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Chypre: le Conseil de sécurité proroge de six mois le mandat de l’UNFICYP et exhorte les parties à s’accorder sur la désignation d’un envoyé de l’ONU

8956e séance – matin
CS/14778

Chypre: le Conseil de sécurité proroge de six mois le mandat de l’UNFICYP et exhorte les parties à s’accorder sur la désignation d’un envoyé de l’ONU

Poursuivant toujours le but de parvenir à « un règlement durable, global et juste fondé sur une fédération bicommunautaire et bizonale et sur l’égalité politique au problème de Chypre », le Conseil de sécurité a décidé, ce matin, de proroger de six mois, le mandat de la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre (UNFICYP), soit jusqu’au 31 juillet 2022.  En adoptant à l’unanimité la résolution 2618 (2022), le Conseil exhorte les parties à dialoguer activement et de manière plus pressante avec le Secrétaire général et son équipe, notamment pour parvenir à un accord sur la proposition du Secrétaire général de désigner un envoyé des Nations Unies.

Les parties et tous les participants concernés sont invités par le Conseil à aborder le processus de pourparlers informels dans un esprit d’ouverture, de flexibilité et de compromis.  Il est fait appel à leur volonté politique et leur détermination pour négocier librement un règlement mutuellement acceptable sous l’égide de l’ONU. 

Dans ce texte, le Conseil rappelle sa position sur le statut de Varosha, ainsi que la déclaration de son président qui a condamné l’annonce faite à Chypre le 20 juillet 2021 par les dirigeants turcs et les dirigeants chypriotes turcs de la réouverture d’une partie de la zone clôturée de la cité balnéaire.  Il souligne une fois de plus qu’il importe d’éviter toute mesure unilatérale susceptible d’accroître les tensions sur l’île et de compromettre les perspectives d’un règlement pacifique. 

En faisant référence à sa dernière résolution 2587(2021) sur ce dossier, le Conseil demande de toute urgence aux dirigeants des deux communautés chypriotes et toutes les autres parties de fournir l’appui et les directives générales nécessaires pour permettre aux comités techniques de travailler sans entrave politique, notamment en mettant judicieusement à profit les compétences des comités techniques bicommunautaires chargés de la santé, des questions pénales, de la gestion des crises, des affaires humanitaires et des questions économiques. 

Le Conseil de sécurité déplore que les organisations de femmes et les jeunes ne participent toujours pas de manière véritable au processus de règlement.  Il exhorte les dirigeants des deux parties à veiller à faire appliquer intégralement et effectivement toutes les recommandations figurant dans le plan d’action commun sur la participation des femmes et à permettre au Comité technique de l’égalité des sexes d’appliquer les recommandations le concernant.  Il note une fois de plus la demande du Secrétaire général concernant la présence d’au moins 30% de femmes dans les délégations. 

Le Conseil engage vivement les parties et tous les acteurs concernés à respecter les pouvoirs dévolus à l’UNFICYP qui s’étendent à l’ensemble de Chypre et réaffirme qu’il importe de respecter la liberté de circulation de l’UNFICYP sur l’ensemble de l’île.  Il demande de nouveau à la partie chypriote turque et aux forces turques de rétablir à Strovilia le statu quo militaire qui existait avant le 30 juin 2020. 

Le Conseil se félicite de la proposition formulée par le Secrétaire général en vue d’un dialogue entre les parties et le Représentant spécial afin d’envisager la possibilité d’un accord sur une technologie de surveillance et l’évacuation des positions se trouvant à proximité de la zone tampon.  À ce sujet, il constate avec une vive préoccupation les violations persistantes du statu quo militaire le long des lignes de cessez-le-feu, les empiètements signalés par les deux parties dans la zone tampon. 

Le Secrétaire général est prié par le Conseil de sécurité de lui présenter d’ici au 5 juillet 2022 un rapport sur sa mission de bons offices, notamment sur les progrès accomplis pour parvenir à un point de départ consensuel en vue de négociations constructives.  Il devra aussi lui présenter, dans le même délai, un rapport sur la suite donnée à la présente résolution. 

LA SITUATION À CHYPRE (S/2021/1109) (S/2021/1110)

Texte du projet de résolution 2618 (2022)

Le Conseil de sécurité,

Accueillant avec satisfaction le rapport du Secrétaire général, en date du 31 décembre 2021, sur sa mission de bons offices à Chypre (S/2021/1109) ainsi que son rapport sur l’opération des Nations Unies à Chypre (S/2021/1110), et soutenant sans réserve le travail accompli par le Secrétaire général et le fait qu’il reste prêt à user de ses bons offices pour aider les parties,

Soulignant que c’est principalement aux Chypriotes qu’il appartient de trouver une solution, et réaffirmant le rôle de premier plan qui revient à l’Organisation des Nations Unies pour ce qui est d’aider les parties à parvenir d’urgence à un règlement global et durable du conflit à Chypre et de la question de la division de l’île,

Se félicitant de la mobilisation personnelle persistante du Secrétaire général et de son équipe, notamment sa proposition relative à la nomination d’un envoyé de l’ONU qui poursuivra le dialogue et apportera une aide cruciale, de sorte qu’un terrain d’entente soit trouvé et que les négociations officielles puissent reprendre, comme énoncé dans son rapport sur sa mission de bons offices (S/2021/1109),

Soutenant sans réserve l’action que mène actuellement le Secrétaire général, réaffirmant qu’il importe de faire preuve d’ouverture et de souplesse et d’être prêt à faire des compromis de sorte qu’un terrain d’entente soit trouvé et que les négociations officielles puissent reprendre et demandant instamment aux parties de redoubler d’efforts pour parvenir à un règlement durable, global et juste fondé sur une fédération bicommunautaire et bizonale et sur l’égalité politique, comme le prévoient ses résolutions sur la question, notamment le paragraphe 4 de sa résolution 716 (1991),

Notant avec regret l’absence de progrès pour ce qui est de relancer des négociations officielles à ce jour et soulignant que le statu quo n’est pas viable, que la situation sur le terrain n’est pas statique et que l’absence d’accord aggrave les tensions politiques et contribue à éloigner les deux communautés l’une de l’autre, risquant ainsi de provoquer des changements irréversibles sur le terrain et de réduire les perspectives d’un règlement,

Rappelant la déclaration de son président (S/PRST/2021/13) et toutes les résolutions et déclarations de sa présidence concernant Varosha,

Rappelant sa résolution 1325 (2000) et toutes ses résolutions connexes, considérant que la participation active, égale et réelle des femmes et le fait qu’elles jouent un rôle moteur sont essentiels à la consolidation de la paix à Chypre et contribueront à assurer la viabilité de tout règlement futur, se félicitant des efforts déployés pour faire se rencontrer un plus grand nombre de femmes parties prenantes des deux camps et du plan d’action commun visant à garantir la participation des femmes aux pourparlers de paix, et encourageant les parties à faire en sorte que les besoins et les perspectives des femmes soient pris en compte dans un règlement futur,

Rappelant également sa résolution 2250 (2015) et ses résolutions connexes, dans lesquelles il s’est dit conscient que les jeunes apportaient une contribution importante et constructive au maintien et à la promotion de la paix et de la sécurité et, singulièrement, pour ce qui était de la stabilisation, de la capacité d’intégration et de la réussite des activités de maintien et de consolidation de la paix, et encourageant par ailleurs la participation pleine, égale et véritable des jeunes au processus,

Rappelant l’importance fondamentale d’adhérer pleinement aux dispositions du droit international applicables dans la prise en charge des demandeurs d’asile et des réfugiés,

Constatant les mesures prises par les deux communautés pour enrayer la propagation de la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) et en atténuer les effets, se félicitant de la coopération établie entre les deux parties sur les questions épidémiologiques et encourageant la poursuite de la coopération à cet égard, en particulier les initiatives visant à permettre un plus grand accès à des vaccins sûrs et efficaces contre la COVID-19, et partageant la constatation du Secrétaire général selon laquelle la COVID-19 a accentué les disparités socioéconomiques entre les deux communautés chypriotes,

Se déclarant préoccupé par la détérioration constante de l’ordre public à Pyla, se félicitant de l’accord de principe qui a été conclu en vue de la création d’une annexe de la salle de communication mixte existante à Pyla et exhortant les deux parties à continuer de collaborer avec la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre (UNFICYP) afin de mettre en place des mesures efficaces pour lutter contre les activités criminelles,

Réaffirmant l’importance des mesures de confiance et de leur mise en œuvre rapide et encourageant les parties à envisager de nouvelles mesures de renforcement de la confiance en matière militaire,

Demandant instamment aux parties de redoubler d’efforts pour promouvoir les contacts intercommunautaires, la réconciliation et la participation active de la société civile, en particulier des femmes et des jeunes, et constatant que des contacts et une communication réguliers et véritables entre toutes les parties améliorent les perspectives de règlement, sont dans l’intérêt de tous les Chypriotes et aident à régler les questions qui intéressent toute l’île, notamment celles relatives aux migrations, à la santé, à la criminalité et à la protection de l’environnement et les problèmes liés aux effets néfastes des changements climatiques,

Notant que le Gouvernement chypriote convient qu’en raison de la situation qui règne dans l’île, il est nécessaire de maintenir en activité l’UNFICYP au-delà du 31 janvier 2022,

Se félicitant des mesures prises à ce jour pour renforcer les capacités de liaison et de dialogue de la mission, notant que, dans la perspective d’un règlement et conformément à la résolution 2594 (2021) et aux autres résolutions sur la question, il importe d’établir des plans de transition et soulignant qu’il est nécessaire d’examiner régulièrement toutes les opérations de maintien de la paix, dont l’UNFICYP, afin d’en assurer l’efficacité et l’efficience,

Remerciant les États Membres qui fournissent du personnel à l’UNFICYP et notant les contributions volontaires que le Gouvernement chypriote et le Gouvernement grec ont continué de verser pour financer la Force,

Remerciant de ses efforts le Secrétaire général et se félicitant de la nomination de Colin Stewart comme son représentant spécial,

1.    Réaffirme toutes ses résolutions sur Chypre, en particulier sa résolution 1251 (1999), et rappelle qu’il importe de parvenir à un règlement durable, global et juste fondé sur une fédération bicommunautaire et bizonale et sur l’égalité politique, comme le prévoient ses résolutions sur la question, notamment le paragraphe 4 de sa résolution 716 (1991);

2.    Appuie pleinement le dialogue mené par le Secrétaire général avec les parties, encourage les nouveaux cycles de pourparlers informels et souligne une fois de plus à quel point il importe que ces dernières et tous les participants concernés abordent le processus dans un esprit d’ouverture, de flexibilité et de compromis et fassent preuve de la volonté politique et de la détermination nécessaires pour négocier librement un règlement mutuellement acceptable sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies et exhorte les parties à dialoguer activement et de manière plus pressante avec le Secrétaire général et son équipe à cette fin, notamment en parvenant à un accord sur la proposition du Secrétaire général de désigner un envoyé des Nations Unies;

3.    Rappelle le statut de Varosha, tel que défini dans les résolutions pertinentes, dont les résolutions 550 (1984) et 789 (1992), ainsi que la déclaration de son président (S/PRST/2021/13), qui condamne l’annonce faite à Chypre le 20 juillet 2021 par les dirigeants turcs et les dirigeants chypriotes turcs de la réouverture d’une partie de la zone clôturée de Varosha, déplore vivement toute mesure unilatérale qui est contraire à ses résolutions et déclarations précédentes sur Varosha et demande que l’on revienne immédiatement sur cette mesure ainsi que sur toutes celles qui ont été prises concernant Varosha depuis octobre 2020, réaffirme qu’aucune action contraire à ces résolutions ne devrait être entreprise concernant Varosha, et souligne une fois de plus qu’il importe d’éviter toute mesure unilatérale susceptible d’accroître les tensions sur l’île et de compromettre les perspectives d’un règlement pacifique ;

4.    Se déclare préoccupé par la poursuite des tensions en Méditerranée orientale et souligne qu’il convient de régler les différends de façon pacifique et dans le respect du droit international applicable, demeure convaincu des avantages nombreux et importants, notamment économiques, qu’aurait pour tous les Chypriotes et pour la région un règlement global et durable, demande, comme l’a déjà fait le Secrétaire général, que l’on évite toute nouvelle escalade et invite les dirigeants des deux communautés chypriotes et toutes les autres parties à s’abstenir de tout acte ou propos susceptible de compromettre le processus de règlement ou d’accroître les tensions sur l’île;

5.    Rappelle sa résolution 2587 (2021) et demande de toute urgence aux deux dirigeants:

a)    d’intensifier leurs efforts afin de fournir l’appui et les directives générales nécessaires pour permettre aux comités techniques de travailler sans entrave politique et d’opérer effectivement, en coordination et en coopération sur les questions qui concernent l’ensemble de l’île, notamment en mettant judicieusement à profit les compétences des comités techniques bicommunautaires chargés de la santé, des questions pénales, de la gestion des crises, des affaires humanitaires et des questions économiques, de leur donner les moyens de présenter des propositions pour examen afin de renforcer les contacts intercommunautaires et d’améliorer la vie quotidienne de tous les Chypriotes, et de prendre en considération les conseils de la mission de bons offices du Secrétaire général en ce qui concerne les autres moyens de renforcer l’action et d’améliorer les résultats des comités techniques;

b)    de veiller à une coordination et à une coopération efficaces en matière pénale;

c)    de redoubler d’efforts pour promouvoir l’éducation à la paix sur l’ensemble de l’île, notamment en donnant au Comité technique pour l’éducation les moyens d’appliquer les recommandations figurant dans son rapport conjoint de 2017, en particulier celles relatives aux prises de décision, et de lever les obstacles à la paix en procédant à une évaluation conjointe des supports scolaires, dont les manuels, de manière à renforcer la confiance entre les communautés, domaine qui n’a guère progressé;

d)    d’améliorer le climat général qui entoure les négociations en vue de préparer les communautés à un règlement du conflit au moyen de messages publics sur l’avenir, en diffusant des messages plus constructifs et plus cohérents, notamment en encourageant plus explicitement les contacts et la coopération intercommunautaires et en apportant un appui direct aux initiatives individuelles de renforcement des liens entre les populations, et en s’abstenant de tout acte ou discours qui risquerait de faire dérailler le processus de règlement ou d’en entraver la réussite;

e)    d’aider davantage la société civile à participer aux efforts de paix et de lui garantir un rôle véritable, en particulier en renforçant la participation des organisations de femmes et de jeunes au processus, et de faire en sorte que les recommandations issues de l’étude d’impact socioéconomique tenant compte des questions de genre soient appliquées afin de lever les obstacles existants et de garantir que tout accord de paix futur profitera de façon plus égale aux femmes et aux hommes à Chypre;

6.    Déplore que les organisations de femmes et les jeunes ne participent toujours pas de manière véritable au processus de règlement, se félicite des points de convergence du Comité technique de l’égalité des sexes au sujet d’un ensemble de recommandations concrètes visant à garantir la participation pleine, égale et véritable des femmes au processus de règlement, à appuyer et à encourager le dialogue avec la société civile, notamment les organisations de femmes, et à tenir compte des questions de genre dans tout processus de règlement futur, et exhorte les dirigeants des deux parties à veiller à faire appliquer intégralement et effectivement toutes les recommandations figurant dans le plan d’action commun sur la participation des femmes et à permettre au Comité technique de l’égalité des sexes d’appliquer les recommandations le concernant et d’examiner l’application du plan tous les six mois et de formuler des recommandations selon qu’il conviendra, et note une fois de plus la demande du Secrétaire général concernant la présence d’au moins 30% de femmes dans les délégations;

7.    Déplore vivement l’absence de progrès s’agissant de la création d’un mécanisme efficace en vue de contacts militaires directs entre les deux parties et tous les acteurs concernés, engage les parties et les autres acteurs concernés à manifester un esprit de compromis et à dialoguer afin d’établir, avec le concours de l’UNFICYP, une proposition acceptable relative à la création d’un tel mécanisme et demande qu’il soit mis en œuvre, dans les meilleurs délais;

8.    Demande aux parties de réduire les obstacles existants aux contacts intercommunautaires, souligne l’importance d’une communication effective pour l’atténuation des risques et le renforcement de la confiance entre les communautés et à cet égard se félicite de la poursuite d’un dialogue régulier entre les parties et l’Organisation des Nations Unies, invite instamment les parties à convenir et à appliquer de nouvelles mesures de renforcement de la confiance pouvant contribuer à un environnement propice au règlement, y compris des mesures liées à la coopération militaire, économique et commerciale et des mesures reposant sur les travaux des comités techniques et à ce propos se félicite de la proposition formulée par le Secrétaire général en vue d’un dialogue entre les parties et le Représentant spécial afin d’envisager la possibilité d’un accord sur une technologie de surveillance et l’évacuation des positions se trouvant à proximité de la zone tampon;

9.    Salue les travaux du Comité des personnes disparues à Chypre et engage toutes les parties à continuer de coopérer davantage avec le Comité, notamment en lui donnant immédiatement libre accès à toutes les zones et en répondant sans délai aux demandes d’archives concernant d’éventuels lieux d’inhumation;

10.   Appuie pleinement l’UNFICYP et décide d’en proroger le mandat jusqu’au 31 juillet 2022;

11.   Constate avec une vive préoccupation les violations persistantes du statu quo militaire le long des lignes de cessez-le-feu, les empiètements signalés par les deux parties dans la zone tampon et les risques qui y sont associés, les obstacles à la délimitation par la mission de la zone tampon ainsi que la multiplication des constructions non autorisées, dont il est fait état aux paragraphes 11, 14, 15 et 18 du rapport du Secrétaire général (S/2021/1110), qui entravent les activités de la Force et portent atteinte aux pouvoirs qui lui sont dévolus;

12.   Engage vivement les parties et tous les acteurs concernés à respecter les pouvoirs dévolus à l’UNFICYP dans la zone tampon et la délimitation de celle-ci, réaffirme qu’il importe que les parties appliquent les dispositions de l’aide-mémoire de 2018 de l’Organisation des Nations Unies pour garantir la paix et la sécurité dans la zone tampon, continue de prier le Secrétaire général de lui signaler, ainsi qu’aux pays qui fournissent des contingents ou du personnel de police, tous actes privant la Force des moyens de s’acquitter de son mandat, demande de nouveau aux deux parties de respecter l’intégrité de la zone tampon, de démanteler toutes les constructions non autorisées et d’empêcher les activités militaires ou civiles non autorisées à l’intérieur de cette zone et le long des lignes de cessez-le-feu;

13.   Souligne que les pouvoirs dévolus à l’UNFICYP s’étendent à l’ensemble de Chypre et réaffirme qu’il importe de respecter la liberté de circulation de l’UNFICYP sur l’ensemble de l’île, notamment pour faire en sorte que la mission puisse effectivement et systématiquement surveiller la situation, en particulier à Varosha, et ailleurs et en rendre compte, souligne que les restrictions à la liberté de circulation peuvent mettre en danger la sûreté et la sécurité des membres du personnel des Nations Unies servant dans les opérations de maintien de la paix, et prie le Secrétaire général, les États Membres et toutes les parties de continuer de prendre toutes les mesures appropriées pour garantir la sûreté et la sécurité et la liberté de circulation du personnel de l’UNFICYP et pour accorder à ce dernier un accès immédiat et sans entrave, conformément à la résolution 2518 (2020);

14.   Demande de nouveau à la partie chypriote turque et aux forces turques de rétablir à Strovilia le statu quo militaire qui existait avant le 30 juin 2000 et réaffirme qu’il importe de respecter la liberté de circulation de l’UNFICYP;

15.   Invite instamment les dirigeants des deux communautés à se mettre d’accord et à continuer d’appliquer un plan de travail pour rendre l’île de Chypre exempte de mines et à éliminer les obstacles en cours à ces activités, comme énoncé au paragraphe 21 du rapport du Secrétaire général (S/2021/1110), de façon à progresser rapidement en ce qui concerne le déminage des 29 zones de l’île qui demeurent potentiellement dangereuses;

16.   Prie le Secrétaire général de mettre en œuvre les activités et obligations existantes ci-après dans le cadre de la planification et de la conduite des opérations de l’UNFICYP, dans les limites du mandat et de la zone d’opérations et conformément aux directives et règlements des Nations Unies en vigueur:

a)    les exigences relatives aux femmes et à la paix et à la sécurité qui ont été énoncées dans la résolution 1325 (2000) et dans toutes les résolutions pertinentes, notamment en cherchant à augmenter le nombre de femmes au sein de l’UNFICYP, conformément à la résolution 2538 (2020), notamment en veillant à la participation pleine, effective et égale de ces dernières aux activités de la Force à tous les niveaux et dans toutes les fonctions, y compris aux postes d’encadrement de haut niveau, en garantissant aux femmes un environnement de travail sûr, favorable et qui tienne compte des questions de genre dans le cadre des opérations de maintien de la paix, en prenant pleinement en considération, dans toutes les activités inscrites au mandat de la mission, la question transversale du genre et en réaffirmant l’importance de compétences suffisantes en matière de genre dans toutes les composantes de la mission et du renforcement des capacités s’agissant d’exécuter le mandat de la mission en tenant compte des questions de genre;

b)    les dispositions relatives à la performance des opérations de maintien de la paix énoncées dans les résolutions 2378 (2017) et 2436 (2018);

c)    la politique de tolérance zéro du Secrétaire général à l’égard de l’exploitation et des atteintes sexuelles, et du harcèlement sexuel, ainsi que toutes les mesures prévues par la résolution 2272 (2016), et lui faire rapport si de tels cas de faute se produisent;

d)    appliquer des procédures d’évacuation sanitaire primaire et secondaire plus efficaces et déployer davantage de capacités d’évacuation sanitaire secondaire;

e)    prendre des mesures énergiques et efficaces pour améliorer la planification et le fonctionnement des installations et des dispositifs de sûreté et de sécurité de l’UNFICYP;

f)    les exigences relatives aux jeunes et à la paix et la sécurité, conformément aux résolutions 2250 (2015), 2419 (2018) et 2535 (2020);

17.   Demande instamment aux pays qui fournissent des contingents ou du personnel de police de continuer de prendre des mesures appropriées pour prévenir l’exploitation et les atteintes sexuelles, notamment en vérifiant les antécédents de tous les membres du personnel et en organisant une formation de sensibilisation avant et pendant le déploiement, de veiller à ce que les membres de leurs contingents qui se rendraient coupables de tels actes aient à en répondre pleinement, y compris en ouvrant rapidement des enquêtes pour toutes allégations d’actes d’exploitation ou d’atteintes sexuelles, de rapatrier leurs unités lorsqu’il existe des preuves crédibles qu’elles ont commis des actes d’exploitation et des atteintes sexuelles de manière généralisée ou systémique, de prendre des mesures disciplinaires et de signaler sans délai à l’Organisation des Nations Unies toutes les mesures prises à cet égard;

18.   Demande aux pays qui fournissent des contingents ou du personnel de police d’appliquer les dispositions de la résolution 2538 (2020) et d’autres résolutions portant sur la réduction des obstacles à la participation des femmes à tous les niveaux et dans toutes les fonctions dans les opérations de maintien de la paix et à l’accroissement de cette participation, notamment en garantissant aux femmes un environnement de travail sûr, favorable et qui tienne compte des questions de genre dans le cadre des opérations de maintien de la paix;

19.   Prie le Secrétaire général de lui présenter d’ici au 5 juillet 2022 un rapport sur sa mission de bons offices, notamment sur les progrès accomplis pour parvenir à un point de départ consensuel en vue de négociations constructives, axées sur les résultats et qui aboutissent à un règlement, engage les dirigeants des deux communautés à tenir la mission de bons offices du Secrétaire général informée, par écrit, des mesures qu’ils ont prises à l’appui des dispositions de la présente résolution après son adoption, en particulier en ce qui concerne les paragraphes 5, 6, 7 et 8, en vue de parvenir à un règlement global et durable, et prie également le Secrétaire général de faire figurer les informations ainsi reçues dans son rapport sur sa mission de bons offices, le prie en outre de lui présenter d’ici au 5 juillet 2022 un rapport sur la suite donnée à la présente résolution et de lui fournir des analyses intégrées, reposant sur des données factuelles, des évaluations stratégiques et des conseils francs, en exploitant les données recueillies et analysées au moyen du Système complet de planification et d’évaluation de la performance, la mise en œuvre par la mission du cadre intégré de responsabilité et de gestion de la performance dans les missions de maintien de la paix et d’autres outils de planification stratégique et de mesure des performances, afin de déterminer l’impact de la mission et sa performance globale, y compris des informations sur les restrictions non déclarées, le refus de participer à des patrouilles ou de mener des patrouilles et leurs incidences sur la mission, et sur la manière dont les signalements de résultats insuffisants sont traités et de le tenir informé de l’évolution de la situation, en fonction des besoins;

20.   Décide de rester saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: l’attaque contre la prison d’Hassaké envoie un message clair sur l’importance de s’unir pour résoudre le conflit syrien, affirme l’Envoyé spécial

8955e séance – après-midi
CS/14777

Conseil de sécurité: l’attaque contre la prison d’Hassaké envoie un message clair sur l’importance de s’unir pour résoudre le conflit syrien, affirme l’Envoyé spécial

L’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie a de nouveau insisté, cet après-midi devant le Conseil de sécurité, sur son approche « pas-à-pas » pour un règlement du conflit syrien dans un contexte marqué par l’attaque lancée par Daech contre un centre pénitencier à Hassaké qui, selon M. Geir Pedersen, envoie un message clair sur l’importance de s’unir pour résoudre ce conflit dans le contexte duquel le terrorisme prospère. 

Face à un pays qui reste de facto divisé et une société profondément fracturée, M. Pedersen a appelé à nouveau à des discussions diplomatiques sérieuses sur une série d’étapes capables d’avoir un impact sur la dynamique du conflit, d’instaurer un climat de confiance entre et parmi les Syriens et les acteurs internationaux, et de progresser « pas à pas », dans le cadre de la résolution 2254 (2015). 

L’Envoyé spécial a dit s’employer activement à convoquer à nouveau la Commission constitutionnelle, précisant que le défi actuel consiste à faire en sorte que les délégations déposent des textes constitutionnels et soient prêtes à les réviser à la lumière des discussions et à trouver un terrain d’entente, « ou le moins de divergences possibles ». 

La France a dit soutenir les efforts déployés par l’Envoyé spécial pour assurer la tenue de la septième réunion de la Commission constitutionnelle, soulignant qu’en l’absence de solution politique solidement enclenchée, « il n’y a absolument pas lieu de normaliser les relations avec le régime syrien ».  « Sans solution politique, nos positions sur la levée des sanctions et la reconstruction demeureront inchangées », a affirmé la délégation. 

Les États-Unis ont fait part de leurs frustrations face à l’absence de progrès de la Commission constitutionnelle et regretté les observations « peu constructives » de certains États au sujet des efforts de l’Envoyé spécial, fustigeant notamment les propos du Ministre des affaires étrangères « du régime » qui aurait qualifié d’inacceptable le modèle « pas à pas » préconisé pour résoudre la crise syrienne. 

« Toute discussion de la situation syrienne est un gâchis tant que certains pays occidentaux essayent de détourner l’attention de ce qui se passe sur le terrain et des conséquences que cela entraîne pour la population syrienne », a déclaré pour sa part la République arabe syrienne qui a rejeté toute interférence étrangère dans les travaux de la Commission constitutionnelle tout en assurant que le Gouvernement est impliqué de manière positive dans les travaux de celle-ci. 

La délégation syrienne a par ailleurs reproché au « régime turc » de jouer un rôle d’obstacle dans le processus politique et aux États-Unis de vouloir « recycler le mouvement terroriste de l’EILL », y trouvant un prétexte pour justifier leur présence en Syrie.  La Fédération de Russie a appelé à déployer des efforts politiques pour faire face aux nombreux problèmes qui subsistent dans les territoires syriens non contrôlés par le Gouvernement, notamment ceux sous contrôle turc, tandis que le Royaume-Uni a souhaité une discussion détaillée sur la réponse à apporter à la menace posée par Daech. 

Au cours de cette séance, le Conseil de sécurité a également entendu la Directrice de l’organisation « Release Me », Mme  Thuraya Hijazi, dénoncer les conséquences de ce « conflit  armé patriarcal » et appeler de ses vœux un processus politique qui permette de parvenir à une solution complète et viable avec la participation des femmes.   Cet appel a notamment été appuyé par la Norvège. 

L’Irlande et le Mexique ont par ailleurs salué le verdict rendu le 13  janvier dernier par un tribunal de Coblence, en Allemagne, contre un responsable de la prison de Khatib, à Damas, qui a été reconnu coupable de crimes contre l’humanité. 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT (SYRIE)

Déclarations

M. GEIR OTTO PEDERSEN, Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, a déclaré que les Syriens continuent de souffrir profondément et que la violence persiste dans le pays.  Il a évoqué une série d’évènements qui ont eu lieu ce dernier mois, notamment des frappes aériennes qui auraient tué des civils et endommagé des infrastructures civiles à Edleb; une recrudescence des hostilités dans le nord-est; des attaques aux engins explosifs improvisés dans le nord; des frappes aériennes attribuées à Israël qui ont endommagé le port de Lattaquié; la poursuite des violences dans le Sud; et un nombre croissant d’incidents de sécurité liés au trafic de drogue, entre autres. 

En plus, ces derniers jours, a-t-il relevé, nous avons assisté à une tentative sans précédent d’évasion par des milliers de détenus soupçonnés d’être affiliés à Daech à Hassaké, déclenchant des affrontements avec des frappes aériennes de la coalition mondiale dirigée par les États-Unis en appui aux Forces démocratiques syriennes (FDS) qui, elles intervenaient au sol.  Selon les informations récentes, les FDS auraient repris le contrôle, et tous ou la plupart des combattants de Daech se seraient rendus.  L’Envoyé spécial a dit voir dans cet évènement un message clair sur l’importance de s’unir pour combattre la menace de groupes terroristes internationaux et de résoudre ce conflit dans le contexte duquel le terrorisme prospère inévitablement. 

Après avoir touché mot de la situation humanitaire en Syrie, M. Pedersen a indiqué que le pays reste de facto divisé et la société profondément fracturée, notant que les Syriens ne voient aucun progrès concret vers une solution politique.  En effet, malgré la violence et les souffrances persistantes, il est clair qu’une impasse stratégique existe, a-t-il déploré.  Il n’y a eu aucun changement dans les lignes de front depuis près de deux ans, et il n’existe aucun acteur ou groupe d’acteurs capable de déterminer la trajectoire ou l’issue du conflit, a témoigné l’Envoyé spécial qui a estimé qu’une solution militaire reste une illusion. 

M. Pedersen a appelé à nouveau à des discussions diplomatiques sérieuses sur une série d’étapes qui pourraient commencer à avoir un impact sur la dynamique du conflit, instaurer un climat de confiance entre et parmi les Syriens et les acteurs internationaux, et progresser « pas à pas », dans le cadre de la résolution 2254 (2015).  Il a indiqué qu’à la suite de consultations bilatérales avec la Fédération de Russie, l’Union européenne, la Turquie et le Qatar en décembre, il a participé à des échanges avec la Ligue des États arabes, l’Allemagne, la France, l’Italie, le Royaume-Uni et les États-Unis en janvier à Genève.  Il a expliqué être prêt à accueillir de nouvelles idées pour faire progresser des problèmes tels que: la question des détenus, des personnes enlevées et des personnes portées disparues; l’aide humanitaire et le relèvement rapide; les conditions d’un retour sûr, digne et volontaire des réfugiés; le rétablissement des conditions socioéconomiques; la « consolidation du calme » dans toute la Syrie et la coopération dans la lutte contre le terrorisme, entre autres. 

L’Envoyé spécial a indiqué que son objectif reste de créer un environnement sûr, calme et neutre où un processus constitutionnel pourrait se dérouler, et propice à la tenue des élections sous la supervision de l’ONU, comme envisagé dans la résolution 2254 (2015).  Tout cela dans le cadre du respect et la restauration de la souveraineté, de l’unité et de l’intégrité territoriales de la Syrie, a-t-il ajouté, soulignant que c’est aux Syriens de déterminer leur propre avenir.  Dans ce cadre, il a dit s’employer activement à chercher à convoquer à nouveau la Commission constitutionnelle dirigée par les Syriens et facilitée par l’ONU.  Selon lui, le défi actuel consiste à faire en sorte que les délégations déposent des textes constitutionnels et soient prêts à les réviser à la lumière des discussions, et à trouver un terrain d’entente, ou le moins de divergences possibles.  Il s’est dit prêt à convoquer une septième session de la Commission constitutionnelle à Genève dès que des accords seront conclus.  L’Envoyé spécial a par ailleurs évoqué un prochain voyage à Oslo afin de rencontrer le Comité consultatif des femmes syriennes. 

Mme THURAYA HIJAZI, Directrice de l’organisation « Release Me » du nord de la Syrie a constaté avec regret que le régime syrien, avec l’aide de la Fédération de Russie et d’autres alliés de la région, continue à opérer dans le silence de la communauté internationale.  Elle a fait état de 4 centres d’emprisonnement pour les dissidents, de 5,6 millions de personnes qui dépendent d’une aide humanitaire alors que 4 millions d’enfants syriens ne vont pas à l’école.  Malgré tous les efforts, notamment ceux de l’Envoyé spécial, le Conseil de sécurité n’a toujours pas été en mesure de parvenir à une solution politique inclusive à la crise syrienne, a-t-elle déploré.  Elle a reproché à certains pays d’agir pour garantir l’immunité en cas de violations du droit international, pointant notamment les efforts déployés par la Russie pour légitimer le régime syrien. 

Passant à la situation des femmes, Mme Hijazi a indiqué que les problèmes qu’affrontent les Syriennes ne se limitent pas aux violations de leurs droits et aux violences, mais découlent aussi de leur exclusion des processus de prise de décision et de l’absence de plan d’action pour y remédier.  Le « régime syrien » et ses alliés internationaux ont augmenté la fragilité des femmes en les privant d’éducation, a-t-elle dénoncé, avant de mettre en garde contre le risque de voir le trafic de stupéfiant augmenter en Syrie. 

Face à ce « conflit armé patriarcal », Mme Hijazi a demandé au Conseil de sécurité de faire pression sur le régime syrien pour libérer les personnes détenues, de mettre en place des « mécanismes pour éviter la normalisation » et d’exiger des enquêtes et la reddition de comptes.  Elle a appelé de ses vœux un processus politique qui permet de parvenir à une solution complète et viable avec la participation des femmes.  Il faut une solution qui garantisse les droits des femmes et la possibilité du retour en toute sécurité des réfugiés syriens à l’étranger, a insisté la militante pour qui les politiques familiales doivent occuper une place centrale dans le cadre des négociations sous les auspices du Conseil de sécurité.  Des centaines de milliers de femmes syriennes sont prêtes à agir et à occuper tous les postes de prise de décision, a-t-elle clamé en guise de conclusion. 

M. RICHARD M. MILLS, JR. (États-Unis) a déclaré que son gouvernement continue de se mobiliser pour trouver une solution pacifique et durable au conflit syrien.  Il a indiqué que le premier objectif est de contrer la résurgence de l’EIIL, notant que la situation dans le centre de détention de Hassaké n’est qu’un rappel de la menace que continue de représenter l’EIIL.  Le deuxième objectif, a poursuivi le représentant, c’est de maintenir le cessez-le-feu partout dans le pays afin d’éviter une reprise des violences en Syrie.  Troisièmement, a-t-il continué, les États-Unis exigent un accès sans entrave à l’aide humanitaire partout en Syrie.  À ce sujet, le représentant a demandé au Conseil non seulement d’autoriser de nouveau le point de passage de Bab el-Haoua mais également de rouvrir les points de passage pour l’aide humanitaire transfrontière de Yaroubiyé et de Bab el-Salam.  Quatrièmement, les États-Unis demandent que des comptes soient rendus pour les violations liées à l’utilisation d’armes chimiques, les crimes de guerre et les violations des droits humains, a insisté le représentant qui a fait part de son appui à un processus politique dirigé par le peuple syrien, conformément à la résolution 2585 (2021). 

Poursuivant, M. Mills, Jr. a regretté les observations peu constructives de certains États au sujet des efforts de l’Envoyé spécial, fustigeant notamment les propos du Ministre des affaires étrangères « du régime » qui a qualifié d’inacceptable le modèle « pas à pas » préconisé pour résoudre la crise syrienne.  Après avoir encouragé les parties prenantes à faciliter une résolution politique à la crise en Syrie, le représentant a fait part de ses frustrations face à l’absence de progrès de la Commission constitutionnelle.   La prochaine réunion de l’organe restreint doit se fonder sur un accord entre les parties sur les modalités d’examen des projets de textes et de leurs révisions, a-t-il souhaité, avant de déplorer la réticence des représentants du régime d’Assad à faire des progrès à cette fin. 

Le délégué a encouragé l’Envoyé spécial à promouvoir la libération sans condition des personnes détenues arbitrairement ou disparues.  Il faut faire tout ce qui est possible pour pousser le régime d’Assad à fournir des informations aux familles concernant le sort de leurs êtres chers.  Il a dénoncé les attaques contre les centres médicaux et les travailleurs de santé, insistant sur l’importance de la reddition de comptes.  Le représentant a par ailleurs condamné les attaques qui auraient été perpétrées par des militaires russes à Edleb, notamment les bombardements du 2 janvier qui ont endommagé une station de pompage d’eau. 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a appuyé la poursuite des négociations intersyriennes à Genève, soulignant qu’il n’y a pas d’autres solutions.  Il a dit la volonté du Gouvernement syrien de discuter de manière constructive à la septième session de la Commission constitutionnelle à Genève, jugeant contreproductive toute tentative de détourner l’attention vers d’autres initiatives.  Le représentant a appelé à déployer des efforts politiques pour faire face aux nombreux problèmes qui subsistent dans les territoires syriens non contrôlés par le Gouvernement, et notamment ceux sous contrôle turc.  Il a jugé urgent de rétablir la souveraineté de la Syrie sur l’ensemble de son territoire avant de s’inquiéter des nouvelles attaques menées par l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL) pour libérer des djihadistes dangereux dans le nord-est.  Par ailleurs, le représentant russe s’est étonné que le Conseil débatte de la Syrie deux jours de suite, fustigeant une utilisation « irrationnelle des ressources du Conseil de sécurité » et une approche en contradiction avec le bon sens, avant d’inviter les délégations occidentales à privilégier la qualité à la quantité. 

M. ENRIQUE JAVIER OCHOA MARTÍNEZ (Mexique) a regretté l’absence de progrès en Syrie et s’est préoccupé de la détérioration de la situation sécuritaire marquée notamment par des attaques dans la province d’Edleb où des infrastructures civiles ont été endommagées.  Il a aussi évoqué les attaques contre le port de Lattaquié et le centre de détention dans le nord-est du pays, alertant que ces incidents démontrent que l’EIIL reprend des forces.  Il a aussi déclaré être très préoccupé par le bien-être et la sécurité de centaines d’enfants qui sont dans cette prison et a appelé les États de nationalité de ces mineurs à les rapatrier d’urgence. 

Face à l’incapacité du Conseil du sécurité de référer le dossier syrien à la Cour pénale internationale, le représentant s’est réjoui du verdict rendu le 13 janvier dernier par un tribunal de Coblence, en Allemagne, contre un responsable de la prison de Khatib, à Damas, qui a été reconnu coupable de crimes contre l'humanité.  Cette décision de justice ainsi que celle qui avait été rendue au mois de février dernier par la même instance donne un sentiment de justice aux victimes et marque un progrès dans le cadre du principe de responsabilité.  M. Ochoa Martínez a par ailleurs condamné la violation de l’intégrité territoriale de la Syrie et a demandé l’annulation des projets de construction de colonies israéliennes dans le Golan syrien. 

M. JUN ZHANG (Chine) a dit soutenir un processus politique géré par les Syriens eux-mêmes, conformément à la résolution 2254 (2015).  Il a invité la communauté internationale à adopter une approche globale afin de créer un environnement stable dans le pays, avant d’appeler au respect de la souveraineté de la Syrie.  Aucune troupe étrangère ne devrait y être déployée, y compris dans la Golan, sans l’aval du Gouvernement syrien, a-t-il réclamé, expliquant que ces interventions sapent les efforts en faveur d’une solution politique. 

Dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, il a dit sa préoccupation devant la fuite probable de terroristes après l’attaque de la prison où ils étaient détenus.  Il a appelé la communauté internationale à respecter le leadership du Gouvernement syrien dans la lutte contre le terrorisme, en évitant le « deux poids, deux mesures ».  M. Zhang a fait remarquer que la situation en Syrie a un impact dans toute la région.  Il a salué le renforcement des relations de la Syrie avec ses voisins et l’examen d’un possible retour du pays au sein de la Ligue des États arabes.  En conclusion, il a exprimé l’avis que l’examen de la situation en Syrie trois fois par mois n’arrange en rien la situation.  Selon lui, cela pousse au gaspillage des ressources du Conseil de sécurité, alors qu’il serait possible de tenir une seule séance au cours de laquelle une série de mesures serait examinée pour une sortie de crise. 

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a déclaré que seul un processus politique dirigé et emmené par les Syriens sous les auspices de l’ONU permettra d’instaurer une paix durable et d’alléger les souffrances des Syriens.  Il a salué les efforts de l’Envoyé spécial visant à remobiliser les principaux acteurs afin de sortir de l’impasse actuelle.  Nous suivons attentivement l’idée d’étapes progressives, réalistes et vérifiables, de nature à la fois politique et économique, en vue d’instaurer la confiance et de faire avancer le processus, a dit le représentant.  Il a exhorté les membres de la Commission constitutionnelle à surmonter leurs divergences et à s’engager sérieusement en faveur de la rédaction d’une nouvelle constitution promouvant la paix, la stabilité et la réconciliation. 

Vivement préoccupé par la présence de groupes terroristes en Syrie, le délégué a souhaité en savoir davantage sur les tentatives d’évasion à la prison d’Al-Ghwaryan, notamment sur la situation des 850 enfants détenus.  Il a appuyé les opérations humanitaires transfrontalières de l’ONU qui permettent d’apporter une aide vitale aux personnes les plus vulnérables et a, en conclusion, souhaité que les exemptions aux sanctions pour motifs humanitaires soient bien appliquées afin de ne pas entraver l’accès à l’aide, en particulier pendant cet hiver des plus rigoureux. 

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a déclaré qu’une solution politique est la principale voie vers la paix en Syrie.  « Elle passe par l’instauration d’un cessez-le-feu, la restauration de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire syrien et un dialogue auxquels toutes les parties prendraient part de bonne foi. »  Après six sessions de discussions à Genève, les différentes parties en négociation tardent à s’accorder sur les contours de la constitution nationale correspondant aux aspirations du peuple syrien, a relevé M. Biang.  Il a estimé que la fragmentation de la classe politique syrienne et la crise de confiance entre les différents protagonistes annihilent toutes chances de donner corps à ce dialogue.  L’absence de délais au cycle de négociations inhérent au processus politique en Syrie ne doit pas être considéré comme un « chèque en blanc » en faveur de l’immobilisme, a insisté le délégué. 

M. Biang a estimé que les femmes ont un rôle important à jouer dans la sédimentation du climat politique en Syrie.  Il a noté leur implication dans le processus de paix notamment, dans le cadre des échanges avec le Conseil consultatif des femmes.  Au-delà de ces différentes « pesanteurs et impasses », il a jugé fondamental que l’ensemble des protagonistes œuvrent à la recherche d’une issue viable à la crise politique syrienne, gardent à l’esprit le cap assigné par le premier paragraphe de la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité relatif à la préservation de la souveraineté, de l’indépendance et de l’intégrité territoriale de la Syrie. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) a déclaré que le Conseil de sécurité a la responsabilité de « sauver la Syrie de l’enfer » en faisant de la protection de civils une priorité.  Il a ajouté que la résolution 2254 (2015) doit servir de base pour permettre une véritable transition politique avec la participation des femmes.  La mise en œuvre de cette résolution doit être une priorité absolue du Conseil de sécurité, a-t-il estimé, tout en regrettant le manque de progrès en raison de l’absence d’un engagement véritable du « régime syrien ». 

Le représentant a également déploré l’absence du moindre progrès avant la septième session de la Commission constitutionnelle à Genève et appelé à soutenir les efforts de l’Envoyé spécial.  L’absence de calendrier et de date butoir pour les travaux de la Commission risque de transformer le processus en écran de fumée, a-t-il mis en garde.  Par ailleurs, le délégué a estimé que la coopération de la Syrie avec l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) et l’aide à la reconstruction représentent des fondations sur lesquelles il faut bâtir. Abordant la question de la justice transitionnelle, le représentant a souligné qu’il ne saurait y avoir de paix durable sans justice face aux crimes odieux commis.  « Ce qui est arrivé en Syrie ne doit plus se reproduire ni en Syrie ni ailleurs », a-t-il insisté. 

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a accusé le « régime syrien » d’avoir commis d’odieuses violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme au cours des 12 dernières années.  « Le Royaume-Uni soutient avec force les efforts visant à un établissement des responsabilités. » Il a ensuite condamné les destructions d’infrastructures civiles dans le nord-ouest de la Syrie.  Les développements de la semaine dernière dans le nord-est montrent que Daech, même sans détenir de territoire, continue de poser une menace pour la Syrie, l’Iraq et le monde, a poursuivi le délégué.  Il a salué l’information de ce jour selon laquelle les forces démocratiques syriennes ont repris le contrôle de la prison d’Al-Ghwaryan à Hassaké.  Le délégué a souhaité une discussion détaillée au sein de ce Conseil sur la réponse à apporter à la menace posée par Daech. 

Le représentant a ensuite salué les efforts de l’Envoyé spécial visant à nourrir les discussions selon une approche étape par étape.  Dans la résolution 2254 (2015), le Conseil a agréé le fait que seul un processus politique emmené par l’ONU peut mettre un terme au conflit en Syrie, a-t-il rappelé.  Tout processus étape par étape doit pleinement respecter cette résolution, bénéficier au peuple syrien et être accompagné d’un processus clair de vérification, a conclu le représentant du Royaume-Uni. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a déclaré que la guerre en Syrie n’est pas terminée, en prenant pour preuve la reprise à la fin décembre des bombardements par le « régime », appuyé par l’aviation russe, dans la localité d’Edleb.  Ces bombardements ont ciblé des infrastructures civiles dont deux fermes agricoles et une station d’eau qui approvisionne 300 000 personnes, a-t-il relevé en condamnant ces bombardements, ainsi que l’attaque menée le 20 janvier par Daech contre un centre de détention de Hassaké.  Il a salué l’action des Forces démocratiques syriennes et de la Coalition internationale en réaction à ces événements, avant de réitérer l’appel de la France à une cessation immédiate des hostilités à l’échelle nationale.  Le représentant a ensuite plaidé pour la protection des civils, y compris des personnels humanitaires et médicaux, conformément au droit international, qui doit rester une priorité absolue. 

Plaidant aussi pour un règlement politique du conflit, seul moyen pour qu’il soit durable, il a rappelé la résolution 2254 (2015) adoptée à l’unanimité, qui demeure la feuille de route commune aux membres du Conseil pour y parvenir.  Tant que ce texte ne sera pas pleinement mis en œuvre, il n’y aura pas de paix durable possible en Syrie, a-t-il insisté.  Il a souligné que des consultations bilatérales entre la France et l’Envoyé spécial se sont déroulées le 12 janvier à Genève, dans le cadre de l’approche « step for step ».  M. de Rivière a dit soutenir les efforts déployés par l’Envoyé spécial pour assurer la tenue de la septième réunion de la Commission constitutionnelle et a regretté l’obstruction du régime s’agissant des travaux de la sixième réunion.  Pour le délégué, en l’absence de solution politique solidement enclenchée, il n’y a absolument pas lieu de normaliser les relations avec le « régime syrien ».  « Sans solution politique, nos positions sur la levée des sanctions et la reconstruction demeureront inchangées », a-t-il affirmé, précisant que c’est également la position de l’Union européenne (UE) et de ses 27 membres.  Il a rappelé que l’UE a consacré 25 milliards d’euros à la réponse à la crise syrienne depuis 2011. 

Par ailleurs, les violations systématiques par le régime des droits des personnes rentrées en Syrie témoignent que les conditions d’un retour volontaire, sûr et digne des réfugiés ne sont pas remplies, a relevé le représentant.  Enfin, a-t-il dit, la France continuera son combat sans relâche contre l’impunité des auteurs de crimes commis en Syrie.  Les responsables de ces crimes doivent répondre de leurs actes, a-t-il conclu. 

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) est revenu sur les violents affrontements qui se sont déroulés la semaine écoulée dans la ville de Hassaké, dans le nord-est de la Syrie, suite aux attaques menées contre la prison de Ghwayran par l’État islamique en Irak et du Levant (EIIL), tuant plus de 100 personnes et faisant quelque 450 000 déplacés.  Le terrorisme en Syrie continue de contrecarrer le processus déjà difficile d’un règlement pacifique par le dialogue et le consensus, s’est-il inquiété avant de demander à la communauté internationale de se montrer implacable dans la lutte contre le terrorisme.  Favorable à une solution politique au conflit en cours, le représentant a demandé aux membres du Conseil d’appuyer collectivement un cessez-le-feu à l’échelle nationale et le réengagement de toutes les parties en faveur du processus politique dans le cadre des paramètres de la résolution 2254 (2015). 

Malgré les progrès modestes réalisés par la Commission constitutionnelle au cours des six dernières sessions, ses travaux restent un aspect important du processus de transition qui ne doit pas être entravé sous prétexte de contestations procédurales, a fait valoir le représentant.  Le vrai problème étant selon lui le manque de confiance, il a appelé à renforcer les mesures de confiance afin de pouvoir réaliser des progrès substantiels lors des sessions ultérieures.  À cet égard, le représentant a dit attendre la convocation rapide de la septième session avec une stratégie claire et mutuellement convenue pour la phase de rédaction, au moins sur les points communs identifiés lors des sessions précédentes.  Il a aussi appuyé la participation des femmes syriennes au processus politique.  Avant de conclure, le délégué a appelé à mettre fin aux violations et abus persistants des droits humains en Syrie en faisant notamment référence aux disparitions forcées et aux détentions arbitraires de personnes, y compris d’enfants. 

Pour Mme JAYNE JEPKORIR TOROITICH (Kenya), la paix en Syrie ne pourra être réalisée que par un dialogue politique dirigé et contrôlé par les Syriens eux-mêmes avec le soutien de la communauté internationale.  Mais, il faut des progrès, s’est impatientée la représentante, jugeant qu’à cet égard, le Comité constitutionnel est l’une des clefs pour ouvrir la voie à une solution politique.  Elle a regretté que les travaux dudit Comité bloquent sur la question de la méthodologie du septième cycle des réunions. Prenant note de l’approche de la diplomatie transactionnelle de l’Envoyé spécial, elle a insisté sur l’importance qu’il y a à renforcer la confiance dans le processus politique pour aller de l’avant, conformément à la résolution 2254 (2015).  La représentante a en outre attiré l’attention sur les attaques contre les civils, en particulier dans le nord-est de la Syrie.  Il est essentiel, a-t-elle asséné, que les crimes et les violations contre les civils innocents ne restent pas impunis.  Une action concertée et vigoureuse du Conseil contre les groupes terroristes est nécessaire, a exhorté la représentante qui a aussi voulu que l’on mette au cœur de tous les efforts la protection de la population civile. 

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a espéré que les efforts de l’Envoyé spécial aboutiront à la septième session de la Commission constitutionnelle et que les progrès se poursuivront vers la mise en œuvre de la résolution 2254 (2015).  Le représentant a souligné l’importance d’établir une confiance mutuelle entre toutes les parties, y compris les acteurs externes, se félicitant notamment de la décision des Émirats arabes unis et de Bahreïn de normaliser leurs relations diplomatiques et de rouvrir leurs ambassades à Damas.  Il a également salué le fait que les membres de l’Organisation des pays arabes exportateurs de pétrole (OPAEP) aient désigné la capitale syrienne pour accueillir la Conférence arabe sur l’énergie en 2024. 

Opposé à l’imposition de solutions extérieures pour résoudre le conflit, le représentant a souligné que ce sont aux Syriens de déterminer et de décider ce qui est le mieux pour la Syrie et pour leur propre avenir.  En ce qui concerne les mesures de confiance, il a salué les efforts des autorités syriennes qui ont donné la priorité au retour des déplacés dans leur région d’origine respective.  Il s’est inquiété des incidents croissants de violations du cessez-le-feu dans le nord-ouest de la Syrie, pour ensuite appeler l’ensemble des parties à s’abstenir de toute action, y compris les provocations militaires, susceptible de conduire à la violence.  De plus, l’influence croissante de groupes terroristes dans les camps de déplacés, notamment ceux de Roukban et de Hol, doit être traitée de toute urgence.  Il s’est aussi inquiété de la résurgence de certains groupes terroristes en Syrie, évoquant notamment l’attaque menée par Daech contre la prison de Hassaké la semaine dernière. 

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a condamné la récente attaque lancée par Daech dans la ville de Hassaké avant d’exhorter la communauté internationale à rester déterminée à assurer la défaite durable du groupe.  Elle s’est dite gravement préoccupée par la recrudescence des incidents violents dans le nord-ouest de la Syrie et des victimes civiles qui en résulte, rappelant que les attaques intentionnelles contre des civils sont des crimes de guerre.  Elle a ensuite appelé toutes les parties à respecter le droit international humanitaire et le droit international des droits de l’homme et à prendre des mesures définitives pour protéger les enfants. 

Poursuivant, la représentante a salué la conclusion des poursuites engagées contre un ancien officier du renseignement syrien devant un tribunal de Coblence qui l’a reconnu coupable de crimes contre l’humanité et l’a condamné à la réclusion à perpétuité.  Elle a félicité l’Allemagne et les autres États qui ont pris des mesures nationales pour poursuivre les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité commis en Syrie, tout en reconnaissant qu’il reste encore beaucoup à faire pour aider le peuple syrien à obtenir justice.  Alors que des dizaines de milliers de personnes ont été détenues illégalement et ont fait l’objet d’une disparition forcée en Syrie, Mme Byrne Nason a exhorté l’ensemble des parties, en particulier le Gouvernement syrien, à libérer unilatéralement les personnes détenues illégalement et à clarifier le sort et le lieu où se trouvent les personnes disparues.  Enfin, elle a demandé au Conseil de redoubler d’efforts pour soutenir l’Envoyé spécial dans son travail visant à assurer des progrès substantiels et significatifs vers une solution politique inclusive en Syrie.  

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a déclaré qu’après plus d’une décennie de conflit, la communauté internationale doit élaborer une nouvelle approche pour faire face à la crise syrienne et y mettre fin de manière pacifique et durable.  Il a préconisé d’ouvrir des voies de communication, y voyant le moyen le plus efficace de résoudre les crises prolongées d’une manière qui soulage la souffrance et conduit à la stabilité.  Ainsi, la récente visite à Damas du Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale des Émirats arabes unis s’inscrivait dans le cadre des efforts déployés par le pays pour jeter des ponts dans la région.  Le représentant a également jugé important de renforcer le « rôle arabe » d’une manière qui soutienne et accompagne les efforts diplomatiques de l’Envoyé spécial.  M. Abushahab a dit partager l’accent placé par ce dernier sur la création d’opportunités pour des démarches graduelles et concrètes, ce qui nécessite un effort collectif pour accompagner et redynamiser la Commission constitutionnelle.  Pour ce faire, les parties devront faire des concessions de bonne foi et renforcer les mesures de confiance, conformément à la résolution 2254 (2015).  Le délégué a également souligné qu’un environnement propice à la paix et à la stabilité en Syrie exige de mettre fin à l’ingérence étrangère dans les affaires syriennes.  Il a aussi insisté sur l’importance de la lutte contre le terrorisme en Syrie. 

Mme MONA JUUL (Norvège) a appelé les parties syriennes et la communauté internationale à faire plus pour dépasser le statu quo actuel.  Il faut prendre des mesures concrètes, a-t-elle dit, en appuyant l’approche graduelle prônée par l’Envoyé spécial.  Elle a souligné la nécessité d’identifier des mesures concrètes permettant de faire avancer le processus.  Il est crucial que les femmes participent pleinement audit processus, a poursuivi la déléguée, en soulignant l’importance du rôle du Conseil consultatif des femmes.  L’attaque perpétrée contre la prison d’Al-Ghwaryan à Hassaké montre que Daech reste actif et continue de poser une menace sérieuse, a affirmé la déléguée, en rappelant que des enfants ont été tués lors des combats entre Daech et les forces démocratiques syriennes. La libération des détenus, le retour des réfugiés et la lutte contre le terrorisme doivent faire partie d’une stratégie à long terme visant à ramener la paix en Syrie, a-t-elle conclu. 

M. BASSAM SABBAGH (République arabe syrienne) a ironisé sur le fait qu’il y ait deux séances consécutives sur la Syrie au Conseil de sécurité, en plus de la séance récente sur le Moyen-Orient et de celle sur les armes chimiques syriennes.  Il s’est demandé si le Conseil de sécurité discute véritablement durant ces séances ou s’agit-il simplement d’une plateforme pour permettre à certains pays de répéter leurs accusations et rhétoriques et prendre la Syrie pour cible.  Quelle est la signification de toutes ces séances, a-t-il demandé, alors qu’aucune séance d’urgence n’a été convoquée pour dénoncer les violations répétées et constantes du territoire syrien par Israël.  Cela ne mérite-t-il pas une séance du Conseil de sécurité, tout comme l’attaque terroriste de l’EILL à Hassaké? a fustigé le représentant mettant en cause la neutralité du Conseil de sécurité. 

Certains gouvernements étrangers persistent à refuser de rapatrier leurs ressortissants qui se trouvent dans des camps en Syrie, a poursuivi le représentant, leur rappelant leurs obligations à cet égard.  À ses yeux, toute discussion de la situation syrienne est un gâchis tant que certains pays occidentaux essayent de détourner l’attention de ce qui se passe sur le terrain et des conséquences que cela entraîne pour la population syrienne. 

La Syrie s’engage en faveur d’une solution politique à condition qu’elle soit gérée et contrôlée par les Syriens, a fait savoir le représentant, ajoutant qu’une telle solution doit garantir l’intégrité territoriale et la souveraineté du pays.  Il a reproché au « régime turc » de jouer un rôle d’obstacle dans le processus politique et a demandé à l’Envoyé spécial de jouer son rôle de facilitateur du processus et de travailler de manière neutre.  Le représentant syrien a également fait savoir que le Gouvernement syrien rejette toute interférence étrangère dans les travaux de la Commission constitutionnelle, tout en assurant que le Gouvernement est impliqué de manière positive dans les travaux de celle-ci et attend sa septième session. 

Le représentant a ensuite dénoncé les mesures imposées à la Syrie qui sont à ses yeux contraires aux intérêts de la population syrienne.  Il a pointé du doigt les activités de colonisation et les attaques israéliennes dans le Golan syrien occupé, ainsi que l’occupation turque dans le nord de la Syrie, exigeant de la communauté internationale qu’elle y mette un terme.  Il a aussi demandé de mettre fin à la présence des forces américaines sur le territoire syrien ainsi qu’à celles de groupes terroristes comme Daech.  Le représentant syrien a reproché notamment aux États-Unis de vouloir « recycler le mouvement terroriste de l’EILL » y trouvant un prétexte pour justifier leur présence en Syrie.  En guise de conclusion, le représentant a appelé au respect de l’ensemble des résolutions du Conseil de sécurité relatives à la lutte contre le terrorisme et à soutenir les efforts menés en ce sens par son gouvernement. 

M. ÖNCÜ KEÇELI (Turquie) a estimé que la cause profonde du conflit syrien est « toujours là », à savoir la restriction des droits et libertés fondamentaux par le « régime d’Assad ».  Alors que certains souhaitent normaliser les relations avec ce « régime », le représentant a plaidé pour une normalisation de la mise en œuvre des droits humains universels accordés au peuple syrien.  La seule façon d’y parvenir est de faire avancer le processus politique par le biais de la Commission constitutionnelle, a-t-il dit, assurant que son pays continuera de soutenir une désescalade sur le terrain, afin de créer un environnement propice à une solution politique.  Dans cette optique, il a indiqué que son pays a organisé la dix-septième réunion internationale sur la Syrie du format Astana.  Affirmant appuyer les efforts de l’Envoyé spécial dans ce cadre, il a dit n’avoir pour l’instant constaté « aucune bonne volonté de la part du régime ».  Selon lui, ce dernier a clairement l’intention de bloquer le processus jusqu’à ce que l’opposition soit éliminée. 

Le représentant a par ailleurs déploré que certains acteurs de la région aient lié « à tort » leurs espoirs d’éradication de Daech à une « autre organisation terroriste », le Parti des travailleurs du Kurdistan/Unité du peuple (PKK/YPG).  Il a également indiqué que, l’année dernière, les attentats terroristes perpétrés par le PKK/YPG) ont coûté la vie à plus de 350 civils.  Les atrocités commises par ces terroristes sont bien documentées dans les rapports des organisations internationales et des ONG, a-t-il déclaré, assurant que le PKK/YPG en paiera le prix et ne trouvera pas refuge le long des frontières turques.  Afin d’établir une solution politique durable en Syrie, il ne devrait y avoir aucun soutien de la communauté internationale au « régime », ni aux organisations terroristes, a ajouté le délégué, avant d’implorer les membres du Conseil de « sauver le peuple syrien et son avenir ». 

M. MAJID TAKHT RAVANCHI (Iran) a demandé que toutes les forces d’occupation et non invitées quittent le territoire syrien.  Il a appelé le Conseil de sécurité à condamner le fait qu’Israël ait tenu un Conseil des ministres dans le Golan syrien occupé et les nouveaux projets de construction.  Au regard du droit international, a-t-il rappelé, toute initiative visant à changer le statut juridique du Golan syrien occupé est nulle et non avenue.  Le représentant a aussi rappelé que les participants à la dernière réunion du format d’Astana ont dûment condamné les récentes attaques d’Israël contre le territoire syrien.  Sur le plan politique, il a appuyé les efforts de l’Envoyé spécial visant à organiser la septième session de la Commission constitutionnelle.  Ces négociations, a-t-il réclamé, doivent se tenir sans ingérence extérieure et sans calendrier artificiel.  Nous sommes devant un effort syrien géré par les Syriens eux-mêmes.  Le représentant a invité toutes les parties à faciliter la libération des détenus et rejeté toute activité séparatiste illégitime.  La crise syrienne, a-t-il conclu, doit être réglée dans le plein respect du principe de souveraineté nationale.  Le représentant n’a pas manqué de saluer les efforts du Gouvernement syrien pour restaurer l’intégrité et l’unité de son territoire. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: sur fond de crise générale en Afghanistan, le Secrétaire général appelle les Taliban a démontrer leur engagement à faire partie de la communauté mondiale

8954e séance – matin
CS/14776

Conseil de sécurité: sur fond de crise générale en Afghanistan, le Secrétaire général appelle les Taliban a démontrer leur engagement à faire partie de la communauté mondiale

Alors que l’hiver vient aggraver la terrible crise humanitaire que connaît l’Afghanistan, déjà au bord de l’effondrement économique et aux prises avec un manque généralisé de liquidités, le Secrétaire général a appelé, ce matin, devant le Conseil de sécurité, le régime taliban au pouvoir depuis cinq mois à « démontrer un réel engagement à faire partie de la communauté mondiale », notamment sur le plan des droits humains des femmes, des filles et des minorités, condition préalable à une reconnaissance diplomatique des autorités de facto et à un hypothétique déblocage des avoirs afghans gelés à l’étranger. 

