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Conseil de sécurité: impasse politique totale en Libye, selon le Représentant spécial, qui reproche aux parties prenantes de s’accrocher au statu quo

9605e séance – matin
CS/15666

Conseil de sécurité: impasse politique totale en Libye, selon le Représentant spécial, qui reproche aux parties prenantes de s’accrocher au statu quo

Lors de sa toute dernière intervention au Conseil de sécurité en qualité de Représentant spécial du Secrétaire général pour la Libye, M. Abdoulaye Bathily a dressé un constat d’échec, celui de ses tentatives infructueuses pour dénouer l’impasse politique dans laquelle s’enlise ce pays, en raison de la « résistance obstinée », des « attentes déraisonnables » et de l’« indifférence » manifestée à l’égard des intérêts du peuple libyen par ses dirigeants, plus que jamais divisés sur la marche à suivre. 

M. Bathily, qui dirigeait aussi la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) depuis septembre 2022, a en effet annoncé sa démission aux médias à l’issue de cette réunion du Conseil.  Il est décourageant, s’est-il justifié plus tôt devant ses membres, de voir la « détermination égoïste » des cinq principales parties prenantes libyennes à maintenir le statu quo par des manœuvres dilatoires au lieu d’œuvrer à un règlement politique de la crise sur la base de négociations et de compromis. 

Le haut fonctionnaire a décrit une situation particulièrement complexe, où chacun campe sur ses positions.  S’ils ont désigné leurs représentants pour le dialogue proposé par M. Bathily, le Président du Haut Conseil d’État, Mohammed Takala, et le Premier Ministre intérimaire de la Libye, Abdulhamid Dbeibah, ont posé des conditions préalables, exigeant le réexamen des lois électorales approuvées par consensus après huit mois de négociations par le Comité  « 6+6 », formé de membres de la Chambre des députés et du Haut Conseil d’État.  En outre, les deux hommes exigent également l’adoption d’une nouvelle constitution préalablement au processus électoral. 

De son côté, M. Aguila Saleh continue de faire de la formation d’un nouveau gouvernement par la Chambre des députés, qu’il préside, sa priorité, arguant que celle-ci est le seul organe législatif légitime en Libye, un point de vue loin d’être partagé par ses adversaires.  Quant au général Khalifa Haftar, il conditionne sa participation soit à l’invitation du Gouvernement soutenu par la Chambre des députés et dirigé par Ossama Hammad, soit à la désinvitation d’Abdulhamid Dbeibah, qui est aussi le Chef du Gouvernement d’unité nationale de transition, basé à Tripoli (ouest) – « c’est-à-dire à l’exclusion des deux gouvernements ». 

Pour M. Bathily, les difficultés ont été exacerbées par un accord manifeste entre le Président du Conseil présidentiel,  M. Mohamed al-Menfi, le Président Saleh, et le Président du Haut Conseil d’État, M. Takala, à l’issue d’une réunion trilatérale le 10 mars au Caire, réunion à laquelle la MANUL n’a pas été conviée.  Les initiatives « unilatérales, parallèles et non coordonnées » contribuent à des complications inutiles et à la cristallisation du statu quo, a mis en garde le Représentant spécial, pour qui les préconditions posées par les dirigeants libyens contredisent leur intention affichée de trouver une solution au conflit qui déchire leur pays. Ce à quoi le délégué libyen a rétorqué que les efforts de l’ONU ont débouché sur la mise en place de « structures parallèles » qui ne sont pas parvenues à travailler ensemble parce que la réconciliation nationale fait défaut. 

Cette impasse politique ne fait qu’amplifier la crise économique, alors que la Banque centrale libyenne ne cesse de mettre en garde contre une crise de liquidités imminente, s’est alarmé M. Bathily.  La surtaxe temporaire, allant jusqu’à 27%, applicable aux taux de change officiels depuis le 14 mars dernier, suscite un tollé parmi l’opinion publique, en raison de l’inflation qu’elle provoque.  Aussi le haut fonctionnaire a-t-il exhorté les autorités libyennes à s’entendre d’urgence sur un budget national et à remédier à la gabegie au bénéfice de tous les Libyens, y compris les populations des zones marginalisées du sud. 

