En cours au Siège de l'ONU

Au Comité spécial des opérations de maintien de la paix, la coopération entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales est montrée en exemple

272e séance plénière – matin
AG/PK/244

Au Comité spécial des opérations de maintien de la paix, la coopération entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales est montrée en exemple

Les appels au renforcement des partenariats entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales se sont multipliés au Comité spécial des opérations de maintien de la paix –également connu sous le nom de Comité des 34 (C-34)– au deuxième et dernier jour de son débat général, faisant écho aux déclarations faites hier par plusieurs coalitions d’États Membres. 

Aujourd’hui, c’était au tour de l’Union africaine (UA) de mettre l’accent sur ce point.  Notant qu’au cours de la dernière décennie, des changements significatifs étaient apparus dans les tactiques et stratégies des groupes armés, ainsi que dans l’équilibre international des forces, la délégation a souligné les implications importantes qui en découlent pour le maintien de la paix, notamment en Afrique, continent où sont déployés le plus grand nombre de soldats de la paix de l’UA et de l’ONU dans le monde.

Face à ces défis, l’UA a entrepris de profondes réformes pour s’acquitter le mieux possible de ses mandats, a expliqué l’observatrice, en mettant l’accent sur l’importance de la coopération avec l’ONU, consacrée par le Cadre commun ONU-Union africaine pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité, signé en 2017.  Dans cette perspective, les deux organisations sont pleinement conscientes de la nécessité d’adopter des approches globales, intégrées et inclusives, à travers la médiation et le maintien et la consolidation de la paix.  Des efforts conjoints qui se sont soldés par des dividendes dans plusieurs théâtres de conflits sur le continent, s’est réjouie la délégation.

L’importance des missions d’évaluation du Conseil de sécurité sur le terrain a été soulignée par le Liban et l’Ukraine.  Invoquant l’Article 99 de la Charte des Nations Unies, la délégation ukrainienne a exhorté le Secrétaire général à exploiter tout leur potentiel pour transmettre les informations les plus objectives possible au Conseil de sécurité sur l’efficacité des opérations de paix de l’ONU.  Le Liban, pays hôte de la Force intérimaire des Nations Unies (FINUL), a lui aussi mis en avant les mérites de ces missions d’évaluation, en rappelant que c’est à la suite de l’une d’entre elles que le Conseil de sécurité avait décidé de proroger de six mois le mandat de la FINUL, jusqu’au 31 août 2022, tout en lui permettant de prendre des mesures temporaires spéciales pour soutenir et aider les Forces armées libanaises, alors que le pays traverse une passe difficile.

Les questions de la formation préalable au déploiement des contingents, de l’intégration des nouvelles technologies pour améliorer l’analyse des données sécuritaires, et de l’élargissement de la contribution des femmes se sont également invitées dans le débat de ce matin, de même que la responsabilité des soldats de la paix dans le contexte de la protection des civils en général et des femmes et enfants en particulier.  Comme l’a dit le Rwanda, performance et responsabilisation sont des éléments essentiels pour le succès des mandats.

SUITE ET FIN DU DÉBAT GÉNÉRAL

Mme AMAL MUDALLALI (Liban) a fermement condamné la multiplication des attaques visant les Casques bleus en 2021, avant de demander que davantage de mesures soient prises pour renforcer leur sécurité.  Elle a également insisté sur l’importance de l’élargissement du nombre de femmes dans le maintien de la paix à tous les niveaux, en plaidant à cet effet pour des ajustements dans la configuration des missions.  En tant que pays hôte de la FINUL, la représentante a rappelé que cette mission avait été autorisée à prendre des mesures spéciales pour appuyer les forces libanaises alors que son pays traverse une passe difficile.  Elle a réaffirmé le plein appui du Gouvernement libanais au travail de la FINUL.

M. ROBERT KAYINAMURA (Rwanda) a souligné que les Casques bleus opèrent dans des environnements de plus en plus complexes marqués par la propagation de la désinformation.  Il a exigé l’ouverture d’enquêtes systématiques et de poursuites judiciaires des responsables d’actes criminels visant les soldats de la paix, s’adressant au Secrétariat de l’ONU pour qu’il soutienne les pays concernés dans leurs efforts pour garantir que justice sera rendue.  Alors que la protection de civils relève de la responsabilité première du pays hôte, le Rwanda s’est néanmoins dit d’avis qu’en cas d’échec, les opérations de maintien de la paix avaient un rôle à jouer en ce sens.  À ce sujet, le représentant a appelé à veiller à la mise en œuvre des Principes de Kigali.  Les missions devraient renforcer leur capacité d’évaluation situationnelle en ayant notamment plus souvent recours aux nouvelles technologies, a poursuivi le représentant, estimant que la performance et la responsabilisation sont des éléments essentiels pour le succès des mandats.  Dès lors, la performance doit faire l’objet d’un financement adéquat, a fait valoir la délégation.  Le Rwanda a également mis en exergue l’importance de la consolidation de la paix en appelant l’ONU à coopérer davantage avec les organisations régionales et sous-régionales.

M. MAJID TAKHT RAVANCHI (Iran) a souligné le rôle unique du C-34 en tant qu’unique instance mandatée par l’Assemblée générale pour examiner le fonctionnement des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects.  Le représentant a jugé indispensable que celles-ci respectent les objectifs et principes du non-recours à la force, d’impartialité et de non-ingérence s’agissant des affaires internes des États.  Après avoir salué les orientations données par le Secrétaire général par le biais des stratégies A4P et A4P+, il a précisé que son pays, en tant que signataire de la Déclaration d’engagements communs, espérait que cette feuille de route prendrait prochainement effet.

M. VOLODYMYR LESCHENKO (Ukraine) a expliqué que 300 Casques bleus ukrainiens, dont de nombreuses femmes, sont déployés dans plusieurs opérations de l’ONU.  Particulièrement inquiet des menaces posées par la Fédération de Russie aux frontières de son pays, il a appelé la communauté internationale à rester mobilisée.  Il s’est dit reconnaissant pour l’ensemble des gestes de solidarité face à cette menace, avant de rappeler que l’ONU est l’instance internationale la plus apte à prévenir tout conflit par la recherche de solutions politiques plutôt que militaires.  Par ailleurs, les OMP devraient selon lui garantir la sécurité des civils en mettant fin aux flux illégaux d’armes et de mercenaires.  Saluant l’importance du plan A4P+, la délégation a appelé à réaliser des progrès en matière d’unités aéroportées, de collecte d’informations, de réduction de l’empreinte environnementale des missions, de la lutte contre les abus sexuels.  Évoquant l’Article 99 de la Charte des Nations Unies, l’Ukraine a exhorté le Secrétaire général à exploiter tout le potentiel des missions d’évaluation sur le terrain pour fournir les informations les plus objectives au Conseil de sécurité sur l’efficacité des opérations de paix de l’ONU.

S’exprimant au nom d’un pays qui est contributeur de troupes, M. IBRAHIMA KOMARA (Guinée) a remercié l’ONU pour le remboursement intégral de tous les montants dont elle lui était redevable ainsi que ses efforts en faveur du renforcement de la sûreté et la sécurité des soldats de la paix.  Il a mis en exergue la formation préalable au déploiement des contingents, l’intégration des nouvelles technologies pour une meilleure analyse des données sécuritaires et l’élargissement de la contribution des femmes, conformément au programme pour les femmes et la paix et la sécurité des Nations Unies, pour améliorer l’efficacité des opérations de maintien de la paix.  Le représentant a également insisté sur l’importance de la protection des civils en général et celle des femmes et des enfants en particulier.  Il a également mis l’accent sur la responsabilité des pays hôtes et de l’ONU afin de garantir un cadre idéal de lutte contre l’impunité face à la recrudescence des crimes et attaques ciblées perpétrés sur les soldats de la paix.  Le délégué a également plaidé en faveur de la promotion du multilinguisme au sein des missions, y voyant un atout majeur pour l’amélioration de leur efficacité.

L’Observatrice permanente de l’Union africaine (UA), Mme FATIMA KYARI MOHAMMED, a mis l’accent sur les profondes réformes engagées par cette organisation régionale pour s’acquitter de son mandat de paix et de sécurité et relever d’autres défis, auquel ce Comité doit « trouver des réponses ».  Les partenariats et la coopération ont une importance cruciale dans ce contexte, a-t-elle relevé, et le Cadre commun Organisation des Nations Unies-Union africaine pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité, signé en 2017, a été jusque-là une excellente base pour un partenariat stratégique, systématique et prévisible en vue de répondre à des situations sécuritaires et de développement en Afrique, a déclaré l’Observatrice.  Ce partenariat est ancré dans l’esprit du multilatéralisme et les actions collectives, a-t-elle précisé, en ajoutant que les deux organisations sont pleinement conscientes de l’impératif d’adopter des approches globales, intégrées et inclusives dans leurs efforts de rétablissement de la paix.  Les actions conjointes de nos deux organisations à travers la médiation, le maintien et la consolidation de la paix se sont d’ailleurs soldées par des dividendes positifs dans plusieurs théâtres de conflits sur le continent, s’est réjouie l’Observatrice.

Pour ce qui est de la pandémie, l’UA a appelé à la solidarité internationale à travers des approches multilatérales plus robustes qui mettent notamment l’accent sur les femmes et les jeunes et les soldats de la paix.  Soulignant que les efforts de paix sont nécessaires pour la consolidation des institutions nationales essentielles pour éviter de retomber dans le conflit, l’UA espère que le C-34 saura reconnaître ce lien entre maintien et consolidation de la paix dans son prochain rapport.  Les efforts déployés pour sensibiliser, notamment aux droits humains et au droit international humanitaire ainsi que la mise en place d’une force de déploiement rapide, prouvent selon l’Observatrice le ferme engagement de l’Afrique à assumer sa part de responsabilité dans le règlement des problèmes de paix et de sécurité sur le continent sur la base du principe d’une répartition équitable.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Soudan: le Conseil de sécurité proroge jusqu’au 12 mars 2023 le mandat du Groupe d’experts chargé de surveiller l’application des sanctions au Darfour

8964e séance – matin
CS/14791

Soudan: le Conseil de sécurité proroge jusqu’au 12 mars 2023 le mandat du Groupe d’experts chargé de surveiller l’application des sanctions au Darfour

En adoptant à l’unanimité la résolution 2620 (2021), le Conseil de sécurité a prorogé jusqu’au 12 mars 2023 le mandat du Groupe d’experts concernant le Soudan.  Ce Groupe d’experts a pour mandat d’appuyer les travaux du Comité des sanctions, organe créé par la résolution 1591 (2005) pour surveiller l’application des sanctions -embargo sur les armes, interdiction de voyager et gel des avoirs- contre le Soudan. 

Par ce texte, le Conseil prie le Groupe d’experts de soumettre au Comité concernant le Soudan un rapport d’activité, le 12 août 2022 au plus tard.  Le Groupe devra ensuite présenter au Conseil de sécurité un rapport final comportant ses conclusions et recommandations, après concertation avec le Comité et au plus tard le 13 janvier 2023. 

Par cette résolution, les membres du Conseil prennent aussi note du rapport du Secrétaire général du 31 juillet 2021, dans lequel ce dernier propose des critères de référence devant permettre d’évaluer les mesures prises au Darfour.  Le Conseil exprime ainsi son intention de réfléchir, « d’ici le 31 août 2022 », à des critères clefs « clairs, bien définis et réalistes » et se dit prêt à ajuster les sanctions en fonction de l’évolution de la situation sur le terrain. 

Si le représentant des États-Unis a, dans sa prise de parole, souligné le rôle clef du Groupe d’experts et appuyé les revendications de liberté des Soudanais, les délégations de la Chine et de la Fédération de Russie ont, elles, insisté sur l’importance de cette date du 31 août 2022 et demandé une levée des sanctions. 

« Ces sanctions ne correspondent plus à la réalité sur le terrain et entravent les capacités des autorités soudanaises à répondre aux défis que connaît le Soudan », a déclaré la déléguée russe.  Elle a enfin estimé que les sanctions ne peuvent être un outil punitif et doivent faire l’objet d’une évaluation régulière en vue de leur levée. 

Texte du projet de résolution (S/2022/111)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant ses précédentes résolutions concernant le Soudan, notamment les résolutions 1591 (2005), 1651 (2005), 1665 (2006), 1672 (2006), 1713 (2006), 1779 (2007), 1841 (2008), 1891 (2009), 1945 (2010), 1982 (2011), 2035 (2012), 2091 (2013), 2138 (2014), 2200 (2015), 2265 (2016), 2340 (2017), 2400 (2018), 2455 (2019), 2508 (2020) et 2562 (2021) et la déclaration de son président en date du 11 décembre 2018 (S/PRST/2018/19),

Saluant la signature, le 3 octobre 2020, de l’Accord de paix de Djouba par le Gouvernement soudanais, le Front révolutionnaire soudanais et le Mouvement de libération du Soudan-faction Minni Minawi, qui ouvre la perspective importante d’une paix globale et durable au Soudan, et qui constitue une étape essentielle sur la voie d’un avenir pacifique, stable, démocratique et prospère pour le pays,

Notant avec préoccupation la lenteur de la mise en œuvre de l’Accord de paix de Djouba, encourageant les signataires à en accélérer l’application intégrale et notant que l’Accord confère à l’Organisation des Nations Unies un rôle particulier s’agissant d’appuyer la mise en œuvre de ses dispositions,

Exhortant les parties qui n’ont pas encore pris part au processus de paix avec le Gouvernement soudanais à s’engager immédiatement dans cette voie, de manière constructive et sans conditions préalables, en vue de conclure rapidement des négociations sur un accord de paix global, et appelant tous les acteurs internationaux à continuer d’encourager les parties concernées à cet égard,

Réaffirmant qu’il incombe au premier chef au Gouvernement soudanais de protéger les civils sur l’ensemble de son territoire et prenant acte, à cet égard, du Plan national de protection des civils élaboré par le Gouvernement soudanais (S/2020/429) et du programme de collecte des armes,

Se félicitant de la création du Comité du cessez-le-feu permanent et du Haut Comité militaire conjoint chargé de l’application des dispositions de sécurité, prenant note du renouvellement du cessez-le-feu dans l’ensemble du territoire de la République du Soudan, sur tous les fronts et pour tous les groupes, se déclarant préoccupé par l’aggravation de la situation humanitaire au Darfour et dans d’autres régions et par la dégradation des conditions de sécurité dans certaines zones du Darfour, dues en particulier à l’intensification des violences intercommunautaires, et soulignant la nécessité d’intensifier les efforts de consolidation de la paix au Darfour, d’éviter une reprise du conflit et d’atténuer les risques pour la population que font peser notamment les menaces contre les civils au Darfour, les violences intercommunautaires, la prolifération et l’utilisation abusive des armes légères et de petit calibre, les violations des droits humains et les atteintes à ces droits, les violations du droit international humanitaire et la poursuite des déplacements,

Soulignant que le Gouvernement soudanais doit amener les auteurs de violations des droits humains, d’atteintes à ces droits et de violations du droit international humanitaire à répondre de leurs actes, et se félicitant des dispositions du Document constitutionnel relatives aux mesures de justice transitionnelle et aux mesures visant à assurer le respect du principe de responsabilité à cet égard,

Rappelant le rapport final du Groupe d’experts sur le Soudan (S/2022/48),

Considérant que la situation au Soudan continue de menacer la paix et la sécurité internationales dans la région,

Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

1.    Rappelle les mesures imposées aux paragraphes 7 et 8 de la résolution 1556 (2004), telles que modifiées au paragraphe 7 de la résolution 1591 (2005) et au paragraphe 4 de la résolution 2035 (2012), ainsi que les critères de désignation et les mesures imposés aux alinéas c), d) et e) du paragraphe 3 de la résolution 1591 (2005), tels que modifiés au paragraphe 3 de la résolution 2035 (2012), et réaffirme les dispositions des alinéas f) et g) du paragraphe 3 de la résolution 1591 (2005), du paragraphe 9 de la résolution 1556 (2004) et du paragraphe 4 de la résolution 2035 (2012);

2.    Décide de proroger jusqu’au 12 mars 2023 le mandat du Groupe d’experts initialement constitué en application de la résolution 1591 (2005), qu’il a déjà prorogé par ses résolutions 1779 (2007), 1841 (2008), 1945 (2010), 2035 (2012), 2138 (2014), 2200 (2015), 2265 (2016), 2340 (2017) et 2400 (2018), réaffirme le mandat du Groupe d’experts tel qu’il a été établi dans ses résolutions 1591 (2005), 1779 (2007), 1841 (2008), 1945 (2010), 2035 (2012), 2138 (2014), 2200 (2015), 2265 (2016), 2340 (2017), 2400 (2018), 2455 (2019), 2508 (2020) et 2562 (2021), prie le Groupe d’experts de soumettre au Comité créé par la résolution 1591 (2005) concernant le Soudan (« le Comité ») un rapport d’activité, le 12 août 2022 au plus tard, et de lui présenter, après concertation avec le Comité et au plus tard le 13 janvier 2023, un rapport final comportant ses conclusions et recommandations, et prie également le Groupe d’experts de soumettre tous les trois mois au Comité un rapport actualisé sur ses activités, notamment ses déplacements, et de rendre compte de l’application des dispositions du paragraphe 10 de la résolution 1945 (2010) et de leur efficacité, et déclare son intention de revoir ce mandat au plus tard le 12 février 2023 et de le proroger s’il y a lieu;

3.    Rappelle le sous-alinéa v) de l’alinéa a) du paragraphe 3 de sa résolution 1591 (2005) et demande au Gouvernement soudanais de soumettre à l’examen du Comité et, le cas échéant, à son approbation préalable les demandes de mouvement de matériel et d’équipement militaires dans la région du Darfour, en particulier dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord de paix de Djouba, conformément au paragraphe 7 de la résolution 1591 (2005), tel que précisé et mis à jour au paragraphe 8 de la résolution 1945 (2010) et au paragraphe 4 de la résolution 2035 (2012);

4.    Rappelle les critères établis au paragraphe 3 c) de sa résolution 1591 (2005) et renforcés au paragraphe 3 de sa résolution 2035 (2012) et, à cet égard, déclare son intention d’examiner régulièrement les mesures concernant le Darfour, telles que rappelées au paragraphe 1, à la lumière du rapport d’activité que le Groupe d’experts soumettra le 12 août 2022 au plus tard et du rapport final qu’il soumettra le 13 janvier 2023 au plus tard, et en tenant compte des résolutions pertinentes;

5.    Prend note du rapport du 31 juillet 2021 (S/2021/696) établi en application de la résolution 2562 (2021), dans lequel le Secrétaire général procède à un examen de la situation au Darfour et propose des critères de référence devant permettre d’évaluer les mesures prises au Darfour, et exprime son intention de réfléchir, d’ici le 31 août 2022, à des critères clés clairs, bien définis et réalistes, étant disposé à envisager d’ajuster les mesures renouvelées au paragraphe 1 ci-dessus en fonction de l’évolution de la situation sur le terrain, en prenant note du rapport et des recommandations du Président du Comité;

      6.    Décide de rester saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité spécial des opérations de paix débute ses travaux en entendant de nombreux appels à l’amélioration de la sécurité des personnels en tenue

270e & 271e séances plénières – matin & après-midi
AG/PK/243

Le Comité spécial des opérations de paix débute ses travaux en entendant de nombreux appels à l’amélioration de la sécurité des personnels en tenue

Alors que 24 Casques bleus ont été tués dans des attaques l’an dernier, le Comité spécial des opérations de maintien de la paix, qui débutait sa nouvelle session, a vibré aujourd’hui d’appels à garantir la sûreté et la sécurité des soldats de la paix au sein des opérations mandatées par l’ONU, dont celui du Président de l’Assemblée générale, M.  Abdulla Shahid. 

Avec 100 000 effectifs en tenue déployés sous bannière onusienne en provenance de plus de 120 pays contributeurs de troupes, cette problématique sécuritaire figurait naturellement au cœur des préoccupations de la cinquantaine de délégations qui sont intervenues à l’ouverture des travaux du Comité des 34 , un organe composé de 157 États Membres, et qui doit, d’ici au 11 mars 2022, mener une étude d’ensemble « de toute la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects », comme le spécifie son mandat. 

Parmi les autres questions soulevées aujourd’hui figuraient entre autres l’objectif paritaire que plusieurs orateurs ont appelé à concrétiser d’ici à 2028, de même que la tolérance zéro vis-à-vis des abus sexuels perpétrés par des personnels de l’ONU, ou encore le recours croissant aux technologies de pointe pour contrecarrer les nouvelles formes de menaces telles que la dissémination des engins explosifs improvisés. 

S’exprimant au nom du bloc régional ABUM (formé de l’Argentine, du Brésil, de l’Uruguay et du Mexique), le Brésil s’est félicité du nouvel élan impulsé par l’initiative Action pour le maintien de la paix Plus en vue de donner effet à la Déclaration d’engagements communs.  Lancée en 2018 par le Secrétaire général, l’initiative A4P avait pour but de renouveler l’engagement politique en faveur de ces opérations, au travers d’un ensemble de principes et d’engagements mutuels, tandis que sa stratégie de mise en œuvre (A4P+), elle, a été adoptée en mars 2021.

« Ces priorités sont la cohérence collective derrière une stratégie politique; l’intégration stratégique et opérationnelle; les capacités; la responsabilité envers les soldats de la paix; la responsabilité des Casques bleus; les communications stratégiques; et la coopération avec les pays hôtes », a énuméré le Brésil. 

Le Maroc, au nom du Mouvement des non-alignés -groupe qui totalise le plus grand nombre de contributeurs de Casques bleus- et l’Indonésie, au nom de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), qui déploie un total de 5 000 soldats de la paix, ont appelé à cibler les discours qui encouragent à la commission d’attaques contre les personnels onusiens.  Ces deux blocs ont exhorté le Conseil de sécurité à recourir à tout l’éventail des mesures à sa disposition pour s’assurer que les auteurs de violences soient tenus responsables de leurs actes. 

Inquiet de la multiplication des violences visant les missions de maintien de la paix, le Bangladesh, premier pays fournisseur de contingents militaires et de police, avec 6 500 Casques bleus actuellement déployés sur le terrain, s’est cependant félicité de l’adoption des sept priorités de l’initiative A4P+ et de la décision d’assurer une traçabilité de la mise en œuvre des recommandations du Comité des 34. 

Toujours s’agissant de la sûreté et de la sécurité, l’Égypte et l’Afrique du Sud ont mis l’accent sur le potentiel des nouvelles technologies pour protéger les civils, les Casques bleus et les infrastructures de l’ONU.  La délégation sud-africaine a identifié la tenue, du 21 au 24 juin 2022, du sixième Symposium international sur les partenariats en matière d’utilisation des nouvelles technologies au sein des opérations de paix comme l’occasion pour les États Membres de partager leurs pratiques optimales. 

Si l’ensemble des délégations ont salué l’orientation donnée par le Secrétaire général par le biais des stratégies A4P et A4P+, les pays africains ont souligné la nécessité de trouver des solutions africaines aux problèmes africains en rappelant que six des 12 missions de paix sont déployées sur le continent.  Après avoir dit son attachement à l’établissement des responsabilités pour tous les crimes commis à l’égard du personnel de l’ONU, le Sénégal a réitéré l’importance stratégique de mécanismes de financements plus prévisibles, durables et flexibles des opérations de paix sous mandat de l’Union africaine (UA) autorisées par le Conseil de sécurité, en vertu de la résolution 2320 (2016) sur la coopération entre l’ONU et l’UA. 

En début de séance, en sa qualité de Président du Groupe de travail plénier, M. Richard Arbeiter (Canada), s’est félicité de la mise en ligne d’un répertoire des recommandations adoptées, avant de saluer l’importance des 16 exposés présentés en 2021 sur les moyens d’améliorer le maintien de la paix sous tous ses aspects. 

Après avoir adopté son ordre du jour et son programme de travail provisoire, le Comité a élu son président pour cette session, M. Tijjani Muhammad Bande (Nigéria), ses quatre vice-présidents, MM. Fabián Oddone (Argentine), Richard Arbeiter (Canada), Yukiya Hamamoto (Japon) et Mateusz (Pologne), ainsi que son rapporteur, M. Abdullah Attelb (Égypte). 

M. Alexandre Zouev, Sous-Secrétaire général à l’état de droit et aux institutions chargées de la sécurité, du Département des opérations de paix, a également fait une brève déclaration ce matin. 

Le Comité des 34 achèvera son débat général demain, mardi 15 février 2022, à partir de 10 heures. 

DÉBAT GÉNÉRAL

M. ALEXANDRE ZOUEV, Sous-Secrétaire général à l'état de droit et aux institutions chargées de la sécurité, du Département des opérations de paix, a indiqué représenter M. Jean-Pierre Lacroix, Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, qui sera présent vendredi pour échanger avec les membres du Comité avec M. Atul Khare, le Secrétaire général adjoint à l’appui aux missions, et Madame Catherine Pollard, Secrétaire générale adjointe chargée du Département des stratégies et politiques de gestion et de la conformité.  Il a souligné « l’importance toute particulière ces dernières années » des travaux du Comité spécial, dont l’aide qu’il apporte au personnel sur le terrain.  Il a rappelé que le Comité avait revitalisé ses travaux en 2020 avec l’adoption d’une nouvelle structure de présentation de rapports ancrée dans une déclaration d’engagements communs, tandis qu’une feuille de route commune a été adoptée.  En 2021, vous avez organisé votre première session de consultation virtuelle dans des circonstances extraordinaires, en pleine pandémie de COVID-19, a-t-il aussi salué. 

M. Zouev a rappelé que le Comité travaillait en 2022 à la mise en œuvre de l’initiative Action pour le maintien de la paix (2021-2023).  Il a aussi mentionné le cadre de l’initiative Action pour le maintien de la paix (A4P+, en anglais) qui se concentre sur quatre domaines de priorité.  Sans remplacer l’ancien cadre, l’initiative A4P+ vise à accélérer la mise en œuvre de l’initiative dans tous les domaines concernés. Vendredi après-midi, MM. Lacroix et Khare ainsi que Mme Pollard donneront plus d’informations sur les efforts respectifs pour la mise en œuvre du cadre, a-t-il annoncé.  Disant attendre que le Comité fasse preuve du même engagement, il a appelé ses membres à se laisser guider par cet esprit de compromis et de collaboration qui a permis le succès remarquable de ce comité ces dernières années.  Il a espéré que le Comité rechercherait sans cesse le consensus. 

Au nom du Mouvement des pays non alignés, M. OMAR KADIRI (Maroc) a salué le rôle du Comité des 34 en tant que seul organe intergouvernemental chargé de fournir des recommandations de stratégies pour le bon fonctionnement des opérations de maintien de la paix.  « Nous voulons que le Comité des 34  se concentre sur les nouveaux libellés », a insisté le représentant du mouvement des pays non alignés avant de préciser que toutes les recommandations passées restent valides tant qu’elles ne seront pas remplacées par de nouvelles.  Il a salué la pertinence de l’outil A4P (Action pour le maintien de la paix).  En tant que premier fournisseur de contingents de Casques bleus, le Groupe du Mouvement des pays non alignés pense que la sécurité des soldats de la paix est une priorité, a dit le représentant.  Il a appelé à lutter contre les discours de haine qui encouragent des attaques ciblant les Casques bleus.  Il a exhorté le Conseil de sécurité à utiliser tout l’éventail de mesures à sa disposition pour s’assurer que les auteurs de violence à l’égard des Casques bleus soient tenus responsables de leurs actes. 

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil), qui s’exprimait au nom du groupe régional ABUM (Argentine, Brésil, Uruguay et Mexique), s’est réjoui que, malgré les défis posés par les négociations en distanciel, le Comité spécial des opérations de maintien de la paix ait réussi une nouvelle fois à adopter un rapport équilibré, complet et pratique dans son nouveau format de 2019.  En tant que signataires de la Déclaration d’engagements partagés d’Action pour le maintien de la paix, les États membres de l’ABUM se sont félicités du nouvel élan impulsé par les priorités fixées par l’initiative A4P+ pour accélérer les progrès dans la mise en œuvre de la Déclaration.  Ces priorités sont la cohérence collective derrière une stratégie politique; l’intégration stratégique et opérationnelle; les capacités; la responsabilité envers les soldats de la paix; la responsabilité des Casques bleus ; les communications stratégiques; et la coopération avec les pays hôtes.  Rappelant que le maintien de la paix est une entreprise collective dont le succès exige la convergence de multiples parties prenantes, le groupe estime que la pandémie a démontré la valeur de la collaboration multilatérale.  C’est pourquoi ABUM est un fervent partisan d’une coordination étroite entre les pays contributeurs de troupes, les pays hôtes, le Conseil de sécurité et le Secrétariat, les organisations régionales, la direction des missions (tant militaire que civile), les partenaires internationaux et régionaux et les populations locales comme moyen d’atteindre l’excellence au sein des opérations de paix et pour faire progresser les objectifs de maintien et de consolidation de la paix. 

M. COSTA FILHO (Brésil) a rappelé que son pays a participé à 55 opérations de maintien de la paix au cours des 74 dernières années, citant notamment son rôle de leadership dans la MINUSTAH, la FINUL et la MONUSCO.  En tant que fervent supporter des nouvelles priorités fixées par l’initiative A4P+ , le Brésil a tenu à souligner l’importance cruciale de la communication stratégique, qui a un effet facilitateur et multiplicateur dans différents domaines.  Le représentant a dit que l’expérience a montré qu’en plus de gérer les attentes des parties prenantes aux niveaux local, régional et international concernant le mandat des opérations, la communication stratégique est essentielle pour protéger les civils et les soldats de la paix.  Il est donc urgent de l’intégrer dans la planification quotidienne et la conduite des activités dans l’ensemble des composantes civile, militaire et policière des opérations de maintien de la paix, a estimé le représentant.  Il a également mis l’accent sur l’importance cruciales de la formation des personnels du maintien de la paix, en rappelant le rôle du Centre d’entrainement de la marine pour former les Casques bleus qui se trouvent au Brésil, et les mérites du déploiement d’équipes mobiles de formation pour combler les lacunes en matière de formation dans les opérations de maintien de la paix, en particulier celles liées aux compétences spécifiques au contexte opérationnel.  L’équipe brésilienne d’entraînement à la guerre dans la jungle, par exemple, a formé des soldats de la paix de la brigade d’intervention de la force de la MONUSCO. 

M. BOB RAE (Canada), s’exprimant également au nom de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (CANZ), a salué l’orientation donnée par le Secrétaire général aux stratégies A4P et A4P+ Plus pour rendre les opérations de maintien de la paix des Nations Unies plus efficaces.  Le Comité des 34 devrait formuler des recommandations claires pour améliorer le maintien de la paix, a-t-il souhaité. Après avoir salué les visites récentes de ses membres dans les missions de l’ONU à Chypre et au Liban afin d’apporter au Comité une meilleure compréhension de ces situations, il a dit que le CANZ souhaite donner la priorité à la participation pleine et égale des femmes, y compris au leadership, des femmes dans le maintien de la paix et les processus de paix à tous les niveaux.  L’élargissement de leur contribution au maintien de la paix permet de construire une paix plus durable, a fait valoir M. Rae faisant remarquer que les recommandations du Comité des 34 mettent de plus en plus l’accent sur une approche sensible au genre.  Cependant, a-t-il estimé, des améliorations peuvent encore être apportées pour éliminer les obstacles auxquels sont confrontées les femmes.  Il a également exprimé son soutien aux approches intégrées globales pour protéger les civils contre la violence.  Bien qu’encouragé par les efforts de partenariat en cours pour renforcer les systèmes d’alerte précoce et de réponse rapide, il a noté qu’il était possible de faire plus pour protéger les civils contre la violence.  Le bloc, qui soutient fermement la politique de tolérance zéro vis-à-vis des abus commis par le personnel, a estimé qu’il reste encore beaucoup à faire pour garantir la prévention, la responsabilité et l’assistance aux survivants.

M. MOHAMED SIAD DOUALEH (Djibouti), au nom du Groupe des ambassadeurs francophones, a souligné l’importance du multilinguisme au sein des opérations onusiennes, notamment en ce qui concerne la sensibilisation des populations. Le multilinguisme est un atout, a dit le délégué, en exhortant les entités onusiennes à le promouvoir. Il a estimé que la pratique du français est essentielle au succès des opérations, les plus larges d’entre elles étant déployées au sein de l’espace francophone. Il est crucial de consacrer le multilinguisme comme un levier de la performance des opérations, a appuyé le délégué. Il a demandé la traduction systématique des documents sur le maintien de la paix, tout en reconnaissant les contraintes financières qui pèsent sur les entités onusiennes. Enfin, le délégué a de nouveau plaidé pour une meilleure intégration du multilinguisme dans les efforts de maintien de la paix. 

M. SILVIO GONZATO, de l’Union européenne, a rappelé que les pays de l’Union comptent près de 5300 soldats déployés au sein des opérations de maintien de la paix de l’ONU dont ils sont le second contributeur financier.  Il a également cité les efforts accrus, entre l’UE et l’ONU, en ce qui concerne le programme pour « les femmes et la paix et la sécurité ».  Le partenariat UE-ONU est aussi le cadre de la coopération trilatérale UE-ONU-Union africaine (UA), a dit le délégué, en insistant sur l’importance capitale de la coopération ONU-UA. Le délégué a souligné la nécessité que les opérations de l’UA bénéficient d’un financement prévisible et durable. Il a mentionné la tenue, dans quelques jours, du prochain sommet UE-UA à Bruxelles qui sera l’occasion de discuter du renouvellement de l’appui européen à la paix et à la sécurité sur le continent africain.  « Nous appuyons tous les efforts politiques de l’UA et des organisations sous-régionales, en particulier au Sahel. »  Le délégué a aussi rappelé que l’engagement de l’UE et de ses États membres en faveur du Mali est basé sur le principe de responsabilités partagées. 

Il a ensuite souligné la nécessité, pour une paix durable, que les pays hôtes aient des secteurs de la sécurité « représentatifs et responsables », souhaitant aussi que la priorité soit donnée à la protection des civils.  Le représentant a plaidé pour que les opérations de l’ONU prévoient dès le début les ressources adéquates pour appuyer la transition vers une paix de long terme. Il a demandé que la notion de performance demeure au cœur des efforts pour un meilleur maintien de la paix et salué la posture adoptée par la MONUSCO, la MINUSMA, la MINUSCA et la MINUSS.  Il a notamment demandé que toutes les allégations de violence sexuelle commise par les Casques bleus soient traitées dans les meilleurs délais par les pays contributeurs de troupes. Enfin, il a insisté sur la menace grandissante que constitue pour la sécurité des Casques bleus la présence de mercenaires dans leur même zone de déploiement. 

Mme DIYANA SHAISTA TAYOB (Afrique du Sud) a estimé que les réalités de terrain obligent à se pencher davantage sur les questions de sureté et de sécurité dans les opérations de maintien de la paix, pendant leur travail et au-delà.  Elle a estimé que les nouvelles technologies offrent des opportunités sans précédent pour protéger les Casques bleus, les infrastructures et les civils.  Elle a dit la nécessité de trouver des solutions africaines aux problèmes africains avant de demander que les missions africaines disposent des moyens nécessaires à leur succès.  Elle a également souligné la nécessité de promouvoir la parité dans les opérations de maintien de la paix en estimant que la présence de femmes est un moyen de promouvoir la confiance.  Enfin, la représentante a attiré l’attention sur le sixième programme de partenariat triangulaire des nouvelles technologies dans les opérations de maintien de la paix qui sera l’occasion pour les États Membres de partager leurs meilleures pratiques. 

