Le Comité pour les droits des Palestiniens commémore la Nakba sur fond de guerre à Gaza
Le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien a commémoré, aujourd’hui, la « catastrophe » de 1948, à savoir l’exode forcé de leurs terres des populations palestiniennes, plus communément connue sous le nom de Nakba. Au-delà de la fin de la guerre à Gaza, les intervenants ont unanimement plaidé pour la fin de l’occupation israélienne dans l’ensemble du Territoire palestinien, la création d’un État de Palestine indépendant et sa reconnaissance pleine et entière par l’ONU.
Intervenant au nom du Président palestinien Mahmoud Abbas, l’Observateur permanent de l’État de Palestine a affirmé que la guerre que mène actuellement Israël contre Gaza n’est que le prolongement des catastrophes de la Nakba qui se poursuit sans trêves depuis 1948. « Cette tragédie est une honte pour l’humanité! » s’est-il exclamé.
L’objectif d’Israël est de déplacer notre peuple et de le forcer à quitter la bande de Gaza en plus du vol continu de terres palestiniennes en Cisjordanie, a-t-il accusé. Il a également exhorté les États Membres à soutenir et financer l’UNRWA, « témoin vivant de la Nakba » et « bouée de sauvetage » pour des millions de réfugiés palestiniens, mais aussi à lutter contre les « tentatives trompeuses » de mettre à mal son rôle mandaté par l’Assemblée générale. Les souffrances du peuple palestinien sont aggravées par la prise pour cible de l’Office, a-t-il indiqué.
La seule solution durable à cette crise réside dans le respect total du droit international, y compris l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice de 2024 déclarant illégale l’occupation israélienne des territoires palestiniens, a souligné à son tour le Vice- Président du Comité.
La conférence de juin - occasion de soutenir la solution des deux États
Assurant que l’État palestinien est prêt à assumer toutes ses responsabilités politiques, économiques, sociales et sécuritaires à Gaza et en Cisjordanie, l’observateur palestinien a dit attendre des résultats tangibles de la Conférence internationale de haut niveau pour le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution des deux États qui se tiendra le mois prochain, au Siège des Nations Unies.
Pour le Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique, cette conférence, demandée par l’Assemblée générale et coprésidée par la France et l’Arabie saoudite, sera l’occasion de soutenir une solution viable à deux États « avant qu’il ne soit trop tard ».
Qualifiant la situation à Gaza de « catastrophe sans fin » , M. Khaled Khiari a indiqué que depuis les terribles attentats terroristes perpétrés par le Hamas le 7 octobre 2023 et la détention continue d’otages, plus de 1,9 million de Palestiniens –soit plus de 85% de la population de Gaza– ont été déplacés de force, parfois à 10 reprises ou plus. Gaza est désormais un « enfer humanitaire », s’est-il alarmé. Parallèlement, depuis le début de l’année 2025, plus de 40 000 Palestiniens ont été déplacés en Cisjordanie occupée en raison d’opérations militaires israéliennes.
Les déplacements forcés doivent être rejetés sans équivoque, a exigé M. Khiari qui a appelé en outre à un cessez-le-feu immédiat et durable, à la libération sans délai de tous les otages, à la fin de l’expansion des colonies et à la reprise de négociations politiques crédibles, des demandes largement reprises à leur compte par les États Membres et la Ligue arabe. À défaut, la promesse d’une solution à deux États risque de s’amenuiser jusqu’à disparaître, a-t-il mis en garde.
Avancées judiciaires importantes en faveur de la libération de la Palestine
Professeure de relations internationales à la Rutgers University, Mme Nour Erekat s’est indignée de l’apathie de la communauté internationale alors « qu’au jour 585 du génocide perpétré par Israël », 92% des bâtiments résidentiels de Gaza ont été détruits, 36 hôpitaux rendus inutilisables et l’entrée de denrées alimentaires et de produits de première nécessité rendue impossible. Ce faisant, Israël ne se contente pas de tuer des Palestiniens aujourd’hui, mais menace l’avenir même du peuple palestinien, s’est-elle inquiétée.
Mme Erekat a par ailleurs fait observer que cette période de génocide a néanmoins été marquée par des avancées judiciaires importantes en faveur de la libération de la Palestine, évoquant notamment les mesures provisoires de la Cour internationale de Justice (CIJ) ainsi que la délivrance, par la Cour pénale internationale, des mandats d’arrêt contre Benjamin Netanyahu et Yoav Gallant.
Dénonçant la « déférence sélective » de certains pays, dont les États-Unis, envers la CIJ sur la question du génocide des Palestiniens, Mme Erekat y a vu une tentative de se décharger de toute responsabilité. En défendant Israël, les États-Unis menacent l’ensemble de la structure juridique établie depuis la Seconde Guerre mondiale, a -t-elle mis en garde.
Les travaux du Comité se sont poursuivis dans l’après-midi dans le cadre d’un échange avec la société civile sur la « Nakba continuelle ».
Discussion avec la société civile sur la « Nakba continuelle »
Avant de céder la parole aux intervenants de la société civile, le modérateur de cet échange et Observateur permanent de l’État de Palestine s’est réjoui de la mobilisation massive des étudiants, notamment aux États-Unis, en faveur de la cessation du conflit à Gaza et la cause du peuple palestinien.
Cet échange a été marqué par l’intervention de M. Ahmed Masoud, auteur et enseignant anglo-palestinien qui a informé que sa belle-sœur et son neveu ont été tués aujourd’hui même par des frappes israéliennes. « Aujourd’hui, je pleure leur vie », a-t-il déclaré, avant d’évoquer les souvenirs de son enfance marquée par la faim et le froid dans un camp de réfugiés.
Intervenant par visioconférence, il a également expliqué avoir décidé de ne pas intervenir devant le Comité en personne par crainte d’être arrêté à la frontière américaine en raison sa prise de position concernant la situation à Gaza.
Directrice de Zochrot, une organisation non gouvernementale (ONG) israélienne qui défend le droit au retour des Palestiniens, Mme Maya Yavin insiste sur le droit au retour des Palestiniens. Des solutions pratiques existent et doivent être négociées par les réfugiés Palestiniens eux-mêmes, a estimé l’intervenante qui a par ailleurs proposé de dépasser la solution des deux États et de privilégier la réalisation du droit inaliénable à l’autodétermination.
Elle a également appelé les États Membres à révoquer le statut d’ONG de la Jewish National Fund en la tenant responsable pour son rôle dans le nettoyage ethnique du peuple palestinien. Les États doivent aussi soutenir la mise en place d’un mécanisme international robuste pour punir l’apartheid et appliquer le droit au retour, a-t-elle ajouté, avant de réclamer la suspension d’Israël des Nations Unies en raison de ses violations persistantes du droit international.
« La Nakba doit être vue comme un crime et un génocide », a déclaré à son tour Mme Zaha Hassan, chargée de mission à la Carnegie Endowment for International Peace, en relevant que les crimes commis ces 19 derniers mois sont bien plus graves que ceux qui a été perpétrés en près de huit décennies.
De son côté, la Directrice exécutive adjointe de l’Arab Center Washington a constaté que les implications juridiques de la Nakba sont limpides mais que la communauté internationale refuse de donner aux Palestiniens les moyens de se défendre. Il est essentiel de combattre la déshumanisation et le racisme envers les Palestiniens, a souligné Mme Tamara Kharroub. Il est temps de reformer le système de justice internationale et d’appliquer les avis et les sentences de la CIJ.