En cours au Siège de l'ONU

Le Conseil de sécurité proroge le mandat de la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA) jusqu’au 15 novembre 2024

9474e séance – matin
CS/15490

Le Conseil de sécurité proroge le mandat de la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA) jusqu’au 15 novembre 2024

Le Conseil de sécurité a aujourd’hui prorogé d’un an le mandat de la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA), dans les mêmes termes et avec les mêmes effectifs.

Adoptée à l’unanimité, la résolution 2708 (2023) proroge autant le mandat défini dans la résolution 1990 (2011) que la tâche supplémentaire qui lui a été confiée par les résolutions 2024 (2011) et 2075 (2012), à savoir un appui au Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière. 

Avec des effectifs maintenus à des plafonds de 3 250 militaires et 640 policiers, la Force est ainsi autorisée à protéger les infrastructures et le personnel onusien ainsi que les civils dans la zone d’Abyei.  Elle peut également protéger la zone d’Abyei contre toutes incursions d’éléments non autorisés, tels que définis dans l’Accord.

Le Conseil demande instamment aux Gouvernements soudanais et sud-soudanais d’apporter un appui sans réserve à la Force pour qu’elle puisse s’acquitter de sa mission, y compris faciliter le bon fonctionnement de toutes ses bases d’opérations et du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière.  Il réaffirme que la zone d’Abyei doit être démilitarisée et appelle au retrait des éléments armés des populations locales, ainsi que de toutes les forces autres que celles de la FISNUA et du Service de police d’Abyei, une fois celui-ci mis sur pied. 

Reconduction technique de la résolution 2660 (2022), le texte adopté inclut toutefois un nouvel alinéa soulignant l’importance que le Conseil de sécurité attache à la sûreté et la sécurité des Casques bleus sur le terrain.  À ce titre, il appelle le Secrétaire général, les pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police et les États Membres à coopérer pour que la FISNUA bénéficie des ressources dont elle a besoin.

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD (S/2023/777)

Texte du projet de résolution (S/2023/852)

Le Conseil de sécurité,

Réaffirmant toutes ses résolutions antérieures et toutes les déclarations de sa présidence concernant la situation à Abyei et le long de la frontière entre le Soudan et le Soudan du Sud, et soulignant qu’il importe de s’y conformer et de les appliquer pleinement, 

Réaffirmant son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’unité et à l’intégrité territoriale du Soudan et du Soudan du Sud, 

Constatant que la situation actuelle à Abyei et le long de la frontière entre le Soudan et le Soudan du Sud continue de menacer la paix et la sécurité internationales,

Soulignant qu’il attache une grande importance à la sûreté et la sécurité des Casques bleus sur le terrain et que le Secrétaire général, les pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police et les États Membres doivent œuvrer de concert pour faire en sorte que la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA) bénéficie des ressources dont elle a besoin et que tout le personnel de maintien de la paix sur le terrain soit apte et prêt à s’acquitter efficacement de son mandat dans des conditions de sécurité et dispose des moyens nécessaires à cette fin,

1.    Décide de proroger jusqu’au 15 novembre 2024 le mandat de la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei énoncé au paragraphe 2 de la résolution 1990 (2011) et, agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, décide également de proroger jusqu’au 15 novembre 2024 les tâches confiées à la FISNUA définies au paragraphe 3 de la résolution 1990 (2011), et décide en outre que la Force doit continuer de s’acquitter de ce mandat et des tâches qui en découlent, conformément aux résolutions 2660 (2022), 2630 (2022) et 2609 (2021)

2.    Décide de proroger jusqu’au 15 novembre 2024 le mandat de la FISNUA modifié par sa résolution 2024 (2011) et le paragraphe 1 de sa résolution 2075 (2012), qui prévoit que la Force fournisse un appui au Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière, et décide également que la Force et le Secrétaire général doivent continuer de s’acquitter de ce mandat et des tâches qui en découlent, conformément aux résolutions 2660 (2022), 2630 (2022) et 2609 (2021)

3.    Maintient les effectifs militaires et policiers maximums actuellement autorisés, tels qu’ils sont fixés aux paragraphes 4 et 5 de la résolution 2609 (2021), et exprime son intention de rester saisi des recommandations que le Secrétaire général a formulées dans sa lettre du 17 septembre 2021 (S/2021/805);

4.    Demande instamment aux Gouvernements soudanais et sud-soudanais d’apporter un appui sans réserve à la Force de sorte qu’elle puisse s’acquitter de sa mission et déployer ses effectifs, y compris de faciliter le bon fonctionnement de toutes les bases d’opérations de la FISNUA et du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière, conformément à leur responsabilité première en tant qu’États hôtes et aux accords sur le statut des forces, et réaffirme que la zone d’Abyei doit être démilitarisée, toutes les forces autres que celles de la FISNUA et du Service de police d’Abyei, une fois celui-ci mis sur pied, devant s’en retirer, ainsi que les éléments armés des populations locales, et demande instamment aux Gouvernements soudanais et sud-soudanais et aux populations locales de prendre toutes les mesures nécessaires à cet égard;

5.    Prie le Secrétaire général de continuer de l’informer des progrès accomplis dans l’exécution du mandat de la FISNUA tel qu’il est défini au paragraphe 34 de la résolution 2609 (2021), ainsi que des avancées réalisées sur les questions énoncées au paragraphe 5 de la résolution 2630 (2022), et de lui présenter des rapports écrits le 1er mai 2024 et le 15 octobre 2024;

6.    Décide de rester activement saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Yémen: le Conseil de sécurité décide de reconduire le régime de sanctions jusqu’au 15 novembre 2024 et le mandat du Groupe d’experts jusqu’au 15 décembre 2024

9473e séance – matin
CS/15489

Yémen: le Conseil de sécurité décide de reconduire le régime de sanctions jusqu’au 15 novembre 2024 et le mandat du Groupe d’experts jusqu’au 15 décembre 2024

Le Conseil de sécurité a décidé, ce matin, de reconduire jusqu’au 15 novembre 2024 le régime de sanctions applicable au Yémen (embargo ciblé sur les armes, gel des avoirs et interdictions de voyager) et de proroger jusqu’au 15 décembre 2024 le mandat du Groupe d’experts créé en vertu de la résolution 2140 (2014).

La résolution 2707 (2023) adoptée ce matin à l’unanimité prévoit que le Conseil de sécurité réexaminera sa décision et se prononcera, le 15 novembre 2024 au plus tard, sur une nouvelle prorogation. Le Secrétaire général est prié de prendre dès que possible les mesures administratives requises, en consultation avec le Comité 2140, pour rétablir le Groupe d’experts jusqu’au 15 décembre 2024.  Celui-ci devra présenter au Comité un bilan à mi-parcours le 15 avril 2024 au plus tard, et remettre au Conseil de sécurité, après concertation avec le Comité, un rapport final à l’échéance du 15 octobre 2024. 

Pour rappel, ce groupe de quatre experts est placé sous la direction du Comité de sanctions du Conseil de sécurité sur le Yémen, le Comité 2140, qu’il est chargé d’aider à remplir son mandat.  Il doit notamment lui fournir des informations pouvant servir à désigner éventuellement des personnes et entités qui se livreraient aux activités visées par les sanctions.  Le Groupe d’experts est également chargé de réunir, examiner et analyser toutes les informations provenant d’États, d’organismes des Nations Unies compétents, d’organisations régionales et d’autres parties intéressées concernant l’application des mesures qui figurent dans la résolution 2140 (2014), en particulier celles qui portent sur des faits entravant la transition politique.  Il doit aussi aider le Comité à préciser et à actualiser les informations concernant la liste des personnes visées par les sanctions.

Le Royaume-Uni, auteur du projet de résolution, s’est, par la voix de son représentant, félicité du « signal d’unité » donné par le Conseil de sécurité avec l’adoption de ce texte, qui démontre son plein soutien à un processus de paix « fragile ». 

Tout en affichant lui aussi son soutien à cette prorogation, son homologue de la Fédération de Russie a néanmoins souligné que le régime des sanctions pour le Yémen était de plus en plus souvent « en contradiction » avec la mise en œuvre d’un processus politique à long terme.  Il a par ailleurs dénoncé comme « inacceptable » la manière dont les États-Unis « géraient la production militaire saisie dans la zone », qu’ils ont « réorientée vers l’Ukraine pour soutenir le régime de Kiev ».  Cette approche va selon lui à l’encontre des dispositions des résolutions ciblées sur le Yémen, mais aussi des normes du droit international. 

Comme dans ses précédentes résolutions, le Conseil de sécurité réaffirme par le texte de ce matin son attachement à l’unité, à la souveraineté, à l’indépendance et à l’intégrité territoriale du Yémen.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Texte du projet de résolution (S/2023/850)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant toutes ses résolutions antérieures et déclarations de sa présidence concernant le Yémen, notamment les résolutions 2624 (2022) et 2675 (2023),

Réaffirmant son ferme attachement à l’unité, à la souveraineté, à l’indépendance et à l’intégrité territoriale du Yémen,

Considérant que la situation qui règne au Yémen continue de menacer la paix et la sécurité internationales,

Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

1.    Décide de reconduire jusqu’au 15 novembre 2024 les mesures imposées par les paragraphes 11 et 15 de la résolution 2140 (2014), réaffirme les dispositions des paragraphes 12, 13, 14 et 16 de ladite résolution et réaffirme également les dispositions des paragraphes 14 à 17 de la résolution 2216 (2015);

Soumission des rapports

2.    Décide de proroger jusqu’au 15 décembre 2024 le mandat du Groupe d’experts énoncé au paragraphe 21 de la résolution 2140 (2014) et au paragraphe 21 de la résolution 2216 (2015), déclare son intention de le réexaminer et de se prononcer, le 15 novembre 2024 au plus tard, sur une nouvelle prorogation, et prie le Secrétaire général de prendre dès que possible les mesures administratives requises, en consultation avec le Comité, pour rétablir le Groupe d’experts jusqu’au 15 décembre 2024, en faisant au besoin appel aux compétences des membres du Groupe d’experts créé en application de la résolution 2140 (2014);

3.    Prie le Groupe d’experts de présenter au Comité un bilan à mi-parcours le 15 avril 2024 au plus tard, et de lui remettre, après concertation avec le Comité, un rapport final, notamment les informations visées au paragraphe 16 de la résolution 2624 (2022), le 15 octobre 2024 au plus tard;

4.    Décide de rester activement saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La quatrième session de la Conférence sur la création au Moyen-Orient d’une zone exempte d’armes de destruction massive s’ouvre dans un contexte « effroyable »

Conférence sur la création au Moyen-Orient d’une zone exempte d’armes nucléaires, Quatrième session
matin
CD/3863

La quatrième session de la Conférence sur la création au Moyen-Orient d’une zone exempte d’armes de destruction massive s’ouvre dans un contexte « effroyable »

La quatrième session de la Conférence sur la création au Moyen-Orient d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive s’est ouverte, ce matin, au Siège des Nations Unies, à New York.  Le Président de l’Assemblée générale et la Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, présents pour l’occasion, ont replacé la semaine de travaux de la Conférence, qui a prévu de rendre son document final vendredi 17 novembre, dans le contexte « effroyable » de l’escalade des hostilités dans la région. 

M. Dennis Francis a d’abord voulu croire que l’objectif d’un Moyen-Orient débarrassé d’armes de destruction massive ne s’était pas perdu « dans les sables du temps », la Première Commission (désarmement et sécurité internationale) ayant, à l’issue de sa soixante-dix-huitième session, réaffirmé le soutien sans ambages de la majorité des États Membres à la concrétisation d’une idée vieille de quatre décennies.  Il a ajouté que les projets de résolution de la Commission le montrent: la communauté internationale considère qu’une paix durable dans la région est inatteignable si la question des armes de destruction massive n’est pas passée en revue sous l’angle prévu par l’ordre du jour de cette quatrième session, à savoir la vérification et l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques. 

M. Francis n’a toutefois pas caché que cette volonté politique, qui doit être celle de tous les acteurs de la région, se heurte à « la vague de désespoir qui engloutit le Moyen-Orient depuis deux mois ».  Aussi a‑t‑il invité le Président de la Conférence, l’Ambassadeur Taher M. T. Elsonni, Représentant permanent de la Libye, ainsi que les participants, à se saisir du message de l’Assemblée générale, « un message univoque et direct », pour guider leurs délibérations: les armes nucléaires étant une menace existentielle pour l’humanité, il faut mettre fin aux combats politiques qui empêchent tout progrès en matière de désarmement nucléaire.  

Mme Izumi Nakamitsu a, elle aussi, prononcé des mots forts, confiant que l’hommage rendu, ce matin, aux 101 employés de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) morts à Gaza lui avait provoqué une douleur jamais ressentie en 30 ans de services rendus aux Nations Unies.  La Haute-Représentante s’est inquiétée du fait qu’après deux mois d’escalade des hostilités qui ont déclenché une crise humanitaire particulièrement tragique, le risque de propagation du conflit en Cisjordanie est de plus en plus réel.  Relayant les nombreux messages du Secrétaire général de l’ONU à ce sujet, elle a condamné les attaques « ignobles » du Hamas du 7 octobre dernier et appelé à la libération de tous les otages maintenus à Gaza, où les opérations terrestres et les bombardements israéliens frappent chaque jour les civils et sites de l’ONU, en violation flagrante du droit international et du droit international humanitaire. 

Pour Mme Nakamitsu, qui faisait siennes les déclarations de M. António Guterres, l’heure est venue pour que tous les acteurs de la région s’attaquent aux causes profondes du conflit israélo-arabe dans l’objectif de fonder une nouvelle architecture de paix et de sécurité au Moyen-Orient.  Celle-ci, a‑t‑elle souligné, pourrait s’édifier autour d’une zone exempte d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive au Moyen-Orient. 

S’adressant au Président de la Conférence, Mme Nakamitsu lui a demandé d’optimiser la volonté politique affichée par les membres de poursuivre les travaux dans des conditions aussi difficiles.  « Les présidences passées et la vôtre sont résolues à agir dans le sens des aspirations et des lignes tracées par le Secrétaire général dans son Nouvel Agenda pour la paix », a‑t‑elle dit. 

« Depuis cinq ans, la dynamique de la Conférence et ses résultats encourageants montrent que ses membres sont attachés à rendre fructueux le processus ouvert, sans exclusive, et l’approche pas à pas qui ont été choisis », a également noté la Haute-Représentante.  « Le chemin vers un traité juridiquement contraignant portant création d’une zone exempte d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive au Moyen-Orient sera sinueux », a‑t‑elle toutefois prévenu, assurant M. Elsonni du plein soutien de son bureau à ses efforts.  Elle a également appelé à la pleine participation de tous les États de la région à ces derniers, répétant que la communauté internationale les soutient et attend d’eux des contributions concrètes au désarmement nucléaire « et à la paix au Moyen-Orient et au-delà ». 

Élu par acclamation, l’Ambassadeur libyen a exhorté le Conseil de sécurité de l’ONU à prendre immédiatement des mesures pour mettre fin à la guerre et empêcher de nouvelles pertes de vies civiles à Gaza, avant de condamner les menaces « folles et irresponsables » d’emploi de l’arme nucléaire dans le territoire palestinien, proférées par le Ministre israélien du patrimoine, lequel avait été aussitôt désavoué par le Premier Ministre et le Ministre de la défense.  « La crise à Gaza et les discours dangereux sur l’utilisation possible d’armes de destruction massive soulignent l’urgence des travaux de cette Conférence », a déclaré M. Elsonni, avant d’assurer le Président de l’Assemblée générale et la Haute-Représentante de son intention de tirer parti de la dynamique et des résultats obtenus lors des sessions précédentes. 

La quatrième session de la Conférence devrait adopter son document final en séance publique, vendredi 17 novembre. 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Troisième Commission adopte 12 textes, dont 9 sans vote, mais voit les divisions se cristalliser autour des questions de genre

Soixante-dix-huitième session,
49e & 50e séances plénières – matin & après-midi
AG/SHC/4399

La Troisième Commission adopte 12 textes, dont 9 sans vote, mais voit les divisions se cristalliser autour des questions de genre

La Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, a continué, aujourd’hui, de se prononcer sur ses projets de résolution, adoptant 12 textes, dont 9 par consensus.  Comme les années précédentes, les délégations ont affiché au grand jour leurs divisions sur les questions d’identité de genre et d’orientation sexuelle. 

Cette traditionnelle pomme de discorde s’est notamment glissée dans l'examen du projet de résolution sur le renforcement du rôle que joue l’ONU dans la promotion de la démocratisation et d’élections périodiques et honnêtes, qui a mobilisé plus d’une cinquantaine de délégations.  Par ce texte, adopté par 146 voix pour, une contre (Mali) et 25 abstentions, l’Assemblée générale condamnerait fermement toutes les tentatives de harcèlement, d’intimidation, d’agression ou de détention arbitraire de journalistes et de professionnels des médias. 

L’adoption du projet dans son ensemble a été précédée du rejet de quatre propositions d’amendement. Le premier, soumis par la Fédération de Russie, faisait valoir que « le droit à la liberté d’expression peut être soumis à certaines restrictions qui sont fixées par la loi et qui sont nécessaires ».  Les trois autres, présentés par l’Égypte au nom d’un groupe de pays, proposaient d’apporter des modifications au préambule du texte et de remplacer un paragraphe du dispositif de manière à supprimer, entre autres, les termes « orientation sexuelle » et « identité de genre ». 

Si le projet d’amendement russe a été largement dénoncé au nom de la liberté des médias, les modifications proposées par l’Égypte ont confirmé une nette fracture.  L’Argentine et le Chili ont ainsi estimé que ces changements entraîneraient un recul des libertés des groupes vulnérables, l’Australie relevant que ces derniers sont plus susceptibles d’être discriminés et risquent donc de moins participer à la vie politique.  À l’inverse, l’Indonésie a regretté qu’au final, le texte adopté comporte des références litigieuses, telles que l’orientation sexuelle, le genre ou encore « les femmes dans toute leur diversité », faisant porter le débat sur d’autres questions que la démocratie.  Cette position a été partagée par un grand nombre de délégations soucieuses de leurs particularités nationales. 

Des divergences du même ordre ont animé la discussion autour du projet de résolution sur l’amélioration du sort des femmes et des filles en milieu rural.  Bien qu’adopté sans vote, le texte a suscité d’importantes réserves de la part de pays qui, comme le Yémen, ont fait valoir que le genre n’est autre que la distinction biologique entre l’homme et la femme.  D’autres, à l’instar de la Libye, ont dit concevoir les droits sexuels et reproductifs conformément à leurs législations et à leurs valeurs religieuses.  Tout au contraire, le Mexique a prôné l’intégration de libellés progressistes dans les résolutions futures, tandis que l’Espagne, s’exprimant au nom de l’Union européenne, s’opposait à « tout retour en arrière sur les droits des femmes ». 

Des oppositions autour du terme « santé sexuelle » ont également terni le consensus obtenu par le projet sur les droits humains à l’eau potable et à l’assainissement.  Faisant écho à plusieurs délégations, le Sénégal a ainsi regretté la prolifération de termes non consensuels et rappelé que les concepts liés à la santé sexuelle sont compris selon les lois et la culture du pays.  Un procès semblable a été fait à l’expression « formes de discrimination multiples et croisées » lors de l’examen du texte relatif à la violence à l’égard des travailleuses migrantes, adopté sans vote. Le Niger y a vu une tentative visant à redéfinir ou interpréter le concept de genre, « qui ne revêt qu’une différence strictement biologique ».  L’Égypte a, quant à elle, dénoncé des termes « ne faisant pas l’objet d’un consensus international ». 

Plus fédérateur, le projet intitulé « Préparation et célébration du trentième anniversaire de l’Année internationale de la famille » a aussi été entériné sans mise aux voix.  Les États-Unis ont toutefois regretté la conception « étroite » de la famille défendue par le texte, l’Uruguay appelant pour sa part à y inclure les familles monoparentales et la communauté LGBTQI+. 

Le consensus a également prévalu pour les projets sur la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées, et l’aide et la protection en faveur des personnes déplacées, lequel demande aux États Membres de redoubler d’efforts pour résoudre les problèmes liés aux situations prolongées de déplacement. La Troisième Commission a par ailleurs adopté sans vote les textes consacrés à l’amélioration de la coordination de l’action contre la traite des personnes, les institutions nationales de défense des droits humains et la suite donnée à la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement

Un vote s’est en revanche révélé nécessaire pour le projet portant sur le « Centre de formation et de documentation des Nations Unies sur les droits de l’homme pour l’Asie du Sud-Ouest et la région arabe », adopté par 174 voix pour, zéro contre et 2 abstentions (République arabe syrienne et République islamique d’Iran).

La situation au Moyen-Orient s’est aussi invitée dans les débats.  Présenté par l’Égypte, au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), et adopté par 168 voix pour, 5 voix contre (Micronésie, États-Unis, Îles Marshall, Israël, et Nauru) et 9 abstentions (Guatemala, Kiribati, Palaos, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Paraguay, République démocratique du Congo, Togo, Tonga, et Vanuatu), le projet sur le droit du peuple palestinien à l’autodétermination a suscité de vifs échanges en lien avec les événements de Gaza.  Israël a vu dans ce texte un « instrument supplémentaire » pour remettre en cause son existence.  Ce projet ne prive aucun peuple de ses droits humains, mais appelle simplement à mettre fin à l’occupation par Israël de la terre des Palestiniens et réaffirme leur droit à l’autodétermination, lui a répondu l’État de Palestine. 

La Troisième Commission poursuivra l’examen de ses projets de résolution mardi 14 novembre, à partir de 10 heures. 

DÉCISION SUR LES PROJETS DE RÉSOLUTION

Développement social, y compris les questions relatives à la situation sociale dans le monde et aux jeunes, aux personnes âgées, aux personnes handicapées et à la famille (A/C.3/78/L.15/Rev.1A/C.3/78/L.16/Rev.1)

Par le projet de résolution intitulé « Préparation et célébration du trentième anniversaire de l’Année internationale de la famille » (A/C.3/78/L.15/Rev.1), présenté par Cuba, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, et adopté par consensus, l’Assemblée générale encouragerait les États Membres, dans le cadre des préparatifs du trentième anniversaire de l’Année internationale de la famille, à intégrer une perspective familiale lors de l’élaboration de politiques relatives aux mutations technologiques, aux évolutions démographiques et aux migrations, à l’urbanisation et aux changements climatiques.

Elle encouragerait également les États Membres à privilégier des systèmes de protection sociale universelle et à cibler les familles en situation de vulnérabilité.  De même, les États seraient encouragés à prendre systématiquement en compte les questions de genre tout au long de l’élaboration des politiques familiales, en particulier en ce qui concerne les migrations et le problème des sans-abris.

Par ce texte, l’Assemblée générale inviterait les États Membres à investir davantage dans les services d’aide aux familles, les centres de services sociaux et les transports.  Elle les inviterait aussi à promouvoir l’équilibre entre vie professionnelle et vie familiale dans le monde numérique et à accorder aux travailleurs ayant des responsabilités familiales une certaine souplesse pour aménager leurs horaires de travail. 

Explications de position 

Après l’adoption du projet de résolution, le Mexique a fait valoir que le concept de famille peut évoluer en fonction des sociétés.  C’est le cas au Mexique, où différents types de famille sont pris en compte, y compris celles construites sur une union libre ou une union entre personnes de même sexe, a relevé la délégation.  À cette aune, il a regretté que le projet de résolution ne précise pas suffisamment les différentes formes que peuvent prendre les familles, ni les politiques de regroupement familial, ces dernières pouvant contribuer au bien-être émotionnel des membres d’une famille.  Les États-Unis ont, eux aussi, critiqué la « conception étroite de la famille » proposée par ce texte, appelant à des libellés reflétant la diversité des structures familiales à l’échelle mondiale.

Saluant quant à elle l’inclusion d’éléments nouveaux dans le projet de résolution, tels que les systèmes de protection sociale, l’Espagne, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne (UE), a néanmoins regretté que la majorité des propositions de l’UE aient été rejetées, notamment celles relatives à l’inclusion de politiques sensibles au genre, aux mesures de lutte contre les violences sexuelles et fondées sur le genre ou encore aux violences au sein du couple.  Elle a également déploré que des libellés importants du texte de l’année dernière aient été supprimés, en particulier ceux traitant de l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie familiale.  Elle a par ailleurs estimé que les libellés proposés par l’UE sur le travail des enfants auraient dû être intégrés au texte.  Observant que les familles évoluent en fonction de facteurs socioéconomiques, elle a souhaité que les approches retenues par la Troisième Commission reflètent cette réalité.  Elle a regretté, de ce fait, l’utilisation du terme « bien-être de la famille dans son ensemble », le jugeant trop « flou » et pas représentatif de cette diversité. 

L’Uruguay a salué à son tour une « évolution positive » lors du processus de négociation, se félicitant notamment de la mention faite par le texte aux systèmes de protection sociale qui aident à répondre aux inégalités de genre.  Il aurait cependant préféré voir des défis comme les violences fondées sur le genre davantage mis en avant.  Le rôle de la famille est aussi de protéger les femmes et les filles, a argué la délégation, appelant à une compréhension plus large du concept de famille, qui inclurait les familles monoparentales et la communauté LGBTQI+.  Le Royaume-Uni a convenu qu’il convient d’établir des routes sûres pour faciliter le regroupement familial des familles de migrants. Il a toutefois estimé que le libellé du projet de résolution aurait pu être amélioré en prenant en compte les divers systèmes d’immigration propres aux États.

La famille est la cellule de base de la société, a insisté, pour sa part, le Bélarus, qui a rappelé son attachement à une coopération mondiale sur les questions relatives à la famille et appelé les États Membres à rallier le Groupe des Amis de la famille. 

Aux termes du projet de résolution intitulé « Suite donnée à la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement » (A/C.3/78/L.16/Rev.1), présenté par Cuba, au nom du Groupe des 77 et la Chine, et adopté par consensus, l’Assemblée générale engagerait les États Membres à intensifier leurs efforts pour prendre en compte les liens existants entre le vieillissement de la population et le développement durable dans les mesures et les programmes adoptés à tous les niveaux de leur administration. 

Elle engagerait également les États Membres à créer des conditions favorisant la participation égale, pleine, effective et tangible des personnes âgées à la vie politique, sociale, économique et culturelle.  De même, elle encouragerait les États Membres à associer les personnes âgées aux débats tenus sur la question à l’échelon international sous les auspices de l’ONU.

L’Assemblée générale encouragerait par ailleurs les États Membres à renforcer les moyens dont disposent les organismes nationaux de statistiques pour combler le manque de données sur le vieillissement, et les engagerait à promouvoir l’habileté numérique en mettant en particulier l’accent sur le renforcement des compétences des personnes âgées dans ce domaine, sans discrimination d’aucune sorte.

Explications de position

S’exprimant avant l’adoption, l’Argentine s’est félicitée de la présence d’éléments innovants dans le texte, comme la reconnaissance du travail d’accompagnement des femmes âgées ou l’accent mis sur la participation des personnes âgées à tous les niveaux de la société ou aux travaux de l’ONU.  Elle a appelé tous les États Membres à répondre au questionnaire envoyé par les cofacilitateurs, le Brésil et le Portugal, sur les lacunes qui peuvent demeurer quant aux droits humains des personnes âgées. 

De son côté, la Fédération de Russie a jugé prématuré d’introduire, faute de consensus, des références aux « recommandations arrêtées sur le plan intergouvernemental » concernant les travaux du Groupe de travail à composition non limitée sur le vieillissement et, en conséquence, s’est dissociée du paragraphe 66 du dispositif. 