S’inquiétant de la multiplication des attaques malveillantes dont sont victimes les opérations de maintien de la paix, M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a applaudi les priorités 2021-2023 établies dans le cadre de l’initiative A4P+.  « Nous avons contribué à hauteur de 6 millions de dollars au fonds permettant de promouvoir la participation des femmes aux opérations de maintien de la paix » a dit le représentant avant d’appeler à un maintien de la paix axée sur le renseignement pour anticiper et mieux réagir face aux menaces.  Il a par ailleurs particulièrement apprécié la valeur ajoutée du système d’évaluation CPAS (Service de la planification et du suivi des responsabilités) qui est maintenant lancé dans toutes les missions dans le souci de leur faire réaliser leur plein potentiel. 

M. MAHMOUD DAIFALLAH HMOUD (Jordanie) a assuré le plein soutien de son pays aux efforts du Secrétaire général pour reformer et restructurer les opérations de maintien de la paix, compte tenu des circonstances complexes dans lesquelles elles opèrent en saluant notamment Action pour le maintien de la paix et Action pour le maintien de la paix+ dans ce contexte.  Le représentant a évoqué le Centre jordanien de formation de Casques bleus qui a été accrédité par l’ONU, ainsi que le nouveau directorat créé pour la formation des forces de police jordaniennes et du collège pour les opérations de maintien de la paix.  La Jordanie s’est dite attachée à la participation des femmes aux opérations de maintien de la paix, rappelant qu’en 1995 un directorat avait été créé à cet effet et que la représentation des Jordaniennes au sein des opérations de maintien de la paix de l’ONU, puisqu’elles représentant 18% aujourd’hui. 

M. ARRMANATHA CHRISTIAWAN NASIR (Indonésie), qui s’exprimait au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a mis l’accent sur la formation des personnels et des partenariats triangulaires et sur la pertinence et l’impératif de la participation pleine et entière des femmes aux opérations de maintien de la paix.  L’ASEAN souhaite poursuivre les efforts collectifs dans ce domaine, a-t-il indiqué. L’ASEAN attache en outre une grande importance à la sûreté et la sécurité des soldats de la paix, condamnant toute attaque dirigée contre eux et exigeant des enquêtes.  Il a ensuite plaidé pour une distribution équitable des vaccins contre la pandémie de COVID-19 au sein de toutes les opérations de maintien de la paix avant de soulever la question des ressources adéquates pour pouvoir s’acquitter des mandats des missions.  À ce titre, l’ASEAN exhorte tous les États Membres à s’acquitter en temps et en heure de leurs engagements, a souligné l’Indonésie, avant de rappeler qu’il faut toujours privilégier les règlements politiques des crises.

M. JOSÉ ALFONSO BLANCO CONDE (République dominicaine) a insisté sur l’importance du rôle des opérations de maintien de la paix dans le contexte actuel de pandémie.  Le délégué a jugé essentiel de déployer davantage de conseillers à l’égalité des genres au sein de ces opérations.  Il a également salué l’augmentation du nombre de Casques bleus féminins et souligné l’importance d’une pleine participation des femmes et des jeunes aux processus politiques. 

M. OSAMA MAHMOUD ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte) a rendu hommage à tous les soldats de la paix ayant perdu la vie dans l’exercice de leurs fonctions.  Il a salué l’initiative Action pour le maintien de la paix lancée par le Secrétaire général, avant de rappeler l’importance de la contribution de son pays au maintien de la paix.  Il a plaidé pour le renforcement de la sécurité des Casques bleus, qui doit être « une priorité absolue ».  Il a rappelé à cet égard la menace que font peser les engins explosifs.  Le représentant a appelé à améliorer la performance des opérations en demandant une évaluation de ladite performance.  Le délégué a en outre plaidé pour des mandats « clairs et réalistes », avant de demander un financement pérenne et durable desdites opérations.  Il faut une adéquation entre les mandats et les ressources à disposition, a-t-il insisté.  Le délégué a aussi demandé une pleine participation des femmes aux efforts de maintien de la paix et apporté son appui à la politique de tolérance zéro pour les violations commises par les Casques bleus.  Le Secrétariat doit veiller à une bonne répartition géographique dans la sélection des chefs des opérations de la paix, a ajouté en concluant le représentant égyptien. 

M. MOUNIR AKRAM (Pakistan) a dit que le succès d’une opération de maintien de la paix dépend de la qualité de la stratégie politique arrêtée.  Il a particulièrement mis l’accent sur la mission au Jammu-et-Cachemire, où le groupe des observateurs des Nations Unies est déployé depuis 70 ans.  Face à la hausse des risques et menaces, le représentant a souligné l’importance de la formation des nouvelles technologies. 

M. JUAN GÓMEZ ROBLEDO VERDUZCO (Mexique) a salué les initiatives du Secrétariat pour prendre en compte les dimensions de santé mentale et psychosociale des personnels de maintien de la paix.  Il a ensuite souligné les conséquences disproportionnées de la pandémie de COVID-19 pour les femmes et les filles.  « Nous avons déployé le premier contingent mexicain doté de nouvelles technologies permettant de s’adapter aux réalités changeantes du terrain, avec des effectifs comprenant au moins 25% de femmes », s’est enorgueilli le représentant. Il a invité tous les pays fournisseurs de contingents à répondre à la proposition du Mexique d’accueillir dans ses nouveaux centres de formation destinés aux personnels des opérations de maintien de la paix, jugeant capital de renforcer le mandat des opérations de maintien de la paix pour y inclure la lutte contre le transfert illicite d’armes et de matériel connexe. 

Mme MARÍA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine) a rappelé que depuis plus de 63 ans, son pays contribue aux opérations de maintien de la paix de l’ONU par ses contingents.  Son pays reste attaché au rôle du Comité des 34, a indiqué la représentante avant de souligner aussi le rôle de chef de file du Département d’appui aux missions pendant ces deux dernières années de pandémie.  L’Argentine réitère son engagement en faveur d’une participation significative des femmes aux opérations de maintien de la paix à tous les échelons, a déclaré sa représentante en appelant à la pleine mise en œuvre des résolutions pertinentes.  Quant à la protection des civils, elle a estimé qu’il fallait inclure cet élément dans les formations prédéploiement et sur le terrain afin de donner les moyens au personnel sur le terrain de savoir s’il y a des abus des droits de la personne. 

M. RODNEY M. HUNTER (États-Unis) a soutenu d’emblée le rôle du Comité des 34 et a remercié les pays contributeurs de contingents aux opérations de maintien de la paix de l’ONU.  Il a estimé que ces opérations jouent un rôle crucial pour créer un environnement propice aux solutions politiques pour la sortie des conflits, avant de faire part de la satisfaction des États-Unis suite à l’adoption du cadre de redevabilité des Nations Unies.  Il a également salué l’adoption de résolutions sur la parité hommes-femmes et la participation des femmes aux opérations de maintien de la paix et aux processus de paix, ainsi que celles sur les normes de performance des opérations de maintien de la paix.  Le représentant a noté le rôle moteur du Comité des 34 dans ces réformes.  Notant que les Casques bleus sont déployés partout dans le monde et qu’ils ont souvent à payer un sacrifice énorme, le représentant a assuré que les États-Unis veulent travailler collectivement à créer les meilleures conditions de sécurité pour leur déploiement. 

Mme TRA PHUONG NGUYEN (Viet Nam) a noté que les Casques bleus opèrent dans des environnements de plus en plus complexes, souhaitant un renforcement de leur sécurité.  Elle a noté à cet égard le danger que posent les engins explosifs et demandé que les Casques bleus soient mieux équipés.  La formation et le renforcement des capacités sont d’autres axes importants, a poursuivi la déléguée, en soulignant l’apport de son pays à la réalisation de cet objectif.  Elle a souligné l’importance de la coopération entre l’ONU et les organisations régionales telles que l’ASEAN.  Les femmes peuvent contribuer au renforcement de la crédibilité des missions, a ensuite dit la déléguée du Viet Nam, en demandant le déploiement de davantage de Casques bleus femmes.  Enfin, elle a rappelé le nombre conséquent de Casques bleus venus de son pays au Soudan du Sud. 

Mme YUMIRKA FERNÁNDEZ PALACIOS (Cuba) a dit que les opérations de maintien de la paix doivent respecter les principes de neutralité, d’assentiment des parties et de non-recours à la force sauf en cas de légitime de défense.  Elle a noté que les opérations de maintien de la paix sont de plus en plus complexes, celles-ci ne pouvant constituer une fin en soi et devant être temporaires.  La responsabilité première de la protection des civils incombe aux États, a ensuite rappelé la représentante.  Elle a mis en garde contre toute instrumentalisation des droits de la personne en vue de s’ingérer dans les affaires intérieures des États.  Le recours aux nouvelles technologies doit se faire au cas par cas et respecter le droit international, a ajouté la déléguée cubaine, qui a plaidé en conclusion pour l’élaboration de mandats « réalistes et viables ». 

M. ODD INGE KVALHEIM (Norvège) a salué l’orientation donnée par le Secrétaire général aux stratégies A4P et A4P+ pour rendre les opérations de maintien de la paix des Nations Unies plus efficaces.  Il a ensuite mis l’accent sur l’importance du renforcement de la confiance au niveau local.  Il a plaidé pour la lutte contre l’impunité et pour que les gouvernements hôtes aient la possibilité de protéger les civils.  « Nous continuerons d’appuyer la mise en pratique des politiques visant à lutter contre les violences sexuelles en période de conflit », a insisté le représentant de la Norvège.  Il a indiqué que son pays prévoit le déploiement de drones pour mieux détecter les engins explosifs improvisés. 

M. YASSI MAXIMIN BROU (Côte d’Ivoire) a exprimé son appui à « l’initiative A4P+ » du Secrétaire général pour la période 2021-2023.  Cette nouvelle stratégie est une feuille de route pour une coopération renforcée entre le Secrétariat, les États Membres et les autres parties prenantes, a-t-il salué.  Il a estimé que les opérations de maintien de la paix devraient privilégier des solutions politiques dans le cadre de stratégies de sortie de crise.  Celles-ci, a-t-il précisé, doivent se fonder sur la confiance réciproque et sur une coopération dynamique avec les autorités nationales et les autres parties prenantes.  Le représentant a aussi appelé à redoubler d’efforts afin d’améliorer la sureté et la sécurité des soldats de la paix ainsi que la protection des civils.  À cet effet, il a jugé indispensable de renforcer les mesures visant à assurer une formation adéquate des Casques bleus et à renforcer les capacités des missions de paix.  Enfin, le délégué a réaffirmé l’attachement de mon pays à la politique de tolérance zéro. 

M. BING DAI (Chine) a recommandé, pour faire face aux nouveaux phénomènes et défis qui se posent aux opérations de maintien de la paix, d’optimiser ces opérations grâce à une bonne planification et des mandats raisonnables. Il a mis en garde contre des mandats trop larges, causes d’échecs, et contre l’ingérence des missions dans des affaires qui relèvent de la responsabilité du pays hôte. Il ne faut pas non plus imposer des idées sur la base de considérations politiques, a-t-il ajouté.  Notant les risques sécuritaires croissants pour les opérations de maintien de la paix, avec 135 acteurs de la paix ayant perdu la vie l’année dernière seulement, le délégué a appelé à améliorer leur sûreté et leur sécurité.  Pour améliorer la performance des opérations, il a rappelé qu’il faut des ressources suffisantes pour réaliser leurs mandats et une utilisation à bon escient.  Il a ensuite encouragé la formation des personnels des missions et les partenariats.  Les contributions de l’UA sont importantes pour trouver des solutions africaines aux problèmes africains, a ensuite fait valoir le représentant. Il a rappelé que la Chine est un fournisseur de contingent majeur et deuxième contributeur financier aux opérations de maintien de la paix de l’ONU, avant de mentionner aussi les importants dons de vaccins contre la pandémie de COVID-19 faits par son pays au personnel de maintien de la paix de l’ONU. 

M. JOAQUÍN ALBERTO PÉREZ AYESTARÁN (Venezuela) a salué le travail des opérations de maintien de la paix de l’ONU ainsi que les retombées positives réelles qu’elles peuvent avoir sur la population civile en dépit des complexités sur le terrain.  Pourtant, a-t-il regretté, ces dernières années, les mandats des missions ont changé de portée, incluant des tâches qui relèvent, selon lui, de la compétence des États.  Le représentant a donc appelé à la prudence et au respect des principes qui régissent le cadre général des opérations de maintien de la paix ainsi que de la souveraineté et de l’indépendance des pays hôte.  L’Assemblée générale et le Comité des 34 sont les organes en mesure de formuler une nouvelle politique dans ce domaine, a-t-il estimé en rappelant que ces opérations doivent faire partie du règlement politique des conflits mais pas s’y substituer.  Toute opération de maintien de la paix doit commencer par l’établissement d’un plan pleinement coordonné avec le gouvernement national concerné et en collaboration avec les pays fournisseurs de contingents, a pôné le délégué.  Il y va de leur succès, selon lui.  Avant de conclure, il a assuré que son pays appuie les réformes en cours dans les opérations de maintien de la paix de l’ONU ainsi que la politique de tolérance zéro. 

Mme SHERRY ZILBERGELD (Israël) a indiqué qu’Israël participe à la formation des Casques bleus avant leur déploiement.  La déléguée a évoqué la stratégie pour la santé mentale qui a été récemment discutée avec le Rwanda et des membres de la MONUSCO.  Des psychiatres des forces armées israéliennes se sont exprimés. Il va de notre responsabilité de fournir aux Casques bleus les moyens de s’acquitter de leur mandat tout en prenant soin de leur santé mentale, a conclu la déléguée. 

M. ANDRÉS EFREN MONTALVO SOSA (Équateur) a rappelé que la justification de l’ONU réside dans ses opérations de maintien de la paix.  Il a dit la fierté de son pays de contribuer auxdites opérations, en ajoutant que l’Équateur compte revoir sa participation à la hausse.  Mon pays est coauteur de la plupart des résolutions sur le maintien de la paix, notamment en ce qui concerne la sécurité des Casques bleus.  Le délégué s’est prononcé pour un plus grand nombre de Casques bleus femmes, avant de dire que les mandats des missions doivent respecter les principes de la Charte et avoir comme priorité la protection des civils. 

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a déclaré que son pays a déployé plus de 250  000 soldats au sein de 49 missions au fil des ans, faisant de lui le plus important contributeur de troupes.  Aujourd’hui, les opérations de maintien de la paix sont de plus en plus sollicitées, entre autres, pour rétablir l’État de droit et protéger les civils.  Faisant plusieurs suggestions, il a déclaré que la technologie doit servir à faire progresser le maintien de la paix.  En outre, un mandat efficace ne peut être élaboré qu’avec la participation des pays contributeurs de troupes, a-t-il déclaré, ajoutant que l’appropriation nationale est essentielle au succès d’une mission.  Les missions de maintien de la paix sont censées être transitoires et nécessitent des stratégies de sortie limitées dans le temps.  Il faut être prudent avec les approches doctrinales, a-t-il dit, ajoutant que toutes les composantes doivent être synchronisées pour assurer une performance efficace.  Récemment, les Casques bleus ont été confrontés à des menaces asymétriques et ils doivent disposer des outils nécessaires pour se protéger.  Dans cette optique, un meilleur partage des informations est nécessaire, a plaidé le délégué.  Pour sa part, l’Inde a fait don de vaccins contre la COVID-19 aux soldats de la paix des Nations Unies et continue de déployer des troupes dans diverses missions.  Il a ajouté que les remboursements en suspens pour les missions clôturées exigent une attention urgente. 

M. LUIS ANTONIO LAM PADILLA (Guatemala) a réitéré sa grande préoccupation concernant la sécurité des civils et des Casques bleus face aux récentes attaques ciblées.  Pour des raisons de sécurité, il est impossible pour le personnel de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) d’accéder à certaines zones, a-t-il déclaré, condamnant le meurtre de plus de 50 personnes et demandant au Gouvernement de tenir les auteurs responsables.  Les efforts doivent tendre vers l’élaboration de mandats clairs et réalistes, compte tenu des défis géographiques et autres sur le terrain.  Pour leur part, les gouvernements hôtes jouent un rôle important dans la mise en œuvre des mandats et des résolutions du Conseil de sécurité, et facilitent l’accès aux opérations de maintien de la paix et la livraison des munitions.  Le Conseil de sécurité devrait analyser les situations de transition, a-t-il dit, en faisant référence au remplacement de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) par la Mission des Nations Unies pour l’appui à la justice en Haïti (MINUJUSTH), et en exhortant le Comité spécial à se servir de tous les outils disponibles pour s’assurer que ces questions et d’autres pertinentes soient abordées au cours de cette session. 

M. THOETSAK JAIAREE (Thaïlande) a dit qu’en tant que pays contributeur de troupes, la Thaïlande cherche à promouvoir la paix grâce à plus de cohérence entre le Comité des 34 , le Conseil économique et social (ECOSOC) et la Commission de consolidation de la paix (CCP). Elle attend avec impatience la mise en œuvre de l’initiative d’Action pour le maintien de la paix Plus et soutient la pleine participation des femmes aux opérations de maintien de la paix, a assuré son représentant. Il a souhaité voir une coordination renforcée entre le Comité des 34 et le Secrétariat, notamment à travers un échange d’informations régulier.  Il a aussi encouragé l’identification de nouvelles formes et domaines de coopération Sud-Sud, et de partenariats triangulaires.  « La Thaïlande part du principe que les opérations de maintien de la paix doivent s’inscrire dans le continuum de la paix. »  Avec le consentement des pays hôtes, les soldats de la paix peuvent jouer un rôle important en tant que premiers artisans de la paix grâce à leurs éventuelles contributions dans des domaines tels que le renforcement des capacités et la formation, le soutien aux infrastructures et les soins de santé communautaires, a estimé le délégué. De son avis, cela ne peut qu’aider à semer les graines d'un développement durable à long terme conformément aux priorités nationales des pays hôtes.  Il a cité en exemple la Thai Horizontal Military Engineering Company de la MINUSS, qui a construit et réparé plus de 400 kilomètres de routes à travers le Soudan du Sud pour soutenir le développement économique national. 

Le Président de la soixante-seizième session de l’Assemblée générale, M.  ABDULLAH SHAHID, a commencé par remercier tous les États Membres qui soutiennent les opérations de maintien de la paix des Nations Unies, par des ressources et du personnel sur le terrain.  Il a salué les progrès significatifs qui ont été faits pour réduire le nombre de morts parmi les Casques bleus et pour mettre en place de solides systèmes de gestion des risques d’inconduite, y compris l’exploitation et les atteintes sexuelles,  et améliorer la gestion des risques environnementaux et la performance des opérations de maintien de la paix.  Il a insisté sur le fait qu’il faut en faire davantage pour assurer la sûreté et la sécurité des soldats de la paix et pour parvenir à la parité entre les sexes dans les opérations de maintien de la paix.  À ce sujet, M.  Shahid a annoncé qu’il allait organiser un dialogue Holhuashi sur le programme « pour les femmes et la paix et la sécurité » en mars, disant espérer des discussions fructueuses sur la manière de renforcer la participation pleine, égale et significative des femmes aux processus de paix et aux solutions politiques. 

Il a en outre plaidé en faveur du renforcement du partenariat entre toutes les parties prenantes du maintien de la paix, y compris les pays fournisseurs de contingents et de police, les pays hôtes et les organisations régionales.  M.  Shahid a ensuite souligné les liens entre maintien, consolidation et pérennisation de la paix.  Il y a une raison pour laquelle l’ONU a été construite sur les trois piliers que sont les droits de l’homme, le développement et la paix et la sécurité, a fait valoir le Président de l’Assemblée générale selon lequel les opérations de maintien et de consolidation de la paix peuvent et doivent renforcer ces piliers. 

M. ENRIQUE AUSTRIA MANALO (Philippines) a dit que son pays a déployé près de 15 000 Casques bleus dans 21  opérations de maintien de la paix et missions politiques spéciales.  Nous allons continuer d’honorer nos promesses et d’appuyer ces opérations, a assuré le délégué.  Il a demandé le renforcement de la sécurité des Casques bleus et souligné l’importance de disposer de règles d’engagement actualisées.  Il a souhaité une coopération plus étroite entre l’ONU et l’ASEAN et appelé de ses vœux une plus grande inclusion des femmes dans les efforts de maintien de la paix.  Nous avons besoin d’un leadership plus efficace pour le maintien de la paix, a conclu le délégué. 

M.  TAYE ATSKESELASSIE AMDE (Éthiopie) a rappelé que son pays coopère étroitement avec l’ONU au sein des opérations de maintien de la paix.  Nous allons poursuivre ce partenariat, a assuré le délégué.  Il a souligné le succès qu’a été la récente Conférence ministérielle de Séoul sur le maintien de la paix.  Les missions doivent disposer de mandats clairs, dotés de ressources appropriées, a-t-il rappelé, tout en reconnaissant la « lassitude » des donateurs.  Mettant en garde contre tout retrait prématuré des missions, il a demandé un appui international accru et un financement adéquat.  L’ONU doit veiller à ce que des ressources suffisantes soient apportées, a martelé le délégué, en soulignant l’importance de la coopération ONU-UA. 

M. MD MONWAR HOSSAIN (Bangladesh), en tant que principal fournisseur de contingents militaire et de police aux opérations de maintien de la paix de l’ONU, avec 6 500 Casques bleus actuellement en activité, s’est inquiété de l’augmentation des violences à l’égard de ces opérations.  C’est pourquoi, il s’est particulièrement félicité de l’adoption des sept priorités de l’initiative A4P+ et de la décision de suivre avec attention la mise en œuvre des recommandations du Comité des 34.  Par ailleurs, le représentant a souligné que la pandémie de COVID-19 a mis en évidence la nécessité de renforcer les capacités sanitaires des missions. Le délégué a aussi mis l’accent sur les progrès réalisés par son pays dans le domaine de la production d’énergie solaire. 

M. MAGUETTE DIEYE (Sénégal) a dit son attachement à la reddition de la justice pour tous les crimes commis à l’égard du personnel des Nations Unies, comme recommandé par la résolution 2589 (2021).  Il s’est dit totalement en phase avec la politique de tolérance zéro en matière d’atteintes et d’exploitations sexuelles par le personnel onusien, comme en témoigne l’adhésion du Président Macky Sall au Cercle des leaders sur la prévention des abus et exploitations sexuels.  Il a assuré que le Sénégal ne cessera d’insister sur la nécessité de faire de la prévention et de la médiation des priorités absolues dans la recherche et la pérennisation de la paix. Dans ce contexte, il a estimé que l’Afrique doit occuper une place particulière dans les politiques et stratégies de l’ONU pour faire face aux conflits par le moyen de la prévention et du règlement des crises, sans oublier la reconstruction post-conflit.  Il a réitéré l’importance stratégique de mécanismes de financements plus prévisibles, durables et flexibles pour les opérations de paix de l’Union africaine autorisées par le Conseil de sécurité, en vertu de la résolution 2320 (2016) sur la coopération entre l'ONU et l'UA. 

Pour M. GHEORGHE LEUCĂ (Moldavie), le maintien de la paix par l’ONU constitue la boîte à outils la plus efficace et cruciale dont dispose la communauté internationale pour promouvoir paix, sécurité et développement durable dans les pays qui luttent pour surmonter des conflits et des crises mais aussi pour favoriser la réconciliation.  Compte tenu de l’évolution rapide et de la dégradation de l’environnement sécuritaire dans le monde entier, il est impératif pour tous les acteurs du maintien de la paix de travailler de manière plus coordonnée à rechercher en permanence des moyens innovants, des solutions efficaces et des pratiques optimales, a fait valoir le représentant.  La Moldavie, qui est signataire de la Déclaration d’engagements communs, contribue depuis 2003 en troupes et personnels de police aux opérations de maintien de la paix de l’ONU.  Elle soutient également le programme Action pour le maintien de la paix Plus, a souligné le représentant, pour rendre les missions plus fortes et plus performantes.  Il a évoqué la présence de troupes russes sur le territoire de la Moldavie, ainsi que de matériel militaire russe, et a fait part de la volonté de son gouvernement de reprendre le dialogue avec la Fédération de Russie pour y mettre fin.  Avant de conclure, il a parlé du plan national pour assurer une plus forte participation des femmes aux processus de paix et aux opérations de maintien de la paix de l’ONU. 

Pour M. NJOROGE NJUGUNA GITOGO (Kenya), les opérations de maintien de la paix restent fondamentales, notamment pour la protection des civils.  Il a insisté sur l’importance de mandats bien définis, et plaidé pour plus de coopération avec les mécanismes régionaux dans le contexte du maintien de la paix.  Les opérations de maintien de la paix sont en mesure de s’acquitter de leurs mandats lorsqu’elles sont soutenues politiquement et financièrement, a martelé le représentant.  Il a appuyé le programme Action pour le maintien de la paix et une plus forte participation des femmes aux missions à tous les niveaux.  Avant de conclure, le représentant a expliqué que le Kenya avait misé sur la formation de ses Casques bleus dans le désamorçage d’engins explosifs et créé une école à cet effet. 

M.  NACI YILDIZ (Turquie) a souligné la nécessité que tous les responsables d’attaques contre les soldats de la paix rendent des comptes.  Il a appelé à la vaccination des soldats de la paix dans ce contexte de pandémie.  Puis le représentant a souligné l’importance d’une bonne coopération entre l’ONU et les pays contributeurs de troupes, ainsi qu’avec le pays hôte.  La neutralité des efforts de paix est fondamentale, a ajouté le représentant, avant de demander une participation accrue des femmes aux opérations de maintien de la paix.  Enfin, le délégué a rappelé les apports de son pays à ces opérations. 

M. LUIS UGARELLI (Pérou) a demandé un renforcement de l’engagement en faveur du multilatéralisme et du règlement pacifique des différends.  Pour lui, il convient d’accroître l’efficacité des opérations de maintien de la paix, y compris d’un point de vue environnemental, a dit le délégué.  Il a cité les nombreux défis que ces opérations doivent relever, notamment celui du terrorisme, avant de souhaiter un renforcement de la sécurité des Casques bleus.  Dans ce contexte, les femmes sont cruciales pour nouer des liens plus étroits avec les communautés hôtes, a déclaré le représentant.  Il a précisé que le contingent péruvien déployé en République centrafricaine au sein de l’opération de maintien de la paix onusienne compte 29 femmes. 

M. CARLOS AMORIN (Uruguay) a dit la détermination de son pays à mettre en œuvre les recommandations précieuses du Comité spécial pour renforcer l’exécution des mandats des opérations de maintien de la paix.  Il a mis l’accent sur la nécessité d’éviter toutes restrictions au niveau national qui pourraient avoir une incidence négative sur le maintien de la paix et la protection des civils.  Il a appelé à mobiliser les différentes compostions de la mission pour s’assurer de la protection des civils.  Le représentant a aussi appelé à avancer dans la mise en œuvre du programme femmes, paix et sécurité à tous les niveaux du personnel. 

Mme MARITZA CHAN VALVERDE (Costa Rica) a réitéré son engagement en faveur de la nouvelle phase de l’initiative A4P+ en appuyant les mesures prises par le Secrétaire général pour arriver à des opérations de maintien de la paix plus agiles.  Elle a souligné la valeur ajoutée des nouvelles technologies pour mieux relever les défis d’aujourd’hui et de demain et renforcer les capacités d’adaptation aux défis et risques émergents.  « Il est fondamental que toutes les nominations respectent l’objectif de parité entre les genres », a insisté la représentante avant d’appeler à une politique de tolérance zéro à l’égard des violences sexuelles. 

M.  BRIAN CHRISTOPHER MANLEY WALLACE (Jamaïque) a dit qu’en tant que petit État insulaire en développement, son pays est particulièrement conscient de l’importance cruciale du maintien de la paix et de la sécurité pour favoriser la croissance et le développement socioéconomique.  La Jamaïque accorde donc beaucoup d’importance aux travaux du Comité des 34  et aux sacrifices fournis par les contingents.  Il a encouragé le Département des opérations de paix à redoubler d’efforts pour augmenter le nombre de femmes au sein de ses missions, et dit attendre avec intérêt les futurs rapports qui décriront les efforts réalisés pour mettre en œuvre le programme pour les femmes et la, paix et la sécurité.  En ce qui concerne les partenariats, la Jamaïque appuie la coopération entre l’ONU et les organisations régionales, sous-régionales et internationales compétentes.  Avant de conclure, le représentant a salué la décision de proroger le mandat du BINUH en Haïti jusqu’au 15 juillet 2022, appuyant la demande d’une évaluation de son mandat pour répondre aux besoins changeants dans le pays. 

M.  NEUMI QARANIVALU VAKADEWABUKA (Fidji) a condamné toutes les attaques commises contre les Casques bleus, rappelant que son pays fournit des troupes à sept opérations de maintien de la paix en ce moment.  Il a évoqué les sujets couverts par le matériel de formation des soldats de la paix fidjiens ainsi que les efforts en cours pour accroître la représentation des femmes au sein de ses contingents.  Soixante-six Fidjiens ont perdu la vie en servant dans des missions de l’ONU, a ensuite regretté le représentant, en appelant à veiller à la sécurité et la sûreté des soldats de la paix.  Dans le cadre du partenariat triangulaire, un camp de formation va bientôt ouvrir ses portes aux Fidji et accueillir les personnels de maintien de la paix de la région.  Avant de conclure, le représentant a insisté sur le fait que les changements climatiques sont l’une des plus grandes menaces pour la paix et la sécurité à l’échelle mondiale.

Mme DOMA TSHERING (Bhoutan) s’est félicitée des différentes initiatives prises dans le cadre du maintien de la paix aux Nations Unies.  Elle a insisté sur la sécurité des Casques bleus qui opèrent dans des environnements complexes, rendant hommage à tous ceux qui servent dans les missions et à ceux qui y ont péri.  Elle a indiqué à cet égard au Comité que son pays va déployer une force de réaction rapide pour renforcer les contingents de l’ONU à la MINUSCA.  La représentante a apprécié que la réunion ministérielle de Séoul en 2021 ait été l’occasion de discuter des moyens de renforcer les opérations de maintien de la paix.  Nous avons fait six promesses pour réduire l’empreinte écologique lors des déploiements, a-t-elle dit.  Si elles sont modestes, ces promesses et ces mesures devraient avoir un impact positif, a-t-elle espéré. 

M. AMRIT BAHADUR RAI (Népal) a plaidé pour un maintien de la paix efficace, en soulignant que le Népal y contribue depuis 1958.  Le pays a déployé des Casques bleus même dans des environnements très difficiles, a-t-il témoigné.  Il a souligné que tout gouvernement et ses forces politiques nationales ont pour responsabilité première de cultiver la paix dans un pays.  Les opérations de maintien de la paix devraient donc venir appuyer les processus politiques au nom de l’harmonie, a-t-il dit en soulignant le rôle important des jeunes et des femmes à cet égard.  Il a appuyé l’initiative A4P et a demandé une approche proactive pour gérer les réalités sur le terrain.  Il a recommandé de veiller à la bonne performance des Casques bleus, prônant notamment des formations ciblées avant le déploiement.  Le Népal, a-t-il dit, est prêt à augmenter le nombre de Casques bleus femmes.  Enfin, le représentant a appelé le Secrétariat à renforcer la sécurité du personnel en analysant les besoins spécifiques des missions.  Il a aussi demandé le remboursement en temps opportun des pays fournisseurs de contingent et souhaité que ces pays aient accès à des postes de commandement au Siège de l’ONU. 

M. JONGIN BAE (République de Corée) a rendu hommage aux Casques bleus tombés dans l’exercice de leurs fonctions.  Il a salué le fait que les États Membres aient exprimé leur appui au maintien de la paix lors de la récente Conférence ministérielle de Séoul. Il a insisté sur la nécessité de recourir aux nouvelles technologies pour, entre autres, renforcer les capacités médicales des missions. Il a insisté sur la formation du personnel de ces missions et sur leur conduite exemplaire de ce personnel.  Avant de conclure, le représentant a annoncé d’autres contributions de son pays aux opérations de paix en Afrique, dont le déploiement d’unités de génie militaire.

Mon pays, a dit Mme EGRISELDA ARACELY GONZÁLEZ LÓPEZ (El Salvador), contribue à cinq opérations de paix.  Condamnant les attaques contre les Casques bleus, elle a voulu que la gestion des risques et la protection du personnel soient les priorités.  Elle n’a pas oublié de souligner l’importance qu’il y a à rembourser en temps voulu les pays contributeurs de troupes, avant de plaider pour un financement sûr et prévisible des opérations.  Nous travaillons en ce moment, a conclu la représentant, au déploiement d’une unité d’hélicoptères armés avec la République de Corée et les États-Unis. 

M. ALI CHERIF (Tunisie) a rappelé que son pays a participé à 24 missions depuis les années 1960.  Elle considère que l’initiative Action pour le maintien de la paix Plus est une feuille de route pertinente, notamment pour ce qui est de la place des femmes au sein des missions et pour garantir la sécurité et la formation des soldats de la paix.  À cet égard, le représentant a mis l’accent sur le rôle joué par les nouvelles technologies notamment.  Il a également insisté sur l’importance du partenariat avec les organisations régionales et sous-régionales, en particulier avec l’Union africaine.

M. YUKIYA HAMAMOTO (Japon) s’est félicité de l’initiative Action pour le maintien de la paix Plus, appelant à prendre en considération le fait que 25 personnels d’opérations de l’ONU avaient perdu la vie en 2021.  Il incombe, selon lui, au Comité des 34 de transformer l’élan pris l’an dernier en une série de mesures concrètes qui pourront faire la différence sur le terrain.  Pour cela, il faudra mettre l’accent sur le renforcement du partenariat triangulaire au sein des Nations Unies ainsi que sur son mécanisme de coordination.  Il faut ensuite garantir la sécurité et la sûreté des soldats de la paix.  Le représentant a également plaidé pour l’égalité entre les sexes au sein des opérations de paix.  Pour sa part, le Japon continuera à défendre la pleine participation des femmes à tous les niveaux et à toutes les phases des opérations, a-t-il assuré.  Pour le Japon, le Comité des 34 est un forum utile au sein duquel des recommandations concrètes peuvent être formulées. 

M. VINCENT CHOFFAT (Suisse) a condamné les attaques perpétrées contre le personnel de l’ONU et rappelé qu’elles peuvent constituer des crimes de guerre.  Il a salué l’évolution des opérations de paix vers une empreinte environnementale plus légère.  Il a aussi souligné l’importance d’une bonne stratégie de retrait pour une paix durable et a appuyé le programme « femmes, paix et sécurité ». Insistant sur la protection de la population, le représentant a estimé qu’en la matière les nouvelles technologies viennent s’ajouter à l’éventail des moyens disponibles.  Il a conclu sur la performance des opérations de paix, « clef du succès », rappelant que cette performance est tributaire de la bonne formation du personnel. 

