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RDC: la Cheffe de la MONUSCO alerte le Conseil de sécurité de la détérioration continue de la situation sécuritaire à l’approche des élections de 2023

9007e séance – matin
CS/14845

RDC: la Cheffe de la MONUSCO alerte le Conseil de sécurité de la détérioration continue de la situation sécuritaire à l’approche des élections de 2023

Trois mois après son dernier exposé, la Représentante spéciale et Cheffe de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) a fait état, ce matin, devant le Conseil de sécurité, d’une inquiétante détérioration de la situation sécuritaire en RDC, notamment dans les provinces de l’Est où les groupes armés sont particulièrement actifs, alors que le pays s’efforce de progresser vers la tenue d’élections générales en 2023, sur fond de tensions politiques. 

Cette détérioration, a constaté Mme Bintou Keïta, s’est produite en dépit des opérations menées par les forces de défense et de sécurité congolaises dans le cadre de l’état de siège, pour un certain nombre d’entre elles conjointement avec les Forces de défense populaires de l’Ouganda (UPDF).  Premières victimes de cette aggravation, les populations civiles, à tel point que, selon un décompte de la MONUSCO, 250 civils sont tués en moyenne dans chaque province, chaque mois, soit près de 2 300 morts en l’espace de trois mois, tandis que le nombre des déplacés va croissant. 

Pour la Représentante spéciale, ces pertes humaines font suite à l’intensification des activités des groupes armés, notamment aux représailles menées par les Forces démocratiques alliées (ADF), groupe affilié à l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL/Daech), contre les populations du Nord-Kivu et en Ituri.  Dans cette région, a-t-elle ajouté, les conséquences des violences perpétrées par le groupe armé appelé Coopérative pour le développement du Congo (CODECO) ont été amplifiées par les actions de la milice Zaïre, qui cherche à contrôler des puits d’or.  De plus, ces trois derniers mois ont vu la reprise des activités du Mouvement du 23 mars (M23) au Nord-Kivu, qui ont conduit à des combats avec les FARDC.  En parallèle, de nouvelles violences contre des civils sont à déplorer au Sud-Kivu, à la suite d’attaques de Maï-Maï contre des villages de la communauté Banyamulenge. 

Dans un contexte de violations accrues des droits humains, de restriction de l’espace démocratique et de multiplication des discours de haine, les besoins humanitaires ne cessent d’augmenter dans l’est du pays, a averti Mme Keïta, selon laquelle les contraintes d’accès et les incidents visant le personnel humanitaire entravent la réponse.  Face à ces dynamiques sécuritaires alarmantes, a-t-elle indiqué, la MONUSCO a mené des offensives en Ituri en accompagnant les opérations conjointes FARDC-UPDF, en déployant des unités d’appui au Nord-Kivu et menant des actions de protection des déplacés au Sud-Kivu.  Toutefois, le recours aux seules opérations militaires a ses limites, a fait valoir la haute fonctionnaire.  Sans un travail sur les causes profondes de ces conflits, les moyens de la MONUSCO resteront, à ses yeux, insuffisants. 

Mme Keïta a cependant vu dans le lancement de consultations nationales sur la justice transitionnelle « un pas dans la bonne direction ».  De même, elle s’est félicitée de l’ouverture, le 15 mars, de la nouvelle session parlementaire et de la présentation de projets de loi essentiels.  Elle s’est également réjouie d’avancées dans l’opérationnalisation du programme de désarmement, démobilisation et réinsertion communautaire et de stabilisation (DDRCS).  Faisant état d’actions destinées à réduire les vulnérabilités dans les domaines où la MONUSCO se désengage progressivement, elle a précisé que, dans la province du Tanganyika, la Mission suit de près la situation sécuritaire de sorte à prévoir une transition souple en vue du désengagement prévu en juin prochain. 

En vue de ce retrait programmé, le représentant de la RDC a jugé souhaitable qu’une évaluation conjointe soit menée sur le terrain.  Il s’est aussi prononcé pour une multiplication des opérations militaires conjointes afin d’accentuer la pression sur les groupes armés et les amener, si possible, à se rendre.  Le résultat de ces opérations pourrait servir au bon déroulement du processus électoral, a-t-il affirmé.  Le délégué a d’ailleurs estimé que l’engagement du Président Tshisekedi à faire de son pays « un État véritablement démocratique » est reflété par la composition du bureau de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et la promulgation de la feuille de route électorale 2021-2027. 

Rappelant la tenue récente de la Conférence des chefs d’États de la Communauté économique de l’Afrique centrale et la dixième réunion de haut niveau du Mécanisme régional de suivi de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération en RDC et dans la région, le délégué a noté avec satisfaction que ces deux sommets ont réaffirmé la volonté commune d’œuvrer à la pacification de la partie est de son pays.  Hormis ces territoires soumis aux activités de groupes armés, la situation sécuritaire demeure, d’après lui, « globalement calme » dans le reste de la RDC.  Cela étant, les opérations conjointes des FARDC et des UPDF contre les « terroristes » de l’ADF se poursuivent dans le Grand-Nord et dans le sud de l’Ituri, entraînant la destruction de bastions rebelles.  Le représentant a toutefois relevé que ces actions ont contraint les groupes armés à changer d’approche, voire à recourir à des méthodes de type « kamikaze », ce qui a conduit les FARDC et la MONUSCO à revoir leurs stratégies.  

Par la voix du Gabon, les trois membres africains du Conseil de sécurité –Gabon, Ghana et Kenya– n’ont pas caché leur préoccupation face à la situation sécuritaire dans les Kivus et en Ituri.  Le « cycle de terreur » alimenté par l’ADF, la CODECO et autres groupes armés n’a que trop duré, a martelé le délégué gabonais, demandant que les auteurs de crimes abominables commis en RDC répondent de leurs actes.  Tout en plaidant pour un renforcement des capacités judiciaires de l’État congolais, il a invité le Conseil à se pencher sur la question de l’embargo sur les armes qui, à son sens, contribue à restreindre l’efficacité des actions militaires des États contre les mouvements rebelles. 

Face à la « guerre asymétrique » imposée par les groupes armés, le représentant a jugé essentiel que le plan de retrait transitionnel de la MONUSCO soit progressif, coordonné et concerté avec les FARDC.  Un avis partagé par nombre de délégations, la Fédération de Russie appelant pour sa part à un réexamen du plan de retrait à la lumière des nouvelles réalités du terrain, notamment de multiplication des attaques visant des camps de personnes déplacées et du recours croissant à des engins explosifs improvisés.   La France a, elle, indiqué que les indicateurs du plan de transition de la MONUSCO font désormais l’objet d’un suivi régulier, et que les agences, fonds et programmes des Nations Unies doivent se tenir prêts à prendre le relais et investir dès maintenant le Tanganyika. 

Avant d’ouvrir cette séance d’information, un hommage a été rendu à M. Jim Kelly, Représentant permanent adjoint de l’Irlande, décédé brutalement. 

LA SITUATION CONCERNANT LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO (S/2022/252)

Déclarations

Mme BINTOU KEITA, Représentante spéciale et Cheffe de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), a constaté que, depuis son dernier exposé en décembre dernier, la situation sécuritaire s’est encore détériorée malgré les opérations des forces de défense et de sécurité congolaise dans le cadre de l’état de siège, complétée par les opérations militaires conjointes des FARDC et des Forces de défense du peuple ougandais (UPDF).  Les pertes civiles et les déplacements de populations ont augmenté, notamment en raison des représailles menées par les Forces démocratiques alliées (ADF), groupe armé affilié à l’État islamique en d’Iraq et du Levant (Daech), contre les populations du Nord-Kivu et en Ituri où elles se sont déplacées.  Dans cette région, les conséquences des violences perpétrées par le groupe armé appelé Coopérative pour le développement du Congo (CODECO) ont été amplifiées par les représailles de la milice Zaïre destinées à contrôler des puits d’or et financer ses opérations.  Ces trois derniers mois, a-t-elle poursuivi, ont aussi vu la reprise alarmante des activités du Mouvement du 23 mars (M23) au Nord-Kivu, qui ont mené à des combats avec les FARDC, les plus récents ayant eu lieu dans la zone de trois frontières.  Parallèlement, au Sud-Kivu, de nouvelles violences contre des civils sont à déplorer, à la suite des attaques de Maï-Maï contre des villages de la communauté Banyamulengue.  En tout, a précisé la Représentante spéciale, la MONUSCO a recensé 250 civils tués en moyenne dans chaque province chaque mois, soit près de 2 300 morts en trois mois. 

Selon Mme Keita, la MONUSCO a aussi documenté une hausse de 10% de violations des droits humains depuis décembre 2021.  Les attaques menées contre les civils par les groupes armés, les restrictions de l’espace démocratique et la multiplication des discours de haine en sont les principales causes, a-t-elle expliqué, avant d’alerter le Conseil quant aux besoins humanitaires croissants dans l’est du pays.  Or, a déploré la Cheffe de la MONUSCO, les contraintes d’accès et les incidents visant le personnel humanitaire entravent la réponse. Faisant état de 4 travailleurs humanitaires tués, 1 blessé et 6 enlevés au cours des trois derniers mois, elle a rappelé aux parties l’impératif juridique et moral de faciliter l’acheminement de l’aide.  Face à ces dynamiques inquiétantes, la MONUSCO a mené des offensives en Ituri, accompagnant les opérations conjointes FARDC-UPDF, et déployant des unités d’appui au Nord-Kivu et menant des actions de protection des déplacés au Sud-Kivu.  « Nous travaillons aussi sans relâche avec les communautés pour atténuer les tensions et encourager le dialogue, tout en documentant les responsabilités des crimes », a-t-elle souligné, non sans reconnaître que, sans un travail sur les causes et les symptômes, les moyens de la MONUSCO resteront insuffisants.  Cela illustre, selon elle, les limites inhérentes aux recours aux seules opérations militaires.  Appelant à la mise en œuvre par le Gouvernement de stratégies globales pour rechercher les causes profondes des conflits, elle a vu le début des consultations nationales sur la justice transitionnelle comme un pas dans la bonne direction.  Elle a également salué l’ouverture, le 15 mars, de la nouvelle session parlementaire et la présentation de projets de loi essentiels, notamment ceux sur la révision de la loi électorale et la loi de programmation militaire. 

Mme Keita a par ailleurs constaté des progrès dans les efforts menés par la MONUSCO, l’équipe de pays de l’ONU et le Gouvernement dans l’application du plan de transition conjoint.  Elle s’est réjouie que les travaux du groupe de travail conjoint progressent et que les sous-groupes aient avancé sur des questions telles que l’opérationnalisation du programme de désarmement, démobilisation et réinsertion communautaire et de stabilisation (DDRCS).  Dans le même temps, la MONUSCO, appuyée par le PNUD, continue de soutenir les travaux de la structure nationale de coordination et facilite le dialogue avec les parties prenantes locales et provinciales pour permettre la mise en œuvre de démarches communautaires en matière de DDR.  Afin de réduire les vulnérabilités dans les domaines où la MONUSCO se désengage progressivement, des actions sont menées, en particulier sur le plan humanitaire et du développement.  Dans la province du Tanganyika, la mission suit de près la situation sécuritaire de sorte à prévoir une transition souple en vue du désengagement prévu en juin prochain.  Dans ce contexte, a noté la Représentante spéciale, Les États de la région sont interdépendants et doivent trouver des solutions communes, comme cela a été rappelé lors de la récente réunion de haut niveau à Kinshasa sur le mécanisme de surveillance régionale.  Elle a salué à cet égard les efforts du Président Tshisekedi visant à accroître la coopération régionale et la volonté des pays voisins à renforcer leur lutte contre les forces négatives, avant de remercier le Conseil de sécurité pour son soutien dans la mise en œuvre de son mandat. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a dit apprendre à l’instant qu’un hélicoptère de la MONUSCO aurait disparu aujourd’hui dans la zone de Rutshuru.  Il a ensuite appelé à soutenir les progrès sur le plan politique et dans la région.  Saluant les avancées pour préparer les élections présidentielle et législatives de 2023, il a relevé que la révision par le Parlement de la loi électorale devra renforcer la confiance dans les institutions et le processus démocratique.  Sur le plan régional, le sommet de suivi de l’Accord d’Addis-Abeba a confirmé la volonté de dialogue, s’est encore félicité le représentant, qui a souligné que les engagements pris devront être mis en œuvre.  De fait, la coopération doit se renforcer toujours plus pour lutter contre les groupes armés et la criminalité, a-t-il relevé, avant d’appeler à priver les forces négatives de leur capacité de nuisance, avant de demander à la MONUSCO et aux forces congolaises de continuer à protéger les camps de personnes déplacées où résident de nombreuses femmes et enfants. 

En outre, pour traiter les causes profondes des conflits, la stratégie de désarmement-démobilisation-réintégration doit être opérationnalisée sans délai, a exhorté M. de Rivière.  La lutte contre l’impunité doit être renforcée, s’agissant des groupes armés comme de certains membres des forces de sécurité.  La France salue à cet égard la condamnation dans l’Ituri de 24 membres de la CODECO pour crimes contre l’humanité.  Le délégué a ensuite déclaré que les Congolais doivent continuer à compter sur le soutien de leurs partenaires.  « Les indicateurs du plan de transition de la MONUSCO font désormais l’objet d’un suivi régulier, et les agences, fonds et programmes des Nations Unies doivent se tenir prêts à prendre le relais et investir dès maintenant le Tanganyika d’où la MONUSCO se retirera en juin », a-t-il rappelé.  Pour sa part, son pays, par le biais de l’Agence française de développement, mobilisera un demi-milliard d’euros d’ici à 2025 pour soutenir la santé, l’agriculture ou encore l’autonomisation des femmes en RDC.  De même, l’Union européenne –dont le Conseil est présidé par la France– allouera cette année 44 millions d’euros pour répondre aux besoins des plus vulnérables en RDC et dans les Grands Lacs.  Elle contribuera aux soins destinés aux survivants de violences sexuelles, à favoriser l’accès à l’eau et à l’éducation, a ajouté le représentant. 

Mme  TRINE SKARBOEVIK HEIMERBACK (Norvège) a estimé que les attaques des Forces démocratiques alliées (ADF), ce mois-ci, ainsi que l’assaut mené par la Coopérative pour le développement du Congo (CODECO) contre un camp de déplacés de Savo, en février, illustrent la menace constante à laquelle est confrontée la population civile en RDC.  Après avoir appelé toutes les parties à respecter pleinement le droit international, la déléguée s’est concentrée sur l’exploitation illicite des ressources naturelles, qui reste un facteur de conflit en RDC.  Ces activités génèrent des revenus importants pour les groupes armés, tout en infligeant des souffrances supplémentaires à la population civile, a-t-elle déploré, avant de dénoncer l’utilisation d’enfants et l’exploitation de femmes dans le secteur minier.  Jugeant que la coopération régionale est essentielle pour freiner ce commerce, elle a également relevé qu’un bon fonctionnement du régime de sanctions peut avoir un effet préventif et promouvoir la responsabilisation des auteurs.  La Norvège, a ajouté la déléguée, soutient le travail de toutes les parties prenantes concernées, y compris l’Envoyé spécial auprès de la région des Grands Lacs, la CIRGL et l’Union africaine, pour s’attaquer aux causes profondes des conflits. 

La représentante a ensuite affirmé que le succès ultime de la MONUSCO repose sur une transition bien exécutée, mettant l’accent sur la protection des civils.  Dans ce cadre, elle s’est félicitée des récentes réunions du groupe de travail conjoint et du sous-groupe de travail sur la transition.  Saluant également l’inclusion d’acteurs de la société civile dans cet exercice, elle a estimé que le plan de transition conjoint ne pourra réussir avec des moyens seulement militaires et devra s’accompagner d’un dialogue politique et communautaire inclusif et d’efforts pour promouvoir le développement.  Selon elle, ce processus ne peut pas être précipité.  Il doit être basé sur la situation sur le terrain plutôt que sur les délais fixés.  À cette aune, la Norvège reste attachée à un désengagement rapide et responsable et au retrait final de la MONUSCO, a-t-elle conclu. 

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) s’est inquiétée de la détérioration sécuritaire en Ituri et au Nord-Kivu, malgré les efforts conjugués des forces armées congolaises et ougandaises.  Elle a dénoncé les capacités de nuisance de groupes armés illégaux tels que les Forces démocratiques alliées (ADF) et la coopérative pour le développement du Congo (CODECO), accusée d’avoir massacré une cinquantaine de personnes, dont des femmes et des enfants, lors d’une récente attaque.  La représentante s’est particulièrement inquiétée de la multiplication des attaques visant des camps de personnes déplacées et le recours croissant à des engins explosifs improvisés (EEI).  Elle a ensuite appelé à examiner le plan de retrait progressif des troupes de la MONUSCO en tenant compte de ces nouvelles réalités de terrain.  Notant que l’exploitation illégale des ressources naturelles permet de financer les capacités de combat des insurgés, la représentante russe a souhaité que la RDC puisse bénéficier de l’aide de la communauté internationale pour rétablir son contrôle sur ses ressources minières.  Elle a dit l’importance d’une bonne mise en œuvre du programme DDR avec la participation des soldats de la paix.  La déléguée a par ailleurs jugé indispensable que la prochaine élection présidentielle se tienne dans les délais impartis et dans le respect des normes internationales.  Elle a enfin souligné le rôle de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) pour mettre en œuvre l’Accord d’Addis-Abeba. 

M.  JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a fait part de sa préoccupation devant la détérioration de la situation sécuritaire dans la province de l’Ituri.  Il a rappelé que le Conseil de sécurité avait d’ailleurs publié une déclaration à la presse sur l’attaque particulièrement brutale perpétrée par les milices de la CODECO dans le camp de Savo, qui a fait des dizaines de morts parmi les civils.  La situation dans la province du Nord-Kivu n’est pas moins inquiétante, a relevé le représentant qui s’est inquiété de la hausse du nombre d’attentats commis à l’aide d’engins explosifs improvisés. 

En outre, l’insécurité continue d’entraver l’acheminement de l’assistance humanitaire, a relevé le délégué, qui a insisté sur la nécessité de garantir la sécurité des soldats de la paix.  Il a par ailleurs salué les progrès récents observés dans les échanges transfrontaliers entre la RDC et le Rwanda, ainsi que dans le cadre des opérations militaires conjointes associant les FARDC et les Forces de défense populaires de l’Ouganda (FDPO).  Ces initiatives, à condition qu’elles respectent pleinement la souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC, peuvent créer des conditions propices à la stabilisation de la région, a-t-il estimé en conclusion. 

S’exprimant au nom des A3 (Gabon, Ghana, et Kenya), M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a tout d’abord salué l’ouverture de la session parlementaire du mois de mars en RDC et noté avec intérêt l’engagement du Président Félix Tshisekedi de tenir les élections en 2023.  Il s’est également réjoui de l’adoption de la feuille de route électorale par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et de la désignation d’une femme, Mme Marie-Josée Kapinga, au poste de Secrétaire exécutive nationale adjointe de cette institution.  Les autorités congolaises ont manifestement saisi l’importance d’une pleine adhésion au processus électoral de toutes les composantes sociales, a-t-il dit, avant d’appeler tous les acteurs politiques à faire preuve d’esprit de consensus sur les enjeux des prochaines élections locales et nationales, avec l’appui financier et matériel des partenaires au développement.  Le représentant s’est félicité de la tenue d’une réunion de haut niveau sur le mécanisme de surveillance régionale du cadre de paix, de sécurité et de coopération, jugeant que la signature par les autorités congolaises d’un mémorandum d’entente avec l’Ouganda et un autre avec le Rwanda, ainsi que les actions militaires concertées en cours, permettent de consolider une approche régionale positive. 

Il s’est cependant déclaré préoccupé par la détérioration de la situation sécuritaire notamment dans les provinces de l’Ituri et du Kivu, où se poursuivent des attaques de groupes armés.  Dénonçant les massacres, les violences et les enrôlements d’enfants soldats auxquels se livrent les Forces démocratiques alliés (ADF), la CODECO et d’autres groupes rebelles dans l’est du pays, il a estimé que ce cycle de terreur n’a que trop duré.  Les soutiens des groupes armés et ceux qui les alimentent en armes doivent cesser, a-t-il dit, souhaitant que les auteurs de ces crimes fassent l’objet de poursuites judiciaires et répondent de leurs actes abominables.  Saluant à cet égard la condamnation de 24 membres de la CODECO par les juridictions militaires congolaises, il a appelé à un renforcement des capacités judiciaires de l’État congolais.  Il a en outre demandé au Conseil de se pencher sur la question de l’embargo sur les armes qui, à son sens, contribue à restreindre l’efficacité des actions militaires des États contre les mouvements rebelles.  De fait, il est essentiel, selon lui, que le Conseil accède à la légitime requête des autorités congolaises visant la levée de l’obligation de notification pour acquérir des armes. 

Le délégué a ensuite constaté que la RDC est victime de la richesse de son sous-sol en ressources minières, lesquelles sont la principale source de déstabilisation et la première cause de souffrances des populations.  Après avoir salué l’adoption par le Gouvernement congolais d’un plan national stratégique d’exploitation et de certification des ressources minérales, il a encouragé les pays voisins à mettre en œuvre leurs engagements dans le cadre de l’Initiative régionale contre l’exploitation illégale et le commerce des ressources naturelles. Il a également appelé à sanctionner tous les individus et entités impliqués dans ces trafics qui alimentent les tensions communautaires.  Selon lui, cette riposte contre les groupes armés doit aussi s’accompagner d’un appui financier et matériel au programme de désarmement, démobilisation et réinsertion communautaire et de stabilisation. 

Après avoir condamné la guerre asymétrique imposée par les mouvements rebelles et la présence de groupes terroristes dans la région, le représentant a jugé essentiel que le plan de retrait de transition de la MONUSCO s’aligne sur le processus d’évaluation des critères fixés.  Ce retrait doit être progressif, coordonné et concerté avec les Forces armées de RDC afin d’éviter tout regain de violence, a-t-il plaidé, non sans se féliciter des progrès accomplis par le Gouvernement congolais dans la mise en œuvre des 18 critères de référence définis dans le plan de transition conjoint.  Enfin, soulignant que l’environnement sécuritaire est un facteur aggravant de la situation humanitaire, il a exhorté les donateurs internationaux et régionaux ainsi que tous les partenaires de la RDC à participer au financement du Plan de réponse humanitaire de 2022 lancé par le Gouvernement congolais et les Nations Unies. 

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a condamné les récentes attaques perpétrées par les groupes armés illégaux, dont les Forces démocratiques alliées (ADF),la coopérative pour le développement du Congo (CODECO), mais aussi un groupe burundais et le M23 reconstitué.  Elle a salué les initiatives prises par la MONUSCO pour renforcer ses capacités de protéger les civils.  Elle s’est félicitée des efforts de coordination entre les Forces armées ougandaises et congolaises, avant d’exhorter les États membres à respecter les mesures de sanctions.  Elle s’est inquiétée de l’importance du trafic illégal de ressources naturelles qui alimente le conflit et finance des activités qui menacent les Congolais tous les jours.  Elle s’est étonnée que dans des zones du Sud-Kivu, l’on voit une connexion entre les groupes armés illégaux connectés et les organisations criminelles qui exploitent les ressources naturelles.  La représentante des États-Unis a conclu sur le processus électoral, en appelant au strict respect des droits de l’homme dont la liberté d’expression afin d’assurer la crédibilité des élections prévues en 2023. 

M. MIJITO VINITO (Inde) a rappelé que son pays est le second plus grand contributeur de soldats de la paix de la MONUSCO.  Il a déploré la recrudescence des attaques des groupes armés, notamment le lien avéré des ADF avec des groupes terroristes sévissant en Afrique centrale.  Le délégué a salué les efforts régionaux renforcés entre la RDC et l’Ouganda et entre la RDC et le Rwanda.  Puis il a appelé la MONUSCO à poursuivre son soutien au Gouvernement de la RDC qui a entamé des réformes sur les plans judiciaire et sécuritaire.  Le délégué a ensuite souhaité que la présidence de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) assumée par la RDC permette de renforcer ses relations avec ses voisins, le Gouvernement de la RDC ayant selon lui montré sa détermination à régler les problèmes en suspens. 

M. ZHIQIANG SUN (Chine) s’est à son tour déclaré préoccupé par le fait qu’un hélicoptère de la MONUSCO ait été abattu et a demandé à ce que toute la lumière soit faite sur cet incident.  Il a ensuite constaté que la situation sécuritaire continue de se détériorer en RDC, observant que les groupes armés sont de plus en plus actifs dans l’est du pays et que les mouvements de population se multiplient. Condamnant tous les actes de violence et de pillage perpétrés par ces groupes, il a appelé à une riposte rapide du Conseil de sécurité.  Il a également enjoint le Gouvernement congolais à coopérer étroitement avec la MONUSCO pour assurer la sécurité des populations civiles.  Pour le délégué, ces troubles prolongés ont des causes complexes qui ne pourront être résolus par la seule voie militaire.  Pour y parvenir, le Gouvernement congolais doit mettre en œuvre le programme DDR et mener les réformes qui s’imposent, notamment dans le domaine de la sécurité, a-t-il argué.  Il est également essentiel, selon lui, que les ressources minières du pays soient utilisées pour créer des emplois, accélérer le développement et rompre le cycle des violences. 

Après avoir salué la réunion de haut niveau sur le mécanisme de surveillance régionale du cadre de paix, de sécurité et de coopération, il a salué la décision prise par le Président congolais de tenir, malgré une situation politique précaire, des élections en 2023, dans le respect des délais prévus par la Constitution.  Dans cette perspective, il a appelé les acteurs politiques à dépasser leurs différends et à trouver des compromis.  Il a aussi demandé à la communauté internationale de renforcer son aide à la RDC et aux autres pays africains.  Enfin, le représentant a souhaité que le retrait programmé de la MONUSCO se fasse en fonction des jalons prévus. 

M. JAMES PAUL ROSCOE (Royaume-Uni) a déploré la perte d’un hélicoptère de la MONUSCO abattu aujourd’hui au Nord-Kivu, avant de se dire préoccupé par la multiplication des attaques contre les civils dans l’est de la RDC.  Il s’est particulièrement inquiété des attaques constantes contre les camps de déplacés, alors que les acteurs humanitaires n’ont plus accès à des pans entiers de territoires.  Près d’un an après la déclaration de l’état de siège, le représentant a salué la reprise des procédures judiciaires civiles et appelé à un plan de sortie s’appuyant sur les recommandations du Conseil national de sécurité.  Préoccupé par la situation dans le territoire de Beni, malgré l’action conjuguée des Forces congolaises et ougandaises, il a jugé indispensable d’empêcher les Forces démocratiques alliées (ADF) d’élargir leur action dans d’autres territoires.  Enfin, il a mis l’accent sur l’importance du nouveau programme de désarmement, démobilisation et réintégration communautaire et de stabilisation (DDR-CS), compte tenu de son approche décentralisée appuyée sur les communautés. 

M. JUAN GÓMEZ ROBLEDO VERDUZCO (Mexique) a dit espérer que des actions se poursuivront afin de consolider les changements législatifs, logistiques et budgétaires nécessaires à la tenue des élections en 2023.  Il a insisté sur l’importance d’une pleine participation des femmes dans la vie politique, avant de condamner les agissements des groupes armés et de saluer le fait que le Gouvernement congolais ait enquêté sur l’attaque du camp de Savo.  C’est un pas dans la bonne direction, a-t-il dit, car il faut veiller à ce qu’aucune attaque ne reste impunie.  Il a insisté sur le strict respect du travail humanitaire et sur les mesures visant à la sécurité des voies d’acheminement de l’aide.  Par ailleurs, le représentant a salué le fait que 50 personnes aient été reconnues coupables de la mort des membres du Groupe d’experts, Zaida Catalán, Michael Shar, et des citoyens congolais qui les accompagnaient.  Précisant que son pays est contre la peine de mort, il a demandé le maintien du moratoire en vigueur depuis 2003 en RDC. 

Mme GERALDINE  BYRNE NASON (Irlande) s’est félicitée de l’engagement du Président Tshisekedi à tenir des élections en 2023, conformément à la Constitution congolaise, et de l’adoption d’une feuille de route électorale par la Commission électorale nationale indépendante.  Elle a souligné l’importance d’un processus électoral inclusif, crédible, en temps opportun, sous peine de nuire à la cohésion sociale.  La déléguée a ensuite considéré qu’une stratégie globale sur la réforme du secteur de la sécurité est nécessaire.  Le renforcement du système de justice, la lutte contre l’impunité et la mise en œuvre d’un processus communautaire de désarmement, démobilisation et réintégration des anciens combattants sont indispensables, a-t-elle souligné, avant de préciser que l’inclusion et la participation significative des femmes seront essentielles à cet égard. 

Mme Byrne Nason s’est dite gravement préoccupée par l’insécurité persistante et la situation humanitaire et des droits humains désastreuse dans l’est de la RDC.  Elle a instamment demandé au Gouvernement de veiller à ce que la mise en œuvre de l’état de siège soit limitée dans le temps et assortie d’objectifs clairement quantifiables.  Les opérations militaires doivent être conformes au droit international, notamment aux droits de l’homme et au droit international humanitaire.  Dans ce contexte, les efforts visant à établir une coordination tripartite efficace entre la MONUSCO, les Forces armées congolaises et celles de l’Ouganda sont indispensables pour assurer la protection des civils et la sûreté et la sécurité du personnel de l’ONU et des travailleurs humanitaires. 

La déléguée a salué le Plan de transition et ses jalons, qui peuvent offrir un cadre global pour mobiliser les efforts collectifs du Gouvernement, du système des Nations Unies et de toutes les parties prenantes, y compris la société civile et la jeunesse.  Le récent rapport d’avancement est un point de départ, même si nous souhaiterions, a-t-elle avoué, plus de données ventilées par région et davantage de clarté en ce qui concerne l’évaluation des progrès.  Mme  Byrne Nason s’est enfin félicitée du renforcement de la planification et de la coordination entre le Gouvernement et le système des Nations Unies sur le retrait durable de la MONUSCO de la province du Tanganyika.  Compte tenu des problèmes sécuritaires qui persistent dans certaines zones, nous jugeons essentiel que le retrait de la Mission de la province soit effectué de manière progressive et responsable, afin de préserver les gains durement acquis « par et pour » le peuple de la RDC, a conclu la représentante. 

Mme  ALBANA DAUTLLARI (Albanie) a jugé important de maintenir l’élan positif des préparatifs des élections prévues en 2023, en garantissant la participation des femmes et des jeunes.  Nous avons, a-t-elle dit, pris acte des atteintes à l’espace démocratique évoquées dans le rapport et nous demandons aux autorités de s’abstenir d’actes qui nuisent au climat électoral.  En marge d’une situation sécuritaire de plus en plus alarmante, en particulier dans les provinces orientales du Nord-Kivu et de l’Ituri, la représentante s’est dite profondément préoccupée par les violences sexuelles liées au conflit contre les femmes et les enfants, commises par des groupes armés, mais aussi par des agents de l’État.  Elle a mentionné une nouvelle tendance alarmante à l’utilisation d’engins explosifs improvisés, soulevant des questions sur les liens entre groupes armés et organisations terroristes internationales.  Ce qui est le plus dévastateur, a-t-elle estimé, ce sont les attaques contre les sites de déplacés, suivies de graves violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire.  Elle a condamné l’attaque du mois de février contre le camp de déplacés de Savo dans la province de l’Ituri, qui a fait plus de 60 victimes?  Elle a aussi appelé les autorités à une mise en œuvre solide du programme de désarmement, de démobilisation, de relèvement et de stabilisation communautaires, qui doit être soutenu par toutes les parties prenantes. 

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a exprimé ses condoléances aux familles des victimes des dernières attaques en Ituri et au Nord-Kivu, lesquelles mettent en lumière les défis sécuritaires en RDC.  La représentante a jugé essentiel de respecter le droit international humanitaire et de maintenir au cœur des préoccupations la protection des civils.  Elle a également fait part de son inquiétude quant aux attaques contre les employés de l’ONU, avant de plaider pour que les femmes aient accès à la protection dont elles ont besoin.  Il est tout aussi important d’avoir une approche régionale intégrée afin de parvenir à la stabilité en RDC et dans toute la région, a-t-elle estimé, avant de souligner qu’à peine 1% des Congolais sont vaccinés contre la COVID-19.  La communauté internationale doit soutenir la RDC dans la lutte contre la pandémie, a-t-elle plaidé. 

M. GEORGES NZONGOLA-NTALAJA (République démocratique du Congo) a déclaré que l’engagement du Président Tshisekedi à faire de son pays « un État véritablement démocratique » est reflété par le parachèvement de la composition du bureau de la Commission électorale nationale indépendante, l’allocation progressive par le Gouvernement des ressources en faveur de cet organe, la promulgation de la feuille de route du processus électoral 2021-2027, et l’adoption par le Gouvernement de trois projets de décrets.  Le premier a porté sur l’organisation de la mutualisation des activités opérationnelles dans le cadre de l’identification et de l’enrôlement des électeurs, de l’identification de la population et du recensement général.  Les second et troisième ont concerné respectivement la création d’une carte d’identité nationale et d’un fichier général de la population. 

Par ailleurs, pour conforter sa volonté de renforcer les relations de bon voisinage et de coopérer avec les dirigeants de la région, le Président congolais a participé à la Conférence des chefs d’États des pays de la Communauté économique de l’Afrique centrale du 19 janvier 2022 à Brazzaville, et à la dixième Réunion de haut niveau du Mécanisme régional de suivi de l’Accord-Cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RDC et la région, qui s’est tenue le 24 février 2022 à Kinshasa.  Ces deux sommets ont réaffirmé la volonté commune exprimée des États membres de coopérer davantage pour la pacification de la partie est de la RDC. 

Aujourd’hui, a affirmé le représentant, la situation sécuritaire demeure « globalement calme » dans l’ensemble du pays, en dehors des activités des groupes armés dans certains territoires de l’est.  Les opérations conjointes des Forces armées de la RDC (FARDC) et des Forces de défense populaires de l’Ouganda (FDPO) menées dans le cadre de l’état de siège contre les terroristes ADF/MTM se poursuivent et évoluent normalement dans le Grand-Nord et dans le Sud de l’Ituri. Ces opérations ont entraîné le démantèlement et la destruction de plusieurs bastions qui ont contraint les groupes armés à changer d’approche.  Ils évoluent actuellement en petits groupes mobiles écumant, violant et massacrant la population civile sur leur passage, a dénoncé M. Nzongola-Ntalaja.  Ils recourent aussi aux méthodes terroristes du type kamikaze, comme à Beni les 24 et 25 décembre 2021 et à Oïcha, le 5 janvier 2022.  Ces groupes font usage de bombes artisanales pour terroriser les populations, sans compter la recrudescence de l’activisme de la CODECO en Ituri. 

Ce mode opératoire doit amener les FARDC et la MONUSCO à réadapter et à réajuster leurs stratégies pour neutraliser ces groupes et sécuriser les populations.  Outre l’approche régionale pour la pacification de l’est, le Gouvernement congolais considère également les options pour des solutions non-militaires tant pour les groupes armés nationaux qu’étrangers.  Les synergies des garants régionaux et internationaux qui œuvrent à la promotion de la coopération autour des mesures non militaires contribueront à l’éradication progressive des forces négatives dans la région, a estimé le représentant.  Il a également considéré que la pacification de l’est de la RDC doit induire le renforcement de la lutte contre le trafic illégal d’armes et de munitions ainsi que la lutte contre le pillage des ressources naturelles, qui constitue une des causes principales du conflit à l’est. 

Malgré ces efforts, dans la nuit du 27 au 28 mars 2022, le M23 a mené des incursions et attaqué les positions des FARDC de Chanzu et Munyonyi dans le territoire de Rutshuru.  Après tous ces accords signés avec le M23 et son anéantissement, a fait observer le représentant, il y a lieu de s’interroger sur la résurgence de ce mouvement.  Bien plus, de nombreuses interrogations subsistent entre autres sur la source de leur approvisionnement.  Qui les ravitaille en armes et en munitions? s’est interrogé le représentant.  Concernant les allégations de violations commises par les éléments des forces de sécurité, les mesures prises par la justice militaire congolaise vont se poursuivre, a assuré le représentant, avant de faire valoir les efforts de son gouvernement pour l’opérationnalisation de la justice transitionnelle et la mise en œuvre du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.  Le représentant a ensuite imputé la situation humanitaire « alarmante » à l’activisme des groupes armés et aux conflits qui secouent aussi les pays voisins de la RDC, dont les populations se réfugient parfois sur le territoire congolais.  Le Gouvernement, a-t-il affirmé, s’est investi, en partenariat avec l’ONU, dans le lancement, le 17 février 2022, d’un Plan de réponse humanitaire, qui vise plus de 8,8 millions des personnes vulnérables. 

S’agissant enfin de la MONUSCO, le représentant a indiqué que la RDC demande que de plus en plus d’opérations conjointes soit menées.  L’objectif est d’accentuer la pression sur les groupes armés et les amener si possible à se rendre.  Le résultat de ces opérations pourrait aussi servir au bon déroulement du processus électoral dans ces territoires, en 2023.  Le délégué a également plaidé pour un renforcement encore plus significatif du partenariat déjà amorcé entre la MONUSCO et les Forces de défenses et de sécurité de la RDC en termes de transfert et renforcement effectif des capacités.  Enfin, il a encouragé l’utilisation du Système intégré de planification et d’évaluation de la performance et sa mise en œuvre horizontale au sein de la MONUSCO.  En rapport avec le retrait programmé au mois de juin 2022 de la province de Tanganyika, une descente de terrain conjointe d’évaluation, prélude à ce retrait, serait souhaitable, a-t-il ajouté.  Pour ce qui est de l’enquête sur l’assassinat des deux experts des Nations Unies, le jugement a été rendu en première instance contre les 51 individus reconnus coupables, assurant les familles des victimes que « justice sera faite ». 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Préparatifs pour Stockholm+50: créer un avenir meilleur est possible si nous agissons ensemble, selon la Ministre suédoise de l’environnement

Réunion préparatoire « Stockholm+50 »,
Matin & après-midi
ENV/DEV/2042

Préparatifs pour Stockholm+50: créer un avenir meilleur est possible si nous agissons ensemble, selon la Ministre suédoise de l’environnement

Les préparatifs de la réunion internationale « Stockholm+50 » prévue les 2 et 3 juin en Suède, dont l’objectif est d’œuvrer en faveur d’« une planète saine pour la prospérité de toutes et de tous », ont été lancés formellement aujourd’hui à New York, à l’Assemblée générale des Nations Unies, en mettant l’accent sur la responsabilité de chaque partie prenante.  « Créer un avenir meilleur est possible si nous agissons ensemble », a annoncé avec enthousiasme la Ministre du climat et de l’environnement de la Suède, Coprésidente de la réunion, en voyant dans cette échéance l’occasion de combler les lacunes de la mise en œuvre des engagements climatiques antérieurs et d’agir en solidarité avec les pays qui ont le moins contribué au problème climatique mais qui sont les plus durement frappés par ses conséquences. 