Tous les membres du Conseil se sont désolés de cette impasse politique, à commencer par le Royaume-Uni, la délégation porte-plume sur les questions libyennes, pour qui elle expose la Libye à l’influence d’acteurs extérieurs cherchant à contrôler la sécurité et l’économie du pays, avec pour corollaire une aggravation de l’instabilité, au Sahel et au-delà.  Pour la France, la seule solution est de former un nouveau gouvernement unifié capable de mener le pays aux élections, la tenue simultanée des scrutins présidentiels et législatifs « sur l’ensemble du territoire libyen » étant préférable selon la Fédération de Russie. 

Les A3+, formés de l’Algérie, du Guyana, du Mozambique et de la Sierra Leone, se sont dits préoccupés par les tensions persistantes et les affrontements sporadiques entre groupes armés en Libye, même si l’accord de cessez-le-feu de 2020 tient toujours.  Le groupe des A3+, qui a dénoncé l’ingérence d’acteurs extérieurs qui acheminent dans le pays armes et argent, a sommé les forces et combattants étrangers et les mercenaires de quitter la Libye.  Les États-Unis, qui ont dit suivre de près les mouvements de troupes et les trafics d’armes au Niger, au Tchad et au Mali, ont renchéri, avant de dénoncer les activités du groupe Wagner soutenu par la Russie.  Réagissant aux « insinuations » de la délégation américaine, la Fédération de Russie a précisément reproché aux États-Unis de chercher à renforcer leur implantation dans ce pays.  Quelle est donc cette structure privée américaine sur le territoire libyen et la nature de ses activités au regard du régime de sanctions en vigueur et en particulier de l’embargo sur les armes? s’est ainsi demandé le représentant russe. 

Combien de temps cette situation va-t-elle encore durer? s’est de son côté lamenté son homologue libyen, qui a mis en cause les divisions au sein du Conseil de sécurité pour mettre fin aux ingérences étrangères dans son pays.  Aujourd’hui, la Libye est devenue exportatrice d’armes en raison de la contrebande, mais le Conseil ne fait rien alors qu’il sait exactement comment elles entrent dans le pays, en violation de l’embargo pourtant imposé par ses soins. Mettons fin aux sanctions et privilégions les initiatives nationales.  « Peut-être que nous pourrions alors trouver pour nous-mêmes et par nous-mêmes une issue à cette crise », a souhaité le délégué. 

Le Représentant spécial a également considéré que les membres du Conseil de sécurité doivent assumer leurs responsabilités « en paroles et en actes », « individuellement et collectivement », pour obliger les parties prenantes à soutenir les efforts de la MANUL en faveur d’un dialogue politique.  « Plus que jamais, un engagement renouvelé et coordonné entre les acteurs régionaux et internationaux est impératif », a-t-il souligné.  

LA SITUATION EN LIBYE - S/2024/301

Déclarations

M. ABOULAYE BATHILY, Représentant spécial du Secrétaire général pour la Libye, a déclaré s’être activement impliqué, au cours des trois derniers mois, auprès des cinq principales parties prenantes libyennes au dialogue visant à résoudre toutes les questions controversées relatives aux lois électorales et à la formation d’un gouvernement unifié. « Malheureusement, mes tentatives pour répondre à leurs préoccupations se sont heurtées à une résistance obstinée, à des attentes déraisonnables et à une indifférence à l’égard des intérêts du peuple libyen », a déploré le haut fonctionnaire. 

MM. Mohammed Takala et Abdulhamid Dbeibah ont désigné leurs représentants pour le dialogue proposé, mais tous deux ont posé des conditions préalables, exigeant le réexamen des lois électorales approuvées par consensus après huit mois de négociations par le Comité « 6+6 » et publiées au Journal officiel, a précisé le Représentant spécial.  Les deux hommes exigent également l’adoption d’une nouvelle constitution préalablement au processus électoral.  De son côté, M. Agila Saleh continue de faire de la formation d’un nouveau gouvernement par la Chambre des députés sa priorité, arguant que celle-ci est le principal organe législatif, dont la légitimité éclipse celle des autres institutions libyennes.  Ce n’est pas l’avis de certains, qui rappellent que la Chambre des députés a été élue en 2014 et que son mandat a donc expiré, comme celui des autres institutions intérimaires actuelles.  Quant au général Khalifa Haftar, il conditionne sa participation soit à l’invitation du Gouvernement soutenu par la Chambre des députés et dirigé par M. Ossama Hammad, soit à la désinvitation de M. Dbeibah, c’est-à-dire à l’exclusion des deux gouvernements. 