Sur le plan humanitaire, l’Afghanistan « va aussi mal que possible », a souligné M. António Guterres, en rappelant que l’ONU a lancé, il y a deux semaines, un appel de fonds - le plus important de son histoire pour un seul pays , d’un montant de plus de 4,4 milliards de dollars pour 2022.  Pour « sauver des vies », il faut à présent suspendre les règles et les conditions qui restreignent non seulement l’économie afghane mais aussi les opérations vitales, a-t-il plaidé, non sans saluer l’adoption en décembre par le Conseil d’une exemption humanitaire au régime des sanctions contre les Taliban.  Il a aussi évoqué le lancement, ce jour, d’un Cadre d’engagement transitoire pour l’Afghanistan, qui vise à étendre et à accélérer l’aide humanitaire, tout en renforçant les services essentiels durant la période de transition. 

Avec ce dispositif qui implique l’ensemble de son système, l’ONU cherche à lever 3,6  milliards de dollars supplémentaires, ce qui porte la demande de fonds totale à 8 milliards de dollars, a précisé Mme Deborah Lyons, Représentante spéciale pour l’Afghanistan et Cheffe de la Mission d’assistance dans le pays (MANUA).  Des investissements conçus pour empêcher une détérioration de la situation humanitaire et stabiliser l’économie de manière à inverser la courbe à la hausse du taux de pauvreté. 

Le Chef de l’ONU a également appelé à relancer l’économie afghane en augmentant les liquidités.  Il a préconisé à cette fin de chercher les moyens de libérer les réserves de devises gelées et de réengager la banque centrale afghane. Pour « aider le peuple afghan à survivre à l’hiver », il a réclamé le déblocage de toute urgence de 1,2 milliard de dollars, en complément des 280 millions transférés en décembre à l’UNICEF et au Programme alimentaire mondial (PAM) par le Fonds d’affectation spéciale pour la reconstruction de l’Afghanistan, de la Banque mondiale. 

Dans ce contexte catastrophique, le moment est venu pour les Taliban d’accroître les opportunités et la sécurité de leur peuple et de « démontrer un réel engagement à faire partie de la communauté mondiale », a fait valoir le Secrétaire général, pour qui « la fenêtre du renforcement de la confiance est ouverte ».  Les nouveaux dirigeants de l’Afghanistan doivent pour cela reconnaître et défendre les droits humains fondamentaux de tous les Afghans, à commencer par les filles et les femmes, et mettre en place des institutions gouvernementales inclusives, a-t-il soutenu, rejoint dans cet appel par Mme Mahbouba Seraj, Directrice de l’organisation « Afghan Women Skills Development Center ».  

Selon cette activiste  afghano-américaine militant pour les droits des femmes, qui vit en Afghanistan, la scolarisation des filles afghanes est aujourd’hui en péril tandis que de nombreuses femmes ont fui le pays ou sont enfermées chez elles, craignant que leur religion, leur handicap, leur orientation sexuelle ou leur appartenance ethnique fassent d’elles une cible.  Il importe donc, à ses yeux, que les droits humains, la représentation des femmes dans toute leur diversité et la question de la responsabilisation fassent partie intégrante de toutes les discussions avec le régime taliban.  

À cet égard, le Premier Ministre de la Norvège a fait part des échanges informels intervenus ces derniers jours à Oslo entre une délégation des autorités de facto et des membres de la société civile afghane, en présence de plusieurs délégations nationales.  D’après M. Jonas Gahr Støre, les  Taliban  ont entendu les « graves préoccupations partagées par une variété de représentants de la société civile afghane, ainsi que d’une communauté internationale unie ».   Si cette rencontre n’a pas conféré une reconnaissance internationale au régime taliban, elle a permis de formuler des « attentes claires » sur la voie à suivre, a-t-il argué. 

Rendant compte des travaux du Comité du Conseil créé  par  la résolution 1988 (2011), qu’il préside, le Représentant de l’Inde a pour sa part indiqué que, le 22 décembre dernier, l’instance a prolongé l’exemption d’interdiction de voyager de trois mois pour  14  Taliban inscrits sur la Liste des sanctions afin de leur permettre de continuer à participer  aux  pourparlers d’Oslo, « dans l’intérêt de la promotion de la paix et de la stabilité en Afghanistan ».   Il a ajouté que cette mesure a été accompagnée d’une exemption limitée de gel des avoirs pour financer le déplacement de ces individus.  

Une décision saluée notamment par le Ministre des affaires étrangères du Gabon, M. Pacôme Moubelet-Boubeya, qui s’est dit favorable au maintien d’un « dialogue » avec les Taliban.  Affirmant ne pas s’exprimer au nom du « nouveau gouvernement », le représentant de l’Afghanistan a, lui, souhaité que le Conseil appuie la convocation d’une conférence internationale sous l’égide de l’ONU, afin d’organiser des pourparlers intra-afghans, avec la participation de représentants de toute la société afghane. 

De leur côté, les États-Unis ont affirmé s’être assurés que toute sanction imposée par eux et la communauté internationale pour soutenir la sécurité et la stabilité en Afghanistan n’entrave pas l’activité humanitaire.  La délégation s’est également déclarée « sensible » à la crise de liquidités dans le pays, s’engageant à « examiner diverses options » pour atténuer cette pénurie.  Considérant que cet argent « appartient au peuple afghan »  et ne peut être utilisé comme « élément de marchandage » du fait de la nouvelle réalité du pays, la Fédération de Russie a, quant à elle, sommé Washington de restituer ces fonds à l’Afghanistan, la Chine et le Pakistan dénonçant eux aussi le gel des avoirs afghans découlant des sanctions unilatérales. 

Plusieurs délégations ont par ailleurs mis l’accent sur le défi sécuritaire, la France regrettant que les Taliban n’aient pas rompu leurs liens avec les groupes terroristes dont Al-Qaida, puisqu’ils les ont intégrés au sein de leur gouvernement intérimaire.   L’Inde a appelé à des progrès concrets pour s’assurer que les entités terroristes désignées comme telles ne reçoivent pas un soutien tacite ou direct depuis le sol afghan ou des sanctuaires terroristes dans la région.  Une région où les pays voisins de l’Afghanistan accueillent des réfugiés afghans, comme l’a fait remarquer l’Iran qui a demandé des ressources financières supplémentaires pour y faire face. 

LA SITUATION EN AFGHANISTAN

Déclarations

Six mois après la prise du pouvoir par les Taliban, « l’Afghanistan ne tient qu’à un fil », a averti d’emblée M.  ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU.  Pour les Afghans, la vie quotidienne est devenue un « enfer glacé », a-t-il déploré, évoquant un nouvel hiver rigoureux, des familles blotties dans des tentes de fortune sous des bâches en plastique, des cliniques surpeuplées et manquant de ressources, des hôpitaux dont les groupes électrogènes s’épuisent en raison de la flambée des prix du carburant et des épidémies, de COVID-19 mais aussi de maladies mortelles évitables comme la rougeole, la diarrhée et la poliomyélite.  De surcroît, a encore décrit le Chef de l’ONU, l’éducation et les services sociaux sont au bord de l’effondrement; plus de la moitié des Afghans sont confrontés à des niveaux extrêmes de faim, aggravés par la pire sécheresse depuis deux décennies; plus de 80% de la population dépend d’une eau potable contaminée; et certaines familles vendent leurs bébés pour acheter de la nourriture. 

Dans ce contexte dramatique, l’économie afghane traverse elle aussi un « rude hiver », a-t-il poursuivi.  Le risque est grand, en effet, que la monnaie tombe en chute libre et que le pays perde 30% de son PIB au cours de l’année.  Les sanctions et la méfiance du système bancaire mondial ont gelé près de 9  milliards de dollars d’actifs de la banque centrale, a expliqué M. Guterres, avant de parler de systèmes vitaux privés des fonds nécessaires et d’un manque de liquidités qui limite la capacité d’atteindre les Afghans dans le besoin.  Pendant ce temps, les droits de l’homme perdent aussi du terrain: à nouveau exclues des bureaux et des salles de classe, les femmes et les filles ont vu des années de progrès constants « disparaître en un clin d’œil ».  Préoccupé par les récentes informations faisant état d’arrestations arbitraires et d’enlèvements de militantes, le Secrétaire général a demandé leur libération.  Il s’est également alarmé de la menace persistante du terrorisme, non seulement pour la sécurité de l’Afghanistan lui-même, mais « pour le monde entier ». 

S’agissant des urgences humanitaires, l’Afghanistan « va aussi mal que possible », a-t-il dit, rappelant que l’ONU a lancé il y a deux semaines un appel de fonds, le plus important de son histoire pour un seul pays, d’un montant de plus de 4,4  milliards de dollars pour cette année.  Il s’agit d’intensifier le soutien vital dans les domaines de la santé, du logement, de la nutrition, de la protection et de l’éducation d’urgence, ainsi que des transferts en espèces pour aider les familles à joindre les deux bouts, a-t-il expliqué.  Si l’ONU et ses partenaires ont aidé 18  millions de personnes l’an dernier à travers le pays, elles espèrent atteindre encore plus de personnes cette année et empêcher les systèmes alimentaires, de santé et d’éducation de s’effondrer.  L’appel vise aussi à soutenir les pays qui accueillent des réfugiés, a ajouté le Chef de l’ONU, en saluant à cet égard la générosité de pays comme le Pakistan et l’Iran. 

Exhortant la communauté mondiale et le Conseil de sécurité à empêcher l’Afghanistan de continuer à s’enfoncer, M.  Guterres a appelé de ses vœux une intensification des opérations humanitaires « pour sauver des vies ».  Il a souhaité que soient suspendues les règles et les conditions qui restreignent non seulement l’économie afghane mais aussi les opérations vitales de l’ONU.  De plus, le financement international doit être autorisé à payer les salaires des travailleurs du secteur public, a-t-il plaidé, avant de saluer l’adoption par le Conseil d’une exemption humanitaire au régime de sanctions des Nations Unies contre l’Afghanistan.  Il a également réitéré son appel à délivrer des licences générales couvrant les transactions nécessaires à toutes les activités humanitaires, afin que les institutions financières et les partenaires commerciaux aient l’assurance légale de pouvoir travailler avec les opérateurs humanitaires sans craindre d’enfreindre les sanctions. 

Il a par ailleurs indiqué que l’action de l’ONU comprend le cadre d’engagement transitoire pour l’Afghanistan, lancé aujourd’hui, qui vise à étendre et à accélérer l’aide humanitaire et au développement au peuple afghan, tout en maintenant et en renforçant les services et systèmes essentiels tout au long de la période de transition.  Ce plan prévoit en outre des recommandations en faveur d’un « nouveau mandat » pour la Mission politique spéciale de l’ONU en Afghanistan, afin de soutenir la sécurité, le progrès et les droits humains. 

En deuxième lieu, nous devons relancer l’économie afghane grâce à une liquidité accrue, a préconisé M.  Guterres.  Pour cela, il faut trouver des moyens de libérer les réserves de devises gelées et réengager la banque centrale afghane, a-t-il détaillé, ajoutant que le Fonds d’affectation spéciale pour la reconstruction de l’Afghanistan, de la Banque mondiale, a transféré 280  millions de dollars à l’UNICEF et au Programme alimentaire mondial (PAM) le mois dernier.  Au total, nous avons besoin que les 1,2  milliard de dollars restants soient débloqués de toute urgence, « pour aider le peuple afghan à survivre à l’hiver », a souligné le Secrétaire général, selon lequel l’équipe de pays de l’ONU est prête à travailler avec les États Membres et d’autres afin de garantir que les fonds aillent aux Afghans qui en ont le plus besoin et ne soient pas détournés. 

Troisièmement, le moment est venu pour les Taliban d’accroître les opportunités et la sécurité de leur peuple et de démontrer un réel engagement à faire partie de la communauté mondiale, a enjoint le Secrétaire général, pour qui « la fenêtre du renforcement de la confiance est ouverte ».  Dans le même temps, tout doit être fait pour mettre en place des institutions gouvernementales inclusives et faire avancer la lutte contre le terrorisme.  Si nous n’agissons pas, les flux de drogues illicites et les réseaux criminels et terroristes vont augmenter, a-t-il prévenu.  Sans nourriture, sans emploi, sans protection de leurs droits, davantage d’Afghans vont fuir leur foyer à la recherche d’une vie meilleure, a ajouté le Chef de l’ONU, avant d’appeler les dirigeants taliban à « gagner la confiance et la bonne volonté de la communauté internationale » en reconnaissant et en défendant les droits humains fondamentaux qui appartiennent à chaque fille et femme.  Il a enfin jugé que, pour des raisons de responsabilité morale mais aussi de sécurité et de prospérité régionales et mondiales, « nous ne pouvons pas abandonner le peuple afghan ». 

La Représentante spéciale du Secrétaire général pour l’Afghanistan et Cheffe de la Mission d’assistance des Nations unies en Afghanistan (MANUA), Mme  DEBORAH LYONS, a rappelé que lorsque Kaboul est tombée aux mains des Taliban en août, les Nations Unies se sont engagées à rester et à soutenir le peuple afghan à un moment de crise humanitaire et d’incertitude politique.  L’un des principaux objectifs de notre travail, avec l’aide généreuse des donateurs, était de soulager autant que possible la situation humanitaire désastreuse face à l’hiver qui approche, a expliqué Mme Lyons faisant le point sur ce qui a pu être accompli jusque-là.  À la fin de  2021, près de 18  millions de personnes avaient bénéficié d’une aide vitale, après une aide à 11  millions de personnes en  2020, lorsque les conditions de sécheresse persistantes et la pandémie de COVID-19 avaient déjà poussé les acteurs humanitaires à dépasser leurs objectifs initiaux. 

L’année dernière, plus de 2 000 établissements de santé primaires et secondaires dans toutes les provinces ont été soutenus par l’aide humanitaire, avec 450  tonnes de fournitures médicales vitales importées, a poursuivi Mme Lyons.  Cette expansion de l’aide a été possible en partie à cause de l’amélioration de la situation sécuritaire après le 15  août, qui a permis aux acteurs humanitaires d’accéder à des parties du pays inaccessibles depuis des années. 

Toutefois, a mis en garde la Cheffe de la Mission, les besoins humanitaires restent pressants.  Le milliard de dollars que nous avons demandé l’année dernière pour faire face à la crise humanitaire doit maintenant être complété par 4,4  milliards d’aide humanitaire supplémentaire pour  2022, a précisé Mme Lyons.  Mettant cela en perspective, elle a dit que cela équivaut à peu près au montant que les donateurs ont dépensé pour l’ensemble du budget de fonctionnement du Gouvernement de la République.  C’est insoutenable, a-t-elle tranché en préconisant un assouplissement des sanctions qui empêchent la fourniture complète des services essentiels et qui continuent de priver l’économie de liquidités.  Avec la crise de liquidités et l’incapacité des banques à fonctionner, les gens n’ont pas pleinement accès à leurs avoirs bancaires pour pouvoir nourrir leur famille ou gérer leur entreprise, a expliqué la Représentante spéciale. 

Annonçant que cet après-midi, à Kaboul, l’ONU a lancé son cadre d’engagement transitoire pour l’Afghanistan, pour lequel elle cherche à lever 3,6  milliards de dollars supplémentaires, Mme Lyons a expliqué que cela porte la demande totale pour 2022 à 8  milliards de dollars.  La stratégie à l’échelle du système vise à satisfaire les besoins humains fondamentaux et à fournir des services essentiels tels que la santé et l’éducation, assurer l’entretien des infrastructures communautaires et promouvoir les moyens de subsistance et la cohésion sociale, en mettant particulièrement l’accent sur les besoins socioéconomiques des femmes et des filles.  Ces investissements sont conçus pour empêcher une nouvelle détérioration de la situation humanitaire et générer un niveau de stabilité économique suffisant pour inverser l’augmentation constante des taux de pauvreté, tout en garantissant que les fonds des donateurs ne sont pas détournés ou mal utilisés, a fait valoir la Représentante spéciale. 

Consciente que les donateurs sont naturellement réticents à faire preuve de plus de flexibilité tant qu’on ne sait pas quel type de gouvernement l’administration de facto entend créer, elle a noté qu’ils ne sont toujours pas satisfaits des progrès politiques en Afghanistan et surveillent donc de près les signaux encourageants.  Mme  Lyons a donc espéré voir des actions claires de la part des Taliban, et pas seulement des annonces, dans les prochains mois.  Elle entend par là une série d’éléments clairs, avec les droits de l’homme au premier plan, qui conduirait à la réintégration de l’Afghanistan dans la communauté des nations en garantissant une légitimité nationale alignée sur l’histoire moderne et les aspirations de son peuple, son caractère multiethnique et sa tradition et identité islamiques. 

Notant que les autorités de facto ont pris certaines mesures pour fonctionner plus efficacement en tant que gouvernement, Mme  Lyons a parlé de l’accord sur un budget entièrement financé par leurs propres revenus, le paiement de certains salaires du gouvernement, la réduction de la corruption, la collecte de revenus, la gestion réussie de la crise de la dévaluation monétaire à la fin de l’année dernière et les efforts pour impliquer le secteur privé.  La conférence économique qu’ils ont organisée la semaine dernière a été l’occasion de présenter leur vision économique de l’autosuffisance basée sur une croissance portée par le secteur privé.  Mais, a-t-elle mis en garde, pour cela le secteur privé a besoin que l’on mette fin à l’incertitude et que s’installe un environnement politique stable avec un état de droit fiable et une population éduquée. 

En ce qui concerne l’inclusion politique, elle a noté certains signes indicateurs d’une consultation plus large avec les acteurs politiques et de la société civile.  Mme Lyons a parlé à cet égard de rencontres entre de hauts responsables Taliban et des représentants de minorités ethniques, mais elle a estimé qu’à ce jour, il n’y a pas eu de résultats visibles en termes d’inclusion ethnique dans les structures de gouvernance.  Par ailleurs, sur le terrain, Mme  Lyons a dit voir des preuves irréfutables d’un environnement d’intimidation et une détérioration du respect des droits de l’homme, ce qui laisse entendre que l’autorité gouvernementale se consolide par la peur, plutôt qu’en comprenant et en répondant aux demandes et besoins du peuple. 

Malgré les annonces d’amnistie générale pour ceux qui ont travaillé pour ou défendu l’ancien gouvernement, nous continuons à recevoir des allégations crédibles de meurtres, de disparitions forcées, a regretté la Représentante spéciale citant aussi un nombre croissant de détentions d’opposants politiques, de représentants de la société civile et de ceux qui expriment leur dissidence.  Cela s’accompagne d’un rétrécissement de l’espace médiatique, a-t-elle ajouté en se disant aussi préoccupée par le sort de plusieurs femmes afghanes militantes qui ont été enlevées à leur domicile et qui ont disparu.  La MANUA, qui est en contact avec les autorités de facto sur ces incidents et d’autres, les exhorte à enquêter, à fournir des informations claires et à poursuivre les auteurs. 

Pour la Représentante spéciale, les Taliban doivent montrer un engagement plus clair sur la voie d’une gouvernance basée sur la confiance plutôt que sur la peur.  Ils doivent engager un dialogue plus large sur un processus de réconciliation nationale, a-t-elle estimé ajoutant que la communauté internationale soutiendra un tel processus, mais qu’il doit être initié et contrôlé par les Afghans.  L’inclusion ne doit pas être considérée comme une exigence internationale, mais comme une source de légitimité nationale nécessaire et de longue date pour un pays aussi diversifié, a fait valoir Mme  Lyons, ajoutant que c’est essentiel pour une stabilité durable. 

Pour l’instant, la guerre est terminée mais la paix n’est pas encore consolidée, a-t-elle constaté.  La stabilité relative actuelle s’expliquant, selon elle, à bien des égards par la lassitude face aux conflits et par des communautés et des personnes qui se concentrant sur la simple survie.  Cette paix, cette stabilité, sont donc fragiles et pourraient s’effondrer si des mesures ne sont pas prises pour gouverner d’une manière qui renforce la confiance et la responsabilisation, et qui se concentre sur les véritables besoins de la population, y compris le besoin et le droit de participer à leur gouvernement, a-t-elle mis en garde. 

Saluant les récentes annonces selon lesquelles les filles de tous âges seront scolarisées dans tout le pays, elle a dit que certains donateurs internationaux sont prêts à payer des incitations financières aux enseignants afghans pour janvier et février, mais que les incitations futures dépendront de la tenue de leurs engagements par les autorités de facto.  En attendant, l’UNICEF et le Ministère de l’éducation tiennent des séances de travail intensives sur les préparatifs techniques de l’ouverture des écoles pour tous les garçons et filles afghans en mars, alors que la MANUA continue de rencontrer les autorités de facto concernant l’enseignement supérieur. 

Quant à la promesse des Taliban de contenir le terrorisme dans le pays, Mme Lyons a noté que l’existence de nombreux groupes terroristes en Afghanistan reste un vaste enjeu international et surtout régional.  La volonté des autorités de facto d’affronter cette menace de manière transversale reste à être prouvée, a-t-elle reconnu, appelant toutefois à une certaine dose de réalisme quant à leur capacité à le faire.  Compte tenu de l’intérêt commun à faire face à cette menace, et si la confiance peut être établie, la Représentante spéciale a suggéré que ce soit un domaine de coopération potentielle entre la communauté internationale et les autorités de facto.  Elle a signalé à cet égard l’approche prudente mais constructive que les pays de la région et l’Organisation de la coopération islamique (OCI) ont adoptée vis-à-vis de l’Afghanistan depuis août dernier. 

Avant de conclure, Mme Lyons est revenue sur le fait que le Secrétaire général est sur le point de présenter des recommandations sur une future mission politique en Afghanistan.  Il n’est dans l’intérêt de personne de voir l’effondrement de l’État actuel en Afghanistan, a-t-elle souligné en misant sur l’engagement continu avec les Taliban, qui peut conduire à des progrès dans une voie négociée qui pourrait être satisfaisante pour le peuple afghan, la région, et le reste du monde. 

M. T.S. TIRUMURTI (Inde), Président du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1988(2011), a rappelé que le second semestre de 2021 avait vu des changements conséquents en Afghanistan avec la prise de contrôle de Kaboul par les Taliban en août et la crise humanitaire qui a suivi, ainsi que l’inquiétude suscitée par l’érosion des droits de l’homme et des droits des femmes. 

En ce qui concerne les travaux et les activités du Comité 1988 et de l’Équipe de surveillance, l’objectif principal du régime de sanctions était de faciliter les conditions qui favorisent le dialogue entre les Taliban et le Gouvernement afghan et qui visent à aboutir à un Afghanistan pacifique et stable.  « La paix et la stabilité demeurent un objectif principal du Comité. »  Dans le but de soutenir cet objectif, le 22  décembre 2021, le Comité  1988 a prolongé une fois de plus l’exemption d’interdiction de voyager de trois mois pour 14  Taliban inscrits sur la Liste afin de leur permettre de continuer à participer aux pourparlers dans l’intérêt de la promotion de la paix et de la stabilité en Afghanistan.  L’exemption, qui courra jusqu’au 22 mars  2022, a été accompagnée d’une décision d’accorder une exemption limitée de gel des avoirs pour le financement de voyages visés par cette exemption.  À cet égard, le pays hôte des pourparlers de paix et de stabilité sera tenu de faire rapport au Comité dans les 30  jours suivant la date du voyage, a précisé M.  Tirumurti en rappelant que l’exemption d’interdiction de voyager est émise uniquement à cette fin. 

Alors que se poursuivent les discussions pour promouvoir la paix et la stabilité, le Président du Comité  1988 a souligné la nécessité de rendre compte davantage des activités des Taliban et des personnes et entités figurant sur la liste du régime de sanctions afin de garantir le respect des mesures.  Pour faciliter cela, le 17  décembre 2021, la résolution 2611 (2021) a prorogé d’un an le mandat de l’Équipe de surveillance concernant les Taliban, jusqu’en décembre 2022.  L’Équipe de surveillance sera davantage tributaire des informations qui lui seront fournies depuis l’extérieur de l’Afghanistan en 2022, a dit son Président exhortant les États Membres, y compris leurs services de renseignement et de sécurité, à respecter les annexes de la résolution 2611 (2021), à consulter en toute confidentialité l’Équipe de surveillance afin de faciliter l’échange d’informations et de renforcer la mise en œuvre des mesures de sanction. 

Le 30 novembre 2021 et conformément au paragraphe 44 de la résolution 2255 (2015), le Comité a invité des représentants du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) et du Programme alimentaire mondial (PAM) à faire part de l’impact du régime de sanctions sur la situation humanitaire actuelle en Afghanistan depuis la prise de pouvoir des Taliban le 15 août 2021.  Le 22 décembre 2021, a-t-il rappelé, le Conseil de sécurité a adopté la résolution 2615 (2021) concernant la nécessité de faciliter le fonctionnement des organisations humanitaires et des institutions participant à l’appui aux ressources et au financement des efforts essentiels de secours humanitaire en Afghanistan. 

Dans son dernier rapport pour 2021, l’Équipe de surveillance a noté que les liens entre les Taliban, en grande partie par l’intermédiaire du réseau Haqqani, et Al-Qaida et les combattants terroristes étrangers restent étroits et sont basés sur un alignement idéologique et des relations forgées par la lutte commune et les mariages arrangés.  La présence continue de Daech et de ses activités en Afghanistan demeure un sujet de préoccupation, a-t-il reconnu, notant que les attaques terroristes sont utilisées par cette organisation terroriste pour démontrer son pouvoir et son influence dans le pays et à l’étranger.  Le Comité attend avec intérêt, en ce moment critique pour l’Afghanistan, de poursuivre un engagement étroit avec la MANUA et avec les États de la région en 2022, a promis son Président. 

Se présentant comme une activiste afghano-américaine pour les droits des femmes vivant en Afghanistan depuis 2003, Mme MAHBOUBA SERAJ, Directrice de l’organisation « Afghan Women Skills Development Center » a expliqué que le départ hâtif de la communauté internationale d’Afghanistan en août 2021 a miné 20 ans d’acquis et anéanti l’espoir d’une nation démocratique.  « Les Taliban démantèlent nos droits, jour après jour », a alerté Mme Seraj en donnant quelques exemples: les femmes sont effacées de la vie publique, leurs visages sont noircis dans les publicités, les mannequins de vitrine sont décapités.  Elle a promis que les femmes afghanes ne seront pas réduites au silence, avant d’exhorter les membres du Conseil de sécurité à honorer les engagements pris envers les femmes afghanes, au fil des années, afin de de maintenir leurs droits au cœur de toutes les discussions liées à l’Afghanistan. 

Après six mois de pouvoir taliban, la scolarisation des filles afghanes est en péril, a prévenu la militante.  Elle a dit que beaucoup de femmes ont fui le pays ou sont enfermées chez elles, craignant que leur religion, leur handicap, leur orientation sexuelle ou leur appartenance ethnique fassent d’elles une cible. Les magistrates doivent fuir les coupables qu’elles avaient mis derrière les barreaux et les femmes sont obligées de se déplacer avec un mahram ou un tuteur, a-t-elle également dénoncé en expliquant que beaucoup de femmes ne peuvent pas se rendre à des rendez-vous médicaux, alors que d’autres sont coincées dans des situations de violence conjugale, et ne peuvent pas chercher un emploi.  Elle a néanmoins assuré que les femmes manifestent dans les rues tous les jours, malgré les menaces, la présence d’armes et la violence.  « Nous avons besoin de votre soutien », a-t-elle lancé aux membres du Conseil, pour obtenir que les Taliban annulent la pratique des mahram, maintiennent la liberté de mouvement des femmes et leur garantissent l’accès à l’emploi, à l’éducation et aux soins.  Elle a souhaité que l’on interroge les Taliban pour savoir où se trouvent Tamana Zaryab Paryani et Parwana Ebrahim Khel, des défenseuses des droits humains. 

S’agissant de la situation humanitaire « catastrophique », elle a noté que plus de la moitié de la population a besoin d’aide alimentaire de toute urgence et que des familles sont forcées de vendre leurs enfants pour gagner de l’argent, ou d’avoir recours au mariage forcé de jeunes filles, pour recevoir une dot et acheter à manger ou payer des frais médicaux.  Elle a dénoncé le fait que les Taliban empêchent les femmes humanitaires de travailler et détruisent de manière systématique les systèmes de prévention et de réponse aux violences basées sur le genre.  Elle s’est inquiétée de l’état des hôpitaux dépourvus de matériel, de médicaments et de services de santé reproductive, avec le risque d’accroître le taux de mortalité maternelle déjà élevé.  Il est du devoir des Nations Unies, a-t-elle plaidé, d’assurer un secours rapide et une assistance à tous les Afghans, y compris les femmes et les minorités.  Pour y parvenir, elle a jugé indispensable que tous les travailleurs humanitaires, y compris les femmes, soient autorisés à travailler sans craindre des représailles.  Elle a demandé à la communauté internationale de s’assurer que l’aide humanitaire soit directement fournie à des organisations qui respectent les principes humanitaires, sans passer par les Taliban. 

Pour ce qui est de la situation économique, Mme Seraj s’est inquiétée de l’effondrement du système bancaire et de l’économie.  Elle a indiqué que les Afghans ont perdu un demi-million d’emplois, impactant disproportionnellement les femmes depuis août 2021.  Même si la question du système bancaire et de la chaîne d’approvisionnement est résolue, elle a estimé que la participation active des femmes dans le monde du travail sera la clef pour la croissance économique de l’Afghanistan. 

Pour ce qui est de la collaboration avec les Taliban, elle a appelé la MANUA à être la porte-parole d’un dialogue avec les Taliban pour garantir des consultations inclusives avec les Afghans et les Afghanes dans toute leur diversité.  Après avoir appelé la communauté internationale à ne pas sous-estimer son influence face aux Taliban, elle a appelé à ce que les droits humains, les droits des femmes et la responsabilisation fassent partie intégrante de toutes les discussions.  Elle a jugé impératif que la communauté internationale cesse d’envoyer des délégations exclusivement masculines lors de rencontres avec les Taliban, plaidant aussi pour que la représentation de femmes afghanes diverses —en particulier issues de la société civile— fasse partie intégrante de toutes les négociations entamées avec les Taliban. 

M. JONAS GAHR STØRE, Premier Ministre de la Norvège, a expliqué qu’au cours des derniers jours, une délégation de haut niveau des autorités afghanes de facto s’est rendue à Oslo dans le cadre d’une visite bilatérale au sens traditionnel du terme.  Le but était d’offrir une opportunité des plus nécessaires aux femmes et hommes non Taliban de la société civile afghane de discuter avec les Taliban sur la voie à suivre pour leur pays.  Ce fut aussi une opportunité pour la Norvège et certaines délégations nationales de discuter avec les représentants taliban de la manière dont les besoins des millions d’Afghans seront satisfaits dans les temps à venir, dans la politique, les droits de l’homme et l’humanitaire.  « Soyons clairs: les Taliban ont entendu les graves préoccupations partagées par une variété de représentants de la société civile afghane, ainsi que d’une communauté internationale unie. »  

Le Premier Ministre a précisé que la visite n’a pas conféré une reconnaissance internationale au régime de fait.   C’était l’occasion de parler, d’échanger et de formuler des attentes claires sur la voie à suivre, a-t-il expliqué, arguant qu’un tel dialogue est impératif en ce moment.  Nous avons besoin, a-t-il ajouté, de nouveaux accords et engagements pour être capable d’assister et d’aider une population civile extrêmement vulnérable.  M. Støre a appelé à faire ce que nous pouvons pour éviter une nouvelle crise migratoire et une autre source d’instabilité dans la région et au-delà.  Il a estimé qu’il ne sera pas possible de rétablir un système politique durable en Afghanistan sans l’inclusion des Afghans de divers bords. 

Soulignant que la crise humanitaire en Afghanistan est exacerbée par les effets des changements climatiques, de la pandémie mondiale et de l’effondrement de l’économie nationale, il a appelé à utiliser au mieux l’exemption humanitaire prévue par la résolution 2615 (2021).  Il a également demandé au Conseil de doter la MANUA d’un mandat complet et solide pour dialoguer avec les Taliban, surveiller et rendre compte de la situation des droits de l’homme, et faciliter la fourniture d’aide.  Dans ce contexte, il a salué le lancement en ce jour du Cadre d’engagement transitionnel des Nations Unies en soutien à l’Afghanistan.  Il a plaidé pour la protection des civils, y compris des enfants, qui doit être « la priorité », en demandant aussi de sauvegarder les droits et la participation égale des femmes comme cela a été clairement communiqué par toutes les délégations à la Réunion d’Oslo.  Il s’est dit préoccupé par les rapports persistants de femmes promotrices de la paix et défenseuses des droits humains qui sont exposées à de graves risques et représailles pour avoir fait entendre leur voix.  Il a notamment demandé la libération de Tamana Zaryabi Paryani et de Parawana Ibrahimkhel.  Les Taliban doivent respecter les engagements qu’ils ont pris, et nous devons les tenir responsables, a-t-il déclaré. 

En outre, le Premier Ministre a souligné que les besoins de l’Afghanistan en matière d’aide au développement n’ont pas diminué au cours des six derniers mois, au contraire.  Pour sa part, la Norvège continuera à fournir une aide humanitaire par le biais d’organisations onusiennes et d’ONG, a-t-il dit tout en rappelant que la responsabilité première de la réponse à la crise aiguë incombe aux autorités de facto.  Il a aussi appelé celles-ci à écouter les appels du peuple afghan et de la communauté internationale à respecter les droits de l’homme et à établir un gouvernement plus inclusif et plus juste.  M. Støre a également réitéré l’importance de la lutte contre le terrorisme, appelant les Taliban à empêcher les groupes terroristes de prendre pied en Afghanistan et de menacer à nouveau la paix et la sécurité internationales. 

M. PACÔME MOUBELET-BOUBEYA, Ministre des affaires étrangères du Gabon, a constaté que, depuis la prise du pouvoir par les Taliban, le climat sociopolitique en Afghanistan est marqué par une « totale opacité » et une « absence d’inclusivité » qui constituent un frein à l’efficacité du Gouvernement, à l’adhésion de la population et à la stabilité du pays.  La communauté internationale doit, selon lui, maintenir le dialogue avec les Taliban, car il en va du bien-être individuel et social des populations, mais cet appel au dialogue « n’implique pas une reconnaissance du régime », a-t-il précisé.  Le Ministre a dit soutenir l’exemption de l’interdiction de voyager des Taliban inscrits sur la Liste de sanctions lorsqu’il s’agit de déplacements effectués dans le cadre du processus de paix.  Il a par ailleurs salué la prolongation de 12 mois du mandat de l’Équipe de surveillance chargée de seconder le Comité des sanctions pour l’établissement durable et inclusif de la paix, de la stabilité et de la sécurité en Afghanistan. 

Tout en prenant note des « progrès nets » réalisés dans la lutte contre la corruption depuis le retour au pouvoir des Taliban, le Ministre s’est déclaré vivement préoccupé par les relations qu’entretiennent ces derniers, notamment les Haqqani, avec Al-Qaida.  Il s’est aussi inquiété du danger permanent que représentent les combattants étrangers « sur lesquels les Taliban ne semblent avoir aucun contrôle » et qui contribuent à la volatilité de la situation sécuritaire.  Dans ce contexte, il a dit redouter une crise humanitaire « encore plus dramatique », compte tenu de l’effondrement de l’économie et du système bancaire.  À cet égard, M. Moubelet-Boubeya a jugé que les sanctions internationales, bien que nécessaires, ont contribué à accroître la pauvreté, la famine ainsi que les déplacements de populations.  Il a par ailleurs qualifié d’inacceptable la condition des filles et des femmes afghanes, avant d’exprimer sa crainte de voir se « sédimenter » une base arrière du terrorisme international en Afghanistan.  Face à ces défis, il a invité le Conseil de sécurité à avoir « une réaction et un ton à la mesure du péril et des responsabilités à assumer ». 

M. MICHAEL KAPKIAI KIBOINO (Kenya) s’est alarmé de la poursuite des attaques terroristes contre des civils, qui continue à saper les efforts de paix en Afghanistan.  Condamnant ces « actes atroces », dont le récent attentat meurtrier perpétré à Hérat par l’État islamique d’Iraq et du Levant-Province du Khorassan, il a estimé que cette « tendance » oblige la communauté internationale à exiger des Taliban qu’ils s’engagent à lutter contre le terrorisme et veiller à ce que l’Afghanistan ne devienne pas un refuge d’où des groupes terroristes déploient leur terreur à l’échelle de la région.  À cet égard, il a félicité la MANUA pour sa polyvalence et sa capacité à opérer dans un environnement de plus en plus complexe et exigeant. 

Par ailleurs, au moment où l’hiver aggrave les conditions de vie de millions d’Afghans, le représentant a appelé la communauté internationale et les organismes donateurs à fournir un financement adéquat au plan d’intervention humanitaire en Afghanistan.  Compte tenu de la détérioration de l’économie nationale, qui pousse davantage de personnes dans la pauvreté, il a également jugé nécessaire d’envisager le déploiement des actifs afghans gelés dans un cadre convenu de responsabilisation.  Il a d’autre part enjoint les Taliban à prendre les mesures nécessaires pour enquêter sur la récente disparition de deux militantes afghanes et, plus largement, pour garantir le droit inaliénable des femmes afghanes à contribuer positivement au développement de leur pays.  Le délégué s’est cependant félicité des informations selon lesquelles les écoles supérieures pour filles et les universités pour garçons et filles seront réouvertes lors de la prochaine année scolaire.  Enfin, il a souhaité que les pourparlers d’Oslo avec les Taliban contribuent à l’établissement d’une paix durable en Afghanistan. 

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a insisté sur l’ampleur colossale de la crise humanitaire en Afghanistan et appuyé la réponse apportée par l’ONU pour y remédier.  L’exemption au régime des sanctions 1988, approuvée à l’unanimité par ce Conseil, a apporté une prévisibilité à la réponse humanitaire, a-t-elle constaté, tout en soulignant qu’une crise d’une telle ampleur nécessite un engagement continu de la communauté internationale. 

La représentante a ensuite dit être vivement préoccupée par la décision des Taliban de priver les jeunes filles d’une éducation secondaire.  Une telle interdiction revient à réduire au silence toute une génération de filles, a-t-elle déclaré, en demandant l’abrogation de cette interdiction.  Elle a également alerté que les femmes afghanes continuent d’être prises pour cibles et d’être « effacées » de la société par les Taliban.  Alors que leurs droits fondamentaux sont systématiquement bafoués, les Afghanes se lèvent dans tout le pays face aux Taliban, a-t-elle indiqué.  « La réponse des Taliban fait froid dans le dos: des femmes ont été arrachées à leurs familles, privées de liberté, et ont disparu. » Elle a ainsi demandé où se trouvent Tamana Paryani et Parawana Ibrahimkhel qui ont été enlevées la semaine dernière dans leurs maisons.  « Et l’ancienne policière Alia Azizi, portée disparue depuis octobre, où est-elle? »  Mme Byrne Nason a exhorté les Taliban à reconnaître les droits des femmes, car les « droits des femmes sont des droits humains », relevant en outre que ce que les femmes craignaient à la suite du retour des Taliban est en train de se produire.  Il ne peut pas y avoir de dialogue, de solution, de progrès sans la participation des femmes et la protection de leurs droits, a insisté la déléguée qui a appelé à « juger les Taliban à l’aune de leurs actions, pas de leurs mots. » 

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a déclaré qu’alors que la crise humanitaire en Afghanistan s’aggrave, le travail de la MANUA à l’appui du peuple afghan ne saurait être plus important.  Pour leur part, a-t-elle indiqué les États-Unis ont annoncé le 11 janvier une première contribution de plus de 308 millions de dollars en aide humanitaire et ont agi rapidement pour s’assurer que toute sanction imposée par eux et la communauté internationale pour soutenir la sécurité et la stabilité en Afghanistan n’entrave pas l’activité humanitaire. En décembre, a-t-elle ajouté, le département du Trésor américain a délivré trois nouvelles licences générales qui étendent les autorisations existantes pour faciliter le flux continu d’aide humanitaire vitale et les besoins fondamentaux du peuple afghan. 

Mme Thomas-Greenfield a assuré que les États-Unis sont particulièrement « sensibles » à la crise de liquidité en Afghanistan et qu’ils continueront d’examiner diverses options pour atténuer la pénurie de liquidités, tout en soulignant qu’une économie afghane fonctionnelle nécessitera une banque centrale indépendante et techniquement compétente qui réponde aux normes bancaires internationales.  Les autorités américaines sont également conscientes des appels à examiner la mise à disposition des réserves de la banque centrale afghane détenues aux États-Unis pour aider le peuple afghan. 

Poursuivant, la représentante a appelé les Taliban à autoriser un accès humanitaire sans entrave aux personnes dans le besoin et la libre circulation des travailleurs humanitaires de tous les sexes ; à veiller à ce que le personnel humanitaire puisse opérer dans des conditions sûres; et d’assurer que l’assistance soit fournie de manière indépendante à toutes les personnes vulnérables, quelle que soit leur identité.  Elle a également dit attendre des Taliban qu’ils prennent des mesures concrètes pour prouver leur engagement à combattre le terrorisme, leur respect des droits humains et leur volonté d’inclusion.  Enfin, elle a réitéré sans équivoque l’attente que les femmes et les filles afghanes puissent participer pleinement à la vie politique, économique et sociale du pays.  Saluant l’annonce faite par les Taliban que les écoles secondaires dans tout le pays seront ouvertes aux filles en mars, Mme Thomas-Greenfield a appelé à maintenir la pression pour que les écoles postsecondaires et tous les secteurs d’emploi soient également ouverts aux femmes. 

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ(Mexique) s’est inquiété du sort des 24 millions d’Afghans qui ont besoin d’une aide humanitaire dans un pays confronté à d’énormes défis économiques, humanitaires et sociaux.  L’exception humanitaire approuvée en décembre dernier devrait aider à fournir cette aide vitale, a-t-il estimé.  Soucieux d’éviter une tragédie humanitaire, le représentant a appelé à dialoguer avec ceux qui détiennent le pouvoir et suivre de près les résultats des réunions d’Oslo.  M. de la Fuente Ramírez a également souligné l’importance du respect et de la promotion des droits humains de tous les Afghans, y compris les femmes, les jeunes et les minorités.  Il a regretté l’absence d’engagement réel à défendre et préserver l’éducation des femmes et des filles, ainsi que le droit des femmes à retourner au travail.  Les appels à la formation d’un gouvernement inclusif par les Taliban sont également restés lettre morte, a-t-il regretté. 

Selon le représentant, la communauté internationale doit présenter un front uni si elle veut que ce message soit entendu et que les Taliban adoptent des politiques qui protègent et profitent au peuple afghan, « sans exclusions ».  Par ailleurs, la menace posée par la résurgence du terrorisme doit être traitée de toute urgence, de manière globale et dans le respect du droit international en particulier le droit international humanitaire.  Imputant l’augmentation des activités criminelles à la précarité de la situation économique, le manque d’opportunités et l’effondrement imminent des services publics, il a appelé à s’attaquer à ces phénomènes, y compris pour éviter la radicalisation des groupes marginalisés. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a rappelé que face à l’urgence, le Conseil de sécurité s’était mobilisé, en adoptant la résolution 2615 (2021) afin de faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire d’urgence, dans le respect des principes humanitaires et sans aucune forme de récupération par les Taliban.  La France a versé 100 millions d’euros pour répondre à la crise humanitaire afghane, a-t-il déclaré en mentionnant également une opération menée conjointement avec le Qatar le 2 décembre 2021 pour acheminer 40 tonnes d’équipement médical, de nourriture et de fournitures pour l’hiver.  Il a indiqué que l’Union européenne et ses États membres ont réuni plus d’un milliard d’euros pour venir en aide aux populations afghanes les plus vulnérables. 

S’agissant du défi sécuritaire, le représentant a regretté que les Taliban n’aient pas rompu leurs liens avec les groupes terroristes dont Al-Qaida, puisqu’ils les ont intégrés au sein de leur gouvernement intérimaire.  « Compte-tenu de la portée globale de ces organisations terroristes, le risque terroriste émanant d’Afghanistan est donc transnational et transfrontalier », s’est inquiété M. de Rivière avant d’exhorter la communauté internationale à prendre ses responsabilités, notamment en continuant d’exiger que les Taliban rompent tout lien, direct ou indirect, y compris financier, avec les groupes terroristes. 

Plaidant aussi pour que le peuple afghan, et en particulier pour les femmes et les filles afghanes, voient leurs droits fondamentaux respectés, le représentant s’est indigné que les femmes soient exclues des universités et les filles des écoles secondaires, contraintes au port du hijab et interdites de se déplacer à plus de 72 km sans être accompagnées par un homme.  Il s’est aussi élevé contre l’interdiction de diffuser des séries télévisées mettant en scène des femmes afghanes, la répression des manifestations qu’elles organisent, les menaces que subissent les militantes engagées dans les médias et le domaine des droits humains, en particulier des droits des femmes, certaines étant arrêtées et exécutées.  Face à ce constat, il a appelé les Taliban à respecter les engagements pris et la résolution 2593 (2021) en prévenant que le non-respect de ces exigences conduira les Taliban dans un isolement international.  Enfin, le représentant a appelé à la constitution d’un gouvernement inclusif et représentatif de toute la société afghane, de toutes ses ethnies, religions et genres. 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a dit avoir noté certaines mesures prises par les nouvelles autorités afghanes pour répondre aux besoins socioéconomiques, humanitaires et aux questions relatives aux droits de l’homme, ainsi que pour lutter contre le terrorisme et la drogue.  Il a dit attendre toujours que les Taliban prennent des mesures sérieuses pour assurer une véritable politique d’inclusion ethnique au sein du Gouvernement, pour éliminer les menaces liées à la drogue, ainsi que pour garantir le respect des droits humains fondamentaux.  « Notre priorité commune est de maintenir la stabilité en Afghanistan. »  Il a jugé évident qu’en l’absence de capacités nécessaires, ainsi que des ressources, notamment financières, les nouvelles autorités ne sont guère en mesure de faire face à tout un tas d’anciens problèmes et de nouveaux défis.  Le succès sur cette question dépendra d’une assistance internationale globale en Afghanistan, a prévenu le délégué. 

Il a rappelé que le 22 décembre 2021, le Conseil de sécurité a adopté la résolution 2615 (2021) sur l’assistance humanitaire à l’Afghanistan en allégeant le régime actuel de sanctions de 1988.  Nous espérons, a-t-il dit, que cela maximisera l’ampleur de l’aide humanitaire grâce à l’implication de toutes les parties prenantes, y compris l’ONU, ses agences humanitaires et les principaux donateurs.  En même temps, il a reconnu que ces efforts ne sont pas suffisants.  En effet, a-t-il expliqué, au vu des défis auxquels est confronté l’Afghanistan, dont la catastrophe économique et les besoins humanitaires, ces mesures s’apparentent à « une goutte dans l’océan ».  M. Polyansky a fait remarquer que la paralysie du système bancaire, le manque d’argent et le chômage sapent les perspectives du relèvement après le conflit. 

Dans ce contexte, le représentant russe a appelé les États-Unis et d’autres donateurs occidentaux à restituer les fonds à l’Afghanistan.  « Cet argent appartient au peuple afghan et ne peut être utilisé comme élément de marchandage et de punition des Afghans du fait de la nouvelle réalité dans le pays. »  En plus, a-t-il prédit, les conséquences de l’effondrement seront beaucoup plus grandes et conduiront inévitablement à une augmentation du nombre de réfugiés, au débordement de l’activité terroriste, à la hausse de production de drogues et, en définitive, à une instabilité encore plus grande, y compris dans la région et au-delà.  Il a expliqué que le risque d’infiltration de militants et de trafiquants de drogues dans la région, notamment sous couvert du statut de réfugié, ne peut que susciter l’inquiétude des partenaires de la Fédération de Russie en Asie centrale. 

Dans le contexte actuel, le délégué a jugé contreproductives les tentatives de poursuivre le dialogue avec les nouvelles autorités afghanes en usant « un langage d’ultimatums et de pressions » plutôt que de diplomatie, tout en manipulant la relance et le développement socioéconomique.  M. Polyansky a invité la communauté internationale à apprendre des erreurs passées.  La Fédération de Russie a répété à maintes reprises que le maintien du dialogue politique permettra de répondre efficacement aux questions urgentes, a-t-il rappelé.  Il a fait valoir le bon exemple que donne à cet égard la Troïka élargie, qui permet de discuter des problèmes du pays.  Enfin, alors que le mandat de la MANUA prend fin le 17 mars 2022, le représentant a souhaité, que dans son futur rapport, le Secrétaire fasse des évaluations, des recommandations et des propositions équilibrées pour le nouveau mandat de la Mission. 

M. JUN ZHANG (Chine) a estimé que les Nations Unies doivent aider le peuple afghan afin de prévenir un effondrement du pays.  L’économie afghane est en crise depuis les évènements d’août dernier, tandis que la situation humanitaire s’est considérablement détériorée, s’est-il inquiété.  « Le pays est plongé dans un cauchemar avec la disparition de l’aide humanitaire du jour au lendemain. »  Le représentant a indiqué qu’une « tragédie humaine » se déroule en Afghanistan et qu’une course contre la montre est engagée s’agissant de l’aide à apporter.  Il a déploré la politisation de l’aide humanitaire, celle-ci étant utilisée comme un moyen de pression.  « Cela revient à jouer avec la vie des 38 millions d’Afghans dans le besoin », s’est-il indigné. 

Le délégué a ensuite préconisé une injection de liquidités en vue d’améliorer la situation économique, avant de déplorer le gel des avoirs afghans découlant des sanctions unilatérales.  Ces sanctions affament et tuent, a asséné le délégué, en demandant leur levée.  Il a également appelé à intensifier les discussions avec le Gouvernement afghan de façon « pragmatique ».  La priorité essentielle est de remédier à la crise économique et de relancer l’économie, a-t-il insisté, relevant que si la situation ne cesse de se détériorer, « les seuls qui en profiteront seront les groupes terroristes ».  Il a appelé la communauté internationale à agir avec un sentiment d’urgence, appelant de nouveau à éviter la politisation de l’aide humanitaire. 

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a estimé que « le temps presse » pour éviter qu’une situation humanitaire déjà désastreuse ne devienne « hors de contrôle » en Afghanistan, où des millions de personnes sont aujourd’hui menacées par la faim et le dénuement.  Face à cette crise humanitaire « monumentale », le Conseil de sécurité a la responsabilité d’être uni sur ce qui doit être fait pour relever les défis, a affirmé le représentant, avant d’exprimer son soutien à l’appel du Secrétaire général en faveur d’un déblocage des avoirs afghans gelés dans des banques étrangères et à leur transfert immédiat aux services sociaux et de santé du pays.  Il a d’autre part exhorté les autorités de facto à ouvrir le pays aux agences humanitaires en supprimant toutes les restrictions imposées aux opérations d’assistance.  Selon lui, les Taliban devraient choisir de coopérer sans condition et de faciliter le libre acheminement de l’aide humanitaire à chaque Afghan sans discrimination, conformément au droit international humanitaire. 

Le délégué s’est par ailleurs déclaré préoccupé par les cas signalés de violations des droits humains de personnes vulnérables, en particulier la suppression et l’érosion des droits des femmes et des filles et l’absence d’accès des enfants à l’éducation.  À ses yeux, les femmes et les minorités afghanes sont des parties prenantes légitimes de l’Afghanistan et doivent recevoir tout le soutien nécessaire pour renforcer leur participation à la reconstruction du pays.  Il a d’autre part souhaité que les autorités talibanes veillent à ce que les informations faisant état d’exécutions extrajudiciaires, en particulier d’anciens membres des forces de sécurité afghanes, fassent l’objet d’enquêtes et que les auteurs soient tenus pour responsables.  Enfin, il a dit attendre avec impatience le rapport que doit présenter le Secrétaire général à la fin du mois sur les recommandations stratégiques et opérationnelles pour le mandat de la MANUA, appelé à être renouvelé en mars prochain. 

Convaincue que le travail de la MANUA reste crucial en Afghanistan, M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a salué le lancement aujourd’hui du cadre d’engagement transitoire de l’ONU, une approche globale du système des Nations Unies pour la fourniture d’une assistance vitale et d’un soutien aux besoins humains fondamentaux.  Sauver des vies nécessite une réponse internationale dirigée par l’ONU, dotée de ressources adéquates, mais aussi un engagement constructif de la part des Taliban sur l’accès de l’aide selon les principes humanitaires.  Le représentant a également insisté sur l’importance de résoudre la crise de liquidité et a soutenu les discussions en cours entre la Banque mondiale et les donateurs sur la réaffectation d’une partie des 1,2 milliard de dollars restants du fonds d’affectation spéciale pour la reconstruction de l’Afghanistan. 

En matière de droits humains, il a estimé que la conférence qui s’est tenue cette semaine à Oslo a été une occasion importante de communiquer les attentes de la communauté internationale, des donateurs et de la société civile directement aux Taliban.  Préoccupé par les informations faisant état d’une augmentation des représailles contre les anciennes forces de sécurité et fonctionnaires ainsi que les attaques contre les minorités et des militantes afghanes, le représentant a appelé les Taliban à respecter l’amnistie qu’ils ont accordée en août à tous les Afghans et à mener des enquêtes transparentes sur toutes les allégations d’atteintes aux droits humains. 

Il a aussi regretté que de nombreuses femmes soient incapables de travailler et que les filles soient tenues à l’écart de l’école.  L’assurance des Taliban que les filles pourront retourner à l’école le 21 mars est la bienvenue, mais, a-t-il mis en garde, la communauté internationale surveillera cela de près.  Enfin, le représentant a estimé que la paix et la stabilité durables en Afghanistan dépendront d’une politique reflétant la riche diversité de l’Afghanistan en appelant à une gouvernance inclusive.  « Nous continuerons à calibrer notre approche envers les Taliban en fonction de leurs actions sur ces priorités fondamentales, et non de leurs paroles », a-t-il indiqué. 

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a déclaré être préoccupée par la détérioration des conditions humanitaires et économiques en Afghanistan.  Des progrès tangibles sont nécessaires pour relever les défis auxquels l’Afghanistan est confronté, a-t-elle plaidé en citant en particulier la formation d’un gouvernement inclusif, la protection des droits des femmes, la lutte contre le terrorisme et le soutien face aux besoins humanitaires et de développement. La sécurité et la stabilité ne peuvent être atteintes en Afghanistan sans s’attaquer à ces problèmes, a prévenu la représentante en mettant l’accent sur la protection des droits des femmes et des filles, qui doit rester une priorité, y compris l’égalité d’accès à l’éducation.  Elles doivent pouvoir participer de manière pleine, égale et significative dans tous les domaines, a-t-elle insisté en y voyant un élément essentiel pour le développement, la paix et la sécurité du pays.  La représentante a également appelé à empêcher l’exploitation et la déformation de la religion pour priver les femmes et les filles afghanes de leurs droits fondamentaux. 

Mme Nusseibeh a appelé la communauté internationale à être solidaire du peuple afghan en lui fournissant l’aide humanitaire nécessaire.  Il faut aussi contribuer au Plan d’intervention humanitaire des Nations Unies, a encouragé la représentante en appelant les Taliban à faciliter l’accès sûr et sans entrave à l’aide humanitaire dans les zones et aux groupes qui sont le plus dans le besoin. Mme Nusseibeh a indiqué que son pays a envoyé à l’Afghanistan plus de 485 tonnes d’aide humanitaire et aidé à l’évacuation de plus de 40 000 personnes qui ont quitté le pays. Préoccupée par la menace que fait peser le terrorisme sur la sécurité de l’Afghanistan et des pays voisins et régionaux, elle a appelé les Taliban à lutter contre le terrorisme dans le pays, à rompre les liens avec tous les groupes terroristes dans le monde et à empêcher ces groupes d’utiliser l’Afghanistan pour menacer ou attaquer d’autres pays.  Elle a terminé en demandant un mandat robuste pour la MANUA afin qu’elle soit à même de contribuer au maintien de la paix et de la sécurité en Afghanistan. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) a prévenu que seul un règlement politique inclusif et négocié offrira un avenir durable au peuple afghan.  Saluant les pourparlers en cours à Oslo, il a exhorté les autorités à comprendre qu’un gouvernement responsable a besoin de toute la diversité du peuple afghan.  Il a demandé instamment au Conseil d’accorder une priorité claire à la participation des femmes à tous les processus.  Le représentant a par ailleurs exhorté les Taliban à faciliter un accès complet, sûr et sans entrave aux organisations humanitaires et à l’ensemble de leur personnel, quel que soit leur sexe.  Il a aussi mis l’accent sur les libertés fondamentales, dont la liberté de la presse, et demandé au Conseil de se tenir fermement en faveur des droits des femmes et des filles à un accès plein et égal à l’éducation et aux soins de santé ainsi qu’à la liberté de circulation dans leur propre pays. 

Inquiet également du risque de terrorisme, il a souhaité que le pays ne devienne plus jamais un refuge pour le terrorisme international.  Il a exhorté les Taliban à rompre sans ambiguïté tous liens avec les organisations terroristes. Enfin, le représentant de l’Albanie a plaidé pour un rôle plus fort et un mandat renforcé de l’ONU en Afghanistan avant d’appeler le Conseil à agir avec clarté, détermination et, surtout, avec unité pour aider les Afghans à avoir une meilleure perspective d’avenir.  Après avoir précisé que 2 000 réfugiés afghans ont trouvé refuge en Albanie, le représentant a appelé à demander des comptes au Gouvernement afghan sur la situation des enfants, des filles et des femmes. 

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a déclaré que le destin de millions de familles, qui font face à des difficultés graves telles que la malnutrition, dépend d’une réponse rapide face à l’aggravation de la crise humanitaire.  L’ONU doit agir d’urgence et d’une seule voix pour que les Afghans ne soient pas abandonnés, a-t-il insisté.  Pour sa part, le Brésil a déjà autorisé plus de 600 visas humanitaires aux personnes dans le besoin en Afghanistan, en se focalisant sur les femmes et les filles.  Relevant que l’aide humanitaire d’urgence ne sera pas suffisante, le représentant a également jugé essentiel de prendre des mesures pour favoriser le développement à long terme, « afin que les scènes dont nous sommes témoins aujourd’hui ne se reproduisent pas à l’avenir ».  

Le représentant a ensuite appelé à résoudre la crise urgente de liquidités en Afghanistan, car les institutions financières afghanes doivent avoir accès à leurs actifs qui sont actuellement soumis à des sanctions unilatérales.  Il a appelé les pays concernés à se pencher sur la question, en tenant compte de la situation humanitaire critique de l’Afghanistan.  Dans le même temps, a-t-il estimé, la communauté internationale doit continuer d’exiger que les autorités de facto respectent les dispositions des résolutions du Conseil de sécurité.  Pour le Brésil, cela passe par quatre actions principales: la formation d’un gouvernement inclusif avec la participation des femmes et des minorités ethniques et religieuses; le respect du droit des femmes au travail et le libre accès des filles à l’éducation à tous les niveaux; l’adhésion aux principes de la Convention relative aux droits de l’enfant et son Protocole facultatif concernant l’implication des enfants dans les conflits armés, les Principes de Paris et la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, ainsi que la feuille de route 2014 pour mettre fin et prévenir le recrutement et l’utilisation d’enfants par les Forces nationales de défense et de sécurité afghanes; et enfin, une action crédible et décisive contre l’utilisation du territoire afghan par des organisations terroristes. 

Intervenant en sa capacité nationale, M. T. S. TIRUMURTI (Inde) a dit partager les préoccupations de la communauté internationale en ce qui concerne l’apport d’une aide humanitaire immédiate en Afghanistan, la formation d’un gouvernement représentatif et inclusif et la protection des droits des femmes, des enfants et des minorités.  Il fait savoir que l’Inde s’est engagée à fournir un million de doses de vaccins contre la COVID-19 au peuple afghan, demandant ensuite que l’aide humanitaire soit fournie dans le respect des principes de neutralité, d’impartialité, d’indépendance et de non-discrimination.  « Cette aide doit en premier lieu bénéficier aux plus vulnérables, y compris les femmes, les enfants et les minorités. » 

Le représentant a relevé que le terrorisme continue d’être une menace sérieuse pour l’Afghanistan et sa région.  Des progrès concrets doivent être encore accomplis pour s’assurer que les entités terroristes désignées comme telles ne reçoivent pas un soutien tacite ou direct, soit depuis le sol afghan, soit depuis des sanctuaires terroristes dans la région, a-t-il indiqué.  Il a également souligné l’importance de préserver les droits des femmes, des enfants et des minorités.  Enfin, le délégué a exhorté la communauté internationale à parler d’une seule voix sur ce dossier et invité le Conseil à garder à l’esprit les attentes et le bien-être du peuple afghan lorsqu’il se penchera en mars sur le renouvellement du mandat de la MANUA. 

M. NASEER AHMED FAIQ (Afghanistan) a déclaré s’exprimer au nom des Afghans qui ont connu des décennies de conflit, des femmes et des filles qui connaissent la faim et la pauvreté, des fonctionnaires qui essaient de mettre en place un système répondant aux intérêts du peuple afghan.  Il a dit vouloir parler des valeurs partagées par les Afghans, des sacrifices qu’ils ont consentis et des craintes qu’ils nourrissent quant à l’avenir.  « Je ne représente pas le gouvernement actuel, qui a perdu sa légitimité, ni tout autre groupe politique », a-t-il précisé, confiant avoir « à peu près l’âge de la guerre » dans son pays, laquelle a causé des bains de sang, la destruction des infrastructures et l’exode forcé de nombreux Afghans.  Ces cinq derniers mois, a-t-il dit, ont été marqués par la détérioration de la situation sociale, économique et humanitaire, suite à l’échec total et à l’inaction de toutes les parties.  « Nous avons vu l’effondrement de la République, qui a scellé l’échec des négociations de paix et entraîné la prise de pouvoir des Taliban, avec des conséquences catastrophiques », a souligné le représentant, avant de déplorer qu’aujourd’hui, plus de la moitié de la population afghane a besoin d’aide humanitaire, alors que l’hiver s’est installé. 

