kuret a-t-elle expliqué que l’intégration du programme pour les femmes et la paix et la sécurité aux travaux du Conseil de sécurité est une priorité de son pays, membre élu de l’organe pour la période 2024-2025.  Que ce soit en Afghanistan ou à Gaza, les femmes doivent être associées aux processus d’aide humanitaire, de relèvement et de paix, a-t-elle exigé, avant de plaider également pour plus d’investissements dans les défenseuses des droits humains. C’est dans cet esprit que la Slovénie soutient la campagne mondiale « Investir dans les femmes » financée par le Fonds de consolidation de la paix.

Abondant dans le même sens, Mme Anne M. Havn, conseillère à la Mission permanente de la Norvège, a affirmé sans ambages que « sans inclusion, il n’y aura pas de paix pérenne ».  Bien qu’il existe un cadre normatif de qualité sur lequel on peut s’appuyer, à savoir la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité, sa mise en œuvre laisse à désirer, a-t-elle déploré en témoignant de sa propre expérience de « boys club » dans les négociations de paix.

Parmi les panélistes de la société civile, Mme Pascale Solages, d’Haïti, cofondatrice et Directrice exécutive de l’ONG Nègès Mawon, Mme Maria Victora « Mavic » Cabrera-Balleza, des Philippines, Présidente-Directrice générale de Global Network of Women Peacebuilders (« Réseau mondial des femmes bâtisseuses de paix »), et Mme Khouloud Baghouri, de la Tunisie, membre de Young Women Peacebuilders Network (« Réseau des jeunes femmes bâtisseuses de paix »), sont venues apporter leurs éclairages. 

Mme Baghouri a notamment insisté sur l’intersection entre le programme pour les femmes et la paix et la sécurité et celui pour les jeunes, revendiquant la place qui doit revenir aux jeunes femmes -40% de la population mondiale- à la table de négociation pour modeler des accords de paix plus inclusifs.  À ce jour, ont regretté ces trois intervenantes, les femmes restent sous-représentées et marginalisées dans la sphère politique et dans les mécanismes de justice transitionnelle et de réforme constitutionnelle.  Or, ce n’est qu’en étant aux commandes que les choses pourront changer.

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La Commission de la condition de la femme poursuit sa réflexion sur la violence fondée sur le genre, la représentation féminine et sa propre revitalisation

Soixante-neuvième session,
14e et 15e séances plénières – matin et après-midi
FEM/2246

La Commission de la condition de la femme poursuit sa réflexion sur la violence fondée sur le genre, la représentation féminine et sa propre revitalisation

La Commission de la condition de la femme a poursuivi, aujourd’hui, ses dialogues interactifs avec des expertes de la société civile.  Les deux premiers, programmés dans la matinée, ont porté sur la protection contre la violence, la stigmatisation et les stéréotypes, puis sur la participation, la responsabilité et les institutions sensibles au genre.  Dans l’après-midi, les échanges se sont à nouveau concentrés sur le rôle que doit jouer la Commission pour contribuer à l’accélération de la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing. 

Table ronde 1 - Protection contre la violence, la stigmatisation et les stéréotypes

Modératrice du premier dialogue, Mme DELPHINE SCHANTZ, Représentante du Bureau de liaison de New York de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), a donné le ton de la discussion en rappelant qu’en 2023, une femme est morte toutes les deux minutes sous les coups de son conjoint ou d’un membre de sa famille, et que seules 7% de ces violences ont fait l’objet de poursuites ou d’enquêtes.  Un tiers seulement des victimes ont fait un signalement de ces faits lorsqu’ils ont été perpétrés par leurs partenaires, a-t-elle ajouté. 

Dans la région Pacifique, ce sont 60% des femmes et des filles qui subissent de telles violences intrafamiliales, a alerté Mme LAISA BULATALE, Directrice de programme au Fiji Women’s Rights Movement, selon laquelle les auteurs sont des hommes à plus de 90%. 

Constatant que ces violences sont renforcées par l’acceptation communautaire, les stéréotypes de genre, les normes et pratiques sociales néfastes et l’impunité des auteurs, l’intervenante a plaidé pour une implication des hommes et des garçons dans la prévention de ce fléau, et ce par différents biais: sensibilisation, éducation, formations, pratique sportive, collaboration avec des organisations confessionnelles et interventions législatives et financières.  « Il est essentiel de bien comprendre la cause profonde de la violence, à savoir les valeurs patriarcales négatives qui la perpétuent », a-t-elle fait valoir. 

Face à ces violences, Mme EMMA FULU, Directrice de l’Equality Institute, a dit compter sur les plans d’action nationaux, qui, s’ils sont « ambitieux, intersectionnels, dotés de ressources suffisantes et responsables », constituent des outils de prévention efficaces. 

Pour cela, a-t-elle affirmé, ces plans doivent reposer sur la coordination et la responsabilisation, avec des structures décisionnelles et des mécanismes de responsabilisation clairs.  Mme Fulu a cité en exemples le plan national australien pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes et des enfants (2022-2032) et le plan stratégique national de l’Afrique du Sud sur la violence fondée sur le genre et le féminicide (2020-2030), qui s’appuient sur une collaboration pangouvernementale. 

Pour gagner en efficacité, les plans d’action nationaux doivent en outre bénéficier d’un financement soutenu et à long terme, garantir la responsabilisation et mesurer l’impact des violences grâce à des données ventilées, placer les femmes marginalisées en leur centre et faire des organisations féministes des partenaires essentiels, a-t-elle plaidé. 

À sa suite, Mme SELMA HADŽIHALILOVIĆ, Coordonnatrice à la Fondation CURE de Bosnie-Herzégovine, a fait le point sur les consultations menées tout au long de l’année par le comité de pilotage de la société civile pour la région Europe et Asie centrale, auxquelles ont participé près de 450 représentants de la société civile. Elle a indiqué que les retombées de la pandémie de COVID-19, de la guerre en Ukraine et de la crise économique ont touché les femmes de cette région de manière disproportionnée. 

Mme Hadžihalilović a notamment fait état d’une hausse des féminicides et de la violence fondée sur le genre, ainsi que d’un grand nombre d’attaques perpétrées par des groupes fondamentalistes contre des personnes marginalisées.  S’inquiétant du peu de législations et de programmes criminalisant la violence, de l’absence de définition du viol conformément à la Convention d’Istanbul, ainsi que du manque de ressources et d’accès à la justice pour les victimes, elle a appelé à renforcer les institutions et à soutenir les organisations de la société civile. 

Les organisations féministes demandent une application intégrale des lois en vigueur et un financement adéquat des plans de lutte contre les violences à l’égard des femmes, a insisté Mme JOY WATSON, chercheuse et membre de la Coalition of Feminists for Social Change.  Pami les autres exigences de la société civile, elle a cité l’augmentation de l’aide publique au développement destinée à mettre fin à la violence fondée sur le genre, des plans d’action nationaux clairs, chiffrés et financés, et des systèmes de budgétisation sensible au genre. 

La violence en ligne touche également les femmes de manière disproportionnée, a souligné Mme CLARICE TAVARES, chercheuse en anthropologie à l’Université de São Paulo, au Brésil, et Directrice de recherche à InternetLab.  Centrant son propos sur les femmes politiques, qui, lors de campagnes électorales, sont attaquées sur leur corps ou leur vie personnelle, elle a indiqué que, dans son pays, la diffusion en ligne d’images intimes a conduit à l’abandon de carrières politiques voire au suicide de candidates. 

Pour Mme Tavares, cette situation impose de réfléchir à la responsabilité des plateformes numériques.  Si elles ont recouru à des politiques de modération interdisant les discours de haine contre les femmes, les personnes LGBT et les groupes marginalisés, ces plateformes font aujourd’hui preuve de laxisme en la matière, ce qui exacerbe la violence en ligne.  Il faut donc aller au-delà de la simple modification des législations pénales et parler de la redevabilité pour garantir la liberté d’expression pour tous, a plaidé la chercheuse. 

À la suite de ces interventions, de nombreuses délégations ont énuméré les mesures prises au niveau national pour promouvoir les droits des femmes et lutter contre la violence à leur encontre.  L’Italie a ainsi évoqué le versement d’aides financières aux victimes de violences.  Malgré la guerre d’agression qu’elle subit depuis trois ans, l’Ukraine a dit mettre en œuvre la Convention d’Istanbul sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique.  Des services spécialisés sont en outre fournis aux femmes victimes du conflit.  Le Brésil a, lui, mis en avant la multiplication des canaux d’information dans le cadre de l’initiative gouvernementale « zéro féminicide. » 

L’Espagne a, pour sa part, rappelé qu’elle a adopté en 2004 une loi de lutte contre la violence à l’égard des femmes.  Ciblée sur les survivantes, cette législation prévoit un budget spécifique pour faire reculer les violences patriarcales, économiques et sociales infligées aux femmes.  De plus, quelque 700 000 femmes bénéficient d’un système de détection des violences afin, notamment, d’éviter qu’elles ne redeviennent victimes.  Cet exemple positif n’a pas empêché une représentante de la société civile de déplorer le manque de suivi de ces actes de violence dans de nombreux pays. 