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a rendu hommage aux Casques bleus, avant de noter la tendance à la réduction du nombre des opérations de paix au profit des missions politiques spéciales.  Elle a dénoncé le fait que l’égalité entre les genres, la problématique environnementale ou bien encore la promotion des droits humains viennent « gonfler » les mandats des opérations, alors que ces aspects n’ont rien à voir avec le maintien de paix.  L’ajout de ces différents aspects, a-t-elle alerté, rendent les opérations plus coûteuses et plus lourdes.  À ce propos, la représentante a soulevé la question du sous-financement des opérations et souhaité des discussions de fond au sein du Comité spécial, seul organe habilité à traiter de ces questions. Elle n’a pas manqué d’insister sur le strict respect des principes du maintien de la paix, dont la souveraineté du pays hôte. 

M. DANIEL ABRAHAM HADGU (Érythrée) a relevé que les opérations de maintien de la paix se retrouvent de plus en plus avec des missions qui dépassent leur rôle traditionnel. Les opérations de maintien de la paix des Nations Unies se sont efforcées d’adapter leurs approches, a-t-il salué, disant apprécier la primauté de la politique et l’initiative A4P.  Les opérations de maintien de la paix ne sauraient se substituer à des solutions politiques, a-t-il poursuivi, notant que de nombreuses opérations sont déployées depuis des décennies et utilisent des ressources qui pourraient être utilisées à des missions de développement international.  Il a souhaité des stratégies claires pour les missions de maintien de la paix.  Les mandats doivent être conformes aux besoins locaux, a-t-il plaidé.  En conclusion, le représentant a rendu hommage à ceux et à celles qui ont tout sacrifié au service des opérations de maintien de la paix des Nations Unies. 

M. BRIAN PATRICK FLYNN (Irlande) a rappelé que les militaires irlandais participent depuis longtemps aux opérations de maintien de la paix de l’ONU.  Il a estimé qu’il y a trois domaines essentiels d’action, le premier étant le renforcement du lien entre le maintien et la consolidation de la paix.  Il a souhaité à cet égard que le Comité appuie la mise en œuvre de la résolution 2594 (2021) relative à la reconfiguration des missions.  En deuxième lieu, il a plaidé en faveur de la sécurité renforcée des personnels.  Nous avons fourni des trousses de secours dans le cadre d’initiatives de formation, notamment pour faire face aux engins explosifs non explosés, a témoigné le représentant.  Enfin, comme troisième point, il a réitéré l’appui ferme de son pays au programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  Il a appelé à être audacieux dans les actions en ce sens, recommandant une transformation des cultures. 

M. KARLITO NUNES (Timor Leste) a mis en exergue l’aspect « protection des civils » des opérations de paix et a fermement appuyé l’initiative Action pour le maintien de la paix.  À son tour, il a insisté sur le rôle des nouvelles technologies pour accroître l’efficacité des missions.  Il a appuyé la participation accrue de femmes.  En tant qu’ancien pays hôte d’une mission et fournisseur actuel de contingents, le Timor Leste, a dit le représentant, n’a pas de doute quant à la contribution « positive » des femmes au maintien de la paix.  Il a insisté sur la formation prédéploiement et sur une campagne de vaccination généralisée contre la pandémie de COVID-19 pour tous les acteurs de la paix sur le terrain.

M. THOMAS NWANKWO CHUKWU (Nigéria) a rappelé que son pays participe depuis 1960 aux opérations de paix et a, dans ce contexte, exprimé sa préoccupation face aux risques croissants auxquels sont exposés les soldats de la paix.  Il a, en l’occurrence, dénoncé la faiblesse de la logistique et des soins, insistant sur la sûreté et la sécurité des Casques bleus mais aussi de la population civile.  Le Comité spécial, a conclu le représentant, est l’instance idoine pour articuler les politiques et recommandations pour un maintien de la paix efficace de l’ONU. 

M. PHILIP JOSEPH SCHENKS (Sierra Leone) a, après avoir rendu hommage à tous les soldats de la paix qui ont perdu la vie dans l’exercice de leurs fonctions, estimé que son pays est « l’un des grands succès » du maintien de la paix de l’ONU.  Il a, dans ce contexte, mentionné la contribution de la Sierre Leone aux opérations au Soudan du Sud, au Liban, au Mali et en République démocratique du Congo.  La Sierra Leone, a-t-il affirmé, a l’intention d’augmenter sa contribution, après avoir dû la réduire en raison de la pandémie de COVID-19. Affirmant aussi que son pays assure la formation de son personnel avant déploiement, il a fermement appuyé la politique de tolérance zéro pour les cas d’exploitation et d’abus sexuels et a demandé que toute allégation fasse l’objet d’une enquête. 

M. GUY METAYER (Haïti) a réclamé une application « plus rigoureuse » des recommandations du Comité spécial pour un maintien de la paix plus efficace.  Il a rappelé que son pays a, de 1993 à ce jour, accueilli huit missions de l’ONU et que certains « mauvais souvenirs » sont restés gravés dans la mémoire du peuple haïtien.  Il a rappelé les cas de violence sexuelle imputables au personnel de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), des cas, a-t-il dit, qui avaient atteint un niveau « endémique » et qui ne font pas honneur à l’ONU.  Or, la majorité des poursuites ont été abandonnées par les pays d’origine des Casques bleus et ce, sans aucun motif valable.  Le représentant est aussi revenu sur l’épidémie de choléra, introduite par des Casques bleus en 2010, laquelle a fait 10 000 morts.  Il a reproché à l’ONU de n’avoir admis aucune responsabilité juridique, laissant les victimes sans justice ni réparation.  Les excuses du Secrétaire général de l’époque, M. Ban Ki-moon et la reconnaissance d’une responsabilité morale sont loin d’être suffisantes, a-t-il martelé.  « Je réitère l’appel à la justice et à la réparation pour les victimes », a conclu le délégué, en estimant qu’il en va de la crédibilité et du prestige de l’ONU. 

M. JOSEPH NKALWO NGOULA de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) a estimé que l’approfondissement des partenariats dans le domaine du maintien de la paix reste crucial.  L’OIF appuie depuis près de deux décennies le maintien de la paix des Nations Unies, a-t-il rappelé, expliquant qu’elle a été la première organisation internationale à assumer le rôle de « champion » de l’initiative « Action pour le maintien de la paix » (A4P), et ce, afin d’être le moteur pour le renforcement des capacités francophones, et pour le développement de compétences linguistiques en français et en matière d’interculturalité.  Comme il l’avait fait pour l’UA, l’UE, l’ASEAN, l’OTSC, l’OSCE et la Ligue des États arabes, le Comité des 34 gagnerait ainsi à valoriser dans son prochain rapport sur la coopération entre l’ONU et l’OIF pour le maintien de la paix, a suggéré le délégué. 

Sur le chapitre de la performance, le représentant de l’OIF a mis en exergue l’importance des compétences linguistiques, arguant qu’elles améliorent la performance des missions.  Le prochain rapport du Comité des 34, a-t-il encore préconisé, pourrait davantage prendre en compte cette dimension dans le déploiement et le recrutement du personnel, tant au Secrétariat que sur le terrain.  Toujours en termes de performance, le représentant a jugé que les actions de formation demeurent essentielles.  Au-delà d’encourager le Secrétariat à développer des supports de formation dans les langues officielles de l’ONU, le Comité des 34 devrait l’inciter à délivrer des formations dans plusieurs langues ainsi qu’à proposer des cours de langues tenant compte de celles parlées dans les pays hôtes, a recommandé le délégué de l’OIF. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Commission du développement social: plaidoyer pour l’inclusion des jeunes, femmes et groupes vulnérables aux stratégies de relèvement après la COVID-19 

Soixantième session,
Réunions virtuelles – matin & après-midi
SOC/4903

Commission du développement social: plaidoyer pour l’inclusion des jeunes, femmes et groupes vulnérables aux stratégies de relèvement après la COVID-19 

À l’entame de sa seconde semaine de travaux, la Commission du développement social du Conseil économique et social (ECOSOC) a entendu une quarantaine de délégations dans le cadre de sa discussion générale, dont certaines ont appelé à davantage de mesures d’inclusion pour faire reculer la faim et la pauvreté, y compris en impliquant davantage les jeunes, les femmes et les groupes vulnérables. 

En s’appuyant sur le thème de la session qui table sur l’élimination de la faim et la pauvreté dans le contexte post-COVID-19, la plupart des orateurs qui intervenaient en visioconférence ont une fois de plus insisté sur les mesures de protection sociale pour lutter contre les inégalités qui ont été, pour certaines, exacerbées du fait de la pandémie.  La priorité était donc accordée à un relèvement qui contribuerait à réduire la pauvreté et la faim à travers le monde, tandis qu’au niveau national, plusieurs intervenants ont jugé crucial que les principaux groupes vulnérables aient désormais voix au chapitre. 

C’est ainsi que deux délégués de la jeunesse roumaine ont appelé à plus de solidarité en faveur des jeunes qui peuvent apporter une contribution, si d’aventure ils prenaient part au processus de prise de décisions.  Leurs homologues bulgares ont pour leur part souligné combien les jeunes ont particulièrement été affectés par la COVID-19, au niveau de l’éducation et de la santé mentale notamment, s’alarmant particulièrement de l’augmentation du taux de suicide parmi eux. 

Il faut également des politiques promouvant le bien-être des jeunes qui doivent être considérés comme des agents de changement, ont-ils plaidé, alors que deux autres jeunes italiens confirmaient que les jeunes contribuent déjà au développement en produisant des idées innovantes.  Ils ont réclamé la création de cadres politiques permettant aux jeunes d’agir pour la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), ce qui nécessite, selon eux, la mise sur pied de mécanismes facilitant l’inclusion des jeunes au marché du travail.  Même son de cloche du côté de la République de Corée qui a appelé à fournir aux jeunes un programme de formation professionnelle sur mesure. 

Par ailleurs, l’Inde a souligné que l’utilisation de la technologie numérique s’est révélée être la force motrice de plusieurs initiatives, tant en matière d’éducation que pour l’accès à une large gamme de services sociaux.  De son côté, le Népal a expliqué avoir étendu son réseau de la sécurité sociale aux groupes les plus défavorisés, notamment les dalits, tout en introduisant un système de retraite contributif afin de renforcer la justice sociale.  Des programmes ciblés sont également mis en œuvre au Burkina Faso afin de soutenir les personnes vulnérables qui représentent 12% de la population.  Le pays s’emploie en outre à renforcer la sécurité alimentaire et nutritionnelle en fournissant une assistance humanitaire immédiate et en interdisant l’exportation des denrées alimentaires.    

La question de l’équité vaccinale a été soulevée par de nombreuses délégations, dont celle du Liban qui a déclaré que l’accès inégal au vaccin contre la COVID-19 est l’une des manifestations flagrantes des inégalités mises en exergue par la pandémie.  Un constat qui a poussé le Bhoutan à réclamer davantage de coopération internationale, notamment en matière de vaccination.    

Sur un tout autre plan, Cuba et le Bélarus ont appelé pour leur part à la levée complète et immédiate de toutes les mesures coercitives unilatérales, y compris des sanctions, afin, a précisé la République islamique d’Iran, de permettre aux pays ciblés de réparer leurs économies tout en garantissant le bien-être de leurs populations au lendemain de la crise de la COVID-19. 

La Commission du développement social poursuivra ses travaux demain, mardi 15 février, à partir de 10 heures. 

SUITE DONNÉE AU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET À LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE - E/CN.5/2022/2

Thème prioritaire: Assurer un relèvement inclusif et résilient après la COVID-19 pour garantir à chaque personne des moyens de subsistance, le bien-être et la dignité: éliminer la pauvreté et la faim sous toutes leurs formes et dans toutes leurs dimensions aux fins de la réalisation du Programme 2030 - E/CN.5/2022/3

Examen des plans et programmes d’action pertinents des organismes des Nations Unies concernant la situation de certains groupes sociaux

Discussion générale

Le Liban a déclaré que l’accès inégal du vaccin contre la COVID-19 est l’une des manifestations flagrantes des inégalités mises en exergue par la pandémie.  Il est grand temps que l’ONU y mette fin, a souligné la délégation.  Pour appuyer la reprise postpandémie, elle a appelé à assurer un « certain équilibre » entre les nations, d’autant plus que la pandémie a sapé la mise en œuvre des ODD.  À preuve, des millions de personnes demeurent en proie à la faim tandis que d’autres vivent dans la pauvreté extrême, a déploré la délégation qui a plaidé pour des politiques de réduction des vulnérabilités à long terme.  

L’Inde a déclaré prendre tout un ensemble de mesures en vue d’une reprise post-COVID-19 inclusive et résiliente.  Elle a ainsi fait état d’un élargissement de son système de protection sociale tout au long de la crise, avec un accent particulier mis sur les populations pauvres et les exploitants agricoles.  Elle a souligné que l’utilisation de la technologie numérique s’est révélée être la force motrice de plusieurs initiatives, tant en matière d’éducation que pour l’accès à une large gamme de services sociaux.  À cet égard, elle a indiqué que le Gouvernement indien s’est engagé à combler le fossé numérique et à faire bénéficier toutes les populations des progrès dans ce domaine.  Des programmes sociaux assortis de transferts d’argent ciblent par ailleurs les femmes et les filles, les migrants, les personnes âgées et celles en situation de handicap.  Le pays a en outre pu vacciner 71% de sa population et a déjà administré plus d’un milliard de doses de vaccin.

Cuba a demandé un accès juste et équilibré aux vaccins dont la fabrication, a-t-il souligné, doit se faire dans la transparence et dans tous les pays.  Pour rattraper le retard dans la réalisation du Programme 2030, la délégation cubaine a réclamé un nouveau modèle de financement et des transferts de technologies.  Elle a également insisté sur l’importance des coopérations internationale, Sud-Sud et triangulaire et appelé la Commission du développement social à avoir un rôle renforcé.  Après avoir dénoncé les répercussions du blocus américain à l’encontre de Cuba, la délégation a indiqué que son gouvernement met l’accent sur la revitalisation des secteurs du transport, de l’éducation et de la croissance économique.  Elle a également indiqué que les vaccins fabriqués en Amérique latine ont été administrés aux enfants, aux personnes vulnérables, handicapées ou âgées et aux femmes.  

Le Pakistan a déclaré que l’élimination de la pauvreté et la faim doit être au cœur de tous les efforts internationaux.  Il a indiqué que sur le plan national, le Gouvernement pakistanais a mis sur pied un programme de huit milliards de dollars en soutien aux familles les plus vulnérables, ciblant ainsi les ODD 1 et 2 sur l’élimination de la pauvreté et la diminution de la faim.  Il a appelé à la mobilisation internationale pour atteindre les objectifs internationaux, notamment en rapport avec la pauvreté et la faim.

L’Équateur a indiqué que son programme « Table sociale » a permis de réduire la faim dans le pays grâce à la distribution de nourriture aux personnes vulnérables, par le biais d’une coopération entre le secteur privé, les banques alimentaires, les cuisines communautaires et les organisations internationales.  Il a précisé qu’en 2021, 4 320 personnes ont été prises en charge quotidiennement par ce programme qui offrira également des allocations et des pensions aux familles les plus vulnérables en 2022.  La délégation a également indiqué que le taux de pauvreté s’élevait à 27,7% à la fin de 2021, soit une diminution significative de 5,4 points par rapport à 2020.

Soucieux de faire bénéficier sa population du progrès social, le Bhoutan a dit mettre l’accent sur son secteur agricole pour assurer une reprise inclusive et résiliente.  Alors que le pays a déjà des possibilités d’emploi limitées en dehors de l’agriculture, la pandémie a durement frappé son secteur touristique, a indiqué la délégation.  La priorité est donc accordée au relèvement de la production agricole, à la lutte contre l’exode rural et à l’utilisation des terres arables en friches.  À cette fin, des efforts de distribution de l’eau et d’accès aux crédits ont été réalisés, a-t-elle indiqué, estimant que le développement rural est essentiel pour assurer des moyens de subsistance pour tous et ainsi réduire la pauvreté.  Enfin, après avoir détaillé les bénéfices du plan national de résilience lancé en avril 2020, elle a appelé à davantage de coopération internationale, notamment en matière de vaccination.  

Pour le Viet Nam, éradiquer la pauvreté, c’est éradiquer la faim et la malnutrition.  Pour y arriver, le représentant a insisté sur l’importance d’accroître la capacité de production agricole et des investissements dans la recherche agricole.  Il a indiqué qu’il aspire à devenir une plateforme de production alimentaire dans la région, afin d’appuyer la création de travail décent, de générer des activités créatrices de revenus et de soutenir la participation des personnes désavantagées.  La délégation a ensuite appelé la communauté internationale à mobiliser des ressources pour résoudre la crise des dettes.

Le Nicaragua a souligné que l’on ne peut parler de développement social sans évoquer les millions de gens souffrant de la faim à travers le monde.  Il a appelé les pays développés à respecter leurs engagements en matière de développement international.  Il est également important de renforcer la coopération internationale tout en respectant le droit au développement.  Pour sa part, le Nicaragua a mis sur pied des programmes dans les domaines de l’alimentation, l’éducation et la santé, en tablant sur l’inclusion sociale.  

L’Angola a rappelé avoir procédé, en 2019, à un examen de ses objectifs et priorités en matière de lutte contre la pauvreté.  Ces efforts, qui s’inscrivent dans le cadre d’un plan national et local 2018-2022, aligné sur l’Agenda 2063 de l’Union africaine et le Programme 2030 de l’ONU, ont été mis à mal par la pandémie, a déploré la délégation, faisant néanmoins état de programmes nationaux de développement social basés sur ceux de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).  Elle a ajouté que l’Angola fait aujourd’hui face à trois grands défis: la reprise post-COVID-19, basée sur une politique complète de vaccination; la mise en œuvre des ODD, avec une priorité accordée aux ODD 1 et 2; et les conséquences des changements climatiques, qui ont entraîné un creusement de sa dette.  Dans ce contexte, elle a dit attendre des mesures concrètes de cette soixantième session. 

Constatant à son tour que la récession économique engendrée par la COVID-19 a eu un impact sur les efforts d’éradication de la pauvreté, la Thaïlande a mis en exergue les efforts menés par son gouvernement pour venir en aide aux personnes vivant sous le seuil de pauvreté.  Une carte d’aide sociale est fournie aux citoyens dont le revenu est inférieur à 100 000 bahts, tandis que le Comité national de la politique foncière attribue des terres aux pauvres sous forme de parcelles collectives, a-t-elle détaillé. 

La Zambie a déclaré qu’en plus des mesures d’urgence destinées aux populations les plus vulnérables, elle a maintenu durant la pandémie ses programmes de protection sociale pour contribuer à l’éradication de la faim et de la pauvreté.  Dans ce cadre, le nombre de foyers bénéficiaires de transferts d’argent en espèces est passé de 632 327 en 2019 à 880 539 en 2021, ces mesures couvrant les 116 districts du pays. 

La Géorgie a détaillé le plan anticrise qu’elle a mis en œuvre pour protéger les plus vulnérables pendant la pandémie de COVID-19.  Elle a notamment fait état de compensations réservées aux familles socialement fragiles et aux familles nombreuses.  Un soutien financier a également été accordé aux personnes souffrant de handicaps profonds, y compris aux enfants.  De plus, les frais de scolarité des élèves et étudiants socialement vulnérables ont été payés par le Gouvernement pendant un semestre, a-t-elle indiqué, avant de dénoncer l’occupation illégale des régions d’Abkhazie et de Tskhinvali par la Fédération de Russie, qui constitue, selon elle, le principal obstacle pour la fourniture de services sociaux sur tout le territoire géorgien.  

Sri Lanka a constaté que la réalisation du Programme 2030 devient de plus en plus difficile, même pour les pays qui ont relativement bien géré la pandémie de COVID-19.  La délégation s’est inquiété des répercussions de l’effondrement du secteur touristique de Sri Lanka qui est particulièrement important pour le pays.  Elle a insisté sur l’importance d’assurer des moyens de subsistance durant la première étape de sortie de la pandémie et de veiller à l’équité vaccinale, précisant que 64% de la population est vaccinée.  Durant la pandémie, le Gouvernement a assuré la fourniture constante de services sociaux à la population, notamment une aide financière aux personnes vulnérables et des repas scolaires, a fait savoir la délégation qui a appelé à garantir la pérennisation de ces programmes dans le cadre d’une politique à long terme.  

Monaco a déclaré proposer de nombreuses mesures destinées à garantir la sécurité de revenu et le bien-être de sa population tout au long de la vie, y compris des allocations familiales, de maternité, de parent isolé, de scolarité, de cantine mais aussi des prestations de maladie, de retraite ou encore des allocations pour adultes handicapés.  La délégation a ajouté qu’au travers du Programme alimentaire mondial (PAM), la Principauté finance des programmes de cantines scolaires afin de contribuer à la scolarisation des enfants dans le monde. 

Deux délégués de la jeunesse de la Bulgarie ont pris la parole, tour à tour, pour souligner combien les jeunes ont particulièrement été affectés par la COVID-19, au niveau de l’éducation et de la santé mentale notamment, s’alarmant notamment de l’augmentation du taux de suicide parmi eux.  Ils ont appelé à des actions visant à réaliser le programme 2030.  Il faut également des politiques promouvant le bien-être des jeunes qui doivent être considérés comme des agents de changement, ont-ils plaidé.

La Grèce a souligné la nécessité d’avoir une politique et des stratégies de relèvement multidimensionnelles et d’adopter une direction politique au plus haut niveau pour appuyer la réalisation à temps des ODD.  Elle a appelé à financer et renforcer les systèmes sanitaires et pharmaceutiques afin de créer une capacité de production de vaccins régionale et locale.  La délégation a également insisté sur l’importance de renforcer les systèmes de protection sociale, pour faire face à des chocs inattendus comme la pandémie de COVID-19, et de se préparer aux urgences climatiques et d’autres catastrophes naturelles.

Le Népal a indiqué que les principaux secteurs de son économie, à savoir les envois de fonds, le tourisme et l’agriculture, ont été durement frappés par la pandémie.  Dans l’optique d’une reprise, il a précisé que la priorité est donnée aux efforts de vaccination, relevant à cet égard que plus de 72% de ses habitants ont reçu la première dose de vaccin et 56% la deuxième.  Déterminé à favoriser une croissance économique inclusive, le Gouvernement reste engagé à réduire la pauvreté à 5% d’ici à 2030 et à 0% d’ici à 2043, a-t-il affirmé, ajoutant qu’il s’emploie également à réaliser l’ODD « Faim zéro » d’ici à 2030 en garantissant l’alimentation et la nutrition pour tous.  En outre, le Gouvernement a étendu le réseau de la sécurité sociale aux groupes les plus défavorisés, notamment les femmes, les communautés autochtones, les dalits et les personnes handicapées, tout en introduisant un système de retraite contributif afin de renforcer la justice sociale.  

La Roumanie a insisté sur le besoin de résoudre la crise du travail sur le plan national et international.  Il faut donc assurer une certaine souplesse dans les politiques d’emploi, tout en veillant sur des filets de sécurité sociale efficaces.  Elle a insisté sur le rôle des États à cet égard, tout en rappelant que la société civile à son rôle à jouer dans la promotion de l’inclusion sociale.  En effet, l’inclusion et l’équité sont essentielles pour la reprise postpandémique.  

Deux délégués de la jeunesse roumaine ont ensuite plaidé pour plus de solidarité en faveur des jeunes qui peuvent apporter une contribution, si d’aventure ils prenaient part au processus de prise de décisions.

Oman a indiqué que durant la crise, le Gouvernement a garanti le fonctionnement normal des services de base comme l’éducation et la santé.  Dans le cadre de la Vision 2040 pour Oman, le Gouvernement a également fait de l’accès à la nourriture une de ses priorités et le pays est à présent classé vingt-sixième sur 160 pays au monde en matière de sécurité alimentaire.  Soulignant en outre l’importance de la technologie pour le relèvement, la délégation a plaidé pour que les pays les moins avancés aient accès aux technologies de l’information et des communications pour pouvoir faire des changements qualitatifs dans le domaine de la santé.  

Le Burkina Faso a fait état de plusieurs actions destinées à réduire la pauvreté et les inégalités sociales.  Il a notamment cité le programme d’urgence pour le Sahel et le programme d’appui au développement des économies locales, qui visent à assurer une sécurité économique aux populations bénéficiaires.  Par ailleurs, a-t-il dit, des programmes de filets de sécurité sociale sont mis en œuvre afin de réduire les effets de la pandémie sur les couches sociales défavorisées, avec entre autres mesures des transferts monétaires pour soutenir la résilience des ménages vulnérables.  Soucieux de lutter efficacement contre la faim, le pays s’emploie à renforcer la production agro-sylvo-pastorale ainsi que la sécurité alimentaire et nutritionnelle, a ajouté la délégation, évoquant un plan de soutien aux personnes vulnérables, qui représentent 12% de la population.  Outre l’assistance humanitaire immédiate, en particulier dans les provinces en situation de crise, ce plan prévoit une interdiction de l’exportation des denrées alimentaires et un appui aux activités génératrices de revenus et aux cultures de saison sèche.  

La République islamique d’Iran a mis en avant les réalisations de son sixième plan quinquennal de développement national, qui fournit une plateforme solide pour la planification, la mise en œuvre et le suivi des stratégies nationales de développement, notamment en ce qui concerne l’éradication de la pauvreté.  Malgré les effets de la pandémie et des « pressions externes », le Gouvernement a fourni des aides financières et de réhabilitation sociale et économique aux populations pauvres ou en situation de vulnérabilité ainsi que des mesures de soutien aux petites entreprises.  Dans le même temps, des programmes d’assistance ont été proposés aux quelque quatre millions de réfugiés afghans, légaux et illégaux, a précisé la délégation, avant d’appeler à la levée complète et immédiate de toutes les mesures coercitives unilatérales, y compris des sanctions, afin de permettre aux pays ciblés de réparer leurs économies tout en garantissant le bien-être de leurs populations au lendemain de la crise de la COVID-19.  

El Salvador a mentionné les 76 décisions gouvernementales prises par les autorités afin de lutter contre la COVID-19 et ses conséquences.  La délégation a notamment évoqué les paniers alimentaires ou les transferts de fonds aux familles les plus démunies.  De son côté, le secteur éducatif a lancé un nouveau programme basé sur l’apprentissage à distance, avec entre autres mesures les distributions d’ordinateurs portables et de tablettes.

Le Bélarus a indiqué que son gouvernement a adopté en 2017 une doctrine de la sécurité alimentaire nationale et qu’il se classe à présent en vingt-troisième position sur l’échelle de la sécurité alimentaire.  Soulignant l’importance d’une agriculture écologiquement propre, la délégation a informé que son pays exporte ses produits agricoles vers plus de 100 pays du monde.  Elle a dénoncé les sanctions unilatérales imposées par les pays occidentaux contre l’exportation d’engrais de Bélarus.  Ces sanctions sapent les efforts de relèvement et sont une forme de chantage économique, a accusé le Bélarus pour lequel le développement passe aussi par les transferts de technologie vers les pays en développement.

Les Maldives ont souligné qu’outre ses effets sur la santé et l’économie, la pandémie de COVID-19 a également eu un impact significatif sur la sécurité alimentaire du pays.  La dépendance aux sources externes d’alimentation et de nutrition adéquates fait que les Maldives et les autres petits États insulaires en développement (PEID) sont particulièrement vulnérables aux variations des prix des produits de base, aux interruptions de l’approvisionnement mondial en cultures et à l’augmentation des coûts d’importation et d’expédition, a fait valoir la délégation.  C’est pourquoi la diversification économique, en particulier le développement du secteur agricole, est une priorité des Maldives, qui investissent dans des systèmes alimentaires locaux résilients.  Bien que ces efforts n’en soient qu’à leurs débuts, elle s’est déclarée optimiste quant à la construction d’un système qui assure la sécurité alimentaire sur le long terme, tout en protégeant les moyens de subsistance des agriculteurs, dont bon nombre sont des femmes. 

Après avoir appelé à son tour à une distribution juste et équitable des vaccins contre la COVID-19, la Namibie a souligné les progrès significatifs accomplis au niveau national pour lutter contre la pauvreté et les inégalités de richesse.  Elle a indiqué à cet égard que son plan de progression sociale a été réalisé à 90%, avec 9 cibles sur 10 atteintes.  Elle a également fait état de programmes de secours contre la sécheresse et d’initiatives de banques alimentaires dans les zones périurbaines et rurales du pays qui sont les plus vulnérables à la famine, ajoutant que les aides au secteur agricole ont permis de garantir la subsistance de nombreux agriculteurs.  Enfin, dans le cadre de son deuxième plan de prospérité lancé en 2021, le Gouvernement namibien a mis en place un indice national de pauvreté multidimensionnelle destiné à orienter ses stratégies de réduction de la pauvreté. 

L’Italie a appelé à redoubler d’efforts pour éliminer la pauvreté au niveau mondial, appelant en outre à agir au niveau national afin de relancer les économies.  Pour sa part, grâce aux mesures gouvernementales, l’Italie a réduit le taux de pauvreté nationale et accorde une attention particulière à l’intégration des jeunes, des personnes handicapées et des autres groupes vulnérables, a indiqué la délégation.   

Deux délégués de la jeunesse italienne ont ensuite appelé à aider les jeunes à atteindre l’indépendance économique.  Un échec en ce sens peut créer de la défiance de la part des jeunes et augmenter les divisions sociales, ont-ils averti, plaidant pour la création de mécanismes facilitant l’inclusion des jeunes au marché du travail.  Il est tout aussi important de donner la possibilité aux jeunes de créer des familles.  De nombreux jeunes craignent l’incertitude, et les politiques sociales doivent leur redonner espoir, ont-ils constaté.  Relevant que les jeunes contribuent déjà au développement en produisant des idées innovantes, ils ont appelé à créer des cadres politiques permettant aux jeunes d’agir pour la réalisation des ODD.

L’Arabie saoudite a appelé à la coopération pour surmonter les divisions et répondre aux menaces sanitaires mondiales.  Elle a indiqué que son gouvernement a pris des mesures pour protéger la santé de ses citoyens et des visiteurs en consacrant 47 milliards de rials à la riposte à la COVID-19.  Des subventions économiques ont également été accordées et grâce à ces mesures, l’Arabie saoudite fait partie des 50 meilleures économies du monde, s’est félicitée la délégation.  Le Gouvernement a également débloqué 950 millions de dollars dont 300 millions pour des pays dans leur réponse à la pandémie.  Deux millions ont par ailleurs été investis pour aider la population de la bande de Gaza pour lutter contre la pandémie.  L’Arabie saoudite reste enfin l’un des plus grands bailleurs de fonds dans la lutte contre la pauvreté, l’atténuation des risques de catastrophes naturelles, l’aide à la sécurité alimentaire, à l’accès à l’eau et à la santé, a dit la délégation. 

La Chine a indiqué que sur le plan national, garantir la sécurité alimentaire et protéger les moyens de subsistance constituent des priorités dans l’optique d’un relèvement inclusif, estimant toutefois qu’au-delà de l’aide alimentaire, il convient d’apporter des solutions de fond aux problèmes de développement.  Pour cela, les pays développés devraient respecter leurs engagements en matière d’APD, ce qui permettrait de renforcer les infrastructures rurales des pays en développement, a-t-elle estimé.  Il importe également de garantir la protection des populations vulnérables, particulièrement affectées par la COVID-19, en facilitant leur participation et leur accès à des emplois décents.  De même, a poursuivi la délégation, il faut faire repartir à la hausse l’indice de développement humain et intensifier la coopération internationale sur la base du principe de responsabilité commune mais différenciée et en tenant compte du contexte de chaque pays.  Alors que la pauvreté gagne du terrain, il est également essentiel d’agir en faveur de l’élimination des inégalités, seule voie possible pour une reprise durable, et de combler le fossé vaccinal pour atteindre l’objectif d’immunisation de 70% de la population mondiale.  La Chine y a contribué en fournissant fourni 1,2 milliard de doses de vaccin, notamment en Afrique, a fait observer la délégation.

Pour la République populaire démocratique de Corée (RPDC), il revient à chaque pays de prendre les mesures qui conviennent à sa situation face à la COVID-19.  Dès le début de la pandémie, a fait savoir la délégation, la RPDC a donné la priorité à la prévention en s’appuyant sur ses propres technologies et ses avancées scientifiques.  Face aux changements climatiques qui ont affecté la production agricole, le pays s’est appuyé sur son développement technologique afin de maintenir sa production alimentaire.  Une stratégie de développement rural a été également mise en œuvre pour résoudre la crise alimentaire.

La République de Corée a indiqué que son gouvernement poursuit ses efforts pour mettre en place un système de sécurité sociale capable de fournir un appui aux personnes handicapées, aux jeunes, aux personnes âgées et aux femmes.  Afin de soutenir la pleine participation des personnes handicapées à la société, le Gouvernement coopère avec des groupes de la société civile pour garantir leur accès à une éducation de qualité, y compris dans le contexte de la pandémie durant laquelle les allocations pour la formation professionnelle ont été augmentées à titre temporaire.  La délégation a ensuite appelé à mieux intégrer les jeunes aux stratégies de relèvement, et à leur fournir un programme de formation professionnelle sur mesure.  De son côté, la République de Corée a élaboré le programme de formation « K-Digital », et a fait passer l’âge de vote de 19 à 18 ans.

L’Éthiopie a relevé que des sections de la société jadis autonomes sont devenues dépendantes de l’aide humanitaire du fait de la COVID-19.  Dans ce contexte, l’Afrique a besoin de 154 milliards de dollars pour faire face aux impacts de la pandémie, notamment dans un contexte où 50 millions de personnes font face à la famine du fait des changements climatiques dans la Corne de l’Afrique.  Les programmes de filets de sécurité sociale mis sur pied par le Gouvernement éthiopien ont été couronnés de succès, a indiqué la délégation qui a appelé la communauté internationale à soutenir davantage les solutions endogènes.

Alors que la pandémie a entraîné un recul de la croissance économique nationale qui est passé de 6,7% en 2019 à 2,9% en 2021, l’Ouganda a estimé à 25% le pourcentage de sa population vivant en dessous du seuil de pauvreté, soit une progression de 4% depuis 2020.  Afin d’y remédier, a-t-il précisé, le pays met actuellement en œuvre son troisième plan de développement national, qui vise en premier lieu à accroître la production et la productivité agricoles, tout en améliorant la manutention et le stockage postrécolte.  Le deuxième axe de ce plan concerne la lutte contre la malnutrition, qui affecte 30% de la population bien que le secteur agricole représente 25% du PIB national.  Un plan de sécurité alimentaire a d’ores et déjà permis de venir en aide à 1,4 million de personnes, principalement les familles de petits exploitants agricoles, des femmes enceintes et des enfants de moins de 2 ans dans les zones rurales.  Dans l’optique de solutions durables contre la faim et la malnutrition, la délégation a appelé à développer des partenariats pour permettre une utilisation équitable des financements agricoles, accroître la sécurité alimentaire et assurer une forte reprise post-COVID-19.  

