9004e séance – après-midi
CS/14841

RPDC: le Conseil de sécurité proroge le mandat du Groupe d’experts du Comité des sanctions et entend des condamnations du lancement d’un dernier missile balistique

En adoptant à l’unanimité la résolution 2627 (2022), cet après-midi, le Conseil de sécurité a prorogé jusqu’au 30 avril 2023 le mandat du Groupe d’experts du Comité des sanctions contre la République populaire démocratique de Corée (RPDC).  Les 15 membres se sont exprimés après l’adoption, beaucoup pour condamner vigoureusement le lancement par ce pays, la veille (24 mars), d’un missile balistique à portée intercontinentale. 

Par cette résolution, le Conseil demande au Groupe d’experts de présenter au Comité, le 3 août 2022 au plus tard, un rapport de mi-mandat sur ses travaux.  Il lui demande également de remettre au Comité, le 3 février 2023 au plus tard, un rapport final contenant ses conclusions et recommandations, qui sera présenté ensuite au Conseil, le 3 mars 2023 au plus tard. 

Le Conseil souligne enfin dans ce texte que le Groupe d’experts doit établir « des évaluations, analyses et recommandations crédibles et étayées par des faits, en toute indépendance et avec objectivité et impartialité, conformément à son mandat ».  Dans leurs déclarations après le vote, plusieurs membres du Conseil se sont en effet inquiétés des fuites dans la presse des rapports du Groupe d’experts, qui « sapent sa crédibilité », comme l’ont relevé la Chine et la Norvège. 

Le Conseil a ensuite entendu une présentation de la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, Mme Rosemary DiCarlo.  Elle a précisé que le nouveau missile balistique intercontinental, appelé Hwasong 17, aurait été lancé depuis Sunan, une région située au nord de Pyongyang, atteignant une portée de 1 090 kilomètres et un apogée d’environ 6 200 kilomètres, avant de s’abîmer en mer dans la zone économique exclusive du Japon.  La dernière fois que la RPDC a effectué un essai de missile balistique intercontinental remonte au 29 novembre 2017, a-t-elle rappelé. 

La Secrétaire générale adjointe a souligné qu’il s’agit de violations flagrantes du propre moratoire que s’est imposé en 2018 la RPDC et des résolutions du Conseil de sécurité, portant le risque de déclencher une escalade significative des tensions dans la région et au-delà.  Rien qu’en 2022, la RPDC a procédé à 12  lancements recourant à la technologie des missiles balistiques et c’est la cinquième fois qu’il est demandé au Secrétariat d’informer le Conseil à ce sujet, a précisé Mme DiCarlo pour qui la RPDC semble également poursuivre « activement » son programme nucléaire. 

À l’instar du Japon, du Gabon ou bien encore de l’Irlande, les membres du Conseil ont été nombreux à condamner ce nouveau tir.  « C’est une nouvelle provocation », a dit le délégué du Mexique, en rappelant qu’il s’agit d’une violation flagrante des résolutions du Conseil de sécurité.  Il a invité celui-ci à faire respecter ses décisions et à veiller à l’application des sanctions.  Une position pleinement partagée par la délégation des États-Unis qui a rejeté tout aassouplissement des sanctions sans effort diplomatique de la part de la RPDC.  « Cela enverrait de plus un message erroné aux États qui violeraient les régimes de sanctions. »  

Au vu de ces provocations toujours plus dangereuses de la RPDC, la représentante des États-Unis a annoncé un projet de résolution à venir afin de renforcer le régime de sanctions.  « Alléger les sanctions n’a pas de sens », a renchéri le délégué de la France, à l’instar de son homologue du Japon.  Ce dernier a demandé d’empêcher la RPDC de profiter des efforts en cours visant à rétablir la paix en Ukraine pour développer plus avant ses capacités interdites.  

Une note dissonante est venue de la Fédération de Russie qui a rappelé que, dans chacune de ses résolutions, le Conseil a exprimé sa volonté de revoir les sanctions à la lumière de l’évolution de la situation.  « Or, jusqu’à présent, il n’a fait que renforcer les mesures imposées, ignorant les signaux positifs », a-t-elle tranché, en blâmant la « myopie » de certains pays qui ne sont pas prêts à aller au-delà du paradigme des sanctions.   Son homologue de la Chine a, lui aussi, regretté que les parties n’aient pris aucune mesure concrète pour répondre aux préoccupations « justifiées » de la RPDC. 