L’autre Coprésident de la réunion internationale, Secrétaire de cabinet au Ministère de l’environnement et des forêts du Kenya, a misé sur ce rendez-vous international pour consolider les résultats obtenus en matière environnementale et en viser d’autres.  Il a insisté sur l’inclusion, soucieux de voir les personnes mises au centre des actions.  Comme beaucoup d’intervenants de la journée, il a plaidé pour la participation des jeunes aux efforts de préservation de la planète « parce qu’ils savent mieux que nous ce qui doit être fait pour la Terre ».

À l’ouverture de la réunion, la Vice-Secrétaire générale de l’ONU a rappelé qu’il fallait un multilatéralisme efficace pour parvenir à une planète saine, à la prospérité future, au bien-être commun et au développement inclusif.  Le développement ne peut être réalisé sans la considération attentive des systèmes naturels et sociaux qui le soutiennent, lesquels doivent être forts et résilients pour que le développement soit inclusif et équitable, a détaillé Mme Amina J. Mohammed qui a espéré voir à Stockholm se rétablir la confiance entre les différents groupes.  Ce sera aussi l’occasion de jeter des ponts entre les programmes qui sont tournés vers l’avenir et de nature transformatrice, a-t-elle ajouté.

Le vœu du Président de la soixante-seizième session de l’Assemblée générale a été clair: il faudra réfléchir aux interconnections entre l’être humain et la nature en gardant à l’esprit « les engagements et la détermination de ceux qui nous ont précédés depuis la première Conférence de Stockholm ».  C’est d’ailleurs pour commémorer les 50 ans de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement tenue en 1972 que l’Assemblée générale a décidé de convoquer cette « réunion internationale » (résolution 75/280 du 24 mai 2021). 

La réunion de juin se tiendra sous la forme de quatre séances plénières et de trois « dialogues » organisés en parallèle qui permettront aux participants de débattre du besoin urgent d’agir en faveur d’une planète saine et de la prospérité de toutes et de tous; d’un relèvement durable et inclusif après la pandémie de COVID-19; et de la mise en œuvre du volet environnemental du développement durable dans le cadre de la décennie d’action et de réalisations en faveur des objectifs de développement durable.

Les trois dialogues organisés aujourd’hui reflétaient cette répartition des sujets.  Dans le cadre du premier, les délégations, les organisations non gouvernementales, les représentants de la société civile et les organismes onusiens ont fait part de ce qu’ils attendent de Stockholm+50.  La Directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) a ainsi espéré que la réunion permette de repenser les notions de « progrès » et de « bien-être » et de mobiliser davantage de ressources.  « Stockholm+50 peut être aussi un moment de paix », a espéré Mme Inger Andersen en appelant à y faire entendre pleinement la voix des femmes, des jeunes et des peuples autochtones.  « Ne nous laissons pas aller au désespoir, parce qu’une nouvelle ère se profile à l’horizon », a exhorté la Directrice exécutive.

Lors du deuxième dialogue portant sur le relèvement post-COVID-19, les participants ont proposé des solutions basées sur le multilatéralisme et la coopération internationale dans la gestion efficace des ressources, notamment pour palier la perte en biodiversité, pour rendre plus durable la production agroalimentaire et pour continuer de promouvoir les énergies renouvelables.  Le relèvement devra aussi veiller à combler la fracture numérique, renforcer la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire, dans la vision du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Les délégations qui ont participé à ce dialogue ont insisté sur les enjeux financiers sous-jacents y compris la nécessité pour les pays développés de respecter l’engagement de verser 100 milliards de dollars par an, de transférer des nouvelles technologies pour la promotion d’une économie verte, et d’œuvrer en faveur d’un accès équitable aux vaccins COVID-19. 

L’importance de la fiscalité et d’autres formes d’incitations pour favoriser des modes de consommation durable a été soulignée au cours du dernier dialogue sur la mise en œuvre du volet environnemental du développement durable, avec des appels répétés à respecter les engagements et feuilles de route agréés précédemment.  Parmi les mesures à prendre, certains ont invité à criminaliser la dégradation environnementale, parmi eux des représentants de jeunes qui ont plaidé pour la reconnaissance en droit pénal de l’ « écocide ».  La préservation des 3 000 langues autochtones menacées alors qu’elles transmettent aux générations diverses pratiques durables ainsi que le transfert de technologies en phase avec les vulnérabilités des pays en développement propres ont aussi été présentés comme des moyens d’accélérer la réalisation du volet environnemental du développement durable.

En conclusion, le Président de l’Assemblée générale a estimé que les résultats de la réunion préparatoire ont jeté les fondements d’une réunion couronnée de succès à Stockholm+50.  Pour la Directrice exécutive du PNUE, Stockholm+50 sera l’occasion de poser les questions difficiles et de repousser les limites pour arriver à prendre des mesures audacieuses et opérer des transformations systémiques.  Les Coprésidents de la réunion ont promis de prendre en considération les recommandations formulées aujourd’hui, exhortant à poursuivre les efforts collectifs pour une action multilatérale urgente. 

RÉUNION PRÉPARATOIRE EN VUE DE LA RÉUNION INTERNATIONALE INTITULÉE « STOCKHOLM+50: UNE PLANÈTE SAINE POUR LA PROSPÉRITÉ DE TOUTES ET DE TOUS – NOTRE RESPONSABILITÉ, NOTRE CHANCE » (A/RES/75/326)

Déclarations d’ouverture

Mme ANNIKA STRANDHÄLL, Ministre du climat et de l’environnement de la Suède, a jugé possible de créer un meilleur avenir si nous agissons ensemble, 50 ans après la Conférence historique de 1972 des Nations Unies sur l’environnement à Stockholm.  La Conférence de cette année, a-t-elle promis, offrira un espace de réflexion approfondie qui donnera aux États Membres, aux dirigeants de toutes les régions et de la société civile la possibilité de promouvoir des mesures pour combler les lacunes de la mise en œuvre des engagements antérieurs.  Il est temps de mettre la science au cœur de nos actes et de montrer que nous agirons en solidarité avec ceux qui ont le moins contribué au problème mais qui sont les plus durement frappés par les conséquences, a alerté Mme Strandhäll.  La Ministre a dit que Stockholm+50 s’appuiera sur les résultats de toutes les principales conférences des Nations Unies pour fournir des recommandations innovantes et concrètes en vue de transformer les engagements en actes concrets.  « Ensemble, nous pouvons montrer qu’investir dans la planète signifie investir dans les personnes et pour la prospérité de tous. »  Citant le Secrétaire général de l’ONU, elle a déclaré que le bien-être et l’avenir de l’humanité dépendent de la solidarité et du travail en commun de la famille mondiale.  Stockholm+50 contribuera également à la décennie d’action en faveur des objectifs de développement durable, a-t-elle ajouté. 

Il est important, a poursuivi Mme Strandhäll, de mettre l’accent sur des axes systémiques pour une planète saine et pour le bien-être de l’humanité qui aillent au-delà des programmes et des cloisonnements.  « Il faut en outre bâtir la confiance, l’équité et l’inclusion. »  La Ministre a aussi recommandé une action collective et des partenariats renforcés pour mettre en œuvre plus efficacement les engagements.  En outre, il faut un financement renforcé et conforme aux engagements pris, a ajouté Mme Strandhäll avant d’appeler aussi à inclure la voix de toutes les communautés, en particulier des jeunes.  Elle a demandé spécifiquement aux États Membres d’inclure des représentants de la jeunesse dans leurs délégations. 

M. KERIAKO TOBIKO, Secrétaire de cabinet au Ministère de l’environnement et des forêts du Kenya, a dit que la réunion de Stockholm vient à point nommé, la nature ayant grand besoin que l’on vienne à sa rescousse.  La coopération internationale est cruciale face aux changements climatiques, à la dégradation des terres et à la perte de biodiversité, a-t-il souligné.  M. Tobiko a salué les progrès engrangés, dont l’accord sur la constitution d’un groupe d’experts sur les produits chimiques.  Nous avons la possibilité de consolider les résultats obtenus en matière environnementale, a-t-il poursuivi, en soulignant la nécessité d’aller au-delà des mots.  « Il nous faut des résultats. »

Insistant sur l’inclusion et pour que les personnes soient mises au centre des actions, il a souligné l’importance de pleinement associer les jeunes aux efforts de préservation de la planète, celle-ci étant « empruntée à nos enfants ».  Les jeunes savent mieux que nous ce qui doit être fait pour la Terre, a dit M. Tobiko, en louant en outre leur capacité de leadership.  Il a estimé qu’il est encore temps de vivre en paix et en harmonie avec la nature, chacun devant jouer son rôle à cette fin.  M. Tobiko a enfin appelé au renforcement du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et espéré que Stockholm+50 aboutira à des résultats concrets.

Au nom de M. ABDULLA SHADID, Président de la soixante-seizième session de l’Assemblée générale, M. OSAMA MAHMOUD ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte), Vice-Président de l’Assemblée générale, a fait remarquer que la conférence Stockholm+50 aura lieu après de nombreuses réunions internationales sur les sujets de l’environnement et le climat, dont les Conférences des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et les Conférences de Rio.  Il a également souligné l’importance de la Conférence sur les océans, qui se tiendra à Lisbonne fin juin, avant de souligner que l’adoption, au début du mois, du principe d’un traité international juridiquement contraignant contre la pollution plastique est une avancée historique pour lutter contre un fléau qui menace la biodiversité mondiale.  Par ailleurs, il a espéré que les débats à venir permettront aux délégations de réfléchir aux interconnections entre l’être humain et la nature en gardant à l’esprit « les engagements et la détermination de ceux qui nous ont précédés depuis la première Conférence de Stockholm » dont la Déclaration a ouvert la voie à la diplomatie environnementale mondiale.

Alors que les taux de pollution sans précédents détruisent les habitats naturels et les écosystèmes dont nous dépendons, il faut mener une action concertée et déplacer les paradigmes de nos modes de production et de consommation, a poursuivi M. Mahmoud.  Tout en s’inquiétant des derniers rapports mettant en évidence l’ampleur de la crise climatique, il s’est dit persuadé que les connaissances actuelles et la volonté politique permettront de faire face aux défis climatiques.  Il a mentionné le lancement d’un « moment pour la nature » qui permettra aux parties prenantes de réfléchir à « ce que nous pouvons faire et comment le faire ».  « En protégeant notre nature, nous protégeons notre bien-être », a-t-il encore insisté avant d’exhorter les États Membres à tout mettre en œuvre pour préparer « Stockholm +50 », afin que cet événement puisse aboutir à une planète plus verte et plus bleue. 

Mme AMINA J. MOHAMMED, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, a rappelé qu’en 1972, nous avons reconnu pour la première fois dans l’histoire de l’humanité que l’environnement, la pauvreté et le développement étaient interconnectés.  La célébration du cinquantième anniversaire de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement est une occasion d’insister sur le fait qu’une planète saine est essentielle à notre prospérité future, a-t-elle dit, de même qu’elle est nécessaire au bien-être commun et au développement inclusif.  Or, il faut un multilatéralisme efficace pour y parvenir, a déclaré Mme Mohammed.  Elle a fait remarquer en outre que la pandémie de COVID-19 a montré que le développement ne peut être réalisé sans la considération attentive des systèmes naturels et sociaux qui le soutiennent, lesquels doivent être forts et résilients pour que le développement soit inclusif et équitable. 

Aujourd’hui, nous sommes à la croisée des chemins d’une nouvelle action collective, a poursuivi la Vice-Secrétaire générale.  La sortie du confinement, le chemin pour retrouver la santé, notre économie et notre société, ainsi que la réouverture du Siège de l’ONU pour les réunions en présentiel et cette réunion même de préparation de la Conférence Stockholm+50 sont une occasion de faire les choses comme avant ou de mener une transition dans nos réflexions et nos actions, a déclaré Mme Mohammed.  Selon elle, nous avons l’occasion de nous concentrer sur le rétablissement de la confiance entre les groupes et de jeter des ponts entre les programmes qui sont tournés vers l’avenir et de nature transformatrice.  Nous pouvons apporter de nouvelles réflexions et de nouvelles voix pour permettre un changement collectif vers une plus grande responsabilité, a-t-elle encouragé en invitant à se concentrer sur des moyens innovants de mise en œuvre, notamment dans le financement, les partenariats et les collaborations, en vue de renforcer la dimension environnementale du Programme 2030 et d’atteindre les ODD.

Aperçu des objectifs et modalités de la Conférence

Mme INGER ANDERSEN, Directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a fait une présentation sur la vision et le concept de la réunion de Stockholm.  Elle a mentionné les progrès du mouvement de défense de l’environnement depuis la réunion de 1972, même si l’objectif d’un environnement préservé n’a pas été atteint.  La Conférence Stockholm+50 sera capitale pour trouver de nouveaux moyens de consolider la transition écologique, a-t-elle estimé.  Mme Andersen a observé que l’humanité dispose de connaissances scientifiques beaucoup plus importantes qu’en 1972 et qu’elle en sait plus sur les solutions à apporter.  Stockholm+50 nous donne la possibilité de transformer l’engagement en actions pour la prospérité de toutes et de tous, a insisté Mme Andersen.

La Directrice exécutive du PNUE a espéré que la Conférence aboutira à des résultats concrets, permettra de repenser les notions de « progrès et de bien-être » et mobilisera davantage de ressources.  « Stockholm+50 peut être aussi un moment de paix », a-t-elle espéré, souhaitant que ce soit l’occasion de démontrer combien le multilatéralisme nous rapproche.  Enfin, elle a souhaité que la voix des femmes, des jeunes et des peuples autochtones se fasse pleinement entendre à Stockholm.  « Ne nous laissons pas aller au désespoir, parce qu’une nouvelle ère se profile à l’horizon », a conclu la Directrice exécutive, en exhortant à « agir ensemble » pour faire advenir cette nouvelle ère.

Présentant l’état des préparatifs de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement, Mme RUTH DE MIRANDA, Directrice de la Division des affaires de l’Assemblée générale et du Conseil économique et social, au Département de l’Assemblée générale et de la gestion des conférences, a indiqué que les modalités de l’organisation et de la tenue de « Stockholm+50 » sont décrites dans la résolution 75/326 du 10 septembre 2021 qui précise dans son intitulée le thème de la Conférence: « une planète saine pour la prospérité de toutes et de tous – notre responsabilité, notre chance ».  Elle a cité une note verbale du Secrétaire général datée du 20 mars 2022 avec des informations concernant les nominations à cette conférence internationale.  Les pouvoirs pour la participation à cette conférence devront être déposés avant le 26 mai, a-t-elle ajouté.  Elle a aussi annoncé que la Conférence verra la nomination de huit vice-présidents, dont un rapporteur général. 

Dialogue interactif 1: « Réfléchir au besoin urgent d’agir en faveur d’une planète saine et de la prospérité de toutes et de tous »

Il est urgent de trouver des solutions pour parvenir à une planète saine et réaliser la prospérité de tous les habitants de la planète, a reconnu d’emblée M. STÉPHANE DION, Envoyé spécial du Premier Ministre du Canada auprès de l’Union européenne et de l’Europe et Ambassadeur du Canada en Allemagne, en relevant le thème ambitieux de ce premier dialogue.  Il a fait remarquer qu’il s’agit d’agir pour les générations actuelles et futures et de renverser la tendance actuelle.  À cet égard, il faut trouver des voies de développement durable pour que les futures générations puissent en profiter, a-t-il insisté en lançant un avertissement: il n’y a pas d’avenir dans un écosystème dégradé et abîmé. 

M. CRISTIAN ESPINOSA (Équateur) a rappelé que son pays possède un écosystème très fragile, raison pour laquelle le Gouvernement équatorien a développé des programmes environnementaux spécifiques.  Il a souligné le caractère inclusif du processus de préparation de Stockholm+50, mettant en exergue la nécessité d’entendre la voix de ceux qui sont les plus touchés par notre modèle de développement.  Rappelant la nécessité d’une mise en œuvre effective des mesures existantes pour la prospérité de tous, il a plaidé pour une évaluation franche et pragmatique des cadres et mécanismes environnementaux internationaux déjà en place.

Le débat interactif qui a suivi, animé par Mme ANNIKA STRANDHÄLL, Ministre du climat et de l’environnement de la Suède, a été l’occasion pour les délégations, les organisations non gouvernementales (ONG) et les organismes du système des Nations Unies, de partager ce qu’ils attendent de la réunion internationale Stockholm+50.  Ils ont dans l’ensemble souhaité que ce soit l’occasion de faire respecter les mécanismes internationaux existants sur l’environnement, comme la Conférence des Parties à la Convention-cadre sur les changements climatiques de Glasgow (COP26) et l’engagement de financement climatique des pays développés de 100 milliards de dollars par an d’ici à 2024.

Stockholm+50 doit refléter les priorités des pays les moins avancés (PMA), a plaidé d’entrée de jeu le Malawi, qui s’exprimait au nom de ces pays et qui a souhaité que ce sommet permette une synergie entre le Programme d’action de Doha, dédié aux PMA, et la Conférence des Nations Unies sur l’environnement ainsi que d’autres documents de travail comme le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Soulignant l’importance du principe de responsabilité commune mais différenciée, il a demandé plus d’accès au financement, de transfert de technologies et de solutions fondées sur la nature.  Il s’est dit préoccupé par la lenteur des solutions aux défis auxquels les PMA sont confrontés, ces pays ne recevant que 10% des ressources de développement promises. 

Stockholm+50 doit parvenir à une décision sur la neutralité carbone d’ici à 2050, a continué Antigua-et-Barbuda parlant au nom de l’Alliance des petits États insulaires en développement.  Nos pays ne peuvent pas s’adapter à l’objectif de limiter à 1,5°C la hausse des températures sans l’aide de la communauté internationale, a-t-il prévenu en demandant des actions concrètes et en soulignant l’importance de l’investissement privé dans la transition environnementale.  Il a insisté sur le coût élevé des technologies et de leur transfert pour les pays de l’Alliance qui ont dès lors besoin de prêts financiers et de ressources techniques pour ne pas être laissés de côté. 

Le Pakistan, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et la Chine, a d’ailleurs demandé de veiller à ce que le financement climatique ne devienne pas une nouvelle dette.  Il a notamment plaidé pour que soit réapprovisionné le Fonds vert pour le climat.  Il a estimé que, pour l’instant, nous ne faisons pas ce qu’il faut faire pour sauver la planète, citant à cet égard le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). 

C’est la « triple crise planétaire » que l’Union européenne a appelé à affronter à Stockholm+50 en aidant à accélérer les actions qui permettront de placer les populations au centre d’une transition inclusive et juste vers une consommation et une production durables.  Elle a jugé utile d’axer les discussions sur le partage de connaissances, y compris avec les jeunes, ainsi que sur la protection, la restauration et l’utilisation durable des ressources naturelles.  Elle a également jugé important d’aborder l’équité intergénérationnelle, la décarbonisation des économies et les réformes fiscales et subventions, espérant voir des engagements volontaires afin d’éliminer progressivement les subventions aux combustibles fossiles. 

Les pays nordiques, dont le Danemark a porté la voix, ont, pour leur part, souhaité que Stockholm+50 crée l’élan nécessaire pour concrétiser la COP26 sur le chemin de la COP27 qui se tiendra en Égypte.  Il faudrait aussi, ont-ils suggéré, que ce soit l’occasion d’examiner les conséquences de la pandémie de COVID-19 afin de se prémunir contre de futures pandémies.  « Nous devons retrouver le bon sens pour le bien de la nature. »  À Stockholm, en juin, la voix de la jeunesse doit être entendue, a ensuite exigé le représentant de la jeunesse de Singapour

Soulignant le rôle de la société civile dans la protection de l’environnement, le Forum pour le développement et l’environnement (Norvège) a demandé un appui financier pour que les ONG puissent se servir de leur capacité unique à ne laisser personne sur le bord de la route.  Le Forum a souhaité que la réunion de Stockholm élabore un plan de suivi des progrès ou des manquements, avant de plaider pour l’inclusion des populations autochtones, « seule garantie de prospérité et de développement de l’ensemble des populations de la planète ».

Les défis environnementaux frappant l’Afrique ont été mis en avant par le Lesotho, qui s’exprimait au nom du Groupe des États d’Afrique et qui a alerté sur les sujets cruciaux pour le continent, comme la lutte contre la désertification, le financement environnemental et les transferts de technologies.  L’Inde a recommandé que les actions décidées en juin soient guidées par la Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement.  Si la réunion ne tient pas compte du principe de responsabilité commune mais différenciée, des capacités et des priorités nationales, et n’insiste pas sur un financement et des transferts de technologies, ce ne sera qu’un cercle vicieux, a prévenu l’Inde pour qui la recherche de la croissance économique doit respecter les ressources de la planète. 

Pour l’ONG « Hack for Health Foundation », il appartient à chaque habitant de la planète d’agir pour l’environnement.  C’est ainsi qu’elle a proposé d’organiser, dans les 121 pays où elle travaille, des ateliers « hackathon » pour que Stockholm+50 change véritablement la donne. 

Les États-Unis ont souligné la nécessité de poursuivre l’élan après l’adoption de la résolution, lors de la cinquième session de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement (UNEA-5), visant à mettre fin à la pollution plastique et à élaborer un accord international juridiquement contraignant d’ici à 2024.  Il faut parvenir à cet accord mondial, lancer un programme d’action, mobiliser les ressources, atteindre les objectifs de la résolution, informer le public et la justice, ont-ils plaidé. 

La justice exige justement un système de justice pénale robuste, a fait observer l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) en attirant l’attention sur les crimes contre l’environnement.  Il serait dès lors important, selon l’Office, d’inclure dans les actions à prendre des mesures contre ces crimes, un cadre de justice renforcé ainsi que la prévention de la corruption.  « Nous devons demander des comptes aux auteurs des dégâts environnementaux. »

Le Pérou a, quant à lui, souligné l’importance de solutions basées sur la nature.  Plus de 90 espèces biologiques doivent être protégées au Pérou, a dit la délégation en expliquant que cela exige des ressources financières et technologiques. 

La réduction des risques des catastrophes nécessite de renforcer les capacités, a ensuite averti la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, qui a demandé que Stockholm+50 reconnaisse que la crise environnementale est déjà une crise humanitaire.  Les Émirats arabes unis ont suggéré d’investir dans la parité hommes-femmes, l’environnement, l’agriculture, entre autres, pour faire face à la dégradation de l’environnement et pour soutenir les pays affectés par les changements climatiques.  Les Pays-Bas ont insisté sur l’économie circulaire, des solutions naturelles et l’inclusion des jeunes.  Ce pays vise lui-même un objectif de 100% d’économie circulaire en 2030. 

Il faut préserver la biodiversité, les droits des peuples autochtones, l’utilisation équitable des ressources naturelles et le droit à un environnement sûr et propre, a plaidé la représentante de la jeunesse de l’Éthiopie.  Le Belize a demandé la mise en œuvre de la décision de la COP26 de Glasgow sur la fin du charbon et de l’énergie fossile.  La Chine a dit que la communauté internationale doit être guidée par une politique qui respecte et protège la nature. 

Dialogue interactif 2: « Parvenir à un relèvement durable et inclusif après la pandémie de maladie à coronavirus (COVID-19) »

M. STEPHAN CONTIUS, du Ministère fédéral pour l’environnement et la protection des consommateurs de l’Allemagne, a ouvert ce dialogue en rappelant l’euphorie qui a marqué l’adoption du Programme 2030, triomphe du multilatéralisme.  Il a noté que les émissions de gaz à effet de serre ont baissé lors de la pandémie.  Cette pandémie a montré que les crises doivent être réglées au moyen de la coopération internationale, a dit M. Contius, en appelant à une gestion efficace des ressources.  Il a insisté sur l’importance de Stockholm+50 dans la réponse aux grands défis que sont les changements climatiques ou bien encore la perte en biodiversité, avant de souligner les avancées accomplies jusqu’à présent.  Il a évoqué à cet égard le secteur de la production agroalimentaire, qui est devenu plus respectueux de l’environnement, ou bien encore la proportion accrue des énergies renouvelables dans le bouquet énergétique mondial.  La pratique du recyclage permet aussi de réduire les émissions de gaz à effet de serre, a conclu M. Contius. 

M. IBNU WAHYUTOMO, du Ministère des affaires étrangères de l’Indonésie, a, lui, appelé à combler la fracture numérique, mise à nu par la pandémie, et à mieux protéger les données personnelles, en cette ère du tout-numérique.  La révolution numérique, si elle est positive, doit être plus inclusive et profiter davantage aux pays vulnérables.  Il a par ailleurs loué l’importance de la coopération Sud-Sud et de la coopération triangulaire pour la réalisation du Programme 2030, mais prévenu que la réalisation de ce programme nécessite des ressources supplémentaires.  M. Wahyutomo a aussi plaidé en faveur du renforcement des capacités des pays en développement pour arriver à réaliser les objectifs de 2030.

Lors du dialogue, les délégations ont, dans ce contexte de crise climatique aiguë, avancé des propositions pour un relèvement durable après la pandémie, en insistant notamment sur les enjeux financiers sous-jacents. 

La Thaïlande a insisté sur l’apport des nouvelles technologies pour la promotion d’une économie verte, tandis que l’Inde a plaidé pour des transferts de technologies accrus vers les pays en développement et un accès équitable aux vaccins contre la COVID-19.  L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a, elle aussi, insisté sur l’importance de la technologie pour des systèmes de production agricole plus résilients.

Appuyée par El Salvador ou bien encore le Bangladesh, la Barbade, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a invité les pays développés à honorer leurs engagements vis-à-vis des pays en développement s’agissant de l’atténuation des conséquences des changements climatiques, avec notamment la mobilisation de 100 milliards de dollars.  « Un indice de vulnérabilité devrait aussi être adopté », a déclaré la Barbade, à l’instar d’Antigua-et-Barbuda.  « Les pays insulaires en développement doivent également avoir accès à des prêts préférentiels », a dit la délégation de ce pays.

Dans ce droit fil, l’Union européenne a proposé que les risques climatiques soient inclus dans l’octroi des prêts, avant d’inviter les institutions financières internationales à contribuer à la réalisation des objectifs environnementaux.

Le Réseau de jeunes catholiques pour la viabilité de l’environnement en Afrique (CYNESA) a préconisé la création d’un poste de représentant spécial pour les générations futures, tant l’équité intergénérationnelle est capitale.  Une position partagée par le grand groupe des enfants et des jeunes qui a souligné l’importance que ceux-ci, en particulier dans les zones de conflit, soient reconnus et entendus.  La représentante de Public Services International a défendu une économie décarbonée, refondée et qui réponde aux besoins de tous, pas seulement ceux de « quelques milliardaires ».  Enfin, la déléguée de la jeunesse de la Suède a invité à reconnaître le colonialisme comme « une injustice historique » et demandé que le crime « d’écocide » soit reconnu en tant que tel.

M. Contius a repris la parole pour saluer la richesse des contributions de ce jour, avant d’en faire une rapide synthèse, tandis que M. Wahyutomo a, lui, insisté sur l’importance de réduire les inégalités -au sein des pays et entre les pays-, qui se sont aggravées pendant la pandémie.  Il est aussi capital de renforcer la résilience du monde face aux crises futures, a-t-il conclu, en espérant que Stockholm+50 soit l’occasion d’une « relance » du multilatéralisme.

Dialogue interactif 3: « Accélérer la mise en œuvre du volet environnemental du développement durable dans le cadre de la décennie d’action et de réalisations en faveur des objectifs de développement durable »

Sous la houlette de Mme ANNIKA LINDBLOM, Directrice des affaires internationales et européennes du Ministère de l’environnement de la Finlande, et de Mme MIRANDE GOUBRAN, Directrice des questions du climat et de l’environnement du Ministère des affaires étrangères de l’Égypte, ce troisième dialogue a vu des délégations mettre l’accent sur l’importance de la fiscalité et d’autres formes d’incitations pour favoriser des modes de consommation durable en rappelant la nécessité de respecter les engagements et feuilles de route agréés, tel que le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  La criminalisation de la dégradation environnementale, la préservation des 3 000 langues autochtones menacées et le transfert de technologies en phase avec les vulnérabilités des pays en développement ont aussi été présentés comme des moyens d’accélérer la réalisation du développement durable.

« Il faut que les systèmes fiscaux se détournent des pratiques nuisibles à l’environnement », a insisté l’Union européenne (UE) avant d’appeler à désinvestir des énergies fossiles et à s’appuyer sur les opportunités numériques pour atteindre les objectifs de développement durable.  « Il faut trouver les bonnes incitations et les bons cadres de mise en œuvre », a expliqué le représentant de ABB group en citant des études qui montrent que 55% des réductions d’émissions potentielles dépendent du choix des consommateurs.  S’associant à la déclaration de l’UE, l’Espagne a appelé à atteindre l’engagement pris à Copenhague en 2009 de consacrer 100 milliards de dollars par an pour soutenir les pays les plus vulnérables aux changements climatiques, et de doubler d’ici à 2025 les financements de l’adaptation et de l’atténuation par rapport aux niveaux de 2019. 

Si le représentant de Student Platform for Engineering Education Development (SPEED) a demandé la criminalisation de la dégradation de l’environnement et l’inclusion de la notion d’écocide dans le Statut de la Cour pénale internationale (CPI), le représentant des peuples autochtones a appelé à se pencher sur la préservation de 3 000 langues autochtones aujourd’hui menacées en rappelant que ces langues sont porteuses de connaissances décisives pour contribuer au développement durable. 

Face à « la surconsommation des ressources qui menace l’avenir de nos enfants », la Directrice des affaires internationales et européennes du Ministère de l’environnement de la Finlande a souhaité que la réunion Stockholm+50 soit une occasion de renforcer la coopération internationale et un multilatéralisme efficace pour le développement durable.  Mettant l’accent sur plusieurs priorités, la Directrice des questions du climat et de l’environnement du Ministère des affaires étrangères de l’Égypte a cité le financement de la mise en œuvre sur la base du principe de responsabilités communes mais différenciées, la réforme de la gouvernance des institutions pour répondre aux défis actuels et futurs, l’apport de la technologie numérique pour favoriser des modes de vie plus durables, et le renforcement des actions collectives entre pays et toutes les autres parties prenantes. 

En écho à cette intervention, les représentants de pays en développement ont appelé à une aide financière et technologique cohérente et calibrée sur leurs besoins, car ils sont les pays les plus vulnérables aux changements climatiques.  Le transfert de technologies est indispensable pour permettre aux petits États insulaires en développement d’atteindre les objectifs de développement durable (ODD), a notamment plaidé Antigua-et-Barbuda, au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS) avant d’appeler à une coopération internationale ciblée qui réponde aux engagements pris dans les Orientations de Samoa.

Le Guatemala a souligné l’importance de l’appropriation locale, régionale et globale des enjeux environnementaux avec la participation du secteur privé et l’inclusion des femmes, des jeunes et des autochtones, avant d’exhorter les institutions financières internationales à être cohérentes face à la réalité des vulnérabilités.  À l’instar du Suriname, du Zimbabwe et de l’Arabie saoudite, il a dit la nécessité d’une aide financière internationale et d’un transfert de technologies propres en faveur des pays en développement. 

« L’aide aux pays en développement doit être sans conditions », a insisté la Fédération de Russie avant de souhaiter que Stockholm+50 soit l’occasion de parvenir à un débat objectif et non politisé sur la façon dont les pays peuvent coopérer sans créer de nouveaux obstacles ou difficultés.  Regrettant les allégations « fausses » de plusieurs délégations à l’égard de son pays, elle a invité les délégations à s’abstenir de politiser ces débats. 

Au-delà des divergences de points de vue, le Brésil a appelé à se concentrer sur les mécanismes existants en citant le Programme 2030 et le Programme d’action d’Addis-Abeba.  Le Costa Rica a appelé à une vision à long terme sur la base d’un dialogue entre les générations en mettant l’accent sur le bonheur plutôt que le PIB.  Enfin, le représentant de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) a misé sur les coopérations internationales existantes, notamment celle qui permet de lutter contre la pêche illégale.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: sans une solution politique, le Soudan n’est pas à l’abri d’un « effondrement économique et sécuritaire », prévient le Représentant spécial

9006e séance – matin
CS/14844

Conseil de sécurité: sans une solution politique, le Soudan n’est pas à l’abri d’un « effondrement économique et sécuritaire », prévient le Représentant spécial

« À moins de rectifier la trajectoire actuelle, le Soudan se dirigera vers un effondrement économique et sécuritaire, assorti de souffrances humanitaires considérables », a mis en garde ce matin le Représentant spécial du Secrétaire général pour ce pays, M. Volker Perthes, en n’excluant pas une issue comparable à celle que connaissant la Libye ou le Yémen.  

Venu présenter le dernier rapport en date du Secrétaire général sur la situation au Soudan et les activités de la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS), qu’il dirige, M. Perthes a constaté que le pays n’a toujours pas de gouvernement depuis le coup d’État perpétré par l’armée le 25 octobre 2021 et que les manifestations qui se tiennent régulièrement pour protester contre cette prise de pouvoir inconstitutionnelle sont férocement réprimées. 

En conséquence, et en l’absence d’accord politique pour revenir à une transition acceptée de tous, la situation sur les plans économique, humanitaire et sécuritaire se détériore, marquée par la hausse de la criminalité et de l’anarchie dans le pays et des conflits intercommunautaires au Darfour.  Partout, des femmes signalent leur inquiétude croissante quant à leur sécurité, même en plein jour, a relaté le Représentant spécial, pour qui le Soudan pourrait sombrer dans le conflit et les divisions comme cela a été le cas de la Libye ou du Yémen, alors que la région est déjà instable. 

Le haut fonctionnaire a cependant salué les récentes mesures prises par les signataires de l’Accord politique pour débuter la constitution et l’entraînement de forces conjointes de sécurité.  Un premier groupe d’environ 2 000 éléments issus des mouvements armés signataires est en cours de formation par les Forces armées soudanaises afin d’établir le noyau dur de ce qui sera une force de 12 000 hommes, s’est-il félicité. 

Sur le plan politique, M. Perthes a rappelé que depuis la démission du Premier Ministre Hamdok le 2 janvier, la MINUATS avait lancé des consultations intensives en faveur d’un processus politique.  Le rapport y relatif, rendu public le 28 février, synthétise les résultats des 110 réunions de concertation avec plus de 800 participants, dont des femmes. 

Le Chef de la MINUATS a annoncé que l’ONU, l’Union africaine (UA) et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) avaient convenu d’unir leurs efforts pour soutenir le Soudan lors de la prochaine phase de ce processus.  Cependant, pour qu’il ait une chance d’aboutir, des conditions préalables doivent être réunies, a averti M. Perthes, en citant la fin de la violence et la garantie du droit de manifester pacifiquement; la libération des prisonniers politiques ; et un engagement ferme à éliminer progressivement l’état d’urgence dans tout le pays.  Il a aussi exhorté les autorités soudanaises à redoubler d’efforts pour garantir les pleines mises en œuvre du Plan national de protection des civils et de l’Accord de paix de Djouba. 

Pour sa part, le représentant soudanais a insisté sur le fait que la MINUATS doit s’en tenir à faciliter le dialogue politique entre les parties sans essayer d’en influencer l’issue.   S’agissant de l’Accord de Djouba, il a assuré que les autorités en place y restent attachées et que le Président du Conseil de souveraineté s’est rendu à El-Fasher, ce qui a permis de déboucher sur un accord sur le processus de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) et une condamnation des exactions perpétrées contre des sites de l’ONU. 

Le pillage de la base logistique de la MINUATS a d’ailleurs été condamné par les membres du Conseil, notamment les A3 –Ghana, Gabon, et Kenya–, qui ont du reste salué les accords frontaliers passés entre le Soudan et l’Éthiopie pour éviter une reprise des heurts de 2021 et encourager la poursuite des négociations avec les groupes armés non-signataires de l’Accord de Djouba.  Les pays africains siégeant au Conseil ont par ailleurs relevé que la situation socioéconomique du Soudan pâtit gravement de la suspension de l’aide financière internationale, laquelle pourrait encore s’aggraver en raison de la guerre en Ukraine. 

Selon M. Perthes, les effets conjugués des conflits, de la crise économique et de mauvaises récoltes doubleront probablement le nombre de personnes souffrant de la faim aiguë au Soudan, pour atteindre 18 millions de personnes d’ici à septembre 2022, a-t-il précisé.   L’absence d’investissements étrangers et la chute des exportations y sera pour beaucoup, sans compter que le Soudan risque de manquer les échéances fixées par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) pour les négociations en vue d’un soutien économique et budgétaire et un allègement de la dette de 50 milliards de dollars, après être devenu éligible en juin dernier à l’initiative en faveur des pays pauvres et très endettés (PPTE).   

Pour d’autres délégations, dont l’Albanie et l’Irlande, il ne fait aucun doute que le Soudan subit les conséquences de l’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie, qui a fait grimper les prix des denrées alimentaires.   La déléguée russe a réfuté ces informations relayées « dans certains médias occidentaux », en expliquant que cela n’a rien à voir avec l’opération militaire spéciale menée en Ukraine mais plutôt avec le fait que son pays a été exclu du système SWIFT, ses navires bloqués, tout comme sa coopération avec certains organismes humanitaires. 

Pour le Royaume-Uni, c’est le régime militaire qui est à l’origine de la suspension du soutien économique de la communauté internationale.  Les sanctions unilatérales ne font que créer de nouveaux problèmes, a en revanche considéré la Chine, en appelant à « changer de logique et à traiter tous les pays sur un pied d’égalité ». 

Le Soudan a par ailleurs regretté que le dernier rapport en date du Secrétaire général relaie « des faits erronés », notamment au sujet des violations des droits de la personne, abondamment dénoncées par le Représentant spécial, et reprenne des faits antérieurs à la période à l’examen.  À l’avenir, il gagnerait à être davantage impartial, a souhaité la délégation, son homologue russe déplorant la « politisation » de ce document de travail.  La Chine a pour sa part appelé la Mission à s’acquitter du mandat qui lui a été fixé et à tenir compte du point de vue des autorités soudanaises.

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD - S/2022/172

Déclarations

M. VOLKER PERTHES, Représentant spécial du Secrétaire général pour le Soudan et Chef de la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS), a relevé que depuis son dernier exposé au Conseil en janvier, la situation au Soudan ne s’est pas améliorée.  Le pays est resté sans gouvernement depuis le coup d’État du 25 octobre 2021, des manifestations contre cet évènement se poursuivent, férocement réprimées.  En conséquence, et en l’absence d’accord politique pour revenir à une transition acceptée, les situations économique, humanitaire et sécuritaire se détériorent.  Le temps n’est pas du côté du Soudan, a-t-il noté, tout en se disant animé d’un sentiment d’urgence qui est également de plus en plus ressentie par les acteurs soudanais soucieux de la stabilité et de l’existence même de leur pays. 

Sur le plan économique, le Représentant spécial a souligné que le 7 mars dernier, la Banque centrale a annoncé le flottement de la devise, aboutissant à une chute immédiate de la valeur de la livre soudanaise de plus de 35% par rapport au dollar américain.  Dans le même temps, il y a eu une hausse des prix, entre autres, du pain, du carburant, de l’électricité, de médicaments, des soins de santé et des transports publics.  Le Soudan risque également de perdre des milliards de soutien extérieur, car les décaissements de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international (FMI) et d’autres bailleurs de fonds importants ont été suspendus, et continueront de l’être tant qu’aucun gouvernement ne sera en place.  En bref, a résumé le haut fonctionnaire, aucun investissement étranger n’arrive et les exportations diminuent.  De plus, le Soudan risque de manquer les échéances fixées par la Banque mondiale et le FMI pour les négociations en vue d’un soutien économique et budgétaire et un allègement de la dette de 50 milliards de dollars pour lequel le pays était bien parti, après être devenu éligible à l’initiative pays pauvre et très endetté (PPTE) en juin dernier.  