Le Pérou a constaté que les pays en développement ont été disproportionnellement frappés par la pandémie de COVID-19 et a insisté sur l’importance de la vaccination universelle pour éviter notamment l’apparition de nouveaux variants.  La délégation a indiqué que le Gouvernement a pris une série de mesures pour réduire les conséquences économiques de la pandémie et augmenter l’accès aux vivres.  Des mesures ont été mises en œuvre pour atteindre l’objectif « faim zéro » sur tout le territoire, et le Gouvernement a aussi mené des programmes d’appui au développement de la petite enfance, des ménages ruraux, et des personnes handicapées.  L’accès aux soins de santé a été augmenté et a atteint plus huit millions de personnes ou 25% de la population.  De plus, quatre millions d’élèves ont reçu une aide sociale.  La délégation a ensuite mis en garde contre l’endettement des pays en développement et appelé à réfléchir à de nouveaux mécanismes de financement.

La Côte d’Ivoire a indiqué avoir mis sur pied un plan de riposte à la pandémie doté de mesures socioéconomiques.  Un programme social vise l’éradication de la pauvreté tandis qu’une autre initiative entend assurer le développement agricole.  Selon la délégation, reconstruire en mieux appelle à des mesures cohérentes et coordonnées de la part de la communauté internationale.

La Hongrie a déclaré que les efforts déployés pour surmonter la pandémie de COVID-19 et relancer l’économie ne doivent pas faire oublier les risques que représentent les changements climatiques et la migration.  Il convient également de créer une économie non seulement plus solide, mais aussi plus verte et plus durable, a plaidé la délégation, avant de céder la parole à un délégué de la jeunesse hongroise, qui a souligné l’importance, pour sa classe d’âge, de la durabilité et de l’économie circulaire.  Compte tenu des conséquences de l’action humaine sur l’environnement, les sociétés doivent promouvoir ce nouveau modèle économique qui vise à réduire les déchets et à protéger la nature, a-t-il plaidé, affirmant contribuer à cet objectif par le biais de projets éducatifs menés avec des acteurs locaux.  Dans ce cadre, s’est-il félicité, la création d’une plateforme de recyclage des déchets alimentaires a permis d’économiser 100 000 repas en 2021.

Le Guatemala a indiqué que la protection sociale est une priorité de son gouvernement.  Il a insisté sur l’importance de la distribution équitable des vaccins aux pays en développement.  De même, il faut assurer les soins de santé maternelle et infantile, et la sécurité alimentaire, en particulier dans les zones rurales et chez les peuples autochtones.  La délégation a informé que le Gouvernement compte mettre fin à la dénutrition chronique dans le pays en renforçant le secteur agricole et en promouvant un régime alimentaire sain.  Il veut aussi assurer la continuité de l’éducation, la distribution de repas scolaires et l’octroi de soins gratuits pour les jeunes écoliers.  Quelque 120 millions de quetzales ont été investis pour financer des bourses sociales bénéficiant à quelque 120 000 personnes, a fait savoir la délégation qui a ajouté que malgré les défis, le Guatemala est un pays économiquement stable, prêt à accueillir des investissements étrangers.  Elle a par ailleurs assuré que le recouvrement fiscal permettra de mener à bien la politique de développement du pays.

La Libye a déclaré que malgré la conjoncture difficile que connaît le pays, les autorités ont réussi à mettre en place un programme de vaccination contre la COVID-19.  Une stratégie intitulée « retour à la vie » prévoit des réformes pour garantir des emplois décents et l’élimination des inégalités.  La délégation a souligné que les migrations illégales affectent le développement du pays et a exhorté la communauté internationale à s’attaquer aux racines du phénomène et non à ses conséquences.  Elle a enfin appelé les pays détenant les fonds de l’ancien régime à les restituer afin que la Libye puisse les investir dans des projets de développement.    

Haïti a indiqué que les conséquences de la pandémie sur son économie ont été « dévastatrices », précisant que le pays a enregistré une baisse de 1,8% de son PIB après avoir obtenu une croissance négative de -3,3% en 2020 et -1,7% en 2019.  La délégation a également évoqué les « grands dommages » provoqués par le tremblement de terre qui a frappé le sud du pays le 14 août 2021, déplorant que Haïti manque gravement de mécanismes de préparation et d’adaptation adéquats face aux changements climatiques.  Affirmant que « le pays ne pourra pas s’en sortir seul », elle a appelé à un renforcement systématique de la coopération internationale pour aider Haïti à créer les conditions favorables pour son développement social.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Commission du développement social: les délégations présentent des mesures pour atténuer la faim et la pauvreté dans le contexte de la COVID-19

Soixantième session,
Réunion virtuelle – après-midi
SOC/4902

Commission du développement social: les délégations présentent des mesures pour atténuer la faim et la pauvreté dans le contexte de la COVID-19

La Commission du développement social a clos la première semaine de sa soixantième session cet après-midi en entendant les délégations faire le point sur les mesures prises à l’échelon national pour atténuer la faim et la pauvreté exacerbées par la pandémie de COVID-19 et convenir que l’éradication de la pauvreté ne pourra être atteinte sans s’attaquer aux menaces qui pèsent sur la sécurité alimentaire. 

La Pologne a ainsi expliqué s’être dotée d’un « bouclier de protection » qui a permis d’accorder des soutiens d’une valeur de 78 milliards de dollars et d’éviter une forte augmentation du chômage. 

Avant l’Union européenne (UE) qui s’est engagée à tout faire pour que la reprise post-COVID-19 soit équitable pour les agriculteurs, le Luxembourg, notant que nombre d’entreprises rurales sont informelles, a souligné que les services financiers ont un rôle important à jouer, l’accès à des crédits responsables permettant à ces entreprises de redémarrer leur activité. 

À son tour, la Bolivie a plaidé pour le renforcement des petits agriculteurs autochtones, afin d’appuyer la production de nourriture en harmonie avec la Terre nourricière, suggérant par ailleurs de relancer les « politiques ancestrales », les estimant plus efficaces pour réduire la pauvreté et atteindre l’objectif de « faim zéro ».   De son côté, Israël a vanté les mérites de ses entreprises agrotechnologiques qui fournissent actuellement à un demi-million d’agricultrices rurales en Afrique des informations sur l’irrigation alimentées par l’intelligence artificielle. 

Le thème de cette session est « Assurer un relèvement inclusif et résilient après la COVID-19 pour garantir à chaque personne des moyens de subsistance, le bien-être et la dignité: éliminer la pauvreté et la faim sous toutes leurs formes et dans toutes leurs dimensions aux fins de la réalisation du Programme 2030 ». 

La Commission du développement social poursuivra ses travaux lundi, 14 février, à partir de 10 heures.  

SUITE DONNÉE AU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET À LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE - E/CN.5/2022/2

Thème prioritaire: Assurer un relèvement inclusif et résilient après la COVID-19 pour garantir à chaque personne des moyens de subsistance, le bien-être et la dignité: éliminer la pauvreté et la faim sous toutes leurs formes et dans toutes leurs dimensions aux fins de la réalisation du Programme 2030 - E/CN.5/2022/3

Examen des plans et programmes d’action pertinents des organismes des Nations Unies concernant la situation de certains groupes sociaux

Discussion générale

Face aux difficultés engendrées par la pandémie de COVID-19, M. PABLO ANSELMO TETTAMANTI, Secrétaire aux affaires étrangères de l’Argentine, a appelé à repenser le système financier international, les politiques publiques et créer un monde plus égalitaire.  Le système multilatéral doit avoir une « vision genre », a plaidé M. Tettamanti qui a indiqué que son gouvernement a adopté pour la première fois un budget sensible au genre.  Le Gouvernement a aussi mis en œuvre une politique de l’emploi pour les jeunes, un programme pour soutenir les revenus des ménages nécessiteux et des bons alimentaires.  M. Tettamanti a aussi insisté sur l’importance de l’inclusion du handicap, de connecter à Internet les écoles dans les zones isolées et rurale, et de mettre en œuvre du Plan d’action international de Madrid sur le vieillissement.  Il a par ailleurs souligné que les migrants ont droit à l’aide au logement, à la nourriture et aux vaccins. 

M. FRANCISCO ANDRÉ, Secrétaire d’État aux affaires étrangères et à la coopération du Portugal, a indiqué la Stratégie nationale de lutte contre la pauvreté 2021-2030 de son pays vise à sortir 660 000 personnes de la pauvreté et réduire de moitié le taux de pauvreté chez les enfants.  « Nous nous engageons fermement à garantir à chaque enfant un accès gratuit aux soins de la petite enfance, à l’éducation, aux activités scolaires, et à au moins un repas sain chaque jour d’école, a-t-il précisé.  En outre, il a expliqué que le Sommet social de Porto, « point culminant de la présidence portugaise du Conseil de l’Union européenne », a permis la signature du premier accord européen entre gouvernements, employeurs et travailleurs sur la mise en œuvre du socle européen des droits sociaux.  Il a expliqué que conformément au compromis de Porto, l’Europe devrait atteindre un taux d’emploi d’au moins 78% d’ici à 2030 et permettre à 60% des adultes européens de suivre des formations annuelles. 

Le Mexique a déploré la persistance des inégalités qui entravent la réalisation du Programme 2030, et exhorté la communauté internationale à multiplier les approches novatrices en vue de mettre en œuvre ledit Programme.  La délégation a détaillé les programmes sociaux mis en place au Mexique au bénéfice des personnes de plus de 65 ans et des personnes en situation de handicap.  Elle a insisté sur l’importance des transferts de liquidités pour aider les personnes concernées à sortir de la pauvreté.  Enfin, elle a dit partager la vision de l’ONU en ce qui concerne l’eau et l’agriculture et la promotion de modes de consommation durable. 

M. FREDDY MAMANI, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Bolivie, a appelé à renforcer le rôle des petits agriculteurs autochtones afin d’appuyer la production de nourriture en harmonie avec la Terre nourricière.  Se félicitant du retour de la démocratie dans son pays en 2020, il a indiqué que le nouveau Gouvernement veille à la distribution de vaccins contre la COVID-19 et fournit une aide aux populations.  S’agissant du relèvement post-COVID-19, M. Mamani a suggéré de relancer les « politiques ancestrales », les estimant plus efficaces pour réduire la pauvreté et atteindre l’objectif de « faim zéro ».  Concernant l’éducation, le responsable a annoncé la mise en place de l’Institut sur les langues autochtones dont l’objectif est d’élaborer des politiques culturelles et linguistiques pour les peuples autochtones. 

Pour surmonter la crise actuelle, le Japon a souligné l’importance de la couverture sanitaire universelle et de l’accès équitable aux vaccins contre la COVID-19.  Il a rappelé à cet égard qu’il a coorganisé en juin dernier le Sommet COVAX, qui a permis la levée de 9,6 milliards de dollars en faveur du Mécanisme.  En plus de sa contribution financière, le Japon a fourni plus de 40 millions de doses et des équipements de maintien de la chaîne de froid.  Notant que la crise de la sécurité humaine liée à la COVID-19 a également rendu la lutte contre la pauvreté et la faim plus urgente, il a indiqué que l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA) s’emploie à garantir un financement du développement qui soit propice à une croissance durable.  Enfin, convaincu que l’éradication de la pauvreté ne pourra être atteinte sans s’attaquer aux menaces qui pèsent sur la sécurité alimentaire, le Japon a accueilli à Tokyo, en décembre dernier, le Sommet sur la nutrition pour la croissance, qui s’est traduit par des engagements financiers de 27 milliards de dollars. 

La Fédération de Russie a déclaré que son gouvernement soutient avec constance la préservation de moyens de subsistance stables et l’amélioration du bien-être de ses citoyens et de leur dignité.  Pour atténuer les conséquences économiques négatives de la pandémie, a poursuivi la délégation, nous avons déployé un éventail de mesures, notamment de soutien financier et de régulation des marchés alimentaires, et approuvé une nouvelle doctrine visant à renforcer l’indépendance alimentaire de la Russie et protéger aussi bien les consommateurs que les producteurs nationaux.  Des mesures ont également été prises pour développer les infrastructures et améliorer le niveau d’activité dans les zones rurales du pays. 

Israël a indiqué que son agence de coopération internationale pour le développement, Mashav, forme des spécialistes du monde entier aux techniques de l’agriculture durable afin qu’ils transmettent ces méthodes aux agriculteurs de leur pays d’origine.  La délégation israélienne a ajouté que les efforts de la « Start-up Nation » en la matière reposent aussi sur la créativité et le savoir-faire de ses entreprises agrotechnologiques, telles que SupPlant, qui fournissent actuellement à un demi-million d’agricultrices rurales en Afrique des informations sur l’irrigation alimentée par l’intelligence artificielle. 

Le Luxembourg a déclaré que l’éradication de la pauvreté extrême et la promotion de la durabilité économique, sociale et environnementale sont au cœur de sa politique nationale de coopération au développement.  Alors que les populations rurales ne bénéficient souvent pas de filets de sécurité sociale et que nombre d’entreprises rurales sont informelles, les services financiers ont un rôle important à jouer, a-t-il souligné, relevant que l’accès à des crédits responsables permet à ces entreprises de redémarrer leur activité et que l’assurance et l’épargne augmentent la résilience des citoyens ruraux.  La délégation a indiqué à cet égard que le Luxembourg soutient le développement de la microfinance et de la finance inclusive comme des outils capables d’éradiquer la pauvreté.  Elle a ensuite cédé la parole à une déléguée de la jeunesse, qui a signalé que, même au Luxembourg, 23,6% des enfants et des adolescents sont à risque de tomber dans la pauvreté, avant d’appeler à des solutions structurelles plutôt que des réponses à court terme.

Par la voix de la France, l’Union européenne (UE) a déclaré que contenir la COVID-19 requiert la collaboration des gouvernements, du secteur privé et des citoyens, jugeant également crucial de renforcer le multilatéralisme pour s’attaquer aux causes des inégalités et mettre en place des systèmes résilients. Elle a indiqué que l’UE s’est engagée à sortir de l’exclusion 15 millions d’individus, dont cinq millions d’enfants. La gratuité des services pour l’enfance et la fourniture de repas scolaires guide l’action des États membres de l’Union, qui entend réduire les effets de la crise pour ses citoyens les plus vulnérables. L’UE s’engage par ailleurs à tout faire pour que la reprise post-COVID-19 soit équitable pour les agriculteurs et accorde aussi une attention particulière aux jeunes, en favorisant les possibilités d’emploi, d’apprentissage et d’éducation. Elle s’emploie également à promouvoir l’égalité des chances pour tous, notamment par le biais du travail égal à salaire égal entre les sexes, et à respecter les droits des séniors et des personnes handicapées dans toutes ses politiques, estimant que leur participation effective est essentielle pour une reprise inclusive. 

La Slovénie a détaillé la réponse coordonnée et efficace qu’elle a apportée à la pandémie, avec notamment une aide aux personnes âgées ou en situation de handicap.  En 2021, une loi a été adoptée afin de permettre aux personnes âgées dépendantes de pouvoir rester chez elles avec l’aide nécessaire.  La déléguée de la jeunesse a ensuite pris la parole pour rappeler l’augmentation du taux de pauvreté chez les jeunes en raison de la pandémie.  Le logement doit être au cœur des stratégies d’aide, a-t-elle estimé, en indiquant que le marché du logement est inaccessible pour les jeunes.  Enfin, elle a appelé à lutter énergiquement contre les disparités sociales. 

L’Afrique du Sud a jugé nécessaire de renforcer les systèmes alimentaires et de créer des systèmes de gestion des risques intégrés dans le cadre des efforts de redressement.  Elle a toutefois relevé que les politiques nationales ne seront pas suffisantes si elles ne sont pas complétées par des dispositifs de protection sociale exhaustive.  C’est pourquoi, a-t-elle indiqué, le Gouvernement sud-africain a lancé un plan de développement socioéconomique qui définit des objectifs pour toutes les strates de la société.  Dans ce cadre, il recourt à des instruments de protection sociale tels que l’octroi de bourses, l’éducation gratuite, la restauration scolaire, l’accès à l’eau propre et à l’électricité et la fourniture de logements.  Le but est d’aider les populations les plus fragiles à s’extraire de la pauvreté tout en réduisant la charge des services sociaux, qui représentent 60% de la dépense publique.  Au total, a-t-elle précisé, le programme national de protection social vient en aide à plus de 18 millions de citoyens, dont 11,3 millions d’enfants. 

Fidji a déclaré que, si nous continuons de faire preuve de complaisance face à notre « nouvelle normalité », nous mettrons en péril les vies de deux milliards de personnes d’ici à 2050.  Aussi, a-t-il plaidé pour une réforme du financement du développement, mais aussi pour un renforcement des capacités des femmes et des filles qui sont des agents de changement au sein de leurs foyers et leurs communautés. 

La Pologne a expliqué s’être dotée d’un « bouclier de protection » pour faire face à la crise sanitaire, lequel favorise notamment le versement de subventions salariales et l’appui aux micro-entreprises et petites entreprises.  Il autorise aussi un large recours au travail en ligne et accorde des allocations aux parents contraints de fournir des soins suite à la fermeture des établissements de soins et des écoles.  La valeur des soutiens accordés à ce jour s’élève à 78 milliards de dollars, soit près de la moitié du budget annuel de la Pologne, a précisé la délégation.  Ce « bouclier social » a en outre permis d’éviter une forte augmentation du chômage, a-t-elle ajouté, précisant qu’au troisième trimestre 2021, la Pologne avait un taux de chômage de 3,2%, l’un des plus faibles parmi les pays de l’Union européenne et de l’OCDE.  

Le Chili a déclaré que mettre fin à la pauvreté et à la faim est d’abord une question de volonté politique.  Il a également souligné que lutter contre la pauvreté sous toutes ses formes implique de réduire les inégalités et d’inclure dans les plans de relance les groupes vulnérables, tels que les LGBTI, les femmes et les personnes âgées.  Être pauvre ne signifie pas seulement avoir un faible revenu, a fait valoir la délégation.  Cela signifie aussi ne pas pouvoir vivre avec des normes acceptables.  Elle a ajouté que, dans la perspective d’une reprise inclusive et résiliente, le Chili considère l’agriculture comme une infrastructure essentielle et s’engage à promouvoir des dispositifs innovants et durables de production alimentaire impliquant les peuples autochtones, les jeunes et les femmes.  Pour parvenir à une « meilleure réalité » d’ici à 2025, a-t-elle conclu, il importe de renforcer les milieux agroalimentaires et de mettre les ressources à disposition dans le cadre d’un système intégré. 

Le Bangladesh a déclaré que, dans le souci de lutter contre l’insécurité alimentaire dans son pays, des actions avaient été lancées pour distribuer du riz et d’autres aliments de base aux populations les plus pauvres et accorder des prêts sans intérêt aux agriculteurs désireux de financer leurs projets. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Commission du développement social: appels pressants à des investissements dans l’agriculture durable et les emplois ruraux pour une reprise résiliente 

Soixantième session,
Réunions virtuelles - matin & après-midi
SOC/4901

Commission du développement social: appels pressants à des investissements dans l’agriculture durable et les emplois ruraux pour une reprise résiliente 

  Au quatrième jour de sa session 2022, la Commission du développement social a poursuivi, aujourd’hui, sa réflexion sur les moyens de faire reculer la faim et la pauvreté dans le cadre d’une reprise post-COVID-19 inclusive et résiliente en entendant les participants à un forum multipartite centré sur ce thème prioritaire plaider en faveur d’investissements dans l’agriculture durable et la création d’emplois décents, tout particulièrement dans les zones rurales. 

Convaincue que le plein emploi est une garantie d’inclusion et de sécurité commune, la Secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale (CSI) a estimé que 575 millions de nouveaux emplois doivent être créés d’ici à 2030.  Selon Mme Sharan Burrow, investir dans des emplois respectueux du climat et élaborer des plans de transition qui prévoient des emplois dans les infrastructures, le transport, l’économie des soins et le passage de l’industrie lourde à des politiques énergétiques et industrielles qui servent les communautés pourrait générer jusqu’à 300 millions d’emplois. 

De même, la création d’emplois dans l’agriculture durable est un bon moyen de renforcer les systèmes agroalimentaires et d’atténuer la faim, a-t-elle assuré, indiquant que 200 millions d’emplois pourraient être créés d’ici à 2050 grâce à la transition vers des pratiques agricoles vertes et plus durables. 

Promouvoir un relèvement résilient suppose de faciliter la création d’emplois dans les zones rurales et semi-urbaines, qui restent très souvent sous-développées, a renchéri la Présidente de la Red Dot Foundation Global.  Pour aider les femmes de ces zones à réaliser leurs aspirations et celles de leurs familles et communautés, Mme Elsa Marie D’Silva a dit voir dans le mentorat un moyen efficace de combler le fossé des connaissances, renforcer la confiance et créer un écosystème de soutien.  

Dénonçant pour sa part un système de production alimentaire facteur de pauvreté, de faim, de malnutrition et de perte de biodiversité, la Secrétaire générale de l’Association des agriculteurs d’Asie pour un développement rural durable a appelé les États Membres à soutenir activement la mise en œuvre de la Décennie des Nations Unies pour l’agriculture familiale 2019-2028.

Mme Esther Pecunia a également jugé crucial d’adopter des approches « agroécologiques », soulignant leur capacité à produire simultanément des revenus plus élevés et un travail décent, des régimes alimentaires plus diversifiés, un environnement plus sain et des systèmes alimentaires plus résilients.  Elle a par ailleurs appelé à financer directement les organisations paysannes afin de les soutenir dans la culture de plantes résilientes au climat, l’irrigation et le stockage et la conservation durable des nourritures.    

Pessimiste quant à l’idée d’une « récupération juste », le Président de l’Alliance coopérative internationale (ACI) a, lui, constaté que le monde est aujourd’hui confronté à une « deuxième pandémie », celle de la pauvreté et de la faim, qui a été aggravée par celle de COVID-19.  Dans ce contexte alarmant, où plus de 64 millions de personnes supplémentaires seront poussées dans la pauvreté cette année, les coopératives ont fourni un effort considérable pour protéger la production alimentaire des petits agriculteurs et maintenir la chaîne d’approvisionnement, a fait valoir M. Ariel Guarco, selon lequel les économies d’échelle ont permis de réduire le nombre d’intermédiaires et donc de maîtriser l’inflation.  « Si les défis sont mondiaux, les solutions doivent être locales », a-t-il souligné.

Avant l’ouverture du dialogue avec les délégations, le fondateur de Red Solidaria a mis l’accent sur la nécessité de prendre en compte les personnes vulnérables dans les politiques de relèvement.  « Le monde postpandémie devra s’occuper des exclus », a soutenu M. Juan Carr, avant d’enjoindre la communauté internationale à maintenir ses efforts sociaux pour venir en aide aux plus pauvres et aux plus marginalisés.  « Cet objectif est atteignable », a-t-il insisté.  

En introduction de ce forum, la Ministre des affaires sociales et de la santé de la Finlande a relevé que, « derrière la malnutrition, se cachent la pauvreté, les conflits, les changements climatiques et la dégradation de la biodiversité ».  En 2015, a rappelé Mme Hanna Sarkkinen, le Sommet des Nations Unies sur le développement durable a permis de forger un consensus entre différents acteurs de la chaîne alimentaire.  Il a aussi contribué à orienter les consommateurs vers la pérennisation de régimes alimentaires viables d’ici à 2030, à commencer par la restauration en milieu scolaire, qui est l’un des premiers filets de sécurité sociale dans le monde, a-t-elle ajouté, en invitant les différentes parties prenantes à en tenir compte dans l’optique d’une reprise résiliente.  

La Commission du développement social a repris sa discussion générale dans l’après-midi.  Elle poursuivra ses travaux demain, vendredi 11 février, à partir de 15 heures.

SUITE DONNÉE AU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET À LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE - E/CN.5/2022/2

Thème prioritaire: Assurer un relèvement inclusif et résilient après la COVID-19 pour garantir à chaque personne des moyens de subsistance, le bien-être et la dignité: éliminer la pauvreté et la faim sous toutes leurs formes et dans toutes leurs dimensions aux fins de la réalisation du Programme 2030 - E/CN.5/2022/3

Examen des plans et programmes d’action pertinents des organismes des Nations Unies concernant la situation de certains groupes sociaux

Intervention liminaire

Mme HANNA SARKKINEN, Ministre des affaires sociales et de la santé de la Finlande, a appelé à mobiliser la volonté et les ressources nécessaires pour lutter contre la malnutrition sous toutes ses formes et a souligné la nécessité de s’attaquer aux moteurs de la faim, rappelant que derrière ce phénomène se cachent la pauvreté, les conflits, les changements climatiques et la dégradation de la biodiversité. 

Soulignant l’importance de fournir des repas scolaires sains et gratuits, elle a indiqué que son pays avait intensifié son soutien pour aider les pays à ramener leurs programmes des repas scolaires aux niveaux d’avant la pandémie et à les étendre.  Le Sommet mondial de l’ONU de 2015, a-t-elle rappelé, a permis de forger un consensus entre différents acteurs de la chaîne alimentaire et d’orienter les consommateurs vers la pérennisation de régimes alimentaires viables d’ici à 2030, à commencer par la restauration en milieu scolaire, qui, a-t-elle ajouté, est le filet de sécurité sociale le plus répandu au monde.  Mme Sarkkinen a ensuite fait savoir que la Finlande et la France travaillent en étroite collaboration avec d’autres États Membres, le Programme alimentaire mondial (PAM) et d’autres partenaires pour créer une coalition mondiale des repas scolaires afin de garantir que chaque enfant reçoive un repas scolaire nutritif et sain d’ici à 2030.  Elle a également souligné l’importance d’investir dans le renforcement de la protection sociale et de l’accès aux services et à l’éducation pour tous, tout en soutenant l’emploi, le travail décent et des conditions de travail équitables. 

La Ministre a également souligné l’importance de concrétiser pleinement les droits des femmes et des jeunes filles en évitant les entraves systémiques qui les empêchent de parvenir à un équilibre entre leur vie de famille et leur vie professionnelle, plaidant en outre pour le renforcement des services et des droits sexuels et reproductifs.  « La lutte contre la pauvreté et la faim et la sécurité alimentaire n’aboutiront pas sans la justice sociale et l’égalité des sexes », a-t-elle déclaré.

Panélistes

Mme SHARAN BURROW, Secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale (CSI), a souligné que l’augmentation de la pauvreté et de la faim est directement liée à la perte massive d’emplois et de revenus provoquée par la pandémie de COVID-19.  Pour les femmes, a-t-elle relevé, la perte de revenu a atteint quelque 800 milliards de dollars.  En conséquence, l’informalité, qui représente 60% de la main-d’œuvre mondiale, a augmenté dans tous les pays, de même que la violence sexiste.  Dans ces conditions, Mme Burrow a estimé que le monde a besoin d’un nouveau contrat social basé sur les ODD, en particulier l’ODD 8 qui est, selon elle, la clef de la sécurité sociale et économique.  Avec ses cibles sur l’emploi, la protection sociale des travailleurs, le travail décent, la croissance inclusive et la préservation de l’environnement, l’ODD 8 offre un effet de levier important pour d’autres objectifs, a-t-elle affirmé, notant que les niveaux d’emploi, de salaires et de protection sociale sont essentiels dans la lutte contre la pauvreté, la faim et les inégalités. 

Convaincue que le plein emploi est une garantie d’inclusion et de sécurité commune, la Secrétaire générale de la CSI a souhaité que 575 millions de nouveaux emplois soient créés d’ici à 2030.  D’après elle, il faut pour cela investir dans des emplois respectueux du climat et élaborer des plans de transition qui prévoient des emplois dans les infrastructures, le transport, l’économie des soins et le passage de l’industrie lourde à des politiques énergétiques et industrielles qui servent les communautés.  La combinaison peut générer jusqu’à 300 millions d’emplois, a assuré Mme Burrow.  De même, la création d’emplois dans l’agriculture durable peut renforcer les systèmes agroalimentaires et atténuer la faim, a-t-elle poursuivi, indiquant que, selon la FAO, 200 millions d’emplois pourraient être créés d’ici à 2050 grâce à la transition vers des pratiques agricoles vertes et plus durables.  Dans ce cadre, il est essentiel que la reprise permette la création d’emplois décents, ce qui implique que les gouvernements se conforment aux droits humains et au droit du travail, tout en faisant respecter la responsabilité des entreprises.  Il importe également, selon elle, que les gouvernements accordent la priorité aux systèmes de protection sociale universelle, conformément aux normes de l’OIT.  En outre, a-t-elle ajouté, il convient de réfléchir à la création d’un fonds mondial de protection sociale pour aider les pays plus pauvres à construire des systèmes durables réalisant de réels progrès sur les ODD 1 et 2. 

Pour concrétiser ces priorités, les sources de financement sont disponibles, a assuré Mme Burrow.  Mais nous avons besoin de plus de coopération pour faire reculer l’austérité, a-t-elle expliqué, saluant à cet égard les recommandations du rapport du Secrétaire général sur la lutte contre l’évasion et la fraude fiscales, l’intensification de la coopération fiscale internationale, les engagements en matière d’APD, la réattribution des droits de tirage spéciaux et le renforcement de l’allègement de la dette.  De plus, la prospérité économique doit permettre d’offrir un salaire minimum vital aux travailleurs et d’éliminer l’écart de rémunération entre les sexes.  Enfin, la Secrétaire générale de la CSI a plaidé pour une reprise solidaire qui ouvre la voie à un partage de la prospérité.  Soulignant l’importance du dialogue social pour parvenir à des réponses inclusives et efficaces, elle a rappelé que, depuis le début de la pandémie, les syndicats collaborent avec les organisations d’employeurs et les gouvernements pour amortir les effets de la crise sur la vie, les emplois et les revenus des personnes.  Il est urgent, à présent, que les « échecs multilatéraux », notamment le nationalisme vaccinal, soient résolus, a-t-elle conclu. 

Mme ESTHER PENUNIA, Secrétaire générale de l’Association des agriculteurs d’Asie pour le développement rural durable, a indiqué que les exploitants familiaux représentent 90% des agriculteurs et produisent 80% de la nourriture dans le monde, précisant en outre que les petites familles agricoles représentent 84% des exploitants familiaux.  Elle a dénoncé le système de production alimentaire actuel qui, dominé par les capitalistes et les grandes entreprises, a engendré la pauvreté, la faim, la malnutrition, la perte de biodiversité et la dégradation de l’écosystème.  Afin de favoriser des systèmes alimentaires durables, elle a appelé à appuyer la mise en œuvre de la Décennie des Nations Unies pour l’agriculture familiale (2019-2028) qui fournit un cadre pour aider les pays à développer des politiques publiques et mobiliser des investissements fondés sur les droits afin de soutenir l’agriculture familiale dans une perspective holistique.  La Décennie tire parti du potentiel unique des agriculteurs familiaux pour promouvoir des changements transformateurs dans les systèmes alimentaires afin d’atteindre les ODD, notamment en identifiant des liens, en priorisant l’action et en habilitant des millions d’agriculteurs familiaux, a-t-elle indiqué.  

Mme Penunia a également recommandé d’intégrer des approches plus agroécologiques, qui, a-t-elle affirmé, peuvent simultanément assurer des revenus plus élevés et un travail décent, des régimes alimentaires plus sains et plus diversifiés, un environnement plus sain, une augmentation du puits de carbone.  Elles favorisent également des systèmes alimentaires plus résilients et durables dans lesquels producteurs et consommateurs sont responsabilisés et mieux connectés les uns aux autres.  La Secrétaire générale a ensuite plaidé pour un financement direct des organisations paysannes et leur inclusion dans les structures de gouvernance et de mise en œuvre des institutions de financement.  S’appuyant sur les chiffres du rapport CERES 2030, elle a appelé à investir entre 14 et 19 milliards de dollars par an dans les associations d’agriculteurs, pour permettre aux petits exploitants de travailler ensemble, offrir une formation aux jeunes, et promouvoir la culture de plantes résilientes au climat, l’irrigation ainsi que le stockage et la transformation durable des récoltes.

M. ARIEL GUARCO, Président de l’Alliance coopérative internationale (ACI), a décrété que le monde est confronté à une deuxième pandémie, celle de la pauvreté et de la faim, qui a été aggravée par celle de la COVID-19.  Plus de 64 millions de personnes de plus seront poussées dans la pauvreté cette année, selon les estimations de l’ONU, a fait observer l’intervenant, en anticipant que l’idée d’une récupération juste, où personne ne serait laissée pour compte, paraît de plus en plus lointaine.  Dans ce contexte, a-t-il indiqué, les coopératives ont fourni un effort considérable ces dernières années pour protéger la production alimentaire des petits agriculteurs et maintenir la chaîne d’approvisionnement grâce à des économies d’échelle qui ont permis de réduire le nombre d’intermédiaires, et donc de maîtriser l’inflation jusqu’à un certain point.  M. Guarco a également souligné le travail accompli par l’Alliance avec la FAO pour mettre en valeur la contribution des coopératives dans la lutte contre la faim.

Mme ELSA MARIE D’SILVA, Présidente de Red Dot Foundation Global, a indiqué que sa structure travaille sur les questions d’égalité des sexes, de sécurité et de justice.  Par le biais de sa plateforme technologique Safecity, la fondation s’emploie à combler le manque de données dans les signalements de violence sexuelle et sexiste.  En outre, elle fournit aux communautés et aux institutions des informations pour mettre fin à la violence contre les femmes et les filles.  Notant à cet égard que la pandémie de COVID-19 a eu un effet différencié sur les hommes, les femmes « et les autres genres », elle a souligné l’impact disproportionné subi par les femmes, du fait de l’augmentation de la violence domestique, de l’intimidation et du harcèlement en ligne, mais aussi des pertes d’emploi et de la part accrue du travail de soins.  

Dans l’optique d’une reprise inclusive et résiliente, Mme D’Silva a évoqué certains enseignements tirés des programmes de sa fondation en Inde.  Elle a tout d’abord estimé que, pour lutter efficacement contre la violence à l’égard des femmes, des investissements sont nécessaires pour éduquer sur les droits, les préjugés inconscients et l’importance des témoignages.  Il importe aussi de créer des foyers d’accueil et des centres d’intervention en cas de crise, a-t-elle préconisé, avant d’en appeler à des investissements supplémentaires en matière de lignes d’assistance téléphonique, de centres de conseil, et de cercles d’écoute et d’éducation sur la santé mentale dans les écoles et les collèges. 

Pour Mme D’Silva, il est également essentiel de faciliter la création d’emplois dans les zones rurales et semi-urbaines, qui restent souvent sous-développées.  Pour aider les femmes de ces zones à réaliser leurs aspirations et celles de leurs familles et communautés, le mentorat est un moyen efficace de combler le fossé des connaissances, de renforcer la confiance et de créer un écosystème de soutien, a-t-elle assuré.  Enfin, elle a souhaité que les jeunes puissent bénéficier d’une plateforme pour participer activement au développement social.  Ce faisant, « nous encourageons la citoyenneté active, le leadership responsable et la sensibilité interculturelle ». 

M. JUAN CARR, entrepreneur social et fondateur de Red Solidaria, a exhorté à prendre en compte les personnes vulnérables dans les politiques de relèvement post-COVID-19.  Le monde postpandémie devra s’occuper des exclus, a insisté le panéliste qui a demandé à réfléchir sur la façon dont le monde s’occupera des personnes marginalisées.  Les pays ont réussi à transcender leurs différences pour établir un réseau mondial de riposte contre la COVID-19, et il importe à présent de déterminer par quel moyen maintenir ce réseau pour aider les plus pauvres et les plus marginalisés.  Cet objectif est atteignable, a assuré M. Carr déplorant toutefois le peu de réunions consacrées aux plus exclus.  Il doit cependant bien y avoir une façon de venir en aide aux plus pauvres, de réunir les forces, de renforcer les connexions, et de renforcer ce réseau mondial pour aider les plus marginalisés, a estimé le panéliste.