Après l’adoption, la Malaisie a noté que le texte continue d’employer les termes « formes de discrimination multiples et croisées » au paragraphe 19 du préambule et au paragraphe 27 du dispositif.  Elle a fait valoir que l’interprétation de ces termes s’appuie sur les lois, valeurs et traditions de son pays et non sur des termes non reconnus dans l’architecture actuelle des droits humains. 

Promotion des femmes (A/C.3/78/L.21/Rev.1A/C.3/78/L.22/Rev.1)

En vertu du projet de résolution intitulé « Violence à l’égard des travailleuses migrantes » (A/C.3/78/L.21/Rev.1), présenté par les Philippines, également au nom de l'Indonésie, et adopté sans vote, l’Assemblée générale demanderait aux gouvernements de prendre des mesures, législatives ou autres, dans les pays d’origine, de transit et de destination en vue de protéger toutes les migrantes contre les violences, notamment celles liées au monde du travail et l’exploitation sexuelle, et de mettre en place des politiques et mesures basées sur une politique de tolérance zéro à l’égard de toutes les formes de violence et de harcèlement contre les migrantes, ainsi que d’amener les auteurs de violences à répondre de leurs actes. 

Elle engagerait également les États à renforcer les politiques et les programmes qui permettent aux travailleuses migrantes d’accéder à une formation aux compétences numériques et informatiques, notamment en vue de mieux connaître leurs droits et les obligations des pays de transit et de destination. 

En outre, l’Assemblée générale encouragerait les États à garantir le retour des travailleuses migrantes, en toute sécurité et dans la dignité, ainsi que leur réintégration durable. 

Explications de position

Avant l’adoption du texte, l’Espagne, au nom de l’Union européenne (UE), a regretté la non-intégration d’un libellé proposé par l’UE reconnaissant les effets de la violence de genre sur la santé des femmes migrantes.  La délégation a également déploré l’absence de référence aux services de santé sexuelle et reproductive. 

L’Égypte s’est dissociée des termes ne faisant pas l’objet d’un consensus international tel que « formes de discrimination multiples et croisées ».  Il en a été de même pour le Niger qui a, par ailleurs, rejeté les tentatives tendant à redéfinir ou interpréter le concept de genre considérant qu’il s’agit exclusivement de la différence biologique entre les sexes masculin et féminin. Le concept de genre ne se réfère qu’aux rapports sociaux entre les hommes et les femmes, a renchéri le Sénégal, qui a aussi pointé l’expression « groupes marginalisés de femmes ».  La République islamique d’Iran s’est dissociée des paragraphes 31, 32 et 36 du préambule et du paragraphe 2 du dispositif. 

La Colombie a appuyé l’utilisation du terme « intersection » estimant qu’il s’agit de l’essence du texte. 

À l’issue de l’adoption du projet de résolution, la Hongrie s’est dissociée des paragraphes mentionnant le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, rappelant qu’elle n’y est pas partie.

L’Iraq et la Libye se sont dissociés de l’interprétation du terme « genre » et, rejoint par la Gambie, n’ont pas souscrit aux paragraphes qui intègrent des libellés tels que « formes multiples et croisées de discrimination ».  L’interprétation des termes non consensuels sera fondée sur les lois, valeurs et traditions nationales, a fait valoir la Malaisie.

Le Mexique aurait souhaité intégrer des références aux formes multiples de discrimination qui touchent les femmes migrantes, insistant sur la nécessité de protéger leur santé sexuelle et reproductive au vu du nombre élevé d’agressions sexuelles le long de la trajectoire migratoire. 

Aux termes du projet de résolution intitulé « Amélioration du sort des femmes et des filles en milieu rural » (A/C.3/78/L.22/Rev.1) présenté par la Mongolie et adopté sans vote, l’Assemblée générale exhorterait les États Membres à adopter et mettre en œuvre des politiques visant à éliminer la pauvreté et à réduire les inégalités en favorisant les moyens de subsistance durables, le travail décent et la sécurité des revenus en milieu rural, ainsi qu’à promouvoir la réalisation progressive du droit à une alimentation adéquate dans le cadre de la sécurité alimentaire et de la nutrition des femmes et des filles rurales dans toute leur diversité. 

De plus, elle exhorterait les États Membres à promouvoir l’autonomisation économique des femmes rurales en leur permettant d’exercer leur droit au travail et leurs droits en tant que travailleuses, en renforçant leurs capacités et leurs compétences en matière de gestion des entreprises et des coopératives, en facilitant leur intégration dans le secteur formel et en assurant leur inclusion financière et numérique, l’égalité d’accès aux ressources naturelles, productives et économiques, ainsi que la possibilité d’obtenir, d’exploiter, de posséder et de contrôler des terres et des biens. 

Le texte encourage également les États Membres à améliorer la desserte numérique dans les zones rurales afin de promouvoir, entre autres, l’accès des femmes et des filles rurales aux services numériques. 

Explications de position  

Avant le vote, le Nigéria s’est dissocié des connotations qui ne sont pas reconnues dans sa législation nationale, notamment celles concernant la notion de « genre » qui, a-t-il souligné, ne concerne que la distinction entre homme et femme. 

La Colombie a regretté que les effets des conflits armés sur les femmes en milieu rural et le rôle des femmes dans la résolution des conflits et l’édification de la paix ne soient pas mentionnés, espérant en outre que les versions futures pourront intégrer des références à l’accompagnement juridique des femmes autochtones et à la perspective de genre dans la lutte mondiale contre les cultures de drogues illicites, notamment. 

Le Niger a réaffirmé sa conception de la terminologie relative à la santé sexuelle et au droit reproductif conformément à la législation nationale, et aux valeurs religieuses, éthiques et cultuelles propres à la société nigérienne, en particulier le droit à la vie et le droit des parents.  La délégation a considéré que les termes utilisés n’impliquent pas la promotion de l’avortement en tant que droit humain et moyen de planification familiale, ni n’impose aux États de revoir leur législation en la matière.  Même explication du côté du Nicaragua qui a déclaré que les paragraphes sur la santé reproductive et sexuelle ne doivent pas être compris comme un moyen de contrôle des natalités ou un soutien à l’avortement, rappelant que « toute personne a droit à la vie depuis le moment de la conception ». 

La République islamique d’Iran s’est elle aussi opposée à toute terminologie qui ne fait pas l’objet d’un consensus, se distançant des paragraphes 14 du préambule et 2 s) du dispositif.  Concernant ces mêmes paragraphes, l’Égypte a estimé que les références telles que « les formes de discrimination multiples et croisées » et « la discrimination et la violence à l’égard des femmes et des filles » sont mal définies d’un point de vue juridique. 

Quant à la Mauritanie, elle a estimé que la santé sexuelle et reproductive ne peut être perçue comme désignant uniquement les problèmes de santé approuvés lors la Conférence internationale sur la population et le développement et la Déclaration et le Programme d’action de Beijing adoptés à la quatrième Conférence mondiale sur les femmes.  La Mauritanie a estimé que le paragraphe 2 ne peut faire référence qu’aux services de santé approuvés par les autorités.  Par ailleurs, le terme « genre » n’est compris qu’à la lumière de la législation et des valeurs nationales, à savoir la distinction entre homme et femme.  La Syrie s’est fait l’écho des positions exprimées par la Mauritanie et l’Égypte. 

Après le vote, le Mexique a indiqué qu’il aurait souhaité des références à la santé sexuelle et reproductive et a prôné l’intégration de libellés progressistes dans les résolutions futures.  Il en a été de même pour l’Espagne qui, au nom de l’Union européenne, s’est opposée à tout retour en arrière sur les droits des femmes. 

L’Australie a, de même, regretté que la santé sexuelle et reproductive soit systématiquement rejetée par un certain nombre de pays, soulignant que cette formulation est pourtant reconnue et mentionnée de nombreuses fois dans le Programme d’action de Beijing. Pareillement, les États-Unis ont déploré que le processus de négociation ait conduit à la perte de la référence sur la santé sexuelle et reproductive, ainsi que celle sur l’égalité femmes-hommes dans le contexte de la sécurité alimentaire. 

À l’inverse de la Nouvelle-Zélande qui s’est félicitée des références aux « formes de discrimination multiples et croisées » et à « la discrimination et la violence à l’égard des femmes et des filles », plusieurs délégations se sont distanciées de ces formulations. 

Oman, au nom des pays du Golfe, a précisé que le paragraphe 2 sera interprété conformément aux lois nationales.  L’Iraq s’est dissocié des paragraphes 2 du préambule et 2 s) du dispositif, de toutes les références au « genre », ainsi que de la formulation « discriminations multiples et croisées » qui ne rentre pas dans le cadre de la distinction biologique.  Par ailleurs, l’Iraq interprètera le paragraphe 14 du préambule et les paragraphes 2 m) et t) du dispositif conformément à son cadre législatif national. 

Le Yémen s’est également dissocié de l’expression « discriminations multiples et croisées » et a indiqué que le droit reproductif et la santé sexuelle seront interprétés selon les paramètres nationaux.  En outre, le genre ne peut n’être compris que comme la distinction entre homme et femme, a ajouté la délégation, appuyée par la Gambie qui s’est dissociée de toutes autres définitions du genre que celle-ci. 

L’Algérie a, quant à elle, rappelé que les contextes culturels et sociaux de chaque État devaient être pris en compte, se dissociant de la formulation sur les « discrimination multiples et croisées » et émettant des réserves sur le concept de santé sexuelle et reproductive, ainsi que sur les références au « genre ».  Même son de cloche du côté de la Lybie qui a précisé que la santé sexuelle et reproductive et le terme « genre » seront interprétés conformément aux valeurs sociétales et à celles de la religion musulmane. 

Le Burkina Faso a réitéré la compréhension des références au genre conformément à son cadre national, à savoir la distinction entre les femmes et les hommes « en termes de statuts, de rôles et de fonctions socialement attribuées et culturellement justifiées ».  Dans le même ordre d’idées, la Malaisie a précisé que la formulation sur les « discriminations multiples et croisées » sera interprétée selon les coutumes et valeurs nationales.  Dans la foulée, l’Indonésie a regretté que la discussion se perde sur des termes qui divisent, tout en émettant des réserves sur cette même formulation.  De même, le Sénégal s’est dissocié de cette formulation et a appuyé l’interprétation des références au genre comme ne concernant que la distinction entre homme et femme. 

Droit des peuples à l’autodétermination (A/C.3/78/L.24)

Par le projet de résolution intitulé « Le droit du peuple palestinien à l’autodétermination » (A/C.3/78/L.24), présenté par l’Égypte, au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), et adopté par 168 voix pour, 5 voix contre (Micronésie, États-Unis, Îles Marshall, Israël, et Nauru) et 9 abstentions (Guatemala, Kiribati, Palaos, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Paraguay, République démocratique du Congo, Togo, Tonga, et Vanuatu), l’Assemblée générale exhorterait tous les États ainsi que les institutions spécialisées et les organismes des Nations Unies à continuer d’apporter un soutien et une aide au peuple palestinien en vue de la réalisation rapide de son droit à l’autodétermination. 

Explications de vote

Avant le vote, l’État de Palestine a décrit les souffrances d’une population palestinienne endeuillée par un mois de guerre dans la bande de Gaza, faisant état de 4 000 enfants tués et de nombreux autres blessés, ensevelis sous les ruines, déplacés ou vivant dans la peur de la mort.  « La Nakba ne semble jamais avoir de fin, elle se poursuit partout, à Gaza, en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, et au-delà encore », s’est émue la délégation, selon laquelle « à Gaza, en 30 jours, notre vie a été effacée comme jamais ».  Le projet de résolution a pour but de confirmer le droit des Palestiniens à exister et à vivre dans un État qui est le leur, a-t-elle résumé. Il ne prive aucun peuple ou aucune nation de ses droits humains, mais appelle simplement à mettre fin à l’occupation par Israël de la terre des Palestiniens et réaffirme leur droit à l’autodétermination, a-t-elle précisé.  « Nous ne demandons pas un traitement de faveur », a conclu la délégation, pour qui voter en faveur du projet de résolution relève d’un choix moral.

L’autodétermination des Palestiniens est un droit moral et un impératif juridique consacré par la Charte des Nations Unies, a renchéri l’Indonésie. Considérant que les actions d’Israël peuvent être qualifiées d’invasion, elle a fait valoir que mettre un terme aux violences des colons et aux colonies illégales d’Israël est non seulement une exigence des Palestiniens, mais aussi du droit international.  En conclusion, elle a dit tendre la main à tous les États Membres pour qu’ils défendent l’humanité et votent pour ce projet de résolution.  Déplorant à son tour le bilan humain de la riposte israélienne à Gaza, la République islamique d’Iran a dénoncé « 70 ans d’injustices et d’atrocités » commises par Israël.  Elle a déclaré appuyer le projet de résolution ainsi que le peuple palestinien dans sa lutte contre l’occupation. 

Favorable elle aussi au texte, l’Afrique du Sud a condamné la « tuerie sauvage » de civils par le Hamas, tout comme les représailles menées par Israël dans la bande de Gaza.  Elle a toutefois appelé à reconnaître le contexte dans lequel l’attaque du Hamas s’est produite, rappelant les agissements de la Puissance occupante. Le droit international doit être appliqué de manière uniforme, a plaidé la délégation, avant d’appeler à l’existence d’un État palestinien établi dans les frontières d’avant 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale.  Elle a aussi invité la communauté internationale à rejeter la « balkanisation » de la région et les colonies israéliennes.

Affirmant citer des responsables du Hamas, Israël a averti que le groupe palestinien entend réitérer son attaque du 7 octobre.  Cette attaque n’était pas un acte de résistance ou pour l’autodétermination, mais « un acte de sauvagerie perpétré par une organisation terroriste génocidaire qui appelle ouvertement à la destruction d’Israël », a poursuivi la délégation, qui a fait remarquer que, depuis lors, l’antisémitisme a atteint des niveaux sans précédents dans le monde. Une organisation terroriste, qui n’a rien à voir avec les droits des Palestiniens ni leurs libertés, dicte l’ordre mondial, a-t-elle encore déploré.  Dénonçant « un instrument de plus pour remettre en cause l’existence d’Israël », elle a indiqué avoir demandé un vote et a appelé tous les États Membres à voter contre le projet de résolution.  Elle a enfin appelé à la libération de tous les otages de Gaza.

Après le vote, Cuba a accusé Israël de se rendre coupable de génocide, avec la complicité des États-Unis, estimant que rien ne peut justifier la punition collective infligée par Israël à la population palestinienne. Les bombardements menés contre Gaza constituent des crimes de guerre et contre l’humanité, a-t-elle ajouté. « L’histoire n’a pas commencé le 7 octobre », a poursuivi la délégation, pour qui les événements actuels font suite à sept décennies d’apartheid et de violences israéliennes. « Combien de personnes doivent encore mourir aux mains d’Israël, qui agit dans la plus grande impunité », s’est-elle interrogée, avant de se plaider pour le droit au retour des réfugiés, dans un État palestinien souverain, établi dans les frontières d’avant 1967.

Cet appel à l’édification d’un État palestinien souverain et indépendant a été repris par la Malaisie, selon laquelle les responsables de l’apartheid ne peuvent aujourd’hui « jouer aux victimes ».  Sur cette même ligne, le Bangladesh a dénoncé l’argument du droit à la légitime défense brandi par Israël, alors que cet État cible des civils sans défense.  Citant le Secrétaire général, la délégation a estimé que l’attaque du 7 octobre ne s’est pas produite dans « un vide » et a appelé à une enquête de la Cour pénale internationale (CPI) concernant les violations du droit international et du droit international humanitaire à Gaza.

Le droit à la légitime défense a aussi été invoqué par l’Allemagne, qui a dénoncé les « crimes odieux du Hamas », tout en votant en faveur du projet de résolution, au nom de son soutien à la solution des deux États.  Elle a toutefois regretté que le texte ne prenne pas en compte les évolutions survenues depuis le 7 octobre dernier.  Un reproche partagé par le Royaume-Uni, qui a néanmoins maintenu sa position en faveur du texte, lui aussi pour défendre la solution des deux États.  Si Israël a le droit de se défendre, il doit agir dans le cadre du droit international et humanitaire, a ajouté la délégation britannique, estimant que le Hamas ne représente pas les intérêts du peuple palestinien et met, au contraire, la vie des civils palestiniens en péril.  Enfin, après avoir affirmé que l’Autorité palestinienne est le seul représentant du peuple palestinien, elle a condamné les violences des colons israéliens en Cisjordanie, jugeant que ces colonies illégales nuisent à la paix.

L’Argentine, qui a également voté en faveur du projet, a rappelé qu’elle reconnaît la Palestine comme un État indépendant depuis le 6 décembre 2010.  Se faisant l’écho de la « conviction de toute la société argentine » selon laquelle les peuples doivent pouvoir cohabiter, elle a aussi fait valoir le droit d’Israël à vivre en paix dans ses frontières. 

Pour leur part, les États-Unis ont indiqué n’avoir « malheureusement pas pu appuyer le projet de résolution », au motif qu’il ne représente « qu’un côté des choses »; ce qui empêche, selon eux, de parvenir à la paix et de réaliser les droits du peuple palestinien.  Ce type de document politique « nous divise au lieu de nous rassembler », a déploré la délégation.  Elle a cependant déclaré n’accepter ni « un Hamas qui terrorise Israël et utilise des civils en tant que boucliers humains » ni des colons qui « terrorisent la Cisjordanie ». Selon elle, l’avenir doit s’articuler autour de la solution des deux États; ce qui implique des efforts concertés de tous les acteurs.  Les aspirations légitimes des Palestiniens doivent faire partie de cet avenir, a-t-elle conclu, regrettant que la situation actuelle obstrue cet horizon. « Les actes comptent plus que les mots », a ensuite professé l’Égypte, avant de regretter que la communauté internationale ne parvienne toujours pas à obliger Israël à rendre des comptes pour ses crimes, notamment ceux que cet État commet actuellement dans la bande de Gaza. 

La République arabe syrienne a enfin estimé que l’enjeu n’est pas tant que les États Membres maintiennent ou non leur position sur ce projet de résolution, car les Palestiniens ont « d’abord besoin d’avoir le droit de vivre, avant même de jouir de leur droit à l’autodétermination ».  De plus, les Palestiniens ont déjà exercé leur droit à l’autodétermination en demandant un État voilà plusieurs décennies, a noté la délégation.  Selon elle, les États qui ne soutiennent pas le projet de résolution sont ceux qui voudraient que les Palestiniens « changent d’avis » en renonçant à leur État ou en l’édifiant ailleurs.

Droits de réponse

Exerçant son droit de réponse, Israël a fait valoir que les souffrances à Gaza sont le fruit de la décision du Hamas de commencer une guerre contre lui, le 7 octobre, en massacrant des enfants devant leurs parents et en brûlant des familles entières.  Il a accusé le Hamas de se servir des civils comme boucliers humains et a insisté sur le fait qu’Israël fait tout pour que les civils puissent quitter temporairement les zones de combat pour se protéger; ce que le Hamas « cherche à empêcher ».  Il a qualifié le Hamas d’organisation « terroriste, djihadiste, génocidaire » qui veut « détruire le peuple palestinien ».  La délégation a assuré qu’Israël n’a pas souhaité cette situation, mais ne dispose d’aucune autre solution pour protéger son existence. En conclusion, Israël a estimé que c’est le Hamas qui prive le peuple de Palestine de ses droits. 

Répondant à Israël, la République arabe syrienne a souligné les propos de la délégation israélienne selon lesquels Israël demande aux civils de la bande de Gaza de quitter « temporairement » leurs foyers, sous peine de mourir, rappelant que ce même appel a été lancé en 1948 et en 1967.  « Ils ne les laisseront jamais revenir, c’est certain », a martelé la délégation syrienne, ajoutant qu’il n’y aura jamais d’État de Palestine dans ce cas. Elle a aussi fait valoir que les Arabes ne peuvent être antisémites, étant eux-mêmes de la « race sémitique ».

Reprenant la parole, l’État de Palestine a invité Israël à relire le projet de résolution, lequel ne prive aucun peuple de ses droits mais demande simplement la possibilité pour les Palestiniens d’exercer leur droit à l’autodétermination sur leurs propres terres.  Il a demandé à Israël de ne pas insulter l’intelligence des délégués en affirmant qu’il essaie de protéger les civils quand plus de 11 000 Palestiniens ont été tués en 30 jours dans la bande de Gaza, dont 70% de femmes et d’enfants.  Il a également rappelé que l’année 2023 a été la plus meurtrière pour le peuple palestinien.  La délégation a estimé qu’une autre réalité, où il n’y aurait pas d’occupation ni de conflit, et où il y aurait la paix et la sécurité, est possible, et qu’il faut agir urgemment en ce sens.  En conclusion, elle a appelé à épargner les civils « car demain, il sera peut-être trop tard ».

Questions relatives aux droits humains, y compris les divers moyens de mieux assurer l’exercice effectif des droits humains et des libertés fondamentales (A/C.3/78/L.27A/C.3/78/L.31/Rev.1A/C.3/78/L.63A/C.3/78/L.47A/C.3/78/L.50A/C.3/78/L.51, A/C.3/78/L.66A/C.3/78/L.67A/C.3/78/L.68A/C.3/78/L.69A/C.3/78/L.57)

Aux termes du projet de résolution intitulé « Institutions nationales de défense des droits humains » (A/C.3/78/L.27), présenté par l’Allemagne et adopté par consensus, l’Assemblée générale engagerait tous les États Membres à créer des institutions nationales efficaces, indépendantes et pluralistes, dotées de moyens suffisants, ou, s’il en existe déjà, à les renforcer, conformément aux Principes de Paris, en vue de la promotion et de la protection de tous les droits humains et de toutes les libertés fondamentales pour tous.

Tous les mécanismes et processus pertinents de l’ONU seraient engagés à permettre à un plus grand nombre d’institutions nationales de défense des droits humains conformes aux Principes de Paris, de participer et de contribuer à leurs débats. 

Par le projet de résolution intitulé « Aide et protection en faveur des personnes déplacées » (A/C.3/78/L.31/Rev.1), présenté par la Norvège et adopté par consensus, l’Assemblée générale demanderait aux États Membres de redoubler d’efforts pour protéger et mieux aider les personnes déplacées, en particulier de résoudre les problèmes liés aux situations prolongées de déplacement. 

Le texte appelle également à combattre, prévenir et anticiper efficacement et de toute urgence la montée de l’insécurité alimentaire mondiale qui touche des millions de personnes, y compris les personnes déplacées.  Il considère en outre que l’accès équitable, opportun et universel à des contre-mesures médicales, dont des vaccins, des traitements, des outils de diagnostic et autres produits de santé sûrs, de qualité, efficaces et d’un coût abordable, joue un rôle essentiel dans l’instauration d’une prévention, d’une préparation et d’une riposte face aux pandémies fondées sur l’unité, la solidarité, la redynamisation de la coopération multilatérale et le principe consistant à ne laisser personne de côté. 

L’Assemblée générale soulignerait par ailleurs l’importance des mesures visant à réduire les risques de déplacement (…) et à veiller à ce que personne ne soit laissé de côté. 

Décision sur un projet d’amendement (A/C.3/78/L.63)

Au préalable, la Troisième Commission a rejeté par 91 voix contre, 13 voix pour, et 45 abstentions, un projet d’amendement (A/C.3/78/L.63) présenté par la Fédération de Russie qui proposait de supprimer, au vingt-huitième alinéa du préambule, le membre de phrase « et rappelant les dispositions pertinentes du Statut de Rome de la Cour pénale internationale, qui définissent comme crimes contre l’humanité la déportation ou le transfert forcé de population et comme crimes de guerre la déportation ou le transfert illégal de populations civiles ainsi que le fait d’ordonner le déplacement de celles-ci ».

Considérant que la CPI est devenue un instrument de pression politique, la délégation russe a ainsi justifié la nécessité de ce projet 

Avant le vote, l’Espagne au nom de l’Union européenne a regretté la décision de présenter un amendement sur une résolution humanitaire traditionnellement adoptée par consensus.  Il en a été de même pour la Suisse qui a rappelé que le paragraphe en question a fait l’objet de consensus pendant des années. 

À l’issue de la mise aux voix, la République arabe syrienne a indiqué avoir voté en faveur de l’amendement, rappelant qu’elle n’a pas ratifié le Statut de Rome. De surcroît, elle a questionné l’objectivité et la crédibilité de la CPI. 

Déclarations et explications de position

Avant l’adoption de projet de résolution, la Fédération de Russie s’est ralliée au consensus tout en se dissociant du vingt-huitième alinéa du préambule. 

Au titre d’une motion d’ordre, la République arabe syrienne, précisant qu’elle avait voté pour l’amendement russe, a souhaité savoir si elle devait se dissocier du paragraphe en question.  Le Secrétariat a répondu que les délégations pouvaient faire des précisions si elles le souhaitaient mais que leurs votes étaient de toute façon consignés. 

À l’issue de l’adoption du projet de résolution, Cuba s’est dissociée du paragraphe 28 du préambule, rappelant qu’elle n’est pas partie au Statut de Rome et ne reconnaît pas la compétence de la CPI.

L’Algérie a indiqué que n’étant pas partie au Statut de Rome, elle s’était abstenue lors du vote sur le projet d’amendement.  La délégation a par ailleurs condamné l’ordre émis par « la Puissance occupante » d’évacuer le nord de Gaza et les tentatives de transférer les populations palestiniennes hors de leur patrie. 

Le Nicaragua a indiqué avoir voté pour l’amendement avant de se dissocier des références à la CPI.  Le Burundi a signalé pour sa part qu’il s’était retiré du Statut de Rome en 2017 et a considéré que la CPI est un instrument d’oppression à l’encontre de certains pays. 

En vertu du projet de résolution intitulé « Les droits humains à leau potable et à lassainissement» (A/C.3/78/L.47), présenté par l’Espagne, également au nom de l'Allemagne, et adopté par consensus, l’Assemblée générale demanderait aux États de protéger et restaurer les écosystèmes liés à l’eau et de donner la priorité aux droits humains à l’eau potable et à l’assainissement pour tous, en particulier pour les personnes dont la pauvreté ou la pénurie d’eau les prive d’accès à une eau saine et en quantité suffisante ainsi qu’à des services d’assainissement.

Elle demanderait aux États de veiller à ce que leur action en faveur du développement dans les domaines de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène soit conforme aux obligations en matière de droits humains que leur impose le droit international.

Elle demanderait aux États Membres, pour faire face efficacement aux crises sanitaires et à leurs conséquences, et pour s’en relever de façon durable, inclusive et résiliente, d’intensifier de toute urgence l’action visant à garantir l’exercice des droits humains à l’eau potable et à l’assainissement et l’accès au lavage des mains et à l’hygiène et, d’ici à 2030, d’assurer la gestion intégrée des ressources en eau à tous les niveaux.

Explications de position  

Après l’adoption du texte, l’Arabie saoudite a fait savoir que la référence aux services de santé sexuelle et reproductive faite au paragraphe 22 du préambule serait interprétée par son pays selon ses propres lois. Rappelant quant à lui que 80% des maladies contemporaines sont d’origine hydrique, le Sénégal a regretté la prolifération de termes non consensuels et rappelé, à son tour, que les concepts liés à la santé sexuelle sont compris selon ses lois et sa culture. Il a ajouté que le concept de genre est lu par son pays comme se référant « à l’homme et à la femme ». Sur la même ligne, le Cameroun a ajouté que les observations du préambule ne peuvent être considérées comme juridiquement contraignantes et comme des sources du droit international. Il a aussi estimé que le terme « santé menstruelle » n’inclut pas la régulation de la fertilité, y compris l’avortement.  Le Mali a, lui aussi, exprimé ses réserves quant aux termes non consensuels du texte et a insisté sur le fait qu’ils seront interprétés dans le cadre de ses valeurs sociales, religieuses et culturelles. 