L’Armée nationale libyenne (ANL) est incontestablement l’autorité décisionnelle sur les questions politiques, militaires et sécuritaires dans l’est et le sud de la Libye et le Gouvernement Hammad son aile exécutive, a reconnu M. Bathily.  Alors que la MANUL et les agences, fonds et programmes des Nations Unies interagissent avec le Gouvernement soutenu par la Chambre des députés, en particulier sur les questions liées à l’aide humanitaire et à la reconstruction de Derna, l’administration n’est pas, à elle seule, l’une des institutions clefs dont l’adhésion est nécessaire à un règlement politique en vue de permettre la tenue d’élections, a-t-il expliqué.  « Accorder un siège distinct à la table des négociations au Gouvernement soutenu par la Chambre des députés aurait pour effet d’officialiser les divisions en Libye », en a déduit le haut fonctionnaire. 

Quant au Gouvernement d’unité nationale, formé à la suite d’un processus facilité par la MANUL, il s’est imposé comme un acteur majeur en Occident, même s’il est de plus en plus contesté par des forces rivales croissantes. L’extension de son rôle au-delà de la tenue des élections révèle ses limites et incite ses opposants à remettre en question sa légitimité.  « Néanmoins, il reste le Gouvernement internationalement reconnu de la Libye dans la phase intérimaire actuelle », a affirmé le Représentant spécial. 

Pour M. Bathily, la rivalité entre les cinq parties prenantes est au cœur du problème.  Et les difficultés ont été exacerbées par un accord apparent entre le Président du Conseil présidentiel, M. Mohamed al-Menfi, le Président Saleh, et le Président du Haut Conseil d’État, M. Takala, à l’issue d’une réunion trilatérale le 10 mars au Caire, à laquelle la MANUL n’était pas associée.  Les initiatives « unilatérales, parallèles et non coordonnées » contribuent à des complications inutiles et à la cristallisation du statu quo, a mis en garde le Représentant spécial, pour qui les conditions préalables avancées par les dirigeants libyens contredisent leur intention affichée de trouver une solution au conflit. 

Parallèlement à cette impasse politique, la situation économique en Libye est extrêmement tendue, alors que la Banque centrale libyenne ne cesse de mettre en garde contre une crise de liquidités imminente, a poursuivi M. Bathily. La surtaxe temporaire, allant jusqu’à 27%, sur les taux de change officiels, approuvée par le Président Saleh le 14 mars, associée à la baisse de la valeur du dinar libyen sur le marché parallèle national et à un accès restreint aux devises étrangères, suscite la colère de l’opinion publique, en raison de l’inflation qui en résulte.  Aussi le haut fonctionnaire a-t-il exhorté les autorités libyennes à se mettre rapidement d’accord sur un budget national et à remédier aux lacunes importantes en matière de gestion transparente, équitable et responsable des ressources de l’État pour le bénéfice de tous les Libyens, y compris ceux des zones marginalisées du sud. 

En outre, la présence d’acteurs armés et d’armes lourdes à Tripoli est très préoccupante, car elle constitue une menace importante pour la sécurité de la population civile, s’est-il alarmé.  De même, la militarisation continue des acteurs armés dans les trois régions et les manœuvres militaires des forces armées libyennes près de la ligne de cessez-le-feu à l’est de Syrte posent un risque pour l’accord de cessez-le-feu.  « Toute escalade en Libye exacerberait l’instabilité non seulement au Tchad, au Niger et au Soudan, mais aussi dans l’ensemble du Sahel », a averti le Représentant spécial. 

Si aucune violation de l’accord de cessez-le-feu n’a été enregistrée au cours de la période à l’examen, reste que les progrès dans la mise en œuvre de ses dispositions sont en suspens, en particulier sur le retrait des combattants étrangers, des forces étrangères et des mercenaires, entravé par l’impasse politique et l’instabilité dans les pays voisins du sud de la Libye, d’où sont originaires nombre de ces combattants et mercenaires étrangers, a expliqué le Chef de la MANUL. 

Profondément préoccupé par la situation désastreuse des migrants et des réfugiés en Libye, il a déploré la découverte, le 22 mars, dans le sud-ouest de la Libye, d’un charnier contenant les corps de 65 migrants. Il a aussi fait état d’informations selon lesquelles un traitement « choquant » aurait été infligé aux migrants en détention arbitraire. 