Le Mexique a lui aussi annoncé l’adoption d’une loi sur le droit des femmes de vivre à l’abri de la violence, avant d’appeler à lutter contre la « croisade culturelle de la droite internationale » qui défend un nouveau récit de la liberté des femmes.  Dans le même ordre d’idées, l’ONG américaine Catholics for Choice a désapprouvé l’opposition de l’Église catholique à l’avortement, estimant que cela ne contribue pas à mettre un terme à ces pratiques mais oblige les femmes concernées à rester dans la clandestinité. De son côté, le Venezuela s’est insurgé contre les sanctions « illégitimes » qui frappent particulièrement les femmes, les privant de soins, de médicaments et de prises en charge. 

Table ronde 2 - Participation, redevabilité et institutions sensibles à la dimension de genre

Partant du constat que les progrès restent lents pour accroître la participation des femmes à la vie politique et rendre les institutions de l’État plus sensibles à la dimension de genre, les intervenants se sont largement accordés pour dire que sans une action délibérée et ambitieuse, la parité ne sera pas atteinte dans cette génération. 

« Il est urgent de passer des concepts à des processus concrets », a notamment déclaré la modératrice, Mme Nicole Ameline, ancienne membre du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, qui s’est inquiétée de la sous-représentation systémique des femmes dans la vie politique et publique, « une conséquence du patriarcat à laquelle il faut mettre un terme avec la parité et des approches radicales ».  La participation des femmes à la prise de décision est essentielle pour changer les législations et pour mettre en place des politiques inclusives afin de créer des sociétés où l’égalité des genres est une réalité, a-t-elle ajouté. 

Directrice adjointe des politiques et du plaidoyer à l’International Center for Research on Women), Mme Foteini Papagioti a constaté que les institutions restent dominées par les hommes.  La parité dans la prise de décisions politiques ne pourra devenir une réalité avant la seconde moitié de ce siècle, a-t-elle averti.  De plus, les mécanismes institutionnels de promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes ne disposent toujours pas du mandat, des ressources et du pouvoir de décision nécessaires pour mettre en œuvre efficacement la parité.  Quant à la redevabilité relative aux engagements en matière d’égalité des genres, elle reste insaisissable, souvent en raison d’un manque de données pertinentes ou de volonté politique.  Pour progresser, il faudra accélérer les efforts afin de combler les lacunes en matière de politique, d’investissement et de redevabilité, a-t-elle dit. 

Apportant un aperçu chiffré, Mme Karolina Gilas, professeure à l’Université nationale autonome du Mexique, a précisé que si 27% des parlementaires dans le monde sont des femmes, ce pourcentage cache une situation inégale avec 35% dans les pays nordiques et moins de 5% dans certains autres États.  Pour ce qui est de l’Amérique latine, des principes constitutionnels de parité ont été mis en place dès 1991, en Argentine, puis au Mexique et au Costa Rica où on peut observer une forte participation des femmes à la vie politique.  Toutefois, a-t-elle constaté, « si elles ont les titres, elles n’ont pas toujours le pouvoir ».  Alors que la représentation des femmes augmente, la résistance à leur présence dans la sphère politique s’intensifie, a signalé l’intervenante, qui s’est inquiétée des cas de violence physique et de harcèlement en ligne contre les femmes occupant une fonction publique. 

Et face à cette violence qui traduit en fait une discrimination culturelle et structurelle, beaucoup de femmes décident de ne pas se lancer en politique, a renchéri Mme Memory Kachambwa, Directrice exécutive du Réseau de développement et de communication de la femme africaine.  Elle a enjoint les décideurs politiques à « joindre le geste à la parole » en institutionnalisant la participation des femmes à la vie publique et politique et en pénalisant la violence dont elles sont la cible.  Cela suppose d’établir des systèmes de suivi et des réseaux d’appui pour remédier à ce type de violence, a souligné Mme Gilas, qui a appelé en outre à promouvoir une gouvernance féministe pour démanteler les barrières à la représentation des femmes. 

Rebondissant sur cette idée, la Directrice adjointe des politiques et du plaidoyer à l’ICRW a pointé les lacunes persistantes dans la diplomatie et la gouvernance mondiale, notant qu’en 2024, seuls 20% des ambassadeurs dans le monde et 7% aux Nations Unies étaient des femmes.  Il est vrai que certains cadres de politique étrangère sensibles au genre ont donné la priorité aux efforts visant à améliorer la représentation des femmes dans la diplomatie nationale et les affaires étrangères, mais il reste encore beaucoup à faire et la reddition de comptes fait défaut, a-t-elle constaté. 

De son côté, la Directrice exécutive du Réseau de développement et de communication de la femme africaine a signalé que les mécanismes nationaux de promotion de l’égalité des genres manquent de ressources, s’inquiétant en outre d’une tendance au définancement de ces activités.  Les organisations de défense des droits des femmes ont reçu moins de 1% du volume total de l’aide publique au développement en faveur de l’égalité des genres au cours des 10 dernières années, a déploré la représentante de la République de Moldova

Faisant fond sur ce tableau, nombre de délégations ont mis en exergue les cadres, mécanismes et législations élaborés par leur gouvernement respectif pour façonner la participation des femmes dans la sphère publique.  Si le Guyana, le Kenya et la Finlande ont misé sur la budgétisation sensible au genre, la République de Moldova a dit avoir obtenu des résultats probants en introduisant un système de quota pour la représentation des femmes au sein des instances politiques.  Au Mexique, la réforme du processus électoral de 2009, qui exige qu’il y ait au moins 50% de femmes candidates sur les listes électorales, se heurte toujours à des difficultés dans les communautés rurales et autochtones, a concédé sa représentante, mais le système de parité au niveau des tribunaux et de la Cour suprême fonctionne. 

Pour sa part, l’Ukraine a expliqué que malgré une volonté politique affichée en faveur de la représentation des femmes dans la vie publique, des croyances sociales et des stéréotypes de genre profondément enracinés ont refait surface et ont même été renforcés pendant la guerre, s’est désolée la représentante ukrainienne en expliquant que les femmes dirigeantes en Ukraine continuent de se heurter à des obstacles et restent sous-représentées au niveau national, au sein du Gouvernement, des partis politiques et du parlement, un constat partagé par la plupart de ses homologues. 

Table ronde 3 - Accélérer la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing: le rôle de la Commission de la condition de la femme (suite)

Après l’entame de la discussion du 13 mars dernier, la Commission de la condition de la femme a poursuivi, cet après-midi, son débat sur la revitalisation de son rôle et ses responsabilités afin d’accélérer la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing, adopté il y a 30 ans. 

En ouverture de ce dialogue, le Président de la soixante-neuvième session de la Commission a constaté que les femmes continuent d’être sous-représentées aux postes à responsabilité, sous-estimées dans des économies qui dépendent de leur travail non rémunéré, exclues des opportunités de la révolution numérique et disproportionnellement frappées par la crise climatique et les conflits armés. 

Pour répondre à ces défis et accélérer la mise en œuvre des engagements de Beijing, la Commission doit être « une force qui relie l’ambition mondiale à la transformation locale », a plaidé M. Abdulaziz M. Alwasil, estimant que le pouvoir de cet organe réside non seulement dans ses résolutions mais aussi dans sa capacité à refléter les expériences réelles et vécues des femmes et des filles « dans chaque village, chaque ville et chaque société ». 

De fait, revitaliser la Commission ne se limite pas à renforcer un processus, a fait valoir le Président.  Cela implique de bâtir des systèmes plus solides et plus inclusifs, où les organisations de femmes, les mouvements populaires et toutes les parties prenantes œuvrent ensemble pour impulser un changement significatif.

« Il faut montrer que les politiques d’inclusion, de diversité et d’équité sont essentielles pour la réalisation de ce but », a souligné pour sa part le Président du Conseil économique et social (ECOSOC), M. Bob Rae.  L’égalité de genre est un aspect essentiel de la dignité humaine de chacune et de chacun et « personne ne devrait craindre d’utiliser ces mots pour décrire et définir la vision que nous avons », a-t-il appuyé. 

Renforcer la participation des femmes du monde entier

Face aux lacunes dans la mise en œuvre des engagements des États Membres, la Tunisie et Plan International ont proposé l’établissement d’un mécanisme universel d’examen par les pairs à l’instar de l’examen périodique du Conseil des droits de l’homme.  Un tel examen obligerait les États Membres à rendre compte de leurs politiques en matière d’autonomisation des femmes, a souligné le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les droits de l’homme.

Le Canada a insisté sur la participation de la société civile, plus particulièrement des femmes autochtones.  À ce propos, la représentante du Réseau des femmes autochtones des Amériques a appelé à la levée des barrières administratives et consulaires qui freinent la participation de ces dernières.  Elle a aussi appelé l’ECOSOC à leur accorder un statut particulier afin de faciliter leur implication aux travaux de la Commission. 

À sa suite, plusieurs oratrices, notamment les ONG, ont dénoncé un processus de sélection excluant de facto certaines catégories de femmes.  Il faut notamment revoir la méthodologie de sélection des expertes invitées aux travaux annuels de la Commission, ont plaidé plusieurs voix.  La Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la violence contre les femmes et les filles, ses causes et ses conséquences n’a pas pu prendre part aux travaux du fait de la non-obtention de visa, a dénoncé une autre ONG. 

