Conseil de sécurité: le Président du Comité 1591 sur le Soudan avertit que l’absence de soutien « réel » de la communauté internationale risque de compromettre l’Accord de paix de Djouba
Le Président du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1591 (2005) concernant le Soudan a prévenu, ce matin, devant le Conseil de sécurité, que l’application de l’Accord de paix de Djouba risque d’être compromise en raison de l’absence d’un soutien réel de la communauté internationale au Soudan. De son côté, la délégation soudanaise a plaidé pour la levée des sanctions afin « d’aider le Soudan à avancer ».
Dans son exposé trimestriel au Conseil de sécurité, M. Harold Adlai Agyeman (Ghana), a fait le point sur le travail du Comité pour la période allant du 11 décembre 2021 jusqu’à aujourd’hui. Pendant cette période, le rapport annuel du Comité de sanctions a été publié et des consultations officieuses ont été tenues, y compris avec le Groupe d’experts sur le Soudan qui lui a remis son dernier rapport en décembre 2021, un document qui a ensuite été discuté avec le Comité en janvier 2022. Le Comité a ensuite envoyé une lettre au représentant du Soudan dans laquelle certaines des recommandations du Groupe d’experts ont été réitérées.
Le 12 mars 2022, le Comité a entendu le dernier exposé trimestriel du Groupe d’experts, a poursuivi M. Agyeman. À cette occasion les experts ont constaté la lenteur dans l’application de l’Accord de paix de Djouba, la persistance de tensions intercommunautaires, et l’insuffisance de la protection des civils notamment en raison des capacités limitées des forces de police, tandis que l’aide des bailleurs de fonds au Soudan est largement gelée. « L’application de l’Accord de paix de Djouba risque d’être compromise en raison de l’absence d’un soutien réel de la communauté internationale au Soudan », a prévenu le Président du Comité qui a par ailleurs rappelé que le régime de sanctions a été établi pour soutenir une paix durable au Soudan et non pas pour le punir.
Mais aux yeux de la délégation du Soudan, ces sanctions ne sont pas en cohérence avec la situation sur le terrain au Darfour, où, a-t-elle affirmé, les affrontements communautaires ne changent rien au fait qu’il existe une stabilité nouvelle et qu’il convient d’en tenir compte.
Depuis la signature de l’Accord de Djouba en octobre 2020, toutes les parties travaillent à son application et les autorités soudanaises, en particulier le Conseil de souveraineté, les impliquent toutes, a assuré le représentant qui a également évoqué les efforts déployés pour former des forces conjointes en les intégrant aux forces armées régulières.
Selo lui, le principal obstacle à la mise en œuvre de l’Accord de Djouba est que toutes les parties n’ont pas honoré leurs engagements financiers. De son côté, a-t-il ajouté, le Gouvernement du Soudan a fait son possible pour atteindre les dividendes de la paix mais ses ressources sont limitées, d’où l’importance pour la communauté internationale de lui fournir une aide, notamment pour répondre aux besoins du programme DDR qui exige d’importants moyens.
Observant à cet égard qu’il n’y a pas eu, ces derniers temps, de confrontations entre les forces armées et des groupes armés non-signataires de l’Accord, il s’est félicité que le Conseil de souveraineté ait réussi à conclure un cessez-le-feu dans les zones de conflit, son objectif étant d’établir une paix durable.
« Il est à présent temps de lever les sanctions de façon à maintenir la paix et aider le Soudan à avancer », a déclaré le représentant, ce qui permettrait aussi, selon lui, de lutter efficacement contre la criminalité organisée des gangs qui se livrent à des actions transfrontalières. Rappelant en outre l’intention exprimée par le Conseil de sécurité dans sa résolution 2620 (2022) de réexaminer les sanctions, il a assuré que le Soudan est tout à fait prêt à s’engager dans ces efforts.