M. Bathily a ensuite regretté que la conférence de réconciliation nationale qui devait se tenir sous l’égide de l’Union africaine à Syrte le 28 avril a été reportée, en raison là encore des divisions entre dirigeants libyens. Il est décourageant, a-t-il dit, de voir des individus en position de pouvoir placer leurs intérêts personnels avant ceux de leur pays.  Leur détermination égoïste à maintenir le statu quo par des manœuvres dilatoires doit laisser place à un règlement politique basé sur des négociations et des compromis.  Les membres du Conseil de sécurité doivent donc assumer leurs responsabilités « en paroles et en actes », « individuellement et collectivement », pour obliger les parties prenantes à soutenir les efforts de la MANUL visant à restaurer l’unité et la légitimité des institutions libyennes au travers d’un dialogue politique.  « Plus que jamais, un engagement renouvelé et coordonné entre les acteurs régionaux et internationaux est impératif. » 

En tant que Président du Comité 1970 (2011) du Conseil de sécurité, le représentant du Japon a présenté le rapport d’activités du Comité pour la période du 16 février au 15 avril 2024.  Pendant cette période, le Comité a publié un communiqué de presse sur les consultations informelles tenues le 2 février.  En ce qui concerne la mise en œuvre des mesures d’embargo sur les armes, le Comité a reçu deux nouveaux rapports, dont l’un porte sur les inspections de navires.  Le Comité a également poursuivi son examen du rapport d’une inspection de navire réalisée en octobre 2022.  Les membres du Comité ont exprimé des opinions différentes sur la question. Dans la même période, le Comité a reçu deux demandes de dérogation à l’embargo sur les armes et une demande de clarification d’une exemption préalablement approuvée.  Le Comité a reçu des lettres du Groupe d’experts avec leurs contributions techniques sur deux de ces demandes. 

En outre, le Comité a pris note de la communication de la Libye transmettant la liste mise à jour des signataires autorisés pour les certificats d’utilisateur final et le spécimen de copie de leurs signatures.  Concernant le gel des avoirs, le Comité a reçu cinq lettres et aucune réponse négative n’a été produite en rapport avec les cinq notifications reçues.  Le Groupe d’experts a également apporté sa contribution technique sur cette question. Par ailleurs, le Comité a reçu quatre lettres de la Libye concernant certains aspects du gel des avoirs, dont l’une contenait une mise à jour de la transformation stratégique de la Libyen Investment Authority (LIA).  Les autres lettres concernaient la gestion de certains actifs de la LIA. 

Pour la représentante du Royaume-Uni, la seule voie durable pour améliorer la situation sécuritaire en Libye passe par un processus politique facilité par les Nations Unies et un règlement politique inclusif.  Elle a appelé les dirigeants libyens à travailler avec le Représentant spécial du Secrétaire général de manière constructive et sans conditions préalables afin de résoudre les questions en suspens qui retardent les élections.  L’organisation d’élections municipales constituerait un pas important dans la bonne direction, a estimé la déléguée qui a exhorté les dirigeants libyens à fournir à la Haute Commission électorale nationale les fonds et les garanties de sécurité nécessaires pour organiser leur tenue dès que possible. 

Elle a indiqué que l’impasse politique laisse la Libye vulnérable à l’influence d’acteurs extérieurs cherchant à contrôler la sécurité et l’économie du pays, ce qui risque d’aggraver l’instabilité, y compris au-delà du Sahel.  Cette situation pose également des défis pour la société civile, la liberté d’expression et les droits humains et met à mal les valeurs démocratiques, a-t-elle ajouté. La représentante est ensuite revenue sur les inondations de septembre dernier, regrettant que les efforts de redressement et de reconstruction à Derna et dans les autres zones touchées restent politisés.  Les institutions internationales sont bloquées et l’accès est limité, a-t-elle regretté avant d’exhorter les autorités libyennes à convenir d’un modèle transparent pour assurer le redressement et la reconstruction et en leur recommandant d’utiliser l’expertise technique offerte par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). 

Le représentant de la Slovénie a regretté le peu de progrès réalisés sur le plan politique depuis la dernière réunion au Conseil sur la Libye. Préoccupé par la persistance des divisions et de l’instabilité dans ce pays, il a souligné que le peuple libyen doit pouvoir choisir ses dirigeants dans le cadre d’un processus démocratique. Il a appelé les acteurs libyens à s’engager de bonne foi et sans conditions préalables dans les efforts de l’ONU, les exhortant à désigner sans plus tarder leurs représentants pour participer aux réunions préparatoires du Représentant spécial.  Un élément essentiel du processus démocratique en Libye sera la tenue d’élections au niveau local, a poursuivi le délégué. Les obstacles à leur tenue doivent être écartés et les autorités libyennes doivent débloquer le financement électoral nécessaire. 