M. Perthes a indiqué que les manifestations à Khartoum et ailleurs, bien qu’encore essentiellement politiques, ou « anti-coup », prennent progressivement une dimension socioéconomique, avec des slogans de plus en plus forts dénonçant la hausse du prix du pain et la détérioration des conditions de vie.  L’aide humanitaire internationale s’est poursuivie et n’a jamais été en pause, mais le nombre de Soudanais dans le besoin augmente.  La combinaison des effets des conflits, de la crise économique et des mauvaises récoltes doublera probablement le nombre de personnes confrontées à la faim aiguë au Soudan, pour atteindre 18 millions de personnes d’ici à septembre 2022, a-t-il prédit.  

En l’absence de solution politique à la crise, la situation sécuritaire s’est également aggravée à travers tout le pays.  La criminalité et l’anarchie progressent, et les conflits intercommunautaires au Darfour se sont intensifiés. Plus concrètement, les agriculteurs ont été dépossédés de leur terre, les biens des ménages pillés et des villages incendiés.  Des femmes de toutes les parties du pays signalent leur inquiétude croissante quant à leur sécurité, même en plein jour.  Lors des dernières violences recensées ce mois-ci, au moins 48 personnes ont été tuées et plus de 12 000 autres déplacées dans le cadre d’un conflit intercommunautaire lié à une dispute autour du contrôle de ressources aurifères à Jebel Moon, au Darfour occidental.  La MINUATS a exhorté à plusieurs reprises les autorités à prendre les mesures nécessaires pour prévenir d’autres conflits.  En outre, la Mission appuie la mise en œuvre des arrangements de sécurité au Darfour à travers la Commission permanente du cessez-le-feu qu’elle préside, le Représentant spécial précisant que le rôle et le mandat de la Commission restent limités à la protection des civils.  Il a salué les récentes mesures prises par les signataires de l’Accord politique pour commencer la formation et la mise en place de forces conjointes de maintien de la sécurité.  Un premier groupe d’environ 2 000 membres des mouvements armés signataires est en cours de formation par les forces armées soudanaises afin d’établir le noyau de ce qui devra former une force de 12 000 hommes. 

M. Perthes a souligné que les revendications pour la fin du régime militaire se poursuivent à Khartoum et ailleurs.  Dans le même temps, les manifestants continuent d’être tués ou gravement blessés et les arrestations ciblent de plus en plus les leaders de la contestation et des dirigeants politiques accusés d’infractions pénales.  De nombreuses personnes interpellées n’ont pas accès à leur famille, à des avocats et à des soins médicaux.  Alors que certains ont été relâchés, nombre d’entre eux étaient toujours détenus, a constaté le Représentant spécial.  Dans le même temps, les femmes continuent d’être ciblées, victimes de violences et d’intimidation par des membres des forces de sécurité.  Au 22 mars, il a été indiqué que 16 d’entre elles auraient été violées lors de manifestations à Khartoum, mais les chiffres pourraient être plus élevés en raison du peu de plaintes. 

En réponse, le Groupe de travail sur la violence sexuelle, qui réunit l’ONU, la société civile locale et la cellule gouvernementale de lutte contre la violence contre les femmes du ministère soudanais des affaires sociales, continue de se réunir régulièrement pour coordonner et renforcer son action.  M. Perthes a salué l’invitation et l’accès aux prisonniers donné par les autorités soudanaises à l’expert onusien des droits humains Adama Dieng en fin février.  Des rapports inquiétants ont également fait état d’une hausse des tensions entre et au sein des différentes forces de sécurité.  Des interlocuteurs craignent qu’en l’absence de solution politique, le Soudan puisse sombrer dans le conflit et les divisions comme on l’a vu en Libye, au Yémen et ailleurs, surtout que la région est déjà en proie à l’instabilité. 

Par ailleurs, à la suite de la démission du Premier Ministre Hamdok le 2 janvier, la MINUATS a lancé des consultations intensives autour d’un processus politique.  Elles se sont déroulées sur une période de cinq semaines pour entendre les Soudanais sur la sortie de crise et la restauration d’une démocratie crédible.  Le rapport de ces consultations, publié le 28 février, donne un aperçu des avis et points de convergence et de divergence partagés avec la mission au cours de 110 réunions de concertation avec plus de 800 participants dont des femmes.  Le Représentant spécial a évoqué un consensus sur la nécessité d’une armée professionnelle unifiée, ainsi que la mise en place de conditions pour des élections crédibles et un processus constitutionnel inclusif.  Il a annoncé que l’ONU, l’Union africaine (UA) et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) ont convenu d’unir leurs efforts pour soutenir le Soudan au cours de la prochaine phase de ce processus politique, en tirant parti de leurs avantages comparatifs.  Notre intention, a-t-il expliqué, est de faciliter une approche inclusive, un processus politique contrôlé et dirigé par les Soudanais, avec la pleine et entière participation significative des femmes, en se concentrant sur un nombre limité de priorités urgentes pour faire face à la crise actuelle et rétablir l’ordre constitutionnel.  Au cours des deux dernières semaines, les trois organisations ont planché sur une approche commune, dans le but de jeter les bases de ce processus, y compris la tenue de consultations individuelles et conjointes avec certaines des principales parties prenantes.  

Pour que ces pourparlers politiques aient une chance d’aboutir, des conditions doivent être créées, a prévenu M. Perthes.  Il a ainsi évoqué la fin de la violence et la garantie du droit de manifester pacifiquement; la libération des prisonniers politique ; et un engagement ferme à éliminer progressivement l’état d’urgence dans le pays.  « À moins que la trajectoire actuelle ne soit corrigée, le pays se dirigera vers un effondrement économique et sécuritaire, avec d’importantes souffrances humanitaires », a mis en garde le Représentant spécial, en appelant toutes les parties prenantes soudanaises à faire certains compromis. 

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a commencé par réaffirmer l’appui de son pays aux efforts de la MINUATS visant à surveiller la situation au Soudan, y compris les droits humains, comme mandaté par le Conseil de sécurité.  Il a ensuite constaté que, depuis la dernière réunion sur le Soudan, l’évolution de la situation ne prête guère à l’optimisme.  En effet, a-t-il dit, l’armée a pris le pouvoir le 25 octobre, affirmant que le Gouvernement civil ne parvenait pas à mettre en œuvre les principaux aspects de la transition.  Pourtant, a observé le représentant, le pays était sur la voie d’une transition pacifique.  Le coup d’État a, malheureusement, mis ces avancées en péril.  Dans ce contexte, il s’est félicité des efforts déployés par l’ONU et l’Union africaine en vue de relancer les pourparlers et de rétablir la transition.  Exhortant toutes les parties, y compris les militaires, à s’engager pleinement et de bonne foi dans la prochaine phase de négociations, il a également appelé les autorités soudanaises à autoriser les manifestations pacifiques, à lever l’état de d’urgence et à remettre en liberté détenus politiques, journalistes et militants. 

De l’avis du délégué, la crise politique et les actions des militaires ont contribué à des retards dans la mise en œuvre de l’Accord de Djouba, entraînant davantage de violence et de marginalisation dans des régions comme le Darfour.  Le coup d’État a eu pour conséquence regrettable d’aggraver les difficultés économiques et les besoins humanitaires croissants à travers le pays, a-t-il souligné, ajoutant que le régime militaire est à l’origine de la pause dans le soutien économique international.  Nous espérons que le rétablissement rapide d’un gouvernement de transition dirigé par des civils créera des conditions propices à des réformes économiques et à un soutien international, notamment à un allégement de la dette, a conclu le représentant, en réitérant le soutien du Royaume-Uni au processus ONU-UA-IGAD. 

Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) a estimé que la feuille de route présentée par le Représentant spécial n’est en aucun cas une « prescription », mais qu’elle consiste à identifier des convergences pour renouer le fil du dialogue.  Elle a appelé de nouveau l’ensemble des acteurs internationaux à soutenir l’action de l’ONU, de l’UA et de l’IGAD, à ne pas interférer avec leurs efforts et à ne pas exploiter les fragilités du Soudan pour des question d’intérêt national.  La priorité immédiate demeure de rétablir une transition démocratique, a identifié la représentante, soulignant l’impasse politique depuis le coup d’État qui remet en cause les acquis de la transition et menace la stabilité du pays: « La répression des manifestations, les violences sexuelles et le harcèlement de la société civile aggravent chaque jour les tensions, et la France les condamne. »  Il incombe maintenant aux autorités militaires de créer les conditions d’une sortie de crise, en décidant le retour à l’ordre constitutionnel, en garantissant les libertés fondamentales, en libérant les détenus politiques et en poursuivant les responsables d’exactions contre les civils, a fait valoir Mme Broadhurst Estival. Elle a poursuivi en exigeant que le droit des Soudanaises et des Soudanais à exprimer pacifiquement leurs opinions sans crainte de violences soit garanti, souhaitant la coopération des autorités soudanaises avec la MINUATS dans la mise en œuvre de son mandat relatif aux droits de l’homme. 

Également préoccupée par la recrudescence des violences au Darfour et dans les « Deux Régions », la déléguée a toutefois salué la poursuite des travaux du comité du cessez-le-feu, appuyés par la MINUATS, qui ont permis quelques avancées. Les autorités et les parties signataires doivent impérativement accélérer le déploiement de la force conjointe et s’accorder sur les modalités de la réintégration des combattants et l’accès humanitaire doit être garanti.  Mme Broadhurst Estival a également encouragé les autorités à poursuivre leurs contacts avec les groupes non-signataires des accords de Djouba ainsi que leurs efforts pour apaiser les tensions dans l’est du Soudan. 

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a jugé essentiel que la MINUATS soit en mesure de fournir une représentation complète et équilibrée de la situation au Soudan dans ses rapports au Conseil.  Les États-Unis appuient pleinement les efforts de collaboration de la Mission, de l’UA et de l’IGAD pour faciliter un processus politique dirigé par les Soudanais, lequel rétablira une transition civile vers la démocratie.  Pour que ce processus soit efficace, les services militaires et de sécurité doivent prendre des mesures concrètes pour créer un environnement dans lequel tous les acteurs peuvent participer en toute sécurité aux négociations, a plaidé la représentante.  Elle a appelé les autorités soudanaises à mettre immédiatement fin aux détentions injustes d’activistes de la société civile, d’hommes politiques, de journalistes, de personnalités culturelles et de travailleurs humanitaires.  De même, les autorités doivent autoriser les médias à rouvrir et mettre fin aux coupures de communication.  Nous appelons également les autorités à tenir sans délai pour responsables les responsables d’atteintes et de violations des droits humains, y compris l’usage excessif de la force contre des manifestants pacifiques, a dit Mme Thomas-Greenfield. 

C’est parce que les États-Unis sont aux côtés du peuple soudanais dans sa quête d’un Soudan démocratique, respectueux des droits de l’homme et prospère que Washington a désigné la police soudanaise comme auteure de graves atteintes aux droits humains commises lors de manifestations prodémocratie.  Nous continuerons de tout mettre en œuvre pour arrêter la violence et faire pression pour une restauration de la transition démocratique au Soudan, a justifié la représentante. Elle a également promis que les États-Unis continueront à faire pression pour un accès humanitaire soutenu et sans entrave à toutes les populations touchées par le conflit et déplacées.  Enfin, elle a condamné la violence au Darfour et ailleurs au Soudan, exprimant son inquiétude quant à son impact sur le peuple soudanais, avant d’exhorter les autorités soudanaises à mettre en œuvre le plan national de protection civile du Gouvernement soudanais. 

Au nom des A3 (Gabon, Kenya, et Ghana), M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) s’est dit préoccupé par l’impasse politique au Soudan, qui a fait dérailler le processus de transition.  Appelant de ses vœux le rétablissement d’un gouvernement civil, il a déploré l’absence, dans les circonstances actuelles, d’un Premier Ministre et de composantes émanant du Conseil de souveraineté.  Sur cette base, le représentant a exhorté toutes les parties prenantes à mettre au cœur de leurs discussions les intérêts du peuple soudanais, afin d’ouvrir la voie à la paix et à la stabilité. Saluant à cet égard l’ouverture d’un processus intrasoudanais, il a noté que l’évaluation réalisée par l’Union africaine et l’IGAD fait état de défiance de part et d’autre.  Il a donc appelé les dirigeants soudanais, la MINUATS et les organes régionaux à favoriser la confiance entre les différentes parties.  Évoquant ensuite la poursuite de conflits intermittents et de violences entre communautés, il a demandé à chacun de faire preuve de retenue et de protéger les civils.  Il a également appelé les autorités soudanaises à ne pas réprimer les personnes qui manifestent pacifiquement pour le retour à l’ordre constitutionnel. Après avoir dénoncé le pillage de la base logistique de la MINUATS, il a salué les accords frontaliers passés entre le Soudan et l’Éthiopie pour éviter une reprise des heurts de 2021 et encouragé la poursuite des négociations avec les groupes armés non-signataires de l’Accord de Djouba.  Il a par ailleurs relevé que la situation socioéconomique du Soudan pâtit gravement de la suspension de l’aide financière internationale, avant d’avertir d’une possible aggravation en raison de la guerre en Ukraine.  Selon le délégué, il importe par conséquent de régler les différends politiques pour aider les bailleurs de fonds à se réinvestir dans le pays. 

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a noté la complexité de la situation au Soudan avec une crise politique qui s’installe, la cessation du soutien des bailleurs de fonds et une crise économique et humanitaire.  Elle a soutenu l’approche consistant à engager un dialogue national pour permettre à tous les acteurs soudanais d’œuvrer à une sortie de crise durable, ainsi que la poursuite du régime de cessez-le-feu sur tout le territoire, ainsi que l’attachement de sa délégation à l’accord de paix de Djouba.  La représentante a également salué les efforts de l’IGAD et de l’UA au Soudan avant d’appeler toutes les parties soudanaises à accorder la priorité aux intérêts nationaux en soutenant le règlement des difficultés actuelles par la voie du dialogue. 

S’agissant du dernier rapport en date du Secrétaire général sur la situation au Soudan, la Fédération de Russie lui reproche sa « politisation ».  Ce document se concentre sur des questions « certes importantes, mais secondaires », au lieu de retenir aussi les progrès accomplis pendant cette période de transition, a regretté la représentante.  Elle a donc demandé à la Mission politique spéciale de respecter à la lettre son mandat et de se garder de toute politisation.  La Fédération de Russie est contre les mesures de pression politique et de chantage économique utilisées jusque-là au Soudan, a poursuivi la déléguée, convaincue que les Soudanais peuvent régler eux-mêmes leurs problèmes.  Ces mesures n’ont fait que contribuer à l’instabilité dans le pays, a-t-elle estimé. 

La déléguée a ensuite réfuté les informations relayées dans certains médias occidentaux accusant la Fédération de Russie d’être à l’origine de la flambée des prix des denrées alimentaires, en expliquant que cela n’a rien à voir avec l’opération militaire spéciale menée en Ukraine mais tout avec le fait que la Russie est exclue du système SWIFT, ses navires bloqués tout comme sa coopération avec certains organismes humanitaires.  « N’écoutez pas les sirènes actuelles de la propagande antirusse », a-t-elle lancé aux autres membres du Conseil.  Avant de conclure, la représentante a demandé que le délai du 31 août 2022 soit respecté pour l’élaboration de critères clairs de réévaluation de la situation au Soudan et le bien-fondé du régime des sanctions qui le vise. 

M. T. S. TIRUMURTI (Inde) a relevé qu’une confiance et une compréhension mutuelles des parties soudanaises est cruciale pour sortir de l’impasse actuelle.  Le processus de transition doit être inclusif afin de répondre aux préoccupations de toutes les parties.  Le document constitutionnel de 2019 doit rester la base du processus de transition, a-t-il indiqué, avant de saluer les initiatives conjointes de l’ONU, de l’UA et de l’IGAD pour relancer les négociations entre les parties soudanaises. 

Sur le plan économique, les derniers développements dans le pays ont conduit la communauté internationale à suspendre le soutien économique apporté au pays, a par ailleurs noté le représentant qui a souligné que le Soudan a besoin de « notre soutien à tous ».  Il a déploré les cas de violences et de pillages au Darfour et a salué les mesures gouvernementales pour calmer la situation.  La création d’une autorité pour l’égalité des sexes au sein de la police est également louable.  Le délégué a espéré que le prochain rapport de la MINUATS prendra en compte les préoccupations formulées par la délégation soudanaise au sujet du non-respect du mandat de la MINUATS. 

M. BING DAI (Chine) a estimé qu’en dépit des difficultés récentes, le processus de transition au Soudan va dans la bonne direction.  La communauté internationale doit faire preuve de patience et aider le pays à évoluer en fonction de sa situation, a plaidé le représentant.  Pour ce faire, il convient, selon lui, de faire progresser la transition avec le soutien de la communauté internationale. Dans ce cadre, le lancement du processus intrasoudanais doit être appuyé et bénéficier de la participation active de toutes les factions politiques soudanaises.  De même, afin de prévenir toute interférence, la MINUATS doit se concentrer sur ses mandats et respecter le point de vue des autorités soudaines, a souligné le délégué, insistant sur le fait que les moyens de parvenir à la démocratie sont « divers » et qu’il importe d’éviter d’imposer des « conditions extérieures ». 

Qualifiant par ailleurs la situation au Darfour de « stable », malgré la persistance d’affrontements communautaires et d’activités criminelles, il a condamné le pillage d’installations de la MINUATS et du PAM, avant de demander à être informé sur les progrès des enquêtes menées sur ces exactions.  Il a également jugé essentiel de relancer la croissance économique du pays, au moment où l’inflation est forte et les revenus des ménages de plus en plus faibles, ce qui contribue à l’instabilité.  À ses yeux, le fait que certains pays et organisations aient décidé de suspendre leur assistance au Soudan ne contribue pas à son relèvement.  Il a donc appelé la MINUATS à mobiliser l’aide au gouvernement en place, estimant en outre qu’il convient de lever les sanctions à l’encontre du Soudan.  Après le retrait de la MINUAD, il est aujourd’hui urgent d’augmenter les capacités des forces soudanaises, a-t-il affirmé, constatant que les sanctions unilatérales ne font que créer de nouveaux problèmes sur les plans alimentaire, énergétique et humanitaire.  Il faut changer de logique et traiter tous les pays sur un pied d’égalité, a fait valoir le représentant. 

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a condamné l’utilisation continue contre des civils, depuis le coup d’État d’octobre dernier au Soudan, de tactiques violentes par les forces de sécurité, qui ont fait des centaines de morts et de blessés, ainsi que la violence sexuelle à laquelle il est recouru pour intimider et punir femmes et hommes exerçant leurs droits civils et politiques.  Elle s’est également dite préoccupée par la détention de manifestants, de militants et de personnalités politiques de premier plan, ce qui entrave le règlement politique de la crise.  Mme Byrne Nason a souligné l’urgence de reprendre le chemin de la transition, de la consolidation de la paix et de la mise en œuvre de l’Accord de paix de Djouba, appelant aussi les autorités soudanaises à respecter leurs engagements en matière de justice transitionnelle, y compris l’obligation de coopérer avec la Cour pénale internationale. 

Abordant ensuite la « catastrophe économique » à laquelle est confronté le Soudan, la représentante a affirmé qu’elle découle directement du coup d’État militaire.  Les réformes économiques et de gouvernance durement gagnées ont été annulées par cet acte, a-t-elle regretté, avant même qu’elles n’aient eu la chance de profiter pleinement au peuple.  En outre, il ne fait aucun doute à ses yeux que le Soudan subit les conséquences de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, qui fait grimper les prix des denrées alimentaires de base, a poursuivi la représentante, en rappelant que le PAM et la FAO ont annoncé que le nombre de personnes souffrant de faim aiguë au Soudan doublera probablement, pour atteindre plus de 18 millions d’ici à septembre 2022.  En attendant le retour à l’ordre constitutionnel et à une transition démocratique civile, l’UE et la communauté internationale veilleront à ce que l’aide humanitaire continue d’être acheminée vers ceux qui en ont le plus besoin au Soudan, a assuré Mme Byrne Nason.  Elle a conclu en soutenant le travail de l’Envoyé spécial Volker, aux côtés de l’UA et de l’IGAD, pour faciliter le processus de consultation politique.  L’Irlande appelle toutes les parties à s’engager dans ce processus de bonne foi et avec un esprit d’ouverture afin de trouver un accord sur une sortie de crise et une transition menée par les civils. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) a regretté qu’aucun exposé n’ait été fait par un représentant de la société civile aujourd’hui, avant de se dire profondément préoccupée par les violations des droits humains commises au Soudan, en particulier par les forces de sécurité - y compris l’utilisation de balles réelles contre des manifestants et le recours à l’intimidation, au harcèlement et à la violence sexuelle contre les femmes et les filles.  Pour le délégué, les auteurs doivent être tenus pour responsables de leurs actes.  Il a ensuite salué les efforts de l’expert des droits de la personne des Nations Unies, M. Adama Dieng, réaffirmant que son travail doit se poursuivre sans entrave, et les autorités soudanaises pleinement coopérer avec lui.  Le délégué a encouragé toutes les parties prenantes soudanaises à continuer de s’engager de manière constructive dans le processus politique pour restaurer une transition constitutionnellement légitime et reprendre le chemin d’une autorité civile et de la démocratie au Soudan.  Il a constaté que ces derniers mois, l’instabilité politique à Khartoum a débordé, notamment au Darfour, où la violence est exacerbée par le retour des combattants de Libye.  La communauté internationale se tient prête à renouer avec les autorités soudanaises politiquement, économiquement et financièrement, si une véritable volonté politique est observée sur le terrain, a assuré le représentant. 

Mme MONA JUUL (Norvège) a salué le rôle joué par la MINUATS dans la conclusion de la première phase des consultations politiques au Soudan.  Alors que le processus passe à la phase suivante, elle s’est félicitée de la coopération étroite entre l’ONU, l’Union africaine et l’IGAD, avant d’exhorter toutes les parties prenantes soudanaises à s’engager de manière constructive et inclusive dans ces pourparlers. Elle a toutefois constaté un ralentissement dans la mise en œuvre de l’Accord de Djouba, estimant que cette situation exige des signataires qu’ils s’impliquent de manière constructive et s’abstiennent de toute action illégale.  Nous attendons des autorités soudanaises ainsi que des signataires et non-signataires de l’Accord qu’ils prennent des mesures urgentes de désescalade et réduisent le risque de nouveaux conflits, au Darfour comme dans le reste du pays, a-t-elle affirmé. Rappelant à cet égard que les autorités nationales sont responsables au premier chef de la protection des civils, notamment des enfants, elle a souhaité que le plan national prévu à cet effet soit rapidement mis en œuvre, avec le soutien de la MINUATS.  Pour la représentante, seuls la reprise économique, la poursuite du développement et la relance de l’application de l’Accord de paix permettront au pays d’avancer vers la transition démocratique. 

Préoccupé par l’impasse politique au Soudan, M. JOÃO GENESIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil), a mis en garde contre ses conséquences potentielles à l’intérieur et à l’extérieur du pays.  Constatant aussi le revers subi par la société civile soudanaise depuis le coup d’État, il a regretté que la transition civile amorcée en 2019 est maintenant dans l’impasse.  Il a appelé à trouver un accord sur les préoccupations et valeurs commune, insistant en outre sur l’importance de consultations inclusives.  Ces consultations ont permis à différentes voix de participer au débat politique, dont les femmes et les jeunes, a noté le délégué en insistant sur l’importance de l’inclusivité et d’un processus mené par les Soudanais eux-mêmes. 

M. JUAN GÓMEZ ROBLEDO VERDUZCO (Mexique) a indiqué qu’après la fin de la première étape des consultations, il sera essentiel pour les parties d’assumer leur responsabilité et d’avancer dans le même esprit constructif.  Bien que des divergences persistent, il existe aussi des domaines de consensus et c’est sur ceux-ci que vous devez vous concentrer, a-t-il dit à l’endroit des parties soudanaises.  Le représentant a dit craindre que la situation sécuritaire, au Darfour notamment, ne menace de ralentir le processus politique.  Il a condamné les violences intercommunautaires, ainsi que les agressions sexuelles contre les femmes, les graves violations contre les enfants et les disparitions de mineurs. Il est également déplorable que l’octroi de larges pouvoirs aux forces de sécurité pour faire face aux manifestations de ces derniers mois s’est traduit par des abus et violations des droits humains, a-t-il regretté.  Préoccupé par le pillage de l’assistance humanitaire au Darfour, il a appelé les autorités à garantir la sécurité du personnel et des fournitures humanitaires.  Il a ensuite exhorté les autorités soudanaises à redoubler d’efforts pour garantir la pleine mise en œuvre du Plan national de protection des civils et faire avancer la mise en œuvre de l’Accord de paix de Djouba. 

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) s’est félicitée de la poursuite des efforts de consultations entre les parties soudanaises pour faire avancer le processus de transition.  Elle s’est cependant déclarée préoccupée par la situation socioéconomique et humanitaire du Soudan, regrettant à cet égard les effets négatifs qu’a eu la suspension de l’aide internationale sur l’économie du pays. Les prix alimentaires ont brusquement augmenté et la fourniture de biens et services essentiels connaît de graves contraintes, aggravées par la crise climatique, a-t-elle relevé, avant d’appeler les États Membres à répondre aux besoins humanitaires du pays.  Elle a d’autre part déploré que moins de 5% des Soudanais sont complètement vaccinés contre la COVID-19, ce qui exige selon elle d’accroître les investissements dans le système sanitaire national.  Pour ce qui est de la situation sécuritaire, la représentante a salué les efforts du gouvernement en place destiné à maintenir l’ordre.  Elle a également estimé que l’opérationnalisation du Comité du cessez-le-feu permanent au Darfour est essentielle pour la stabilité, en particulier dans le contexte d’intégration des forces armées. Face à ces différents défis, a-t-elle ajouté, notre responsabilité principale doit être de favoriser les progrès de la transition politique et de soutenir les aspirations du « peuple frère » du Soudan. 

M. AMMAR MOHAMMED MAHMOUD MOHAMMED (Soudan) est revenu sur les efforts consentis pour garantir le succès de la transition politique dans son pays en assurant que les acteurs de la société soudanaise continuent de participer au dialogue politique, en particulier les jeunes.  Il a reconnu les difficultés rencontrées par le processus politique, tout en assurant que les autorités restent engagées à réaliser les objectifs et valeurs de 2019. 

Pour cela, les autorités soudanaises souhaitent parvenir à un consensus sur une vision d’ensemble fondée sur un dialogue avec tous les acteurs du pays sans exception, la mise en place d’un gouvernement, des amendements constitutionnels et des élections libres et justes au terme du processus de consultations.  À cet égard, le représentant a insisté sur le fait que le rôle de la MINUATS doit se limiter à faciliter le dialogue politique entre les parties sans essayer d’influencer l’issue de ces consultations.  S’agissant de la mise en œuvre de l’Accord de Djouba, il a assuré que les autorités soudanaises y restent attachées et que le Président du Conseil souverain s’est rendu à Al-Fashar, ce qui a débouché entre autres sur un accord sur le processus de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) et une condamnation des exactions perpétrées contre des sites de l’ONU.  Le représentant a de nouveau constaté qu’actuellement, les entités internationales et les bailleurs de fonds n’honorent pas leurs engagements financiers alors que le Gouvernement soudanais fait de son mieux pour traverser cette période politique très complexe.  Il les a exhortés à soutenir son pays sans tarder. 

Sur le plan économique, le Soudan continue de mettre en œuvre des réformes « lourdes mais nécessaires », comme le flottement complet du taux de change de la livre soudanaise, a expliqué le représentant, le but étant de stabiliser le taux de change et de renforcer la capacité d’attirer des ressources financières dans le pays.  La reprise de la coopération et l’assistance au développement avec les partenaires bilatéraux et les institutions financières internationales sont essentielles, a-t-il insisté, avant d’appeler la communauté internationale à prêter l’assistance humanitaire requise aux nombreux réfugiés soudanais. 

Évoquant le dernier rapport en date du Secrétaire général, le Soudan a regretté que ce rapport relate « des faits erronés », notamment au sujet des violations des droits de la personne, et reprenne des faits antérieurs à la période à l’examen.  À l’avenir, ce rapport gagnerait à être plus professionnel et impartial, a estimé le représentant, pour aider le Conseil de sécurité à réellement suivre la situation sur le terrain. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: le Président du Comité 1591 sur le Soudan avertit que l’absence de soutien « réel » de la communauté internationale risque de compromettre l’Accord de paix de Djouba

9005e séance – matin
CS/14843

Conseil de sécurité: le Président du Comité 1591 sur le Soudan avertit que l’absence de soutien « réel » de la communauté internationale risque de compromettre l’Accord de paix de Djouba

Le Président du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1591 (2005) concernant le Soudan a prévenu, ce matin, devant le Conseil de sécurité, que l’application de l’Accord de paix de Djouba risque d’être compromise en raison de l’absence d’un soutien réel de la communauté internationale au Soudan.  De son côté, la délégation soudanaise a plaidé pour la levée des sanctions afin « d’aider le Soudan à avancer ». 

Dans son exposé trimestriel au Conseil de sécurité, M. Harold Adlai Agyeman (Ghana), a fait le point sur le travail du Comité pour la période allant du 11 décembre 2021 jusqu’à aujourd’hui.  Pendant cette période, le rapport annuel du Comité de sanctions a été publié et des consultations officieuses ont été tenues, y compris avec le Groupe d’experts sur le Soudan qui lui a remis son dernier rapport en décembre 2021, un document qui a ensuite été discuté avec le Comité en janvier 2022.  Le Comité a ensuite envoyé une lettre au représentant du Soudan dans laquelle certaines des recommandations du Groupe d’experts ont été réitérées. 

Le 12 mars 2022, le Comité a entendu le dernier exposé trimestriel du Groupe d’experts, a poursuivi M. Agyeman.  À cette occasion les experts ont constaté la lenteur dans l’application de l’Accord de paix de Djouba, la persistance de tensions intercommunautaires, et l’insuffisance de la protection des civils notamment en raison des capacités limitées des forces de police, tandis que l’aide des bailleurs de fonds au Soudan est largement gelée.  « L’application de l’Accord de paix de Djouba risque d’être compromise en raison de l’absence d’un soutien réel de la communauté internationale au Soudan », a prévenu le Président du Comité qui a par ailleurs rappelé que le régime de sanctions a été établi pour soutenir une paix durable au Soudan et non pas pour le punir. 

Mais aux yeux de la délégation du Soudan, ces sanctions ne sont pas en cohérence avec la situation sur le terrain au Darfour, où, a-t-elle affirmé, les affrontements communautaires ne changent rien au fait qu’il existe une stabilité nouvelle et qu’il convient d’en tenir compte. 

Depuis la signature de l’Accord de Djouba en octobre 2020, toutes les parties travaillent à son application et les autorités soudanaises, en particulier le Conseil de souveraineté, les impliquent toutes, a assuré le représentant qui a également évoqué les efforts déployés pour former des forces conjointes en les intégrant aux forces armées régulières. 

Selo lui, le principal obstacle à la mise en œuvre de l’Accord de Djouba est que toutes les parties n’ont pas honoré leurs engagements financiers.  De son côté, a-t-il ajouté, le Gouvernement du Soudan a fait son possible pour atteindre les dividendes de la paix mais ses ressources sont limitées, d’où l’importance pour la communauté internationale de lui fournir une aide, notamment pour répondre aux besoins du programme DDR qui exige d’importants moyens. 

Observant à cet égard qu’il n’y a pas eu, ces derniers temps, de confrontations entre les forces armées et des groupes armés non-signataires de l’Accord, il s’est félicité que le Conseil de souveraineté ait réussi à conclure un cessez-le-feu dans les zones de conflit, son objectif étant d’établir une paix durable. 

« Il est à présent temps de lever les sanctions de façon à maintenir la paix et aider le Soudan à avancer », a déclaré le représentant, ce qui permettrait aussi, selon lui, de lutter efficacement contre la criminalité organisée des gangs qui se livrent à des actions transfrontalières.  Rappelant en outre l’intention exprimée par le Conseil de sécurité dans sa résolution 2620 (2022) de réexaminer les sanctions, il a assuré que le Soudan est tout à fait prêt à s’engager dans ces efforts. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission de la condition de la femme adopte des conclusions concertées « historiques » qui font le lien entre égalité des sexes et changements climatiques

Soixante-sixième session,
12e séance plénière, après-midi
FEM/2220

La Commission de la condition de la femme adopte des conclusions concertées « historiques » qui font le lien entre égalité des sexes et changements climatiques

La Commission de la condition de la femme a adopté, tard dans la soirée mais sous les applaudissements, les conclusions concertées sur le thème prioritaire de sa soixante-sixième session, un texte « historique » qui met pour la première fois en exergue les liens entre l’égalité femmes-hommes et les changements climatiques. 

« Ce soir, l’heure est à la célébration », s’est félicitée la Vice-Présidente de la Commission, Mme Antje Leendertse, qui a salué le travail constructif qui a prévalu tout au long des 60 heures de négociations et de révisions qui ont précédé l’adoption du texte. 

Les conclusions concertées paraîtront prochainement dans leur version anglaise sous la cote E/CN.6/2022/L.7.  Cette soixante-sixième session avait pour thème « réalisation de l’égalité des genres et avancement de toutes les femmes et de toutes les filles dans le contexte des politiques et programmes dans les domaines des changements climatiques et de la réduction des risques environnementaux et des risques de catastrophes ». 

Au préalable, la Commission a adopté sans vote un texte sur la « Libération des femmes et des enfants pris en otage lors de conflits armés, y compris de celles et ceux qui sont emprisonnés ultérieurement », ainsi qu’un projet de résolution intitulé « Les femmes et les filles face au VIH et au sida ». 

Elle s’est également prononcée sur le « Trentième anniversaire de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes », et l’organisation future de ses travaux et méthodes de travail avant d’adopter l’ordre du jour provisoire de sa soixante-septième session qui aura pour thème « innovation et évolution technologique, et éducation à l’ère du numérique aux fins de la réalisation de l’égalité des sexes et de l’autonomisation de toutes les femmes et de toutes les filles ».  Elle a aussi adopté son projet de rapport pour la présente session. 

La Présidente de la Commission, Mme Mathu Joyini (Afrique du Sud), a ensuite brièvement ouvert les travaux de la soixante-septième session qu’elle présidera également.  Mme Pilar Eugenio (Argentine), Mme Antje Leendertse (Allemagne) et M. Māris Burbergs (Lettonie) conserveront pour leur part leurs postes respectifs de Vice-Présidents.  La composition du bureau complet sera connue plus tard. 

De même, l’élection de trois membres du Groupe de travail chargé de l’examen des communications relatives à la condition de la femme a été reportée à une date ultérieure. 

ADOPTION DE L’ORDRE DU JOUR ET AUTRES QUESTIONS D’ORGANISATION

Décision sur les projets de proposition 

Par le projet de résolution intitulé « Organisation future des travaux et méthodes de travail de la Commission de la condition de la femme » (E/CN.6/2022/L.5), et adopté sans vote, le Conseil économique et social déciderait que la session de la Commission continuera de comporter un débat ministériel, et que ce débat s’articulera autour de tables rondes ministérielles ou d’autres dialogues interactifs de haut niveau, ainsi que d’un débat général sur la suite donnée à la quatrième Conférence mondiale sur les femmes et à la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale. 

Il déciderait aussi que la Commission continuera d’examiner un thème prioritaire à chaque session, et que le débat annuel sur le thème prioritaire donnera lieu à un document final qui prendra la forme de conclusions concertées brèves et succinctes, négociées par tous les États Membres et comportant des recommandations concrètes sur les dispositions et mesures à prendre pour remédier aux lacunes qui demeurent, surmonter les difficultés et accélérer la mise en œuvre des engagements. 

Le Conseil déciderait d’autre part que la Commission évaluera à chaque session les progrès réalisés dans la mise en œuvre des conclusions concertées sur le thème prioritaire d’une session précédente, en tant que thème de l’évaluation, dans le cadre d’un dialogue interactif. 

Enfin, il déciderait qu’à sa soixante et onzième session, en 2027, la Commission devrait revoir plus avant ses méthodes de travail. 

Intervenant après l’adoption, le Brésil a salué le travail réalisé par l’Allemagne, en sa qualité de facilitateur  

Aux termes du projet de résolution intitulé « Trentième anniversaire de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes » (E/CN.6/2022/L.6), adopté sans vote, le Conseil économique et social déciderait qu’à sa soixante-neuvième session, en 2025, la Commission de la condition de la femme entreprendra un examen et une évaluation de la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing et des textes issus de la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale. 

Dans cette perspective, il engagerait tous les États à entreprendre à l’échelon national un examen d’ensemble des progrès accomplis et des difficultés rencontrées dans la mise en œuvre du Programme d’action et des textes issus de la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale, et encouragerait les commissions régionales à faire de même à l’échelon régional de façon que les résultats des processus intergouvernementaux régionaux puissent être intégrés à l’examen de 2025. 

De plus, il encouragerait vivement les gouvernements à continuer de favoriser l’action et la participation de la société civile, en particulier des organisations non gouvernementales et des organisations de femmes, ainsi que des institutions nationales des droits humains. 

Suite donnée à la quatrième Conférence mondiale sur les femmes et à la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale intitulée « Les femmes en l’an 2000: égalité entre les sexes, développement et paix pour le XXIe siècle 

Décision sur les projets de proposition 

En adoptant sans vote le projet de résolution intitulé « Les femmes et les filles face au VIH et au sida » (E/CN.6/2022/L.3), présenté par le Malawi au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), le Conseil économique et social des Nations Unies réaffirmerait sa détermination constante à respecter les engagements pris dans la résolution 60/2 et exhorterait les États Membres à en accélérer la concrétisation. 

En adoptant sans vote le projet de résolution intitulé « Libération des femmes et des enfants pris en otage lors de conflits armés, y compris de celles et ceux qui sont emprisonnés ultérieurement » (E/CN.6/2022/L.4), le Conseil économique et social engagerait les États parties à des conflits armés à prendre, dans les meilleurs délais, toutes les dispositions nécessaires pour établir l’identité des femmes et des enfants pris en otage lors des conflits armés, y compris celles et ceux emprisonnés ultérieurement, enquêter sur leur sort et les localiser et, dans toute la mesure possible, fournir à leur famille, par les voies appropriées, tout renseignement en leur possession à ce sujet. 

Par ce texte, l’ECOSOC exhorterait toutes les parties à un conflit armé à faire en sorte qu’une assistance humanitaire puisse être acheminée sans entrave, en toute sécurité et en temps voulu aux femmes et enfants pris en otage, y compris à celles et ceux qui sont emprisonnés ultérieurement. 

Il exhorterait également toutes les parties à un conflit armé à coopérer pleinement avec le Comité international de la Croix-Rouge et, le cas échéant, avec les sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, pour enquêter sur le sort des femmes et des enfants pris en otage lors de conflits armés, y compris de celles et ceux qui sont emprisonnés ultérieurement, et les localiser. 