« Nous tournons en rond et nous devons redéfinir ce que nous entendons par inclusion et participation », a avancé une jeune de la société civile qui a relevé que les jeunes femmes, les femmes autochtones et les femmes venant du Sud sont peu représentées dans les délibérations de la Commission.  Les femmes qui effectuent le travail sur le terrain ne sont pas là, a-t-elle dénoncé en faisant valoir que pour de nombreuses femmes du monde, « le coût d’une journée à New York représente leur pitance pour des mois dans leur pays d’origine ». 

Pour résoudre ce problème, l’Afrique du Sud a suggéré d’établir une rotation des sessions dans toutes les régions du monde, tandis que le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) a proposé de faire parvenir les messages de la Commission aux femmes du Sud par l’entremise des influenceuses.  Le FNUAP a également recommandé de renforcer l’utilisation des plateformes numériques, de l’intelligence artificielle et des outils en ligne afin d’améliorer l’accessibilité et l’inclusivité des sessions de la Commission.  Cela permettrait une participation et un engagement plus larges, a estimé la représentante.  Pour sa part, la représentante du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) s’est fait l’écho des nombreuses délégations qui ont plaidé pour que les filles aient également voix au chapitre. 

Demain, mercredi 19 mars, la Commission tiendra deux dialogues interactifs dans l’après-midi, portant respectivement sur la « préservation de l’environnement » et sur les « sociétés pacifiques et inclusives ».

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Conseil de sécurité: appels insistants à un retour au cessez-le-feu après les bombardements israéliens contre Gaza

9881e séance – matin
CS/16023

Conseil de sécurité: appels insistants à un retour au cessez-le-feu après les bombardements israéliens contre Gaza

Le Conseil de sécurité s’est réuni ce matin pour discuter du blocus imposé par Israël à l’aide humanitaire destinée à Gaza, alors que les frappes israéliennes ont repris hier, faisant des centaines de morts parmi les civils.  Nombre d’orateurs, dont le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, ont demandé avec insistance un renouvellement du cessez-le-feu et une reprise de l’aide.  De leur côté, Israël et les États-Unis ont expliqué que la reprise des hostilités était imputable au Hamas. 

« Nos pires peurs se sont réalisées en une nuit », a déclaré M. Thomas Fletcher, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence.  Il a indiqué qu’avec la reprise des frappes aériennes, la population de Gaza vit à nouveau « dans une peur abjecte ».  Les gains modestes engrangés pendant le couvre-feu se sont volatilisés, a regretté le Secrétaire général adjoint. 

M. Fletcher a rappelé que depuis le 2 mars les autorités israéliennes bloquent l’entrée d’une aide vitale – denrées, médicaments, essence, gaz de cuisine - dans Gaza.  « Nos demandes pour récupérer l’aide stationnée au point de passage de Kerem Shalom ont été systématiquement rejetées », a-t-il dit.  Le Secrétaire général adjoint a qualifié de « désastreux » ce blocus de l’aide, avant de rappeler les avancées permises par les 42 jours de cessez-le-feu. 

Trente otages et 583 détenus palestiniens ont été libérés, plus de 4 000 camions d’aide ont pu entrer dans Gaza chaque semaine et 2 millions de personnes ont été secourues, a-t-il précisé.  Estimant que le blocage d’une aide si vitale heurte la conscience, il a appelé à sa reprise, avant de demander le renouvellement du cessez-le-feu. « Un tel cessez-le-feu est en effet le meilleur moyen de protéger les civils, de libérer les otages et détenus et de garantir l’entrée de l’aide », a tranché M. Fletcher.  

Une position largement partagée, notamment par la Sierra Leone, la Grèce, la Somalie ou encore la France, qui a condamné les frappes israéliennes et appelé à lever immédiatement les obstacles à l’entrée de l’aide humanitaire.  « Le Royaume-Uni s’oppose à la décision d’Israël de reprendre les opérations à Gaza », a dit la délégation de ce pays, avant de qualifier « d’inacceptable » le blocage de l’aide.  Le Royaume-Uni a souligné l’urgence de renouer le dialogue et de mettre pleinement en œuvre le cessez-le-feu. 

La Sierra Leone a dénoncé cette « punition collective », tandis que l’Algérie a estimé que ce blocus « délibéré », qui coïncide avec le mois de ramadan, vise à briser la résilience du peuple palestinien.  « Comme si affamer ne suffisait pas, le manque d’eau est désormais utilisé comme arme de guerre. »  Les Israéliens ont également décidé de couper l’électricité à Gaza, et l’unique usine de dessalement dans le territoire est sur le point de fermer, exposant la population au risque de mourir de soif ou d’épidémies, a déploré l’Algérie, qui, avec la Somalie, a demandé la tenue de cette réunion. 

L’État de Palestine a estimé à plus de 400 Palestiniens tués et près de 600 blessés le bilan des attaques israéliennes de la nuit dernière.  « Les mêmes images nous hantent à nouveau », a-t-il dit, en évoquant « des enfants sur brancards » et des survivants recherchant des membres de leurs familles « au milieu des décombres ».  Il a estimé que le cessez-le-feu a fonctionné, en mettant un terme au bain de sang, en faisant entrer l’aide et en permettant la libération des otages.  « La vie commençait à triompher de la mort. » 

« Agissez maintenant, faites le choix de la paix » a lancé avec insistance le délégué palestinien à ses collègues.  « Vous êtes le Conseil de sécurité, aidez-nous! »  Appuyé par la Ligue des États arabes, le délégué a appelé à la pleine mise en œuvre de la résolution 2735 (2024), qui définit clairement les différentes phases du cessez-le-feu et les obligations des parties.  Aucune décision unilatérale et irresponsable ne doit pouvoir rompre le cessez-le-feu, a-t-il martelé.  « Alors que l’Administration Trump a fait de la libération des otages sa priorité, il est évident que la préoccupation de Netanyahu pour sa survie politique l’emporte largement sur son souci de la survie des otages. »

Après la rupture du cessez-le-feu, la tragédie des Palestiniens ordinaires atteint des proportions « véritablement bibliques », a appuyé la Fédération de Russie, en accusant le Gouvernement israélien d’avoir abandonné les otages.  « Nous ne devons plus répéter les mêmes erreurs: si le nombre de civils palestiniens tués à Gaza au cours des 18 derniers mois est si élevé, c’est en partie parce que ce Conseil n’a pas été en mesure de parvenir à l’établissement d’un cessez-le-feu plus tôt », a déclaré le délégué, en appelant Israël à revenir au cessez-le-feu et à lever les restrictions aux opérations humanitaires. 

« La reprise des hostilités est uniquement imputable au Hamas », ont estimé, de leur côté, les États-Unis.  Ils ont accusé cette organisation d’avoir rejeté toutes les propositions faites par les médiateurs au cours des dernières semaines, y compris une « proposition passerelle », grâce à laquelle le cessez-le-feu aurait été prolongé au-delà du ramadan et de la Pâque juive, pour avoir le temps de négocier un cessez-le-feu permanent.  Pour la délégation, les Forces de défense israéliennes (FDI) ne s’attaquent qu’à des cibles du Hamas, dont les militants continuent de se dissimuler parmi les civils. 

Même son de cloche du côté d’Israël qui a rappelé sa détermination à ramener tous les otages, que le Hamas a refusé de relâcher, comme il a rejeté toutes les offres présentées par les États-Unis et les médiateurs.  « La reprise des combats s’avère une nécessité », a déclaré le représentant, en assurant que les FDI menaient des attaques ciblées. « La guerre que mène Israël vise le Hamas, pas les civils de Gaza. »  Le délégué israélien a considéré que cette séance était l’occasion pour certains d’instrumentaliser des considérations humanitaires pour leurs desseins politiques sans tenir compte des torts du Hamas, qui détient toujours 59 otages. « C’est là la crise humanitaire la plus urgente. »  

Toute discussion qui ne commencerait pas par évoquer le sort des otages ne sera pas une discussion honnête, a déclaré le délégué.  Il a également jugé faux de dire que la population gazaouite est affamée. « Que les choses soient claires, s’il y a des souffrances à Gaza, ce n’est pas en raison d’un manque d’aide, mais des agissements du Hamas. »  Au lieu de se demander pourquoi le Hamas refuse de respecter ses engagements pris dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu temporaire, on préfère blâmer Israël, a tranché le représentant israélien. 

« Le refus du Hamas de s’acquitter de ses obligations ne saurait justifier un blocus de l’aide humanitaire et une reprise des opérations militaires », a réagi la République de Corée.  La Chine a également appelé à renoncer à la logique fallacieuse du recours à la force, y voyant une véritable « obsession israélienne. »  Les États-Unis ont repris la parole en fin de séance pour critiquer certains participants, qui ont quitté la salle du Conseil pendant que le représentant d’Israël s’exprimait. 