Après l’adoption, la Türkiye s’est inquiétée des libellés n’ayant pas un lien direct avec le sujet et avec l’objectif de développement durable nº 6. Elle s’est dissociée de la première partie du paragraphe 3 du dispositif.  Les États-Unis ont, eux, affirmé que ce projet de résolution ne modifie pas le droit international et ont renvoyé au document qui sera publié sur le site Internet de leur mission auprès de l’ONU pour une explication détaillée de leur position. 

Par le projet de résolution intitulé « Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées », (A/C.3/78/L.50), présenté par l’Argentine, également au nom de la France et du Maroc, et adopté par consensus, l’Assemblée générale inviterait les États qui ne l’ont pas encore fait à envisager de signer, de ratifier ou d’adhérer à titre prioritaire à la Convention.  À cette fin, elle encouragerait tous les États Membres à participer au congrès mondial qui se tiendra en 2024 pour promouvoir la ratification de la Convention.

De plus, elle prendrait note de la recommandation du Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires selon laquelle les États Membres devraient coopérer entre eux et se prêter mutuellement assistance aux fins de l’utilisation des nouvelles technologies pour faciliter la recherche des personnes disparues et de l’entraide judiciaire dans toute procédure pénale relative à une disparition forcée. 

Les États parties à la Convention seraient en outre invités à prendre des mesures d’urgence pour prévenir et combattre la tendance croissante que constituent les disparitions forcées de migrants. 

Explication de position 

Après l’adoption, les États-Unis ont indiqué avoir adhéré au consensus sur ce projet de résolution sans pour autant être partie à la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées. À ce titre, ils ont tenu à préciser que les paragraphes 7, 8 et 9 du préambule, qui mentionnent la Convention, ne s’appliquent qu’aux États parties. 

Par le projet de résolution intitulé « Renforcement du rôle que joue l’Organisation des Nations Unies dans la promotion de la démocratisation et d’élections périodiques et honnêtes » (A/C.3/78/L.51), présenté par les États-Unis et adopté par 146 voix pour, une contre (Mali) et 25 abstentions, l’Assemblée générale réaffirmerait que l’assistance électorale fournie par l’ONU doit rester objective, impartiale, neutre et indépendante. 

Elle exhorterait aussi les États Membres à respecter l’état de droit, les droits humains et les libertés fondamentales de tous et toutes, y compris le droit de voter et d’être élu, au cours d’élections périodiques et honnêtes, au suffrage universel et égal et au scrutin secret. 

De même, elle réaffirmerait que tous les États Membres doivent respecter et protéger le droit à la liberté d’expression, permettant aux journalistes et aux professionnels des médias d’informer le public à tous les stades du scrutin, y compris en luttant contre la désinformation et la mésinformation. À cette fin, elle condamnerait fermement toutes les tentatives de harcèlement, d’intimidation, d’agression ou de détention arbitraire de journalistes et de professionnels des médias. 

Décision sur quatre projets d’amendement A/C.3/78/L.66A/C.3/78/L.67A/C.3/78/L.68A/C.3/78/L.69)

Avant l’adoption du projet de résolution, la Fédération de Russie a présenté un projet d’amendement (A/C.3/78/L.66), lequel propose d’ajouter au préambule un paragraphe établissant que la « liberté d’expression peut être soumise à certaines restrictions qui sont fixées par la loi et qui sont nécessaires », et que toute propagande en faveur de la guerre et tout appel à la haine nationale, raciale ou religieuse qui constitue une incitation à la discrimination, à l’hostilité ou à la violence sont interdits par la loi.

L’amendement A/C.3/78/L.66 a été rejeté par 46 voix pour, 71 voix contre et 31 abstentions. 

S’exprimant ensuite au nom d’un groupe de pays, l’Égypte a présenté trois autres projets d’amendement, proposant respectivement d’apporter deux modifications au préambule du projet de résolution ainsi que de remplacer un paragraphe du dispositif de manière à supprimer, entre autres, les termes « orientation sexuelle » et « identité de genre ».

Lors de sa présentation, la délégation égyptienne a indiqué qu’elle souhaitait s’exprimer au nom de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI) mais sans l’Albanie et le Suriname.  Le Secrétariat lui a alors indiqué que cela n’était pas possible. Présentant une motion d’ordre, les États -Unis ont voulu savoir au nom de quel groupe les amendements étaient présentés.  L’Égypte a réaffirmé qu’il s’agissait de l’OCI moins deux de ses États membres. 

L’amendement A/C.3/78/L.67 a été rejeté par 61 voix pour, 84 voix contre et 7 abstentions (Bahamas, Côte d’Ivoire, Lesotho, Namibie, Paraguay, Philippines, Sri Lanka). 

L’amendement A/C.3/78/L.68 a été rejeté par 55 voix pour, 85 voix contre et 12 abstentions. 

L’amendement A/C.3/78/L.69 a été rejeté par 63 voix pour, 82 voix contre et 11 abstentions.

Explications de votes sur les amendements 

S’exprimant avant le vote, le Guyana a affirmé qu’il souhaitait être biffé de la liste des coauteurs. 

La Macédoine du Nord a estimé important de maintenir la référence aux groupes vulnérables.  De même, le Chili a rejeté les amendements L.67, L.68 et L.69 qui, selon lui, reviennent sur les libertés des groupes en situation de vulnérabilité et l’intégration de la perspective de genre.  Même son de cloche du côté de l’Argentine qui a souligné que la mention des discriminations qui touchent certains groupes est indispensable, sans quoi la résolution serait affaiblie, a-t-elle souligné.  Également opposée à ces amendements, l’Albanie a, elle aussi, rappelé que personne ne devrait être exclu du processus électoral en raison de son identité.  L’Australie a également rejeté ces trois projets d’amendement, notant que les groupes vulnérables sont plus susceptibles d’être discriminés et, par conséquent, de moins participer à la vie politique.  La délégation a appelé à voter contre ces amendements, estimant qu’un tel vote serait un vote en faveur de la discrimination. 

L’Espagne, au nom de l’Union européenne, a jugé inutile d’invoquer les Pactes internationaux dans l’amendement L.66 sans fournir de précisions. Concernant la résolution L.67, elle a souligné que toutes les femmes doivent être inclues sans discrimination aucune, estimant en outre que l’amendement L.69 n’a pas lieu d’être puisque le paragraphe concerné ne fait que suggérer des mesures sans contraindre les États à modifier leur législation nationale. 

Par contre, l’Indonésie a regretté que le projet de résolution comporte des références considérées comme litigieuses, telles que l’orientation sexuelle, le genre, ou encore les femmes dans leur diversité, faisant porter le débat sur d’autres questions que la démocratie.  En 2021, l’Indonésie avait déjà demandé le retrait de ces références, a précisé la délégation, regrettant que cette demande n’ait pas été prise en compte.  L’Égypte a, elle aussi, regretté que certains de ses amendements n’aient pas été pris en compte, regrettant des références polémiques.  Par ailleurs, l’expression de la liberté ne peut être absolue dans un contexte d’élections; les discours de haine devant être restreints, a-t-elle fait observer avant d’appeler à voter pour l’amendement L.66. 

Après le vote, le Liechtenstein, au nom de l’Australie, du Canada, de l’Islande, de la Nouvelle-Zélande, et de la Suisse, a estimé que le projet d’amendement L.66 déforme les articles 19 b) et 20 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et cherche à éliminer les limitations établies dans ces paragraphes.

Explications de vote sur le projet de résolution L.51  

Avant le vote, la Fédération de Russie a regretté l’inclusion de concepts litigieux non liés aux élections, tels que la notion de genre qui n’a pas d’interprétation universelle, ainsi que certains nouveaux éléments déséquilibrés, raison pour laquelle elle a présenté son projet d’amendement.  Celui-ci n’ayant pas été accepté, elle a indiqué qu’elle s’abstiendra de voter.  La République islamique d’Iran a regretté que les États-Unis aient choisi d’imposer leurs valeurs à travers une approche politisée, en ignorant « encore une fois » les particularités nationales et les différents contextes juridiques et culturels.  L’Iran a voté en faveur des quatre amendements afin d’avoir un texte plus équilibré et s’oppose à toute référence qui n’est pas consensuelle, a rappelé la délégation, se distanciant de l’alinéa 12 du préambule et du paragraphe 7 du dispositif. 

En revanche, la Colombie a regretté la mise aux voix d’un texte qui vise à créer des sociétés inclusives et à garantir la participation politique de tous, y compris celles des femmes « dans leur diversité », en milieu rural comme urbain, qui font face à des obstacles structurels pour participer activement aux élections, ainsi que celles des personnes marginalisées en raison de leur identité de genre.  Le Danemark a regretté des amendements « contraires aux principes démocratiques ».  Personne ne doit être laissé pour compte dans la démocratie en raison de son identité, a souligné la délégation en appelant à voter en faveur du projet de résolution. Le Royaume-Uni, qui compte voter pour, s’est, quant à lui, félicité de l’inclusion d’un libellé sur les médias libres et indépendants. 

Après le vote, Oman, s’exprimant au nom des pays du Golfe, a précisé que ces pays se sont abstenus en raison du libellé du paragraphe 7 et des autres libellés qui ne font pas l’objet d’un consensus.  De même, la Chine s’est opposée à l’inclusion de l’expression « défenseurs des droits humains » qui ne fait pas l’objet d’une définition universelle et d’autres termes litigieux.  Elle a, en outre, regretté que « les consultations pour ce projet de résolution sur la démocratie aient été organisées non démocratiquement ». 

La Malaisie a indiqué avoir voté pour le projet de résolution, tout en regrettant l’inclusion de termes non consensuels depuis sa dernière mouture; ce qui l’a empêché de se porter à nouveau coauteure du texte.  Elle a également fait savoir qu’elle était favorable aux projets d’amendements qui auraient permis d’aboutir à un texte que tous les États Membres pouvaient soutenir.  Le Sénégal a réitéré son opposition à certains termes non consensuels et son soutien aux amendements L.67, L.68 et L.69. 

Le Mexique a salué les références aux formes multiples et croisées de discrimination; à la part disproportionnée des tâches domestiques assumées par les femmes qui les empêchent de pleinement prendre part aux processus politiques; ainsi que le lien établi entre liberté d’expression, liberté de la presse et élections libres.  L’Espagne, s’exprimant au nom de l’Union européenne, s’est inquiétée du harcèlement et des attaques envers les journalistes pendant les processus électoraux, ainsi que de la désinformation qui circule sur les réseaux sociaux. 

Le Costa Rica a affirmé que les projets d’amendement auraient affaibli le projet de résolution.  « Malgré les situations de discrimination et d’inégalités, il n’est pas possible de nier le droit de tous à participer à la vie politique et à élire ses représentants », a rappelé la délégation.  Le Pérou a rappelé, pour sa part, que l’ONU doit continuer à fournir une assistance indépendante, impartiale et neutre, en procédant au cas par cas. 

À son tour, le Japon a estimé qu’aucun des amendements ne s’inscrivait dans le droit fil du projet de résolution, le L66 faisant fi de la question des médias et les L67, L68 et L69 s’opposant à des libellés auparavant approuvés. La Micronésie a insisté sur l’importance de mentionner les groupes en situation de vulnérabilité. Le Monténégro a salué l’adoption du projet de résolution et endossé le concept de « diversité » de toutes les femmes.  Saluant eux aussi l’adoption de la résolution avec un paragraphe 7 préservé, le Brésil et les Pays-Bas se sont préoccupés des discriminations dont souffrent les personnes LGBTQI+ dans le cadre des élections, rappelant qu’il convenait d’assurer l’égalité de tous les citoyens.  La République dominicaine a appelé à défendre les droits humains de tous les citoyens et la liberté des journalistes dans le cadre des élections. Le Libéria, la France et l’Argentine se sont félicités de l’ajout de la référence à la liberté des médias et du maintien du paragraphe 7 du dispositif sur les groupes en situation de vulnérabilité. 

La Tanzanie, le Nigéria, le Niger, l’Éthiopie, l’Ouganda, le Soudan, le Pakistan, l’Algérie, et le Yémen se sont inquiétés de l’emploi de termes non-consensuels comme « identité de genre » et « orientation sexuelle », se dissociant aussi des termes « femmes dans toute leur diversité », dont se sont également dissociés la Hongrie et Singapour.  Le Bélarus s’est dissocié de l’alinéa 10 du préambule et du paragraphe 7 du dispositif, dénonçant lui aussi l’usage de termes non-consensuels.  Imposer une idéologie de genre définie risque de créer un schisme au sein de l’Assemblée générale, a averti la délégation.

L’Égypte a estimé que le projet de résolution manquait d’équilibre, précisant que la présence de termes non consensuels l’a contrainte à s’abstenir. Elle s’est dissociée de l’alinéa 10 du préambule et du paragraphe 7 du dispositif, tout comme la Libye. Soutenant le paragraphe 7, l’Afrique du Sud a dit s’être abstenue en raison de l’absence d’éléments mentionnant l’importance de disposer d’informations précises pour assurer la tenue d’un processus électoral transparent.  La République arabe syrienne a estimé que le vote de la résolution reflétait les oppositions créées lors d’un processus de négociation qui n’avait pas pris en compte l’avis de tous.  Le Saint-Siège s’est félicité de l’inclusion d’un libellé sur la liberté d’expression mais a regretté que la plus grande partie du texte n’ait pas été ouverte à la négociation, regrettant l’usage de termes contentieux liés à la diversité, à la marginalisation, à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre, ce dernier signifiant pour lui la différence entre hommes et femmes.   

Aux termes du projet de résolution intitulé « Centre de formation et de documentation des Nations Unies sur les droits de l’homme pour l’Asie du Sud-Ouest et la région arabe » (A/C.3/78/L.57), présenté par le Qatar et adopté par 174 voix pour, zéro voix contre et 2 abstentions (République arabe syrienne et République islamique d’Iran), l’Assemblée générale noterait avec satisfaction l’aide concrète offerte par le Centre dans le cadre de ses activités de renforcement des capacités dans le domaine des droits humains. 

Elle se féliciterait également que le Centre prévoie, pour les deux années à venir, de redoubler d’efforts pour répondre aux besoins des 25 États qu’il couvre en développant son programme d’éducation aux droits humains, l’accent étant davantage mis sur le secteur de la jeunesse, conformément à la quatrième phase (2020-2024) du Programme mondial d’éducation dans le domaine des droits de l’homme, et d’étoffer ses programmes de formation à l’intention des organismes publics, des institutions nationales des droits humains et des organisations de la société civile.

Prévention du crime et justice pénale (A/C.3/78/L.12/Rev.1)

En vertu du projet de résolution intitulé « Amélioration de la coordination de l’action contre la traite des personnes » (A/C.3/78/L.12/Rev.1), présenté par le Bélarus et adopté par consensus, l’Assemblée générale exhorterait les États Membres qui ne l’ont pas encore fait à envisager de ratifier dans les meilleurs délais la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et le Protocole additionnel visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes. 

Elle demanderait aux États Membres de tenir compte des nouvelles méthodes de recrutement des victimes potentielles de la traite des personnes, telles que l’utilisation criminelle des technologies de l’information et des communications par les trafiquants, de prendre des mesures pour préparer des campagnes de sensibilisation ciblées et de prévoir une formation spécialisée des membres des services de répression et des praticiens de la justice pénale. 

Par ce texte, les États Membres seraient encouragés à prendre des mesures législatives ou autres pour faciliter la détection des contenus présentant des violences sexuelles exercées sur des enfants et l’exploitation sexuelle d’enfants en relation avec des infractions liées à la traite des enfants et à veiller à ce que ces contenus soient signalés aux autorités compétentes et soient retirés par les fournisseurs d’accès à Internet et de services en ligne. 

En outre, l’Assemblée générale soulignerait qu’il faut redoubler d’efforts pour prévenir les migrations irrégulières, et pour créer et renforcer des voies de migration sûre, ordonnée et régulière afin de réduire l’exposition des personnes en situation de déplacement à la traite.

Explications de position 

S’exprimant après l’adoption au nom du Groupe des Amis pour la défense de la Charte des Nations Unies, le Venezuela s’est inquiété des violences commises dans le cadre de la traite des personnes, notamment contre les femmes et les enfants, et a invité tous les États à redoubler d’efforts pour lutter contre ce type d’activités criminelles.  Il a salué les efforts du Bélarus, État membre du Groupe, qui a facilité ce texte. 

L’Espagne, qui parlait au nom de l’Union européenne (UE), a rappelé que cette dernière a créé un poste de coordonnateur en matière de lutte contre la traite des personnes et que sa titulaire agit à tous les niveaux pour développer des politiques contre ce fléau.  Elle a, par ailleurs, dénoncé l’instrumentalisation des migrants par le Bélarus, ainsi que ses violations des droits humains et son appui à la guerre d’agression que mène la Russie contre l’Ukraine.  C’est pourquoi, a-t-elle dit, l’UE n’a pas participé aux négociations et ne s’est pas portée coauteure cette année.  La Pologne a, elle, aussi dénoncé les actions du Bélarus, l’accusant de transporter de manière illégale des personnes à la frontière entre les deux pays, qui est aussi une frontière extérieure de l’UE.  Selon la délégation, plus de 23 000 personnes ont tenté de traverser la frontière depuis le début de l’année; ce qui aurait été impossible sans l’appui des autorités bélarussiennes.  Elle a enjoint au Bélarus d’appliquer les dispositions de son propre projet de résolution. 

Pour des raisons horaires, 10 délégations n’ont pas pu présenter leur explication de vote après le vote.  Elles le feront à la reprise des travaux de la Commission, mardi 14 novembre, à 10 heures, a indiqué le Président de la Commission

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

À Gaza, aucun lieu n’est sûr et personne n’est à l’abri déplore le Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé devant le Conseil de sécurité

9472e séance – après-midi
CS/15487

À Gaza, aucun lieu n’est sûr et personne n’est à l’abri déplore le Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé devant le Conseil de sécurité

Après le bombardement, hier, de l’hôpital Chifa dans la bande de Gaza, le Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé, M. Tedros Adhanom Ghebreyesus, et son homologue de la Société du Croissant-Rouge palestinien, M.  Marwan Jilani, ont déclaré cet après-midi, devant le Conseil de sécurité qu’aucun lieu n’est plus sûr à Gaza.  Le représentant d’Israël a réagi en affirmant que l’ONU ne fournit pas de données fiables et que le Conseil de sécurité se voit communiquer des informations fallacieuses fournies par le Hamas. 

Pour appuyer leur thèse, MM. Ghebreyesus et Jilani ont brossé un portrait « indescriptible » d’une situation à Gaza qui « change chaque minute ».  Le système de santé est « à genoux » et « délibérément pris pour cible » dans une tentative désespérée de forcer la population civile à quitter Gaza, ont-ils affirmé.  Mais où donc les Gazaouis pourraient trouver refuge, « dans la mer? à l’étranger? » s’est ensuite interrogé l’Observateur de l’État de Palestine. 

Depuis le 7 octobre, l’OMS a recensé plus de 150 attaques contre des établissements de santé à Gaza et en Cisjordanie, en plus des 25 attaques contre des hôpitaux, des ambulances, des patients en Israël.  Au cours des dernières 24 heures, au moins quatre hôpitaux ont été pris pour cible à Gaza, notamment l’hôpital Chifa, où plus de 60 000 personnes s’étaient réfugiées. 

L’hôpital el-Awda, où les ambulances du Croissant-Rouge ont également été bombardées et où les urgentistes paramédicaux ont miraculeusement échappé à une mort certaine a été aussi ciblé, de même que les hôpitaux indonésien et Al-Qods, ont détaillé les deux hommes.  Ils ont fait état de tirs devant l’hôpital Chifa et devant d’autres au moment même où se tenait la séance du Conseil.  Deux heures plus tôt avant le début de la réunion, une trentaine de personnes avaient été blessées et une autre tuée, par des tirs directs sur l’hôpital Al-Qods. 

Le Directeur général de l’OMS a décrit un personnel de santé physiquement et mentalement épuisé, qui continue toutefois d’effectuer son travail dans des conditions « inimaginables ».  Outre les 27 000 personnes blessées dont il faut prendre soin, y compris de nombreux blessés très graves, il faut répondre aux besoins quotidiens de plus de deux millions de personnes, a-t-il rappelé, faisant état notamment de 180 accouchements quotidiens à Gaza ou encore de 900 personnes traitées pour des maladies oncologiques ou 3 000 souffrant de diabète.

« Allez-vous condamner le Hamas pour ses tirs à la roquette contre des hôpitaux israéliens, qui fait partie de son modus operandi depuis de longues années? » a rétorqué le représentant d’Israël, qui a affirmé que le quartier général du « Hamas nazi » se trouve sous un hôpital à Gaza et que des ambulances sont utilisées pour transporter des terroristes, ajoutant que les hôpitaux font partie de la machine de guerre du Hamas.  Le représentant israélien a en outre accusé les Nations Unies d’être « complices » du Hamas.  Il a reproché à ses dirigeants, y compris le Secrétaire général, de reprendre des informations mensongères présentées par le Hamas et de les transmettre aux membres du Conseil de sécurité, ajoutant que des employés de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) étaient membres du Hamas.  Sans accuser l’ONU, le représentant des États-Unis a lui aussi accusé le Hamas de se servir « cyniquement » des civils comme boucliers humains et de stocker des armes dans les écoles, les mosquées et autres lieux civils. 

Le représentant d’Israël a d’ailleurs expliqué que son pays négociait avec certains pays en vue d’établir des hôpitaux mobiles ou installés sur des navires et s’est dit prêt à évacuer les blessés du nord de la bande vers le sud.  Israël, a-t-il affirmé, « fait beaucoup plus pour le bien-être des Gazaouis que tous les organes de l’ONU ».  La représentante des Émirats arabes unis a effectivement fait état d’un hôpital mobile envoyé à Gaza, qu’elle a toutefois présenté comme « un sparadrap sur une fracture ». 

Comme lors des réunions précédentes, nombre de membres du Conseil ont continué de le presser d’agir « concrètement », notamment pour parvenir à un cessez-le feu immédiat, afin de mettre un terme à la « crise de l’humanité » en cours à Gaza, selon les termes de la Chine. « Notre humanité commune est ce qui nous distingue du Hamas et du terrorisme », a estimé le représentant des États-Unis, pour qui reconnaître les souffrances d’une partie n’empêche pas de tenir compte des souffrances de l’autre.  La gravité de la situation humanitaire ne peut que choquer, a commenté la Fédération de Russie, dont le représentant a rappelé que, dans toute guerre, il y a des règles à respecter. Le Gabon en a, lui aussi, appelé à l’humanité de tous, afin de parvenir à consensus rapidement, pour que le Conseil puisse être à la hauteur de son mandat.

Aucun État autre qu’Israël ne serait cautionné pour ses agissements actuels, ont déploré les Émirats arabes unis, pour qui la fin du siège de Gaza et la restauration de l’approvisionnement en eau, électricité et carburant est « une question de conscience ».  Le Conseil s’est réuni une première fois, alors que des centaines de Palestiniens avaient été tués, contre 11 000 personnes aujourd’hui dont 4 500 enfants, a chiffré l’Observateur de l’État de la Palestine, ajoutant que, s’il existe des règles, elles doivent également s’appliquer à Israël, et s’il existe des droits, le peuple palestinien doit lui aussi en bénéficier.

Toutes les vies se valent et il n’y a pas de « deux poids, deux mesures »: Israël a le droit de se défendre et le devoir de le faire dans le respect du droit international humanitaire, donc en préservant les populations civiles, a argumenté la France, tandis que le Royaume-Uni et les États-Unis plaidaient pour des « pauses humanitaires » permettant de donner le temps d’acheminer l’aide humanitaire et de libérer les otages, celles-là même qu’Israël a annoncé à partir d’aujourd’hui.  Mais pour la Fédération de Russie, qui a également évoqué une situation explosive en Cisjordanie, ce ne sont pas des « pauses », mais un cessez-le-feu durable qu’il faut instaurer immédiatement à Gaza, sans quoi on risque d’assister à une expansion géographique du conflit et à la réactivation d’autres conflits latents dans la région.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

M. TEDROS ADHANOM GHEBREYESUS, Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a dit souhaiter être clair d’entrée de jeu: il comprend la colère, le deuil et la peur que ressentent les Israéliens à la suite des attaques barbares commises par le Hamas et d’autres groupes armés, le 7 octobre dernier. Tuer 1 400 personnes et en blesser plus de 7 200 autres, est « incompréhensible », a-t-il dit.  Il a également dit se préoccuper du sort des otages détenus par le Hamas, dont des femmes, des enfants, des personnes âgées et autres nécessitant des soins d’urgence.  Il a en outre fait siennes leurs peurs et leurs douleurs, ainsi que celles de leurs familles. De la même manière, a-t-il poursuivi, je comprends aussi la colère, le deuil et la peur des Gazaouis qui subissent un blocus depuis 16 ans et qui assistent aujourd’hui à la destruction de leurs familles, de leurs communautés et de la vie qu’ils avaient connue. 

Le Directeur général de l’OMS a ensuite déclaré que la situation de terrain à Gaza est « indescriptible ».  On voit des hôpitaux où s’entassent les malades, les blessés et les mourants, on pratique des opérations chirurgicales sans anesthésie, on trouve des dizaines de milliers de déplacés qui cherchent à s’abriter dans ces hôpitaux.  Dans ce conflit, plus de 10 000 personnes ont déjà été tuées, dont 70% de femmes et d’enfants.  En moyenne, un enfant est tué toutes les 10 minutes à Gaza et 1,5 million de personnes ont déjà été déplacées et cherchent à s’abriter partout où c’est possible.  Or aucun lieu n’est sûr et personne n’est à l’abri à Gaza, a-t-il insisté. 

M. Tedros a décrit un personnel médical physiquement et mentalement épuisé, qui continue toutefois d’effectuer son travail dans des conditions « inimaginables ».  Outre les 27 000 personnes blessées dont il faut prendre soin, y compris de nombreux blessés très graves, il faut répondre aux besoins quotidiens de plus de deux millions de personnes, a-t-il ajouté, rappelant que, chaque jour, plus de 180 femmes donnent naissance à Gaza, tandis que 900 personnes sont traitées pour des maladies oncologiques et 3 000 personnes souffrent de diabète, d’hypertension et autres maladies de ce type. 

Poursuivant, le Directeur général de l’OMS a rappelé qu’il s’était rendu à l’hôpital Chifa de Gaza en 2018, où il avait visité les unités de soin intensif et de néonatalité. Si à l’époque les conditions de travail y étaient déjà extrêmement difficiles, aujourd’hui, elles sont pratiquement « impossibles », tant ledit hôpital est constamment dans la ligne de mire, a-t-il affirmé.  Depuis le 7 octobre, l’OMS a comptabilisé plus de 150 attaques contre des établissements de santé à Gaza et en Cisjordanie, qui viennent s’ajouter à 25 attaques contre des hôpitaux, des ambulances, des patients en Israël, a-t-il énuméré.  À l’heure où nous parlons, a-t-il assuré, il y a des tirs devant l’hôpital Chifa et devant d’autres, a-t-il poursuivi, ajoutant encore que deux tiers des centres de santé de Gaza ne fonctionnent plus. Ceux qui sont encore en fonctionnement opèrent bien en deçà de leurs capacités.  Le système de santé est à genoux, a-t-il résumé, insistant sur le fait que pour autant, des soins vitaux continuent d’être prodigués. 