Pour le délégué, les autorités de facto n’ont pas été reconnues car elles ne respectent pas leurs engagements, notamment s’agissant des droits des femmes, des filles et des minorités.  Pour sortir le peuple afghan de la situation actuelle, il faut, selon lui, remédier en premier lieu à la crise humanitaire et fournir une aide aux personnes dans le besoin en toute transparence.  Il importe également d’injecter rapidement des ressources dans l’économie pour payer les fonctionnaires et éviter l’effondrement du système bancaire.  Saluant l’adoption de la résolution du Conseil prévoyant une exemption humanitaire au régime des sanctions, il s’est aussi félicité du lancement du plan humanitaire 2022 pour l’Afghanistan, invitant la communauté internationale à y contribuer.  Ces efforts doivent viser le développement du pays, afin d’éviter que ne soient anéantis les acquis du passé, a-t-il plaidé, estimant qu’il faudra pour cela un État légitime, avec un gouvernement responsable, compétent et méritant, dirigé par des individus ayant à cœur l’intérêt du pays.

Affirmant que la liberté d’expression et les droits fondamentaux de tous les citoyens ne doivent être ni compromis ni négociés, il a demandé aux Taliban de mettre fin immédiatement à leurs violations.  Il a également appelé le régime taliban à déclarer une amnistie générale, à rouvrir les écoles à et laisser les femmes travailler librement.  Il s’est d’autre part dit préoccupé par la disparition de deux militantes, exigeant des informations sur leur sort et leur libération  sans condition.  Alors que les réalisations des dernières années sont menacées, il a appelé la communauté internationale à l’aide pour prévenir un nouvel exode de masse.  Le pays, a-t-il expliqué, a besoin d’emplois et de sources de revenu légitime pour ses jeunes, faute de quoi les groupes terroristes risquent de recruter cette génération.  Il a aussi souhaité que le Conseil appuie la convocation d’une conférence internationale sous l’égide de l’ONU, afin d’organiser des pourparlers intra-afghans, avec la participation de représentants de toute la société afghane, mais pas de ceux qui ont détourné à leur profit des fonds publics.  Enfin, après avoir applaudi l’action de la MANUA dans ces conditions difficiles, il a sommé les Taliban de respecter les accords internationaux et de tout faire pour offrir une vie digne à tous les Afghans, y compris les femmes. 

M. BAKHTIYOR IBRAGIMOV (Ouzbékistan) a encouragé la communauté internationale à maintenir un dialogue constructif avec les nouvelles autorités de Kaboul, pour les pousser à honorer leurs promesses et leurs obligations internationales, à commencer par la formation d’un gouvernement inclusif basé sur une large représentation, et la garantie des droits et de la liberté de leur peuple, y compris ceux des femmes et des minorités nationales.  Constatant que le pays est au bord d’une crise humanitaire grave, il a appelé à « tout faire » pour éviter une détérioration de la situation.  Le représentant a indiqué que les autorités ouzbeks ont récemment proposé d’établir sous les auspices de l’ONU un pôle multifonctionnel à Termez, ville frontalière ouzbèke, pour assurer la livraison opportune et ciblée de l'aide humanitaire à l’Afghanistan.  Il a précisé que la ville dispose de toutes les infrastructures nécessaires pour cela - aéroport, chemin de fer et autoroutes liées à l'Afghanistan– ainsi que d’un grand terminal logistique qui dispose d’équipements modernes et de suffisamment d’installations de stockage. 

Il a ensuite estimé que pour sortir l’Afghanistan de la crise socioéconomique profonde qu’il traverse, il serait opportun de dégeler ses actifs financiers et de lever les sanctions unilatérales qui le visent tout en encourageant une participation plus active des institutions internationales dans le financement de divers projets d’infrastructure sur le terrain.  Pour sa part, l’Ouzbékistan est prêt à mettre en œuvre avec la partie afghane deux grands projets, à savoir la construction de la ligne de transport d’électricité « Surkhan – PuleKhumri » et du chemin de fer « Termez – Mazar-e-Charif – Kaboul – Peshavar ».  En outre, les spécialistes ouzbeks ont récemment achevé des travaux pour permettre la reprise des opérations de l’aéroport international de Mazar-e-Charif, a-t-il indiqué.  Avant de conclure il a souligné que l'Afghanistan ne doit plus jamais être utilisé comme refuge pour divers groupes terroristes internationaux, expliquant que les nouvelles autorités de Kaboul ont donné des assurances en ce sens à l’Ouzbékistan. 

M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a déclaré que ce débat aurait été plus animé et plus interactif si nous avions pu aussi écouter un représentant du Gouvernement intérimaire d’Afghanistan.  À cause des conflits de ces dernières décennies et du gel des avoirs, des millions d’Afghans sont lancés dans une course contre la montre pour éviter de mourir de faim cet hiver, a-t-il déploré.  Sans l’aide humanitaire, le chaos et la reprise du conflit pourraient devenir à nouveau une réalité en Afghanistan avec les flux de réfugiés et l’escalade de la menace terroriste, a-t-il prévenu en appelant la communauté internationale à répondre de façon généreuse et positive à l’appel à l’aide lancé en janvier par le Secrétaire général. 

Poursuivant, le représentant a indiqué que les sanctions ne devraient pas empêcher qu’une aide au développement et humanitaire soit fournie à l’Afghanistan: tous les acteurs doivent pouvoir agir en Afghanistan sans craindre des sanctions arbitraires.  Rien ne justifie que le peuple afghan soit privé de ses propres avoirs qui peuvent stabiliser et relancer l’économie et sauver des milliers de vies, a-t-il martelé.  Il a annoncé que le Pakistan a donné 30 millions de dollars à l’Afghanistan à titre d’aide humanitaire et qu’il accueille près de 4 millions de réfugiés afghans jusqu’à ce qu’ils puissent rentrer chez eux. 

Le représentant a rappelé que la réunion extraordinaire de l’Organisation de la conférence islamique (OCI), en décembre, a vu la création d’un fonds d’affectation spéciale dont l'objectif est de remettre sur pied le système bancaire afghan.  M. Akram a défendu la politique d’ouverture du Gouvernement afghan et son engagement à respecter des droits humains de tous les Afghans notamment les femmes.  Évoquant les discussions qui se tiennent pour promouvoir ces objectifs, il a espéré que ces pourparlers auront le succès escompté.  Il a assuré que le Gouvernement afghan a donné des assurances en ce qui concerne l’éducation des filles et a dit attendre avec impatience la réouverture des écoles pour les filles le mois prochain.  Des garanties ont été données en vertu desquelles les cas de violation des droits humains et de détention arbitraire feront l’objet d’enquêtes, a rappelé M. Akram. 

Il a réaffirmé l’importance de la lutte contre le terrorisme en Afghanistan.  Il est essentiel que la communauté internationale parle avec l’Afghanistan pour mettre en place des modalités d’action contre le terrorisme venant d’Afghanistan.  M. Akram a soutenu la proposition de la Représentante spéciale visant à élaborer une feuille de route pour aider le pays en matière d’inclusion, de respect des droits humains, de lutte contre le terrorisme.  Cette feuille de route devrait inclure les attentes du Gouvernement afghan en matière de soutien économique.  Il a terminé en soulignant le rôle crucial de la MANUA dans le pays. 

M. MAJID TAKHT RAVANCHI (République islamique d’Iran) a noté que 24 millions d’Afghans ont besoin d’aide humanitaire et que 9 millions sont déplacés, s’inquiétant des conséquences d’un possible effondrement économique sur la stabilité de toute la région.  Rappelant que son pays soutient le peuple afghan depuis 40 ans, il a indiqué que l’Iran n’a pas fermé ses frontières avec l’Afghanistan après la prise de pouvoir des Taliban. Il a jugé crucial de continuer à livrer de l’aide à ce pays durant l’hiver.  Depuis août 2021, des milliers d’Afghans trouvent refuge quotidiennement en Iran, a précisé le représentant avant de fustiger des sanctions américaines inhumaines, qui sont la source d’immenses difficultés et qui limitent la capacité du Gouvernement iranien d’aider la population afghane présente en Iran.  C’est pourquoi, il a appelé la communauté internationale à fournir des ressources financières nouvelles et supplémentaires aux voisins de l’Afghanistan pour aider les réfugiés et les personnes déplacées, en notant qu’un grand nombre de réfugiés afghans cherchent à rejoindre l’Europe en passant par l’Iran. 

Par ailleurs, le représentant a jugé essentielle la libération sans conditions des avoirs gelés de l’Afghanistan pour relancer l’économie afghane et sauver des vies humaines.  Il a salué les efforts déployés par la MANUA et d’autres agences des Nations Unies en Afghanistan, dont le lancement du mécanisme de cadre d’engagement transitoire et le lancement conjoint virtuel par OCHA et le HCR du plan de réponse humanitaire et régional pour les réfugiés.  Il a souhaité que ces initiatives importantes soient renforcées par d’autres efforts pour répondre aux besoins du peuple afghan et des pays d’accueil des réfugiés.  Il a pris note de la résolution 2615 (2021) du Conseil de sécurité adoptée à l’unanimité sur l’exemption de l’aide humanitaire et d’autres activités du régime de sanctions, en espérant qu’elle pourra faciliter la fourniture en temps voulu d’une aide humanitaire aux personnes dans le besoin.  « La promotion et la protection des droits humains de tous les Afghans, dont les femmes et les filles, doivent être assurées », a insisté le représentant avant de préciser que son pays a récemment accueilli une délégation de haut niveau des Taliban pour souligner la nécessité d’établir un gouvernement inclusif en Afghanistan. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La guerre dans les villes: le Conseil de sécurité débat des moyens de protéger les 50 millions de civils urbains menacés par les conflits

8953e séance – matin
CS/14775

La guerre dans les villes: le Conseil de sécurité débat des moyens de protéger les 50 millions de civils urbains menacés par les conflits

Face à des conflits armés qui se déroulent de plus en plus souvent dans des zones urbaines, et qui ont des conséquences humanitaires dévastatrices pour 50 millions de civils, le Secrétaire général a demandé aux membres du Conseil de sécurité, ce matin, de mettre en place des mesures de protection spéciales et d’utiliser tous les moyens à leur disposition pour mettre fin aux dommages tragiques et évitables causés aux civils.  Le respect du droit international humanitaire a été placé en premier dans les priorités énoncées par la cinquantaine de participants à ce débat public. 

Présidée par le Premier Ministre de la Norvège, M. Jonas Gahr Støre, cette réunion de haut niveau sur le thème « La guerre urbaine et la protection des civils » a donné l’occasion à M. António Guterres de faire trois recommandations pour prévenir et atténuer les effets des conflits urbains sur les populations. 

Comme l’ensemble des intervenants, il a d’abord appelé les parties aux conflits à davantage respecter le droit international humanitaire, ce qui implique de poursuivre les auteurs des violations graves.  M. Guterres a aussi demandé aux belligérants d’adapter leurs armes et leurs tactiques à la guerre urbaine, en s’abstenant d’utiliser des armes explosives à large rayon d’impact dans les zones habitées.  Enfin, il a invité les parties à évaluer l’impact de leurs opérations, à minimiser les dommages causés aux civils et à garantir la reddition de comptes, la reprise et la réconciliation. 

Pour respecter le droit international régissant les hostilités, il faut d’abord l’interpréter de bonne foi, a précisé le Président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).  M. Peter Maurer a cependant souligné que les acteurs des conflits -étatiques, multinationaux et non étatiques- se multiplient, ce qui diffuse les responsabilités, mais il leur a demandé d’investir dans des mesures préventives pour assurer la continuité des services essentiels en situation de conflit.  La protection des écoles, parmi les services essentiels, a été une préoccupation unanime des participants au débat qui ont rappelé la Déclaration sur la sécurité des écoles signée en 2015 à l’initiative de la Norvège et l’Argentine. 

Au nom du Groupe des amis de la protection des civils dans les conflits armés, réseau interrégional de 27 États Membres, la représentante de la Suisse a souligné l’importance de la résolution 2573 (2021) du Conseil de sécurité.  Ce texte appelle toutes les parties à des conflits armés à respecter pleinement les obligations que leur impose le droit international humanitaire, s’agissant notamment de faire la distinction entre, d’une part, les populations et biens civils et, d’autre part, les combattants et les objectifs militaires. 

S’appuyant sur une étude montrant que 88% des personnes tuées ou blessées par des armes explosives dans des zones urbaines en 2020 étaient des civils, plusieurs délégations ont mis l’accent sur la redevabilité.  Ainsi l’Irlande, à l’initiative d’une déclaration politique dans laquelle les États s’engagent à s’abstenir d’employer des engins explosifs à large rayon d’impact dans les zones habitées, a prévenu que les violences contre les civils ne feront que se répéter tant que leurs auteurs n’auront pas de compte à rendre. 

Illustrant ce propos, Mme Radhya al-Mutawakel, Présidente et cofondatrice de « Mwatana Organization for Human Rights », sise au Yémen, a estimé que « les parties belligérantes n’auraient pas osé détruire le pays avec leurs armes explosives et que le Yémen ne serait pas devenu la pire crise humanitaire qu’elle est aujourd'hui, s’il y avait eu de réels efforts pour obtenir des comptes depuis le début de la guerre ».  Elle a recommandé de déferrer la situation du Yémen à la Cour pénale internationale (CPI), mais le représentant du Yémen a fustigé sa partialité, arguant qu’elle n’a pas dénoncé le siège de la ville de Mareb par les milices houthistes depuis 11 mois et la dissémination de deux millions de mines sur la côte ouest du pays. 

De son côté, le Vice-Président du Ghana, M. Mahamadu Bawumia, a jugé indispensable que les militaires soient formés aux nouveaux types de guerre pour mieux intégrer la protection des civils dans la planification de leurs opérations en zones urbaines.  Il a aussi appelé à investir dans le soutien psychologique à apporter aux civils pour qu’ils aient les outils nécessaires pour reconstruire et se reconstruire au mieux et au plus vite.  « La zone urbaine est aujourd’hui, pour les militaires, l’équivalent de la jungle dans les années 70 », a, quant à lui, estimé M. Pacome Moubelet Boubeya, Ministre des affaires étrangères du Gabon, en rappelant que les conflits en zone urbaine font huit fois plus de victimes que ceux en zone rurale. 

Si la représentante des États-Unis a fustigé les pratiques de certains belligérants cherchant à causer le maximum de victimes civiles en ayant recours à des armes explosives en zones densément peuplées, son homologue russe a rappelé que, comme le montre l’histoire, les frappes contre des zones urbaines ont souvent pour objectif de faire peur et de se venger de gouvernements gênants.  Illustrant son propos, le délégué russe a cité le bombardement de Belgrade au printemps 1999 et de Bagdad en 2003 avant de prévenir que la décision de fournir des armes et des conseillers militaires à l’Ukraine, plutôt que de s’en tenir aux accords de Minsk, aura des conséquences sur les civils. 

Le meilleur moyen d’éviter les souffrances des civils est de mettre fin aux conflits, a fait valoir pour sa part le Premier Ministre de la Norvège, à l’instar d’autres délégations.  Certaines ont souligné que les restes explosifs font des victimes longtemps après la fin du conflit, freinant ainsi la reconstruction. Enfin, le représentant de l’Inde, se remémorant les « terribles attentats de Bombay » en 2008, a relevé que, partout dans le monde, les populations civiles sont menacées par des groupes terroristes peu enclins à respecter le droit international humanitaire.  En écho à cette intervention, le représentant du Liechtenstein a défendu le bien-fondé du dialogue avec tous les groupes armés non étatiques dans le seul souci de protéger des civils. 

PROTECTION DES CIVILS EN PÉRIODE DE CONFLIT ARMÉ - LA GUERRE URBAINE ET LA PROTECTION DES CIVILS - S/2022/23

Déclarations

Rappelant que plus de 50 millions de personnes sont aujourd’hui touchées par des conflits en milieu urbain, M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a souligné que si les dommages causés aux civils sont souvent prévisibles, les parties au conflit ne prennent pas toujours de mesures pour les éviter ou les réduire.  « Lorsque des armes explosives sont utilisées dans des zones habitées, environ 90% des personnes tuées ou blessées sont des civils », a insisté le Secrétaire général avant de noter que l’utilisation d’armes explosives en milieu urbain comporte un risque élevé de conséquences aveugles. 

Illustrant son propos, M. Guterres a cité le cas de Gaza, où des dizaines d’écoles et de centres de soins ont été endommagés lors des combats en 2021.  Près de 800 000 personnes ont perdu l’accès à l’eau courante, ce qui a accru le risque de maladies tout en entravant davantage les soins de santé, a-t-il ajouté.  En Afghanistan, une attaque aux explosifs devant un lycée de Kaboul en mai dernier a entraîné la mort de 90  élèves, principalement des filles, et fait 240  blessés, a-t-il encore cité avant de mettre l’accent sur les souffrances physiques et psychologiques.  Il a aussi cité une étude réalisée en 2020 au Yémen qui a montré que l’utilisation d’armes explosives lourdes dans les zones habitées avait perturbé l’ensemble des ressources et des systèmes du pays.  « De l’Afghanistan à la Libye, de la Syrie au Yémen, et au-delà, les risques pour les civils augmentent lorsque des combattants circulent parmi eux et mettent des installations et du matériel militaire à proximité d’infrastructures civiles. » 

Mettant l’accent sur les conséquences à long terme des conflits urbains, le Secrétaire général a précisé que quatre ans après la destruction de 80%  des habitations à Mossoul, en Iraq, on estime que 300 000 personnes sont toujours déplacées.  Le Secrétaire général a aussi souligné le danger que représentent les engins non explosés, qui empêchent les gens de rentrer chez eux après la guerre, avant de souligner l’impact de la destruction massive dans les zones urbaines qui fait reculer le développement de plusieurs décennies, sapant les progrès vers les objectifs de développement durable. 

Pour prévenir et atténuer les terribles effets des conflits urbains sur les populations, le Secrétaire général a fait trois propositions.  Premièrement, il a appelé toutes les parties à pleinement respecter le droit international humanitaire (DIH), en rappelant que les attaques contre des civils ou des infrastructures civiles, les attaques aveugles et l’utilisation de civils comme boucliers humains sont interdites.  Il a aussi jugé indispensable de poursuivre les auteurs des violations graves avant d’insister pour que les États Membres aient la volonté politique de mener, dans toute la mesure du possible, des enquêtes et des poursuites concernant les crimes de guerre présumés, chaque fois qu’ils se produisent.  « Nous le devons aux victimes et à leurs proches, et c’est également crucial afin que cela soit un moyen de dissuasion puissant. » 

Deuxièmement, le Secrétaire général a exhorté les parties à adapter leurs armes et leurs tactiques lorsqu’elles font la guerre dans les villes, car elles ne peuvent pas se battre dans des zones habitées comme elles le feraient sur des champs de bataille ouverts.  Par conséquent, il a exhorté toutes les parties belligérantes à s’abstenir d’utiliser des armes explosives à large rayon d’impact dans les zones habitées. 

Troisièmement, il a demandé aux parties d’évaluer l’impact de leurs opérations, d’examiner les moyens de minimiser les dommages causés aux civils et de garantir l’obligation de rendre compte, la reprise et la réconciliation.  Les parties à un conflit doivent veiller à ce que leurs forces armées soient formées à suivre ces politiques et pratiques, et tous les États devraient établir des cadres directifs nationaux pour la protection des civils, qui s’appuient sur ces politiques et pratiques, a insisté le Secrétaire général avant d’exhorter les États Membres à user de leur influence sur leurs partenaires et alliés afin de garantir le respect du DIH et l’adoption de bonnes pratiques. 

Enfin, il a exhorté tous les membres du Conseil à demander des mesures de protection spéciales et à utiliser tous les moyens à leur disposition pour mettre fin aux dommages tragiques et évitables causés aux civils. 

M. PETER MAURER, Président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a fait état de preuves irréfutables des dommages inacceptables de la guerre urbaine pour les civils.  L’urbanisation des conflits a des impacts sur les infrastructures de base interconnectées, a-t-il remarqué ajoutant que le droit international humanitaire (DIH) est complexe et passe par des orientations sophistiquées.  Le CICR est aux avant-postes en cas de guerre et ne ménage aucun effort pour aider les groupes armés et les États à prendre les bonnes décisions, mais in fine ce sont aux parties qu’il revient de prendre les décisions finales, a concédé M. Maurer. 

Il a appelé les parties aux conflits à travailler à un meilleur respect du DIH et à son adaptation aux conflits d’aujourd’hui, notamment aux guerres urbaines.  Il faut une interprétation de bonne foi du droit régissant les hostilités, a-t-il précisé.  M. Maurer a également exprimé les inquiétudes du CICR quant à l’utilisation des engins explosifs en zones densément peuplées, ce qui fait l’objet d’un nouveau rapport avec des recommandations pratiques et une série de mesures comme le concept d’évitement. 

Le Président du CICR a encore recommandé que les efforts visant à faire de la protection des civils une priorité stratégique dans les opérations militaires urbaines tiennent également compte du fait que les parties à un conflit armé combattent rarement seules: une multiplication d’acteurs étatiques, multinationaux et non étatiques vient en soutien direct ou indirect aux parties dans les conflits armés contemporains.  Cela peut conduire à une diffusion des responsabilités, qui accroît les risques pour les civils, les blessés et les détenus, a remarqué M. Maurer.  L’influence de ces acteurs sur les partenaires, alliés ou mandataires des parties doit être utilisée pour faire une différence positive dans les moyens et les méthodes de guerre employées en milieu urbain, a-t-il plaidé.  Le CICR continue d’appeler les États Membres à agir de manière plus décisive pour améliorer leur propre action et tirer parti de leurs relations privilégiées avec leurs alliés et partenaires pour renforcer le respect du DIH. 

M. Maurer a poursuivi en soulignant l’urgence qu’il y a à adopter et mettre en œuvre des mesures pour protéger les services essentiels.  Le CICR n’est que trop familiarisé avec les impacts graves et cumulatifs sur les populations lorsque les services essentiels sont endommagés pendant un conflit, a-t-il fait remarquer. 

Investir dans des mesures préventives pour assurer la continuité des services essentiels offre une garantie supplémentaire pour la santé publique des civils, a poursuivi M. Maurer.  « Cela est particulièrement pertinent au moment où nous sommes confrontés à la double vulnérabilité d’un conflit armé et d'une urgence de santé publique mondiale. »  M. Maurer a aussi recommandé que les efforts en ce sens soient intégrés dans une approche plus holistique pour reconstruire en mieux et renforcer la résilience des services essentiels afin d’assurer un accès inclusif et équitable par les civils.  Les donateurs devraient adopter des mécanismes permettant un financement pluriannuel plus flexible pour éviter l’effondrement des services essentiels et réduire le risque d’inversion du développement, tout en renforçant la réponse d’urgence à court terme pour répondre aux besoins des individus, a-t-il aussi souhaité.  Par conséquent, il a exhorté le Conseil à mettre en œuvre les engagements fermes contenus dans sa résolution 2573 (2021) et à faire en sorte que les sanctions permettent au personnel humanitaire d’éviter l’implosion des services de base. 

M. Maurer a également appelé à intensifier les efforts pour atténuer la faim et l’insécurité alimentaire et prévenir la famine dans les conflits urbains prolongés.  La guerre urbaine crée des situations d’insécurité alimentaire en perturbant les chaînes d’approvisionnement alimentaire et les marchés.  Ce problème ne peut être résolu uniquement par des secours à court terme, a-t-il martelé en suggérant une action précoce et anticipée.  Il a aussi appelé à protéger les personnes déplacées, notamment en cas de guerre urbaine, et à leur fournir logement et nourriture, en faisant en sorte que les familles ne soient pas séparées.  Les parties à un conflit peuvent aider à prévenir l’insécurité alimentaire en respectant le DIH, notamment les règles protégeant les cultures, le bétail, les installations hydrauliques et autres objets indispensables à la survie de la population contre les attaques. 

Face à des guerres qui changent rapidement de nature, M. Maurer a constaté que nous peinons à nous adapter et à prendre des mesures adéquates.  Nous devons garder les personnes au centre de notre action et établir un engagement significatif avec les personnes déplacées et les communautés d’accueil tout en mettant davantage l’accent sur la dignité et la résilience et en envisageant l’éventail complet des solutions durables, a-t-il conclu. 

Mme RADHYA AL-MUTAWAKEL, Présidente et cofondatrice de l’organisation Mwatana pour les droits de l’homme, a rappelé avoir déjà participé à une séance d’information du Conseil, le 30 mai 2017, sur le Yémen.  Depuis lors, s’est-elle désolée, le conflit dans ce pays a coûté la vie à des milliers de civils, détruit des infrastructures civiles et gaspillé de nombreuses occasions de mettre fin au bain de sang.  En moins d’un mois, sept frappes aériennes de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont touché des civils et des installations civiles faisant au moins 107 victimes civiles et blessé au moins 106 autres, a-t-elle dénombré.  La frappe aérienne la plus sanglante a eu lieu sur un centre de détention à Saada où au moins 82  détenus ont été tués et 163 autres blessés, y compris ceux qui ont été blessés par les houthistes, a-t-elle fait savoir.  Elle a aussi mentionné, au cours de la même période, 10  attaques au sol par les houthistes, avec des explosions de mines et l’utilisation de drones, qui ont tué au moins 9  civils et blessé au moins 10  autres.  Les civils continuent de souffrir a déploré Mme  Al-Mutawakel en accusant toutes les parties belligérantes -les houthistes soutenus par l’Iran, la coalition dirigée par l’Arabie saoudite, le Gouvernement yéménite, le Conseil de transition du Sud soutenu par les Émirats arabes unis et les forces conjointes-, de commettre des violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme. 

Tous les supports de la vie sont détruits, y compris les maisons, les écoles, les hôpitaux, les salles de mariage et de funérailles, les fermes, les usines et les biens culturels, a énuméré l’activiste.  Elle a indiqué que son organisation avait documenté, depuis le début du conflit au Yémen en 2014, au moins 800  frappes aériennes, plus de 700  attaques au sol et plus de 300  explosions de mines, sans oublier les explosions causées par des engins explosifs improvisés et l’utilisation de drones et de missiles balistiques.  Plus de 3 000 civils ont été tués dans ces attaques et plus de 4 000 civils ont été blessés.  Dans son rapport intitulé « The Starvation Makers », Mwatana montre comment les parties belligérantes utilisent des armes explosives, des frappes aériennes et des mines comme outils pour affamer les civils, a encore informé Mme  Al-Mutawakel.  Elle a aussi précisé que, dans un grand nombre de ces attaques, Mwatana n’a identifié aucune cible militaire. 

Ces attaques ont eu lieu parce que les parties au conflit savent qu’elles vont bénéficier de l’impunité, a jugé la Présidente de Mwatana qui a affirmé avoir vu les restes éparpillés d’hommes, de femmes et d’enfants innocents qui ne savaient pas pourquoi ils avaient été tués.  « Nous avons vu des familles entières dormir paisiblement la nuit, et quand le jour est venu, il n’y avait pas de survivant. »  Des villages pauvres qui n’ont jamais connu la technologie moderne ont été la cible des bombardements et des projectiles largués par les derniers avions fabriqués dans les pays les plus riches et les plus urbanisés, a-t-elle relevé en constatant l’utilisation des armes les plus modernes. 

Les principales villes du Yémen ont souffert de cette guerre étant à maintes reprises au centre d’opérations militaires et ciblées, a poursuivi la représentante avant d’inviter le Conseil de sécurité et la communauté internationale à apporter des changements positifs.  En plus de faire pression pour une paix durable, il y a un certain nombre de décisions qui peuvent être prises pour protéger les civils, a-t-elle suggéré: faire pression sur les parties belligérantes pour qu’elles cessent d’utiliser des armes explosives dans les zones peuplées; mettre fin aux ventes d’armes, en particulier aux pays qui ont violé les droits humains; obtenir une nouvelle déclaration sur la prévention de l’utilisation d’armes explosives dans les zones peuplées; et renforcer l’obligation de rendre des comptes pour les crimes internationaux plutôt que de maintenir l’impunité. 

Le Conseil devrait, enfin, saisir la Cour pénale internationale de la situation au Yémen, a prié Mme  Al-Mutawakel protestant contre la fin du mandat du Groupe d’éminents experts sur le Yémen en octobre dernier au Conseil des droits de l’homme.  Il est encore temps de corriger le tir, a-t-elle lancé en demandant à l’Assemblée générale de soutenir la mise en place d’un mécanisme indépendant et impartial pour enquêter sur les violations du droit international humanitaire commises au Yémen.  Il s’agit de rendre compte, recueillir et conserver des preuves et préparer des dossiers en vue de futures poursuites pénales, a-t-elle expliqué.  S’il y avait eu de réels efforts pour faire respecter le principe de responsabilité depuis le début de la guerre au Yémen, les parties belligérantes n’auraient pas osé détruire le pays avec leurs armes explosives et le Yémen ne serait pas devenu la pire crise humanitaire qu’il soit aujourd’hui, a conclu Mme  Al-Mutawakel. 

M. JONAS GAHR STØRE, Premier Ministre de la Norvège, a rappelé que des générations ont grandi avec les images poignantes de la Deuxième Guerre mondiale.  En effet, a-t-il dit, ce fut la toile de fond pour la création de ce Conseil.  Tragiquement, de telles images sont encore trop communes, a-t-il déploré en citant Alep, Mossoul, Mogadiscio, Donetsk, Sanaa ou encore Gaza.  Il a relevé que les conflits armés en milieu urbain ont des conséquences dévastatrices pour les civils qui représentent la grande majorité des victimes.  « De nombreux civils, en particulier les enfants et les personnes vulnérables, n’ont nulle part où aller, mais ils ne peuvent non plus rester là où ils sont. »  Le Premier Ministre a énuméré les conséquences: les infrastructures civiles essentielles sont détruites, les gains de développement sont annulés, tandis que la pauvreté, la division sociale et les inégalités entre les sexes sont alimentées.  Pendant ces conflits, a-t-il souligné, les acteurs humanitaires qui tentent de combler le vide se voient refuser l’accès, alors que les endroits où les enfants vivent, apprennent et jouent sont détruits.  Ces enfants vivent dans la peur, souvent séparés de leurs familles, beaucoup sans espoir pour l’avenir, ce qui affecte les générations et compromet les perspectives de règlement des conflits, de paix et de réconciliation, ainsi que de développement. 

Le Premier Ministre a affirmé que les civils doivent être protégés, que l’attaque militaire soit ou non considérée comme légale.  Pour s’en assurer, il a proposé sept actions.  Premièrement, il a estimé que la protection efficace des civils et des biens à caractère civil doit devenir une priorité stratégique, dans la planification et la conduite des opérations militaires dans les zones urbaines.  « C’est dans cette optique que la Norvège a développé un outil de réalité augmentée qui permettra aux officiers militaires de vivre un conflit armé du point de vue d’un civil. »  Deuxièmement, toutes les parties à un conflit armé doivent se conformer pleinement au droit international humanitaire, a exigé M.  Store en en appelant à leur responsabilité en cas de violations.  En troisième lieu, il a demandé d’adapter le choix des armes et des méthodes de guerre au contexte urbain, en souhaitant dès lors que l’utilisation d’armes conçues pour le champ de bataille ouvert, y compris les armes explosives lourdes, soit réduite au minimum dans les zones urbaines. 

Quatrièmement, le Premier Ministre a appelé les parties au conflit et la communauté internationale dans son ensemble à veiller à ce que les civils continuent d’avoir accès aux services essentiels comme les soins de santé, les systèmes alimentaires, l’éducation, l’eau et l’électricité pendant et après les conflits.  Cinquièmement, a-t-il poursuivi, tous les efforts doivent être faits pour empêcher le déplacement des civils, rendre compte des personnes manquantes et réunir les familles.  Sixièmement, il a appelé à aider les acteurs humanitaires et de développement à s’adapter aux besoins et vulnérabilités de la population dans les zones urbaines.  Pour cela, il est important de collaborer avec les communautés touchées, en tenant compte du fait que la participation pleine, égale et significative des femmes est la clef.  Septièmement, le Premier Ministre norvégien a demandé d’assurer la sûreté et la sécurité de l’aide et des travailleurs humanitaires et sanitaires, qu’ils soient des agences des Nations Unies, du CICR ou d’autres organisations régionales ou locales.  Enfin, il a estimé que dans « Notre Programme commun », le Secrétaire général de l’ONU montre la voie à suivre: la meilleure façon de protéger les civils est de mettre fin aux conflits. 

M. MAHAMADU BAWUMIA, Vice-Président du Ghana, a constaté que la nature des conflits armés a évolué avec le temps et que la science et la technique permettent de développer des armes toujours plus sophistiquées, avec des dégâts humains considérables.  Il a également estimé que les conséquences humanitaires des conflits doivent de plus en plus être examinées dans le cadre des guerres urbaines.  En effet, si les guerres, par leur nature, entraînent souffrances et destructions, leur impact est encore pire dans les villes, a-t-il souligné, notant en outre que les attaques visant des populations et des infrastructures essentielles civiles créent des vulnérabilités exploitées par les groupes armés. Il a d’autre part noté qu’alors que 55% de la population mondiale vit aujourd’hui dans des zones urbaines, l’Asie et l’Afrique devraient être les régions du monde où l’urbanisation sera la plus rapide, ce qui pose la question des conflits urbains, tels que ceux enregistrés en Syrie, au Yémen mais aussi au Libéria, en Sierra Leone et en Côte d’Ivoire. 

Dénonçant l’augmentation des activités de groupes extrémistes tels que Boko Haram, Al-Qaida ou Hay’at  Tahrir el-Cham, le Vice-Président a estimé que ces entités non étatiques sont d’autant plus dangereuses qu’elles ne respectent pas les règles de la guerre et font des civils de la « chair à canon ».  Bien que les guerres modernes soient de plus en plus complexes, il importe, selon lui, de respecter les Conventions de Genève et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité qui prévoient des protections pour les civils dans les conflits armés.  À ses yeux, les tentatives visant à faire comprendre ces règles aux groupes armés n’ont donné aucun résultat, notamment sur le continent africain.  De fait, a-t-il dit, l’impact des guerres urbaines sur les populations civiles fait qu’il devient urgent d’investir dans la mise au point d’un « mécanisme d’adaptation ».  Nous devons renforcer les normes et les critères internationaux pour la protection des civils dans les contextes urbains, a-t-il plaidé, appelant le Conseil à encourager les autorités nationales à promouvoir l’adaptation des combattant au « nouveau paysage des guerres ». 

Il faut aussi mettre au point des cadres de responsabilisation solide, qui placent la protection des civils au centre des système de justice et appliquent une « tolérance zéro » à l’égard des acteurs non étatiques, a poursuivi M. Bawumia, soulignant également l’importance du développement de la résilience des populations et des infrastructures civiles.  Ces efforts, a-t-il ajouté, doivent être complétés par des systèmes d’appui donnant aux civils les moyens et compétences nécessaires pour reconstruire plus vite après les conflits.  Enfin, après avoir condamné l’utilisation d’armes explosives dans les zones peuplées, il a jugé nécessaires d’impliquer les communautés locales pour qu’elles prennent des mesures préventives.  Il convient, a-t-il conclu, de renforcer ces communautés, tout en tenant compte du facteur des migrations, qui parfois entraîne des « résultats non prévus » et une aggravation des conflits. 

M. PACÔME MOUBELET-BOUBEYA, Ministre des affaires étrangères du Gabon, a relevé que les populations civiles sont souvent prises en otage dans les conflits, ce qui interroge le droit de la guerre.  Il a également noté que les guerres ont un caractère plus interne qu’international et opposent souvent des acteurs asymétriques.  Les zones urbaines aujourd’hui sont l’équivalent des jungles dans les conflits des années 70, rendant inopérants certains moyens, a déclaré le Ministre.  Il a indiqué que, lorsque les villes sont pilonnées, 90% des victimes sont des civils, relevant en outre que la guerre urbaine concerne 50 millions de civils dans le monde et tue trois fois plus de personnes qu’un conflit en zone rurale.  Il a exhorté la communauté internationale à apporter une réponse urgente à ce défi.  Le Ministre gabonais a aussi questionné la légalité de l’emploi d’engins explosifs en zone urbaine même si ces engins ne sont pas expressément prohibés par les textes.  Les parties belligérantes ont une obligation de précaution, a-t-il insisté, en ajoutant que l’emploi de ces engins paraît difficilement compatible avec le DIH.  Il a enfin appelé à repenser la réponse humanitaire en soulignant l’importance de répondre aux besoins de manière holistique et de mettre en œuvre une « décentralisation de la diplomatie humanitaire ».  Les villes sont destinées aux civils et ne doivent pas devenir le théâtre de conflits, a conclu le Ministre. 

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a fustigé les pratiques de certains belligérants qui cherchent à provoquer un maximum de victimes parmi les civils en ayant recours délibérément à des armes explosives en zones densément peuplées.  Elle s’est particulièrement inquiétée des atrocités commises contre les femmes, filles et garçons et des recrutements d’enfants soldats.  Elle a aussi condamné les groupes armés qui empêchent délibérément les civils d’accéder à l’aide, relevant en outre que les travailleurs humanitaires sont de plus en plus fréquemment attaqués dans les contextes urbains. 

Mettant l’accent sur « ce que nous pouvons faire », la représentante s’est dite encouragée par l’adoption de la résolution 2573 (2021) et a appelé à progresser dans la mise en œuvre des mesures identifiées dans le rapport 2018 du Secrétaire général sur la protection des civils en conflit armé.  Elle a notamment engagé les parties belligérantes à respecter pleinement les obligations que leur impose le DIH, appelant les États Membres à adopter et mettre en œuvre des politiques nationales pour soutenir la mise en œuvre effective du DIH, notant que les groupes armés non étatiques sont également tenus de le respecter.  Les États doivent aussi mettre en œuvre des mesures de responsabilisation améliorées afin de se conformer eux-mêmes à des normes élevées, ce qui implique de mener des évaluations et des enquêtes, de reconnaître les dommages causés aux civils lorsqu’ils se produisent et de faire de sérieux efforts pour aider les civils blessés.  La représentante a ensuite indiqué que les États-Unis ont travaillé avec un certain nombre d’autres États, dont l’Irlande, pour élaborer une déclaration politique sur les armes explosives dans les zones peuplées. 

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a constaté qu’en raison de l’augmentation de l’urbanisation, en particulier dans les milieux fragiles, et la densité accrue des villes, la guerre urbaine est devenue plus complexe et le principe fondamental de distinction plus difficile à appliquer pour les parties à un conflit armé.  Certains groupes armés non étatiques exploitent cet environnement difficile et choisissent délibérément les villes comme champ de bataille principal au mépris total de la vie humaine, a-t-elle dénoncé, accusant notamment les houthistes et d’autres organisations terroristes de délibérément cibler des civils et des biens civils, d’utiliser des écoles et des infrastructures civiles pour stocker des armes ou lancer des attaques, et de se servir des civils, y compris des enfants, comme boucliers humains. 

La représentante a appelé au plein respect du droit international, le jugeant d’autant plus essentiel dans l’environnement complexe de la guerre urbaine en raison de ses conséquences dévastatrices sur les civils et les infrastructures essentielles.  La formation, le renforcement des capacités et le partage des meilleures pratiques avec les parties engagées dans un conflit armé peuvent contribuer à renforcer la conformité avec le droit international, a fait valoir Mme Nusseibeh.  Relevant en outre que les sanctions peuvent soit dissuader, soit contraindre les acteurs à se conformer au droit international, elle a souligné que ces sanctions doivent être soigneusement conçues afin de garantir que les acteurs humanitaires puissent continuer à effectuer leur travail essentiel en milieu urbain. 

Elle a exhorté la communauté internationale à soutenir les efforts de relèvement rapide et de reconstruction pour rétablir les infrastructures critiques et les services de base qui sont endommagés et perturbés par l’impact des hostilités dans les villes.  La pandémie actuelle rend cet engagement d’autant plus critique que le plus lourd tribut des conflits urbains est payé par les enfants, a-t-elle indiqué.  Saluant la résolution 2601 (2021) qui souligne l’importance de la continuité de l’éducation dans les conflits et le potentiel de la technologie, la représentante a appelé à développer et à soutenir des moyens permettant aux enfants de poursuivre leur éducation, même en temps de conflit, arguant que c’est essentiel pour leur développement et contribue à la réalisation de la paix et de la sécurité.  Mme Nusseibeh a également jugé crucial que les femmes et les filles soient autonomisées de manière à leur permettre de participer pleinement et sur un pied d’égalité aux stratégies de protection et de reconstruction, car leur inclusion dans tous les secteurs -public et privé- est essentielle pour un relèvement efficace, ainsi que pour aider à prévenir la résurgence des conflits. 

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) s’est inquiété des répercussions sur les populations civiles des effroyables campagnes de bombardement en Syrie, au Yémen, en Éthiopie, au Mali et dans de nombreux autres États.  Il a souligné que les parties qui opèrent dans un environnement urbain doivent prendre toutes les précautions possibles pour minimiser les dommages infligés aux civils et aux infrastructures. Si une opération militaire ne peut être menée dans le respect de la loi, elle ne doit pas avoir lieu, a-t-il tranché. 

Il a appelé la communauté internationale à faire pression sur les États afin qu’ils protègent leurs civils, et recommandé le partage des meilleures pratiques pour aider les parties au conflit à renforcer le respect du DIH.  Le Royaume-Uni, a indiqué le délégué, dispense d’ailleurs une formation spécialisée aux forces armées d’autres États, y compris à celles déployées au sein de la MONUSCO, la MINUSCA et l’AMISOM, afin de mieux faire respecter les règles.  Il a souligné que les groupes armés non étatiques doivent eux aussi comprendre leurs obligations en vertu du DIH et que les responsables de violations du DIH doivent répondent de leurs actes.  Il ne peut y avoir d’impunité pour les crimes commis en période de conflit, a-t-il affirmé. 

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a affirmé que dans des villes comme Edleb, Gaza et Taëz, des millions de personnes sont confrontées aux inacceptables conséquences humanitaires de la violence délibérée.  En raison des sièges, de la famine, de l’utilisation d’armes explosives et de la destruction d’infrastructures civiles vitales et la perturbation de services essentiels, ces populations sont viscéralement conscientes des sinistres réalités de la guerre, a-t-elle relevé.  Ces civils courent des risques considérables rien qu’en se déplaçant dans leur ville, devant constamment déterminer si une route peut être traversée en toute sécurité, si un magasin est sûr d’accès, ou si les hôpitaux sont suffisamment sûrs pour y amener un enfant désespérément malade. 

La représentante a déploré que cinq ans après l’adoption de la résolution 2286 (2016), la destruction ciblée et systématique des services de santé et le meurtre et la mutilation de travailleurs médicaux et humanitaires continuent, notamment en Éthiopie, au Myanmar et en Syrie.  Elle a aussi noté que les conflits urbains exacerbent les vulnérabilités spécifiques des enfants, des personnes âgées et des personnes handicapées, alertant notamment des profonds traumatismes psychologiques que les frappes aériennes infligent aux enfants.  Ceux qui ont fui les conflits urbains ont partagé des témoignages déchirants, y compris d’avoir été forcés de partir en laissant derrière un parent âgé ou une personne handicapée, dans l’espoir de conduire les autres vers la sécurité, a-t-elle relevé, notant en outre que les conflits urbains ont un impact disproportionné sur les femmes et les filles, en raison notamment du risque de violence sexiste. 

Gravement préoccupée par l’impact dévastateur de l’utilisation d’armes explosives dans les zones peuplées, Mme Byrne Nason a estimé que davantage doit être fait pour inverser les préjudices humanitaires causés par ces engins.  Elle a indiqué que l’Irlande est déterminée à publier une déclaration politique significative qui viendrait améliorer la protection des civils pendant les conflits armés et entraîner des changements dans les politiques et les pratiques.  De même, la représentante a souhaité que la planification de la protection des civils soit au centre de toute reconfiguration de mission de maintien de la paix dans les contextes de transition.  Elle a appelé au respect du DIH par toutes les parties à un conflit, y compris en milieu urbain, et a jugé essentiel que les auteurs de violations du DIH soient tenus pour responsables.  La lutte contre l’impunité est essentielle pour prévenir de futures infractions, a-t-elle expliqué. 

M. JUN ZHANG (Chine) a dit attendre avec intérêt l’adoption de la déclaration politique sur la protection des civils dans le cadre des guerres urbaines.  Comme les villes concentrent les populations et les infrastructures essentielles, tout conflit armé entraîne des conséquences humanitaires graves lorsqu’il touche une ville, a-t-il relevé, avant de citer plusieurs situations.  En Palestine, Gaza est devenue une « prison en plein air » et d’indicibles souffrances ont découlé du siège et de la guerre de mai dernier, a-t-il déclaré.  Il a aussi parlé de l’Afghanistan où des villes ont été réduites en ruines et où plus de 9 millions de personnes ont été déplacées, avant de citer aussi le cas de la Syrie dont les infrastructures civiles ont subi des bombardements incessants en 11 années de conflit.  Face à ces « catastrophes humanitaires » qui se produisent sous ses yeux, la communauté internationale doit mettre l’accent sur la responsabilisation, a-t-il plaidé, appelant également à persévérer les règlements politiques des conflits et la protection des intérêts des civils.  Pour cela, le cessez-le-feu est la première étape, a souligné le représentant.  Rappelant l’appel à l’arrêt général des hostilités lancé par le Secrétaire général en mars 2020, il a déploré qu’à ce jour les conflits se prolongent dans diverses parties du monde. 

Le délégué a également rappelé que, le mois dernier, l’Assemblée générale a adopté une résolution sur la « trêve olympique », à l’approche des Jeux olympiques d’hiver de Beijing.  Il a ainsi exhorté toutes les parties aux conflits à cesser les hostilités.  À l’instar du Secrétaire général, il a enjoint les pays belligérants à respecter cette trêve et à saisir l’occasion des Jeux pour « remplacer la confrontation par la coopération ».  Éliminer les causes profondes des conflits est, selon lui, la seule manière de mettre fin aux guerres.  Pour y parvenir, il convient de promouvoir le règlement pacifique des conflits, ce qui implique notamment que le Conseil de sécurité fasse « cause commune » avec l’Assemblée générale et que les efforts de maintien de la paix soient coordonnés, a fait valoir le représentant, avant de revenir à la situation humanitaire en Afghanistan, qui est à présent « la plus grave au monde ».  Alors que 97% de la population afghane risque de tomber sous le seuil de pauvreté, il est urgent, a-t-il dit en conclusion, que les avoirs gelés soient débloqués et que les sanctions internationales contre ce pays soient levées. 

M. JUAN RÁMON DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a dit que son pays partage la perspective de la Norvège sur ce sujet.  L’utilisation d’armes explosives en milieu urbain n’est pas expressément prohibée par le DIH, a-t-il dit, tout en soulignant qu’un tel emploi a néanmoins des conséquences humanitaires inacceptables.  Il a donc jugé souhaitable l’adoption d’une déclaration politique sur le sujet.  La population civile au Moyen-Orient comme dans d’autres régions du monde fait face à de telles conséquences, a fait remarquer le délégué, en invitant le Conseil à agir.  Il a appelé les pays qui ne l’ont pas encore fait à signer la Déclaration sur la sécurité des écoles.  Toute violation du DIH doit faire l’objet d’une enquête et d’une sanction soit devant les juridictions nationales soit devant la Cour pénale internationale, a conclu le représentant du Mexique. 

M. MARTIN KIMANI (Kenya) a dit que nous avons tous à l’esprit des images de destruction de ville, comme le siège de Leningrad qui a duré 900 jours, les bombardements de la ville de Londres ou l’explosion des premières bombes atomiques sur Nagasaki et Hiroshima.  S’inquiétant du risque d’une grande conflagration militaire à l’image des deux guerres mondiales, le représentant a souligné l’importance d’un système garantissant une relation entre États de nature à diminuer les risques de confrontation.  Face à l’escalade des dépenses militaires et la multiplication de provocations dans un contexte de compétions géopolitiques, le représentant du Kenya a jugé indispensable de reformer le Conseil de sécurité pour augmenter le nombre de ces membres et ainsi favoriser un véritable dialogue.  « La paix et la sécurité bénéficieraient immensément de la mise en œuvre de la position commune de l’Union africaine sur la réforme de la composition du Conseil de sécurité », a estimé le représentant avant de prévenir que la Ligue des Nations n’a su empêcher la Seconde Guerre mondiale. 

Ce que nous avons vu en Afghanistan, en Syrie, au Yémen, en Libye, en République centrafricaine, au Mozambique, en Somalie et en Ukraine raconte la même histoire, a fait observer M. FERIT HOXHA (Albanie).  Quand les villes deviennent des champs de bataille, les rues deviennent des lits de mort, a-t-il dit, en citant aussi les exemples terrifiants de Mossoul, Taëz, Sanaa ou Donetsk.  Le meilleur moyen de protéger, a-t-il asséné, c’est de parvenir à un consensus sur les mesures visant à prévenir et résoudre les conflits armés.  Les membres du Conseil de sécurité, a préconisé le représentant, ne devraient pas laisser leurs divergences politiques saper l’action collective.  Tous les États Membres devraient aider les Nations Unies et les autres parties prenantes à parler avec les groupes armés non étatiques pour élaborer des politiques de protection des civils, y compris en milieu urbain.  Ils doivent aussi garantir l’établissement des responsabilités pour les violations graves du droit international humanitaire et traduire les auteurs en justice.  M. Hoxha s’est dit convaincu que les États Membres, les communautés locales, la société civile et les organisations internationales peuvent contribuer aux cadres politiques, sur la base des bonnes pratiques, pour prévenir les conflits et protéger les civils en milieu urbain.  

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a appelé le Conseil à exiger des parties à un conflit qu’elles respectent le DIH, notant l’importance d’une formation spécifique aux milieux urbains et d’adapter les moyens et méthodes de guerre aux zones densément peuplées.  Il est également important de répertorier les dommages causés aux civils pour évaluer si elles correspondent aux pertes prévues, a-t-il ajouté, engageant en outre les parties à planifier leurs opérations en fonction d’informations solides concernant les objectifs militaires et l’emplacement des populations et des infrastructures civiles. 

Soulignant que le choix des armes est essentiel pour protéger les civils dans les conflits armés en milieu urbain, le représentant a soutenu la Déclaration de Santiago à l’appui d’une déclaration politique sur l’emploi d’armes explosives dans les zones peuplées.  Il a également appelé les parties à un conflit à faciliter le passage sûr et sans entrave de l’aide humanitaire.  Le Conseil doit pour sa part veiller à ce que les sanctions et les mesures antiterroristes n’ont pas de conséquences négatives sur l’action humanitaire légitime et impartiale, a estimé le délégué pour qui la prévention, la diplomatie et la désescalade doivent continuer d’être au centre des efforts de promotion du respect du DIH et protéger les civils dans toutes les situations de conflit armé, y compris en milieu urbain. 

M. GENNADY V. KUZMIN (Fédération de Russie) a indiqué que la particularité des opérations militaires dans les villes est que les infrastructures civiles et militaires y sont souvent imbriquées.  Il est donc important de fonder la planification des opérations sur les informations les plus précises et les plus fiables.  Le représentant a pointé sur le danger qu’il y a à utiliser des drones pour des frappes aériennes et autres moyens de combat à distance sans informations vérifiées.  Le 29  août dernier à Kaboul, a-t-il dénoncé, un drone américain a décimé une famille entière, y compris les enfants.  De telles situations se sont malheureusement accumulées dans le monde ces derniers temps, a constaté le représentant.  Il a jugé d’« extrêmement négative » l’expérience des États membres de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et autres « coalitions pour la démocratie » en matière de protection des civils dans les guerres urbaines.  Bien souvent, a-t-il affirmé, les bombardements de quartiers entiers ne visent pas à toucher des cibles militaires mais tout simplement à intimider, à se venger et à punir les gouvernements « indésirables ».  Tout le monde, a rappelé le représentant, se souvient des frappes aériennes en plein centre de Belgrade et contre d’autres territoires serbes, au printemps 1999, sans parler des méthodes de guerre utilisées en Iraq ou en Libye. 

M. Kuzmin n’a pas oublié de pointer un doigt accusateur sur l’armée ukrainienne, qui le moins que l’on puisse dire, ne fait rien pour protéger les civils.  Pourtant, dans le contexte d’une menace imaginaire et artificiellement gonflée que ferait peser la Fédération de Russie, les pays occidentaux continuent de fournir à l’Ukraine, armes et conseillers militaires et de se livrer à des provocations, au lieu de forcer Kiev à mettre en œuvre les accords de Minsk approuvés par ce même Conseil de sécurité.  À l’est de l’Ukraine, des femmes, des vieillards et des enfants continueront de mourir à cause de la guerre non déclarée de Kiev.  Le représentant a aussi constaté qu’aujourd’hui, les civils sont particulièrement menacés par des groupes terroristes impliqués dans des conflits, notamment en Syrie et dans certains pays africains.  Il a également dénoncé l’interprétation « libre » du droit international humanitaire ainsi que l’introduction de concepts « innovants » pour prétendument en combler les lacunes.  Le délégué a dit craindre « un flou » propre à affaiblir les Conventions de Genève et leurs Protocoles additionnels.  On ne saurait se servir du droit international humanitaire comme un outil de manipulation politique, a-t-il prévenu. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a estimé que, face à la gravité des conséquences humanitaires des conflits, en particulier pour les populations civiles en zone urbaine, la réponse de la communauté internationale doit prendre quatre directions.  Tout d’abord, a-t-il dit, le Conseil de sécurité doit demeurer pleinement mobilisé pour que les parties respectent leurs obligations au titre du DIH et des droits de l’homme.  Appelant à la mise en œuvre des résolutions sur la protection des civils, il a aussi encouragé tous les États Membres à endosser l’Appel à l’action humanitaire présenté par la France et l’Allemagne en septembre 2019.  Il a par ailleurs demandé qu’une meilleure protection des acteurs et des infrastructures humanitaires et médicaux soit assurée, avant de condamner les attaques de ce type effectuées en violation du DIH, y compris dans le cyberespace. 

Jugeant primordial que la protection des civils reste au cœur des opérations de maintien de la paix, le représentant a souhaité que les mandats de ces opérations prennent en compte l’analyse des menaces contre les civils, notamment les menaces de violence sexuelle et sexiste et les menaces de violations graves contre les enfants et leurs droits.  Il a enfin estimé que les attaques et les violations contre les personnes et des infrastructures civiles ne peuvent rester impunies.  Selon lui, l’action du Conseil contre le recours massif et indiscriminé aux engins explosifs improvisés ainsi que contre l’utilisation de civils comme boucliers humains doit être renforcée, tout comme la coopération avec les missions d’établissement des faits, les commissions d’enquête et les instruments de la justice pénale internationale.  Le délégué a également réitéré son appel à une meilleure utilisation des sanctions contre les responsables de ces actes, indiquant que conformément à son engagement sur ces questions, la France a pris l’initiative, conjointement avec la Commission européenne, d’organiser le premier Forum humanitaire européen, qui se tiendra du 21 au 23 mars de cette année. 

M. T. S. TIRUMURTI (Inde) a indiqué que la prise pour cible de civils et d’infrastructures civiles est une tactique de guerre qui a été employée dans de nombreux conflits, et qu’à mesure que l’urbanisation augmente, l’impact des conflits sur les personnes vivant dans les villes augmentera aussi.  Il a noté que certains pays continuent de subir les conséquences d’actions ciblant délibérément les civils et qui équivalent à un génocide comme cela a été le cas en 1971, dans ce qui est maintenant le Bangladesh.  Il a déclaré que les États ont la responsabilité de protéger ceux qui risquent leurs vies pour protéger les civils. « En d’autres termes, nous devons protéger les protecteurs. » 

Préoccupé du fait que les parties à un conflit armé considèrent les populations et infrastructures civiles comme des cibles légitimes, le délégué a déclaré que son pays a toujours été en première ligne dans la lutte antiterroriste.  Tout débat sur la protection des civils est incomplet s’il ne prend pas en compte le carnage causé par les groupes terroristes, en particulier ceux qui sont parrainés par des acteurs étatiques, a déclaré le délégué, en citant l’attaque odieuse perpétrée à Bombay en 2008.  Il a, en conséquence, exhorté la communauté internationale à rejeter toute tentative visant à justifier le terrorisme, alertant en outre que baisser la garde se ferait non seulement ressentir sur les civils, mais aussi sur les forces de sécurité qui combattent ces groupes dans des conditions extrêmement difficiles en milieu urbain.  Le représentant a par ailleurs réaffirmé le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d’un État.  La menace d’utiliser la force contre un État doit être fermement condamnée, a-t-il insisté.  Il a également attiré l’attention sur l’importance de fournir une aide aux pays dont l’infrastructure urbaine a été détruite, précisant qu’à l’issue du conflit au Sri Lanka, l’Inde a contribué à la construction de plus 46 000 habitations pour personnes déplacées. 

M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a rappelé que 88% des personnes tuées dans les conflits urbains sont des civils et précisé que les restes explosifs de guerre continuent de tuer après les conflits.  Il y a déjà 10 ans, a-t-il rappelé, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a appelé à l’interdiction des explosifs de large portée dans les milieux urbains en raison de leur impact indiscriminé.  Il a insisté sur le respect intégral du droit international humanitaire, dont les principes de précaution, de distinction et de proportionnalité.  La protection des civils, a martelé le représentant, doit avoir la priorité dans la planification et la conduite des opérations militaires.  Il a appelé le Conseil de sécurité à veiller à la mise en œuvre de sa résolution 2573 (2021) dont le Liechtenstein est coauteur.  Il a, à son tour, jugé pertinent de favoriser le dialogue avec les groupes armés non étatiques pour protéger des civils.  Enfin, il a estimé que les conventions humanitaires et l’article 8 du Statut de Rome doivent s’appliquer aux attaques cybernétiques lorsqu’elles sont dans un conflit armé. 

Au nom du Groupe des amis de la protection des civils dans les conflits armés, réseau interrégional de 27 États Membres, Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a fait observer que, selon le rapport 2021 du Secrétaire général, la grande majorité des victimes des conflits armés en milieu urbain sont des civils, avec des effets négatifs à long terme et systémiques sur les services de santé et d’éducation de base.  Fort de ce constat, elle a insisté sur l’importance de respecter le droit international humanitaire (DIH) et la nécessité de renforcer la protection des civils, notamment des impacts humanitaires qui pourraient survenir lorsque des armes explosives sont utilisées dans des zones peuplées.  À cet égard, la représentante a salué l’adoption de la résolution 2573 (2021) sur les attaques contre les infrastructures critiques et a réitéré l’appel du Groupe à éviter, dans la mesure possible, d’établir des positions militaires à l’intérieur ou à proximité de zones densément peuplées. 

La déléguée a ensuite souligné l’importance de la mise en œuvre du DIH au niveau national, ce qui nécessite, selon elle, des mesures à la fois en temps de paix et de conflit armé.  La doctrine et la pratique militaires devraient servir de base pour le développement de la compétence militaire en matière de protection des civils, a-t-elle affirmé, avant de préconiser l’inclusion d’une formation spécifique et du développement de bonnes pratiques dans la planification et la conduite des opérations militaires dans les villes pendant les conflits armés. Plaidant aussi pour que toutes les parties à un conflit soient informées du DIH, elle a recommandé de ne pas criminaliser les contacts menés à cette fin avec les groupes armés. 

De même, a-t-elle ajouté, il demeure crucial que toutes les parties aux conflits armés autorisent et facilitent les activités humanitaires, tout comme il importe de garantir la participation et le leadership des femmes et des filles dans les processus humanitaires.  À ce sujet, la représentante a plaidé pour que les acteurs humanitaires et de développement adoptent des approches globales, en particulier pour faire face aux conflits armés prolongés dans les zones urbaines. Enfin, après avoir appelé à faire en sorte que les villes restent des espaces de vie et d’espoir, même en période de conflit armé, elle a réaffirmé l’engagement de la Suisse, candidate à un siège non permanent au Conseil de sécurité, pour la protection des civils dans les conflits et la pleine mise en œuvre du DIH. 

M. ALEXANDER MARSCHIK (Autriche) a noté, bien que le phénomène de la guerre dans les villes ne soit pas nouveau, l’impact de la guerre urbaine a récemment gagné en ampleur, les populations étant plus nombreuses à vivre dans des villes et ces dernières abritant des infrastructures.  Avec l’augmentation des guerres urbaines, la communauté internationale peut maintenant voir clairement son impact humanitaire dévastateur, a-t-il relevé, jugeant inacceptable que près de 90% des victimes des guerres urbaines soient des civils et que 50 millions de civils soient touchés par ce type de conflits.  Constatant qu’un « schéma commun » à de nombreux conflits en milieu urbain est la violation du droit international humanitaire (DIH), le représentant a appelé toutes les parties à un conflit armé à s’y conformer pleinement « en toutes circonstances », notamment pour ce qui est de l’utilisation d’armes explosives dans des zones peuplées. 

Le représentant a ensuite observé que l’impact humanitaire des conflits urbains prend non seulement la forme de blessures ou de morts résultant d’explosions mais aussi des formes indirectes car ces explosions perturbent les infrastructures essentielles et la fourniture de services.  À ses yeux, les destructions d’écoles et les enfants qui restent à la maison par crainte d’attaques à l’arme explosive ne doivent pas être négligés, compte tenu des effets sur l’accès à l’éducation.  L’Autriche a souligné son engagement sur cette question lors de la Conférence sur la protection des civils dans la guerre urbaine à Vienne, a-t-il indiqué, affirmant attendre avec impatience une « déclaration politique forte », à l’issue des négociations menées par l’Irlande.  Saluant les réponses apportées par le Conseil de sécurité, ces dernières années, à ces défis urgents, notamment par l’adoption à l’unanimité de la résolution 2573 (2021) sur la protection des infrastructures essentielles à la survie des civils, il a souhaité qu’à l’avenir, l’organe onusien se concentre sur la mise en œuvre de ce texte tout en tenant compte des besoins spécifiques des populations urbaines. Enfin, il a appelé le Conseil à maintenir son appel à un accès sans entrave des travailleurs humanitaires aux villes des zones de conflit.  Dans ce contexte, il a condamné fermement l’utilisation de la famine comme méthode de guerre dans les conflits armés, une pratique pouvant, selon lui, être assimilée à un « crime de guerre ». 

M. OSAMA MAHMOUD ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte) s’est enorgueilli de ce que ce pays se soit toujours fait le défenseur de la protection des civils laquelle nécessite une approche intégrée, dont la lutte contre les groupes armés non étatiques.  Il faut, a-t-il dit, les empêcher d’ouvrir de nouveaux fronts, tout en s’attaquant aux causes profondes des conflits par des progrès dans le développement durable.  Il faut aussi lutter contre la menace terroriste et ne pas oublier qu’en matière de protection des civils, les États sont les premiers responsables et que s’agissant de la promotion de la stabilité et du respect du droit international humanitaire, les institutions nationales et les mécanismes régionaux doivent avoir la main.   Le représentant a insisté sur le respect de la souveraineté, de l’indépendance et de l’intégrité territoriale des États. 

