9472e séance – après-midi
CS/15487

À Gaza, aucun lieu n’est sûr et personne n’est à l’abri déplore le Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé devant le Conseil de sécurité

Après le bombardement, hier, de l’hôpital Chifa dans la bande de Gaza, le Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé, M. Tedros Adhanom Ghebreyesus, et son homologue de la Société du Croissant-Rouge palestinien, M.  Marwan Jilani, ont déclaré cet après-midi, devant le Conseil de sécurité qu’aucun lieu n’est plus sûr à Gaza.  Le représentant d’Israël a réagi en affirmant que l’ONU ne fournit pas de données fiables et que le Conseil de sécurité se voit communiquer des informations fallacieuses fournies par le Hamas. 

Pour appuyer leur thèse, MM. Ghebreyesus et Jilani ont brossé un portrait « indescriptible » d’une situation à Gaza qui « change chaque minute ».  Le système de santé est « à genoux » et « délibérément pris pour cible » dans une tentative désespérée de forcer la population civile à quitter Gaza, ont-ils affirmé.  Mais où donc les Gazaouis pourraient trouver refuge, « dans la mer? à l’étranger? » s’est ensuite interrogé l’Observateur de l’État de Palestine. 

Depuis le 7 octobre, l’OMS a recensé plus de 150 attaques contre des établissements de santé à Gaza et en Cisjordanie, en plus des 25 attaques contre des hôpitaux, des ambulances, des patients en Israël.  Au cours des dernières 24 heures, au moins quatre hôpitaux ont été pris pour cible à Gaza, notamment l’hôpital Chifa, où plus de 60 000 personnes s’étaient réfugiées. 

L’hôpital el-Awda, où les ambulances du Croissant-Rouge ont également été bombardées et où les urgentistes paramédicaux ont miraculeusement échappé à une mort certaine a été aussi ciblé, de même que les hôpitaux indonésien et Al-Qods, ont détaillé les deux hommes.  Ils ont fait état de tirs devant l’hôpital Chifa et devant d’autres au moment même où se tenait la séance du Conseil.  Deux heures plus tôt avant le début de la réunion, une trentaine de personnes avaient été blessées et une autre tuée, par des tirs directs sur l’hôpital Al-Qods. 

Le Directeur général de l’OMS a décrit un personnel de santé physiquement et mentalement épuisé, qui continue toutefois d’effectuer son travail dans des conditions « inimaginables ».  Outre les 27 000 personnes blessées dont il faut prendre soin, y compris de nombreux blessés très graves, il faut répondre aux besoins quotidiens de plus de deux millions de personnes, a-t-il rappelé, faisant état notamment de 180 accouchements quotidiens à Gaza ou encore de 900 personnes traitées pour des maladies oncologiques ou 3 000 souffrant de diabète.

« Allez-vous condamner le Hamas pour ses tirs à la roquette contre des hôpitaux israéliens, qui fait partie de son modus operandi depuis de longues années? » a rétorqué le représentant d’Israël, qui a affirmé que le quartier général du « Hamas nazi » se trouve sous un hôpital à Gaza et que des ambulances sont utilisées pour transporter des terroristes, ajoutant que les hôpitaux font partie de la machine de guerre du Hamas.  Le représentant israélien a en outre accusé les Nations Unies d’être « complices » du Hamas.  Il a reproché à ses dirigeants, y compris le Secrétaire général, de reprendre des informations mensongères présentées par le Hamas et de les transmettre aux membres du Conseil de sécurité, ajoutant que des employés de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) étaient membres du Hamas.  Sans accuser l’ONU, le représentant des États-Unis a lui aussi accusé le Hamas de se servir « cyniquement » des civils comme boucliers humains et de stocker des armes dans les écoles, les mosquées et autres lieux civils. 

Le représentant d’Israël a d’ailleurs expliqué que son pays négociait avec certains pays en vue d’établir des hôpitaux mobiles ou installés sur des navires et s’est dit prêt à évacuer les blessés du nord de la bande vers le sud.  Israël, a-t-il affirmé, « fait beaucoup plus pour le bien-être des Gazaouis que tous les organes de l’ONU ».  La représentante des Émirats arabes unis a effectivement fait état d’un hôpital mobile envoyé à Gaza, qu’elle a toutefois présenté comme « un sparadrap sur une fracture ». 

Comme lors des réunions précédentes, nombre de membres du Conseil ont continué de le presser d’agir « concrètement », notamment pour parvenir à un cessez-le feu immédiat, afin de mettre un terme à la « crise de l’humanité » en cours à Gaza, selon les termes de la Chine. « Notre humanité commune est ce qui nous distingue du Hamas et du terrorisme », a estimé le représentant des États-Unis, pour qui reconnaître les souffrances d’une partie n’empêche pas de tenir compte des souffrances de l’autre.  La gravité de la situation humanitaire ne peut que choquer, a commenté la Fédération de Russie, dont le représentant a rappelé que, dans toute guerre, il y a des règles à respecter. Le Gabon en a, lui aussi, appelé à l’humanité de tous, afin de parvenir à consensus rapidement, pour que le Conseil puisse être à la hauteur de son mandat.

Aucun État autre qu’Israël ne serait cautionné pour ses agissements actuels, ont déploré les Émirats arabes unis, pour qui la fin du siège de Gaza et la restauration de l’approvisionnement en eau, électricité et carburant est « une question de conscience ».  Le Conseil s’est réuni une première fois, alors que des centaines de Palestiniens avaient été tués, contre 11 000 personnes aujourd’hui dont 4 500 enfants, a chiffré l’Observateur de l’État de la Palestine, ajoutant que, s’il existe des règles, elles doivent également s’appliquer à Israël, et s’il existe des droits, le peuple palestinien doit lui aussi en bénéficier.