Par ailleurs, l’ECOSOC soulignerait qu’il importe d’aborder dans le cadre du processus de paix la question de la libération des femmes et des enfants pris en otage lors de conflits armés, y compris de celles et ceux qui sont emprisonnés ultérieurement. 

Enfin, il prierait le Secrétaire général et toutes les organisations internationales compétentes d’entreprendre des efforts pour faciliter la libération immédiate et en toute sécurité des femmes et des enfants qui ont été pris en otage lors de conflits armés, y compris celles et ceux qui ont été emprisonnés ultérieurement, ainsi que de chercher à assurer leur réadaptation, de les aider à retrouver leur famille et de veiller à favoriser leur réintégration au sein de la communauté. 

Explication de position 

Intervenant après l’adoption, l’Arménie a indiqué que les femmes et les enfants ont été touchés de manière disproportionnée par l’agression militaire à grande échelle de l’Azerbaïdjan contre le peuple du Haut-Karabakh en septembre-novembre 2020.  Et l’Azerbaïdjan a recouru ces derniers jours à de nouvelles provocations armées au Haut-Karabakh.  Elle a aussi indiqué que, face au risque imminent d’être prise en otage ou tuée, la population civile de deux villages, en particulier les femmes et les enfants, a été contrainte de prendre la fuite.  La délégation a souligné que le droit international humanitaire et le droit international des droits de l’homme constituent un cadre essentiel pour faire face au sort des femmes et des enfants pris en otage dans le cadre d’un conflit armé.  L’Arménie attache la plus haute importance au plein respect par toutes les parties aux conflits de leurs obligations juridiquement contraignantes au titre des Conventions de Genève de 1949 et de leurs Protocoles additionnels sans aucune condition politique préalable, a-t-elle ajouté. 

Décision sur le projet de conclusions concertées 

La Commission a adopté par consensus le projet de conclusions concertées de sa soixante-sixième session qui paraîtra prochainement dans sa version anglaise sous la cote E/CN.6/2022/L.7 

Explications de position

Avant l’adoption, l’Arabie saoudite a indiqué qu’elle aurait souhaité l’insertion d’un paragraphe sur la souveraineté des États, avant de noter la nature « modérée » du libellé sur la famille, cellule essentielle de la société.  Elle a appelé à s’éloigner des libellés qui ne correspondent pas à la législation locale, encourageant à plus de flexibilité et de diversité dans les opinions et à prendre en considération différents principes culturels et religieux.

Les États-Unis ont jugé essentiel de mettre en avant le rôle de chef de file que jouent les femmes face aux changements climatiques, tant au niveau des gouvernements que sur le terrain.  La délégation a salué la présence, pour la première fois depuis 10 ans, d’une référence à la santé sexuelle et procréative dans le préambule et le dispositif du texte.  Elle a aussi pris note du libellé moins litigieux sur les familles, ainsi que des références aux autochtones et aux journalistes, entre autres, saluant cette multitude de faits positifs.  Elle a cependant fait part de certaines préoccupations d’ordre juridique concernant le descriptif des conclusions, sans les détailler.

Le Guatemala a regretté l’absence de référence au Pacte mondial sur les migrations, soulignant que les migrantes jouent un rôle important dans les sociétés.  Un libellé plus fort sur les répercussions qu’ont sur elles les changements climatiques aurait été souhaitable, a estimé la délégation qui s’est par ailleurs dissociée des référence aux droits sexuel et génésiques pouvant être interprétés comme des pratiques abortives.

La Chine s’est dissociée du consensus autour des libellés sur les défenseurs et défenseuses des droits humains, soulignant qu’il n’existe pas de définition juridiquement reconnue de ces termes.

Le Groupe des États d’Afrique, par la voix de l’Afrique du Sud, a indiqué avoir fait de son mieux pour parvenir à une position commune malgré des divergences de position. 

Le Nicaragua a souligné que la santé sexuelle et génésique ne peut être interprétée comme un soutien à l’avortement qui ne peut être considéré comme une méthode de planification familiale.

La Fédération de Russie a relevé que le projet contient des concepts et termes qui ne font pas l’objet d’un consensus, qualifiant notamment d’ambiguë l’expression « formes multiples et croisées de discrimination ».  Elle a interprété le terme « violence sexiste » comme une forme de violence commise à l’encontre des femmes et des filles sur la base de leur sexe.  Les politiques nationales doivent être appliquées à toutes et à tous de manière non discriminatoire, a souligné la délégation.  C’est là le véritable sens de l’égalité entre les sexes.

À l’issue de l’adoption, le Chili, au nom du Groupe de Santiago, a fait part de son opposition à certains libellés.

La suite des échanges n’a pas pu être couverte en raison de l’interruption des services d’interprétation.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

RPDC: le Conseil de sécurité proroge le mandat du Groupe d’experts du Comité des sanctions et entend des condamnations du lancement d’un dernier missile balistique

9004e séance – après-midi
CS/14841

RPDC: le Conseil de sécurité proroge le mandat du Groupe d’experts du Comité des sanctions et entend des condamnations du lancement d’un dernier missile balistique

En adoptant à l’unanimité la résolution 2627 (2022), cet après-midi, le Conseil de sécurité a prorogé jusqu’au 30 avril 2023 le mandat du Groupe d’experts du Comité des sanctions contre la République populaire démocratique de Corée (RPDC).  Les 15 membres se sont exprimés après l’adoption, beaucoup pour condamner vigoureusement le lancement par ce pays, la veille (24 mars), d’un missile balistique à portée intercontinentale. 

Par cette résolution, le Conseil demande au Groupe d’experts de présenter au Comité, le 3 août 2022 au plus tard, un rapport de mi-mandat sur ses travaux.  Il lui demande également de remettre au Comité, le 3 février 2023 au plus tard, un rapport final contenant ses conclusions et recommandations, qui sera présenté ensuite au Conseil, le 3 mars 2023 au plus tard. 

Le Conseil souligne enfin dans ce texte que le Groupe d’experts doit établir « des évaluations, analyses et recommandations crédibles et étayées par des faits, en toute indépendance et avec objectivité et impartialité, conformément à son mandat ».  Dans leurs déclarations après le vote, plusieurs membres du Conseil se sont en effet inquiétés des fuites dans la presse des rapports du Groupe d’experts, qui « sapent sa crédibilité », comme l’ont relevé la Chine et la Norvège. 

Le Conseil a ensuite entendu une présentation de la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, Mme Rosemary DiCarlo.  Elle a précisé que le nouveau missile balistique intercontinental, appelé Hwasong 17, aurait été lancé depuis Sunan, une région située au nord de Pyongyang, atteignant une portée de 1 090 kilomètres et un apogée d’environ 6 200 kilomètres, avant de s’abîmer en mer dans la zone économique exclusive du Japon.  La dernière fois que la RPDC a effectué un essai de missile balistique intercontinental remonte au 29 novembre 2017, a-t-elle rappelé. 

La Secrétaire générale adjointe a souligné qu’il s’agit de violations flagrantes du propre moratoire que s’est imposé en 2018 la RPDC et des résolutions du Conseil de sécurité, portant le risque de déclencher une escalade significative des tensions dans la région et au-delà.  Rien qu’en 2022, la RPDC a procédé à 12  lancements recourant à la technologie des missiles balistiques et c’est la cinquième fois qu’il est demandé au Secrétariat d’informer le Conseil à ce sujet, a précisé Mme DiCarlo pour qui la RPDC semble également poursuivre « activement » son programme nucléaire. 

À l’instar du Japon, du Gabon ou bien encore de l’Irlande, les membres du Conseil ont été nombreux à condamner ce nouveau tir.  « C’est une nouvelle provocation », a dit le délégué du Mexique, en rappelant qu’il s’agit d’une violation flagrante des résolutions du Conseil de sécurité.  Il a invité celui-ci à faire respecter ses décisions et à veiller à l’application des sanctions.  Une position pleinement partagée par la délégation des États-Unis qui a rejeté tout aassouplissement des sanctions sans effort diplomatique de la part de la RPDC.  « Cela enverrait de plus un message erroné aux États qui violeraient les régimes de sanctions. »  

Au vu de ces provocations toujours plus dangereuses de la RPDC, la représentante des États-Unis a annoncé un projet de résolution à venir afin de renforcer le régime de sanctions.  « Alléger les sanctions n’a pas de sens », a renchéri le délégué de la France, à l’instar de son homologue du Japon.  Ce dernier a demandé d’empêcher la RPDC de profiter des efforts en cours visant à rétablir la paix en Ukraine pour développer plus avant ses capacités interdites.  

Une note dissonante est venue de la Fédération de Russie qui a rappelé que, dans chacune de ses résolutions, le Conseil a exprimé sa volonté de revoir les sanctions à la lumière de l’évolution de la situation.  « Or, jusqu’à présent, il n’a fait que renforcer les mesures imposées, ignorant les signaux positifs », a-t-elle tranché, en blâmant la « myopie » de certains pays qui ne sont pas prêts à aller au-delà du paradigme des sanctions.   Son homologue de la Chine a, lui aussi, regretté que les parties n’aient pris aucune mesure concrète pour répondre aux préoccupations « justifiées » de la RPDC. 

« Nous appelons les parties à faire preuve de calme et de retenue, et à promouvoir le dialogue, en évitant toute action qui pourrait provoquer des erreurs de calcul », a déclaré la Chine.  Enfin, la République de Corée a rappelé les efforts déployés par son pays pour relancer le dialogue sur la dénucléarisation et une paix durable dans la péninsule coréenne.  « Malheureusement tous ces efforts sincères se sont heurtés à un mur de silence assorti de provocations. »  Le délégué a néanmoins assuré que l’engagement de son gouvernement à améliorer les relations intercoréennes reste inchangé et que la porte du dialogue demeure ouverte. 

NON-PROLIFÉRATION: RÉPUBLIQUE POPULAIRE DÉMOCRATIQUE DE CORÉE

Texte du projet de résolution (S/2022/263)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant ses résolutions antérieures sur la question, notamment les résolutions 825 (1993), 1540 (2004), 1695 (2006), 1718 (2006), 1874 (2009), 1887 (2009), 1928 2010), 1985 (2011), 2050 (2012), 2087 (2013), 2094 (2013), 2141 (2014), 2207 2015), 2270 (2016), 2276 (2016), 2321 (2016), 2345 (2017), 2356 (2017), 2371 (2017), 2375 (2017), 2397 (2017), 2407 (2018), 2464 (2019), 2515 (2020) et 2569 (2021), ainsi que les déclarations de sa présidence en date des 6 octobre 2006 (S/PRST/2006/41), 13 avril 2009 (S/PRST/2009/7), 16 avril 2012 (S/PRST/2012/13) et 29 août 2017 (S/PRST/2017/16),

Rappelant également la création, en application du paragraphe 26 de sa résolution 1874 (2009), d’un groupe d’experts qui suivrait les directives du Comité pour accomplir les tâches définies audit paragraphe,

Rappelant en outre le rapport d’activité en date du 8 septembre 2021 (S/2021/777) établi par le Groupe d’experts nommé par le Secrétaire général en application du paragraphe 26 de la résolution 1874 (2009) et le rapport final du Groupe, en date du 1er mars 2022 (S/2022/132),

Rappelant les normes méthodologiques applicables aux rapports des mécanismes de surveillance de l’application des sanctions, qui figurent dans le rapport du Groupe de travail informel du Conseil de sécurité sur les questions générales relatives aux sanctions (S/2006/997),

Se félicitant des efforts que fait le Secrétariat pour étoffer et améliorer le registre d’experts du Service du secrétariat de ses organes subsidiaires, compte tenu des indications données par son président dans la note publiée sous la cote S/2006/997, en particulier son paragraphe 11,

Soulignant, à cet égard, qu’il importe que le Groupe d’experts établisse en toute indépendance des évaluations, analyses et recommandations crédibles et étayées par des faits, conformément à son mandat, énoncé au paragraphe 26 de la résolution 1874 (2009),

Considérant que la prolifération des armes nucléaires, chimiques et biologiques et de leurs vecteurs continue de menacer la paix et la sécurité internationales,

Agissant en vertu de l’Article 41 du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

1.    Décide de proroger jusqu’au 30 avril 2023 le mandat qu’il a confié au Groupe d’experts au paragraphe 26 de sa résolution 1874 (2009) et modifié au paragraphe 29 de sa résolution 2094 (2013), décide que ce mandat s’appliquera aussi aux mesures imposées par les résolutions 2270 (2016), 2321 (2016), 2356 (2017), 2371 (2017), 2375 (2017) et 2397 (2017), entend réexaminer ce mandat et se prononcer sur sa reconduction le 25 mars 2023 au plus tard, et prie le Secrétaire général de prendre les dispositions administratives requises à cette fin;

2.    Demande au Groupe d’experts de présenter au Comité, le 3 août 2022 au plus tard, un rapport de mi-mandat sur ses travaux, comme prévu au paragraphe 43 de sa résolution 2321 (2016), lui demande également de lui remettre ce rapport, après en avoir discuté avec le Comité, le 6 septembre 2022 au plus tard, lui demande en outre de remettre au Comité, le 3 février 2023 au plus tard, un rapport final contenant ses conclusions et recommandations, et lui demande enfin de lui présenter ce rapport, après en avoir discuté avec le Comité, le 3 mars 2023 au plus tard;

3.    Prie le Groupe d’experts de soumettre un programme de travail au Comité trente jours au plus tard après sa reconduction, invite le Comité à réexaminer périodiquement ce programme de travail et à entretenir des contacts réguliers avec le Groupe d’experts sur ses travaux, et demande au Groupe d’experts d’informer le Comité de toute mise à jour dudit programme;

4.    Souligne que le Groupe d’experts doit établir des évaluations, analyses et recommandations crédibles et étayées par des faits, en toute indépendance et avec objectivité et impartialité, conformément à son mandat, énoncé au paragraphe 26 de la résolution 1874 (2009);

5.    Exprime son intention de continuer à suivre les travaux du Groupe d’experts;

6.    Exhorte tous les États, les organismes des Nations Unies compétents et les autres parties intéressées à coopérer pleinement avec le Comité créé par la résolution 1718 (2006) et avec le Groupe d’experts, en particulier en leur communiquant toute information dont ils disposeraient concernant la mise en œuvre des mesures imposées par les résolutions 1718 (2006), 1874 (2009), 2087 (2013), 2094 (2013), 2270 (2016), 2321 (2016), 2356 (2017), 2371 (2017), 2375 (2017) et 2397 (2017);

7.    Décide de rester activement saisi de la question.

Déclarations après l’adoption de la résolution

La représentante des États-Unis a salué le travail du Groupe d’experts et demandé que celui-ci dispose de moyens accrus.  Notre objectif commun doit être que la République populaire démocratique de Corée (RPDC) rende des comptes, a-t-elle rappelé.  Elle s’est enfin inquiétée des fuites des rapports du Groupe d’expert.  Son homologue de la Chine s’est, lui aussi, inquiété desdites fuites, notant que cela avait entraîné des spéculations dans les médias, et a demandé que le Groupe améliore ses méthodes de travail.  Le Conseil doit soulever la question de la confidentialité des rapports, a dit le délégué, en regrettant que les préoccupations légitimes de la Chine n’aient pas été prises en compte lors des négociations.  Ces problèmes doivent être pris au sérieux, sous peine de saper la crédibilité du Groupe, a-t-il exigé. 

Une position partagée par le représentant de la Fédération de Russie, tandis que le délégué du Mexique a regretté qu’un accord n’ait pas pu être trouvé pour que le Groupe enquête régulièrement sur les tirs de missiles, en plus de ses rapports intermédiaires et finaux.  Enfin, la représentante de la Norvège a salué le fait qu’un consensus ait pu être dégagé s’agissant de cette prorogation technique.  Elle a, elle aussi, insisté sur l’importance de la confidentialité des rapports, les fuites nuisant à la crédibilité du Comité. 

Exposé

Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a indiqué que, selon l’agence de presse d’État de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), ce pays a lancé un nouveau type de missile balistique intercontinental (ICBM) à environ 14 h 34, heure locale, le 24 mars.  Appelé Hwasong 17, ce missile aurait été lancé depuis Sunan, une région située au nord de  Pyongyang, atteignant une portée de 1 090 kilomètres et un apogée d’environ 6 200 kilomètres, avant de s’abîmer en mer dans la zone économique exclusive du Japon.  « La dernière fois que la RPDC a effectué un essai de missile balistique intercontinental remonte au 29 novembre 2017 », a rappelé Mme DiCarlo, qui a rappelé qu’il s’agit d’une violation flagrante du propre moratoire que s’est imposé en 2018 la RPDC et d’une violation claire des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, au risque de déclencher une escalade significative des tensions dans la région et au-delà.

La RPDC a procédé à 12 lancements recourant à la technologie des missiles balistiques rien que cette année et c’est la cinquième fois qu’il est demandé en 2022 au Secrétariat d’informer le Conseil à ce sujet, a précisé Mme DiCarlo.  Selon la RPDC, ces lancements ont notamment consisté en un essai d’armes dites hypersoniques, de missiles embarqués, d’un missile balistique de portée intermédiaire et d’essais de systèmes liés au développement de satellites dits de reconnaissance militaire.  La RPDC n’a émis aucune notification de sécurité aérienne ou maritime pour aucun de ces lancements, a relevé la Secrétaire générale adjointe, qui a rappelé que l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) a informé à plusieurs reprises la RPDC que les tirs de missiles non annoncés représentent un risque sérieux pour l’aviation civile internationale. 

La RPDC semble également poursuivre activement son programme nucléaire, a poursuivi la haute fonctionnaire.  Le 7 mars, le Directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a déclaré que Pyongyang poursuit activement son programme nucléaire et qu’il y a « des indications continues compatibles avec le fonctionnement du réacteur de 5 mégawatts sur le site de Yongbyon », où des activités de construction ont été observées.   Le même jour, l’analyse d’images satellites a indiqué un regain d’activité sur le site d’essais nucléaires de Punggye-ri, pour la première fois depuis que Pyongyang a annoncé sa fermeture et son démantèlement en 2018, a encore expliqué la Secrétaire générale adjointe.  « En poursuivant sa capacité nucléaire et ses programmes de missiles balistiques, la RPDC défie les demandes répétées du Conseil de cesser ces activités. » 

Par ailleurs, a-t-elle dit, le Secrétaire général réitère l’importance de répondre aux impératifs humanitaires en RPDC.  L’ONU reste engagée et est prête, avec les partenaires humanitaires, à aider les personnes en détresse en RPDC, dont la vulnérabilité s’est probablement accrue depuis l’apparition de la pandémie et la fermeture des frontières en 2020.  « Nous réitérons notre appel à l’entrée du personnel international, y compris le coordonnateur résident des Nations Unies, et à l’acheminement sans entrave des fournitures humanitaires, afin de permettre une réponse rapide et efficace », a déclaré Mme DiCarlo.  Le Secrétaire général, a-t-elle ajouté, réaffirme son engagement à travailler avec toutes les parties pour une paix durable et la dénucléarisation complète et vérifiable de la péninsule coréenne.  L’unité du Conseil de sécurité dans cette situation est essentielle pour atténuer les tensions, sortir de l’impasse diplomatique et éviter un cycle négatif « action-réaction », a conclu Mme DiCarlo. 

Déclarations

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a condamné le tir de missile balistique intercontinental du 24 mars par la RPDC, en soulignant que cela appelle à une réaction immédiate du Conseil de sécurité, surtout qu’il s’agit du treizième tir de missile balistique cette année par le pays.  Le système de tir balistique intercontinental menace tous les États Membres des Nations Unies, a affirmé la déléguée, s’inquiétant de voir des informations dans la presse faire état de la reconstruction par la RPDC d’un site d’essais nucléaires pourtant fermé en 2018. Face à cette escalade, elle a invité le Conseil à condamner publiquement, d’une seule voix, ces actes de la RPDC et à appeler le pays à revenir à la table des négociations. 

Mme Thomas-Greenfield a dit avoir entendu des appels à l’assouplissement des sanctions du Conseil ciblant la RPDC.  Pourquoi récompenser la RPDC alors qu’elle a violé le moratoire qu’elle s’était elle-même donné ? a demandé la déléguée.  Selon elle, assouplir les sanctions sans aucun effort diplomatique de la part des Nord-Coréens permettrait à ces derniers de renflouer les caisses du pays.  De plus, cela enverrait un message erroné aux États qui violeraient les régimes de sanctions.  Pour la représentante, c’est plutôt maintenant que ces sanctions doivent être appliquées.  Au vu de ces provocations toujours plus dangereuses de la RPDC, la représentante des États-Unis a annoncé un projet de résolution à venir, en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, afin de renforcer le régime de sanctions.  Elle a demandé aux membres du Conseil d’aborder les négociations sur ce texte de manière constructive, afin de parvenir à l’objectif de la dénucléarisation de la péninsule coréenne.  Le problème n’est pas du tout bilatéral mais plutôt multilatéral, a-t-elle encore expliqué en appelant à l’action immédiate afin de faire savoir à la RPDC que le Conseil ne fléchira pas dans son ambition de protéger le monde des armes de destruction massive. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) a déclaré que le Conseil de sécurité ne peut pas continuer de se réunir à huis clos pour parler de la situation en RPDC, le « régime de Pyongyang » devant comprendre qu’il ne peut plus violer le droit international et les résolutions pertinentes du Conseil.  Le représentant l’a donc appelé à la raison, après l’avoir condamné pour négliger les besoins de sa population, alors qu’il ne cesse d’accroître son arsenal.  Les autorités nord-coréennes doivent permettre l’acheminement de l’aide humanitaire dans le pays et cesser d’affamer leur peuple, a insisté le délégué. 

M. MARTIN GALLAGHER (Irlande) a fermement condamné le lancement d’un missile balistique à portée intercontinentale par la RPDC, hier, 24 mars 2022.  Il s’agit d’une violation flagrante des résolutions du Conseil de sécurité, a-t-il martelé.  Ce dernier doit parler d’une seule voix pour signifier que les tirs et essais nucléaires sont inacceptables, a dit le délégué.  Il a demandé l’élimination du programme nucléaire et d’armes balistiques de la RPDC.  Il a aussi demandé des actions concrètes pour remédier au contournement du régime des sanctions par la RPDC. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a condamné avec la plus grande fermeté le tir d’un missile balistique intercontinental effectué par la RPDC le 24 mars, « une nouvelle violation inacceptable des résolutions de ce Conseil ».  Il a jugé essentiel que le Conseil condamne unanimement cette provocation et agisse, arguant qu’on ne peut pas laisser une violation d’une telle ampleur sans réponse.  Il a rappelé que ce pays, depuis l’adoption en 2006 de la résolution 1718, n’avait cessé de moderniser son arsenal balistique et, dans le même temps, avait consolidé son programme nucléaire.  Citant également les six essais nucléaires de la RPDC et sa volonté, annoncée, de développer des armes nucléaires tactiques, le représentant s’est dit aussi très préoccupé par les informations faisant état d’activités de construction sur le site d’essais nucléaires de Punggye-ri.   Face à ces provocations répétées, alléger les sanctions n’aurait pas de sens, a-t-il observé en plaidant pour une mise en œuvre plus ferme du régime de sanctions. Notant que la RPDC contourne ces sanctions et trouve les moyens de financer ses programmes d’armement, il a prôné une mise à jour du régime de sanctions, y compris dans de nouveaux domaines tels que le cyber qui permet à ce pays de capter des informations et des devises, de l’ordre de plusieurs centaines de millions d’euros.  

Mme MONA JUUL (Norvège) a appelé la RPDC à se conformer au régime de non-prolifération et à respecter les dispositions du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  Elle a noté que, selon les informations du Groupe d’experts, le pays semble vouloir élaborer des capacités nucléaires, alors que cela ne contribue en rien au bien-être de sa population.  Tant que des mesures concrètes ne sont pas adoptées par la RPDC, les sanctions prises par le Conseil de sécurité doivent rester en vigueur, a conclu la représentante. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a souligné que 13 tirs de missiles ont eu lieu cette année, chacun d’entre eux constituant une violation des résolutions du Conseil de sécurité.  Elle s’est surtout dite préoccupée par le rythme de ces tirs et par ce que cela signifie en matière de capacités.  La représentante a réclamé une réponse unanime et ferme du Conseil de sécurité, comme en 2017.  Elle a espéré que ce dernier fera preuve d’unité et de détermination face aux agissements de la RPDC.  Elle s’est dite prête à discuter des mesures envisagées par les États-Unis et voir ce qui peut être fait pour mettre à jour les sanctions ciblées.  Reprochant au Gouvernement de la RPDC de consacrer d’énormes ressources à ses capacités militaires au détriment de son propre peuple, la représentante a tenu à souligner que les sanctions imposées par le Conseil ne visent pas le peuple de la RDPC.  Nous sommes favorables, a-t-elle dit, à l’acheminement de l’aide humanitaire et appelons le Gouvernement de la RPDC à autoriser l’accès du personnel de l’ONU dans le pays pour y évaluer les besoins.  Elle a aussi invité la RPDC à s’engager dans un dialogue avec les États-Unis notamment, et à renoncer à ces programmes de missiles balistiques. 

M. T. S. TIRUMURTI (Inde) a dit avoir pris note des inquiétudes exprimées par les pays de la région face à cette autre violation des résolutions du Conseil de sécurité. Ces tirs de missiles contreviennent au moratoire annoncé par la RDPC elle-même qui a dûment entériné l’objectif de dénucléarisation de la Péninsule coréenne.  Le représentant a rappelé la demande de son pays visant à ce que le Comité d’experts présente un rapport dans le contexte des résolutions pertinentes du Conseil.  Il faut régler la question de l’accès aux technologies balistiques et nucléaires, a-t-il estimé, avant d’attirer l’attention sur l’aide humanitaire que son pays a envoyée à la RPDC par le biais de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). 

Ces dernières années, nous avions pourtant observé une détente dans la Péninsule coréenne, a souligné M. JUN ZHANG (Chine).  Mais au début de l’année 2021 et surtout le mois dernier, le dialogue entre la RPDC et les États-Unis est entré dans l’impasse et les tensions se sont intensifiées.  Il a regretté que les parties n’aient pris aucune mesure concrète pour répondre aux préoccupations « justifiées » de la RPDC.  Il a appelé les parties à faire preuve de calme et de retenue, et à promouvoir le dialogue, en évitant toute action qui pourrait provoquer des erreurs de calcul. 

Les États-Unis, a-t-il dit, doivent démontrer leur bonne foi car ce qu’il faut de toute urgence c’est essayer de trouver une voie politique pour aller de l’avant.  Les préoccupations « justifiées » de la RDPC qui attend de plusieurs décennies, doivent enfin recevoir une réponse.  Les États-Unis, s’est expliqué le représentant, avaient promis de mettre fin à leurs exercices militaires conjoints avec la République de Corée, et ils ne l’ont pas fait.  La RPDC a donc toutes les raisons de s’inquiéter.  Le représentant a encouragé la reprise des pourparlers car la diplomatie et le dialogue sont les seuls moyens d’éviter une crise de grande envergure.  Il a rappelé que depuis 2018, l’on a vu un tournant positif mais que les mesures prises par la RDPC n’ont pas suscité la réciprocité.  Dans un tel contexte, il n’est pas étonnant que les offres de dialogue soient perçues comme des appels creux, a prévenu le représentant, en appelant à des actions concrètes parce que la Péninsule coréenne ne saurait devenir le pion d’une stratégie profitable qu’à quelques-uns. 

Il a conclu sur la nécessité de mettre pleinement en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité de manière complète et vérifiable pour alléger les sanctions le moment venu.  Il a attribué les problèmes actuels à la non-application de certaines dispositions de ces résolutions, surtout celles qui ne sont pas liées aux sanctions.  L’on ne saurait, a-t-il martelé, privilégier certaines dispositions et en oublier d’autres ni continuer d’ignorer les préoccupations sécuritaires de la RPDC, au risque de saper le régime de non -prolifération.  Nous appelons toutes les parties concernées à jouer un rôle constructif. 

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a condamné avec fermeté le lancement, hier, d’un missile balistique à portée intercontinentale par la RPDC.  « C’est une nouvelle provocation », a dit le délégué, en rappelant qu’il s’agit d’une violation flagrante des résolutions du Conseil de sécurité.  La RPDC continue de renforcer ses capacités technologiques à des fins militaires, a-t-il constaté.  Le Conseil doit faire respecter ses décisions et veiller à l’application des sanctions, a conclu le délégué, en appelant au dialogue pour la dénucléarisation complète et vérifiable de la péninsule coréenne. 

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a regretté le tir de missile balistique intercontinental effectué par la RPDC, qui sonne le glas du moratoire que ce pays s’est imposé depuis 2017, et constitue une violation flagrante des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Cette action, et plusieurs autres récemment, a contribué à une aggravation des tensions dans la péninsule coréenne, dans un contexte international marqué par une crise majeure en Ukraine et en Europe orientale, a fait observer le représentant.  Aussi, a-t-il plaidé pour la recherche d’une solution pacifique et négociée.  Il a encouragé les États-Unis à maintenir leur offre de dialogue avec la RPDC, sans conditions préalables.  Le délégué a ensuite demandé à Pyongyang de faciliter les procédures administratives qui entravent actuellement l’acheminement d’une aide humanitaire à la population nord-coréenne. 

M. MICHAEL KAPKIAI KIBOINO (Kenya) a noté qu’après 13 tirs de missiles depuis le début de l’année, les perspectives d’une reprise d’essais d’armes nucléaires augmentent de jour en jour, tandis que les tirs effectués sans notification aux organismes de réglementation maritime et aéronautique posent de sérieuses menaces en mer.  Craignant une course aux armements dans la région et une déstabilisation, le délégué a prévenu que cela aurait de graves implications pour la paix et la sécurité mondiales.  Avec la situation sécuritaire actuelle qui pose déjà de graves défis socioéconomiques et sécuritaires, en particulier aux pays en développement, la communauté internationale ne peut pas se permettre une autre crise, a-t-il fait remarquer.  Malheureusement, a-t-il poursuivi, cette escalade des armements détourne les ressources de la protection sociale et du développement dont a tant besoin le peuple de la RPDC.  M. Kiboino a appelé la RPDC à suspendre tout nouveau lancement de missile et à revenir au TNP.  À la communauté internationale, il a demandé de contribuer au redémarrage d’efforts diplomatiques pour trouver une solution durable à la menace qui pèse sur la péninsule coréenne, au nom de la sécurité mondiale. 

Mme EDWIGE KOUMBY MISSAMBO (Gabon) a fermement condamné les évènements du 24 mars dernier, de nature à saper la confiance.  Elle a redit l’attachement de son pays au régime de non-prolifération et dit craindre que le contexte actuel laisse augurer d’une course aux armements, en particulier les armes non conventionnelles.  Elle a plaidé pour des sanctions efficaces, en rappelant l’extrême détresse de la population de la RPDC, avant d’estimer que le dialogue est la seule voie possible pour l’instauration de la paix dans la région.

M. ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a commencé par regretter que des commentaires aient été faits aujourd’hui sans le moindre rapport avec cette séance.  Revenant à la Péninsule coréenne et aux pays d’Asie du Nord-Est, elle s’est dite convaincue que les solutions diplomatiques sont le seul moyen possible de résoudre pacifiquement les problèmes.  Elle a constaté avec regret qu’au cours des quatre dernières années, le Conseil n’a pas su trouver la force de réagir au démantèlement par la RPDC de son site d’essais nucléaires et au fait qu’elle a respecté le moratoire sur les essais nucléaires et les missiles balistiques intercontinentaux.  Dans chacune de ses résolutions, le Conseil a pourtant exprimé sa volonté de revoir les sanctions à la lumière de l’évolution de la situation, a rappelé la représentante.  Or, jusqu’à présent, il n’a fait que renforcer les mesures imposées, ignorant les signaux positifs.  La situation actuelle, a-t-elle tranché, est donc en grande partie la conséquence de la « myopie » de certains collègues qui ne sont pas prêts à aller au-delà du paradigme des sanctions. 

Les négociations, a rappelé la représentante, sont « une rue à double sens ». La création de nouveaux blocs militaires dans la région, comme l’alliance de l’Australie, des États-Unis et du Royaume-Uni (AUKUS) ne peut que susciter de sérieux doutes et ne saurait être propice au dialogue.  À plusieurs reprises, a dit la représentant, nous avons parlé de la nécessité de former des espaces sécuritaires communs et indivisibles.  Il est impossible d’obtenir des résultats durables sans tenir pleinement compte des préoccupations sécuritaires légitimes de tous les États de la région. 

Les sanctions secondaires, dites « autonomes », imposées à la RPDC et à d’autres, par Washington et ses alliés, en contournant le Conseil de sécurité, sont encore plus « répugnantes », a fustigé la déléguée, et les tentatives d’obtenir la « bénédiction » du Comité des sanctions, « inacceptables ».  Elle a appelé à la retenue et au dialogue, promettant que la résolution politico-humanitaire sino-russe est toujours sur la table.  L’absence de progrès sur le volet politique, a-t-elle prévenu, menace d’aggraver encore les tensions sur la Péninsule. 

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a condamné fermement le lancement d’un missile balistique intercontinental par la RPDC.  Il a rappelé qu’en janvier, le pays avait battu le record du nombre de tirs de missiles faits en un seul mois.  Maintenant, il a battu un autre record inquiétant, car cela semble être le missile le plus long jamais lancé par Pyongyang, a-t-il relevé.  Il est, à son avis, de la responsabilité du Conseil de sécurité d’éviter tout risque de voir un essai nucléaire réalisé en violation de ses résolutions et des traités internationaux. Cette question devient d’autant plus pressante au moment où différents pays soulignent la pertinence des armes nucléaires dans leurs doctrines de défense et leurs stratégies de dissuasion, a observé le représentant. 

Le représentant a donc appelé le Conseil à travailler sans relâche et de manière transparente afin d’ouvrir la voie à la désescalade des tensions et à une solution à ce problème.  Il a également appelé les principaux acteurs de la région à redoubler d’efforts pour dialoguer avec Pyongyang en vue de ramener la RPDC à la table des négociations.  Le délégué a plaidé pour que soit établie une plateforme de dialogue pour faire avancer la réalisation d’une politique transparente et vérifiable de dénucléarisation irréversible de la péninsule coréenne.  Il a terminé en demandant à la RPDC de revoir son statut nucléaire, de rejoindre le TNP en tant qu’État non doté d’armes nucléaires, et d’adhérer sans délai au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires. 

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a fermement condamné le lancement, le 24 mars, d’un missile balistique à portée intercontinentale par la RPDC, en violation des résolutions du Conseil de sécurité.  Ce pays continue de fouler aux pieds le droit international, a-t-elle relevé.  Elle a plaidé pour que le Conseil fasse preuve d’unité face à l’escalade choisie par la RPDC.  Il est crucial d’accorder la priorité au dialogue, a conclu la déléguée, en exhortant la RPDC à retourner à la table des négociations.  Elle a aussi demandé à ce pays de veiller à alléger les souffrances de son peuple et de permettre le retour des travailleurs humanitaires sur son territoire. 

M. CHO HYUN (République de Corée) a condamné dans les termes les plus fermes un acte qui constitue une violation flagrante des multiples résolutions du Conseil de sécurité, qui représente une menace grave pour la Péninsule coréenne, la région et la monde entier et qui compromet considérablement le régime de non-prolifération.  La RPDC, a constaté le représentant, est revenue sur ses engagements d’avril 2018, choisissant la provocation, ces deux derniers mois, et essayant de rétablir son site d’essais et ses activités nucléaires.  Cela doit cesser immédiatement, a martelé le représentant qui a rappelé les efforts que son pays a déployés, ces dernières années, pour relancer le dialogue sur la dénucléarisation et une paix durable dans la Péninsule coréenne. 

Nous avons, a-t-il dit, laissé à la RPDC le choix du moment, du lieu et du format.  Malheureusement tous ces efforts sincères se sont heurtés à un mur de silence assorti de provocations.  Personne, a souligné le représentant, ne nourrit aucune politique hostile vis-à-vis de Pyongyang et personne n’a raison de le faire.   Mon Gouvernement, a-t-il poursuivi, est fermement convaincu que le dialogue et la coopération sont les seuls moyens d’aller de l’avant, quels que soient les obstacles.  Notre engagement à améliorer les relations intercoréennes reste inchangé et la porte du dialogue demeure ouverte.  Le représentant a exhorté la RPDC à choisir la voie de la coopération plutôt que celle de la confrontation et de l’escalade.  Avec la communauté internationale, a-t-il affirmé, nous sommes prêts à travailler de manière constructive pour assurer à tous un meilleur avenir si la RPDC le veut aussi. 

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a expliqué que le missile balistique lancé hier par la RPDC a touché la Zone économique exclusive japonaise, à seulement 150  kilomètres du territoire.  Il a condamné cet acte dangereux et déstabilisateur qui constitue une menace grave et imminente pour la sécurité de son pays.  Face à cette escalade évidente, il nous faut, a dit le représentant, une action immédiate et concrète de la part de ce Conseil.  Rappelant les termes de la résolution 2397, adoptée quand son pays siégeait au Conseil, le représentant a prévenu qu’un lancement de missile par la RDPC ne peut être vu comme un acte isolé.  Bien au contraire, c’est une partie intégrante des programmes revigorés. Les violations répétées des résolutions découlent en partie du silence regrettable du Conseil, a souligné le représentant.  Nous devons empêcher la RPDC de tirer parti des efforts visant à rétablir la paix en Ukraine pour développer plus avant ses capacités interdites.  Les résolutions du Conseil, a rappelé le représentant, ne parlent pas seulement de ce qu’il est attendu de la RDPC mais aussi des obligations des autres États Membres.  Il les a donc appelés à mettre pleinement en œuvre les textes agrées et jugé que ce n’est pas du tout le moment d’alléger les sanctions. 

Reprenant la parole, la représentante des États-Unis a relevé que certaines délégations tentent de faire croire que le débat porte sur la RPDC et les États-Unis.  Ce problème nous concerne tous, a-t-elle clamé.  S’agissant de l’assistance humanitaire en faveur de la RPDC, elle a rappelé que l’obstacle principal reste la fermeture des frontières de la RPDC par les autorités nationales.  Nous attendons toujours de la RPDC une réponse à nos questions sur les aspects humanitaires.  De même, a poursuivi la représentante, les États-Unis travaillent avec l’ONU pour établir un circuit de transferts bancaires fiable que la RPDC pourrait utiliser. Compte tenu de la situation, a-t-elle conclu, le Conseil de sécurité doit rapidement renforcer le régime de sanctions.  La représentante a aussi donné des précisions sur la fourniture de sous-marins à l’Australie, rappelant que la propulsion nucléaire n’est pas interdite par le TNP.  En outre, l’Australie n’a aucunement l’ambition de se doter d’armes nucléaires. 