« Nous appelons les parties à faire preuve de calme et de retenue, et à promouvoir le dialogue, en évitant toute action qui pourrait provoquer des erreurs de calcul », a déclaré la Chine.  Enfin, la République de Corée a rappelé les efforts déployés par son pays pour relancer le dialogue sur la dénucléarisation et une paix durable dans la péninsule coréenne.  « Malheureusement tous ces efforts sincères se sont heurtés à un mur de silence assorti de provocations. »  Le délégué a néanmoins assuré que l’engagement de son gouvernement à améliorer les relations intercoréennes reste inchangé et que la porte du dialogue demeure ouverte. 

NON-PROLIFÉRATION: RÉPUBLIQUE POPULAIRE DÉMOCRATIQUE DE CORÉE

Texte du projet de résolution (S/2022/263)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant ses résolutions antérieures sur la question, notamment les résolutions 825 (1993), 1540 (2004), 1695 (2006), 1718 (2006), 1874 (2009), 1887 (2009), 1928 2010), 1985 (2011), 2050 (2012), 2087 (2013), 2094 (2013), 2141 (2014), 2207 2015), 2270 (2016), 2276 (2016), 2321 (2016), 2345 (2017), 2356 (2017), 2371 (2017), 2375 (2017), 2397 (2017), 2407 (2018), 2464 (2019), 2515 (2020) et 2569 (2021), ainsi que les déclarations de sa présidence en date des 6 octobre 2006 (S/PRST/2006/41), 13 avril 2009 (S/PRST/2009/7), 16 avril 2012 (S/PRST/2012/13) et 29 août 2017 (S/PRST/2017/16),

Rappelant également la création, en application du paragraphe 26 de sa résolution 1874 (2009), d’un groupe d’experts qui suivrait les directives du Comité pour accomplir les tâches définies audit paragraphe,

Rappelant en outre le rapport d’activité en date du 8 septembre 2021 (S/2021/777) établi par le Groupe d’experts nommé par le Secrétaire général en application du paragraphe 26 de la résolution 1874 (2009) et le rapport final du Groupe, en date du 1er mars 2022 (S/2022/132),

Rappelant les normes méthodologiques applicables aux rapports des mécanismes de surveillance de l’application des sanctions, qui figurent dans le rapport du Groupe de travail informel du Conseil de sécurité sur les questions générales relatives aux sanctions (S/2006/997),

Se félicitant des efforts que fait le Secrétariat pour étoffer et améliorer le registre d’experts du Service du secrétariat de ses organes subsidiaires, compte tenu des indications données par son président dans la note publiée sous la cote S/2006/997, en particulier son paragraphe 11,

Soulignant, à cet égard, qu’il importe que le Groupe d’experts établisse en toute indépendance des évaluations, analyses et recommandations crédibles et étayées par des faits, conformément à son mandat, énoncé au paragraphe 26 de la résolution 1874 (2009),

Considérant que la prolifération des armes nucléaires, chimiques et biologiques et de leurs vecteurs continue de menacer la paix et la sécurité internationales,

Agissant en vertu de l’Article 41 du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

1.    Décide de proroger jusqu’au 30 avril 2023 le mandat qu’il a confié au Groupe d’experts au paragraphe 26 de sa résolution 1874 (2009) et modifié au paragraphe 29 de sa résolution 2094 (2013), décide que ce mandat s’appliquera aussi aux mesures imposées par les résolutions 2270 (2016), 2321 (2016), 2356 (2017), 2371 (2017), 2375 (2017) et 2397 (2017), entend réexaminer ce mandat et se prononcer sur sa reconduction le 25 mars 2023 au plus tard, et prie le Secrétaire général de prendre les dispositions administratives requises à cette fin;

2.    Demande au Groupe d’experts de présenter au Comité, le 3 août 2022 au plus tard, un rapport de mi-mandat sur ses travaux, comme prévu au paragraphe 43 de sa résolution 2321 (2016), lui demande également de lui remettre ce rapport, après en avoir discuté avec le Comité, le 6 septembre 2022 au plus tard, lui demande en outre de remettre au Comité, le 3 février 2023 au plus tard, un rapport final contenant ses conclusions et recommandations, et lui demande enfin de lui présenter ce rapport, après en avoir discuté avec le Comité, le 3 mars 2023 au plus tard;