Toutes les vies se valent et il n’y a pas de « deux poids, deux mesures »: Israël a le droit de se défendre et le devoir de le faire dans le respect du droit international humanitaire, donc en préservant les populations civiles, a argumenté la France, tandis que le Royaume-Uni et les États-Unis plaidaient pour des « pauses humanitaires » permettant de donner le temps d’acheminer l’aide humanitaire et de libérer les otages, celles-là même qu’Israël a annoncé à partir d’aujourd’hui.  Mais pour la Fédération de Russie, qui a également évoqué une situation explosive en Cisjordanie, ce ne sont pas des « pauses », mais un cessez-le-feu durable qu’il faut instaurer immédiatement à Gaza, sans quoi on risque d’assister à une expansion géographique du conflit et à la réactivation d’autres conflits latents dans la région.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

M. TEDROS ADHANOM GHEBREYESUS, Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a dit souhaiter être clair d’entrée de jeu: il comprend la colère, le deuil et la peur que ressentent les Israéliens à la suite des attaques barbares commises par le Hamas et d’autres groupes armés, le 7 octobre dernier. Tuer 1 400 personnes et en blesser plus de 7 200 autres, est « incompréhensible », a-t-il dit.  Il a également dit se préoccuper du sort des otages détenus par le Hamas, dont des femmes, des enfants, des personnes âgées et autres nécessitant des soins d’urgence.  Il a en outre fait siennes leurs peurs et leurs douleurs, ainsi que celles de leurs familles. De la même manière, a-t-il poursuivi, je comprends aussi la colère, le deuil et la peur des Gazaouis qui subissent un blocus depuis 16 ans et qui assistent aujourd’hui à la destruction de leurs familles, de leurs communautés et de la vie qu’ils avaient connue. 

Le Directeur général de l’OMS a ensuite déclaré que la situation de terrain à Gaza est « indescriptible ».  On voit des hôpitaux où s’entassent les malades, les blessés et les mourants, on pratique des opérations chirurgicales sans anesthésie, on trouve des dizaines de milliers de déplacés qui cherchent à s’abriter dans ces hôpitaux.  Dans ce conflit, plus de 10 000 personnes ont déjà été tuées, dont 70% de femmes et d’enfants.  En moyenne, un enfant est tué toutes les 10 minutes à Gaza et 1,5 million de personnes ont déjà été déplacées et cherchent à s’abriter partout où c’est possible.  Or aucun lieu n’est sûr et personne n’est à l’abri à Gaza, a-t-il insisté. 

M. Tedros a décrit un personnel médical physiquement et mentalement épuisé, qui continue toutefois d’effectuer son travail dans des conditions « inimaginables ».  Outre les 27 000 personnes blessées dont il faut prendre soin, y compris de nombreux blessés très graves, il faut répondre aux besoins quotidiens de plus de deux millions de personnes, a-t-il ajouté, rappelant que, chaque jour, plus de 180 femmes donnent naissance à Gaza, tandis que 900 personnes sont traitées pour des maladies oncologiques et 3 000 personnes souffrent de diabète, d’hypertension et autres maladies de ce type. 

Poursuivant, le Directeur général de l’OMS a rappelé qu’il s’était rendu à l’hôpital Chifa de Gaza en 2018, où il avait visité les unités de soin intensif et de néonatalité. Si à l’époque les conditions de travail y étaient déjà extrêmement difficiles, aujourd’hui, elles sont pratiquement « impossibles », tant ledit hôpital est constamment dans la ligne de mire, a-t-il affirmé.  Depuis le 7 octobre, l’OMS a comptabilisé plus de 150 attaques contre des établissements de santé à Gaza et en Cisjordanie, qui viennent s’ajouter à 25 attaques contre des hôpitaux, des ambulances, des patients en Israël, a-t-il énuméré.  À l’heure où nous parlons, a-t-il assuré, il y a des tirs devant l’hôpital Chifa et devant d’autres, a-t-il poursuivi, ajoutant encore que deux tiers des centres de santé de Gaza ne fonctionnent plus. Ceux qui sont encore en fonctionnement opèrent bien en deçà de leurs capacités.  Le système de santé est à genoux, a-t-il résumé, insistant sur le fait que pour autant, des soins vitaux continuent d’être prodigués. 

Pour M. Tedros, la meilleure manière de soutenir le personnel médical est de lui fournir ce dont il a besoin pour effectuer son travail, à savoir médicaments, équipements médicaux et carburant pour alimenter les générateurs.  Les hôpitaux mobiles et les équipes médicales d’urgence peuvent compléter les capacités existantes dans les hôpitaux, mais en aucun cas s’y substituer, a ajouté le dirigeant de l’OMS, qui a précisé qu’aider les personnels est au cœur du plan d’intervention de son organisation. 

L’OMS a été parmi les premières à avoir envoyé, par le point de passage de Rafah, du matériel humanitaire, a encore affirmé son Directeur général.  Depuis lors, 63 tonnes métriques de médicaments et d’équipements médicaux y ont transité.  Mais cela n’est rien par rapport aux besoins, a-t-il dit, ajoutant que l’OMS continue d’appuyer un accès sans entrave pour continuer d’acheminer de l’aide pour les civils à Gaza.  Des civils qui ne sont pour rien dans cette guerre et souffrent d’une manière que nous ne pouvons même pas imaginer, a-t-il conclu. 

M. MARWAN JILANI, Directeur général de la Société du Croissant-Rouge palestinien, qui s’exprimait par visioconférence, a brossé le tableau du secteur de la santé à Gaza attaqué, les hôpitaux étant selon lui « délibérément pris pour cible » dans une tentative désespérée de forcer la population civile à quitter Gaza. Au cours des dernières 24 heures, au moins quatre hôpitaux ont été pris pour cible à Gaza, notamment l’hôpital Chifa, où plus de 60 000 personnes s’étaient réfugiées, l’hôpital el-Awda, où les ambulances du Croissant-Rouge ont été bombardées et où les urgentistes paramédicaux ont miraculeusement échappé à une mort certaine; ou encore les hôpitaux indonésien et Al-Qods, a-t-il détaillé. 

M. Jilani a dit avoir réécrit sa déclaration au Conseil à plusieurs reprises car la situation autour des hôpitaux « change chaque minute » et les personnes déplacées à l’hôpital se font tirer dessus, « au moment où nous parlons », ajoutant que, lors de son dernier appel avec ses collègues de l’hôpital Al-Qods, deux heures plus tôt, une trentaine de personnes avaient été blessées par des tirs directs sur l’hôpital et une autre tuée. 

M. Jilani a ensuite dressé le tableau de la situation à Gaza où 14 000 civils déplacés, plus de 400 malades et blessés, ainsi que les équipes médicales et la direction du Croissant-Rouge se trouvent à l’hôpital Al-Qods, dont le générateur principal a été coupé il y a deux jours à cause du manque de carburant, entrainant un « risque très sérieux » de perte de tous les patients dans les unités de soins intensifs et des enfants dans les couveuses.  Il s’est dit prêt à informer le Conseil des graves pénuries de carburant, de nourriture et d’eau, mais a ajouté que, désormais, la plus grande préoccupation est la menace directe qui pèse sur la vie de tous les blessés et malades, ainsi que sur celle de dizaines de milliers de civils, dont des milliers d’enfants.  « Ils vous regardent, vous implorant d’agir pour empêcher un nouveau massacre possible », a-t-il plaidé. 