La représentante du Royaume-Uni a assuré que l’acquisition par l’Australie de sous-marins nucléaires de technologie américaine dans le cadre de l’alliance AUKUS se fera dans le respect du régime de non-prolifération et du droit international.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Ukraine: L’Assemblée générale exige de nouveau la cessation immédiate des hostilités menées par la Fédération de Russie et demande le financement intégral des plans humanitaires de l’ONU

Onzième session extraordinaire d’urgence (reprise),
9e séance plénière – matin
AG/12411

Ukraine: L’Assemblée générale exige de nouveau la cessation immédiate des hostilités menées par la Fédération de Russie et demande le financement intégral des plans humanitaires de l’ONU

À la majorité des deux-tiers applicable au vote sur « les décisions importantes », selon la Charte des Nations Unies, l’Assemblée générale a adopté aujourd’hui par 140 voix pour, 5 voix contre et 38 abstentions, la résolution sur les conséquences humanitaires de l’agression contre l’Ukraine.  Toujours par vote, elle a renoncé à se prononcer sur le texte concurrent de l’Afrique du Sud intitulé plus sobrement « la situation humanitaire découlant du conflit en Ukraine ». 

Avec les voix contre du Bélarus, de l’Érythrée, de la Fédération de Russie, de la République populaire démocratique de Corée et de la Syrie, l’adoption de la résolution présentée par l’Ukraine, au nom de plus d’une centaine de coauteurs, a déclenché des applaudissements nourris dans la salle.  Dans ce texte, l’Assemblée générale exige d’abord la cessation immédiate des hostilités menées par la Fédération de Russie contre l’Ukraine, en particulier de toute attaque contre les civils et les biens de caractère civil.  Elle demande aux États Membres de financer intégralement le Plan d’aide humanitaire des Nations Unies pour 2022, l’appel éclair lancé par les Nations Unies pour l’action humanitaire en Ukraine, ainsi que le plan régional d’aide aux réfugiés pour l’Ukraine et les pays voisins. 

À la reprise de cette session extraordinaire d’urgence hier, au cours de laquelle 66 délégations ont pris la parole, le Vice-Président de l’Assemblée rappelait que depuis le début de l’agression russe, le 24 février dernier, quelque 10 millions de personnes, soit un quart de la population totale, ont fui l’Ukraine et ou sont parties ailleurs dans le pays.  Les services essentiels tels que l’eau, l’électricité, le chauffage, l’assainissement, la santé sont mis à rude épreuve.  Assurer un accès sûr et sans entrave à l’aide humanitaire est « la nécessité du moment et le personnel humanitaire, la priorité du moment », insistait le Vice-Président. 

L’Assemblée générale condamne donc, dans sa résolution, toutes les violations du droit international humanitaire et des droits humains, et demande à toutes les parties au conflit armé de respecter strictement ces droits.  Elle exige la protection du personnel médical et humanitaire, de tous les civils, des biens indispensables à la survie de la population et des infrastructures civiles et des personnes fuyant le conflit armé et la violence, y compris les ressortissants étrangers, notamment les étudiants, et ce, sans discrimination. Elle exige aussi la fin des sièges de villes en Ukraine, en particulier la ville de Marioupol, qui aggravent encore la situation humanitaire pour la population civile et entravent les efforts d’évacuation. 

Sur le front politique, l’Assemblée encourage vivement la poursuite des négociations entre toutes les parties et demande à nouveau instamment le règlement pacifique immédiat du conflit entre la Fédération de Russie et l’Ukraine par voie de dialogue politique, de négociations, de médiation et autres moyens pacifiques, conformément au droit international. 

Au nom de l’Union européenne, la France a salué un texte « équilibré », résultat d’une large consultation avec l’Ukraine et les États Membres de toutes les régions.  La majorité écrasante des États qui ont appuyé la résolution, est un signal très fort envoyé par cette Assemblée générale à l’Ukraine et à son peuple qui en ont besoin.  C’est aussi la raison pour laquelle, a ajouté la France, que l’Union européenne et ses États membres ont soutenu la demande procédurale de l’Ukraine. 

C’est en effet cette dernière qui a présenté une motion pour s’opposer à la mise aux voix du projet de résolution préparé par l’Afrique du Sud, fustigeant un « placebo », une « pilule générique » et un « jumeau » du texte russe rejeté hier par le Conseil de sécurité.  L’Assemblée générale a tranché: par 67 voix contre, 50 pour et 38 abstentions, elle a décidé de ne pas se prononcer sur le projet sud-africain. 

Nous plaidions, s’est expliquée l’Afrique du Sud, pour des efforts constructifs, étant entendu que le but est de répondre exclusivement aux enjeux humanitaires car les enjeux politiques, qui empêchent le ralliement de tous les pays, doivent être traités ailleurs.  Nous aurions voulu, a acquiescé le Brésil, une résolution capable d’influencer le comportement des parties sur le terrain, de promouvoir des arrangements humanitaires efficaces et de créer l’espace nécessaire aux négociations sur la fin des hostilités. 

La résolution adoptée aujourd’hui ne tient pas non plus compte d’une préoccupation urgente découlant de cette crise, à savoir les sanctions économiques aveugles qui affectent tous les pays, en particulier les pays en développement.  Le Brésil a regretté que l’Assemblée générale ait refusé de se prononcer sur un projet qui aurait permis de fédérer le plus grand nombre autour des besoins humanitaires de l’Ukraine. 

Le fait que ce projet ne cite pas une seule fois la Fédération de Russie a fait dire au Canada: une crise humanitaire de cette nature ne vient pas de nulle part.  Elle est le résultat direct d’une décision délibérée d’envahir un pays souverain.  Nous ne pouvons pas, s’est-il essayé, parler de Moby-Dick sans mentionner le mot « cachalot ».  Si nous ne désignons pas l’agresseur et ne rappelons pas ses obligations, nous n’effectuons pas notre travail.  Arguant de sa neutralité, l’Autriche a ajouté: il est difficile d’aboutir à un projet de résolution neutre quand il s’agit de distinguer la victime de l’agresseur. 

Lorsque le 24 mars 1999, les États-Unis et leurs alliés ont lancé leur agression armée contre l’ex-Yougoslavie, ils ont fait pleuvoir plus de 10 000 tonnes d’explosifs, tuant 2000 Serbes, a tenu à rappeler la Fédération de Russie, en parlant de la première guerre en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.  Devant la mise à l’écart du texte sud-africain, elle a accusé les pays occidentaux d’avoir exercé des pressions immenses sur les membres de cette Assemblée parce qu’ils veulent se ménager le monopole du dossier ukrainien. 

En adoptant sa résolution sur les conséquences humanitaires de l’agression contre l’Ukraine, l’Assemblée générale a suspendu cette onzième session extraordinaire d’urgence. 

LETTRE DATÉE DU 28 FÉVRIER 2014, ADRÉSSÉE À LA PRÉSIDENTE DU CONSEIL DE SÉCURITÉ PAR LE REPRÉSENTANT PERMANENT DE L’UKRAINE AUPRÈS DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES: PROJETS DE RÉSOLUTION (A/ES-11/L.2, A/ES-11/L.3)

Déclarations

Après avoir indiqué que sa délégation s’est portée coauteur du projet de résolution présenté par l’Ukraine, M. DAMIANO BELEFFI (Saint-Marin) a fermement condamné les attaques indiscriminées et disproportionnées contre les civils ukrainiens perpétrées par la Fédération de Russie, notamment les bombardements aveugles, les frappes aériennes et l’utilisation d’engins explosifs dans les zones densément peuplées.  Le droit international humanitaire est clair: les civils et les biens civils doivent être protégés.  Depuis le début du conflit, Saint-Marin, a précisé le représentant, a accueilli près de 300 réfugiés en provenance d'Ukraine et le Gouvernement, en collaboration avec la société civile, le secteur privé et les fédérations sportives s’efforcent de faciliter leur intégration et leur inclusion.  Le Gouvernement a ainsi créé une subvention à laquelle les familles samaranaises qui accueillent des réfugiés peuvent avoir accès pour couvrir leurs dépenses de base. 

M. SOVANN KE (Cambodge) s’est dit gravement préoccupé par la détérioration de la situation humanitaire en Ukraine et a exhorté toutes les parties à assurer un accès humanitaire sans entrave.  Il a aussi réclamé le respect du droit international humanitaire et un cessez-le-feu immédiat.  « Ami des deux pays, le Cambodge appelle l’Ukraine et la Russie à régler ce conflit par le biais du dialogue et de la diplomatie. » 

M. KACOU HOUADJA LÉON ADOM (Côte d’Ivoire) a loué les efforts du Secrétaire général en vue d’un règlement pacifique et durable de la crise en Ukraine.  Il a réaffirmé l’attachement de sa délégation au respect de l’intégrité territoriale, de la souveraineté territoriale et de l’indépendance des États ainsi qu’au règlement pacifique des différends.  Il s’est dit « vivement » préoccupé par l’escalade de la violence qui malheureusement continue d’engendrer une profonde désolation avec un nombre considérable de victimes et de destructions massives des infrastructures essentielles.  Il est donc urgent d’appliquer sans délai la résolution adoptée le 2 mars par l’Assemblée générale.  Le représentant a condamné les violations de droit international humanitaire et des droits de l’homme perpétrées en Ukraine. Appelant au respect de ces droits et des Conventions de Genève de 1949, il a insisté sur un traitement équitable et sans discrimination de toutes les personnes affectées par cette crise, y compris les Africains et les personnes d’ascendance africaine. 

M. JUN ZHANG (Chine) a défendu la souveraineté et l’intégralité territoriale de tous les pays, de même que les principes de la Charte des Nations Unies, tout en soulignant la nécessité de prendre en compte les préoccupations sécuritaires de tous les pays.  Il faut, a-t-il dit, éviter de politiser les questions humanitaires.  Il a donc exprimé des réserves sur le projet de résolution présenté par la France et le Mexique, et porté devant l’Assemblée générale par l’Ukraine.  Ce projet, s’est-il expliqué, comporte des aspects qui vont bien au-delà de la problématique humanitaire.  Le représentant a en revanche jugé « plus équilibré » le texte présenté par l’Afrique du Sud, ajoutant que le recours à la force et les sanctions ne devraient pas devenir des fins en soi et rejetant la politique des « deux poids, deux mesures ». 

M. MUNIR AKRAM (Pakistan) s’est dit gravement préoccupé par la détérioration de la situation sécuritaire et humanitaire en Ukraine et a redit l’importance de respecter les principes de la Charte, dont celui du non-recours à la force.  Il a réclamé la cessation immédiate des hostilités et la création de couloirs humanitaires.  Les deux parties, a-t-il pressé, doivent s’engager dans la voie du dialogue.  Il a salué les efforts consentis par de nombreux pays, dont la Chine et la Turquie, pour parvenir à un règlement négocié.  Il a espéré l’adoption d’un texte favorisant l’acheminement de l’aide humanitaire, dans le respect des principes humanitaires. 

M. KYAW MOE TUN (Myanmar) a appuyé le projet de résolution présenté par l’Ukraine, par solidarité pour le peuple ukrainien.  Le peuple du Myanmar, s’est-il expliqué, est confronté à une tragédie similaire, une crise humanitaire émanant des atrocités commises par les militaires décrites comme des crimes contre l’humanité.  Le représentant a plaidé pour une assistance humanitaire au Myanmar, de façon inclusive et transparente.  Il faut mettre fin aux atrocités commises par l’armée et chasser la dictature militaire le plus rapidement et le plus efficacement possible, a-t-il insisté. 

M. ROBERT KEITH RAE (Canada) a regretté que la Fédération de Russie poursuive son invasion illégale de l’Ukraine, où la situation humanitaire est grave.  Rien ne justifie ces attaques, et l’opération militaire russe en Ukraine n’a rien de « spécial », a affirmé le représentant, avant d’apporter son soutien au projet de résolution présenté par l’Ukraine, qui exige le plein respect du droit humanitaire international et l’accès humanitaire qui fait cruellement défaut.  L’Assemblée générale, dans sa première résolution de cette session extraordinaire d’urgence avait déjà déploré les actions de la Russie comme une violation de la Charte des Nations Unies, de ses objectifs et de ses principes.  Il incombe donc à nouveau à l’Assemblée de défendre l’ordre international fondé sur des règles au sein duquel l’ONU et sa Charte jouent un rôle central, a estimé le délégué, avant d’exhorter tous les États Membres à voter en faveur du projet de texte présenté par l’Ukraine qui tient compte de la situation des pays les moins avancés (PMA), de la lutte contre la discrimination, de la sécurité alimentaire ou encore du financement des plans humanitaires de l’ONU. 

Certains disent, s’est étonné le représentant, qu’un texte humanitaire ne devrait établir les responsabilités.  Mais, s’est-il indigné, nous ne sommes pas devant une catastrophe naturelle.  Une crise humanitaire de cette nature ne sort pas de nulle part.  Elle est le résultat direct d’une décision délibérée de la Fédération de Russie d’envahir un pays souverain.  Nous ne pouvons pas, s’est essayé le représentant, parler de Moby-Dick sans dire que c’est un cachalot.  Si nous ne désignons pas l’agresseur et ne rappelons pas ses obligations, nous n’effectuons pas notre travail.  Un cessez-le-feu est nécessaire, a tranché le représentant, promettant de voter oui pour l’humanité parce qu’il faut entamer la marche vers la paix, la vérité, la justice et la réconciliation.  Citant Leonard Cohen, il a dit « c’est par les fissures que la lumière entre ».  Il nous faut de la solidarité et du courage. 

M. ALEXANDER MARSCHIK (Autriche) a dénoncé l’attaque de la Russie contre l’Ukraine et qualifié de « terrifiante » la situation humanitaire dans le pays.  Il a aussi dénoncé les bombardements d’hôpitaux et d’écoles et l’emploi d’armes à sous-munitions.  Chaque pays doit respecter le droit international humanitaire, a-t-il martelé, avant de dénoncer l’inaction du Conseil et de souligner que c’est à cette Assemblée d’agir.  Il a appelé à voter pour le projet de résolution présenté par l’Ukraine, estimant que celui de l’Afrique du Sud, souffre de graves omissions et qu’il n’a pas été élaboré avec le pays concerné au premier chef.  Répondant aux reproches de politisation de l’aide humanitaire et arguant de la neutralité de l’Autriche, le représentant a déclaré: il est difficile d’aboutir à un libellé neutre quand il s’agit de distinguer la victime de l’agresseur. 

Dénué du droit de vote, M. PAUL BERESFORD-HILL (Ordre souverain de Malte) a tenu à exprimer son soutien au projet de résolution présenté par l’Ukraine.  Il a appelé à la cessation des hostilités et au dialogue pour retrouver le chemin vers la paix.  Il a ensuite énuméré les efforts humanitaires de l’Ordre souverain de Malte, avant de se dire préoccupé par les risques accrus de violence sexuelle et de traite des êtres humains dont font état les polices locales et les médias aux frontières. 

Explications de vote sur les résolutions intitulées « Conséquences humanitaires de l’agression de la Fédération de Russie contre l’Ukraine » (A/E-11/L.2), présentée par l’Ukraine et « La situation humanitaire découlant du conflit en Ukraine » (A/E-11/L.3), présentée par l’Afrique du Sud

La représentante de l’Afrique du Sud a voulu que l’on ne perde pas de vue ce qui doit être fait immédiatement: œuvrer à une amélioration de la situation en Ukraine.  Dans une guerre, a-t-elle dit, il n’y a pas de vainqueur.  De nombreux pays subissent les conséquences de guerre qu’ils n’ont pas choisies.  L’Afrique elle-même a enduré plusieurs « guerres par procuration ».  Ce qu’il faut aujourd’hui, a martelé la représentante, c’est mettre un terme à la guerre en Ukraine.  Elle a plaidé pour des efforts constructifs et estimé que la résolution présentée par l’Ukraine ne répond pas pleinement à cet objectif.  Certains de ses éléments entravent l’obtention d’un consensus.  Notre texte, a-t-elle souligné, vise exclusivement à répondre aux enjeux humanitaires car les enjeux politiques, qui empêchent le ralliement de tous les pays, doivent être traités ailleurs. Annonçant un vote d’abstention sur le projet de résolution présenté par l’Ukraine, elle a demandé la mise aux voix du sien.  « Ne muselons pas ceux qui ont un autre avis. » 

La résolution sur « Les conséquences humanitaires de l’agression de la Fédération de la Russie contre l’Ukraine » a été adoptée à la majorité des deux-tiers par 140 voix pour, 5 voix contre (Bélarus, Érythrée, Fédération de Russie, République populaire démocratique de Corée et Syrie) et 38 abstentions.  Par une motion présentée par l’Ukraine, l’Assemblée générale a décidé, par 67 voix contre, 50 pour et 38 abstentions, de ne pas se prononcer sur la résolution intitulée « La situation humanitaire découlant du conflit en Ukraine. »

Explications de vote

Ce qu’il faut c’est un cessez-le-feu immédiat, a commenté le représentant de l’Inde qui a dit avoir acheminé en Ukraine et aux pays voisins plus de 90 tonnes d’aide et assuré le retour de 22 000 ressortissants indiens.  Il a insisté sur le respect des principes de l’aide humanitaire, et rejeté catégoriquement toute politisation.  C’est la raison pour laquelle, nous nous sommes abstenus, a-t-il expliqué.

Le représentant de la République populaire démocratique lao a expliqué son « abstention » parce que ce qui est urgent, c’ est de parvenir à des efforts visant à engager les négociations de paix entre les parties concernées.  Il faut s’abstenir de toute action qui pourrait « jeter de l’huile sur le feu » et les tensions qui pourraient entraver les efforts diplomatiques, a conseillé le représentant. 

Son homologue du (Rwanda) a dit avoir voté en faveur de la résolution car il s’agit de faire pression pour obtenir la réalisation de trois objectifs principaux : la protection des civils, le soutien humanitaire et le dialogue.  Mais le représentant a avoué qu’il aurait aimé voir tous les États Membres « unis » autour d’un texte humanitaire, jugeant regrettables les divisions lorsque la vie de civils innocents est en jeu. 

Ayant également voté en faveur de la résolution, le représentant de Malaisie a regretté la manière dont les choses se sont passées aujourd’hui à l’Assemblée générale.  Les deux textes, a-t-il estimé, avaient des similitudes et leurs auteurs auraient dû collaborer pour arriver à un texte unique.  La procédure appliquée au cours de cette session n’envoie pas un message d’unité et de solidarité, a-t-il dit.  Cette absence de débat ouvert et franc entre les États est un événement malheureux de plus, a regretté le représentant. 

Lorsque le 24 mars 1999, les États-Unis et leurs alliés ont lancé leur agression armée contre l’ex-Yougoslavie, plus de 10 000 tonnes d’explosifs se sont abattus dans le pays, tuant 2000 Serbes, a tenu à rappeler le représentant de la Fédération de Russie.  Cette agression, la première en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, a étonnamment été présentée comme une guerre défensive.  Il a donc remercié les pays qui ont eu « le courage » de suivre une ligne indépendante, en dénonçant, une nouvelle fois, une résolution « antirusse » sur une pseudo-aide humanitaire.  Les pays occidentaux ont exercé des pressions immenses sur les membres de cette Assemblée, a accusé le représentant, déplorant l’absence d’un vote sur le texte de l’Afrique du Sud.  Les pays occidentaux veulent décidément conserver leur monopole sur ce dossier, a-t-il taclé. 

Appelant le Conseil de sécurité à assumer sa responsabilité première dans le maintien de la paix et la sécurité internationales, le représentant de l’Algérie a exprimé sa plus vive préoccupation devant la situation en Ukraine.  Il a souligné l’importance des efforts diplomatiques qui doivent être intensifiés pour parvenir à un règlement pacifique du conflit et remédier aux conséquences humanitaires tragiques dans ce pays. 

Le représentant du Brésil a dit avoir voté en faveur de la résolution mais a regretté que l'assemblée générale n’ait pas réussi à s’exprimer aujourd’hui d’une seule et même voix.  Nous aurions préféré, a-t-il avoué, un texte consensuel plutôt que de nous retrouver devant un fait accompli et une résolution humanitaire aux relents politiques.  Nous aurions aimé, a encore dit le représentant, une résolution constructive et capable d’influencer le comportement des parties sur le terrain, de promouvoir des arrangements humanitaires efficaces et de créer l’espace nécessaire aux négociations pour mettre un terme aux hostilités. 

La résolution adoptée aujourd’hui, a poursuivi le représentant, ne tient pas non plus compte d’une préoccupation urgente découlant de cette crise, à savoir les sanctions économiques aveuglent qui affectent tous les pays, en particulier les pays en développement.  Le représentant a dit pleinement souscrire au projet de résolution proposé par l’Afrique du Sud, regrettant sincèrement que l’Assemblée générale ait refusé de se prononcer sur un texte qui aurait permis de fédérer les États autour des besoins humanitaires de l’Ukraine. 

Ayant lui aussi voté pour la résolution, le délégué de l’Égypte a argué de la nécessité de protéger les civils, tout en confessant un certain « malaise » lors des négociations.  Il a rejeté les sanctions en raison de leurs incidences pour la sécurité alimentaire et énergétique mondiale et souligné que la quête d’une solution politique rapide à cette crise est capitale et qu’elle doit être la priorité. 

Le représentant de l’Iraq a déclaré que le peuple de son pays « sait très bien » ce que c’est que d’avoir un besoin urgent d’aide humanitaire en temps de crise et de guerre.  Rappelant que l’ONU a fourni à son pays le soutien humanitaire nécessaire pour surmonter les répercussions des crises qui l’ont accablé, le délégué a déclaré que son pays a voté en faveur de la résolution, par sens de responsabilité envers le peuple ukrainien.  Il a ajouté que l’Iraq aurait également voté en faveur du projet de résolution sud-africain s’il avait été mis aux voix. 

La représentante de Sierra Leone qui a voté en faveur de la résolution, a insisté sur l’égalité de traitement de tous ceux et celles qui recherchent la sécurité.  Elle a mis en garde contre toute discrimination des personnes qui fuient ou qui sont directement touchées par le conflit. 

Son homologue de l’Indonésie, qui a aussi voté pour, a tout de même regretté que l’Assemblée ne se soit pas exprimée d’une seule voix.  Il faut, a-t-il dit, déploré que le monde ait vu aujourd’hui à quel point nous sommes divisés sur un sujet aussi essentiel, et ce, par manque de dialogue.  Nous aurions voté pour le projet de résolution de l’Afrique du Sud, a-t-il confié, s’il n’y avait pas eu cette « entorse » au caractère démocratique de cette Assemblée.  Semons la confiance plutôt que la discorde, a-t-il plaidé. 

Il est regrettable qu’il n’ait pas été possible de réconcilier les deux textes, a commenté le représentant de l’Érythrée , avouant sa préférence pour le projet de résolution sud-africain.  Toutes les parties, a-t-il souligné, doivent assumer leurs responsabilités, en vertu du droit international, veiller au bien-être des civils et permettre le passage sûr et sans entrave de l’aide humanitaire. Exprimant son soutien au règlement pacifique des différends, il a qualifié de dangereuse la tendance à vouloir faire advenir un monde unipolaire.  Nous avons voté contre la résolution, a-t-il dit. 

Ayant voté pour, le représentant de la Thaïlande a insisté sur le respect du droit international humanitaire et mis en garde contre toute politisation de l’aide, avant de s’attarder sur l’assistance apportée par son pays à l’Ukraine. 

Le représentant de la Jordanie a insisté sur les principes de précaution et de distinction, avant de saluer les efforts diplomatiques déployés pour faire émerger une solution pacifique au conflit. 

S’étant abstenu, le représentant de l’Iran a dit tenir au règlement pacifique des différends et a encouragé toutes les parties au dialogue.  Il a jugé que la résolution adoptée contient des dispositions allant bien au-delà du champ d’application de l’action humanitaire et ne prévoit aucun mécanisme réaliste pour faire taire les armes.  Il a donc regretté que les États Membres n’aient pas eu la possibilité de se prononcer sur le projet de résolution présenté par l’Afrique du Sud. 

La déléguée du Liban a dit avoir voté pour, en regrettant l’absence de consensus.  « Que fait-on maintenant que nous avons échoué à combattre le fléau de la guerre?  Elle a réclamé la fin des hostilités et a appelé au dialogue pour mettre un terme à la guerre.  « Devenons tous des héros de la paix. », a-t-elle encouragé. 

À son tour, le représentant du Lesotho a souhaité que le conflit en Ukraine se règle par des moyens pacifiques. 

Déclarations après le vote

Au nom de l’Union européenne, le représentant de la France a salué un texte « équilibré » qui exige de la Fédération de Russie qu’elle mette fin sans délai à son agression.  Ce texte, qui est le résultat d’une large consultation avec l’Ukraine et les États Membres de toutes les régions, a été coparrainé par plus de 80 pays, s’est réjoui le représentant, en se félicitant aussi d’une adoption par « une majorité écrasante ».  C’est un signal très fort envoyé par cette Assemblée générale  et l’Ukraine et son peuple en ont besoin.  C’est aussi la raison pour laquelle l’Union européenne et ses États membres ont soutenu la demande procédurale de l’Ukraine, a dit le représentant, en jugeant qu’il faut plus que jamais être unis derrière les principes universels de la Charte des Nations Unies et du droit international humanitaire. 

Son homologue du Danemark a surtout reproché au texte sud-africain le fait qu’il ne mentionne pas une seule fois la Fédération de Russie, seul pays qui peut régler la situation.  En outre, a-t-il aussi reproché, les auteurs du texte n’ont pas jugé bon de consulter l’’Ukraine.  Il n’est pas difficile de se mettre à la place de cette dernière, a-t-il dit, en insistant sur l’importance qu’il y a à la consulter. 

Ayant voté en faveur de la résolution présentée par l’Ukraine, la représentante d’Israël a rappelé que son pays a déjà fourni plus de 100 tonnes d’aide humanitaire et des systèmes de purification d’eau en Ukraine, tandis qu’hier, il a inauguré un premier dispensaire.  Elle a ensuite déclaré que son gouvernement met tout en œuvre pour parvenir à un règlement de la crise par des moyens pacifiques, compte tenu de ses bonnes relations avec les deux parties au conflit. 

Enfin, l’Observateur du Saint Siège a estimé que la résolution adoptée, décrit avec clarté les conséquences humanitaires désastreuses du conflit, en Ukraine et autour de l’Ukraine.  Saluant en outre le fait que la résolution reconnaisse les nombreuses conséquences du conflit, notamment l’aggravation de l’insécurité alimentaire partout dans le monde, sans oublier les répercussions potentielles du bombardement des infrastructures nucléaires ukrainiennes, l’Observateur a rappelé la parole du pape François qui disait hier que dans les guerres, la victoire est impossible.  Les guerres ne sont qu’une défaite de l’humanité, la défaite de la lumière face à la mort.  Le pape, a souligné l’Observateur, a appelé à un cessez-le-feu immédiat et à la création des couloirs humanitaires.  Le Saint-Père a réclamé des négociations réelles pour parvenir à un règlement immédiat du conflit.  L’Observateur a remercié tous les États et tous les individus qui ont ouvert leur maison et leurs cœurs à ceux et celles qui ont fui le conflit, tous ceux qui ont fourni des habits, des médicaments, de la nourriture et de l’eau. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission de la condition de la femme se penche sur les moyens de tirer parti de la relance post-COVID-19 pour favoriser l’égalité des sexes

Soixante-sixième session,
Séance virtuelle
FEM/2219

La Commission de la condition de la femme se penche sur les moyens de tirer parti de la relance post-COVID-19 pour favoriser l’égalité des sexes

À la veille de la clôture de sa soixante-sixième session, la Commission de la condition de la femme a planché, ce matin, sur les moyens de tirer parti de la relance post-COVID-19 pour faire progresser l’égalité entre les sexes.  La table ronde organisée sur ce thème a permis de souligner l’importance du secteur des soins dans les efforts de relèvement économiques et de tracer les contours d’un « pacte vert féministe » pour relever le défi de l’après-pandémie et des changements climatiques.     

Au cours de cette discussion, les délégations ont notamment entendu la Conseillère au Ministère de l’économie de l’Argentine mettre l’accent sur la revalorisation et le renforcement du système de soins, essentiel à ses yeux pour le fonctionnement de l’économie et du tissu productif.  Mme Mercedes D’Alessandro a expliqué que, dans son pays, les investissements dans les infrastructures de soins ont eu pour effet de multiplier et d’améliorer les emplois liés aux soins, tout en offrant plus de temps aux femmes pour étudier, se former ou travailler.  

Lorsque des mesures sont prises pour faciliter la réintégration des femmes dans la force de travail, l’économie en bénéficie sur les plans qualitatif et quantitatif, a-t-elle souligné, ajoutant qu’en dépit du chemin qu’il reste à parcourir pour assurer leur autonomisation économique, les femmes argentines connaissent un niveau d’activité record à l’heure actuelle.  

Dans le même ordre d’idées, Mme Sherilyn MacGregor, chargée de cours en politique environnementale à l’Université de Manchester, au Royaume-Uni, a dit travailler à l’élaboration d’un « pacte vert féministe », destiné à proposer des solutions aux crises imbriquées des soins et du climat.  À cette aune, elle a plaidé, elle aussi, pour un appui massif au secteur des soins, lequel a un impact environnemental relativement faible et contribue à pousser les économies vers la décarbonation. 

Mme MacGregor a également appelé à plus d’investissements publics dans les infrastructures sociales afin de permettre aux femmes de participer plus largement à la force de travail et d’aider à la reprise économique.  Relevant à cet égard que la pandémie s’est traduite par des pertes d’emploi massives, majoritairement chez les femmes, elle a soutenu que les revenus supplémentaires que ces dernières recevront lors de leur retour au travail généreront les recettes fiscales nécessaires pour financer les dépenses de relance et de transition.   

Le Chef de la section recherches et données d’ONU-Femmes a, pour sa part, indiqué que, selon la base de données COVID-19 Global Gender Response Tracker, seulement 12% de toutes les mesures de protection sociale et d’emploi adoptées dans ce contexte de crise ont ciblé la sécurité économique des femmes et à peine 7% ont appuyé l’augmentation des demandes de soins non rémunérés.  Pourtant, a assuré M. Papa Seck, la reprise offre la possibilité d’agir différemment pour les femmes, notamment en créant une « percée » pour un avenir vert et équitable en matière de genre.  

La Commission achèvera les travaux de sa soixante-sixième session demain, vendredi 25 mars, à partir de 15 heures.

SUITE DONNÉE À LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET À LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXI SIÈCLE »

QUESTIONS NOUVELLES, TENDANCES, DOMAINES D’INTERVENTION ET APPROCHES NOVATRICES DES QUESTIONS AYANT UNE INCIDENCE SUR LA SITUATION DES FEMMES, NOTAMMENT SUR L’ÉGALITÉ ENTRE FEMMES ET HOMMES

Table ronde: « Question émergente: Tirer parti de la relance post-COVID-19 pour l’égalité des sexes et un avenir durable » 

Aux commandes de cette table ronde, Mme HYE RYOUNG SONG (République de Corée), Vice-Présidente de la Commission de la condition de la femme, a rappelé que la pandémie a attiré l’attention sur trois crises imbriquées, celles de l’emploi, des soins et de l’environnement, qui portent systématiquement atteinte à l’égalité des sexes et menacent la survie des personnes et de la planète.  Dans ce contexte, a souligné la Vice-Présidente, la pandémie a laissé des millions d’enfants et d’adultes sans le soutien dont ils ont besoin, imposant de fait des choix difficiles et des coûts énormes aux femmes et aux filles.  Pour ajouter à ces défis, l’accélération de la crise environnementale pèse de manière disproportionnée sur les pays les plus pauvres et les femmes les plus marginalisées, alors qu’ils n’ont que faiblement contribué au problème.  Une transition juste, impliquant des changements dans l’économie et dans les systèmes de protection sociale et de soins, est donc nécessaire pour répondre à la crise planétaire, forger une reprise durable et ainsi faire progresser l’égalité de genre, a-t-elle souligné. 

Première intervenante, Mme JAYATI GHOSH, Professeur d’économie à l’Université du Massachusetts, aux États-Unis, a confirmé que la condition des femmes a été aggravée par une succession de catastrophes, qu’il s’agisse de la pandémie, des changements climatiques et du peu de cas accordé par les gouvernements à la situation des personnes confrontées aux crises socioéconomiques.  Ces derniers ont recherché des solutions à court terme plutôt que d’envisager des perspectives plus ambitieuses, a-t-elle déploré, appelant à une modification d’ampleur des modèles économiques afin, notamment, de tenir compte des besoins des femmes et des filles.  De l’avis de l’économiste, il importe tout d’abord d’investir massivement dans l’alimentation et la nutrition, alors que les prix des vivres augmentent et que la subsistance des ménages s’amenuise.  Il faut ensuite investir dans les systèmes de santé pour veiller à ce que tous, singulièrement les femmes et les filles, aient accès aux soins.  Il convient en outre d’investir dans des emplois verts et de renforcer les secteurs publics.  Une attention particulière doit être offerte à la viabilité des micro, petites et moyennes entreprises, où les femmes sont dominantes, et revoir l’accès au crédit pour celles-ci.  Enfin, a poursuivi l’économiste, l’accent doit être mis sur la protection sociale universelle en allant au-delà des « mesurettes » qui ne changent pas la vie des gens.  Parallèlement, la communauté internationale doit se montrer solidaire et s’impliquer davantage, par exemple en injectant des liquidités par le biais des droits de tirage spéciaux (DTS) et d’investissements mondiaux destinés à répondre aux défis que connaît l’humanité.  

Mme GORDANA GAVRILOVIĆOF, Conseillère du Vice-Premier Ministre et Présidente de l’Organe de coordination pour l’égalité des genres auprès du Gouvernement de la Serbie, a souligné que la crise économique engendrée par la pandémie de COVID-19 a eu des impacts disproportionnés sur les femmes, ces dernières étant surreprésentées dans des emplois moins rémunérés, en particulier les femmes roms, les femmes des zones rurales et les femmes handicapées.  Durant la pandémie, cette situation a poussé de nombreuses femmes à devenir partiellement ou entièrement économiquement dépendantes de leurs partenaires.  La COVID-19 s’est également accompagnée d’une augmentation marquée de la violence sexiste et domestique sans que les femmes aient toujours l’option de quitter leur partenaire.  

La panéliste a ensuite expliqué qu’en termes de politique climatique, une perspective de genre est intégrée au cadre normatif de la Serbie.  Notant que les changements climatiques ne sont pas neutres du point de vue du genre, elle a appelé à entendre la voix des femmes et à leur faire une place dans les organes et procédures de prise de décision.  Avec ONU-Femmes, a-t-elle poursuivi, un guide a été développé pour appuyer l’implication des femmes dans les politiques climatiques.  Un outil de suivi du financement pour le climat et le genre a également été mis en place et des documents stratégiques pour le secteur énergétique sont en cours de préparation et mettent eux-aussi l’accent sur une perspective sexospécifique.  En effet, a souligné la panéliste, les hommes et les femmes ont des besoins différents en termes énergétiques, ne serait-ce que parce que dans 82% des ménages, ce sont les femmes qui préparent les repas et sont en charge du recyclage des ordures ménagères.

Mme MERCEDES D’ALESSANDRO, économiste, chercheuse et Conseillère au Ministère de l’économie de l’Argentine, a indiqué que durant la pandémie, de nombreuses femmes argentines ont été reléguées aux tâches domestiques, communautaires et aux soins.  Étant majoritaires dans les secteurs de la santé et de l’éducation, les femmes ont donc joué un rôle fondamental dans la riposte contre la COVID-19 et l’Argentine a décidé de miser sur les femmes pour assurer la relève économique postpandémie.   

L’économiste a mis l’accent sur la revalorisation et le renforcement du système de soins arguant que l’économie des soins soutient le fonctionnement de l’économie et du tissu productif.  Elle a cité la création de programmes visant à améliorer les conditions d’emploi et à étendre les droits du travail, notamment Registradas, spécifiquement destiné aux employés domestiques, secteur qui a connu la plus forte perte d’emplois en 2020-2021.  En outre, les investissements dans les infrastructures de soins ont été accrus, notamment les espaces pour la petite enfance, les cuisines communautaires, et les refuges pour femmes victimes de violence.  Cela a eu un double impact: multiplier et améliorer les emplois liés aux soins tout en offrant plus de temps aux femmes pour étudier, se former ou travailler.  Les politiques de protection sociale ont elles aussi été renforcées pour soutenir les femmes mères, les plus touchées par la crise.  Ceci, combiné au revenu familial d’urgence en 2020, a permis d’empêcher des millions de ménages de tomber dans la pauvreté et l’indigence, a indiqué Mme D’Alessandro.

Le deuxième axe d’intervention a été de favoriser l’insertion des femmes dans les secteurs stratégiques de l’économie tels que l’industrie, l’énergie, la technologie ou les transports.  À cette fin, des incitations fiscales ont été intégrées dans des lois clefs telles que la loi sur l’économie du savoir, ainsi que dans les programmes d’emploi pour les jeunes, entre autres.  Les politiques visant à combler les écarts d’inégalité représentent 15% du budget national et une perspective genrée est également intégrée dans la collecte fiscale auprès des entreprises.

Tout en estimant que le processus de reprise économique en Argentine doit accompagner encore davantage ces efforts pour promouvoir l’autonomie économique des femmes, Mme d’Alessandro s’est réjouie qu’à l’heure actuelle, l’activité économique des femmes argentines connaît un niveau record.  Cela signifie que lorsque des mesures concrètes seront prises pour faciliter leur réintégration dans la force de travail, l’économie en bénéficiera à la fois sur le plan qualitatif et quantitatif, s’est-elle félicitée.

Mme SHERILYN MACGREGOR, chargée de cours en politique environnementale à l’Université de Manchester (Royaume-Uni), a expliqué avoir revisité les visions existantes pour une reprise postpandémie et une transition loin des économies alimentées par les combustibles fossiles à travers une lentille écoféministe intersectionnelle dans le but de proposer un nouveau pacte vert féministe.  Ce pacte propose un ensemble de solutions aux crises imbriquées des soins et du climat et soutient que les gouvernements des pays à revenu élevé d’Amérique du Nord et d’Europe peuvent renforcer leurs actions sur l’inégalité entre les sexes et la dégradation du climat en relevant ces défis ensemble. 

Elle a plaidé pour une augmentation des salaires et de meilleures conditions de travail pour les travailleurs sociaux et la création de nouveaux emplois liés aux soins et à la santé.  Notant que davantage de travailleurs sociaux sont nécessaires pour se remettre de cette pandémie et se préparer à la prochaine, la panéliste a argué que le travail de soins a un impact environnemental relativement faible, comparé notamment au secteur du bâtiment, et doit donc être considéré comme un travail qui pousse les économies vers la décarbonation.  Cette stratégie se base également sur le fait que chaque dollar investi dans le secteur des soins produit trois fois plus d’emplois que dans le secteur du bâtiment par exemple, ce qui est bon pour la reprise économique et la génération de recettes fiscales.  

Mme MacGregor a également appelé à plus d’investissements publics dans les infrastructures sociales, les services de garde d’enfants et de personnes âgées abordables et accessibles permettant aux femmes de participer pleinement à la force de travail, « ce qui sera bon pour la reprise ».  Rappelant que la pandémie a vu un retrait massif de travailleurs du marché du travail, majoritairement des femmes, elle a argué que les revenus supplémentaires que ces dernières recevront lors de leur retour au travail généreront les recettes fiscales nécessaires pour financer les dépenses de relance et de transition. 

