En cours au Siège de l'ONU

Onzième session extraordinaire d’urgence (reprise),
7e & 8e séances, matin & après-midi
AG/12410

Situation ukrainienne: l’Assemblée générale examine deux projets de résolution concurrents sur l’aide humanitaire, l’un présenté par l’Ukraine et l’autre par l’Afrique du Sud

Après sa résolution du 2 mars exigeant le retrait immédiat des forces russes du territoire ukrainien, l’Assemblée générale a repris aujourd’hui sa session extraordinaire d’urgence, ouverte le 28 février, pour examiner un projet de résolution sur « les conséquences humanitaires de l’agression contre l’Ukraine », présenté par ce pays et un autre intitulé plus sobrement « la situation humanitaire découlant du conflit en Ukraine », soumis par l’Afrique du Sud.  La seule responsable de la catastrophe humanitaire actuelle, c’est l’invasion russe, a martelé la très grande majorité des 66 délégations qui ont pris la parole. 

Depuis le début de l’« opération militaire spéciale » lancée par la Fédération de Russie, le 24 février dernier, quelque 10 millions de personnes, soit un quart de la population totale, ont fui l’Ukraine et ou sont parties ailleurs dans le pays.  Les services essentiels tels que l’eau, l’électricité, le chauffage, l’assainissement, la santé sont mis à rude épreuve, a indiqué le Vice-Président de l’Assemblée générale, citant les chiffres de l’ONU.  Assurer un accès sûr et sans entrave à l’aide humanitaire est « la nécessité du moment et le personnel humanitaire, la priorité du moment », a-t-il insisté. 

Que tous ceux qui sont contre la guerre votent pour et envoient un message très clair pour renforcer l’action humanitaire et contraindre l’agresseur à cesser sa guerre non provoquée, a encouragé l’Ukraine, en présentant un projet de résolution, soutenu par 88 coauteurs, dans lequel l’Assemblée générale exige une nouvelle fois la cessation immédiate des hostilités menées par la Fédération de Russie contre l’Ukraine.  Notre texte, a expliqué l’Afrique du Sud, porte exclusivement sur la question humanitaire car les questions politiques et stratégiques ne sauraient y être mêlées.  Le projet de résolution sud-africain ne mentionne pas une seule fois la Fédération de Russie, « seule responsable », d’après les tenants du texte ukrainien, de la catastrophe humanitaire en Ukraine. 

Dans les deux textes, l’Assemblée générale demande aux États Membres de financer l’appel éclair lancé par les Nations Unies pour l’action humanitaire en Ukraine et le plan régional d’aide aux réfugiés pour l’Ukraine et les pays voisins.  Plusieurs intervenants ont attiré l’attention sur les sommes déjà déboursées.  L’Union européenne a rappelé sa dernière enveloppe de 500 millions d’euros, portant à 2,4 milliards d’euros les sommes consenties en faveur de l’Ukraine depuis 2014. 

Le Royaume-Uni a dit avoir débloqué plus de 400 millions de livres sterling, avant que l’Australie n’annonce son intention de verser, par divers canaux, un montant de 65 millions de dollars australiens.  Nous allons faire plus, a promis la Nouvelle-Zélande, en rappelant une première contribution de six millions de dollars néo-zélandais, alors que la Suisse annonçait un nouveau versement de 80 millions de francs.  La Nouvelle-Zélande a d’ailleurs dit craindre que les agissements de la Fédération de Russie ne poussent le système humanitaire international dans ses limites. 

La Pologne, qui abrite des millions de réfugiés, a dit tenir à sa politique d’accueil, « quelle que soit la nationalité » des arrivants et la Turquie a saisi l’occasion pour insister sur ses efforts diplomatiques.  Si, a alors prévenu l’Albanie, la Fédération de Russie remporte une victoire militaire, ses ambitions ne s’arrêteront pas à l’Ukraine.  La Géorgie n’a pas dit autre chose, elle qui a dit avoir subi une agression militaire de grande envergure.  La Fédération de Russie, a-t-elle prévenu à son tour, applique les mêmes schémas et les mêmes scenarii à tous ses voisins. 

Pendant trois semaines, a expliqué la France, nous avons avec le Mexique mené des discussions « de bonne foi » sur un projet de résolution au Conseil de sécurité pour appeler à une cessation des hostilités et au respect du droit international humanitaire.  Comme de nombreux États ont fait part de leur volonté de participer à ces efforts, nous avons transféré à l’Assemblée générale notre initiative, fruit d’un processus inclusif qui reflète un équilibre tenant compte des propositions des pays de toutes les régions. 

Soutenir le projet de résolution présenté aujourd’hui par l’Ukraine, c’est soutenir la protection des plus faibles, la solidarité entre les peuples et la voie de la paix, a dit la France.  Un vote d’abstention face aux atrocités russes serait tout simplement « inacceptable », ont jugé les États-Unis.  Vous devez avoir le courage de dire la vérité face à une catastrophe humanitaire créée de la main de l’homme.  Faire moins, c’est permettre à l’agresseur de se cacher derrière un libellé vague et de prétendre qu’il essaye de régler la situation.  C’est la Russie qui est à blâmer pour avoir commencé la guerre et le monde la tiendra pour responsable de ce qu’elle fait aux Ukrainiens, ont assuré les États-Unis. 

Soutenir ce projet de résolution, a rétorqué la Fédération de Russie, c’est entêter les négociateurs ukrainiens, sans changer les raisons de l’« opération militaire spéciale », à savoir la protection des populations du Donbass, le refus de l’Ukraine de mettre en œuvre les accords de Minsk et son ambition déclarée d’adhérer à l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et de se doter d’un arsenal d’armes nucléaires.  La Fédération de Russie a fustigé un nouveau texte antirusse, après celui du 2 mars, qui brosse un tableau irréaliste et unidimensionnel des évènements et qui reste muet sur le fait que l’Occident a fait de l’Ukraine et de son peuple « des pions » de son jeu géopolitique. 

Elle a en revanche salué le projet de résolution présenté par l’Afrique du Sud « très proche » de celui qu’elle a elle-même soumis au Conseil de sécurité et qui pourrait être adoptée aujourd’hui-même, a-t-elle affirmé.  Notre texte, a-t-elle insisté, reprend la plupart des éléments du projet de résolution franco-mexicain, sans le libellé politique dénué de tout rapport avec la situation humanitaire que les États-Unis et le Royaume-Uni voulaient introduire.  

Nous devons, s’est défendu le Royaume-Uni, envoyer un seul et même message, celui de l’aide au peuple ukrainien, de la condamnation de l’invasion russe et du renforcement des principes fondateurs des Nations Unies.  L’action humanitaire, a fait valoir le Gabon, ne doit faire l’objet d’aucune appropriation politique, stratégique ou tactique.  Elle ne saurait s’aligner sur des desseins inavoués. L’instrumentaliser, c’est infliger une double peine aux meurtris et aux martyrs de la guerre.  Le respect du droit international humanitaire, a plaidé le Brésil, doit nous rassembler et non nous diviser. 

La session extraordinaire d’urgence, au cours de laquelle plusieurs intervenants ont rendu hommage à la mémoire de Madeleine Albright, ancienne Secrétaire d’État américaine et ancienne Représentante permanente des États-Unis auprès des Nations Unies, décédée aujourd’hui, reprendra demain jeudi 24 mars, à partir de 10 heures. 