M. Jilani a également fait état d’une propagation de maladies et d’une infection croissante des plaies.  Il a parlé des membres des équipes médicales qui ont quitté leurs familles pour aider à sauver la vie des blessés et des malades et dont beaucoup apprennent la mort d’être chers.  Il a, parmi d’autres, cité en exemple le docteur Nabeel, membre du Conseil d’administration et maintenant bénévole à l’hôpital Al-Qods, qui a perdu 36 membres de sa famille alors qu’il servait les autres.  Tout cela, a-t-il ajouté, ne peut décrire le traumatisme et les cicatrices psychologiques dus au fait de dormir chaque nuit sous des bombardements terrorisants.  Le moment le plus terrible pour lui, c’est lorsqu’il tente chaque matin d’appeler ses collègues à Gaza en craignant les pires nouvelles, a-t-il expliqué. 

Responsable en tant que Directeur général de la Société du Croissant-Rouge palestinien de la réception de l’aide humanitaire en provenance de Rafah et de sa distribution aux organisations humanitaires, aux hôpitaux et aux centres d’hébergement, M. Jilani a estimé que ce qui est arrivé depuis l’offensive israélienne représente moins que ce qu’il était permis d’entrer à Gaza en deux jours auparavant.  Il a notamment rappelé que pas « une goutte de carburant » n’est entrée à Gaza, alors que celui-ci est essentiel pour les opérations hospitalières, l’accès à l’eau, les boulangeries, les ambulances et les camions qui transportent l’aide humanitaire eux-mêmes.  Si cette interdiction est maintenue, ses équipes ne pourront pas continuer à recevoir et à distribuer de l’aide, a-t-il prévenu.  Si aucune aide n’arrive au nord de la bande de Gaza, des enfants vont mourir parce que leurs mères ne peuvent pas les nourrir, d’autres personnes mourront de faim et de soif et de maladies. 

M. Jilani a lancé un appel au Conseil de sécurité et à la communauté internationale dans son ensemble, pour garantir l’application d’un cessez-le-feu effectif et immédiat. Il faut, a-t-il ajouté, veiller à ce que le carburant arrive immédiatement à Gaza afin d’éviter d’autres morts et souffrances inutiles, accroître l’aide humanitaire et faire en sorte qu’une aide humanitaire inconditionnelle parvienne dans le nord de la bande de Gaza, où des centaines de milliers de personnes se trouvent encore et n’ont pas de lieux sûrs où aller.  Il a demandé que soient assurés le respect du droit international humanitaire et la protection des civils dans toutes les parties de Gaza, et que soit aussi assuré le fonctionnement des hôpitaux avec le soutien nécessaire en carburant, en médicaments et en fournitures médicales.  Il a demandé que des équipes médicales puissent entrer dans la bande de Gaza pour soulager les équipes qui ont travaillé sans relâche 24 heures sur 24 au cours des 34 derniers jours.  « S’il vous plaît, écoutez les cris des enfants trempés de sang et qui demandent ce qu’ils ont fait et pourquoi le monde est si indifférent à leur vie », a imploré le Directeur général de la Société du Croissant-Rouge palestinien.

L’Observateur permanent de l’État de Palestine, M. RIYAD H. MANSOUR, a exigé qu’il soit mis un terme au massacre à Gaza, alors que s’approche le soixante-quinzième anniversaire de la Nakba.  De quoi se souviendra cette génération de Gaza, s’est-il demandé: des horreurs, des massacres, des camions transportant des corps sans vie et des espoirs brisés. S’indignant du silence de la communauté internationale face aux cris de son peuple, M. Mansour a dit ne plus pouvoir supporter ces images retransmises en direct d’une vague humaine sans larmes, aux yeux desséchés, aux cœurs brisés, de petits enfants portant des fardeaux qui briseraient les épaules d’hommes forts.  Ces enfants découvrent le sens de la mort avant même de goûter à la vie, a-t-il constaté avec consternation.  Pourtant ces massacres sont justifiés par des experts avec toutes sortes d’excuses.  Mais le brouillard a fini par se dissiper, a-t-il annoncé, et les faits deviennent plus clairs, quoique « toujours pas assez clairs pour que le monde réagisse aux actions d’Israël et lui dise trop c’est trop ».  L’Observateur a noté qu’Israël a annoncé, sans ambages, ses intentions en parlant de « vengeance impitoyable » et « d’animaux humains » et en imposant un siège terrifiant à 2,3 millions de personnes, dont plus de la moitié sont des enfants.  C’est une punition collective flagrante imposée à tout un peuple, s’est-il indigné.  Alors qu’Israël demande la libération de 200 otages, il en prend plus de 2 millions.  Alors qu’Israël exige la condamnation de l’assassinat de 1 000 civils israéliens, il tue 10 000 civils palestiniens et alors qu’Israël proclame son droit à l’autodéfense, il occupe, colonise et nie tout droit au peuple palestinien, y compris son droit à l’autodétermination, à la protection et à la défense, a dénoncé l’Observateur.  M. Mansour a également dénoncé le rejet systématique, par Israël, de toute insinuation selon laquelle il ne respecterait pas les lois de la guerre, alors même que ce pays commet des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité devant les caméras et que ses représentants ne cachent même plus leurs intentions génocidaires. 

Alors que les bombes tombent partout à Gaza –sur les écoles, les universités, les hôpitaux, les abris de l’ONU, les convois, les piétons et les ambulances–, M. Mansour s’est demandé où donc les Gazaouis pourraient trouver refuge: « dans la mer, à l’étranger »?  Feignant la surprise, Israël se demande pourquoi les Gazaouis restent et n’écoutent pas leurs demandes d’évacuation mais, a-t-il expliqué, c’est toute notre nation qui a vécu dans sa chair l’exode: « c’est notre traumatisme national ».  Quant aux velléités de transferts forcés, M. Mansour a cité le mémo du Ministère israélien du renseignement qui dit qu’Israël veut « nous déplacer hors de Gaza », ou encore la déclaration du Ministre des affaires étrangères qui dit que Gaza se rétrécira après la guerre. Il a également rappelé la carte que M. Netanyahou a présentée à l’Assemblée générale sur laquelle Gaza et la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, et le Golan syrien font partie d’Israël.  Pour l’Observateur, les intentions du régime israélien sont claires: « Ils veulent que nous quittions notre pays, notre terre » et leur ennemi stratégique est l’indépendance de l’État de Palestine et la liberté de son peuple, affirmant que les seules options qu’Israël n’ait jamais données aux Palestiniens sont celles de se soumettre, de partir ou de mourir.  Soit, reformulé en termes juridiques internationaux: « l’apartheid, le nettoyage ethnique ou le génocide ». 