Dialogue interactif

Suite à l’intervention des panélistes, le représentant de la Chine a souligné que, dans son pays, les infrastructures et les portefeuilles numériques ont permis l’acheminement dans les grandes villes de produits issus des campagnes, et donc de rapprocher agriculteurs et consommateurs.  Il s’est ensuite intéressé aux mécanismes capables d’exploiter le potentiel des régions les moins développées. 

Quelles mesures pourraient être prises pour mettre en œuvre des approches éthiques sur le plan professionnel, a souhaité savoir l’ONG Notre-Dame de Charité du Bon Pasteur qui s’est aussi intéressée aux partenariats avec les communautés locales et leur impact sur les salaires et les systèmes de protection sociale décents.  Existe-t-il des exemples de politiques sociales particulièrement inclusives pour remédier à la faim et à la pauvreté, s’est enquis le Portugal

La Secrétaire générale de la CSI a regretté qu’il n’y ait pas encore assez de chefs d’entreprises qui s’engagent en faveur d’une protection sociale et de salaires décents, ainsi que du respect des droits de la personne.  Aussi est-il nécessaire de mettre davantage en valeur les compagnies qui ont eu ce courage, ou qui ont accepté de changer de modèle économique. 

À la représentante de l’Argentine, qui avait souhaité savoir s’il existait des exemples de partenariats pour appuyer la lutte contre la pauvreté, la Secrétaire générale de l’Association des agriculteurs d’Asie pour un développement rural durable a cité les Philippines, où une réforme agraire a été adoptée en 1988, « deux ans après le renversement du dictateur ».  Avant cette loi, de nombreux exploitants n’étaient pas les propriétaires des terres qu’ils cultivaient, 70% des revenus revenant aux propriétaires.  Aujourd’hui, une formation juridique est dispensée aux agriculteurs pour leur donner la possibilité d’avoir accès aux terres, doublant leurs revenus, a précisé Mme Penunia.   

Pour ce qui est de la solidarité internationale nécessaire pour mettre en place des mesures concrètes dans le contexte de la pandémie, la Présidente de Red Dot Foundation Global a appelé à améliorer l’inclusion des travailleurs ruraux, citant l’exemple de l’Inde où le Gouvernement a lancé un mode de paiement numérique pour les personnes nécessiteuses et mis en œuvre un programme d’aide pour les travailleurs migrants et de distribution de médicaments.  Des mesures d’atténuation des catastrophes ont aussi été entreprises dans le cadre d’une coalition « public-privé ». 

« Si les défis sont mondiaux, les solutions doivent être locales », a souligné le Président de l’ACI, notant que chaque communauté doit trouver les solutions qui lui conviennent.  Il a plaidé pour un modèle de développement plus démocratique dans lequel le système financier serait au service du développement local et financerait des projets locaux.  Il faut également raccourcir la chaîne d’approvisionnement et la rendre plus éthique, car vendre 10 fois plus cher le produit d’un agriculteur local n’est pas viable pour cet agriculteur, a-t-il indiqué, mettant en avant le rôle des coopératives et des centres d’achats qui collaborent avec des producteurs familiaux en Argentine.  

Appelant à faire preuve d’empathie envers les personnes exclues, le fondateur de Red Solidaria a plaidé pour la création d’un réseau mondial de solidarité qui inclut les gouvernements, utilise les technologies de l’information et des communications (TIC), et serve de porte-voix pour les personnes privées de moyens de communication.  Il faut faire émerger des solutions concrètes, aller à la rencontre de l’autre, a-t-il insisté avant d’appeler de nouveau à la création d’un réseau pour venir en aide aux personnes en difficulté, aux chômeurs et aux marginaux.

Discussion générale

Au nom des petits États insulaires en développement du Pacifique, le Samoa a rappelé que la pandémie a aggravé les défis auxquels faisaient déjà face les petits États insulaires en développement (PEID), notamment en raison des fermetures de frontières qui ont durement affecté les économies et les moyens de subsistance.  Alors que la réouverture reste problématique, nous comptons aujourd’hui des cas de COVID-19 sur nos territoires, a alerté la délégation, appelant à l’envoi d’un aide médicale et alimentaire d’urgence dans l’archipel des Tonga et les Îles Salomon.  Selon elle, la mobilisation de financement pour le relèvement des PEID devrait être prioritaire afin que ces États fragiles n’aient pas à choisir entre la réponse à la pandémie et la réalisation des ODD.  À cette fin, elle a plaidé pour l’octroi aux PEID de financements à des conditions avantageuses et pour un allègement de leur dette.  Jugeant nécessaire à cet égard que les institutions financières internationales adoptent un indice de vulnérabilité, elle a appelé à un soutien accru du système multilatéral aux PEID en vue de la mise en œuvre effective du Plan d’action de la Barbade et des Orientations de Samoa.   

Mme VINDHYA PERSAUD, Ministre des services humains et de la sécurité sociale du Guyana, a indiqué que son pays a été touché en 2021 par de graves inondations, qui ont aggravé les conséquences de la pandémie.  Les prix des produits de base ont augmenté, frappant de plein fouet les populations les plus vulnérables.  Elle a précisé que l’égalité entre les genres et l’inclusion sociale sont au cœur de la stratégie de développement de son pays.  La Ministre a ainsi cité les programmes spécialisés mis sur place au bénéfice des personnes handicapées.  Des effets concertés ont été consentis pour que les jeunes participent pleinement aux efforts de développement, a-t-elle fait savoir avant de souligner que le relèvement requiert une approche holistique, inclusive, rapide et responsable en vue de la mise en œuvre du Programme 2030.

Offrant un aperçu des récents développements dans son pays, Mme AICHA NANETTE CONTE, Ministre de la promotion féminine, de l’enfance et des personnes vulnérables la Guinée a déclaré que les autorités de transition avaient adopté un plan pour le rétablissement de l’État et engagé des efforts de relance, en plaçant la problématique du développement social en leur centre.  Le Gouvernement a en outre signé des documents pour mettre fin à la violence contre les enfants et les femmes, et adopté des lois et un cadre juridique pour la protection des personnes handicapées, y compris celle qui sont atteintes d’albinisme.  Après avoir été aux prises avec la pandémie, la Guinée se porte bien, a assuré la Ministre, mais la crise sanitaire a eu un impact profond sur les populations vulnérables.  Pour y remédier, elle a indiqué que le Gouvernement intensifie ses efforts, depuis le renforcement du fonds de lutte contre la pauvreté jusqu’à la mise en œuvre de projets ciblés pour le redressement postpandémie. 

Mme IWONA LULA, Ministre de l’égalité des sexes, de l’enfance et de la protection sociale du Libéria, a relevé que les chocs économiques ont été exacerbés par la pandémie.  Près de 3% de la population au Libéria est ce que l’on appelle des « pauvres muldimensionnels », dont de nombreuses femmes, a-t-elle déclaré.  La Ministre a indiqué que son pays se relève progressivement, avec un accès plus équitable aux systèmes de protection sociale et un soutien renforcé aux agriculteurs.  Elle a aussi mentionné les efforts accrus pour remédier aux violences à caractère sexuel, évoquant la finalisation d’un projet de loi interdisant les excisions.  Enfin, la Ministre a déclaré que son pays a besoin d’un soutien pour éradiquer la pauvreté.

M. CARLOS LEAL TELLERÍA, Ministre du pouvoir populaire pour l’alimentation du Venezuela, a jugé essentiel de promouvoir une éducation nutritionnelle et une sensibilisation à l’impact des modèles alimentaires imposés par les grandes entreprises, qui, a-t-il affirmé, menacent l’essence culturelle et l’histoire de nombreux peuples, ainsi que la durabilité alimentaire, l’objectif de « faim zéro » et la durabilité des milieux naturels.  Le Ministre a dénoncé l’imposition illégale de « mesures coercitives unilatérales cruelles et inhumaines contre plus de 30 millions de Vénézuéliens » qui entravent les efforts du Gouvernement et l’accès aux fournitures et services de base.  Il a ensuite demandé à toutes les instances internationales de se joindre à la campagne en faveur de la levée complète et immédiate de ces sanctions. 

Mme MARIA INES CASTILLO, Ministre du développement social de Panama a affirmé que son Gouvernement a maintenu tout au long de la pandémie des dispositifs de lutte contre la pauvreté et les inégalités, notamment au travers son « plan de la ruche », qui vise à accélérer la mise en œuvre des ODD.  Cette stratégie d’intervention territoriale, a expliqué la Ministre, s’appuie sur une offre multisectorielle articulée avec le soutien des gouvernements et des communautés locales.  Le Gouvernement national a également garanti un socle de protection sociale par le biais de son plan « Panama Solidario » et s’est employé à bâtir des systèmes alimentaires durables, qui sont soucieux du développement humain de la population, a-t-elle souligné, ajoutant qu’une reprise résiliente et durable postpandémie nécessitera de contrôler la COVID-19 à court et moyen terme.  À cet égard, elle a indiqué que le plan de vaccination national a pour l’heure permis d’administrer sept millions de doses de vaccin.

Mme DONNA COX, Ministre du développement social et des services familiaux de Trinité-et-Tobago, a souligné que la pandémie avait conduit son gouvernement à renforcer les filets de protection sociale et à subventionner revenus et salaires.  Il a par ailleurs œuvré à la numérisation des services sociaux pour contribuer à l’éradication de la pauvreté sous toutes ses formes.  Et des changements transformateurs de ces services sociaux ont par ailleurs été entrepris, en veillant à ce qu’ils soient délivrés par l’entremise d’un seul guichet, a-t-elle ajouté.  En tant que petit État insulaire en développement, Trinité-et-Tobago est particulièrement sensible aux changements climatiques, a ensuite relevé la Ministre, qui a fait valoir les stratégies d’adaptation qui faciliteront la résilience de son économie.  Enfin, a-t-elle indiqué, le Gouvernement a continué d’établir un développement via une stratégie nationale de réduction de la pauvreté, déterminé à éliminer la pauvreté multidimensionnelle.

Mme ANNE SPIEGEL, Ministre des affaires familiales, des personnes âges, des femmes et de la jeunesse de l’Allemagne, a fait part des efforts de son gouvernement pour aider les enfants et les jeunes à rattraper les jours d’enseignement manqués pour cause de pandémie et à retrouver des liens sociaux.  Elle a fait état d’un programme d’action de deux milliards d’euros et du versement d’une allocation familiale de base destinée à aider le plus grand nombre d’enfants possible.  La Ministre a ensuite cédé la parole à deux délégués de la jeunesse qui ont mis l’accent sur l’exclusion dont souffrent les jeunes vivant en milieu rural et sur la nécessité d’associer tous les jeunes aux politiques qui les concernent afin de faire d’eux des agents du changement social, de la croissance économique et de l’innovation technologique.

M. AHMED ADAM BAKEET, Ministre du développement social du Soudan, a indiqué que son gouvernement s’efforce de mettre en œuvre les accords de paix, de faire tourner l’économie et de réaliser le Programme 2030 en mettant l’accent sur la lutte contre la faim et la pauvreté et la protection des déplacés, des femmes et des enfants.  S’agissant du relèvement postpandémie, le Gouvernement vient en aide aux familles nécessiteuses grâce à des programmes de transfert d’argent et d’aides en nature dont ont pu bénéficier 570 000 ménages.  Un fonds de retraite a été établi de même qu’une politique de couverture sanitaire et un plan de lutte contre la violence en collaboration avec les institutions financières.  Le Ministre a également fait état d’actions en faveur des éleveurs, tout en soulignant que son gouvernement a besoin de l’assistance internationale.

Mme HESSA BINT ESSA BUHUMAID, Ministre du développement communautaire des Émirats arabes unis, a indiqué que son gouvernement a adopté un plan de développement économique fondé sur 33 initiatives pour faire face à la nouvelle situation économique dans le contexte de la pandémie.  Elle a expliqué que son pays a consacré 30 milliards de dirhams pour soutenir 13 500 petites, moyennes et grandes entreprises, créant 25 000 emplois.  Le Gouvernement a également distribué plus de 2 000 tonnes de matériel médical à un total de 117 pays et envoyé des équipes sanitaires en Sierra Leone, au Liban, en Jordanie et au Turkménistan.  Elle a aussi indiqué que les Émirats arabes unis ont contribué 10 millions de dollars à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) en 2021.  Notant que la pauvreté est la conséquence de la conjugaison de nombreuses causes, la Ministre a aussi fait part des efforts de son pays pour investir dans l’éducation.      

M. LOBIN CLARKE LOWE, Ministre de l’agriculture du Malawi, a indiqué qu’en 2021, 161 millions de personnes dans le monde ont souffert d’une insécurité alimentaire aigue, soit une augmentation de 4% par rapport à 2020.  Il a ensuite détaillé les politiques mises en place par son pays pour se relever de la pandémie, y compris le renforcement de la campagne vaccinale, l’embauche de personnel de santé supplémentaire et le développement du commerce électronique.  Malheureusement, nos efforts ont été mis à mal par les conséquences dévastatrices du cyclone Ana qui a frappé le Malawi en janvier de cette année, a déploré le Ministre.  Rappelant les liens entre changements climatiques, sécurité alimentaire et pauvreté, il a plaidé pour une coopération internationale et régionale renforcée pour un relèvement en mieux.

Mme ESTELA GUZMÁN DE TEJADA, Vice-Ministre du développement rural de la République dominicaine, a plaidé pour un relèvement inclusif afin d’éliminer la pauvreté et de réaliser les ODD.  Elle a évoqué les difficultés d’approvisionnement en matières premières de son pays, s’inquiétant en outre de la hausse du prix des denrées alimentaires.  Elle a ensuite détaillé les grands axes de la politique agricole et de consommation de la République dominicaine, dont un soutien renforcé aux petites exploitations familiales, le forage de nouveaux puits, un meilleur usage de l’eau ou bien encore la promotion de modes de consommation durables.  Enfin, elle a insisté sur l’importance d’une pleine participation des jeunes et d’un bon relèvement au plan régional.

M. ENRIQUE FERNANDO SANTIAGO ROMERO, Secrétaire d’État en charge du Programme 2030 de l’Espagne, a déclaré que l’engagement de son pays en faveur des ODD a guidé les mesures adoptées par le Gouvernement espagnol pour faire face aux effets de la COVID-19, évoquant la mise en place d’un « bouclier social » qui a permis d’aider les personnes les plus vulnérables au plus fort de la crise.  Notre conviction est que les pays qui ont pris de telles mesures se rétabliront mieux en protégeant leur économie et leur système de protection sociale, a indiqué le Secrétaire d’État.  Dans le cadre de ce « bouclier social », a-t-il ajouté, le Gouvernement a également soutenu l’emploi et le tissu productif via des subventions aux PME et aux travailleurs indépendants.  Il envisage à présent de pérenniser certaines de ses mesures d’urgence, notamment le « revenu minimum vital » réservé aux personnes sans aucun revenu et l’interdiction des expulsions pour ceux qui n’ont pas d’alternative en matière de logement.

M. PAULINO FRANCO DE CARVALHO NETO, Secrétaire à la souveraineté nationale et à la citoyenneté du Brésil, a expliqué qu’au plus fort de pandémie, son gouvernement, qui a vacciné 70% de la population, a fourni une aide d’urgence par le biais de transferts monétaires mensuels pouvant atteindre 60% du salaire minimum, une prestation dont ont pu bénéficier 70 millions de personnes en situation de vulnérabilité, soit environ un tiers de la population brésilienne.  Il a aussi indiqué que le programme Bolsa Família avait été remplacé par le programme Auxílio Brasil à la fin de 2021, faisant passer le nombre de bénéficiaires de 14,7 millions à 16,9 millions de familles, avec une prestation moyenne réajustée de 20%.  Il a précisé que cette nouvelle initiative intègre des programmes publics, simplifie le panier de prestations et favorise l’autonomisation des familles.  Le Gouvernement fédéral a également encouragé les dons aux banques alimentaires par des incitatifs fiscaux, adopté une nouvelle politique de lutte contre le gaspillage alimentaire qui favorise les dons de surplus de nourriture et mis en place un ensemble de mesures de relance d’une valeur de plus de 221 milliards de dollars. 

Le représentant de la Colombie a expliqué que, face à la pandémie, son gouvernement avait décidé de mettre en place des actions rapides de solidarité nationale et d’apporter des aides financières aux étudiants pour les aider à suivre leur cursus, pour un montant de trois milliards de pesos.  Il a également fait état d’un programme de revenus solidaires et d’un autre relatif à la TVA pour atténuer les incidences économiques de la pandémie.  Plusieurs programmes d’investissements ont également été mis en place à l’initiative de la présidence colombienne, dans le cadre des efforts de réduction de la pauvreté, sous la forme du renforcement des capacités des entreprises et de la sécurité alimentaire, a précisé la délégation, en se félicitant à cet égard du soutien apporté par le système des Nations Unies. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Commission du développement social: deux tables rondes offrent aux États Membres des orientations dans la lutte contre la faim et la pauvreté 

Soixantième session,
Réunions virtuelles, matin & après-midi
SOC/4900

Commission du développement social: deux tables rondes offrent aux États Membres des orientations dans la lutte contre la faim et la pauvreté 

À mesure que les pays sortent de la pandémie de COVID-19, l’élaboration de stratégies de relance est l’occasion de commencer à reconstruire en mieux pour surmonter les obstacles à la mise en œuvre du Programme 2030 dans son intégralité, ont convenu en substance aujourd’hui les panélistes qui sont intervenus dans le cadre de deux tables rondes virtuelles organisées par la Commission du développement social.  Elles ont permis de passer en revue les politiques nationales et mesures adoptées pour combattre la faim et la pauvreté dans l’optique de mettre intégralement en œuvre le Programme 2030 selon le calendrier prévu*. 

En effet, en 2020, 97 millions de personnes de plus ont été poussées dans l’extrême pauvreté, dont 23% vivent en Afrique subsaharienne et 58% en Asie du Sud, a fait observer l’Économiste en chef de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), M. Máximo Torero.  L’insécurité alimentaire aigue a elle aussi progressé en 2020, atteignant 25,9% en Afrique, 10,2% en Asie, 14,2% en Amérique latine et seulement 1,4% en Europe et en Amérique du Nord.  Même dans les pays à revenu intermédiaire, la situation reste volatile, a constaté ce panéliste, prévenant qu’il sera difficile de surmonter les inégalités dans un contexte où la reprise économique sera insuffisante pour réduire la faim et la pauvreté dans le monde. 

Au cours de cette journée de débats, responsables gouvernementaux et experts se sont accordés sur la nécessité de prendre des mesures pour effacer les revers essuyés depuis deux ans dans des domaines tels que la santé, l’emploi, l’éducation ou les inégalités entre les sexes.  Dans ce contexte, la Vice-Présidente de l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA), Mme Megumi Muto, a expliqué que le nerf de la guerre était le secteur privé, « un allié de poids » dans le cadre d’une approche multisectorielle.  « Lorsque les idées et les capacités commerciales sont en place pour avoir un impact sur le développement, les investisseurs viendront », a assuré l’intervenante.  

Directeur fondateur du « Centre pour la protection sociale » à l’Institut d’études sur le développement de l’Université du Sussex, M. Stephen Devereux a estimé pour sa part que la crise a clairement démontré « l’immense valeur » des programmes de protection sociale capables d’être efficacement mobilisés pour apporter une aide à court terme aux populations dont les moyens de subsistance ont été temporairement compromis par les confinements.  

Ce chercheur a recommandé d’étendre la couverture des programmes de protection sociale, notamment pour les travailleurs informels et les autres groupes exclus, d’augmenter les bénéfices versés par les programmes d’assistance sociale et d’améliorer la réactivité aux chocs des systèmes de protection sociale. 

De son côté, la Directrice exécutive adjointe chargée des politiques, des programmes, de la société civile et de l’appui normatif aux États membres à ONU-Femmes a souligné que l’emploi des femmes, les systèmes de soins et les financements sont des domaines prioritaires pour la relance.  Dans ce cadre, a insisté Mme Åsa Regnér, il faut offrir davantage de protection sociale aux « femmes informelles », investir dans l’aide parentale et faciliter les systèmes de transfert d’argent, qui peuvent être transformateurs pour les femmes et les filles.    

Proposer des prestations sociales est important mais pas suffisant, a cependant estimé le Vice-Directeur de l’Office fédéral des assurances sociales de Suisse qui a fait observer que certaines personnes ne recourent pas aux prestations auxquelles elles ont droit, un phénomène qui mine l’effectivité des politiques publiques mais qui fait l’objet de moins d’attention que l’abus des prestations.

De l’avis de M. Stephan Cueni, il convient donc d’interroger les personnes concernées pour cerner ce phénomène car « leur vécu est essentiel ».  Il nous apprend qu’on peut avoir honte de demander une prestation, être désorienté par les exigences bureaucratiques ou craindre de ne pas être respecté par les professionnels, a-t-il noté, soulignant que l’implication des personnes touchées par la pauvreté dans les décisions qui les concernent doit être au cœur des politiques de lutte contre ce fléau.  

La Commission du développement social poursuivra ses travaux demain, jeudi 10 février, à partir de 10 heures. 

*E/CN.5/2022/5 

SUITE DONNÉE AU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET À LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE (E/CN.5/2022/2)

Questions nouvelles: politiques nationales et mesures adoptées par les États Membres pour combattre la faim et la pauvreté pendant la pandémie de COVID-19 et au-delà: obstacles à la mise en œuvre intégrale du Programme 2030 selon le calendrier prévu (E/CN.5/2022/5)

Table ronde

Mme MARISOL MERQUEL, Présidente du Conseil national de coordination des politiques sociales de l’Argentine, a indiqué que la pandémie avait conduit le Gouvernement argentin à mettre en œuvre des politiques publiques visant à atténuer les effets de la COVID-19, à commencer par le renforcement des infrastructures sanitaires, avec le déploiement d’hôpitaux et de cliniques modulaires sur l’ensemble du territoire national.  En outre, un effort a été consenti sur le plan de l’assistance alimentaire en avril 2020, avec des aides équivalant à 100% du salaire mensuel, jusqu’à concurrence de montants de 4 000 dollars pour les foyers avec un enfant et de 6 000 dollars pour les foyers avec plus d’un enfant.  Par ailleurs, a poursuivi Mme Merquel, le Gouvernement argentin a procédé à des virements directs d’espèces allant jusqu’à 10 000 dollars au bénéfice de 8,8 millions de travailleurs, déclarés ou non.  Au-delà de ces aides d’urgence, il a entrepris de renforcer ses politiques publiques de développement durable, en coopération avec la société civile argentine, et en confiant au Conseil national ‑un organe dépendant de la présidence‑ le soin de coordonner ces politiques avec pour objectif la réalisation du Programme 2030. 

M. STEPHAN CUENI, Ambassadeur et Vice-Directeur de l’Office fédéral des assurances sociales de Suisse, a expliqué que, dans son pays, « on est pauvre lorsqu’on ne gagne pas suffisamment pour entretenir sa famille, pour payer l’assurance maladie, pour disposer d’un logement décent ou couvrir une visite chez le dentiste ».  En Suisse, a-t-il relevé, la pauvreté touche surtout les familles monoparentales et les personnes peu formées qui ne retrouvent pas de travail après avoir perdu leur emploi, tandis que les personnes à risque de pauvreté sont à la merci d’une perte d’emploi, d’un sérieux problème de santé ou de la perte de leur logement.  De même, on est davantage exposé au risque de pauvreté lorsqu’on travaille à temps partiel, qu’on est indépendant, titulaire d’un contrat à durée déterminée ou employé dans une petite entreprise, a-t-il poursuivi, avant de constater que la protection sociale de la Suisse a rempli son rôle durant la pandémie en évitant que des personnes fragilisées ne basculent dans la pauvreté. 

Dans ce contexte, assurer une protection sociale à la population et proposer des prestations sociales est important mais pas suffisant, a constaté M. Cueni.  Observant que certaines personnes ne recourent pas aux prestations auxquelles elles ont droit, il a regretté que ce phénomène fasse l’objet de moins d’attention que l’abus des prestations.  Pourtant, cela mine l’effectivité des politiques publiques, c’est-à-dire de la protection sociale proposée par l’État, a-t-il affirmé, parlant d’un « phénomène complexe », qui tient au parcours, au milieu d’origine, à l’appartenance socioculturelle des personnes mais aussi à la conception et la mise en œuvre de la politique sociale.  De l’avis de ce spécialiste, il convient d’interroger les personnes concernées pour cerner ce phénomène car « leur vécu est essentiel ».  Il nous apprend qu’on peut avoir honte de demander une prestation, être désorienté par les exigences bureaucratiques ou craindre de ne pas être respecté par les professionnels, a-t-il noté, ajoutant que le non-recours aux prestations se manifeste différemment chez les hommes et les femmes.  Face à ce « grand paradoxe », qui veut qu’un système conçu pour intégrer génère de l’exclusion, des chercheurs suisses ont listé des solutions possibles, qui consistent notamment à mieux documenter le phénomène, à favoriser la formation des personnels, à simplifier les procédures administratives et tenir compte du désir d’émancipation spécifique des femmes en situation précaire, a indiqué M. Cueni. 

À ses yeux, l’implication des personnes touchées par la pauvreté dans les décisions qui les concernent doit être au cœur des politiques de lutte contre ce fléau.  Dans ce cadre, l’approche participative présente de nombreux effets positifs dans la mesure où elle peut contribuer à ajuster les mesures aux besoins effectifs et à améliorer ainsi leur efficacité, a souligné M. Cueni.  Surtout, c’est ce que souhaitent les personnes touchées, comme elles l’ont exprimé au cours d’un programme national contre la pauvreté en Suisse, a-t-il dit, en indiquant que la plateforme nationale contre la pauvreté pour la période 2019-2024 a fait de la participation des personnes touchées par la pauvreté une priorité.  S’il reste « beaucoup à faire » sur cette question, compte tenu du peu de projets mis en œuvre au sein des services sociaux publics ou pour développer des bases politiques et légales, le Vice-Directeur de l’Office fédéral des assurances sociales s’est félicité qu’une étude réalisée en 2020 fournisse désormais aux acteurs concernés des indications concrètes et ciblées, ainsi que des recommandations en faveur d’une approche vraiment participative. 

Mme MEGUMI MUTO, Vice-Présidente de l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA), a expliqué que les capacités, systèmes et politiques dont disposent les États Membres sont des conditions préalables importantes pour le financement du relèvement postpandémique.  Elle a indiqué qu’en juin 2020, la JICA a lancé l’initiative pour la santé et la médecine mondiales avec des pays partenaires tels que le Ghana, le Kenya et le Viet Nam, avec pour piliers la prévention, la précaution et le traitement, couvrant plus de 100 hôpitaux à travers le monde.  Le Japon a également étendu son aide financière, avec des prêts d’un montant cumulé de 33 milliards de dollars, faisant de la JICA le principal bailleur de fonds bilatéraux dans la réponse à la pandémie, s’est enorgueillie l’intervenante.

Notre prochain défi est de savoir comment appuyer la nutrition au sortir de la pandémie, a expliqué la Vice-Présidente qui a précisé qu’en raison de la pandémie, 1 personne sur 10 souffre de malnutrition dans le monde en développement.  Elle a souligné l’importance d’une approche multisectorielle collaborative, avant d’indiquer que le nouveau défi est la chaîne de valeur multisectorielle et les indicateurs clefs de performance, en évitant le cloisonnement du budget et des actions.  Elle a fait savoir que lors des premières réponses à la pandémie, la JICA a eu tendance à agir par secteur, en partie pour maximiser l’utilisation des projets et programmes existants.  Mais désormais, nous devons nous concentrer sur les bénéficiaires cibles tels que les petits agriculteurs et réfléchir à un soutien multisectoriel plus efficace, a-t-elle estimé.

En effet, le secteur privé est à la tête des efforts d’investissement et d’impact pour le Programme 2030, tandis que l’écosystème de mobilisation des financements privés pour le développement croît rapidement, a analysé la panéliste.  La JICA s’est ainsi engagée à mobiliser 15 milliards de dollars dans le cadre du « Défi 2X: du financement pour les femmes » du G7.  L’Agence a également investi, avec des donateurs du secteur privé, au Mexique, en Géorgie, en Inde et dans d’autres pays, pour soutenir les entreprises dirigées par des femmes et les PME touchées par la COVID-19, et a mis en relation des startups et le secteur privé dans 19 pays africains.  Le concours, appelé « Next Innovation with JICA (NINJA) », couvrait des initiatives dans les domaines de la médecine, de l’agriculture, de la logistique, de l’éducation et de la finance, tous fortement numériques, a-t-elle précisé.  Elle a également cité le lancement de l’initiative « JICA Clean Cities » pour promouvoir des villes viables en partenariat avec le secteur privé.  « Lorsque les idées et les capacités commerciales sont en place pour avoir un impact sur le développement, les investisseurs viendront », a assuré Mme Muto.  Pour elle, nous avons clairement besoin d’une action collective pour un impact maximal, et non d’un ensemble d’activités servant des objectifs dispersés: « Le secteur privé est un allié de poids pour inverser la tendance actuelle dans la mise en œuvre du Programme 2030. »

M. STEPHEN DEVEREUX, chercheur et Directeur fondateur du « Centre pour la protection sociale » à l’Institut d’études sur le développement de l’Université du Sussex, a déclaré que la crise a clairement démonté « l’immense valeur » des programmes de protection sociale capables d’être efficacement mobilisés pour apporter une aide à court terme aux populations dont les moyens de subsistance ont été temporairement compromis par les confinements.  Les modalités de réaction aux chocs, a-t-il précisé, incluaient une « expansion verticale », permettant aux bénéficiaires des programmes de protection sociale de recevoir des prestations plus élevées pendant la durée du confinement, et une « expansion horizontale », grâce à laquelle des bénéficiaires supplémentaires ont été temporairement inscrits aux programmes de protection sociale existants.  Or, les pays à protection sociale limitée ont eu du mal à mobiliser une réponse efficace et rapide, a constaté le chercheur, notant que de nombreux pays à faible revenu dépendaient de l’aide internationale, y compris des organismes des Nations Unies, comme d’une sorte de « palliatif à l’aide humanitaire ». 

Il est essentiel d’avoir des systèmes efficaces en place pour gérer les programmes de protection, en particulier les plateformes d’identification, d’enregistrement et de paiement des bénéficiaires, a relevé M. Devereux.  À cet égard, a-t-il dit, les mécanismes numérisés tels que les registres informatisés des bénéficiaires et les systèmes de paiement « d’argent mobile » se sont révélés plus efficaces que les mécanismes manuels qui nécessitent des interactions en tête-à-tête.  Parmi les énormes lacunes révélées par la COVID-19 dans la protection sociale à travers le monde, M. Devereux a relevé que l’écart le plus important concerne la couverture.  Si dans la plupart des pays, les groupes vulnérables bénéficient d’une aide sociale sous forme de transferts d’espèces ou de subventions sociales, les populations en âge de travailler ne sont couvertes par l’assurance sociale que si elles ont contracté un emploi et cotisent à des fonds de sécurité sociale, tels que l’assurance chômage ou la retraite, a-t-il indiqué.  Quant aux travailleurs informels, travailleurs indépendants et employés des petites, moyennes et microentreprises, ils n’ont pas accès à l’assurance sociale et n’ont pas droit à l’aide sociale.  À ses yeux, la COVID-19 a donc exposé un « chaînon manquant » dans la plupart des systèmes de protection sociale, car « c’est précisément ce groupe qui a été le plus touché par les confinements qui les ont empêchés de travailler et de gagner un revenu ». 

Dans ce contexte, M. Devereux a recommandé d’étendre, à court et moyen terme, la couverture des programmes de protection sociale, notamment pour les travailleurs informels et les autres groupes exclus; d’augmenter les bénéfices versés par les programmes d’assistance sociale, en veillant à ce que les paiements soient indexés sur le taux d’inflation; et d’améliorer la réactivité aux chocs des systèmes de protection sociale, par exemple en harmonisant les mécanismes d’aide sociale et d’aide humanitaire, afin de parvenir à terme à la couverture universelle de toutes les populations pauvres et vulnérables.  À moyen et long terme, il a également recommandé de renforcer les systèmes nationaux de protection sociale, en évoluant vers une approche fondée sur les droits, et de mener une transition vers la numérisation des processus tels que l’enregistrement informatisé et la gestion des bénéficiaires, ainsi que les paiements par mobile, là où la technologie le permet. 

Débat interactif

À l’issue des interventions des panélistes, le Portugal a donné le coup d’envoi au débat interactif en s’interrogeant sur les défis à relever pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD) avant 2030.  Comment faire le trait d’union entre la protection sociale et les ODD?

Relevant que les mesures d’austérité font obstacle à la protection sociale, le Directeur fondateur du « Centre pour la protection sociale » à l’Institut d’études sur le développement de l’Université du Sussex a conseillé de consolider les mesures de protection sociale établies durant la pandémie de COVID-19, puis de s’efforcer de les poursuivre durant la période de relèvement.  À cet égard, la Vice-Présidente de la JICA a recommandé de financer les services de protection sociale en élargissant l’assiette fiscale dans les pays les plus touchés.  Mais il faut avant tout identifier les groupes sociaux les plus touchés et élaborer un service de protection sociale adéquat pour eux, notamment pour les familles monoparentales, a plaidé le Vice-Directeur de l’Office fédéral des assurances sociales de Suisse qui a insisté sur l’importance de mobiliser des fonds pour lutter contre la pauvreté. 

À ce sujet, la Présidente du Conseil national de coordination des politiques sociales de l’Argentine a fait part de la nouvelle loi sur la solidarité votée par le Parlement argentin en 2021 qui demande à tous ceux qui ont plus de 200 millions de pesos de contribuer davantage à l’effort national d’aide aux personnes dans le besoin dans le contexte de la pandémie.  Cet argent a notamment permis de venir en aide aux PME en difficulté, de financer des programmes de bourses pour les étudiants des familles nécessiteuses, et de soutenir un programme sur l’énergie, a-t-elle détaillé.  De son côté, l’Union européenne a indiqué qu’elle vise à réduire de 15 millions, dont 5 millions d’enfants, le nombre des pauvres sur le continent d’ici à 2030. 

Arguant que la pandémie a mis en avant le rôle de l’État pour venir en aide à la population, Cuba a annoncé que le Gouvernement a réussi à produire 25 millions de vaccins en dépit de l’embargo américain, dont les conséquences humanitaires et sanitaires ont été dénoncées par la Présidente de la Commission du développement social

« Ne laisser personne de côté, c’est ne laisser personne sans connexion Internet », a estimé à son tour la Chine.  Il faut donc s’assurer que les pays en développement puissent accéder aux technologies de l’information et des communications et rendre accessible la technologie numérique. 