La modification des environnements bâtis est un autre point central du pacte vert féministe, a-t-elle poursuivi, en défendant les avantages sociaux et d’efficacité des ressources de la collectivisation et de la colocalisation.  Au niveau des villes, la réaffectation de bâtiments vides permettrait de fournir des logements avec des services sur place plutôt que de construire des logements neufs dans des espaces verts actuellement non développés.  La colocalisation des lieux de travail, des services essentiels et des commerces de détail au sein d’un même immeuble regroupant, par exemple, bureaux, centres de soins, écoles et blanchisserie, faciliterait le jonglage entre plusieurs tâches pour les personnes ayant des responsabilités familiales, en particulier les femmes avec enfants.  Cela minimiserait également la distance des déplacements, réduisant ainsi l’utilisation de véhicules à carburant fossile et favorisant les méthodes de transport durables.  

Mme LEBOGANG RAMAFOKO, Directrice générale de Tekano Health Equity (Afrique du Sud), a indiqué que 50 ans de patriarcat capitaliste et de suprématie blanche ont fait de l’Afrique du Sud l’un des pays les plus inégalitaires du monde où les inégalités structurelles héritées du régime de l’apartheid recoupent invariablement la pauvreté, le désavantage socioéconomique et la race.  Il n’est donc pas surprenant que le confinement, la propagation du virus COVID-19 et la crise sanitaire qui en a résulté ont exacerbé les inégalités socioéconomiques existantes et conduit à des niveaux accrus de violence sexuelle et sexiste contre les femmes et les enfants, a regretté la panéliste.  Qui plus est, la corruption, le déclin économique et un faible taux de croissance ont entravé la capacité du Gouvernement à faire face à la crise.

Malgré une Constitution qui prévoit un État démocratique fondé, entre autres, sur la valeur du « non-sexisme », les divisions structurelles du travail entre les sexes persistent dans de nombreuses pratiques culturelles et sociales en Afrique du Sud, a expliqué la panéliste.  Les femmes sont toujours définies par rapport à la maternité et chargées de s’occuper de la fourniture de services de base tels que l’eau, la subsistance et l’éducation.  Elles sont désavantagées dans l’économie formelle, tandis que celles qui effectuent un « travail de femme » non rémunéré sont rarement reconnues.  La pauvreté reste en outre un facteur qui contribue à l’inégalité entre les sexes, en particulier pour les femmes rurales.

Mme Ramafako a reproché aux dirigeants sud-africains d’avoir ignoré la voix des femmes et, dans certains cas, autorisé des consignes de silence qui mettent en péril la santé reproductive et l’intégrité corporelle des femmes africaines.  Ils ont également permis aux politiques foncières et à la structure de l’économie d’exclure les femmes.  Aujourd’hui, pour reconstruire en mieux, il faut commencer par reconnaître cet échec de leadership et de volonté politique, a insisté la panéliste pour qui la seule voie à suivre est une voie féministe intersectionnelle qui « nous oblige à voir où se trouve le pouvoir et à orienter les ressources vers les groupes marginalisés et les déresponsabilisés ».  Nous ne pouvons pas continuer à soutenir des systèmes économiques et politiques qui ne sont pas sexospécifiques, ou qui permettent de prendre des décisions sur la terre et l’agriculture sans prendre en compte une perspective de genre, a-t-elle affirmé.

M. PAPA SECK, Chef de la section recherches et données d’ONU-Femmes, a indiqué qu’il y a de réelles inquiétudes qu’à moins d’une action décisive, la pandémie entraîne des reculs à long terme en matière d’égalité des sexes et de droits des femmes.  La base de données COVID-19 Global Gender Response Tracker montre que seulement 12% de toutes les mesures de protection sociale et d’emploi adoptées dans le contexte de la pandémie ont ciblé la sécurité économique des femmes et seulement 7% ont appuyé l’augmentation des demandes de soins non rémunérés.

Cependant, la reprise offre une ouverture pour faire les choses différemment pour les femmes, a souligné M. Seck.  Les dirigeants mondiaux peuvent décider de répéter les erreurs du passé ou saisir l’opportunité de faire les choses différemment et créer une « percée » pour un avenir vert et équitable en matière de genre.

Dialogue interactif

Au cours du dialogue interactif avec les délégations, l’Arabie saoudite a rappelé que sa « Vision 2030 » accorde une large place aux femmes, qui représentent 49% de la population du Royaume.  Faisant état de progrès notables en matière de mobilité, de revenus du travail et de retraite, elle a estimé qu’en dépit des difficultés occasionnées par la pandémie, la crise actuelle a permis aux femmes de s’investir dans le télétravail, les services de santé à domicile et la recherche scientifique.  

Consciente du terrain perdu par les femmes au cours de la période pandémique, la Suisse a demandé des informations sur les bonnes pratiques permettant de les intégrer aux processus de décisions pour répondre aux défis contemporains.  

De son côté, la République de Corée a mis en avant les mesures de relèvement destinées aux femmes qu’a pris son gouvernement, en particulier des aides pour accéder à l’emploi, un appui d’urgence pour les soins au sein des familles et un soutien pour les travailleuses qui doivent prendre des vacances non rémunérées.  

Les États-Unis ont noté que 70% des pertes d’emploi liées à la pandémie sur leur territoire ont concerné des femmes, les plus durement touchées étant les femmes noires.  Pour y remédier, le Gouvernement américain s’emploie à favoriser la participation des femmes au marché de l’emploi et à promouvoir le rôle des femmes dans l’économie de soins. 

La Géorgie a fait état de mesures d’atténuation de la crise spécifiquement dirigées vers les femmes, notamment une indemnisation en cas de perte d’emploi, des aides pour les gardes d’enfants et un soutien aux femmes chefs d’entreprise.  Elle a d’autre part évoqué un ensemble de mesures visant à prévenir et réduire les risques de violences sexistes et sexuelles au sein des foyers, indiquant toutefois que les actions de relèvement de son gouvernement ne peuvent concerner les populations des territoires sous occupation russe.     

L’ONG Maat for Peace, Development and Human Rights a déploré des coupes salariales, les licenciements, l’absence d’accès aux soins, la fracture numérique et les violences domestiques dont sont victimes nombre de femmes dans les pays du Sud.  Plaidant pour une augmentation de la coopération internationale pour répondre à ces problèmes urgents, elle a souhaité que la priorité soit donnée à la réintégration des femmes dans la vie active et aux soins pour les femmes ayant des enfants en bas âge, un appel repris par l’Association internationale des jeunes femmes chrétiennes.   

Nous faisons face à un vaste « retour en arrière » pour les femmes et les filles, qu’il s’agisse du manque d’accès à la santé sexuelle et reproductive, des mariages précoces, des grossesses d’adolescentes, du travail non rémunéré et du peu de représentation dans la science et la technologie, s’est inquiété le Royaume-Uni.  Pour la délégation, l’inclusion égalitaire doit devenir la norme et les femmes doivent pouvoir apporter leur expertise aux processus de développement durable.  Mais pour cela, elles doivent aussi se montrer solidaires entre elles, car « les femmes qui ne se soutiennent pas mutuellement ont leur place réservée en enfer », a-t-elle averti en citant l’ancienne Secrétaire d’État américaine Madeleine Albright, décédée hier.  

Tout en reconnaissant que les inégalités de genre, exacerbées par la pandémie, continuent d’être importantes sur son sol, le Japon a assuré que son plan de riposte a des effets positifs pour les femmes, notamment la généralisation du télétravail.  L’autonomisation des femmes et leur formation aux STIM sont au cœur de nos politiques socioéconomiques, ont assuré les Émirats arabes unis, qui ont expliqué avoir mis en place une stratégie interinstitutions pour aider les femmes à s’impliquer dans la société.  L’Union européenne a indiqué avoir mis en place des facilités de résilience dans tous ses États membres, renforcé les infrastructures de soins et introduit de nouveaux droits individuels, comme les droits parentaux non transférables, qui visent à garantir l’égalité femmes-hommes à tous les niveaux.   

De son côté, la Fondation de la banque BBVA pour la microfinance a relevé qu’en Amérique latine, 60% des femmes rurales sont confrontées à des difficultés de subsistance mais que seulement 10% ont accès à des financements.  Pour leur venir en aide et réduire leur vulnérabilité face aux crises, la Fondation propose des produits et services permettant de mettre en place des mesures d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques, d’accès à l’eau et de protection des cultures.  

Le Soudan a quant à lui expliqué que ses mesures de réponse à la pandémie se sont heurtées aux difficultés structurelles d’accès aux services de santé, mais aussi à des problèmes de stabilité et à l’afflux de migrants.  Ces menaces ont des incidences sur le développement du secteur de la santé et occasionnent des retards dans la réalisation des ODD, notamment pour les femmes et les filles, et plus encore dans les zones de conflit, s’est inquiétée la délégation qui a fait appel à la solidarité internationale pour relancer les secteurs nationaux les plus affectés par la crise et favoriser l’égalité entre les genres.   

En réponse aux remarques des délégations, l’économiste de l’Argentine a plaidé pour la mise en œuvre de politiques prenant en compte la situation des personnes les plus vulnérables, et notamment aux impacts qu’ont sur elles les changements climatiques.  Pour y arriver, le recours à un indice basé sur le PIB ne peut suffire, il faut mesurer le niveau de vie des populations, a-t-elle avancé, citant l’exemple de son pays où, bien que le chômage reste relativement faible, on assiste à une chute des salaires et à une augmentation de la pauvreté.  On ne peut pas laisser le niveau de vie reculer à ce point, nous devons prévoir des transformations prenant en compte le moyen et le long terme, a-t-elle préconisé.    

Si beaucoup d’échecs ont été enregistrés par les pays, des synergies se mettent en place et c’est encourageant, a commenté la panéliste de l’Université de Manchester, regrettant toutefois que l’accent ne soit pas suffisamment mis sur le lien entre les soins, l’emploi et le climat, qui sont des domaines interdépendants.  Appelant à une « nouvelle donne féministe », elle a souhaité que les politiques sortent du « modèle unique » et tiennent compte de la diversité des femmes à toutes les étapes du relèvement et de l’action climatique.  

La Directrice générale de Tekano Health Equity a insisté sur l’importance des nouvelles mesures prises tant au niveau local que mondial.  Pour mettre en œuvre ces mesures dans chaque pays et région, elle a recommandé d’établir un tableau afin d’en assurer le suivi.  Le monde ne pourra progresser que s’il accorde plus d’attention aux femmes et aux travaux de soins dans l’économie, a-t-elle insisté.   

Concluant cette discussion, le Chef de la section recherches et données d’ONU-Femmes a jugé essentiel de s’attaquer aux obstacles structurels que rencontrent les femmes de longue date, à commencer par leur sous-représentation dans les postes et fonctions à responsabilités.  Il faut rompre le cercle vicieux de l’exclusion des femmes, a-t-il dit, estimant qu’avec de la volonté politique, cette crise peut être porteuse de transformations positives.  Surtout, a-t-il ajouté, il faut plus de ressources financières pour assurer l’égalité des genres, qui est un facteur de revitalisation pour les démocraties et la justice pour tous. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Les membres du Conseil de sécurité se préoccupent des conséquences de la guerre en Ukraine sur la situation humanitaire en Syrie

9003e séance - matin
CS/14839

Les membres du Conseil de sécurité se préoccupent des conséquences de la guerre en Ukraine sur la situation humanitaire en Syrie

Alors que le conflit syrien vient d’entrer dans sa douzième année, le Conseil de sécurité, qui examinait ce matin la situation dans le pays sous le double aspect politique et humanitaire, s’est inquiété des conséquences que pourrait avoir pour la Syrie la guerre en Ukraine.  Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, M. Martin Griffiths, a ainsi appelé le Conseil à agir pour « montrer au peuple syrien qu’il n’est pas oublié » et à lui fournir l’aide dont il a d’autant plus besoin que le prix des denrées de base augmente.  Si la nouvelle réunion de la Commission constitutionnelle décrite par l’Envoyé spécial Geir Pedersen a été évoquée, beaucoup de membres du Conseil se sont aussi préoccupés de la reconduction de l’autorisation des convois transfrontaliers d’aide humanitaire, considérée comme un test pour l’esprit de consensus au sein du Conseil, malmené par le conflit ukrainien. 

« Nous ne pouvons pas laisser tomber le peuple syrien; pourtant, nous risquons fort d’en arriver là si nous ne prenons pas des mesures urgentes », a averti M. Griffiths.  S’il s’est dit « parfaitement conscient » de l’augmentation rapide des besoins humanitaires dans le monde et des difficultés de « l’environnement financier », le Coordonnateur des secours d’urgence n’en a pas moins appelé à financer suffisamment le plan de réponse humanitaire 2022 pour la Syrie, « sur le point d’être finalisé » et d’un montant environ 1,1 milliard de dollars, dont un quart irait à des projets de relèvement rapide et de renforcement de la résilience.  Il a en particulier rappelé qu’on estime à 12 millions les Syriens souffrant d’insécurité alimentaire et que ce nombre risque d’augmenter du fait de la hausse mondiale du prix des denrées alimentaires provoquée par la guerre en Ukraine. 

Le Secrétaire général adjoint de la Ligue des États arabes, M. Hossam Zaki, a lui aussi prédit que le conflit ukrainien aurait des conséquences sur la crise syrienne et a dit craindre qu’il détourne le regard du Conseil de la situation qui règne en Syrie.  Il a ensuite élargi la question à toute la région, en particulier aux pays voisins comme la Jordanie et le Liban, qui accueillent depuis des années des millions de réfugiés syriens au prix d’énormes charges et d’une forte pression sur leurs infrastructures, notamment éducatives et de santé. 

La gravité de la situation humanitaire a amené M. Griffiths et, à sa suite, plusieurs membres du Conseil à rappeler l’importance de l’acheminement de l’aide humanitaire à l’ensemble des populations dans le besoin, alors que se profile l’échéance, début juillet, du renouvèlement de l’autorisation des convois transfrontaliers.  En juillet 2021, pour la première fois, le Conseil avait reconduit à l’unanimité cette autorisation, à laquelle s’ajoutait la reconnaissance d’une nécessité « d’améliorer l’approvisionnement à travers les lignes de front ».  M. Griffiths a souhaité que soit préservé « l’esprit de coopération » qui avait alors prévalu.  Ce matin, certains membres -en particulier occidentaux- ont mis l’accent sur le renouvèlement de l’autorisation transfrontalière; d’autres, comme l’Inde ou les A3 (Gabon, Ghana et Kenya), sur l’amélioration des opérations à travers les lignes de front pour lesquelles la Fédération de Russie s’est plainte du manque de respect des dispositions de la résolution 2585 (2021).  Pour d’autres enfin, comme le Mexique, les deux mécanismes sont nécessaires et complémentaires.  La Ligue des États arabes a plaidé pour que la question soit traitée sans politisation.

L’examen de l’angle politique a été marqué par l’exposé de M. Pedersen sur la septième session de l’organe restreint de la Commission constitutionnelle syrienne, qui se tient cette semaine à Genève.  L’Envoyé spécial a répété une nouvelle fois qu’une solution militaire est « une illusion ».  Plusieurs membres du Conseil –la Fédération de Russie, mais aussi l’Inde et les Émirats arabes unis- ont saisi l’occasion pour rappeler leur opposition à toute « ingérence étrangère » en Syrie. 

Ces pays ont également salué la normalisation progressive des relations de la Syrie avec ses voisins arabes.  La France a en revanche estimé que la réintégration de la Syrie dans la Ligue des États arabes ne permettrait pas de contrecarrer les ingérences extérieures dans le pays et l’instabilité régionale.  Elle s’est en outre opposée aux efforts de réhabilitation de la Syrie dans le giron international, ajoutant qu’ignorer les crimes de guerre commis par Bashar Al-Assad revenait à « remettre en question la possibilité d’une paix durable ».  De même, pour les États-Unis, il n’est pas question de normaliser leurs relations avec le « régime syrien », tandis que le Royaume-Uni a clairement dit refuser de travailler avec le « régime Assad ». 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Intervenant en visioconférence depuis Genève, M. GEIR PEDERSEN, Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, a informé que l’organe restreint de la Commission constitutionnelle syrienne y tient sa septième session cette semaine.  La Syrie restant l’une des plus graves crises au monde, a-t-il rappelé, en appelant à progresser vers une solution politique conformément à la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité. 

Alors que ce mois de mars marque « le triste anniversaire de ce conflit » (11 ans) et que les besoins du peuple syrien augmentent, il a appelé les membres de la Commission à travailler avec le sens du sérieux et l’esprit de compromis que la situation exige.  Cette semaine, a-t-il rapporté, ils ont débattu de projets de textes constitutionnels portant sur les fondements de la gouvernance, l’identité de l’État, les symboles de l’État et la réglementation et les fonctions des pouvoirs publics.  « Les délibérations n’ont pas été faciles. »  Les délégations doivent maintenant soumettre des révisions pour refléter le contenu des discussions, et celles-ci doivent ensuite être discutées par les membres de la Commission.  « Nous verrons donc si les prochaines 24 heures nous aident à avancer. »  Malgré les divergences, M. Pedersen a estimé qu’il est possible de trouver et de développer des points communs, « si la volonté existe pour le faire ».  Un effort d’élaboration de la constitution qui commence réellement à explorer des compromis pourrait aider à renforcer la confiance dans ce processus, quelque chose qui manque cruellement parmi les Syriens à l’heure actuelle, a-t-il déploré.

En ce qui concerne la situation sur le terrain, et au-delà de la sphère humanitaire, il y a beaucoup d’autres choses qui pourraient être faites pour renforcer la confiance, a affirmé l’Envoyé spécial.  « Après tout, il est clair qu’aucun acteur ou groupe d’acteurs existant en Syrie ne peut déterminer l’issue de ce conflit.  Une solution militaire est une illusion. »  Notant qu’il n’y a pas eu de changement dans les lignes de front depuis deux ans, il a pourtant relevé que, ce mois-ci, les violences se sont poursuivies entre les différents acteurs syriens, deux groupes terroristes répertoriés qui impliquent également cinq armées étrangères.  M. Pedersen a toutefois vu comme possible, avec les lignes de front gelées, d’essayer de désamorcer militairement et de construire un véritable cessez-le-feu national. 

L’Envoyé spécial a souligné que les Syriens de tous bords continuent d’être touchés par le sort des personnes détenues, enlevées et portées disparues.  « Toute tentative crédible d’instaurer la confiance doit inclure des avancées sérieuses sur cette question. »  Selon lui, il y a aussi beaucoup qui pourrait être fait par le Gouvernement syrien, d’une part, et par des acteurs extérieurs, d’autre part, pour répondre aux préoccupations exprimées par les réfugiés syriens et les déplacés, qui empêchent la plupart de rentrer: la sûreté et la sécurité; le manque de moyens de subsistance et d’opportunités de travail; le manque de logements adéquats ainsi que les préoccupations concernant la terre et les droits de propriété; les exigences du service militaire; et des services de base inadéquats.

Pour M. Pedersen, il devrait être possible d’identifier des mesures concrètes, réciproques et vérifiables qui pourraient être prises en parallèle et qui pourraient commencer à modifier la dynamique du conflit.  Il a indiqué réfléchir à la façon dont un processus politique plus large pourrait être construit pour s’attaquer à tous les problèmes de la résolution 2254 (2015).  « La diplomatie internationale constructive nécessaire pour soutenir cet effort n’a pas été facilitée par les récentes tensions internationales accrues », a-t-il toutefois regretté.  

Rappelant ensuite l’impact du conflit syrien sur la région, l’Envoyé spécial a salué la participation de la Ligue des États arabes à la réunion d’aujourd’hui.  La contribution et le soutien régionaux à l’effort mené par l’ONU pour faciliter un règlement politique seront essentiels, tout comme les contributions de nombreuses autres parties prenantes internationales.  C’est pourquoi, a-t-il précisé, il continue à consulter largement, à Genève, Washington ou Antalya, et avec tous les Syriens.  Le Conseil consultatif des femmes s’est réuni cette semaine en dehors de Genève et continue de lui faire part de son point de vue et de ses idées sur le processus politique.  Plus tôt ce mois-ci, le groupe de travail thématique sur l’appui à la société civile a aussi été convoqué à Genève pour évoquer notamment l’économie, la reprise et les perspectives de développement.  M. Pedersen a conclu en disant compter sur tous les membres du Conseil pour soutenir ses efforts.

M. MARTIN GRIFFITHS, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a rappelé qu’en ce mois de mars, cela fait désormais 11 ans que le peuple syrien souffre de la guerre, de la destruction et d’une crise humanitaire qui ont peu de parallèles dans l’histoire récente.  Il a rappelé que plus de 350 000 personnes ont été tuées et près de 14 millions déplacées, que les services de base ont été détruits et que 5 millions d’enfants nés depuis le début du conflit n’ont connu que la misère.

M. Griffiths a ensuite détaillé les plus récents développements, faisant état de civils tués ou blessés le long des lignes de front du nord-ouest et du nord-est du pays, et s’est dit préoccupé notamment par la détérioration de la situation sécuritaire dans le camp de Hol.  Afin de maintenir le caractère civil du camp, il a demandé le rapatriement complet des ressortissants de pays tiers des camps du nord-est de la Syrie. 

Le Coordonnateur des secours d’urgence a rappelé que la situation des Syriens devient chaque mois plus sombre, rappelant aussi que 14,6 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire et que 12 millions sont considérées comme en situation d’insécurité alimentaire.  Ce nombre, a ajouté M. Griffiths, risque d’augmenter encore avec la dépréciation historique de la livre syrienne et les conséquences de la guerre en Ukraine.  La flambée des prix des denrées alimentaires et de l’énergie au niveau mondial que celle-ci provoque devrait avoir un impact négatif sur la région, y compris en Syrie, a précisé le Secrétaire général adjoint, qui a prévu une nouvelle hausse des prix des produits de base.  Des produits qui vont donc être à la fois moins abordables et moins disponibles, s’est-il inquiété en craignant que cela exacerbe la situation humanitaire déjà inacceptable.  Les problèmes de protection sont eux aussi aggravés, a poursuivi M. Griffiths, et comme toujours ce sont les plus vulnérables qui souffrent le plus.  Il a cité ainsi des cas de mariage d’enfants et de recours au travail des enfants.  

M. Griffiths a appelé à une intensification des efforts de relèvement précoce, ajoutant qu’il avait constaté « un travail positif » dans divers secteurs, comme la santé, l’éducation ou encore l’eau et l’assainissement.  Il a précisé que, dans le plan de réponse humanitaire 2022 qui est « sur le point d’être finalisé, environ 1,1 milliard de dollars, soit 26% du total demandé, iraient au relèvement rapide et à la résilience.  Il a notamment mis l’accent sur le déminage, qui doit être étendu, les mines et engins explosifs ayant en 2021 tué 805 personnes et blessé près de 3 000 autres.  Il a également affirmé que l’ONU reste engagée avec toutes les parties pour garantir que la situation des Syriens ordinaires ne soit pas aggravée davantage par l’effet involontaire des sanctions. 

« Nous ne pouvons pas laisser tomber le peuple syrien; pourtant, nous risquons fort d’en arriver là si nous ne prenons pas des mesures urgentes », a averti M. Griffiths, qui a mis l’accent sur deux aspects.  Le premier est le financement, notamment pour les programmes de relèvement rapide.  Le Coordonnateur des secours d’urgence a rappelé qu’en 2021, le plan de réponse humanitaire n’avait été financé qu’à hauteur de 46%.  Tout en se disant « parfaitement conscient » de l’augmentation rapide des besoins humanitaires dans le monde et des difficultés de « l’environnement financier », il a jugé inacceptable que l’insuffisance des dons soit la cause de nouvelles difficultés pour les Syriens, en particulier les enfants.

Le Secrétaire général adjoint a ensuite rappelé la nécessité de garantir un accès humanitaire total aux personnes dans le besoin, où qu’elles se trouvent.  À cet égard, il s’est fait l’écho de l’appel du Secrétaire général à maintenir le consensus sur le renouvellement de la résolution autorisant l’accès transfrontalier des Nations Unies et de leurs partenaires.  Rappelant que le Conseil avait « agi à l’unisson sur cette question depuis juillet dernier », il a souhaité que cet esprit de coopération demeure.  Il a mis en avant son travail avec toutes les parties concernées pour redynamiser l’accès transfrontalier au nord-ouest et a dit son espoir qu’« avant la fin du mois, nous verrons un autre convoi inter-agences livrer de l’aide aux personnes dans le besoin ».  Quant au nord-est, il a estimé que les Nations Unies devaient être « en mesure de coordonner la réponse humanitaire depuis l’intérieur du pays ».  M. Griffiths a conclu en appelant à agir pour « montrer au peuple syrien qu’il n’est pas oublié » et fournir l’aide nécessaire.

M. HOSSAM ZAKI, Secrétaire général adjoint de la Ligue des États arabes, a prédit que la crise syrienne ne sera pas épargnée par le conflit en Ukraine.  Il a rappelé que 90% de la population syrienne vit actuellement sous le seuil de pauvreté, qu’environ 5,12 millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire et que, après des années de conflit, plus de 12 millions de personnes sont déplacées, soit environ la moitié de la population.  Il a également mentionné les dizaines de milliers de détenus, de kidnappés et de disparus.  Il a relevé que cette crise a des répercussions sur les pays de la région, notamment la Jordanie et le Liban qui accueillent des réfugiés syriens et en subissent d’énormes charges ainsi qu’une forte pression sur leurs infrastructures et les secteurs vitaux comme l’éducation et la santé.  M. Zaki a indiqué que son organisation prendra part à la sixième conférence de Bruxelles en soutien à la Syrie, qui est prévue le 10 mai.  Il a insisté sur la responsabilité qui incombe à la communauté internationale et aux pays hôtes pour soutenir les déplacés et les réfugiés sans discrimination sur la base de la couleur, de la race ou de la religion, « comme nous l’avons entendu ces derniers temps avec regret ».  « Les réfugiés et déplacés issus d’un conflit sont avant tout des êtres humains, avant toute considération. »

M. Zaki a rappelé que le Conseil des ministres des affaires étrangères de la Ligue des États arabes a adopté une résolution sur la crise syrienne, le 9 mars, qui, entre autres, fait part de son inquiétude devant l’insécurité, les assassinats et le trafic de drogue dans le sud de la Syrie.  Le Conseil a appelé au retour volontaire des réfugiés dans leur patrie et il a marqué son inquiétude quant à la détérioration des conditions humanitaires dans les camps de Hol et de Roukban.  La Ligue a en outre demandé à la Syrie d’assumer ses responsabilités et de laisser les convois humanitaires entrer en Syrie.  Il est également important, aux termes de ladite résolution, de démanteler et évacuer complètement le camp de Roukban.  Les tentatives d’imposer des changements démographiques pourraient installer une nouvelle réalité sur le terrain en Syrie, a mis en garde le texte qui s’est inquiété de la poursuite de la pollution de l’air en Syrie du fait d’Israël. 

La résolution du Conseil de la Ligue des États arabes s’est félicitée de l’adoption de la résolution 2021 (2585) du Conseil de sécurité concernant le renouvellement du Mécanisme d’acheminement de l’aide transfrontalière, avant de demander aux pays donateurs de remplir rapidement leurs promesses faites lors de conférences de donateurs pour soutenir la situation humanitaire en Syrie.  De même, le Conseil de la Ligue a appelé au renouvellement de l’aide humanitaire transfrontalière à la Syrie en juillet, souhaitant que cette question soit traitée sans politisation.  M. Zaki a dit espérer que la crise en Ukraine ne va pas détourner le regard du Conseil de la situation qui prévaut en Syrie.  Il a rappelé que la crise humanitaire syrienne ne trouvera pas de solution sans un règlement politique global fondé sur la mise en œuvre intégrale de la résolution 2254 (2015) et la réalisation des aspirations légitimes du peuple syrien qui doit librement déterminer son avenir.

Mme MONA JUUL (Norvège), s’exprimant également au nom de l’Irlande, en tant que pays porte-plumes sur le dossier humanitaire syrien, s’est désolée que la situation humanitaire continuer à se détériorer, après « 11 années de conflit, de mort et de désespoir en Syrie ».  La COVID-19, les crises économiques et la sécheresse alimentent la misère, a-t-elle souligné en citant les 12 millions de Syriens en insécurité alimentaire, ainsi que le nombre « scandaleusement élevé » de réfugiés, de personnes déplacées et de personnes ayant besoin d’une aide vitale.  Plaidant pour que l’impératif humanitaire soit au cœur de la réponse, elle a rappelé avoir soutenu le plan de six mois de l’ONU visant à acheminer l’aide humanitaire à travers la ligne de conflit vers le nord-ouest.  « La Norvège et l’Irlande exhortent toutes les parties à faciliter un accès humanitaire sûr, rapide et sans entrave à ceux qui en ont besoin. »  Face à la violence qui continue, elle a exhorté à protéger les civils et les infrastructures civiles, conformément au droit international humanitaire.  Elle a déploré les 751 attaques contre des établissements et du personnel éducatifs qui auraient eu lieu depuis le début du conflit, des attaques « clairement contraires » à la résolution 2601 (2021) sur la protection de l’éducation dans les conflits armés.

Poursuivant son intervention à titre national sur la situation politique en Syrie, Mme Juul a assuré que la Norvège continuera de soutenir le processus politique dirigé et contrôlé par les Syriens.  Encouragée par le fait que la Commission constitutionnelle se réunit cette semaine pour son septième cycle de négociations, elle a appelé tous les participants à y contribuer de manière constructive, de bonne foi et avec flexibilité.  La déléguée a salué également les consultations de l’Envoyé spécial avec le Conseil consultatif des femmes et le soutien à la société civile.  Elle a appuyé son approche progressive, « comme moyen d’engager toutes les parties dans l’identification et la mise en œuvre de mesures réciproques vers une solution politique ».  Enfin, elle a mis l’accent sur la question des personnes portées disparues ou illégalement privées de liberté.  Elle a appelé toutes les parties à autoriser les acteurs humanitaires, tels que le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), à visiter les centres de détention et à mener à bien leur important travail d’information des familles des victimes.

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) s’est félicité du début des travaux de la septième session de l’organe restreint de la Commission constitutionnelle à Genève, souhaitant que ses travaux soient menés sans ingérence extérieure et sans imposition de délais artificiels, dans le respect de la résolution 2254 (2015).  Sur le terrain en Syrie, le représentant a estimé que la situation reste explosive, état qu’il a imputé à la présence de terroristes, en particulier à Edleb.  Il a appelé à lutter contre les groupes terroristes reconnus comme tels par la communauté internationale et à mettre fin à la « présence étrangère illégale » qui viole l’intégrité et la souveraineté territoriale de la République arabe syrienne, « sans oublier les frappes aériennes d’Israël ».  Il a notamment accusé les pays occidentaux de laisser libre cours aux activités terroristes, arguant que cela leur permet de mettre en œuvre leur propre agenda.  Le représentant a en outre accusé les États-Unis et leurs alliés d’avoir, sous des prétextes divers, notamment celui de l’utilisation d’armes chimiques, lancé dans le passé des frappes de masse contre des infrastructures syriennes. 

Le représentant russe a ensuite estimé que le Secrétaire général de l’ONU avait renoncé à son vocabulaire de neutralité à propos de l’Ukraine et qu’il devait désormais « faire preuve de cohérence » et parler de violations de la Charte et d’occupation étrangère à Hol, sans quoi on assisterait à une forme de « deux poids, deux mesures ».  Nous n’avons pas eu l’avis du Secrétaire général sur les bombardements occidentaux, par exemple à Raqqa, a-t-il ainsi fait valoir. 

Venant au dossier humanitaire, le délégué a affirmé qu’un convoi humanitaire au travers des lignes de front et à destination d’Alep avait été bloqué par les combattants du Front el-Nosra.  Il a reproché aux occidentaux de conditionner l’aide humanitaire à des conditions politiques préalables et d’avoir « asphyxié » la Syrie avec des sanctions unilatérales qui ont des effets très négatifs sur la situation humanitaire syrienne.  Il s’est montré soucieux de la situation dans les pays accueillant des réfugiés syriens, qui sont « mis à rude épreuve », et a appelé à respecter les droits des réfugiés et des déplacés à rentrer chez eux dans le strict respect de la coordination avec Damas.  Rappelant enfin l’échéance de juillet concernant l’autorisation des convois transfrontières, il a estimé que les autres dispositions de la résolution 2585 (2521), portant sur les convois à travers les lignes de front, n’étaient pas respectées.  Or, Damas a prouvé à Edleb que les convois à travers les lignes de front sont possibles, a fait observer le représentant.  

M. RICHARD MILLS (États-Unis) a fait observer que 11 ans après le début du conflit en Syrie, certains estiment qu’il faut passer à autre chose et que la question occupe inutilement le temps du Conseil de sécurité.  Cependant, avec le conflit syrien qui se poursuit, il n’est pas question pour les États-Unis, contrairement à d’autres pays, de normaliser leurs relations avec le « régime syrien », a déclaré le délégué.  Il a souhaité que la réunion cette semaine de la Commission constitutionnelle aboutisse à des résultats positifs demain, avec notamment un texte révisé.  Il a salué le travail de l’Envoyé spécial qui s’efforce de promouvoir une solution politique en Syrie, une solution qui doit être trouvée avec la participation de la société civile et qui doit tenir compte du besoin de protection des femmes syriennes.

M. Mills a appelé à un cessez-le-feu général en Syrie et a déploré les nombreuses victimes civiles du conflit, faisant même un parallèle avec la situation en Ukraine où les auteurs des crimes accusent les autres.  Il s’est dit inquiet de l’information faisant état du recrutement de combattants syriens pour l’Ukraine.  Sur la question humanitaire, il a plaidé pour que l’aide parvienne à tous ceux dans le besoin, notamment dans le nord-est du pays.  Il a rappelé que l’ONU fournit une aide par le biais du Mécanisme transfrontalier qui doit être renouvelé en juillet prochain en soulignant que, d’un autre côté, l’acheminement de l’aide par les lignes de front est très risqué.  Il a invité ceux qui doutent de l’efficacité de l’aide transfrontalière à se rendre à Bal el-Haoua pour constater son bon fonctionnement.

Avant de conclure, M. Mills a réagi aux propos de son homologue russe, qu’il a jugés « hypocrites » au vu des attaques perpétrées contre les civils par la Fédération de Russie en Syrie et en Ukraine.  Selon lui, la Russie essaye de détourner l’attention de la communauté internationale sur les crimes qu’elle commet elle-même en Syrie et ailleurs. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a salué la tenue, hier, d’un évènement sur la justice organisé par le mouvement des femmes syriennes en marge de la session en cours de la Commission de la condition de la femme.  Il a souligné les témoignages de victimes de violences sexuelles en Syrie qui ont été ainsi mis au jour, complétant les études conduites par l’ONU et qui concluent à une pratique systémique du « régime » dans ce domaine.  « Nous le savons, Bashar Al-Assad s’est rendu coupable de crimes de guerre. »  Ignorer ces crimes c’est remettre en question la possibilité d’une paix durable, a fait valoir le représentant en expliquant ainsi pourquoi la France s’oppose aux efforts de réhabilitation dans le giron international.  Il a estimé en particulier que la réintégration de la Syrie dans la Ligue des États arabes ne permettrait pas de contrecarrer les ingérences extérieures dans le pays et l’instabilité régionale.  La France, a insisté M. de Rivière, continuera son combat sans relâche contre l’impunité en Syrie. 

La population syrienne continue à payer le prix fort de ce conflit, a déploré le délégué en notant que la situation humanitaire continue à se détériorer: 14,6 millions de personnes ont désormais besoin d’aide humanitaire.  Les Européens, a-t-il relevé, ont toujours répondu présent, en étant, de loin, les premiers pourvoyeurs d’aide en Syrie depuis 2011.  L’insécurité alimentaire s’accroît et la perte des approvisionnements en provenance de l’Ukraine contribuera à aggraver cette situation, a-t-il averti.  « Le droit international humanitaire n’est pas une option: c’est une obligation qui s’impose à tous. »  Dans cet esprit, M. de Rivière a rappelé que le mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontière continue à sauver des vies.  Enfin, il a souligné que la résolution 2254 (2015) demeure la seule voie commune de ce Conseil pour aboutir ensemble à une solution politique au conflit.  « Aucun acteur n’a, seul, la clef de la fin de ce conflit, » 

M. DAI BING (Chine) a dit attendre avec impatience des résultats positifs de la Commission constitutionnelle syrienne qui est réunie à Genève.  Il a déploré les sanctions unilatérales qui frappent la Syrie, avant de saluer les efforts de réconciliation du Gouvernement et les actions menées en vue de la reconstruction.  Pour la Chine, les efforts humanitaires doivent se focaliser sur le relèvement précoce et la reconstruction.  Poser des conditions politiques à la reconstruction et à l’aide ne fera que saper les efforts des acteurs humanitaires, a-t-il mis en garde.  Le délégué chinois a rappelé que les ressources pétrolières de la Syrie appartiennent aux Syriens, exhortant les militaires étrangers se trouvant illégalement en Syrie à arrêter de voler ces ressources.  De l’avis du représentant, la Syrie est un important membre de la Ligue des États arabes et son retour dans l’organisation est crucial pour trouver une solution durable à la crise que connaît le pays.  Le représentant a d’ailleurs salué les pays arabes ayant déjà repris des relations diplomatiques avec la Syrie. 

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a rappelé que le douzième anniversaire de la guerre en Syrie coïncide avec « l’agression » de la Russie contre l’Ukraine.  Il a dénoncé le « comportement inhumain » de la Russie dans les deux cas.  Il a exhorté les membres du Conseil de sécurité à appeler à un cessez-le-feu national en Syrie et à un accès sans entrave de l’aide humanitaire.  La situation humanitaire reste très sombre, a constaté le représentant, qui a souhaité que les réfugiés et déplacés puissent « à terme » rentrer chez eux.  Mais les conditions ne sont toujours pas réunies, a-t-il regretté.  Il a plaidé pour qu’un tel retour se fasse de manière « volontaire, sûre et digne ».  L’aide humanitaire reste vitale, a aussi rappelé le délégué, qui a estimé que le Conseil de sécurité devait se tenir prêt à soutenir la reconduction, en juillet, de l’autorisation des convois transfrontaliers accordée par la résolution 2585 (2021). 

Sur le dossier politique, le représentant a déclaré que le Royaume-Uni refuse de travailler avec le « régime Assad », qui à son avis n’est pas fiable et refuse de se réformer.  Il a pris note de la tenue actuelle de la septième session de l’organe restreint de la Commission constitutionnelle.  Des progrès urgents sont nécessaires, a-t-il lancé.  

Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) a estimé qu’il n’y a plus de place, aujourd’hui, pour l’aspiration ou l’espoir en Syrie, car « le régime d’Assad a défiguré la Syrie ».  En outre, l’invasion russe de l’Ukraine aggrave les souffrances et la misère de millions de Syriens en menaçant directement leur sécurité alimentaire, a-t-elle fait remarquer.  Chiffres à l’appui et soulignant notamment que plus de 14 millions de Syriens, dont 6,5 millions d’enfants, ont besoin d’aide, la déléguée a évoqué un « enfer sur terre ».  « Combien de personnes encore sans défense devront mourir avant que le Conseil ne prenne des mesures décisives? »  C’est inacceptable et cela doit cesser, a martelé M. Dautllari.  Elle a appuyé l’accès sans entrave à l’aide humanitaire vitale par toutes les modalités, y compris par le renouvellement de l’autorisation de l’acheminement de l’aide humanitaire transfrontalière, à laquelle il n’y a pas d’alternative, ainsi que les projets d’aide et de relèvement rapide transversaux conformes à la résolution 2585 (2021).