 

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La Situation au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne

Exposé

« Nos pires peurs se sont réalisées en une nuit », a déclaré M. TOM FLETCHER, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence.  Il a indiqué que les frappes aériennes ont repris dans toute la bande de Gaza, faisant des centaines de morts.  « Une nouvelle fois, la population de Gaza vit dans une peur abjecte. »  Les gains modestes engrangés pendant le couvre-feu se sont volatilisés.  Il a rappelé en outre que depuis le 2 mars, les autorités israéliennes bloquent l’entrée d’une aide vitale - denrées, médicaments, essence, gaz de cuisine - dans Gaza.  « Nos demandes pour récupérer l’aide stationnée au point de passage de Kerem Shalom ont été systématiquement rejetées. » 

M. Fletcher a qualifié de désastreux ce blocus de l’aide, avant de déplorer le niveau de financement extrêmement faible de la réponse humanitaire.  Des restrictions supplémentaires ont par ailleurs été mises en place à l’encontre des organisations non gouvernementales (ONG) partenaires.  Le montant d’argent liquide que le personnel humanitaire est ainsi autorisé à apporter dans Gaza a été diminué de moitié.  Il a précisé que la Knesset israélienne discute d’une législation qui imposerait lourdement toute donation d’État tiers à des ONG israéliennes, y compris des groupes humanitaires et de défense des droits humains. 

Le Coordonnateur des secours d’urgence a rappelé les avancées permises par le cessez-le-feu de 42 jours.  L’aide a été renforcée tandis que 30 otages et 583 détenus palestiniens ont été libérés.  Plus de 4 000 camions d’aide ont pu entrer dans Gaza chaque semaine, 2 millions de personnes ayant été secourues.  Plus de 113 000 tentes ont été distribuées aux familles et plus de 600 000 enfants ont été vaccinés contre la poliomyélite.  « Nous ne pouvons pas revenir aux conditions qui régnaient avant le cessez-le-feu ou à un refus d’accès humanitaire. »  Les civils doivent être protégés et le droit international doit être respecté, a plaidé M. Fletcher. 

Il s’est dit également extrêmement préoccupé par la protection des civils en Cisjordanie. Depuis le début de l’année, 95 Palestiniens y ont été tués, dont 17 enfants.  Plus de 40 000 Palestiniens de Cisjordanie ont été déplacés par les opérations à grande échelle menées par l’armée israélienne, laquelle a déployé des tanks pour la première fois depuis deux décennies. 

Fort de ce constat, il a fait trois recommandations, la première étant un accès humanitaire à Gaza.  Le blocage d’une aide si vitale ne peut que heurter la conscience, a-t-il dit, en soulignant son illicéité au regard du droit international.  « Deuxièmement, nous devons renouveler le cessez-le-feu. »  Un tel cessez-le-feu est en effet le meilleur moyen de protéger les civils, de libérer les otages et détenus et de garantir l’entrée de l’aide, a-t-il argué.  Enfin, le Secrétaire général adjoint a demandé un meilleur financement de l’aide, celle-ci n’étant financée qu’à hauteur de 4%.  Il a conclu son intervention par ces mots griffonnés sur un tableau d’un hôpital à Gaza: « Celui qui restera à la fin racontera notre histoire.  Nous avons fait ce que nous avons pu.  Ne nous oubliez pas. » 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission de la condition de la femme: travail décent et protection sociale au menu de deux dialogues interactifs entre expertes et déléguées

Soixante-neuvième session,
13e séance plénière – après-midi 
FEM/2245

La Commission de la condition de la femme: travail décent et protection sociale au menu de deux dialogues interactifs entre expertes et déléguées

Entrée dans la seconde semaine de sa soixante-neuvième session, la Commission de la condition de la femme a tenu, cet après-midi, deux dialogues interactifs dans le cadre de sa réflexion sur l’égalité des genres.  Le premier avait pour thème « développement inclusif, prospérité partagée et travail décent », le second portait sur l’élimination de la pauvreté, la protection sociale et les services sociaux. 

En ouvrant la séance, Mme Maritza Chan Valverde (Costa Rica), Vice-Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), a constaté que les femmes et les filles ont été les plus durement touchées par les crises mondiales qui ont profondément perturbé les économies et les moyens de subsistance ces cinq dernières années.  En conséquence, la participation des femmes au marché du travail stagne et leur autonomisation économique est confrontée à des défis croissants, qui avaient été relevés à Beijing il y a 30 ans. 

« Des efforts audacieux sont nécessaires pour affronter les inégalités structurelles liées au fossé salarial et au travail domestique non rémunéré », a résumé la modératrice du premier dialogue, Mme Kemi DaSilva-Ibru, fondatrice de la Women at Risk International Foundation, qui lutte contre la prévalence des violences sexuelles, des viols et de la traite des jeunes filles et des femmes au Nigéria et en Afrique. 

Favoriser le travail décent des femmes

Les intervenantes ont pour la plupart appelé à briser le cercle vicieux de l’emploi informel, des bas salaires et de l’accès limité à la protection sociale dans lequel sont prises beaucoup trop de femmes.

Pour planter le décor, Mme Marija Babovic, professeure à la faculté de philosophie de l’Université de Belgrade et activiste dans le domaine de l’égalité des sexes, a rappelé que les femmes et les filles représentent les trois quarts des travailleurs non rémunérés à travers le monde.  Plus édifiant encore, leur travail représente environ 12% de tous les emplois. 

En Afrique de l’Ouest, la question de la prise en charge du travail non rémunéré est centrale, a témoigné Mme Barbara Ky, Directrice du genre au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).  L’intervenante a suggéré d’effectuer des forages pour diminuer le temps de travail non rémunéré des femmes de la région qui consacrent plusieurs heures par jour à la recherche de l’eau potable.  Elle a également plaidé en faveur de données sexospécifiques afin d’intégrer le genre comme outil de planification. 

Une solution serait de créer des emplois décents en tirant parti de la croissance économique, a avancé Mme Diane Elson, professeure émérite de l’Université d’Essex et Présidente du Women’s Budget Group du Royaume-Uni.  Elle s’est ainsi prononcée pour des politiques publiques qui promeuvent le travail décent des femmes, notamment par le biais de la fiscalité. 

Selon l’enseignante, il faut cependant éliminer les avantages fiscaux qui ne servent pas la cause commune et ne concernent que les très riches. À ce sujet, elle a dit appuyer l’idée d’une convention fiscale internationale qui tiendrait compte de la proposition du Brésil en faveur d’un impôt minimum pour les milliardaires.  « Les fonds ne manquent pas pour l’égalité, mais une grande partie de ceux qui les détiennent n’accordent pas d’importance à la cause de l’autonomisation des femmes », a-t-elle déploré. 

Pour le Mexique, la cause de ces dysfonctionnements vient de l’échec du modèle néolibéral, qui a laissé des millions de femmes sans services de base.  La délégation a indiqué que son nouveau gouvernement entend remettre les pendules à l’heure en pariant sur les jeunes et les femmes.  L’une de ses priorités est de faire sortir les femmes rurales de la précarité. 

Le numérique au service ou au détriment du développement inclusif

Le principal obstacle au travail des femmes est le capitalisme financier qui exacerbe les inégalités et l’exploitation du travail rémunéré et non rémunéré, a abondé Mme Corina Rodriguez, chercheuse au Conseil national de recherche scientifique et technique de l’Argentine, également membre du comité exécutif de l’ONG Development Alternatives with Women for a New Era

Si l’on veut progresser vers l’inclusion et le travail décent, la transition numérique est un facteur clef mais elle présente aussi des défis et des risques, a-t-elle mis en garde.  Ce processus peut en effet créer des opportunités et réduire les écarts de genre dans le monde du travail.  Dans même temps, la numérisation peut aussi entraîner des destructions de postes pour les femmes.  Pour prévenir ce danger, il importe, selon la chercheuse, que les femmes aient accès aux formations et aux carrières STIM (sciences, technologie, ingénierie et mathématiques). 

Au cours de ce dialogue, les délégations ont mis en avant des problématiques locales en lien avec le développement inclusif. La Guinée a confirmé que le problème d’accès à l’eau est un obstacle majeur à l’épanouissement des femmes dans le pays.  Pour relever le défi du travail décent, les autorités guinéennes parient sur l’éducation des filles et des femmes, tout en s’appuyant sur des partenaires externes. L’Algérie a, elle, dit mettre l’accent sur l’alphabétisation numérique des femmes afin de leur permettre de s’intégrer dans l’économie et de bénéficier d’un travail décent. 

Les Philippines se sont enorgueillies d’avoir édicté une forme de Magna Carta pour garantir la protection des femmes contre le harcèlement au travail.  Sur un sujet connexe, le Danemark a appelé à une plus grande protection contre les discriminations des femmes célibataires sur le lieu du travail, se désolant également que l’on demande encore aux femmes de choisir entre une vie de famille et leur carrière.  Une représentante de la société civile a témoigné du sort des femmes palestiniennes, constatant que leur autonomisation est empêchée par l’occupation israélienne.

Des systèmes de protection sociale encore insuffisants pour les femmes

Le second dialogue a mis en exergue le fait que les systèmes de protection sociale ne tiennent pas suffisamment compte des risques spécifiques au genre et des contraintes structurelles auxquels les femmes sont confrontées, tels que l’accès limité à l’emploi, la ségrégation professionnelle, les responsabilités non rémunérées et les vulnérabilités en matière de santé. 