Pour M. Tedros, la meilleure manière de soutenir le personnel médical est de lui fournir ce dont il a besoin pour effectuer son travail, à savoir médicaments, équipements médicaux et carburant pour alimenter les générateurs.  Les hôpitaux mobiles et les équipes médicales d’urgence peuvent compléter les capacités existantes dans les hôpitaux, mais en aucun cas s’y substituer, a ajouté le dirigeant de l’OMS, qui a précisé qu’aider les personnels est au cœur du plan d’intervention de son organisation. 

L’OMS a été parmi les premières à avoir envoyé, par le point de passage de Rafah, du matériel humanitaire, a encore affirmé son Directeur général.  Depuis lors, 63 tonnes métriques de médicaments et d’équipements médicaux y ont transité.  Mais cela n’est rien par rapport aux besoins, a-t-il dit, ajoutant que l’OMS continue d’appuyer un accès sans entrave pour continuer d’acheminer de l’aide pour les civils à Gaza.  Des civils qui ne sont pour rien dans cette guerre et souffrent d’une manière que nous ne pouvons même pas imaginer, a-t-il conclu. 

M. MARWAN JILANI, Directeur général de la Société du Croissant-Rouge palestinien, qui s’exprimait par visioconférence, a brossé le tableau du secteur de la santé à Gaza attaqué, les hôpitaux étant selon lui « délibérément pris pour cible » dans une tentative désespérée de forcer la population civile à quitter Gaza. Au cours des dernières 24 heures, au moins quatre hôpitaux ont été pris pour cible à Gaza, notamment l’hôpital Chifa, où plus de 60 000 personnes s’étaient réfugiées, l’hôpital el-Awda, où les ambulances du Croissant-Rouge ont été bombardées et où les urgentistes paramédicaux ont miraculeusement échappé à une mort certaine; ou encore les hôpitaux indonésien et Al-Qods, a-t-il détaillé. 

M. Jilani a dit avoir réécrit sa déclaration au Conseil à plusieurs reprises car la situation autour des hôpitaux « change chaque minute » et les personnes déplacées à l’hôpital se font tirer dessus, « au moment où nous parlons », ajoutant que, lors de son dernier appel avec ses collègues de l’hôpital Al-Qods, deux heures plus tôt, une trentaine de personnes avaient été blessées par des tirs directs sur l’hôpital et une autre tuée. 

M. Jilani a ensuite dressé le tableau de la situation à Gaza où 14 000 civils déplacés, plus de 400 malades et blessés, ainsi que les équipes médicales et la direction du Croissant-Rouge se trouvent à l’hôpital Al-Qods, dont le générateur principal a été coupé il y a deux jours à cause du manque de carburant, entrainant un « risque très sérieux » de perte de tous les patients dans les unités de soins intensifs et des enfants dans les couveuses.  Il s’est dit prêt à informer le Conseil des graves pénuries de carburant, de nourriture et d’eau, mais a ajouté que, désormais, la plus grande préoccupation est la menace directe qui pèse sur la vie de tous les blessés et malades, ainsi que sur celle de dizaines de milliers de civils, dont des milliers d’enfants.  « Ils vous regardent, vous implorant d’agir pour empêcher un nouveau massacre possible », a-t-il plaidé. 

M. Jilani a également fait état d’une propagation de maladies et d’une infection croissante des plaies.  Il a parlé des membres des équipes médicales qui ont quitté leurs familles pour aider à sauver la vie des blessés et des malades et dont beaucoup apprennent la mort d’être chers.  Il a, parmi d’autres, cité en exemple le docteur Nabeel, membre du Conseil d’administration et maintenant bénévole à l’hôpital Al-Qods, qui a perdu 36 membres de sa famille alors qu’il servait les autres.  Tout cela, a-t-il ajouté, ne peut décrire le traumatisme et les cicatrices psychologiques dus au fait de dormir chaque nuit sous des bombardements terrorisants.  Le moment le plus terrible pour lui, c’est lorsqu’il tente chaque matin d’appeler ses collègues à Gaza en craignant les pires nouvelles, a-t-il expliqué. 

Responsable en tant que Directeur général de la Société du Croissant-Rouge palestinien de la réception de l’aide humanitaire en provenance de Rafah et de sa distribution aux organisations humanitaires, aux hôpitaux et aux centres d’hébergement, M. Jilani a estimé que ce qui est arrivé depuis l’offensive israélienne représente moins que ce qu’il était permis d’entrer à Gaza en deux jours auparavant.  Il a notamment rappelé que pas « une goutte de carburant » n’est entrée à Gaza, alors que celui-ci est essentiel pour les opérations hospitalières, l’accès à l’eau, les boulangeries, les ambulances et les camions qui transportent l’aide humanitaire eux-mêmes.  Si cette interdiction est maintenue, ses équipes ne pourront pas continuer à recevoir et à distribuer de l’aide, a-t-il prévenu.  Si aucune aide n’arrive au nord de la bande de Gaza, des enfants vont mourir parce que leurs mères ne peuvent pas les nourrir, d’autres personnes mourront de faim et de soif et de maladies. 

M. Jilani a lancé un appel au Conseil de sécurité et à la communauté internationale dans son ensemble, pour garantir l’application d’un cessez-le-feu effectif et immédiat. Il faut, a-t-il ajouté, veiller à ce que le carburant arrive immédiatement à Gaza afin d’éviter d’autres morts et souffrances inutiles, accroître l’aide humanitaire et faire en sorte qu’une aide humanitaire inconditionnelle parvienne dans le nord de la bande de Gaza, où des centaines de milliers de personnes se trouvent encore et n’ont pas de lieux sûrs où aller.  Il a demandé que soient assurés le respect du droit international humanitaire et la protection des civils dans toutes les parties de Gaza, et que soit aussi assuré le fonctionnement des hôpitaux avec le soutien nécessaire en carburant, en médicaments et en fournitures médicales.  Il a demandé que des équipes médicales puissent entrer dans la bande de Gaza pour soulager les équipes qui ont travaillé sans relâche 24 heures sur 24 au cours des 34 derniers jours.  « S’il vous plaît, écoutez les cris des enfants trempés de sang et qui demandent ce qu’ils ont fait et pourquoi le monde est si indifférent à leur vie », a imploré le Directeur général de la Société du Croissant-Rouge palestinien.

L’Observateur permanent de l’État de Palestine, M. RIYAD H. MANSOUR, a exigé qu’il soit mis un terme au massacre à Gaza, alors que s’approche le soixante-quinzième anniversaire de la Nakba.  De quoi se souviendra cette génération de Gaza, s’est-il demandé: des horreurs, des massacres, des camions transportant des corps sans vie et des espoirs brisés. S’indignant du silence de la communauté internationale face aux cris de son peuple, M. Mansour a dit ne plus pouvoir supporter ces images retransmises en direct d’une vague humaine sans larmes, aux yeux desséchés, aux cœurs brisés, de petits enfants portant des fardeaux qui briseraient les épaules d’hommes forts.  Ces enfants découvrent le sens de la mort avant même de goûter à la vie, a-t-il constaté avec consternation.  Pourtant ces massacres sont justifiés par des experts avec toutes sortes d’excuses.  Mais le brouillard a fini par se dissiper, a-t-il annoncé, et les faits deviennent plus clairs, quoique « toujours pas assez clairs pour que le monde réagisse aux actions d’Israël et lui dise trop c’est trop ».  L’Observateur a noté qu’Israël a annoncé, sans ambages, ses intentions en parlant de « vengeance impitoyable » et « d’animaux humains » et en imposant un siège terrifiant à 2,3 millions de personnes, dont plus de la moitié sont des enfants.  C’est une punition collective flagrante imposée à tout un peuple, s’est-il indigné.  Alors qu’Israël demande la libération de 200 otages, il en prend plus de 2 millions.  Alors qu’Israël exige la condamnation de l’assassinat de 1 000 civils israéliens, il tue 10 000 civils palestiniens et alors qu’Israël proclame son droit à l’autodéfense, il occupe, colonise et nie tout droit au peuple palestinien, y compris son droit à l’autodétermination, à la protection et à la défense, a dénoncé l’Observateur.  M. Mansour a également dénoncé le rejet systématique, par Israël, de toute insinuation selon laquelle il ne respecterait pas les lois de la guerre, alors même que ce pays commet des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité devant les caméras et que ses représentants ne cachent même plus leurs intentions génocidaires. 

Alors que les bombes tombent partout à Gaza –sur les écoles, les universités, les hôpitaux, les abris de l’ONU, les convois, les piétons et les ambulances–, M. Mansour s’est demandé où donc les Gazaouis pourraient trouver refuge: « dans la mer, à l’étranger »?  Feignant la surprise, Israël se demande pourquoi les Gazaouis restent et n’écoutent pas leurs demandes d’évacuation mais, a-t-il expliqué, c’est toute notre nation qui a vécu dans sa chair l’exode: « c’est notre traumatisme national ».  Quant aux velléités de transferts forcés, M. Mansour a cité le mémo du Ministère israélien du renseignement qui dit qu’Israël veut « nous déplacer hors de Gaza », ou encore la déclaration du Ministre des affaires étrangères qui dit que Gaza se rétrécira après la guerre. Il a également rappelé la carte que M. Netanyahou a présentée à l’Assemblée générale sur laquelle Gaza et la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, et le Golan syrien font partie d’Israël.  Pour l’Observateur, les intentions du régime israélien sont claires: « Ils veulent que nous quittions notre pays, notre terre » et leur ennemi stratégique est l’indépendance de l’État de Palestine et la liberté de son peuple, affirmant que les seules options qu’Israël n’ait jamais données aux Palestiniens sont celles de se soumettre, de partir ou de mourir.  Soit, reformulé en termes juridiques internationaux: « l’apartheid, le nettoyage ethnique ou le génocide ». 

Alors que le Conseil de sécurité se réunit à nouveau, M. Mansour a dit compter ses réunions en fonction du nombre de morts palestiniens, de la dévastation et de la destruction.  « Nous nous sommes réunis une première fois, alors que des centaines de Palestiniens avaient été tués.  Nous nous réunissons à nouveau alors que 11 000 personnes ont été tuées à Gaza, dont 4 500 enfants », a-t-il ajouté, en appelant à écouter « les cris de nos enfants sous les décombres abandonnés par l’humanité ». 

Israël met en place des pauses humanitaires imaginaires dont le seul but est de forcer les gens à fuir et non de les soulager en leur garantissant leur survie, a dénoncé l’Observateur.  Après avoir rappelé ses multiples appels à une protection internationale contre l’assaut constant dont son peuple fait l’objet, il a déclaré qu’« aujourd’hui, je viens parler de la survie de mon peuple », en exigeant qu’on le protège de ce génocide.  S’il existe des règles, elles doivent également s’appliquer à Israël, et s’il existe des droits, le peuple palestinien doit lui aussi en bénéficier, a-t-il exigé, en dénonçant l'approche de deux poids, deux mesures et l’exceptionnalisme.  Il est scandaleux de ne pas demander que ces massacres cessent maintenant, a fustigé M. Mansour, en rappelant que chaque heure qui passe, 15 Palestiniens sont tués.  Il a terminé son intervention a lançant aux membres du Conseil: « Combien d’heures encore avant que ce Conseil ne demande un cessez-le-feu? »

M. GILAD MENASHE ERDAN (Israël) a dit qu’aucun Juif n’oubliera jamais le 7 octobre, date qui sera « tatouée » pour toujours dans la mémoire israélienne. Ce Conseil n’a, en revanche, toujours pas condamné le massacre commis par le Hamas, s’est indigné le représentant. Concernant le thème du débat de ce jour, il a mentionné l’attaque perpétrée, il y a quelques jours, par le Hamas contre un hôpital israélien.  Il a aussi invité à voir le film réalisé par les terroristes eux-mêmes qui montre la sauvagerie et la barbarie de l’attaque du 7 octobre.  « Allez-vous condamner le Hamas pour ses tirs à la roquette contre des hôpitaux israéliens, qui font partie de son modus operandi depuis de longues années? » a-t-il demandé.  Il a affirmé que le quartier général du « Hamas nazi » se trouve sous un hôpital à Gaza, tandis que des ambulances sont utilisées pour transporter des terroristes.  Nous avons montré des images qui montrent et prouvent ces faits, a affirmé le représentant, ajoutant que les hôpitaux font partie de la machine de guerre du Hamas, organisation de « nazis jihadistes ». 

Le représentant a indiqué que son pays avait appelé la population de Gaza à quitter le nord de la bande au moyen de prospectus et de textos.  « Israël est en guerre contre le Hamas et fait de son mieux pour minimiser les pertes civiles », a-t-il assuré, ajoutant que « pour nous la vie est sacrée alors que pour le Hamas c’est la mort qui est sacrée ».  Israël mène une guerre à laquelle il a été contraint par le massacre du 7 octobre, a poursuivi le représentant, pour qui le Hamas est pleinement responsable de la situation actuelle à Gaza.

Le représentant a ensuite accusé les Nations Unies de complicité avec le Hamas.  « Pendant des années, je vous ai mis en garde contre les chiffres et informations mensongers avancés par des responsables onusiens », a-t-il lancé aux autres membres du Conseil.  Il a dénoncé le refus onusien de mettre en place des mécanismes de vérification de ces informations.  « Ces informations sont-elles fournies par une partie neutre?  Non, elles sont fournies par le Hamas », a affirmé le représentant.  Il a appelé à démanteler le mythe selon lequel l’ONU fournirait des données fiables.  Les conducteurs d’ambulance et des journalistes à Gaza sont en réalité membres du Hamas, a-t-il déclaré, en ajoutant que le Hamas sait pertinemment que le Conseil se voit communiquer des informations fallacieuses. 

Le représentant s’est ainsi étonné que le Directeur général de l’OMS n’ait pas mentionné ces éléments dans son intervention, en particulier l’utilisation d’ambulances par le Hamas.  Il a aussi dénoncé le refus du représentant de l’OMS à Gaza de recevoir des informations de la part d’Israël, préférant les informations erronées du Hamas.  L’OMS est complice des actions méprisables du Hamas, a-t-il insisté.  Il a ensuite affirmé qu’Israël négocie avec certains pays afin d’établir des hôpitaux sur des navires.  Nous sommes prêts à évacuer les blessés du nord au sud de la bande, a-t-il ajouté, affirmant qu’Israël en fait davantage que l’OMS. 

« Israël est en guerre avec le Hamas et uniquement avec lui », a déclaré le représentant, qui a dénoncé l’Iran, accusé de former tous les groupes terroristes qui attaquent Israël, parmi lesquels le Hezbollah, le Hamas ou encore les houthistes du Yémen. 

Réaffirmant que l’ONU a perdu toute crédibilité et après avoir souligné la lutte existentielle dans laquelle Israël est engagé contre le Hamas, afin qu’un massacre comme celui du 7 octobre ne se reproduise plus jamais, le représentant a conclu en assurant qu’Israël cherchait des solutions pour les civils à Gaza.

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a rendu hommage aux « héros silencieux » sur le terrain à Gaza de la communauté médicale, tous ceux qui sont restés pour aider les malades.  On a parfois l’impression qu’en évoquant les chiffres émanant du conflit, nous privons les blessés et les morts de leur humanité, a ajouté la représentante, qui a rappelé le sort d’une jeune Palestinienne, Hala Zaîr Ahmed, qui fait des études médicales et qui s’est trouvée sous les décombres où une partie de sa famille gisait après une frappe aérienne.  Elle a indiqué qu’au moins 2 650 personnes sont prises au piège sous les décombres. 

Les habitants de Gaza sont des êtres humains et les futurs voisins d’Israël, a rappelé la représentante, qui a ensuite parlé de Thalia, née prématurément le 6 octobre à l’hôpital Chifa et placée sous incubateur mécanique.  Comme Thalia, 139 autres nouveau-nés prématurés dépendant des incubateurs, mais aussi du travail au Conseil de sécurité, a affirmé la représentante.  Des enfants, des nourrissons, des personnes âgées qui cherchent à s’abriter sont actuellement pris pour cibles; des personnes qui n’ont pas accès aux antibiotiques et aux médicaments, des femmes enceintes donnent naissance dans des conditions inimaginables et des césariennes sont effectuées sans anesthésie, a-t-elle énuméré. 

Mme Nusseibeh a mis aussi l’accent sur le recours à des armes technologiquement sophistiquées mais utilisées en employant des méthodes qui rappellent l’époque médiévale. Les Émirats arabes unis ont dépêché un hôpital mobile à Gaza, « un sparadrap sur une fracture », a-t-elle annoncé, en condamnant les attaques israéliennes de « cruelles, inhumaines ».  Aucun État autre qu’Israël ne serait cautionné pour ses agissements actuels, a-t-elle dénoncé, rappelant également que les otages israéliens se trouvant à Gaza souffrent des mêmes bombardements et que les attaques ciblant les civils et leurs biens sont interdites par le droit international. 

La représentante a appelé Israël à mettre fin au siège, restaurer l’approvisionnement en eau, électricité et carburant.  « C’est une question de conscience », a-t-elle déclaré.  Elle a encouragé par ailleurs à activer tous les outils à la disposition de la communauté internationale pour jeter les bases de conditions propices aussi à l’accès aux otages.  Voilà 33 jours que Gaza est délibérément détruite et il importe de mettre fin à un carnage innommable, a conclu la représentante, qui a renvoyé à la solution des deux États, seule susceptible de sortir de ce cycle de violence. 

M. ROBERT A. WOOD (États-Unis) a exprimé sa vive préoccupation pour le bien-être des civils dans les hôpitaux et appelé à la protection de tout le personnel hospitalier.  Il a encouragé à mettre en marche le plus rapidement possible les mécanismes d’aide humanitaire. La situation au nord de Gaza est inacceptable, a déclaré le représentant, qui a accusé le Hamas de se servir « cyniquement » des civils comme boucliers humains et de stocker des armes dans les écoles, les mosquées et autres lieux civils.  Le Hamas ne cherche pas à protéger les civils, il les met au contraire en danger de manière irresponsable, a encore affirmé le représentant.

Cela n’en rend pas moins indispensable de distinguer entre civils et terroristes, a poursuivi M. Wood, qui a souhaité que la réponse israélienne soit « en phase » avec le droit international.  Reconnaître les souffrances d’une partie n’empêche pas de tenir compte des souffrances de l’autre; nous ne devons pas détourner le regard des souffrances des civils innocents et des déplacés, a-t-il ajouté.  « Les familles humanitaires sont en deuil et nous le sommes avec elles », a encore affirmé le représentant, qui a aussi dit être en deuil avec les familles israéliennes éplorées après les attaques du 7 octobre. 

Le représentant a évoqué la visite actuelle du Secrétaire d’État Anthony Blinken au Moyen-Orient et son plaidoyer en faveur de la cessation du conflit pour éviter sa propagation dans toute la région.  Il faut aussi faire davantage pour faciliter l’acheminement de l’assistance humanitaire, qui reste bien insuffisante à Gaza, a-t-il ajouté.  Il a demandé des pauses de 4 heures, ajoutant que ce processus entrerait en vigueur dès aujourd’hui, comme affirmé par Israël, et a exhorté à épargner des vies par des efforts concertés.  Il a présenté ses condoléances à l’UNRWA pour la perte de membres de son personnel, et exigé d’autre part que les otages soient déplacés durant les pauses humanitaires convenues, en vue de leur libération. 

Le représentant a aussi mis l’accent sur la seule solution viable, à deux États, en commençant à créer les conditions propices à une paix durable, raison pour laquelle il faut se garder de rétrécir le territoire de Gaza, et de créer plus de déplacés.  « Notre humanité commune est ce qui nous distingue du Hamas et du terrorisme », a-t-il conclu, en encourageant à l’allégement des souffrances pour tous.

M. SÉRGIO FRANÇA DANESE (Brésil) a exprimé sa profonde préoccupation face à la crise humanitaire à Gaza, marquée par une augmentation inquiétante du nombre de victimes civiles, en particulier parmi les femmes et les enfants.  Comme l’a dit le Président Lula, « des innocents sont appelés à payer le prix de la folie de la guerre » et « cela doit cesser immédiatement ». Le représentant a exhorté les autorités israéliennes à faire preuve de retenue et à respecter les principes de distinction et de proportionnalité afin de protéger les vies et les infrastructures civiles.  Au Hamas et à tous les autres groupes, il a demandé de mettre fin aux attaques aveugles contre le territoire israélien.  Le délégué a également demandé l’évacuation médicale en toute sécurité des personnes gravement blessées ou malades.  Saluant la livraison par l’UNRWA d’articles médicaux d’urgence essentiels de l’OMS à l’hôpital Chifa dans la ville de Gaza, le 8 novembre, le délégué a néanmoins estimé que cette aide est loin d’être suffisante pour répondre aux besoins écrasants de la population.  Il a également plaidé en faveur d’un accès humanitaire complet, sûr et durable afin de distribuer des produits de première nécessité à plus grande échelle, plus fréquemment et en plus grande quantité.  Outre un cessez-le-feu humanitaire, le représentant a encouragé toutes les parties à s’engager à cesser les hostilités, ce qui est essentiel pour la protection à long terme de tous les civils.  Enfin, profondément préoccupé par le sort de tous les otages, il a demandé leur libération immédiate et que le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) puisse avoir accès à eux sans délai. 

Voilà 35 jours que nous assistons à une escalade terrifiante des violences dont les premières victimes sont les enfants, a déclaré Mme ALLEGRA PAMELA R. BONGO (Gabon).  « D’abord sur le sol israélien, avec les attaques barbares du Hamas du 7 octobre, puis à Gaza, où depuis plus d’un mois, plus personne n’est en sécurité, nulle part; mais également en Cisjordanie occupée. »  Elle a estimé que l’impasse dans laquelle se trouve le Conseil de sécurité défie toute logique.  Il est temps de trouver une solution pour que cesse ce chaos, a déclaré la déléguée, en jugeant impératif que le Conseil surmonte les entraves politiques et géopolitiques. 

En appelant à l’humanité de tous, elle a espéré qu’un consensus pourra être rapidement trouvé, afin que le Conseil puisse être à la hauteur de son mandat.  Elle a réitéré sa ferme condamnation de toutes les violences meurtrières indiscriminées, en se déclarant profondément choquée par la multiplicité des frappes contre les écoles, les hôpitaux, les ambulances, ainsi que les camps de réfugiés.  Enfin, elle a pris note avec intérêt de la décision des autorités israéliennes de mettre en place, depuis hier, des « pauses » quotidiennes dans le nord de la bande de Gaza.

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a rappelé que le droit international humanitaire doit être respecté à tout moment, en particulier les principes de distinction, de proportionnalité et de précaution dans la conduite des hostilités. Elle a aussi rappelé qu’un convoi humanitaire du CICR transportant du matériel d’aide d’urgence à destination de l’hôpital Al-Qods a essuyé des tirs mardi dernier, un « incident » qui illustre l’environnement dans lequel les organisations humanitaires opèrent actuellement à Gaza.  La représentante a également estimé que le volume d’aide humanitaire actuellement fourni à Gaza est insuffisant.  Il est essentiel que l’eau, la nourriture, les fournitures médicales ainsi que le carburant puissent entrer et parvenir aux centaines de milliers de civils se trouvant dans le nord du territoire.  La Suisse continuera de contribuer, au sein de ce Conseil, à la mise en place de mesures urgentes, telles que des pauses ou des trêves humanitaires, pour garantir un accès sûr, rapide et sans entrave à l’assistance humanitaire, a-t-elle assuré. 

Concluant, la déléguée a enfin rappelé que son pays avait condamné, dès le 7 octobre, et avec la plus grande fermeté, les actes de terreur et les attaques indiscriminées perpétrés par le Hamas contre les populations civiles en Israël.  Si la Suisse reconnaît le droit d’Israël d’assurer sa défense et sa sécurité, elle rappelle que la protection des civils et le respect du droit international humanitaire sont obligatoires.

Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) a déclaré que les attaques terroristes massives du Hamas et d’autres groupes terroristes contre Israël, le 7 octobre, doivent être unanimement condamnées et les otages être libérés immédiatement, et sans conditions.  Elle a également rappelé que toutes les vies se valent et il n’y a pas de « deux poids, deux mesures »: Israël a le droit de se défendre et le devoir de le faire dans le respect du droit international humanitaire, donc en préservant les populations civiles, a-t-elle dit.

Après avoir reconnu que les civils palestiniens perdent la vie chaque jour à Gaza, dont de nombreux enfants, la représentante a appelé à agir pour améliorer la situation humanitaire, qui est catastrophique.  À cette fin, la France continuera d’appeler à une trêve humanitaire immédiate, durable et soutenue, devant pouvoir mener à un cessez-le-feu.  Un accès humanitaire sans entrave et durable à la bande de Gaza doit être assuré de toute urgence et tous les points de passage doivent être ouverts, a poursuivi la représentante, pour qui il faut également permettre un rétablissement immédiat des services de base, notamment pour garantir l’accès à l’eau et à l’assainissement et l’électricité.

La représentante a ensuite fait référence à la conférence internationale humanitaire de soutien à la population civile de Gaza, organisée à Paris le 9 novembre, qui a permis de comptabiliser plus d’un milliard d’euros de contributions financières.  Elle a ajouté que l’aide de la France aux populations civiles palestiniennes était portée de 20 à 100 millions d’euros et que, ces derniers jours, la France avait acheminé 87 tonnes de fret humanitaire.  Trente tonnes supplémentaires le seront, dans les prochains jours, dans le cadre du pont aérien de l’Union européenne, a-t-elle détaillé. 

Mme SHINO MITSUKO (Japon) a constaté la situation de plus en plus désespérante à Gaza et salué le courage du personnel humanitaire qui continue de travailler dans des conditions incroyablement dangereuses.  La représentante a déploré la mort de plus d’une centaine de membres du personnel de l’UNRWA.  Face au silence du Conseil de sécurité depuis plus d’un mois, elle a martelé qu’il est temps d’agir concrètement.  À cette fin, elle a apporté son plein soutien aux pauses humanitaires ainsi qu’aux couloirs humanitaires, afin de faciliter l’assistance nécessaire d’urgence, la circulation des civils et la libération des otages, avant de plaider en faveur d’un accès humanitaire complet, immédiat, rapide, sûr et sans entrave de manière continue. 

Saluant la diplomatie inlassable de la communauté internationale, notamment la conférence internationale sur l’aide humanitaire à Gaza qui s’est tenue hier à Paris, la représentante a souhaité que les pauses annoncées par le Gouvernement américain le 9 novembre contribueront à améliorer l’acheminement de l’aide humanitaire vitale, la protection des civils et la libération des otages à Gaza. 