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a relevé que l’impact des conflits urbains persiste longtemps après les hostilités et que les restes explosifs de guerre ou les munitions non explosées retardent ou empêchent le retour des personnes déplacées et prolongent les souffrances.  Elle s’est inquiétée de l’impact disproportionné des conflits urbains sur les femmes et les enfants, et des traumatismes psychologiques subis par les survivants.  Elle a réitéré que toutes les parties aux conflits doivent veiller au respect du droit humanitaire et ses principes fondamentaux, appelant notamment à préserver les protections accordées aux civils et aux biens à caractère civil, et à veiller à ce que l’aide et les secours humanitaires vitaux continuent d’être fournis sans obstacles. 

La représentante a souligné que les signalements de crimes de guerre doivent faire l’objet d’enquêtes efficaces et leurs auteurs doivent être traduits en justice et tenus pour responsables.  Cela est indispensable pour assurer la dissuasion et rendre justice aux victimes, a-t-elle justifié.  Elle a appelé le Conseil de sécurité à faire respecter le DIH et la reddition de compte et à veiller à la mise en œuvre de ses résolutions pertinentes en matière de protection des civils.  Pour protéger efficacement les populations civiles et les infrastructures connexes, Mme Frazier a aussi jugé nécessaire de réévaluer les pratiques militaires antérieures.  Cela s’applique particulièrement à l’utilisation d’explosifs à grande portée dans les zones densément peuplées, a-t-elle indiqué, précisant que Malte soutient à cet égard le projet de déclaration politique initié par l’Irlande à ce sujet. 

M. OMAR HILALE (Maroc) a estimé que pour minimiser les dommages collatéraux dans les conflits en zones urbaines, il faut y mener les opérations militaires dans le respect intégral du droit international humanitaire, y compris les principes de précaution, de distinction et de proportionnalité.  À son tour, il a insisté sur le fait que la protection des civils incombe d’abord et avant tout des États, même s’il a reconnu « la valeur ajoutée » des opérations de paix de l’ONU. Le représentant a aussi jugé indispensable que l’aide humanitaire ne soit pas instrumentalisée et qu’elle soit dissociée des objectifs politiques.  Il a ensuite exhorté toutes les parties prenantes, en particulier les pays hôtes des opérations de l’ONU, à respecter le droit international humanitaire (DIH) et à garantir un accès humanitaire sans entrave.  Il serait souhaitable, a-t-il conclu, de privilégier une approche préventive de la question de la protection des civils par le renforcement des capacités des pays concernés. 

Mme ANTJE LEENDERTSE (Allemagne) a rappelé que l’année dernière, le Conseil de sécurité a adopté la résolution « historique » 2573 qui appelle les parties au conflit à éviter d’établir des positions militaires dans des zones densément peuplées.  Insistant sur le respect de cette résolution, en particulier, et du droit international humanitaire, en général, et sur les poursuites judiciaires en cas de violations, elle a plaidé, à son tour, pour un accès humanitaire sûr, rapide et sans entrave.  Voici, a-t-elle dit, ce que demande fondamentalement l’« Appel à l’action pour renforcer le respect du droit international humanitaire » lancé par la France et l’Allemagne en 2019.  Mme Leendertse a encouragé tous les États Membres à se joindre aux 52 signataires de l’Appel.  À ce propos, elle a fait observer que non seulement les restes explosifs de guerre mettent des vies en danger, mais ils entravent aussi la fourniture d’une aide humanitaire indispensable. 

La représentante n’a pas manqué de rappeler qu’en 2020 et 2021, son pays a financé, entre autres, deux projets de l’ONG internationale « HALO Trust » sur le déminage dans le sud de Tripoli.  Elle s’est attardée sur les menaces particulières qui pèsent sur les femmes chez elles ou dans leur fuite, dont la violence sexuelle et fondée sur le genre, « un crime particulièrement odieux ».  L’Allemagne, a-t-elle souligné, s’est jointe à « l’Appel à l’action pour mettre fin à la violence basée sur le genre dans les situations d’urgence » et en copréside le Groupe de travail des États et des donateurs.  Pour protéger les femmes et les filles, il faut garantir leur participation pleine, égale et significative aux processus et initiatives humanitaires, a conclu la représentante. 

M. BOŠTJAN MALOVRH (Slovénie) a tout d’abord salué la pertinence du rapport du Secrétaire général sur la protection des civils dans les conflits urbains, qui se révèle très utile pour guider l’action des États et assurer une plus grande responsabilisation en cas de violation du DIH.  Il a ensuite estimé que, pour garantir le respect du DIH dans ce type de contexte, la formation sur les principes et les précautions en la matière doit être accrue aux plans régional, national et international.  À titre national, a-t-il indiqué, la Slovénie a créé un centre de formation à la protection des civils destinés aux personnels militaires et aux policiers.  Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’efforts visant à renforcer le lien entre la paix et le développement, ainsi que les analyses en temps de conflit afin d’évaluer les risques pour les objectifs civils, a précisé le délégué, avant de constater que les infrastructures civiles sont très souvent visées dans les conflits armés.  Condamnant à cet égard l’utilisation de l’eau comme arme stratégique, il a rappelé l’engagement de son pays sur cette question dans le cadre du Groupe d’amis sur l’eau et la paix à Genève.  Il a par ailleurs indiqué que plus de 1 500 enfants victimes des conflits sont ainsi aidés dans diverses institutions de la Slovénie, tandis que des actions sont également menées par les autorités slovènes sur le plan humanitaire et dans la lutte contre les restes explosifs de guerre. 

M. MAJID TAKHT RAVANCHI (République islamique d’Iran) a dit que les Conventions de Genève de 1949 et leurs protocoles additionnels constituent la pierre angulaire du cadre juridique de protection des civils et de ceux qui ne participent pas aux hostilités.  Par ailleurs, il a précisé que dans son avis consultatif de 1996 sur la « Licéité de la menace ou de l’emploi d’armes nucléaires », la Cour internationale de Justice (CIJ) a mis l’accent sur deux principes cardinaux du DIH, à savoir la distinction entre combattants et non-combattants et l’interdiction de causer des souffrances inutiles.  La Cour a clairement indiqué que les États ne doivent jamais faire de civils l’objet d'attaques et, par conséquent, ne doivent jamais utiliser d’armes incapables de faire la distinction entre des cibles civiles et militaires. 

Or, le représentant a noté que les parties à un conflit ne respectent pas ces règles juridiquement contraignantes du DIH, posant ainsi un grave défi à la communauté internationale.  Il a fustigé l’inaction du Conseil de sécurité face à de graves violations du DIH, notamment au Moyen-Orient, où « les pratiques systématiques inhumaines et d’apartheid du régime israélien dans le Territoire palestinien occupé » se poursuivent depuis des décennies.  Le représentant a conclu en exhortant les États à respecter le DIH et à empêcher la survenance de conflits par des moyens diplomatiques. 

Le respect du droit international humanitaire doit être assuré à tout moment et en toutes circonstances, a exigé M. MAURIZIO MASSARI (Italie), ce qui inclut d’honorer l’obligation de poursuivre les responsables des violations de ce droit, en actionnant tous les mécanismes de justice internationale et ad hoc disponibles. Dans cette perspective, le représentant a réaffirmé le soutien de son pays au travail et à l’indépendance de la Cour pénale internationale (CPI).  Il a rappelé que la résolution 2573 (2021) du Conseil de sécurité appelle toutes les parties aux conflits armés à distinguer la population civile et les objectifs, d’une part, et les combattants et les objectifs militaires, d’autre part.  Une attention particulière doit également être accordée à la protection des principales infrastructures et à la continuité des services sociaux de base.  Le représentant en a profité pour souligner le plein soutien de son pays à la Déclaration sur la sécurité dans les écoles.  Avant de conclure, il a condamné l’utilisation d’engins explosifs dans les zones densément peuplées et a plaidé pour la protection des travailleurs humanitaires, y compris en milieu urbain. 

Pour la Pologne, a dit son représentant, M. KRZYSZTOF MARIA SZCZERSKI, la priorité est de protéger les groupes vulnérables, les personnes handicapées, les enfants et les membres des minorités religieuses.  Cette vision guide la présidence polonaise de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), cette année.  M.  Szczerski a donc réclamé la mise en œuvre intégrale de la résolution 2475 (2019) sur les personnes handicapées dans les conflits armés.  Il a aussi réclamé la mise en œuvre de la résolution 2573 (2021) pour une meilleure protection des infrastructures civiles et un meilleur accès humanitaire, dont la fourniture des vaccins contre la COVID-19 dans les zones de conflit.  M.  Szczerski a soutenu l’appel du Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu mondial et condamné vigoureusement les attaques contre le personnel humanitaire et médical, réaffirmant l’engagement de son pays à traduire en justice les auteurs de ces crimes odieux.  Depuis 2010, a-t-il indiqué, la Pologne a donné une aide financière au CICR en réponse aux crises en Syrie, dans l’est de l’Ukraine, en Afghanistan, en Éthiopie, au Pakistan et en Haïti et au Moyen-Orient, sans oublier les communautés d’accueil de réfugiés syriens au Liban, en Jordanie et en Iraq.  Après s’être attardé sur les situations en Ukraine et le Haut-Karabakh, le représentant a indiqué que la protection des enfants dans les conflits armés est la priorité de l’aide humanitaire et de la coopération au développement de la Pologne. 

M. FRANCISCO DUARTE LOPES (Portugal) a fait remarquer que comme les deux tiers de la population mondiale vivront en milieu urbain d’ici à l’année 2050, la question examinée aujourd’hui par le Conseil de sécurité ne peut que gagner en importance.  Cette question est d’autant plus cruciale que l’on voit se banaliser l’utilisation d’explosifs ou de drones dans des zones urbaines densément peuplées.  Pour le représentant, le respect du droit international humanitaire et la protection des civils doivent être les priorités dans la planification des opérations militaires.  C’est fort de ce constat que le Portugal a lancé cette année un Comité international afin de veiller au respect du droit international humanitaire, a indiqué le représentant. 

M. ROBERT KEITH RAE (Canada) a souligné que ce débat n’a rien de théorique: des vies sont bel et bien en jeu dans de nombreuses villes en ruine.  Le représentant a appelé à mettre un terme à ce phénomène en respectant la Charte des Nations unies, dont il a lu l’Article 2.4.   Les parties au conflit doivent toujours établir la distinction entre les combattants et les civils, les objectifs militaires et les objectifs civils, a-t-il rappelé avant de citer également les principes de proportionnalité et de précaution qui s’y sont ajoutés.  Le représentant a dit que la voie à suivre est de ratifier les traités du DIH et d’intégrer ce droit dans le droit national, les doctrines  militaires, la formation, la prise de décisions et les règles disciplinaires. 

Les précautions inscrites dans le DIH comprennent notamment une bonne compréhension des conséquences prévisibles d’une attaque: qui périra ? qui devra quitter son foyer ? qui verra sa maison détruite ? qui souffrira de conséquences sanitaires sur le long terme ?  Nous devons tenir compte des différentes situations des hommes, des femmes, des enfants, penser aux risques de violences sexuelles, a professé le représentant pour qui il est essentiel que toutes les parties aux conflits comprennent bien les besoins en matière de protection des différentes  catégories  de civils.  Pour M. Rae, lorsqu’un groupe armé à un  conflit  viole le droit, il ne faut pas se contenter de condamner, il faut aller plus loin et trouver d’autres façons d’avancer si le véto est utilisé. 

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a souligné que le droit international humanitaire fournit une base juridique « solide » pour la protection des civils dans les conflits armés, y compris dans les villes.  Il a rappelé que son pays est coauteur de la résolution 2573 (2021) sur la protection des objets indispensables à la survie de la population civile.  Le représentant a rappelé que son pays s’est activement impliqué dans des opérations visant à aider les civils touchés par les conflits armés, notamment en milieu urbain.  Par exemple, le Japon soutient depuis longtemps la population de Gaza, y compris en contribuant au projet de préparation aux conflits et de protection lancé par le Service de lutte antimines de l’ONU.  Ce projet, a expliqué le représentant, vise à réduire le nombre des victimes des engins explosifs grâce à une vaste sensibilisation aux risques.  Le Japon, a-t-il assuré, est déterminé à continuer de déployer tous les efforts pour la protection des civils dans les conflits armés. 

M. CRISTIAN ESPINOSA CAÑIZARES (Équateur) a rappelé les efforts visant à promouvoir la mise en œuvre du Nouveau Programme pour les villes qui a été adopté à Quito lors de la Conférence des Nations Unies sur le logement et le développement urbain durable (Habitat III).  Ce programme reconnaît notamment l’impact humanitaire de la guerre dans les zones urbaines et souligne dans son paragraphe 30 la nécessité pour les gouvernements et la société civile de continuer à soutenir la fourniture de services urbains résilients pendant les conflits armés, et de veiller au plein respect du DIH, a-t-il précisé, déplorant que la guerre et la violence armée entrave sa mise en œuvre. 

Par la Déclaration de Quito, a-t-il poursuivi, la communauté internationale s’est aussi engagée à passer d’une approche réactive à une approche proactive en investissant dans la résilience et en garantissant des réponses efficaces pour répondre aux besoins immédiats des habitants touchés par les conflits armés.  Dans le contexte de la guerre urbaine, le représentant a dénoncé les violences, menaces et attaques dont continuent de faire l’objet les prestataires de soins de santé, six ans après l’adoption de la résolution 2286 (2016).  Il a également condamné les attaques continues contre les services de santé et les écoles ainsi que l’utilisation du cyberespace pour détruire ou affecter des infrastructures critiques.  Le représentant a ensuite appelé l’ONU et le Conseil de sécurité en particulier, à relever le « défi existentiel » de la protection de la population civile et des infrastructures et bien indispensables à sa survie.

M. ÖNCÜ KEÇELI (Turquie) a déclaré que le « régime syrien » continue de s’attaquer aux infrastructures civiles dans les villes, une violations qui ne fait qu’aggraver la situation humanitaire.  « L’organisation terroriste PKK/YPG prend aussi pour cibles les civils et les infrastructures civiles dans le nord de la Syrie. »  Il est de notoriété publique que cette organisation et les groupes qui lui sont affiliés ont libéré des membres de Daech des camps du nord de la Syrie en échange d’une rétribution financière, a-t-il asséné.  Il a indiqué que « cette organisation terroriste » cible aussi les hôpitaux, recrute des enfants et empêche la population civile, notamment les Kurdes syriens et les Yézidis, de regagner leurs foyers.  Le délégué a souhaité la mise en place de mécanismes d’établissement des responsabilités afin de mettre un terme à l’impunité.  Enfin, le représentant a estimé que la dynamique au sein du Conseil, ainsi que ses décisions, ont limité le rôle de l’ONU dans le contexte d’après-intervention. Plaidant pour une position unifiée du Conseil, il a exhorté ce dernier à s’acquitter de ses responsabilités en vue de réduire les souffrances dans le monde. 

M. JORGE VIDAL (Chili) a constaté que le rythme rapide de l’urbanisation entraîne un accroissement de l’impact des guerres urbaines qui affectent quelque 50 millions de civils dans le monde.  À cela s’ajoutent les effets disproportionnés sur des infrastructures essentielles à la survie des civils.  En détruisant les services publics et en bloquant l’accès de l’aide humanitaire, les conflits affectent de manière irrémédiable la vie de la population civile, nuisant à l’approvisionnement en produits nécessaires à la subsistance, a-t-il observé, jugeant que cette situation porte atteinte à la pleine jouissance des droits humains et à la dignité des personnes.  C’est particulièrement le cas des enfants, qui voient leur environnement social détruit, quand ils ne sont pas transformés en soldats, avec de graves conséquences physiques et psychologiques. 

Dans ce contexte, la protection des civils doit être au centre des préoccupations de la communauté internationale, surtout les groupes les plus vulnérables, a plaidé le représentant, avant de souligner la nécessité pour les parties aux conflits d’éviter toute utilisation d’armes explosives dans les zones peuplées.  À son avis, il conviendrait plutôt d’évaluer et d’adapter le choix des armes et des tactiques, conformément au droit international, au droit international humanitaire et à tous les instruments pertinents.  Enfin, a-t-il dit avant de conclure, il faut non seulement protéger les civils, mais également les responsabiliser et les soutenir, non pas en tant que victimes mais en tant qu’« acteurs de leur propre histoire » et membres de leur communauté, afin qu’ils puissent évoluer vers la résilience.  

M. OLOF SKOOG, de l’Union européenne, a déclaré que la responsabilité première de protection des civils incombe aux acteurs engagés dans des guerres en milieu urbain.  Il a donc exhorté ces parties belligérantes à respecter le droit international humanitaire, en prenant dûment compte des défis spécifiques liés aux conflits en zone urbaine.  Il s’est dit vivement préoccupé par l’emploi d’engins explosifs dans les zones densément peuplées, y compris les zones situées près des hôpitaux, des écoles et des universités.  Il a salué l’Irlande pour le processus de consultation inclusif lancé sur ce sujet de protection des civils en zone urbaine en vue d’aboutir à une déclaration politique. 

M. Skoog a invité le Conseil à jouer un rôle de chef de file s’agissant de la protection des civils en zone urbaine.  L’application des résolutions pertinentes du Conseil, en particulier la résolution 2601 (2021) sur la protection de l’éducation en temps de conflit, doit faire l’objet d’une supervision adéquate, a dit le délégué.  Il a aussi jugé crucial de créer un espace suffisant pour que les acteurs humanitaires puissent opérer en temps de conflit.  Les donateurs et les acteurs du développement et humanitaires doivent jouer un rôle clef dans l’élaboration de la réponse à apporter aux conséquences de long terme des conflits en zone urbaine, a conclu M. Skoog. 

Mme MARIA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine) a déclaré que les villes sont le principal champ de bataille dans les conflits armés et que le DIH doit y être respecté.  La guerre urbaine peut avoir des conséquences dévastatrices pour les civils, surtout lorsque les parties ne respectent pas les règles régissant les conflits armés, a-t-elle relevé, notant que la mise en œuvre du DIH nécessite une planification et une formation minutieuses.  Si la guerre dans les villes n’est pas un phénomène nouveau, il y a eu une recrudescence des conflits urbains, a—te-elle constaté.  Étant donné que les villes devraient poursuivre leur essor dans un proche avenir, les conséquences des conflits n’y feront qu’empirer, a-t-elle déclaré.  À cet égard, les mandats de protection des civils doivent être pleinement mis en œuvre sur le terrain. 

M. YURIY VITRENKO (Ukraine) a indiqué avoir commémoré, hier, l’une des pages les plus tragiques de son histoire moderne, faisant référence aux bombes lancées sur Marioupol par les forces russes en janvier 2015.  Cette attaque visait la population civile, a affirmé le représentant, y voyant la preuve que, dès le début de l’agression russe contre son pays, les zones urbaines faisaient partie intégrante des plans de l’agresseur.  La Fédération de Russie y déploie de l’artillerie et utilise la population locale comme bouclier humain, a-t-il dénoncé en précisant que cela a déjà couté la vie à près de 4 000 personnes dans le Donbass et endommagé gravement les infrastructures civiles, ce qui impacte la vie des civils et l’environnement.  La population civile en situation de guerre urbaine est aussi exposée aux violations des droits humains, a-t-il remarqué, ajoutant que c’est exactement ce qui se passe au Donbass. 

« Plus de 1 000 armadas militaires russes ont été amassées à la frontière avec l’Ukraine », a aussi accusé le représentant ukrainien en faisant valoir que les revendications illégitimes de la Fédération de Russie touchent à l’intégrité du droit international, à l’ordre fondé sur des règles et à la Charte des Nations Unies.  Il a fait remarquer que la Russie cherche malgré tout à se positionner en victime qui aurait besoin de protection.  L’Ukraine n’a aucune intention de s’engager dans une guerre, a affirmé son représentant, assurant que son pays souhaite trouver une solution pacifique et diplomatique en demandant le retrait des troupes russes du Donbass et de la Crimée.  L’Ukraine compte pour cela sur le soutien du Conseil de sécurité « même si la Fédération de Russie en fait partie », a-t-il lancé. 

M. ARRMANATHA CHRISTIAWAN NASIR (Indonésie) a appelé à un cessez-le-feu mondial pour créer des couloirs permettant l’acheminement d'une assistance vitale et donner une chance à la reprise des négociations de paix.  Il faut accorder le temps qu’il faut au dialogue politique, a-t-il insisté.  Le représentant a aussi appelé au renforcement de l’engagement communautaire en matière de protection des civils, notant que les programmes de protection doivent être taillés sur mesure de façon à répondre aux besoins des communautés touchées.  L’autonomisation des femmes doit également être placée au cœur de la protection des civils, a-t-il ajouté, notant leur rôle essentiel en matière de renforcement de la confiance. 

Mme ANNA KARIN ENESTRÖM (Suède), s’exprimant au nom des pays nordiques, a appelé au respect des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité afin de faire respecter le droit international, et notamment les principes humanitaires consacrés dans les Conventions de Genève.  Les pays nordiques sont de grands bailleurs de la cause humanitaire, a-t-elle rappelé, notant aussi qu’ils sont régulièrement impliqués dans le règlement des conflits à travers le monde. 

Concrètement, la représentante a demandé le respect et la protection des sites importants pour les civils.  Elle a appelé à ne plus prendre pour cible des membres du personnel humanitaire et sanitaire.  De même, les blessés et malades doivent être épargnés, a-t-elle réclamé en faisant remarquer que les attaques contre des sites humanitaires s’apparentent à des crimes contre l’humanité.  Mme Eneström a également plaidé pour la poursuite de la scolarisation en temps de confit, afin de préserver l’avenir des jeunes.  En outre, la déléguée suédoise a plaidé pour la reddition de la justice, un outil important pour assurer que les violations du droit international humanitaire ne se poursuivent pas.  Elle a enfin, au nom des pays nordiques, salué le sacrifice des travailleurs humanitaires qui mettent leur vie en danger pour le bien des gens qui sont dans le besoin. 

M. MICHAL MLYNÁR (Slovaquie) a exprimé son ferme attachement au respect du droit international humanitaire (DIH) et aux principes qui le sous-tendent, qui permettent une protection efficace des civils dans les conflits armés.  Il en a rappelé les principes fondamentaux: la protection des civils est une obligation pour toutes les parties au conflit, lesquelles se doivent de faire la distinction entre civils et combattants et entre biens civils et militaires, tout en veillant à ce que les attaques soient proportionnées et nécessaire.  Notant que le Conseil de sécurité joue un rôle crucial en condamnant toute violation de cette obligation, le délégué a estimé que la communauté internationale devrait systématiquement appeler les parties aux conflits armés à éviter les combats en milieu urbain.  Il a d’autre part plaidé pour un renforcement de la collecte de données sur les dommages infligés aux civils afin de contribuer à la mise en place d’enquêtes et pour une reddition de comptes en cas de violations graves du DIH. Enfin, il a invité à aller au-delà de la compréhension traditionnelle de la protection des civils en adaptant notre approche aux nouvelles réalités et défis, notamment en ce qui concerne le développement de nouvelles technologies et leur déploiement dans les conflits armés. 

M. MAHMOUD DAIFALLAH HMOUD (Jordanie) a fait remarquer que les pays du Sud, notamment en Afrique et au Moyen-Orient, sont les plus touchés par les conflits armés.  Rien n’est fait pour remédier aux graves violations commises lors de ces conflits, a-t-il relevé, « comme si la vie des hommes, des femmes et des enfants vivant dans ces régions n’avait aucune valeur ».  Le délégué a critiqué le fait que certains conflits sont présentés comme une lutte contre le terrorisme, justifiant ainsi de s’en prendre à des civils.  Les parties belligérantes doivent respecter leurs obligations en vertu du DIH, a-t-il exigé, en précisant que ce droit s’applique dans les conflits urbains.  Il a demandé l’interdiction de l’utilisation excessive de la force et de l’emploi d’engins explosifs posant de trop graves dangers pour les civils.  Il a invité le Conseil à montrer auxdites parties qu’il suit de près leurs agissements, en renvoyant notamment certaines situations devant la CPI ou en dépêchant des missions d’établissement des faits.  Le concept de responsabilité pénale doit être inclus dans les doctrines militaires, a-t-il prêché.  Enfin, le représentant de la Jordanie a souligné l’importance de promouvoir un « esprit » de respect du droit international. 

M. MHER MARGARYAN (Arménie) a dénoncé les conséquences de l’usage brutal de la force par l’Azerbaïdjan contre le peuple du Nagorno-Karabakh, précisant que les villes de Stepanakert, Shushi, Martakert, Martuni et Hadrut ont été la cible de plusieurs systèmes de fusées de lancement, d’artillerie lourde, de drones et d’armes interdites, telles que les armes à sous-munitions.  Lancer une guerre au milieu d’une pandémie mondiale, en violation flagrante de l’accord de cessez-le-feu existant et du DIH doit être reconnu pour ce que c’est, à savoir une tentative préméditée, soigneusement planifiée et exécutée pour provoquer un maximum de victimes dans le but d’anéantir tout ou partie d’un groupe ethnique, a-t-il accusé. 

Il a également affirmé que l’obstruction et la politisation de l’accès humanitaire sûr et sans entrave des agences des Nations Unies au Nagorno-Karabakh ont sapé les efforts internationaux visant à mener une évaluation complète de la situation humanitaire, des besoins de protection et de relèvement et des droits humains de la population touchée.  Il a salué le « rôle unique » joué par le CICR pour répondre aux besoins vitaux immédiats de la population, ainsi que les activités du Centre de réponse humanitaire des forces de maintien de la paix de la Fédération de Russie en Artsakh qui a notamment nettoyé les zones résidentielles et les champs agricoles de milliers de munitions non explosées et d’objets explosifs.  Face à l’évolution des méthodes de guerre et la sophistication accrue des systèmes d’armes, le représentant a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour assurer la pleine mise en œuvre des obligations découlant des Conventions de Genève et de leurs Protocoles additionnels. 

M. OLIVIER MAES (Luxembourg) a évoqué l’impact dévastateur de l’utilisation d’armes explosives en milieu urbain sur les civils et sur les infrastructures civiles essentielles, notamment les écoles.  L’urbanisation va continuer à accélérer ces tendances, a-t-il dit craindre.  Or, la remise en état de ces infrastructures peut prendre des années et ralentir le retour des personnes déplacées après un conflit.  Il a également noté que, dans les guerre urbaine, l’accès des organisations humanitaires est souvent réduit.  Parfois des villes entières sont détruites au-delà du point où il serait possible de les reconstruire, a-t-il constaté en citant l’exemple de la Syrie.  Lorsque les écoles sont attaquées et fermées, les enfants sont le plus directement touchés, mais la société dans son ensemble également.  Le délégué a relevé que l’absence d’accès à l’éducation pour les enfants est synonyme de travail.  Une fois que les enfants sont engagés dans cette voie, il leur est souvent impossible de retourner à l’école, ce qui renforce un cycle d’exploitation et de pauvreté, et les rend vulnérables au recrutement par des groupes armés.  Par conséquent, la protection de l’éducation doit rester une priorité, a martelé le représentant en renouvelant l’attachement de son pays à la Déclaration sur la sécurité dans les écoles et en exhortant tous les États à la signer.  Il a précisé que le mandat du Luxembourg au Conseil des droits de l’homme pour la période 2022-2024 s’inscrit également dans cette perspective. 

Le représentant a également plaidé pour un meilleur respect du droit international humanitaire pour atténuer les souffrances de la population civile, en appuyant l’appel du CICR en ce sens.  Souhaitant que les responsables de violations de ce droit répondent de leurs actes, il a appelé à faire cesser l’impunité.  Le représentant a souligné à cet égard le rôle important qui revient à la Cour pénale internationale.  Enfin, il a annoncé que le Luxembourg continue à appuyer l’élaboration d’une déclaration politique dans laquelle les États s’engageraient à s’abstenir d’employer des engins explosifs à large rayon d’impact dans les zones habitées. 

Mgr GABRIELE CACCIA, Observateur permanent du Saint-Siège, a rappelé que les horreurs de la Seconde Guerre mondiale ont donné lieu à des efforts pour faire progresser la protection des civils en temps de guerre, aboutissant à la quatrième Convention de Genève, qui codifie les protections dues aux non-combattants dans les conflits internationaux. Toutefois, depuis le dernier conflit mondial, la grande majorité des victimes civiles résultent désormais de conflits internes plutôt qu’internationaux, a-t-il relevé, observant en outre que les protections offertes par les Conventions de Genève se révèlent insuffisantes face à ce que le pape François appelle « une autre guerre mondiale (…) menée au coup par coup », qui consiste à s’en prendre aux civils dans des zones densément peuplées. De fait, a-t-il constaté, des dizaines de millions de personnes souffrent chaque année des conséquences des conflits armés dans les villes, lesquelles perturbent les services essentiels tout en faisant des victimes et des déplacés. 

L’Observateur a noté à cet égard que dans les zones densément peuplées, il est très difficile de faire la distinction entre combattants et non-combattants, ce qui remet en question l’utilisation même d’explosifs dans de tels contextes. De plus, l’utilisation de ces armes explosives cause des dommages importants et durables, la guerre urbaine pouvant dévaster des infrastructures civiles essentielles, telles que des hôpitaux, les systèmes d’assainissement, les écoles et les lieux de culte, tout en ravageant l'environnement local. Ces dommages, a déploré Mgr Caccia, entraînent des épidémies de maladies évitables, entravent la fourniture de l’aide humanitaire, privent les survivants de leur dignité et de leur espoir, et augmentent le nombre de personnes contraintes de fuir. Dans le même temps, des restes explosifs contaminent les centres urbains, compliquent le retour des déplacés, sapent les efforts de reconstruction et nuisent au développement humain intégral bien longtemps après le règlement d'un conflit. 

Saluant les mesures prises ces dernières années par le Conseil pour remédier au fait que les parties aux conflits ne respectent pas les principes de distinction, de proportionnalité et de précaution, l’Observateur s’est félicité de ce que la résolution 2573 (2021) exige de s’abstenir d’attaquer des objets essentiels à la survie des populations civiles et s’inquiète de la mise en place de positions militaires dans des zones densément peuplées.  À cet égard, il a indiqué que le Saint-Siège continue de soutenir l’appel du Secrétaire général en faveur d’une déclaration politique dans laquelle les États s’engageraient à éviter toute utilisation d’armes explosives à large rayon d’action dans les zones peuplées.  Les efforts destinés à limiter l’utilisation de ces armes explosives en milieu urbain devraient engager toutes les parties, y compris les acteurs non étatiques qui emploient désormais des armes de plus en plus destructrices. 

M. XOLISA MFUNDISO MABHONGO (Afrique du Sud) a déclaré que les parties belligérantes ont l’obligation de protéger les civils et les infrastructures civiles, appelant en outre au respect des obligations découlant du DIH.  Il a déploré que les violations commises contre les civils dans le conflit israélo-palestinien ne reçoivent que peu d’attention.  Il a invité le Conseil à apporter une réponse tenant compte des spécificités de chaque situation, suggérant par ailleurs de placer la protection des civils au cœur des stratégies de retrait des missions onusiennes.  Il a ensuite invité les États Membres à faire montre de volontarisme et à agir sans délai pour protéger la vie humaine, tout en appelant à ne pas « donner la priorité » à certains peuples tout en en oubliant d’autres. 

M. RYTIS PAULAUSKAS (Lituanie) a constaté à son tour que le fléau des conflits en secteur urbain va croissant, environ 50 millions de civils étant aujourd’hui touchés par des combats dans des zones densément peuplées.  Pour le représentant, la responsabilité est d’abord celle des parties belligérantes, ce qui n’empêche pas la communauté internationale de donner de la voix pour dénoncer le phénomène.  Les États Membres doivent, selon lui, condamner les violations du DIH, mais aussi trouver des solutions pragmatiques pour protéger les populations civiles et s’assurer que les responsables aient des comptes à rendre.  Dans ce contexte, il convient aussi de veiller à la protection des groupes les plus en péril, en particulier les femmes et les filles, victimes de violences, d’intimidation, voire de mariages forcés, et les personnes handicapées qui sont aussi disproportionnellement affectées. 

Évoquant ensuite la situation dans sa région, le délégué a indiqué que ce qui se passe dans l’est de l’Ukraine « n’invite pas à la confiance ».  Alors que le risque d’invasion russe se fait plus pressant chaque jour, il faut insister sur les principes de proportionnalité et de retenue, a-t-il plaidé, précisant que de nombreux civils sont d’ores et déjà touchés.  De plus, des infrastructures essentielles, telles que les stations de traitement des eaux, continuent d’être frappées, tandis que les mines et les restes d’obus non explosés constituent des dangers supplémentaires pour les civils.  « Nous sommes au seuil d’une invasion et c’est tragique », s’est-il alarmé, avant d’appeler le Conseil de sécurité à dénoncer les violations du DIH commises dans cette situation. 

M. PHILIPPE KRIDELKA (Belgique) a appelé toutes les parties à un conflit armé à se conformer strictement au droit international humanitaire et à en respecter les règles et principes, dont les principes de distinction, de proportionnalité et de précaution dans les attaques et l’interdiction des attaques directes contre les personnes et infrastructures civiles.  Le représentant a en outre appelé à la pleine mise en œuvre de la résolution 2573 du Conseil de sécurité sur l’accès aux services essentiels.  Les parties à un conflit armé, a-t-il insisté, doivent préserver l’espace humanitaire, y compris dans la lutte contre le terrorisme et l’application des sanctions, et ce, dès la planification des opérations militaires. 

Le représentant a estimé qu’il faut des mesures supplémentaires telles que des politiques spécifiques à la guerre urbaine, l’échange de bonnes pratiques entre les forces armées et la formation du personnel militaire aux exigences de l’environnement urbain.  À cet égard, il s’est félicité des consultations menées en ce moment par l’Irlande sur l’élaboration d’une déclaration politique relative à l’impact humanitaire des armes explosives.  La lutte contre l’impunité, a-t-il dit en conclusion, est l’une des principales priorités de la Belgique qui continue de soutenir les mécanismes internationaux de justice et d’établissement des responsabilités pour les violations du droit international et qui exhorte tous les États Membres de l’ONU à faire de même. 

Alarmé par les conclusions du dernier rapport du Secrétaire général, M. KAHA IMNADZE (Géorgie) a souligné qu’en 2008, son pays a fait l’objet d’une agression militaire à grande échelle de la part de la Fédération de Russie.  Plus de 30 villes et villages, y compris la capitale, ont été bombardés, plus de 400 civils et militaires, tués et plus de 1 700 personnes, blessées.  Des milliers de personnes se sont ajoutées aux 500 000 déplacés et réfugiés des précédentes vagues de nettoyage ethnique.  Cinquante-trois villages dans et autour de la région de Tskhinvali ont été entièrement « nettoyés » et détruits et 35 000 maisons appartenant à des Géorgiens « de souche », délibérément incendiées et détruites.  L’arrêt que la Cour européenne des droits de l’homme a rendu le 21 janvier 2021 sur l’occupation et le contrôle des régions géorgiennes d’Abkhazie et de la région de Tskhinvali/Ossétie du Sud, a confirmé, a souligné le représentant, la violation par la Fédération de Russie de l’accord de cessez-le-feu du 12 août 2008, conclu sous la médiation de l’Union européenne.  La Cour a déclaré la Fédération de Russie responsable des violations des droits de l’homme et du nettoyage ethnique. 

Ce pays, a accusé le représentant, continue de renforcer son empreinte militaire en Abkhazie et dans les régions de Tskhinvali et de consolider une annexion de facto.  L’agression, l’occupation et la guerre hybride que subit la Géorgie sont désormais utilisées contre l’Ukraine, a-t-il prévenu.  Après l’agression armée et l’annexion illégale de la Crimée et de la ville de Sébastopol, nous assistons maintenant à un renforcement militaire sans précédent et à des menaces imminentes.  Le représentant a voulu que la communauté internationale et les organisations internationales rappellent à la Fédération de Russie ses violations et son refus de recevoir les mécanismes internationaux des droits de l’homme.  Il faut rappeler à ce pays que menacer la souveraineté et l’intégrité territoriale d’un pays est totalement inacceptable.  Il est temps, a conclu le représentant, que la Fédération de Russie s’acquitte de ses obligations internationales, y compris le respect de l’accord de cessez-le-feu du 12 août 2008 et les accords de Minsk.  Elle doit retirer ses forces des territoires d’États souverains. 

M. ABDULLAH ALI FADHEL AL-SAADI (Yémen) a regretté que l’intervention « partiale » de la représentante de la société civile qui s’est exprimée depuis Sanaa et qui a omis de faire référence aux crimes odieux commis par les milices houthistes contre les civils, les personnes déplacées et les biens à caractère civil, en particulier à Mareb, Taëz, Hodeïda et d’autres régions yéménites.  Il a rejeté toutes les allégations faites contre le Gouvernement yéménite et la coalition internationale qui défend sa légitimité.  Le représentant a rappelé que les attaques des houthistes contre Mareb dure depuis 11 mois, malgré des appels de la communauté internationale.  Il a décrit des populations devenues les otages des combattants houthistes qui les privent de leur droit à l’alimentation.  La ville de Taëz est assiégée depuis plus de sept ans dans le silence injustifié de la communauté internationale, a encore dénoncé le représentant qui a appelé à une action internationale pour lever le siège de Taëz et des autres villes subissant le même sort. 

Les mines antipersonnel sont parmi les plus graves menaces contre les civils au Yémen, a en outre fait savoir le délégué qui a accusé les houthistes d’avoir disséminé pas moins de 2 millions de mines à travers le pays, y compris à Hodeïda et sur la côte ouest du pays, transformant ces zones en des labyrinthes de mines qui obstruent le travail des organisations humanitaires et menacent la vie des civils.  Il a évoqué à titre d’exemple la mort de deux enfants et la blessure d’un autre hier près d’Hodeïda.  Estimant par ailleurs que la guerre au Yémen aurait déjà pris fin si l’Iran n’avait pas opté de fournir des armements aux houthistes, le représentant a appelé la communauté internationale à mettre fin à ces envois d’armes et à œuvrer à l’instauration d’une paix durable à laquelle aspirent tous les Yéménites. 

M. LUIS ANTONIO LAM PADILLA (Guatemala) a indiqué que son pays, en tant que contributeur aux opérations de maintien de la paix de l’ONU, considère que la responsabilité première de la protection des civils ainsi que la protection et la promotion des droits humains incombent aux États hôtes.  À ses yeux, la protection des civils est un effort complémentaire aux opérations de maintien de la paix, dont l’objectif nécessite une approche globale et intégrée entre les forces civiles, policières, militaires et pénitentiaires, en coordination avec les autorités nationales, les communautés locales et les organisations humanitaires concernées, afin de créer et maintenir un environnement protecteur pour les civils.  À cette aune, a-t-il noté, la mise en œuvre des mandats, y compris la protection des civils, relève de la responsabilité de toutes les parties et dépend de plusieurs facteurs, notamment de volonté politique, du leadership, de la performance, des ressources affectées, d’un personnel militaire, policier et civil correctement équipé et des capacités d’évaluations des menaces pour les civils. 

Le représentant a ensuite exprimé sa préoccupation face à l’augmentation des incidents impliquant des engins explosifs improvisés en République centrafricaine, en République démocratique du Congo et au Mali, mettant l’accent sur l’impact négatif sur la protection des civils et la sécurité des soldats de la paix, avant de souligner la nécessité d’investir davantage dans l’atténuation des menaces liées à ce type d’arme.  Il a d’autre part estimé que les transitions dans les missions de paix réussies nécessitent un processus de planification intégré, qui inclue les acteurs du système des Nations Unies, de l’État et de la société civile.  À cet égard, il a souhaité que l’on tire des enseignements de la difficile transition de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), devenue la Mission des Nations Unies pour l’appui à la justice en Haïti (MINUJUSTH).  Enfin, il a jugé que le mandat de protection des civils pourrait être amélioré en tenant compte des principaux défis de la situation spécifique d’un pays et en donnant la priorité aux engagements politiques, avec des ressources adaptées. 

M. ARIEL RODELAS PENARANDA (Philippines) a demandé une posture plus proactive face aux techniques de guerre employées en zone urbaine et souhaité des opérations militaires plus responsables.  Il a appelé les pays contributeurs de troupes à donner la priorité à la protection des civils lorsque ces derniers font face à un danger et ce, par tous les moyens nécessaires, dans le respect de la Charte et du droit international.  Les tâches de protection doivent être claires, liées à des stratégies politiques et axées sur la prévention. S’agissant de l’emploi d’armes modernes en zone urbaine, il a souhaité que les États s’engagent en faveur d’une stratégie d’atténuation des risques pour les civils.  Face aux guerres urbaines, il a préconisé l’utilisation de systèmes d’armes avancés conçus pour des opérations militaires « efficaces et responsables ».  Un « système avancé de guidage des munitions » associé à des capacités de développement de cibles bien conçues est un outil efficace pour répondre aux défis d’une guerre urbaine hautement volatile et complexe, a estimé le représentant qui a préconisé l’adoption à l’échelle internationale d’une stratégie d’atténuation des dommages civils.

Le délégué a ensuite rappelé que son pays adhère pleinement aux principes d’humanité, de neutralité, d’impartialité et d’indépendance dans l’apport de l’aide humanitaire.  Il a aussi rappelé les obligations qui incombent aux parties belligérantes de respecter le droit international en toutes circonstances, en soulignant l’engagement fort de son pays en faveur de l’application des Conventions de Genève.  Il est crucial de renforcer la coopération entre les Nations Unies et les pays hôtes en ce qui concerne les efforts de planification, l’échange d’informations et l’évaluation des risques relatifs à la sécurité du personnel onusien, a-t-il ajouté.  Enfin, le représentant des Philippines a indiqué que son pays entend renforcer sa présence au sein des opérations de paix onusiennes. 

« Comment peut-on protéger les civils quand on sait que le but des opérations militaires est justement de les éliminer »? a demandé M.  MUNIR AKRAM (Pakistan), en prenant l’exemple du Jammu-et-Cachemire occupé illégalement par l’Inde.  Depuis le 5  août 2019, près de 900 000 soldats indiens y sont stationnés pour réaliser ce que les dirigeants indiens ont sinistrement appelé « la solution finale ».  Il a affirmé que son pays a publié un rapport contenant 3 432 cas avérés de crimes de guerre commis par des responsables des forces indiennes depuis 1989.  M.  Akram a donc appelé le Conseil à se saisir de ces preuves « accablantes » et à faire en sorte que les responsables soient traduits en justice.  « L’Inde n’est pas une victime du terrorisme, elle est la mère du terrorisme en Asie du Sud », a-t-il asséné. 

Les attaques terroristes appuyées par l’Inde constituent le principal défi que le Pakistan doit relever, a-t-il poursuivi.  Il a mentionné les attaques commises par des entités terroristes, avec l’appui de l’Inde, dont celle contre la bourse de Karachi le 29 juin 2020 ou bien encore l’assassinat d’ingénieurs chinois et pakistanais à Dasu, le 14 juillet 2021.  Le délégué a aussi attiré l’attention sur le « pogrom antimusulman » commis à New Dehli en février  2020, sur les 400 attaques perpétrées contre des églises chrétiennes en Inde, l’année dernière et sur les appels au génocide lancés par des extrémistes, il y a deux semaines, contre les musulmans indiens.  Le délégué a exhorté le Conseil à entendre ce qu’a dit la semaine dernière M.  Gregory Stanton, Directeur de Genocide watch: « un génocide pourrait avoir lieu en Inde. » 

Droits de réponse

L’Inde a accusé le Pakistan d’abuser de la plateforme des Nations Unies pour détourner l’attention de la situation pakistanaise où les terroristes peuvent « déambuler librement ».  C’est le Pakistan, a-t-elle tranché, qui détient le record des mouvements terroristes inscrits sur les listes des sanctions des Nations Unies.  La plus grande menace qui pèse sur les civils sont les groupes terroristes, a insisté l’Inde, avant de déclarer que le Jammu-et-Cachemire « est et restera un territoire indien quoi qu’en pense le Pakistan ». 

L’Inde ne fait que répéter des déclarations bien connues, a rétorqué le Pakistan, accusant cette dernière d’être le véritable parrain du terrorisme dans la région, comme en atteste la situation au Bangladesh.  Quant au Jammu-et-Cachemire, il a rappelé qu’il fait l’objet d’une décision du Conseil de sécurité par laquelle est demandée l’organisation d’un référendum, sous l’égide des Nations Unies.  Le Jammu-et-Cachemire, a insisté le Pakistan, ne fait pas partie de l’Inde.  Souscrivez-vous, a-t-il demandé, à l’Article 25 de la Charte des Nations Unies qui stipule que « les Membres de l’Organisation conviennent d’accepter et d’appliquer les décisions du Conseil de sécurité conformément à la présente Charte ».  Allez-vous condamner l’appel au génocide contre les musulmans, lancé le 17  décembre dernier? a encore demandé le Pakistan à l’Inde.

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Conseil de sécurité : la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques appelle les parties libyennes à appuyer la tenue des élections « dans les plus brefs délais »

8952e séance – matin
CS/14772

Conseil de sécurité : la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques appelle les parties libyennes à appuyer la tenue des élections « dans les plus brefs délais »

La Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix a exhorté, ce matin devant le Conseil de sécurité, l’ensemble des parties prenantes libyennes à se mobiliser en faveur de la tenue, « dans les plus brefs délais », d’élections présidentielle et législatives libres, régulières, inclusives et crédibles, indiquant que des « désaccords persistants » entre les acteurs politiques sur des aspects clefs du processus électoral avaient conduit au report des scrutins prévus le 24 décembre. 

Appelant à respecter la volonté des 2,8 millions de Libyens qui se sont inscrits sur les listes électorales en 2021, Mme Rosemary DiCarlo a également imputé le report des élections à des lacunes juridiques, des décisions de justice contradictoires sur les candidatures ainsi qu’à des préoccupations d’ordre politique et sécuritaire. 

Notant les avancées des préparatifs techniques de la Haute Commission électorale nationale, la Secrétaire générale adjointe a ajouté que le 28 décembre, la Chambre des députés a établi un comité chargé d’élaborer des recommandations  sur le  calendrier et le  processus électoral.  La formation d’un nouveau comité chargé de rédiger une Constitution dans un  délai  d’un mois a également été annoncée. 

Directrice de « Lawyers for Justice Libya », Mme Elham Saudi a souligné que les élections doivent être ancrées sur une base juridique claire, non politisée « et donc incontestablement légitime », engageant en outre à ne pas se concentrer uniquement sur l’identification d’une date rapprochée pour leur tenue, au détriment de l’élaboration d’un processus clair pour les faciliter.  Il faut un processus de médiation qui tire les leçons des dernières années et qui se concentre sur la création de jalons, y compris les exigences d’une loi électorale, d’un code de conduite et d’une base constitutionnelle, a-t-elle insisté, déplorant par ailleurs qu’en raison de la faiblesse des critères de sélection, des individus soupçonnés de corruption, de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et de violations des droits humains sont désormais candidats. 

À ce sujet, le Royaume-Uni a plaidé pour une plus grande inclusion des femmes et des jeunes dans la vie politique libyenne, déplorant la présence de seulement 2 femmes parmi les 98 candidats inscrits.  Les femmes doivent pouvoir participer en tant que candidates et électrices sans crainte de représailles ou d’intimidation, a affirmé la délégation, appuyée par l’Irlande ainsi que par la Norvège qui a appelé les parties libyennes à s’entendre sur une feuille de route prévoyant une nouvelle date électorale, sans laisser se développer des voies alternatives antidémocratiques.  Les dirigeants doivent fixer un « cap crédible » et faire montre de courage, ont renchéri les États-Unis. 

Si la France a engagé les acteurs libyens à travailler ensemble afin de fixer « au plus vite » un calendrier clair pour la tenue de ces élections dans « les plus brefs délais », la Fédération de Russie a en revanche estimé que la priorité ne doit pas être le respect formel d’un délai pour la tenue des élections, mais plutôt d’assurer la qualité de leur préparation. 

Tout en faisant part de leur appui à la feuille de route du Forum de dialogue politique interlibyen, les A3 ont souligné, par la voix du Kenya, que pour qu’il y ait la paix, les élections doivent aboutir à un résultat doté d’une légitimité politique dans toutes les régions du pays.  Sinon, elles risquent d’attiser la méfiance, la division et peut-être même une reprise des conflits violents, a averti la délégation qui a fait part de sa crainte de voir le processus électoral sapé par une ingérence et des intérêts étrangers, dénonçant notamment la présence déstabilisatrice continue de mercenaires, de combattants étrangers et de forces étrangères.  À l’instar de nombreuses délégations, le Brésil, qui s’est félicité du retrait annoncé de 300 combattants étrangers de l’est du pays, a appelé au retour des forces restantes vers leur pays d’origine, conformément au plan d’action de la Commission militaire conjointe 5+5. 

Arguant que le report des élections était prévisible en raison notamment du manque de convergence sur le cadre légal devant les régir, la Libye a insisté sur l’importance de se mettre d’accord sur une base constitutionnelle consensuelle afin d’assurer la tenue d’un scrutin dont les résultats seront acceptés par tous.  Il est également nécessaire que le processus soit mené et dirigé par les Libyens eux-mêmes, a-t-elle souligné.  

Au cours de cette séance, le Conseil de sécurité a également entendu le Président du Comité du Conseil de sécurité établi en application de la résolution 1970 (2011) sur la Libye, M. T. S. Tirumurti, indiquer que les membres du Comité, qui a prorogé de six mois l’exemption aux interdictions de déplacements accordée pour raisons humanitaires à Safia Farkash Al-Barassi, Aisha Al-Qadhafi et Mohammed Al-Qadhafi, ont notamment souligné l’importance de préserver l’intégrité et la valeur des avoirs libyens au bénéfice du peuple de la Libye. 

LA SITUATION EN LIBYE (S/2021/1058) (S/2022/31)

Déclarations

Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a déclaré que depuis le 24 novembre 2021, les désaccords persistants entre les acteurs politiques sur des aspects clefs du processus électoral ont entraîné le report des élections du 24 décembre, malgré les avancées des préparatifs techniques de la Haute Commission électorale nationale.  La Haute Commission a expliqué ce report en citant des lacunes dans le cadre juridique des élections, des décisions de justice contradictoires sur les candidatures ainsi que des préoccupations politiques et sécuritaires.  Le 28 décembre, a-t-elle indiqué, la Chambre des députés a établi un comité chargé d’élaborer des recommandations sur la marche à suivre en matière de calendrier et de processus.  Le Président de la Chambre a également annoncé qu’un nouveau comité serait formé pour rédiger une Constitution dans un délai d’un mois, lequel a présenté son rapport préliminaire aujourd’hui même. 

Tandis que les discussions à la Chambre des députés et entre les acteurs politiques se concentrent de plus en plus sur le sort du Gouvernement d’unité nationale, la Conseillère spéciale pour la Libye, Mme Stéphanie Williams, a réitéré aux interlocuteurs libyens que le processus politique doit rester axé sur la tenue dès que possible d’élections législatives et présidentielle, rappelant que quelque 2,8 millions de Libyens se sont inscrits pour voter.  Elle les a également engagés à respecter la feuille de route du Forum de dialogue politique interlibyen, a encore fait savoir Mme DiCarlo. 

La Secrétaire générale adjointe a aussi indiqué que des initiatives de dialogue se poursuivent, notamment entre le Président de la Chambre des députés et le Président du Haut Conseil d’État, ainsi qu’entre les candidats à la présidence de l’ouest et de l’est de la Libye.  Le Chef d’état-major général des forces militaires occidentales sous le Gouvernement d’unité nationale et le Commandant en chef par intérim de l’Armée nationale libyenne se sont également réunis à Syrte. Et sur le plan économique, des mesures supplémentaires ont été prises en vue de la réunification de la Banque centrale de Libye.  Ce sont là des développements bienvenus, a indiqué la Secrétaire générale adjointe. 

Poursuivant, Mme DiCarlo a noté que le cessez-le-feu tient même si l’incertitude politique à l’approche des élections a eu un impact négatif sur la situation sécuritaire globale, y compris à Tripoli, entraînant un changement d’alliance entre les groupes armés affiliés à certains candidats à la présidence.  De même, les demandes non satisfaites adressées au Gouvernement d’unité nationale par les forces de surveillance des champs pétrolifères dans l’ouest de la Libye ont récemment entraîné l’arrêt de la production pétrolière, amenant la « National Oil Corporation » à déclarer la force majeure le 20 décembre.  La production de pétrole a ensuite été rétablie le 9 janvier. 

S’agissant des efforts visant à mettre en œuvre l’accord de cessez-le-feu, Mme DiCarlo a indiqué que la Commission militaire conjointe 5+5 s’est rendue à Ankara et à Moscou en décembre pour discuter du retrait des forces étrangères et des mercenaires, et de la mise en place de mécanismes de communication et de partage d’informations.  La deuxième équipe d’observateurs de la composante de surveillance du cessez-le-feu de la MANUL s’est déployée à Tripoli en décembre et malgré de sérieux problèmes logistiques et sécuritaires, la MANUL continue également de travailler à la mise en place de l’équipe de surveillance du cessez-le-feu à Syrte et attend avec intérêt l’approbation du Gouvernement d’unité nationale pour poursuivre les travaux nécessaires sur les logements et les bureaux. 

Passant ensuite à la situation des droits humains, qu’elle a qualifié de très préoccupante, Mme DiCarlo a fait état de violence et d’attaques liées aux élections ainsi que de menaces et de violences contre des membres du pouvoir judiciaire impliqués dans des procédures sur l’éligibilité des candidats aux élections, entre autres.  Elle a averti que de tels incidents sont un obstacle à la création d’un environnement propice à des élections libres, équitables, pacifiques et crédibles.  De même, l’ONU est particulièrement préoccupée par le fait que les femmes et les hommes qui s’emploient à protéger et à promouvoir les droits des femmes continuent d’être la cible de discours de haine, de diffamation et d’incitation à la violence. 

Mme DiCarlo a également rapporté que les détentions arbitraires dans des établissements gérés par des acteurs étatiques et non étatiques se poursuivent dans tout le pays, de nombreux détenus étant victimes de graves violations des droits humains.  Selon les statistiques fournies par les autorités libyennes, plus de 12 000 détenus sont détenus dans 27 prisons et lieux de détention à travers la Libye y compris des enfants qui n’apparaissent pas dans les statistiques officielles et sont détenus illégalement, souvent dans des conditions inhumaines. 

La situation des migrants et des réfugiés en Libye reste également très préoccupante.  Un grand nombre de migrants et de réfugiés qui tentent de traverser la mer Méditerranée et qui sont renvoyés en Libye continuent d’être détenus dans des conditions inhumaines et dégradantes avec une aide humanitaire limitée.  Des milliers de personnes sont portées disparues, et des centaines de ressortissants étrangers ont été expulsés ces derniers mois vers le Soudan et le Tchad sans procédure régulière.  Dans de nombreux cas, les personnes expulsées ont été placées dans des situations extrêmement vulnérables dans le désert du Sahara sans nourriture, ni eau, ni sécurité ni soins médicaux, s’est indignée la Secrétaire générale adjointe. 

Mme DiCarlo a, en revanche, salué l’amélioration de la situation humanitaire en 2021, notant une baisse de 36% du nombre de personnes ayant besoin d’une aide.  Et sur les 278 000 Libyens déplacés il y a un an, environ 100 000 personnes sont rentrées chez elles en 2021, a-t-elle indiqué tout en appelant à financer le Plan de réponse humanitaire pour la Libye. 

Soulignant que la Libye se trouve dans une conjoncture délicate et fragile, Mme DiCarlo a jugé essentiel que la communauté internationale reste unie dans son soutien aux élections, guidée par les aspirations du peuple libyen à être gouverné par des institutions élues. 

M. T. S. TIRUMURTI, Président du Comité du Conseil de sécurité établi en application de la résolution 1970 (2011) sur la Libye, a détaillé les activités du Comité sur la période allant du 25 novembre 2021 au 24 janvier 2022, marquée par la tenue de deux séances informelles.  Il a indiqué que le rapport du Comité d’experts a été soumis à ce Conseil le 15 décembre 2021. Durant les consultations du 16 décembre, le Comité a entendu une présentation de la part de l’autorité libyenne d’investissements sur la question de l’application du gel des avoirs.  Le délégué libyen s’est aussi exprimé.  Au cours des discussions, les membres du Comité ont souligné l’importance de préserver l’intégrité et la valeur des avoirs libyens au bénéfice du peuple de la Libye, a dit le Président.  Le Comité a par ailleurs reçu un rapport d’inspection d’un vaisseau effectué dans le cadre de l’opération militaire de l’Union européenne en Méditerranée (EUNAVFOR MED IRINI).  Il a précisé que le Comité a prorogé de six mois l’exemption aux interdictions de déplacements accordée pour raisons humanitaires à trois individus inscrits sur la liste du Comité, à savoir Safia Farkash Al-Barassi, Aisha Al-Qadhafi et Mohammed Al-Qadhafi.  Il a précisé que la réponse à la demande d’exemption formulée par M.  Abu Zayd Umar Dorda est en cours d’élaboration.  En conclusion, le Président a fait part de sa détermination à organiser une visite de ce Comité dans certaines régions libyennes, dès que les arrangements logistique et sécuritaires auront été réglés. 

Mme ELHAM SAUDI, cofondatrice et Directrice de Lawyers for Justice Libya, s’est présentée comme une femme libyenne, mère, avocate et défenseuse des droits humains qui travaille pour la paix et la justice en Libye depuis plus d’une décennie.  Elle a rappelé que les parties à Tripoli sont parvenus à un cessez-le-feu, qu’un gouvernement d’union a été nommé et qu’une feuille de route pour les élections était également en cours d’élaboration.  Bien que précieux, a-t-elle dit, ces progrès sont également réversibles tant que l’impunité pour les soi-disant « saboteurs » prévaut.  Pour la défenseuse des droits humains, les élections doivent être ancrées sur une base juridique claire, non politisée et donc incontestablement légitime.  Elle a appelé à ne pas se concentrer uniquement sur l’identification d’une date rapprochée pour leur tenue, au détriment de l’élaboration d’un processus clair pour les faciliter.  Il faut un processus de médiation qui tire les leçons des dernières années et qui se concentre sur la création de jalons, y compris les exigences d’une loi électorale, d’un code de conduite et d’une base constitutionnelle qui sous-tend les élections présidentielle et législatives, a-t-elle insisté. 

Soulignant que la reddition de compte est une condition préalable au progrès politique, Mme Saudi a déclaré qu’en raison de la faiblesse des critères de sélection des candidats aux élections de 2021, des individus soupçonnés de corruption, de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et de violations des droits humains -dont plusieurs inculpés par la Cour pénale internationale (CPI)- sont désormais candidats.  Elle a également relevé que les sanctions du Conseil de sécurité n’ont entrainé des conséquences directes que sur un nombre limité d’auteurs de violations des droits humains, alors qu’elles devraient être appliquées de manière transparente et cohérente, tout en offrant réparation aux victimes. 

Mme Saudi a ensuite décrit la répression menée par la Libye contre les groupes de la société civile, en particulier ceux œuvrant dans le domaine des droits humains et la consolidation de la paix.  Elle a indiqué que des membres de la société civile ont été menacés, ont disparu, ont été torturés et tués.  « Le Conseil, ainsi que les États Membres qui ont soutenu les parties libyennes, doivent exiger la protection de la société civile libyenne », a-t-elle insisté, ajoutant que des défenseurs des droits humains et des femmes exerçant leur droit de participer à la vie politique ou publique ont été également ciblés.  Dans ce contexte, elle a exhorté le Conseil à soutenir un processus électoral ancré dans un cadre législatif et constitutionnel légitime, et qui identifie et poursuit les étapes nécessaires pour créer un environnement sûr et propice aux élections en Libye.  De même, les membres du Conseil de sécurité doivent exiger des comptes de toutes les parties au conflit, y compris les États tiers, les combattants étrangers et les mercenaires, notamment en apportant un soutien à la CPI et en facilitant les enquêtes nationales relevant de la compétence universelle dans les États.  Ils doivent également appliquer les sanctions de manière équitable, transparente et cohérente et mettre en œuvre les recommandations de l’examen stratégique indépendant de la MANUL afin d’assurer l’efficacité de la Mission et sa capacité à s’acquitter de son mandat. 

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a réaffirmé le soutien total de son pays au processus politique facilité par l'ONU et dirigé par la Libye, affirmant voir dans la tenue d’élections libres, équitables et inclusives un élément crucial de ce processus. Pour aller de l’avant et lever les incertitudes, il a jugé vital d’aborder les raisons ayant empêché ces élections de se dérouler comme prévu en décembre dernier. Il a également invité la communauté internationale à continuer de soutenir le travail effectué par la MANUL sur les plans politique, sécuritaire et économique, avant d’indiquer que le Royaume-Uni a proposé un projet de résolution visant à renouveler mandat de la Mission d’appui. 

Le représentant a d’autre part plaidé pour une plus grande inclusion des femmes et des jeunes dans le processus de paix et la vie politique. Notant que, sur les 2,8 millions d’électeurs inscrits, environ 1 million sont des femmes, il a déploré la présence de seulement deux femmes parmi les 98 candidats inscrits pour l’élection présidentielle de décembre.  Les femmes doivent pouvoir participer en tant que candidats et électeurs sans crainte de représailles ou d’intimidation, a-t-il affirmé.  Il a enfin appelé de ses vœux le retrait de toutes les forces étrangères et de tous les mercenaires de Libye, sans retard supplémentaire. Saluant à cet égard le plan d’action de la Commission militaire conjointe 5+5, il a demandé à tous d’appuyer sa mise en œuvre. Selon lui, il importe de mettre en place un plan de suivi et de vérification de la présence et du retrait de toutes ces forces. 

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a tout d’abord fait valoir qu’il n’y a pas d’alternative à un règlement politique et diplomatique en Libye.  Saluant les efforts déployés par la Libye pour atteindre ces objectifs ainsi que le soutien apporté par l’ONU à la mise en œuvre des résultats de la deuxième Conférence de Berlin et des conclusions du Forum de dialogue politique interlibyen, il a souhaité que cela permette de résoudre les problèmes ayant entraîné le report des élections présidentielle et législatives de décembre dernier.  Dans ce cadre, il a appelé toutes les parties et tous les acteurs locaux à recourir au dialogue de manière à parvenir à un consensus sur les règles juridiques et procédurales des élections, et de faire respecter leurs résultats. Il a également plaidé en faveur d’une participation pleine, juste et égale des femmes et des jeunes. 