Sur le plan politique, Mme Dautllari a vu dans la mise en œuvre intégrale de la résolution 2254 (2015) une priorité absolue pour le Conseil.  Selon elle, la Commission constitutionnelle est la seule plateforme existante pour envisager et poursuivre la transition politique.  Elle a toutefois dénoncé « le manque d’implication véritable de la part du régime syrien ».  En l’absence de pression constante du Conseil, et en l’absence d’un calendrier et d’échéances, la Commission constitutionnelle risque de devenir « un écran de fumée pour l’inaction », a-t-elle encore mis en garde. 

M. MARTIN KIMANI (Kenya), s’exprimant au nom des A3 (Gabon, Ghana et Kenya), s’est félicité de la tenue de la septième session de l’organe restreint de la Commission constitutionnelle, en y voyant un engagement constructif.  Il a espéré que les parties pourront s’engager à tenir des réunions plus régulières afin de créer une dynamique dans la recherche d’une solution durable.  Les A3, a-t-il dit, soutiennent aussi d’autres efforts novateurs visant à faire avancer le processus politique comme le traitement de la situation des détenus et la clarification du statut des personnes disparues; ils prennent note de l’approche étape par étape de l’Envoyé spécial. 

M. Kimani a condamné la poursuite des violences dans le nord-ouest de la Syrie.  Il a souligné la nécessité d’actions collectives décisives pour combattre les groupes figurant comme terroristes sur la liste du Conseil de sécurité.  Il a réitéré qu’il n’existe pas d’option militaire à la crise syrienne et renouvelé l’appel des A3 à un cessez-le-feu national, avant de rappeler l’impératif de protection des civils, des travailleurs humanitaires et des infrastructures civiles. 

Concernant la situation humanitaire, les A3 estiment que le mécanisme d’aide transfrontalière, « complété par des livraisons à travers les lignes de front », doit être maintenu, a dit M. Kimani qui a notamment plaidé pour une plus grande fréquence et une plus grande prévisibilité des opérations à travers les lignes de front.  Il a aussi demandé une « attention urgente et particulière » en faveur des personnes résidant à Roukban, dans le sud-ouest du pays.  Enfin, « pour alléger le fardeau humanitaire colossal » dans les camps, il a appelé les États Membres à rapatrier leurs ressortissants présents dans les camps, en particulier les femmes et les enfants, dans des conditions sûres et dignes.  

M. Kimani a en outre jugé essentiel de prendre des mesures pour atténuer l’impact humanitaire de la situation en Ukraine, notamment en s’assurant que la réponse humanitaire de la communauté internationale en Syrie reste financée de manière adéquate.  Il a également demandé de soutenir les mesures de relance économique, y voyant une composante essentielle de la paix à plus long terme, ainsi que les activités de relèvement précoce. 

En conclusion, les A3 considèrent que le consensus sur les volets politique et humanitaire est plus crucial que jamais et espèrent que l’on peut encore compter sur le système multilatéral en tant que médiateur efficace de la paix et de la sécurité mondiales.  Ils rappellent que la paix à laquelle aspire le peuple syrien ne pourra être obtenue que par un processus politique mené par les Syriens, avec le soutien de la communauté internationale.

Mme ALICIA GUADALUPE BUENROSTRO MASSIEU (Mexique) a estimé que chaque jour qui passe, la communauté internationale est redevable au peuple syrien de ne pas avoir mis fin à la souffrance de millions de personnes.  Pour la déléguée, il n’y a pas de solution militaire au conflit en Syrie, et la seule voie est le dialogue politique avec l’engagement de toutes les parties.  C’est pourquoi elle a salué la tenue de la septième réunion de l’organe restreint de la Commission constitutionnelle qui se déroule actuellement à Genève.

Dans le domaine humanitaire, elle s’est alarmée de voir que les besoins de la population soient au plus haut niveau depuis le début du conflit.  Elle a fait observer que d’autres facteurs pourraient avoir des répercussions négatives sur la situation alimentaire en Syrie, notamment l’augmentation des prix du carburant et les effets que le conflit en Ukraine pourrait avoir sur l’approvisionnement en céréales de base.  Compte tenu de cette réalité, le poste frontière de Bab el-Haoua continue d’être vital pour la survie de millions de personnes dans le nord-ouest, a-t-elle noté.  Elle a également souligné l’importance des opérations à travers les lignes de front.  C’est pourquoi le Mexique convient avec le Secrétaire général que les deux mécanismes sont nécessaires et complémentaires, a-t-elle rappelé en espérant à cet égard que l’on puisse préserver le consensus atteint l’année dernière avec la résolution 2585. 

M. MARTIN GALLAGHER (Irlande) a dit être alarmé par la trajectoire actuelle en Syrie et a jugé essentiel que les parties adhèrent à un cessez-le-feu national permanent, conformément à la résolution 2254 (2015).  Saluant les efforts de l’Envoyé spécial sur le plan politique, il s’est félicité des pourparlers en cours à Genève.  « Cependant, à moins qu’il n’y ait de véritables tentatives pour réduire les divergences, en particulier de la part des autorités syriennes, aucun progrès ne sera possible. » 

M. Gallagher a réitéré l’appel lancé par l’Irlande à toutes les parties, en particulier aux autorités syriennes, pour qu’elles cessent les attaques aveugles et les attaques directes contre les civils et les infrastructures civiles.  En outre, il a réitéré ses appels à la libération des personnes détenues arbitrairement et a demandé à ce que le sort de toutes les personnes ayant fait l’objet de disparitions forcées soit révélé.  Il faut également que des observateurs indépendants aient accès à tous les lieux de détention, a-t-il réclamé.  Enfin, il a souligné l’engagement inébranlable de l’Irlande à lutter contre l’impunité et à veiller à ce que les responsables de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité en Syrie rendent des comptes.  La vérité, la justice et la responsabilité sont le droit du peuple syrien, a-t-il dit, en soulignant aussi leur caractère essentiel pour rendre durable une future solution politique, pour instaurer la confiance et pour garantir que de telles violations ne se reproduisent plus jamais.

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) s’est dit impatient de connaître les résultats des discussions de la septième session de l’organe restreint de la Commission constitutionnelle, qui se tient cette semaine à Genève, en espérant y voir « un esprit de coopération et de volonté de progrès ».  Pour le Brésil, seul un processus politique appartenant aux Syriens et dirigé par eux, facilité par l’ONU dans le respect de la préservation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Syrie, permettra d’instaurer une paix durable et d’alléger les souffrances de la population.  Le représentant a ensuite remercié l’Envoyé spécial pour ses efforts visant à impliquer les principaux acteurs internationaux et à favoriser la confiance entre les parties.  « Avec l’aggravation de la situation sur le terrain, il est grand temps que le dialogue politique donne des résultats concrets pour soulager les souffrances du peuple syrien. » 

Très préoccupé par la protection des civils, le représentant a aussi rappelé que l’insécurité alimentaire n’a jamais été aussi élevée et que les menaces pesant sur l’approvisionnement en électricité affectent les services de base.  Il a appelé à un cessez-le-feu immédiat à l’échelle nationale et à des initiatives de relèvement rapide pour reconstruire les infrastructures civiles essentielles.  Il a dit soutenir également les évaluations de l’impact des sanctions sur la vie quotidienne de la population, rappelant que les exemptions humanitaires doivent être strictement respectées.  Il a par ailleurs appelé à continuer à donner la priorité à la lutte contre les activités terroristes en Syrie, soulignant que la pauvreté et l’instabilité politique constituent un terrain fertile pour les forces extrémistes.  L’aide humanitaire internationale reste primordiale, a poursuivi M. de Almeida Filho, « que ce soit dans le cadre de modalités transfrontalières ou non ».  Il a rappelé l’importance d’une surveillance étroite des opérations humanitaires transfrontalières et d’une collaboration entre toutes les parties pour l’expansion des opérations à travers les lignes de front, qui doivent pouvoir être menées de manière sûre, régulière et prévisible.  En conclusion, il a rappelé le caractère illusoire de toute solution militaire, en voyant la preuve dans le gel des lignes de front et l’impasse persistante sur le terrain. 

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a rappelé que l’Inde a adopté une position constante depuis le début de la crise syrienne: l’imposition de solutions externes ne peut pas aider au règlement du conflit.  C’est aux Syriens de déterminer et de décider ce qui est le mieux pour la Syrie et leur propre avenir, a-t-il dit en saluant à cet égard la réunion cette semaine de la Commission constitutionnelle.  L’Inde n’a cessé d’appeler à soutenir les efforts régionaux pour trouver une solution à long terme au conflit, a rappelé le délégué.  Il a jugé encourageant la normalisation progressive des relations de la Syrie avec ses voisins arabes ces derniers mois. 

Le représentant s’est dit préoccupé par la situation sécuritaire qui prévaut en Syrie.  Il a noté qu’alors que les lignes de front restent inchangées, la violence se poursuit dans plusieurs endroits, notamment dans le nord-ouest et le nord-est du pays.  Il y a un besoin urgent d’établir un cessez-le-feu global sérieux en Syrie, a-t-il observé, ajoutant que le retrait des forces étrangères est essentiel pour réaliser cet objectif.  Pour le délégué, la lutte contre le terrorisme ne peut et ne doit pas être compromise pour des gains politiques étroits.  Alors que l’accent de la communauté internationale se tourne vers la crise humanitaire résultant du conflit en Ukraine, il est important de ne pas perdre de vue la Syrie et la souffrance du peuple syrien, a-t-il déclaré.  Dans le cadre de l’assistance humanitaire, le délégué a appelé les Nations Unies à déployer des efforts pour améliorer les opérations à travers les lignes de front.  Il a enfin souligné que le soutien de la communauté internationale pour relever les défis économiques et humanitaires fait partie intégrante du succès du processus politique.

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a dit rechercher des solutions diplomatiques aux crises et a prôné « un rôle arabe efficace pour discuter des moyens de résoudre la crise syrienne au lieu de simplement la gérer ».  La récente visite du Président syrien aux Émirats arabes unis est le résultat de cette approche, a-t-elle ajouté.  Elle a également appuyé les efforts de l’ONU pour parvenir à une solution politique conformément à la résolution 2254 (2015), y compris les efforts de M. Pedersen pour faire converger les vues politiques régionales et internationales sur la manière de faire face aux effets de la crise syrienne.  Alors que nous appelons au renforcement du rôle arabe en Syrie dans le cadre de l’effort de sortie de crise, nous renouvelons également notre rejet de l’ingérence étrangère en Syrie, dont la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale doivent être respectées, a insisté la déléguée.

S’agissant de la situation humanitaire, Mme Nusseibeh a jugé inacceptable de laisser le peuple syrien, dont les personnes déplacées, vivre dans des conditions épouvantables (sans électricité, sans nourriture et sans eau potable).  Les enfants syriens ont été particulièrement touchés par ces conditions, a-t-elle déploré.  Elle s’est aussi inquiétée de l’aggravation de la situation économique qui affecte chaque citoyen syrien, avec des prix de denrées alimentaires à des niveaux sans précédent, entraînant une nouvelle détérioration de la situation humanitaire.  Concernant la propagation de la pandémie de COVID-19, elle a assuré que l’approvisionnement de fournitures médicales au peuple syrien reste une priorité pour son pays.

Pour M. BASSAM SABBAGH (République arabe syrienne), ce qu’il faut commémorer, c’est le onzième anniversaire de l’agression des États-Unis contre la Syrie.  La Syrie incarne la civilisation, la résistance, la tolérance, le progrès et le développement, a-t-il déclaré en déplorant qu’elle soit la cible des forces du mal, de la haine, de l’ignorance, de l’obscurantisme et de la trahison visant à entraver la renaissance syrienne.  Il a affirmé que la révolution syrienne n’avait pas 11 ans, comme l’ont dit certains orateurs, mais 100 ans, en référence au soulèvement du pays en vue de son indépendance.

Pour le représentant, on exprime souvent des « inquiétudes » au Conseil de sécurité, mais ce qui devrait l’inquiéter, ce sont les pratiques des forces d’occupation, notamment américaines, qui appuient les milices sécessionnistes dans le nord de la Syrie et contribuent au pillage des ressources syriennes, de même que les forces d’occupation turques qui s’ingèrent dans les affaires intérieures de la Syrie, ou encore les attaques hostiles et répétées d’Israël contre la souveraineté syrienne.  Or, a-t-il fait observer, on n’a pas entendu s’exprimer « d’inquiétudes » à propos de ces violations.

Pour le représentant, les parties qui invitent à mettre fin à la violence l’alimentent en fait tous les jours.  Il a notamment accusé ces pays de soutenir le terrorisme et de refuser de rapatrier les ressortissants qui le pratiquent.  C’est lorsque ces pays ont commencé à saper la paix et la stabilité dont jouissait le peuple syrien que les souffrances de celui-ci ont commencé, a poursuivi M. Sabbagh, qui a également dénoncé les sanctions unilatérales et les « politiques d’agression » qui ont provoqué les vagues migratoires. 

Il faut créer les conditions propices au retour des réfugiés, a poursuivi le représentant, qui a en particulier accusé la Turquie de saper les efforts du Gouvernement syrien en ce sens ainsi que la mise en place de projets de relèvement rapide.  Il a dénoncé « l’hypocrisie flagrante » des pays qui ne font que promouvoir leur propre solution politique, qui ne correspond pas, a-t-il affirmé, aux souhaits de la population syrienne.  Ces crimes, a-t-il affirmé, ne resteront pas impunis. 

La Syrie reste déterminée à tout faire pour que la situation humanitaire du peuple syrien s’améliore, notamment pour faire entrer l’aide humanitaire sur le territoire syrien, pour faciliter la mise en place des projets de relèvement rapide et pour permettre le retour des personnes déplacées.  La Syrie consent des efforts louables pour parvenir à la paix, y compris par des accords de réconciliation locaux ou encore un décret d’amnistie.  Le représentant a salué l’engagement positif et constructif de la délégation syrienne au sein de la Commission constitutionnelle mais a rejeté tout ingérence extérieure, l’imposition de résultats ou la création de délais artificiels.  La paix ne sera possible que si les pays occidentaux renoncent à leurs hostilités, rapatrient leurs terroristes, lèvent le blocus économique et commencent à privilégier la reconstruction et le développement du pays, a-t-il conclu. 

M. ÖNCÜ KEÇELI (Turquie) a estimé que la Commission constitutionnelle est le seul mécanisme censé parvenir à un processus politique, mais regretté que « le régime use de stratagèmes pour bloquer son travail ».  Il n’y a pas de place pour des formations terroristes dans ce processus, a-t-il relevé en rappelant que la recherche d’une solution militaire serait tragique.  La Turquie continuera de lutter contre le terrorisme et le séparatisme en Syrie, a affirmé le représentant en notant que Daech délègue son action à travers le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et les soi-disant Forces démocratiques syriennes (FDS).  Il a rappelé que la Turquie attend toujours une suite à sa demande d’enquête des Nations Unies pour faire la lumière sur les agissements du PKK et des FDS.  M. Keçeli a dit que la situation en Syrie ne doit pas être reléguée au second plan, car des millions de personnes vivent dans des conditions difficiles, notamment à Edleb.  La Turquie fait de son mieux pour apporter son aide à plus de 4 millions de Syriens qui vivent sur son territoire.  Compte tenu de la situation sécuritaire qui se détériore de plus en plus, l’aide transfrontalière reste le meilleur moyen d’aider les populations, a-t-il conclu.

M. MAJID TAKHT RAVANCHI (République islamique d’Iran) a regretté une situation humanitaire difficile en Syrie avec la destruction des infrastructures civiles et l’imposition de mesures unilatérales coercitives.  Prétendre s’occuper de la situation humanitaire tout en maintenant des sanctions illégales est tout simplement « hypocrite », a-t-il lancé.  Le délégué a insisté sur l’importance de mener à bien des projets de relèvement rapide.  Il a en outre dénoncé le pillage des ressources naturelles syriennes dans des zones occupées par des forces étrangères.  D’après lui, la crise ne pourra être réglée si on ne met pas fin à l’occupation et si l’on ne parvient pas à éliminer la menace terroriste.  Il a condamné en particulier les actes d’agression commis en Syrie « par le régime israélien ».  Enfin, le délégué a appuyé la poursuite des négociations intra-syriennes à Genève et les efforts déployés en ce sens par M. Pedersen.  Il n’y a pas d’autre solution qu’un règlement dirigé et contrôlé par les Syriens, « sans pression ni délai artificiel », a-t-il conclu. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Situation ukrainienne: l’Assemblée générale examine deux projets de résolution concurrents sur l’aide humanitaire, l’un présenté par l’Ukraine et l’autre par l’Afrique du Sud

Onzième session extraordinaire d’urgence (reprise),
7e & 8e séances, matin & après-midi
AG/12410

Situation ukrainienne: l’Assemblée générale examine deux projets de résolution concurrents sur l’aide humanitaire, l’un présenté par l’Ukraine et l’autre par l’Afrique du Sud

Après sa résolution du 2 mars exigeant le retrait immédiat des forces russes du territoire ukrainien, l’Assemblée générale a repris aujourd’hui sa session extraordinaire d’urgence, ouverte le 28 février, pour examiner un projet de résolution sur « les conséquences humanitaires de l’agression contre l’Ukraine », présenté par ce pays et un autre intitulé plus sobrement « la situation humanitaire découlant du conflit en Ukraine », soumis par l’Afrique du Sud.  La seule responsable de la catastrophe humanitaire actuelle, c’est l’invasion russe, a martelé la très grande majorité des 66 délégations qui ont pris la parole. 

Depuis le début de l’« opération militaire spéciale » lancée par la Fédération de Russie, le 24 février dernier, quelque 10 millions de personnes, soit un quart de la population totale, ont fui l’Ukraine et ou sont parties ailleurs dans le pays.  Les services essentiels tels que l’eau, l’électricité, le chauffage, l’assainissement, la santé sont mis à rude épreuve, a indiqué le Vice-Président de l’Assemblée générale, citant les chiffres de l’ONU.  Assurer un accès sûr et sans entrave à l’aide humanitaire est « la nécessité du moment et le personnel humanitaire, la priorité du moment », a-t-il insisté. 

Que tous ceux qui sont contre la guerre votent pour et envoient un message très clair pour renforcer l’action humanitaire et contraindre l’agresseur à cesser sa guerre non provoquée, a encouragé l’Ukraine, en présentant un projet de résolution, soutenu par 88 coauteurs, dans lequel l’Assemblée générale exige une nouvelle fois la cessation immédiate des hostilités menées par la Fédération de Russie contre l’Ukraine.  Notre texte, a expliqué l’Afrique du Sud, porte exclusivement sur la question humanitaire car les questions politiques et stratégiques ne sauraient y être mêlées.  Le projet de résolution sud-africain ne mentionne pas une seule fois la Fédération de Russie, « seule responsable », d’après les tenants du texte ukrainien, de la catastrophe humanitaire en Ukraine. 

Dans les deux textes, l’Assemblée générale demande aux États Membres de financer l’appel éclair lancé par les Nations Unies pour l’action humanitaire en Ukraine et le plan régional d’aide aux réfugiés pour l’Ukraine et les pays voisins.  Plusieurs intervenants ont attiré l’attention sur les sommes déjà déboursées.  L’Union européenne a rappelé sa dernière enveloppe de 500 millions d’euros, portant à 2,4 milliards d’euros les sommes consenties en faveur de l’Ukraine depuis 2014. 

Le Royaume-Uni a dit avoir débloqué plus de 400 millions de livres sterling, avant que l’Australie n’annonce son intention de verser, par divers canaux, un montant de 65 millions de dollars australiens.  Nous allons faire plus, a promis la Nouvelle-Zélande, en rappelant une première contribution de six millions de dollars néo-zélandais, alors que la Suisse annonçait un nouveau versement de 80 millions de francs.  La Nouvelle-Zélande a d’ailleurs dit craindre que les agissements de la Fédération de Russie ne poussent le système humanitaire international dans ses limites. 

La Pologne, qui abrite des millions de réfugiés, a dit tenir à sa politique d’accueil, « quelle que soit la nationalité » des arrivants et la Turquie a saisi l’occasion pour insister sur ses efforts diplomatiques.  Si, a alors prévenu l’Albanie, la Fédération de Russie remporte une victoire militaire, ses ambitions ne s’arrêteront pas à l’Ukraine.  La Géorgie n’a pas dit autre chose, elle qui a dit avoir subi une agression militaire de grande envergure.  La Fédération de Russie, a-t-elle prévenu à son tour, applique les mêmes schémas et les mêmes scenarii à tous ses voisins. 

Pendant trois semaines, a expliqué la France, nous avons avec le Mexique mené des discussions « de bonne foi » sur un projet de résolution au Conseil de sécurité pour appeler à une cessation des hostilités et au respect du droit international humanitaire.  Comme de nombreux États ont fait part de leur volonté de participer à ces efforts, nous avons transféré à l’Assemblée générale notre initiative, fruit d’un processus inclusif qui reflète un équilibre tenant compte des propositions des pays de toutes les régions. 

Soutenir le projet de résolution présenté aujourd’hui par l’Ukraine, c’est soutenir la protection des plus faibles, la solidarité entre les peuples et la voie de la paix, a dit la France.  Un vote d’abstention face aux atrocités russes serait tout simplement « inacceptable », ont jugé les États-Unis.  Vous devez avoir le courage de dire la vérité face à une catastrophe humanitaire créée de la main de l’homme.  Faire moins, c’est permettre à l’agresseur de se cacher derrière un libellé vague et de prétendre qu’il essaye de régler la situation.  C’est la Russie qui est à blâmer pour avoir commencé la guerre et le monde la tiendra pour responsable de ce qu’elle fait aux Ukrainiens, ont assuré les États-Unis. 

Soutenir ce projet de résolution, a rétorqué la Fédération de Russie, c’est entêter les négociateurs ukrainiens, sans changer les raisons de l’« opération militaire spéciale », à savoir la protection des populations du Donbass, le refus de l’Ukraine de mettre en œuvre les accords de Minsk et son ambition déclarée d’adhérer à l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et de se doter d’un arsenal d’armes nucléaires.  La Fédération de Russie a fustigé un nouveau texte antirusse, après celui du 2 mars, qui brosse un tableau irréaliste et unidimensionnel des évènements et qui reste muet sur le fait que l’Occident a fait de l’Ukraine et de son peuple « des pions » de son jeu géopolitique. 

Elle a en revanche salué le projet de résolution présenté par l’Afrique du Sud « très proche » de celui qu’elle a elle-même soumis au Conseil de sécurité et qui pourrait être adoptée aujourd’hui-même, a-t-elle affirmé.  Notre texte, a-t-elle insisté, reprend la plupart des éléments du projet de résolution franco-mexicain, sans le libellé politique dénué de tout rapport avec la situation humanitaire que les États-Unis et le Royaume-Uni voulaient introduire.  

Nous devons, s’est défendu le Royaume-Uni, envoyer un seul et même message, celui de l’aide au peuple ukrainien, de la condamnation de l’invasion russe et du renforcement des principes fondateurs des Nations Unies.  L’action humanitaire, a fait valoir le Gabon, ne doit faire l’objet d’aucune appropriation politique, stratégique ou tactique.  Elle ne saurait s’aligner sur des desseins inavoués. L’instrumentaliser, c’est infliger une double peine aux meurtris et aux martyrs de la guerre.  Le respect du droit international humanitaire, a plaidé le Brésil, doit nous rassembler et non nous diviser. 

La session extraordinaire d’urgence, au cours de laquelle plusieurs intervenants ont rendu hommage à la mémoire de Madeleine Albright, ancienne Secrétaire d’État américaine et ancienne Représentante permanente des États-Unis auprès des Nations Unies, décédée aujourd’hui, reprendra demain jeudi 24 mars, à partir de 10 heures. 

LETTRE DATÉE DU 28 FÉVRIER 2014, ADRÉSSÉE À LA PRÉSIDENTE DU CONSEIL DE SÉCURITÉ PAR LE REPRÉSENTANT PERMANENT DE L’UKRAINE AUPRÈS DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES: PROJETS DE RÉSOLUTION (A/ES-11/L.2, A/ES-11/L.3)

Déclarations

M.  ENRIQUE AUSTRIA MANALO, Vice-Président de lAssemblée générale, a déclaré que la situation sécuritaire en Ukraine s’est rapidement détériorée après le lancement de l’offensive militaire russe le 24  février 2022.  Selon les données de l’ONU, environ 3,56  millions de personnes ont fui l’Ukraine et 6,5  millions ont fui ailleurs dans le pays depuis le début du conflit, soit un quart des 44  millions d’habitants de l’Ukraine.  Les services essentiels tels que l’eau, l’électricité, le chauffage et l’assainissement sont mis à rude épreuve, et l’accès à la santé est toujours limité par l’insécurité croissante et le rétrécissement de l’espace humanitaire.  Assurer un accès sûr et sans entrave à l’aide humanitaire est « la nécessité du moment et le personnel humanitaire, la priorité du moment », a souligné le Vice-Président, en appelant toutes les parties à respecter le droit international et le droit international humanitaire. 

Présentant la résolution intitulée « conséquences humanitaires de l’agression contre l’Ukraine », M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine) a indiqué que face à l’évolution de la situation dans son pays, au cours de ce dernier mois, un groupe d’une vingtaine d’États Membres a travaillé ensemble à l’élaboration d’un texte qui énonce clairement les causes fondamentales de la catastrophe humanitaire.  La résolution, a-t-il dit, est axée sur l’action, met l’accent sur les besoins humanitaires urgents, appelle à la cessation immédiate des hostilités et insiste sur la protection des civils, dont le personnel humanitaire et médical, les journalistes, les personnes vulnérables et les ressortissants étrangers, en particulier les étudiants.  Le texte appelle aussi à mettre un terme au siège des villes, en particulier Marioupol, et à respecter le droit international humanitaire, les droits de l’homme et le droit des réfugiés.  La résolution, a poursuivi le représentant, juge essentiel d’éviter que le conflit ne fasse tache d’huile dans les autres parties du monde et met en évidence l’impact du conflit sur la sécurité alimentaire et énergétique mondiale.  Que tous ceux qui sont contre la guerre votent pour et envoient un message très clair pour renforcer l’action humanitaire et contraindre l’agresseur à cesser sa guerre non provoquée, a conclu le représentant. 

M. BJÖRN OLOF SKOOG, Union européenne (UE), a affirmé que la Fédération de Russie bloque l’aide humanitaire en direction de Marioupol et empêche les populations de quitter la ville.  Chaque jour, ce pays bombarde les villes ukrainiennes, utilisant même des bombes à sous-munition.  Les attaques contre les civils sont honteuses et contraires au droit international humanitaire, a martelé le représentant, exigeant le retrait immédiat des forces russes du territoire ukrainien.  Rien n’a été fait depuis la résolution du 2 mars, s’est-il impatienté. Le nombre des déplacés en quatre semaines dépasse celui du conflit syrien qui dure pourtant depuis 10 ans.  La sécurité alimentaire mondiale étant affectée par ce conflit, il a demandé à l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) de s’occuper de toute urgence de cette question. 

L’UE, a souligné le représentant, a consacré 500 millions d’euros à l’aide d’urgence, ce qui porte à 2,4 milliards d’euros les sommes déboursés en faveur de l’Ukraine depuis 2014.  L’UE entend poursuivre son assistance à d’autres zones de crise comme le Yémen et le Sahel, a-t-il ajouté, avant d’appeler l’Assemblée générale à exprimer sa solidarité avec le peuple ukrainien et à soutenir la résolution présentée par l’Ukraine et parrainée par des pays de tous les groupes régionaux.  Ce texte appelle à l’assistance humanitaire en Ukraine, y compris aux civils fuyant les hostilités, sans discrimination aucune. 

Au nom du Bénélux, Mme YOKA BRANDT (Pays-Bas) a exprimé son indignation devant les images de femmes et d’enfants ukrainiens en fuite, dénonçant le fait que plus de 100 000 personnes sont piégées à Marioupol.  Les accords sur les couloirs humanitaires ne cessent d’être violés et les auteurs de ces crimes doivent être conscients qu’ils sont surveillés et que les preuves de leurs agissements seront recueillies, a mis en garde la représentante.  Elle a appelé tous les États Membres à soutenir la résolution. 

Au nom des pays baltes et nordiques, M. RYTIS PAULAUSKAS (Lituanie) a regretté que la Fédération de Russie ait choisi de poursuivre sa guerre contre l’Ukraine, avec la complicité du Bélarus.  Il a rappelé la Fédération de Russie à son obligation d’assurer un accès rapide et sans entraves aux acteurs humanitaires.  Il est aussi revenu sur le fait que la Cour internationale de Justice (CIJ) a dûment ordonné à cette dernière de mettre fin à sa prétendue « opération militaire spéciale » et sur la décision du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) de lancer des enquêtes sur les violations du droit international.  Le représentant a encouragé tous les États Membres à voter en faveur de la résolution présentée par l’Ukraine pour obtenir de la Fédération de Russie le respect du droit international, y compris du droit international humanitaire.  Nous exigeons, a-t-il tonné, que cette dernière cesse la guerre maintenant.  Avec son complice, le Bélarus, elle est la seule responsable du conflit et de la crise humanitaire. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a dit avoir appris, il y a quelques jours à peine, que les partenaires occidentaux voulaient reprendre la session extraordinaire d’urgence pour, « et ce n’est un secret pour personne », mettre aux voix la soi-disant résolution humanitaire qui n’a pu passer au Conseil de sécurité.  En agissant ainsi, les « collègues occidentaux » se trompent parce que le Conseil de sécurité peut tout à fait adopter un tel texte, et ce, aujourd’hui même.  Le texte dont est saisi le Conseil, a affirmé le représentant, est quasiment le même que celui proposé précédemment par la France et le Mexique.  Si nous ne l’avons pas accepté, c’est tout simplement parce que Les États-Unis et le Royaume-Uni insistaient pour y introduire des éléments de langage politique sans rapport avec la situation humanitaire, a-t-il expliqué. 

Le représentant a jugé qu’adopter le texte présenté aujourd’hui par l’Ukraine, c’est entêter les négociateurs ukrainiens, sans changer les raisons de l’« opération militaire spéciale ».  Nous l’avons lancé, a-t-il dit, après avoir attendu en vain depuis 2014 la protection des populations du Donbass.  Nous avons lancé l’opération, a-t-il poursuivi, après que l’Ukraine a clairement refusé de mettre en œuvre les accords de Minsk, avec le soutien des Occidentaux, sans compter son ambition déclarée d’adhérer à l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et de maintenir un arsenal d’armes nucléaires. 

M. Nebenzia a, en revanche, salué la résolution présentée par l’Afrique du Sud, « très proche » de celui qu’il a soumis au Conseil de sécurité lequel reprend, a-t-il insisté, la plupart des éléments du projet de résolution franco-mexicain.  Après sa résolution du 2 mars dernier, a-t-il dit craindre, l’Assemblée est sur le point d’adopter un nouveau texte antirusse qui brosse un tableau faux et unidimensionnel des évènements, ignorant les causes de la crise en Ukraine et restant muet sur le rôle de l’Occident qui a fait de l’Ukraine et de son peuple « des pions » dans son jeu géopolitique contre la Fédération de Russie.  M. Nebenzia a appelé tous les États, qui ne sont pas paralysés par la discipline des blocs, à rejeter le texte porté par les Occidentaux et à soutenir le projet sud-africain, ce qui consisterait non seulement à envoyer un signal de paix aux Ukrainiens mais aussi à dire non aux pressions politiques des Occidentaux. 

M. FERIDUN HADI SINIRLIOĞLU (Turquie) a déclaré que la guerre en Ukraine « n’aura pas de vainqueurs et n’aurait jamais dû commencer ».  Il a évoqué la situation humanitaire dramatique à Marioupol et apporté son soutien aux opérations d’aide menées par l’ONU depuis la Turquie.  Le délégué a ensuite parlé des 10 millions d’Ukrainiens qui ont fui les horreurs de la guerre, estimant que la communauté internationale doit tout faire pour les aider.  Il a appelé au respect de la souveraineté et de l’indépendance de l’Ukraine, avant d’insister sur les efforts diplomatiques de son pays.  En conclusion, il a appelé à voter pour le projet de résolution, en indiquant que ce qui se passe en Ukraine est un « enjeu de vie et de mort ». 

M. KIMIHIRO ISHIKANE (Japon) a indiqué que le Président Zelenskyy était intervenu devant la Diète japonaise il y a quelques heures par visioconférence et décrit la grave situation humanitaire en Ukraine.  Il a estimé que le projet de résolution L.3 est d’une importance critique, alertant que la crise humanitaire persistera à moins de répondre à ses causes et conséquences.  Nous sommes à une conjoncture critique pour faire respecter l’état de droit et la Charte des Nations Unies et devons agir en appuyant ce texte, a-t-il dit. 

M. KAHA IMNADZE (Géorgie) a fermement condamné l’agression non provoquée, injustifiée et préméditée de la Russie contre l’Ukraine, lui demandant de se conformer aux mesures provisoires de la CIJ qui l’obligent à suspendre immédiatement ses opérations militaires.  Cette agression a été un signal d’alarme majeur pour la communauté internationale, a-t-il souligné, prévenant que la Fédération de Russie applique les mêmes schémas et les mêmes scenarii à tous ses voisins.  Nous avons nous-mêmes subi une agression militaire de grande envergure, a rappelé le délégué qui a accusé la Fédération de Russie de vouloir organiser un « faux » référendum sur la création d’une soi-disant « république populaire de Kherson », faisant écho à l’amer  huitième anniversaire du référendum « fictif » organisé dans la péninsule de Crimée, avant son annexion illégale.  Nous demandons instamment à la Russie de cesser son agression, de retirer toutes ses forces et armements de l’ensemble du territoire de l’Ukraine et de permettre un accès immédiat, sûr et sans entrave à tous les mécanismes internationaux humanitaires et des droits de l’homme.  Le représentant a exhorté la Russie à faire de même dans les régions géorgiennes occupées et à honorer ses obligations en vertu de l’accord de cessez-le-feu du 12 août 2008. 

Mme LACHEZARA STOEVA (Bulgarie) a accusé la Fédération de Russie de violer systématiquement le droit international humanitaire.  Mes mots, a-t-il dit, ne rendent pas justice à la réalité une situation humanitaire devant laquelle personne ne peut rester indifférent.  Le représentant a plaidé pour la défense de la Charte des Nations Unies et exigé que la Fédération de Russie cesse immédiatement ses opérations militaires et respecte pleinement l’intégrité territoriale, la souveraineté et l’indépendance de l’Ukraine.  Les conflits doivent être réglés exclusivement par le dialogue et la diplomatie, a-t-il martelé, en dénonçant une nouvelle fois cette guerre « absurde », avant de manifester son soutien à la résolution présentée par l’Ukraine. 

M. MAURIZIO MASSARI (Italie) a déploré une situation humanitaire dramatique d’une ampleur qui n’avait plus été vue en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.  Il a estimé que face à l’incapacité du Conseil de sécurité d’agir sur une question aussi fondamentale, l’Assemblée générale a le devoir de le faire.  C’est pourquoi un groupe interrégional d’États Membres, dont l’Italie, a convoqué cette session spéciale pour soumettre le projet de texte, a-t-il expliqué.  Le représentant s’est par ailleurs inquiété de l’impact de cette « guerre d’agression » sur la sécurité alimentaire à travers le monde. 

M. RICARDO DE SOUZA MONTEIRO (Brésil) s’est dit gravement préoccupé par les pertes civiles qui ne cessent d’augmenter en Ukraine, avant de détailler les efforts de son pays pour faire face à l’afflux de réfugiés.  Le Brésil a ainsi octroyé des visas d’urgence à des réfugiés ukrainiens via notamment son ambassade en Pologne.  La communauté internationale, a plaidé le représentant, doit venir en aide à tous ceux qui sont dans le besoin.  Il a appelé à la cessation des hostilités et mis en garde contre les conséquences dévastatrices de la situation en Ukraine pour la sécurité alimentaire.  Il a aussi rappelé que des sanctions indiscriminées et massives ont des conséquences pour tous les pays et pour les plus vulnérables.  Enfin, le délégué a appelé au dialogue entre la Russie et l’Ukraine et estimé que la question du respect du droit international humanitaire ne doit pas nous diviser mais nous rassembler.

M. ARRMANATHA CHRISTIAWAN NASIR (Indonésie) s’est inquiété de la destruction « à une vitesse alarmante » des infrastructures clefs en Ukraine.  Il a appelé les parties à prendre des mesures pour assurer une désescalade immédiate et instaurer le cessez-le-feu, insistant sur l’impératif de respecter le droit international.  De même, l’aide humanitaire doit parvenir à toutes les personnes dans le besoin et ceux qui souhaitent quitter l’Ukraine doivent pouvoir le faire.  Après avoir encouragé les parties au dialogue pacifique, le représentant a appelé l’Assemblée générale à maintenir son unité et à agir de concert face à la crise humanitaire, exhortant les délégations à surmonter leurs différences politiques pour mettre un terme à la souffrance en Ukraine. 

M. SUPARK PRONGTHURA (Thaïlande) a appelé au respect et à la protection de la vie et des infrastructures civiles et à la facilitation de l’accès de l’aide humanitaire aux personnes touchées, à l’intérieur et autour de l’Ukraine, « sans discrimination sur quelque base que ce soit et en l’absence de toute politisation ».  À cet égard, la Thaïlande appelle toutes les parties à se conformer pleinement à leurs obligations en vertu du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme, et souligne la nécessité pour tous les acteurs engagés dans la fourniture de l’aide humanitaire de promouvoir et de respecter pleinement les principes d’humanité, de neutralité, d’impartialité et d’indépendance.  Pour sa part, la Thaïlande, a indiqué le représentant, a fourni une aide humanitaire par le biais de la Société de la Croix-Rouge ukrainienne.  En outre, son pays salue et encourage les efforts continus des pourparlers bilatéraux entre les parties concernées, attend avec impatience leurs résultats fructueux, en particulier pour aider à améliorer la situation humanitaire urgente, et espère un règlement pacifique de la situation. 

M. JOSE ALFONSO BLANCO CONDE (République dominicaine) a fustigé l’incapacité de la communauté internationale à mettre fin aux souffrances humaines et s’est dit être interpellé par le fait que l’Assemblée générale soit saisie de deux résolutions concurrentes.  Nous devons, a-t-il dit, prendre une décision fondée sur nos principes avec à l’esprit les millions de civils qui ont besoin de protection.  Mon message, a dit le représentant, est qu’il faut respecter sans délai ni condition toutes les règles relatives à la conduite des hostilités prévues par le droit international humanitaire.  Il faut aussi s’atteler à la recherche d’une sortie négociée du conflit.  Les attaques contre les infrastructures civiles comme les hôpitaux, les écoles et les systèmes d’adduction d’eau doivent s’arrêter et toutes les personne prises au piège du conflit ont besoin de toute notre attention et d’une bonne collaboration entre tous les acteurs sur le terrain. 