Pour sa part, le Japon, qui assure la présidence du G7, a accueilli cette semaine à Tokyo la réunion des ministres des affaires étrangères du G7, qui ont appelé à une action urgente pour faire face à la crise humanitaire qui se détériore rapidement à Gaza, a rappelé la représentante.  Le Ministre des affaires étrangères du Japon a annoncé une aide humanitaire supplémentaire de 65 millions de dollars, ainsi que des fournitures de secours d’urgence par l’intermédiaire de l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA), en plus de l’aide d’urgence déjà décidée d’un montant de 10 millions de dollars, a-t-elle indiqué, avant d’encourager tous les États Membres et les partenaires humanitaires à se joindre à cet effort pour alléger les souffrances de la population de Gaza. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a rappelé qu’une crise humanitaire est en cours à Gaza, avant de souhaiter une amélioration de l’accès humanitaire, via notamment Rafah.  « Nous avons besoin de pauses humanitaires afin de disposer de temps pour que l’aide puisse être acheminée et les otages libérés. »  Elle a souligné l’appui de son pays à Israël dans l’exercice de son droit à la légitime défense après l’attaque terroriste perpétrée par le Hamas, avant d’appeler au respect du droit international humanitaire. Nous appelons toutes les parties au conflit à prendre toutes les mesures possibles pour minimiser les souffrances des civils et des agents humanitaires et de santé, a dit la déléguée.  Enfin, elle a déclaré qu’Israël doit en faire plus pour empêcher toute escalade en Cisjordanie, avant de souligner l’appui de son pays à la solution des deux États.

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a pris note de l’intention d’Israël d’autoriser une pause humanitaire quotidienne de quatre heures dans le nord de Gaza.  Mais il est possible et nécessaire de faire davantage, a-t-il dit, avant d’exiger de créer, de toute urgence, les conditions nécessaires à la sécurité des couloirs humanitaires, aux opérations de sauvetage et au passage sûr des blessés, des enfants malades, des femmes enceintes et des soignants, conformément au droit international humanitaire.  Il a alors lancé un appel à tous les pays qui exercent une influence sur les parties, pour qu’ils intensifient leurs efforts visant à mettre fin aux combats et à obtenir la libération de tous les prisonniers israéliens et étrangers. 

Le représentant a aussi lancé un appel à « la milice du Hamas » pour qu’elle tienne compte de la demande de la communauté internationale pour la libération immédiate et inconditionnelle de tous les civils capturés.  Détenir en captivité des populations civiles innocentes est une erreur et inacceptable, quels qu’en soient les motifs, a-t-il dit. Il a enfin interpellé le Conseil, considérant que sa conduite et ses délibérations doivent refléter l’attente d’aider les parties à mettre fin aux hostilités en cours, a conclu le délégué. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) a indiqué que l’évolution dramatique des dernières semaines ne peut que pousser la région vers le gouffre.  Le Hamas, a-t-il constaté, continue d’ignorer la demande de l’ONU de remettre en liberté les otages israéliens.  Parallèlement, la crise humanitaire à Gaza n’est pas tenable, même si plus de 800 camions d’aide sont entrés par le point de passage de Rafah, a considéré le représentant.  Il a ensuite affirmé que toute réponse aux agissements du Hamas doit préserver les civils et les infrastructures dont ces derniers dépendent.  S’il ne faut pas permettre à une organisation terroriste de se regrouper, de s’organiser et de continuer à tuer, de la même manière, la lutte contre la barbarie ne saurait se faire aux dépens du droit international, qui deviendrait une « coquille vide », a exhorté le délégué. 

Appelant à une action immédiate face aux pertes humaines parmi la population palestinienne, surtout les enfants, il s’est félicité des pauses de 4 heures et des couloirs humanitaires qui viennent d’être agréés.  Il a toutefois invité à écouter les travailleurs humanitaires sur place, pour qui cette mesure demeure insuffisante au regard de la situation à Gaza. Le représentant a recommandé de maintenir à distance tous ceux qui soutiennent le terrorisme dans la région, soulignant que, dès la fin des hostilités, il faudra favoriser l’avènement d’une solution à deux États exempte de terrorisme.  Le délégué a signalé que les enfants de Gaza ne doivent pas être élevés dans la haine, la propagande et la bigoterie.  Il faut leur donner ce qu’ils veulent: leur État et leur liberté, faute de quoi, on ne fera que préparer de futurs affrontements. 

M. ANDRÉS EFREN MONTALVO SOSA (Équateur) a rendu hommage au travail héroïque des professionnels de la santé à Gaza qui, en ce moment même, risquent leur vie pour en sauver d’autres dans des conditions inimaginables, ainsi qu’à ceux, parmi eux, qui ont déjà perdu la vie dans ce conflit.  Alors que l’explosion de violence dans la zone de conflit depuis l’attaque terroriste du Hamas du 7 octobre est la plus grave depuis des décennies, ses conséquences humanitaires sont également d’une grande ampleur, a constaté le représentant. 

Après avoir condamné l’utilisation de civils comme boucliers humains par le Hamas et les tirs aveugles de roquettes, le représentant a aussi condamné sans réserve « l’assassinat de civils à Gaza » à la suite de bombardements tels que ceux qui ont eu lieu près de l’hôpital Chifa.  Il a martelé que les infrastructures civiles, y compris les infrastructures de santé, ne doivent en aucun cas être prises pour cible et que toute partie à un conflit armé a le devoir de prendre des mesures pour protéger les hôpitaux et le personnel de santé en toutes circonstances. 

Exigeant le respect du droit international humanitaire en tout temps et par tous, le représentant a fait valoir que les dispositions du droit international humanitaire ne sont pas volontaires et que leur non-respect entraîne de graves responsabilités. Il a conclu par un appel à une trêve humanitaire immédiate, durable et respectée.  Tout en saluant les initiatives telles que la Conférence humanitaire internationale pour Gaza qui s’est tenue hier à Paris, il a toutefois affirmé que ces efforts ne sont pas suffisants.  Il est urgent que ceux qui ont le droit de veto au sein de ce Conseil parviennent à des accords qui lui permettront d’agir, a-t-il exigé.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a salué le travail de l’OMS à Gaza, en soulignant la gravité de la situation humanitaire, qui « ne peut que choquer ».  Rappelant notamment qu’au cours des dernières 24 heures, quatre hôpitaux palestiniens avaient été bombardés, et que 35 bâtiments avaient été détruits, parmi lesquels 221 écoles, 42 sites de l’UNRWA, 7 églises et 56 mosquées, et 165 000 autres endommagés, le représentant s’est dit choqué par les frappes visant des biens de caractère civil, en violation du droit international humanitaire. 

Dans toute guerre, il y a des règles à respecter, a rappelé le représentant, qui a estimé qu’il n’y a actuellement plus aucun lieu sûr dans la bande de Gaza et a déploré le niveau insuffisant de l’aide pour faire face aux besoins colossaux dans la bande de Gaza. 

M. Nebenzia a ensuite évoqué la situation explosive en Cisjordanie, en dénonçant les violences des colons et le soutien, ou à tout le moins la passivité, des forces de sécurité face à leurs exactions et en ajoutant que la situation en Cisjordanie méritait elle aussi toute l’attention du Conseil de sécurité. 

Pour le représentant, la première chose à faire est d’instaurer un cessez-le-feu immédiat à Gaza, pas seulement des pauses humanitaires.  Il a accusé les États-Unis de bloquer toute initiative de paix pour mettre fin au feu dans la bande de Gaza à ce stade, ainsi que la ligne unilatérale qu’ils appliquent depuis plusieurs années et qui consiste à préserver statu quo par une « diplomatie tranquille » qui est en fait une réticence à mettre en œuvre tout ce sur quoi les pays et les peuples se sont mis d’accord. 

L’absence de progrès sur la voie des négociations ne pourrait que conduire à la radicalisation et à l’explosion, au risque de provoquer une expansion géographique du conflit et la réactivation d’autres conflits latents dans la région, a ajouté le représentant, qui a notamment dénoncé la présence militaire américaine dans la région . 

C’est le « cœur brisé » que M. PEDRO COMISSÁRIO AFONSO (Mozambique) a dit suivre les informations quotidiennes faisant état d’attaques incessantes contre des civils, des enfants, des femmes, des hommes et des travailleurs humanitaires, ainsi que de la destruction d’hôpitaux, d’écoles et autres infrastructures civiles à Gaza.  Condamnant « une situation horrible », le représentant a souligné que la privation de nourriture, de médicaments, d’eau et d’électricité exacerbe la gravité de la situation humanitaire tragique que connaît la population civile prise au piège. 

« Cette calamité monstrueuse », a-t-il prévenu, aliénera davantage le peuple palestinien pour les générations à venir et sapera les efforts visant à instaurer la paix et la stabilité dans la région.  Il a en conséquence réitéré l’appel du Mozambique au plein respect du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire, y compris les normes et les règles relatives à la protection des civils et à l’aide humanitaire. Un cessez-le-feu immédiat permettra de mettre un terme aux pertes civiles et à la destruction des infrastructures, et d’acheminer l’aide à Gaza.

Si le représentant a dit adhérer pleinement au droit de légitime défense contre d’autres États ou acteurs non étatiques, en vertu de l’Article 51 de la Charte des Nations Unies, il a cependant souligné qu’il convient d’exercer ce droit conformément à la même Charte et qu’il « n’affecte en rien l’autorité et la responsabilité du Conseil de sécurité », comme il y est stipulé.  Le délégué en a appelé au sens du devoir collectif aux fins d’assurer la protection de tous les civils, tant en Israël qu’à Gaza, qui sont selon lui, « la cible innocente et injustifiée du conflit entre Tsahal et le Hamas ».  La poursuite du conflit actuel et son escalade régionale potentielle retardent l’ensemble du processus de dialogue pour la coexistence pacifique entre Israéliens et Palestiniens, a-t-il mis en garde.

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a fait le constat de la grave détérioration de la situation humanitaire à Gaza, notant que le siège implacable et les bombardements aériens quotidiens dans l’un des endroits les plus densément peuplés de la planète signifient qu’il n’y a pas de zones sûres à Gaza alors que le système de santé dans l’enclave s’est effondré.  La représentante a salué l’annonce faite, hier, par le Gouvernement israélien de pauses quotidiennes afin de garantir la sécurité des couloirs humanitaires, tout en estimant que des pauses plus longues et durables sont nécessaires pour permettre aux acteurs humanitaires d’accéder de manière adéquate à la population civile de Gaza et de répondre à ses besoins croissants.  Ces efforts doivent inclure des opérations urgentes de récupération des personnes piégées sous les décombres, a précisé la représentante, avant de réitérer l’appel de Malte à un cessez-le-feu humanitaire. 

Mme Frazier a également réitéré sa demande urgente au Hamas et au Jihad islamique palestinien de libérer tous les otages israéliens en toute sécurité, immédiatement et sans condition.  Tout en reconnaissant à Israël le droit à protéger ses citoyens contre des actes de terreur, la représentante a souligné que cela doit se faire dans le respect du droit international humanitaire, y compris les principes de distinction, de proportionnalité et de nécessité militaire. 

Préoccupée par la menace d’un débordement régional du conflit, la représentante a exprimé son inquiétude face à la situation en Cisjordanie, où la violence et l’agitation se sont accrues au cours du mois dernier.  Malte appelle toutes les parties à éviter toute action ou rhétorique incendiaire susceptible d’attiser les tensions en cette période d’intense activité et demande qu’il soit mis fin aux déplacements forcés de Palestiniens et aux violences des colons.  La représentante a apporté son plein soutien à l’UNRWA en ces temps difficiles et souligné son besoin urgent de financement, en faisant valoir que l’Office a été et reste une force stabilisatrice dans la région et la seule lueur d’espoir pour les Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie.  Il est donc essentiel que les États Membres continuent à le soutenir, a-t-elle conclu.

M. ZHANG JUN (Chine) a dit que se déroule à Gaza une « crise de l’humanité », selon les mots du Secrétaire général.  Il est attendu de ce Conseil qu’il prenne des mesures décisives pour mettre fin à ce conflit, a dit le délégué, en souhaitant que le monde parle à l’unisson.  Il a demandé l’instauration d’un cessez-le-feu, exhortant les pays qui ont de l’influence auprès des parties à mettre de côté leurs considérations géopolitiques et toute approche de deux poids, deux mesures afin d’œuvrer en ce sens. Le représentant a demandé la fin de la punition collective visant les civils à Gaza, estimant que le Conseil doit œuvrer à une trêve de plusieurs jours et à l’instauration de corridors humanitaires.  Il a en effet souligné la nette insuffisance de l’aide apportée jusqu’à présent, selon lui « une goutte dans l’océan des besoins ».  En outre, aucune solution à la crise actuelle ne saurait s’écarter de la solution des deux États, a ajouté le délégué en conclusion.

Reprenant la parole, le Directeur général de l’OMS, M. TEDROS ADHANOM GHEBREYESUS, a souligné à nouveau qu’à Gaza, personne n’est en sécurité, en appelant les membres du Conseil à se mettre à la place des habitants.  C’est la raison pour laquelle il demande un cessez-le-feu, un accès humanitaire sans entrave et une action du Conseil de sécurité pour faire libérer les otages, a-t-il expliqué.  Le Directeur général a également soutenu la solution des deux États, arguant qu’elle est bonne à la fois pour Israël et les Palestiniens, une position qu’il défend depuis qu’il était Ministre des affaires étrangères de l’Éthiopie.  Le haut fonctionnaire a enfin réitéré son appel aux membres du Conseil pour qu’ils s’engagent à réformer cet organe de l’ONU.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Les délégations débattent de la revitalisation des travaux d’une Assemblée générale en concurrence croissante avec le Conseil de sécurité

Soixante-dix-huitième session,
32e séance plénière – matin
AG/12560

Les délégations débattent de la revitalisation des travaux d’une Assemblée générale en concurrence croissante avec le Conseil de sécurité

Le Président de l’Assemblée générale a lancé les discussions, ce matin, sur le « dossier crucial » de la revitalisation des travaux de cet organe, à « un moment historique » où l’on remet de plus en plus souvent en question la pertinence de l’ONU, voire de son existence.  Ces critiques ne sont pas dénuées de légitimité, a-t-il admis, déplorant que l’Organisation peine à progresser sur nombre de dossiers déterminants, des guerres aux crises humanitaires en passant par les changements climatiques ou le désarmement.  Pour que l’Assemblée puisse être à la hauteur des enjeux, il a préconisé une revitalisation envisagée comme un processus politique plus que technique, pour déboucher sur une enceinte forte.  

La réunion biennale sur la revitalisation de l’Assemblée générale s’articule autour de quatre axes, conformément à la résolution A/75/325 « Revitalisation des travaux de l’Assemblée générale »: rôle et pouvoirs, méthodes de travail, processus de sélection et de nomination du Secrétaire général et autres chefs de secrétariat, et renforcement de la responsabilisation, de la transparence et de la mémoire institutionnelle du Bureau du Président.

Plusieurs délégations ont relevé le rôle accru de l’Assemblée en matière de paix et de sécurité internationales, rappelant que cette évolution s’inscrit dans le processus de revitalisation.  Le Pakistan s’est ainsi félicité que cet organe formule des appels contraignants en la matière, tandis que l’Égypte a salué l’adoption récente, à une majorité écrasante, d’une résolution demandant une pause humanitaire à Gaza.  Pour El Salvador, le fonctionnement véritablement multilatéral de l’Assemblée –chaque État Membre y a voix au chapitre sur un pied d’égalité– justifie de renforcer son autorité sur les questions de maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Les crises actuelles, a poursuivi sa représentante, requièrent plus que jamais une approche inclusive.  

Cette évolution des prérogatives de l’Assemblée entraîne des antagonismes croissants avec le Conseil de sécurité, ont fait remarquer de nombreux représentants.  Singapour et les Maldives se sont félicitées que le processus de revitalisation permette, conformément à la résolution précitée, de suppléer aux manquements du Conseil de sécurité en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales.  La Mongolie a salué la tenue de sessions extraordinaires d’urgence de l’Assemblée quand le Conseil de sécurité n’est pas en mesure de s’acquitter de ses responsabilités.  Quant au Japon, il a appelé à poursuivre les efforts dans cette direction, estimant nécessaire de réformer à la fois le Conseil de sécurité, mais aussi les fonctions, rôles et pouvoirs de l’Assemblée, notamment autour des questions liées à la paix et à la sécurité internationales. 

Certains délégués se sont félicités que chaque usage du veto au Conseil de sécurité fasse désormais l’objet d’une réunion de l’Assemblée.  Le Japon s’est ainsi dit favorable à la mise en œuvre de la résolution 76/242, qui exige l’application du principe de responsabilité pour l’usage du veto.  L’Estonie, quant à elle, a déploré que l’Assemblée n’ait pas pu recommander au Conseil d’ajouter au rapport annuel, un chapitre qui analyserait les cas d’utilisation du veto.  

Si les délégués ont souligné l’importance pour l’Assemblée de s’emparer du thème « paix et sécurité internationales », le Pakistan s’est toutefois inquiété de voir qu’à l’inverse, le Conseil de sécurité s’approprie des thèmes traditionnellement du ressort de l’Assemblée, comme la non-prolifération des armes nucléaires ou le terrorisme.  Ces sujets concernent l’ensemble des États Membres, a estimé son représentant en concluant qu’ils relèvent en premier lieu des prérogatives de l’Assemblée générale.

Les questions de parité femmes-hommes ont été largement abordées, par l’Afrique du Sud, notamment, qui a souhaité voir davantage de femmes nommées à la tête de l’enceinte la plus importante de l’ONU.  Sur ses 78 années d’existence, seules 4 se sont déroulées sous présidence féminine, a déploré le Costa Rica, relevant aussi que les femmes n’occupent qu’un seul des 16 postes à la vice-présidence du Bureau de l’Assemblée et ne président qu’une seule des six grandes commissions.  Sa représentante a appelé à l’élaboration d’une résolution pour garantir des nominations équitables, ouvertes et inclusives. La Mongolie, quant à elle, a mentionné la dimension géographique de l’inclusion en demandant une meilleure représentation des pays en développement dans les postes à responsabilités de l’ONU, particulièrement au niveau de la direction.

Le Costa Rica a évoqué une autre dimension des problèmes d’inclusion, soulignant que les petites délégations peinent à faire face à des situations où l’on vote des résolutions dans une commission en même temps que se déroulent des élections dans les organes subsidiaires.  El Salvador a fait remarquer le même problème, plaidant pour une meilleure planification pour éviter les chevauchements des délibérations, tout particulièrement pendant la période critique du débat général de l’Assemblée.  

La nomination du Secrétaire général a constitué une autre question centrale des débats.  L’Afrique du Sud a appelé au respect de l’autorité de l’Assemblée sur cette question, tandis que l’Algérie a recommandé une sélection guidée par les principes de transparence et d’ouverture, estimant que sur ce sujet, l’Assemblée ne peut plus être « la caisse enregistreuse de la décision du Conseil de sécurité ».  El Salvador a également déploré un manque de transparence et d’inclusivité dans les nominations du Secrétaire général et des cadres supérieurs de l’ONU, invitant les autres délégations à réouvrir ce dossier en souffrance dès l’année prochaine.

Enfin, le Président de l’Assemblée a annoncé le lancement de dialogues informels en vue de renforcer le processus de revitalisation.  Le premier Gayap Dialogue –du nom d’une expression de Trinité-et-Tobago, signifiant « beaucoup de mains facilitent le dialogue »– a eu lieu ce matin même.

L’Assemblée a par ailleurs décidé de reporter au 15 décembre la date de pause de ses travaux, initialement prévue le 4 décembre, la Cinquième Commission ayant demandé un délai supplémentaire.  La prochaine séance de l’Assemblée aura lieu mardi 14 novembre.

APPLICATION DES RÉSOLUTIONS DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES 

REVITALISATION DES TRAVAUX DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE 

Déclaration liminaire

M. DENNIS FRANCIS, Président de l’Assemblée générale, a fait remarquer que la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale a lieu à un moment historique où des questions sur la pertinence de l’ONU elle-même et son existence se font de plus en plus entendre.  Si « nous sommes honnêtes, nous devons accepter » que ces questions ont une certaine légitimité, a-t-il reconnu, en attirant l’attention sur les images de la dimension humaine et des coûts de la guerre et des crises humanitaires. « De toute évidence, cela est insupportable, inacceptable et cruel, et cela doit cesser! »  Et, tandis que la guerre continue de faire des ravages, les préoccupations en matière de développement, de crise climatique, de droits humains et de désarmement persistent, ne montrant que très peu de progrès au fil du temps, a déploré le Président.

À ceux qui voient dans la revitalisation un processus technique, il a opposé la vision d’un processus « éminemment politique », arguant qu’il s’agit de rendre l’Assemblée générale plus forte, plus pertinente et plus à même de déboucher sur des résolutions.  Le Président a recommandé un engagement pour convenir de solutions qui transcendent l’approche du statu quo, étant donné que les défis actuels ne peuvent guère être considérés comme « routiniers ou normaux ». 

Pour que l’Assemblée générale puisse se revitaliser, il a demandé de bâtir sur un terrain solide, à savoir la toute première résolution bisannuelle sur la question, texte qui se veut biennal et qui est le fruit des efforts menés par les cofacilitateurs d’El Salvador et de l’Australie.  L’un des résultats de cette résolution a été un engagement volontaire à limiter les événements parallèles au cours du débat général, qui a déjà recueilli le soutien de 24 États Membres, s’est-il félicité.  Ces informations sont désormais disponibles sur le site Internet du Bureau de la présidence de l’Assemblée générale, a-t-il précisé, en invitant davantage d’États Membres et d’entités des Nations Unies à se joindre à cette initiative indispensable.

Un autre résultat pratique a été le renforcement dudit Bureau grâce à des initiatives en matière de financement et de personnel.  À cet égard, M. Francis a jugé essentiel que des ressources supplémentaires soient allouées au budget ordinaire, appelant les présidents de la Cinquième Commission et du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) à veiller à ce que les propositions pertinentes soient examinées favorablement.  Le Président de l’Assemblée générale a également estimé crucial que le Groupe de travail spécial fasse progresser ses travaux, saisissant cette occasion pour annoncer la nomination de nouveaux coprésidents, les représentants de Sainte-Lucie et de la Roumanie.  Il a incité à les soutenir alors qu’ils guideront les délibérations sur le rôle et l’autorité de l’Assemblée générale, ainsi que ses méthodes de travail.

De plus, M. Francis compte poursuivre la tradition consistant à organiser des dialogues informels qu’il a nommés Gayap Dialogues (expression autochtone des Caraïbes à la Trinité-et-Tobago signifiant « beaucoup de mains facilitent le dialogue »).  Ce matin même, a-t-il dit, il a inauguré son premier Gayap Dialogue qui porte sur le « renforcement de l’engagement des médias auprès de l’Assemblée générale des Nations Unies ».  Comme toute institution bien huilée soucieuse de sa longévité, l’Assemblée générale doit s’adapter à son époque afin de rester pertinente, crédible et continuer de faisant autorité, a-t-il conclu. 

Débat conjoint 

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. KHAIRI OMAR (Malaisie) a formulé des pistes de réflexion sur le rôle et l’autorité de l’Assemblée générale, soutenant l’appel à la parité entre les sexes et à l’équilibre géographique dans les processus intergouvernementaux.  S’agissant des méthodes de travail, il a souligné l’importance de rationaliser l’ordre du jour de l’Assemblée pour éviter les duplications et les chevauchements, estimant nécessaire de mettre en place un mécanisme permettant d’examiner la mise en œuvre des résolutions adoptées par cette Assemblée pour refléter la tenue de « nos engagements ».  Concernant la sélection et la nomination du Secrétaire général, le représentant a réitéré l’appel à encourager la nomination de femmes candidates à ce poste.

S’agissant du Bureau du Président de l’Assemblée générale, il a salué les mesures visant une transition en douceur entre les présidences ainsi que la mise en place d’une plateforme de partage d’informations et de meilleures pratiques, et ce, afin de renforcer la responsabilité, la transparence et la mémoire institutionnelle du Bureau.  Le représentant s’est également félicité de la demande faite au Secrétaire général de proposer des postes supplémentaires au Bureau du Président, pour le doter de ressources humaines et financières adéquates au titre du budget ordinaire. Pour finir, il a recommandé d’améliorer les méthodes de travail des grandes commissions, notamment s’agissant de la Première qui a pour « tradition ou pratique » de ne pas divulguer le nom du ou des États Membres qui ont appelé à un vote, sur des paragraphes ou des résolutions dans leur ensemble, malgré les demandes faites par d’autres États Membres.  Il a fait valoir en effet que, dans le cadre de cette pratique, les États Membres n’ont aucun moyen de déterminer la véracité d’un tel appel au vote.

M. REIN TAMMSAAR (Estonie), au nom du Groupe Responsabilité, cohérence et transparence (ACT), a rappelé l’adoption de la résolution 77/335 qui reconnaît le rôle de l’Assemblée générale en matière de paix et de sécurité lorsqu’un organe principal n’est pas en mesure de remplir son mandat dans ces domaines clefs.  Ainsi, l’Assemblée a la responsabilité d’intervenir pour protéger la Charte des Nations Unies, a-t-il souligné.  Le délégué a dit attendre avec impatience la mise en œuvre du paragraphe 30 du dispositif de la résolution susmentionnée, qui demande à la présidence de l’Assemblée, de créer un manuel numérique sur les situations dans lesquelles l’Assemblée a joué un rôle pertinent dans la paix et la sécurité pour lui permettre de mieux assumer son rôle à l’avenir. 

Par ailleurs, il a encouragé le Conseil à fournir à l’Assemblée un compte rendu plus complet de ses travaux, avec notamment des détails sur les projets de résolution qui n’ont pas été adoptés par le Conseil.  À cet égard, le représentant a regretté que l’Assemblée n’ait pas été en mesure de recommander au Conseil d’ajouter au rapport annuel, un chapitre consacré au veto, qui contiendrait une analyse des cas dans lesquels le veto a été exercé.  Il s’est par ailleurs félicité de la mise en place d’une liste d’orateurs mise à jour en direct pour les séances de l’Assemblée, en recommandant qu’elle soit rendue publique au plus tard la veille.  En outre, le délégué a rappelé qu’aucune femme n’a encore accédé au poste de Secrétaire général et a souligné la nécessité d’un calendrier prévisible pour l’ensemble du processus des sélections et nominations.  Il s’agit, à ses yeux, d’une omission flagrante de la dernière résolution, qui doit être traitée en priorité lors de la soixante-dix-neuvième session avant le prochain processus de sélection.

Mme SARAH VAN BRONSWIJK (Australie), au nom du groupe CANZ, a salué l’amélioration de l’efficacité de l’Assemblée générale, notamment grâce à son Bureau, qui renforce la mémoire institutionnelle.  Elle a également apprécié la limitation des manifestions parallèles en marge des débats de l’Assemblée générale, y voyant un exemple modeste de ce qui peut avoir des effets importants sur les travaux de l’Assemblée.  Au chapitre paix et sécurité, les discussions sur le renforcement de l’efficacité de l’Assemblée doivent porter sur tous ses domaines de travail, y compris la nomination du Secrétaire général, a estimé la déléguée.  Elle a plaidé pour un rôle plus important des femmes dans les travaux de l’Assemblée, soulignant leur rôle déjà important dans la diplomatie internationale qui doit se refléter dans le règlement intérieur de cet organe.  Elle a donc regretté que cela n’ait pas été inclus dans ce règlement.  La revitalisation des travaux de l’Assemblée est un processus de longue haleine, a-t-elle conclu, en assurant que le groupe CANZ est déterminé à y participer en toute transparence.

Mme HEDDA SAMSON, de l’Union européenne, a salué le processus de la rationalisation de l’ordre du jour de l’Assemblée, notamment par l’engagement volontaire de limiter le nombre d’événements parallèles, en particulier pendant la semaine de haut niveau.  Il est important de rester concentré sur le débat durant la semaine de haut niveau, a-t-elle déclaré.  Elle a souligné les progrès réalisés dans l’amélioration de la transparence et de la responsabilisation, qui ouvrent la voie à un processus de sélection du Secrétaire général inclusif.  À cet égard, la représentante a salué les progrès en matière d’égalité entre les hommes et les femmes, notamment avec la demande faite au Président de l’Assemblée générale de veiller au respect de cet équilibre à propos des intervenants de haut niveau et les panélistes, et en renouvelant l’appel lancé aux États Membres pour qu’ils présentent des candidates au poste de président de l’Assemblée. 