3.    Prie le Groupe d’experts de soumettre un programme de travail au Comité trente jours au plus tard après sa reconduction, invite le Comité à réexaminer périodiquement ce programme de travail et à entretenir des contacts réguliers avec le Groupe d’experts sur ses travaux, et demande au Groupe d’experts d’informer le Comité de toute mise à jour dudit programme;

4.    Souligne que le Groupe d’experts doit établir des évaluations, analyses et recommandations crédibles et étayées par des faits, en toute indépendance et avec objectivité et impartialité, conformément à son mandat, énoncé au paragraphe 26 de la résolution 1874 (2009);

5.    Exprime son intention de continuer à suivre les travaux du Groupe d’experts;

6.    Exhorte tous les États, les organismes des Nations Unies compétents et les autres parties intéressées à coopérer pleinement avec le Comité créé par la résolution 1718 (2006) et avec le Groupe d’experts, en particulier en leur communiquant toute information dont ils disposeraient concernant la mise en œuvre des mesures imposées par les résolutions 1718 (2006), 1874 (2009), 2087 (2013), 2094 (2013), 2270 (2016), 2321 (2016), 2356 (2017), 2371 (2017), 2375 (2017) et 2397 (2017);

7.    Décide de rester activement saisi de la question.

Déclarations après l’adoption de la résolution

La représentante des États-Unis a salué le travail du Groupe d’experts et demandé que celui-ci dispose de moyens accrus.  Notre objectif commun doit être que la République populaire démocratique de Corée (RPDC) rende des comptes, a-t-elle rappelé.  Elle s’est enfin inquiétée des fuites des rapports du Groupe d’expert.  Son homologue de la Chine s’est, lui aussi, inquiété desdites fuites, notant que cela avait entraîné des spéculations dans les médias, et a demandé que le Groupe améliore ses méthodes de travail.  Le Conseil doit soulever la question de la confidentialité des rapports, a dit le délégué, en regrettant que les préoccupations légitimes de la Chine n’aient pas été prises en compte lors des négociations.  Ces problèmes doivent être pris au sérieux, sous peine de saper la crédibilité du Groupe, a-t-il exigé. 

Une position partagée par le représentant de la Fédération de Russie, tandis que le délégué du Mexique a regretté qu’un accord n’ait pas pu être trouvé pour que le Groupe enquête régulièrement sur les tirs de missiles, en plus de ses rapports intermédiaires et finaux.  Enfin, la représentante de la Norvège a salué le fait qu’un consensus ait pu être dégagé s’agissant de cette prorogation technique.  Elle a, elle aussi, insisté sur l’importance de la confidentialité des rapports, les fuites nuisant à la crédibilité du Comité. 

Exposé

Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a indiqué que, selon l’agence de presse d’État de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), ce pays a lancé un nouveau type de missile balistique intercontinental (ICBM) à environ 14 h 34, heure locale, le 24 mars.  Appelé Hwasong 17, ce missile aurait été lancé depuis Sunan, une région située au nord de  Pyongyang, atteignant une portée de 1 090 kilomètres et un apogée d’environ 6 200 kilomètres, avant de s’abîmer en mer dans la zone économique exclusive du Japon.  « La dernière fois que la RPDC a effectué un essai de missile balistique intercontinental remonte au 29 novembre 2017 », a rappelé Mme DiCarlo, qui a rappelé qu’il s’agit d’une violation flagrante du propre moratoire que s’est imposé en 2018 la RPDC et d’une violation claire des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, au risque de déclencher une escalade significative des tensions dans la région et au-delà.

La RPDC a procédé à 12 lancements recourant à la technologie des missiles balistiques rien que cette année et c’est la cinquième fois qu’il est demandé en 2022 au Secrétariat d’informer le Conseil à ce sujet, a précisé Mme DiCarlo.  Selon la RPDC, ces lancements ont notamment consisté en un essai d’armes dites hypersoniques, de missiles embarqués, d’un missile balistique de portée intermédiaire et d’essais de systèmes liés au développement de satellites dits de reconnaissance militaire.  La RPDC n’a émis aucune notification de sécurité aérienne ou maritime pour aucun de ces lancements, a relevé la Secrétaire générale adjointe, qui a rappelé que l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) a informé à plusieurs reprises la RPDC que les tirs de missiles non annoncés représentent un risque sérieux pour l’aviation civile internationale. 