Même si l’accès des femmes à la protection sociale s’est sensiblement amélioré au cours de la dernière décennie, des progrès restent à accomplir.  L’une des trois panélistes de ce dialogue, Mme Naila Kabeer, professeure en genre et développement à la London School of Economics, a insisté sur le potentiel productif et politique d’un système de protection sociale solide et universel. Pour l’intervenante, il serait ainsi utile de garantir une prise en charge universelle pour les personnes âgées, les enfants et les personnes malades, ce qui améliorerait la mobilité des femmes en âge de travailler. 

Jugeant d’autre part qu’il est essentiel de permettre aux femmes de combiner au mieux leur rôle reproductif et professionnel, Mme Kabeer a plaidé pour « davantage de responsabilité collective » en matière de travail non rémunéré, afin que les hommes fassent leur part dans le domaine des soins intrafamiliaux.  L’idée a été reprise à son compte par l’Égypte, qui a également relevé que plus de femmes âgées que d’hommes vivent dans la pauvreté.  Pourtant, « lorsque femmes sont maîtresses de leur destin, elles peuvent mieux gérer leur vie », a observé la délégation. 

Lutter contre l’exclusion des femmes des systèmes de retraite

Dans le même ordre d’idées, Mme Claudia Robles, chargée des affaires sociales à la Division du développement social de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), a axé son intervention sur l’accès des femmes aux retraites sans contributions, mesure indispensable selon elle pour garantir la sécurité économique et la dignité des plus vulnérables. 

Les données administratives pour 12 pays de sa région révèlent que seulement 34% des femmes en âge de travailler ont cotisé au système de retraite.  De plus, en 2023, près d’un quart des femmes de plus de 65 ans ne recevaient aucun type de retraite, tandis que les autres percevaient des pensions inférieures en moyenne de 17% par rapport à celles des hommes.  S’il ne fait aucun doute, selon l’intervenante, que les pays qui dépendent de programmes individuels de capitalisation pour les retraites ont du mal à introduire des mesures de solidarité sociale, « la situation peut changer », notamment en reconnaissant les périodes de prestation de soins fournis par les femmes. 

Cette lutte contre l’exclusion historique des femmes des systèmes de retraite doit avoir pour objectif final de parvenir à une couverture universelle avec un seuil minimum équivalant au moins au seuil de pauvreté, a souligné Mme Robles.  Un tel effort coûterait environ 1,1% du PIB régional, « ce qui est faisable » et aurait une grande répercussion pour les femmes.  Mais il faut pour cela un engagement politique robuste et des cadres institutionnels renforcés en faveur de la viabilité financière, a-t-elle fait valoir.

Montée d’une vague conservatrice réduisant les femmes à la procréation

De son côté, Mme Dorota Szelewa, professeure associée à l’école de politique sociale, de travail social et de justice sociale de l’University College de Dublin, en Irlande, s’est alarmée de la réémergence en Europe de l’Est d’une tendance conservatrice qui défend les rôles traditionnels au sein de la famille.  Parlant d’un véritable « antiféminisme », elle a constaté que, pour certains gouvernements conservateurs, la contribution la plus importante des femmes à la société est de procréer et de produire de « futurs contribuables ». 

Pour illustrer son propos, Mme Szelewa a noté que la Pologne reconnaît désormais le travail non rémunéré des femmes dans son système de sécurité sociale afin d’encourager les femmes à rester au foyer.  Le Gouvernement polonais aurait en outre profité de l’épidémie de COVID-19 pour renforcer la législation pénalisant l’avortement malgré la très forte opposition de la population.  En Hongrie, a-t-elle poursuivi, les autorités invitent les femmes à donner naissance à deux ou trois enfants en échange d’une aide de l’État. 

En raison de ces mesures introduites pour promouvoir le modèle traditionnel de la famille, les taux d’emploi des femmes en Europe de l’Est restent en dessous de la moyenne européenne, ce qui se traduit par des lacunes importantes dans le versement des retraites, a souligné la panéliste. 

Des solutions locales pour aider les femmes 

À la suite ces interventions, les déléguées participant au dialogue ont passé en revue les mesures prises en faveur des femmes dans leurs systèmes sociaux respectifs.  L’Ukraine a pu indiquer avec fierté que, malgré l’aggravation de la pauvreté due à la guerre, son système de protection sociale continue de fonctionner efficacement.  Les femmes représentent environ 72% des bénéficiaires de l’aide sociale, a précisé la délégation, avant d’évoquer le recours à des plateformes numériques pour accroître la transparence et l’accessibilité des services sociaux.  Elle a également fait état d’un service de « nounous municipales », y compris pour les enfants handicapés, afin de permettre aux parents de participer activement au marché du travail. 

La Roumanie a déclaré avoir harmonisé sa législation nationale sur l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée dans le but de parvenir à une meilleure répartition de la prise en charge, y compris à travers le congé paternel.  D’autres délégations, comme le Mexique, ont mis en avant le rôle des prestations sociales pour mieux redistribuer la richesse et lutter en faveur de la justice sociale.  Le Guyana a quant à lui insisté sur la reconnaissance du travail non rémunéré, précisant que 63% des Guyanaises ont désormais accès à des programmes d’aide sociale accessibles et adaptés à leurs besoins. 

Défendant l’idée selon laquelle les droits socioéconomiques sont des droits fondamentaux, le Burundi et l’Égypte ont, eux, souligné l’importance des programmes de microfinancement pour les femmes entrepreneuses. 

Demain, mardi 18 mars, la Commission tiendra trois dialogues interactifs au cours de la journée.  Dès 10 heures, elle se penchera sur la question de protection des femmes contre la violence, la stigmatisation et les stéréotypes. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Cinquième Commission examine une enveloppe de 110,4 millions de dollars pour la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI) en 2025

Soixante-dix-neuvième session
28e séance plénière – matin
AG/AB/4493

La Cinquième Commission examine une enveloppe de 110,4 millions de dollars pour la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI) en 2025

La Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, a examiné ce matin une enveloppe exacte de 110 476 300 dollars demandée par le Secrétaire général pour la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI) en 2025.  La Mission dont le mandat a été prorogé pour une dernière fois jusqu’au 31 décembre de cette année devra commencer son plan de transition et de liquidation dès le 1er janvier 2026.  Le Conseil consultatif de la Cinquième Commission ramène le montant demandé à 96 420 900 dollars, dans son rapport (A/79/7/Add.48). 

Dans son plan de transition et de liquidation (S/2024/966), le Secrétaire général, appuyé aujourd’hui par le représentant de l’Iraq, met en avant trois priorités stratégiques, à savoir l’exécution efficace du mandat; le transfert des tâches à l’appui de la préservation des acquis et du maintien de l’aide apportée par les Nations Unies; le retrait sûr et progressif d’ici au 31 décembre 2025. 

Le budget de 110 476 300 dollars représente une augmentation de 12 349 800 dollars par rapport aux crédits ouverts pour 2024.  Cette augmentation, explique M. António Guterres, est due à une hausse de 17 013 300 dollars des dépenses afférentes au personnel civil, pour tenir compte des paiements supplémentaires liés à la cessation de service et à la réinstallation du personnel, partiellement compensée par la réduction progressive des effectifs et la suppression de 64 postes vacants. 

En revanche le budget indique une diminution de 728 100 dollars au titre des dépenses afférentes aux militaires et au personnel de police, principalement du fait du rapatriement de 88 membres de l’Unité de gardes des Nations Unies d’ici au 31 juillet 2025, fait observer le Chef de l’ONU pointant aussi une diminution de 3 935 400 dollars des dépenses opérationnelles découlant de la réduction des opérations aériennes, de la fermeture des antennes de Mossoul et Kirkouk et des dépenses prévues en matière d’informatique et de communications, de transports terrestres et d’entretien des installations. 

Le Comité consultatif de la Cinquième Commission approuve, dans son rapport, le montant proposé, en lieu et place des 86 500 000 dollars approuvés précédemment par l’Assemblée générale.  Il recommande l’ouverture d’un crédit supplémentaire de 96 420 900 dollars. 

Rappelant que la Mission existe depuis 22 ans, l’Iraq a souligné que la situation est très différente aujourd’hui.  Le pays a connu beaucoup de développements sur les plans politique, sécuritaire, économique et social.  Il faut maintenant, a-t-il estimé, se focaliser sur les nouvelles priorités.  Il a plaidé pour un processus « raisonnable et responsable » s’agissant de la clôture de la Mission. 

La Cinquième Commission devrait achever cette première reprise de session vendredi 28 mars. 

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À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité proroge d’un an le mandat de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA)

9880e séance – matin
CS/16021

Le Conseil de sécurité proroge d’un an le mandat de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA)

Constatant qu’il importe toujours de régler les problèmes complexes auxquels se heurte l’Afghanistan, le Conseil de sécurité a, ce matin, prorogé d’un an, jusqu’au 17 mars 2026, le mandat de la Mission d’assistance des Nations Unies dans ce pays (MANUA). 

En adoptant à l’unanimité de ses 15 membres la résolution 2777 (2025), le Conseil souligne qu’il importe « au plus haut point » de pouvoir compter sur une présence constante de la MANUA et des autres organismes, fonds et programmes des Nations Unies dans tout l’Afghanistan.  À cet égard, il demande à tous les acteurs politiques et parties prenantes dans le pays, notamment aux « autorités compétentes », ainsi qu’aux acteurs internationaux de se coordonner avec la Mission dans le cadre de l’exécution de son mandat et d’assurer la sûreté, la sécurité et la liberté de circulation du personnel des Nations Unies et du personnel associé. 