Après avoir appelé au départ des combattants, mercenaires et forces étrangères de Libye, le représentant a déploré la découverte d’une fosse commune contenant les corps de 65 migrants dans le sud-ouest de la Libye le mois dernier. Les autorités libyennes doivent enquêter sur cet horrible incident et les responsables doivent rendre des comptes. Des enquêtes doivent également être menées sur toutes les violations des droits humains des migrants, y compris ceux qui sont détenus dans des centres de détention auxquels la MANUL doit avoir accès. 

Le représentant des États-Unis a estimé que la dévaluation du dinar libyen et les autres problèmes économiques approfondissent les divisions dans le pays. Pour que les Libyens bénéficient d’un système transparent de répartition des recettes, il importe que l’État libyen ait un budget unifié et stabilise sa monnaie, a-t-il affirmé, avant d’évoquer la situation sécuritaire.  Saluant le travail de la Commission militaire conjointe 5+5, il a exhorté les acteurs libyens à réduire la criminalité dans le sud du pays et à stabiliser les frontières.  À ses yeux, les progrès sur la voie d’une unification militaire sont essentiels pour permettre à la Libye de réaffirmer sa souveraineté et de ne pas se retrouver empêtrée dans des conflits régionaux.  À cet égard, le délégué a indiqué que les États-Unis suivent de près la situation au Niger, au Tchad et au Mali, notamment les déplacements de combattants et les trafics d’armes.  Après avoir appelé au retrait de toutes les forces étrangères présentes en Libye, il s’est dit préoccupé par les activités du groupe Wagner soutenu par la Russie et la consolidation de sa présence en Libye. 

S’agissant du processus politique, le représentant a souhaité qu’il conduise à des élections.  La MANUL doit tout faire pour les acteurs libyens s’assoient à la même table et participent aux pourparlers facilités par l’ONU, a-t-il préconisé, déplorant les retards enregistrés dans ce processus.  Pour ce qui est des sanctions, il s’est déclaré inquiet des violations de l’embargo sur les armes et des exportations illicites de pétrole, en dépit des efforts de surveillance et d’interception déployés par l’Union européenne dans le cadre de l’opération IRINI.  Jugeant que cette opération demeure pertinente et nécessaire, il a indiqué que les États-Unis soutiendront la France et Malte pour renouveler l’autorisation d’inspection des navires faisant route au large des côtes libyennes. Il s’est enfin félicité de l’ouverture d’une enquête pour faire la lumière sur les violations des sanctions, lesquelles, a-t-il rappelé, visent à assurer la paix et la stabilité en Libye. 

Le représentant de la Fédération de Russie a constaté que dans un contexte de pouvoir bicéphale en Libye, on ne voit pas de perspectives de progrès, jugeant donc nécessaire de redoubler d’efforts pour résoudre les problèmes en suspens.  Le processus doit être mené par les Libyens eux-mêmes et placé sous l’égide des Nations Unies, en s’abstenant d’imposer des cadres ou des recettes venues de l’extérieur, a préconisé le délégué.  Il a appelé les acteurs régionaux et internationaux à appuyer la MANUL, qui contribue à son tour à un processus politique interne pour qu’un gouvernement unifié voie le jour afin d’organiser des élections présidentielle et législatives simultanées sur l’ensemble du territoire libyen. 

Préoccupé par les tensions sécuritaires, le délégué a exhorté les factions militaires et groupes étrangers à retirer leurs forces du territoire libyen. Il a ensuite estimé que l’opération IRINI, dirigée par l’Union européenne, pose des problèmes de reddition des comptes, sans compter son « incompatibilité » avec la résolution 2292 (2016) du Conseil de sécurité.  Enfin, le délégué a réagi aux « insinuations » de son collègue américain s’agissant de la supposée présence russe en Libye, alors que les États-Unis cherchent précisément, selon lui, à renforcer leur implantation dans ce pays.  Quelle est donc cette structure privée américaine sur le territoire libyen et la nature de ses activités au regard du régime de sanctions en vigueur et en particulier de l’embargo sur les armes? a demandé le représentant. 