Alors que le Conseil de sécurité se réunit à nouveau, M. Mansour a dit compter ses réunions en fonction du nombre de morts palestiniens, de la dévastation et de la destruction.  « Nous nous sommes réunis une première fois, alors que des centaines de Palestiniens avaient été tués.  Nous nous réunissons à nouveau alors que 11 000 personnes ont été tuées à Gaza, dont 4 500 enfants », a-t-il ajouté, en appelant à écouter « les cris de nos enfants sous les décombres abandonnés par l’humanité ». 

Israël met en place des pauses humanitaires imaginaires dont le seul but est de forcer les gens à fuir et non de les soulager en leur garantissant leur survie, a dénoncé l’Observateur.  Après avoir rappelé ses multiples appels à une protection internationale contre l’assaut constant dont son peuple fait l’objet, il a déclaré qu’« aujourd’hui, je viens parler de la survie de mon peuple », en exigeant qu’on le protège de ce génocide.  S’il existe des règles, elles doivent également s’appliquer à Israël, et s’il existe des droits, le peuple palestinien doit lui aussi en bénéficier, a-t-il exigé, en dénonçant l'approche de deux poids, deux mesures et l’exceptionnalisme.  Il est scandaleux de ne pas demander que ces massacres cessent maintenant, a fustigé M. Mansour, en rappelant que chaque heure qui passe, 15 Palestiniens sont tués.  Il a terminé son intervention a lançant aux membres du Conseil: « Combien d’heures encore avant que ce Conseil ne demande un cessez-le-feu? »

M. GILAD MENASHE ERDAN (Israël) a dit qu’aucun Juif n’oubliera jamais le 7 octobre, date qui sera « tatouée » pour toujours dans la mémoire israélienne. Ce Conseil n’a, en revanche, toujours pas condamné le massacre commis par le Hamas, s’est indigné le représentant. Concernant le thème du débat de ce jour, il a mentionné l’attaque perpétrée, il y a quelques jours, par le Hamas contre un hôpital israélien.  Il a aussi invité à voir le film réalisé par les terroristes eux-mêmes qui montre la sauvagerie et la barbarie de l’attaque du 7 octobre.  « Allez-vous condamner le Hamas pour ses tirs à la roquette contre des hôpitaux israéliens, qui font partie de son modus operandi depuis de longues années? » a-t-il demandé.  Il a affirmé que le quartier général du « Hamas nazi » se trouve sous un hôpital à Gaza, tandis que des ambulances sont utilisées pour transporter des terroristes.  Nous avons montré des images qui montrent et prouvent ces faits, a affirmé le représentant, ajoutant que les hôpitaux font partie de la machine de guerre du Hamas, organisation de « nazis jihadistes ». 

Le représentant a indiqué que son pays avait appelé la population de Gaza à quitter le nord de la bande au moyen de prospectus et de textos.  « Israël est en guerre contre le Hamas et fait de son mieux pour minimiser les pertes civiles », a-t-il assuré, ajoutant que « pour nous la vie est sacrée alors que pour le Hamas c’est la mort qui est sacrée ».  Israël mène une guerre à laquelle il a été contraint par le massacre du 7 octobre, a poursuivi le représentant, pour qui le Hamas est pleinement responsable de la situation actuelle à Gaza.

Le représentant a ensuite accusé les Nations Unies de complicité avec le Hamas.  « Pendant des années, je vous ai mis en garde contre les chiffres et informations mensongers avancés par des responsables onusiens », a-t-il lancé aux autres membres du Conseil.  Il a dénoncé le refus onusien de mettre en place des mécanismes de vérification de ces informations.  « Ces informations sont-elles fournies par une partie neutre?  Non, elles sont fournies par le Hamas », a affirmé le représentant.  Il a appelé à démanteler le mythe selon lequel l’ONU fournirait des données fiables.  Les conducteurs d’ambulance et des journalistes à Gaza sont en réalité membres du Hamas, a-t-il déclaré, en ajoutant que le Hamas sait pertinemment que le Conseil se voit communiquer des informations fallacieuses. 

Le représentant s’est ainsi étonné que le Directeur général de l’OMS n’ait pas mentionné ces éléments dans son intervention, en particulier l’utilisation d’ambulances par le Hamas.  Il a aussi dénoncé le refus du représentant de l’OMS à Gaza de recevoir des informations de la part d’Israël, préférant les informations erronées du Hamas.  L’OMS est complice des actions méprisables du Hamas, a-t-il insisté.  Il a ensuite affirmé qu’Israël négocie avec certains pays afin d’établir des hôpitaux sur des navires.  Nous sommes prêts à évacuer les blessés du nord au sud de la bande, a-t-il ajouté, affirmant qu’Israël en fait davantage que l’OMS. 

« Israël est en guerre avec le Hamas et uniquement avec lui », a déclaré le représentant, qui a dénoncé l’Iran, accusé de former tous les groupes terroristes qui attaquent Israël, parmi lesquels le Hezbollah, le Hamas ou encore les houthistes du Yémen. 

Réaffirmant que l’ONU a perdu toute crédibilité et après avoir souligné la lutte existentielle dans laquelle Israël est engagé contre le Hamas, afin qu’un massacre comme celui du 7 octobre ne se reproduise plus jamais, le représentant a conclu en assurant qu’Israël cherchait des solutions pour les civils à Gaza.

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a rendu hommage aux « héros silencieux » sur le terrain à Gaza de la communauté médicale, tous ceux qui sont restés pour aider les malades.  On a parfois l’impression qu’en évoquant les chiffres émanant du conflit, nous privons les blessés et les morts de leur humanité, a ajouté la représentante, qui a rappelé le sort d’une jeune Palestinienne, Hala Zaîr Ahmed, qui fait des études médicales et qui s’est trouvée sous les décombres où une partie de sa famille gisait après une frappe aérienne.  Elle a indiqué qu’au moins 2 650 personnes sont prises au piège sous les décombres. 