Le Danemark, qui a codirigé les négociations avec la Chine sur ce texte de résolution, s’est félicité que le mandat de la MANUA soit renouvelé pour la première fois depuis 2022 avec « d’importantes mises à jour, reflétant les dernières évolutions sur le terrain », une avancée également saluée par la République de Corée.  Pour ce pays, il est particulièrement important que la détérioration des droits humains, en particulier des femmes et des filles, soit prise en compte.  « Le message du Conseil est clair: les femmes jouent un rôle indispensable dans la société afghane. »

Dans son préambule, le projet de résolution exprime la préoccupation du Conseil devant l’érosion croissante du respect des droits humains et des libertés fondamentales, « en particulier en ce qui concerne les femmes et les filles, qui n’ont pas un accès égal à l’éducation, à l’emploi, à la justice, aux possibilités économiques, à la participation pleine, égale et véritable à la vie publique, à la liberté de circulation et qui ne peuvent jouir des services de base ». 

Une telle situation rend aux yeux des membres du Conseil la paix, la stabilité et la prospérité dans le pays « irréalisables », raison pour laquelle il est de nouveau demandé aux Taliban de revenir rapidement sur ces politiques et pratiques, notamment la directive sur « le vice et la vertu » et la décision de suspendre l’accès des femmes et des filles à l’éducation dans les institutions médicales privées et publiques, ainsi que la décision d’interdire aux Afghanes de travailler pour l’ONU et des organisations non gouvernementales.  La Somalie, au nom des A3+ (Algérie, Sierra Leone, Somalie et Guyana) a réaffirmé son attachement à une approche « sans exclusive » reposant sur le respect des libertés fondamentales « de tous les Afghans et Afghanes ». 

Pour le représentant de l’Afghanistan, qui n’est pas affilié au régime des Taliban, la présence de la MANUA et du système des Nations Unies sur place demeure indispensable, et la réintégration de son pays au sein de la communauté internationale exigera une gouvernance fondée sur la justice et la primauté du droit afin de répondre aux besoins du peuple afghan.  Les Taliban doivent en effet prendre des mesures concrètes attestant de leur volonté de s’acquitter de leurs engagements internationaux, notamment en matière d’antiterrorisme, ont estimé les États-Unis, en demandant la mise en œuvre de la résolution 2721 (2023).  Soulignant la nécessité d’un engagement accru avec le « Gouvernement intérimaire » afin de parvenir à des interactions positives, la Chine a émis l’espoir que ce gouvernement réponde aux préoccupations légitimes de la communauté internationale.

La Fédération de Russie a elle aussi défendu une coopération pragmatique avec les autorités de facto, la priorité de la Mission devant être, selon elle, de nature humanitaire, afin d’aider les plus vulnérables, notamment les femmes.  Elle s’est dite partisane d’une approche globale, en vue d’une réintégration progressive de l’Afghanistan au sein de la communauté internationale. 

Pour le Pakistan, le premier défi auquel est confronté son voisin est le terrorisme.  Les Taliban n’ont pas éliminé Daech et ont toléré d’autres groupes auteurs d’attaques contre le Pakistan, a accusé le représentant de ce pays.  Il est revenu sur l’attaque perpétrée le 11 mars contre un train –le Jaffa Express-dans la province du Baloutchistan, au Pakistan, au cours de laquelle plusieurs centaines de civils ont été pris en otage et 25 d’entre eux tués par la brigade Majid.  Le délégué a assuré que tout au long de cette attaque, les terroristes étaient en contact direct avec leurs parrains en Afghanistan, pays à partir duquel l’attentat aurait été organisé et dirigé.  Nous savons aussi que cette attaque a été initiée et financée par notre « principal adversaire », a-t-il dit.  Selon lui, l’objectif était de déstabiliser le Pakistan et de mettre à mal sa coopération avec la Chine.

 

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La situation en Afghanistan 

Texte de la résolution (S/2025/109)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant ses résolutions antérieures sur l’Afghanistan, en particulier sa résolution 2626 (2022) définissant le mandat actuel de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) et ses résolutions 2678 (2023) et 2727 (2024) portant prorogation jusqu’au 17 mars 2025 de ce mandat,

Insistant sur le rôle important que l’Organisation des Nations Unies continuera de jouer dans la promotion de la paix et de la stabilité en Afghanistan,

Réaffirmant son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’intégrité territoriale et à l’unité nationale de l’Afghanistan, ainsi que son appui continu au peuple afghan,

Constatant qu’il importe toujours de régler les problèmes complexes auxquels se heurte l’Afghanistan, réaffirmant qu’il est indispensable que les acteurs concernés sur le plan politique et en matière d’action humanitaire et de développement, au sein et en dehors du système des Nations Unies, adoptent une approche intégrée et cohérente, conforme à leur mandat respectif, pour consolider et pérenniser la paix en Afghanistan,

Se déclarant vivement préoccupé par l’érosion croissante du respect des droits humains et des libertés fondamentales, en particulier en ce qui concerne les femmes et les filles, qui n’ont pas un accès égal à l’éducation, à l’emploi, à la justice, aux possibilités économiques, à la participation pleine, égale et véritable à la vie publique, à la liberté de circulation et qui ne peuvent jouir des services de base, ce qui rend la paix, la stabilité et la prospérité dans le pays irréalisables, et demandant de nouveau aux Taliban, à cet égard, de revenir rapidement sur ces politiques et pratiques, notamment la directive sur « le vice et la vertu » et la décision de suspendre l’accès des femmes et des filles à l’éducation dans les institutions médicales privées et publiques, ainsi que la décision d’interdire aux femmes afghanes de travailler pour l’Organisation des Nations Unies et pour des organisations non gouvernementales en Afghanistan, conscient du rôle indispensable que les femmes jouent dans la société afghane et de la nécessité d’associer et de faire participer davantage les femmes à la prise de décisions,

Soulignant sa vive préoccupation face à la situation économique et humanitaire désastreuse qui règne en Afghanistan, y compris le déficit de financement des opérations humanitaires et les entraves persistantes auxquelles se heurtent celles-ci, conscient qu’il faut contribuer à remédier aux problèmes considérables qui pèsent sur l’économie afghane, notamment en s’efforçant de rétablir les systèmes bancaire et financier et de permettre l’utilisation des actifs appartenant à la Banque centrale d’Afghanistan au profit du peuple afghan, soulignant par ailleurs qu’il est important de redoubler d’efforts pour fournir une aide humanitaire et mener d’autres activités visant à répondre aux besoins humains de base en Afghanistan, conformément à la résolution 2615 (2021), ayant conscience du rôle de coordination important que l’Organisation des Nations Unies joue à cet égard, et soulignant une fois de plus qu’il est essentiel de permettre, conformément au droit international humanitaire et aux autres obligations juridiques internationales applicables, un accès total, sûr, rapide et sans entrave à tout le personnel humanitaire, y compris les femmes et les organisations non gouvernementales nationales et internationales,

Se déclarant gravement préoccupé par la présence de groupes terroristes en Afghanistan, condamnant dans les termes les plus vigoureux toutes les activités terroristes et toutes les attaques terroristes, réaffirmant qu’il importe de combattre le terrorisme en Afghanistan, réaffirmant également qu’il faut veiller à ce que le territoire de l’Afghanistan ne soit pas utilisé pour menacer ou attaquer tout autre pays, pour planifier ou financer des actes terroristes, ni pour abriter ou entraîner des terroristes, et à ce qu’aucun groupe ou individu afghan ne soutienne des terroristes opérant sur le territoire d’un pays ou d’un autre, et demandant aux Taliban de prendre des mesures énergiques pour renforcer ces efforts afin de lutter contre le terrorisme, y compris les personnes, groupes, entités ou entreprises désignés par le Comité du Conseil de sécurité faisant suite aux résolutions 1267 (1999), 1989 (2011) et 2253 (2015), et soulignant qu’un des objectifs premiers de toute stratégie antiterroriste doit être d’instaurer durablement la paix et la sécurité,

Renouvelant son soutien à la lutte contre la culture, la production, le commerce et le trafic de drogues illicites en provenance d’Afghanistan et de précurseurs chimiques à destination de ce pays, constatant que le produit illicite du trafic de drogues en Afghanistan continue d’être une source de financement des groupes terroristes et des acteurs non étatiques qui menacent la sécurité régionale et internationale, conscient de la menace que les groupes terroristes et les acteurs non étatiques qui se livrent au trafic de stupéfiants, ainsi qu’à l’exploitation illicite des ressources naturelles, continue de représenter pour la sécurité et la stabilité en Afghanistan, demandant aux États de renforcer la coopération internationale et régionale pour lutter contre cette menace et ayant conscience de l’importance du rôle joué par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, notamment pour ce qui est de promouvoir d’autres moyens de subsistance pour maintenir la réduction de la production d’opium,

Réaffirmant son soutien aux initiatives régionales et internationales visant à prévenir et combattre le commerce illicite et l’accumulation déstabilisatrice d’armes légères et de petit calibre et leur détournement en Afghanistan et dans la région,