LETTRE DATÉE DU 28 FÉVRIER 2014, ADRÉSSÉE À LA PRÉSIDENTE DU CONSEIL DE SÉCURITÉ PAR LE REPRÉSENTANT PERMANENT DE L’UKRAINE AUPRÈS DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES: PROJETS DE RÉSOLUTION (A/ES-11/L.2, A/ES-11/L.3)

Déclarations

M.  ENRIQUE AUSTRIA MANALO, Vice-Président de lAssemblée générale, a déclaré que la situation sécuritaire en Ukraine s’est rapidement détériorée après le lancement de l’offensive militaire russe le 24  février 2022.  Selon les données de l’ONU, environ 3,56  millions de personnes ont fui l’Ukraine et 6,5  millions ont fui ailleurs dans le pays depuis le début du conflit, soit un quart des 44  millions d’habitants de l’Ukraine.  Les services essentiels tels que l’eau, l’électricité, le chauffage et l’assainissement sont mis à rude épreuve, et l’accès à la santé est toujours limité par l’insécurité croissante et le rétrécissement de l’espace humanitaire.  Assurer un accès sûr et sans entrave à l’aide humanitaire est « la nécessité du moment et le personnel humanitaire, la priorité du moment », a souligné le Vice-Président, en appelant toutes les parties à respecter le droit international et le droit international humanitaire. 

Présentant la résolution intitulée « conséquences humanitaires de l’agression contre l’Ukraine », M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine) a indiqué que face à l’évolution de la situation dans son pays, au cours de ce dernier mois, un groupe d’une vingtaine d’États Membres a travaillé ensemble à l’élaboration d’un texte qui énonce clairement les causes fondamentales de la catastrophe humanitaire.  La résolution, a-t-il dit, est axée sur l’action, met l’accent sur les besoins humanitaires urgents, appelle à la cessation immédiate des hostilités et insiste sur la protection des civils, dont le personnel humanitaire et médical, les journalistes, les personnes vulnérables et les ressortissants étrangers, en particulier les étudiants.  Le texte appelle aussi à mettre un terme au siège des villes, en particulier Marioupol, et à respecter le droit international humanitaire, les droits de l’homme et le droit des réfugiés.  La résolution, a poursuivi le représentant, juge essentiel d’éviter que le conflit ne fasse tache d’huile dans les autres parties du monde et met en évidence l’impact du conflit sur la sécurité alimentaire et énergétique mondiale.  Que tous ceux qui sont contre la guerre votent pour et envoient un message très clair pour renforcer l’action humanitaire et contraindre l’agresseur à cesser sa guerre non provoquée, a conclu le représentant. 

M. BJÖRN OLOF SKOOG, Union européenne (UE), a affirmé que la Fédération de Russie bloque l’aide humanitaire en direction de Marioupol et empêche les populations de quitter la ville.  Chaque jour, ce pays bombarde les villes ukrainiennes, utilisant même des bombes à sous-munition.  Les attaques contre les civils sont honteuses et contraires au droit international humanitaire, a martelé le représentant, exigeant le retrait immédiat des forces russes du territoire ukrainien.  Rien n’a été fait depuis la résolution du 2 mars, s’est-il impatienté. Le nombre des déplacés en quatre semaines dépasse celui du conflit syrien qui dure pourtant depuis 10 ans.  La sécurité alimentaire mondiale étant affectée par ce conflit, il a demandé à l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) de s’occuper de toute urgence de cette question. 

L’UE, a souligné le représentant, a consacré 500 millions d’euros à l’aide d’urgence, ce qui porte à 2,4 milliards d’euros les sommes déboursés en faveur de l’Ukraine depuis 2014.  L’UE entend poursuivre son assistance à d’autres zones de crise comme le Yémen et le Sahel, a-t-il ajouté, avant d’appeler l’Assemblée générale à exprimer sa solidarité avec le peuple ukrainien et à soutenir la résolution présentée par l’Ukraine et parrainée par des pays de tous les groupes régionaux.  Ce texte appelle à l’assistance humanitaire en Ukraine, y compris aux civils fuyant les hostilités, sans discrimination aucune. 

Au nom du Bénélux, Mme YOKA BRANDT (Pays-Bas) a exprimé son indignation devant les images de femmes et d’enfants ukrainiens en fuite, dénonçant le fait que plus de 100 000 personnes sont piégées à Marioupol.  Les accords sur les couloirs humanitaires ne cessent d’être violés et les auteurs de ces crimes doivent être conscients qu’ils sont surveillés et que les preuves de leurs agissements seront recueillies, a mis en garde la représentante.  Elle a appelé tous les États Membres à soutenir la résolution. 

Au nom des pays baltes et nordiques, M. RYTIS PAULAUSKAS (Lituanie) a regretté que la Fédération de Russie ait choisi de poursuivre sa guerre contre l’Ukraine, avec la complicité du Bélarus.  Il a rappelé la Fédération de Russie à son obligation d’assurer un accès rapide et sans entraves aux acteurs humanitaires.  Il est aussi revenu sur le fait que la Cour internationale de Justice (CIJ) a dûment ordonné à cette dernière de mettre fin à sa prétendue « opération militaire spéciale » et sur la décision du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) de lancer des enquêtes sur les violations du droit international.  Le représentant a encouragé tous les États Membres à voter en faveur de la résolution présentée par l’Ukraine pour obtenir de la Fédération de Russie le respect du droit international, y compris du droit international humanitaire.  Nous exigeons, a-t-il tonné, que cette dernière cesse la guerre maintenant.  Avec son complice, le Bélarus, elle est la seule responsable du conflit et de la crise humanitaire. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a dit avoir appris, il y a quelques jours à peine, que les partenaires occidentaux voulaient reprendre la session extraordinaire d’urgence pour, « et ce n’est un secret pour personne », mettre aux voix la soi-disant résolution humanitaire qui n’a pu passer au Conseil de sécurité.  En agissant ainsi, les « collègues occidentaux » se trompent parce que le Conseil de sécurité peut tout à fait adopter un tel texte, et ce, aujourd’hui même.  Le texte dont est saisi le Conseil, a affirmé le représentant, est quasiment le même que celui proposé précédemment par la France et le Mexique.  Si nous ne l’avons pas accepté, c’est tout simplement parce que Les États-Unis et le Royaume-Uni insistaient pour y introduire des éléments de langage politique sans rapport avec la situation humanitaire, a-t-il expliqué. 

Le représentant a jugé qu’adopter le texte présenté aujourd’hui par l’Ukraine, c’est entêter les négociateurs ukrainiens, sans changer les raisons de l’« opération militaire spéciale ».  Nous l’avons lancé, a-t-il dit, après avoir attendu en vain depuis 2014 la protection des populations du Donbass.  Nous avons lancé l’opération, a-t-il poursuivi, après que l’Ukraine a clairement refusé de mettre en œuvre les accords de Minsk, avec le soutien des Occidentaux, sans compter son ambition déclarée d’adhérer à l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et de maintenir un arsenal d’armes nucléaires. 

M. Nebenzia a, en revanche, salué la résolution présentée par l’Afrique du Sud, « très proche » de celui qu’il a soumis au Conseil de sécurité lequel reprend, a-t-il insisté, la plupart des éléments du projet de résolution franco-mexicain.  Après sa résolution du 2 mars dernier, a-t-il dit craindre, l’Assemblée est sur le point d’adopter un nouveau texte antirusse qui brosse un tableau faux et unidimensionnel des évènements, ignorant les causes de la crise en Ukraine et restant muet sur le rôle de l’Occident qui a fait de l’Ukraine et de son peuple « des pions » dans son jeu géopolitique contre la Fédération de Russie.  M. Nebenzia a appelé tous les États, qui ne sont pas paralysés par la discipline des blocs, à rejeter le texte porté par les Occidentaux et à soutenir le projet sud-africain, ce qui consisterait non seulement à envoyer un signal de paix aux Ukrainiens mais aussi à dire non aux pressions politiques des Occidentaux. 

M. FERIDUN HADI SINIRLIOĞLU (Turquie) a déclaré que la guerre en Ukraine « n’aura pas de vainqueurs et n’aurait jamais dû commencer ».  Il a évoqué la situation humanitaire dramatique à Marioupol et apporté son soutien aux opérations d’aide menées par l’ONU depuis la Turquie.  Le délégué a ensuite parlé des 10 millions d’Ukrainiens qui ont fui les horreurs de la guerre, estimant que la communauté internationale doit tout faire pour les aider.  Il a appelé au respect de la souveraineté et de l’indépendance de l’Ukraine, avant d’insister sur les efforts diplomatiques de son pays.  En conclusion, il a appelé à voter pour le projet de résolution, en indiquant que ce qui se passe en Ukraine est un « enjeu de vie et de mort ». 