En sa capacité nationale, le représentant du Japon a appelé à remédier à l’impasse politique persistante, d’autant plus que le manque de progrès du processus politique affecte négativement la situation économique, la situation sociale et le secteur sécuritaire, ainsi que la stabilité régionale. L’inclusion est également essentielle dans le processus de réconciliation, a poursuivi le délégué qui a expliqué que les progrès dans le processus de réconciliation contribueront également à accompagner les efforts sur le plan politique.  Il a aussi jugé impératif l’unification des institutions sécuritaires et militaires de l’est et l’ouest de la Lybie, ainsi que le retrait des forces étrangères et des combattants étrangers et autres mercenaires. Il a évoqué les risques sérieux que représentent la traite des êtres humains et les réseaux criminels exploitant les migrants, les réfugiés et les demandeurs d’asile. 

Pour la représentante de la France, la priorité collective doit être à la relance du processus politique en Libye.  Elle a soutenu les efforts en ce sens du Représentant spécial du Secrétaire général dont la médiation est essentielle pour faire avancer le pays sur la voie d’élections présidentielle et législatives libres, transparentes et inclusives sur l’ensemble du territoire libyen.  Elle a encouragé tous les acteurs libyens à s’engager de bonne foi dans le dialogue sous l’égide de l’ONU avant d’encourager également l’organisation d’élections municipales en 2024.  Tous ces efforts doivent mener, selon elle, à la restauration de l’unité de la Libye.  Arguant que le statu quo n’est plus acceptable pour le peuple libyen, elle a insisté sur la nécessité de relancer le processus politique pour un nouveau gouvernement unifié capable de mener le pays aux élections, ce qui nécessite un budget unifié et une gestion transparente des ressources nationales.

Sur le plan sécuritaire, la France reste mobilisée pour soutenir les efforts des acteurs libyens en vue de parvenir à la réunification de l’armée, a-t-elle indiqué.  La déléguée a ensuite fait part de ses préoccupations face aux violations des droits humains en Libye, qu’il s’agisse de disparitions forcées, d’arrestations arbitraires ou autres, exigeant que les responsables rendent des comptes.  Elle s’est également inquiétée de la situation des migrants, des réfugiés et des demandeurs d’asile en Libye, encourageant les autorités libyennes à pleinement coopérer avec les agences onusiennes et l’UE sur ce dossier.  Enfin, elle a appelé au retrait de l’ensemble des combattants étrangers et mercenaires de la Libye, indiquant soutenir le renouvellement de l’opération IRINI en juin prochain.

Le représentant de la Sierra Leone qui s’exprimait au nom des A3+ (Algérie, Guyana, Mozambique et Sierra Leone), a dit être préoccupé par l’impasse politique après 13 ans de crise en Libye.  L’absence de nouvelles dates pour les élections législatives et présidentielle ne fera qu’accroître l’instabilité politique et compromettre davantage la capacité de l’État à reconstruire ses institutions. Il a appelé les parties prenantes à soutenir les efforts de médiation de M. Abdoulaye Bathily et à parvenir à un consensus sur les lois électorales.  Les élections doivent être organisées afin de rétablir la stabilité politique, sécuritaire et économique du pays, a-t-il insisté.  Prenant note de la réunion du 10 mars organisée par le Secrétaire général de la Ligue des États arabes, il a souligné la nécessité de faire converger les efforts des organisations internationales et régionales pour éviter la duplication des médiations. 

S’agissant de la situation sécuritaire, le représentant a dit être préoccupé par les tensions persistantes et les affrontements sporadiques entre les groupes armés en Libye, malgré le maintien de l’accord de cessez-le-feu de 2020. Il a dénoncé les acteurs extérieurs qui déstabilisent le pays en y acheminant de l’argent et des armes, plaçant leurs intérêts personnels au-dessus du bien-être de la population libyenne.  Les forces étrangères, les combattants étrangers et les mercenaires doivent quitter la Libye afin de créer un environnement favorable au processus politique, à la sécurité, la stabilité et à la préservation de l’unité, de l’indépendance et de l’intégrité territoriale du pays.  Il a également exhorté les Libyens à participer au processus de réconciliation nationale. 

Sur le plan humanitaire, le représentant a demandé à faciliter l’accès à l’aide.  Il a également appelé les dirigeants à reconstruire Derna et les autres zones touchées par les inondations.  Préoccupé par la situation des migrants, des réfugiés et des demandeurs d’asile, il a exhorté les autorités libyennes à améliorer leur sort et à envisager des alternatives à la détention.  Les auteurs des abus doivent rendre des comptes.  S’agissant des sanctions, il a demandé la restitution des avoirs gelés de la Libye. 