La RPDC semble également poursuivre activement son programme nucléaire, a poursuivi la haute fonctionnaire.  Le 7 mars, le Directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a déclaré que Pyongyang poursuit activement son programme nucléaire et qu’il y a « des indications continues compatibles avec le fonctionnement du réacteur de 5 mégawatts sur le site de Yongbyon », où des activités de construction ont été observées.   Le même jour, l’analyse d’images satellites a indiqué un regain d’activité sur le site d’essais nucléaires de Punggye-ri, pour la première fois depuis que Pyongyang a annoncé sa fermeture et son démantèlement en 2018, a encore expliqué la Secrétaire générale adjointe.  « En poursuivant sa capacité nucléaire et ses programmes de missiles balistiques, la RPDC défie les demandes répétées du Conseil de cesser ces activités. » 

Par ailleurs, a-t-elle dit, le Secrétaire général réitère l’importance de répondre aux impératifs humanitaires en RPDC.  L’ONU reste engagée et est prête, avec les partenaires humanitaires, à aider les personnes en détresse en RPDC, dont la vulnérabilité s’est probablement accrue depuis l’apparition de la pandémie et la fermeture des frontières en 2020.  « Nous réitérons notre appel à l’entrée du personnel international, y compris le coordonnateur résident des Nations Unies, et à l’acheminement sans entrave des fournitures humanitaires, afin de permettre une réponse rapide et efficace », a déclaré Mme DiCarlo.  Le Secrétaire général, a-t-elle ajouté, réaffirme son engagement à travailler avec toutes les parties pour une paix durable et la dénucléarisation complète et vérifiable de la péninsule coréenne.  L’unité du Conseil de sécurité dans cette situation est essentielle pour atténuer les tensions, sortir de l’impasse diplomatique et éviter un cycle négatif « action-réaction », a conclu Mme DiCarlo. 

Déclarations

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a condamné le tir de missile balistique intercontinental du 24 mars par la RPDC, en soulignant que cela appelle à une réaction immédiate du Conseil de sécurité, surtout qu’il s’agit du treizième tir de missile balistique cette année par le pays.  Le système de tir balistique intercontinental menace tous les États Membres des Nations Unies, a affirmé la déléguée, s’inquiétant de voir des informations dans la presse faire état de la reconstruction par la RPDC d’un site d’essais nucléaires pourtant fermé en 2018. Face à cette escalade, elle a invité le Conseil à condamner publiquement, d’une seule voix, ces actes de la RPDC et à appeler le pays à revenir à la table des négociations. 

Mme Thomas-Greenfield a dit avoir entendu des appels à l’assouplissement des sanctions du Conseil ciblant la RPDC.  Pourquoi récompenser la RPDC alors qu’elle a violé le moratoire qu’elle s’était elle-même donné ? a demandé la déléguée.  Selon elle, assouplir les sanctions sans aucun effort diplomatique de la part des Nord-Coréens permettrait à ces derniers de renflouer les caisses du pays.  De plus, cela enverrait un message erroné aux États qui violeraient les régimes de sanctions.  Pour la représentante, c’est plutôt maintenant que ces sanctions doivent être appliquées.  Au vu de ces provocations toujours plus dangereuses de la RPDC, la représentante des États-Unis a annoncé un projet de résolution à venir, en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, afin de renforcer le régime de sanctions.  Elle a demandé aux membres du Conseil d’aborder les négociations sur ce texte de manière constructive, afin de parvenir à l’objectif de la dénucléarisation de la péninsule coréenne.  Le problème n’est pas du tout bilatéral mais plutôt multilatéral, a-t-elle encore expliqué en appelant à l’action immédiate afin de faire savoir à la RPDC que le Conseil ne fléchira pas dans son ambition de protéger le monde des armes de destruction massive. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) a déclaré que le Conseil de sécurité ne peut pas continuer de se réunir à huis clos pour parler de la situation en RPDC, le « régime de Pyongyang » devant comprendre qu’il ne peut plus violer le droit international et les résolutions pertinentes du Conseil.  Le représentant l’a donc appelé à la raison, après l’avoir condamné pour négliger les besoins de sa population, alors qu’il ne cesse d’accroître son arsenal.  Les autorités nord-coréennes doivent permettre l’acheminement de l’aide humanitaire dans le pays et cesser d’affamer leur peuple, a insisté le délégué. 