La représentante de la jeunesse de la Suisse a relevé qu’un tiers de la population mondiale n’a pas accès à Internet, y compris les jeunes dont en grande partie ceux âgés de 15 à 24 ans qui sont, de plus, touchés par le chômage.  Elle s’est également préoccupée des dangers que représentent les réseaux sociaux.  Il faut donner aux jeunes l’espace nécessaire pour réaliser le Programme 2030, a insisté la représentante de la jeunesse de l’Italie qui a voulu connaître les engagements des États Membres à cet égard.  La Vice-Présidente de la JICA a conseillé d’élargir les services médicaux et sociaux pour les jeunes par l’utilisation des TIC, tandis que le Directeur fondateur du « Centre pour la protection sociale » à l’Institut d’études sur le développement de l’Université du Sussex a estimé que la jeunesse doit bénéficier de mesures de protection sociale y compris la possibilité de souscrire à une assurance vieillesse.  Ce dernier a en outre appelé à inclure les migrants dans les filets de sécurité sociale, et intégrer les travailleurs pauvres et les femmes aux politiques adoptées pour assurer la mise en œuvre du Programme 2030.  Soroptimist International a pour sa part insisté sur l’importance de la contribution des femmes à la lutte contre la faim et la pauvreté. 

Cette table ronde était modérée par M. ROPLH VAN DER HOEVEN, membre du Comité des politiques de développement et professeur de l’emploi et d’économie du développement à l’Université Erasmus (Pays-Bas).

Thème prioritaire: Assurer un relèvement inclusif et résilient après la COVID-19 pour garantir à chaque personne des moyens de subsistance, le bien-être et la dignité: éliminer la pauvreté et la faim sous toutes leurs formes et dans toutes leurs dimensions aux fins de la réalisation du Programme 2030 (E/CN.5/2022/3)

Examen des plans et programmes d’action pertinents des organismes des Nations Unies concernant la situation de certains groupes sociaux

Table ronde

La deuxième table ronde du jour a pris la forme d’un dialogue sur le thème prioritaire de cette session entre des responsables d’entités du système de l’ONU et des États Membres, l’occasion pour les hauts fonctionnaires onusiens d’identifier les leçons apprises de la crise actuelle et de présenter les politiques et mesures réussies dans leurs domaines d’action respectifs.  Une interaction qui, comme l’a résumé sa modératrice, Mme MARIA-FRANCESCA SPATOLISANO, Sous-Secrétaire générale à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations au Département des affaires économiques et sociales (DESA), avait pour but d’aider les États Membres à engager une reprise post-COVID-19 résiliente tout en se remettant sur la voie d’une réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Premier panéliste à intervenir, M. MARIO CIMOLI, Secrétaire exécutif adjoint de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), a indiqué que la croissance dans la région a repris à la hausse mais qu’elle ne profite pas à tout le monde.  Les revenus ont baissé, et le chômage n’a pas baissé autant qu’espéré.  La tendance est à la régression, a-t-il alerté, faisant notamment état d’une aggravation de l’insécurité alimentaire dans l’ensemble de la région: 40% en Amérique latine et 70% dans les Caraïbes.  Les classes moyennes sont les plus durement frappées, en particulier les femmes, les enfants et les peuples autochtones. 

L’économie s’est un peu améliorée, mais pour la première fois, les gouvernements sont intervenus pour soutenir les revenus.  Ils se sont également beaucoup mobilisés pour assurer une aide alimentaire.  M. Cimoli a aussi attiré l’attention sur la baisse des recettes fiscales et le problème de l’inflation qui a notamment augmenté de 2% au Chili, touchant de plein fouet les pauvres.  Il y a certes un relèvement mais les conditions d’inégalités ont empiré, a-t-il regretté.  Ces causes sont pourtant connues: la région continue de produire peu; le chômage dans le secteur formel augmente et la productivité diminue.  Tant que ces problèmes ne seront pas réglés, le chômage persistera, notamment parmi les femmes qui travaillent dans le secteur informel et le secteur formel continuera de dégraisser le personnel. 

M. MOUNIR TABET, Secrétaire exécutif adjoint de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO), a expliqué que, dans cette sous-région, de nombreux défis se posaient avant même la pandémie de COVID-19.  Sur le plan sanitaire, il a cité des systèmes fragmentés, des soins médicaux insuffisants et des infrastructures de santé en ruine, imputant la faute à des conflits persistants.  Dans le domaine éducatif, outre la déscolarisation, se posent les problèmes de manque de connectivité et d’équipements informatiques à domicile dans de nombreux foyers.  Enfin, 87 millions de personnes manquent d’accès à l’eau et 74 millions, aux moyens d’assurer leur hygiène corporelle, a souligné le haut fonctionnaire.  L’Asie occidentale est aussi une sous-région dans laquelle l’inégalité entre les sexes est particulièrement prononcée, a-t-il encore fait observer. 

Tous les pays de la région, à l’exception de l’Égypte, ont subi une contraction de leur taux de croissance depuis deux ans, a relevé ensuite M. Tabet, qui a déclaré que les deux premiers concernés sont la Libye et le Liban.  Pareil pour le taux de chômage régional, qui est passé de 8,1% à 9,5%.  En réponse à ces problèmes, la CESAO a formulé un certain nombre de recommandations, au nombre desquelles une taxe de solidarité nationale.  La Commission recommande également de soutenir et diversifier les petites et moyennes entreprises, de revoir les politiques macroéconomiques pour promouvoir le développement du secteur privé, et de mettre en œuvre des politiques de soutien à la création d’emplois, assortis de mesures de protection sociale et sanitaire.  Sur le plan éducatif, il est impératif de prendre des mesures d’urgence pour scolariser ou rescolariser 100 millions d’enfants, de trouver les moyens d’élargir la délivrance en ligne des diplômes et plus largement de réformer les systèmes éducatifs.  Enfin, en ce qui concerne la discrimination des femmes, M. Tabet a appelé à mettre en place des dispositifs de protection contre les violences domestiques et de prévention des mariages précoce. 

M. MÁXIMO TORERO, Économiste en chef à l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a indiqué que la faim et la pauvreté ont progressé dans le contexte de la pandémie, touchant en particulier les pays en développement.  Citant les chiffres de la Banque mondiale, il a signalé qu’en 2020, 97 millions personnes supplémentaires ont été poussées dans l’extrême pauvreté.  Parmi ces personnes, 23% vivent en Afrique subsaharienne et 58% en Asie du Sud.  L’insécurité alimentaire a elle aussi augmenté, avec, en 2020, un taux d’extrême insécurité atteignant 25,9% en l’Afrique, 10,2% en Asie, 14,2% en Amérique latine et seulement 1,4% en Europe et en Amérique du Nord.  Même dans les pays à revenu intermédiaire, la situation reste volatile, a estimé le panéliste, ajoutant qu’il sera difficile de combler les inégalités.  La reprise économique ne sera pas suffisante pour réduire la faim et la pauvreté dans le monde, a-t-il prédit. 

M. Torero a également indiqué que, comme attendu, la pandémie a continué de renforcer les inégalités, y compris en ce qui concerne la nutrition.  Elle a renforcé les problèmes de malnutrition pour les enfants, notamment la surnutrition pour les enfants des pays riches et la sous-nutrition ou malnutrition pour ceux des pays pauvres.  Quand certains avaient des problèmes d’obésité, quand d’autres ont connu la faim, a-t-il résumé. 

Selon le panéliste, la reprise et la croissance économique de l’après-pandémie ne seront malheureusement pas suffisantes pour résoudre le problème des inégalités et de la pauvreté.  La production restera globalement en dessous des niveaux de l’avant-pandémie, et en 2023, les économies des pays émergents resteront en dessous des niveaux de 2019.  En matière de faim, le problème reste l’accès à la nourriture, et non sa disponibilité.  Mais la situation pourrait s’aggraver si les prix des denrées continuent d’augmenter, a-t-il aussi mis en garde. 

Mme ÅSA REGNÉR, Directrice exécutive adjointe chargée des politiques, des programmes, de la société civile et de l’appui normatif aux États membres à ONU-Femmes, a indiqué que la faiblesse des systèmes de protection sociale se fait particulièrement ressentir sur les femmes.  Selon les nouvelles prévisions produites par ONU-Femmes, le PNUD et le Frederick S. Pardee Center for International Futures, 388 millions de femmes et de filles dans le monde vivront dans l’extrême pauvreté en 2022 contre 372 millions d’hommes et de garçons.  En outre, plus de 80% des femmes et des filles extrêmement pauvres vivent dans seulement deux régions du monde: l’Afrique subsaharienne (62,8%) et l’Asie centrale et méridionale (20,9%).  De plus, a rapporté Mme Regnér, le nombre de femmes et de filles vivant dans la pauvreté d’ici à la fin de 2022 pourrait atteindre près de 450 millions pour près de 430 millions pour les hommes et les garçons. 

Poursuivant, Mme Regnér a fait savoir que la crise a également perturbé la production alimentaire et les chaînes d’approvisionnement, aggravant l’insécurité alimentaire.  En conséquence, beaucoup plus de femmes et de filles souffrent de la faim, a-t-elle déploré, précisant que le niveau d’insécurité alimentaire chez les femmes était 10% plus élevé que celui des hommes en 2020, comparé à 6% de plus en 2019, les écarts les plus importants étant recensés en Amérique latine et dans les Caraïbes (30%) et en Asie (10%).  Le dernier rapport d’ONU-Femmes sur les ODD révèle en outre qu’à l’échelle mondiale, sur les 18 indicateurs de l’ODD 5 sur l’égalité entre les sexes, seul l’indicateur sur la proportion de sièges occupés par des femmes dans les administrations locales est proche de la cible.  Dans d’autres domaines, tels que l’égalité entre les femmes et les hommes dans le temps consacré aux soins non rémunérés, au travail domestique et la prise de décisions en matière de santé sexuelle et reproductive, le monde est « loin de la cible ».  Le monde n’est pas sur la bonne voie; la distance qui reste pour atteindre l’ODD 5 est longue et le temps est compté, a mis en garde Mme Regnér qui a déploré que la réponse politique mondiale à la pandémie de COVID-19 ait été dominée par les hommes et n’ait pas pris en compte l’égalité des sexes.  En effet, a-t-elle précisé, seulement 13% des mesures prises dans le domaine fiscal, de la protection sociale et du marché du travail ciblaient la sécurité économique des femmes.

Mme BEATE ANDREES, Représentante spéciale de l’Organisation internationale du Travail (OIT) auprès des Nations Unies, a corroboré les propos de ses préopinants, notamment en ce que la pandémie a eu un impact « dévastateur » sur les économies et donc sur l’emploi.  Selon les chiffres de l’OIT, 255 millions d’emplois ont été perdus, et en 2022, le monde comptera environ 200 millions de chômeurs, certains États ne pouvant développer des mesures de relance aussi efficaces que d’autres.  En matière de protection sociale, la crise a mis en lumière de nombreux déficits en la matière, a-t-elle ajouté, s’inquiétant du fait que quatre milliards de personnes ne sont toujours pas protégées par des mesures de protection sociale. 

Cela dit, a poursuivi Mme Andrees, les situations diffèrent selon les régions, avec de meilleures conditions en Europe et des situations « décourageantes » en Afrique et dans les États arabes où les prestations de chômage et de maladie sont très limitées.  La grande majorité des enfants ne reçoivent toujours aucune allocation familiale, certains étant poussés vers le marché du travail.  Et la majorité des femmes n’ont pas de prestations de maternité.  En outre, sur les 3 860 mesures de protection sociale qui sont en vigueur dans le monde, certaines ne sont pas sensibles au genre ou risquent d’être annulées, a-t-elle signalé. 

Dialogue interactif

Au cours de la discussion interactive qui a suivi ces présentations, Cuba a salué le rôle positif de la CEPALC dans sa région, avant de demander à son Secrétaire exécutif dans quelle mesures les politiques publiques des États Membres permettent de lutter contre la pauvreté.   

La République dominicaine a pour sa part mis en exergue la dimension sociale de son plan de reprise, faisant état d’efforts en matière de formation et de renforcement des capacités des individus.  Ces mesures concernent notamment les personnes âgées, afin de les inclure dans la vie de leurs communautés et leur faire bénéficier d’emplois décents, a précisé la délégation, qui a également souligné l’importance qu’elle accorde à la mesure de la pauvreté multidimensionnelle, à l’augmentation de la couverture sociale et à l’appui des familles vulnérables.  

Le Portugal a, lui, demandé à la responsable d’ONU-Femmes de fournir des exemples de bonnes pratiques en matière d’aides aux femmes agriculteurs afin d’augmenter la production agricole et renforcer les systèmes alimentaires.  Il a également souhaité que l’Économiste en chef de la FAO donne des exemples de synergies qui contribuent à réduire la pauvreté et à assurer la sécurité alimentaire.  Dans le même ordre d’idées, l’Argentine a réclamé des exemples précis illustrant comment les systèmes alimentaires ont démontré leur résilience.  Est-il possible de les renforcer sur la base des droits humains? a également demandé la délégation. 

Comment peut-on améliorer la coopération au sein d’un système multilatéral plus inclusif pour relever les défis communs de la pauvreté et de la faim? s’est enquise à son tour l’Union européenne, avant de plaider pour un rééquilibrage de la distribution des recettes primaires, une augmentation des salaires minimaux et un renforcement général de la couverture sociale.  

En réponse à ces questions et remarques, le Secrétaire exécutif adjoint de la CEPALC a constaté l’existence d’importantes « asymétries » entre les couches de population, les pays et les régions.  C’est particulièrement le cas en matière de production, de fiscalité et d’emploi, a-t-il souligné, évoquant en particulier un secteur informel très élevé dans les pays en développement.  Ces asymétries « immenses », qui se retrouvent dans le différentiel de vaccination contre la COVID-19 entre régions géographiques, vont aujourd’hui en s’aggravant, a noté M. Cimoli, les pays développés mettant en œuvre des politiques touchant des millions de personnes alors que d’autres économies n’ont pas les mêmes possibilités.  Pour répondre à ces trajectoires divergentes, les politiques publiques sont, selon lui, essentielles, tant au niveau national que multilatéral.  Dans ce cadre, il est essentiel de veiller à une distribution équitable des richesses, de permettre des transferts de technologie, en particulier pour les vaccins, d’accroître l’accès aux financements et aux marchés, et de mettre en place un système d’imposition progressif et non régressif, a-t-il préconisé, ajoutant que la CEPALC travaille à ces réformes pour que la région ait des politiques sociales plus proactives.   

« Nous avons une opportunité historique de restructurer l’économie mondiale », a estimé, de son côté, le Secrétaire exécutif adjoint de la CESAO, selon lequel un « nouveau contrat social » est nécessaire aux niveaux national et mondial pour « reconstruire en mieux », en utilisant tous les actifs humains, productifs et technologiques.  Rappelant que sa Commission a recommandé la mise en place d’une taxe de solidarité régionale ou nationale, accompagnée de réformes significatives sur le plan macroéconomique et d’un soutien aux PME, il a indiqué que son objectif principal est de permettre la création d’emplois décents dans la région et de faire passer le maximum de personnes du secteur informel au secteur formel.  Il a par ailleurs plaidé pour un élargissement de la couverture sociale, une taxation progressive, un effort accru s’agissant de la vaccination contre la COVID-19 et une amélioration des systèmes de santé afin d’être prêt à répondre aux futurs chocs.  

Tout en saluant la nette augmentation des mesures de protection sociale pour répondre à la crise actuelle, avec des dépenses 4,5 fois plus importantes que lors du choc de 2008-2009, l’Économiste en chef de la FAO a, quant à lui, regretté que les systèmes de paiement aient été de courte durée.  Selon lui, cela est souvent dû à des problèmes de recettes fiscales, notamment en Afrique, qui ont rendu difficile le maintien de ces aides.  Pour y faire face, a-t-il ajouté, il existe deux niveaux de résilience: la prévention et les mécanismes d’assurance et de santé.  Toutefois, lorsque l’on se retrouve confronté à une crise de cette ampleur, la priorité doit être donnée aux plus vulnérables, ce qui suppose de bien cibler les populations au travers des différents systèmes de protection sociale.  À cette fin, M. Torero a souhaité qu’un effort soit fait pour améliorer la collecte de données et ainsi renforcer l’efficacité des actions menées contre la pauvreté.  De même, a-t-il poursuivi, il importe d’utiliser l’expansion des systèmes de protection pour faire sortir de l’économie informelle les individus et les entreprises qui s’y trouvent.  Les efforts de relance doivent, à cet égard, soutenir le secteur rural, où l’on recense le plus de pauvres et de vulnérables.  Enfin, des synergies sont nécessaires pour faire reculer la faim, a plaidé le responsable de la FAO qui a souligné que la transformation sociale des États nécessite une solidarité mondiale et la réduction des inégalités au sein des pays et entre eux.   

Répondant à son tour aux commentaires des délégations, la Directrice exécutive adjointe d’ONU-Femmes a dit avoir reçu l’évaluation d’un programme mené avec la FAO et le PAM, qui ciblait les femmes rurales dans différentes régions du monde.  Nous avons constaté que les femmes participantes avaient bénéficié de pratiques plus modernes, d’accès à des financements, de connaissances en matière économique et technologique.  Elles avaient également reçu des formations au leadership et, au final, ont pu augmenter leur productivité et stabiliser leur emploi, tout en jouant un rôle décisionnel plus important.  À ses yeux, cela illustre le fait que l’emploi des femmes, les systèmes de soins et les financements sont des domaines prioritaires pour la relance.  Dans ce cadre, a-t-elle insisté, il faut offrir davantage de protection sociale aux « femmes informelles », investir dans l’aide parentale et faciliter les systèmes de transfert d’argent, qui peuvent être transformateurs pour les femmes et les filles.  

Pour la Directrice du Département de protection sociale de l’OIT, il est également essentiel de reconnaître le lien entre la protection sociale et la création emplois.  C’est le meilleur moyen de garantir l’autonomisation des femmes et leur intégration au marché de l’emploi, a-t-elle affirmé, avant de souligner l’importance d’une « formalisation » du monde informel.  Grâce à l’emploi formel, on peut créer des cercles vertueux et accroître la protection sociale, a souligné Mme Andrees.  Dans ce contexte, elle a déploré que les mesures sociales prises au plus fort de la crise actuelle soient peu à peu « débranchées ».  Elle a par ailleurs souhaité que l’on aide les pays fragiles à créer des marges de manœuvre budgétaires et que l’on tienne compte des effets du rapatriement des productions, provoqué par les perturbations des chaînes d’approvisionnement et les progrès technologiques.  Enfin, elle a appelé à centrer les actions de relance sur les individus, précisant que l’OIT organise ce mois-ci un forum sur le relèvement post-COVID-19 centré sur « l’élément humain ».  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: appels insistants pour le rapatriement des combattants terroristes étrangers et de leurs familles détenus en Syrie et en Iraq

8963e séance – matin
CS/14789

Conseil de sécurité: appels insistants pour le rapatriement des combattants terroristes étrangers et de leurs familles détenus en Syrie et en Iraq

Le Secrétaire général adjoint au Bureau des Nations Unies contre le terrorisme, M. Vladimir Voronkov, a demandé, ce matin, devant le Conseil de sécurité, l’accélération des rapatriements des combattants terroristes étrangers et de leurs familles détenus en Syrie et en Iraq.  « Le rythme actuel ne traduit pas l’urgence nécessaire et risque d’exacerber les conditions qui font le lit du terrorisme », a déclaré M. Voronkov, qui s’est aussi félicité de la récente neutralisation du chef de Daech.  Sa position a été partagée par de nombreuses délégations, à l’instar du Brésil qui a rappelé que « des mesures purement sécuritaires pourront tuer des terroristes, mais pas leurs idées ».

Le Secrétaire général adjoint, qui présentait le quatorzième rapport du Secrétaire général sur les menaces contre la paix et la sécurité internationales résultant d’actes de terrorisme, a estimé que la mort d’Abu Ibrahim al-Hashimi al-Qourachi est un coup important porté à Daech.  Il a néanmoins rappelé la capacité de Daech, qui compte entre 6 000 et 10 000 combattants en Iraq et en Syrie, à se remettre de ses revers et à intensifier ses attaques.  La menace de Daech persiste, pendant que le groupe et ses affiliés continuent de « recalibrer » leurs approches stratégiques et opérationnelles, a appuyé le Directeur exécutif par intérim de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme, M. Weixiong Chen.

Ce dernier a ainsi fait remarquer que Daech est devenu plus décentralisé, avec notamment des partisans qui émergent et étendent leurs opérations sur les champs de bataille d’Afrique de l’Ouest, de l'Est, du Sud et du Centre.  Dans le droit fil du rapport précité, l’ensemble des délégations ont d’ailleurs souligné avec inquiétude l’expansion de Daech en Afrique.  La délégation du Gabon l’a ainsi jugée « alarmante », en rappelant que les Chabab, les ADF et Boko Haram sont tous affiliés à Daech.

Si les délégations de la France et des États-Unis ont salué la disparition du chef de Daech, la Fédération de Russie a jugé difficile de qualifier cette opération des forces spéciales américaines de « réussite », en évoquant la situation humanitaire « lamentable » dans les camps de Hol et de Roj situés « dans une partie de la Syrie occupée illégalement par les États-Unis ».  « Des dizaines de milliers de femmes et d’enfants y sont détenus dans des conditions effroyables », a accusé le délégué russe.

La situation « désespérée » dans les camps de déplacés en Syrie et en Iraq a été au cœur de l’intervention du Secrétaire général adjoint.  M. Voronkov a ainsi rappelé que des milliers de personnes, dont des enfants ayant des liens familiaux présumés avec des membres de Daech, y sont abandonnés à leur sort, au risque d’une plus grande radicalisation.  Jugeant insuffisants les efforts de rapatriement, il a appelé à remédier aux causes profondes exploitées par Daech.  « Nous devons donner la priorité à la restauration de la dignité humaine, de la confiance et de la cohésion sociale », a dit le Secrétaire général adjoint.

« Lorsque les efforts antiterroristes bafouent l’idée même d’humanité, ils tendent à faire le jeu des groupes terroristes », a appuyé la déléguée du Brésil, en demandant que les enfants dans ces camps soient traités d’abord comme des victimes.  Les États-Unis, l’Albanie ou encore le Mexique ont également souligné la nécessité de rapatrier les anciens combattants de Daech.  Il faut de toute urgence aider les enfants à sortir de « cet enfer », a déclaré le délégué de l’Albanie.

Même son de cloche du côté de la Fédération de Russie qui a indiqué que les nombreux défis liés aux anciens combattants et aux membres de leur famille ne peuvent être résolus qu’en coopération avec les autorités judiciaires des pays où ils se trouvent.  Le représentant russe a précisé qu’une collaboration entre son pays et les autorités iraquiennes et syriennes avait permis de rapatrier près de 350 mineurs de Syrie et d’Iraq en leur offrant une réinsertion sociale.  Son homologue des États-Unis a, lui, précisé que son pays avait rapatrié récemment une trentaine de citoyens américains du nord de la Syrie.  Il s’est montré soucieux d’éviter une crise humanitaire dans les camps où ces combattants et leurs familles sont regroupés.

Le représentant du Gabon a, pour sa part, alerté de la problématique que pose le retour des combattants terroristes étrangers en Afrique, un « réel sujet d’inquiétude » selon lui.  Il a demandé d’appuyer financièrement les pays les plus vulnérables dans leur lutte antiterroriste, pour éviter qu’il n’y ait des maillons faibles dans les efforts internationaux.  S’adressant au Conseil de sécurité, il a souhaité qu’il apporte un soutien « marqué » au G5 Sahel, grâce à un financement prévisible.  La Chine a abondé en recommandant que les Nations Unies l’appuient dans sa lutte contre le terrorisme.

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES RÉSULTANT D’ACTES DE TERRORISME - S/2022/63

Déclarations

M. VLADIMIR VORONKOV, Secrétaire général adjoint au Bureau des Nations Unies contre le terrorisme, a déclaré que Daech et Al-Qaida continuent de faire planer une grave menace, tandis que les attaques terroristes motivées par la xénophobie, le racisme et l’intolérance sont en hausse.  L’heure est venue de se poser des questions difficiles et de rechercher des réponses honnêtes, a-t-il dit, en présentant le quatorzième rapport du Secrétaire général sur le sujet.  Il a mentionné l’attaque menée le 20 janvier par Daech contre le centre de détention de Hassaké, dans le nord-est syrien.  « Cette attaque a rappelé l’extrême violence de Daech », a dit M. Voronkov.  Il a jugé encourageante l’attaque ciblée ayant conduit à la neutralisation d’Abu Ibrahim al-Hashimi al-Qourachi, le chef de Daech.  Reconnaissant qu’il s’agit d’un coup important, le Secrétaire général adjoint a toutefois rappelé la capacité de Daech à se remettre de revers similaires par le passé et à intensifier ses attaques.  « Le contre-terrorisme est une lutte de longue haleine, il n’y a pas de solutions rapides. » 

Il a exhorté le Conseil et tous les États Membres à user de tous les instruments à leur disposition pour préserver les gains importants enregistrés dans la lutte contre Daech, prévenir son expansion régionale et saper ses capacités de lancer des attaques et d’enrôler de nouvelles recrues.  En Iraq et en Syrie, où le leadership opérationnel de Daech est concentré, le groupe continue de fonctionner comme une insurrection rurale bien enracinée, tirant profit des frontières poreuses entre les deux pays, a dit M. Voronkov.  Il a estimé à entre 6 000 et 10 000 le nombre de ses combattants.  « Daech continue d’attaquer les forces gouvernementales et les civils dans le but évident de créer la panique et d’accroître la pression sur les autorités. »  À cette aune, il a jugé crucial de capitaliser sur la dynamique suscitée par la mort récente de son chef, en appelant à répondre aux causes profondes exploitées par Daech.  « Nous devons donner la priorité à la restauration de la dignité humaine, de la confiance et de la cohésion sociale. »  

Cela commence par répondre à la situation désespérée dans les camps de déplacés en Syrie et en Iraq, a plaidé M. Voronkov.  Il a rappelé que des milliers de personnes, dont des enfants ayant des liens familiaux présumés avec des membres de Daech, sont abandonnés à leur sort dans ces camps, au risque d’une plus grande radicalisation.  Tout en saluant les efforts de rapatriement de leurs citoyens par certains États Membres, il a estimé que le rythme actuel ne traduit pas l’urgence nécessaire et risque d’exacerber les conditions qui font le lit du terrorisme.  M. Voronkov a aussi déclaré que le rapatriement n’est pas suffisant, en appelant à des réponses globales conjuguant protection, poursuite, réhabilitation et, chaque fois que nécessaire, réintégration.  Il a aussi précisé que la plupart des personnes dans ces camps et centres de détention sont des ressortissants iraquiens et syriens. 

M. Voronkov a indiqué que les groupes régionaux affiliés à Daech continuent de s’étendre à un « rythme dérangeant », notamment dans les contextes fragiles.  Il a pris l’exemple de l’Afrique centrale, de l’Est et de l’Ouest où ladite expansion pourrait avoir des répercussions graves et durables bien au-delà des frontières du continent.  Il a jugé très préoccupante l’intensification des activités de Daech au Burkina Faso, au Cameroun, en République démocratique du Congo, au Mali, au Niger et en Ouganda.  Il a ensuite relayé les préoccupations des États Membres en Afghanistan, où, depuis la prise de pouvoir des Taliban, Daech et les autres groupes terroristes bénéficieraient de la plus grande liberté d’action de toute l’histoire récente de ce pays.  L’Afghanistan ne doit pas devenir un sanctuaire pour les terroristes, a-t-il exhorté.   M. Voronkov a ensuite mentionné un schéma commun aux attaques terroristes perpétrées en Europe. « Il s’agit typiquement de jeunes individus présentant des vulnérabilités, conjuguant fascination pour la violence extrême et griefs personnels, ce qui les rend d’autant plus vulnérables à la propagande terroriste. » 

Le Secrétaire général adjoint a ensuite mentionné l’adoption par consensus par l’Assemblée générale d’une résolution ambitieuse lors du septième examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.  « Nous devons préserver ce consensus et œuvrer de concert afin d’éliminer le terrorisme, y compris des groupes comme Daech qui continuent d’évoluer et de trouver de nouveaux moyens de semer la terreur. »  Le rôle de guide de ce Conseil demeure fondamental dans notre lutte collective contre le terrorisme, a conclu M. Voronkov. 

M. WEIXIONG CHEN, Directeur exécutif par intérim de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme, présentant le rapport dudit comité, a indiqué que celui-ci avait tenu, en novembre dernier, une réunion spéciale pour marquer le vingtième anniversaire des attentats du 11 septembre et l'adoption ultérieure de la résolution 1373 (2001) du Conseil de sécurité et la création du Comité.  À cette occasion, le Comité a publié un « important » document final, qui souligne non seulement les succès notables obtenus dans la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme violent propice au terrorisme, mais également la nécessité de renforcer les efforts nationaux, régionaux et internationaux pour relever et atténuer les défis émergents, a-t-il dit. 

Le Directeur exécutif a également déclaré que le paysage terroriste mondial continue de présenter une série de défis complexes. La menace de Daech persiste, pendant que le groupe et ses affiliés continuent de « recalibrer » leurs approches stratégiques et opérationnelles, a-t-il noté en faisant remarquer que Daech est ainsi devenu plus décentralisé, avec notamment des partisans qui émergent et étendent leurs opérations sur les champs de bataille d’Afrique de l’Ouest, de l'Est, du Sud et du Centre.  Il a aussi relevé que le groupe cherche à exploiter les développements récents en Afghanistan. Daech, a poursuivi M. Chen, continue de se regrouper dans son centre géographique traditionnel, entraînant une recrudescence de la violence en Iraq et en Syrie. Les développements qui ont suivi la mort récente de son chef doivent être surveillés de près, a-t-il mis en garde.

M. Chen a ensuite souligné que la pandémie de COVID-19 avait aggravé la menace terroriste, en plus de l'instabilité politique croissante dans certains États.  Ainsi, de nombreux États ont « naturellement » détourné les ressources destinées à la formation et au renforcement des capacités antiterroristes vers des efforts liés à la pandémie, créant des difficultés pour les États qui ont besoin d'une assistance antiterroriste, a-t-il illustré.  En outre, M. Chen a remarqué que les groupes terroristes continuent d'exploiter les médias sociaux et les plateformes en ligne.  « L'augmentation mondiale des discours de haine, de la mésinformation et de la désinformation, souvent en ligne, reste également une préoccupation pour de nombreux États Membres. » 

Dans le contexte de ces nombreux défis, le Comité contre le terrorisme continue de se coordonner étroitement avec le Bureau de lutte contre le terrorisme et d’autres partenaires clefs pour s’assurer que les recommandations du Comité servent de base aux activités de renforcement des capacités pertinentes, a-t-il assuré.  Il a indiqué que le Comité a récemment publié son enquête mondiale actualisée sur la mise en œuvre par les États Membres de la résolution 1373 (2001) et d’autres résolutions, de même que son enquête mondiale actualisée sur la mise en œuvre de la résolution 1624 (2005), ainsi qu’un certain nombre d’autres rapports et études sur les défis auxquels sont confrontés les États Membres. 

Agissant dans le cadre de la démarche intégrée des Nations Unies et conformément aux résolutions 2395 (2017) et 2617 (2021) du Conseil, le Comité a continué de travailler en étroite collaboration avec le Bureau de lutte contre le terrorisme sur une série d'activités visant à renforcer les capacités des États Membres, notamment en ce quoi concerne la lutte contre les déplacements terroristes, la création de cellules de fusion, la lutte contre le trafic d'armes légères et de petit calibre ou encore la protection des cibles vulnérables, a-t-il cité. 

M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a rappelé que les forces spéciales américaines ont la semaine dernière mené un raid dans le nord-ouest syrien qui a vu l’élimination du chef de Daech, Abou Ibrahim al-Hachimi al-Qourachi, deux ans après l’élimination de son prédécesseur Abou Bakr al-Bagdadi en octobre 2019.  Il a également souligné que Daech a appuyé l’État islamique d’Iraq et du Levant-Khorassan (EIIL-K) responsable de l’attaque contre l’aéroport de Kaboul.  Le représentant s’est particulièrement inquiété de la capacité de ces groupes à continuer de perpétrer des attaques épouvantables là où ils peuvent recruter et radicaliser des membres de groupes vulnérables, en provoquant des tragédies humaines.  Il a exhorté les États Membres à rapatrier les anciens combattants de Daech et les membres de leurs familles afin d’éviter une crise humanitaire dans les camps où ils sont regroupés.  Il a expliqué que son pays a rapatrié récemment une trentaine de citoyens américains du nord de la Syrie. 

Alors que le financement reste un élément central, le représentant des États-Unis a souligné la nécessité de continuer de traquer ceux qui financent le terrorisme et de s’attaquer aux lacunes juridictionnelles qui permettent ce financement.  Il s’est aussi inquiété du développement des activités de Daech, d’Al-Qaida et de leurs affiliés en Afrique.  Il a jugé crucial que la communauté internationale poursuive le combat pour éviter tout sanctuaire pour Daech et ses affiliés.  « Nous ferons en sorte que les Taliban rendent des comptes et nous refuserons toute menace venant du sol afghan contre les États-Unis » a également prévenu le représentant des États-Unis avant d’appeler à entendre les points de vue de toutes les composantes de la société civile.  En conclusion, il a mis l’accent sur la nécessité de mesures collectives pour faire face à la menace posée par Daech qui reste vivace et évolutive. 

M. JAMES PAUL ROSCOE (Royaume-Uni) a condamné l’attaque menée le 20 janvier par Daech contre le centre de détention de Hassaké, dans le nord-est syrien.  Cette attaque montre l’acuité de la menace que Dach continue de faire peser, a déclaré le délégué.  Ceux qui ont combattu aux côtés de Daech doivent rendre des comptes, a-t-il poursuivi, en demandant que les mécanismes juridictionnels prévus à cet effet respectent les droits humains.  Il a également souligné la gravité de la menace terroriste en Afrique subsaharienne, en estimant que beaucoup reste à faire pour la vaincre.  Dans tous ces efforts, le représentant a souligné l’importance pour les stratégies antiterroristes de promouvoir les droits humains et de lutter contre l’émergence des nouvelles technologies dont usent les terroristes.  La lutte antiterroriste doit respecter les droits humains et les libertés fondamentales, a conclu le représentant du Royaume-Uni. 

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a déploré qu’en dépit des progrès fait contre Daech en Syrie et en Iraq, les menaces que fait peser ce groupe continuent « dangereusement » d’exister, en particulier avec son expansion dans plusieurs pays africains.  Les terroristes continuent d’exploiter les lacunes sécuritaires et politiques et d’aggraver les conditions humanitaires difficiles pour étendre leur influence, a-t-il constaté.  Aucun pays ni aucune région n’est à l’abri du terrorisme, a fait valoir le représentant qui a plaidé en faveur de l’unité et d’efforts internationaux concertés pour éliminer les menaces transfrontalières.  Rappelant que son pays a récemment été la cible d’attentats terroristes « odieux » perpétrés par les milices houthistes, il a plaidé pour une politique de tolérance zéro pour les actes et groupes terroristes qui compromettent la stabilité internationale et ciblent des civils innocents.  Son gouvernement exhorte tous les pays à se coordonner, à échanger des informations et à imposer des sanctions internationales aux groupes terroristes pour les forcer à mettre fin à tout comportement qui menace la paix et la sécurité internationales, a dit le représentant. 