La représentante a souligné la reconnaissance du rôle de l’Assemblée dans le domaine de la paix et de la sécurité par l’adoption de la résolution lui donnant un mandat permanent pour convoquer un débat en cas de veto.  Elle a insisté sur la nécessité d’une interaction étroite avec le Conseil de sécurité dans ce domaine.  Elle a réitéré son engagement à inclure les droits humains comme une question transversale dans l’ensemble des travaux de l’Assemblée. Enfin, elle a regretté qu’il n’y ait jamais eu de femme au poste de Secrétaire général. 

Mme MARITZA CHAN VALVERDE (Costa Rica) a salué le bilan positif de la résolution 77/335, même s’il ne reflète pas la volonté de l’écrasante majorité de l’Assemblée générale en raison de l’opposition des membres non élus du Conseil de sécurité.  Elle a condamné l’extension du veto de facto à l’Assemblée générale par les membres permanents du Conseil de sécurité et a déploré leur rôle « égoïste » et leur manquement continu à leurs devoirs.  La déléguée a appelé à traduire la résolution 77/335 en actions concrètes et a exhorté les États Membres, le Secrétariat de l’ONU et le Président de l’Assemblée générale, à exécuter pleinement ses dispositions.  Elle a soutenu l’importance d’organiser des débats thématiques interactifs inclusifs sur des questions d’actualité, citant, à cet égard, le récent débat sur l’élévation du niveau de la mer. Estimant que la parité femmes-hommes est un minimum et non un maximum, elle a salué la tenue récente de la plateforme des femmes dirigeantes de l’Assemblée générale.  Concernant les méthodes de travail, la déléguée a exhorté les délégations à procéder à un examen exhaustif des dispositions de la résolution.  Les méthodes de travail de chacune des grandes commissions doivent être améliorées de manière substantielle, a-t-elle aussi souhaité, faisant valoir que les petites délégations continuent d’être confrontées à des situations où on vote des résolutions dans une commission en même temps que se déroulent des élections dans les organes subsidiaires.

Par ailleurs, elle a invité les États et les groupes régionaux à donner la priorité à la nomination de femmes concernant la nomination des présidents de l’Assemblée générale et des grandes commissions.  Au cours des 78 années d’existence de cet organe, il n’y a eu que 4 années sous présidence féminine, a-t-elle déploré.  Elle a souligné qu’actuellement, sur les 16 vice-présidences élues du Bureau de l’Assemblée, une seule est occupée par une femme, et sur les six grandes commissions, une seule est présidée par une femme. « Nous avons un long chemin à parcourir pour atteindre la parité femmes-hommes et nous réitérons notre appel pressant aux États pour qu’ils proposent des femmes au sein du Secrétariat des Nations Unies. »  Pour ce faire, le processus de sélection doit être lancé sans plus tarder, avec une résolution abordant les réformes visant à garantir des nominations équitables, ouvertes et inclusives pour le secrétaire général, ainsi que pour d’autres chefs de secrétariat, a-t-elle recommandé. 

Mme IMANE BENZIANE (Maroc) a souligné l’importance du respect des prérogatives de chaque organe de l’ONU, ce qui contribue à une revitalisation de l’Assemblée générale.  Elle a réitéré son soutien aux importantes réformes engagées par le Secrétaire général, notant que la revitalisation de l’Assemblée générale joue un rôle pivot dans le renforcement du multilatéralisme.  La représentante a salué la modification de l’article 1 du règlement intérieur de l’Assemblée, qui a permis de commencer les travaux une semaine plus tôt, et a dit attendre avec intérêt le bilan du Secrétariat sur cette modification.  Elle s’est félicitée des réformes tangibles en matière de revitalisation et a invité les États Membres à continuer dans le même esprit. 

La déléguée a salué la résolution 77/335 en ce qu’elle reconnaît la nécessité de renforcer la mémoire institutionnelle et prévoit de constituer un manuel en ligne consultable.  En outre, elle a salué la nouvelle pratique concernant la mise à disposition d’une liste d’orateurs en temps réel, permettant de suivre en direct les intervenants de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité.  Enfin, la représentante a salué les efforts faits par le Secrétariat pour assurer la parité des sexes au sein des Nations Unies, notamment dans le recrutement des hauts-fonctionnaires.  Pour conclure, elle a rappelé que le processus de revitalisation sous-tend un véritable engagement de la part des États Membres. 

M. MARK SEAH (Singapour) a salué le fait que l’Assemblée générale, deux ans après l’adoption de la sa résolution A/RES/75/325, continue de se réorganiser pour, notamment, être prête à suppléer aux défaillances du Conseil de sécurité en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationale. La conjonction de crises géopolitiques majeures nécessite en effet la revitalisation et le renforcement de l’Assemblée en tant qu’organe principal de délibération le plus représentatif de l’Organisation, a-t-il ajouté.  Selon lui, le Groupe de travail spécial sur la revitalisation de travaux de l’Assemblée générale a obtenu des résultats concrets en ce sens, en allongeant par exemple le temps imparti aux négociations et concertations entre États Membres.  Le représentant a en outre appelé à plus de transparence dans la conduite des travaux des commissions techniques de l’Assemblée, notamment de la Première Commission où s’applique encore la demande de votes séparés sous couvert d’anonymat de certaines délégations.  Dans un souci de transparence et d’efficacité, il a souhaité qu’il soit proposé de mettre fin à cette pratique dans le libellé de la prochaine résolution sur la revitalisation. 

Mme AMINATH GURAISHA (Maldives) a estimé que l’ONU doit se doter de moyens diplomatiques multilatéraux nécessaires pour répondre à la conjonction des crises internationales.  Nous sommes déçus par l’incapacité du Conseil de sécurité à demander des comptes à Israël, qui « met au supplice les habitants de Gaza » depuis des semaines, a-t-elle dit.  Depuis l’adoption de la résolution A/RES/75/325, l’Assemblée générale permet à l’Organisation d’agir face à l’inaction du Conseil, s’est-elle félicitée.  En adoptant une résolution demandant une trêve humanitaire pérenne à Gaza, ce sont 120 États Membres qui ont récemment lancé un appel pour la paix et sauver des vies, a-t-elle ainsi rappelé.  Par ailleurs, la représentante a encouragé la poursuite de la pratique voulant que les présidents des principaux organes de l’ONU se concertent plus souvent sur les solutions à apporter pour accélérer la mise en œuvre des résolutions existantes.  Sur ce point, elle a plaidé pour une réduction du nombre et du contenu des textes, ce qui devrait permettre de redéployer des ressources supplémentaires pour la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).  Le temps est venu pour l’ONU d’avoir une femme Secrétaire générale, 30 ans après le début des travaux sur la revitalisation de l’Assemblée générale, a-t-elle par ailleurs conclu. 

M. MARTHINUS CHRISTOFFEL JOHANNES VAN SCHALKWYK (Afrique du Sud) a mis l’accent sur l’importance de renforcer le Bureau de la présidence de l’Assemblée générale et de nommer davantage de femmes à la tête de l’organe le plus important et le plus représentatif de l’Organisation.  Le représentant a également appelé les commissions techniques de l’Assemblée générale à harmoniser davantage leurs travaux en tirant profit des meilleurs pratiques identifiées par ces instances, en termes notamment d’inclusivité et d’approche axée sur les résultats.  En outre, il a préconisé d’inverser la tendance croissante à avoir recours au vote.  « Nous devons résoudre de manière franche et par le dialogue les divergences entre États Membres. »  Il s’est par ailleurs dit convaincu que l’autorité de l’Assemblée doit être respectée dans le cadre du processus de nomination du Secrétaire général de l’ONU, dont le mandat devrait, selon lui, être « plus long, mais unique et non renouvelable », gage d’efficacité. 

M. AMAR BENDJAMA (Algérie), au nom des 120 États membres du Mouvement des pays non alignés, a souligné l’importance de continuer à s’appuyer sur les discussions et résolutions relatives à la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale pour en renforcer l’efficience, la légitimité et l’autorité.  Il a salué les progrès consentis depuis deux ans pour rendre ses travaux plus pertinents et aider les États Membres à surmonter leurs divergences vis-à-vis des quatre groupes thématiques du Groupe de travail spécial sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale.  Pour le Mouvement, l’évaluation exhaustive de l’état de mise en œuvre des résolutions de l’Assemblée, ainsi qu’un recensement clair des causes qui sous-tendent des manquements à cet égard, sont indispensables pour atteindre le plein potentiel de la revitalisation de cet organe et, partant, pour donner un nouveau souffle au multilatéralisme.  S’il a salué l’approche axée sur des actions concrètes de la résolution biennale, le représentant a insisté sur le fait que les méthodes de travail de l’Assemblée doivent continuer d’être rationnalisées et simplifiées.  « En premier lieu, nous répétons qu’il faut préserver le caractère prioritaire voire sacré du débat général. »  Enfin, il a indiqué que le processus de sélection et de désignation du Secrétaire général doit s’effectuer dans le cadre de négociations informelles guidées par les principes de transparence et d’ouverture.  À ce sujet, a-t-il ajouté, « l’Assemblée générale ne peut plus être la caisse enregistreuse de la décision du Conseil de sécurité ». 

M. ENKHBOLD VORSHILOV (Mongolie) a émis plusieurs suggestions en vue de favoriser le processus de revitalisation de l’Assemblée générale.  Il a notamment appelé à la nomination d’une femme au poste de Secrétaire général, déplorant également que seules quatre femmes aient été élues à la présidence de l’Assemblée générale jusqu’à présent. L’égalité femmes-hommes est un principe fondamental de l’Organisation, a-t-il rappelé, lançant un appel pour sa défense au plus haut niveau.  Le délégué a également souhaité voir une meilleure représentation des pays en développement dans les postes à responsabilité de l’ONU, particulièrement dans les postes de direction.  Enfin, il a souligné l’importance de tenir des sessions extraordinaires d’urgence de l’Assemblée quand le Conseil de sécurité n’est pas en mesure de s’acquitter de ses responsabilités.

M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a préconisé une simplification des programmes de l’Assemblée générale en vue d’éliminer les redondances et d’organiser des débats plus ciblés et davantage portés sur l’action.  Toutefois, il a estimé que la revitalisation ne relève pas que de l’amélioration des procédures, mais aussi de la politique.  À ce titre, il a dénoncé le « manque de volonté » de certains États Membres, qui est à l’origine de nombre de problèmes et entraîne la sous-utilisation de l’Assemblée, malgré ses vastes attributions. L’Assemblée générale est en mesure de formuler des appels contraignants à la communauté internationale en matière de paix et de sécurité, a-t-il rappelé, considérant que le Conseil de sécurité devrait se référer plus directement à l’Assemblée.  À cet égard, le représentant a salué la résolution qui prévoit de convoquer une réunion de l’Assemblée après le recours au veto au Conseil de sécurité.  Le Conseil s’approprie des thèmes qui concernent l’ensemble des États Membres, a-t-il déploré, citant la non-prolifération ou le terrorisme.  Or, ces sujets, a-t-il insisté, relèvent en premier lieu des prérogatives de l’Assemblée générale qui pourraient s’en trouver affaiblies.  Enfin, rappelant que l’Assemblée est autorisée à approuver le budget de l’ONU et de certaines agences spécialisées, le représentant a mis en garde contre les tentatives d’atténuer le rôle de sa Cinquième Commission. 

Mme EGRISELDA ARACELY GONZÁLEZ LÓPEZ (El Salvador) a rappelé que l’Assemblée générale est l’organe le plus représentatif de l’Organisation, où chaque État Membre a voix au chapitre sur un pied d’égalité.  C’est pourquoi le Groupe de travail spécial joue un rôle essentiel, a-t-elle poursuivi, partageant son espoir que le processus renforce le multilatéralisme dans l’enceinte.  Rappelant que la résolution 77/335 résulte de trois ans de débats, la déléguée a lancé un appel pour que ses mandats soient pleinement mis en œuvre. Il s’agit notamment de renforcer le rôle et l’autorité de l’Assemblée générale sur les questions de maintien de la paix et de la sécurité internationales, a-t-elle souligné, estimant que la complexité des crises actuelles requiert de meilleurs débats et des décisions multilatérales.  À ce titre, elle a salué la rédaction d’un manuel numérique comprenant des recommandations de mise en œuvre des fonctions et des pouvoirs de l’Assemblée, conformément à l’Article 4 de la Charte des Nations Unies.  Rappelant l’importance du débat général annuel à l’Assemblée –un espace unique qui réunit les dirigeants et dirigeantes du monde entier–, elle a appelé à une meilleure planification pour éviter les chevauchements des délibérations, déplorant que seuls 24 États Membres se soient engagés dans ce sens.  La déléguée a également exhorté les grandes commissions à faire de même, saluant celles qui ont déjà entamé le processus.  Enfin, elle a lancé un appel pour garantir la transparence et l’inclusivité dans les nominations du Secrétaire général et des cadres supérieurs de l’ONU.  Regrettant que ce dossier soit resté en souffrance, elle a plaidé pour une reprise du processus lors de la prochaine session. Dans ce cadre, elle a espéré la nomination d’une femme au poste de Secrétaire général. 

M. ANDY ARON (Indonésie) a souhaité que l’Assemblée générale soit à la hauteur de ses objectifs et réponde au défi d’aujourd’hui, rappelant les deux sessions extraordinaires sur des question liées à la paix et à la sécurité internationales qui ont dû se tenir récemment parce que le Conseil de sécurité avait été incapable de s’acquitter de ses fonctions premières. 

De tels cas exigent, selon lui, que l’Assemblée soit mieux équipée pour forger l’unanimité entre les États Membres.  C’est pourquoi il a recommandé de renforcer la capacité de l’Assemblée générale pour lui permettre d’exercer son rôle et son autorité de manière efficace et efficiente. À cette fin, le multilatéralisme reste, à ses yeux, la pierre angulaire pour le processus de réforme en cours, « avec la transparence et la responsabilité comme fondements de notre travail », y compris dans toutes les grandes commissions de l’Assemblée générale.

Mme AYA YOSHIDA (Japon) a réitéré l’importance du multilatéralisme qui joue un rôle crucial dans la réponse à la multitude de problèmes à relever aujourd’hui. 

L’Assemblée générale en tant qu’unique organe représentatif de tous les États Membres peut servir de plateforme pour rétablir la confiance dans les Nations Unies, a-t-elle estimé.  Il s’agit, selon elle, de renforcer les synergies et interaction entre l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité, le Conseil économique et social (ECOSOC) et les grandes commissions.  La représentante a salué tout particulièrement les accords atteints en vue de promouvoir plus avant la coordination et l’interaction entre les différents organes.  Constatant que, dans certaines circonstances, le Conseil de sécurité n’a pas été à même de répondre aux attentes, elle a exhorté à réformer de toute urgence non seulement le Conseil mais également les fonctions, rôle et pouvoirs de l’Assemblée, notamment s’agissant des questions liées à la paix et à la sécurité internationales.  C’est pourquoi elle s’est dite favorable à la mise en œuvre de la résolution 76/242 qui exige l’application du principe de responsabilité pour l’usage du veto. 

Poursuivant, la représentante a appelé à rationaliser le programme de travail de l’Assemblée générale et à harmoniser les ordres du jour des diverses commissions. S’agissant du processus de sélection du Secrétaire général de l’ONU, elle a demandé la divulgation des sources de financement liées à la candidature dans un souci d’améliorer la transparence.  Dans le même ordre d’idée, la représentante a recommandé de discuter de la révision du processus de sélection, notamment à travers des votes officiels, rappelant, pour finir, qu’aucune femme n’a été à la tête de l’ONU jusqu’à présent.

M. ANDRÉS FERNANDO FIALLO KAROLYS (Équateur) s’est dit convaincu que la meilleure façon de refléter le rôle, l’autorité, l’efficacité et l’efficience de l’Assemblée générale passe par l’application des recommandations qui en émanent.  Par conséquent, l’ensemble des organes, y compris le Conseil de sécurité, doivent s’en tenir aux dispositions de cette Assemblée, qu’elles proviennent des recommandations d’une grande commission ou de cette plénière, et encore plus si elles proviennent de sessions extraordinaires d’urgence, a-t-il soutenu. Il ne s’agit pas seulement d’optimiser les capacités, mais aussi d’un effort politique de priorisation, a fait valoir le représentant.  C’est donc fidèle à cette approche, que son pays et le Portugal ont récemment coorganisé, avec l’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR), un atelier sur les relations entre le Conseil et l’Assemblée.  Le représentant a assuré vouloir poursuivre ce type d’initiatives, annonçant la tenue d’un autre atelier en mai prochain, afin d’élargir le débat.

M. ANTONIO MANUEL REVILLA LAGDAMEO (Philippines) a souhaité plus d’amélioration en ce qui concerne l’efficacité, la transparence et le caractère inclusif de l’Assemblée générale en tant que principal organe délibérant, décisionnaire, et comme organe le plus représentatif.  L’Assemblée générale est le seul organe du système des Nations Unies doté d’un mandat universel, a-t-il insisté.  C’est pourquoi elle doit être à la pointe s’agissant des questions mondiales, a-t-il soutenu. Le représentant s’est dit d’accord avec les propositions allant dans le sens de la « biennalisation et triennalisation » du travail de l’Assemblée, à travers le regroupement ou l’élimination de points à l’ordre du jour.  D’ailleurs, s’est-il enorgueilli, son pays, en partenariat avec le Pakistan, a contribué à ce processus en rendant biannuelle, pour la première fois en 17 ans, leur résolution annuelle sur la promotion du dialogue interreligieux et interculturel, inscrite dans le cadre du Nouvel Agenda pour la paix.

Mme THOA THI MINH LE (Viet Nam) s’est dit encouragée par les progrès en matière de revitalisation des travaux de l’Assemblée générale, même s’il est important de maintenir la dynamique dans cette direction.  Rappelant le rôle de l’Assemblée générale sur les questions de paix et de sécurité, elle a souligné que le Conseil de sécurité n’est pas le seul à avoir un mandat à cet égard.  Il est important de pouvoir discuter de ces questions au sein de l’Assemblée lorsque le Conseil n’est pas en mesure de trouver des solutions, a insisté la déléguée.  Il faut continuer à renforcer tous les organes de l’ONU et maintenir la coopération et l’équilibre entre eux.  Il en va de même pour la sélection et la désignation du Secrétariat général, où les principes adoptés en la matière devraient continuer de s’appliquer, a ajouté la déléguée. En outre, elle a prôné davantage de transparence et de crédibilité à travers un appel à candidature au poste de Président de l’Assemblée générale, avec des discussions axées sur les résultats, faisant part d’objectifs clairs.  Qui plus est, les discussions à venir dans la préparation du Sommet de l’avenir et dans le cadre d’autres processus devraient promouvoir le développement durable dans la limite des ressources disponibles et en évitant les doublons.  L’Assemblée générale, qui joue un rôle crucial pour le respect du droit international, devrait tout faire pour devenir plus efficace, a conclu la déléguée, espérant que les travaux du Groupe de travail spécial aboutissent à des résultats. 

M. OSAMA MAHMOUD ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte), évoquant les événements au Moyen-Orient, a estimé que l’Assemblée générale a été « à la hauteur » en adoptant une résolution à une majorité « écrasante » pour demander une trêve humanitaire.  Il s’est dit consterné de voir qu’Israël « n’entend pas cette résolution et méprise le droit international ».  Concernant les méthodes de travail, le représentant a jugé important que les délégations et les commissions ouvrent le débat sur cette question.  Il faut le faire avec prudence car les décisions de ces commissions peuvent avoir une vaste portée, a-t-il averti.  Quant aux travaux de l’Assemblée générale, il est impératif de les simplifier en fusionnant les résolutions si nécessaire, et en demandant que les interventions soient plus concises.  C’est très important pour les petites et moyennes délégations qui ont du mal à faire face à cette surcharge de travail, a soutenu le représentant.  S’agissant de la nomination du Secrétaire général, il a estimé que la priorité doit être donnée aux candidats issus des pays en développement.  Enfin, il faudrait envisager la possibilité d’organiser un débat interactif avec les candidats à la Cour internationale de Justice (CIJ), afin de discuter des expériences des juges. 

Le représentant de Cuba a estimé qu’il faut conserver l’esprit des règles de l’Assemblée générale, y compris son règlement intérieur.  Le processus de mise en œuvre des mandats de la résolution 77/335 doit respecter les droits et les intérêts souverains des États Membres.  Il a réaffirmé l’importance de respecter les espaces de négociation laissés à chaque commission.  Le représentant a mis en garde contre l’utilisation du processus de revitalisation pour adopter des points de vue pouvant entraîner des divisions.  Par ailleurs, il a estimé qu’il convient d’examiner la question des grandes commissions en temps voulu.  Il a souligné la nécessité d’assurer un équilibre entre les organes principaux de l’ONU.  Le représentant a ensuite rappelé la nécessité de l’interaction entre le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale, conformément à leurs mandats respectifs. À cet égard, « l’empiétement du Conseil sur les prérogatives de l’Assemblée doit cesser », a-t-il scandé.  La Conseil doit en outre continuer de présenter son rapport annuel à l’Assemblée, qui doit être analytique et exhaustif.  Garantir la pérennité de la confiance en l’ONU auprès de la communauté internationale, dépendra de la capacité de cette Assemblée à répondre à la vaste majorité de ses membres, a-t-il conclu. 

M. SURIYA CHINDAWONGSE (Thaïlande) a estimé que la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale n’a jamais été aussi urgente.  Le Conseil de sécurité est « dans l’impasse » sur des questions qui touchent à la paix et à la sécurité internationales; les questions mondiales d’intérêt commun se chevauchent de plus en plus, que ce soient les pandémies, la pauvreté ou le changement climatique.  « Les délégations de petite taille sont confrontées au défi de pouvoir participer à ces processus », a déploré le délégué. Dans ce contexte, une Assemblée générale revitalisée est vitale pour un multilatéralisme renforcé, a-t-il estimé. Il s’est dit favorable à l’application de la résolution 77/335 sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale. 

La prolifération d’événements obligatoires et non obligatoires a invariablement réduit la portée de leur impact, a-t-il regretté.  De plus, les problèmes de calendrier ont causé des difficultés aux délégations de petite taille.  Par ailleurs, il est impératif de rationaliser le programme pendant la semaine de haut niveau, peut-être en limitant les événements de haut niveau à un seul par jour, a-t-il suggéré.  Le délégué s’est toutefois réjoui de l’amélioration de la coordination entre l’Assemblée générale et le Conseil économique et social (ECOSOC).  S’agissant de l’amélioration des méthodes de travail de l’Assemblée, il a plaidé pour la transparence, que ce soit en plénière ou au sein des grandes commissions.  « Savoir qui a proposé quoi est aussi important que de savoir qui paie quoi », a-t- il déclaré.  Il s’est dit favorable à un recours accru aux réunions et discussions informelles.  Par ailleurs, le délégué a tenu à souligner les effets négatifs « lorsque des informations inappropriées, sous forme d’images, sont partagées et que le monde entier en prend connaissance ».  Il est temps que l’ensemble des membres réfléchissent à cette question, à travers notamment le processus de revitalisation, a-t-il affirmé.  Selon lui, il serait possible d’envisager un « code de conduite » pour les réunions de la plénière et des commissions, en vertu duquel la caméra axée sur un orateur intervenant en direct pourrait être temporairement détournée, en cas de tentative de diffusion de photographies ou d’images vidéo inappropriées. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale élit cinq juges à la Cour internationale de Justice

Soixante-dix-huitième session,
31e séance plénière – matin
AG/12559

L’Assemblée générale élit cinq juges à la Cour internationale de Justice

L’Assemblée générale a élu, ce matin, cinq juges à la Cour internationale de Justice (CIJ), pour un mandat de neuf ans qui prendra effet le 6 février 2024. Dès le premier tour de scrutin, elle a choisi parmi neuf candidats présentés par les groupes nationaux.

L’Assemblée générale, qui procède à ces élections simultanément et indépendamment du Conseil de sécurité, est parvenue aux mêmes résultats que ce dernier qui, de son côté, a dû procéder à cinq tours de scrutin pour élire les mêmes juges. 

Avec 192 votants et une majorité absolue requise de 97 voix, l’Assemblée générale a reconduit dans ses fonctions Mme Hilary Charlesworth, de l’Australie, avec 117 voix.  Elle sera rejointe par M. Juan Manuel Gómez Robledo Verduzco, du Mexique, Mme Sarah Hull Cleveland, des États-Unis, M. Bogdan Lucian Aurescu, de la Roumanie, et M. Dire Tladi, de l’Afrique du Sud, qui ont obtenu respectivement 143, 135, 117 et 113 voix.

M. Chaloka Beyani, de la Zambie, n’a récolté que 80 voix; M. Ahmed Amin Fathalla, d’Égypte, 80 voix lui aussi; M. Kirill Gevorgian, de la Fédération de Russie, 77 voix; et M. Antoine Kesia-Mbe Mindua, de la République démocratique du Congo, 65 voix.

La CIJ est le seul des six principaux organes des Nations Unies à ne pas siéger à New York.  Ses 15 juges élus travaillent au Palais de la Paix à La Haye, aux Pays-Bas.  Ils sont rééligibles et la composition de la Cour est renouvelée par tiers tous les trois ans. 

Instituée en juin 1945 par la Charte des Nations Unies, la CIJ a une double compétence contentieuse et consultative.  Elle règle les différends de nature juridique qui lui sont soumis par les États et donne des avis consultatifs sur les questions juridiques que peuvent lui poser les organes et les institutions spécialisées de l’ONU autorisés à le faire. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Deuxième Commission adopte trois projets de résolution, dont deux concernant Israël à l’issue d’un vote

Soixante-dix-huitième session,
21e séance plénière – matin
AG/EF/3594

La Deuxième Commission adopte trois projets de résolution, dont deux concernant Israël à l’issue d’un vote

Se réunissant pour la première fois depuis la fin de ses débats de fond, la Deuxième Commission, chargée des questions économiques et financières, a adopté, ce matin, ses trois premiers projets de résolution, dont deux concernant Israël qui ont suscité le plus de commentaires.  Après avoir remercié les délégations pour leur engagement constructif au cours des dernières semaines, le Président de la Commission, M. Carlos Amorín, a laissé la déléguée de Cuba, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, présenter 32 projets de résolution.

Le projet de résolution sur la situation dans la région de Semipalatinsk (Kazakhstan), affectée par les retombées d’essais nucléaires de l’ère soviétique, a été adopté par consensus.  Ce texte, qui revient pour la onzième année, donne des directives face aux conséquences sanitaires, économiques et écologiques qui subsistent dans la région depuis la fermeture du polygone d’essais nucléaires de Semipalatinsk en 1991.

La Commission a également adopté le projet de résolution intitulé « Marée noire sur les côtes libanaises », par 158 voix pour, 7 voix contre et 6 abstentions.  Voté pour la dix-huitième année consécutive, ce texte se préoccupe des conséquences néfastes de la catastrophe écologique provoquée par l’armée de l’air israélienne en 2006, qui ont entravé la réalisation du développement durable au Liban. Il appelle Israël à dédommager convenablement le Gouvernement libanais, ainsi que les autres pays directement touchés.