Le représentant de la République de Corée a regretté le retard pris dans l’organisation des élections présidentielle et parlementaires en Libye, alors que les citoyens sont confrontés à des défis socioéconomiques de plus en plus graves causés par la lenteur du processus politique et l’absence de gouvernance nationale unifiée.  Les affrontements récents impliquant des groupes armés locaux démontrent la fragilité de la situation sécuritaire, a-t-il ajouté.  Face à cette impasse, il a exhorté les acteurs libyens à appuyer les efforts que déploie le Représentant spécial pour faire avancer le processus politique, notamment les questions en suspens sur les projets de loi électorale.  Il les a également appelés à soutenir la Haute Commission électorale nationale pour que des élections locales soient organisées cette année, comme annoncé en janvier, avant d’exprimer son soutien à la convocation d’une conférence de réconciliation nationale soutenue par l’Union africaine.

Le délégué a par ailleurs invité les autorités libyennes à poursuivre les réformes économiques et fiscales pour parvenir à une gestion responsable des ressources de l’État.  Notant que les récentes protestations de la population libyenne sont largement motivées par la dégradation du niveau de vie, encore aggravée par la récente dépréciation du dinar libyen, il a également constaté que les ressources nationales pour la reconstruction de l’est de la Libye touché par les inondations de septembre 2023 ne sont pas distribuées de manière équitable et transparente.  S’agissant de la mise en œuvre du régime de sanctions, il a déploré les violations de l’embargo sur les armes qui menacent la stabilité régionale déjà précaire et a réaffirmé le soutien de son pays à l’opération IRINI de l’Union européenne au large des côtes libyennes.  Enfin, après avoir appelé à des efforts internationaux cohérents pour protéger les droits humains des migrants et des réfugiés en Libye, il a demandé aux autorités libyennes de coopérer avec les agences onusiennes pour traduire en justice les responsables de violations dans les centres de détention et de permettre un accès humanitaire sans restriction à ces installations. 

La représentante de la Suisse a appelé les acteurs libyens à trouver un compromis afin de permettre l’organisation d’élections libres, équitables, transparentes et inclusives.  Faute d’un tel compromis, sous l’égide des bons offices de l’ONU, l’aspiration légitime des Libyens aux élections et à la paix sera entravée, a-t-elle averti, estimant que le succès de ce processus politique dépend de la création d’un environnement propice.  Cela inclut notamment le respect des droits humains et un arrêt immédiat de la répression à l’encontre des défenseurs de ces droits, a précisé la représentante, avant de dénoncer les graves atteintes à la liberté d’expression et le rétrécissement continu de l’espace civique en Libye.  Elle a ajouté que la Suisse soutient activement des initiatives visant à promouvoir la réconciliation, comme la tenue de la conférence sur la justice transitionnelle du 26 février dernier, organisée par le Conseil présidentiel libyen et la MANUL. 

Abordant ensuite la situation migratoire,  la représentante s’est déclarée alarmée par la découverte d’au moins 65 corps de migrants dans une fosse commune dans le sud-ouest de la Libye. Condamnant ces crimes, elle a appelé à ce que les auteurs soient tenus responsables et a souligné l’urgente nécessité d’une réponse coordonnée au trafic illicite de migrants et à la traite des personnes en Libye.  Avant de conclure, elle a estimé que, face au risque d’escalade, la Libye doit impérativement s’engager dans un processus politique, soutenu par la communauté internationale et par une véritable justice transitionnelle. 

Le représentant de l’Équateur a regretté la stagnation politique en Libye, dont les dirigeants doivent renouveler leur engagement à participer, sans conditions préalables, à un accord politique qui ouvrira la voie à la tenue d’élections présidentielle et législatives.  Dans ce contexte, son pays considère avec intérêt l’initiative de la Ligue des États arabes visant à faciliter le dialogue et à résoudre les problèmes liés à la tenue d’élections, qui, selon lui, devrait être complémentaire au processus promu par le Représentant spécial.  Par ailleurs, le délégué a jugé indispensable la mise en place d’un gouvernement unifié pour la paix et la stabilité futures de la Libye, ainsi que pour relever les défis économiques, notamment la reconstruction des zones touchées par la tempête Daniel et la gestion de ses ressources naturelles. 

C’est pourquoi il a souligné l’importance des efforts du Conseil présidentiel pour faire progresser le processus de réconciliation nationale, avec le soutien de l’Union africaine.  Le délégué a en outre encouragé la MANUL à continuer de soutenir les efforts de la Commission militaire mixte 5+5 dans la mise en œuvre de l’accord de cessez-le-feu de 2020.  Enfin, le représentant a réitéré son appel aux autorités libyennes pour que, en coopération avec la communauté internationale et les partenaires de la région, elles protègent les droits des migrants et démantèlent les réseaux de trafiquants opérant dans le pays.