M. Abushahab s’est dit favorable à ce que l’on continue d’élaborer des stratégies et des lois -aux niveaux national et international- qui tiennent compte des contextes locaux et régionaux.  Il a également recommandé de prendre les mesures « nécessaires » pour empêcher les groupes terroristes d’exploiter les technologies de pointe pour financer ou mener à bien leurs opérations.  Dans le même temps, il faut exploiter la technologie et l’intelligence artificielle pour protéger les sociétés de l’extrémisme et du terrorisme, et adopter les mesures préventives « nécessaires » pour protéger les peuples contre l’extrémisme et le terrorisme, a défendu le délégué.  Il a par ailleurs appelé à intensifier les efforts visant à apporter la stabilité et à reconstruire les zones libérées en Syrie et en Iraq.  À cet égard, il a signalé que son pays, en tant que coprésident du Groupe de travail sur la stabilisation au sein de la Coalition internationale, aux côtés des États-Unis et de l’Allemagne, a versé plus de 170 millions de dollars pour soutenir les efforts de reconstruction des infrastructures et des sites historiques, de renforcement des capacités nationales et d’accompagnement du retour en toute sécurité des personnes déplacées. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) s’est inquiété du contenu du rapport du Secrétaire général qui montre que Daech continue non seulement d’être actif et opérationnel non seulement en Syrie, au Yémen, en Irak et en Afghanistan, mais devient aussi plus fort en dehors des zones de conflit, à cause de la propagande en ligne et hors ligne pour radicaliser et recruter principalement des enfants.  L’utilisation d’enfants dans leurs actes terroristes en Syrie, une tactique bien connue, témoigne de leur barbarie, a tranché le représentant.  Il a appelé à la coopération de tous les États pour déraciner Daech et l’idéologie qui l’alimente. Nous devons faire preuve de la même détermination pour défendre nos valeurs, nos normes et nos principes, a-t-il insisté, avant de prévenir que les terroristes gagnent quand nous ne respectons pas nos mêmes valeurs dans notre action. 

Le représentant a donc jugé indispensable d’assurer la protection, le rapatriement, la poursuite, la réhabilitation et la réintégration des terroristes présumés et de leurs familles, en particulier les femmes et les enfants.  Il s’est dit préoccupé par les conditions « inhumaines et dégradantes » dans lesquelles sont retenus les détenus, en particulier les femmes et les enfants en Syrie et en Irak.  Il faut garantir une procédure régulière pour les détenus et les suspects, a estimé le représentant, en appuyant la compétence universelle pour veiller à ce que les combattants de Daech rendent des comptes.  Nous devons aussi faire en sorte, a-t-il poursuivi, que les centres de détention deviennent des lieux de recrutement et de radicalisation.  Il faut de toute urgence aider les enfants à sortir de « cet enfer » et donc assurer leur rapatriement et celui des femmes de manière humaine et sécurisé, dans le cadre d’une stratégie sensible au sexe, à l’âge, aux droits et aux besoins particuliers. 

M. JUN ZHANG (Chine) a estimé que la question du terrorisme, « notre ennemi commun », devrait faire l’objet au sein du Conseil de sécurité d’une réflexion plus approfondie, dans le contexte où ce fléau se répand, notamment en Afrique, profitant de l’absence ou de la faiblesse des États.  Il est aussi à espérer que l’Afghanistan respecte sa promesse de ne pas se constituer en base arrière de groupes terroristes, a dit le représentant.  Il a ensuite mis en garde contre la politisation de la question.  Si on politise le terrorisme ou si on apporte un appui politique aux groupes terroristes, cela aura des conséquences graves et se retournera contre nous, a prévenu la représentant, faisant allusion à une « organisation » active dans la région du Turkménistan oriental.  Cette organisation, qui a des liens avec Daech, est inscrite à la Liste du Comité 1267, et a mené des activités terroristes contre des civils, y compris dans le Xinjiang, a-t-il affirmé.  

Le représentant a par ailleurs déclaré que la lutte contre le terrorisme ne peut se faire par la seule voie militaire, au risque de ne pas l’éradiquer, mais au contraire d’attiser encore les rancœurs et le terrorisme.  On voit bien que les raids militaires entraînent souvent des représailles desdits groupes contre les populations civiles, a-t-il fait remarquer.  Il faut, à son avis, un volet économique dans la lutte antiterroriste, avec des actions en faveur du développement.  S’agissant des pays africains, le délégué chinois a appelé à les aider et à renforcer leurs capacités.  Il a conclu en réaffirmant le soutien de son pays au G5 Sahel, en précisant que les Nations Unies devraient l’appuyer dans sa lutte contre le terrorisme. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a condamné avec la plus grande fermeté l’attaque menée le 20 janvier par Daech contre le centre de détention de Hassaké, dans le nord-est syrien.  « Des coups sont portés à Daech », a-t-il poursuivi en citant la neutralisation d’Abu Ibrahim al-Hashimi al-Qourachi, connu également sous le nom de Hajji Abdallah, mais également la capture par les autorités iraquiennes de Hajji Hamid.  « Cette arrestation, nous l’espérons, nous permettra d’apporter un éclairage sur les finances de l’organisation et, donc, de mieux lutter durablement contre celles-ci. » 

Le représentant s’est dit vivement préoccupé par la menace sécuritaire en Afghanistan, en insistant sur l’augmentation, depuis le mois d’août, du nombre d’attentats commis par l’État islamique –Province de Khorassan, la branche locale afghane de Daech, et leur déploiement dans de nouvelles provinces.  Le délégué a affirmé que les Taliban n’ont pas rompu leurs liens avec Al-Qaida et ont, au contraire intégré plusieurs de leurs cadres au sein de leur gouvernement intérimaire.  « Les Taliban ont donc failli à leur promesse de ne plus apporter aucun soutien, direct ou indirect aux terroristes, et d’empêcher que l’Afghanistan redevienne un sanctuaire pour ces groupes », a-t-il dit. 

Le délégué de la France a demandé que la lutte contre le terrorisme demeure ambitieuse, « mais sans jamais servir de prétexte à l’oppression de personnes appartenant à une minorité ou à des violations des droits de l’Homme et des libertés fondamentales ».  La lutte contre le financement du terrorisme doit se poursuivre, a-t-il affirmé.  Il a donc plaidé pour le renforcement de la « capacité collective à faire face à l’émergence des nouvelles technologies financières ».  Enfin, le délégué a appelé à lutter contre le détournement d’Internet à des fins terroristes.  « Sur Internet comme partout ailleurs, il nous faut lutter sans relâche contre les terroristes. » 

Mme TRINE SKARBOEVIK HEIMERBACK (Norvège) a souligné que les pays et les régions les plus vulnérables au terrorisme sont également ceux qui se caractérisent par les conflits armés, l’instabilité politique, la pauvreté, les changements climatiques et la mauvaise gouvernance.  La menace que représentent Daech et ses affiliés, y compris dans de nombreuses situations de pays inscrites à l’ordre du jour de ce Conseil, ne peut être traitée efficacement sans reconnaître ce contexte.  La représentante a donc appelé à une approche globale de la lutte contre le terrorisme qui s’attaque aux moteurs sous-jacents de la radicalisation, dans le respect des droits de l’homme et de l’état de droit.  Mettant l’accent sur trois questions cruciales, elle a d’abord déclaré que la prévention est la stratégie antiterroriste la plus efficace, notamment le renforcement de la résilience à la radicalisation par la garantie de l’intégration sociale, politique et économique, de l’accès à la justice et à la sécurité et de l’autonomisation des femmes et des jeunes.  Elle a ensuite estimé que la protection est tout aussi importante, les récentes attaques de Daech ayant montré qu’il faut faire plus.  Enfin, elle a insisté sur le caractère « essentiel » des poursuites judiciaires. 

Daech est certes diminué mais il n’est pas vaincu », a prévenu la représentante.  Pour l’éradiquer une fois pour toutes, nous devons être lucides sur les vulnérabilités qu’il exploite et les contextes dans lesquels il s’enracine.  Le contre-terrorisme n’est pas seulement un exercice technique, c’est aussi un exercice politique.  Il ne s’agit pas seulement de renseignement, de frappes aériennes et d’arrestations, mais aussi de bonne gouvernance, de droits de l’homme et d’état de droit, a insisté la représentante. 

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÌREZ (Mexique) a déclaré que la récente attaque de la prison d’Hassaké en Syrie, rappelle « brutalement » la capacité opérationnelle de Daech et confirme les risques qu’il représente.  Cette attaque confirme également l’urgence de concevoir des plans efficaces de rapatriement, de réhabilitation et de réintégration des combattants étrangers et de leurs familles, sans oublier d’accorder des réparations aux victimes, y compris des soins de santé mentale. 

Le représentant a ensuite développé trois points et d’abord la nécessité de limiter la capacité d’action de Daech, en barrant son accès aux armes, avec un accent particulier sur les armes légères et de petit calibre.  Cela passe, a-t-il estimé, par le renforcement de la lutte contre le trafic illicite de ces armes, principalement en Afrique, au Moyen-Orient et en Afghanistan, conformément à la résolution 2616 (2021).  Deuxièmement, la lutte contre le terrorisme doit privilégier la protection des civils et la promotion des droits de l’homme car une stratégie exclusivement militaire ne peut que renforcer la spirale de la violence, d’autant que, parfois et de manière « alarmante », les opérations militaires elles-mêmes ont un impact grave sur la population civile.  En ce sens, le représentant a insisté sur le fait que le système de sécurité collective ne saurait être sacrifié sur l’autel de la lutte contre le terrorisme.  Les violations de l’Article 51 de la Charte des Nations Unies sont « tout simplement inadmissibles », a-t-il tranché. 

Enfin, M. de la Fuente Ramírez, a jugé « essentiel » de s’attaquer aux causes profondes du terrorisme par le biais d’un programme de développement doté d’une véritable stratégie transversale en matière de genre.  À cet égard, le représentant a rappelé qu’en août 2021, il avait été demandé au Secrétaire général d’inclure dans son rapport la notion de « masculinités » dans l’évaluation des causes profondes du terrorisme et les stratégies de sa prévention.  Le rapport actuel n’y fait toujours aucune référence, a déploré le représentant. 

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a estimé que le terrorisme est une négation de l’humanité et un problème sécuritaire majeur.  Malgré les revers essuyés par Daech depuis 2017, la menace posée par le terrorisme islamiste demeure très forte, a-t-il dit, en notant le grand nombre de cellules que compte l’État islamique dans le monde. Il a aussi estimé que le passage à la clandestinité de ce groupe depuis la perte de ses territoires peut paradoxalement rendre plus difficile la lutte contre la menace qu’il pose.  Le délégué a souligné que l’Afrique est devenue l’un des principaux fronts de la lutte antiterroriste, compte tenu des activités des groupes terroristes dans la zone dite des trois frontières.  Il a rappelé que les Chebab, les ADF et Boko Haram sont tous affiliés à Daech et fait observer que la problématique du retour des combattants terroristes étrangers est un réel sujet d’inquiétude en Afrique. 

Le délégué a réclamé un soutien financier aux pays les plus vulnérables, car un seul « maillon faible » fragilise toute la réponse internationale.  Il a donc appelé le Conseil à apporter un soutien « marqué » au G5 Sahel, grâce à un financement prévisible.  L’avancée de Daech en Afrique est alarmante, a conclu le délégué, en appelant la communauté internationale à agir énergiquement. 

M. BRIAN PATRICK FLYNN (Irlande) s’est dit préoccupé par l’expansion des affiliés de Daech en Afrique et par l’influence croissante de ce groupe terroriste en Afghanistan.  Il a tout de même fait observer que les mesures antiterroristes sont souvent utilisées à mauvais escient pour réduire au silence les défenseurs des droits humains, les opposants politiques et la société civile.  Si nous, en tant qu’États Membres, voulons vraiment contrer la menace de Daech, nous devons également être cohérent dans la protection des droits de l’homme, a prévenu M. Flynn.  Il a invité les entités des Nations Unies à tenir compte du dernier rapport de la Rapporteuse spéciale Fionnuala Ní Aoláin, qui souligne à quel point le renforcement des capacités en matière de droits de l’homme joue un rôle précieux dans l’amélioration des approches de la lutte contre le terrorisme.  Le représentant a insisté sur l’approche « Une seule ONU ».  S’agissant du financement du terrorisme, il s’est félicité de l’initiative de l’Autorité bancaire européenne de créer une base de données centrale sur la lutte contre ce financement.  Le représentant a estimé que le rapport du Secrétaire général suscite l’espoir mais, a-t-il dit, il faut encore des progrès dans l’établissement des responsabilités pour les viols, l’esclavage sexuel et la traite des êtres humains. 

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a déclaré qu’alors que le terrorisme continue de s’étendre, notamment en Afrique, il faut être plus vigilant, notamment en raison des nouveaux phénomènes comme les combattants terroristes étrangers.  La coopération technique et le renforcement des capacités restent cruciaux, notamment en termes de financement des organisations régionales, comme la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), très engagée dans la lutte contre le terrorisme.  Il faut également, a estimé le représentant, veiller à tarir les sources de financement des groupes terroristes, dont les crypto-monnaies et se pencher sur leurs liens avec la piraterie, notamment dans le golfe de Guinée.  Concluant son propos, le représentant a prévenu que la lutte contre le terrorisme et la pandémie de COVID-19 a réduit les capacités financières des États africains, d’où la nécessité de discuter sérieusement de l’annulation de leurs dettes. 

M. T. S. TIRUMURTI (Inde) s’est dit particulièrement préoccupé par la propagation de Daech et de ses affiliés sur le continent africain alors que l’Afghanistan risque de devenir un sanctuaire pour Al-Qaida et d’autres groupes terroristes.  Il a noté que l’État islamique d’Iraq et du Levant-Khorassan (EIIL-K) a doublé ses capacités après la libération de nombreux prisonniers.  Il s’est particulièrement inquiété des liens entre Al-Qaida et le réseau Haqqani et d’autres groupes, en regrettant que le rapport du Secrétaire général ne s’attèle pas à cette question. 

Le représentant de l’Inde a estimé que la réapparition de Daech en Iraq et en Syrie exige une coopération internationale sans faille et une action au niveau régional.  Il a jugé indispensable d’appuyer les États touchés par les groupes terroristes partout dans le monde avant de citer en exemple des initiatives probantes telles que le G5 Sahel.  Il a également parlé de « menaces émergentes » en citant les médias sociaux, les crypto-monnaies et les systèmes d’aéronefs sans pilote.  Il a prévenu que de nombreux États disposent de ressources limitées pour y faire face.  Dans ce contexte, il a souligné l’importance de la résolution 2616 2021) du Conseil de sécurité consacrée à la menace posée par des drones et de la résolution 1566 (2004). 

Mme PAULA AGUIAR BARBOZA (Brésil) a indiqué que l’une des questions les plus pressantes est, selon le rapport du Secrétaire général, la situation des combattants terroristes étrangers et leurs familles présents dans les camps de détention en Syrie.  Lorsque les efforts antiterroristes bafouent l’idée même d’humanité, ils tendent à faire le jeu des groupes terroristes, a averti la déléguée. « Par conséquent, non seulement pour des raisons juridiques et morales mais aussi parce que c’est une stratégie efficace pour répondre à la menace terroriste, il est crucial de respecter pleinement les droits humains. »  La déléguée a insisté sur la responsabilité collective de traiter les enfants d’abord comme des victimes, en appelant à éviter toute action qui pourrait aboutir à une apatridie des personnes concernées.  Elle a mentionné une seconde tendance préoccupante relevée dans ledit rapport qui est l’expansion de Daech sur le continent africain. 

Il est grand temps de reconnaître que des mesures purement sécuritaires pourront tuer des terroristes, mais pas leurs idées, a tranché la représentante du Brésil, en appelant à remédier aux causes profondes qui font le lit du terrorisme. Elle a souligné la nécessité de faire en sorte que toute action antiterroriste respecte le droit international, avant de regretter le manque de consensus sur les paramètres de ce qui constitue le terrorisme.  « Nous ne devons pas laisser le manque de clarté sur les questions ayant des répercussions pénales devenir la norme dans notre travail, pas plus que nous devons passer outre les garanties procédurales en ce qui concerne la désignation de nouveaux individus et entités comme éléments terroristes », a conclu la déléguée. 

M. MICHAEL KAPKIAI KIBOINO (Kenya) a déploré l’expansion de groupes terroristes, notamment dans des pays africains, en particulier dans la région du Sahel.  Pour ces raisons, le représentant a plaidé pour une approche multilatérale globale en vue de remédier aux insuffisances et aux vulnérabilités, allant de la faiblesse de la gouvernance aux situations socioéconomiques extrêmement difficiles, qui permettent au terrorisme de prospérer.  Il a aussi estimé que le Conseil de sécurité doit appliquer ses outils avec la même force à tous les groupes terroristes à caractère transnational.  Une politique de deux poids-deux mesures ne sera que « contre-productive », a mis en garde le représentant, ajoutant que son pays continue d’appeler à l’inscription des Chabab et de ses dirigeants dans le régime de sanctions de la résolution 1267 (1999). 

M. Kiboino a également estimé qu’il faut faire davantage pour perturber et démanteler les moyens économiques et les sources de revenus dont disposent les groupes terroristes, qui sont nombreux à s’appuyer sur la fiscalité illégale, l’extorsion et le commerce de contrebande.  Même l’aide et l’accès humanitaires ont été victimes de ces stratagèmes, a-t-il déploré, appelant par conséquent, le Conseil à « soigneusement » concevoir des contournements humanitaires pour éviter le soutien involontaire au terrorisme.  Enfin, a plaidé le représentant, l’ONU devrait tisser des partenariats « solides » dans la lutte antiterroriste entre les organisations régionales et sous-régionales.  Pour cette raison, le délégué s’est félicité de la création de bureaux et de programmes régionaux par le Bureau de lutte contre le terrorisme.  Le Kenya attend  avec impatience le lancement et la pleine opérationnalisation du bureau régional à Nairobi début mars 2022.  Ce sera une « étape importante », a conclu M. Kiboino. 

M. GENNADY V. KUZMIN (Fédération de Russie) s’est inquiété du contenu du rapport du Secrétaire général qui conclut que Daech et les autres organisations terroristes n’ont pas été vaincus et poursuivent leurs activités criminelles dans diverses régions du monde.  Alors que le continent africain est devenu un nouveau pôle d’attraction terroriste, le représentant a jugé extrêmement important d’empêcher la naissance en Afrique d’un « califat en version 2.0 ».  Il a estimé par ailleurs que les menaces terroristes dans le nord-est de la Syrie sont liées à la présence illégale de l’armée américaine qui « ne peut ou ne veut pas rétablir l’ordre », faisant état d’une « atmosphère d’anarchie » autour des zones de déploiement des contingents américains.  Pour le représentant, il est difficile de qualifier de « réussite » l’opération des forces spéciales américaines ayant conduit à la mort du chef de Daech, en évoquant la situation humanitaire « lamentable » dans les camps de Hol et de Roj situés dans une zone de la Syrie occupée illégalement par les États-Unis.  Des dizaines de milliers de femmes et d’enfants y sont détenus dans des conditions effroyables, a accusé le délégué russe.

De l’avis du représentant russe, le retrait des forces d’occupation américaines de Syrie permettrait aux Syriens eux-mêmes de nettoyer les « abcès terroristes » restants sur leur territoire et d’assurer la sécurité de la population civile.  Il a dit soutenir les efforts des États qui sont prêts à coopérer dans la lutte contre le terrorisme sur la base du droit international avant de mettre en cause la sincérité de certains acteurs. 

S’agissant du problème du retour des combattants terroristes étrangers et des membres de leurs familles, il a dit que les nombreux problèmes liés aux anciens combattants et aux membres de leur famille ne peuvent être résolus qu'en coopération avec les autorités judiciaires des pays où ils se trouvent.  Le représentant a précisé qu’une collaboration entre son pays et les autorités iraquiennes et syriennes avait permis de rapatrier près de 350 mineurs de Syrie et d’Iraq en leur offrant une réinsertion sociale. 

Il a dit que l’État islamique d’Iraq et du Levant-Khorassan (EIIL-K) comprendrait 6 000 militants dont d’anciens responsables de la sécurité du gouvernement au sein de l’armée et des services spéciaux.  Le représentant s’est particulièrement inquiété qu’une partie importante des terroristes en Afghanistan viennent d’États d’Asie centrale avec un risque de propagation des activités terroristes dans les pays voisins.  Notant que le rapport du Secrétaire général met l’accent sur le problème de l’excès d’armes au Moyen-Orient, en Afrique et en Afghanistan, auxquelles l’EI et d’autres groupes terroristes peuvent avoir accès, le délégué a pointé du doigt la «fuite paniquée» des États-Unis et de leurs alliés d’Afghanistan, qui ont ainsi abandonné d’énormes volumes d’armes aux groupes terroristes.  Il a déploré que la population afghane doive payer le prix de l’irresponsabilité des militaires américains et de l’OTAN, et de nombreux « experts autoproclamés de la construction de la démocratie, de l’état de droit et des valeurs occidentales ».  Le représentant a estimé que la vitesse avec laquelle ce château de cartes s’est effondré doit nous interroger sur la pertinence de l’imposition par la force de valeurs « démocratiques » stéréotypées. 

Il s’est dit préoccupé par les vies des civils perdues, vues comme des « dommages collatéraux ».  Il a voulu savoir combien de personnes ont été victimes des frappes « soi-disant extrêmement bien ciblées » des Américains et de leurs alliés en Syrie, en Iraq, en Afghanistan, en Yougoslavie et dans d’autres pays du monde qui ont eu la « chance » de profiter de la « démocratisation » américaine.  Alors que de nombreuses délégations occidentales ont de nouveau lancé des appels au respect des droits de l’homme et du droit humanitaire dans la mise en œuvre des mesures antiterroristes, le représentant russe les a invitées à accorder leurs paroles avec leurs actes. 

M. DELAURENTIS (États-Unis) est revenu sur le raid que les forces spéciales américaines ont conduit la semaine dernière dans le nord-ouest syrien et qui a conduit à l’élimination du chef de Daech, Abou Ibrahim al-Hachimi al-Qourachi.  Il a précisé que ce dernier était porteur d’une veste explosive.  La bombe qu’il a faite exploser a aussi tué des membres de sa propre famille dont des femmes et des enfants, a-t-il ajouté.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Comité des Palestiniens: le Secrétaire général appelle à mettre fin aux mesures unilatérales illicites et à ne pas perdre de vue la solution des deux États

406e séance – après-midi
AG/PAL/1444

Comité des Palestiniens: le Secrétaire général appelle à mettre fin aux mesures unilatérales illicites et à ne pas perdre de vue la solution des deux États

Le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien a renouvelé, cet après-midi, sa confiance à M. Cheikh Niang, du Sénégal, réélu à l’unanimité à la présidence du Comité pour un mandat d’un an, lors d’une séance au cours de laquelle le Secrétaire général a appelé de toute urgence à intensifier les efforts collectifs pour mettre fin à l’occupation et à ne pas perdre de vue l’objectif de parvenir à une solution des deux États, avec une État palestinien démocratique et indépendant. 

« Il n’y a pas de plan B » a insisté M. António Guterres dans une déclaration liminaire, avant de s’inquiéter d’une situation dans le Territoire palestinien occupé -y compris Jérusalem-Est– qui pose un défi à la paix et à la sécurité internationales, parce que les promesses de l’indépendance de l’État palestinien et de la réalisation des droits des Palestiniens restent non tenues. Préoccupé par la détérioration de la situation politique, économique et sécuritaire dans tout le territoire palestinien, le Secrétaire général a appelé à inverser cette tendance et à créer une dynamique vers un processus de paix revigoré. 

Tout en se disant encouragé par les récents échanges entre de hauts responsables israéliens et palestiniens, il a prévenu que les mesures unilatérales et les actions illégales qui alimentent le conflit doivent cesser, avant de fustiger la violence des colons et les opérations militaires qui font de nombreux morts parmi les Palestiniens, ainsi que les activités militantes depuis Gaza et les actes terroristes, qui font tous augmenter le risque d’une escalade plus large. 

De son côté, M. Niang a exhorté la communauté internationale, en particulier le Quatuor, à accompagner, au plus haut niveau, les autorités israéliennes et palestiniennes pour une issue heureuse et définitive à ce conflit.  « Nous en convenons tous, seule une solution définitive permettrait de prendre en charge les défis qui se posent au Moyen-Orient et qui ont pour noms, entre autres, terrorisme et extrémisme violent, pauvreté et exclusion ».  Dans cet optique, il a exhorté les parties à s’abstenir d’actes unilatéraux compromettant la possibilité de relancer le processus de paix.  Il a également plaidé pour le respect du statu quo concernant le régime juridique de la ville sainte de Jérusalem.  

Mme Feda Abdelhady-Nasser, observatrice adjointe de l’État de Palestine, a appelé elle aussi à protéger le peuple palestinien des exactions israéliennes et à tout mettre en œuvre pour que les responsabilités soient établies au sujet des crimes de guerre commis contre le peuple palestinien.  L’observatrice a particulièrement fustigé l’ampleur des violences, des démolitions et déplacements de population avant de saluer les récentes interventions d’ONG comme Amnesty international, Human Right Watch mais aussi des organisations israéliennes, pour dénoncer « le régime d’apartheid qu’Israël impose au peuple palestinien ».  

Les représentants de 11 États Membres -Cuba, au nom des membres du Bureau, Égypte, Jordanie, Tunisie, Inde, Indonésie, Liban, Turquie, Chine, Bengladesh et Venezuela- se sont succédés pour appuyer la pleine réalisation des droits inaliénables du peuple palestinien et plaider en faveur d’une solution juste fondée sur les résolutions pertinentes des Nations Unies qui garantissent que deux États, Israël et la Palestine, vivent côte à côte dans la paix et la sécurité selon les lignes d’avant 1967 et avec Jérusalem-Est comme capitale de l’État palestinien. 

Plusieurs délégations ont mis l’accent sur le récent rapport de l’ONG Amnesty International, publié le 1er février, qui accuse Israël de mener une « politique d’apartheid » envers les Palestiniens.  Le rapport dénonce toutes les atteintes aux droits de l’homme commises par Israël, dont « les confiscations massives de terres et de biens palestiniens, les meurtres illégaux, les transferts forcés, les restrictions de déplacement drastiques et le déni de nationalité et de citoyenneté aux Palestiniens » qui s’apparentent, en fonction des dispositions du droit international, à des crimes contre l’Humanité ». 

Le programme de travail (A/AC.183/2022/L.2) adopté pour 2022 au cours de la séance prévoit justement une réunion virtuelle, en mars, sur la question de « l’apartheid » dans le Territoire palestinien occupé, à laquelle participeront d’éminentes organisations de défense des droits humains, dont Amnesty International. 

Les élections menées en début de séance pour les membres du Bureau du Comité ont conduit au renouvellement de quatre vice-présidents sortants, -MM. Pedro Luis Pedroso Cuesta, de Cuba; Neville Melvin Gertze, de la Namibie; Jaime Hermida Castillo, du Nicaragua, et Arrmanatha Christiawan Nasir, de l’Indonésie- alors qu’un cinquième vice-président et un rapporteur doivent encore être nommés. 

En marge de l’adoption du programme de travail, le Président du Comité a souligné le succès de la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien de 2021, tenue à New York et à l’étranger le 29 novembre, et l’importance du débat qui s’est tenu à l’Assemblée générale en décembre 2021 et qui a culminé avec l’adoption d’une résolution sur le règlement pacifique de la question de Palestine (A/76/L16).  Le Président a aussi rappelé être intervenu au débat public sur la situation en Palestine organisé par le Conseil de sécurité le 19 janvier 2021. 

La prochaine réunion du Comité des droits inaliénables du peuple palestinien sera annoncée dans le Journal des Nations Unies. 

DÉCLARATION DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a déclaré que la situation dans le Territoire palestinien occupé -y compris Jérusalem-Est- continue de poser un défi important à la paix et à la sécurité internationales, car les promesses de l’indépendance de l’État palestinien et de la réalisation des droits des Palestiniens restent non tenues. Il s’est aussi inquiété de la détérioration de la situation politique, économique et sécuritaire dans tout le territoire palestinien, notant que les Palestiniens connaissent des niveaux élevés de dépossession, de violence et d’insécurité, sans horizon politique en vue. 

Face à ce constat, le Secrétaire général a appelé à inverser ces tendances et à créer une dynamique vers un processus de paix revigoré.  Pour ce faire, il a appelé de toute urgence à intensifier les efforts collectifs pour mettre fin à l’occupation et parvenir à une paix juste fondée sur les résolutions des Nations Unies, le droit international et les accords bilatéraux. 

Encouragé par les récents échanges entre de hauts responsables israéliens et palestiniens, il a exhorté les deux parties à élargir cet engagement pour englober les questions politiques sous-jacentes en gardant à l’esprit l’objectif global des deux États vivant côte à côte dans la paix et la sécurité.  Rappelant qu’il n’y a pas de plan B, il a prévenu des risques des approches fragmentaires de la question de Palestine: elles ne feront que garantir que les problèmes sous-jacents perpétuant le conflit restent sans réponse. 

« Les mesures unilatérales et les actions illégales qui alimentent le conflit doivent cesser. »  Le Secrétaire général s’est inquiété de la poursuite de la violence dans tout le Territoire palestinien occupé, y compris la violence des colons et les opérations militaires qui font de nombreux morts chez les Palestiniens, ainsi que des activités militantes menées depuis Gaza et des actes terroristes, qui augmentent tous le risque d’une escalade plus large. 

Après avoir rappelé que se poursuivent également les activités illégales de colonisation, les démolitions et les expulsions, y compris à Jérusalem-Est, M Guterres a rappelé qu’elles sont illégales et a exhorté à les faire cesser.  Le Secrétaire général a estimé que les violations continues des droits de l’homme perpétrées contre les Palestiniens entravent considérablement la capacité de ces derniers à vivre en sécurité et à développer leurs communautés et leur économie. 

Par ailleurs, M. Guterres a exhorté toutes les parties à préserver le statu quo sur les lieux saints de la vieille ville de Jérusalem.  Alors que la communauté internationale s’emploie à relancer le processus politique, il a appelé à soutenir les efforts visant à améliorer la situation économique et humanitaire dans le Territoire palestinien occupé.  Tout en saluant le soutien vital reçu par l’appel humanitaire éclair des Nations Unies pour Gaza, il s’est dit préoccupé par la situation budgétaire désastreuse de l’Autorité palestinienne, qui compromet sa stabilité institutionnelle et sa capacité à fournir des services à son peuple. 

M. Guterres a appelé les États Membres à accroître leur soutien financier au peuple palestinien et leurs contributions à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), qui est un pilier de la stabilité régionale.  Tout en saluant les récentes décisions israéliennes d’augmenter les possibilités de circulation des biens et des personnes à l’intérieur et à l’extérieur de la bande de Gaza, le Secrétaire général a estimé que seule une levée complète des bouclages conformément à la résolution 1860 (2009) du Conseil de sécurité permettra une amélioration durable des vies et des moyens de subsistance à Gaza. 

« Nous ne pouvons pas perdre de vue l’objectif longtemps recherché de mettre fin à l’occupation et de parvenir à une solution des deux États », a conclu le Secrétaire général avant d’exhorter toutes les parties à prendre des mesures concrètes pour améliorer les perspectives d’une solution négociée et parvenir à une paix juste et durable. 

Compte rendu des membres du Comité et des observateurs sur leurs activités relatives à la question palestinienne

M. CHEIKH NIANG, Président du Comité des Nations Unies pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, a salué l’engagement personnel du Secrétaire général en faveur du règlement de la question palestinienne.  L’année 2021 a été particulièrement difficile pour le peuple palestinien, a-t-il rappelé en citant la poursuite, sans relâche, de l’expansion des colonies illégales, y compris à l’intérieur et autour de Jérusalem-Est et de Bethléem même en période de pandémie, résultant en l’aggravation de la situation sociale, économique, humanitaire et politique dans le Territoire palestinien occupé, déjà fragilisé par les restrictions à la circulation et à l’accès imposées depuis des décennies par Israël, la Puissance occupante.  

M. Niang a déclaré que l’usage disproportionné de la force a, une fois de plus, été à l’origine d’importants dégâts humains et matériels.  Les colonies israéliennes dans les zones occupées et l’occupation en elle-même sont illégales au regard du droit international, comme le réaffirme, entre autres, la résolution 2334 (2016) du Conseil de sécurité, et constituent un obstacle à la paix, a dit M. Niang.  Il a ensuite condamné toute forme de violence et toute incitation à la haine, quels qu’en soient les auteurs ou les motivations.  « Je voudrais, en ce sens et au nom du Comité, inviter Israël et la communauté internationale à veiller à ce que les droits inaliénables du peuple palestinien soient respectés et maintenus, y compris celui de vivre dans la liberté et la dignité dans un État indépendant et souverain. » 

Le Président s’est dit persuadé que le meilleur moyen de favoriser les conditions d’une paix et d’une sécurité durables entre Israéliens et Palestiniens, c’est de renoncer à toute forme de violence et de politique du fait accompli, et de retourner à la table de négociations, en vue d’une solution globale, qui assigne à chaque partie le droit à un État souverain.  Afin de traduire en actes concrets l’engagement de la communauté internationale en faveur de la solution des deux États, nous devons œuvrer, dans l’esprit du multilatéralisme, à la relance du processus de paix, en mettant sur la table toutes les questions en suspens comme les colonies de peuplement, le statut de Jérusalem, les réfugiés, la sécurité ainsi que la situation à Gaza, a argué M. Niang. 

Il a invité toutes les parties à s’abstenir d’actes unilatéraux compromettant la possibilité de relancer le processus de paix.  En même temps, il est essentiel que le statu quo concernant le régime juridique de la ville sainte de Jérusalem soit maintenu, a poursuivi le Président.  « Cela doit inclure le respect du statu quo historique et juridique de l’enceinte de la mosquée Al-Aqsa et le respect du caractère sacré de ce lieu saint et du droit des fidèles musulmans d’y prier paisiblement sans menaces, intimidations ou violences. »  À propos de l’UNRWA, M. Niang a exhorté les États Membres à maintenir leur ferme appui à l’Agence non seulement pour un accès à des ressources prévisibles, suffisantes et durables, mais aussi pour attirer la solidarité internationale envers les réfugiés de Palestine. 

Enfin, le Président a réaffirmé la position des Nations Unies sur la solution des deux États -Israël et la Palestine- vivant côte à côte dans la paix et la sécurité à l’intérieur de frontières reconnues, sur la base des lignes antérieures à 1967.  Le Comité continuera à s’engager auprès des États Membres et des groupes régionaux afin de mobiliser un soutien plus large en faveur des nouvelles possibilités qui s’offrent pour faire avancer la cause palestinienne, a-t-il promis.  « Il appuiera ainsi toute initiative visant à la pleine réalisation des droits inaliénables du peuple palestinien et à une solution juste fondée sur les résolutions pertinentes des Nations Unies qui garantissent que deux États, Israël et la Palestine, vivent côte à côte dans la paix et la sécurité selon les lignes d’avant 1967 et avec Jérusalem-Est comme capitale de l’État palestinien. » 

Mme FEDA ABDELHADY-NASSER, observatrice adjointe de l’État de Palestine, a appelé à protéger le peuple palestinien des exactions israéliennes et à tout mettre en œuvre pour que les responsabilités soient établies au sujet des crimes de guerre commis contre le peuple palestinien.  L’observatrice a particulièrement fustigé l’ampleur des violences, des démolitions et déplacements de population. Elle a rappelé que des ONG comme Amnesty international, Human Right Watch mais aussi des organisations israéliennes ont dénoncé « le régime d’apartheid qu’Israël impose au peuple palestinien ».  « La communauté internationale doit être honnête » a lancé la représentante, avant de rappeler que les conclusions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale au sujet des exactions israéliennes sont fondées sur des faits et une analyse rigoureuse de la situation et du niveau de mépris du droit international. 