M. MARTIN GALLAGHER (Irlande) a fermement condamné le lancement d’un missile balistique à portée intercontinentale par la RPDC, hier, 24 mars 2022.  Il s’agit d’une violation flagrante des résolutions du Conseil de sécurité, a-t-il martelé.  Ce dernier doit parler d’une seule voix pour signifier que les tirs et essais nucléaires sont inacceptables, a dit le délégué.  Il a demandé l’élimination du programme nucléaire et d’armes balistiques de la RPDC.  Il a aussi demandé des actions concrètes pour remédier au contournement du régime des sanctions par la RPDC. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a condamné avec la plus grande fermeté le tir d’un missile balistique intercontinental effectué par la RPDC le 24 mars, « une nouvelle violation inacceptable des résolutions de ce Conseil ».  Il a jugé essentiel que le Conseil condamne unanimement cette provocation et agisse, arguant qu’on ne peut pas laisser une violation d’une telle ampleur sans réponse.  Il a rappelé que ce pays, depuis l’adoption en 2006 de la résolution 1718, n’avait cessé de moderniser son arsenal balistique et, dans le même temps, avait consolidé son programme nucléaire.  Citant également les six essais nucléaires de la RPDC et sa volonté, annoncée, de développer des armes nucléaires tactiques, le représentant s’est dit aussi très préoccupé par les informations faisant état d’activités de construction sur le site d’essais nucléaires de Punggye-ri.   Face à ces provocations répétées, alléger les sanctions n’aurait pas de sens, a-t-il observé en plaidant pour une mise en œuvre plus ferme du régime de sanctions. Notant que la RPDC contourne ces sanctions et trouve les moyens de financer ses programmes d’armement, il a prôné une mise à jour du régime de sanctions, y compris dans de nouveaux domaines tels que le cyber qui permet à ce pays de capter des informations et des devises, de l’ordre de plusieurs centaines de millions d’euros.  

Mme MONA JUUL (Norvège) a appelé la RPDC à se conformer au régime de non-prolifération et à respecter les dispositions du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  Elle a noté que, selon les informations du Groupe d’experts, le pays semble vouloir élaborer des capacités nucléaires, alors que cela ne contribue en rien au bien-être de sa population.  Tant que des mesures concrètes ne sont pas adoptées par la RPDC, les sanctions prises par le Conseil de sécurité doivent rester en vigueur, a conclu la représentante. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a souligné que 13 tirs de missiles ont eu lieu cette année, chacun d’entre eux constituant une violation des résolutions du Conseil de sécurité.  Elle s’est surtout dite préoccupée par le rythme de ces tirs et par ce que cela signifie en matière de capacités.  La représentante a réclamé une réponse unanime et ferme du Conseil de sécurité, comme en 2017.  Elle a espéré que ce dernier fera preuve d’unité et de détermination face aux agissements de la RPDC.  Elle s’est dite prête à discuter des mesures envisagées par les États-Unis et voir ce qui peut être fait pour mettre à jour les sanctions ciblées.  Reprochant au Gouvernement de la RPDC de consacrer d’énormes ressources à ses capacités militaires au détriment de son propre peuple, la représentante a tenu à souligner que les sanctions imposées par le Conseil ne visent pas le peuple de la RDPC.  Nous sommes favorables, a-t-elle dit, à l’acheminement de l’aide humanitaire et appelons le Gouvernement de la RPDC à autoriser l’accès du personnel de l’ONU dans le pays pour y évaluer les besoins.  Elle a aussi invité la RPDC à s’engager dans un dialogue avec les États-Unis notamment, et à renoncer à ces programmes de missiles balistiques. 

M. T. S. TIRUMURTI (Inde) a dit avoir pris note des inquiétudes exprimées par les pays de la région face à cette autre violation des résolutions du Conseil de sécurité. Ces tirs de missiles contreviennent au moratoire annoncé par la RDPC elle-même qui a dûment entériné l’objectif de dénucléarisation de la Péninsule coréenne.  Le représentant a rappelé la demande de son pays visant à ce que le Comité d’experts présente un rapport dans le contexte des résolutions pertinentes du Conseil.  Il faut régler la question de l’accès aux technologies balistiques et nucléaires, a-t-il estimé, avant d’attirer l’attention sur l’aide humanitaire que son pays a envoyée à la RPDC par le biais de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). 

Ces dernières années, nous avions pourtant observé une détente dans la Péninsule coréenne, a souligné M. JUN ZHANG (Chine).  Mais au début de l’année 2021 et surtout le mois dernier, le dialogue entre la RPDC et les États-Unis est entré dans l’impasse et les tensions se sont intensifiées.  Il a regretté que les parties n’aient pris aucune mesure concrète pour répondre aux préoccupations « justifiées » de la RPDC.  Il a appelé les parties à faire preuve de calme et de retenue, et à promouvoir le dialogue, en évitant toute action qui pourrait provoquer des erreurs de calcul. 