M. KIMIHIRO ISHIKANE (Japon) a indiqué que le Président Zelenskyy était intervenu devant la Diète japonaise il y a quelques heures par visioconférence et décrit la grave situation humanitaire en Ukraine.  Il a estimé que le projet de résolution L.3 est d’une importance critique, alertant que la crise humanitaire persistera à moins de répondre à ses causes et conséquences.  Nous sommes à une conjoncture critique pour faire respecter l’état de droit et la Charte des Nations Unies et devons agir en appuyant ce texte, a-t-il dit. 

M. KAHA IMNADZE (Géorgie) a fermement condamné l’agression non provoquée, injustifiée et préméditée de la Russie contre l’Ukraine, lui demandant de se conformer aux mesures provisoires de la CIJ qui l’obligent à suspendre immédiatement ses opérations militaires.  Cette agression a été un signal d’alarme majeur pour la communauté internationale, a-t-il souligné, prévenant que la Fédération de Russie applique les mêmes schémas et les mêmes scenarii à tous ses voisins.  Nous avons nous-mêmes subi une agression militaire de grande envergure, a rappelé le délégué qui a accusé la Fédération de Russie de vouloir organiser un « faux » référendum sur la création d’une soi-disant « république populaire de Kherson », faisant écho à l’amer  huitième anniversaire du référendum « fictif » organisé dans la péninsule de Crimée, avant son annexion illégale.  Nous demandons instamment à la Russie de cesser son agression, de retirer toutes ses forces et armements de l’ensemble du territoire de l’Ukraine et de permettre un accès immédiat, sûr et sans entrave à tous les mécanismes internationaux humanitaires et des droits de l’homme.  Le représentant a exhorté la Russie à faire de même dans les régions géorgiennes occupées et à honorer ses obligations en vertu de l’accord de cessez-le-feu du 12 août 2008. 

Mme LACHEZARA STOEVA (Bulgarie) a accusé la Fédération de Russie de violer systématiquement le droit international humanitaire.  Mes mots, a-t-il dit, ne rendent pas justice à la réalité une situation humanitaire devant laquelle personne ne peut rester indifférent.  Le représentant a plaidé pour la défense de la Charte des Nations Unies et exigé que la Fédération de Russie cesse immédiatement ses opérations militaires et respecte pleinement l’intégrité territoriale, la souveraineté et l’indépendance de l’Ukraine.  Les conflits doivent être réglés exclusivement par le dialogue et la diplomatie, a-t-il martelé, en dénonçant une nouvelle fois cette guerre « absurde », avant de manifester son soutien à la résolution présentée par l’Ukraine. 

M. MAURIZIO MASSARI (Italie) a déploré une situation humanitaire dramatique d’une ampleur qui n’avait plus été vue en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.  Il a estimé que face à l’incapacité du Conseil de sécurité d’agir sur une question aussi fondamentale, l’Assemblée générale a le devoir de le faire.  C’est pourquoi un groupe interrégional d’États Membres, dont l’Italie, a convoqué cette session spéciale pour soumettre le projet de texte, a-t-il expliqué.  Le représentant s’est par ailleurs inquiété de l’impact de cette « guerre d’agression » sur la sécurité alimentaire à travers le monde. 

M. RICARDO DE SOUZA MONTEIRO (Brésil) s’est dit gravement préoccupé par les pertes civiles qui ne cessent d’augmenter en Ukraine, avant de détailler les efforts de son pays pour faire face à l’afflux de réfugiés.  Le Brésil a ainsi octroyé des visas d’urgence à des réfugiés ukrainiens via notamment son ambassade en Pologne.  La communauté internationale, a plaidé le représentant, doit venir en aide à tous ceux qui sont dans le besoin.  Il a appelé à la cessation des hostilités et mis en garde contre les conséquences dévastatrices de la situation en Ukraine pour la sécurité alimentaire.  Il a aussi rappelé que des sanctions indiscriminées et massives ont des conséquences pour tous les pays et pour les plus vulnérables.  Enfin, le délégué a appelé au dialogue entre la Russie et l’Ukraine et estimé que la question du respect du droit international humanitaire ne doit pas nous diviser mais nous rassembler.

M. ARRMANATHA CHRISTIAWAN NASIR (Indonésie) s’est inquiété de la destruction « à une vitesse alarmante » des infrastructures clefs en Ukraine.  Il a appelé les parties à prendre des mesures pour assurer une désescalade immédiate et instaurer le cessez-le-feu, insistant sur l’impératif de respecter le droit international.  De même, l’aide humanitaire doit parvenir à toutes les personnes dans le besoin et ceux qui souhaitent quitter l’Ukraine doivent pouvoir le faire.  Après avoir encouragé les parties au dialogue pacifique, le représentant a appelé l’Assemblée générale à maintenir son unité et à agir de concert face à la crise humanitaire, exhortant les délégations à surmonter leurs différences politiques pour mettre un terme à la souffrance en Ukraine. 

M. SUPARK PRONGTHURA (Thaïlande) a appelé au respect et à la protection de la vie et des infrastructures civiles et à la facilitation de l’accès de l’aide humanitaire aux personnes touchées, à l’intérieur et autour de l’Ukraine, « sans discrimination sur quelque base que ce soit et en l’absence de toute politisation ».  À cet égard, la Thaïlande appelle toutes les parties à se conformer pleinement à leurs obligations en vertu du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme, et souligne la nécessité pour tous les acteurs engagés dans la fourniture de l’aide humanitaire de promouvoir et de respecter pleinement les principes d’humanité, de neutralité, d’impartialité et d’indépendance.  Pour sa part, la Thaïlande, a indiqué le représentant, a fourni une aide humanitaire par le biais de la Société de la Croix-Rouge ukrainienne.  En outre, son pays salue et encourage les efforts continus des pourparlers bilatéraux entre les parties concernées, attend avec impatience leurs résultats fructueux, en particulier pour aider à améliorer la situation humanitaire urgente, et espère un règlement pacifique de la situation. 

M. JOSE ALFONSO BLANCO CONDE (République dominicaine) a fustigé l’incapacité de la communauté internationale à mettre fin aux souffrances humaines et s’est dit être interpellé par le fait que l’Assemblée générale soit saisie de deux résolutions concurrentes.  Nous devons, a-t-il dit, prendre une décision fondée sur nos principes avec à l’esprit les millions de civils qui ont besoin de protection.  Mon message, a dit le représentant, est qu’il faut respecter sans délai ni condition toutes les règles relatives à la conduite des hostilités prévues par le droit international humanitaire.  Il faut aussi s’atteler à la recherche d’une sortie négociée du conflit.  Les attaques contre les infrastructures civiles comme les hôpitaux, les écoles et les systèmes d’adduction d’eau doivent s’arrêter et toutes les personne prises au piège du conflit ont besoin de toute notre attention et d’une bonne collaboration entre tous les acteurs sur le terrain. 

Marioupol est devenue la nouvelle Alep, s’est alarmé, M. FERIT HOXHA (Albanie), se montrant préoccupé par une crise des réfugiés et des conséquences de la guerre qui affectent le monde entier, en particulier les pays en développement.  Il a dit ne pas se faire d’illusion et prédit que la Fédération de Russie ne mettra pas en œuvre la résolution présentée par l’Ukraine.  Si ce pays remporte la victoire, ses ambitions ne s’arrêteront pas à l’Ukraine, a-t-il prévenu. 