Estimant que la privation des droits rend la vie intolérable et sape les possibilités de paix, Elle a exhorté la communauté internationale à faire pression sur Israël afin qu’il cesse de violer les droits des Palestiniens.  « Nous sommes déterminés à utiliser tous les moyens juridiques et pacifiques à notre disposition pour mettre fin à ce régime d’apartheid », a insisté l’observatrice de la Palestine avant d’exhorter la communauté internationale à mettre fin à cette injustice qui frappe le peuple palestinien.  Elle a rappelé la position des Nations Unies sur la solution des deux États -Israël et la Palestine- vivant côte à côte dans la paix et la sécurité à l’intérieur de frontières reconnues, sur la base des lignes antérieures à 1967 avant de mentionner la résolution 194 de l’Assemblée générale des Nations-Unies qui stipule que « les réfugiés souhaitant rentrer chez eux et vivre en paix avec leurs voisins devraient être autorisés à le faire ». 

M. PEDRO LUIS PEDROSO CUESTA (Cuba), s’exprimant au nom des membres du Bureau, a demandé des efforts renouvelés de la part de la communauté internationale afin d’apporter une solution à la question palestinienne.  Les violations par Israël des droits du peuple palestinien ont été plus flagrantes que jamais en 2021, a-t-il constaté en décrétant l’année écoulée « l’une des pires pour les Palestiniens ».  Il a estimé que le peuple palestinien est victime d’un véritable apartheid qui n’est pas condamné comme il se doit par la communauté internationale.  Nous devons œuvrer à l’élaboration de la protection à laquelle les Palestiniens ont droit, a-t-il demandé.  Enfin, le délégué a salué l’adoption d’un programme de travail ambitieux pour le Comité et réitéré son soutien à la solution des deux États. 

M. OSAMA MAHMOUD ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte) a tout d’abord salué la victoire du Sénégal à la Coupe d’Afrique des Nations, contre son pays.  Il a ensuite redit l’attachement de l’Égypte à la cause palestinienne, en faisant remarquer que la Palestine traverse une période critique tant ses acquis sont sapés.  Il a souligné la pertinence de la solution des deux États et fustigé ceux qui sont en faveur d’un maintien du statu quo.  Il a dénoncé les violations israéliennes commises dans les lieux saints, ainsi que les expulsions de familles palestiniennes dans le quartier de Cheick Jarrah.  Le délégué a insisté sur le rôle des Nations Unies dans l’obtention par plusieurs pays de leur indépendance.  La Palestine ne doit pas être une exception, a dit le délégué, en appelant à la fin de l’occupation palestinienne et à la reprise de pourparlers de paix.  Enfin, il a réitéré le droit du peuple palestinien à disposer d’un État souverain. 

M. MAHMOUD DAIFALLAH HMOUD (Jordanie) a salué le rôle vital du Comité pour mobiliser l’attention autour d’une juste cause face aux injustices majeures imposées au peuple palestinien.  « Il est temps de mettre fin à cette injustice », a insisté le représentant avant d’appuyer toute initiative visant à la pleine réalisation des droits inaliénables du peuple palestinien et à une solution juste fondée sur les résolutions pertinentes des Nations Unies qui garantissent que deux États, Israël et la Palestine, vivent côte à côte dans la paix et la sécurité selon les lignes d’avant 1967 et avec Jérusalem-Est comme capitale de l’État palestinien.  Nous demeurons engagés en faveur d’une solution pacifique sur la base des résolutions pertinentes des Nations Unies, a insisté le représentant de la Jordanie avant d’appeler à préserver le statu quo s’agissant du statut juridique de la ville sainte. 

M. TAREK LADEB (Tunisie) a appuyé le droit à l’autodétermination du peuple palestinien et demandé la fin de l’occupation israélienne.  Il a dénoncé les violations du droit commises par la Puissance occupante.  Le délégué a salué la volonté d’ouverture du Comité vers la société civile, les femmes et la jeunesse, ainsi que ses efforts de sensibilisation internationale à la question palestinienne.  Les droits du peuple palestinien sont imprescriptibles, a conclu le délégué de la Tunisie. 

M. T. S. TIRUMURTI (Inde) s’est dit favorable au règlement pacifique de la question de Palestine.  « Nous avons toujours été favorables à la pleine réalisation des droits inaliénables du peuple palestinien et à un règlement juste fondé sur les résolutions pertinentes des Nations Unies qui garantissent que deux États, Israël et la Palestine, vivent côte à côte dans la paix et la sécurité selon les lignes d’avant 1967 et avec Jérusalem-Est comme capitale de l’État palestinien », a insisté le représentant de l’Inde.  Il a fustigé les actes de destruction et de démobilisation qui se poursuivent alors que sont annoncées de nouvelles implantations illégales.  Il a aussi dénoncé les mesures unilatérales qui changent les réalités démographiques sur le terrain et menacent les perspectives de paix. 

M. ARRMANATHA CHRISTIAWAN NASIR (Indonésie) a déploré que la situation sur le terrain demeure précaire.  Le Comité doit renforcer son engagement, a-t-il souhaité, avant d’inviter la communauté internationale à œuvrer à la réalisation de la solution des deux États.  Enfin, le délégué a réaffirmé sa solidarité inébranlable en faveur du peuple palestinien. 

M. MOHAMMAD ALI JARDALI (Liban) a salué les efforts extraordinaires du Comité pour faire en sorte que la question de Palestine figure au cœur des préoccupations des Nations Unies.  Il a fustigé les entreprises de démolition et autres exactions qui menacent l’objectif des deux États, Israël et la Palestine, vivant côte à côte dans la paix et la sécurité selon les lignes d’avant 1967 et avec Jérusalem-Est comme capitale de l’État palestinien.  Le représentant a particulièrement salué le dernier rapport d’Amnesty International sur le régime d’apartheid israélien qui détaille les crimes contre l’Humanité et les divise en différentes parties, dont les tortures et assassinats illicites de Palestiniens.  Le représentant du Liban a décrit une triste réalité qui n’a fait que s’aggraver au cours des 70 dernières années sous les coups de boutoir des exactions israéliennes.  Il a exhorté la communauté internationale à appuyer les travaux de l’UNRWA. 

Mme CEREN HANDE ÖZGÜR (Turquie) a condamné les arrestations arbitraires, ainsi que la poursuite des colonies de peuplement.  Elle a souligné l’importance d’appuyer l’unité intrapalestinienne.  L’UNRWA doit pouvoir continuer d’apporter ses services, a dit la déléguée, en assurant l’Agence du soutien de la Turquie.  La déléguée s’est enfin dite en faveur de la solution des deux États. 

Mme DAN GUI (Chine) a salué le travail du Comité pour mobiliser la communauté internationale autour de la question de Palestine qui est depuis 53 ans au cœur de la situation au Moyen-Orient.  Elle a exhorté la communauté internationale à continuer de travailler autour de l’objectif des deux États, Israël et la Palestine, pour que ces pays puissent vivre côte à côte dans la paix et la sécurité selon les lignes d’avant 1967, et avec Jérusalem-Est comme capitale de l’État palestinien, en gardant à l’esprit la question de l’échange de terres contre la paix.  La représentante de la Chine a appelé à faire en sorte que l’Autorité palestinienne puisse exercer ses droits souverains et prendre un contrôle réel de tout le territoire occupé.  Elle a appelé à lever le blocus contre Gaza et à cesser toutes démolitions. 

M. MD MONWAR HOSSAIN (Bangladesh) a soutenu la juste cause palestinienne et la solution des deux États.  En 2021, la communauté internationale a demandé un règlement de la question palestinienne, mais l’année écoulée a été désastreuse pour le peuple palestinien, a déploré le délégué.  Il a dénoncé les actes atroces commis par les forces et les colons israéliens, avant de souhaiter la mobilisation pour un appui fort à l’UNRWA.  Il a invité le Comité à se saisir de la question des violences infligées aux enfants.  Tous les Palestiniens doivent jouir de leurs droits sur le Territoire palestinien occupé, a déclaré le délégué du Bangladesh, en réclamant la fin de l’occupation palestinienne. 

M. JOAQUÍN ALBERTO PÉREZ AYESTARÁN (Venezuela) a réaffirmé le droit de la Palestine à l’indépendance avant de rappeler la pertinence de l’objectif de la solution des deux États, Israël et la Palestine, qui doivent pouvoir vivre côte à côte dans la paix et la sécurité selon les lignes d’avant 1967 et avec Jérusalem-Est comme capitale de l’État palestinien.  « Cette solution des deux États est la voie la plus juste et le seul moyen de mettre fin à un des conflits les plus douloureux », a-t-il insisté.  Il a appelé la Puissance occupante à s’acquitter de ses responsabilités au regard des résolutions pertinentes et à mettre fin à ses violences systématiques du droit international et à sa politique d’apartheid.  « Surtout » a-t-il insisté, « il faut qu’Israël s’abstienne de toute action unilatérale ». 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Commission du développement social: les délégations vantent les mérites des systèmes de protection sociale pour appuyer le relèvement post-COVID-19 

Soixantième session,
réunions virtuelles, matin & après-midi
SOC/4899

Commission du développement social: les délégations vantent les mérites des systèmes de protection sociale pour appuyer le relèvement post-COVID-19 

La poursuite des travaux de la Commission du développement social a été l’occasion, aujourd’hui, pour nombre d’États Membres, de vanter les mérites des systèmes de protection sociale pour amortir les effets de la pandémie et préparer un relèvement post-COVID-19 inclusif et résilient.  

Dans la foulée du Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales qui avait indiqué, hier, que les dépenses de protection sociale avaient bondi de 270% entre décembre 2020 et mai 2021, ministres et délégués ont mis en avant les diverses politiques sociales adoptées à l’échelon national pour faire face aux répercussions de la pandémie.

La Ministre de la solidarité sociale de l’Égypte, a ainsi donné quelques exemples de records dignes « du Guinness » pour des campagnes humanitaires et caritatives qui ont notamment permis d’octroyer une aide de 40 millions de dollars à 1,6 million de travailleurs intérimaires pendant six mois.  En outre, a encore détaillé Mme Nevine El Kabbag, 14 millions d’habitants, dont 75% sont des femmes, ont bénéficié d’une aide d’un montant de 3,8 millions de dollars et 126 000 employés de maisons de retraite ont reçu l’intégralité de leurs salaires mensuels pendant la période du confinement.  

Au Libéria, a indiqué la Ministre du genre, de l’enfance et de la protection sociale de ce pays, Mme Williametta E. Saydee-Tarr, le système de protection sociale a été élargi afin de répondre de manière adéquate à la crise économique posée par la pandémie de COVID-19, permettant ainsi à 15 000 ménages supplémentaires d’en bénéficier en 2021 dans le comté urbain de Montserrado.  

Consciente que la lutte contre la pauvreté et la faim permettra à toutes les nations de relever tous les autres défis, la Ministre de la solidarité, de l’inclusion sociale et de la famille du Maroc, Mme Aawatif Hayar, a indiqué pour sa part que son gouvernement œuvre à renforcer les valeurs de coopération pour que tous ses citoyens puissent profiter de la protection sociale, notamment par le biais de l’universalisation de l’assurance maladie et l’extension de la retraite à tous les travailleurs, y compris les indépendants.

De son côté, le Gouvernement péruvien appuie l’approvisionnement alimentaire et la promotion d’un régime alimentaire sain, en adoptant des mesures qui ont permis d’augmenter de 20% l’aide alimentaire gouvernementale pour huit millions de personnes dont 1,6 million de personnes vulnérables et quatre millions d’élèves, a fait savoir la Vice-Présidente et Ministre du développement et de l’inclusion sociale du Pérou, Mme Dina Boluarte, qui a précisé que plus de 12 000 cantines scolaires ont été mises sur pied depuis la pandémie.

Également partisane du subventionnement des cantines scolaires, mais aussi d’une transition verte, la Ministre des affaires sociales et de la santé de la Finlande, Mme Hanna Sarkkinen, a insisté sur l’importance de développer l’État providence, base de la prospérité des pays nordiques au nom desquels elle s’exprimait.  

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, le Pakistan a toutefois fait observer que seuls 13,4% des habitants des pays à faible revenu ont pu recevoir au moins une prestation de protection sociale.  Mettant en garde contre l’endettement des pays en développement pour financer leurs systèmes de protection sociale, la délégation a relevé que les pays pauvres ont besoin de 1 500 milliards de dollars d’investissement dans leurs infrastructures de base pour arrêter le cycle de pauvreté et assurer un accès équitable aux vaccins contre la COVID-19 qui, a-t-elle insisté, doivent être « un bien public mondial ».   

Il faut des politiques de protection sociale qui répondent aux besoins de tous « sans exclusion », a tranché la Jamaïque au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM).  

Cette deuxième journée de travaux virtuels était articulée autour d’un forum ministériel sur le thème « Renforcer le multilatéralisme pour assurer le bien-être et la dignité de tous en luttant contre l’insécurité alimentaire et en œuvrant à l’élimination de la pauvreté, notamment par la promotion de systèmes alimentaires durables », suivi, dans l’après-midi, du débat général.

Le thème prioritaire de cette soixantième session est « Assurer un relèvement inclusif et résilient après la COVID-19 pour garantir à chaque personne des moyens de subsistance, le bien-être et la dignité: éliminer la pauvreté et la faim sous toutes leurs formes et dans toutes leurs dimensions aux fins de la réalisation du Programme 2030 ».

La Commission du développement social poursuivra ses travaux demain, mercredi 9 février, à partir de 10 heures.

FORUM MINISTÉRIEL SUR LE THÈME « RENFORCER LE MULTILATÉRALISME POUR ASSURER LE BIEN-ÊTRE ET LA DIGNITÉ DE TOUS EN LUTTANT CONTRE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE ET EN ŒUVRANT À L’ÉLIMINATION DE LA PAUVRETÉ, NOTAMMENT PAR LA PROMOTION DE SYSTÈMES ALIMENTAIRES DURABLES »

Panélistes

Mme DINA BOLUARTE, Vice-Présidente et Ministre du développement et de l’inclusion sociale du Pérou, a déclaré que les mesures conjointes adoptées par les pays permettront de redonner la dignité à chaque personne dans le monde, insistant sur l’importance du développement social et des partenariats.  Elle a passé en revue les mesures prises par son gouvernement pour contrer les impacts de la pandémie, notamment les bons alimentaires, les transferts d’argent et le soutien aux ménages ruraux et les personnes âgées.  Le Gouvernement appuie également l’approvisionnement alimentaire et la promotion d’un régime alimentaire sain, a-t-elle ajouté, notant que le rôle des femmes dans l’alimentation saine est particulièrement important.  Ces mesures ont permis d’augmenter de 20% l’aide alimentaire gouvernementale pour huit millions de personnes dont 1,6 million de personnes vulnérables et quatre millions d’élèves.  En coordination avec les autorités locales, 230 municipalités ont reçu des formations sur l’importance de suivre un régime alimentaire sain.  Et depuis la pandémie, plus de 12 000 cantines scolaires ont été lancées et plus de 2 000 initiatives locales d’aide alimentaire ont été comptabilisées, a-t-elle encore détaillé.  Après avoir insisté sur l’importance du multilatéralisme pour réaliser le Programme 2030, Mme Boluarte a indiqué que l’exclusion sociale étant très prononcée en milieu rural, le Gouvernement a mis en place une politique de protection sociale pour la population rurale afin de renforcer la capacité de production.  Elle a également évoqué une stratégie territoriale de gouvernance qui fournit une aide technique pour faire face à l’insécurité alimentaire et aux risques posés par les changements climatiques.

Mme HANNA SARKKINEN, Ministre des affaires sociales et de la santé de la Finlande, a souligné l’importance de la préparation et de la résilience pour résister à des chocs tels que la pandémie de COVID-19.  Elle a indiqué que son pays dispose d’un système de santé solide et que son modèle de protection sociale est transparent.  Pour répondre efficacement aux crises sanitaires et à leurs effets connexes, les investissements dans le système de santé et les compétences sont essentiels, a-t-elle relevé, avant d’assurer que le système préexistant de la Finlande a bien fonctionné, de sorte qu’il n’a eu à faire que peu d’ajustements pendant la pandémie.  Cela étant, le Gouvernement s’emploie néanmoins à renforcer la protection sociale des personnes et petites et moyennes entreprises, a indiqué la Ministre, selon laquelle la crise actuelle a permis d’envisager des mesures sociales « en temps normal ». 

En ce qui concerne la politique nationale de « logement abordable pour tous », Mme Sarkkinen a expliqué qu’un soutien est fourni dès que les personnes deviennent sans abri.  Cette initiative vise à éradiquer le sans-abrisme d’ici à 2027, a-t-elle précisé.  Rappelant ensuite que le droit à l’alimentation est un droit humain, elle a fait état de mesures de restauration scolaire gratuite dans son pays.  Cet investissement dans le capital humain a joué un rôle vital dans le développement, a souligné la Ministre, en invitant tous les États à rejoindre la coalition mondiale pour des repas scolaires gratuits.  L’égalité sociale et entre les sexes est une tradition de la Finlande, a-t-elle ajouté, précisant que l’enseignement secondaire est désormais dispensé gratuitement.  Dans le même temps, a conclu Mme Sarkkinen, le Gouvernement entreprend des réformes pour mieux soutenir les familles, notamment en élargissant les congés familiaux.

M. SAHIL BABAYEV, Ministre du travail et de la protection sociale de la population de l’Azerbaïdjan, a déclaré que des progrès significatifs avaient été réalisés récemment dans son pays, suite à l’adoption de mesures de protection sociale supplémentaires avec des programmes qui touchent maintenant un million de personnes.  L’augmentation du montant des pensions, des salaires minimums et d’autres programmes de revenus contribuent à la réduction de la pauvreté, en particulier pour les groupes vulnérables.  Plusieurs autres programmes d’aide sociale visent spécifiquement à réduire la pauvreté à la lumière des défis posés par la pandémie depuis maintenant deux ans.  Les prestations sociales sont devenues un autre outil pour protéger les gens contre le risque de sombrer dans la pauvreté, a poursuivi le Ministre, évoquant plusieurs projets en cours qui visent, entre autres groupes vulnérables, les personnes âgées et les personnes atteintes de handicap.  Grâce aux réformes engagées par le Gouvernement, les aides sociales ont augmenté de 65% et le salaire minimum de 2,5%, s’est-il félicité.  Il a fait valoir la hausse des retraites, qui a permis d’atténuer la pauvreté parmi les populations qui perçoivent une pension.  Le Ministre s’est ensuite félicité que, en 2020, l’Azerbaïdjan ait restauré son intégrité territoriale dans le respect du cadre international, « après 30 ans d’occupation de notre territoire ».  Cette « guerre », et le refus de l’Arménie de divulguer les cartes des territoires minés, a provoqué des morts et des blessés parmi la population, s’est-t-il désolé.

Mme WILLIAMETTA E. SAYDEE-TARR, Ministre du genre, de l’enfance et de la protection sociale du Libéria, a indiqué que pour contrer l’insécurité alimentaire, dont souffrent environ 2,4 millions de personnes, le Gouvernement a organisé, l’année dernière, un salon de l’agriculture pour mettre en avant les opportunités du secteur.  Depuis, le nombre de fermes commerciales et d’agro-entreprises est passé de 77 en 2021 à 164 en 2022.  Les interventions du Gouvernement ont également débouché sur une augmentation de la superficie plantée, notamment pour les aliments de base comme le riz, le manioc, l’huile de palme et les légumes.  Des récoltes exceptionnelles atteignent les marchés ruraux et urbains, grâce à l’amélioration de la logistique et des infrastructures, a-t-elle indiqué, citant notamment la construction d’entrepôts pour les producteurs de cacao et d’usines de transformation du riz et de l’huile de palme.  Les exploitants locaux ont également bénéficié d’un programme financier de 16 millions dollars provenant des partenaires de développement.  Un projet de transformation de l’économie rurale de la Banque mondiale d’un montant de 55 millions de dollars permettra en outre de goudronner une importante route qui relie les fermes aux marchés.

Le système de protection sociale a été élargi afin de répondre de manière adéquate à la crise économique posée par la pandémie de COVID-19, permettant ainsi à 15 000 ménages supplémentaires d’en bénéficier en 2021 dans le comté urbain de Montserrado.  Avec le soutien du Programme alimentaire mondial (PAM), une aide alimentaire a également été fournie à 2,5 millions de personnes vulnérables.  Une feuille de route a par ailleurs été élaborée pour lutter contre les violences sexuelles qui frappent particulièrement les femmes durant la pandémie.  

Mme MARIAM BINT ALI BIN NASSER AL-MISNAD, Ministre des affaires sociales et de la famille du Qatar, a jugé nécessaire de promouvoir des partenariats multilatéraux en faveur du développement social, en particulier à la lumière des défis mondiaux actuels.  Parmi les priorités internationales du Qatar figure le soutien au développement économique et social des pays à faible revenu, ainsi que des pays en proie à des conflits et confrontés à des catastrophes naturelles.  Décrivant certaines de ces initiatives, elle a exposé divers programmes visant à atténuer les effets des changements climatiques, notamment dans les petits États insulaires en développement, citant l’Alliance mondiale des pays désertiques.  Parmi d’autres partenariats cruciaux soutenus par le Gouvernement qatari, figure un accord avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) afin de fournir une aide alimentaire de 90 millions de dollars au Yémen.  Le Qatar a également donné 10 millions de dollars au Mécanisme COVAX pour soutenir la fourniture de 1,3 milliard de doses de vaccin contre la COVID-19 à 92 pays à faible revenu d’ici à la fin de 2022.  Le Qatar a également inauguré la Maison des Nations Unies dans sa capitale, Doha, qui accueille désormais de nombreux bureaux de l’ONU œuvrant dans les domaines du développement social et économique.

Dans une intervention préenregistrée, Mme ARIUNZAYA AYUSH, Ministre du travail et de la protection sociale de la Mongolie, a détaillé les mesures sanitaires, économiques et législatives prises par son pays pour lutter contre les répercussions de la pandémie, notamment les effets induits sur l’alimentation.  Grâce à ces mesures, les pénuries de nourriture ont été réduites et la production agricole est repartie, entraînant une hausse de la consommation alimentaire de 9% par rapport à l’année précédente, s’est-elle félicitée, assurant que le blé, la viande et les légumes sont désormais disponibles pour l’ensemble de la population nationale.  La Ministre a cependant indiqué que la Mongolie, en tant que pays sans accès au littoral, est très affectée par les fluctuations des marchés et les retards de livraison.  Tout cela a des conséquences négatives sur les importations, ce qui entraîne une augmentation des prix.  Face à cette situation, a poursuivi Mme Ayush, le Gouvernement travaille à la stabilisation des chaînes d’approvisionnement des aliments, tout en s’efforçant d’augmenter les aides sociales, en particulier pour les foyers les plus pauvres et les personnes vulnérables.  Malgré ces initiatives et le concours des organisations internationales et des ONG, beaucoup de défis restent à surmonter, a-t-elle admis, déplorant à cet égard un manque de coordination intersectorielle pour lutter contre la pauvreté.  Pour y répondre, nous essayons de créer des critères afin d’établir des diagnostics de la pauvreté multidimensionnelle, a expliqué la Ministre.  Un bureau national est saisi de cette question, mais le Gouvernement compte sur la coopération internationale pour avancer vers la réduction de la pauvreté et l’éradication de la faim, a-t-elle conclu, non sans remercier les pays qui viennent en aide à la Mongolie dans cette « période difficile ».  

M. KENTARO UESUGI, Vice-Ministre parlementaire des affaires étrangères du Japon, a mis l’accent sur le problème de l’obésité dans le monde.  Il a rappelé la conclusion du Pacte mondial en faveur de la nutrition pour la croissance, adopté à Tokyo en 2020 à l’issue du Sommet sur la nutrition pour la croissance.  Le Japon, a-t-il indiqué, a octroyé 2,8 milliards de dollars en aide alimentaire au niveau mondial.  Pour le Programme alimentaire mondial (PAM), le Japon a fait don d’une aide d’urgence de 226 millions de dollars en 2021.   

Dialogue interactif

Après avoir rappelé que, face à la pandémie de COVID-19, nul ne sera en sécurité tant que tout le monde ne le sera pas, le Portugal a souhaité savoir comment, dans ce contexte, se matérialise l’action multilatérale en vue de la réalisation du Programme 2030.  Comment pouvons-nous garantir une assistance multilatérale plus inclusive pour faire face à la pauvreté et à la faim, a demandé l’Union européenne, en estimant que la coopération internationale est plus nécessaire que jamais pour répondre à ces défis dans un esprit de solidarité et de partenariat.  

Quel rôle peut jouer la coopération pour que les États adoptent des politiques de développement plus justes et plus durables? s’est interrogée l’Argentine, selon laquelle la pandémie offre l’opportunité de renouveler les systèmes internationaux en vigueur.  Énumérant les initiatives prises par son gouvernement pour lutter contre l’insécurité alimentaire et assurer la distribution d’eau potable, en particulier pour les personnes à faible revenu, le Brésil a voulu savoir dans quels domaines les actions contre les fléaux de la faim et de la pauvreté devraient se concentrer.  

Notant qu’en raison des effets liés à la COVID-19, environ 114 millions de personnes dans le monde sont tombées dans la pauvreté, ce qui crée des risques de famine, la Chine a appelé la communauté internationale à y remédier collectivement, plaidant en outre pour une amélioration de l’immunisation des populations grâce à des vaccins disponibles pour tous et à bas coût.  Il faut traiter de toute urgence les lacunes de développement, notamment en augmentant les aides internationales et en tenant compte des spécificités de chaque pays, a insisté la délégation chinoise qui a enjoint les États à respecter le principe de la responsabilité commune mais différenciée et à contribuer à la transformation des pays en développement.  

« La pandémie nous a appris que les mesures de protection sociale doivent être combinées à des mesures de développement social plus prononcées », a souligné le Pérou qui a appelé à assurer la viabilité des politiques aux niveaux international et national.  Nous devons infléchir nos économies dans le sens d’« économies de la providence » et privilégier la création d’emplois et une couverture sociale décents, a poursuivi la délégation selon laquelle il faut envisager une synchronisation permanente entre les programmes des Nations Unies, les objectifs fixés au niveau international et les politiques nationales. 

La Ministre des affaires sociales et de la santé de la Finlande a constaté que l’imposition progressive dans son pays avait permis de financer des services sociaux adaptés, à l’origine d’une économie du bien-être et de la providence.  Il s’agit également de comprendre pourquoi la santé pour tous et l’égalité entre les genres peuvent avoir un impact sur la stabilité économique des nations, a-t-elle souligné.  Pour le Ministre du travail et de la protection sociale de la population de l’Azerbaïdjan, il faudra, en 2022, faire émerger les pratiques optimales en maintenant une coopération avec l’Union européenne, parmi d’autres organisations régionales et internationales, pour que de nouvelles mesures puissent être appliquées sur le long terme susceptibles d’améliorer la situation dans son propre pays.

SUITE DONNÉE AU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET À LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE - E/CN.5/2022/2

Thème prioritaire: Assurer un relèvement inclusif et résilient après la COVID-19 pour garantir à chaque personne des moyens de subsistance, le bien-être et la dignité: éliminer la pauvreté et la faim sous toutes leurs formes et dans toutes leurs dimensions aux fins de la réalisation du Programme 2030 

Examen des plans et programmes d’action pertinents des organismes des Nations Unies concernant la situation de certains groupes sociaux 

Débat général

Mme HANNA SARKKINEN, Ministre des affaires sociales et de la santé de la Finlande, au nom du Groupe des pays nordiques, a mis l’accent sur les inégalités et la pauvreté qui frappent les enfants durant la pandémie de COVID-19, préconisant des mesures de protection sociale en faveur de la santé des enfants ainsi que le subventionnement des cantines scolaires pour lutter contre la malnutrition enfantine.  Elle a voulu que la transition verte et numérique prenne en compte les besoins des personnes handicapées et demandé de promouvoir la santé des personnes âgées et leur rôle au sein de la société, ainsi que des systèmes de protection sociale inclusifs.  La Ministre a également insisté sur l’importance de développer l’État providence, base de la prospérité des sociétés nordiques.  

Il faut prendre à bras le corps les problèmes du chômage, de la consommation de drogues, d’accès à l’éducation et aux soins, des risques climatiques et des conséquences de la colonisation qui frappent les jeunes dans les pays anciennement colonisés, a déclaré à son tour le représentant de la jeunesse des pays nordiques.

Le Pakistan, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a regretté que seulement 13,4% des habitants des pays à faible revenu ont pu recevoir au moins une prestation de protection sociale.  Il a noté que les pays en développement auront besoin de 3 500 milliards de dollars pour réaliser les ODD en huit ans, tandis que le relèvement post-COVID-19 se chiffre à 650 milliards de dollars.  Il a appelé à assurer un accès universel à une protection sociale inclusive y compris le financement, mettant en garde contre l’endettement des pays en développement pour financer leurs systèmes de protection sociale.  Les pays pauvres ont besoin de 1 500 milliards de dollars d’investissement dans leurs infrastructures de base pour arrêter le cycle de pauvreté et assurer un accès équitable aux vaccins contre la COVID-19 qui, a-t-il insisté, doivent être un bien public mondial.  

Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), la Jamaïque a plaidé pour le renforcement des systèmes alimentaires résilients pour faire face aux conséquences des risques climatiques sur la production alimentaire, et aider les agriculteurs à résister à la crise.  Il faut également assurer l’accès des pays en développement aux marchés internationaux, et veiller par ailleurs à ce que les politiques de protection sociale répondent aux besoins sans exclusion.  Le représentant a enfin exigé l’utilisation de l’indice de vulnérabilité multidimensionnel concernant les petits États insulaires en développement pour les pays à revenu intermédiaire.  

S’exprimant au nom du Groupe restreint LGBTI, le Pérou a rappelé que la pandémie avait particulièrement aggravé le sort de ce groupe déjà vulnérable, notant que les LGBTI ne disposent souvent d’aucune protection sociale et sont les plus à risque de retomber dans la pauvreté et de souffrir de discrimination.  Dans le contexte postpandémique, la conception des opérations de suivi doit prendre en compte leurs besoins et prévoir des filets de sécurité, a-t-il insisté. 

S’exprimant au nom du Groupe des Amis des personnes âgées, le Chili a souligné la multiplicité des problèmes auxquels ce segment de la population est confronté, à plus forte raison s’il s’agit des femmes, contribuant ainsi à la « féminisation de la pauvreté ».  Dans un souci d’inclusivité, il est donc nécessaire de collecter des données ventilées sur les personnes âgées pour que leurs besoins et attentes soient pris en compte dans l’élaboration des politiques nationales.  

Mme NEVINE EL KABBAG, Ministre de la solidarité sociale de l’Égypte, a donné quelques exemples de mesures de protection sociale adoptées par son pays au cours de l’année écoulée, à commencer par trois records dignes « du Guinness » pour des campagnes humanitaires et caritatives.  Ainsi, 1,6 million de travailleurs intérimaires ont été couverts par une aide financière pour une période de six mois, d’un montant total de 40 millions de dollars.  En outre, 14 millions d’habitants, dont 75% sont des femmes, ont bénéficié d’une aide d’un montant de 3,8 millions de dollars et 126 000 employés de maisons de retraite ont reçu l’intégralité de leurs salaires mensuels pendant la période du confinement.  

M. ROLANDO JOSELITO BAUTISTA,Secrétaire du Département de la protection sociale et du développement des Philippines, a précisé que le plan d’intervention et de relance de son gouvernement s’articule autour du soutien aux populations pauvres et marginalisées, du renforcement de la coordination en matière de protection sociale pour les plus vulnérables et de politiques réactives en réponse à la pandémie.  Ces efforts, menés aux niveaux national et local, bénéficient de la coopération entre les secteurs public et privé ainsi que des apports de la société civile, a-t-il souligné.  

De son côté, M. PAUL MAVIMA, Ministre du service public, du travail et de la protection sociale du Zimbabwe, a indiqué que la fourniture d’une assistance alimentaire aux ménages en situation d’insécurité alimentaire et ultra pauvres reste une priorité durant la période pandémique pour s’assurer que personne n’ait faim dans le pays.  Ainsi, des céréales continuent d’être distribuées dans les zones rurales, tandis que les habitants des zones urbaines reçoivent des bons alimentaires et bénéficient de transferts de liquidités.  

Au nom du Groupe des États d’Afrique, le Mali s’est déclaré profondément préoccupé par le nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté dans le monde, en particulier dans les pays en développement, alors qu’il reste moins de 10 ans pour atteindre l’ODD 1 sur l’éradication de la pauvreté sous toutes ses formes.  Dans ce contexte, a-t-il dit, le Groupe réaffirme sa ferme volonté de poursuivre la mise en œuvre de la Déclaration et le Programme d’action de Copenhague sur le développement social ainsi que du Programme d’action d’Addis-Abeba issu de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement.  Il s’est d’autre part alarmé du fait que le taux de vaccination contre la COVID-19 dans les pays à revenu élevé soit sept fois plus élevé que dans les pays africains.  Il a donc appelé tous les États à contribuer au Mécanisme COVAX et au partage des technologies avec le monde en développement.  Enfin, il a exhorté les pays développés à honorer leurs engagements d’aide publique au développement, notamment en fournissant à ce titre 0,7% de leur PIB aux pays en développement.  

Consciente que la lutte contre la pauvreté et la faim permettra à toutes les nations de relever tous les autres défis, Mme AAWATIF HAYAR, Ministre de la solidarité, de l’inclusion sociale et de la famille du Maroc, a indiqué que « dès le début », son pays s’est efforcé à atténuer les effets néfastes de la pandémie pour les segments les plus vulnérables de la population.  Le Maroc, a-t-elle expliqué, œuvre à renforcer et à asseoir les valeurs de coopération pour que tous ses citoyens puissent profiter de la protection sociale, notamment par le biais de l’universalisation de l’assurance maladie et l’extension de la retraite à tous les travailleurs, y compris les indépendants. 

Mme ARIUNZAYA AYUSH, Ministre du travail et de la protection sociale de la Mongolie, a déclaré que son gouvernement favorise la lutte contre le chômage, en menant une politique dite de transition de l’aide sociale vers l’emploi, qui prévoit une loi de protection sociale davantage ciblée.  Tandis qu’une législation du travail a été adoptée, les aides sociales ont été augmentées de près de 100% au cours des deux dernières années et des exemptions de cotisations à la sécurité sociale et des exonérations fiscales mises en place.  Enfin des subventions salariales ont été accordées par son ministère, ainsi que des prêts, a ajouté Mme Ayush. 

Mme MARIAM BINT ALI BIN NASSER AL-MISNAD, Ministre du développement social et de la famille du Qatar, a déclaré que son pays, au cours des deux dernières années, a pris les mesures nécessaires pour protéger les personnes âgées et les personnes handicapées.  Elle a rappelé le rôle actif joué par le Qatar dans la coopération internationale au service du développement socioéconomique des pays les moins avancés et des pays touchés par des conflits.   

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