Les États-Unis, a-t-il dit, doivent démontrer leur bonne foi car ce qu’il faut de toute urgence c’est essayer de trouver une voie politique pour aller de l’avant.  Les préoccupations « justifiées » de la RDPC qui attend de plusieurs décennies, doivent enfin recevoir une réponse.  Les États-Unis, s’est expliqué le représentant, avaient promis de mettre fin à leurs exercices militaires conjoints avec la République de Corée, et ils ne l’ont pas fait.  La RPDC a donc toutes les raisons de s’inquiéter.  Le représentant a encouragé la reprise des pourparlers car la diplomatie et le dialogue sont les seuls moyens d’éviter une crise de grande envergure.  Il a rappelé que depuis 2018, l’on a vu un tournant positif mais que les mesures prises par la RDPC n’ont pas suscité la réciprocité.  Dans un tel contexte, il n’est pas étonnant que les offres de dialogue soient perçues comme des appels creux, a prévenu le représentant, en appelant à des actions concrètes parce que la Péninsule coréenne ne saurait devenir le pion d’une stratégie profitable qu’à quelques-uns. 

Il a conclu sur la nécessité de mettre pleinement en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité de manière complète et vérifiable pour alléger les sanctions le moment venu.  Il a attribué les problèmes actuels à la non-application de certaines dispositions de ces résolutions, surtout celles qui ne sont pas liées aux sanctions.  L’on ne saurait, a-t-il martelé, privilégier certaines dispositions et en oublier d’autres ni continuer d’ignorer les préoccupations sécuritaires de la RPDC, au risque de saper le régime de non -prolifération.  Nous appelons toutes les parties concernées à jouer un rôle constructif. 

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a condamné avec fermeté le lancement, hier, d’un missile balistique à portée intercontinentale par la RPDC.  « C’est une nouvelle provocation », a dit le délégué, en rappelant qu’il s’agit d’une violation flagrante des résolutions du Conseil de sécurité.  La RPDC continue de renforcer ses capacités technologiques à des fins militaires, a-t-il constaté.  Le Conseil doit faire respecter ses décisions et veiller à l’application des sanctions, a conclu le délégué, en appelant au dialogue pour la dénucléarisation complète et vérifiable de la péninsule coréenne. 

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a regretté le tir de missile balistique intercontinental effectué par la RPDC, qui sonne le glas du moratoire que ce pays s’est imposé depuis 2017, et constitue une violation flagrante des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Cette action, et plusieurs autres récemment, a contribué à une aggravation des tensions dans la péninsule coréenne, dans un contexte international marqué par une crise majeure en Ukraine et en Europe orientale, a fait observer le représentant.  Aussi, a-t-il plaidé pour la recherche d’une solution pacifique et négociée.  Il a encouragé les États-Unis à maintenir leur offre de dialogue avec la RPDC, sans conditions préalables.  Le délégué a ensuite demandé à Pyongyang de faciliter les procédures administratives qui entravent actuellement l’acheminement d’une aide humanitaire à la population nord-coréenne. 

M. MICHAEL KAPKIAI KIBOINO (Kenya) a noté qu’après 13 tirs de missiles depuis le début de l’année, les perspectives d’une reprise d’essais d’armes nucléaires augmentent de jour en jour, tandis que les tirs effectués sans notification aux organismes de réglementation maritime et aéronautique posent de sérieuses menaces en mer.  Craignant une course aux armements dans la région et une déstabilisation, le délégué a prévenu que cela aurait de graves implications pour la paix et la sécurité mondiales.  Avec la situation sécuritaire actuelle qui pose déjà de graves défis socioéconomiques et sécuritaires, en particulier aux pays en développement, la communauté internationale ne peut pas se permettre une autre crise, a-t-il fait remarquer.  Malheureusement, a-t-il poursuivi, cette escalade des armements détourne les ressources de la protection sociale et du développement dont a tant besoin le peuple de la RPDC.  M. Kiboino a appelé la RPDC à suspendre tout nouveau lancement de missile et à revenir au TNP.  À la communauté internationale, il a demandé de contribuer au redémarrage d’efforts diplomatiques pour trouver une solution durable à la menace qui pèse sur la péninsule coréenne, au nom de la sécurité mondiale. 