Mme JOANNA SYLWIA SKOCZEK (Pologne) a soutenu le projet de résolution présenté par l’Ukraine, avant de se dire alarmée par la détérioration de la situation.  La seule responsable, c’est la Russie, a-t-elle martelé, avant de condamner le bombardement d’un théâtre de Marioupol où des civils avaient trouvé refuge, et les attaques indiscriminées contre les personnes et les infrastructures civiles, contraires au droit international et constitutives de crime de guerre. Elle a demandé une cessation immédiate des hostilités et l’instauration de couloirs humanitaires.  Rappelant que des millions de réfugiés traumatisés sont arrivés en Pologne, elle a promis que son pays poursuivra sa politique d’accueil, quelle que soit la nationalité des arrivants.  Nous avons l’obligation d’agir, a-t-elle conclu, en parlant de la résolution présentée par l’Ukraine. 

M. RENE ALFONSO RUIDÍAZ PÉREZ (Chili) a relevé que depuis le début de la session extraordinaire d’urgence de l’Assemblée générale, la situation sur le terrain s’est considérablement aggravée, marquée notamment par l’utilisation de nouveaux missiles dotés d’une capacité de destruction étonnante et la multiplication de bombardements d’hôpitaux, d’écoles et de quartiers résidentiels.  Il a fait part de son appui au projet de résolution « Conséquences humanitaires de l’agression contre l’Ukraine » qui appelle notamment à la cessation de toute attaque contre la population civile.  Aujourd’hui, en tant que communauté internationale, en tant qu’êtres humains, nous avons la responsabilité de protéger la population civile touchée par ce conflit à la suite d’un acte d’agression, a souligné le représentant qui a ensuite demandé le règlement pacifique immédiat du conflit entre la Fédération de Russie et l’Ukraine par le dialogue politique, les négociations et la médiation. 

M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a dénoncé les agissements de la Fédération de Russie en Ukraine, qui témoignent d’un mépris total du multilatéralisme et de l’ordonnance de la CIJ.  En Ukraine, a-t-il affirmé, nous voyons la preuve la plus éclatante possible de l’axiome selon lequel « quand la guerre commence, les crimes de guerre suivent ».  Cette agression doit donc rester au premier plan de nos discussions maintenant que nous en examinons les conséquences et la responsabilité pénale individuelle des responsables.  La réponse à l’agression contre l’Ukraine a été sans précédent, s’est félicité le représentant, parlant du « front uni » formé par les gouvernements et le secteur privé pour défendre les fondements de l’ordre de l’après-guerre.  La résolution du 2 mars a contribué à cet élan, résonnant de manière puissante dans le monde entier.  L’Assemblée générale a en effet prouvé sa capacité d’agir de manière décisive lorsque la Charte des Nations Unies est menacée.  Pour le délégué, la crise actuelle peut être un moment décisif pour l’Assemblée et sa capacité de faire preuve du leadership nécessaire dans d’autres situations de conflit.  Nous devons montrer la même détermination et le même investissement politique face aux autres situations d’urgence.  Nous devons faire mieux que ce que nous avions fait par le passé, a ajouté M. Wenaweser, en apportant son soutien à la résolution présentée par l’Ukraine. 

M. BOŠTJAN MALOVRH (Slovénie) a exhorté la communauté internationale à faire preuve d’unité et à mobiliser tous les efforts pour stopper l’agression de la Fédération de Russie contre l’Ukraine qui a créé une crise humanitaire sans précédent.  La crise des réfugiés qui va croissante exige notre solidarité immédiate, un véritable couloir de transit libre permettant des évacuations sûres et garanties vers les pays voisins, a estimé le représentant pour qui les frontières doivent être ouvertes pour tous ceux qui fuient la guerre.  Des millions de personnes dans le monde risquent en outre de se trouver dans l’insécurité humanitaire, s’est encore inquiété le représentant qui a appelé à voter en faveur du projet de résolution qui, a-t-il ajouté, reflète de manière adéquate la situation sur le terrain. 

M. CRISTIAN ESPINOSA CAÑIZARES (Équateur) a évoqué le cas de Diego, jeune équatorien de 20 ans revenu hier sans son pays, comme près de 700 autres Équatoriens que le Gouvernement a réussi à évacuer par trois vols humanitaires. C’est au nom de tous les étudiants étrangers évacués ou pas, du peuple d’Ukraine et de la nécessité de doter la communauté internationale d’un outil de plus, que l’Équateur, a expliqué le représentant, rejoint les partisans de la résolution présentée par l’Ukraine.  Tout n’est pas perdu.  Nous pouvons et nous devons obtenir la cessation immédiate des hostilités, a-t-il conclu. 

Mme MARITZA CHAN VALVERDE (Costa Rica) a indiqué que « pendant que nous parlons, les villes ukrainiennes sont transformées en champs de bataille ».  Nous sommes l’espoir des Ukrainiens et devons réitérer nos appels à la cessation des hostilités, a déclaré la déléguée, en dénonçant l’agression de la Russie.  Elle s’est dite favorable à tous les mécanismes de protection des civils et des biens civils, avant de dénoncer l’emploi d’armes à sous-minutions en Ukraine.  Enfin, elle a insisté sur les risques d’aggravation de la sécurité alimentaire mondiale en raison de la situation en Ukraine. 

M. IVAN ŠIMONOVIĆ (Croatie) a indiqué qu’il y a 30 ans, la ville croate de Vukovar ressemblait à Marioupol aujourd’hui.  Ses « cicatrices » nous rappellent l’importance d’empêcher que les tragédies se reproduisent.  Il s’est alarmé du sort des civils en Ukraine, pris pour cible dans les maternités et les maisons de retraite, et qui n’ont nulle part où se cacher.  Il a salué l’accent que place le projet de résolution sur l’action, insistant sur la responsabilité collective de protéger la population ukrainienne.  Prendre délibérément pour cible des civils est un crime de guerre, a rappelé le représentant qui a appelé à appuyer les efforts de reddition de compte pour les crimes commis en Ukraine.  De même, il a salué l’ordre donné par la Cour internationale de Justice à la Fédération de Russie de suspendre immédiatement son opération militaire et l’a exhorté à s'y conformer. 

M. MITCHELL FIFIELD (Australie) a déclaré que la seule raison pour laquelle l’Ukraine est affligée d’une catastrophe humanitaire, « c’est la Russie », dont il a dénoncé l’agression, avant de demander le retrait de ses troupes.  Le représentant a aussi demandé à l’Assemblée générale d’adopter le projet de résolution à une majorité écrasante, avant d’annoncer que son gouvernement a l’intention de verser, par divers canaux, une aide humanitaire d’un montant de 65 millions de dollars en faveur de l’Ukraine. 

Mme CAROLYN SCHWALGER (Nouvelle-Zélande) a estimé que l’ampleur de la crise exige une réponse forte et efficace de l’Assemblée générale.  En tant que complice de la Fédération de Russie, le Bélarus partage la responsabilité de la crise humanitaire, a-t-elle martelé, avant de rappeler la première contribution de 6 millions de dollars néo-zélandais que son pays a faite à la réponse humanitaire en Ukraine.  Nous entendons faire plus, a-t-elle promis, craignant que les agissements de la Fédération de Russie ne poussent le système humanitaire international dans ses limites.  Elle a aussi prévenu que la hausse des prix des denrées alimentaires, du carburant et des engrais ne peut qu’aggraver des situations déjà vulnérables. 

« Les mots me manquent pour décrire la situation en Ukraine », a dit M. JAKUB KULHÁNEK (Tchéquie), en dénonçant la guerre brutale menée par la Russie qui veut terroriser les civils en Ukraine.  Il a évoqué les souffrances sans nom endurées par la population à Marioupol, qui est prise au piège.  Il a souligné que la Russie est tenue par le droit international de protéger les personnes et biens civils mais aussi les travailleurs humanitaires.  Insistant sur l’ouverture des couloirs humanitaires, il a réclamé une réponse plus robuste à la situation humanitaire en Ukraine et à l’afflux des réfugiés dans les pays voisins.  Mon pays est fier d’avoir accueilli des réfugiés et se tient aux côtés de l’Ukraine, a-t-il conclu, en appelant la Russie à se retirer du territoire ukrainien. 