Les habitants de Gaza sont des êtres humains et les futurs voisins d’Israël, a rappelé la représentante, qui a ensuite parlé de Thalia, née prématurément le 6 octobre à l’hôpital Chifa et placée sous incubateur mécanique.  Comme Thalia, 139 autres nouveau-nés prématurés dépendant des incubateurs, mais aussi du travail au Conseil de sécurité, a affirmé la représentante.  Des enfants, des nourrissons, des personnes âgées qui cherchent à s’abriter sont actuellement pris pour cibles; des personnes qui n’ont pas accès aux antibiotiques et aux médicaments, des femmes enceintes donnent naissance dans des conditions inimaginables et des césariennes sont effectuées sans anesthésie, a-t-elle énuméré. 

Mme Nusseibeh a mis aussi l’accent sur le recours à des armes technologiquement sophistiquées mais utilisées en employant des méthodes qui rappellent l’époque médiévale. Les Émirats arabes unis ont dépêché un hôpital mobile à Gaza, « un sparadrap sur une fracture », a-t-elle annoncé, en condamnant les attaques israéliennes de « cruelles, inhumaines ».  Aucun État autre qu’Israël ne serait cautionné pour ses agissements actuels, a-t-elle dénoncé, rappelant également que les otages israéliens se trouvant à Gaza souffrent des mêmes bombardements et que les attaques ciblant les civils et leurs biens sont interdites par le droit international. 

La représentante a appelé Israël à mettre fin au siège, restaurer l’approvisionnement en eau, électricité et carburant.  « C’est une question de conscience », a-t-elle déclaré.  Elle a encouragé par ailleurs à activer tous les outils à la disposition de la communauté internationale pour jeter les bases de conditions propices aussi à l’accès aux otages.  Voilà 33 jours que Gaza est délibérément détruite et il importe de mettre fin à un carnage innommable, a conclu la représentante, qui a renvoyé à la solution des deux États, seule susceptible de sortir de ce cycle de violence. 

M. ROBERT A. WOOD (États-Unis) a exprimé sa vive préoccupation pour le bien-être des civils dans les hôpitaux et appelé à la protection de tout le personnel hospitalier.  Il a encouragé à mettre en marche le plus rapidement possible les mécanismes d’aide humanitaire. La situation au nord de Gaza est inacceptable, a déclaré le représentant, qui a accusé le Hamas de se servir « cyniquement » des civils comme boucliers humains et de stocker des armes dans les écoles, les mosquées et autres lieux civils.  Le Hamas ne cherche pas à protéger les civils, il les met au contraire en danger de manière irresponsable, a encore affirmé le représentant.

Cela n’en rend pas moins indispensable de distinguer entre civils et terroristes, a poursuivi M. Wood, qui a souhaité que la réponse israélienne soit « en phase » avec le droit international.  Reconnaître les souffrances d’une partie n’empêche pas de tenir compte des souffrances de l’autre; nous ne devons pas détourner le regard des souffrances des civils innocents et des déplacés, a-t-il ajouté.  « Les familles humanitaires sont en deuil et nous le sommes avec elles », a encore affirmé le représentant, qui a aussi dit être en deuil avec les familles israéliennes éplorées après les attaques du 7 octobre. 

Le représentant a évoqué la visite actuelle du Secrétaire d’État Anthony Blinken au Moyen-Orient et son plaidoyer en faveur de la cessation du conflit pour éviter sa propagation dans toute la région.  Il faut aussi faire davantage pour faciliter l’acheminement de l’assistance humanitaire, qui reste bien insuffisante à Gaza, a-t-il ajouté.  Il a demandé des pauses de 4 heures, ajoutant que ce processus entrerait en vigueur dès aujourd’hui, comme affirmé par Israël, et a exhorté à épargner des vies par des efforts concertés.  Il a présenté ses condoléances à l’UNRWA pour la perte de membres de son personnel, et exigé d’autre part que les otages soient déplacés durant les pauses humanitaires convenues, en vue de leur libération. 

Le représentant a aussi mis l’accent sur la seule solution viable, à deux États, en commençant à créer les conditions propices à une paix durable, raison pour laquelle il faut se garder de rétrécir le territoire de Gaza, et de créer plus de déplacés.  « Notre humanité commune est ce qui nous distingue du Hamas et du terrorisme », a-t-il conclu, en encourageant à l’allégement des souffrances pour tous.

M. SÉRGIO FRANÇA DANESE (Brésil) a exprimé sa profonde préoccupation face à la crise humanitaire à Gaza, marquée par une augmentation inquiétante du nombre de victimes civiles, en particulier parmi les femmes et les enfants.  Comme l’a dit le Président Lula, « des innocents sont appelés à payer le prix de la folie de la guerre » et « cela doit cesser immédiatement ». Le représentant a exhorté les autorités israéliennes à faire preuve de retenue et à respecter les principes de distinction et de proportionnalité afin de protéger les vies et les infrastructures civiles.  Au Hamas et à tous les autres groupes, il a demandé de mettre fin aux attaques aveugles contre le territoire israélien.  Le délégué a également demandé l’évacuation médicale en toute sécurité des personnes gravement blessées ou malades.  Saluant la livraison par l’UNRWA d’articles médicaux d’urgence essentiels de l’OMS à l’hôpital Chifa dans la ville de Gaza, le 8 novembre, le délégué a néanmoins estimé que cette aide est loin d’être suffisante pour répondre aux besoins écrasants de la population.  Il a également plaidé en faveur d’un accès humanitaire complet, sûr et durable afin de distribuer des produits de première nécessité à plus grande échelle, plus fréquemment et en plus grande quantité.  Outre un cessez-le-feu humanitaire, le représentant a encouragé toutes les parties à s’engager à cesser les hostilités, ce qui est essentiel pour la protection à long terme de tous les civils.  Enfin, profondément préoccupé par le sort de tous les otages, il a demandé leur libération immédiate et que le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) puisse avoir accès à eux sans délai. 