Réaffirmant également son soutien aux efforts visant à créer des conditions propices au retour et à la réintégration volontaires, sûrs, dignes et durables des personnes déplacées à l’intérieur du pays et des populations réfugiées,

Soulignant qu’il est nécessaire de réduire les risques de catastrophe pour faire face aux conséquences des catastrophes naturelles telles que les inondations ou la sécheresse qui peuvent influer sur la situation humanitaire et nuire à la stabilité socioéconomique en Afghanistan, notamment en aggravant l’insécurité alimentaire, la pénurie d’eau et la dégradation des terres,

1.    Salue la détermination à aider le peuple afghan dont l’Organisation des Nations Unies fait preuve depuis longtemps, réaffirme son soutien sans réserve aux activités de la MANUA et de la Représentante spéciale du Secrétaire général, et souligne qu’il importe que la Mission maintienne sa présence sur le terrain;

2.    Se félicite des efforts constants de la MANUA dans l’exécution des tâches et activités prioritaires qui lui ont été confiées;

3.    Décide de proroger jusqu’au 17 mars 2026 le mandat de la MANUA, tel qu’il a été défini dans sa résolution 2626 (2022);

4.    Souligne qu’il importe au plus haut point de pouvoir compter sur une présence constante de la MANUA et des autres organismes, fonds et programmes des Nations Unies dans tout l’Afghanistan, et demande à tous les acteurs politiques et parties prenantes en Afghanistan, notamment aux autorités compétentes, le cas échéant, ainsi qu’aux acteurs internationaux de se coordonner avec la MANUA dans le cadre de l’exécution de son mandat et d’assurer la sûreté, la sécurité et la liberté de circulation du personnel des Nations Unies et du personnel associé dans tout le pays;

5.    Prie le Secrétaire général de lui présenter tous les trois mois un rapport sur la situation en Afghanistan et sur l’exécution du mandat de la MANUA, y compris au niveau infranational;

6.    Décide de rester activement saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission de la condition de la femme dialogue avec des représentants de la nouvelle génération de dirigeants pour l’égalité des genres

FEM/2244

La Commission de la condition de la femme dialogue avec des représentants de la nouvelle génération de dirigeants pour l’égalité des genres

La Commission de la condition de la femme a conclu la première semaine de sa soixante-neuvième session en organisant, cet après-midi, un dialogue interactif entre un panel de cinq représentants de la nouvelle génération de dirigeants pour l’égalité des genres, des militantes de la société civile et de nombreuses déléguées de la jeunesse.  Toutes et tous ont pu rappeler les défis qu’ils rencontrent dans leur contexte propre et avancer des solutions novatrices pour faire progresser la cause des femmes et des filles. 

Modéré par Mme Fenna Timsi, déléguée de la jeunesse des Pays-Bas pour les questions de droits humains et de sécurité, cet échange a aussi été marqué par les propos de la Directrice exécutive d’ONU-Femmes, qui a rappelé que la Déclaration et le Programme d’action de Beijing ont placé leurs espoirs dans la jeunesse. 

Si les jalons de 1995 appellent à investir dans la révolution numérique pour les femmes et les filles, à les libérer de la pauvreté, à mettre en place des politiques de tolérance zéro en matière de violence, à leur accorder un pouvoir de décision total et égal, à leur permettre de jouer un rôle de premier plan dans les conflits et à garantir la justice climatique, ils demandent également de « veiller à ce que les jeunes soient au cœur de tous ces efforts », a relevé Mme Sima Sami Bahous. 

« Vous n’êtes pas notre avenir, vous êtes notre présent; et vous êtes notre plus grand espoir », a-t-elle lancé à la salle, jugeant inconcevable de construire un avenir juste sans la voix de ceux qui en hériteront. 

Associer les jeunes aux politiques en matière de genre 

Panéliste venue de l’Albanie, Mme Ema Mecaj, étudiante en médecine et défenseuse des droits des enfants et de l’égalité des genres, a axé son intervention sur l’impératif d’associer les jeunes à l’élaboration des politiques nationales et locales en matière de genre, « sans les reléguer aux simples conversations et en leur permettant de faire partie des décideurs ». 

S’appuyant sur les conclusions de rapports de l’ONU selon lesquelles, au rythme actuel, l’égalité totale entre les sexes ne se fera pas avant un siècle, elle a tiré la sonnette d’alarme.  Sans nier qu’au fil des ans, des progrès tangibles se sont fait jour en matière d’autonomisation des femmes et des filles, la jeune militante a relevé que les effets de la mondialisation, des conflits, de la technologie, des pandémies et des revers ont limité les avancées. 

« Pour nous, les jeunes, la Déclaration et le Programme d’action de Beijing sont plus qu’un simple document, c’est une véritable feuille pour parvenir à l’égalité des genres », a-t-elle clamé.  Toutefois, le moment est venu selon elle d’adapter ces engagements aux réalités locales et de favoriser les synergies avec la réalisation des objectifs de développement durable dans les plans nationaux et locaux en matière de genre.  Pour ce faire, elle a appelé les États Membres à soutenir la participation active des jeunes en les finançant et en les incluant dans les processus intergouvernementaux. 

L’inégalité des genres est préjudiciable à la société et à l’économie 

« Notre système financier n’a pas été conçu pour les femmes », a argué, sur un autre registre, Mme Sanjana Chhantyal, du Népal, en charge de deux programmes mondiaux d’accélération de l’entrepreneuriat social des jeunes au sein de l’organisation SDSN Youth.  Elle s’est indignée de constater que, trop souvent encore, des obstacles systémiques empêchent les femmes de se constituer un patrimoine et d’acquérir des actifs financiers tels que des terrains et des biens immobiliers. 

Au-delà de l’injustice, cela sape l’accès au capital des femmes puisque les institutions financières demandent traditionnellement des actifs financiers ou des garanties pour décider qui a accès au financement.  Concrètement, cela veut dire que les femmes financièrement vulnérables le restent en raison de la conception du système financier.  Pourtant l’égalité des sexes ne peut être atteinte sans liberté financière et sans justice financière pour toutes les femmes et les filles, a martelé l’intervenante. 

« L’indépendance financière renforce notre capacité d’agir et de défendre nos droits, de nous éloigner des situations abusives et de faire des choix concernant notre santé, notre éducation et notre carrière », a-t-elle fait valoir.  Convaincue que l’inégalité des genres est préjudiciable à la société et à l’économie, Mme Chhantyal a réclamé que la perspective de genre soit intégrée dans les politiques, processus et pratiques à tous les niveaux, notamment dans la conception de solutions financières et la prise de décisions en termes d’investissement, afin de tenir compte des besoins et des réalités vécues par les femmes et les filles. 

Libérer les femmes du poids du patriarcat

Seule voix masculine du panel, M. Ahdithya Visweswaran, du Canadadirecteur du plaidoyer et des politiques publiques au sein de l’organisation Canadian Parents for French, s’est penché sur le rôle des hommes en tant qu’agents du changement pour l’égalité des genres. L’engagement des hommes et des garçons reste souvent limité dans sa portée, ce qui laisse les racines institutionnelles et idéologiques de l’inégalité entre les genres largement intactes, a-t-il regretté. 

C’est sur ce travail systémique plus profond qu’il faut se concentrer, a insisté le jeune dirigeant, appelant à ne plus faire peser sur les femmes le fardeau et la toxicité des systèmes patriarcaux.  En un mot, il faut au contraire « s’attaquer aux masculinités patriarcales en tant que cause profonde de leur oppression ». 

C’est d’autant plus urgent que les défenseurs des « droits des hommes » et les acteurs étatiques utilisent leurs plateformes pour saper les acquis durement obtenus en matière d’égalité des sexes.  Il importe donc, à ses yeux, de contrer cette tendance émergente en proposant aux hommes une redéfinition de la masculinité qui privilégie « le partenariat plutôt que la domination, la libération plutôt que l’oppression et l’humanité partagée plutôt que les hiérarchies rigides ». 

La justice de genre doit inclure les femmes et les filles handicapées 

Sur une note plus personnelle, Mme Eva Chisom Chukwunelo, conseillère médicale et cofondatrice de l’organisation Mobility Clinic in Nigeria, a confié qu’en tant que femme devenue handicapée, elle s’est soudain sentie « invisible » dans les espaces auxquels elle appartenait auparavant.  « La question n’était plus de savoir ce que je pouvais accomplir, mais ce que je ne pouvais plus faire », a-t-elle résumé. 

Reconnaissant que les engagements de Beijing ont fait progresser les droits des femmes, elle a toutefois estimé que « la justice de genre est incomplète si elle n’inclut pas les femmes et les filles handicapées ».  Aujourd’hui, a-t-elle déploré, nombre d’entre elles se voient refuser des soins de santé sexuelle et reproductive parce que la société les considère comme « asexuées », sont absentes des salles de classe au motif que l’inclusion serait « trop coûteuse », et sont exclues des espaces de décisions parce que le monde refuse de voir leur potentiel.