M. BASSAM SABBAGH (République arabe syrienne) a décrié l’exploitation et la politisation des droits humains, pointant les États qui, a-t-il affirmé, mélangent la crise humanitaire en Ukraine et leur position politique hostile à la Russie.  Il a estimé que le projet franco-mexicain cherche à promouvoir une vision unidimensionnelle du conflit, pour ensuite saluer le texte de l’Afrique du Sud qui met uniquement l’accent sur la situation humanitaire, appelant les délégations à y apporter leur soutien.  Il a rejeté la politisation des questions humanitaires, insistant sur l’importance de la neutralité et de la non-discrimination.  Lors de son opération militaire spéciale, la Russie a fourni une aide à tous les civils utilisés comme boucliers humains et leur a garanti un passage sûr, sans discrimination aucune, a affirmé le représentant syrien.  Il a par ailleurs appelé à traiter sur un pied d’égalité toutes les personnes qui fuient l’Ukraine et assurer le retour des ressortissants étrangers vers leur pays d’origine. 

M. BURHAN GAFOOR (Singapour) a souligné la validité de la résolution du 2 mars qui a, a-t-il estimé, même gagné en pertinence, compte tenu de l’évolution de la situation humanitaire extrêmement préoccupante en Ukraine.  Il s’est dit attristé par le nombre croissant de victimes et de personnes déplacées, souhaitant que le projet de texte qui sera mis aux voix au cours de cette séance soit adopté par une large majorité. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a cité le Secrétaire général de l’ONU qui disait hier que beaucoup d’autres pays paient le lourd tribut d’un conflit qui a provoqué une crise alimentaire, énergétique et économique mondiale, s’ajoutant aux impacts de la pandémie de COVID-19.  La guerre du Président Vladimir Putin contre le peuple ukrainien est la seule cause de cette catastrophe.  Pour soutenir le Gouvernement et le peuple de l’Ukraine ainsi que des pays voisins, le Royaume-Uni, a indiqué le représentant, a versé plus de 400 millions de livres sterling.  Il a souligné que le peuple ukrainien attend beaucoup des Nations Unies dont l’aide humanitaire, la fin de la guerre et la défense des principes de la Chartre des Nations Unies.  Nous devons, a-t-il estimé, envoyer un seul et même message: nous pouvons aider le peuple de l’Ukraine, nous pouvons condamner l’invasion et nous pouvons renforcer les principes fondateurs des Nations Unies.  Nous devons soutenir, a conclu la représentante, une résolution soutenue par 86 coauteurs et paraphrasant une nouvelle fois le Secrétaire général, elle s’est demandée combien d’autres Marioupol il faudra détruire.  Poursuivre la guerre en Ukraine est moralement inacceptable, politiquement indéfendable et militairement insensé.  Il est temps de mettre un terme à cette guerre absurde. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a appelé la Fédération de Russie à mettre un terme à l’agression de l’Ukraine qui tue depuis un mois des civils, dont des enfants, des personnels médicaux et des journalistes.  Les villes de Kiev, Marioupol et de Mikolayiv, comme tant d’autres, sont assiégées, bombardées sans relâche par l’armée russe.  C’est un massacre et le pire est encore devant nous, a-t-il mis en garde.  Dix millions d’Ukrainiens ont été contraints de fuir, dont plus de 3,5 millions sont désormais réfugiés dans des pays voisins, a rappelé la déléguée qui a salué la solidarité dont l’Union européenne et les États européens font preuve pour acheminer des biens de première nécessité et accueillir les réfugiés.  Le représentant a indiqué que le monde entier est affecté par cette guerre qui contribue à accroître le risque d’insécurité alimentaire et de famine dans le monde, lequel touchera d’abord les pays en voie de développement.  C’est pourquoi, a-t-il dit, la France propose de renforcer la coordination internationale pour assurer les approvisionnements et bâtir la résilience. 

M. de Rivière a rappelé que pendant trois semaines, son pays et le Mexique ont mené des discussions « de bonne foi » sur un projet de résolution au Conseil de sécurité pour appeler à une cessation des hostilités et au respect du droit international humanitaire.  La situation humanitaire n’a fait qu’empirer depuis lors et de nombreux États nous ont fait part de leur volonté de participer à ces efforts.  C’est pourquoi, nous avons transféré notre initiative à l’Assemblée générale, a-t-il expliqué, avançant que le projet de résolution introduit par l’Ukraine est le fruit d’un processus inclusif qui reflète un équilibre tenant compte des propositions des pays de toutes les régions.  Soutenir le projet de la France, du Mexique et de tant d’autres pays, c’est soutenir la protection des plus faibles, la solidarité entre les peuples, la voie de la paix, a-t-il conclu. 

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a rendu hommage à « son amie », l’ancienne Secrétaire d’État Madeleine Albright, qui vient de décéder.  Elle a ensuite dénoncé les attaques et les violences insensées que le monde voit depuis un mois en Ukraine.  Marioupol et Kharkov, dévastées, resteront les symboles de la brutalité russe, aux côtés de Grozny et d’Alep, a tranché la représentante, avant de réitérer ses soupçons sur l’intention de la Russie d’utiliser des armes chimiques et biologiques.  Elle a déploré les vies russes sacrifiées «  sur l’autel de l’ego du Président Putin » et a appelé le monde à se lever contre cette violence.  La représentante a fermement appuyé la résolution présentée par l’Ukraine.  Ce jour est un jour important pour se lever contre la violence inimaginable qui a provoqué une grave crise humanitaire.  Nous avons une résolution qui est une réponse à cette catastrophe humanitaire, un texte négocié par un groupe interrégional d’États et qui est déjà coparrainé par près de 90 coauteurs. 

Un vote d’abstention face aux atrocités russes serait tout simplement « inacceptable », a prévenu la représentante.  La Russie doit être comptable de ses actes, dont la crise humanitaire qu’elle a créée.  Voter pour, c’est voter pour la fin de la guerre, le respect et la protection du personnel humanitaire et médical et un accès humanitaire sans entrave.  C’est voter pour un départ sécurisé de ceux qui fuient la violence dont ceux qui travaillent, vivent ou étudient en Ukraine. 

Voter pour, c’est envoyer un message sur l’appui au travail héroïque du personnel humanitaire et à l’Appel éclair des Nations Unies.  Voter pour, c’est montrer que l’impact du conflit se répercute dans le monde entier et c’est choisir d’appuyer le droit international humanitaire, les droits de l’homme et les principes de souveraineté, d’intégrité territoriale et de non-recours à la force, consacrés par la Charte.  Vous devez, a conclu la représentante, avoir le courage de dire la vérité face à une catastrophe humanitaire créée de la main de l’homme.  Tous les pays qui veulent faire un effort sérieux pour traiter de l’urgence humanitaire en Ukraine doivent être clairs sur l’origine de l’urgence.  Faire moins, c’est permettre à l’agresseur de se cacher derrière un libellé vague et de prétendre qu’il essaye de régler la situation.  C’est la Russie qui est à blâmer pour avoir commencé la guerre et le monde la tiendra pour responsable de ce qu’elle fait aux Ukrainiens, a prévenu la représentante. 

M. HYUN CHO (République de Corée) s’est dit gravement préoccupé par la situation humanitaire en Ukraine et dans les pays voisins, causée par l’agression de la Russie contre l’Ukraine.  Au plus fort du conflit, le besoin d’un accès humanitaire sans entrave est particulièrement crucial, a souligné le représentant qui a indiqué que la République de Corée a contribué à hauteur de 10 millions de dollars à l’aide humanitaire, répondant à l’appel lancé par l’ONU.  La souffrance des enfants ukrainiens aujourd’hui est similaire à celle des enfants coréens pendant la guerre de Corée au début des années 1950, a ensuite observé le délégué.  Il est donc de la responsabilité la plus urgente et la plus collective de cette Organisation de mettre fin à cette réplique obsédante des agonies des enfants du XXe siècle.  C’est pourquoi nous nous sommes portés coauteurs de ce projet de résolution sur les conséquences humanitaires de l’agression contre l’Ukraine, a indiqué le délégué. 