Voilà 35 jours que nous assistons à une escalade terrifiante des violences dont les premières victimes sont les enfants, a déclaré Mme ALLEGRA PAMELA R. BONGO (Gabon).  « D’abord sur le sol israélien, avec les attaques barbares du Hamas du 7 octobre, puis à Gaza, où depuis plus d’un mois, plus personne n’est en sécurité, nulle part; mais également en Cisjordanie occupée. »  Elle a estimé que l’impasse dans laquelle se trouve le Conseil de sécurité défie toute logique.  Il est temps de trouver une solution pour que cesse ce chaos, a déclaré la déléguée, en jugeant impératif que le Conseil surmonte les entraves politiques et géopolitiques. 

En appelant à l’humanité de tous, elle a espéré qu’un consensus pourra être rapidement trouvé, afin que le Conseil puisse être à la hauteur de son mandat.  Elle a réitéré sa ferme condamnation de toutes les violences meurtrières indiscriminées, en se déclarant profondément choquée par la multiplicité des frappes contre les écoles, les hôpitaux, les ambulances, ainsi que les camps de réfugiés.  Enfin, elle a pris note avec intérêt de la décision des autorités israéliennes de mettre en place, depuis hier, des « pauses » quotidiennes dans le nord de la bande de Gaza.

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a rappelé que le droit international humanitaire doit être respecté à tout moment, en particulier les principes de distinction, de proportionnalité et de précaution dans la conduite des hostilités. Elle a aussi rappelé qu’un convoi humanitaire du CICR transportant du matériel d’aide d’urgence à destination de l’hôpital Al-Qods a essuyé des tirs mardi dernier, un « incident » qui illustre l’environnement dans lequel les organisations humanitaires opèrent actuellement à Gaza.  La représentante a également estimé que le volume d’aide humanitaire actuellement fourni à Gaza est insuffisant.  Il est essentiel que l’eau, la nourriture, les fournitures médicales ainsi que le carburant puissent entrer et parvenir aux centaines de milliers de civils se trouvant dans le nord du territoire.  La Suisse continuera de contribuer, au sein de ce Conseil, à la mise en place de mesures urgentes, telles que des pauses ou des trêves humanitaires, pour garantir un accès sûr, rapide et sans entrave à l’assistance humanitaire, a-t-elle assuré. 

Concluant, la déléguée a enfin rappelé que son pays avait condamné, dès le 7 octobre, et avec la plus grande fermeté, les actes de terreur et les attaques indiscriminées perpétrés par le Hamas contre les populations civiles en Israël.  Si la Suisse reconnaît le droit d’Israël d’assurer sa défense et sa sécurité, elle rappelle que la protection des civils et le respect du droit international humanitaire sont obligatoires.

Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) a déclaré que les attaques terroristes massives du Hamas et d’autres groupes terroristes contre Israël, le 7 octobre, doivent être unanimement condamnées et les otages être libérés immédiatement, et sans conditions.  Elle a également rappelé que toutes les vies se valent et il n’y a pas de « deux poids, deux mesures »: Israël a le droit de se défendre et le devoir de le faire dans le respect du droit international humanitaire, donc en préservant les populations civiles, a-t-elle dit.

Après avoir reconnu que les civils palestiniens perdent la vie chaque jour à Gaza, dont de nombreux enfants, la représentante a appelé à agir pour améliorer la situation humanitaire, qui est catastrophique.  À cette fin, la France continuera d’appeler à une trêve humanitaire immédiate, durable et soutenue, devant pouvoir mener à un cessez-le-feu.  Un accès humanitaire sans entrave et durable à la bande de Gaza doit être assuré de toute urgence et tous les points de passage doivent être ouverts, a poursuivi la représentante, pour qui il faut également permettre un rétablissement immédiat des services de base, notamment pour garantir l’accès à l’eau et à l’assainissement et l’électricité.

La représentante a ensuite fait référence à la conférence internationale humanitaire de soutien à la population civile de Gaza, organisée à Paris le 9 novembre, qui a permis de comptabiliser plus d’un milliard d’euros de contributions financières.  Elle a ajouté que l’aide de la France aux populations civiles palestiniennes était portée de 20 à 100 millions d’euros et que, ces derniers jours, la France avait acheminé 87 tonnes de fret humanitaire.  Trente tonnes supplémentaires le seront, dans les prochains jours, dans le cadre du pont aérien de l’Union européenne, a-t-elle détaillé. 

Mme SHINO MITSUKO (Japon) a constaté la situation de plus en plus désespérante à Gaza et salué le courage du personnel humanitaire qui continue de travailler dans des conditions incroyablement dangereuses.  La représentante a déploré la mort de plus d’une centaine de membres du personnel de l’UNRWA.  Face au silence du Conseil de sécurité depuis plus d’un mois, elle a martelé qu’il est temps d’agir concrètement.  À cette fin, elle a apporté son plein soutien aux pauses humanitaires ainsi qu’aux couloirs humanitaires, afin de faciliter l’assistance nécessaire d’urgence, la circulation des civils et la libération des otages, avant de plaider en faveur d’un accès humanitaire complet, immédiat, rapide, sûr et sans entrave de manière continue. 

Saluant la diplomatie inlassable de la communauté internationale, notamment la conférence internationale sur l’aide humanitaire à Gaza qui s’est tenue hier à Paris, la représentante a souhaité que les pauses annoncées par le Gouvernement américain le 9 novembre contribueront à améliorer l’acheminement de l’aide humanitaire vitale, la protection des civils et la libération des otages à Gaza. 

Pour sa part, le Japon, qui assure la présidence du G7, a accueilli cette semaine à Tokyo la réunion des ministres des affaires étrangères du G7, qui ont appelé à une action urgente pour faire face à la crise humanitaire qui se détériore rapidement à Gaza, a rappelé la représentante.  Le Ministre des affaires étrangères du Japon a annoncé une aide humanitaire supplémentaire de 65 millions de dollars, ainsi que des fournitures de secours d’urgence par l’intermédiaire de l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA), en plus de l’aide d’urgence déjà décidée d’un montant de 10 millions de dollars, a-t-elle indiqué, avant d’encourager tous les États Membres et les partenaires humanitaires à se joindre à cet effort pour alléger les souffrances de la population de Gaza. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a rappelé qu’une crise humanitaire est en cours à Gaza, avant de souhaiter une amélioration de l’accès humanitaire, via notamment Rafah.  « Nous avons besoin de pauses humanitaires afin de disposer de temps pour que l’aide puisse être acheminée et les otages libérés. »  Elle a souligné l’appui de son pays à Israël dans l’exercice de son droit à la légitime défense après l’attaque terroriste perpétrée par le Hamas, avant d’appeler au respect du droit international humanitaire. Nous appelons toutes les parties au conflit à prendre toutes les mesures possibles pour minimiser les souffrances des civils et des agents humanitaires et de santé, a dit la déléguée.  Enfin, elle a déclaré qu’Israël doit en faire plus pour empêcher toute escalade en Cisjordanie, avant de souligner l’appui de son pays à la solution des deux États.