Évoquant ensuite le travail essentiel mené par la Commission militaire conjointe 5+5 pour parvenir à la stabilité et ramener la paix, le délégué a souligné la nécessité d’assurer la mise en œuvre du plan d’action concernant le retrait des combattants étrangers et des mercenaires de Libye de manière simultanée et échelonnée.  Traiter sérieusement cette question aidera à faire avancer le volet politique et soutiendra le redressement économique, tout en contribuant à la lutte contre les groupes terroristes transfrontaliers et au contrôle de l’immigration illégale, a-t-il soutenu, avant de se féliciter que les parties libyennes se soient réunies, le 11 décembre à Syrte, dans le but d’unifier les institutions de sécurité.  Avant de conclure, le représentant a renouvelé le soutien de son pays à la MANUL, saluant le rôle joué par la Mission dans la coordination des mécanismes et des initiatives de sécurité dirigés par les Libyens. 

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a souhaité que le mandat de la MANUL soit renouvelé à la fin de ce mois, tant celle-ci joue un rôle vital sur le terrain.  Elle a appelé les parties libyennes à remédier aux causes profondes qui ont empêché pour l’instant le déroulement du processus électoral et à s’engager en faveur d’élections libres et inclusives.  La déléguée a ensuite souligné l’importance d’une pleine participation des femmes dans tous les secteurs de la société libyenne.  Elle a salué les progrès accomplis dans l’application de l’accord de cessez-le-feu d’octobre 2020 et le déploiement du premier contingent d’inspecteurs onusiens chargés de sa surveillance.  Appelant à « l’unification » du secteur de sécurité libyen, la déléguée a demandé le retrait de tous les combattants étrangers et des mercenaires.  Mme Byrne Nason a indiqué que plus de 250 000 enfants ont besoin d’une aide humanitaire en Libye et exhorté les parties à s’acquitter de leurs obligations en vertu du droit international humanitaire. Enfin, elle a demandé aux autorités libyennes de prévoir une alternative à la détention en ce qui concerne les réfugiés et les migrants, y compris les enfants. 

Au nom du Gabon, du Ghana et du Kenya (A3), M. MARTIN KIMANI (Kenya) a déclaré que le dialogue national et la réconciliation sont la clef de la paix durable en Libye.  Il a indiqué que les élections sont une étape essentielle de la paix et de la stabilité, mais qu’elles peuvent diviser un pays plutôt que de l’unir, surtout un pays aussi amèrement divisé que la Libye l’a été. Pour qu’il y ait paix, les élections doivent aboutir un résultat doté d’une légitimité politique dans toutes les régions du pays.  Sinon, elles risquent d’attiser la méfiance, la division et peut-être même une reprise des conflits violents, a averti le délégué.  Il a ensuite appelé à la tenue d’élections libres, sur la base de la feuille de route du Forum de dialogue politique interlibyen.  L’ONU doit pour sa part fournir un appui technique suffisant et transparent aux élections afin de donner une plus grande légitimité à leurs résultats. 

Il a fait part de sa crainte de voir le processus électoral sapé par un ingérence et des intérêts étrangers, dénonçant notamment la présence déstabilisatrice continue de mercenaires, de combattants étrangers et de forces étrangères.  Il a demandé l’application de l’accord de cessez-le-feu, y compris le retrait des combattants et mercenaires étrangers et les réformes correspondantes du secteur de la sécurité.  M. Kimani a aussi souligné l’importance de mettre en œuvre le plan d’action global approuvé le 8 octobre par la Commission militaire conjointe 5+5, exhortant en outre la MANUL à veiller à ce que la mise en œuvre de l’accord de cessez-le-feu se fasse en coordination avec les États voisins, les autres États touchés et les mécanismes régionaux compétents afin d’atténuer les effets négatifs de leurs déplacements dans la région. 

Poursuivant, M. Kimani a dénoncé l’accumulation et le flux d’armes sophistiquées et d’armes légères et de petit calibre illicites en Libye et dans la région du Sahel d’origine étrangère.  Il a appelé à appuyer les efforts de désarmement, de démobilisation et de réinsertion en Libye ainsi qu’au respect de l’embargo sur les armes.  Il est également urgent de renforcer la capacité de la Libye et des pays voisins à faire face efficacement à l’augmentation de la menace terroriste.  Le représentant a ensuite demandé la restitution des avoirs libyens gelés et dit la nécessité de procéder à des examens périodiques des sanctions pour s’assurer qu’elles répondent à leur intention.  M. Kimani a enfin condamné le traitement odieux que subissent les migrants et les réfugiés qui se rendent en Europe, notamment leur interception en mer et leur retour en Libye. 

M. JOÃO GENESIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) s’est dit profondément préoccupé par le report des élections présidentielle et parlementaires du 24 décembre en Libye, qui risque selon lui de compromettre les progrès réalisés au fil des ans. Plaidant pour des élections libres et inclusives, il a souhaité que la tenue de ces scrutins aille de pair avec la construction d’un cadre constitutionnel qui préserve l’équilibre entre les forces politiques libyennes, assure la participation des femmes et renforce la stabilité.  Dans ce contexte, le délégué s’est alarmé des effets déstabilisateurs de la présence de mercenaires et d’autres combattants étrangers en Libye.  Il s’est félicité à cet égard du retrait annoncé de 300 combattant étrangers de l’est du pays, avant d’appeler au retour des forces restantes vers leur pays d’origine, conformément au plan d’action de la Commission militaire conjointe 5+5. 

Le représentant s’est d’autre part inquiété de la situation des droits humains en Libye, notamment des violations à l’encontre des migrants et des réfugiés, des violences et menaces ciblant des journalistes et des militants de la société civile, de l’usage excessif de la force et des détentions arbitraires.  Il a enjoint les autorités libyennes à ne pas laisser de tels faits impunis.  Enfin, évoquant le renouvellement du mandat de la MANUL sur lequel le Conseil de sécurité doit prochainement se prononcer, il a estimé que la Mission doit disposer des ressources nécessaires à l’accomplissement de sa tâche, conformément aux recommandations de l’examen stratégique indépendant réalisé en 2021, lesquelles comprennent la nomination d’un Représentant spécial du Secrétaire général basé à Tripoli. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) a souhaité que le mandat de la MANUL soit renouvelé à la fin de ce mois.  Il a déploré que les aspirations démocratiques des Libyens ne se soient pas concrétisées en raison du report des élections prévues le 24 décembre dernier.  Ceux qui contrarient de telles aspirations doivent rendre des comptes, a déclaré le délégué, en appelant la communauté internationale à appuyer le peuple libyen.  Le délégué a appelé au retrait des mercenaires et combattants étrangers de la Libye et appuyé la Commission militaire conjointe 5+5.  La situation en ce qui concerne les droits humains dans le pays continue d’être déplorable, s’est ensuite alarmé le délégué, soulignant que les auteurs des violations doivent rendre des comptes.  Le représentant a notamment fustigé les conditions de détention « inhumaines » des migrants et réfugiés en Libye, y compris des enfants.  Enfin, il a souligné le rôle vital de médiation joué par l’ONU en Libye et de nouveau souhaité le renouvellement du mandat de la MANUL. 

M. T. S. TIRUMURTI (Inde) a déploré le fait que les élections présidentielle et législatives du 24 décembre dernier n’aient pu se tenir, soulignant que la priorité la plus importante pour la Libye est d’assurer leur tenue de manière libre, juste, inclusive et crédible.  Le processus de paix doit être entièrement dirigé et contrôlé par les Libyens, et les termes du cessez-le-feu respectés, saluant à cet égard les progrès réalisés dans le cadre de la mise en œuvre du plan d’action de la Commission militaire conjointe 5+5.  Il a appelé la communauté internationale à mettre l’accent sur la lutte contre le terrorisme en Afrique et en Libye, pour ensuite recommander la mise en place d’un plan de désarmement, de démobilisation et de réintégration.  Le représentant a également appuyé le renouvèlement du mandat de la MANUL. 

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a regretté que malgré les appels du Conseil de sécurité, les acteurs politiques libyens n’aient pas été en mesure de s’accorder sur la tenue des élections prévues le 24 décembre dernier et a exhorté toutes les parties à fixer de nouvelles dates le plus vite possible.  Il s’est dit favorable au renouvellement du mandat de la MANUL pour  une  durée d’un an.   Le représentant s’est inquiété de la persistance d’un vide institutionnel et de ses répercussions, ainsi que de l’augmentation du nombre de migrants qui sont victimes d’abus  ou  qui se trouvent dans une situation de précarité en Libye.  Le harcèlement continu des femmes et les risques de sécurité qu’elles encourent ainsi que les personnes déplacées constituent d’autres sources d’inquiétudes. 

Il a jugé essentiel de renforcer les capacités financières et en personnel de la MANUL pour que celle-ci puisse contribuer avec plus d’efficacité à la protection des groupes les plus vulnérables, en particulier les femmes et les enfants.  Le représentant a aussi appelé à renforcer les mesures de lutte contre le trafic illicite d’armes et à favoriser le désarmement, la démobilisation et  la  réintégration des membres des milices.  Il a prié tous les États Membres à respecter l’embargo sur les armes, insistant en outre sur l’impératif pour les combattants  étrangers de se  retirer  du pays. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a jugé essentiel, après l’annonce du report des élections présidentielle et parlementaires du 24 décembre, de reprogrammer sans délai ces scrutins et de respecter le souhait de la population libyenne, qui se mobilise depuis plus d’un an pour la tenue de ces élections.  « En écho à l’appel du Secrétaire général, nous appelons les acteurs libyens à travailler ensemble afin de fixer au plus vite un calendrier clair pour la tenue de ces élections dans les plus brefs délais. »  Les divergences sur les lois électorales et la liste des candidats à l’élection présidentielle doivent être résolues par le dialogue et par les voies judiciaires, a-t-il déclaré.  Le délégué a appelé le Conseil à unir ses efforts pour préserver la dynamique électorale, conformément à la feuille de route du Forum de dialogue politique interlibyen.  « Ces élections sont nécessaires à la stabilisation de la Libye et offrent une occasion unique pour tourner la page d’une décennie de conflit et instaurer durablement la paix », a-t-il affirmé.  

Le représentant a aussi exhorté le Conseil à agir contre ceux qui, en Libye et ailleurs, ont intérêt à la perpétuation du statu quo et à l’instabilité sécuritaire.  « Nous rappelons à cet égard que tout individu ou entité entravant la transition, notamment le processus électoral, est susceptible d’être désigné par le comité de sanctions. »  Il s’est ensuite félicité de la concrétisation d’un premier retrait de 300 mercenaires, ainsi que des consultations de la Commission militaire conjointe 5+5 avec des acteurs régionaux et internationaux.  Il est désormais essentiel de progresser dans la mise en œuvre d’un processus complet de retrait des mercenaires, combattants étrangers et forces étrangères, piloté et dirigé par les Libyens avec l’aide de la MANUL et en coordination avec les pays de la région, a conclu le représentant de la France. 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a estimé que la priorité ne doit pas être le respect formel d’un délai pour la tenue des élections, mais plutôt d’assurer la qualité de leur préparation.  Il a noté que les obstacles politiques ont un impact sur d’autres domaines, citant notamment les travaux inachevés de mise en place d’organismes gouvernementaux, y compris les institutions financières.  Le représentant a plaidé pour la pérennisation de la paix en Libye, notamment par le biais de la consolidation des forces armées libyennes.  Il a aussi rappelé que la Commission militaire conjointe 5+5  s’est mise d’accord sur un plan d’action pour une sortie symétrique et synchronisée de Libye de tous les mercenaires, combattants et forces étrangères. 

Poursuivant, le délégué s’est inquiété du fait que depuis novembre de l’année dernière, la MANUL, qui devrait être au centre des efforts de paix en Libye, n’a pas de leader et a jugé extrêmement important que le Secrétaire général présente un candidat dès que possible.  Il a invité les autres membres du Conseil de sécurité à faire preuve de souplesse sur la question de la durée de la prolongation du mandat de la MANUL. 

Notant que la tenue d’élections dans des périodes post-conflit est très souvent difficile, M. JISHENG XING (Chine) a appelé à tenir compte de ces difficultés lors de l’élaboration du calendrier électoral, jugeant en outre important de respecter le principe d’un processus mené et dirigé par les Libyens eux-mêmes.  Il a encouragé les parties prenantes à maintenir le dialogue de manière à parvenir à un large consensus sur la question des élections et créer un environnement propice à la tenue du scrutin.  La MANUL doit pour sa part continuer d’encourager les parties libyennes au dialogue et soutenir le processus électoral. 

M. Xing a exhorté à déployer tous les efforts nécessaires pour maintenir la stabilité et la sécurité de la Libye.  Les forces armées étrangères doivent coopérer activement avec la Commission militaire conjointe 5+5 pour accélérer leur retrait dès que possible et de manière ordonnée.  Il faut en outre assurer une coordination avec les pays de la région afin d’éviter des incidences sur la situation sécuritaire dans le Sahel.  Il a par ailleurs souligné que le relèvement économique doit aller de pair avec le processus politique pour que la stabilité et la sécurité puissent avoir des retombées positives sur les Libyens.  Le représentant a également demandé au Conseil de répondre aux préoccupations de la Libye s’agissant du gel des avoirs. 

M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a loué le travail accompli par la MANUL avant de déplorer le report des élections prévues le 24 décembre dernier.  Il a rappelé que 2,5 millions de Libyens ont reçu une carte d’électeur et estimé que le moment est venu pour ces derniers de s’exprimer.  Le peuple libyen est prêt à déterminer son avenir par le biais d’élections, a-t-il dit, en demandant aux dirigeants de fixer un « cap crédible » et de faire montre de courage.  Il a également noté que la feuille de route du Forum de dialogue politique interlibyen demeure en place, encourageant par ailleurs les candidats et groupes politiques à coopérer avec la Haute Commission électorale nationale.  Il a rappelé à tous ceux qui veulent interférer avec le processus électoral libyen que le Conseil peut adopter des sanctions.  Le délégué a ensuite souligné les évolutions positives sur le front économique et sécuritaire.  Il a notamment appuyé les efforts visant à une distribution équitable des ressources entre tous les Libyens et approuvé l’élaboration par la Commission militaire conjointe 5+5 d’un plan en vue du retrait des combattants étrangers et des mercenaires.  Il a souhaité le retrait immédiat de ces acteurs avant de se dire favorable au renouvellement du mandat de la MANUL qui, a-t-il ajouté, doit être renforcé. 

Mme TRINE SKARBOEVIK HEIMERBACK (Norvège) a regretté que les élections en Libye n’aient pu avoir lieu le 24 décembre dernier et a exprimé l’espoir que leur report ne nuira pas à la transition politique.  Encourageant vivement les acteurs politiques à poursuivre leurs efforts en vue du transfert de pouvoir aux institutions démocratiquement élues, elle a appelé à la tenue, dès que possible, d’élections présidentielle et parlementaires qui soient libres, justes et inclusives.  À cette fin, la représentante a exhorté les institutions et les autorités libyennes compétentes, y compris la Chambre des représentants, à contribuer à la préparation des scrutins de manière constructive.  Selon elle, les parties libyennes doivent s’entendre sur une feuille de route prévoyant une nouvelle date électorale, sans laisser se développer ses voies alternatives antidémocratiques.  Elle a également réitéré l’appel de son pays à la participation pleine, significative et égale des femmes à la vie politique libyenne, notamment dans la cadre des élections, y voyant un élément crucial du processus démocratique et de la légitimité du Gouvernement libyen. 

La déléguée a ensuite souligné l’importance de créer un environnement propice à l’action des artisans de la paix, des défenseurs des droits humains et des représentants de la société civile, relevant que les processus politiques inclusifs et participatifs exigent que chacun puisse s’engager en toute sécurité. Sur le plan humanitaire, elle s’est déclarée préoccupée par le manque de protection des civils et par la poursuite des violations des droits humains des migrants, des réfugiés et des demandeurs d’asile.  Elle s’est également inquiétée de la situation des personnes détenues illégales et arbitrairement, parmi lesquelles figurent des enfants.  Appelant de ses vœux un accord au sein du Conseil en faveur du renouvellement pour un an du mandat de la MANUL, elle a appuyé à cet égard la mise en œuvre des recommandations de l’examen stratégique indépendant. 

M. TAHER M. T. ELSONNI (Libye) a salué la prompte nomination de la Conseillère spéciale du Secrétaire général pour la Libye après la démission de M. Jan Kubiš.  Il a déclaré que le report des élections était prévisible, le Gouvernement ayant déjà mis en garde au sujet du manque de convergence sur le cadre légal devant régir les scrutins du 24 décembre dernier.  Il est donc question de se mettre d’accord sur une base constitutionnelle consensuelle afin d’assurer la tenue d’élections libres et transparentes dont les résultats seront acceptés par tous.  Pour le délégué, il est essentiel que l’ONU apporte son aide au pays afin que ces élections ne soient pas contestées.  Il est également nécessaire que le processus soit mené et dirigé par les Libyens eux-mêmes. 

Sur le plan sécuritaire, le représentant a indiqué que des efforts sont en cours pour unifier les forces militaires et établir des mécanismes pour mettre fin à toute présence étrangère sur le sol libyen.  « Nous devons mettre en place nos propres institutions sécuritaires et militaires », a-t-il dit en évoquant des institutions qui devront être non partisanes et non politisées.  Il a également mis en avant les efforts en cours pour mettre sur pied des institutions financières nationales unifiées.  Après avoir affirmé que certains pays ont essayé de semer le chaos en Libye, craignant de perdre de leur influence si le peuple retrouvait sa souveraineté, il a appelé l’Union africaine à apporter son soutien au pays. 

Le représentant a salué les débats qui sont en cours dans le pays, y compris parmi les jeunes par l’intermédiaire des réseaux sociaux.  « Nous devons arrêter de nous affronter et essayer de nous réconcilier », a-t-il plaidé, avant d’affirmer que le peuple libyen ne sera pas ébranlé et fera tout pour retrouver sa force. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: La lutte contre la pandémie préoccupe les délégations qui examinent les priorités du Secrétaire général pour 2022 

Soixante-seizième session,
57e séance - matin
AG/12402

Assemblée générale: La lutte contre la pandémie préoccupe les délégations qui examinent les priorités du Secrétaire général pour 2022 

« Il ne fait aucun doute que la pandémie de COVID-19 reste et demeure le plus grand défi actuel de la communauté internationale et de l’Organisation, que nous devons relever ensemble dans un esprit de solidarité internationale », a déclaré le représentant d’Haïti, ce matin, au cours de la deuxième et dernière séance d’examen du rapport du Secrétaire général sur l’activité de l’Organisation contenant « cinq priorités urgentes » pour 2022.  

À l’instar de la délégation haïtienne, l’Inde, l’Azerbaïdjan ou encore le Timor-Leste ont réclamé une répartition plus équitable des vaccins à travers le monde, pour atteindre l’objectif de vacciner 70% de la population mondiale d’ici à la mi-2022.  Des appels ont été lancés à cet égard pour lutter non seulement contre le nationalisme vaccinal, mais aussi contre le fléau de la désinformation sur les vaccins.  Se présentant en acteur de la solidarité mondiale, l’Inde a indiqué fournir des médicaments à 150 pays et partager des vaccins avec de nombreux pays en développement.

Outre l’urgence sanitaire, la dizaine de délégations intervenues ce matin ont mis l’accent sur le combat contre les changements climatiques, la nécessité d’une approche plus humaine des migrations ou encore l’importance d’assurer la paix via le respect du droit international et de la souveraineté des États Membres.

Sur le sujet du climat, le Tadjikistan a misé sur la tenue en 2023 de la conférence d’examen à mi-parcours de la mise en œuvre de la Décennie internationale d’action sur le thème « L’eau et le développement durable » (2018-2028), qui sera l’occasion de démontrer le rôle clef de l’eau dans la réalisation des objectifs de développement durable.  Dans ce droit fil, la délégation tadjik a proposé de déclarer l’année 2025 « Année internationale de la préservation des glaciers » et suggéré la création d’un fonds international pour la préservation des glaciers.

La question des migrations a été au cœur de la déclaration de la Turquie qui a exhorté la communauté internationale à mieux identifier les moyens de tirer parti des avantages des migrations et à promouvoir un traitement digne et humains des migrants.  C’est pourquoi elle a souligné la pertinence du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, qui sera l’objet d’un débat en mai 2022 à New York, avant de regretter le sort de millions de personnes déplacées dans le monde et notamment les souffrances du peuple syrien.

Les efforts à mener en faveur des pays touchés par des conflits ont également été mentionnés, notamment par l’Azerbaïdjan qui a demandé à l’ONU de leur fournir un soutien en matière de consolidation de la paix, de reconstruction et de réhabilitation.  La délégation azerbaïdjanaise a donné son propre témoignage en expliquant avoir libéré ses territoires d’une occupation de 30 ans, après une guerre de 44 jours à l’automne 2020.  

Le Myanmar a, lui aussi, attiré l’attention sur la situation de son pays: un an après le coup d’État, près de 1 500 personnes ont été tuées par l’armée et des milliers d’autres ont été arrêtées, détenues et torturées.  Le représentant du Myanmar a appelé à nouveau les États Membres à apporter une réponse urgente et unifiée pour aider à remettre son pays sur la voie de la démocratie, de la paix et de la prospérité. 

De son côté, Cuba a fustigé les mesures coercitives unilatérales visant à justifier l’ingérence dans les affaires intérieures des pays.  Il a condamné le « blocus criminel, commercial et financier » imposé par les États-Unis à son pays depuis 60 ans, qui demeure le principal frein à la réalisation du développement durable par son pays.  Il a, par ailleurs, appelé les États Membres à respecter les engagements en faveur des pays en développement en matière de financement et d’aide publique, notamment dans les domaines du transfert des technologies et du renforcement des capacités, en complément des efforts déployés par les pays en développement.  

Alors que plusieurs délégations ont insisté sur l’importance de l’ONU et du multilatéralisme pour gérer, ensemble, les défis mondiaux, les Philippines ont exprimé des vœux pour les cinq débats thématiques informels à venir: que les délégations aient le temps de discuter des modalités du processus de suivi et, plus important encore, parviennent à un consensus sur les questions prioritaires basées sur les 90 propositions figurant dans le rapport du Secrétaire général.  Le représentant philippin a aussi apprécié l’appel lancé par le Président de l’Assemblée générale pour avoir des consultations franches et constructives sur le programme de revitalisation de l’ONU.

Le Pérou a, pour sa part, soutenu l’appel du Secrétaire général pour qu’il y ait un « nouveau contrat social mondial », afin de permettre l’avènement de sociétés plus inclusives et plus justes pour tous.

En fin de séance, l’Assemblée générale a pris note du rapport du Secrétaire général sur l’activité de l’Organisation (A/76/1).

RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR L’ACTIVITÉ DE L’ORGANISATION - A/76/1

Suite du débat

M. PEDRO LUIS PEDROSO CUESTA (Cuba) a relevé que, malgré la volonté et les efforts des pays en développement, il y a encore beaucoup de défis à relever, d’autant plus avec les conséquences de la COVID-19.  C’est pourquoi il a réaffirmé l’importance de respecter les engagements en matière de financement et d’aide publique, dans les domaines de la coopération internationale, du transfert des technologies et du renforcement des capacités, en complément des efforts déployés par les pays en développement.  Plaidant pour le droit au développement, le droit à la paix et à la solidarité internationale et pour un environnement sain, il a appelé à défendre ces objectifs « avec la même intensité avec laquelle on défend d’autres droits ».  Le maintien de la paix et de la sécurité internationales ne sera possible qu’au travers du respect total de la Charte des Nations Unies, a-t-il poursuivi en demandant tout particulièrement le respect de la souveraineté des États dont il faut respecter les systèmes politiques, économiques et sociaux.  

Il faut respecter le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des pays, a insisté le représentant avant de s’élever contre les mesures coercitives unilatérales, qui sont non seulement contraire à la paix et à la stabilité mais également une atteinte au bien-être des populations.  Dans le contexte de la pandémie, les incidences de ces mesures n’ont fait qu’accentuer les difficultés auxquelles les pays sont confrontés, s’est-il désolé, décriant le « blocus criminel, commercial et financier, imposé par les États-Unis contre Cuba », qui dure depuis 60 ans.  C’est une violation flagrante massive et systématique des droits humains des Cubains, a dénoncé le délégué en faisant remarquer que c’est le principal obstacle sur la voie du développement durable du pays.  Malgré cela, il a assuré que Cuba continue d’aller de l’avant, citant différents progrès dans le cadre de la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et dans le domaine de l’immunisation qui atteint 70% de la population.  En concluant son intervention, le représentant a exprimé son soutien au Secrétaire général, particulièrement dans le cadre de la défense du multilatéralisme et du droit international, de la diplomatie pour la paix et du développement. 

M. TOFIG MUSAYEV (Azerbaïdjan) a salué l’approche du Secrétaire général sur l’urgence de mettre fin à la pandémie de COVID-19, en luttant contre le nationalisme vaccinal, en donnant la priorité à la production et à la distribution de vaccins, et en combattant le fléau de la désinformation sur les vaccins.  Il a assuré que l’Azerbaïdjan ne ménagera aucun effort pour renforcer la solidarité et la coopération internationales et pour mobiliser des ressources en vue d’assurer pour tous les pays un accès équitable, abordable, opportun et universel au vaccin.  Par ailleurs, il s’est félicité de l’aide apportée par l’ONU aux États Membres dans la promotion de l’État de droit aux niveaux national et international, afin de favoriser une culture de respect du droit international.  Dans ce contexte, le représentant de l’Azerbaïdjan a fustigé les tentatives de certains pays de remettre en cause l’intégrité territoriale d’autres États.  Expliquant que l’Azerbaïdjan a gravement souffert des effets dévastateurs de l’agression commise contre elle, M. Musayev a condamné « les revendications territoriales illégales, les récits historiques fabriqués et les préjugés racistes » qui ont nourrit cette agression.  « Une partie importante du territoire souverain de mon pays a été saisie au début des années 90 et est restée sous occupation illégale pendant près de 30 ans », a-t-il déclaré avant de préciser que l’Azerbaïdjan a libéré ses territoires de l’occupation à la suite de la guerre de 44 jours à l’automne 2020.  Il a ajouté que l’Azerbaïdjan a accordé la priorité au renforcement de ses frontières internationales, à la réhabilitation et la reconstruction des territoires libérés, et à la restauration des logements, des services essentiels et des infrastructures de transport et de communication, pour assurer le retour en toute sécurité des populations déplacées.  « Fournir un soutien aux États touchés par un conflit et engagés dans la consolidation de la paix, la reconstruction et la réhabilitation, est et doit rester un engagement essentiel de l’ensemble du système des Nations Unies », a-t-il conclu.

M. ALISHER BAKHTIYORZODA (Tadjikistan) a expliqué que son pays a pris des mesures concrètes lors de conférences internationales pour trouver des solutions aux problèmes liés aux changements climatiques.  Il a précisé que son pays a proposé de déclarer l’année 2025 « Année internationale de la préservation des glaciers ».  « Nous croyons fermement que cette initiative contribuera à attirer davantage l’attention de la communauté mondiale sur les problématiques liées à l’eau, au climat et à la fonte des glaciers », a-t-il dit.  Il a plaidé pour la création d’un fonds international pour la préservation des glaciers sous les auspices des Nations Unies, une autre étape qui pourrait fournir une base à une recherche approfondie et à des solutions efficaces à ce problème mondial.  Après avoir déclaré que la Décennie internationale d’action sur le thème « L’eau et le développement durable (2018-2028) » a été initiée par son pays, le représentant a souligné l’importance de la conférence d’examen à mi-parcours de cette Décennie qui se tiendra en 2023.  Ce sera à son avis l’occasion de démontrer le rôle clef de l’eau dans la réalisation des objectifs de développement durable.

M. KARLITO NUNES (Timor-Leste) a demandé que les vaccins soient accessibles et abordables aux pays en développement et aux pays en situation particulière pour atteindre une reprise complète face à la pandémie.  Il a aussi déclaré que la lutte contre les changements climatiques nécessite une adhésion de la communauté internationale aux principes de l’Accord de Paris.  Il a jugé indispensable de soutenir les efforts des pays en développement en leur fournissant des ressources financières et un soutien technique pour pouvoir réaliser les objectifs climatiques, renforcer la résilience et réduire les vulnérabilités, et ce dès la reprise post-pandémie.  S’agissant des ambitions de paix durable, il a rappelé que la paix est catalyseur du développement, et que la paix, la justice et l’inclusion créent les conditions de la croissance et de la transformation économiques.  Le représentant du Timor-Leste a estimé que l’ONU a un rôle politique clef à jouer dans la mobilisation de la coopération et de la solidarité internationales aux fins de la résolution des problèmes mondiaux, dont la pandémie, afin d’aider les États à mieux reconstruire dans un monde plus résilient et durable.  

M. LUIS UGARELLI (Pérou) a mis en avant les priorités de son pays, en appuyant le programme du Secrétaire général pour reformer la gouvernance mondiale, tel que défini dans le rapport à l’examen.  Il faut relancer la mise en œuvre du Programme 2030 et lui garantir un financement adéquat afin de contrecarrer les effets de la pandémie de COVID-19, a-t-il plaidé.  Il a relevé que la pandémie a mis en exergue le fait que la croissance à elle seule ne garantit pas le développement durable.  La pandémie a aggravé les injustices et inégalités sociales et fait augmenter le chômage, a souligné le représentant.  Il a dit soutenir l’appel du Secrétaire général pour qu’il y ait un nouveau contrat social mondial afin de permettre des sociétés plus inclusives et plus justes pour tous. 

Sur la question des changements climatiques, le représentant a noté qu’il n’y aura pas de développement durable sans que l’on s’attaque collectivement à ce problème.  Il a demandé, entre autres, l’élimination des subventions aux pratiques de production non durables et la mise en œuvre des engagements pris par plus de 169 pays pour freiner le déboisement et la perte de biodiversité.  Sur la voie de la relance, les vaccins ont été synonymes d’espoir, a aussi remarqué le représentant.  Cependant, dans le contexte de l’émergence de nouveaux variants, il a jugé impératif que les vaccins deviennent des biens publics mondiaux et fassent l’objet d’accords pour assurer leur accès équitable à tous.

Rappelant que près d’un an s’est écoulé depuis le coup d’État militaire, M. KYAW MOE TUN (Myanmar) a déclaré que 1 447 personnes ont été tuées par l’armée et que des milliers d’autres ont été arrêtées, détenues et torturées.  « Malgré les appels répétés de la communauté internationale, y compris les Nations Unies, l’armée reste inhumaine », a dit M. Tun en fustigeant le recours excessif à la force par l’armée contre les personnes civiles.  Il a aussi déploré que l’armée ait détruit de nombreuses maisons, des installations religieuses, des infrastructures de santé, des écoles et des terres agricoles en provoquant le déplacement des centaines de milliers de personnes.  Parmi les personnes déplacées et les victimes, il a cité celles qui appartiennent à des groupes vulnérables - les personnes handicapées, les personnes âgées, les femmes, les filles et les enfants.  Il a qualifié les exactions de l’armée de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre.  M. Tun a jugé évident que le peuple du Myanmar a besoin d’une aide de la communauté internationale, via les Nations Unies, pour empêcher de nouvelles atrocités.  Il a appelé à nouveau les États Membres à une réponse urgente et unifiée pour aider à remettre le Myanmar sur la voie de la démocratie, de la paix et de la prospérité.  

Mme CEREN HANDE ÖZGÜR (Turquie) s’est concentrée sur la question des migrations en appelant à des migrations ordonnées.  Elle a recommandé à la communauté internationale de mieux identifier les moyens de maximiser les avantages des migrations et de promouvoir un traitement digne et humain des migrants, en prévoyant les protections nécessaires à ces populations.  Il faut développer ce qui a été réalisé au travers du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, a-t-elle plaidé, appelant à aller plus loin.  La représentante a ainsi donné rendez-vous à la prochaine réunion sur cette question, qui se tiendra au Siège des Nations Unies à New York au mois de mai.  La représentante a, par ailleurs, souligné les tendances aux déplacements forcés, en regrettant que le sort de millions de personnes dans le monde soit aussi inquiétant.  Elle a cité, à cet égard, les souffrances du peuple syrien.  La Turquie restera aux côtés du peuple syrien, a-t-elle assuré en disant ne pas vouloir répondre aux « accusations ridicules faites par le représentant syrien ici ».

M. ANTONIO RODRIGUE (Haïti) a noté les cinq priorités urgentes évoquées par le Secrétaire général et a réitéré la volonté de son pays à participer à la réalisation des objectifs fixés par les Nations Unies dans le document « Notre Programme commun » qui est « une feuille de route pour guider la communauté internationale ».  Il ne fait aucun doute que la pandémie reste le plus grand défi commun actuel de la communauté internationale, qu’il faut relever ensemble dans un esprit de solidarité internationale, a plaidé le représentant en faisant sien le souhait du Secrétaire général de vacciner 70% de la population mondiale avant la mi-2022.  Haïti exige une répartition plus équitable des vaccins à travers le monde, a fait savoir le représentant en appelant à redoubler d’efforts en ce sens et en saluant les efforts de l’ONU à cet égard.  Il a souligné, à ce sujet, que 989 millions de doses de vaccin ont été envoyées à 149 pays par le biais du Mécanisme COVAX.

Notant la complexité des relations internationales, le représentant a estimé qu’il fallait changer de paradigme de la gouvernance mondiale.  Il est plus que jamais nécessaire de faire un diagnostic global des cadres multilatéraux pour les adapter aux exigences du moment, a-t-il dit en s’alliant à l’appel du Secrétaire général en faveur d’une relance du multilatéralisme.

Mme AKSOLTAN ATAEVA (Turkménistan) a demandé des réponses concertées aux problèmes mondiaux à travers le multilatéralisme et sous la direction de l’ONU.  Saluant les « idées novatrices » avancées dans le rapport du Secrétaire général, la représentante est revenue sur les incidences négatives de la pandémie de COVID-19 qui exigent des mesures collectives pour protéger la vie des gens.  Pour ce qui est des conséquences économiques, elle a insisté sur l’importance du renforcement des liens entre toutes les formes de transport, une question qui fait l’objet d’une résolution adoptée par l’Assemblée générale à l’initiative du Turkménistan.  Une conférence des ministres des transports pour les pays en développement est prévue au Turkménistan pour promouvoir cet aspect, a rappelé la représentante.

La déléguée a également évoqué le travail de son pays pour renforcer la culture du dialogue et la confiance entre nations.  Elle a salué l’attention accordée par le Secrétaire général au rôle de la jeunesse.  En conclusion, la représentante s’est félicitée du rôle directeur de l’ONU pour assurer un développement constant pour tous.

M. ANGELITO AYONG NAYAN (Philippines) a félicité le Secrétaire général pour son rapport « complet » en soulignant qu’il est toujours centré sur la dignité humaine qui est au centre du travail des Nations Unies.  Il a insisté sur l’importance de la continuité politique, de la cohérence institutionnelle et de l’action collective des Nations Unies.  Le représentant s’est félicité des cinq débats thématiques informels prévus à l’Assemblée générale sur Notre Programme commun, qui commenceront le mois prochain.  Il a espéré que les délégations se verront donner le temps de discuter des modalités des mécanismes du processus de suivi et, plus important encore, pourront parvenir à un consensus sur les questions prioritaires basées sur les 90 propositions figurant dans le rapport.  Il a aussi apprécié l’appel lancé par le Président de l’Assemblée générale pour avoir des consultations franches et constructives sur le programme de revitalisation de l’ONU, afin de donner à l’Assemblée générale tout le pouvoir qu’elle mérite en tant qu’organe délibérant.  Il a conclu en réitérant son soutien aux initiatives du Président de l’Assemblée générale et du Secrétaire général.

M. DINESH SETIA (Inde) a dit croire, comme le Secrétaire général, que des Nations Unies « crédibles et fortes » sont un rempart efficace contre les menaces faites à l’ordre international.  Il s’est dit partisan de la réforme du Secrétariat pour que l’ONU soit à même de mener son activité, parvenir à la parité des sexes, assurer la viabilité financière l’Organisation et faire avancer son programme.  Il a dit que l’Inde continuera d’appuyer la mise en œuvre des initiatives du Secrétaire général, notamment grâce à des contributions volontaires.  Après avoir félicité le Secrétaire général de la façon dont il dirige la réponse de l’ONU à la pandémie, il a toutefois prévenu que celle-ci risque de ramener des millions de personnes dans la pauvreté.  Il a donc a plaidé pour la conception de stratégies efficaces d’élimination de la pauvreté.  Le représentant a aussi fait part de son soutien aux efforts menés pour renforcer le partenariat des Nations Unies avec les pays contributeurs de contingents.  En tant qu’un des grands contributeurs de troupes, l’Inde se félicite des efforts faits pour augmenter le nombre de femmes en uniforme et pour promouvoir l’inclusion des femmes aux processus de paix. 

L’Inde, a poursuivi le représentant, s’emploie à renforcer la solidarité internationale face à la pandémie.  Il a signalé que son pays, qui fournit des médicaments à 150 pays et exporte des vaccins, a l’intention d’en produire davantage.  Il a souligné les « pouvoirs immenses de l’information numérique », qui ont été une clef à la réponse, et a assuré vouloir mieux organiser les campagnes de vaccination.  Sur le chapitre du terrorisme, il a rappelé que les Nations Unies doivent toujours se mettre d’accord sur une définition commune du terrorisme.  « Nous avons échoué en continuant à ne pas nous mettre d’accord sur une convention contre le terrorisme », a déploré le représentant.  Il a poursuivi en rappelant que son pays est un leader dans le domaine de l’action climatique, citant ses capacités en énergies renouvelables et, sur le plan international, les solutions institutionnelles de coopération que son pays a lancées.  Il a cité à cet égard l’Alliance internationale pour le soleil.  Enfin, sur la question de la réforme du Conseil de sécurité, il a émis l’espoir que cette année soit celle qui permette de parvenir à des résultats concrets, qui refléteront les réalités du monde contemporain.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Secrétaire général présente devant l’Assemblée générale ses « cinq priorités urgentes » pour éteindre « cinq foyers d’incendie » en 2022

Soixante-seizième session,
56e séance - matin & après-midi
AG/12401

Le Secrétaire général présente devant l’Assemblée générale ses « cinq priorités urgentes » pour éteindre « cinq foyers d’incendie » en 2022

Dans le contexte d’une pandémie de COVID-19 qui a dominé l’année 2021 et qui représente le plus grand défi d’envergure mondiale à relever collectivement depuis la création de l’ONU, le Secrétaire général António Guterres a présenté aujourd’hui devant l’Assemblée générale son rapport sur l’activité de l’Organisation et ses « cinq priorités urgentes » pour 2022, qui détermineront le sort des peuples et de la planète pour des décennies.

Appelant à « agir au lieu de se lamenter, le Secrétaire général a invité à passer en mode urgence pour: combattre la pandémie de COVID-19; réformer le système financier mondial et assurer une reprise équitable; lutter contre la crise climatique; placer l’humanité au centre du monde numérique et des technologies; et assurer une paix durable.  

« Nous devons éteindre ces cinq foyers d’incendie », a insisté le Secrétaire général en faisant remarquer que ces problèmes découlent des échecs de la gouvernance mondiale, parce que de nombreux cadres multilatéraux actuels ne sont plus adaptés.  Proposant de relever ces défis de gouvernance, il a rappelé que son rapport sur « Notre Programme commun » –qui renforce le Programme 2030 et les objectifs de développement durable– offre une feuille de route pour rassembler le monde, dans la solidarité.  Il a invité à relancer le « multilatéralisme », un appel repris par une grande partie des 25 délégations participant à la séance publique de l’après-midi, après un échange informel dans la matinée.

Plaidant pour gagner la bataille contre la COVID-19 et atteindre l’objectif de vacciner 70% de la population mondiale avant la mi-2022, M. Guterres a appelé à faire beaucoup plus pour préparer notre monde à la prochaine épidémie, en renforçant l’autorité de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).  Alors que les taux de vaccination dans les pays à revenu élevé sont sept fois plus élevés que dans les pays d’Afrique et sachant qu’à ce rythme, l’Afrique n’atteindra pas les 70% avant août 2024, il a réclamé une répartition plus équitable du 1,5 milliard de doses de vaccins produites chaque mois.

Le Président de la soixante-seizième session de l’Assemblée générale, M. Abdallah Shahid, a, justement, souligné la solidarité des États dans ce domaine.  Il s’est félicité qu’un total de 989 millions de doses de vaccin aient déjà été envoyées à 149 pays participants au Mécanisme COVAX.  Parmi les participants à ce débat, beaucoup, dont l’Arménie, ont reconnu la coopération et le soutien du système des Nations Unies dans la mise en route de ce mécanisme pour le déploiement des vaccins dans de nombreux pays.

La nécessité de réformer la finance mondiale, alors qu’elle est « en faillite morale parce qu’elle favorise les riches et pénalise les pauvres » selon les mots du Secrétaire général, a été soulignée par de nombreux intervenants.  Il faut, a résumé M. Guterres, un système fiscal mondial plus équitable, pour partager une partie de la richesse amassée par les milliardaires pendant la pandémie.  Il a également invité à s’attaquer aux flux financiers illicites, qui dérobent plus de 88 milliards de dollars par an rien qu’à l’Afrique.  

En ce qui concerne l’urgence climatique, qui a contraint 30 millions de personnes à fuir leur foyer en 2020, trois fois plus que les personnes déplacées par la guerre et la violence, il a rappelé l’impératif de réduire les émissions mondiales de CO2 de 45% d’ici à 2030.  « Plus aucune nouvelle centrale à charbon, plus aucune expansion de l’exploration pétrolière et gazière », a scandé le Secrétaire général en estimant que l’heure est venue pour une augmentation sans précédent des investissements dans les infrastructures d’énergies renouvelables.  Il a aussi exhorté les pays riches à honorer leur engagement de financer l’action climatique dans les pays en développement (100 milliards de dollars par an), dès 2022.  La Bolivie a rappelé à cet égard les « responsabilités communes, mais différenciées ».   

La perte de biodiversité a également été mentionnée par le Royaume-Uni qui a misé sur la COP15 à Kunming en espérant qu’elle débouchera sur un résultat ambitieux.  L’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), région vulnérable à cause des changements climatiques, a dit pour sa part attendre avec impatience la convocation de la rencontre internationale « Stockholm+50: Une planète saine » qui doit avoir lieu en juin 2022.  

Placer l’humanité au centre du monde numérique a été le quatrième appel du Secrétaire général, soucieux de connecter en toute sécurité les 2,9 milliards de personnes qui sont encore privées d’accès à Internet.  Raccorder les écoles à Internet peut faire augmenter le PIB de 20%, a-t-il argué.  Il n’en a pas cependant oublié la face cachée -les risques d’exploitation des informations personnelles- et il a proposé l’établissement d’un pacte numérique mondial dans le cadre du Sommet sur l’avenir qui se tiendra en 2023.  Il a aussi proposé l’élaboration d’un code de conduite mondial visant à mettre fin à l’infodémie. 

Le dernier appel à l’urgence, mais pas le moindre, a été en faveur d’une paix durable.  Sachant que le monde connaît un nombre de conflits violents sans précédent depuis 1945, coïncidant avec un recul des droits humains, M. Guterres a appelé à revoir sérieusement les priorités et les ressources dans ce domaine et à renforcer les investissements dans la prévention et la consolidation de la paix.  L’Afrique du Sud a salué l’accent mis par le Secrétaire général sur les jeunes, l’importance de l’éducation et le rôle des femmes, pour notamment promouvoir la paix et prévenir les conflits. 

Le Japon, en tant que seul pays à avoir jamais subi des bombardements atomiques, a assuré ne vouloir ménager aucun effort pour parvenir à un résultat significatif vers un monde sans armes nucléaires.  L’Éthiopie, elle, a tenu à rappeler que la situation dans son pays est une affaire intérieure et que les Éthiopiens seront capables de préserver la paix et l’indépendance.  Le Liechtenstein a, pour sa part, dénoncé l’échec du Conseil de sécurité à adopter une résolution sur le climat et la sécurité.

L’Assemblée générale se réunira à nouveau lundi 24 janvier, à 10 heures, pour terminer ce débat.

RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR L’ACTIVITÉ DE L’ORGANISATION (A/76/1)

Exposé du Secrétaire général sur ses priorités pour 2022

M. ABDALLAH SHAHID, Président de la soixante-seizième session de l’Assemblée générale, a rappelé que l’année 2021 a été marquée non seulement par des crises sanitaires et climatiques mais aussi par l’invincibilité de l’esprit humain et par des actes de gentillesse incroyables.   Le Président a également noté l’esprit de collaboration sur de nombreux fronts dans lequel nous envisageons l’année 2022.  M. Shahid a dit que, dans son rapport, le Secrétaire général expose des résultats concrets réalisés par notre Organisation dans les domaines du développement durable, de la sécurité, du développement de l’Afrique, des droits de la personne, de l’aide humanitaire, de la justice, du droit international, du désarmement, de la lutte contre la toxicomanie, de la criminalité, du terrorisme.  J’attends vos idées et vos réflexions sur ce rapport, a lancé le Président à l’Assemblée.

Il a estimé pour sa part que le rapport va dans le droit fil des « cinq lueurs d’espoir » de sa présidence pour ce qui est du relèvement post-COVID-19.  Les États Membres, a-t-il salué, ont contribué à fabriquer et distribuer les vaccins, plus de 989 millions de doses ayant été envoyées à 149 pays participants au Mécanisme COVAX à la date 12 janvier.  Il a aussi noté que l’ONU a permis à cinq millions de personnes de trouver un emploi ou de mieux gagner leur vie dans des pays affectés par des crises, notant aussi que les Nations Unies ont travaillé avec les gouvernements pour améliorer l’inclusion sociale et lutter contre la pauvreté.  L’ONU a assuré l’accès à une énergie propre abordable et fiable à 800 ménages dirigés par des femmes dans 16 pays, a ajouté le Président qui s’est également félicité de voir rétablir 344 millions d’hectares de terre et d’habitation maritime.  S’agissant des droits des personnes, il a fait valoir que l’ONU a aidé plus de 8 000 personnes victimes des formes contemporaines d’esclavage, dans 23 pays.  

En ce qui concerne la revitalisation des Nations Unies, les nouvelles structures de réformes dans le domaine du développement, de la paix, de la sécurité et de la gestion ont facilité une réponse souple et cohérente face à la pandémie, a poursuivi M. Shahid en se félicitant du gain de temps et d’argent.  Il a aussi mentionné la signature de la première déclaration de contrôle interne, qui a donné des garanties aux États Membres que les activités du Secrétariat prévues par les mandats sont réalisées d’une façon efficace et efficiente.

Pour le Président de l’Assemblée générale, ces résultats montrent que, malgré la pandémie, l’espoir existe; les communautés se développent et les sociétés continuent d’aspirer à un monde meilleur.  À ses yeux, le progrès et les résultats sont possibles étant donné la volonté politique des États Membres et le leadership du Secrétaire général, qui construit des ponts et met constamment l’accent sur la nécessité de placer « la dignité humaine au centre de notre travail et de notre bien commun ».  M. Shahid a promis à cet égard la coopération entre son bureau et le Secrétariat de l’ONU.  Il a terminé en annonçant la tenue du premier débat thématique informel pour le 10 et le 11 février. 

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a déclaré que nous n’avons aucune certitude actuellement, avec cette pandémie de COVID-19 qui continue de bouleverser nos vies et nos projets et de frustrer nos espoirs.  « Les inégalités se creusent, l’inflation augmente, la crise climatique, la pollution et la perte de biodiversité se déchaînent, des troubles politiques et des conflits féroces agitent le monde, et la méfiance entre les puissances mondiales atteint son paroxysme », a expliqué M. Guterres avant d’appeler à agir au lieu de se lamenter.

Il a estimé que tous ces problèmes traduisent les échecs de la gouvernance mondiale, parce que de nombreux cadres multilatéraux actuels sont dépassés et ne sont plus adaptés, dans les domaines allant de la santé mondiale au numérique.  Le Secrétaire général a dit vouloir commencer l’année en tirant la sonnette d’alarme dans cinq domaines: COVID-19, finance mondiale, action climatique, anarchie dans le cyberespace, et paix et sécurité.  « Les cinq foyers d’incendie qui brûlent dans le monde exigent que tous les pays se mobilisent pleinement », a-t-il lancé à l’Assemblée générale.  

« Premièrement, nous devons passer en mode d’urgence dans la bataille contre le COVID-19 », a-t-il dit en insistant sur la priorité absolue qui est d’arrêter la propagation du virus partout.  Mais il a prévenu que le virus ne doit pas servir de prétexte pour bafouer les droits humains, réduire l’espace civique et réprimer la liberté de la presse, avant de noter que les gouvernements ont imposé des restrictions disproportionnées qui pénalisent les pays en développement, parlant d’« apartheid du voyage ».  

Appelant à des actions fondées sur la science, le Secrétaire général a martelé que la science est claire et que les vaccins sauvent des vies.   Tout en saluant la stratégie de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour vacciner 70% de la population mondiale avant mi-2022, le Secrétaire général a regretté que nous soyons loin du compte puisque les taux de vaccination dans les pays à revenu élevé sont sept fois plus élevés que dans les pays d’Afrique et qu’à ce rythme, l’Afrique n’atteindra pas les 70% avant août 2024.  

Bien que 1,5 milliard de doses soient produites chaque par mois, le Secrétaire général a fustigé une répartition scandaleusement inégale.  Il a exhorté tous les pays et tous les fabricants à fournir en priorité des vaccins au Mécanisme COVAX, et les sociétés pharmaceutiques à partager plus rapidement les licences, le savoir-faire et la technologie.  Après avoir appelé à lutter contre le fléau de la désinformation sur les vaccins, M. Guterres a appelé à faire beaucoup plus pour préparer notre monde à la prochaine épidémie, en renforçant l’autorité de l’OMS.  

« Deuxièmement, nous devons passer en mode d’urgence pour réformer la finance mondiale », a dit le Secrétaire général en estimant que le système financier mondial est en faillite morale parce qu’il favorise les riches et pénalise les pauvres.  Il a souligné l’échec de ce système à garantir la stabilité, parce que les investissements déséquilibrés conduisent à une reprise déséquilibrée.  Illustrant son propos, M. Guterres a expliqué que les pays à faible revenu ont la croissance la plus lente qu’ils aient connue depuis une génération, sachant qu’en Afrique subsaharienne la croissance économique cumulée pour les cinq prochaines années pourrait être inférieure de 75% à celle du reste du monde.  Si nous n’agissons pas maintenant, a prévenu le Secrétaire général, une inflation record, une flambée des prix de l’énergie et des taux d’intérêt exorbitants pourraient entraîner de fréquents défauts de paiement de la dette en 2022, ce qui aurait des conséquences désastreuses pour les plus pauvres.   

Aux agences de notation, le Secrétaire général a demandé de rendre des comptes et d’agir en toute transparence.  Et il a fustigé le décalage entre l’économie réelle et l’économie financière.  « Depuis le début de la pandémie, je demande que le système financier mondial soit réformé, dans le cadre d’un processus inclusif et transparent, en vue de mieux répondre aux besoins des pays en développement », a-t-il insisté avant d’exhorter les gouvernements à adopter des budgets et des plans nationaux fondés sur les objectifs de développement durable (ODD).  

Il est nécessaire de revoir en profondeur les mécanismes chargés de la gouvernance financière mondiale, qui sont dominés par les économies les plus riches du monde, a-t-il recommandé en conseillant notamment de recourir à des indicateurs financiers autres que le produit intérieur brut, comme la vulnérabilité, le climat et les risques d’investissement.  Pour réformer l’architecture financière mondiale, le Secrétaire général a jugé nécessaire d’établir un cadre opérationnel d’allègement et de restructuration de la dette, ce qui implique de réaffecter les droits de tirage spéciaux aux pays qui ont un besoin urgent d’assistance.  

Cela implique de mettre en place un système fiscal mondial plus équitable, pour partager une partie des milliers de milliards amassés par les milliardaires pendant la pandémie, et de s’attaquer aux flux financiers illicites, qui dérobent plus de 88 milliards de dollars par an rien qu’à l’Afrique.  M. Guterres a annoncé qu’il continuera d’insister en 2022 pour que ces réformes fondamentales voient le jour, et qu’il fera appel au pouvoir de mobilisation de l’ONU afin de stimuler l’investissement en faveur des ODD.   

« Troisièmement, nous devons passer en mode “urgence” pour faire face à la crise climatique », a dit le Secrétaire général en expliquant que la bataille pour l’objectif de 1,5 degré sera gagnée ou perdue au cours de cette décennie.  Il a indiqué que la planète s’est déjà réchauffée d’environ 1,2 degré avec des conséquences dévastatrices, et que les chocs climatiques ont contraint 30 millions de personnes à fuir leur foyer en 2020.  « C’est trois fois plus que les personnes déplacées par la guerre et la violence. »   

« Si nous voulons atteindre la neutralité carbone au milieu du siècle, nous devons réduire les émissions mondiales de 45% d’ici à 2030 », a-t-il prévenu, regrettant que ces émissions soient au contraire prévues à la hausse -de près de 14%- au cours de cette décennie, au regard des engagements actuels.  « Plus aucune nouvelle centrale à charbon, plus aucune expansion de l’exploration pétrolière et gazière »! a scandé le Secrétaire général en estimant que l’heure est venue pour une augmentation sans précédent des investissements dans les infrastructures d’énergies renouvelables, qui doivent tripler et atteindre 5 000 milliards de dollars par an d’ici à 2030.  Il a aussi exhorté les pays riches à honorer leur engagement de financer l’action climatique dans les pays en développement à hauteur de 100 milliards de dollars par an, et ceci dès 2022.   

L’engagement pris à Glasgow de doubler le financement de l’adaptation –par rapport à son niveau de départ de 20 milliards de dollars– est une priorité urgente et constitue un premier pas important, mais même dans ce cadre nous serons loin derrière, a-t-il mis en garde.  Il a misé sur la COP27 en Égypte ainsi que les conférences à venir sur la biodiversité et les océans, d’autres occasions importantes de protéger notre planète.

Il a insisté sur l’urgence d’une meilleure gouvernance mondiale pour rétablir l’équité, sauver les ODD et respecter l’engagement que nous avons pris de défendre les droits égaux et inaliénables de tous les membres de la famille humaine.  

En quatrième point, le Secrétaire général a appelé à passer en mode d’urgence pour mettre l’humain au cœur de la technologie, un enjeu qui échappe presque totalement à la gouvernance mondiale.  « Nous devrions être les maîtres de la technologie et non ses esclaves », a-t-il dit avant de s’inquiéter d’un chaos qui envahit l’espace numérique et profite aux forces les plus destructrices en privant les gens ordinaires d’opportunités.  « Dans les pays où l’accès à une connexion haut débit est limité, le simple fait de raccorder les écoles à Internet peut faire augmenter le PIB de 20% », a alerté le Secrétaire général avant d’appeler à connecter en toute sécurité les 2,9 milliards de personnes qui sont encore privées d’accès à Internet.  Il a dit que le Sommet 2022 sur la transformation de l’éducation sera l’occasion de réduire la fracture numérique et de garantir des services Internet abordables, sûrs et sécurisés pour toutes et tous.  

M. Guterres s’est aussi inquiété des risques liés à l’exploitation de nos informations personnelles pour nous contrôler ou nous manipuler, pour nous priver de notre liberté de choix sans même que nous le sachions.  Pour remédier à ces problèmes, il a proposé l’établissement d’un Pacte numérique mondial dans le cadre du Sommet sur l’avenir qui se tiendra en 2023 et proposé l’élaboration d’un code de conduite mondial visant à mettre fin à l’infodémie et à la guerre menée contre la science, et à promouvoir l’intégrité de l’information publique, notamment en ligne.  Il a exhorté les États Membres à accélérer leurs efforts en vue d’interdire les armes létales autonomes et à commencer à réfléchir à l’établissement de cadres de gouvernance applicables aux biotechnologies et aux neurotechnologies.    

En cinquième point, le Secrétaire général a appelé à passer en mode « urgence » pour apporter la paix à un monde où elle se fait rare en notant que le nombre de conflits violents qui ont cours dans le monde est sans précédent depuis 1945 et que le recul des droits humains se poursuit.  Alors que la crise climatique alimente les conflits et exacerbe les crises humanitaires et que le terrorisme reste une menace constante, déstabilisant les pays les plus fragiles du monde, le Secrétaire général a assuré que la prévention des conflits est au centre de son projet de Nouvel agenda pour la paix.  Nous persévérerons dans nos efforts afin de prévenir les conflits, protéger les civils et consolider la paix, des Balkans occidentaux au Caucase, de la République centrafricaine à Chypre et à la République démocratique du Congo, de l’Iraq à la péninsule coréenne et au Liban, du Mozambique à la Somalie, du Soudan du Sud au Venezuela et au Sahara occidental, et partout ailleurs.   

« Ce monde est trop petit pour autant de points chauds », a-t-il prévenu avant d’appeler de ses vœux un Conseil de sécurité uni, pleinement engagé dans la résolution de ces problèmes.  Il a aussi demandé de renforcer les investissements dans la prévention et la consolidation de la paix.  

En conclusion, le Secrétaire général a indiqué que son rapport sur Notre Programme commun –qui renforce le Programme 2030 et les ODD– propose une feuille de route pour rassembler le monde, dans la solidarité, afin de relever ces défis de gouvernance et relancer le multilatéralisme pour le XXIe siècle.  « Ensemble, faisons de 2022 l’année qui verra l’avènement d’une nouvelle voie, plus porteuse d’espoir, plus équitable. »  

Débat

M. SOVANN KE (Cambodge), qui s’exprimait au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a assuré que l’ASEAN continuera à travailler en étroite collaboration avec le Secrétaire général et tous les États Membres pour soutenir une relance globale et multisectorielle, dans le contexte des efforts visant à réaliser le Programme 2030.  Au milieu de la crise sanitaire mondiale actuelle, il a plaidé pour une réponse efficace, pour le renforcement du multilatéralisme vaccinal et pour l’accélération de la production des vaccins contre la COVID-19 ainsi que leur distribution équitable.  À ce stade, l’ASEAN va continuer à mettre en œuvre son cadre de relance global, qui sert de stratégie de sortie de la pandémie consolidée pour la région, a expliqué le représentant.  Alors que l’ASEAN soutient constamment le travail des Nations Unies dans la promotion d’une croissance économique soutenue et du développement durable, M. Ke a précisé que l’Association cherche à rendre tangible les avantages pour les peuples à travers l’ensemble de la région, sans laisser personne de côté.  Au titre des actions concrètes, il a parlé de l’initiative de complémentarité entre la Communauté de l’ASEAN Vision 2025 et le Programme 2030 de l’ONU.  Il a aussi mentionné le plan régional global et le partenariat économique pour une région hautement compétitive et intégrée, qui optimise l’utilisation des accords de libre-échange régionaux. 

Au chapitre « paix et sécurité », il a soutenu l’appel lancé par le Secrétaire général à un cessez-le-feu pendant la crise de COVID-19 et assuré que l’ASEAN soutient la cause de la paix et de la sécurité.  Il a réitéré son soutien pour les efforts en faveur de la sécurité des forces de maintien de la paix.  Pour ce qui est de la lutte contre les changements climatiques, le représentant a indiqué que l’ASEAN ne manquera jamais à son engagement de mettre en œuvre l’Accord de Paris, en tenant compte des circonstances nationales différentes.  L’ASEAN est une région vulnérable à cause des changements climatiques, a-t-il souligné avant de dire attendre avec impatience la convocation de la rencontre internationale « Stockholm+50: Une planète saine » qui doit avoir lieu en juin 2022.  Avant de conclure, le représentant a salué l’adoption par consensus de la résolution procédurale sur le rapport « Notre Programme commun » et a dit que l’ASEAN se tient prête à participer aux consultations constructives.

M. AMIR HAMZAH BIN MOHD NASIR (Malaisie) a souligné que la riposte à la pandémie de COVID-19, le maintien de l’ordre et de la sécurité internationale, la lutte contre les changements climatiques et la promotion des droits humains exigent des efforts collectifs et la solidarité.  Le rapport du Secrétaire général nous rappelle que le multilatéralisme est aujourd’hui plus indispensable que jamais, a-t-il relevé, assurant que son pays continuera de faire sa part pour préserver le multilatéralisme ainsi que la primauté et la crédibilité de l’ONU.  À l’instar du Secrétaire général, le représentant s’est inquiété de la persistance des divisions entre les principales puissances et des fragmentations au sein des États, insistant sur l’importance d’instaurer un cessez-le-feu mondial et de s’abstenir de prendre des mesures provocatrices susceptibles d’attiser les tensions.  Il a salué l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires en janvier 2021, et a encouragé les États qui n’en sont par partie à accélérer leur ratification ou adhésion.

M. Mohd Nasir a par ailleurs appelé à placer les droits humains au centre des plans de réponse socioéconomique à la pandémie, précisant que la Malaisie s’est engagée à faire avancer le droit à la santé et aux soins pour les groupes marginalisés et vulnérables.  Il a également réclamé un accès abordable, accessible et équitable aux vaccins contre la COVID-19.  Une action urgente et collective s’impose par ailleurs pour faire face aux défis des changements climatiques, notamment ceux auxquels doivent faire face les pays les moins développés, les petits états insulaires en développement et les pays à revenu intermédiaire, a-t-il ajouté, soulignant en outre le rôle de chef de file qui revient aux pays développés en matière d’aide financière et de transfert de technologies.  Insistant en outre sur l’importance pour le Secrétariat de disposer de ressources adéquates, il a appelé les États Membres à honorer leurs obligations financières.

M. YASEEN LAGARDIEN (Afrique du sud) a regretté le fait que malgré l’optimisme suscité par le déploiement des vaccins, le monde reste confronté au défi de la pandémie de COVID-19.  Ne laisser personne de côté dans la distribution équitable des vaccins est une question de la plus haute importance, a souligné le représentant en plaidant pour un multilatéralisme revigoré, fondé sur l’idée fondamentale qu’aucun pays ne peut résoudre tout seul les problèmes du monde d’aujourd’hui.  Il a aussi souligné l’importance de la coopération internationale et de la solidarité face aux intérêts nationaux.  M. Lagardien a estimé que le rapport du Secrétaire général rappelle l’importance de la confiance en tant qu’ingrédient vital pour une gouvernance qui répond aux besoins des populations. 

L’ONU a été créée, entre autres, pour sauver les générations suivantes du fléau de la guerre, a-t-il ajouté appelant à des investissements dans la prévention et la consolidation de la paix.  Il faut réaffirmer notre engagement en faveur du désarmement nucléaire et de la non-prolifération, et mettre un terme aux tendances à la modernisation des armes de destruction massive, a-t-il réclamé.  Il a soutenu le renforcement des partenariats, notamment en renouvelant les synergies entre les priorités régionales telles que l’Agenda 2063 de l’Afrique et le Programme 2030.  Il a salué l’accent mis par le Secrétaire général sur les jeunes, l’importance de l’éducation, et le rôle des femmes pour promouvoir la paix et prévenir les conflits, le développement durable, les droits de l’homme et la protection de notre planète.  Le délégué a fait part de son impatience d’insuffler un nouveau souffle aux négociations intergouvernementales sur la réforme du Conseil de sécurité de l’ONU, poursuivre les efforts de revitalisation des travaux de l’Assemblée générale, renforcer le Conseil économique et social, et faire revivre l’architecture de consolidation de la paix.  