« Un cauchemar éveillé », s’est exclamée Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse), en paraphrasant le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) sur la situation humanitaire en Ukraine.  Aujourd’hui, a-t-elle dit, cette Assemblée fait face à un choix clair: celui de l’unité face à des violations graves du droit international.  Nous sommes un pays neutre mais notre neutralité ne nous oblige pas de rester silencieux face à ces violations.  Il nous appartient de nous engager en faveur du respect de la Charte, a martelé la représentante, avant de condamner avec la plus grande fermeté l’agression militaire de la Russie et d’appeler à la cessation immédiate de toutes les hostilités et au retrait des troupes russes. 

Nous avons, a poursuivi la représentante, accueilli un grand nombre de réfugiés et dépêché plus de 500 tonnes d’aide en Ukraine.  Nous venons de débloquer 80 millions de francs additionnels pour notre programme humanitaire en Ukraine et dans la région.  La représentante a voulu que les pauses et les couloirs humanitaires soient bien planifiés, sécurisés de manière coordonnée et soumis à un accord entre les parties et à un plan d’application détaillés.  Elle a prévenu que l’emploi d’armes nucléaires, chimiques et biologiques aurait de graves conséquences humanitaires et constituerait un crime de guerre.  Elle a conclu en exprimant son soutien à la résolution présentée par l’Ukraine, insistant sur l’urgence d’une solution. 

M. YASHAR T. ALIYEV (Azerbaïdjan) a d’emblée rendu hommage à l’ancienne Secrétaire d’État Madeleine Albright, avant d’insister sur le respect du droit international humanitaire en Ukraine.  Tous ceux qui ont besoin d’aide doivent en bénéficier, sans discrimination aucune, a insisté le représentant, soulignant que son pays a déjà débloqué environ 9 millions de dollars.  Il a conclu en plaidant pour un règlement pacifique du conflit par le dialogue. 

M. OMAR CASTAÑEDA SOLARES (Guatemala) a déclaré que sa délégation n’avait pas hésité à se porter coauteur du projet de résolution A/ES-11/L.2 coparrainé par plus de 70 États Membres sur les conséquences humanitaires de l’agression contre l’Ukraine.  « Il est temps de mettre fin à ce conflit insensé », a-t-il indiqué.  Le représentant a demandé que la diplomatie soit privilégiée afin d’éviter une escalade du conflit qui, a-t-il mis en garde, pourrait avoir des conséquences encore plus graves au niveau international.  Il a réitéré l’importance de rechercher une solution pacifique à cette crise, dans le respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale, du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme. 

Après avoir rendu hommage à la mémoire de Madeleine Albright, M. JULIO CESAR ARRIOLA RAMIREZ (Paraguay) s’est alarmé de l’aggravation de la situation humanitaire en Ukraine. Malgré les efforts multiples et intenses, et les appels récurrents à la cessation des hostilités, nous continuons d’assister à la souffrance de millions de personnes, s’est-il inquiété.  Il a appelé l’Assemblée générale à assurer un accès sûr et sans entrave du personnel humanitaire et du personnel de santé, exigeant en outre la protection des installations médicales et sanitaires et des infrastructures civiles.  Il a également réitéré son adhésion à l’appel sans équivoque à une cessation immédiate des hostilités, et plaidé pour une intensification des efforts diplomatiques et du dialogue de bonne foi entre les parties.  Il a ensuite fait part de son appui au projet de résolution L.2. 

M. MICHAL MLYNAR (Slovaquie) a dit craindre que le bilan humain de la guerre en Ukraine s’avère plus élevé que les chiffres connus, se disant indigné par le fait que 2,9 millions d’enfants aient besoin d’une aide humanitaire.  Il a dénoncé les attaques perpétrées par les forces russes contre les infrastructures civiles, en violation flagrante du droit international humanitaire.  Le responsable de cette situation est bien connu, c’est la Fédération de Russie, a insisté le représentant, qui a plaidé pour un règlement pacifique du conflit.  Il a annoncé en conclusion son vote en faveur de la résolution présentée par l’Ukraine. 

Mme MARIA THEOFILI (Grèce) a rappelé que la communauté hellénique contribue depuis longtemps à l’épanouissement des villes d’Ukraine dont Odessa.  Malheureusement, les membres de cette communauté comme toutes les autres subissent les atrocités de la guerre.  La représentante a salué le courage des Consuls grecs à Odessa et à Marioupol qui ont aidé à l’évacuation des citoyens et de la diaspora grecs.  La Grèce, a-t-elle dit, a fourni une première aide humanitaire et appuyé toute l’aide qu’ont reçue les pays voisins de l’Ukraine.  Pour la représentante, la première mesure du retour à la normale sera de reconstruire la maternité et l’hôpital de Marioupol car la normalisation est la condition du retour de la diaspora grecque dans une région où elle est installée depuis des siècles.  Elle a appelé l’Assemblée générale à l’unité dans ses efforts pour renforcer les opération humanitaires. 

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a dit soutenir les efforts humanitaires en Ukraine, sans discrimination aucune, y compris vis-à-vis des étudiants africains qui essaient de fuir la guerre.  L’action humanitaire, a-t-il martelé, ne doit faire l’objet d’aucune appropriation à des fins politiques, stratégiques ou tactiques.  Elle ne doit pas s’aligner sur des desseins inavoués et faire l’objet d’une récupération politique.  Elle ne doit, a insisté le représentant, être ni cynique ni trompeuse, ni hypocrite ni aliénée.  Instrumentaliser l’action humanitaire, c’est infliger une double peine aux meurtris et aux martyrs de la guerre.  Le représentant a souligné que son pays s’abstient de tout alignement intéressé et préfère « rester à quai tant que les eaux paraîtront troubles ».  Il a rendu hommage aux vaillants hommes et femmes qui, au péril de leur vie, s’activent sans relâche à Marioupol, comme dans différentes autres lignes de fronts et villes dévastées, pour donner une lueur d’espoir aux populations. 

Au nom du Conseil de coopération des États arabes du Golfe, M. MOHAMMED ABDULAZIZ H. ALATEEK (Arabie saoudite)a déploré la détérioration de la situation en Ukraine et souligné le caractère « sacré » de l’intégrité territoriale des États.  Il a appelé au dialogue pour trouver un règlement à la crise et exhorté les parties à revenir à la table des négociations.  Nous avons, a-t-il souligné, de bonnes relations avec toutes les parties.  Il a rendu hommage aux pays qui ont accueilli des réfugiés et insisté sur la nécessité d’épargner les personnes et les infrastructures civiles, avant de réitérer son appel au dialogue

Mme AMATLAIN ELIZABETH KABUA (Îles Marshall) a rendu hommage à l’ancienne Secrétaire d’État américaine Madeleine Albright, qui vient de décéder.  Elle a déploré la détérioration de la situation en Ukraine et exhorté l’Assemblée à ne pas faire montre de faiblesse.  Nous devons parler d’une seule voix, a-t-elle dit, en dénonçant le fait que la récente décision de la CIJ soit restée lettre morte.  Elle a exhorté la Russie à cesser ses attaques contre les civils et les infrastructures civiles et exhorté les États Membres à voter pour la résolution présentée par l’Ukraine. 

Mme ZSUZSANNA HORVÁTH (Hongrie) s’est inquiétée de la détérioration rapide de la situation en Ukraine et a appelé à accorder un soutien massif aux efforts visant à mettre un terme au conflit.  Elle a dénoncé les attaques contre les civils et les infrastructures civiles, s’alarmant en outre du nombre important de déplacés et de réfugiés.  Chaque minute, 55 enfants ukrainiens deviennent réfugiés, a-t-elle relevé. 