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a pris note de l’intention d’Israël d’autoriser une pause humanitaire quotidienne de quatre heures dans le nord de Gaza.  Mais il est possible et nécessaire de faire davantage, a-t-il dit, avant d’exiger de créer, de toute urgence, les conditions nécessaires à la sécurité des couloirs humanitaires, aux opérations de sauvetage et au passage sûr des blessés, des enfants malades, des femmes enceintes et des soignants, conformément au droit international humanitaire.  Il a alors lancé un appel à tous les pays qui exercent une influence sur les parties, pour qu’ils intensifient leurs efforts visant à mettre fin aux combats et à obtenir la libération de tous les prisonniers israéliens et étrangers. 

Le représentant a aussi lancé un appel à « la milice du Hamas » pour qu’elle tienne compte de la demande de la communauté internationale pour la libération immédiate et inconditionnelle de tous les civils capturés.  Détenir en captivité des populations civiles innocentes est une erreur et inacceptable, quels qu’en soient les motifs, a-t-il dit. Il a enfin interpellé le Conseil, considérant que sa conduite et ses délibérations doivent refléter l’attente d’aider les parties à mettre fin aux hostilités en cours, a conclu le délégué. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) a indiqué que l’évolution dramatique des dernières semaines ne peut que pousser la région vers le gouffre.  Le Hamas, a-t-il constaté, continue d’ignorer la demande de l’ONU de remettre en liberté les otages israéliens.  Parallèlement, la crise humanitaire à Gaza n’est pas tenable, même si plus de 800 camions d’aide sont entrés par le point de passage de Rafah, a considéré le représentant.  Il a ensuite affirmé que toute réponse aux agissements du Hamas doit préserver les civils et les infrastructures dont ces derniers dépendent.  S’il ne faut pas permettre à une organisation terroriste de se regrouper, de s’organiser et de continuer à tuer, de la même manière, la lutte contre la barbarie ne saurait se faire aux dépens du droit international, qui deviendrait une « coquille vide », a exhorté le délégué. 

Appelant à une action immédiate face aux pertes humaines parmi la population palestinienne, surtout les enfants, il s’est félicité des pauses de 4 heures et des couloirs humanitaires qui viennent d’être agréés.  Il a toutefois invité à écouter les travailleurs humanitaires sur place, pour qui cette mesure demeure insuffisante au regard de la situation à Gaza. Le représentant a recommandé de maintenir à distance tous ceux qui soutiennent le terrorisme dans la région, soulignant que, dès la fin des hostilités, il faudra favoriser l’avènement d’une solution à deux États exempte de terrorisme.  Le délégué a signalé que les enfants de Gaza ne doivent pas être élevés dans la haine, la propagande et la bigoterie.  Il faut leur donner ce qu’ils veulent: leur État et leur liberté, faute de quoi, on ne fera que préparer de futurs affrontements. 

M. ANDRÉS EFREN MONTALVO SOSA (Équateur) a rendu hommage au travail héroïque des professionnels de la santé à Gaza qui, en ce moment même, risquent leur vie pour en sauver d’autres dans des conditions inimaginables, ainsi qu’à ceux, parmi eux, qui ont déjà perdu la vie dans ce conflit.  Alors que l’explosion de violence dans la zone de conflit depuis l’attaque terroriste du Hamas du 7 octobre est la plus grave depuis des décennies, ses conséquences humanitaires sont également d’une grande ampleur, a constaté le représentant. 

Après avoir condamné l’utilisation de civils comme boucliers humains par le Hamas et les tirs aveugles de roquettes, le représentant a aussi condamné sans réserve « l’assassinat de civils à Gaza » à la suite de bombardements tels que ceux qui ont eu lieu près de l’hôpital Chifa.  Il a martelé que les infrastructures civiles, y compris les infrastructures de santé, ne doivent en aucun cas être prises pour cible et que toute partie à un conflit armé a le devoir de prendre des mesures pour protéger les hôpitaux et le personnel de santé en toutes circonstances. 

Exigeant le respect du droit international humanitaire en tout temps et par tous, le représentant a fait valoir que les dispositions du droit international humanitaire ne sont pas volontaires et que leur non-respect entraîne de graves responsabilités. Il a conclu par un appel à une trêve humanitaire immédiate, durable et respectée.  Tout en saluant les initiatives telles que la Conférence humanitaire internationale pour Gaza qui s’est tenue hier à Paris, il a toutefois affirmé que ces efforts ne sont pas suffisants.  Il est urgent que ceux qui ont le droit de veto au sein de ce Conseil parviennent à des accords qui lui permettront d’agir, a-t-il exigé.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a salué le travail de l’OMS à Gaza, en soulignant la gravité de la situation humanitaire, qui « ne peut que choquer ».  Rappelant notamment qu’au cours des dernières 24 heures, quatre hôpitaux palestiniens avaient été bombardés, et que 35 bâtiments avaient été détruits, parmi lesquels 221 écoles, 42 sites de l’UNRWA, 7 églises et 56 mosquées, et 165 000 autres endommagés, le représentant s’est dit choqué par les frappes visant des biens de caractère civil, en violation du droit international humanitaire. 

Dans toute guerre, il y a des règles à respecter, a rappelé le représentant, qui a estimé qu’il n’y a actuellement plus aucun lieu sûr dans la bande de Gaza et a déploré le niveau insuffisant de l’aide pour faire face aux besoins colossaux dans la bande de Gaza. 

M. Nebenzia a ensuite évoqué la situation explosive en Cisjordanie, en dénonçant les violences des colons et le soutien, ou à tout le moins la passivité, des forces de sécurité face à leurs exactions et en ajoutant que la situation en Cisjordanie méritait elle aussi toute l’attention du Conseil de sécurité. 