M. KIMIHIRO ISHIKANE (Japon) a estimé que l’ONU a besoin d’efforts supplémentaires pour communiquer ses priorités.  Il a abordé six domaines dans lesquels le Japon a l’intention de travailler en étroite collaboration avec l’Organisation tout au long de cette année, le premier étant la santé mondiale.  Le Japon continuera de soutenir les efforts de diffusion des vaccins contre la COVID-19 et de diriger l’effort international visant à parvenir à la couverture sanitaire universelle en vue de la Réunion de haut niveau sur ce sujet en 2023, a ajouté le représentant.  S’agissant du Programme 2030, M. Ishikane a invité à ne pas perdre de temps pour atteindre les 17 objectifs et 169 cibles des ODD.  Il s’est félicité de la référence spéciale au développement de l’Afrique dans le rapport du Secrétaire général et, en vue de la huitième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique cette année, s’est réjoui de travailler en étroite collaboration avec les coorganisateurs.  Le Japon, a ajouté le représentant, reste déterminé à traduire ses engagements climatiques pris lors de la COP26 en mesures concrètes, soutenant les efforts de décarbonisation et d’adaptation dans le monde entier.  Le Japon travaillera en étroite collaboration avec l’ONU pour accélérer la mise en œuvre du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe en vue de son examen à mi-parcours en 2023. 

Au chapitre « paix et sécurité », il s’est inquiété des tirs répétés de missiles balistiques effectués ces dernières semaines par la Corée du Nord, en violation flagrante des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, et a dit vouloir travailler en étroite collaboration avec l’ONU pour atteindre l’objectif de parvenir à un démantèlement complet, vérifiable et irréversible des armes de destruction massive et des missiles balistiques de toutes les portées de la Corée du Nord.  En tant que membre actif de la Commission de consolidation de la paix, le Japon engagera de nouvelles discussions pour maintenir la paix en mettant l’accent sur la promotion des institutions et le renforcement des capacités, a-t-il poursuivi.  Nous continuerons de contribuer au renforcement des capacités des opérations de maintien de la paix par le biais du Programme de partenariat triangulaire, a-t-il ajouté en espérant que la dixième Conférence d’examen du TNP aura lieu le plus rapidement possible.  « En tant que seul pays à avoir jamais subi des bombardements atomiques, le Japon ne ménagera aucun effort pour parvenir à un résultat significatif et demander à tous les États parties de contribuer à l’objectif commun de réaliser un monde sans armes nucléaires. » 

Le représentant a ensuite plaidé pour le respect des valeurs universelles, telles que les droits de l’homme, la liberté, la démocratie et l’état de droit.  Le Japon, a-t-il dit, soutiendra les travaux de l’ONU visant à aider les États Membres à renforcer leur capacité à défendre ces valeurs universelles, dont l’égalité des sexes, un domaine prioritaire.  Le représentant a aussi demandé d’investir davantage pour la sécurité humaine.  Enfin, il a demandé que soit mise en place la réforme du Conseil de sécurité: « c’est maintenant ou jamais ».  Il a espéré que le Secrétaire général pourrait tirer parti de l’élan pris pour réaliser des progrès tangibles d’ici à la fin de la présente session. 

Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) a souligné que face à la COVID-19, une vaccination sûre et effective peut renforcer les systèmes de santé, estimant en outre que la préparation internationale aux futures pandémies doit rester une priorité.  Elle a partagé les préoccupations énoncées dans « Notre Programme commun » et a par ailleurs appelé à intégrer le pilier des droits humains aux piliers développement et paix et sécurité de la plateforme de prévention du Secrétaire général.  La représentante a fait savoir que l’Albanie a adopté une déclaration d’engagement à faire du Programme pour les femmes et la paix et la sécurité une priorité durant sa présidence du Conseil de sécurité.  Nous appuyons aussi toutes les propositions favorables aux jeunes, a-t-elle ajouté, précisant que l’Albanie a une des populations les plus jeunes d’Europe.

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a exprimé son plein soutien au Secrétaire général et salué le nouveau format « innovant, très lisible, clair et bien structuré » de son rapport.  Exprimant le soutien concret que la Suisse apporte aux priorités du Secrétaire général, elle a signalé que son pays a contribué avec plus d’un milliard au redressement de la COVID-19 et qu’il continue de s’engager en faveur des pays les plus touchés pour surmonter les impacts négatifs de la pandémie.  La Suisse soutient aussi les efforts de lutte contre les changements climatiques sous tous ses aspects, a poursuivi la représentante en mentionnant une feuille de route claire pour une sortie durable de la crise actuelle.  Elle a dit être convaincue qu’il est plus important que jamais de se reconcentrer sur le Programme 2030, en s’appuyant sur la digitalisation et l’évolution rapide des technologies.  La Suisse s’engagera activement dans le processus de « Notre Programme commun », a-t-elle ajouté.  Concernant la paix et la sécurité ainsi que les droits humains, elle a dit combien bâtir la paix de manière durable continuera à être au centre de l’engagement international de son pays et encore plus en vue de sa candidature pour le Conseil de sécurité en 2023-2024. 

La représentante s’est dite également honorée de pouvoir offrir -avec la Genève internationale– une plateforme de dialogue à la communauté internationale.  Les priorités traditionnelles de son pays demeurent le respect du droit international humanitaire, la prévention des conflits et la consolidation de la paix – en impliquant femmes et hommes de façon égalitaire.  La Suisse entend contribuer avec son expertise aux discussions sur un « nouvel agenda pour la paix », a-t-elle ajouté avant de féliciter le Secrétaire général pour les efforts déployés au travers de l’Appel à l’action en faveur des droits de l’homme, dont sept domaines spécifiques sont représentés au sein du programme commun.  Nous continuerons à nous engager pour que les droits de l’homme restent au centre du travail de l’ONU, a-t-elle aussi assuré avant de rappeler l’importance d’écouter les jeunes pour prendre leurs soucis et idées au sérieux et ainsi investir dans l’avenir du multilatéralisme.

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a déclaré que l’ONU est confrontée à trois principaux défis, à savoir la riposte à la pandémie, le relèvement durable et le renouvellement du multilatéralisme.  En ce qui concerne la COVID-19, il a appelé à redoubler d’efforts pour parvenir à une vaccination mondiale équitable, renforcer les systèmes de santé et prendre des mesures en vue d’un accord mondial pour prévenir de futures pandémies. 

S’agissant du climat, et dans la perspective de la COP27, il a appelé à maintenir l’élan en matière d’atténuation et accélérer l’action internationale en matière de financement et d’adaptation qui demeurent critiques pour de nombreux pays vulnérables au climat.  Il a également fait part de l’engagement de son gouvernement à inverser la perte de biodiversité, et espéré que la COP15 à Kunming débouchera sur un résultat ambitieux.  Le représentant a par ailleurs souligné que les femmes et les filles doivent être à l’avant-garde de la reprise mondiale.

M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a déclaré que les réponses aux crises mondiales les plus urgentes, la pandémie en premier lieu, doivent être fondées sur la solidarité internationale, sous-tendue par une perspective des droits humains et guidée par un engagement à réduire les inégalités.  Malheureusement, la pandémie a démontré que nous allons dans la mauvaise direction dans certains domaines clefs, a déploré M. Wenaweser, évoquant notamment l’incapacité d’assurer une distribution mondiale équitable des vaccins.  Il s’est félicité des efforts en cours pour assurer la continuité des activités au Siège de l’ONU malgré la situation volatile liée à la COVID-19 et a souhaité voir à l’avenir, un accès sûr de la société civile aux locaux de l’ONU qui, a-t-il ajouté, doit accroître la participation significative de la société civile à ses travaux.

Poursuivant, M. Wenaweser a appelé à considérer les ODD de manière holistique, plutôt que d’adopter une approche fragmentaire dans leur mise en œuvre, afin de pouvoir exploiter tout leur potentiel.  Il s’est inquiété du manque de confiance dans les institutions nationales, notant que celle-ci ne pourra être rétablie qu’en renforçant la participation et la reddition de comptes, « ce qui est souvent laborieux et nécessite un effort collectif de taille ».  Le représentant a ensuite dénoncé l’échec du Conseil de sécurité à adopter une résolution sur le climat et la sécurité et souligné que l’Assemblée générale a le mandat et la responsabilité de s’occuper des questions de paix et de sécurité lorsque le Conseil de sécurité s’en montre incapable.

M. OSAMA MAHMOUD ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte) a déclaré que la riposte à la COVID-19 nécessite de renouveler le multilatéralisme.  La lutte contre la pauvreté et le maintien de la paix et de la stabilité nécessitent aussi de renforcer la coopération internationale.  Il a appelé à assurer la disponibilité et la distribution équitable de vaccins dans tous les pays du monde, insistant en outre sur l’importance du transfert de cette technologie aux pays en voie de développement.  Il a indiqué qu’en sa capacité de pays hôte de la COP27, l’Égypte travaille en étroite collaboration avec le Royaume-Uni pour maintenir l’élan de la Conférence de Glasgow, notamment en matière de mise en œuvre des mesures d’atténuation et d’adaptation.  

S’agissant des droits humains, M. Mahmoud a noté que la pandémie de COVID-19 a accentué la vulnérabilité des droits économiques et au développement et à la santé, ainsi que la ségrégation raciale, la désinformation, les discours de haine et l’extrémisme.  M. Mahmoud a aussi souligné l’importance de la Conférence sur la création au Moyen-Orient d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive.

M. DIEGO PARY RODRÍGUEZ (Bolivie) a jugé impératif, en période de pandémie, d’œuvrer à la libération des brevets et de lever d’autres restrictions afin d’assurer un accès équitable aux médicaments et notamment aux vaccins.  Il a estimé que la vie et la santé ne peuvent continuer à être des instruments de profit.  Le représentant s’est particulièrement inquiété des conséquences des changements climatiques qui exacerbent la pauvreté et les inégalités en affectant le rendement des cultures et la disponibilité des ressources en eau et en nourriture.  « Nous sommes convaincus que si nous voulons sauver notre Terre Mère et augmenter la résilience de communautés, nous devons travailler pour renforcer la mise en œuvre de la Convention et de l’Accord de Paris, et non réinterpréter leur contenu ou affaiblir les accords déjà atteints », a déclaré le représentant en appelant à assurer la mise en œuvre complète et effective des principes d’équité et de responsabilités communes, mais différenciées.  

M. Pary Rodríguez a souligné que les populations vulnérables, dont les femmes, les filles et les populations autochtones, ont été touchées de manière disproportionnée par la crise sanitaire et humanitaire et ses graves effets économiques et sociaux.  Par conséquent, il a mis l’accent sur l’urgence de créer des systèmes solides de protection sociale et de santé, en particulier pour garantir le droit à l’éducation.   Enfin, le délégué s’est dit conscient que la Décennie d’action est de nature à nous permettre d’atteindre les objectifs de développement durable à travers une stratégie réaliste.  Avant de conclure, il a appelé l’ONU à mettre l’accent sur l’investissement dans les industries vertes et durables, sur la réduction des inégalités et de l’exclusion, sur la promotion de l’égalité entre les genres et sur la prévention des conflits.

M. ANDREAS HADJICHRYSANTHOU (Chypre) s’est inquiété du creusement du clivage entre l’Est et l’Ouest, alertant du risque de voir émerger un système mondial fragmenté.  La polarisation géopolitique illustre à quel point la règle du plus fort n’a pas été atténuée par une approche coopérative au niveau mondial, a estimé le représentant pour qui le multilatéralisme demeure néanmoins le meilleur cadre pour un système international de sécurité collective.  Le représentant a ensuite espéré que le Secrétaire général sera en mesure de nommer dès que possible un envoyé pour faciliter la reprise du processus de paix à Chypre.

Alertant du « gouffre dangereux » que crée la concentration des richesses entre les mains de quelques-uns, M. Hadjichrysanthou a appelé à concevoir davantage et de meilleurs égaliseurs, appelant notamment à tenir compte de la situation des femmes.  Il s’est inquiété des menaces que font peser les changements climatiques sur la paix et la sécurité, relevant que l’incapacité à partager le fardeau des flux migratoires soulève des questions quant à la manière dont les déplacements massifs de personnes dus aux changements climatiques sera traitée.

Le délégué a par ailleurs recommandé de synchroniser l’énoncé des priorités, la publication du rapport sur l’activité de l’Organisation et les discussions sur l’état de l’Organisation au début de chaque année civile.  Il a aussi conseillé de décaler les sessions de l’Assemblée générale pour qu’elles coïncident avec les années civiles, « afin de discuter où nous en sommes et où nous voulons aller au début de la session et faire le point pendant la semaine de haut niveau vers la fin de la session ».

Mme MARÍA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine) a salué le travail fait par l’ONU pendant l’année écoulée en dépit de la crise sanitaire liée à la pandémie.  Elle a appelé à renforcer les engagements envers le multilatéralisme et à assurer un accès équitable pour tous aux vaccins contre la COVID-19.  Une bonne partie des pays à revenu faible et intermédiaire ont été plus vulnérables aux impacts de la pandémie et cherchent toujours un équilibre, a-t-elle fait remarquer, notant que leur surendettement les empêche d’avancer dans la réalisation du Programme 2030.  La représentante a salué le fait que le Secrétaire général ait mis les droits humains au cœur de son action et a fait savoir que l’Argentine attache une attention particulière au respect des droits des femmes, passant en revue les différentes enceintes internationales dans lesquelles elle œuvre en ce sens.  Après avoir appelé la communauté internationale à lutter contre le creusement des inégalités, la représentante a regretté le report, du fait de la pandémie, de la Conférence d’examen des parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et a demandé au Secrétariat de faire son possible pour qu’elle puisse avoir lieu en 2022.

M. CRISTIAN ESPINOSA CAÑIZARES (Équateur) a indiqué qu’un grand nombre des priorités du Secrétaire général coïncide avec la politique étrangère du Président Guillermo Lasso, citant notamment la riposte à la pandémie de COVID-19.  Ces efforts devraient être renouvelés pour éradiquer la pauvreté, les inégalités, les changements climatiques, renforcer les droits humains, la paix et la sécurité internationales.  Si le Programme 2030 n’est pas atteint, ce sera une nouvelle déception pour le multilatéralisme, a prévenu le représentant.  

Après avoir informé que l’Équateur est candidat au Conseil de sécurité pour la période 2022-2023, le représentant a appelé à une meilleure coopération pour lutter contre la criminalité organisée, le terrorisme et le trafic de stupéfiants au niveau international.  S’agissant des changements climatiques et de la biodiversité, les efforts d’adaptation et d’atténuation doivent être renforcés, à commencer par l’élimination des subventions des énergies fossiles et l’investissement dans les énergies renouvelables.  Il faut aussi respecter le principe de la responsabilité commune, mais différenciée, a-t-il ajouté, appelant les pays développés à tenir leurs engagements, notamment en matière de financement, de création de capacités et de transfert de technologies vers les pays en développement.  Il faut en outre prêter davantage attention à la question des vulnérabilités spécifiques des pays à revenus intermédiaires et inférieurs, notamment grâce au recours à l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle.  

M. MD MONWAR HOSSAIN (Bangladesh) a déclaré que la variante omicron a porté un terrible coup aux efforts de reconstruction mais aussi à la réalisation des ODD.  Il a appelé à réduire le « terrible fossé » de l’accès vaccinal en garantissant à tous un accès abordable aux vaccins partout dans le monde.  L’objectif de vacciner 70% de la population mondiale d’ici à la mi-2022 doit être une priorité absolue, a-t-il affirmé.  Alors que la moitié des étudiants et élèves du monde sont touchés par des fermetures partielles ou totales des écoles, le représentant a souligné les difficultés des pays en développement, notamment les pays les moins avancés (PMA) à disposer des technologies nécessaires à l’éducation en ligne.  C’est pourquoi l’éducation en ligne doit être considérée comme un bien public, a-t-il affirmé, invitant ensuit à assurer le succès de la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés.  Enfin, rappelant que son pays a accueilli un million de Rohingya qui ont fui le Myanmar, le représentant du Bangladesh s’est inquiété de l’absence de progrès dans cette crise.

M. PAHALA RALLAGE SANATHANA SUGEESHWARA GUNARATNA (Sri Lanka) a relevé que la sécurisation de la santé publique oriente les réponses politiques vers des solutions militaires, des quarantaines et des contrôles aux frontières qui ne sont pas propices à la fourniture de réponses durables à la santé des communautés et a appelé à identifier une politique de santé mondiale qui ait la capacité de répondre à ces préoccupations.  Il a salué la création et l’opérationnalisation de l’Accélérateur ACT et du Mécanisme COVAX, soulignant que l’équité vaccinale est essentielle pour surmonter la pandémie.  Il a appelé à promouvoir une croissance et un développement économiques durables grâce à des partenariats et à la coopération. 

Le représentant a également appelé à doter le pilier développement de ressources suffisantes provenant du budget ordinaire de l’ONU, sans aucune réserve, à intensifier les efforts de financement du développement et à tenir compte des défis spécifiques de chaque pays.  Des ressources doivent en outre être mises à disposition pour appuyer les efforts de relance, en particulier dans les secteurs les plus durement touchés, tels que le tourisme.  Partisan d’un relèvement « plus vert et plus propre », M. Gunaratna a également estimé que les changements climatiques doivent être considérés comme une question liée aux droits humains.

M. MHER MARGARYAN (Arménie) a salué d’emblée la coopération et le soutien du système des Nations Unies pour le développement dans la mise en route du Mécanisme COVAX pour assurer le déploiement des vaccins dans de nombreux pays, dont l’Arménie.  Un multilatéralisme efficace et responsable avec l’ONU en son centre est crucial pour répondre aux aspirations des peuples à reconstruire un monde meilleur, a-t-il affirmé, ajoutant que le Programme 2030 reste un cadre global pour y parvenir mais qu’il faut redoubler d’efforts dans la réalisation des objectifs de développement durable.  

Concernant le maintien de la paix et de la sécurité internationales, l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu mondial immédiat était une initiative cruciale pour permettre l’accès et l’assistance humanitaires aux plus vulnérables, a-t-il rappelé, en citant particulier ceux qui sont piégés dans des conflits et des crises.  Malheureusement, a déclaré le représentant, l’appui écrasant de la communauté internationale à cette initiative opportune ne s’est pas traduit par la cessation des hostilités aux quatre coins du monde.  Au contraire, a-t-il poursuivi, dans notre région, nous avons été confrontés à une agression brutale contre le Haut-Karabakh à l’automne 2020, qui a dévasté des communautés entières, provoquant de nombreux morts, des milliers de déplacés, la destruction d’infrastructures cruciales et une crise humanitaire majeure.  Le délégué a déploré que l’obstruction et la politisation de l’accès humanitaire au Haut-Karabakh aient jusqu’à présent empêché la fourniture d’une assistance complète des Nations Unies aux personnes touchées.

Alors que la pandémie a exacerbé les divisions, les tensions et les inégalités structurelles, entraînant la montée des discours de haine, de la xénophobie, des violations des droits humains et des conflits, le représentant a noté que, parmi les nouvelles tendances, figurent la déformation et la manipulation du droit international pour justifier l’usage brutal de la force, les crimes et atrocités motivés par la haine de l’identité, l’emploi de terroristes et de mercenaires pour supprimer le droit inaliénable à l’autodétermination et les tentatives d’isolement des populations déchirées par la guerre.  Les défis au multilatéralisme soulignent l’importance du rôle renforcé de l’ONU en tant que gardienne du droit international et de ses valeurs fondamentales, a-t-il souligné.  Saluant le nouvel Agenda pour la paix du Secrétaire général, qui met fortement l’accent sur la prévention, il a noté qu’il met aussi en évidence le rôle des accords régionaux.  Dans ce contexte, il a dit apprécier le soutien constant du Secrétaire général et de l’ONU au rôle central du format mandaté au niveau international par le Groupe de Minsk de l’OSCE dans la promotion d’un règlement global et durable du conflit du Haut-Karabakh.

M. MOHAMMAD KURNIADI KOBA (Indonésie) a remercié le Secrétaire général pour avoir guidé l’ONU dans les périodes les plus troubles de son histoire et alors que le monde était aux prises avec la récession, la pandémie, la crise humanitaire, les changements climatiques et les crises politiques.  Prenant note du rapport de M. Guterres, le représentant a dit qu’en 2022, il faut mettre l’accent sur la transition durable et le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Il a ajouté en outre que l’Indonésie est attachée à la sûreté des Casques bleus qui travaillent dans des circonstances de plus en plus difficiles.

La préparation aux risques de catastrophes figure aussi sur la liste des priorités de l’Indonésie, a annoncé M. Koba annonçant la tenue en mai 2022 du Forum pour la réduction des risques de catastrophe dans son pays dont le thème est la gestion des risques et la résilience pour le développement durable.  Le représentant a, par ailleurs, réitéré son appui à la cause palestinienne et réaffirmé le droit inaliénable des Palestiniens à exercer leur droit à l’autodétermination. 

M. FERNANDO DE LA MORA SALCEDO (Mexique) a regretté les pratiques de certaines industries pharmaceutiques qui privilégient l’appât du gain à la vie humaine.  Il a estimé que la réussite d’un nouveau programme de la paix exige une prise de conscience de l’impact des changements climatiques, du manque d’état de droit et de l’abus des droits humains sur les causes des conflits.  Alors que la pandémie de COVID-19 a fait plonger 124 millions de personnes dans la pauvreté, le représentant a exhorté l’ONU à entendre les attentes des populations les plus vulnérables. 

S’agissant de la promotion de la parité entre les genres, il a cité en exemple Le Forum Génération Égalité lancé à Mexico en mars 2021, un rassemblement mondial intergénérationnel et intersectoriel pour l’égalité entre les femmes et les hommes, organisé par ONU-Femmes et coprésidé par les Gouvernements du Mexique et de la France, en partenariat avec la société civile.  Il a expliqué que ce forum a su recenser les attentes des intéressées et mobiliser 40 millions de dollars en faveur des femmes et des filles.  « L’ONU peut faire mieux », a dit le représentant du Mexique en estimant que la promotion d’un multilatéralisme plus effectif est le meilleur moyen de répondre aux besoins des plus démunis.  

M. BASSAM SABBAGH (République arabe syrienne) a appelé à tirer les leçons de la pandémie afin de constituer un pilier politique pour préparer la communauté internationale à mieux gérer de futures catastrophes sanitaires.  Il a regretté que le rapport du Secrétaire général omette de signaler le rôle des mesures unilatérales imposées par certains États Membres et leurs répercussions sur le développement et les services de base dans les pays visés.  En Syrie, il est impératif de lever le blocus économique « injuste » imposé par les États-Unis et l’Union européenne, a exigé le représentant en expliquant que cela entrave le relèvement rapide du conflit, le développement et la garantie d’un retour en toute sécurité des réfugiés syriens.  Il a également dénoncé les atteintes à la souveraineté nationale et à l’intégrité territoriale qui visent à semer le chaos, pointant notamment la situation dans le Golan syrien occupé par Israël, ou encore par la présence illégale des forces d’occupation américaine et turque en Syrie.

Notant que le rapport du Secrétaire général fait également référence aux questions de crime organisé et de terrorisme en citant de nombreux foyers de terrorisme dans le monde, le représentant s’est dit surpris qu’il n’y soit pas fait mention des organisations terroristes toujours présentes au Moyen-Orient et en Syrie, notamment Daech, le Front el-Nosra et d’autres.  Le représentant a également appelé à traiter du problème des combattants terroristes étrangers et de leurs familles, en particulier ceux qui se trouvent actuellement dans le camp de Hol en Syrie.  

M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a prévenu de la possibilité d’un génocide à l’encontre des musulmans dans la région de Jammu-et-Cachemire, dénonçant les « tentatives flagrantes » de l’Inde d’imposer un « régime extrémiste » qui appelle la « solution finale ».  La tentative d’annexion, par l’Inde, du Jammu-et-Cachemire occupé et de le transformer en un territoire à majorité hindoue est une grave violation de la Charte des Nations Unies et des résolutions du Conseil de sécurité, a accusé le représentant qui a ensuite indiqué que ce jour marque l’anniversaire du massacre de Gaw Kadal du 21 janvier 1990 au cours duquel les forces d’occupation indiennes ont massacré brutalement au moins 52 manifestants pacifiques.  

Cette année encore, a-t-il poursuivi, des centaines de Cachemiris ont été tués, des milliers de garçons ont été enlevés et certains d’entre eux torturés, et des villages et quartiers entiers ont été brûlés en guise de punition collective.  Mais le monde commence à prêter attention, a-t-il affirmé, se félicitant notamment des travaux du tribunal Russell sur le Cachemire, le mois dernier à Sarajevo.  La « dispute » du Jammu-et-Cachemire doit être résolue d’urgence, a-t-il insisté, exhortant le Conseil de sécurité et le Secrétaire général à promouvoir une résolution pacifique du conflit.  Le représentant a ensuite dénoncé la campagne Hindutva qui, selon lui, appelle au génocide des musulmans en Inde et a appelé le Secrétaire général à prendre des mesures décisives pour prévenir ce danger et lutter contre l’islamophobie.

M. PAVEL EVSEENKO (Bélarus) s’est félicité de l’action rapide prise par les Nations Unies dans les domaines sanitaire, humanitaire et socioéconomique grâce à la mobilisation constante de ressources pour trouver les moyens de se remettre de la pandémie tout en mettant en œuvre les ODD.  Rappelant que son pays est candidat à un siège de membre non permanent du Conseil de sécurité, il a particulièrement salué l’adoption par consensus d’une résolution sur la population, la sécurité alimentaire, la nutrition et le développement.  Préoccupé par les impacts négatifs de la pandémie de COVID-19, il a appelé à redoubler d’efforts pour réduire les inégalités dans le monde et faire avancer les ODD.  Dans cet esprit, il s’est félicité de la création d’une nouvelle plateforme pour les investisseurs dans les ODD, qui aidera à mobiliser des capitaux cruciaux du secteur privé.  Il a ensuite mis en lumière et exprimé son soutien à diverses activités de l’ONU dans les domaines du maintien et de la consolidation de la paix, de l'appui aux États qui luttent contre le terrorisme et de l’élimination des menaces potentielles liées à l’utilisation des technologies de l’information et des communications (TIC).

Tout en saluant les efforts des Nations Unies et d’autres partenaires pour juguler la pandémie de COVID-19, M. DESIRE WULFRAN G. IPO (Côte d’Ivoire) a fait part de ses préoccupations par rapport aux inégalités persistantes aggravées par cette crise sanitaire.  En effet, l’apparition de nouveaux variants encore plus contagieux et dangereux du virus nous interpelle sur la nécessité de parvenir à une équité vaccinale en vue de sauver des vies et de nous remettre de la pandémie, a-t-il déclaré en faisant siens les appels du Secrétaire général à faire du vaccin contre la COVID-19, « un bien commun » accessible partout et à tous, avec une attention particulière pour le continent africain.  Par ailleurs, la pandémie impacte négativement les avancées enregistrées dans la mise en œuvre des programmes de développement durable -Programme 2030 des Nations Unies et Agenda 2063 de l’Union Africaine-, a poursuivi le représentant.  Il a regretté que les défis interconnectés que les Nations Unies s’attellent à relever, notamment le terrorisme, la pauvreté, le financement du développement et les effets des changements climatiques, n’en soient devenus que plus complexes.  La dégradation et la restauration des terres est une autre question qui préoccupe la Côte d’Ivoire, a indiqué le représentant ajoutant que son pays fonde beaucoup d’espoir sur la tenue de la quinzième Conférence des Parties à la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (COP15) qu’il se réjouit d’accueillir en mai prochain.  

Face à ces urgences qu’aucun État ne saurait résoudre seul, il revient aux États Membres d’adopter une approche globale, dans le cadre d’un multilatéralisme inclusif et revigoré dont les Nations Unies constituent la pierre angulaire, a conclu M. Ipo.  À cet égard, il a mis en exergue le programme commun du Secrétaire général, comme une feuille de route permettant la mise en œuvre diligente des programmes d’action afin de redonner de l’espoir à l’humanité.

M. TAYE ATSKE-SELASSIE AMDE (Éthiopie) s’est particulièrement inquiété de la situation politique et sécuritaire en Afrique marquée par des renversements de gouvernements, des agressions, des interventions dans des pays souverains, des nouvelles ruées vers les ressources naturelles.  Il a dit sa confiance en une ONU réformée adaptée à son époque et en un personnel de l’ONU qui travaille en respectant les normes les plus élevées d’efficacité, de compétence et d’intégrité.  Le représentant a fait remarquer que la pandémie de COVID-19 a révélé les failles fondamentales de notre système mondial, avec des mesures coercitives unilatérales qui ont fortement entravé la capacité des pays à lutter contre la pandémie.  Il a particulièrement apprécié l’accent mis sur les changements climatiques, avant de rappeler que la Corne de l’Afrique, qui vient de se remettre des conséquences d’une invasion dévastatrice de criquets pèlerins, est maintenant confrontée à une grave sécheresse.  Il a jugé indispensable que la communauté internationale aide les pays africains à utiliser leurs ressources naturelles au profit de leur population.

S’agissant des troubles auxquels fait face l’Éthiopie, il a rappelé que la situation qui règne dans son pays est une affaire intérieure.  Il a assuré que les Éthiopiens seront capables de préserver l’indépendance, la paix et la prospérité de leur pays.  À cet égard, le représentant a particulièrement salué l’approche du Secrétaire général appelant à respecter l’intégrité et le rôle de l’organisation régionale, l’Union africaine.

M. PAVEL EVSEENKO (République populaire démocratique lao) a salué le Secrétaire général et l’ONU pour les succès obtenus jusqu’ici et ce face aux difficultés, en particulier le déséquilibre dans le financement de la lutte et du relèvement après la pandémie.  Pour le représentant, de nombreuses cibles du Programme 2030 ne seront pas atteintes sans un financement adéquat.  Il faut en faire davantage pour aider ceux qui sont les plus vulnérables, a-t-il insisté.  En ce qui concerne les vaccins, le Gouvernement lao espère pouvoir vacciner 70% de sa population dans la première moitié de 2022.  

S’agissant de la recommandation qui a été faite de sortir son pays de la catégorie des PMA d’ici à 2026, le représentant a dit qu’il reste encore beaucoup à faire pour que ce changement de catégorie se fasse en douceur et soit irréversible.  Le Gouvernement est en train de formuler sa stratégie de changement de catégorie dans laquelle la lutte contre la pauvreté figure en priorité, a-t-il signalé.  Les changements climatiques et les catastrophes naturelles sont autant de sources d’inquiétude pour le délégué, qui a rappelé que son pays fait partie à la fois des pays en développement sans littoral et des pays les moins avancés (PMA).  Il a terminé en annonçant la candidature de la République populaire démocratique lao, pour la première fois, au Conseil économique et social (ECOSOC) pour la période 2023-2025. 

Droit de réponse

Le représentant de l’Inde a exercé son droit de réponse en réaction à l’intervention du Pakistan.  Il a qualifié celle-ci « d’injure et de réponse pavlovienne qui n’a rien à voir avec le débat d’aujourd’hui ».  Même s’il a dit ne pas être surpris, le représentant de l’Inde a jugé les allégations du Pakistan « sans fondement ».  Il a déclaré que « c’est le Pakistan qui est le cœur du terrorisme mondial » et a invité à ignorer tout simplement tout ce qui a été dit.  Il a, enfin, déclaré que le Jammu-et-Cachemire fera toujours intégralement partie de l’Inde.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale rejette et condamne sans réserve toute négation de l’historicité de l’Holocauste

Soixante-seizième session,
55e séance – matin
AG/12400

L’Assemblée générale rejette et condamne sans réserve toute négation de l’historicité de l’Holocauste

Quatre-vingts ans, jour pour jour, après la Conférence de Wannsee au cours de laquelle a été présentée la solution finale, l’Assemblée générale a adopté sans vote une résolution par laquelle elle rejette et condamne sans réserve toute négation de l’historicité de l’Holocauste, « qu’elle soit totale ou partielle ».  

Présenté par Israël et l’Allemagne, ce texte intitulé « Négation de l’Holocauste », et adopté en la présence d’un groupe de survivants des camps de concentration nazis, prie notamment les États Membres d’élaborer des programmes éducatifs « qui graveront dans l’esprit des générations futures » les enseignements de l’Holocauste afin d’aider à prévenir les actes de génocide.   

De plus, l’Assemblée générale demande instamment aux États Membres et aux entreprises de médias sociaux de prendre des mesures actives pour lutter contre l’antisémitisme et le négationnisme ou la déformation de l’Holocauste au moyen des technologies de l’information et des communications (TIC) et de faciliter le signalement de pareils contenus.   

Lors de la présentation de cette résolution, le représentant d’Israël a notamment condamné la « pandémie de déformations et de mensonges » qui se propage aux quatre coins du globe à une vitesse incroyable par l’intermédiaire des réseaux sociaux, appelant ces plateformes « qui n’en font pas assez pour combattre ce phénomène pervers », à ne pas rester les bras croisés face à la propagation de cette haine.

« Après le plus grand crime de l’histoire, nous faisons aujourd’hui face au plus grand effort de dissimulation de l’histoire.  Et à mesure que le nombre de survivants de l’Holocauste diminue, la négation de l’Holocauste augmente à une vitesse terrifiante », s’est alarmé le délégué qui a indiqué que seulement 54% de la population mondiale a entendu parler de l’Holocauste et qu’un tiers de ces personnes sont sceptiques quant aux faits.  Ce qui est encore plus choquant, a-t-il ajouté, c’est que seulement un tiers des jeunes européens, qui vivent sur le continent où ce mal inimaginable s’est produit, peut expliquer ce qu’est l’Holocauste.  « Si tel est l’état du monde à une époque où des survivants de l’Holocauste sont toujours parmi nous, que nous réserve l’avenir? » 

Invoquant le « devoir de mémoire », l’Allemagne a rappelé que la Conférence de Wannsee avait été convoquée pour planifier « le pire crime contre l’humanité » qui a coûté la vie à presque six millions de Juifs.  Ignorer les faits historiques ne fait qu’augmenter les risques de les voir se répéter, a averti la délégation.  La République islamique d’Iran, jouant sa propre partition, a affirmé en revanche que ce texte reflète l’idéologie raciste et les intentions malveillantes du « régime israélien ».

Notant avec inquiétude la situation engendrée par la pandémie de COVID-19 et ses répercussions sans précédent, l’Assemblée générale a par ailleurs décidé de reporter à nouveau la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés à une date qui sera fixée dès que possible. 

Elle a également décidé par 92 voix pour, 18 contre et 41 abstentions, que la première session de négociations du Comité spécial chargé d’élaborer une convention internationale générale sur la lutte contre l’utilisation des technologies de l’information et des communications à des fins criminelles aura lieu à New York, le 18 avril 2022 au plus tard, « selon les conditions sanitaires et l’espace disponible ».  Cette décision a été prise suite à l’adoption d’un texte présenté par la Fédération de Russie qui a été amendé après l’adoption, également par vote, d’un amendement de la République dominicaine.  La proposition dominicaine, adoptée par 86 voix pour, 18 contre et 45 abstentions, avait elle-même été l’objet d’un projet d’amendement du Bélarus, ce dernier texte ayant fini par être rejeté par 60 voix contre, 42 pour et 49 abstentions.   

Fait inhabituel, la Fédération de Russie a expliqué avoir voté contre l’adoption de sa propre résolution qui ne stipule plus que le Comité spécial tiendra sa première session de négociations à New York, du 24 janvier au 4 février 2022.  La délégation russe a regretté que la tenue des réunions programmées soit conditionnée par des critères d’espace, « ce qui est nouveau », constatant un décalage entre la situation épidémiologique à New York et les décisions du Secrétariat. 

En début de séance, l’Assemblée générale a fait sienne la proposition du Secrétaire général de reconduire Mme Maimunah Mohd Sharif, de la Malaisie, au poste de Directrice exécutive d’ONU-Habitat pour un mandat de deux ans prenant effet le 20 janvier 2022 et s’achevant le 19 janvier 2024.

Elle a également pris note de l’Appel solennel lancé par son Président à l’occasion de la Trêve olympique.

Enfin, l’Assemblée générale a pris note du fait qu’Antigua-et-Barbuda, la République du Congo et le Soudan ont effectué les versements nécessaires pour ramener leurs arriérés en deçà du montant calculé selon l’Article 19 de la Charte des Nations Unies.

La prochaine réunion de l’Assemblée générale se tiendra vendredi 21 janvier, à partir de 10 heures.

CULTURE DE PAIX

Décision sur le projet de résolution (A/76/L.30)

M. GILAD MENASHE ERDAN (Israël) a raconté l’histoire de son grand père Chaim, de sa grand-mère Bracha et de sept de leurs enfants arrêtés, séparés et tués dans les chambres à gaz nazies à l’exception du grand-père.  C’était en 1944.  Plus de 160 000 Juifs de Transylvanie avaient subi le même sort, assassinés de la manière la plus horrible qui soit parmi six millions victimes de l’Holocauste.  Il a indiqué qu’outre les témoignages des survivants, les nazis ont laissé des preuves irréfutables de leur machine de mort bien huilée, notamment des registres consignant tous leurs crimes, faisant de l’Holocauste le génocide le plus méticuleusement documenté de l’histoire.  

Cependant, s’est inquiété le représentant, nous vivons à présent à une époque où la fiction se transforme en faits et où l’Holocauste est en train de devenir un souvenir lointain.  Après le plus grand crime de l’histoire, nous faisons aujourd’hui face au plus grand effort de dissimulation de l’histoire.  Et à mesure que le nombre de survivants de l’Holocauste diminue, la négation de l’Holocauste augmente à une vitesse terrifiante, s’est-il alarmé, relevant en outre que face aux preuves irréfutables de l’Holocauste, son déni s’est transformé en distorsion qui puise elle aussi sa source dans l’intolérance, la haine et un antisémitisme véhément.  Il a également dénoncé le fait que certaines nations qui siègent à l’Assemblée générale nient ouvertement l’Holocauste et ont même organisé des concours de dessins humoristiques pour s’en moquer.

Le représentant a aussi condamné la « pandémie de déformations et de mensonges » qui utilise les réseaux sociaux pour se propager aux quatre coins du globe à une vitesse incroyable, s’alarmant du nombre incalculable de groupes Facebook qui s’emploient à réfuter l’Holocauste, de la circulation de #holohoax sur Twitter, et de la popularité des vidéos qui circulent sur TikTok et YouTube « vues des centaines de milliers de fois ».  M. Erdan s’est également inquiété du fait que seulement 54% de la population mondiale a entendu parler de l’Holocauste et qu’un tiers de ces personnes sont sceptiques quant aux faits.  Ce qui est encore plus choquant, a-t-il ajouté, c’est que seulement un tiers des jeunes européens, qui vivent sur le continent où ce mal inimaginable s’est produit, peuvent expliquer ce qu’est l’Holocauste.  Si tel est l’état du monde à une époque où des survivants de l’Holocauste sont toujours parmi nous, que nous réserve l’avenir?

Le délégué israélien a appelé les géants des réseaux sociaux à ne pas rester les bras croisés face à la propagation de cette haine, affirmant que ces plateformes ignorent leurs responsabilités et n’en font pas assez pour combattre ce phénomène pervers.  « Au fur et à mesure que vous esquivez votre responsabilité, le mal grandit; et quand il n’y a pas de responsabilité, le mal triomphe. »  Après avoir présenté ses invités d’honneur et survivants de l’Holocauste, M. Erdan a par ailleurs rappelé que le principe même de l’ONU, créée après ce crime le plus grave de l’histoire, est d’empêcher que de telles atrocités ne se répètent contre qui que ce soit.  En venant au projet de résolution, il a indiqué que s’il préserve la mémoire des six millions de victimes du passé, son objectif est de protéger les futures victimes.

Explications de position

Avant l’adoption de la résolution, la République islamique d’Iran a rejeté la tentative du « régime israélien » de distordre les concepts au cœur de la notion de « la culture de la paix ».  La délégation a déploré qu’en dépit des appels de la communauté internationale, le « régime israélien » reste le seul régime d’apartheid au monde avec des politiques et des pratiques racistes et expansionnistes.  Ce projet reflète cette idéologie raciste ainsi que les intentions malveillantes de promouvoir des intérêts expansionnistes par tous les moyens, a-t-elle affirmé.

La Fédération de Russie a salué l’initiative d’Israël qui a pris la peine d’associer l’Allemagne à l’élaboration du projet de résolution, rappelant que l’Holocauste est une des pages les plus tragiques de la Deuxième Guerre mondiale.  La délégation a également saisi l’occasion pour souligner le rôle et le sacrifice de l’ex-Union soviétique dans la lutte contre l’Allemagne nazie.  

La résolution A/76/L.30 a ensuite été adoptée sans mise aux voix.

À l’issue de l’adoption, l’Allemagne a rappelé que la Conférence de Wannsee, qui a eu lieu il y a 80 ans aujourd’hui, avait été convoquée pour planifier « le pire crime contre l’humanité » qui a coûté la vie à presque six millions de juifs.  L’Assemblée générale a aujourd’hui envoyé unanimement un message fort contre toute tentative de négation ou de déformation de ces faits historiques, s’est félicitée la délégation qui a insisté sur l’importance du « devoir de mémoire » de l’Allemagne.  Ignorer les faits historiques ne fait qu’augmenter les risques de les voir se répéter, a-t-elle mis en garde, saluant l’adoption d’une résolution qui envoie un message fort aux survivants de l’Holocauste et à leurs descendants.  

La Conférence de Wannsee a marqué le début d’un chapitre noir pour l’Europe, a déclaré l’Union européenne qui a rappelé que l’Holocauste, le crime le plus odieux de l’histoire, s’est produit sur le sol européen, précisant que près de six millions de juifs, dont 1,5 million d’enfants, ainsi que des millions de membres d’autres nationalités, minorités et groupes vulnérables, ont été tués dans les camps de concentration et d’extermination nazis allemands.  « L’Holocauste a marqué un tournant dans notre histoire et son héritage est profondément ancré dans l’ADN de l’Union européenne. »  La mémoire de l’Holocauste est une pierre angulaire des valeurs européennes, et le souvenir du passé tragique de l’Europe devrait continuer à nous inciter à relever les défis d’aujourd’hui, a poursuivi la délégation qui a prôné la création de sociétés ouvertes, inclusives et tolérantes, et la promotion de la démocratie et des droits humains.  Elle a par ailleurs félicité Israël et l’Allemagne pour leur coopération « exemplaire » sur cette importante résolution.  

Les États-Unis ont rappelé l’attaque dont a été victime, la semaine dernière, une communauté juive du Texas, notant qu’une vague pernicieuse d’antisémitisme a entraîné des violences aux États-Unis et ailleurs dans le monde.  La délégation a exhorté à lutter contre cette haine antisémite, insistant sur l’importance d’honorer la mémoire des six millions de victimes juives et de toutes les autres victimes de l’Holocauste.  Cette résolution affirme notre engagement en faveur de l’éducation des prochaines générations comme moyen d’empêcher la répétition des atrocités horribles du passé et de réaffirmer les valeurs et les principes qui ont conduit à la création des Nations Unies, a poursuivi la délégation.  Nous devons entendre encore une fois cette promesse de « plus jamais ça », a-t-elle insisté, appelant à se montrer très vigilant face à la négation de l’Holocauste et l’antisémitisme.

La République tchèque a souligné que ce n’est que par l’éducation et par une véritable connaissance de l’histoire que l’on peut tirer les leçons du passé, reconnaître les nouvelles menaces et lutter contre elles avant qu’elles ne nous submergent à nouveau.  La délégation a appelé à élaborer des plateformes internationales consacrées à la mise au point de propositions législatives et de programmes d’éducation spécifiques pour y parvenir.  Elle a également recommandé d’élaborer un cadre législatif et une stratégie mondiale de lutte contre l’antisémitisme en ligne avec la participation de la jeunesse.  

La Pologne a indiqué que la lutte contre la négation de l’Holocauste revêt une importance particulière pour elle parce que trois millions des victimes étaient des Polonais.  Pour lutter contre ce phénomène, il faut combattre la désinformation croissante et la déformation de la vérité sur la Deuxième Guerre mondiale, a estimé la délégation qui a rappelé que la Pologne a été la première victime de l’Allemagne nazie.  Saluant l’adoption d’une résolution qui honore à la fois les victimes, les survivants et ceux qui ont lutté contre les nazis et qui ont libéré les camps de concentration nazis, elle a invité à écouter les voix des survivants. 

L’humanité entière est touchée par la culpabilité de l’Holocauste, a déclaré l’Ukraine.  Son représentant, qui s’est présenté en tant que petit fils d’un survivant du camp de Buchenwald, a rappelé que des millions d’Ukrainiens se sont sacrifiés et ont contribué à la victoire sur le nazisme.  Il a également appelé ses homologues à l’ONU à se rendre à Yad Vashem pour réfléchir à leur mission.  Il faut trois mois pour entendre l’intégralité de l’enregistrement des noms des personnes tuées durant l’Holocauste, s’est-il ému.  Il a par ailleurs condamné dans les termes les plus fermes le néonazisme. 

L’Italie a salué une résolution qui arrive à point nommé étant donné le nombre grandissant de dénis et de distorsions de l’Holocauste qui circulent sur les réseaux sociaux.  La délégation a aussi souligné la nécessité préserver le souvenir du plus grave crime contre l’humanité de l’histoire.  

Chypre a relevé que cette résolution garantit le principe de responsabilité face au négationnisme et permet de lutter contre l’impunité de ceux qui nient ces atrocités et de prévenir le génocide, évoquant un devoir moral envers les victimes.  

Le Guatemala, après avoir indiqué que le 14 mai marque chaque année la journée de l’amitié entre le Guatemala et Israël, a estimé que la résolution a une teneur symbolique importante, puisqu’elle rappelle l’engagement mondial à remémorer les souffrances indicibles de l’Holocauste et honorer la mémoire des victimes.  Il est de la responsabilité commune de défendre la liberté de conscience et de religion pour qu’une telle atrocité ne se reproduise plus jamais, a affirmé la délégation.  

Le Royaume-Uni s’est indigné qu’aujourd’hui, des milliers de personnes nient la réalité historique de l’Holocauste et cherchent à en minimiser les faits.  Indiquant avoir accompagné la Reine Elizabeth lors de la visite d’un camp de concentration en Allemagne, le représentant a dit se souvenir de « la procession interminable de visages émaciés et des victimes » qui avaient été documentés.  Nier ou déformer l’Holocauste est une forme d’antisémitisme et on ne saurait rester les bras croisés devant cette mouvance, a-t-il affirmé.  Il a également indiqué que le Royaume-Uni est fier de faire partie des premiers pays à reconnaître la définition de l’Holocauste, et a invité d’autres pays à en faire de même.  

Au nom du Groupe des États arabes, l’Égypte a estimé que la résolution doit rappeler au monde que des crimes tels que l’Holocauste ne doivent pas se reproduire contre qui ce soit et a prié l’Assemblée générale de faire preuve de consensus lors de l’adoption d’autres résolutions traitant de la discrimination envers les personnes sur la base de la religion ou de l’appartenance.  

Le Bélarus a dit avoir connu les horreurs des génocides hitlériens et les assassinats de masse, précisant que 260 camps de concentration et plus de 70 ghettos juifs se trouvaient sur son territoire.  Plus de 500 monuments aux morts ont été érigés et de nouveaux charniers continuent d’être découverts.  Les nouvelles générations doivent se souvenir des leçons du passé pour qu’une telle tragédie ne se reproduise plus à l’avenir, a insisté la délégation qui a dénoncé la falsification de l’histoire de la Deuxième Guerre mondiale, la justification des crimes du Troisième Reich et la glorification des bourreaux nazis.

La Malaisie a indiqué que l’Holocauste, qui marque « l’un des chapitres les plus sombres de l’histoire humaine », avait commencé bien avant la Conférence de Wannsee, évoquant la diffusion de certains discours et caricatures et mettant en garde contre les risques de voir cela se reproduire.  Les Nations Unies ont été créées en partie pour éviter qu’une telle tragédie ne se répète, a-t-il souligné, déplorant que le monde n’est toujours pas à la hauteur de l’esprit de la Charte des Nations Unies.  Appelant à tirer les leçons des tragédies humaines, la délégation a espéré que les Nations Unies et la communauté internationale appuieront également d’autres résolutions qui vont dans le même esprit que ce texte et qui luttent contre l’intolérance, la xénophobie et le racisme.

SUIVI DE LA QUATRIÈME CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES PAYS LES MOINS AVANCÉS

Décision sur le projet de décision (A/76/L.32)

L’Assemblée générale a adopté sans vote la résolution A/76/L.32 par laquelle, notant avec inquiétude la situation engendrée par la pandémie de COVID-19 et ses répercussions sans précédent, elle décide de reporter à nouveau la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés à une date qui sera fixée dès que possible.

LUTTE CONTRE L’UTILISATION DES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DES COMMUNICATIONS À DES FINS CRIMINELLES

Décisions sur les projets d’amendement (A/76/L.33/Rev.1, A/76/L.34/Rev.1) et le projet de décision (A/76/L.31)

L’Assemblée générale était saisie de deux projets d’amendement relatifs au projet de décision A/76/L.31 se rapportant au « Comité spécial chargé d’élaborer une convention internationale générale sur la lutte contre l’utilisation des technologies de l’information et des communications à des fins criminelles ».  Présenté par la Fédération de Russie, ce texte déciderait que la première session de négociations du Comité spécial se tiendrait à New York, du 24 janvier au 4 février 2022.

Le premier projet d’amendement (A/76/L.34/Rev.1), présenté par la République dominicaine, propose notamment que le Comité spécial tienne sa première session de négociations à New York, le 18 avril 2022 au plus tard, « selon les conditions sanitaires et l’espace disponible ».

Le Bélarus a de son côté souhaité amender le projet d’amendement susmentionné (A/76/L.34/Rev.1), notamment en remplaçant une partie de son libellé par « le Comité spécial tiendra sa première session de négociations à New York, le 18 avril 2022 au plus tard ».

Nous sommes confrontés à un cas de force majeure, a déclaré la France au nom de l’Union européenne pour qui le principal objectif est de faire en sorte que le processus de négociations soit ouvert, inclusif et transparent, ce qui signifie que le plus grand nombre d’États Membres doit pouvoir participer aux négociations sans risque sanitaire.  Compte tenu de cela, l’UE ne voit aucune autre option viable que celle proposée par la République dominicaine dans son amendement et appelle toutes les délégations à le soutenir et à voter contre le texte du Bélarus. 

Jugeant nécessaire de renforcer la coopération entre les États Membres pour contrecarrer l’utilisation des TIC à des fins criminelles, la République islamique d’Iran a dit comprendre les préoccupations liées à la pandémie, tout en notant que celle-ci a également créé des conditions propices à l’augmentation de la criminalité en ligne.  Favorable à l’organisation des négociations dès que possible, elle a appuyé la proposition de la Fédération de Russie et du Bélarus, arguant que la réunion d’aujourd’hui prouve bien qu’il est possible de se réunir en personne en respectant les protocoles sanitaires nécessaires. 

Estimant que l’impact que la pandémie de COVID-19 demande de renforcer la lutte contre la cybercriminalité qui s’est accrue au cours des deux dernières années, le Venezuela a apporté son appui aux propositions de la Fédération de Russie et du Bélarus concernant le début rapide des travaux du Comité spécial.

Le Royaume-Uni a estimé que face à « l’exigence absolue » du Bélarus que la session débute le 18 avril 2022 au plus tard, la proposition de la République dominicaine semble plus raisonnable.

La Suisse a appuyé la proposition d’amendement de la République dominicaine en raison de la réalité pandémique, de sa flexibilité, et du fait qu’elle accorde un temps suffisant entre les sessions pour garantir un processus inclusif et permettre à toutes les délégations d’y participer.  Nous avons une date fixe pour la première session et nous garantissons la santé des délégués et du personnel de l’ONU, a souligné le représentant. 

Tout en partageant la déception de nombreuses délégations face au possible report des négociations, les États-Unis ont invité à reconnaître la situation exceptionnelle provoquée par la pandémie, regrettant que les mesures de précautions ne semblent figurer parmi les priorités de certains.  Il faut fixer des dates qui permettent à tous les États Membres de participer aux travaux sur un pied d’égalité, a souligné la délégation avant d’appuyer le projet d’amendement de la République dominicaine.  Elle a aussi appelé à ne pas s’attarder sur des questions de calendrier.

Évoquant les records battus par la ville de New York en matière de transmission de la COVID-19, le Brésil a jugé imprudent de tenir la session en ce moment, estimant en outre que son report de courte durée ne devrait pas modifier le fond des négociations.  Il a fait observer qu’en vertu du projet de la République dominicaine, s’il s’avère impossible de respecter la date butoir du 18, la première session de négociations devrait se tenir à Vienne, en mai.  

L’Australie a appuyé le projet de la République dominicaine, estimant que celui-ci ne compromet pas la santé et la sécurité des délégations et du personnel Nations Unies, tout en marquant son empressement à entamer les travaux de fond du Comité spécial dès que possible.

Le Mexique a appuyé l’amendement proposé par la République dominicaine parce que ce texte donne au Secrétariat la souplesse nécessaire pour relever les défis liés à la pandémie, notant en outre que dans sa version révisée, cet amendement tient compte des délais proposés dans le projet du Bélarus.

La République arabe syrienne a estimé que les dispositions du droit international en vigueur ne sont pas suffisantes pour faire face au mauvais usage des TIC à des fins criminelles et terroristes, regrettant l’absence de convention internationale sur cette question.  Elle a fait part de son appui à la proposition du Bélarus.

L’Assemblée générale a ensuite adopté par 86 voix pour, 18 contre et 45 abstentions le projet d’amendement de la République dominicaine.

Le texte du Bélarus a été rejeté par 60 voix contre, 42 pour et 49 abstentions.

La résolution dans son ensemble a été adoptée tel qu’amendée par 92 voix pour, 18 contre et 41 abstentions.

Soulignant qu’elle ne dispose pas de représentants à Vienne, l’Éthiopie a jugé important, à l’issue du vote, que les réunions prévues à New York y aient lieu.  Nous ne voulons pas que cette session se déroule ailleurs qu’à New York, a insisté la délégation.

Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), la Jamaïque a jugé essentiel de limiter la perte de la dynamique quant au progrès des délibérations sur une éventuelle convention.  Elle a fait part de son appui à l’amendement de la République dominicaine, y voyant une approche pratique face à la situation actuelle.  Elle a également demandé de financer les délégations des pays en développement qui n’ont pas de représentation à Vienne.  

La Turquie s’est préoccupée du fait de séparer une réunion d’une journée de la session principale.  Elle a en outre estimé que la décision relative à la participation d’autres parties prenantes concernées est une question de fond, qui ne devrait pas être abordée uniquement dans le contexte des règles de procédure.

L’Indonésie a insisté sur l’importance d’avoir des consultations inclusives et d’obtenir des décisions par consensus, regrettant cela n’ait pas été possible aujourd’hui.  Elle a expliqué s’être abstenue de voter en raison du temps limité dont les délégations disposaient pour étudier les différentes propositions, tout en affirmant accepter le résultat du vote. 

La Fédération de Russie a dit avoir voté contre « son propre projet L.31 tel qu’amendé » pour des raisons de principe.  Elle a regretté que la tenue des réunions programmées soit conditionnée par des critères d’espace, « ce qui est nouveau », constatant un décalage entre la situation épidémiologique à New York et les décisions du Secrétariat.

L’Algérie a estimé que compte tenu de la pandémie et de son impact sur le calendrier des Nations Unies, une décision consensuelle aurait été une meilleure voie.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: le Chef de la Mission de l’ONU en Colombie parle des élections, du rétablissement de l’autorité de l’État et de la violence

8951e séance – matin
CS/14770

Conseil de sécurité: le Chef de la Mission de l’ONU en Colombie parle des élections, du rétablissement de l’autorité de l’État et de la violence

À l’approche des élections législatives et présidentielle prévues aux mois de mars et de mai en Colombie, cinq ans après l'Accord final pour la fin du conflit et la construction d’une paix stable et durable, le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission de vérification des Nations Unies dans le pays a insisté, aujourd’hui devant le Conseil de sécurité, sur l’urgence qu’il y a de consolider l’autorité de l’État dans l’ensemble du territoire et d’adopter une politique efficace de démantèlement des groupes armés illégaux.

Présentant le rapport trimestriel du Secrétaire général de l’ONU, M. Carlos Ruiz Massieu a jugé qu’il faut agir collectivement pour faire cesser cette violence « insensée ».  Les responsables de cette violence profitent de l’absence de l’État, a-t-il alerté.  L’Accord final de paix, a-t-il dit, a consacré le principe selon lequel dans la Colombie actuelle, il n’y a aucune alternative au dialogue, a-t-il fait valoir devant une ancienne combattante des Forces armées révolutionnaires de Colombie-Armée populaire (FARC-EP), Mme Luz Marina Giraldo, et le Conseiller de la présidence colombienne pour la stabilisation et la consolidation, M. Emilio José Archila. 

L’année 2022, a souligné le Représentant spécial, sera une « année importante », porteuse d’opportunités, car au mois de mars, les Colombiens éliront leurs représentants au Congrès, et pour la première fois, ceux des 16 circonscriptions électorales spéciales pour la paix, créées en vertu des dispositions de l’Accord final de paix.  Plus de 400 candidats sont en lice, dont la moitié sont des femmes et de nombreux autres, autochtones et Afro-Colombiens. 

Cette année, a encore indiqué M. Ruiz Massieu, sera également déterminante pour le système de justice transitionnelle, la Commission Vérité s’apprêtant, par exemple, à présenter son rapport final, dont la société colombienne pourrait se servir pour mener une réflexion collective sur son passé et épargner la violence aux générations futures.  La Juridiction spéciale pour la paix avance, quant à elle, dans la défense des droits des victimes, grâce à la contribution de toutes les parties prenantes, a ajouté le Représentant spécial. 

La nécessité de protéger les familles des anciens combattants a été mise en exergue par Mme Giraldo, signataire de l’Accord final de paix et promotrice d’initiatives de réintégration.  Elle a rappelé que, dans les 310 pages de l’Accord de 2016, le mot « famille » apparaît 92 fois.  Nous avons accepté de déposer les armes par foi dans la démocratie et nous réclamons aujourd’hui la sécurité « dans une démarche humaniste », s’est-elle expliquée, elle dont le mari, ancien combattant des FARC-EP, a été tué.  « Il s’était engagé pour la paix et a été rattrapé par la violence. »  

Mme Giraldo, a affirmé le Conseiller de la présidence colombienne, illustre les garanties politiques offertes par l’État colombien, comme en atteste l’arrestation des 70 complices dans le meurtre de son mari.  M. Emilio José Archila a d’ailleurs fait observer que c’est à la demande de son gouvernement que le mandat de la Mission des Nations Unies a été élargi au suivi des sanctions décidées par la Juridiction spéciale pour la paix.

Lors de sa visite pour le cinquième anniversaire de l’Accord final de paix, a-t-il encore affirmé, le Secrétaire général a pu constater les progrès réalisés en matière de garanties de sécurité, d’efforts de réintégration, de substitution des cultures illicites et de développement intégré.  Il a pu voir que la priorité est accordée aux anciens combattants et aux membres de leurs familles, notamment aux sept domaines de garanties prévus par l’Accord. 

Cela n’a pas empêché la Norvège et les États-Unis de se montrer impatients face à la lenteur de la mise en œuvre des dispositions relatives au genre, tout en se félicitant des efforts visant à garantir une participation pleine, égale et significative des femmes au processus de paix.  L’action gouvernementale, s’est enorgueilli le Conseiller à la présidence, va au-delà de ce que prévoit l’Accord qui, selon, le Kenya, est l’un des accords de paix « les plus complets et les plus audacieux » depuis la création des Nations Unies.  Le dossier colombien, a renchéri le Brésil, fournit des outils que le Conseil de sécurité pourrait actionner dans d’autres situations dans le monde. 

La clôture par le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) de l’examen préliminaire sur la Colombie, ouvert en 2004, témoigne de la confiance croissante de la communauté internationale dans les institutions judiciaires de transition de la Colombie, ont commenté les États-Unis, dont le Gouvernement a retiré de sa liste des organisations terroristes, l’ancienne guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC).  Mais nous resterons vigilants, ont-ils promis, face à ceux qui s’attaquent aux processus de paix.

À ce propos, le Conseiller de la présidence a tenu à préciser que la persistance de la violence n’est aucunement le signe d’un non-respect de l’Accord final de paix qui ne prévoyait pas l’identification de toutes les routes de la drogue ni le démantèlement des cartels qui opéraient dans le pays.  Ces groupes, qui ont toujours profité du trafic de stupéfiants et des activités illégales, sont les principaux responsables des assassinats, a-t-il soutenu.

Dans la perspective des élections législatives et présidentielle des mois de mars et de mai, l’Irlande a plaidé pour que la mise en œuvre de l’Accord final de paix soit consacrée comme « non négociable, non partisane et vue comme valeur commune ».  Elle a prôné l’adoption d’une loi d’application car « il n’y a pas de temps à perdre ».  La Fédération de Russie a en outre mis en garde contre toute tentative de modifier certains éléments de l’Accord pour les remplacer par des dispositions « unilatérales et non agréées » par tous les signataires, au risque de provoquer une escalade des tensions et un recul. 

LETTRES IDENTIQUES DATÉES DU 19 JANVIER 2016, ADRESSÉES AU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ET AU PRÉSIDENT DU CONSEIL DE SÉCURITÉ PAR LE REPRÉSENTANT PERMANENT DE LA COLOMBIE AUPRÈS DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (S/2016/53) - S/2021/1090

Déclarations

M. CARLOS RUIZ MASSIEU, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie, a salué la présence du Conseiller de la présidence pour la stabilisation et la consolidation de la Colombie, M. Emilio José Archila, et son appui constant au travail de la Mission. Il a aussi salué la présence de Mme Luz Marina Giraldo, « une importante figure » du processus de réintégration qui, en 2019, a perdu son époux, ancien combattant, en raison de la violence.  « Elle est un exemple clair de la réinsertion économique, sociale et politique. »

Passant au dernier rapport du Secrétaire général (S/2021/190), M. Ruiz Massieu a rappelé le cinquième anniversaire de l’Accord final pour la paix, lequel est une occasion de célébrer les acquis, de reconnaître les défis persistants et de s’engager à nouveau en faveur de sa mise en œuvre globale.  La visite du Secrétaire général en Colombie, a-t-il souligné, a réaffirmé l’engagement des Nations Unies en faveur du succès du processus de paix.  M. Ruiz Massieu a insisté sur le fait que cette « année importante » est porteuse d’opportunités.  En effet, au mois de mars, les Colombiens éliront leurs représentants au Congrès, et éliront pour la première fois, ceux des 16 circonscriptions électorales spéciales pour la paix.  Plus de 400 candidats sont en lice, dont la moitié sont des femmes et de nombreux autres sont des autochtones et des Afro-Colombiens. 