Elle a ensuite indiqué que les frontières de la Hongrie sont ouvertes et que le pays a d’ores et déjà accueilli 630 000 réfugiés, sans aucune discrimination. En outre, 12,5 millions de dollars ont été alloués aux organisations caritatives en Hongrie, des centaines de milliers de litre de carburant ont été mobilisés, sans compter les produits alimentaires, les articles d’hygiènes et les fournitures médicales.  Des capacités logistiques ont également été mises sur pied à proximité de la frontière entre la Hongrie et l’Ukraine. 

M. MULALAP (États fédérés de Micronésie) a jugé que le désespoir causé par l’invasion du territoire souverain de l’Ukraine par la Russie est « illégal ».  La nature indiscriminée de ses attaques militaires contre les civils et les infrastructures civiles nous a tous choqués, a-t-il dénoncé, plus de 10 millions de personnes ayant été déplacées et plus de trois millions ayant fui le pays pour se mettre en sécurité.  Il a souligné que les corridors humanitaires sont essentiels pour permettre à l’aide d’atteindre ceux qui en ont le plus besoin, pour ensuite exhorter la communauté internationale à se rallier au projet de résolution de la France et du Mexique sur les « Conséquences humanitaires de l’agression contre l’Ukraine ». 

« Le monde doit agir », a martelé M. CARLOS AMORÍN (Uruguay), en dénonçant l’agression russe.  Les parties doivent respecter le droit international humanitaire, notamment les principes de distinction et de proportionnalité.  Il a souligné la nécessité de préserver les infrastructures civiles et de protéger les travailleurs humanitaires.  Il a indiqué qu’une solution durable passe par une cessation de l’agression armée russe, avant d’espérer que les parties retourneront à la table des négociations. 

Après avoir adressé ses condoléances à la délégation américaine suite au décès de Madeleine Albright, M. GUILLERMO ROQUE FERNANDEZ DE SOTO VALDERRAMA (Colombie) a dénoncé l’inhumanité de l’agresseur russe en Ukraine, notamment à Marioupol où un théâtre où de nombreux enfants avaient trouvé refuge a été pris pour cible.  Même les affrontements les plus cruels doivent préserver un minimum d’humanité, a-t-il souligné.  Il a exhorté la Russie à mettre un terme dans les plus brefs délais à son agression et à assurer l’accès sans entrave à l’aide humanitaire.  Il s’est ensuite dit convaincu que le projet de résolution L.2 jouira de la plus grande majorité des États Membres.  Évoquant le conflit récent en Colombie qui a par ailleurs accueilli de nombreux réfugiés vénézuéliens, il a appelé à une désescalade du conflit et à préserver la population des souffrances.  On ne peut pas confondre combattant et civil, a-t-il souligné. 

M.  KARLITO NUNES (Timor-Leste) s’est dit profondément préoccupé par la détérioration de la situation humanitaire en Ukraine et dans les environs.  Il a appelé les parties au conflit à régler leur différend par des moyens pacifiques et à mettre fin à ce conflit, avant d’annoncer que son pays votera en faveur du projet de résolution qui sera mis aux voix.  Le représentant a par ailleurs indiqué que le Timor-Leste avait contribué à hauteur de 1,5  million de dollars au Programme alimentaire mondial (PAM) pour venir en aide au peuple ukrainien. 

M.  JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a déclaré que la situation humanitaire dramatique en Ukraine, conséquence de l’invasion par la Fédération de Russie, continuera malheureusement de se détériorer de manière exponentielle tant qu’il n’y aura pas de cessation des hostilités.  Cette question, a-t-il dit, doit être prioritaire dans toute résolution humanitaire et c’est la raison pour laquelle, la France et le Mexique ont décidé de présenter un projet de résolution « purement humanitaire » au Conseil de sécurité.  Après deux semaines de consultations ouvertes, il est apparu très clairement que les conditions n’étaient pas réunies pour parvenir à un accord et le texte a été envoyé à l’Assemblée générale où les États Membres ont répondu à l’appel, comme en témoignent les 88 coauteurs de la résolution présentée par l’Ukraine. 

Les répercussions de cette guerre, a prévenu le représentant, seront mondiales et se feront ressentir plus clairement jour après jour mais aussi à plus long terme.  Notre réponse, a-t-il encouragé, doit être à la hauteur.  L’assistance humanitaire ne peut être l’otage des considérations politiques.  La résolution présentée par l’Ukraine est le fruit d’efforts collectifs et reprend les points de vue de pays appartenant aux cinq groupes régionaux des Nations Unies.  Cette initiative est le minimum de ce que mérite le peuple ukrainien. 

M.  DONAL KENNEALLY (Irlande) a constaté que la Fédération de Russie n’a pas respecté la volonté de l’Assemblée générale telle que traduite dans la résolution du 2  mars dernier.  L’invasion de l’Ukraine perdure, déclenchant une crise humanitaire massive.  Pendant ce temps-là, le Conseil de sécurité paralysé par un droit de veto anachronique, dont l’agresseur est doté, reste bloqué et incapable d’agir.  Le représentant a demandé à la communauté internationale de faire tout son possible pour répondre à la crise humanitaire mondiale que cette guerre provoque.  Il a appelé la Fédération de Russie à cesser d’attaquer les civils et les infrastructures civiles en Ukraine et de permettre aux civils de partir en toute sécurité.  Le bien-être de tous les civils qui décident de rester et celui des travailleurs humanitaires et médicaux, doivent également être assurés.  Le représentant a appelé l’Assemblée générale à l’unité.  Elle doit parler d’une seule voix, en votant en faveur de la résolution présentée par l’Ukraine. 

Mme  ANTJE LEENDERTSE (Allemagne) a rendu hommage à l’ancienne Secrétaire d’État des États-Unis, Madeleine Albright, qui vient de décéder.  Elle a évoqué la catastrophe qui se déroule en Ukraine et qui va marquer à vie des générations entières.  Elle a regretté que la Russie poursuive ses attaques, sans égard pour la population ukrainienne, et en violation du droit international.  La déléguée a détaillé les grandes lignes de la résolution présentée par l’Ukraine et indiqué que son pays continuera d’accueillir ceux qui fuient cette guerre.  L’Allemagne continuera d’œuvrer à un accès humanitaire, convaincue qu’il faut s’unir et obtenir de la Russie la cessation des hostilités, a conclu la déléguée. 

M. FRANCISCO DUARTE LOPES (Portugal) a déclaré que la détérioration de la situation humanitaire dans et aux alentours de l’Ukraine est alarmante, évoquant notamment l’augmentation du nombre de déplacés et de réfugiés et appelant à la solidarité internationale pour apporter une aide à tous ceux qui sont touchés.  Le Portugal, a-t-il ajouté, a déjà accueilli plus de 20 000 réfugiés d’Ukraine qui bénéficient d’un accès automatique aux soins de santé et à la sécurité sociale dans le cadre d’un système de protection temporaire.  Le représentant a estimé que la présentation du texte sur les « Conséquences humanitaires de l’agression contre l’Ukraine » est entièrement justifiée au vu la situation de plus en plus désastreuse sur le terrain.  Il a ensuite appelé à la cessation immédiate des hostilités et à la résolution pacifique du conflit. 

Mme MATHU JOYINI (Afrique du Sud) a relevé que des ressortissants de nombreux pays sont affectés par le conflit en Ukraine.  Nous demandons aujourd’hui, a-t-elle dit, un traitement équitable pour tous ceux qui veulent quitter les zones de conflit.  Elle a rappelé que sa délégation a présenté une résolution sur la situation humanitaire en Ukraine, forte de la conviction que l’Assemblée générale doit adopter un texte « spécifiquement » consacré aux souffrances des civils et sur la protection des infrastructures indispensables à leur survie.  Notre texte, a-t-elle expliqué, porte exclusivement sur la question humanitaire pour préserver le consensus car les questions politiques et stratégiques ne sauraient y être mêlées, a martelé la représentante, en remerciant les pays qui ont accepté de le parrainer. 