Mme EDWIGE KOUMBY MISSAMBO (Gabon) a fermement condamné les évènements du 24 mars dernier, de nature à saper la confiance.  Elle a redit l’attachement de son pays au régime de non-prolifération et dit craindre que le contexte actuel laisse augurer d’une course aux armements, en particulier les armes non conventionnelles.  Elle a plaidé pour des sanctions efficaces, en rappelant l’extrême détresse de la population de la RPDC, avant d’estimer que le dialogue est la seule voie possible pour l’instauration de la paix dans la région.

M. ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a commencé par regretter que des commentaires aient été faits aujourd’hui sans le moindre rapport avec cette séance.  Revenant à la Péninsule coréenne et aux pays d’Asie du Nord-Est, elle s’est dite convaincue que les solutions diplomatiques sont le seul moyen possible de résoudre pacifiquement les problèmes.  Elle a constaté avec regret qu’au cours des quatre dernières années, le Conseil n’a pas su trouver la force de réagir au démantèlement par la RPDC de son site d’essais nucléaires et au fait qu’elle a respecté le moratoire sur les essais nucléaires et les missiles balistiques intercontinentaux.  Dans chacune de ses résolutions, le Conseil a pourtant exprimé sa volonté de revoir les sanctions à la lumière de l’évolution de la situation, a rappelé la représentante.  Or, jusqu’à présent, il n’a fait que renforcer les mesures imposées, ignorant les signaux positifs.  La situation actuelle, a-t-elle tranché, est donc en grande partie la conséquence de la « myopie » de certains collègues qui ne sont pas prêts à aller au-delà du paradigme des sanctions. 

Les négociations, a rappelé la représentante, sont « une rue à double sens ». La création de nouveaux blocs militaires dans la région, comme l’alliance de l’Australie, des États-Unis et du Royaume-Uni (AUKUS) ne peut que susciter de sérieux doutes et ne saurait être propice au dialogue.  À plusieurs reprises, a dit la représentant, nous avons parlé de la nécessité de former des espaces sécuritaires communs et indivisibles.  Il est impossible d’obtenir des résultats durables sans tenir pleinement compte des préoccupations sécuritaires légitimes de tous les États de la région. 

Les sanctions secondaires, dites « autonomes », imposées à la RPDC et à d’autres, par Washington et ses alliés, en contournant le Conseil de sécurité, sont encore plus « répugnantes », a fustigé la déléguée, et les tentatives d’obtenir la « bénédiction » du Comité des sanctions, « inacceptables ».  Elle a appelé à la retenue et au dialogue, promettant que la résolution politico-humanitaire sino-russe est toujours sur la table.  L’absence de progrès sur le volet politique, a-t-elle prévenu, menace d’aggraver encore les tensions sur la Péninsule. 

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a condamné fermement le lancement d’un missile balistique intercontinental par la RPDC.  Il a rappelé qu’en janvier, le pays avait battu le record du nombre de tirs de missiles faits en un seul mois.  Maintenant, il a battu un autre record inquiétant, car cela semble être le missile le plus long jamais lancé par Pyongyang, a-t-il relevé.  Il est, à son avis, de la responsabilité du Conseil de sécurité d’éviter tout risque de voir un essai nucléaire réalisé en violation de ses résolutions et des traités internationaux. Cette question devient d’autant plus pressante au moment où différents pays soulignent la pertinence des armes nucléaires dans leurs doctrines de défense et leurs stratégies de dissuasion, a observé le représentant. 

Le représentant a donc appelé le Conseil à travailler sans relâche et de manière transparente afin d’ouvrir la voie à la désescalade des tensions et à une solution à ce problème.  Il a également appelé les principaux acteurs de la région à redoubler d’efforts pour dialoguer avec Pyongyang en vue de ramener la RPDC à la table des négociations.  Le délégué a plaidé pour que soit établie une plateforme de dialogue pour faire avancer la réalisation d’une politique transparente et vérifiable de dénucléarisation irréversible de la péninsule coréenne.  Il a terminé en demandant à la RPDC de revoir son statut nucléaire, de rejoindre le TNP en tant qu’État non doté d’armes nucléaires, et d’adhérer sans délai au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires. 