Marioupol est devenue la nouvelle Alep, s’est alarmé, M. FERIT HOXHA (Albanie), se montrant préoccupé par une crise des réfugiés et des conséquences de la guerre qui affectent le monde entier, en particulier les pays en développement.  Il a dit ne pas se faire d’illusion et prédit que la Fédération de Russie ne mettra pas en œuvre la résolution présentée par l’Ukraine.  Si ce pays remporte la victoire, ses ambitions ne s’arrêteront pas à l’Ukraine, a-t-il prévenu. 

Mme JOANNA SYLWIA SKOCZEK (Pologne) a soutenu le projet de résolution présenté par l’Ukraine, avant de se dire alarmée par la détérioration de la situation.  La seule responsable, c’est la Russie, a-t-elle martelé, avant de condamner le bombardement d’un théâtre de Marioupol où des civils avaient trouvé refuge, et les attaques indiscriminées contre les personnes et les infrastructures civiles, contraires au droit international et constitutives de crime de guerre. Elle a demandé une cessation immédiate des hostilités et l’instauration de couloirs humanitaires.  Rappelant que des millions de réfugiés traumatisés sont arrivés en Pologne, elle a promis que son pays poursuivra sa politique d’accueil, quelle que soit la nationalité des arrivants.  Nous avons l’obligation d’agir, a-t-elle conclu, en parlant de la résolution présentée par l’Ukraine. 

M. RENE ALFONSO RUIDÍAZ PÉREZ (Chili) a relevé que depuis le début de la session extraordinaire d’urgence de l’Assemblée générale, la situation sur le terrain s’est considérablement aggravée, marquée notamment par l’utilisation de nouveaux missiles dotés d’une capacité de destruction étonnante et la multiplication de bombardements d’hôpitaux, d’écoles et de quartiers résidentiels.  Il a fait part de son appui au projet de résolution « Conséquences humanitaires de l’agression contre l’Ukraine » qui appelle notamment à la cessation de toute attaque contre la population civile.  Aujourd’hui, en tant que communauté internationale, en tant qu’êtres humains, nous avons la responsabilité de protéger la population civile touchée par ce conflit à la suite d’un acte d’agression, a souligné le représentant qui a ensuite demandé le règlement pacifique immédiat du conflit entre la Fédération de Russie et l’Ukraine par le dialogue politique, les négociations et la médiation. 

M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a dénoncé les agissements de la Fédération de Russie en Ukraine, qui témoignent d’un mépris total du multilatéralisme et de l’ordonnance de la CIJ.  En Ukraine, a-t-il affirmé, nous voyons la preuve la plus éclatante possible de l’axiome selon lequel « quand la guerre commence, les crimes de guerre suivent ».  Cette agression doit donc rester au premier plan de nos discussions maintenant que nous en examinons les conséquences et la responsabilité pénale individuelle des responsables.  La réponse à l’agression contre l’Ukraine a été sans précédent, s’est félicité le représentant, parlant du « front uni » formé par les gouvernements et le secteur privé pour défendre les fondements de l’ordre de l’après-guerre.  La résolution du 2 mars a contribué à cet élan, résonnant de manière puissante dans le monde entier.  L’Assemblée générale a en effet prouvé sa capacité d’agir de manière décisive lorsque la Charte des Nations Unies est menacée.  Pour le délégué, la crise actuelle peut être un moment décisif pour l’Assemblée et sa capacité de faire preuve du leadership nécessaire dans d’autres situations de conflit.  Nous devons montrer la même détermination et le même investissement politique face aux autres situations d’urgence.  Nous devons faire mieux que ce que nous avions fait par le passé, a ajouté M. Wenaweser, en apportant son soutien à la résolution présentée par l’Ukraine. 

M. BOŠTJAN MALOVRH (Slovénie) a exhorté la communauté internationale à faire preuve d’unité et à mobiliser tous les efforts pour stopper l’agression de la Fédération de Russie contre l’Ukraine qui a créé une crise humanitaire sans précédent.  La crise des réfugiés qui va croissante exige notre solidarité immédiate, un véritable couloir de transit libre permettant des évacuations sûres et garanties vers les pays voisins, a estimé le représentant pour qui les frontières doivent être ouvertes pour tous ceux qui fuient la guerre.  Des millions de personnes dans le monde risquent en outre de se trouver dans l’insécurité humanitaire, s’est encore inquiété le représentant qui a appelé à voter en faveur du projet de résolution qui, a-t-il ajouté, reflète de manière adéquate la situation sur le terrain. 

M. CRISTIAN ESPINOSA CAÑIZARES (Équateur) a évoqué le cas de Diego, jeune équatorien de 20 ans revenu hier sans son pays, comme près de 700 autres Équatoriens que le Gouvernement a réussi à évacuer par trois vols humanitaires. C’est au nom de tous les étudiants étrangers évacués ou pas, du peuple d’Ukraine et de la nécessité de doter la communauté internationale d’un outil de plus, que l’Équateur, a expliqué le représentant, rejoint les partisans de la résolution présentée par l’Ukraine.  Tout n’est pas perdu.  Nous pouvons et nous devons obtenir la cessation immédiate des hostilités, a-t-il conclu. 

Mme MARITZA CHAN VALVERDE (Costa Rica) a indiqué que « pendant que nous parlons, les villes ukrainiennes sont transformées en champs de bataille ».  Nous sommes l’espoir des Ukrainiens et devons réitérer nos appels à la cessation des hostilités, a déclaré la déléguée, en dénonçant l’agression de la Russie.  Elle s’est dite favorable à tous les mécanismes de protection des civils et des biens civils, avant de dénoncer l’emploi d’armes à sous-minutions en Ukraine.  Enfin, elle a insisté sur les risques d’aggravation de la sécurité alimentaire mondiale en raison de la situation en Ukraine. 

M. IVAN ŠIMONOVIĆ (Croatie) a indiqué qu’il y a 30 ans, la ville croate de Vukovar ressemblait à Marioupol aujourd’hui.  Ses « cicatrices » nous rappellent l’importance d’empêcher que les tragédies se reproduisent.  Il s’est alarmé du sort des civils en Ukraine, pris pour cible dans les maternités et les maisons de retraite, et qui n’ont nulle part où se cacher.  Il a salué l’accent que place le projet de résolution sur l’action, insistant sur la responsabilité collective de protéger la population ukrainienne.  Prendre délibérément pour cible des civils est un crime de guerre, a rappelé le représentant qui a appelé à appuyer les efforts de reddition de compte pour les crimes commis en Ukraine.  De même, il a salué l’ordre donné par la Cour internationale de Justice à la Fédération de Russie de suspendre immédiatement son opération militaire et l’a exhorté à s'y conformer. 

M. MITCHELL FIFIELD (Australie) a déclaré que la seule raison pour laquelle l’Ukraine est affligée d’une catastrophe humanitaire, « c’est la Russie », dont il a dénoncé l’agression, avant de demander le retrait de ses troupes.  Le représentant a aussi demandé à l’Assemblée générale d’adopter le projet de résolution à une majorité écrasante, avant d’annoncer que son gouvernement a l’intention de verser, par divers canaux, une aide humanitaire d’un montant de 65 millions de dollars en faveur de l’Ukraine. 

Mme CAROLYN SCHWALGER (Nouvelle-Zélande) a estimé que l’ampleur de la crise exige une réponse forte et efficace de l’Assemblée générale.  En tant que complice de la Fédération de Russie, le Bélarus partage la responsabilité de la crise humanitaire, a-t-elle martelé, avant de rappeler la première contribution de 6 millions de dollars néo-zélandais que son pays a faite à la réponse humanitaire en Ukraine.  Nous entendons faire plus, a-t-elle promis, craignant que les agissements de la Fédération de Russie ne poussent le système humanitaire international dans ses limites.  Elle a aussi prévenu que la hausse des prix des denrées alimentaires, du carburant et des engrais ne peut qu’aggraver des situations déjà vulnérables. 

« Les mots me manquent pour décrire la situation en Ukraine », a dit M. JAKUB KULHÁNEK (Tchéquie), en dénonçant la guerre brutale menée par la Russie qui veut terroriser les civils en Ukraine.  Il a évoqué les souffrances sans nom endurées par la population à Marioupol, qui est prise au piège.  Il a souligné que la Russie est tenue par le droit international de protéger les personnes et biens civils mais aussi les travailleurs humanitaires.  Insistant sur l’ouverture des couloirs humanitaires, il a réclamé une réponse plus robuste à la situation humanitaire en Ukraine et à l’afflux des réfugiés dans les pays voisins.  Mon pays est fier d’avoir accueilli des réfugiés et se tient aux côtés de l’Ukraine, a-t-il conclu, en appelant la Russie à se retirer du territoire ukrainien. 

M. BASSAM SABBAGH (République arabe syrienne) a décrié l’exploitation et la politisation des droits humains, pointant les États qui, a-t-il affirmé, mélangent la crise humanitaire en Ukraine et leur position politique hostile à la Russie.  Il a estimé que le projet franco-mexicain cherche à promouvoir une vision unidimensionnelle du conflit, pour ensuite saluer le texte de l’Afrique du Sud qui met uniquement l’accent sur la situation humanitaire, appelant les délégations à y apporter leur soutien.  Il a rejeté la politisation des questions humanitaires, insistant sur l’importance de la neutralité et de la non-discrimination.  Lors de son opération militaire spéciale, la Russie a fourni une aide à tous les civils utilisés comme boucliers humains et leur a garanti un passage sûr, sans discrimination aucune, a affirmé le représentant syrien.  Il a par ailleurs appelé à traiter sur un pied d’égalité toutes les personnes qui fuient l’Ukraine et assurer le retour des ressortissants étrangers vers leur pays d’origine. 

M. BURHAN GAFOOR (Singapour) a souligné la validité de la résolution du 2 mars qui a, a-t-il estimé, même gagné en pertinence, compte tenu de l’évolution de la situation humanitaire extrêmement préoccupante en Ukraine.  Il s’est dit attristé par le nombre croissant de victimes et de personnes déplacées, souhaitant que le projet de texte qui sera mis aux voix au cours de cette séance soit adopté par une large majorité. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a cité le Secrétaire général de l’ONU qui disait hier que beaucoup d’autres pays paient le lourd tribut d’un conflit qui a provoqué une crise alimentaire, énergétique et économique mondiale, s’ajoutant aux impacts de la pandémie de COVID-19.  La guerre du Président Vladimir Putin contre le peuple ukrainien est la seule cause de cette catastrophe.  Pour soutenir le Gouvernement et le peuple de l’Ukraine ainsi que des pays voisins, le Royaume-Uni, a indiqué le représentant, a versé plus de 400 millions de livres sterling.  Il a souligné que le peuple ukrainien attend beaucoup des Nations Unies dont l’aide humanitaire, la fin de la guerre et la défense des principes de la Chartre des Nations Unies.  Nous devons, a-t-il estimé, envoyer un seul et même message: nous pouvons aider le peuple de l’Ukraine, nous pouvons condamner l’invasion et nous pouvons renforcer les principes fondateurs des Nations Unies.  Nous devons soutenir, a conclu la représentante, une résolution soutenue par 86 coauteurs et paraphrasant une nouvelle fois le Secrétaire général, elle s’est demandée combien d’autres Marioupol il faudra détruire.  Poursuivre la guerre en Ukraine est moralement inacceptable, politiquement indéfendable et militairement insensé.  Il est temps de mettre un terme à cette guerre absurde. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a appelé la Fédération de Russie à mettre un terme à l’agression de l’Ukraine qui tue depuis un mois des civils, dont des enfants, des personnels médicaux et des journalistes.  Les villes de Kiev, Marioupol et de Mikolayiv, comme tant d’autres, sont assiégées, bombardées sans relâche par l’armée russe.  C’est un massacre et le pire est encore devant nous, a-t-il mis en garde.  Dix millions d’Ukrainiens ont été contraints de fuir, dont plus de 3,5 millions sont désormais réfugiés dans des pays voisins, a rappelé la déléguée qui a salué la solidarité dont l’Union européenne et les États européens font preuve pour acheminer des biens de première nécessité et accueillir les réfugiés.  Le représentant a indiqué que le monde entier est affecté par cette guerre qui contribue à accroître le risque d’insécurité alimentaire et de famine dans le monde, lequel touchera d’abord les pays en voie de développement.  C’est pourquoi, a-t-il dit, la France propose de renforcer la coordination internationale pour assurer les approvisionnements et bâtir la résilience. 

M. de Rivière a rappelé que pendant trois semaines, son pays et le Mexique ont mené des discussions « de bonne foi » sur un projet de résolution au Conseil de sécurité pour appeler à une cessation des hostilités et au respect du droit international humanitaire.  La situation humanitaire n’a fait qu’empirer depuis lors et de nombreux États nous ont fait part de leur volonté de participer à ces efforts.  C’est pourquoi, nous avons transféré notre initiative à l’Assemblée générale, a-t-il expliqué, avançant que le projet de résolution introduit par l’Ukraine est le fruit d’un processus inclusif qui reflète un équilibre tenant compte des propositions des pays de toutes les régions.  Soutenir le projet de la France, du Mexique et de tant d’autres pays, c’est soutenir la protection des plus faibles, la solidarité entre les peuples, la voie de la paix, a-t-il conclu. 

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a rendu hommage à « son amie », l’ancienne Secrétaire d’État Madeleine Albright, qui vient de décéder.  Elle a ensuite dénoncé les attaques et les violences insensées que le monde voit depuis un mois en Ukraine.  Marioupol et Kharkov, dévastées, resteront les symboles de la brutalité russe, aux côtés de Grozny et d’Alep, a tranché la représentante, avant de réitérer ses soupçons sur l’intention de la Russie d’utiliser des armes chimiques et biologiques.  Elle a déploré les vies russes sacrifiées «  sur l’autel de l’ego du Président Putin » et a appelé le monde à se lever contre cette violence.  La représentante a fermement appuyé la résolution présentée par l’Ukraine.  Ce jour est un jour important pour se lever contre la violence inimaginable qui a provoqué une grave crise humanitaire.  Nous avons une résolution qui est une réponse à cette catastrophe humanitaire, un texte négocié par un groupe interrégional d’États et qui est déjà coparrainé par près de 90 coauteurs. 

Un vote d’abstention face aux atrocités russes serait tout simplement « inacceptable », a prévenu la représentante.  La Russie doit être comptable de ses actes, dont la crise humanitaire qu’elle a créée.  Voter pour, c’est voter pour la fin de la guerre, le respect et la protection du personnel humanitaire et médical et un accès humanitaire sans entrave.  C’est voter pour un départ sécurisé de ceux qui fuient la violence dont ceux qui travaillent, vivent ou étudient en Ukraine. 

Voter pour, c’est envoyer un message sur l’appui au travail héroïque du personnel humanitaire et à l’Appel éclair des Nations Unies.  Voter pour, c’est montrer que l’impact du conflit se répercute dans le monde entier et c’est choisir d’appuyer le droit international humanitaire, les droits de l’homme et les principes de souveraineté, d’intégrité territoriale et de non-recours à la force, consacrés par la Charte.  Vous devez, a conclu la représentante, avoir le courage de dire la vérité face à une catastrophe humanitaire créée de la main de l’homme.  Tous les pays qui veulent faire un effort sérieux pour traiter de l’urgence humanitaire en Ukraine doivent être clairs sur l’origine de l’urgence.  Faire moins, c’est permettre à l’agresseur de se cacher derrière un libellé vague et de prétendre qu’il essaye de régler la situation.  C’est la Russie qui est à blâmer pour avoir commencé la guerre et le monde la tiendra pour responsable de ce qu’elle fait aux Ukrainiens, a prévenu la représentante. 

M. HYUN CHO (République de Corée) s’est dit gravement préoccupé par la situation humanitaire en Ukraine et dans les pays voisins, causée par l’agression de la Russie contre l’Ukraine.  Au plus fort du conflit, le besoin d’un accès humanitaire sans entrave est particulièrement crucial, a souligné le représentant qui a indiqué que la République de Corée a contribué à hauteur de 10 millions de dollars à l’aide humanitaire, répondant à l’appel lancé par l’ONU.  La souffrance des enfants ukrainiens aujourd’hui est similaire à celle des enfants coréens pendant la guerre de Corée au début des années 1950, a ensuite observé le délégué.  Il est donc de la responsabilité la plus urgente et la plus collective de cette Organisation de mettre fin à cette réplique obsédante des agonies des enfants du XXe siècle.  C’est pourquoi nous nous sommes portés coauteurs de ce projet de résolution sur les conséquences humanitaires de l’agression contre l’Ukraine, a indiqué le délégué. 

« Un cauchemar éveillé », s’est exclamée Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse), en paraphrasant le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) sur la situation humanitaire en Ukraine.  Aujourd’hui, a-t-elle dit, cette Assemblée fait face à un choix clair: celui de l’unité face à des violations graves du droit international.  Nous sommes un pays neutre mais notre neutralité ne nous oblige pas de rester silencieux face à ces violations.  Il nous appartient de nous engager en faveur du respect de la Charte, a martelé la représentante, avant de condamner avec la plus grande fermeté l’agression militaire de la Russie et d’appeler à la cessation immédiate de toutes les hostilités et au retrait des troupes russes. 

Nous avons, a poursuivi la représentante, accueilli un grand nombre de réfugiés et dépêché plus de 500 tonnes d’aide en Ukraine.  Nous venons de débloquer 80 millions de francs additionnels pour notre programme humanitaire en Ukraine et dans la région.  La représentante a voulu que les pauses et les couloirs humanitaires soient bien planifiés, sécurisés de manière coordonnée et soumis à un accord entre les parties et à un plan d’application détaillés.  Elle a prévenu que l’emploi d’armes nucléaires, chimiques et biologiques aurait de graves conséquences humanitaires et constituerait un crime de guerre.  Elle a conclu en exprimant son soutien à la résolution présentée par l’Ukraine, insistant sur l’urgence d’une solution. 

M. YASHAR T. ALIYEV (Azerbaïdjan) a d’emblée rendu hommage à l’ancienne Secrétaire d’État Madeleine Albright, avant d’insister sur le respect du droit international humanitaire en Ukraine.  Tous ceux qui ont besoin d’aide doivent en bénéficier, sans discrimination aucune, a insisté le représentant, soulignant que son pays a déjà débloqué environ 9 millions de dollars.  Il a conclu en plaidant pour un règlement pacifique du conflit par le dialogue. 

M. OMAR CASTAÑEDA SOLARES (Guatemala) a déclaré que sa délégation n’avait pas hésité à se porter coauteur du projet de résolution A/ES-11/L.2 coparrainé par plus de 70 États Membres sur les conséquences humanitaires de l’agression contre l’Ukraine.  « Il est temps de mettre fin à ce conflit insensé », a-t-il indiqué.  Le représentant a demandé que la diplomatie soit privilégiée afin d’éviter une escalade du conflit qui, a-t-il mis en garde, pourrait avoir des conséquences encore plus graves au niveau international.  Il a réitéré l’importance de rechercher une solution pacifique à cette crise, dans le respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale, du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme. 

Après avoir rendu hommage à la mémoire de Madeleine Albright, M. JULIO CESAR ARRIOLA RAMIREZ (Paraguay) s’est alarmé de l’aggravation de la situation humanitaire en Ukraine. Malgré les efforts multiples et intenses, et les appels récurrents à la cessation des hostilités, nous continuons d’assister à la souffrance de millions de personnes, s’est-il inquiété.  Il a appelé l’Assemblée générale à assurer un accès sûr et sans entrave du personnel humanitaire et du personnel de santé, exigeant en outre la protection des installations médicales et sanitaires et des infrastructures civiles.  Il a également réitéré son adhésion à l’appel sans équivoque à une cessation immédiate des hostilités, et plaidé pour une intensification des efforts diplomatiques et du dialogue de bonne foi entre les parties.  Il a ensuite fait part de son appui au projet de résolution L.2. 

M. MICHAL MLYNAR (Slovaquie) a dit craindre que le bilan humain de la guerre en Ukraine s’avère plus élevé que les chiffres connus, se disant indigné par le fait que 2,9 millions d’enfants aient besoin d’une aide humanitaire.  Il a dénoncé les attaques perpétrées par les forces russes contre les infrastructures civiles, en violation flagrante du droit international humanitaire.  Le responsable de cette situation est bien connu, c’est la Fédération de Russie, a insisté le représentant, qui a plaidé pour un règlement pacifique du conflit.  Il a annoncé en conclusion son vote en faveur de la résolution présentée par l’Ukraine. 

Mme MARIA THEOFILI (Grèce) a rappelé que la communauté hellénique contribue depuis longtemps à l’épanouissement des villes d’Ukraine dont Odessa.  Malheureusement, les membres de cette communauté comme toutes les autres subissent les atrocités de la guerre.  La représentante a salué le courage des Consuls grecs à Odessa et à Marioupol qui ont aidé à l’évacuation des citoyens et de la diaspora grecs.  La Grèce, a-t-elle dit, a fourni une première aide humanitaire et appuyé toute l’aide qu’ont reçue les pays voisins de l’Ukraine.  Pour la représentante, la première mesure du retour à la normale sera de reconstruire la maternité et l’hôpital de Marioupol car la normalisation est la condition du retour de la diaspora grecque dans une région où elle est installée depuis des siècles.  Elle a appelé l’Assemblée générale à l’unité dans ses efforts pour renforcer les opération humanitaires. 

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a dit soutenir les efforts humanitaires en Ukraine, sans discrimination aucune, y compris vis-à-vis des étudiants africains qui essaient de fuir la guerre.  L’action humanitaire, a-t-il martelé, ne doit faire l’objet d’aucune appropriation à des fins politiques, stratégiques ou tactiques.  Elle ne doit pas s’aligner sur des desseins inavoués et faire l’objet d’une récupération politique.  Elle ne doit, a insisté le représentant, être ni cynique ni trompeuse, ni hypocrite ni aliénée.  Instrumentaliser l’action humanitaire, c’est infliger une double peine aux meurtris et aux martyrs de la guerre.  Le représentant a souligné que son pays s’abstient de tout alignement intéressé et préfère « rester à quai tant que les eaux paraîtront troubles ».  Il a rendu hommage aux vaillants hommes et femmes qui, au péril de leur vie, s’activent sans relâche à Marioupol, comme dans différentes autres lignes de fronts et villes dévastées, pour donner une lueur d’espoir aux populations. 

Au nom du Conseil de coopération des États arabes du Golfe, M. MOHAMMED ABDULAZIZ H. ALATEEK (Arabie saoudite)a déploré la détérioration de la situation en Ukraine et souligné le caractère « sacré » de l’intégrité territoriale des États.  Il a appelé au dialogue pour trouver un règlement à la crise et exhorté les parties à revenir à la table des négociations.  Nous avons, a-t-il souligné, de bonnes relations avec toutes les parties.  Il a rendu hommage aux pays qui ont accueilli des réfugiés et insisté sur la nécessité d’épargner les personnes et les infrastructures civiles, avant de réitérer son appel au dialogue

Mme AMATLAIN ELIZABETH KABUA (Îles Marshall) a rendu hommage à l’ancienne Secrétaire d’État américaine Madeleine Albright, qui vient de décéder.  Elle a déploré la détérioration de la situation en Ukraine et exhorté l’Assemblée à ne pas faire montre de faiblesse.  Nous devons parler d’une seule voix, a-t-elle dit, en dénonçant le fait que la récente décision de la CIJ soit restée lettre morte.  Elle a exhorté la Russie à cesser ses attaques contre les civils et les infrastructures civiles et exhorté les États Membres à voter pour la résolution présentée par l’Ukraine. 

Mme ZSUZSANNA HORVÁTH (Hongrie) s’est inquiétée de la détérioration rapide de la situation en Ukraine et a appelé à accorder un soutien massif aux efforts visant à mettre un terme au conflit.  Elle a dénoncé les attaques contre les civils et les infrastructures civiles, s’alarmant en outre du nombre important de déplacés et de réfugiés.  Chaque minute, 55 enfants ukrainiens deviennent réfugiés, a-t-elle relevé. 

Elle a ensuite indiqué que les frontières de la Hongrie sont ouvertes et que le pays a d’ores et déjà accueilli 630 000 réfugiés, sans aucune discrimination. En outre, 12,5 millions de dollars ont été alloués aux organisations caritatives en Hongrie, des centaines de milliers de litre de carburant ont été mobilisés, sans compter les produits alimentaires, les articles d’hygiènes et les fournitures médicales.  Des capacités logistiques ont également été mises sur pied à proximité de la frontière entre la Hongrie et l’Ukraine. 

M. MULALAP (États fédérés de Micronésie) a jugé que le désespoir causé par l’invasion du territoire souverain de l’Ukraine par la Russie est « illégal ».  La nature indiscriminée de ses attaques militaires contre les civils et les infrastructures civiles nous a tous choqués, a-t-il dénoncé, plus de 10 millions de personnes ayant été déplacées et plus de trois millions ayant fui le pays pour se mettre en sécurité.  Il a souligné que les corridors humanitaires sont essentiels pour permettre à l’aide d’atteindre ceux qui en ont le plus besoin, pour ensuite exhorter la communauté internationale à se rallier au projet de résolution de la France et du Mexique sur les « Conséquences humanitaires de l’agression contre l’Ukraine ». 

« Le monde doit agir », a martelé M. CARLOS AMORÍN (Uruguay), en dénonçant l’agression russe.  Les parties doivent respecter le droit international humanitaire, notamment les principes de distinction et de proportionnalité.  Il a souligné la nécessité de préserver les infrastructures civiles et de protéger les travailleurs humanitaires.  Il a indiqué qu’une solution durable passe par une cessation de l’agression armée russe, avant d’espérer que les parties retourneront à la table des négociations. 

Après avoir adressé ses condoléances à la délégation américaine suite au décès de Madeleine Albright, M. GUILLERMO ROQUE FERNANDEZ DE SOTO VALDERRAMA (Colombie) a dénoncé l’inhumanité de l’agresseur russe en Ukraine, notamment à Marioupol où un théâtre où de nombreux enfants avaient trouvé refuge a été pris pour cible.  Même les affrontements les plus cruels doivent préserver un minimum d’humanité, a-t-il souligné.  Il a exhorté la Russie à mettre un terme dans les plus brefs délais à son agression et à assurer l’accès sans entrave à l’aide humanitaire.  Il s’est ensuite dit convaincu que le projet de résolution L.2 jouira de la plus grande majorité des États Membres.  Évoquant le conflit récent en Colombie qui a par ailleurs accueilli de nombreux réfugiés vénézuéliens, il a appelé à une désescalade du conflit et à préserver la population des souffrances.  On ne peut pas confondre combattant et civil, a-t-il souligné. 

M.  KARLITO NUNES (Timor-Leste) s’est dit profondément préoccupé par la détérioration de la situation humanitaire en Ukraine et dans les environs.  Il a appelé les parties au conflit à régler leur différend par des moyens pacifiques et à mettre fin à ce conflit, avant d’annoncer que son pays votera en faveur du projet de résolution qui sera mis aux voix.  Le représentant a par ailleurs indiqué que le Timor-Leste avait contribué à hauteur de 1,5  million de dollars au Programme alimentaire mondial (PAM) pour venir en aide au peuple ukrainien. 

M.  JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a déclaré que la situation humanitaire dramatique en Ukraine, conséquence de l’invasion par la Fédération de Russie, continuera malheureusement de se détériorer de manière exponentielle tant qu’il n’y aura pas de cessation des hostilités.  Cette question, a-t-il dit, doit être prioritaire dans toute résolution humanitaire et c’est la raison pour laquelle, la France et le Mexique ont décidé de présenter un projet de résolution « purement humanitaire » au Conseil de sécurité.  Après deux semaines de consultations ouvertes, il est apparu très clairement que les conditions n’étaient pas réunies pour parvenir à un accord et le texte a été envoyé à l’Assemblée générale où les États Membres ont répondu à l’appel, comme en témoignent les 88 coauteurs de la résolution présentée par l’Ukraine. 

Les répercussions de cette guerre, a prévenu le représentant, seront mondiales et se feront ressentir plus clairement jour après jour mais aussi à plus long terme.  Notre réponse, a-t-il encouragé, doit être à la hauteur.  L’assistance humanitaire ne peut être l’otage des considérations politiques.  La résolution présentée par l’Ukraine est le fruit d’efforts collectifs et reprend les points de vue de pays appartenant aux cinq groupes régionaux des Nations Unies.  Cette initiative est le minimum de ce que mérite le peuple ukrainien. 

M.  DONAL KENNEALLY (Irlande) a constaté que la Fédération de Russie n’a pas respecté la volonté de l’Assemblée générale telle que traduite dans la résolution du 2  mars dernier.  L’invasion de l’Ukraine perdure, déclenchant une crise humanitaire massive.  Pendant ce temps-là, le Conseil de sécurité paralysé par un droit de veto anachronique, dont l’agresseur est doté, reste bloqué et incapable d’agir.  Le représentant a demandé à la communauté internationale de faire tout son possible pour répondre à la crise humanitaire mondiale que cette guerre provoque.  Il a appelé la Fédération de Russie à cesser d’attaquer les civils et les infrastructures civiles en Ukraine et de permettre aux civils de partir en toute sécurité.  Le bien-être de tous les civils qui décident de rester et celui des travailleurs humanitaires et médicaux, doivent également être assurés.  Le représentant a appelé l’Assemblée générale à l’unité.  Elle doit parler d’une seule voix, en votant en faveur de la résolution présentée par l’Ukraine. 

Mme  ANTJE LEENDERTSE (Allemagne) a rendu hommage à l’ancienne Secrétaire d’État des États-Unis, Madeleine Albright, qui vient de décéder.  Elle a évoqué la catastrophe qui se déroule en Ukraine et qui va marquer à vie des générations entières.  Elle a regretté que la Russie poursuive ses attaques, sans égard pour la population ukrainienne, et en violation du droit international.  La déléguée a détaillé les grandes lignes de la résolution présentée par l’Ukraine et indiqué que son pays continuera d’accueillir ceux qui fuient cette guerre.  L’Allemagne continuera d’œuvrer à un accès humanitaire, convaincue qu’il faut s’unir et obtenir de la Russie la cessation des hostilités, a conclu la déléguée. 

M. FRANCISCO DUARTE LOPES (Portugal) a déclaré que la détérioration de la situation humanitaire dans et aux alentours de l’Ukraine est alarmante, évoquant notamment l’augmentation du nombre de déplacés et de réfugiés et appelant à la solidarité internationale pour apporter une aide à tous ceux qui sont touchés.  Le Portugal, a-t-il ajouté, a déjà accueilli plus de 20 000 réfugiés d’Ukraine qui bénéficient d’un accès automatique aux soins de santé et à la sécurité sociale dans le cadre d’un système de protection temporaire.  Le représentant a estimé que la présentation du texte sur les « Conséquences humanitaires de l’agression contre l’Ukraine » est entièrement justifiée au vu la situation de plus en plus désastreuse sur le terrain.  Il a ensuite appelé à la cessation immédiate des hostilités et à la résolution pacifique du conflit. 

Mme MATHU JOYINI (Afrique du Sud) a relevé que des ressortissants de nombreux pays sont affectés par le conflit en Ukraine.  Nous demandons aujourd’hui, a-t-elle dit, un traitement équitable pour tous ceux qui veulent quitter les zones de conflit.  Elle a rappelé que sa délégation a présenté une résolution sur la situation humanitaire en Ukraine, forte de la conviction que l’Assemblée générale doit adopter un texte « spécifiquement » consacré aux souffrances des civils et sur la protection des infrastructures indispensables à leur survie.  Notre texte, a-t-elle expliqué, porte exclusivement sur la question humanitaire pour préserver le consensus car les questions politiques et stratégiques ne sauraient y être mêlées, a martelé la représentante, en remerciant les pays qui ont accepté de le parrainer. 

M. HOANG GIANG DANG (Viet Nam) qui a appelé à la retenue, a réclamé la fin de la violence et des opérations militaires.  Il a annoncé que son pays contribuera aux efforts humanitaires dans les limites de ses capacités, arguant que le chemin vers la paix doit passer par un dialogue entre les parties, conformément au droit international et à la Charte des Nations Unies et en tenant compte des préoccupations « légitimes » de toutes les parties.  Il les a exhortées à respecter leurs obligations humanitaires, y compris à l’égard des ressortissants étrangers. 

M. GHEORGHE LEUCA (Moldova) a déclaré que les hostilités en Ukraine menacent l’architecture internationale des règles et des normes que nous avons construites et consolidées depuis plus de 75 ans et causent de nouveaux dégâts collatéraux à la communauté internationale dans son ensemble.  Le représentant a reconnu que son pays n’a jamais connu une telle crise et a indiqué que toutes les autorités nationales concernées travaillent avec acharnement pour faire face à cette situation d’urgence sans précédent.  Dans le même temps, le Gouvernement, le secteur privé et le citoyen ordinaire ont uni leurs efforts d’une manière exceptionnelle pour aider les réfugiés.  Nous voterons pour le texte présenté par l’Ukraine, a annoncé le représentant. 

Après avoir rendu hommage à l’ancienne Secrétaire d’État des États-Unis, Madeleine Albright, qui vient de décéder, Mme MARIA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine) a évoqué « la douleur lancinante que des générations entières porteront dans leurs âmes » en raison de la guerre en Ukraine.  Elle a prôné la désescalade et exhorté les parties à revenir à la table des négociations.  Un cessez-le-feu immédiat est nécessaire, a-t-elle insisté.  Elle a condamné l’invasion de l’Ukraine par la Russie et réclamé la fin des opérations militaires russes.  En Ukraine, c’est notre prochain qui nous demande de l’aide, a déclaré la déléguée, en demandant le respect du droit international humanitaire.  Enfin, elle a précisé que son pays a ouvert ses frontières à tous les Ukrainiens, en leur octroyant, sans conditions, des visas d’urgence.  « La vie doit l’emporter. » 

M. JOSÉ MANUEL RODRIGUEZ CUADROS (Pérou) a constaté que l’intervention armée en Ukraine empire et que la population civile continue de subir les ravages de la violence.  Il a appelé les parties au conflit à s’accorder sur un cessez-le-feu et à participer aux négociations diplomatiques pour mettre un terme au conflit.  Le représentant s’est également opposé à toute politisation de la protection de la population. Il a souligné que les attaques perpétrées avec de nouvelles technologies et des moyens cybernétiques doivent respecter le droit international humanitaire, exhortant en outre à s’abstenir de commettre des attaques contre la population civile et les infrastructures civiles.  Une solution négociée, qui tient compte des intérêts de toutes les parties, conformément aux normes du droit international et à la Charte des Nations Unies, est le seul moyen de rétablir la paix et de mettre fin aux souffrances des populations, a-t-il souligné. 

M.  TEBURORO TITO (Kiribati) a estimé que la meilleure façon de résoudre la crise humanitaire grandissante en Ukraine est de voter en faveur du projet de résolution, avant de demander à tous les États Membres de jouer leur rôle, de quelque manière que ce soit, « matériellement et spirituellement », pour rétablir la paix en Ukraine, en Russie et dans le reste du monde. 

M. ION JINGA (Roumanie) a d’emblée condamné l’agression russe contre l’Ukraine, y compris l’implication du Bélarus.  Il a demandé à la Russie de cesser immédiatement le recours à la force et de retirer ses forces militaires de l’Ukraine.  La Fédération de Russie et le Bélarus, a-t-il dit, doivent être tenus responsables de leurs actes contre un État souverain.  Plaidant pour l’intensification de l’aide humanitaire, il a jugé urgente l’adoption de la résolution présentée par l’Ukraine.  Toute tentative d’introduire un libellé justifiant l’agression et l’invasion est tout simplement inacceptable, a averti le représentant qui a aussi prévenu que la menace de recourir à l’arme nucléaire est inadmissible.  Il n’a pas manqué de rappeler, en conclusion, que son pays a accueilli des réfugiés ukrainiens. 

M. PAHALA RALLAGE SANATHANA SUGEESHWARA GUNARATNA (Sri Lanka) a exhorté les parties au conflit à cesser toutes les hostilités et revenir à la table des négociations.  Il faut que le monde puisse vivre en paix, c’est notre droit en tant que membres de la famille humaine, a dit le délégué, ajoutant que nos nations ne sauraient être utilisées comme échiquier de la politique internationale.  Il a affirmé que les événements qui se déroulent en Ukraine auraient pu être évités quand leurs causes sous-jacentes ont commencé à apparaître.  Il a invité la communauté internationale à avouer cette omission et à faire son mea culpa, son mea maxima culpa.  Le Gouvernement sri-lankais, a-t-il indiqué, a pris des mesures immédiates pour assurer le bien-être des visiteurs ukrainiens et russes actuellement bloqués sur son sol.  À cet égard, le Conseil des Ministres a, le 28 dernier, accordé à 3 993 Ukrainiens et à 11 463 touristes russes l’autorisation de prolonger leur visa de deux mois, sans aucun frais. 

M. ANDREAS HADJICHRYSANTHOU (Chypre) a appelé à la cessation immédiate des hostilités et à assurer un accès sans entraves à l’aide humanitaire ainsi que le passage sûr des civils.  Il a condamné les attaques indiscriminées contre les civils et les infrastructures civiles ainsi que l’usage d’engins explosifs dans des zones peuplées.  Les images apocalyptiques de Marioupol sont tout simplement accablantes, a-t-il dit.  Le représentant a ensuite indiqué que Chypre avait envoyé sa plus importante cargaison d’aide humanitaire à l’Ukraine et accueilli plus de 6 000 réfugiés ukrainiens.  Dénonçant une guerre insensée et ses terribles conséquences humanitaires, il a appelé les États Membres à appuyer le projet de résolution intitulé « Conséquences humanitaires de l’agression contre l’Ukraine ». 

Mme ELISENDA VIVES BALMAÑA (Andorre) s’est dit préoccupée par la détérioration de la situation humanitaire en Ukraine, la plus grave crise en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.  Elle a appelé au respect du droit international humanitaire et rappelé l’interdiction de prendre les hôpitaux et écoles pour cible.  La déléguée a annoncé qu’elle votera en faveur de la résolution présentée par l’Ukraine et a réclamé la mise en œuvre de la récente décision de la CIJ.  Nous voulons un cessez-le-feu immédiat, a-t-elle martelé. 

M. BRIAN CHRISTOPHER MANLEY WALLACE (Jamaïque) a dit que son pays parraine le texte présenté par l’Ukraine, estimant que les conséquences humanitaires de l’invasion russe ne cesseront qu’avec la cessation des hostilités.  Il a relevé que l’ordre mondial fondé sur le droit est désormais sapé et que la communauté internationale doit se lever pour le retour de la diplomatie.  Le représentant a exhorté la communauté internationale à obtenir des parties la reprise des pourparlers. 

M. DARREN CAMILLERI (Malte) a dénoncé l’agression de la Fédération de Russie contre l’Ukraine, qui a provoqué une catastrophe humanitaire dans tout le pays, notamment à Marioupol, où les infrastructures civiles ont été prises pour cible.  Il a réitéré la nécessité de mettre en place des couloirs humanitaires, avant d’exhorter tous les États Membres à voter en faveur de la résolution présentée par l’Ukraine. 

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