M. HOANG GIANG DANG (Viet Nam) qui a appelé à la retenue, a réclamé la fin de la violence et des opérations militaires.  Il a annoncé que son pays contribuera aux efforts humanitaires dans les limites de ses capacités, arguant que le chemin vers la paix doit passer par un dialogue entre les parties, conformément au droit international et à la Charte des Nations Unies et en tenant compte des préoccupations « légitimes » de toutes les parties.  Il les a exhortées à respecter leurs obligations humanitaires, y compris à l’égard des ressortissants étrangers. 

M. GHEORGHE LEUCA (Moldova) a déclaré que les hostilités en Ukraine menacent l’architecture internationale des règles et des normes que nous avons construites et consolidées depuis plus de 75 ans et causent de nouveaux dégâts collatéraux à la communauté internationale dans son ensemble.  Le représentant a reconnu que son pays n’a jamais connu une telle crise et a indiqué que toutes les autorités nationales concernées travaillent avec acharnement pour faire face à cette situation d’urgence sans précédent.  Dans le même temps, le Gouvernement, le secteur privé et le citoyen ordinaire ont uni leurs efforts d’une manière exceptionnelle pour aider les réfugiés.  Nous voterons pour le texte présenté par l’Ukraine, a annoncé le représentant. 

Après avoir rendu hommage à l’ancienne Secrétaire d’État des États-Unis, Madeleine Albright, qui vient de décéder, Mme MARIA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine) a évoqué « la douleur lancinante que des générations entières porteront dans leurs âmes » en raison de la guerre en Ukraine.  Elle a prôné la désescalade et exhorté les parties à revenir à la table des négociations.  Un cessez-le-feu immédiat est nécessaire, a-t-elle insisté.  Elle a condamné l’invasion de l’Ukraine par la Russie et réclamé la fin des opérations militaires russes.  En Ukraine, c’est notre prochain qui nous demande de l’aide, a déclaré la déléguée, en demandant le respect du droit international humanitaire.  Enfin, elle a précisé que son pays a ouvert ses frontières à tous les Ukrainiens, en leur octroyant, sans conditions, des visas d’urgence.  « La vie doit l’emporter. » 

M. JOSÉ MANUEL RODRIGUEZ CUADROS (Pérou) a constaté que l’intervention armée en Ukraine empire et que la population civile continue de subir les ravages de la violence.  Il a appelé les parties au conflit à s’accorder sur un cessez-le-feu et à participer aux négociations diplomatiques pour mettre un terme au conflit.  Le représentant s’est également opposé à toute politisation de la protection de la population. Il a souligné que les attaques perpétrées avec de nouvelles technologies et des moyens cybernétiques doivent respecter le droit international humanitaire, exhortant en outre à s’abstenir de commettre des attaques contre la population civile et les infrastructures civiles.  Une solution négociée, qui tient compte des intérêts de toutes les parties, conformément aux normes du droit international et à la Charte des Nations Unies, est le seul moyen de rétablir la paix et de mettre fin aux souffrances des populations, a-t-il souligné. 

M.  TEBURORO TITO (Kiribati) a estimé que la meilleure façon de résoudre la crise humanitaire grandissante en Ukraine est de voter en faveur du projet de résolution, avant de demander à tous les États Membres de jouer leur rôle, de quelque manière que ce soit, « matériellement et spirituellement », pour rétablir la paix en Ukraine, en Russie et dans le reste du monde. 

M. ION JINGA (Roumanie) a d’emblée condamné l’agression russe contre l’Ukraine, y compris l’implication du Bélarus.  Il a demandé à la Russie de cesser immédiatement le recours à la force et de retirer ses forces militaires de l’Ukraine.  La Fédération de Russie et le Bélarus, a-t-il dit, doivent être tenus responsables de leurs actes contre un État souverain.  Plaidant pour l’intensification de l’aide humanitaire, il a jugé urgente l’adoption de la résolution présentée par l’Ukraine.  Toute tentative d’introduire un libellé justifiant l’agression et l’invasion est tout simplement inacceptable, a averti le représentant qui a aussi prévenu que la menace de recourir à l’arme nucléaire est inadmissible.  Il n’a pas manqué de rappeler, en conclusion, que son pays a accueilli des réfugiés ukrainiens. 

M. PAHALA RALLAGE SANATHANA SUGEESHWARA GUNARATNA (Sri Lanka) a exhorté les parties au conflit à cesser toutes les hostilités et revenir à la table des négociations.  Il faut que le monde puisse vivre en paix, c’est notre droit en tant que membres de la famille humaine, a dit le délégué, ajoutant que nos nations ne sauraient être utilisées comme échiquier de la politique internationale.  Il a affirmé que les événements qui se déroulent en Ukraine auraient pu être évités quand leurs causes sous-jacentes ont commencé à apparaître.  Il a invité la communauté internationale à avouer cette omission et à faire son mea culpa, son mea maxima culpa.  Le Gouvernement sri-lankais, a-t-il indiqué, a pris des mesures immédiates pour assurer le bien-être des visiteurs ukrainiens et russes actuellement bloqués sur son sol.  À cet égard, le Conseil des Ministres a, le 28 dernier, accordé à 3 993 Ukrainiens et à 11 463 touristes russes l’autorisation de prolonger leur visa de deux mois, sans aucun frais. 

M. ANDREAS HADJICHRYSANTHOU (Chypre) a appelé à la cessation immédiate des hostilités et à assurer un accès sans entraves à l’aide humanitaire ainsi que le passage sûr des civils.  Il a condamné les attaques indiscriminées contre les civils et les infrastructures civiles ainsi que l’usage d’engins explosifs dans des zones peuplées.  Les images apocalyptiques de Marioupol sont tout simplement accablantes, a-t-il dit.  Le représentant a ensuite indiqué que Chypre avait envoyé sa plus importante cargaison d’aide humanitaire à l’Ukraine et accueilli plus de 6 000 réfugiés ukrainiens.  Dénonçant une guerre insensée et ses terribles conséquences humanitaires, il a appelé les États Membres à appuyer le projet de résolution intitulé « Conséquences humanitaires de l’agression contre l’Ukraine ». 

Mme ELISENDA VIVES BALMAÑA (Andorre) s’est dit préoccupée par la détérioration de la situation humanitaire en Ukraine, la plus grave crise en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.  Elle a appelé au respect du droit international humanitaire et rappelé l’interdiction de prendre les hôpitaux et écoles pour cible.  La déléguée a annoncé qu’elle votera en faveur de la résolution présentée par l’Ukraine et a réclamé la mise en œuvre de la récente décision de la CIJ.  Nous voulons un cessez-le-feu immédiat, a-t-elle martelé. 

M. BRIAN CHRISTOPHER MANLEY WALLACE (Jamaïque) a dit que son pays parraine le texte présenté par l’Ukraine, estimant que les conséquences humanitaires de l’invasion russe ne cesseront qu’avec la cessation des hostilités.  Il a relevé que l’ordre mondial fondé sur le droit est désormais sapé et que la communauté internationale doit se lever pour le retour de la diplomatie.  Le représentant a exhorté la communauté internationale à obtenir des parties la reprise des pourparlers. 

M. DARREN CAMILLERI (Malte) a dénoncé l’agression de la Fédération de Russie contre l’Ukraine, qui a provoqué une catastrophe humanitaire dans tout le pays, notamment à Marioupol, où les infrastructures civiles ont été prises pour cible.  Il a réitéré la nécessité de mettre en place des couloirs humanitaires, avant d’exhorter tous les États Membres à voter en faveur de la résolution présentée par l’Ukraine. 

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