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a fermement condamné le lancement, le 24 mars, d’un missile balistique à portée intercontinentale par la RPDC, en violation des résolutions du Conseil de sécurité.  Ce pays continue de fouler aux pieds le droit international, a-t-elle relevé.  Elle a plaidé pour que le Conseil fasse preuve d’unité face à l’escalade choisie par la RPDC.  Il est crucial d’accorder la priorité au dialogue, a conclu la déléguée, en exhortant la RPDC à retourner à la table des négociations.  Elle a aussi demandé à ce pays de veiller à alléger les souffrances de son peuple et de permettre le retour des travailleurs humanitaires sur son territoire. 

M. CHO HYUN (République de Corée) a condamné dans les termes les plus fermes un acte qui constitue une violation flagrante des multiples résolutions du Conseil de sécurité, qui représente une menace grave pour la Péninsule coréenne, la région et la monde entier et qui compromet considérablement le régime de non-prolifération.  La RPDC, a constaté le représentant, est revenue sur ses engagements d’avril 2018, choisissant la provocation, ces deux derniers mois, et essayant de rétablir son site d’essais et ses activités nucléaires.  Cela doit cesser immédiatement, a martelé le représentant qui a rappelé les efforts que son pays a déployés, ces dernières années, pour relancer le dialogue sur la dénucléarisation et une paix durable dans la Péninsule coréenne. 

Nous avons, a-t-il dit, laissé à la RPDC le choix du moment, du lieu et du format.  Malheureusement tous ces efforts sincères se sont heurtés à un mur de silence assorti de provocations.  Personne, a souligné le représentant, ne nourrit aucune politique hostile vis-à-vis de Pyongyang et personne n’a raison de le faire.   Mon Gouvernement, a-t-il poursuivi, est fermement convaincu que le dialogue et la coopération sont les seuls moyens d’aller de l’avant, quels que soient les obstacles.  Notre engagement à améliorer les relations intercoréennes reste inchangé et la porte du dialogue demeure ouverte.  Le représentant a exhorté la RPDC à choisir la voie de la coopération plutôt que celle de la confrontation et de l’escalade.  Avec la communauté internationale, a-t-il affirmé, nous sommes prêts à travailler de manière constructive pour assurer à tous un meilleur avenir si la RPDC le veut aussi. 

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a expliqué que le missile balistique lancé hier par la RPDC a touché la Zone économique exclusive japonaise, à seulement 150  kilomètres du territoire.  Il a condamné cet acte dangereux et déstabilisateur qui constitue une menace grave et imminente pour la sécurité de son pays.  Face à cette escalade évidente, il nous faut, a dit le représentant, une action immédiate et concrète de la part de ce Conseil.  Rappelant les termes de la résolution 2397, adoptée quand son pays siégeait au Conseil, le représentant a prévenu qu’un lancement de missile par la RDPC ne peut être vu comme un acte isolé.  Bien au contraire, c’est une partie intégrante des programmes revigorés. Les violations répétées des résolutions découlent en partie du silence regrettable du Conseil, a souligné le représentant.  Nous devons empêcher la RPDC de tirer parti des efforts visant à rétablir la paix en Ukraine pour développer plus avant ses capacités interdites.  Les résolutions du Conseil, a rappelé le représentant, ne parlent pas seulement de ce qu’il est attendu de la RDPC mais aussi des obligations des autres États Membres.  Il les a donc appelés à mettre pleinement en œuvre les textes agrées et jugé que ce n’est pas du tout le moment d’alléger les sanctions. 

Reprenant la parole, la représentante des États-Unis a relevé que certaines délégations tentent de faire croire que le débat porte sur la RPDC et les États-Unis.  Ce problème nous concerne tous, a-t-elle clamé.  S’agissant de l’assistance humanitaire en faveur de la RPDC, elle a rappelé que l’obstacle principal reste la fermeture des frontières de la RPDC par les autorités nationales.  Nous attendons toujours de la RPDC une réponse à nos questions sur les aspects humanitaires.  De même, a poursuivi la représentante, les États-Unis travaillent avec l’ONU pour établir un circuit de transferts bancaires fiable que la RPDC pourrait utiliser. Compte tenu de la situation, a-t-elle conclu, le Conseil de sécurité doit rapidement renforcer le régime de sanctions.  La représentante a aussi donné des précisions sur la fourniture de sous-marins à l’Australie, rappelant que la propulsion nucléaire n’est pas interdite par le TNP.  En outre, l’Australie n’a aucunement l’ambition de se doter d’armes nucléaires. 

La représentante du Royaume-Uni a assuré que l’acquisition par l’Australie de sous-marins nucléaires de technologie américaine dans le cadre de l’alliance AUKUS se fera dans le respect du régime de non-prolifération et du droit international.

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