Pour que les acquis de Beijing soient préservés et que de nouvelles voies soient créées pour les jeunes femmes et filles handicapées, elle a appelé les pays à ventiler leurs données par sexe, handicap et âge.  « Sans données, les femmes et les filles handicapées restent invisibles dans les politiques et les budgets ».  La militante a invité les gouvernements et les organisations à impliquer activement les jeunes femmes handicapées dans l’élaboration des politiques et le leadership, « non pas comme une réflexion a posteriori, mais en tant qu’expertes ». 

Entendre la voix des femmes et des filles autochtones 

Mme Laura Dihuignidili Huertas Thompson, du Panama, est venue apporter la perspective des jeunes autochtones à cet échange.  Fondatrice de l’organisation de jeunes Anyar, qui lutte pour la promotion et la défense des droits humains des peuples autochtoneselle a observé qu’en dépit des promesses faites à Beijing il y a 30 ans, les femmes autochtones et d’ascendance africaine d’Amérique latine et des Caraïbes restent victimes d’inégalités socioéconomiques et structurelles. 

Au Panama, 76,9% des femmes et filles autochtones vivent dans la pauvreté et plus de 62% vivent hors de leur territoire, a-t-elle indiqué, citant les données de l’Institut national de la statistique et du recensement de 2024. 

Aujourd’hui plus que jamais, « il est urgent que nous, les jeunes femmes, les filles, les femmes racialisées, les femmes autochtones, les femmes du Sud et celles de tous les pays en conflit, agissions de manière décisive », a lancé la jeune militante. 

Pour avancer vers une « justice véritablement inclusive », elle a souhaité que les organisations comme la sienne bénéficient de davantage de ressources, que les politiques soient systématiquement assorties d’une perspective de genre et que le respect des droits humains des autochtones, la protection des femmes défenseuses de la terre et l’amplification des initiatives en matière de droits sexuels et reproductifs soient garantis. « Nous sommes la génération qui peut faire des rêves de Beijing une réalité », a-t-elle conclu. 

Mobilisation de la jeunesse pour l’égalité des genres

La discussion qui a suivi ces interventions a permis aux délégués de la jeunesse de nombreux pays, des femmes en très grande majorité, d’exprimer leur inquiétude face aux reculs enregistrés en matière d’égalité des genres. 

La déléguée de la jeunesse de l’Autriche a insisté sur l’impératif de prendre en compte les besoins spécifiques des femmes et des filles en situation de conflit à travers une approche égalitaire.  « Force est de constater qu’aujourd’hui, seulement 10% des médiateurs et négociateurs de paix sont des femmes », a-t-elle noté, rejointe par son homologue de la Finlande, tandis que les déléguées de l’Érythrée et du Nigéria s’alarmaient du sort des femmes migrantes et déplacées. 

Dans de nombreux endroits du monde, les filles ont aujourd’hui « moins de droits que leurs mères, voire que leurs grand-mères », s’est indignée la déléguée de la jeunesse de la Suède.  Pourtant l’accès des femmes et des filles à l’éducation, à la santé et aux postes de responsabilité profite à toute la société et contribue à rendre le monde plus juste, a-t-elle soutenu.  Il faut donc plus de femmes dans les rôles de pouvoir et en politique, l’ont appuyée les déléguées de Malte et du Japon

De leur côté, les déléguées de l’Allemagne et du Chili ont dénoncé la violence fondée sur le genre et réclamé plus de protection des femmes en ligne.  Leur collègue des Philippines a soulevé la problématique des mariages et des grossesses précoces qui restent souvent un frein à l’éducation des filles, non sans rappeler que « la plateforme de Beijing préconise de prendre des mesures tangibles pour toutes les femmes et les filles, peu importe dans quel pays elles se trouvent ».  La déléguée du Danemark a, elle, plaidé la cause des mères célibataires, au nombre de 100 millions dans le monde, appelant à leur protection juridique et à leur accès aux soins de santé, y compris mentale. 

Le recul des droits des jeunes LGBTQI a été dénoncé par deux délégués de la jeunesse de l’Islande, qui ont revendiqué le respect des droits fondamentaux de tous sur un pied d’égalité. « Les jeunes n’exigent pas qu’un monde meilleur soit construit pour nous, mais avec nous », ont-ils déclaré en demandant une place dans la prise de décisions à tous les niveaux.  Sur ce point, le délégué de Cuba a relevé avec fierté qu’au Parlement de son pays, plus de 20% des députés ont entre 18 et 35 ans, ce qui permet aux jeunes d’être non seulement entendus mais également « pris en considération ». 

La Commission reprendra ses travaux, lundi 17 mars, avec la suite du débat général à 10 heures et deux dialogues interactifs à partir de 15 heures. 

 

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Maintien de la paix: le Comité des 34 échoue à adopter un rapport de fond et mise sur l’intersession pour améliorer ses méthodes de travail

Session de 2025
283e séance plénière– après-midi
AG/PK/252

Maintien de la paix: le Comité des 34 échoue à adopter un rapport de fond et mise sur l’intersession pour améliorer ses méthodes de travail

Le Comité spécial des opérations de maintien de la paix, également appelé « Comité des 34 », a achevé cet après-midi les travaux de sa session de 2025, entamés le 20 février, échouant à adopter un rapport de fond.  C’est la deuxième fois en quatre ans, a noté l’Indonésie, qui, comme d’autres délégations, a placé ses espoirs dans l’intersession convoquée en vue de débattre des méthodes de travail du Comité. Celui-ci s’est contenté d’adopter son rapport de procédure. 

Le Président du Comité spécial des opérations de maintien de la paix, M. Michael Christian Gort (Canada), a regretté qu’en dépit des efforts de ses facilitateurs et de ses coordonnateurs, le Groupe de travail plénier, qui s’est réuni parallèlement, n’ait pu aboutir à des projets de recommandations pour cette session.  Aussi a-t-il été proposé que des discussions se tiennent à l’intersession en 2025 afin d’étudier les méthodes de travail du Comité des 34, une suggestion favorablement accueillie par le Nigéria, le Maroc – qui s’exprimait au nom du Mouvement des pays non alignés –, l’Allemagne, le Japon, l’Indonésie, l’Union européenne et bien d’autres délégations.  M. Gort a exhorté les États Membres à continuer d’exécuter le mandat du Comité. 

Après l’adoption du rapport de procédure, le Nigéria a dit que ce résultat doit être envisagé comme un rappel de la complexité de la tâche qui incombe au Comité et de la nécessité de redoubler d’efforts pour poursuivre un dialogue constructif.  Le Comité des 34 demeure le seul organe de l’ONU chargé de passer en revue de manière détaillée tous les aspects des opérations de maintien de la paix, a relevé le représentant nigérian, en priant ses membres de se départir de toute considération politique externe qui ne serait pas alignée sur son mandat.  Le Maroc, qui s’exprimait au nom du Mouvement des pays non alignés, a déploré des divergences qui ne sont pas directement liées au mandat de cet organe subsidiaire de l’Assemblée générale, avant de promettre de jouer un rôle-clef lors des consultations plus tard cette année. 

Il nous tarde, a ajouté l’Union européenne, d’être à l’intersession et à la réunion ministérielle de Berlin en mai, où devraient se poursuivre les discussions sur l’avenir du maintien de la paix.  Le Danemark et le Japon se sont alignés sur cette dernière remarque.  En outre, la délégation danoise entend attirer l’attention à cette occasion sur les questions des évacuations médicales rapides, de l’appui à la santé mentale des personnels en tenue, des questions de renseignements, des plateformes numériques et de l’utilisation de l’énergie renouvelable pour promouvoir la résilience, l’efficience et améliorer l’empreinte environnementale des missions. 

L’Égypte a souscrit à la déclaration du Mouvement des pays non alignés, regrettant vivement que le Comité des 34 ne soit pas parvenu à adopter un rapport de la session de fonds de 2025. Cet échec est une opportunité pour revoir nos méthodes de travail et définir les domaines d’amélioration et parvenir à des solutions concrètes pour ne pas répéter ce scénario, a considéré la délégation.  Sri Lanka, a elle aussi regretté cet échec, affirmant que les parties prenantes au Comité des 34 doivent adopter une approche globale et assumer davantage de responsabilités pour atteindre les objectifs du Comité.  Même son de cloche du côté de l’Inde et du Rwanda, pour qui il est essentiel de faire fond sur les accords du passé et de préserver nos objectifs communs, « plutôt que de laisser des éléments entraver notre mission ».  Le Canada s’est réjoui à cet égard de travailler de manière collaborative pour trouver le moyen d’avancer dans le cadre des discussions à l’intersession. 

Le Pakistan a regretté que les efforts pour parvenir à des accords aient été réduits à néant, dénonçant le manque de souplesse et le refus du compromis. La Fédération de Russie a estimé que toute discussion sur l’avenir du maintien de la paix ou toute initiative visant à le réformer doit se faire au sein du Comité spécial, une « plate-forme unique », où toutes les parties intéressées sont représentées, y compris les pays fournisseurs de troupes et les pays hôtes.  Les tentatives visant à contourner la volonté collective des États en imposant d’autres plates-formes ne mèneront à rien de bon, a prévenu la délégation, convaincue que les compromis obtenus cette année sur un certain nombre de questions pourraient constituer la base des négociations sur le prochain rapport.  La Chine a appelé les États Membres à rester unis en cette période de changement. 

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