C’est une occasion « historique », prévue dans l’Accord, qu’il convient de protéger.  Alors que la campagne électorale va bon train, les autorités, s’est réjoui le Représentant spécial, prennent les mesures qui s’imposent pour garantir des élections inclusives et pacifiques.  À la fin du mois de décembre, le Gouvernement a expliqué ses stratégies pour garantir la sécurité de tous les 2 800 candidats et plus et de tous les électeurs.  L’amélioration des dispositions de l’Accord final relatives aux garanties en matière de sécurité est « fondamentale » pour ces élections, en particulier dans les régions prioritaires qui continuent de subir la violence.  Le Représentant spécial a appelé tous les candidats à promouvoir la non-violence et l’inclusivité.  

Le Chef de la Mission de vérification a salué le fait que le Conseil national pour la paix, qui comprend le Gouvernement, les institutions publiques et des représentants de la société civile, ait lancé une politique de réconciliation, de coexistence et d’inclusivité, envisagée par l’Accord final de paix.  La politique de réinsertion est au cœur du processus de paix, a souligné M. Ruiz Massieu, ajoutant qu’en tant qu’électeurs, membres de partis, fonctionnaires locaux ou membres du Congrès, les hommes et les femmes qui ont déposé les armes, sont désormais des participants actifs de la démocratie colombienne. 

Ces cinq dernières années, a-t-il poursuivi, la réinsertion socioéconomique de plus de 13 000 anciens combattants a progressé grâce à une « myriade » d’initiatives.  Les entités publiques ont joué un rôle majeur dans l’appui financier et technique, avec le soutien du secteur privé et de la communauté internationale.  Il a cependant jugé qu’il faut accélérer les efforts liés à l’accès à la terre et au logement.  M. Ruiz Massieu a en effet incité à la vigilance face aux menaces auxquelles les anciens combattants font encore face. Tout en notant la baisse du nombre des assassinats par rapport à l’année dernière, il a dénoncé les acteurs armés illégaux qui profitent de l’absence de l’État dans certaines parties du pays. 

M. Ruiz Massieu a souligné l’urgence de consolider la présence de l’État partout dans le pays et d’adopter une politique de démantèlement des groupes illégaux.  Il faut agir collectivement pour faire cesser cette violence « insensée » et cela est d’autant plus important dans cette année de défis, y compris électoraux.  L’Accord final, a-t-il dit, a consacré le principe que dans la Colombie actuelle, il n’y a aucune justification à la violence ni aucune alternative au dialogue.  L’année 2022 sera également déterminante pour le système de justice transitionnelle.  L’Unité pour la recherche des personnes portées disparues continue sa tâche « titanesque » et la Commission Vérité s’apprête à présenter son rapport final, dont la société colombienne pourrait se servir pour mener une réflexion collective sur son passé et épargner la violence aux générations futures.  Le Représentant spécial a conclu en affirmant que le travail de la Juridiction spéciale pour la paix avance dans la défense des droits des victimes, grâce à la contribution de toutes les parties prenantes. 

Mme LUZ MARINA GIRALDO, Ancienne combattante des Forces armées révolutionnaires de Colombie–Armée populaire (FARC-EP) signataire de l’Accord de paix et promotrice d’initiatives de réintégration, a mis l’accent sur la dimension liée à la protection des familles des anciens combattants, rappelant que dans les 310 pages de l’Accord final de paix le mot « famille » apparaît 92 fois.  Les FARC, qui ont livré la guerre à cause des inégalités sociales, sont aujourd’hui, a affirmé l’oratrice, en face de leur responsabilité « historique » de promouvoir la tolérance et de la réconciliation.  Exprimant ses remords pour le nombre des victimes de la guerre, elle a appelé à se mobiliser pour promouvoir le pluralisme et lutter contre la stigmatisation et la discrimination sociales qui ont empêché l’état de droit de s’établir partout en Colombie.  Les enfants des anciens combattants sont traités « avec légèreté » alors qu’ils ne sont en rien responsables du conflit. 

Au nom des veuves et des enfants des personnalités de la société civile et des anciens combattants assassinés, elle a plaidé pour une protection sociale, dont une pension de réversion ou revenu minimum.  Nous avons accepté de déposer les armes par foi dans la démocratie et nous réclamons aujourd’hui la sécurité « dans une démarche humaniste ».  Les veuves et les orphelines doivent pouvoir bénéficier d’une approche différenciée et d’un plan qui les mette à l’abri de la pauvreté et de la discrimination.  Je m’adresse aujourd’hui au Conseil, a-t-elle conclu, parce que mon mari qui s’était engagé pour la paix a été rattrapé par la violence.  Elle a remercié la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie pour le rôle qu’elle joue pour la promotion de la paix et exhorté la communauté internationale à ne pas abandonner ceux qui ont décidé de déposer les armes au nom de la paix. 

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) s’est félicité de ce que le cinquième anniversaire de l’Accord final de paix, en novembre, ait donné aux parties prenantes l’occasion de mesurer les progrès « historiques » réalisés jusqu’ici et de faire le point sur les défis qui restent à relever.  Il convient à présent de maintenir l’élan vers la pleine réalisation de l’Accord et de veiller à ce que ces efforts se poursuivent pendant la période électorale à venir, a plaidé le représentant, selon lequel le système de justice transitionnelle sera une des clefs de ce processus en 2022.  Nous avons hâte de voir le rapport final de la Commission Vérité, ainsi que les premières condamnations prononcées par la Juridiction spéciale pour la paix, a-t-il déclaré, qualifiant ces dernières d’étape importante dans le processus de réconciliation et de justice pour les victimes. 

Tout en saluant la baisse du nombre de meurtres d’anciens combattants de 2020 à 2021, le délégué s’est dit inquiet des menaces croissantes que font peser les groupes armés illégaux, lesquelles menaces ont entraîné la relocalisation d’anciens combattants et de leurs familles.  Il s’est également alarmé de la persistance des meurtres et des menaces ciblant les leaders écologistes, les défenseurs des droits humains, les femmes dirigeantes et les chefs de communautés autochtones et afro-colombiennes.  Évoquant le meurtre, cette semaine, d’un jeune militant écologiste autochtone, âgé de seulement 14 ans, il a exhorté le Gouvernement colombien à continuer d’améliorer ses mesures de protection, d’élargir la présence de l’État dans les zones touchées par le conflit et de renforcer les institutions judiciaires.  Il a conclu en appelant tous les acteurs politiques à garantir des élections pacifiques et inclusives.  Il a souhaité en particulier que les 16 sièges du Congrès réservés aux victimes permettent de mieux faire entendre leur voix dans les processus législatifs et de paix. 

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a félicité les parties à l’Accord de paix pour s’être mis debout, ensemble en novembre dernier, pour commémorer la paix et les résultats « impressionnants » de ces cinq années d’efforts communs.  Elle a félicité le peuple colombien pour son engagement soutenu en faveur de la paix, la justice et la réconciliation.  Parlant des progrès de la justice transitionnelle, la représentante a particulièrement loué la Juridiction spéciale pour la paix et a dit attendre avec impatience le rapport final de la Commission Vérité, car panser les plaies exige la vérité et la réconciliation sera le socle d’une paix inclusive, stable et durable. 

Dans la perspective des prochaines élections, Mme Byrne Nason a mis l’accent sur la mise en œuvre de l’Accord final de paix qui doit être consacrée comme « non négociable, non partisane et vue comme valeur commune ».  Elle a donc insisté sur l’adoption d’une loi d’application car « il n’y a pas de temps à perdre ».  Elle a en outre jugé que la création des circonscriptions électorales provisoires spéciales pour la paix est un « jalon important » et une véritable expression d’autodétermination pour les victimes et les survivants.  Elle s’est réjouie par ailleurs que 202 femmes en soient candidates. 

S’agissant de la violence, la représentante a plaidé pour que les intimidations et les menaces posées par ceux qui tirent profit de l’insécurité et de la crise ne sapent pas la démocratie et ne mettent pas en péril des progrès si durement acquis.  L’Accord de paix n’apporte pas toutes les solutions mais, a-t-elle reconnu, c’est une feuille de route pour régler les problèmes en suspens et garantir la présence de l’État dans des zones historiquement négligées.  L’Accord fournit, avant tout, l’espace indispensable pour un dialogue continu et fondamental à même de garantir un avenir pacifique à tous les Colombiens. 

Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) a estimé que l’Accord final de paix qui vient de fêter ses cinq ans, est un acquis historique qui fait de la Colombie un exemple pour la communauté internationale.  Après un demi-siècle de conflit meurtrier, l’ancienne guérilla a déposé les armes et s’est transformée en parti politique, a rappelé Mme  Broadhurst Estival, avant d’ajouter que 13 000 anciens combattants s’efforcent désormais de construire la paix au quotidien.  La représentante s’est aussi félicitée ce que la Juridiction spéciale pour la paix et la Commission Vérité ouvrent la voie à la réconciliation, en plaçant les victimes au cœur du processus. 

Le cinquième anniversaire de l’Accord final de paix, a aussi estimé la représentante, est l’occasion de dresser un bilan « lucide ».  Les élections approchent et avec elles, le risque d’une aggravation des tensions.  Elle a invité les autorités à garantir la sécurité des lieux de vote et des candidats, et en particulier dans les 16 circonscriptions électorales pour la paix.  Deuxièmement, a poursuivi la représentante, la clôture par le Procureur de la Cour Pénale internationale (CPI) de l’examen préliminaire sur la Colombie, ouvert en 2004, est très « encourageante ».  Elle a salué les progrès constants du système global pour la vérité, la justice, les réparations et la non-répétition, s’agissant en particulier des affaires 01 et 03. 

Troisièmement, face aux meurtres de plusieurs centaines d’anciens combattants, de défenseurs des droits humains et de leaders sociaux, elle a jugé important de renforcer la présence de l’État dans les zones reculées, et de renforcer les institutions qui peuvent enquêter et poursuivre les criminels.  Par ailleurs, la représentante a appelé les autorités à réunir plus fréquemment la Commission nationale des garanties de sécurité et à mettre en œuvre la politique de démantèlement des groupes armés.  Pour gagner la paix, la représentante a souligné qu’il faut offrir des opportunités socioéconomiques viables et justes à tous.  Dans ce contexte, il faut faire plus pour la réforme rurale et l’accès à la terre et au logement.  Les chapitres de l’Accord qui touchent à l’inclusivité et au sort des femmes sont doivent absolument être mis en œuvre, a-t-elle conclu, avant de souhaiter que l’Accord final de paix devienne irréversible. 

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a noté que, cinq ans après, le dialogue reste le socle de référence de la mise en œuvre de l’Accord final de paix et ce, en dépit des défis persistants auxquels s’ajoutent aujourd’hui la pandémie de COVID-19.  Il s’est félicité des actions menées sur le terrain pour favoriser la participation de toute la population colombienne aux prochaines élections, en particulier les minorités ethniques jusqu’ici écartées de la vie démocratique du pays.  Le représentant a aussi salué les résultats encourageants du système de justice transitionnel et applaudi les investissements importants menés par les autorités colombiennes dans des programmes de développement rural.  À cet égard, il a encouragé le Gouvernement à avancer dans ses réformes foncières, soulignant leur rôle moteur pour la réinsertion des anciens combattants.  

Le délégué s’est cependant déclaré préoccupé par la recrudescence des violences dans le pays, qui obèrent les progrès permis par l’Accord.  Il a condamné les récents assassinats de défenseurs des droits humains et jugé primordial que la sécurité des anciens combattants soit renforcée.  Dans le même ordre d’idées, il a dit soutenir la poursuite du dialogue dans le cadre du Conseil national de réintégration et a appelé les deux groupes dissidents des FARC à déposer les armes et à participer au processus de paix.  Enfin, il a souhaité que des réponses adéquates soient apportées aux problématiques liées au genre, à la participation effective des femmes au processus de consolidation de la paix et à la lutte contre les violences sexuelles et sexistes. 

La paix en Colombie est le succès de son peuple, a déclaré M.  RONALDO COSTA FILHO (Brésil), qui a loué la décision de ce pays voisin d’impliquer les Nations Unies dans la surveillance et l’application de l’Accord final de paix.  Il a toutefois souligné que la « stricte adhésion » au mandat est indispensable pour susciter la confiance entre la communauté internationale et les parties colombiennes.  À cet égard, il a mis en exergue le rôle « très important » joué par le Conseil de sécurité mais a appelé ce dernier à ne jamais perdre de vue cet aspect.  La Colombie, a-t-il estimé, pourrait être un dossier offrant au Conseil les outils à activer dans d’autres situations, sachant que sans une participation et une appropriation réelles des parties au conflit, une paix durable a peu de chances d’être réalisée.  M. Costa Filho s’est déclaré optimiste pour l’avenir de la Colombie.  Il a salué les progrès de l’Accord final de paix, arguant que la Colombie a démontré sa volonté politique, comme en atteste un investissement de 2,6 milliards de dollars dans sa réforme rurale. 

Nous sommes conscients, a dit le représentant, des problèmes socioéconomiques, géographiques et logistiques auxquels se heurtent le Gouvernement colombien pour renforcer l’autorité de l’État sur tout le territoire mais nous savons que le pays a les connaissances, les moyens et les ressources pour relever ses défis.  Le représentant a également tenu à mentionner l’accord de coopération signé avec la Cour pénale internationale (CPI), définissant la responsabilité mutuelle relative à la justice transitionnelle, premier accord du genre entre la CPI et un État partie au Statut de Rome. 

M. T. S. TIRUMURTI (Inde) a jugé rassurant les progrès réalisés dans la mise en œuvre de l’Accord final de paix, ces derniers mois, avant de saluer la promulgation de la loi créant les 16 circonscriptions électorales.  Il est réconfortant de voir qu’un nombre record de 202 femmes ont déposé leur candidature aux élections et de voir les premiers réquisitoires de la Juridiction spéciale pour la paix, les activités de la Commission Vérité et la clôture, par le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI), de l’examen préliminaire sur la Colombie ouvert en 2004.  Mais il faut regretter que certains aspects de la mise en œuvre de l’Accord continuent de se heurter à des obstacles.  Les différends entre groupes armés illégaux, y compris les groupes dissidents des FARC-EP, sur le contrôle territorial et les routes stratégiques du trafic illicite restent préoccupants.  En revanche, on peut se réjouir que les autorités colombiennes prennent les mesures appropriées pour mettre en œuvre les garanties de sécurité, élargir l’accès au logement et lancer les réformes foncières. 

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a estimé que les précieuses leçons apprises au cours des cinq dernières années doivent renforcer notre conviction que, moyennant des efforts déterminés, la consolidation de la paix et la réconciliation peuvent être réalisées progressivement.  Il a salué le fait que le peuple colombien s’appuie sur les structures et les institutions de l’État pour favoriser le dialogue et instaurer la confiance.  Il a souhaité que les dispositions de l’Accord final de paix relatives à l’égalité des sexes soient prioritaires et a appelé à l’accélération de la réinsertion économique et sociale des anciens combattants autochtones et afro-colombiens, ainsi que de tous les groupes vulnérables gravement touchés par le conflit armé. 

Toutes les parties, a-t-il ajouté, doivent respecter le système de justice transitionnelle et le Gouvernement colombien ainsi que tous les acteurs politiques doivent appuyer l’avancement des réformes institutionnelles et démocratiques.  À cet égard, les prochaines élections législatives et présidentielle offrent aux Colombiens une occasion unique de réaliser leurs aspirations démocratiques, a encore dit le représentant, avant d’appeler tous les groupes armés dissidents et autres mouvements illégaux à abandonner la lutte armée et à rejoindre le processus de paix sans conditions préalables.  Il a lancé un appel à la Mission de vérification et à l’équipe de pays des Nations Unies pour qu’elles tirent parti de leurs mandats et programmes respectifs et soutiennent les efforts de paix, y compris sur les questions de réintégration, de garanties de sécurité, de justice, de réforme rurale et de moyens de subsistance alternatifs. 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a rappelé que l’Accord final de paix historique en Colombie avait garanti l’appui de la communauté internationale, des Nations Unies et du Conseil de sécurité au processus de paix mais qu’en dépit des progrès accomplis, le « gros du travail reste à faire ».  Il a voulu que l’on s’attaque aux causes sous-jacentes des divisions et regretté le manque d’informations sur les progrès dans les pourparlers entre le Gouvernement et le groupe armé Armée de libération nationale (ELN).  Il a également souhaité une normalisation des relations avec le Venezuela pour réduire la criminalité en Colombie et les tensions dans la région.  M. Polyanskiy a en outre mis en garde contre toute tentative de modifier certains éléments de l’Accord final de paix pour les remplacer par des dispositions « unilatérales et non agréées » par tous les signataires, ce qui risquerait de mener à une escalade des tensions et à un recul. 

Mme AMEIRAH OBAID MOHAMED OBAID ALHEFEITI (Émirats arabes Unis) a jugé essentiel de garantir le succès des élections prévues aux mois de mars et mai et de promouvoir un dialogue constructif entre les parties avant et après le processus électoral.  Elle s’est félicitée de la loi sur les 16 circonscriptions électorales spéciales pour la paix, ce qu’elle va faciliter une participation plus large aux élections.  Insistant sur celle des femmes et des jeunes, la représentante a jugé impératif de laisser les anciennes combattantes jouer un rôle essentiel dans le processus de paix.  Pour ne pas obscurcir les perspectives, elle a voulu que devienne une priorité la lutte contre les menaces et à la violence que subissent les leaders communautaires, les anciens membres des FARC et les membres des partis politiques.  Malgré la diminution du nombre des meurtres entre 2020 et 2021, la représentante a noté que cette violence et ces menaces persistantes démontrent pourquoi les efforts, tels que les mécanismes d’alerte précoce, doivent être renforcés.  Elle a conclu, en saluant le travail de la Juridiction spéciale pour la paix. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) a vu dans le cinquième anniversaire de l’Accord final de paix un jalon important marquant le courage et la sagesse de tout un peuple et une source d’inspiration bien au-delà du pays.  L’Accord a défini une voie claire pour traiter les causes profondes du conflit et dans ce cadre, le système de justice transitionnelle constitue un investissement important pour une paix durable.  Le délégué a salué le travail de la Commission Vérité mais des efforts redoublés sont toutefois nécessaires pour lutter contre la violence communautaire et restaurer l’autorité de l’État là où elle est contestée par les groupes dissidents des FARC-EP.  Assurer la responsabilisation reste également essentiel pour le succès global des dispositions sur les garanties de sécurité de l’Accord final de paix, a-t-il ajouté. 

Les autorités colombiennes, a-t-il aussi estimé, doivent continuer à tirer pleinement parti de leur boîte à outils institutionnelle pour dialoguer avec les différentes parties car il n’y a pas d’alternative au dialogue, notamment dans le cadre du Conseil national de réintégration.  Avant de conclure, le représentant a souligné l’importance des femmes dans la consolidation de la paix.  Le fait que 64 % des anciennes combattantes participent à des projets productifs reflète à ses yeux l’accent mis sur le genre dans la mise en œuvre de l’Accord et confirme le rôle déterminant des femmes

La visite du Secrétaire général en Colombie à l’occasion du cinquième anniversaire de l’Accord final de paix illustre l’engagement de la communauté internationale, a déclaré Mme ALICIA GUADALUPE BUENROSTRO MASSIEU (Mexique) qui, tout en partageant l’optimisme de M. António Guterres, s’est jointe à son appel pour que le Gouvernement et les entités pertinentes appliquent toutes les dispositions de l’Accord final, dont celles sur les garanties de sécurité et le rétablissement de l’autorité de l’État sur tout le territoire pour concrétiser le « potentiel transformateur » dudit Accord.  La représentante a particulièrement insisté sur la lutte contre la violence, principal défi à la consolidation de la paix, à la veille des processus électoraux.  La sécurité des participants aux élections doit être prioritaire, surtout dans les 16 circonscriptions électorales spéciales pour la paix, a-t-elle souligné.  

Parallèlement, a-t-elle dit, il faudrait prêter attention aux victimes des déplacements, notamment les 25 000 garçons et filles déplacés.  Elle a espéré que, cette année, la Commission de suivi, de promotion et de vérification de l’Accord final améliorera sa coordination avec les communautés ethniques, en tenant dûment compte des questions de genre, et répondra aux besoins spécifiques des enfants autochtones et afro-colombiens.  De l’avis de la représentante mexicaine, le processus de paix restera incomplet tant que les 42 indicateurs liés au genre ne sont pas respectés.  Elle a également insisté sur l’importance du Système intégral vérité, justice, réparation et non-répétition.  S’agissant des peines que doit prononcer la Juridiction spéciale pour la paix, elle a réitéré que le fait que cette dernière doit servir d’exemple pour d’autres processus dans le reste du monde.  Elle a aussi mis l’accent sur le caractère indispensable de l’établissement des responsabilités, du principe de proportionnalité et des enquêtes sur les faits du passé qui sont certes des processus douloureux, mais nécessaires pour bâtir l’avenir auquel tous les Colombiens aspirent. 

M. MICHAEL KAPKIAI KIBOINO (Kenya) a estimé que la Colombie s’est dotée de l’un des accords de paix « les plus complets et les plus audacieux » depuis la création des Nations Unies.  Félicitant les dirigeants du pays pour leur créativité et le peuple colombien pour sa patience et sa résilience, le représentant a insisté sur la mise en œuvre du « chapitre ethnique » de l’Accord final de paix, compte tenu des siècles de souffrances endurées par les Africains arrachés à leurs villages avant d’être chargés dans des bateaux d’esclaves pour traverser l’Atlantique. Contrairement à de nombreux autres pays, a-t-il reconnu, la Colombie a pris des mesures audacieuses dans le sens de l’équité, de l’égalité et de la justice, comme en témoigne le « chapitre ethnique » qui avance néanmoins trop lentement.  Le représentant a donc exhorté le Gouvernement à donner la priorité à la pleine mise en œuvre dudit chapitre et à ne ménager aucun effort pour remédier aux injustices « historiques » faites aux Afro-Colombiens. 

M. SHUANG GENG (Chine) a estimé que l’Accord final de paix, d’une importance cruciale pour la Colombie et pour toute l’Amérique latine, a prouvé qu’il est possible de construire la paix par la voie du dialogue.  Il a d’ailleurs salué le fait que les partis politiques et les candidats aux prochaines élections aient intégré l’Accord dans leurs programmes.  Le parti des Communs, ex-FARC, s’est-il réjoui, a approuvé 41 candidats, dont des anciens combattants.  Le délégué s’est cependant déclaré préoccupé par la poursuite d’affrontements armés dans le pays, saluant à cet égard le renforcement de la présence des forces de sécurité dans plusieurs régions, l’intensification de la répression les groupes armés illégaux et l’adoption de mesures pour la protection des anciens combattants.  La réintégration sociale de ces derniers est, selon lui, essentielle pour garantir une paix durable.  Il a applaudi, à ce sujet, les efforts accomplis par le Conseil national de réintégration en matière de logement et d’attribution des terres, avant d’appeler à la poursuite des réformes rurales et des programmes agricoles de substitution.  Il a enfin estimé qu’en dépit des progrès remarquables engrangés ces cinq dernières années, le peuple colombien a toujours besoin d’aide pour progresser dans sa quête de paix et de développement.  C’est pourquoi, a-t-il dit, la Chine appuie la Mission de vérification des Nations Unies et souhaite qu’elle renforce sa collaboration avec l’équipe de pays des Nations. 

M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) s’est félicité des progrès réalisés dans la mise en œuvre de l’Accord final de paix depuis un an, en notant que 16 sièges de la Chambre des représentants ont été réservés à des victimes du conflit.  Il a souligné que la Juridiction spéciale pour la paix a émis des actes d’accusation contre les FARC et des responsables militaires colombiens pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité et reçu des informations sur des atrocités et des abus commis par eux.  Le représentant a aussi estimé que la clôture par le procureur de la Cour pénale internationale de l’examen préliminaire sur la Colombie, ouvert en 2004 témoigne de la confiance croissante de la communauté internationale dans les institutions judiciaires de transition de la Colombie. 

Le 30 novembre, a rappelé le représentant, mon Gouvernement a retiré de sa liste des organisations terroristes, l’ancienne guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC).  Mais, a-t-il prévenu, nous resterons vigilants face à ceux qui menaceront la paix et refuseront de déposer leurs armes. Tout en saluant les progrès, le représentant a pinté le doigt sur les domaines à améliorer.  Il a ainsi estimé que les dispositions relatives au genre continuent d’être mises en œuvre et financées à un rythme plus lent que d’autres parties de l’Accord final de paix.  Il a aussi noté que les communautés ethniques, notamment les communautés autochtones et afro-colombiennes, subissent de manière disproportionnée la violence.  Il a aussi regretté la lenteur dans la mise en œuvre des programmes de développement et de sécurité ruraux.  Soulignant que le caractère inadéquat des protections sécuritaires et judiciaires a menacé la réforme agraire, le développement des cultures de substitution à la coca et le déminage, M. DeLaurentis a prôné la mobilisation des différents forums pour soutenir la mise en œuvre de l’Accord final, dont la Commission de suivi et de vérification, ainsi que les forums ethniques et de genre. 

Mme MONA JUUL (Norvège) a insisté sur la mise en œuvre des dispositions de l’Accord final de paix relatives au genre.  Elle s’est félicitée des efforts pour assurer aux femmes une participation pleine, égale et significative au processus de paix mais elle s’est dite troublée par les niveaux élevés de violence subis par les communautés ethniques, les défenseurs des droits humains, les leaders sociaux et les anciens combattants des FARC.  La représentante a particulièrement condamné les récents meurtres des défenseurs des droits humains Luz Marina Arteaga et Breiner David Cucuñame, âgé à peine de 14 ans.  Bien que le nombre des anciens combattants tués ait diminué par rapport à l’année dernière, la représentante a voulu que l’on n’épargne aucun effort pour maintenir et renforcer cette tendance. Elle a appelé le Gouvernement à mettre en œuvre ses stratégies de prévention et de protection pour sécuriser les élections. 

La représentante s’est par ailleurs dite heureuse que le nombre des anciens combattants qui participe à des projets productifs augmente régulièrement.  Elle a, à son tour, appelé à des progrès sur l’accès à la terre et au logement, insistant pour que le Gouvernement colombien poursuivre ses efforts visant à garantir la réinsertion effective des jeunes adultes.  Elle a conclu en saluant le travail de la Juridiction spéciale pour la paix et le fait qu’elle se soit mise d’accord avec la Mission des Nations Unies sur la composition, les objectifs et les fonctions du « Mécanisme de suivi et de vérification ». 

M. EMILIO JOSÉ ARCHILA, Conseiller de la présidence colombienne pour la stabilisation et la consolidation, a commencé par saluer l’intervention de Mme Luz Marina Giraldo, qui illustre selon lui les garanties politiques offertes par l’État colombien aux anciens combattants.  Elle et sa famille, a-t-il précisé, ont reçu un appui économique complet de la part du Gouvernement, qui leur a également fourni une aide en matière de logement, laquelle n’était pas prévue dans les dispositions de l’Accord final de paix.  Cette ancienne combattante des FARC-EP a, en outre, pu aller à l’université et obtenir des diplômes, tout en bénéficiant d’importantes mesures de protection.  Certes, son mari n’aurait jamais dû être assassiné, mais 70 personnes ont été arrêtées en lien avec ce crime, a poursuivi M. Archila, avant d’évoquer les événements marquants de l’année écoulée, s’agissant du processus en cours. 

À notre demande, a-t-il rappelé, le Conseil de sécurité a renouvelé une nouvelle fois le mandat de la Mission de vérification des Nation Unies et l’a élargie au suivi des sanctions décidées par la Juridiction spéciale pour la paix. Lors de sa visite, à l’occasion du cinquième anniversaire de l’Accord, le Secrétaire général a pu constater les progrès réalisés en ce qui concerne les garanties de sécurité, les efforts de réintégration, la substitution des cultures illicites et le développement rural intégré, a déclaré le responsable gouvernemental, faisant également état d’un important travail de cadastre foncier, avec l’officialisation de 50 000 titres de propriété, effectuée dans le respect des perspectives sexospécifique et ethnique.  Selon lui, le Secrétaire général a vu que la priorité est accordée aux anciens combattants et à leurs familles, et que le Gouvernement respecte les sept domaines de garanties prévus par l’Accord. Il a ainsi parlé de « progrès historiques » et s’est déclaré plein d’espoir pour les « dividendes de la paix », a rapporté le Conseiller de la présidence.  

Le Gouvernement colombien entend poursuivre sur cette voie, afin de rendre l’Accord final « irréversible », a poursuivi M. Archila.  Alors que l’application de l’Accord est prévue sur une période de 15 ans, le Gouvernement actuel est responsable de 26,5% du processus, a-t-il expliqué, assurant à ce propos que la persistance de la violence dans le pays n’est aucunement le signe d’un non-respect de l’Accord.  En effet, celui-ci ne prévoyait pas l’identification de toutes les routes de la drogue ni le démantèlement des cartels qui opéraient dans le pays. Ces groupes, qui ont toujours profité du trafic de stupéfiants et des activités illégales, sont les principaux responsables des assassinats, a soutenu le Conseiller de la présidence, avant de mettre l’accent sur les efforts de réintégration, qui ont permis la réinsertion de 13 000 personnes démobilisées. 

Aujourd’hui, a-t-il indiqué, 70% des individus réintégrés disposent de sources de revenu et une large majorité d’entre eux est intégrée à des projets productifs.  De plus, 57% de ces personnes ont accès à l’éducation, 77% participent à des programmes de formation professionnelle et 88% bénéficient d’une assistance psychosociale.  Des efforts importants ont aussi été consentis en matière de logement, de santé, d’accès au crédit et de subventions.  En 2019, a encore expliqué le responsable, des obstacles ont empêché certains secteurs territoriaux de réintégration de devenir des zones définitives, ce qui a rendu nécessaire des relocalisations concertées, effectuées avec l’aval des personnes concernées. 

La participation politique est une autre garantie essentielle, tant pour les personnes réintégrées que pour les victimes, a ajouté M. Archila.  Il a relevé à cet égard que les membres du parti des Communs, fondé par les ex-FARC, exercent normalement leurs fonctions au Congrès, tandis que 16 sièges sont réservés à des représentants des victimes dans la prochaine Assemblée.  Cela étant, la sécurité des anciens combattants reste la priorité du Gouvernement et de toutes les entités publiques, l’objectif étant de parvenir à « zéro menace », a affirmé le Conseiller de la présidence.  Il a indiqué à ce propos que la Juridiction spéciale pour la paix a donné des instructions en matière de sécurité  et que plus de 60 mesures spéciales ont été prises pour protéger les populations réintégrées, avec des résultats encourageants.  

Le responsable a par ailleurs souligné l’importance du système de justice transitionnelle qui agit en toute indépendance.   Nous avons toujours eu à cœur de parvenir à la non-répétition des violences et une attention particulière est accordée aux instructions concernant les dossiers confiés à la Juridiction spéciale, a-t-il assuré.  Enfin, des instances pour l’égalité des sexes sont prévues pour chacun des chapitres de l’Accord afin de permettre aux femmes impliquées dans les programmes de réintégration de participer à des projets productifs.  Dans ce domaine, comme dans celui des engagements ethniques, l’action gouvernementale va au-delà de ce que préconise l’Accord, a conclu le responsable, en invitant la communauté internationale à maintenir son soutien à la Colombie dans son « pari pour la paix ». 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: le débat sur le Moyen-Orient exprime des revendications, avec des espoirs de reprise du processus de paix et de coopération hydrique

8950e séance, matin & après-midi
CS/14769

Conseil de sécurité: le débat sur le Moyen-Orient exprime des revendications, avec des espoirs de reprise du processus de paix et de coopération hydrique

Intervenant au Conseil de sécurité par visioconférence, ce matin, depuis Jérusalem, le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient a prévenu de la détérioration de la situation économique, sécuritaire et politique dans le Territoire palestinien occupé.  M. Tor Wennesland s’est aussi alarmé de la situation fiscale catastrophique de l’Autorité palestinienne et de la violence qui perdure des deux côtés.  Tous ces facteurs augmentent les risques d’escalade et amenuisent l’espoir d’une solution négociée sur la voie de la solution des deux États, a-t-il craint.  

Lors de ce débat public trimestriel sur la situation au Moyen-Orient, présidé par la Ministre des affaires étrangères de la Norvège, M. Wennesland s’est néanmoins dit encouragé par la deuxième réunion organisée entre le Président Mahmoud Abbas et le Ministre israélien de la défense à la suite de laquelle Israël a annoncé plusieurs mesures, comme la mise à jour de l’enregistrement de quelque 9 500 Palestiniens en Cisjordanie et à Gaza, une avance de 100 millions de shekels israéliens sur les recettes de dédouanement qu’Israël perçoit au nom de l’Autorité palestinienne, et la délivrance de permis d’entrée supplémentaires pour les fonctionnaires et les hommes d’affaires palestiniens. 

Pour relancer le processus de paix, M. Wennesland a recommandé d’éviter une démarche parcellaire et a exigé la fin des mesures unilatérales.  Il faut également mettre en œuvre des réformes politiques et économiques pour que l’Autorité palestinienne puisse gouverner sur tout le Territoire, y compris Gaza, en toute légitimité, a poursuivi le Coordonnateur.  À ce sujet, il a indiqué que la Commission électorale palestinienne avait terminé, le 12 janvier, l’inscription des électeurs palestiniens pour les élections locales prévues le 26 mars, mais que ces élections ont été repoussées par l’Autorité palestinienne.  Les élections législatives ayant été annoncées pour le 15 mai, M. Wennesland a appelé la communauté internationale à soutenir le Gouvernement palestinien dans leur préparation.  

M. Wennesland a en outre exprimé sa profonde préoccupation face à la violence persistante tant à Gaza qu’à Jérusalem-Est ou en Cisjordanie et à la poursuite de l’expansion des colonies de peuplement israéliennes.  Israël a reporté sine die les discussions sur les objections aux deux plans prévoyant la construction de 350 unités de logement dans la zone E1 controversée, en Cisjordanie, a-t-il fait savoir avant de mentionner également le plan de construction de 800 logements à la place de 182 actuels dans la colonie de Gilo, et le projet construction de 1 200 logements près du Kibboutz de Ramad Rashel.  Martelant que ces colonies de peuplement sont illégales au regard du droit international, il a sommé les autorités israéliennes à mettre immédiatement fin à ces mesures unilatérales, un appel lancé par de nombreux intervenants tout au long du débat.

Le Ministre des affaires étrangères et des expatriés de la Palestine, M. Riad Al-Malki, a estimé que l’inaction de la communauté internationale équivaut au mieux à de la complaisance, au pire à de la complicité.  Toujours profondément attaché à la solution des deux États, le Ministre palestinien a interpellé les délégations: « Depuis quand le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes est-il soumis au bon vouloir de la puissance coloniale?  Allez-vous accepter cet apartheid au XXIe siècle »?  Rien de bon ne sortira de l’attentisme, a-t-il prévenu avant d’appeler à ne pas laisser l’agenda de la paix entre les mains des colons israéliens extrémistes. 

Après avoir rappelé que les résolutions du Conseil de sécurité, dont la 2334 (2016), tracent clairement la voie vers une paix juste, M. Al-Malki a mis sur le dos du Conseil la responsabilité de veiller à leur mise en œuvre, un appel repris plusieurs fois au cours de la réunion.  Le Ministre a invité les membres du Conseil à se rendre en Palestine pour examiner de visu la situation sur le terrain et constater que « ce qui est adopté ici affecte la réalité là-bas ».  La Ligue des États arabes a repris cette invitation à son compte alors que le Groupe des États arabes a appelé à la convocation d’une conférence de paix internationale sur la base de la solution des deux États et de l’Initiative de paix arabe.  Pour sa part, la Fédération de Russie a encouragé le Quatuor à convoquer une réunion au niveau ministériel dès que possible afin de mobiliser les efforts pour sortir de l’impasse actuelle. 

De son côté, le représentant d’Israël a dénoncé « les discours hypocrites » à l’encontre de son pays au Conseil de sécurité.  Assis à la table du Conseil avec un pavé à la main, il s’est plaint de ne voir citées que de « façon tout à fait marginale » les attaques quotidiennes « à la pierre » visant des civils israéliens, alors qu’il s’agit « d’attentats terroristes ».  Rien que l’année dernière, il y en a eu 1 775 de ce type, « mais le monde se tait », s’est-il indigné en pointant du doigt « l’audace » du ministre palestinien qui a reproché la violence aux Israéliens.  Il lui a répondu que, dans la majorité des cas, il ne s’agit que de « représailles à des attaques terroristes palestiniennes ».  

Sur une note plus positive, le délégué israélien a fait état de mesures prises pour accroître la coopération entre Palestiniens et Israéliens, notamment sur les dossiers de la sécurité hydrique, de l’énergie et de la protection de l’environnement.  Invités à cette séance, les Directeurs israélien et palestinien de EcoPeace Moyen-Orient lui ont fait écho en se félicitant de l’accord « Green-Blue Deal » au Moyen-Orient qui pourrait transformer la région en un modèle positif de la diplomatie et de la coopération climatique.  Il s’agit de tisser « des liens régionaux et des interdépendances saines » par l’échange d’énergies renouvelables et d’eau en poussant les gouvernements à agir de concert sur les questions de l’eau plutôt que de continuer à les politiser, ont-ils expliqué.  Selon eux, cette démarche devrait permettre d’atteindre, de part et d’autre, la sécurité en approvisionnement en eau ainsi que la résilience climatique.  

Outre le financement déficient de l’UNRWA, qui a inquiété les délégations, d’autres sujets relatifs à la région ont été abordés au cours de ce débat public qui a entendu 41 intervenants: la Syrie, dont l’Union européenne a longuement parlé, et le Golan syrien occupé;  l’Iran, qu’Israël a accusé de brandir la menace de la terreur, des accusations sans fondement selon le représentant iranien; et les attaques des houthistes au Yémen et à Abu Dhabi, dénoncées notamment par les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

M. TOR WENNESLAND, Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, a mis en exergue la détérioration de la situation économique, sécuritaire et politique dans le Territoire palestinien occupé, « une tendance qui perdure ».  La situation fiscale de l’Autorité palestinienne reste catastrophique, a-t-il constaté, ce qui menace sa capacité d’assurer les services de base de la population.  La violence perdure, en particulier celle des colons, ce qui augmente les risques d’escalade en général et tout cela amenuise l’espoir de voir une solution négociée, a regretté le Coordonnateur spécial. 

Il faut être franc et dire clairement ce qu’il y a lieu de faire pour inverser ces tendances et relancer le processus de paix parce qu’une démarche parcellaire ne suffira pas, a déclaré M. Wennesland pour lequel les mesures unilatérales doivent cesser.  Il faut également mettre en œuvre les réformes politiques et économiques pour que l’Autorité palestinienne puisse gouverner sur tout le Territoire, y compris Gaza, en toute légitimité, a poursuivi l’Envoyé spécial pour lequel bientôt l’effondrement sera irréversible.

Tout au long de la période que couvre le dernier rapport, la violence au quotidien s’est poursuivie, a-t-il fait savoir en citant des cas concrets notamment à Gaza et les représailles des forces de sécurité israéliennes.  En Cisjordanie occupée, 6 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes et 249 ont été blessés, a-t-il dénoncé, recensant 28 attaques contre des Palestiniens commises par des colons et d’autres Israéliens alors que 89 attaques de Palestiniens visant des colons ont eu lieu également, faisant 15 blessés. Pour M. Wennesland, la violence des colons reste un motif de préoccupation grave.  Il a étayé son propos en citant des incidents concrets qui se sont produits dans le Territoire occupé, avant d’exiger la traduction des auteurs de la violence en justice. 

Venant aux activités de colonisation, il a signalé qu’Israël avait reporté sine die les discussions sur les objections aux deux plans prévoyant la construction de 350 unités de logement dans la zone E1 controversée, en Cisjordanie.  Il a aussi mentionné le plan de construction de 800 logements à la place de 182 actuels dans la colonie de Gilo.  Il a également parlé des plans pour la construction de 1 200 logements près du Kibboutz de Ramad Rashel.  Martelant que ces colonies de peuplement sont illégales au regard du droit international, il a demandé aux autorités israéliennes d’y mettre immédiatement fin.  M. Wennesland a également évoqué des démolitions de maisons palestiniennes à Jérusalem-Est au prétexte qu’elles n’avaient pas de permis de construction « sachant que ces permis sont pratiquement impossibles à obtenir par des Palestiniens à Jérusalem-Est ».  Il a demandé aux autorités israéliennes de faire cesser l’expulsion de Palestiniens et d’approuver des plans qui permettraient à la communauté palestinienne de Jérusalem de construire des logements en toute légalité.

Rappelant que le Président Mahmoud Abbas et le Ministre Benny Gantz se sont rencontrés pour la deuxième fois, il a salué les mesures récentes annoncées et a enjoint les deux parties à poursuivre leurs discussions constructives.  À la suite de la réunion, Israël a annoncé plusieurs mesures, notamment la mise à jour de l’enregistrement de quelque 9 500 Palestiniens en Cisjordanie et à Gaza, une avance de 100 millions de shekels israéliens par rapport aux recettes de dédouanement qu’Israël perçoit au nom de l’Autorité palestinienne, et des permis d’entrée supplémentaires pour les fonctionnaires et les hommes d’affaires palestiniens. 

Après la désignation par Israël de six ONG palestiniennes en tant qu’organisations terroristes, l’ONU continue de dialoguer avec toutes les parties concernées pour recevoir davantage d’informations sur les allégations et leurs implications, a déclaré M. Wennesland.

Abordant la question des élections, il a indiqué que la Commission électorale palestinienne avait terminé, le 12 janvier, l’inscription des électeurs palestiniens pour les élections locales prévues le 26 mars, mais que ces élections ont été repoussées par l’Autorité palestinienne.  Les élections législatives ayant été annoncées pour le 15 mai, M. Wennesland a appelé la communauté internationale à soutenir le Gouvernement palestinien dans leur préparation.

Il a par ailleurs indiqué que les envoyés du Quatuor pour le Moyen-Orient se sont réunis virtuellement le 14 janvier pour discuter des derniers développements politiques et de la situation sur le terrain. 

L’Envoyé spécial s’est félicité de la bonne volonté affichée par le Gouvernement israélien pour accroître la circulation des biens et des personnes dans et vers la bande de Gaza et a suggéré aux parties de poursuivre leurs négociations sous les auspices de l’ONU pour aller encore plus loin.  Pour ce qui est du gazoduc allant d’Israël à Gaza, il a demandé à toutes les parties de faciliter la mise en œuvre de ce projet important. 

Notant que l’UNRWA a pu poursuivre ses services d’éducation et de santé grâce notamment à un financement du CERF en 2022, il a dit craindre néanmoins que l’Office reste confronté à une menace existentielle liée à son déficit financier.  Le Coordonnateur spécial a donc exhorté tous les États Membres à le soutenir, voire à augmenter leurs contributions à l’UNRWA. 

Le Coordonnateur spécial a ensuite parlé brièvement de la région du Moyen-Orient, notamment du Golan où il a mentionné des tensions.  Il est important que les parties respectent les obligations qui leur incombent en vertu de l’Accord et s’abstiennent de prendre des mesures unilatérales sur le Golan occupé, a-t-il lancé, avant de parler du Liban où la réactivation complète du Cabinet sera importante selon lui, notamment pour soutenir de manière fiable les préparatifs des élections.  La situation dans la zone d’opérations de la FINUL est restée relativement stable, malgré des incidents isolés de comportement agressif contre les soldats de la paix, a-t-il aussi indiqué.

Avant de conclure, il a plaidé pour une démarche coordonnée afin de surmonter les obstacles sur la voie du processus de paix.  Les partenaires, y compris ceux de la région, ont un rôle important à jouer, a-t-il souligné, notamment pour que Gaza et la Cisjordanie soient sous une autorité palestinienne unique légitime.  Les Nations Unies continueront de coopérer activement avec leurs homologues du Quatuor, les partenaires régionaux et les dirigeants palestiniens et israéliens, a assuré M. Wennesland.

Mme NADA MAJDALANI, Directrice d’EcoPeace Moyen-Orient-Palestine, a fait part des sentiments d’impuissance des parents à Gaza face aux inondations de cette semaine et aux pénuries d’eau, aux longues nuits froides et sombres sans électricité ni carburant, à la guerre, à près de 15 ans de blocus, et à l’insécurité médicale et alimentaire.  À cela s’ajoutent, a dit la Directrice, les catastrophes des changements climatiques affectant la vie de deux millions de personnes.  En tant qu’êtres humains, activistes, professionnels, décideurs, nous avons l’obligation de prévenir de nouvelles crises humanitaires et environnementales, a déclaré Mme Majdalani rappelant également qu’après la Conférence sur le climat à Glasgow, on s’attend à ce que les dirigeants mondiaux nous guident sur une voie, avec des étapes claires, vers de plus grandes opportunités. 

Après avoir informé le Conseil de l’objectif de son organisation composée de « courageux écologistes palestiniens, jordaniens et israéliens », la Directrice a lancé un appel pour un « accord bleu-vert » au Moyen-Orient qui pourrait transformer la région en un modèle positif pour la diplomatie et la coopération climatiques.  L’accord suggère de créer des liens régionaux et des interdépendances saines par l’échange d’énergie renouvelable et d’eau.  Il aborde la prise de mesures proactives pour la réhabilitation du Jourdain, et le développement durable autour de l’ensemble du bassin, par la création d’entreprises et d’emplois verts.  L’accord aborde les droits de l’eau des Palestiniens dans un cadre révisé qui est différent du paradigme du tout ou rien, pour faciliter la fourniture d’eau à chaque foyer palestinien, sans coût pour la sécurité de l’eau d’Israël. 

La Suède, les États-Unis, l’Allemagne et d’autres membres du Conseil soutiennent notre travail, a annoncé Mme Majdalani en citant aussi un programme éducatif qui touche quelque 40 000 étudiants, jeunes professionnels et enseignants.  Elle a mentionné la plateforme de réalité virtuelle créée avec l’aide de jeunes ingénieurs palestiniens, israéliens et jordaniens, ainsi que le programme d’investissement « Impact » qui soutient plusieurs entreprises vertes, toutes dirigées par des entrepreneurs locaux, fondées sur la coopération transfrontalière et le transfert de connaissances.  Nous avons plaidé pour la levée d’investissements d’une valeur de plus de 500 millions de dollars pour des projets d’infrastructure d’eau et d’assainissement jordaniens et palestiniens pour répondre aux préoccupations environnementales locales et transfrontalières, a encore précisé la militante.

Pour la Directrice, la crise de l’eau en Palestine est due au conflit politique, à la médiocrité des infrastructures, aux problèmes de gestion interne et, maintenant, aux changements climatiques.  En Cisjordanie, l’approvisionnement en eau est de 30 litres par habitant par jour.  L’insécurité de l’eau est particulièrement grave dans la zone C, où l’occupation militaire entrave l’accès à l’eau et à l’électricité.  À Gaza, la situation est encore plus grave car 97% de l’eau est impropre à la consommation humaine.  Elle a rappelé que ce sont toujours les Accords de paix d’Oslo qui régissent la répartition de l’allocation de l’eau entre Palestiniens et Israéliens dans laquelle Israël se taille la part du lion.   

Elle a plaidé pour que soient résolues les questions relatives à l’eau, ainsi que les crises de réfugiés, les frontières, les colonies et le statut de Jérusalem.  Ne pas agir maintenant ne fera qu’aggraver l’insécurité hydrique et alimentaire palestinienne, la pauvreté et la frustration, a averti Mme Majdalani.  Elle a appelé le Conseil à examiner l’« accord bleu-vert » pour le Moyen-Orient comme une voie pratique et réalisable pour parvenir à la sécurité climatique et à la diplomatie de l’eau.  Les questions climatiques doivent faire partie intégrante du processus de paix au Moyen-Orient, afin de faire avancer la solution des deux États, a-t-elle avancé.

M. GIDON BROMBERG, Directeur pour Israël de l’organisation EcoPeace Middle East, a fait état d’une « fenêtre d’opportunité » qui pourrait permettre d’avancer sur la délicate question du partage de l’eau entre Israéliens et Palestiniens, tout en favorisant la confiance et la promotion de la paix.  En effet, a-t-il souligné, l’impact de la crise climatique sur la disponibilité de l’eau conjugué à l’arrivée au pouvoir d’un nouveau gouvernement en Israël crée un « contexte unique » ouvrant la voie à la prise de « bonnes décisions ».  Pour progresser dans ce domaine, EcoPeace travaille sur le terrain avec de jeunes professionnels et des éducateurs israéliens et palestiniens, a précisé le Cofondateur de cette organisation, pour qui le fait de travailler ensemble est une question d’intérêt mutuel.  Le « Green Blue Deal » que promeut EcoPeace appelle les gouvernements à agir de concert sur les questions de l’eau plutôt que de continuer à les politiser, a-t-il expliqué, assurant que cette démarche devrait permettre, de part et d’autre, d’atteindre la sécurité en approvisionnement en eau ainsi que la résilience climatique.  Il a rappelé à cet égard qu’Israël est reconnu pour son leadership dans ce domaine.  C’est un leader mondial dans le traitement des eaux usées et de l’irrigation pour l’agriculture, a-t-il souligné, avant de s’alarmer de la crise de l’assainissement que provoque le conflit en Cisjordanie et à Gaza.  Des eaux usées israéliennes sont rejetées en Cisjordanie, ce qui provoque des dommages environnementaux et des problèmes de santé considérables, a dénoncé M. Bromberg.  Parallèlement, les eaux usées de Gaza sont rejetées en Méditerranée, a-t-il indiqué, ajoutant que, pour protéger ses citoyens, Israël a créé des usines de traitement et déduit les coûts de construction de taxes payées par les Palestiniens, ce qui a pour effet d’affaiblir l’Autorité palestinienne. 

Dans ce contexte alarmant, nous devons démontrer que la crise climatique est l’occasion de renforcer la coopération, Israéliens et Palestiniens en subissant les conséquences délétères.  Cette crise pèse sur l’approvisionnement en eau et sur la sécurité nationale des deux côtés, a-t-il insisté, constatant que la conjugaison du conflit et des problèmes climatiques contribue à l’insécurité, entraîne des pertes de vies humaines, réduit les moyens de subsistance et rend les relations plus hostiles encore.  M. Bromberg a toutefois évoqué des signes d’espoir, en particulier les récents contacts entre les partenaires de la coalition au pouvoir en Israël et l’Autorité palestinienne.  Aujourd’hui, a-t-il ajouté, le « Green Blue Deal » peut assurer l’approvisionnement en eau pour les deux camps.  Le Directeur pour Israël d’EcoPeace a donc demandé au Conseil de sécurité d’appuyer cette démarche fondée sur la résilience climatique en appelant les parties à conclure de nouveaux accords pour l’attribution de l’eau naturelle.  Il a également exhorté l’organe onusien à reconnaître que les changements climatiques constituent une menace pour la paix.    

M. RIAD AL-MALKI, Ministre des affaires étrangères et des expatriés de l’État de Palestine, a déclaré qu’Israël poursuit sa guerre implacable contre le peuple palestinien avant de fustiger le déni par Israël des droits des Palestiniens.  Il a regretté qu’Israël, au lieu de s’excuser pour ses crimes et d’y mettre fin, continue d’accuser ses partenaires les plus proches d’antisémitisme pour avoir voté des résolutions appelant au respect du droit international et des droits de l’homme.  Il a dénoncé le comportement d’Israël qui se permet d’attaquer la Cour pénale internationale (CPI), la Cour internationale de Justice (CIJ), le Conseil des droits de l’homme, l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité, et qui insulte des dirigeants mondiaux, des lauréats du prix Nobel de la paix, des personnalités morales, des célébrités, des citoyens, pour leur position concernant la question de Palestine.  

« Alors que 2021 a été l’une des années les plus meurtrières pour les Palestiniens depuis plus d’une décennie, les premiers jours de 2022 ont déjà vu le meurtre d’enfants et personnes âgées palestiniens, dont le cheik Suleiman Al-Hazaleen, populaire acteur de la résistance pacifique âgé de 80 ans », a dit M. Al-Malki avant de fustiger l’annonce du plan de construction de nouvelles unités de peuplement dans Jérusalem-Est occupée et le déplacement forcé de populations palestiniennes.  

Dans ces circonstances, il a estimé que l’inaction de la communauté internationale équivaut au mieux à de la complaisance, au pire à de la complicité.  Tout en soulignant la résilience du peuple palestinien, le Ministre a exhorté le Conseil de sécurité à lui épargner davantage de souffrances inutiles et de lui offrir la protection internationale à laquelle il a droit en mettant fin maintenant à l’occupation coloniale. 

Au-delà de la nécessité de réparer l’injustice historique subie par le peuple palestinien et de mettre fin à des décennies d’occupation et d’oppression, le Ministre a dit l’urgence de préserver la solution des deux États.  « Allez-vous accepter cet apartheid au XXIe siècle », a lancé le Ministre avant de remercier néanmoins la communauté internationale pour ses efforts en vue d’atténuer l’impact de l’occupation et les conséquences des violations des droits humains.

« Rien de bon ne sortira de l’attentisme », a prévenu M. Al-Malki avant d’appeler à ne pas laisser l’agenda de la paix entre les mains des colons israéliens extrémistes.  « Depuis quand le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes est-il soumis au bon vouloir de la puissance coloniale »? a encore demandé le Ministre avant de rappeler qu’aucun État Membre des Nations Unies n’a eu à accepter une telle logique.  Il est illusoire, à son avis, d’attendre qu’Israël mette fin à l’occupation de lui-même.  Après avoir rappelé que les résolutions du Conseil de sécurité, dont la 2334 (2016), tracent clairement la voie vers une paix juste, il a mis sur le dos du Conseil la responsabilité de veiller à la mise en œuvre de ses propres résolutions.  « S’il est important de promulguer la loi et de condamner ceux qui la violent, il est tout aussi important d’en poursuivre l’application et d’assurer la responsabilisation », a-t-il insisté.  Face à « l’attitude dédaigneuse d’Israël » et à ses violations persistantes, le Ministre a invité les membres du Conseil à se rendre en Palestine pour examiner de visu la situation sur le terrain et voir que « ce qui a été adopté ici affecte la réalité là-bas ». 

M. Al-Malki a dit que le Quatuor a également une responsabilité particulière en tant qu’organe mandaté par le Conseil de sécurité dans le but de mettre fin à l’occupation et de parvenir à la paix.  « Nous ne pouvons que faire écho à l’appel de la Russie pour convoquer le Quatuor au niveau ministériel dès que possible afin de mobiliser les efforts pour sortir de l’impasse actuelle », s’est-il félicité.  Il a ajouté que chaque État peut aider à faire reculer l’occupation et à faire progresser la paix en respectant ses propres obligations qui découlent du droit international et des résolutions de l’ONU.  Tout en reconnaissant que de nombreuses initiatives importantes sont prises partout dans le monde pour faire progresser la justice et la paix, le Ministre a souligné la nécessité d’un agenda commun pour la paix.  

M. GILAD MENASHE ERDAN (Israël) a répété d’emblée le souhait qu’il avait exprimé l’an dernier devant le Conseil, lorsqu’il avait dit espérer que les discussions sur le Moyen-Orient seraient plus équilibrées à l’avenir et mettraient l’accent sur la véritable menace qui plane sur la région: « l’Iran, dont les dirigeants continuent de brandir la menace de la terreur ».  Dénonçant « les discours hypocrites » à l’encontre d’Israël, il est revenu « sur la litanie d’allégations fallacieuses du Ministre palestinien » et lui a rappelé que plus de 200 attaques ont été perpétrées le mois dernier par des Palestiniens contre des civils israéliens.  Ces attaques sont citées au Conseil de sécurité de « façon tout à fait marginales », s’est-il indigné.  Il s’agit d’attentats terroristes « avec des pierres », qui ne sont pas évoqués ici au Conseil, a tonné le représentant en brandissant un pavé.  Rien que l’année dernière, il y a eu 1 775 attaques de ce type, « mais le monde se tait », a-t-il déploré.  « Que feriez-vous si vos citoyens étaient la cible de ce genre d’attaques? »  Il s’est demandé si les autorités palestiniennes condamneraient un jour ces attaques, comme le meurtre d’un guide touristique israéliens ou d’un citoyen embusqué dans sa voiture.  Il a reproché son silence et son hypocrisie à la communauté internationale ainsi que sa « faillite morale » qui ne fait qu’encourager les Palestiniens à poursuivre leurs attentats.  Indigné par « l’audace » du Ministre palestinien qui a reproché la violence aux Israéliens, il lui a rappelé que dans la majorité des cas il ne s’agit que de représailles à des attaques terroristes palestiniennes.

Faisant valoir qu’Israël est un pays avec un système judiciaire solide qui condamne la violence, il s’est étonné qu’il soit épinglé et condamné dans cette enceinte, ajoutant qu’à ses yeux cela équivaut à dire que « la vie des juifs ne vaut pas grand-chose ».  Ce qui se passe aujourd’hui à Cheikh Jarrah en est un bon exemple, selon lui.  Il s’agit de l’expulsion d’une famille palestinienne qui a volé des terres qui étaient destinées à la construction d’une école, a expliqué le représentant en invitant la communauté internationale à vérifier les faits.

Il a également invité le Conseil de sécurité à faire de l’année 2022 celle durant laquelle il commencera à tenir les Palestinien comptables de leur crimes et de la fin de son hypocrisie lorsqu’il s’agit d’Israël.  Si le Conseil de sécurité croit les mensonges des terroristes et ceux de leurs suppôts, il ne sera pas possible de parvenir à une paix durable, a regretté le représentant.

Il a ensuite fait état de mesures positives pour accroître la coopération entre Palestiniens et Israéliens, en revenant notamment sur les dossiers de la sécurité hydrique et sur l’accord sur l’énergie.  Israël a montré qu’il est prêt à coopérer pour améliorer la vie des Palestiniens, a affirmé le délégué, en parlant notamment de ses efforts dans le domaine de la protection de l’environnement.  Il y a quelques mois, le Ministre actuel de la protection de l’environnement israélien a rencontré son homologue palestinien et lui a proposé une série d’initiatives de coopération dans ce domaine, a-t-il expliqué, tout en précisant qu’Israël attend toujours une réponse des autorités palestiniennes.

Revenant à l’Iran, le délégué israélien a estimé que les pourparlers de Vienne ont atteint une phase cruciale.  « Si on laisse les Iraniens penser qu’ils peuvent impunément fabriquer une bombe, ils vont le faire », a-t-il déclaré en affirmant que l’Iran est le plus grand appui du terrorisme dans la région, ce qui en fait « un problème pour le monde entier et non pas simplement pour Israël ».  Citant le cas du Yémen notamment, il a enjoint le Conseil de sécurité à se pencher sur ce problème, soulignant que c’est une véritable course contre la montre.  Finissant sur une note positive, il s’est dit néanmoins confiant qu’il reste possible d’écrire un nouvel avenir pacifique pour le Moyen-Orient.

Mme ANNIKEN HUITFELDT, Ministre des affaires étrangères de la Norvège, a appelé à la cessation de la violence et du terrorisme et au respect des droits humains, soulignant qu’une société civile « vibrante » est cruciale en Palestine.  Elle a enjoint Israël à cesser les constructions de colonies de peuplement, les démolitions et les expulsions qui entravent la solution des deux États et attisent le conflit.  Le statut historique des Lieux saints à Jérusalem doit également être respecté.  La Ministre a aussi exhorté Israël à réviser ses politiques qui affaiblissent l’Autorité palestinienne ainsi que l’économie, pour ensuite appeler à la mise en œuvre du programme de renforcement de l’État palestinien mis sur pied par le groupe des donateurs que préside la Norvège.  L’Autorité palestinienne doit pour sa part renforcer sa légitimité démocratique, a ajouté Mme Huitfeldt qui a également engagé les factions à relancer les efforts en faveur de l’unité de la Palestine.

Poursuivant, la Ministre norvégienne a salué le fait qu’Israël ait consenti à ajuster ses politiques à Gaza, notamment en matière d’augmentation des déplacements et du commerce, tout en appelant à des solutions à long terme et à un cessez-le-feu.  Elle s’est aussi félicitée de la normalisation des relations entre Israël et plusieurs États arabes et a jugé essentiel que la Palestine participe également à ce processus.  Des progrès significatifs dans les négociations entre Israël et la Palestine permettraient de renforcer le processus de normalisation, a-t-elle noté.  La reprise des négociations est une question urgente et la question des frontières et du territoire doit être résolue avant qu’il ne soit trop tard, a par ailleurs souligné la Ministre qui a exhorté les parties à examiner par quel moyen relancer le dialogue « même si elles ne sont pas encore prêtes à le renouer ».

Mme SHIRLEY AYORKOR BOTCHWEY, Ministre des affaires étrangères et de l’intégration régionale du Ghana, a rappelé la responsabilité commune du Conseil face à un problème qui ne peut être réglé du jour au lendemain.  Soulignant l’importance du dialogue entre les parties et du soutien de la communauté internationale, elle a prévenu que les conséquences de l’inaction seront catastrophiques.  Depuis la Conférence de Madrid, l’objectif d’un règlement du dossier du Moyen-Orient de façon pacifique et durable continue de nous échapper, a-t-elle remarqué.  « Les souffrances éternelles du peuple palestinien et la situation au Moyen-Orient nous contraignent à essayer coûte que coûte d’atteindre notre objectif d’éviter la dégradation de la situation sécuritaire. »  Mme Ayorkor Botchwey a ajouté que la situation sanitaire alarmante de la région en pleine pandémie exige une attention renouvelée de la part de la communauté internationale et une action de la part du Conseil.  