Le Liban s’est réjoui que la majorité des États Membres ait à nouveau voté pour le projet, insistant pour qu’il ne reste pas lettre morte.  Le délégué a par ailleurs dénoncé des agressions récentes d’Israël dans le sud du Liban au moyen de substances interdites comme le phosphore blanc. De son côté, Israël a jugé ce projet de résolution inutile et biaisé, en ce qu’il ne mentionne pas que l’incident trouve son origine dans une attaque du Hezbollah contre Israël.

Enfin, la Deuxième Commission a adopté, par 151 voix pour, 6 voix contre et 11 abstentions, un projet de résolution relatif à la souveraineté permanente du peuple palestinien dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et de la population arabe dans le Golan syrien occupé sur leurs ressources naturelles.  Ce texte exige d’Israël, Puissance occupante, qu’il cesse d’exploiter, d’altérer, de détruire, d’épuiser et de mettre en péril les ressources naturelles de ces territoires (y compris les réserves de pétrole et de gaz naturel découvertes au large de Gaza).  Il reconnaît aussi le droit du peuple palestinien à obtenir réparation et demande à Israël de mettre fin à toute intervention, y compris celle de colons israéliens, portant atteinte à l’environnement.

Les États-Unis et Israël ont dénoncé ce texte, somme « d’éléments de rhétorique pure qui visent à nous diviser au moment où l’on devrait se rassembler » selon les premiers; résolution partisane qui ne « fait qu’encourager les terroristes » pour le second.  Le délégué israélien s’est ému du fait qu’Israël soit montré du doigt aujourd’hui par la Deuxième Commission de manière injuste.  Il a accusé le Hamas de détourner les ressources dont il dispose (métal, béton, carburant) afin d’alimenter sa machine de guerre plutôt que de développer son territoire.

Le Royaume-Uni et l’Allemagne, qui ont voté en faveur de ce texte, ont tenu à préciser que cela ne changeait rien à leur solidarité vis-à-vis d’Israël après les attentats perpétrés par le Hamas, le 7 octobre.

Après avoir décrit la situation catastrophique à Gaza, l’État de Palestine a exprimé son incrédulité face à l’évocation par certains du droit à la légitime défense d’Israël, alors que ce dernier « ne cherche qu’à se venger et à anéantir le peuple palestinien ».  La République arabe syrienne a, pour sa part, déploré qu’Israël viole le droit international et n’applique les lois que lorsque cela lui convient, tandis que la République islamique d’Iran a regretté que la communauté internationale n’ait pas de réponse plus ferme et rapide à proposer.  Eux aussi préoccupés par cette situation, le Pakistan et la Türkiye ont demandé un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel.

En début de séance, les États-Unis ont fait une déclaration de portée générale.  Ils ont réitéré leur engagement envers les objectifs de développement durable (ODD), mais ont tenu à préciser leur position sur plusieurs questions, notamment les banques multilatérales de développement, l’aide publique au développement (APD), la réforme des institutions financières internationales, les droits de tirage spéciaux, les échanges commerciaux et les flux financiers illicites.  Ils ont en outre affirmé que le droit au développement, qui n’est reconnu dans aucune convention des droits humains de l’ONU, protège uniquement les États, et non les personnes.

La Deuxième Commission se réunira mardi 14 novembre, à 10 heures, afin de poursuivre l’examen de ses projets de résolution.

PRÉSENTATION DE PROJETS DE RÉSOLUTION 

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, la représentante de Cuba a présenté 31 projets de résolution:

- Les technologies de l’information et des communications au service du développement durable (A/C.2/78/L.11);

- Questions de politique macroéconomique:

  • Commerce international et développement (A/C.2/78/L.5, A/C.2/78/L.6);
  • Système financier international et développement (A/C.2/78/L.7);
  • Soutenabilité de la dette extérieure et développement (A/C.2/78/L.8);
  • Produits de base (A/C.2/78/L.9);
  • Amélioration de l’accès aux services financiers pour le développement durable (A/C.2/78/L.15);
  • Promotion de la coopération internationale dans les domaines de la lutte contre les flux financiers illicites et du renforcement des bonnes pratiques en matière de recouvrement des avoirs pour favoriser le développement durable (A/C.2/78/L.16);
  • Promouvoir l’investissement en faveur du développement durable (A/C.2/78/L.17);

- Suivi et mise en œuvre des textes issus des Conférences internationales sur le financement du développement (A/C.2/78/L.10);

- Développement durable (A/C.2/78/L.19/Rev.1, A/C.2/78/L.21):

  • Parvenir au développement durable: réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030, notamment grâce à l’adoption de modes de consommation et de production durables, en faisant fond sur Action 21 (A/C.2/78/L.22);
  • Suivi et application des Modalités d’action accélérées des petits États insulaires en développement (Orientations de Samoa) et de la Stratégie de Maurice pour la poursuite de la mise en œuvre du Programme d’action pour le développement durable des petits États insulaires en développement (A/C.2/78/L.23);
  • Réduction des risques de catastrophe (A/C.2/78/L.33);
  • Sauvegarde du climat mondial pour les générations présentes et futures (A/C.2/78/L.35);
  • Application de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification dans les pays gravement touchés par la sécheresse et/ou la désertification, en particulier en Afrique (A/C.2/78/L.36);
  • Convention sur la diversité biologique (A/C.2/78/L.37);
  • L’éducation au service du développement durable (A/C.2/78/L.41);
  • Garantir l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes, à un coût abordable (A/C.2/78/L.42);
  • Lutte contre les tempêtes de sable et de poussière (A/C.2/78/L.43);

- Mondialisation et interdépendance:

- Science, technologie et innovation au service du développement durable (A/C.2/78/L.12);

- Culture et développement durable (A/C.2/78/L.13);

- Coopération pour le développement des pays à revenu intermédiaire (A/C.2/78/L.14);

- Groupes de pays en situation particulière:

  • Suivi de la Cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (A/C.2/78/L.2);
  • Suivi de la Deuxième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral (A/C.2/78/L.3);

- Élimination de la pauvreté et autres questions liées au développement:

- Activités relatives à la troisième Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté (2018-2027) (A/C.2/78/L.29);

- Éliminer la pauvreté en milieu rural en vue de réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030 (A/C.2/78/L.30);

- Activités opérationnelles de développement :

  • Activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies (A/C.2/78/L.38) ;
  • Coopération Sud-Sud pour le développement (A/C.2/78/L.39) ;

- Développement agricole, sécurité alimentaire et nutrition (A/C.2/78/L.31).

Déclaration

Le représentant des États-Unis a réitéré l’engagement de son pays envers les objectifs de développement durable avant de préciser la position des États-Unis sur plusieurs questions.  Les États-Unis sont favorables à des résolutions qui reflètent le consensus, a-t-il d’abord déclaré, en assurant respecter les normes communément convenues qui défendent l’intégrité et l’efficacité de l’ONU.  En revanche, les États-Unis ne soutiennent pas les références aux déclarations des conférences, telles que la déclaration de Kunming, ni l’inclusion de l’idéologie ou de la rhétorique des États Membres en matière de politique étrangère dans les textes reflétant des perspectives mondiales.

S’agissant du Programme de développement durable à l’horizon 2030, le délégué a précisé qu’il n’est pas contraignant juridiquement, qu’il ne crée pas de nouvelles obligations en droit international, ni nouveaux engagements.  Il a aussi parlé des banques multilatérales de développement en rappelant qu’elles ont leur propres gouvernances, structures et mandats, et que leurs processus de prises de décision doivent soutenir les objectifs de leurs membres.

Passant à l’aide publique au développement (APD), le représentant a rappelé que les États-Unis en sont le plus gros donateur, mais qu’ils ne sont pas engagés à atteindre l’objectif de l’ONU d’y consacrer 0,7% du RNB.  Il a ensuite assuré soutenir la coopération Sud-Sud et a défendu les flux financiers apportés par les banques multilatérales de développement aux pays dans le besoin.

Concernant le plan de relance des ODD, il a dit apprécier l’intention avant d’expliquer le désaccord de son pays avec plusieurs propositions, sachant que plusieurs des mesures recommandées sont déjà traitées ailleurs qu’à l’ONU.  Pour ce qui est des droits de tirage spéciaux (DTS), le délégué a souligné que les promesses de dons avaient atteint le total des ambitions mondiales: 100 milliards de dollars de contributions volontaires de DTS pour les pays qui en ont le plus besoin.  Il a ensuite assuré que son pays voulait continuer de soutenir les réformes des institutions financières internationales, en vue de débloquer une capacité financière supplémentaire significative.

Le délégué a encore parlé des échanges commerciaux, qu’il faut renforcer de manière juste, et des tensions géopolitiques, son pays restant engagé pour éviter qu’elles ne fassent dérailler les ODD.  Il a également regretté que certains textes proposés ne contiennent pas de réengagement envers l’égalité de genre.  Concernant les flux financiers illicites, il a réitéré qu’il n’y a pas d’accord sur une définition internationale.

Sur le sujet des sanctions, il a fait valoir la légitimité de cet outil pour assurer la sécurité nationale et atteindre des objectifs de politique étrangère.  Le délégué a encore parlé des ressources consacrées par son pays pour la réduction des risques de catastrophe et pour contrer les effets des changements climatiques.  Enfin, il a affirmé que le droit au développement, qui n’est reconnu dans aucune convention des droits humaines de l’ONU ni un droit universel des individus, protège uniquement les États, et non les personnes.

DÉCISION SUR LES PROJETS DE RÉSOLUTION

Développement durable

Le projet de résolution intitulé « Coopération et coordination internationales en vue du rétablissement de la santé de la population, de la régénération de l’environnement et du développement économique de la région de Semipalatinsk au Kazakhstan » (A/C.2/78/L.19/Rev.1) a été présenté par le Kazakhstan et adopté par consensus.  Aux termes de ce texte, l’Assemblée générale constaterait que le polygone d’essais nucléaires de Semipalatinsk, hérité par le Kazakhstan et fermé en 1991, demeure un motif de vive préoccupation du fait des conséquences à long terme de son activité sur la vie et la santé de la population ainsi que sur l’environnement de la région.  Elle inviterait instamment la communauté internationale à aider le Kazakhstan à concevoir et exécuter des programmes et projets spéciaux de traitement et de soins à l’intention de la population touchée, ainsi qu’à appuyer l’action qu’il mène en faveur de la croissance économique et du développement durable de la région.

Par le projet de résolution intitulé « Marée noire sur les côtes libanaises » (A/C.2/78/L.21), adopté par 158 voix pour, 7 voix contre (Australie, Canada, États fédérés de Micronésie, États-Unis, Israël, Nauru et Palaos) et 6 abstentions (Cameroun, Guatemala, Kiribati, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Soudan du Sud et Tonga), l’Assemblée générale exprimerait, pour la dix-huitième année consécutive, sa profonde préoccupation quant aux conséquences néfastes sur le développement durable du Liban de la destruction le 15 juillet 2006 par l’armée de l’air israélienne de réservoirs de carburant près de la centrale électrique de Jiyeh.  Elle considérerait que la marée noire a gravement pollué les côtes libanaises et partiellement syriennes, affectant ainsi les moyens de subsistance, l’économie, la diversité biologique, la pêche, le tourisme et la santé au Liban.

L’Assemblée générale prendrait également acte des conclusions du Secrétaire général indiquant que les dommages subis par le Liban s’élevaient à 856,4 millions de dollars en 2014, et demanderait une nouvelle évaluation des dommages environnementaux dans les pays voisins, en s’appuyant sur les travaux initiaux de la Banque mondiale. Enfin, en adoptant ce texte, l’Assemblée demanderait de nouveau au Gouvernement israélien de dédommager rapidement et convenablement le Gouvernement libanais ainsi que les autres pays affectés, tels que la Syrie, pour les dégâts écologiques et la pollution côtière résultant de la destruction des réservoirs.

Explications de vote après le vote

Le Liban a relevé que la Deuxième Commission avait une nouvelle fois voté à une écrasante majorité en faveur de ce texte, qu’Israël refuse de mettre en œuvre. Israël ignore l’ONU et le droit international, a regretté le représentant, ajoutant que personne n’est au-dessus de la loi et qu’il convient d’assurer que les résolutions adoptées à l’ONU ne deviennent pas lettre morte.  Le représentant a ensuite dénoncé des agressions au moyen de substances interdites comme le phosphore blanc dans le sud du Liban, estimant qu’il s’agit d’un crime écologique qui peut être considéré comme un crime de guerre.

Israël a expliqué avoir demandé un vote sur ce projet de résolution, car il « ne sert à rien ».  De l’avis d’Israël, ce texte fait perdre du temps et des ressources aux États Membres, et n’est qu’un exercice de distraction, comme les 17 textes précédents, car il ne mentionne pas que cet incident trouve son origine dans une attaque du Hezbollah contre Israël.  L’absence de contexte induit en erreur, a insisté le représentant.

Les États-Unis ont préféré saluer les décisions difficiles d’Israël et du Liban de parvenir à un accord sur les frontières maritimes, plutôt que de se concentrer une nouvelle fois sur cette « résolution injuste » contre Israël. Les États-Unis continueront de s’opposer à tous les efforts visant à délégitimer Israël, a assuré le représentant.

Droit de réponse

La République islamique d’Iran, exerçant son droit de réponse par rapport à la déclaration d’Israël, a jugé que ce dernier cherchait par sa déclaration à détourner l’attention de ses politiques illicites, en se présentant comme victime et en lançant des accusations sans fondement contre d’autres pays, dont le sien.

Souveraineté permanente du peuple palestinien dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et de la population arabe dans le Golan syrien occupé sur leurs ressources naturelles

Le projet de résolution intitulé « Souveraineté permanente du peuple palestinien dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et de la population arabe dans le Golan syrien occupé sur leurs ressources naturelles » (A/C.2/78/L.44), présenté par Cuba au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a été adopté par 151 voix pour, 6 voix contre (Canada, États fédérés de Micronésie, États-Unis, Israël, Nauru et Palaos) et 11 abstentions.  Aux termes de ce texte, l’Assemblée générale réaffirmerait les droits inaliénables du peuple palestinien et de la population du Golan syrien occupé sur leurs ressources naturelles, notamment leurs terres et les ressources en eau et en énergie.  Elle exigerait d’Israël, Puissance occupante, qu’il cesse d’exploiter, d’altérer, de détruire, d’épuiser et de mettre en péril ces ressources naturelles.  Elle reconnaîtrait le droit du peuple palestinien de demander réparation et demanderait à Israël de mettre fin à toute intervention, y compris celle des colons israéliens, portant atteinte à l’environnement.

En adoptant ce texte, l’Assemblée demanderait également de mettre un terme à la destruction d’équipements essentiels (réseaux d’adduction d’eau, d’assainissement et d’alimentation en électricité), ainsi qu’à la démolition et à la confiscation de logements, d’infrastructures civiles, de terres agricoles et de puits palestiniens. L’Assemblée générale demanderait enfin à Israël de lever tous les obstacles à l’exécution des projets environnementaux essentiels, et de ne pas entraver le développement de la Palestine ainsi que les exportations des réserves de pétrole et de gaz naturel qui y ont été découvertes.

Explications de vote après le vote

Le Royaume-Uni a précisé que son vote en faveur du projet de résolution ne réduit en rien sa solidarité avec Israël à la suite de l’horrible attaque du Hamas le 7 octobre.  Le représentant a toutefois appelé Israël à se conformer au droit humanitaire international et à tout faire pour préserver les civils.  Appuyant l’autorité palestinienne comme représentant légitime, le Royaume-Uni a réitéré que les colonisations israéliennes en Cisjordanie sont illégales, et contraires aux objectifs de paix et de sécurité.

L’Union européenne a réitéré son soutien au projet de résolution, mais a voulu souligner que l’utilisation du terme « Palestine » dans le libellé ne peut être interprétée comme la reconnaissance d’un État de Palestine et ne préjuge pas des positions individuelles des États Membres sur cette question et, partant, sur la question de la validité d’une adhésion aux conventions et traités qui y sont mentionnés.

Les États-Unis, rappelant que les Israéliens et les Palestiniens méritent de vivre en sûreté et en sécurité, se sont déclarés déçus que la Deuxième Commission ait choisi d’examiner ce projet de résolution déséquilibré contre Israël. Il s’agit, selon eux, d’éléments de rhétorique pure qui visent à nous diviser à un moment où l’on devrait se rassembler.

Déclarations générales après le vote

La déléguée de l’État de Palestine a d’abord décrit la situation catastrophique à Gaza, citant les propos de l’UNICEF: « Gaza est devenue un cimetière pour des milliers d’enfants.  C’est un enfer vivant pour tous les autres » et de l’UNWRA qui constate que tous les services de base s’effondrent dans le territoire assiégé.  Elle a ensuite exprimé son incrédulité face à l’évocation par certains du droit à la légitime défense d’Israël, alors que celui-ci ne cherche qu’à se venger et à anéantir le peuple palestinien.  Déplorant que le monde assiste au meurtre de plus de 10 500 Palestiniens, principalement des enfants, des femmes et des personnes âgées, elle a souligné que ces chiffres ne sont pas de simples chiffres, mais des rêves, des espoirs et des aspirations brisés.  Enfin, elle a remercié les pays qui se sont fermement opposés à ces crimes, affirmant que seules des mesures véritables et concrètes peuvent changer la situation catastrophique actuelle et redonner espoir en un avenir de justice et de paix.

La République arabe syrienne a remercié toutes les délégations qui ont voté en faveur de ce texte, qui réitère les droits inaliénables du peuple palestinien sur ses ressources naturelles.  Le délégué a déploré qu’Israël viole le droit international, et force actuellement de vrais propriétaires à abandonner leurs terres au nom de changements démocratiques. Israël n’applique les lois que lorsque cela lui convient et la Puissance occupante continue de priver la population du Golan syrien occupé d’accès à ses terres et à l’eau, entre autres, a continué le représentant.  Ces terres sont arabes et doivent être rendues à leurs propriétaires légitimes, a-t-il exigé.

Pour le Pakistan, le projet de résolution est une marque de solidarité avec le peuple palestinien et celui du Golan occupé.  Ce texte est un rappel des conséquences des politiques et pratiques d’Israël dans le Territoire palestinien occupé et le Golan syrien occupé. Par ailleurs, a continué le représentant, le Pakistan est très préoccupé par la situation humanitaire dans la bande de Gaza depuis les actions israéliennes, qui représentent des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.  Le représentant a demandé un cessez-le-feu immédiat et un accès humanitaire sans entrave.

L’Allemagne a dit comprendre l’intention du projet de résolution, qui traite une question polémique dans un contexte compliqué, et n’aborde pas la situation actuelle.  En ce qui concerne celle-ci, l’Allemagne a cependant réitéré sa solidarité avec Israël, affirmant son droit à la légitime défense et condamnant vivement les actes terroristes du Hamas.

Israël a jugé cette résolution trop partisane et ignorant des faits gênants. Estimant que la Deuxième Commission montre du doigt son pays de manière injuste, avec les deux projets de résolutions votés aujourd’hui, le délégué a énuméré les détournements par le Hamas des ressources dont il dispose (métal, béton, carburant) afin d’alimenter sa machine de guerre plutôt que le développement de son territoire.  De telles résolutions ne font qu’encourager les terroristes, a-t-il tranché.

La Türkiye s’est dite très préoccupée par le carnage dans la bande de Gaza et par la menace d’une escalade du conflit.  La déléguée a demandé un cessez-le-feu inconditionnel, rappelant que les attaques contre les infrastructures civiles sont inacceptables et que rien ne peut justifier de priver la population d’eau et de nourriture.

La République islamique d’Iran a condamné l’invasion terrestre de Gaza par Israël, qui est une menace pour la paix et la sécurité régionales.  Le représentant a regretté que la communauté internationale n’ait pas de réponse plus ferme et qu’elle n’ait pas réussi à réagir rapidement, ce qui entraîne une catastrophe humanitaire.  L’Iran condamne l’occupation prolongée des territoires de la République arabe syrienne, a-t-il déclaré.  Le représentant a appelé la communauté internationale à assumer ses responsabilités et à forcer le régime israélien à renoncer à ses actions et à mettre un terme aux atrocités, au nom du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire.

Droits de réponse

Exerçant son droit de réponse, l’État de Palestine a accusé Israël de déformer la réalité pour justifier son occupation coloniale et ses crimes.  Il a accusé les colons et officiels israéliens de propager la haine contre les Palestiniens, citant comme exemples certains discours génocidaires de ministres israéliens menaçant de larguer une bombe nucléaire sur Gaza.  Il a fustigé la politique d’apartheid israélienne et les plans de déplacement forcé des Palestiniens, insistant sur la nécessité d’agir contre l’impunité de la Puissance occupante et de lui faire respecter les résolutions de l’ONU.  Enfin, il a rejeté l’idée que la défense d’Israël soit légitime et a appelé la communauté internationale à agir de toute urgence pour mettre fin à l’occupation, au blocus de Gaza, et aux injustices contre les Palestiniens.

Israël a répondu aux commentaires sur la situation à Gaza, attribuant les souffrances dans la région aux actions menées par le Hamas depuis le 7 octobre.  Le représentant a dénoncé les crimes de guerre de ce « groupe terroriste menaçant tous les Juifs dans le monde », tels que l’utilisation de civils comme boucliers humains et le lancement de roquettes depuis des zones densément peuplées.  Il a souligné que les forces israéliennes tentent de minimiser les pertes civiles en facilitant les couloirs humanitaires.  Répondant à l’Iran, le délégué israélien a fustigé le régime pour ses violations des droits humains.  Il a aussi rejeté les critiques syriennes, rappelant l’utilisation d’armes chimiques par le « régime syrien » contre sa propre population.  Enfin, il a accusé le Pakistan d’envisager d’expulser 1,5 million de réfugiés afghans de son territoire, et d’utiliser la situation à Gaza pour détourner l’attention.

La République arabe syrienne a jugé honteux d’entendre le représentant de l’entité occupante parler de droit international humanitaire et de crimes de guerre en sachant ce qui se passe à Gaza actuellement.  Les tensions géopolitiques ne brûlent pas les écoles, ne bombardent pas les hôpitaux et ne privent pas la population de nourriture, a assené le délégué.

La République islamique d’Iran a voulu répondre au représentant du « régime israélien » qui essaie encore une fois de détourner l’attention, en se permettant d’accuser d’autres pays de façon cynique.  Israël a une politique haineuse de l’Iran, a déploré le représentant, alors que le pays fait tout pour assurer la stabilité au Moyen-Orient.  Il a dénoncé une pratique classique de victimisation de la part d’Israël, avec l’objectif clair de cacher ses pratiques de déstabilisation.

En réponse aux déclarations « regrettables » d’Israël, le Pakistan a rappelé que le plan de rapatriement de ses ressortissants relève de sa souveraineté, de même que l’expulsion d’étrangers.  Le Pakistan accueille un grand nombre de réfugiés et n’a pas besoin d’approbation, a-t-il justifié.  Les forces occupantes israéliennes sont devenues une machine à tuer, a fustigé le représentant, jugeant très regrettable qu’Israël évoque un sujet qui n’a rien à voir avec le point à l’ordre du jour.

Prenant une dernière fois la parole, Israël a affirmé qu’il utilisera chaque occasion qui se présente pour répondre aux idées haineuses et mensongères du « régime d’Assad », du « régime des Ayatollahs » et du Pakistan.  « Nous continuerons de nous concentrer sur notre propre peuple », a-t-il conclu.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité élit, avec l’Assemblée générale, cinq juges de la Cour internationale de Justice

9471e séance
CS/15485

Le Conseil de sécurité élit, avec l’Assemblée générale, cinq juges de la Cour internationale de Justice

Il a fallu cinq tours de scrutin secret ce matin pour départager, au Conseil de sécurité, les neufs candidats briguant un des cinq mandats de juge à la Cour internationale de Justice (CIJ) qui arrivent à échéance le 5 février 2024. 

Les élections ont eu lieu simultanément à l’Assemblée générale et au Conseil de sécurité. Seuls les candidats ayant obtenu une majorité absolue, tant à l’Assemblée générale (97 voix) qu’au Conseil de sécurité (8 voix) remportent le scrutin. 

Plus de cinq candidats ayant obtenu la majorité absolue à plusieurs reprises au Conseil de sécurité, ce n’est qu’à l’issue du cinquième tour au sein de cet organe que M. Bogdan Lucian Aurescu, de la Roumanie, (9 voix); Mme Hilary Charlesworth, de l’Australie (9 voix); Mme Sarah Hull Cleveland, des États-Unis (12 voix); M. Juan Manuel Gómez Robledo Verduzco, du Mexique (13 voix); et M. Dire Tladi, de l’Afrique du Sud (10 voix), ont été élus juges de la CIJ pour un mandat prenant effet le 6 février 2024. 

Mme Charlesworth était candidate à sa réélection, de même que M. Kirill Gevorgian, de la Fédération de Russie, qui, n’ayant obtenu que 5 voix, quittera ses fonctions le 5 février 2024.

Quant aux autres candidats, M. Chaloka Beyani (Zambie) a obtenu une voix; M. Ahmed Amin Fathalla (Égypte), 7 voix; et M. Antoine Kesia-Mbe Mindua (République démocratique du Congo), 2 voix.

Les juges élus aujourd’hui remplaceront à partir du 6 février 2024 leurs homologues M. Mohamed Bennouna (Maroc); Mme Joan E. Donoghue (États-Unis); M. Kirill Gevorgian (Fédération de Russie); et M. Patrick Lipton Robinson (Jamaïque). 

Les 10 autres juges de la Cour, dont les mandats arriveront à échéance en 2027 ou en 2030 sont: M. Peter Tomka (Slovaquie); M. Ronny Abraham (France); M. Abdulqawi Ahmed Yusuf (Somalie); Mme Xue Hanqin (Chine); Mme Julia Sebutinde (Ouganda); M. Dalveer Bhandari (Inde); M. Nawaf Salam (Liban), M. Iwasawa Yuji (Japon); M. Georg Nolte (Allemagne); et M. Leonardo Nemer Caldeira Brant (Brésil). 

En vue d’assurer une certaine continuité, les 15 juges de la Cour sont renouvelables par tiers tous les trois ans et sont rééligibles. 

Instituée en juin 1945 par la Charte des Nations Unies, la CIJ est le principal organe judiciaire de l’ONU et se distingue par le fait d’être le seul organe principal de l’Organisation ne siégeant pas à New York mais au Palais de la Paix à La Haye, aux Pays-Bas.  Elle est composée de 15 juges élus pour un mandat de neuf ans par l’Assemblée générale et par le Conseil de sécurité qui procèdent à l’élection simultanément dans deux chambres séparées. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Quatrième Commission achève ses travaux par l’adoption de six projets de résolution et de son programme de travail pour la session 2024

Soixante-dix-huitième session,
26e séance plénière - matin
CPSD/798

La Quatrième Commission achève ses travaux par l’adoption de six projets de résolution et de son programme de travail pour la session 2024

La Quatrième Commission, chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, a achevé ce matin les travaux de sa soixante-dix-huitième session en adoptant, à l’issue de mises aux voix, sixprojets de résolution consacrés aux pratiques et activités d’implantation israéliennes dans les territoires palestiniens occupés et à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), ainsi que le programme de travail de sa prochaine session, en 2024. 

Ces textes, adoptés à une très large majorité, ne sont que des reconductions techniques des résolutions des années précédentes et, comme l’ont relevé entre autres Israël, l’Union européenne et l’État de Palestine, leurs libellés ne reflètent pas la crise actuelle en Israël et dans la bande de Gaza.  