Pour le représentant, la première chose à faire est d’instaurer un cessez-le-feu immédiat à Gaza, pas seulement des pauses humanitaires.  Il a accusé les États-Unis de bloquer toute initiative de paix pour mettre fin au feu dans la bande de Gaza à ce stade, ainsi que la ligne unilatérale qu’ils appliquent depuis plusieurs années et qui consiste à préserver statu quo par une « diplomatie tranquille » qui est en fait une réticence à mettre en œuvre tout ce sur quoi les pays et les peuples se sont mis d’accord. 

L’absence de progrès sur la voie des négociations ne pourrait que conduire à la radicalisation et à l’explosion, au risque de provoquer une expansion géographique du conflit et la réactivation d’autres conflits latents dans la région, a ajouté le représentant, qui a notamment dénoncé la présence militaire américaine dans la région . 

C’est le « cœur brisé » que M. PEDRO COMISSÁRIO AFONSO (Mozambique) a dit suivre les informations quotidiennes faisant état d’attaques incessantes contre des civils, des enfants, des femmes, des hommes et des travailleurs humanitaires, ainsi que de la destruction d’hôpitaux, d’écoles et autres infrastructures civiles à Gaza.  Condamnant « une situation horrible », le représentant a souligné que la privation de nourriture, de médicaments, d’eau et d’électricité exacerbe la gravité de la situation humanitaire tragique que connaît la population civile prise au piège. 

« Cette calamité monstrueuse », a-t-il prévenu, aliénera davantage le peuple palestinien pour les générations à venir et sapera les efforts visant à instaurer la paix et la stabilité dans la région.  Il a en conséquence réitéré l’appel du Mozambique au plein respect du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire, y compris les normes et les règles relatives à la protection des civils et à l’aide humanitaire. Un cessez-le-feu immédiat permettra de mettre un terme aux pertes civiles et à la destruction des infrastructures, et d’acheminer l’aide à Gaza.

Si le représentant a dit adhérer pleinement au droit de légitime défense contre d’autres États ou acteurs non étatiques, en vertu de l’Article 51 de la Charte des Nations Unies, il a cependant souligné qu’il convient d’exercer ce droit conformément à la même Charte et qu’il « n’affecte en rien l’autorité et la responsabilité du Conseil de sécurité », comme il y est stipulé.  Le délégué en a appelé au sens du devoir collectif aux fins d’assurer la protection de tous les civils, tant en Israël qu’à Gaza, qui sont selon lui, « la cible innocente et injustifiée du conflit entre Tsahal et le Hamas ».  La poursuite du conflit actuel et son escalade régionale potentielle retardent l’ensemble du processus de dialogue pour la coexistence pacifique entre Israéliens et Palestiniens, a-t-il mis en garde.

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a fait le constat de la grave détérioration de la situation humanitaire à Gaza, notant que le siège implacable et les bombardements aériens quotidiens dans l’un des endroits les plus densément peuplés de la planète signifient qu’il n’y a pas de zones sûres à Gaza alors que le système de santé dans l’enclave s’est effondré.  La représentante a salué l’annonce faite, hier, par le Gouvernement israélien de pauses quotidiennes afin de garantir la sécurité des couloirs humanitaires, tout en estimant que des pauses plus longues et durables sont nécessaires pour permettre aux acteurs humanitaires d’accéder de manière adéquate à la population civile de Gaza et de répondre à ses besoins croissants.  Ces efforts doivent inclure des opérations urgentes de récupération des personnes piégées sous les décombres, a précisé la représentante, avant de réitérer l’appel de Malte à un cessez-le-feu humanitaire. 

Mme Frazier a également réitéré sa demande urgente au Hamas et au Jihad islamique palestinien de libérer tous les otages israéliens en toute sécurité, immédiatement et sans condition.  Tout en reconnaissant à Israël le droit à protéger ses citoyens contre des actes de terreur, la représentante a souligné que cela doit se faire dans le respect du droit international humanitaire, y compris les principes de distinction, de proportionnalité et de nécessité militaire. 

Préoccupée par la menace d’un débordement régional du conflit, la représentante a exprimé son inquiétude face à la situation en Cisjordanie, où la violence et l’agitation se sont accrues au cours du mois dernier.  Malte appelle toutes les parties à éviter toute action ou rhétorique incendiaire susceptible d’attiser les tensions en cette période d’intense activité et demande qu’il soit mis fin aux déplacements forcés de Palestiniens et aux violences des colons.  La représentante a apporté son plein soutien à l’UNRWA en ces temps difficiles et souligné son besoin urgent de financement, en faisant valoir que l’Office a été et reste une force stabilisatrice dans la région et la seule lueur d’espoir pour les Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie.  Il est donc essentiel que les États Membres continuent à le soutenir, a-t-elle conclu.

M. ZHANG JUN (Chine) a dit que se déroule à Gaza une « crise de l’humanité », selon les mots du Secrétaire général.  Il est attendu de ce Conseil qu’il prenne des mesures décisives pour mettre fin à ce conflit, a dit le délégué, en souhaitant que le monde parle à l’unisson.  Il a demandé l’instauration d’un cessez-le-feu, exhortant les pays qui ont de l’influence auprès des parties à mettre de côté leurs considérations géopolitiques et toute approche de deux poids, deux mesures afin d’œuvrer en ce sens. Le représentant a demandé la fin de la punition collective visant les civils à Gaza, estimant que le Conseil doit œuvrer à une trêve de plusieurs jours et à l’instauration de corridors humanitaires.  Il a en effet souligné la nette insuffisance de l’aide apportée jusqu’à présent, selon lui « une goutte dans l’océan des besoins ».  En outre, aucune solution à la crise actuelle ne saurait s’écarter de la solution des deux États, a ajouté le délégué en conclusion.

Reprenant la parole, le Directeur général de l’OMS, M. TEDROS ADHANOM GHEBREYESUS, a souligné à nouveau qu’à Gaza, personne n’est en sécurité, en appelant les membres du Conseil à se mettre à la place des habitants.  C’est la raison pour laquelle il demande un cessez-le-feu, un accès humanitaire sans entrave et une action du Conseil de sécurité pour faire libérer les otages, a-t-il expliqué.  Le Directeur général a également soutenu la solution des deux États, arguant qu’elle est bonne à la fois pour Israël et les Palestiniens, une position qu’il défend depuis qu’il était Ministre des affaires étrangères de l’Éthiopie.  Le haut fonctionnaire a enfin réitéré son appel aux membres du Conseil pour qu’ils s’engagent à réformer cet organe de l’ONU.

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