En cours au Siège de l'ONU

Soixante-dix-neuvième session
34e séance plénière – matin
AG/AB/4499

Cinquième Commission: les délégations avancent des propositions pour remédier au « défi chronique de liquidités » que connaît l’ONU

Les délégations ont, ce matin, devant la Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, avancé des propositions pour remédier au « déficit chronique de liquidités » que l’ONU connaît, selon l’expression de la Suisse.  Comme l’a rappelé l’Union européenne, au 30 avril 2025, 2,4 milliards sur 3,72 milliards de dollars manquent au budget ordinaire de l’ONU, soit 1,7 milliard de plus que l’an dernier, tandis que le budget des opérations de maintien de la paix souffre d’un déficit de 2,7 milliards de dollars.

La Commission a d’abord entendu un exposé de Mme Catherine Pollard, Secrétaire générale adjointe chargée du Département des stratégies et politiques de gestion et de la conformité, complétant la présentation de la situation financière de l’ONU faite le 9 mai dernier par le Contrôleur de l’ONU.  Mme Pollard a livré une actualisation de la situation des paiements au budget ordinaire et à ceux des opérations de maintien de la paix et des tribunaux internationaux.  En ce qui concerne le budget ordinaire, Djibouti et le Mali se sont ajoutés à la liste des pays ayant versé l’intégralité de leur contribution, ce qui porte à 106 le nombre total d’États Membres à jour de leurs cotisations. 

S’agissant des opérations de maintien de la paix, Djibouti et l’Égypte ont versé le montant total de leur contribution, ce qui porte à 67 le nombre total d’États Membres ayant versé l’intégralité de ce qu’ils doivent à ce budget.  Pour ce qui est des tribunaux internationaux, le Danemark, Djibouti et le Mali ont effectué les versements attendus, ce qui porte à 84 le nombre total d’États Membres ayant versé l’intégralité de leur contribution dans cette catégorie. 

Les délégations se sont ensuite exprimées sur l’état des finances de l’ONU en se préoccupant de la gravité de la situation, Singapour, au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) regrettant que la crise de trésorerie soit désormais devenue la norme, avec des conséquences concrètes. Par exemple, le bâtiment abritant la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP) a dû fermer ses portes en raison des restrictions budgétaires.  « Nous ne faisons pas seulement face à une crise financière, mais à une crise de crédibilité », a tranché la Suisse, au nom également du Liechtenstein. 

Ce pays s’est montré le plus précis dans ses recommandations pour remédier à la crise.  La Suisse a ainsi jugé nécessaire d’introduire un mécanisme permettant de reporter temporairement le retour des crédits dans des conditions bien précises. « À l’heure actuelle, d’importantes sommes sont restituées aux États Membres à la fin de l’exercice budgétaire, même lorsque cette restitution compromet l’exécution du budget de l’année suivante. »  Cette pratique rigide peut répondre à une logique procédurale, mais elle nuit à la continuité opérationnelle, a expliqué la Suisse. 

« Nous soutenons donc la création d’un mécanisme conditionnel, limité dans le temps, permettant au Secrétariat de différer les restitutions uniquement lorsque deux critères clairs sont remplis: un taux d’exécution inférieur à 90%, et une situation de liquidités telle qu’elle pourrait mettre en péril les activités de l’année suivante. »  La Suisse a estimé qu’un tel mécanisme constituerait une marge de manœuvre protectrice, conçue « pour offrir à l’Organisation juste assez d’oxygène » pour éviter une paralysie au mois de janvier, lorsque les contributions commencent à peine à être reçues.  Elle a présenté cette mesure « équilibrée et responsable » comme un moyen de protéger les mandats contre les perturbations liées à un décalage temporel. 

Concernant le deuxième ajustement proposé par la Suisse et le Liechtenstein, il s’agirait du recours contrôlé aux engagements spéciaux durant le premier trimestre de l’année.  Il s’agirait là encore de mieux gérer le démarrage de l’année budgétaire, qui souffre souvent d’un contexte de trésorerie contrainte, en raison du retard dans le versement des contributions.  C’est la mise en œuvre des programmes qui pâtit de ce décalage, précisément au moment où de nouveaux plans de travail sont lancés, a fait remarquer la délégation.  « Nous soutenons donc l’utilisation exceptionnelle des engagements spéciaux, limitée aux trois premiers mois de l’année budgétaire, qui permettrait au Secrétariat de contracter les engagements nécessaires, de maintenir l’élan opérationnel et d’éviter la restitution prématurée de ressources non dépensées mais encore nécessaires. » 

Il ne s’agit pas ici de demander de nouvelles ressources, ni d’accroître la flexibilité sans contrôle, mais d’adapter nos outils aux réalités des flux de trésorerie, a conclu la Suisse, en estimant qu’aucune de ces propositions n’est radicale.  Le Royaume-Uni a appuyé les propositions de la Suisse, tandis que la Fédération de Russie a rappelé que la recherche de flexibilité ne doit pas dispenser des obligations de paiement ni affaiblir le contrôle exercé par les États Membres. 

Les délégations ont été nombreuses, à l’instar de l’Union européenne (UE), à rappeler que la cause profonde de la crise reste inchangée, à savoir le non-paiement par les États Membres de leur contribution.  Si l’UE, à l’instar du Kazakhstan, s’est dite prête à explorer des pistes pour trouver des solutions durables, elle a rappelé que le « fardeau ne peut être supporté par une poignée ».  La solution c’est le paiement « en temps et en heure » des contributions, a déclaré l’UE, appuyée par l’Iraq, au nom du Groupe des 77 et de la Chine (G77). 

Jugeant l’ONU plus nécessaire que jamais, le G77 a noté que 90% des arriérés au budget ordinaire sont dus à un seul pays.  L’ASEAN a regretté le non-paiement des contributions, tout en reconnaissant que certains Membres éprouvent de véritables difficultés à payer en raison de circonstances indépendantes de leur volonté.  Les États dont la contribution au budget de l’ONU est importante doivent respecter leurs engagements, a tranché la Fédération de Russie, appuyée par la Norvège.  Enfin, dans une reprise de parole, Mme Pollard a demandé aux États Membres de prendre les mesures « difficiles mais nécessaires » à la viabilité à long terme de l’ONU. 

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