La Ministre a été d’avis qu’il faut relancer les pourparlers de paix sur la base des enseignements et des initiatives passées, tout en envisageant de nouvelles possibilités.  La solution des deux États reste une option viable pour parvenir à la paix et la stabilité dans la région, a estimé Mme Ayorkor Botchwey exhortant à régler la question de façon globale.  Elle a recommandé que les acteurs régionaux et internationaux utilisent les outils de la diplomatique afin de maintenir l’élan imprimé par les récents accords de haut niveau.  Elle a appelé les deux parties au conflit à se faire confiance, à faire preuve de bonne volonté et à discuter avec leurs populations respectives pour dessiner un avenir de prospérité et de sécurité.  « Ce ne sera pas facile, mais ne rien faire serait encore plus coûteux. » 

Le Ghana, a dit la Ministre, condamne tout acte de terrorisme, ainsi que les violations des droits humains et du droit international humanitaire par les parties.  Celles-ci doivent s’abstenir de mesures unilatérales qui sapent les efforts visant à parvenir à une paix globale et durable pour ce conflit qui dure depuis des décennies, a-t-elle plaidé.  Saluant les États Membres qui contribuent financièrement à l’UNRWA, Mme Ayorkor Botchwey a appelé à combler le déficit financier de l’Office pour qu’il puisse s’acquitter de sa mission vitale en faveur de ceux qui sont touchés par le conflit.  Elle a demandé au Secrétaire général de faciliter un processus permettant de trouver des solutions au financement humanitaire, pour qu’il soit plus durable et plus prévisible pour l’UNRWA.  Les parties doivent reprendre les pourparlers directs pour parvenir à une paix durable globale dans un esprit de bonne foi et de coopération, a-t-elle recommandé en conclusion, en s’adressant aussi au Conseil et aux États Membres qui doivent mener une action unifiée à cet égard. 

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a réaffirmé son ferme soutien à une solution à deux États, une solution dans laquelle « un État d’Israël juif et démocratique puisse vivre en paix aux côtés d’un État palestinien souverain, démocratique et viable ».  Elle a espéré que le Conseil cessera de pointer du doigt injustement Israël avant de rappeler que toutes les formes de haine et de violence sont un frein à l’objectif d’une solution à deux États.  Mme Linda Thomas-Greenfield s’est particulièrement inquiétée des tensions en Cisjordanie, à Gaza et à l’intérieur et autour de Jérusalem, en particulier la violence perpétrée contre les civils qui tentent de vaquer à leurs occupations quotidiennes.  « Pour progresser, Israël et l’Autorité palestinienne doivent s’abstenir de mesures unilatérales qui exacerbent les tensions et sapent les efforts visant à faire avancer une solution négociée à deux États », a insisté la représentante avant de regretter les annexions de territoire, les activités de colonisation, les démolitions et les expulsions -comme à Cheikh Jarrah-, l’incitation à la violence et l’indemnisation des personnes emprisonnées pour des actes de terrorisme.   

Faisant référence au voyage qu’elle a mené en Israël et en Cisjordanie en novembre 2021, la représentante a noté qu’Israéliens et Palestiniens sont enfermés dans une spirale de méfiance mutuelle, empêchant une coopération qui pourrait apporter la prospérité, la liberté et la sécurité pour tous.  « Les Israéliens ne croient pas qu’ils ont un partenaire pour la paix, tandis que les Palestiniens sont piégés dans le désespoir né de l’absence totale d’horizon politique », a-t-elle dit avant d’estimer que ce manque de confiance est le plus grand obstacle au progrès politique et à la paix. 

Par ailleurs, Mme Thomas-Greenfield s’est félicitée que la récente rencontre entre le Président de l’Autorité palestinienne Abbas et le Ministre israélien de la défense ait abouti à des mesures concrètes, dont le transfert par Israël de 32 millions de dollars provenant des impôts payés par les Palestiniens, la délivrance de permis commerciaux et l’approbation du statut humanitaire.  Elle a dit que les États-Unis espèrent faciliter de nouvelles étapes positives, avant de saluer le rôle constructif joué par la Jordanie et l’Égypte dans la prévention d’un regain de violence.  En outre, la déléguée a salué le rôle de la Norvège en tant que Présidente du Comité de liaison ad hoc pour appuyer le développement économique des Palestiniens.  Elle a aussi souligné le rôle déterminant de la société civile israélienne et palestinienne dans la construction de ponts entre les peuples d’Israël, de Cisjordanie et de Gaza, et de Jordanie.  Alors que la Journée internationale de la commémoration de l’Holocauste se tiendra le 27 janvier, la représentante a exprimé la détermination des États-Unis à continuer de défendre la justice pour les victimes de l’antisémitisme, ainsi que pour les survivants de l’Holocauste et leurs descendants.

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a noté que, malgré plusieurs développements positifs visant à apporter la stabilité et la prospérité au Moyen-Orient, il y a encore des « tentatives perfides de propagation du chaos et du terrorisme dans la région ».  Elle a dénoncé en particulier des crimes récents commis par « les milices terroristes houthistes », notamment contre des civils et des installations civiles dans son pays, en condamnant cette « escalade criminelle ».  La représentante a souligné l’importance de lutter activement contre le terrorisme et de mettre fin aux crises et aux conflits de la région.  Elle a réitéré l’engagement de son pays à soutenir le peuple palestinien et son droit d’établir un État palestinien indépendant et souverain, fondé sur les frontières du 4 juin 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale, et conformément au mandat de Madrid, à l’Initiative de paix arabe et à tous les autres termes de référence internationaux convenus.

À ces fins, elle a appelé à mettre fin à toutes les pratiques illégales dans les territoires palestiniens occupés et demandé qu’Israël respecte le droit international.  Elle a souligné la nécessité de maintenir le statu quo historique et juridique à Jérusalem.  Il faut également, a-t-elle poursuivi, prévenir ou atténuer toute escalade qui pourrait survenir, en maintenant le dernier cessez-le-feu.  Elle a salué à cet égard les efforts de l’Égypte et de la Jordanie.  Soucieuse de voir relancer un processus de paix crédible, elle a misé sur la récente réunion de haut niveau entre les parties.  Mme Nusseibeh a par ailleurs appelé à fournir une assistance au peuple palestinien et signalé que les Émirats arabes unis ont récemment envoyé des vaccins et une aide médicale à la bande de Gaza, en plus de leur aide pour répondre à la crise de l’eau et du soutien la construction d’une nouvelle école de l’UNRWA.  En conclusion, elle a souhaité que le Conseil de sécurité s’emploie à créer un environnement propice à la paix afin de parvenir à un avenir stable pour la région.  À la communauté internationale, elle a demandé de rechercher à résoudre fondamentalement les crises plutôt que de simplement les gérer.

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a constaté à son tour que la confrontation entre Palestiniens et Israéliens ne faiblit pas et continue de faire des victimes de deux côtés.  Cette situation, a-t-il souligné, est exacerbée par des actions illégales unilatérales, notamment la violation du statut des Lieux saints, l’expansion des colonies de peuplement, la confiscation des terres palestiniennes, les expulsions, les arrestations arbitraires et les violences contre la population civile.  Dénonçant les affrontements qui ont régulièrement lieu à Jérusalem, le délégué a appelé les parties à faire preuve de retenue et à renoncer aux mesures radicales qui créent des « faits irréversibles » sur le terrain.  Il les a aussi invitées à reprendre le processus de paix sur la base universellement reconnue du droit international.  

La Fédération de Russie, a-t-il poursuivi, attache une grande importance à la fourniture d’une aide humanitaire aux personnes dans le besoin en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, ainsi qu’aux réfugiés palestiniens présents dans les pays arabes voisins.  Il a appelé à la poursuite du financement de l’UNRWA afin qu’elle puisse venir en aide aux millions de réfugiés palestiniens dans la région, précisant que la Fédération de Russie continuera à verser des contributions volontaires au budget de l’Office.  Dans ce contexte, M. Polyanskiy s’est félicité de la tenue d’une réunion ministérielle du Comité de liaison à Oslo, en novembre. 

Plaidant pour une relance rapide du processus de paix entre Palestiniens et Israéliens, le représentant s’est dit convaincu qu’un règlement ne sera possible que si des négociations directes ont lieu entre les parties.  Pour cela, un climat propice doit être créé, y compris dans le cadre du Quatuor pour le Moyen-Orient, a-t-il plaidé, assurant que son pays continuera de travailler activement avec ses partenaires du Quatuor pour permettre la mise en œuvre de la solution des deux États.  À ses yeux, il importe également de convoquer une réunion du Quatuor au niveau ministériel et d’établir une interaction étroite de ce mécanisme avec les Palestiniens, les Israéliens et les acteurs clefs de la région.  

M. Polyanskiy a également estimé que la promotion du processus de paix nécessite la restauration de l’unité palestinienne autour de l’Organisation de libération de la Palestine.  Il a affirmé que la Fédération de Russie, associée à d’autres parties prenantes, dont l’Égypte, est prête à fournir l’assistance nécessaire pour y parvenir.  Enfin, il s’est inquiété des projets israéliens de colonies sur le plateau du Golan occupé.  Il s’agit non seulement de la poursuite de la colonie « Ramat Trump », dont la construction a été annoncée en 2020, mais aussi de la création de deux nouvelles colonies, celles d’Asif et de Matar, avec à la clef 12 000 unités de logement, a-t-il relevé, ajoutant que l’objectif déclaré des dirigeants israéliens est de « doubler le nombre d’Israéliens sur le plateau du Golan », ce qui est contraire aux dispositions de la Convention de Genève de 1949.  La Fédération de Russie, a-t-il dit, maintient sa position immuable de non-reconnaissance de la souveraineté israélienne sur le plateau du Golan, lequel « fait partie intégrante de la Syrie ». 

M. GENG SHUANG (Chine) a déploré le nombre de victimes causé par le conflit qui, s’est-il inquiété, n’a cessé de se dégrader depuis le début de l’année.  Il a exhorté Israël à respecter ses obligations en vertu du droit international et à respecter les droits des personnes dans les territoires occupés ainsi que le statut des Lieux saints.  Les préoccupations sécuritaires d’Israël doivent aussi être respectées.

Le représentant a ensuite appelé les autorités israéliennes à cesser les activités de peuplement, et à créer des conditions propices pour les communautés palestiniennes.  Il s’est inquiété du projet de construction de nouvelles colonies dans le plateau du Golan, avertissant que cela risque de créer des tensions.  Également préoccupé par la situation humanitaire, le délégué a appelé la communauté internationale à faire preuve de générosité, notant que l’UNRWA doit bénéficier d’une plus grande aide.  Il a aussi appelé à mobiliser les efforts pour mettre en œuvre la solution des deux États, et a engagé la communauté internationale à adopter une approche objective et à redoubler d’efforts pour assurer la reprise du dialogue.  La création de relations de confiance entre les parties et la réconciliation intra-palestinienne sont essentielles, a-t-il souligné pour ensuite appeler à la tenue d’une conférence de paix sous l’égide de l’ONU.

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a déclaré que la résolution du conflit israélo-palestinien demeure urgente et a appelé le Conseil de sécurité à insuffler un nouvel élan à la reprise des négociations directes entre les parties.  Notant que plus de 40% de la population israélienne a moins de 25 ans et que plus de 70% de la population dans les territoires palestiniens occupés a moins de 30 ans, elle a insisté sur le devoir collectif de contribuer à renouveler les perspectives d’un horizon politique pour les jeunes.

Poursuivant, la représentante s’est inquiétée du niveau élevé de la violence et a appelé Israël à veiller à ce que ses opérations de sécurité dans les zones A et B de la Cisjordanie demeurent proportionnées et tiennent compte de l’impératif de protéger les civils.  Elle a aussi déploré la reprise des démolitions à Cheikh Jarrah, notamment la destruction ce matin de deux domiciles, alertant de leurs graves répercussions humanitaires et des menaces au statu quo fragile de Jérusalem-Est.  Elle a appelé Israël à mettre un terme à ces pratiques ainsi qu’aux colonies de peuplement illégales qui menacent la contiguïté d’un futur État palestinien.  Le blocus de Gaza doit également être levé.

Après avoir salué la réunion entre le Président Abbas et le Ministre Gantz, Mme Byrne Nason a appelé à progresser sur la question des prisonniers, de la restitution de restes humains et de toute autre mesure capable de renforcer la confiance envers le processus politique.  Elle s’est inquiétée de la décision d’Israël de désigner certaines organisations de la société civile palestinienne en tant qu’organisations terroristes et a par ailleurs appelé à appuyer l’UNRWA et la reprise du dialogue économique entre les États-Unis et la Palestine.

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) s’est inquiété du peu de progrès réalisés dans le cadre du processus de paix au Moyen-Orient, s’alarmant notamment de la dangereuse escalade de la violence depuis le début de l’année et de l’aggravation des tensions à Gaza qui, a-t-il ajouté, témoignent de la fragilité du cessez-le-feu de mai 2021.  Il a en revanche salué la reprise récente de pourparlers directs entre des autorités israéliennes et palestiniennes de haut niveau, soulignant que le dialogue est essentiel pour répondre aux défis urgents des deux parties et relancer le processus politique.  Il a espéré que ces réunions deviendront plus fréquentes.

Le représentant a par ailleurs espéré que le deuxième tour des élections locales palestiniennes se déroulera au mois de mars comme prévu, notant qu’un scrutin légitime et crédible est essentiel pour renforcer la légitimité et la crédibilité des institutions palestiniennes.  Préoccupé par la situation à Gaza, il a appuyé la fourniture d’une aide humanitaire sur une base prévisible, responsable et régulière.  Il s’est en outre inquiété du manque de ressources de l’UNRWA.

Au cours des 30 dernières années, nous avons assisté à différentes phases dans le conflit israélo-palestinien, a noté M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique), allant des Accords d’Oslo aux récents Accords d’Abraham, sans oublier les initiatives régionales de coopération, tels que des projets de gestion de l’eau entre la Jordanie, Israël et la Palestine promus par EcoPeace.  Certains rapprochements récents vont dans le bon sens, a-t-il estimé en saluant notamment la récente réunion entre le Ministre Gantz et le Président Abbas, ainsi que le plan économique du Ministre Lapid pour Gaza.  Il a ensuite exhorté les parties à maintenir les voies de communication et à consolider la coopération civile, sécuritaire et fiscale.  Il a pris note de l’assouplissement des restrictions de circulation des biens et des personnes à Gaza, en demandant toutefois la levée totale et définitive du blocus de Gaza.   

Le représentant s’est dit préoccupé par la poursuite des actions qui sapent la faisabilité de la solution des deux États, notamment les expulsions à Cheikh Jarrah.  Il a condamné l’expansion des colonies israéliennes dans les territoires occupés et a dénoncé les conséquences des appropriations, des expulsions et des démolitions de structures palestiniennes.  Il a également fermement condamné l’usage de la force, qu’il s’agisse d’attaques de colons contre des civils palestiniens ou de celles des Palestiniens contre des civils israéliens.  Les parties doivent faire preuve de la plus grande retenue, a-t-il enjoint.  M. de la Fuente Ramírez a ensuite salué les efforts de l’Algérie pour promouvoir la réconciliation intra-palestinienne, ainsi que les discussions menées par le Coordonnateur spécial de l’ONU avec ses homologues de l’Union européenne et de la Russie et a espéré que la prochaine réunion du Quatuor aura lieu bientôt.

M. T. S. Tirumurti (Inde) a dit appuyer la solution des deux États et souligné la nécessité urgente d’inverser la tendance négative sur le terrain.  Il a souhaité une feuille de route pour reprendre les négociations politiques directes sur la base de la résolution 2443 (2018) qui réaffirme la ferme détermination de la communauté internationale de parvenir à la solution des deux États et qui souligne que toutes les activités de peuplement doivent cesser.  Il a dit à cet égard être vivement préoccupé par l’évolution récente de la situation en Cisjordanie, à Jérusalem et à Gaza, demandant aux parties de remédier à cette situation.  Il s’est aussi inquiété de voir que les mesures unilatérales israéliennes modifient indûment le statu quo sur le terrain et sapent la viabilité de la solution des deux États.  La communauté internationale doit envoyer un message clair, indiquant sans ambages que toute mesure risquant d’empêcher une paix durable entre Israël et la Palestine dans un avenir proche est inacceptable, a exhorté le représentant.  

M. Tirumurti a demandé aux parties de mettre l’accent sur des mesures constructives de confiance.  Il s’est dit encouragé par le nombre croissant de contacts directs entre les dirigeants israéliens et palestiniens, dont la réunion récente entre le Président Abbas et le Ministre de la défense israélienne, et l’annonce ultérieure par Israël de la poursuite de mesures socioéconomiques.  Ces initiatives, qui sont dans l’intérêt des deux parties, contribuent à renforcer la stabilité et découragent les terroristes, a relevé le représentant.  La mise en œuvre de ces mesures et les contacts constants à haut niveau doivent être accompagnés d’une feuille de route pour la reprise dans les meilleurs délais des pourparlers, a-t-il encore recommandé.  Il a demandé à l’ONU, à la communauté internationale et au Quatuor en particulier, d’accorder la priorité à la relance de ces négociations.  Enfin, il a condamné l’attentat terroriste commis à Abou Dhabi dans lequel deux Indiens ont perdu la vie. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) a appelé à investir dans la compréhension et la coopération pour aider les Israéliens et les Palestiniens à gérer leurs différends dans la paix et l’harmonie.  Il s’est inquiété des défis sécuritaires auxquels Israël est confronté quotidiennement.  « Ce n’est pas facile de se sentir en sécurité lorsqu’un pays voisin puissant prône ouvertement votre destruction », a expliqué le représentant.  « Et il est difficile de se sentir en paix quand on vit sous la menace constante d’attaques de missiles en provenance du sud et du nord du pays ».  Il a défendu le droit légitime d’Israël de se défendre tout en expliquant comprendre le désespoir des Palestiniens face à l’absence de perspectives d’avenir.  « L’espoir meurt en dernier, dit le proverbe, et quand il n’y a plus d’espoir, il ne reste rien d’autre. »  Qualifiant le statu quo d’insoutenable et faisant part de son appui à la solution des deux États, le représentant a affirmé que la confiance est l’ingrédient le plus important pour assurer la reprise et la réussite des négociations.

Après avoir alerté que l’expansion des colonies menace la perspective d’un règlement pacifique du conflit, M. Hoxha a salué les Accords d’Abraham et appelé à une amélioration des relations entre Israël et les États arabes, se déclarant persuadé qu’une telle amélioration aura un impact positif sur les relations entre Israéliens et Palestiniens.  Il a aussi souligné qu’une société civile forte et dynamique est essentielle pour autonomiser les gens, renforcer la compréhension mutuelle par des contacts interpersonnels et lutter contre les préjugés, la haine et l’hostilité.  Face à l’incapacité du Conseil à trouver une solution, le représentant de l’Albanie a appelé à tout mettre en œuvre pour soutenir les initiatives permettant aux Israéliens et Palestiniens de vivre dans la sécurité, la dignité, la paix et la prospérité.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a réaffirmé qu’il est de la responsabilité du Conseil de sécurité d’œuvrer à la préservation de la solution des deux États, qui reste à ce jour la seule à même de répondre aux aspirations légitimes des peuples israélien et palestinien, de garantir la sécurité de tous et de permettre une paix juste et durable.  Les paramètres de cette solution sont connus et doivent être mis en œuvre par le biais de négociations entre les parties sur l’ensemble des questions du statut final, a-t-il dit, avant de reconnaître que ladite solution ne cesse d’être fragilisée, notamment sous l’effet de la poursuite de la colonisation ces dernières décennies.  Á cet égard, le représentant a condamné les nouveaux plans adoptés par les autorités israéliennes, le 17 janvier, lesquels prévoient de créer des centaines de nouvelles unités de logement à l’est de la Ligne verte, notamment à Jérusalem-Est entre Givat HaMatos et Har Homa.  Il a appelé Israël à revenir sur cette décision et à suspendre définitivement les plans concernant la création d’une nouvelle colonie à Atarot et ceux visant à étendre la zone E1. 

Saluant les mesures annoncées à la suite de la rencontre du Ministre israélien et du Président de l’Autorité palestinienne, M. de Rivière a cependant souhaité qu’elles s’accompagnent d’un gel des mesures unilatérales de la part des parties.  Il s’est dit préoccupé par la hausse record des violences des colons, des démolitions et des évictions, en particulier à Jérusalem-Est et en zone C, ainsi que par la fragilité de la cessation des hostilités à Gaza.  Il est impératif, selon lui, que l’aide nécessaire au relèvement et les équipements médicaux entrent à Gaza.  Le délégué a également réitéré le soutien de la France à l’action de l’UNRWA, plus que jamais essentielle pour les réfugiés palestiniens et pour la stabilité de la région.  Il s’est par ailleurs inquiété du rétrécissement de l’espace dans lequel opère la société civile, regrettant à ce sujet qu’Israël ait désigné six ONG palestiniennes comme organisations terroristes.  Il a indiqué qu’en l’absence d’éléments permettant d’étayer les allégations de détournement de fonds de la part de ces ONG et leur participation ou soutien à une activité terroriste, la France continuera de leur apporter son soutien.  Enfin, après avoir appelé de ses vœux la poursuite de l’enquête sur la mort en détention du militant palestinien Nizar Banat et la tenue d’élections générales palestiniennes, le représentant a exhorté le Conseil à œuvrer à la relance du processus politique, au point mort depuis 2014.  Recréer un horizon politique permettra de prévenir un nouveau cycle de violence, a-t-il déclaré, avant d’assurer que la France continuera d’œuvrer en ce sens, notamment avec l’Allemagne, l’Égypte et la Jordanie.

M. James Kariuki (Royaume-Uni) a commencé par condamner dans les termes les plus forts les attentats terroristes perpétrés le 17 janvier par les houthistes contre des sites civils à Abou Dhabi.  Il a ensuite remercié les deux intervenants d’EcoPeace, affirmant soutenir leurs appels à une plus grande coopération régionale sur les menaces environnementales communes.  L’accord sur l’eau et l’énergie solaire conclu en novembre entre Israël, la Jordanie et les Émirats arabes unis nous montre la valeur de tels efforts, a-t-il commenté.  Le délégué a également rendu hommage à la Norvège pour ses efforts en matière de coordination économique entre les parties, qui ont notamment pris la forme de la présidence, en novembre, du premier Comité spécial de liaison en présentiel depuis deux ans.  Cela a permis de renforcer le dialogue et de redynamiser le Comité économique mixte, a-t-il applaudi, avant de saluer également les réunions directes entre le Ministre israélien de la défense et le Président Abbas, et les discussions entre les ministères des finances visant à améliorer les conditions économiques dans les territoires palestiniens occupés.  

Le représentant a d’autre part indiqué que, le 17 janvier, des diplomates britanniques ont été les témoins de la tentative d’expulsion de la famille Salhia, qui vit et dirige une entreprise dans le quartier de Cheikh Jarrah, à Jérusalem-Est.  Pendant la nuit, les autorités sont venues démolir la maison de cette famille et ont arrêté plusieurs de ses membres, a-t-il dénoncé, demandant à nouveau instamment au Gouvernement israélien de mettre fin à ces pratiques contraires au droit international humanitaire « en toute circonstance, sauf les plus exceptionnelles ».  Il s’est également alarmé de l’approbation donnée par Israël au plan d’implantation du Bas de l’aqueduc, qui prévoit la construction de près de 1 500 logements, dont certains au-delà de la Ligne verte.  Tout en exhortant le Gouvernement israélien à mettre définitivement fin à ses activités de peuplement, qui accentuent les tensions et menacent la viabilité d’un futur État palestinien, M. Kariuki a également condamné la tentative d’attaque à l’arme blanche contre un soldat de Tsahal en Cisjordanie, le 17 janvier, ainsi que les tirs de missiles depuis Gaza vers Israël début janvier.  Il a exhorté les deux parties à éviter les actions unilatérales préjudiciables à la paix, appelant Israéliens et Palestiniens à travailler ensemble pour faire progresser la solution des deux États.  

M. MICHAEL KAPKIAI KIBOINO (Kenya) a appelé à relever les défis immédiats, avec ou sans solution politique au conflit israélo-palestinien, appelant à ne pas perdre de vue le facteur humain, moteur de ce conflit de longue date et principal responsable du manque de progrès dans la réalisation des objectifs énoncés dans les résolutions de l’ONU.  C’est aussi le facteur humain qui est à l’origine des actes extrémistes qui continuent d’entraver la paix et l’établissement d’un environnement propice à un véritable processus de paix.  Il a également condamné les attentats terroristes perpétrés par le Hamas, le Jihad islamique palestinien et d’autres groupes militants affiliés contre les civils israéliens et les infrastructures civiles.  

Il a souligné le besoin urgent qu’il y a pour les deux parties de dialoguer et d’avancer sur la voie de la négociation d’un règlement pacifique du conflit.  Ceci devrait rester le principe d’engagement du Conseil de sécurité sur le dossier israélo-palestinienne, a fait valoir M. Kiboino.  Il a dit attendre avec intérêt l’opérationnalisation des résultats concrets de la réunion du 28 décembre entre le Ministre israélien de la défense, M. Gantz, et le Président Abbas.  Le représentant a également estimé que, pour aller de l’avant, il est impératif de mettre un terme à l’expansion des colonies israéliennes et aux expulsions et démolitions de structures palestiniennes.  Après avoir appelé au renforcement de l’UNRWA, le représentant a salué les efforts du Comité de liaison ad hoc, présidé par la Norvège, qui contribue au renforcement des institutions palestiniennes et au développement de l’économie palestinienne.

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a constaté que la réalisation des perspectives de paix et de développement continue d’être compromise au Moyen-Orient.  S’agissant du conflit israélo-palestinien, il a noté que l’année 2022 commence avec la violation d’un cessez-le-feu déjà fragile par des frappes israéliennes sur Gaza, en réponse à des tirs de roquettes.  Dans le même temps, les situations humanitaire et économique dans les territoires palestiniens demeurent alarmantes et sont aggravées par la crise financière sans précédent à laquelle est confrontée l’Autorité palestinienne et les problèmes budgétaires de l’UNRWA.  De ce fait, le délégué a appelé toutes les parties à s’abstenir de toutes rhétoriques belliqueuses ou actions unilatérales qui ne pourraient que nourrir davantage l’escalade de la violence, à l’instar de la politique de colonisation menée par Israël et des attaques contre des civils israéliens.  Ces actes, a-t-il averti, constituent des obstacles à la solution de deux États vivant côte à côte, et à la stabilité de toute la région. 

Favorable à une redynamisation des négociations israélo-palestiniennes fondées sur l’application du droit international, le représentant a dit soutenir la vision d’un État palestinien coexistant avec l’État d’Israël, dans les frontières d’avant 1967, conformément aux résolutions pertinentes des Nations Unies.  Pour redonner vie à cette perspective, il a invité le Quatuor ainsi que tous les acteurs de la région à intensifier leurs efforts afin d’amener les dirigeants israéliens et palestiniens à reprendre le dialogue de bonne foi et de manière inclusive.  Seul un dialogue « franc, constant et direct » entre les deux parties permettra d’apporter des solutions durables à ce conflit, a-t-il affirmé, avant de saluer la « rencontre historique », en terre israélienne, le 28 décembre dernier, entre le Président de l’Autorité palestinienne et le Ministre israélien de la défense. 

M. PÉTER SZIJJÁRTÓ, Ministredes affairesétrangèresde la Hongrie, a regretté l’échec des nombreuses tentatives de régler le conflit israélo-palestinien et a espéré que la reprise de négociations sera couronnée de succès.  À cet égard, il a estimé que la coopération dans des domaines comme la sécurité alimentaire, la santé ou la gestion de l’eau ouvre de nouvelles perspectives en matière de stabilité régionale.  Il a salué la signature des Accords d’Abraham et leur capacité à insuffler un nouvel élan au processus de paix, notant qu’ils ont apporté d’importants changements aux relations diplomatiques d’Israël.

Il a déploré la manière dont Israël est traitée au Conseil de sécurité et a demandé une approche plus équilibrée et juste vis-à-vis de cet État.  Il faut aussi rejeter toute condamnation unilatérale, partiale et injustifiée d’Israël.  Le Ministre a également appelé l’ONU et ses États Membres à mettre fin aux débats et aux déclarations anti-israéliens dont l’objectif n’est pas de trouver une solution à la situation actuelle, mais de désigner un coupable de manière unilatérale et de lui mettre sur le dos tous les problèmes de la région.  Israël a le droit à la légitime défense et à protéger sa souveraineté et ses citoyens, a-t-il insisté.  

Le Ministre hongrois a par ailleurs relevé que la dégradation de la situation sécuritaire provoque des flux migratoires considérables en direction de l’Europe centrale.  La Hongrie, a assuré M. Szijjártó, suit de très près la montée de l’antisémitisme dans diverses régions du monde en mettant en place une politique en la matière vu que le pays abrite la plus grande communauté juive d’Europe.  Le Ministre a également dénoncé les persécutions à l’encontre des chrétiens, le groupe le plus persécuté dans le monde à l’heure actuelle, y compris au Moyen-Orient, et a appelé les États Membres à défendre ces communautés.

M. OMAR KADIRI (Maroc) a déclaré que les négociations entre Israéliens et Palestiniens restent la seule voie pour résoudre le conflit.  Appelant à un renouvellement des efforts diplomatiques à cette fin, il a indiqué que le Maroc continuera de jouer un rôle essentiel aux côtés de la communauté internationale pour relancer les pourparlers directs.  Il a appelé les parties à préserver le caractère historique de Jérusalem et promis que le Maroc n’épargnera aucun effort à cette fin.  Le représentant a ensuite fait part du soutien de son pays à des projets culturels et éducatifs vitaux dans le Territoire palestinien occupé.  Condamnant par ailleurs la récente « attaque criminelle houthiste » contre les Émirats arabes unis, il a exprimé son soutien aux mesures prises par ce pays pour se défendre et a promis le soutien du Maroc à la défense des citoyens émiriens.  « Le Conseil devrait condamner cette attaque et prendre des mesures pour que les auteurs soient traduits en justice », a insisté M. Kadiri avant d’appeler à préserver la paix et la sécurité internationale dans cette région.

M. MAJID TAKHT RAVANCHI (République islamique d’Iran) a constaté que la situation continue de se dégrader dans les territoires palestiniens occupés.  En 2021, a-t-il déploré, des personnes innocentes ont été tuées, des biens palestiniens ont été confisqués, des maisons détruites, et des familles entières expulsées de force.  Pour le représentant, le « régime israélien » continue de mener une politique d’oppression et d’expansion, violant systématiquement les droits humains des populations des territoires palestiniens occupés.  Un exemple de cette « brutalité » a, selon lui, été la guerre de 11 jours menée par Israël à Gaza en mai 2021, au cours de laquelle des « crimes de guerre » et des « crimes contre l’humanité » ont été commis.  Le « régime israélien » continue aussi de mener des activités de déstabilisation de la région, notamment par le biais de violations répétées de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Syrie, a accusé le délégué, avant de condamner l’annonce par Israël de nouvelles colonies de peuplement sur le plateau du Golan occupé, projet contraire au droit international et donc « nul et non avenu ».  Dans ce contexte, le représentant a reproché au Conseil de sécurité d’encourager le « régime israélien » à poursuivre ses activités illégales.  Le Conseil devrait au contraire sommer Israël de cesser ses violations et son occupation de territoires arabes, a-t-il martelé.  Il a enfin estimé que le délégué israélien a tenté de détourner le débat en proférant des accusations sans fondement contre la République islamique d’Iran.  Il est ironique, a-t-il déclaré, qu’un régime connu pour son système d’apartheid et ses crimes contre l’humanité, un régime qui stocke des armes de destruction massive, se permette de qualifier un autre pays de menace pour la paix et la sécurité internationales.  

M. OSAMA MAHMOUD ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte), qui s’exprimait au nom du Groupe arabe, a rappelé que la résolution 2334 (2016) condamne les colonies de peuplement qui sont un obstacle majeur à la paix.  Il a déploré que 74 ans après la Naqba, la situation dans le Territoire palestinien occupé reste en pleine détérioration, notant que les activités de peuplement israéliennes augmentent, que des maisons palestiniennes sont détruites, notamment à Cheikh Jarrah, et que les colons ne cessent de violer la loi.  De plus, Israël a désigné six ONG palestiniennes en tant qu’organisations terroristes alors même qu’elles coopèrent avec l’ONU, s’est-il indigné.  Dès lors il a demandé à la communauté internationale d’apporter sans tarder la protection nécessaire au peuple palestinien; de tout faire pour mettre fin aux activités illégales d’Israël, notamment les confiscations de terres et de structures palestiniennes; et de ne pas accepter la désignation de terroriste des six organisations précitées. 

Le représentant a également appelé au respect du statu quo juridique et démographique à Jérusalem-Est et du statu quo juridique des Lieux saints.  Il a salué les efforts de l’Algérie pour parvenir à l’unité palestinienne, indiquant par ailleurs que l’Égypte a fait don de 500 millions de dollars pour reconstruire la bande de Gaza.  Le délégué a ensuite demandé l’organisation d’une conférence de paix sur la base de la solution des deux États et de l’Initiative de paix arabe afin de mettre la fin à l’occupation israélienne et de relancer le processus de paix.  Il a par ailleurs fermement condamné l’attaque terroriste perpétrée par les houthistes aux Émirats arabes unis.  Avant de conclure, il a déclaré qu’une paix durable ne pourra être obtenue qu’en libérant le Territoire palestinien occupé depuis 1967, en mettant un terme aux activités de peuplement israéliennes, et en respectant à la lettre les résolutions pertinentes de l’ONU.

M. MAGED ABDELFATTAH ABDELZIZ, Observateur permanent de la Ligue des États arabes, a condamné l’attentat terroriste commis par les houthistes aux Émirats arabes unis il y a deux jours.  En dépit des accords internationaux fondés sur le principe de la paix contre des terres, la situation n’avance pas, a-t-il déploré.  Il a relevé qu’Israël continue de violer les droits du peuple palestinien, y compris la résolution 2334 (2016), poursuit ses activités de peuplement pour modifier la réalité sur le terrain, protège les colons qui attaquent les Palestiniens et confisquent les biens palestiniens en violation du droit international.  

La communauté internationale, en particulier le Conseil de sécurité, reste toutefois attachée à la solution des deux États, a constaté M. Abdlefattah Abdelaziz appelant à une action rapide du Conseil et du Quatuor pour préparer les négociations sur la voie d’une conférence pour la paix.  Il a aussi invité à apporter de l’aide aux Palestiniens face à la Puissance occupante et aux colons en organisant des réunions afin d’examiner le rapport du Secrétaire général de 2018 sur la question, qui indique comment protéger le peuple palestinien.  

L’Observateur permanent a également appelé à appuyer les réfugiés palestiniens et l’UNRWA.  Israël doit rendre des comptes pour ses violations des droits humains du peuple palestinien, a-t-il exigé évoquant des crimes de génocide et des crimes d’apartheid.  Il a également appelé à préserver le statu quo et l’intégrité des Lieux saints.  M. Abdlefattah Abdelaziz a estimé qu’il est important de parvenir à la réconciliation nationale intra-palestinienne, organiser des élections dès que possible et appuyer tous les efforts de reconstruction.  Il a reconnu ce qu’a dit la représentante des États-Unis, que « tous les membres du Conseil ont des relations avec Israël à l’heure actuelle ».  Il a conclu en exhortant le Conseil à se rendre en visite officielle dans les territoires palestiniens occupés.  

M OLOF SKOOG, délégué de l’Union européenne, a expliqué que l’UE surveille de près la situation sur le terrain et reste déterminée à prendre toutes les mesures idoines pour préserver la solution des deux États.  « Des élections doivent se tenir sans délai », a insisté M. Skoog avant d’exhorter les factions palestiniennes à s’engager dans des pourparlers de bonne foi, à renoncer au terrorisme et à permettre à Israël d’exister et de vivre en paix et en sécurité.  Après avoir souligné la nécessité de permettre à la société civile palestinienne de mener ses activités, le représentant a exhorté l’Autorité palestinienne à respecter la liberté d’expression dans les zones sous son contrôle.  Notant que l’activité de l’UNRWA reste essentielle tant que n’est pas trouvée une solution juste et durable à la question des réfugiés, le représentant a appelé la communauté internationale à soutenir l’Office financièrement.

S’agissant du conflit syrien, qui perdure depuis une décennie, le représentant a appelé à une transition pacifique dans le respect de la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité.  Il a particulièrement mis l’accent sur la nécessité du règlement de la question des personnes détenues ou disparues.  Il a appelé à la tenue d’élections libres et transparente avant de souligner la pertinence d’une approche « pas à pas ».  Après avoir souligné que 1 500 civils ont été tué en 2021, il a appelé à tout mettre en œuvre pour préserver le cessez-le-feu conclu dans le nord-ouest et à l’étendre à l’ensemble du territoire.  Le représentant a exhorté toutes les parties au conflit à cesser les attaques contre les installations civiles.  Il a ajouté que toutes les parties responsables de violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme devront rendre des comptes.  Il a réaffirmé la volonté de l’Union européenne de voir la question de la Syrie renvoyée devant la Cour pénale internationale.  Soulignant l’importance de récolter des informations permettant de documenter les crimes, le représentant a souligné la pertinence du Mécanisme international, impartial et indépendant chargé de faciliter les enquêtes sur les violations les plus graves du droit international commises en République arabe syrienne depuis mars 2011 et d’aider à juger les personnes qui en sont responsables.  Après avoir cité les 5,6 millions de réfugiés et les 6,7 millions de déplacés, M. Skoog a exhorté la communauté internationale à augmenter son soutien financier pour faire face aux besoins humanitaires quotidiens de 14 millions de Syriens.  Dans ce contexte, il a noté que l’aide humanitaire transfrontalière continue d’être vitale en l’absence d’autres solutions.

Au nom du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, M. ARRMANATHA NASIR (Indonésie) a précisé que la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Mm Michelle Bachelet, a, le 7 décembre 2021, informé le Comité de la situation « désastreuse » des droits de l’homme dans le Territoire palestinien occupé en citant de graves violations - dont des meurtres, des détentions arbitraires, y compris d’enfants, des restrictions aux libertés fondamentales et la discrimination affectant des millions de Palestiniens.  « Le 10 novembre, des experts des droits de l’homme de l’ONU ont exprimé leur inquiétude face à la recrudescence des actes de violence commis par des colons israéliens à l’encontre de Palestiniens dans le Territoire occupé », a aussi relevé le représentant, avant de s’inquiéter aussi de la montée des tensions liées à l’expansion continue des colonies israéliennes illégales en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est, menaçant la viabilité de l’État palestinien.  Face à cette situation, le représentant s’est dit préoccupé par l’augmentation du nombre de blessés et de morts qui en a résulté, en citant « 6 Palestiniens tués et 1 138 autres blessés entre le 19 octobre 2021 et le 14 janvier 2022 ». 

Il s’est particulièrement inquiété du risque, pour des familles palestiniennes, d’être expulsées des maisons dans lesquelles elles vivent depuis des décennies et depuis des générations dans les quartiers de Cheikh Jarrah et Silwan de Jérusalem-Est occupée.  « Selon l’OCHA, depuis octobre 2021, 232 maisons et structures appartenant à des Palestiniens ont été démolies dans toute la Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem-Est, déplaçant 283 personnes et affectant 5 329 femmes, enfants et hommes », a précisé M. Nasir.  Ce dernier a expliqué que le Comité exhorte Israël à respecter ses obligations en droit international humanitaire et en droit international des droits de l’homme, et à cesser immédiatement la démolition et la saisie de biens palestiniens dans toute la Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem-Est. 

Préoccupé par la situation économique de l’État de Palestine, le Vice-Président du Comité a appuyé le plan de réponse humanitaire de 510 millions de dollars lancé par la Coordinatrice humanitaire pour le territoire palestinien occupé, Mme Lynn Hastings, pour soutenir 1,6 million de personnes parmi les plus vulnérables à Gaza et en Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, en 2022.  Soulignant la baisse constante des ressources de l’UNRWA depuis 2013 malgré les besoins humanitaires croissants des réfugiés palestiniens, le représentant s’est félicité du retour des États-Unis en tant que partenaire et donateur de l’Office qui doit répondre aux besoins de 5,8 millions de réfugiés palestiniens.  Par ailleurs, il a indiqué que Gaza a besoin non seulement d’un soutien économique pour la reconstruction, mais aussi d’une levée complète du blocus israélien illégal, conformément à la résolution 1860 (2009) du Conseil de sécurité.  Il a aussi plaidé pour le retour du Gouvernement palestinien légitime à Gaza, en précisant que la bande reste une partie intégrante du territoire palestinien 

Alors que les organisations de la société civile palestinienne continuent de faire face à des restrictions de leurs libertés d’expression, de réunion et d’association, il a expliqué que le Bureau du Comité s’est joint au Secrétaire général, à la Haute-Commissaire aux droits de l’homme, à l’Union européenne et à six autres organisations internationales de défense des droits de l’homme pour exprimer publiquement sa profonde préoccupation face à la décision d’Israël du 22 octobre de désigner six organisations de défense des droits de l’homme et humanitaires comme des « entités terroristes ».  « Certaines de ces organisations sont des partenaires fiables de longue date du Comité et de l’ONU dans la défense de la protection et de la promotion des droits de l’homme du peuple palestinien », a précisé M. Nasir.  Notant que les autorités israéliennes n’ont pas rendu publiques des preuves substantielles contre ces six organisations palestiniennes, il plaidé pour que les organisations de la société civile doivent être autorisées à travailler sans entrave dans la mise en œuvre de leur mandat.  Il a, enfin, appelé à la mise en œuvre des dispositions de la résolution 2334 (2016), ainsi que de toutes les résolutions de l’ONU et des paramètres convenus au niveau international, afin de résoudre de manière juste et durable la question de Palestine.

M. ÖNCÜ KEÇELI (Turquie) a dénoncé l’ONU qui a, à son avis, perdu son ambition dans le conflit israélo-palestinien.  Le conflit fait les gros titres aujourd’hui seulement lorsqu’il y a une escalade, a-t-il remarqué en notant aussi que les appels à la retenue ont remplacé les appels à une paix pérenne.  « Cela ne suffit pas, normaliser l’occupation est tout simplement inacceptable », a protesté le représentant.  Il a condamné les mesures unilatérales, y compris les arrestations arbitraires, la colonisation illégale, les démolitions de maisons et des tentatives de modifier le statut de Jérusalem et d’Al-Aqsa.  Ces actes nuisent à toute perspective d’une solution à deux États, en a-t-il conclu.  Prenant note de la décision prise par le Gouvernement israélien de cesser pour le moment les plans de construction de colonies et de remettre à plus tard la construction d’une colonie illégale en Cisjordanie, dans la zone E, le représentant y a vu des pas dans la bonne direction.  Cependant, a-t-il tempéré, la décision prise par Israël désignant les organisations de la société civile palestinienne comme « terroristes » montre que lorsqu’il fait un pas en avant, il fait aussi trois pas en arrière.   

Le processus de réconciliation intrapalestinien est essentiel si nous voulons la paix dans la région, a postulé le délégué en recommandant d’appuyer non seulement l’unité des parties palestiniennes mais aussi l’économie palestinienne.  Il est essentiel que les services de l’UNRWA continuent de façon durable et sans interruption, a-t-il aussi demandé avant d’attirer l’attention du Conseil sur l’importance de protéger la vie des enfants quel que soit le côté de la frontière où ils naissent.  Le conflit israélo-palestinien n’est pas un conflit gelé et ne devrait pas être traité comme tel, a conclu M. Keçeli réitérant son appui à la solution des deux États. 

M. MOHAMMED ABDULAZIZ H. ALATEEK (Arabie saoudite) s’est dit attaché aux paramètres reconnus internationalement pour le règlement de la question palestinienne.  Il a estimé qu’une paix complète et pérenne entre Palestiniens et Israéliens constitue un « choix stratégique ».  Il s’agit en effet de mettre fin à l’un des conflits les plus longs de l’ère moderne et de permettre la création d’un État indépendant, le retour des réfugiés et la fin de l’occupation israélienne des territoires arabes, y compris dans le Golan et au Liban.  Pour le représentant, il est aujourd’hui temps que le Conseil de sécurité garantisse la justice et se montre ferme face aux violations par Israël de ses résolutions pertinentes. 

Le délégué a ensuite dénoncé les activités des milices houthistes qui, jour après jour, continuent de semer la violence, de mettre à mal les droits des Yéménites et de perturber la navigation internationale.  Rappelant qu’il y a deux jours, ces mêmes milices soutenues par l’Iran ont mené une attaque meurtrière sur la capitale des Émirats arabes unis, Abou Dhabi, il a appelé la communauté internationale à riposter à ces agressions.  De son côté, a-t-il ajouté, l’Arabie saoudite affirme son droit à prendre toutes les mesures qui s’imposent pour faire face à de telles attaques et invite le Conseil de sécurité à faire de même.  L’absence de mesures fermes contre les houthistes leur a permis de s’en prendre au peuple yéménite et de bloquer toute perspective de solution politique, a regretté le représentant, qui a par ailleurs exprimé son appui au peuple du Liban et appelé les autorités de ce pays à mettre fin au contrôle de l’État par le Hezbollah.   

Après avoir condamné l’attaque perpétrée par les houthistes contre les Émirats arabes unis, M. MAHMOUD DAIFALLAH HMOUD (Jordanie) a souligné l’importance d’établir un État palestinien indépendant et souverain avec Jérusalem-Est comme capitale.  La région ne connaîtra pas la paix tant que le statu quo insoutenable causé par l’occupation ne prendra pas fin, a-t-il déclaré.  Il a dénoncé l’expulsion d’une famille palestinienne de sa maison dans le quartier de Cheikh Jarrah, à Jérusalem, plus tôt dans la journée et a exhorté Israël à y respecter le droit international.  Soulignant l’importance d’éliminer tous les obstacles qui entravent l’économie palestinienne, le représentant a souligné qu’une solution économique ne remplacera pas une solution politique mais peut créer un environnement qui y soit propice.  Il a assuré que la Jordanie poursuivra ses efforts pour protéger les lieux saints islamiques et chrétiens d’Al-Qods al-Charif et pour préserver son identité arabo-islamique et chrétienne.

M. PEDRO LUIS PEDROSO CUESTA (Cuba) a regretté que le Conseil de sécurité continue de ne pas adopter de mesures pour mettre la fin à l’occupation israélienne du Territoire palestinien occupé, comme le prévoit pourtant sa résolution 2334 (2016).  Après 74 ans d’occupation, a-t-il constaté, Israël poursuit sa politique illégale de colonies de peuplement, en procédant à des démolitions punitives, au déplacement forcé de centaines de civils, au blocus de la bande de Gaza et à l’annexion de territoires palestiniens de la vallée du Jourdain et d’autres parties de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est.  Pour le délégué, c’est l’obstruction répétée des États-Unis à l’action du Conseil de sécurité qui a autorisé l’impunité d’Israël et empêché cet organe d’assumer la responsabilité qui lui a été conférée par la Charte des Nations Unies.  Cuba soutient sans restriction le principe d’une solution globale et équitable du conflit israélo-palestinien, a précisé M. Pedroso Cuesta, ajoutant que le peuple palestinien doit exercer son droit à l’autodétermination et avoir un État indépendant et souverain dans les frontières d’avant 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale et un droit de retour garanti pour les réfugiés.

À cette aune, a poursuivi le représentant, Cuba soutient l’admission de l’État de Palestine comme membre à part entière des Nations Unies et l’appel de son Président à la tenue d’une conférence internationale de paix.  Cuba rejette le soi-disant « accord du siècle » élaboré par le Gouvernement américain, qui ignore la solution des deux États, historiquement soutenue par l’ONU, le Mouvement des pays non alignés, la Ligue des États arabes et l’Organisation de la coopération islamique.  De l’avis de la mission cubaine, la décision unilatérale de Washington de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël et d’établir sa représentation diplomatique dans cette ville, au mépris de son statut historique, ainsi que la reconnaissance de la souveraineté d’Israël sur le Golan syrien constituent des violations graves de la Charte des Nations Unies, du droit international et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Le Gouvernement actuel des États-Unis n’a pas annulé ces décisions, ce qui complique davantage la possibilité d’une solution négociée, a déploré le délégué, avant d’exiger le retrait total et inconditionnel d’Israël du Golan syrien et de tous les territoires arabes occupés.  Appelant par ailleurs à la levée immédiate et inconditionnelle des mesures coercitives unilatérales, « arbitraires et illégales » imposées à des nations souveraines, il a réitéré le soutien de son pays au Plan d’action global commun sur le programme nucléaire de l’Iran et au droit inaliénable des États à utiliser pacifiquement l’énergie nucléaire.

M. BASSAM SABBAGH (Syrie) a regretté que le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient n’ait pas inclus dans son exposé les activités de colonisation israélienne dans le Golan syrien et les attaques israéliennes répétées contre la souveraineté de la Syrie, y compris les attaques contre le port commercial de Lattaquié qui ont fait des dégâts matériels importants.  La Syrie, a dit le représentant, a envoyé de nombreuses lettres au Coordonnateur spécial afin de lui donner des informations sur la situation dans le Golan syrien occupé et attirer son attention sur les attaques israéliennes répétées contre la stabilité et la sécurité de la Syrie et de la région.  Son exposé décevant d’aujourd’hui manque d’objectivité et d’équilibre et ne traite pas de tous les aspects de son mandat, a accusé M. Sabbagh.

Le représentant a ensuite dénoncé l’annonce par les autorités israéliennes, le 26 décembre 2021, de leur décision de doubler le nombre de colons dans le Golan syrien en leur fournissant 317 000 000 dollars pour construire des milliers d’unités d’habitation dans de nouvelles colonies.  C’est une violation flagrante du droit international, a jugé le représentant en dénonçant aussi une nouvelle tentative de perpétuer l’occupation et de rayer de la carte le Golan syrien.  Ce sont des provocations, a encore protesté M. Sabbagh, en plus de la confiscation de terres et de biens syriens, ainsi qu’une tentative de changement démographique et de pillage des ressources naturelles de la Syrie. 

Le délégué a réitéré le droit « éternel et imprescriptible » de son pays sur le Golan syrien.  La décision d’Israël visant à imposer ses lois, sa juridiction et son administration au Golan syrien occupé est nulle et non avenue et n’a aucun effet juridique, a-t-il tranché.  Il a aussi accusé Israël de soutenir les terroristes en Syrie et d’alimenter la guerre.  Il s’agit d’une nouvelle escalade qui menace la paix et la sécurité de la région, a continué M. Sabbagh, attribuant ce comportement israélien imprudent et provocateur à la protection fournie par les administrations américaines successives à Israël, la Puissance occupante.  Il a appelé le Conseil à mettre un terme à son silence, à tenir Israël responsable de son comportement et à mettre fin à son impunité.  Cela est nécessaire pour forcer Israël à mettre un terme à son occupation du Golan syrien occupé, a-t-il expliqué.  

Après avoir condamné la colonisation israélienne des territoires palestiniens occupés, en particulier en Cisjordanie et à Jérusalem, le représentant a répondu au délégué de l’Union européenne « qui a fait de nombreuses références hostiles à la situation en Syrie bien que cela n’ait rien à voir avec la séance d’aujourd’hui ».  Cette déclaration était de l’avis du délégué, « un exemple très clair de cécité politique truffée de nombreux préjugés ».  Le délégué de l’Union européenne n’a pas appelé à mettre un terme aux activités de colonisation d’Israël au Golan syrien, a-t-il noté en jugeant cela contraire au droit international.  C’est une politique de « deux poids, deux mesures » et hypocrite, a-t-il dénoncé.

M. MOHAMMAD KURNIADI KOBA (Indonésie) a d’emblée exhorté le Conseil de sécurité à mettre un terme aux provocations et violations continues perpétrées par Israël, rappelant que la résolution 2334 (2016) énonce clairement que les activités de peuplement constituent une violation flagrante du droit international et compromettent les perspectives d’une paix juste.  Garantir la responsabilité d’Israël est le seul moyen de mettre fin au sentiment d’impunité, a insisté le représentant.  Il a appelé à assurer la protection des populations civiles palestiniennes et sauvegarder le statu quo des Lieux saints, jugeant pertinent l’établissement d’une présence internationale à Al-Qods pour assurer la sécurité du peuple palestinien et empêcher que des exactions ne se reproduisent à l’avenir.   

Le représentant a aussi exhorté à appuyer l’aide humanitaire et les efforts de reconstruction à Gaza, avant d’appeler à la levée complète du blocus israélien.  Il a aussi appelé la communauté internationale à soutenir l’UNRWA avec un financement durable et prévisible.  Le Conseil de sécurité doit relancer activement le processus de paix bloqué, sous les auspices du Quatuor, a ajouté M. Koba qui a dit la nécessité de parvenir à une solution juste, globale et durable par le biais d’une solution à deux États et conforme aux paramètres convenus au niveau international. 

M. AZRIL ABD AZIZ (Malaisie) a rappelé qu’en 2021, 345 Palestiniens ont été tués, dont 86 enfants.  Dans le même temps, les pratiques israéliennes de colonies illégales, de démolitions de maisons, d’expulsions et de transferts forcés se sont également poursuivies sans relâche.  L’an dernier, 902 maisons ont ainsi été détruites et 1 203 Palestiniens ont été déplacés, soit le chiffre le plus élevé depuis 2016, a-t-il dénoncé, ajoutant que, jusqu'à présent en 2022, Israël a démoli 35 structures, déplaçant 53 Palestiniens, en violation flagrante du droit international.  Le délégué s’est également dit préoccupé par l’augmentation des attaques violentes perpétrées par des colons israéliens.  En tant que Puissance occupante, Israël a l’obligation de protéger les Palestiniens et leurs biens de telles attaques, a-t-il signifié, avant d’appeler la communauté internationale, et le Conseil de sécurité en particulier, à agir en imposant une reddition de comptes.  Qualifiant d’« apartheid » l’oppression systématique et continue des Palestiniens par Israël, le représentant a également dénoncé les attaques menées par ce pays contre les représentants de la société civile qui rendent compte de ses violations des droits humains dans le Territoire palestinien occupé. 

Israël doit être amené à se conformer pleinement à toutes ses obligations, telles que prescrites par les résolutions du Conseil de sécurité, notamment la 2334 (2016), a insisté le délégué, pour qui seule une solution politique négociée, fondée sur les paramètres convenus au niveau international, le droit international et les résolutions de l’ONU peuvent mener à une paix durable.  Dans ce contexte, il a prié instamment le Conseil de sécurité et le Quatuor de créer les conditions nécessaires à la relance des pourparlers de paix entre les parties.  Selon le délégué, le Conseil se doit d’utiliser pleinement les outils à sa disposition pour résoudre ce long conflit et mettre fin à l’occupation de la Palestine. 

Mme MARIA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine) a réitéré son appui aux droits inaliénables du peuple palestinien à l’autodétermination et à édifier un État indépendant et viable reconnu par l’ensemble des nations, et le droit de l’État d’Israël à vivre dans la paix aux côtés de ses voisins.  Préoccupée face à l’essor des activités de peuplement illégales israéliennes dans les territoires palestiniens occupés, elle a appelé à la cessation de ses activités.  Elle a ensuite condamné les tirs de roquette contre des civils en Israël, tout comme les actions violentes du Hamas et d’autres groupes armés.  Les dirigeants palestiniens doivent saisir à bras-le-corps les préoccupations israéliennes vis-à-vis de la sécurité, a-t-elle lancé.  Elle a aussi demandé qu’Israël, qui a le droit à la légitime défense, respecte ses obligations en droit international humanitaire et tienne compte des principes de distinction et de proportionnalité. 

Pour ce qui est de la situation à Jérusalem-Est, Mme Squeff a souligné le statut spécial de la ville et condamné toute tentative unilatérale visant à modifier ce statut notamment pour ce qui est de la vieille ville.  Les Juifs, les Musulmans comme les Chrétiens doivent se voir garantis le libre accès aux Lieux saints, a-t-elle revendiqué.  Toute initiative visant à relativiser ou à nier le lien historique et la signification religieuse de ces Lieux saints est inacceptable et ne contribue en rien à l’objectif de trouver une solution au conflit, a déclaré la représentante avant de se prononcer pour que les questions de Jérusalem et du statut final soient tranchées par des négociations bilatérales.  Après avoir demandé la cessation des hostilités immédiate et un cessez-le-feu, la déléguée a plaidé pour que la communauté internationale élabore des stratégies de financement de l’UNRWA, pour éviter d’aggraver la situation humanitaire dans les territoires palestiniens occupés.  Pour ce qui est du Golan syrien, elle a rappelé la position de l’Argentine qui n’a pas changé: toute acquisition de territoires par la force est illégale.  Mme Squeff a conclu en exhortant les Palestiniens et les Israéliens à reprendre le chemin de la paix et à agir en toute bonne foi, en faisant preuve de souplesse.

M. MILENKO ESTEBAN SKOKNIC TAPIA (Chili) a réitéré que la solution à la situation au Moyen-Orient passe par deux États libres, autonomes, souverains et indépendants, qui puissent vivre en paix à l’intérieur de frontières sûres et reconnues, basées sur les décisions et accords des Nations Unies.  L’engagement du Chili pour la paix au Moyen-Orient remonte au début du XXe siècle, a précisé le représentant en rappelant que c’était l’époque où les Palestiniens ont commencé à arriver dans son pays, formant aujourd’hui la plus grande communauté palestinienne en dehors du Moyen-Orient.  Il a aussi fait référence aux liens historiques et d’amitié qu’entretient son pays avec Israël, la communauté juive étant une partie importante et dynamique de la société chilienne.   

En 2011, le Chili a reconnu l’État de Palestine, a-t-il poursuivi avant de saluer les élections municipales tenues en décembre dernier en Cisjordanie dont la deuxième partie doit avoir lieu en mars prochain.  Soucieux du respect du droit international et de la Charte des Nations Unies, le représentant a lancé un appel au dialogue.  Il a dit avoir confiance dans les deux nations ainsi que dans la responsabilité de la communauté internationale pour les aider à atteindre le but de vivre en harmonie et dans la sécurité.  Enfin, rappelant que 30 ans se sont écoulés depuis les Accords d’Oslo, le délégué a invité les parties à la réconciliation et à laisser de côté les éléments radicaux et les discours extrémistes.  Il a appelé pour cela à la volonté politique et a condamné les actes qui portent atteinte à la vie et à la paix internationale.

M. JAMAL FARES ALROWAIEI (Bahreïn) a réaffirmé l’importance de résoudre pacifiquement le conflit israélo-palestinien en mettant fin à ses causes sous-jacentes.  Dans ce contexte, il a exhorté la communauté internationale à élaborer des politiques coordonnées et efficaces pour résoudre les problèmes au Moyen-Orient, en parvenant à une vision commune de nature à relever les défis politiques, économiques et humanitaires de la région.  Les efforts internationaux doivent être intensifiés, en veillant à ce que les négociations reprennent afin que la question palestinienne soit réglée sur la base d’une solution à deux États, a insisté le représentant. 

Il a par ailleurs condamné les attaques des houthistes contre l’Arabie saoudite ainsi que les récentes attaques contre des infrastructures civiles aux Émirats arabes unis et la saisie d’un navire émirien.  Jugeant ces agressions assimilables à des crimes de guerre, il a appelé à des mesures fermes contre ces milices « qui doivent être considérées comme des organisations terroristes ». 

M. KIMIHIRO ISHIKANE (Japon) a réitéré le soutien de son pays à une solution à deux États sur la base des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et des paramètres convenus au niveau international.  Pour y parvenir, il convient en premier lieu de discuter des questions en suspens et d’instaurer la confiance entre les parties, a-t-il préconisé, affirmant voir d’un bon œil les rencontres entre responsables palestiniens et israéliens.  Il s’est cependant déclaré préoccupé par les violences de ces derniers mois et par les activités de colonisation menées en Cisjordanie et sur le plateau du Golan.  Ces actes pourraient conduire à une nouvelle escalade, a-t-il averti, avant d’appeler l’ensemble des parties à cesser toute activité susceptible d’entraver la réalisation d’une solution à deux États.  Il a également encouragé les parties prenantes palestiniennes à entamer dès que possible des discussions sur la réconciliation, qui conduise le Hamas et les autres groupes militants palestiniens à renoncer à la violence.  

Le représentant a d’autre part indiqué que le Japon a décidé le mois dernier d’accorder une nouvelle subvention de 2,85 millions de dollars à l’UNRWA pour ses activités en Syrie, au Liban et en Jordanie qui s’ajoute à sa contribution de 40,8 millions de dollars versée en 2021.  De plus, le pays est en train de finaliser des procédures budgétaires afin de fournir 15,2 millions de dollars supplémentaires à l’Office, a précisé M. Ishikane, invitant la communauté internationale, et en particulier les pays de la région, à soutenir financièrement l’UNRWA.  Il a par ailleurs rappelé que le Japon défend le « Couloir pour la paix et la prospérité », qui vise à catalyser les investissements de coopération régionale avec l’Autorité palestinienne, Israël et la Jordanie, ainsi que la Conférence sur la coopération entre les pays d’Asie de l’Est pour le développement de la Palestine.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a tout d’abord condamné les attaques terroristes lancées par les houthistes à l’encontre des Émirats arabes unis.  Il a ensuite déploré le manque de progrès sur la question palestinienne, dénonçant la poursuite des politiques agressives d’Israël contre le peuple palestinien, notamment l’expansion des colonies de peuplement en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.  Les violences contre les femmes et les enfants palestiniens et la confiscation des terres et des propriétés palestiniennes ne cessent d’augmenter et se font dans une impunité totale, a-t-il décrié. 

Après avoir rappelé le bilan des attaques de l’an dernier qui ont fait 324 victimes palestiniennes, détruit 850 maisons et déplacé plus de 1 000 personnes, le représentant a prévenu que ces « crimes » ont un effet délétère sur la reprise des négociations et mettent en péril la solution des deux États.  « Ces pratiques israéliennes doivent cesser. »  M. Alotaibi a insisté sur l’importance du multilatéralisme dans le cadre de l’ONU et a appelé le Conseil de sécurité à appuyer les efforts internationaux pour assurer la reprise des négociations de paix.

M. TIYANI RAYMOND SITHOLE (Afrique du Sud) a mis l’accent sur trois aspects en citant respectivement les crimes contre l’humanité et autres persécutions relevant d’un régime d’apartheid; l’importance de la solution des deux États; et la nécessité d’adhérer à la primauté du droit, dont les résolutions du Conseil de sécurité.  Citant des preuves accablantes que l’État d’Israël applique un ensemble de lois qui traitent différemment les Israéliens et les Palestiniens dans tous les aspects de la vie, le représentant a dénoncé un système d’apartheid.  C’est pourquoi il a appuyé les efforts internationaux qui visent à restaurer la dignité par le biais de la réalisation de la solution des deux États, la seule voie à son avis pour garantir que Palestiniens et Israéliens puissent réaliser leurs aspirations légitimes, vivre côte à côte dans des États pacifiques et sûrs, sur la base des frontières de 1967, et avec Jérusalem comme capitale commune.  

« Jusqu’à quand allons-nous être témoins de la violation flagrante des résolutions du Conseil de sécurité par l’État d’Israël sans rien faire »? a demandé le représentant, avant de s’interroger sur la partialité de certains membres du Conseil.  Il a jugé impératif, dans un souci de cohérence, que le Conseil demande des comptes à tous ceux qui violent ses propres résolutions.  Il a conclu en appelant les membres de l’ONU à s’opposer à l’oppression, la tyrannie, la domination, l’autocratie, la ségrégation, le déni des droits humains fondamentaux, la destruction et le mépris du droit international, partout où ces maux sont présents.

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