C’est notamment l’argument invoqué par la délégation israélienne au moment d’appeler à voter contre l’ensemble de ces projets de résolution.  Notant qu’une fois encore, de nombreux États Membres allaient décider de « cracher tout leur venin » sur Israël, elle a demandé à ceux qui sont « épris de paix et de démocratie » de voter contre ces textes, en arguant qu’ils ne mentionnent pas l’attaque lancée par le Hamas contre Israël le 7 octobre.  Ils ne mentionnent pas davantage les 1 400 victimes israéliennes, les infrastructures terroristes construites sous les bâtiments de Gaza, et ne demandent pas la libération des otages toujours détenus par le Hamas.  Réagissant, Cuba a jugé injuste de s’opposer à ces textes sur la base de leurs lacunes, rappelant qu’ils passent également sous silence la mort de 10 000 Palestiniens et de 90 employés de l’UNRWA, tués au cours du mois écoulé. 

Comme auparavant, les États-Unis ont regretté ces résolutions qui, à leurs yeux, ne font que perpétuer des divisions de longue date, alors qu’il y a un besoin urgent de travailler ensemble.  Selon la délégation, cette série de résolutions ne permet pas de promouvoir la paix et ne créera pas les conditions propices à des négociations entre les deux parties. 

En adoptant le texte relatif aux opérations de l’UNRWA, adopté par 160 voix pour, 4 contre (Canada, États-Unis, États fédérés de Micronésie et Israël) et 7 abstentions (Cameroun, Guatemala, Îles Marshall, Kiribati, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Vanuatu et Uruguay), l’Assemblée déciderait d’envisager d’augmenter progressivement la dotation de l’Office provenant du budget ordinaire de l’Organisation, tout en engageant les États et les organisations à maintenir ou augmenter leurs contributions volontaires, en particulier au budget-programme. Elle prendrait note à cet effet des recommandations du Secrétaire général concernant l’appui à l’Office par prélèvement sur le budget ordinaire de l’ONU. 

Les États-Unis ont justifié leur vote contre ce texte par le fait qu’il préjuge de questions relatives au statut final. Il ne faut toutefois pas l’interpréter comme un manque de confiance ou de soutien à l’UNRWA, a précisé la délégation, rappelant que Washington est le plus grand bailleur de fonds de l’Office.  À ce titre, la délégation américaine a encouragé tous les États Membres à accroître leur appui financer à l’Office, pointant du doigt ceux qui se limitent à simplement exprimer un « appui verbal ». 

Si elle entérinait le projet de résolution portant sur l’aide aux réfugiés de Palestine, adoptée par 161 voix pour, une voix contre (Israël) et 11 abstentions, l’Assemblée générale soulignerait également la nécessité de poursuivre l’œuvre de l’UNRWA, ainsi que l’importance de ses opérations, lesquelles doivent être menées sans entrave. 

La Commission a également adopté un projet de résolution sur les travaux du Comité spécial chargé d’enquêter sur les pratiques israéliennes affectant les droits de l’homme du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés par 85 voix pour, 13 voix contre et 72 abstentions, par lequel l’Assemblée exigerait une nouvelle fois qu’Israël, « Puissance occupante », collabore avec le Comité spécial dans l’exécution de son mandat, conformément aux obligations que lui impose sa qualité d’État Membre de l’Organisation, et regretterait l’absence persistante de coopération à cet égard. 

Si elle adoptait le projet de texte portant sur les colonies de peuplement israéliennes dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et le Golan syrien occupé, adopté par 145 voix pour, 7 voix contre (Canada, États-Unis, Hongrie, Îles Marshall, Israël, États fédérés de Micronésie et Nauru) et 18 abstentions, l’Assemblée générale exigerait une fois de plus l’arrêt immédiat et complet des activités de peuplement israéliennes dans l’ensemble du Territoire palestinien occupé, mesure indispensable pour sauvegarder la solution des deux États sur la base des frontières d’avant 1967.   Elle condamnerait notamment les activités de peuplement dans le Territoire palestinien occupé, ainsi que la confiscation de terres, la perturbation des moyens d’existence de même que le transfert forcé de civils et l’annexion de territoires. En adoptant ce texte, l’Assemblée soulignerait encore qu’il incombe à Israël d’enquêter sur tous les actes de violence perpétrés par des colons contre des civils palestiniens et leurs biens, et qu’il soit mis fin à l’impunité qui règne à cet égard. 

Enfin, la Commission a adopté un projet de résolution relatif à son programme de travail et son calendrier pour la soixante-dix-neuvième session de l’Assemblée générale, dont les travaux se tiendraient du 3 octobre au 20 novembre 2024. 

En fin de séance, la Présidente de la Quatrième Commission, Mme Mathu Joyini, de l’Afrique du Sud, s’est félicitée des travaux accomplis au cours de la présente session par la Commission, qui a organisé 26 séances et adopté 33 projets de résolution ainsi que trois  projets de décision. Ces travaux, a-t-elle noté, ont cette année encore apporté une contribution de taille aux débats de l’Assemblée générale sur un large éventail de questions, allant de la décolonisation au maintien de la paix, en passant par la communication globale, l’espace extra-atmosphérique et les effets des rayonnements ionisants. 

Déclarations d’ordre général sur les projets de résolution présentés au titre des points 49 et 50 de l’ordre du jour 

Israël a noté qu’une fois encore, de nombreux États Membres vont décider de « cracher tout leur venin » sur Israël, en adoptant ces six projets de résolution.  La délégation a demandé aux États Membres épris de paix et de démocratie de voter contre, en arguant que ces textes ne mentionnent pas l’attaque lancée par le Hamas contre Israël le 7 octobre, ni les 1 400 victimes israéliennes, ou la libération des otages toujours détenus par le Hamas et les infrastructures terroristes construites par cette organisation terroriste sous les infrastructures civiles à Gaza.  Ces textes ne parlent pas non plus du détournement de l’aide humanitaire par le Hamas et notamment du carburant, au détriment des Palestiniens qui en ont besoin, ni du fait que l’Iran a financé et armé le Hamas.  Il a également appelé à voter contre, parce que ces textes sont promus par des pays qui, de façon systématique, violent les normes des droits humains contre leurs propres populations, en citant entre autres l’Iran, Cuba et la République populaire démocratique de Corée. 

Le Royaume-Uni a dit maintenir sa position en faveur de la solution des deux États, en saluant la position de la délégation palestinienne qui a accepté la prorogation technique des projets de résolution.  Il a réitéré le droit à l’autodéfense d’Israël, tout en demandant à ce pays de prendre toutes les précautions nécessaires pour ne pas porter atteinte aux civils.  La délégation britannique a fait valoir que le Hamas ne parle pas au nom du peuple palestinien qu’il met en danger, en affirmant le soutien de Londres à l’Autorité palestinienne comme représentant légitime du peuple palestinien, avant de réaffirmer l’illégalité des colonies de peuplement en Cisjordanie.  Le Royaume-Uni continuera à travailler avec ses partenaires en vue de réaliser la solution des deux États, a assuré le représentant. 

Les États-Unis ont prononcé une déclaration relative aux deux points à l’ordre du jour, en répétant que les résolutions partiales, à la Quatrième Commission ou au Conseil de sécurité, ne font que perpétuer des divisions de longue date, alors qu’il y a un besoin urgent de travailler ensemble.  Cet ensemble de textes ne permet pas de promouvoir la paix et ne créeront pas les conditions propices à des négociations entre les deux parties.  Par conséquent, la délégation américaine a annoncé son intention de s’abstenir sur le texte portant sur l’aide aux réfugiés palestiniens et de voter contre le projet portant sur les opérations de l’UNRWA, qui préjuge de questions relatives au statut final. 

Il ne faut pas interpréter ces votes comme un manque de confiance ou de soutien à l’UNRWA, qui joue un rôle stabilisateur dans la région, a précisé le délégué, en regrettant la mort de plus de 90 de ses employés à Gaza.  Il a rappelé que les États-Unis sont le plus grand bailleur de fonds de l’UNRWA, avant d’encourager tous les États Membres à accroître leur appui financier à l’Office, pointant du doigt ceux qui se limitent à simplement exprimer un « appui verbal ».    

Cuba a demandé aux délégations de voter en faveur de ces résolutions, jugeant injuste de s’y opposer sur la base de leurs lacunes.  Ces résolutions passent également sous silence la mort de 10 000 Palestiniens et de 90 employés de l’ONU, tués au cours du mois écoulé, a-t-il relevé. 

DÉCISIONS SUR LES PROJETS DE TEXTE  

Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche Orient  

Opérations de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (A/C.4/78/L.10) 

Aux termes de ce projet de résolution, adopté par 160 voix pour, 4 contre (Canada, États-Unis, États fédérés de Micronésie et Israël) et 7 abstentions (Cameroun, Guatemala, Îles Marshall, Kiribati, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Vanuatu et Uruguay), l’Assemblée générale réaffirmerait qu’il est essentiel que l’UNRWA poursuive ses activités dans toutes ses zones d’opérations et approuverait à cet égard les efforts déployés par son Commissaire général pour continuer de fournir une aide humanitaire aux personnes déplacées du fait des hostilités de juin 1967 et des hostilités postérieures, tout en réaffirmant leur droit de regagner leurs foyers dans les territoires occupés par Israël depuis 1967.  Elle lancerait un appel pressant à tous les gouvernements, ainsi qu’aux organisations et aux particuliers, pour qu’ils versent de généreuses contributions à l’Office et aux autres organisations intéressées. 

L’Assemblée générale déciderait d’envisager d’augmenter progressivement la dotation provenant du budget ordinaire de l’Organisation, de manière à couvrir les dépenses afférentes au personnel recruté sur le plan international et aux fonctions de la composante Direction exécutive et administration de l’Office, tout en engageant les États et les organisations à maintenir ou augmenter leurs contributions volontaires.  Elle les exhorterait en outre à chercher à nouer des partenariats avec l’Office qui soient novateurs, notamment au moyen de la mise en place de mécanismes de dotations, de fonds d’affectation spéciale ou de fonds automatiquement renouvelables.  Elle prendrait note à cet effet des recommandations du Secrétaire général concernant l’appui à l’Office par prélèvement sur le budget ordinaire de l’ONU. 

Si elle adoptait cette résolution, l’Assemblée générale demanderait instamment au Gouvernement israélien de rembourser rapidement l’Office des frais de transit et autres pertes financières occasionnés par les restrictions à la liberté de circulation et d’accès imposés par Israël.  Elle demanderait en particulier à ce pays de cesser d’entraver la circulation et l’accès du personnel, des véhicules et des fournitures de l’Office et d’arrêter de prélever des taxes, des droits supplémentaires et des redevances.  L’Assemblée prierait par ailleurs le Commissaire général d’intégrer, dans son rapport annuel, une évaluation des progrès accomplis pour ce qui est de réduire le déficit de financement récurrent de l’Office et d’assurer un soutien durable, suffisant et prévisible à ses opérations.  

Aide aux réfugiés de Palestine (A/C.4/78/L.11) 

En adoptant ce projet de résolution, par 161 voix pour, une voix contre (Israël) et 11 abstentions, l’Assemblée générale soulignerait la nécessité de poursuivre l’œuvre de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient, ainsi que l’importance de ses opérations, lesquelles doivent être menées sans entrave.  Elle exhorterait les donateurs à continuer d’intensifier leurs efforts afin de répondre aux besoins prévus de l’Office, notamment ceux résultant de l’augmentation des dépenses ou découlant des conflits et de l’instabilité dans la région et de la gravité de la situation socioéconomique et humanitaire, en particulier dans le Territoire palestinien occupé, ainsi qu’aux besoins dont il est fait état dans les récents appels de contributions relatifs à la bande de Gaza aux fins des secours d’urgence, du relèvement et de la reconstruction. 

Biens appartenant à des réfugiés de Palestine et produit de ces biens (A/C.4/78/L.12) 

En adoptant ce projet de résolution par 56 voix pour, 6 voix contre (Canada, États-Unis, Israël, Îles Marshall, États fédérés de Micronésie et Nauru) et 8 abstentions (Canada, Cameroun, Guatemala, Kiribati, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Paraguay, Soudan du Sud et Vanuatu), l’Assemblée générale réaffirmerait que les réfugiés de Palestine ont droit à la jouissance de leurs biens et du produit de ces biens, conformément aux principes d’équité et de justice.  Elle prierait le Secrétaire général de prendre, en consultation avec la Commission de conciliation des Nations Unies pour la Palestine, toutes les mesures nécessaires afin de protéger les biens et les avoirs des Arabes et leurs droits de propriété en Israël, et demanderait une fois de plus à ce pays de fournir au Secrétaire général toutes formes d’assistance pour l’application de la présente résolution.  Elle engagerait instamment les parties palestinienne et israélienne à examiner la question des biens des réfugiés de Palestine et du produit de ces biens, dans le cadre des négociations de paix liées au statut final. 

Explication après le vote 

Le Canada a voté en faveur de ce projet de résolution qui reflète son engagement de longue date à veiller à ce que les réfugiés palestiniens bénéficient de services de base en matière de soins de santé, d’éducation, de sécurité et de services sociaux.  Compte tenu du conflit en cours et de la situation humanitaire désastreuse à Gaza, la délégation estime important de reconnaître le rôle vital joué par l’UNRWA dans la fourniture d’une aide humanitaire d’urgence aux civils palestiniens.  Elle a condamné les attaques menées par le Hamas contre Israël, reconnaissant le droit de ce pays de se défendre, tout en appelant à la libération des otages.  La délégation a appelé à une pause humanitaire pour permettre l’acheminement de l’aide indispensable à Gaza.  Elle a toutefois exprimé sa préoccupation quant au trop grand nombre de résolutions liées au conflit israélo-arabe présentées chaque année à l’Assemblée générale, nombre d’entre elles ciblant injustement Israël.  Le Canada a réitéré l’importance d’une approche équitable à l’ONU, et continuera de voter contre les résolutions qui n’abordent pas les actions et les responsabilités de toutes les parties, y compris le rôle destructeur des organisations terroristes comme le Hamas. 

Pratiques et activités d’implantation israéliennes affectant les droits du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés  

L.13, L.14 et L.15 

Explications de position 

L’Espagne, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne (UE), a condamné avec la plus grande fermeté le Hamas et ses attaques terroristes brutales et aveugles en Israël.  Elle a fortement insisté sur le droit d’Israël à se défendre, conformément au droit international et au droit international humanitaire, avant de réitérer son appel au Hamas pour qu’il libère immédiatement tous les otages, dont beaucoup sont des citoyens de l’UE, sans aucune condition préalable.  L’UE se déclare gravement préoccupée par la détérioration de la situation humanitaire à Gaza et demande qu’un accès continu, rapide, sûr et sans entrave soit assuré et que l’aide parvienne à ceux qui en ont besoin par le biais de toutes les mesures nécessaires, y compris des couloirs et des pauses humanitaires.  Pour sa part, l’Union européenne travaillera en étroite collaboration avec ses partenaires dans la région pour protéger les civils, fournir une assistance et faciliter l’accès à la nourriture, à l’eau, aux soins médicaux, au carburant et aux abris, en veillant à ce que cette assistance ne soit pas détournée par des organisations terroristes.  L’Union européenne rappelle la nécessité d’éviter une escalade régionale et de coopérer avec les partenaires à cet égard, y compris avec l’Autorité palestinienne, et se dit prête à contribuer à la relance d’un processus politique sur la base de la solution des deux États.   

Constatant que les textes de reconduction technique à l’examen ne reflètent pas ou n’abordent pas les développements sur le terrain depuis les attaques du 7 octobre, la représentante a néanmoins confirmé que l’Union votera selon le schéma de vote de l’an dernier sur les projets de résolution des points 49 et 50 de l’ordre du jour.  En ce qui concerne le texte sur les opérations de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), l’UE estime que l’UNRWA joue un rôle central dans la fourniture de services essentiels aux réfugiés palestiniens en Syrie, en Jordanie, au Liban ainsi qu’à Gaza et en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, et qu’il constitue une force stabilisatrice dans la région en fournissant des services vitaux à des millions de réfugiés palestiniens.  L’UE et ses États membres sont, collectivement, les principaux contributeurs au budget de l’UNRWA, a fait valoir la délégation, avant de confirmer que l’Union européenne restera un soutien ferme et prévisible de l’UNRWA, tant sur le plan politique que financier à l’avenir.  Toutefois, l’UE regrette qu’il n’y ait pas eu d’opportunité de négociation sur la résolution relative à l’Office, qui ne reflète pas la situation sur le terrain à Gaza et les défis auxquels il est confronté. 

S’agissant du terme « Palestine » utilisé dans l’un ou l’autre des projets de résolution examinés par la Quatrième Commission, l’Union européenne souligne qu’il ne peut être interprété comme la reconnaissance d’un État de Palestine et ne préjuge pas des positions individuelles des États Membres sur cette question et donc sur la question de la validité d’une adhésion aux conventions et traités qui y sont mentionnés.   

Les États-Unis se sont dit convaincus qu’il ne faut pas revenir au statu quo après la crise actuelle, le Hamas utilisant les Palestiniens comme boucliers humains et terrorisant Israël, et les colons terrorisant les Palestiniens en Cisjordanie.  La délégation américaine a exprimé son appui à la solution des deux États, estimant toutefois que ces trois projets de résolution ne sont pas à la hauteur de la situation.   

La Pologne a déclaré que l’UNRWA joue un rôle stabilisateur au Moyen-Orient et constitue un outil indispensable pour fournir une assistance au peuple palestinien en termes de protection et de services de base.  Elle a souligné l’importance d’assurer la protection des civils des deux côtés, conformément au droit international, ainsi que l’acheminement de l’aide humanitaire à la population innocente à Gaza.  La délégation a en outre appelé les parties à permettre aux ressortissants de pays tiers, notamment aux citoyens polonais, de quitter la bande de Gaza sains et saufs.  Estimant que le terrorisme visant la population civile ne peut en aucun cas être toléré, elle a fait valoir qu’Israël a le droit de se défendre comme tout autre pays.  Enfin, la délégation a réclamé la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages emmenés dans la bande de Gaza.   

Le Royaume-Uni a expliqué vouloir maintenir le schéma de vote des années précédentes sur ces trois projets de textes, même si le libellé des textes ne tient pas compte du contexte actuel en Israël et à Gaza.  Il a exprimé la solidarité britannique avec Israël à la suite des attaques du 7 octobre, et reconnu le droit à la légitime défense d’Israël, dans le respect du droit international et en prenant toutes les mesures nécessaires pour protéger les civils.  La délégation a réitéré que le Hamas ne représente pas le peuple palestinien, en reconnaissant le rôle de l’Autorité palestinienne à ce titre.  Alarmé par la gravité de la situation à Gaza, le Royaume-Uni a rendu hommage au personnel de l’UNRWA et a déploré toutes les vies perdues.  Il a condamné la violence des colons en Cisjordanie et souligné l’illégalité des colonies de peuplement.  Adoptions Travaux du Comité spécial chargé d’enquêter sur les pratiques israéliennes affectant les droits de l’homme du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés (A/C.4/78/L.13)  

Par ce texte, adopté par 85 voix pour, 13 voix contre et 72 abstentions, l’Assemblée générale exigerait une nouvelle fois qu’Israël, Puissance occupante, collabore avec le Comité spécial dans l’exécution de son mandat, conformément aux obligations que lui impose sa qualité d’État Membre de l’Organisation, et regretterait l’absence persistante de coopération à cet égard.   Elle déplorerait les politiques et les pratiques d’Israël qui portent atteinte aux droits humains du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés, tel qu’indiqué dans le rapport du Comité spécial.  L’Assemblée se déclarerait gravement préoccupée face à la crise créée dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, par les pratiques et mesures israéliennes illégales, et condamnerait en particulier toutes les implantations israéliennes et la construction du mur, le bouclage de la bande de Gaza ainsi que l’usage excessif de la force, les opérations militaires contre la population civile et les actes de violence commis par des colons.   Elle prierait en outre le Secrétaire général de mettre à la disposition du Comité spécial les moyens nécessaires pour lui permettre d’enquêter sur les politiques et les pratiques visées par la présente résolution, y compris pour se rendre dans les territoires occupés.   

Golan syrien occupé (A/C.4/78/L.14) 

Aux termes du projet de résolution relatif au Golan syrien occupé, adopté par 146 voix pour, 2 voix contre (États-Unis et Israël) et 23 abstentions, l’Assemblée générale demanderait à Israël, Puissance occupante, de se conformer aux résolutions concernant le Golan syrien occupé, en particulier la résolution 497 (1981) du Conseil de sécurité, dans laquelle le Conseil a décidé notamment que la décision prise par Israël d’imposer ses lois, sa juridiction et son administration au Golan syrien occupé était nulle et non avenue et sans effet juridique sur le plan international et a exigé qu’Israël rapporte sans délai cette décision.   L’Assemblée demanderait également à Israël de renoncer à modifier le caractère physique, la composition démographique, la structure institutionnelle et le statut juridique du Golan syrien occupé et en particulier de renoncer à y établir des implantations.   En outre, elle demanderait à Israël de renoncer à imposer aux citoyens syriens du Golan syrien occupé la nationalité israélienne et des cartes d’identité israéliennes, et de renoncer à ses mesures de répression à l’égard de la population de ce territoire.   L’Assemblée demanderait une fois de plus aux États Membres de ne reconnaître aucune des mesures ou décisions législatives et administratives susmentionnées, indique le projet de résolution.   

Les colonies de peuplement israéliennes dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et le Golan syrien occupé (A/C.4/78/L.15) 

En adoptant le projet de résolution portant sur les colonies de peuplement israéliennes dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et le Golan syrien occupé, adopté par 145 voix pour, 7 voix contre (Canada, États fédérés de Micronésie, États-Unis, Hongrie, Îles Marshall, Israël et Nauru) et 18 abstentions, l’Assemblée générale réaffirmerait que les implantations israéliennes dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et le Golan syrien occupé sont illégales et constituent un obstacle à la paix et au développement économique et social.   Elle exigerait d’Israël qu’il s’acquitte de toutes les obligations que lui impose le droit international et mette fin immédiatement à toute action entraînant la modification du caractère, du statut ou de la composition démographique du Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et du Golan syrien occupé.  Elle exigerait une fois de plus l’arrêt immédiat et complet de toutes les activités de peuplement israéliennes dans l’ensemble du Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et le Golan syrien occupé, et soulignerait qu’un arrêt complet de toutes les activités israéliennes d’implantation est indispensable pour sauvegarder la solution des deux États sur la base des frontières d’avant 1967.   

L’Assemblée générale condamnerait les activités de peuplement dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et dans le Golan syrien occupé et toutes les activités entraînant la confiscation de terres, la perturbation des moyens d’existence de personnes protégées, le transfert forcé de civils et l’annexion de territoire, de fait ou par l’adoption d’une loi nationale, et exigerait d’Israël, Puissance occupante, qu’il s’acquitte de ses obligations juridiques.   Elle demanderait que les colons israéliens ayant commis des actes illégaux dans le Territoire palestinien occupé aient à en répondre, et soulignerait qu’il incombe à Israël de veiller à ce que les auteurs de ces actes soient traduits en justice et de mettre fin à l’impunité qui règne à cet égard.   

Explications après le vote 

La République arabe syrienne a considéré que ce vote démontre le rejet par les États Membres de l’occupation par la force de ces territoires et des violations des droits des peuples.  Elle y a vu un signal très clair adressé à Israël pour qu’il cesse son occupation de la Palestine et du Golan syrien.  Les mesures prises par Israël pour modifier les caractéristiques naturelles et géographiques du Golan et imposer ses propres lois sont nulles et non avenues et sans effet juridique.   

L’Observateur de l’État de Palestine a remercié le grand nombre de pays ayant voté pour ces six résolutions, en demandant qu’elles soient maintenant mises en œuvre.  Il ne s’agit pas simplement de réitérer ces résolutions chaque année, mais de les appliquer, a insisté l’Observateur, en arguant que c’est là le travail de l’ONU et du multilatéralisme.   

Pour ce qui est de la prorogation technique de ces textes, il a estimé qu’il n’est pas possible en ce moment de les modifier pour tenir compte de la situation sur le terrain, regrettant la paralysie du Conseil de sécurité sur cette crise.  L’Observateur a fait état de 10 000 civils tués et de 25 000 blessés à Gaza alors que la moitié de ce territoire a été détruit et que les organisations internationales et humanitaires sur le terrain ne sont pas en mesure de s’acquitter de leurs tâches.  Il a lancé un vibrant appel à l’application immédiate de la résolution adoptée par l’Assemblée générale qui exige un cessez-le-feu immédiat à Gaza, l’acheminement à grande échelle et sans entrave de l’aide humanitaire et la fin des déplacements forcés.   

Le Liechtenstein a réitéré sa condamnation de l’attaque terroriste perpétrée par le Hamas et sa reconnaissance du droit à la légitime défense d’Israël.  Il a également demandé la libération sans délai des otages.   

La République islamique d’Iran, qui a voté en faveur des six projets de résolution, a salué la grande majorité des États Membres qui en ont fait de même, pour veiller à ce que le régime d’occupation, « appuyé par certains pays », ait à rendre des comptes et qu’il soit mis fin à cette occupation.  Face aux échecs des différentes initiatives de paix, la délégation a proposé la tenue d’un référendum pour tous les résidents de la Palestine -chrétiens, juifs et musulmans, y compris les réfugiés- en vue de rétablir leur droit inaliénable à l’autodétermination et de garantir leur droit de retour.   

Réagissant à l’intervention d’Israël, la délégation a rappelé que l’histoire des 75 dernières années est celle d’une occupation illégale, d’abus des droits humains des Palestiniens et de mensonges, avant de rejeter catégoriquement toutes les « allégations fallacieuses » portées envers l’Iran.  Le régime israélien est le dernier qui pratiquement ouvertement le racisme tout en prétendant respecter la légitimité internationale, a-t-il conclu. 

La Suisse a noté que les résolutions adoptées concernant les points 49 et 50 de l’ordre du jour ne traitent pas de la situation sur le terrain depuis le 7 octobre en Israël et dans le Territoire palestinien occupé.  Elle a rappelé sa condamnation des attaques terroristes perpétrées par le Hamas contre des civils en Israël, et demandé la libération immédiate et inconditionnelle des otages.  La Suisse reconnaît le droit d’Israël d’assurer sa défense et rappelle que la protection des civils et le respect du droit international humanitaire sont essentiels, notamment les principes de distinction, de proportionnalité et de précaution.  La situation humanitaire à Gaza est catastrophique, s’est alarmée la délégation, avant de rappeler que le passage rapide et sûr des secours humanitaires destinés aux personnes civiles dans le besoin est une obligation du droit international humanitaire.  Estimant que le personnel humanitaire et les biens civils doivent être protégés, elle a plaidé en faveur de la mise en place de pauses ou de trêves humanitaires à cette fin.   

Droit de réponse 

La République populaire démocratique de Corée (RPDC) a rejeté catégoriquement les allégations portées contre elle par Israël, y voyant une provocation destinée à ternir l’image de son pays.  Il s’agit à ses yeux d’une campagne de propagande sinistre et d’une tentative de détourner l’attention de la communauté internationale des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis par Israël contre des civils palestiniens innocents.   

Revitalisation des travaux de l’Assemblée générale 

Projet de programme de travail et de calendrier de la Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation (Quatrième Commission) pour la soixante-dix-neuvième session de l’Assemblée générale (A/C.4/78/L.16)  

En adoptant sans vote le projet de décision relatif au Projet de programme de travail et de calendrier de la Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation (Quatrième Commission) pour la soixante-dix-neuvième session de l’Assemblée générale, l’Assemblée générale approuverait ce projet de programme de travail.

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