Le représentant de la Chine a appelé la communauté internationale à écouter la voix des parties libyennes et à s’abstenir d’imposer toute solution de l’extérieur.  Il a aussi plaidé pour le retrait des mercenaires hors du pays.  La délégation a salué le rôle joué par la République du Congo dans le dossier libyen, rappelant son attachement au principe de « solutions africaines aux problèmes africains ».  Elle a marqué son inquiétude sur le plan sécuritaire et a appelé à une réunion du Comité militaire conjointe 5+5 pour tabler sur la question. Au sujet de la tragédie des migrants qui se poursuit en Libye, la Chine a appelé les pays européens concernés à soutenir la Libye pour appuyer la gestion de la crise des migrants et des réfugiés. 

La représentante de Malte a déclaré que pour sortir de l’impasse et organiser des élections libres, équitables, transparentes, inclusives et sûres, il faut pouvoir s’appuyer sur le compromis et sur un consensus politique. Elle a appelé les principales parties prenantes libyennes à s’engager de manière constructive dans cette initiative, demandant en outre aux autorités libyennes de soutenir la Haute Commission électorale nationale dans l’organisation des élections municipales cette année, en lui garantissant les fonds et ressources nécessaires en temps voulu. De même, la déléguée a plaidé pour la participation pleine, égale, significative et sûre des femmes en tant qu’électrices, candidates et observatrices, demandant en outre de faciliter la participation active, significative et inclusive des jeunes et de la société civile. 

La représentante a par ailleurs estimé que le retrait des combattants étrangers et de mercenaires doit être une priorité, s’inquiétant en outre de la prolifération d’armes sous le contrôle de divers acteurs étatiques et non étatiques. Cette situation illustre l’importance de la mise en œuvre de l’embargo sur les armes en Libye et le rôle crucial joué par l’opération IRINI à cet égard, a indiqué la représentante qui a espéré un renouvellement de ces autorisations d’ici à la fin du mois de mai.

Le représentant de la Libye a déclaré que le « génocide » dans la bande de Gaza « a fait tomber de nombreux masques », se demandant si « l’entité sioniste » sera placée sous le Chapitre VII de la Charte des Nations Unies parce qu’elle n’a pas appliqué les résolutions du Conseil et continue de violer le droit international.  Certains continuent de prêcher et de critiquer la situation en Libye, tout en fermant les yeux sur les scènes de tueries à Gaza.  Pendant ce temps, les années passent depuis que la Libye a été placée sous le Chapitre VII, neuf représentants spéciaux se sont succédé et les Libyens se demandent combien de temps cela va durer encore.

Le délégué a regretté l’incapacité du Conseil de sécurité de mettre fin aux ingérences étrangères dans son pays, pointant les divisions qui persistent en son sein.  Combien de temps cette situation va-t-elle encore durer?  Aujourd’hui, la Libye est devenue exportatrice d’armes en raison de la contrebande, mais le Conseil ne fait rien alors qu’il sait exactement comment ces armes entrent dans le pays.  Il a appelé à mettre fin aux sanctions et à privilégier les initiatives nationales.  « Peut-être que nous pourrions alors trouver pour nous-mêmes et par nous-mêmes une issue à cette crise », a-t-il espéré.  Il a reconnu l’importance de l’organisation des élections, tout en notant que la réconciliation et le rétablissement de la confiance sont des préalables essentiels.  Toutes les solution politiques resteront fragiles en l’absence d’une véritable réconciliation, a-t-il insisté.

Il a indiqué que les efforts de l’ONU ont débouché sur la mise en place de structures parallèles qui ne sont pas parvenues à travailler ensemble parce que la réconciliation nationale fait défaut.  Il a appelé à établir un contrat social accepté par tous et à soutenir les efforts du Conseil présidentiel et de l’Union africaine.  Il faut tenir compte des positions divergentes des différentes parties libyennes pour que ces élections puissent avoir lieu, a défendu le représentant. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Instance permanente sur les questions autochtones donne le coup d’envoi à une session axée sur la voix des jeunes

VINGT-TROISIÈME SESSION,
1RE & 2E SÉANCES PLÉNIÈRES, MATIN & APRÈS-MIDI
DH/5481

L’Instance permanente sur les questions autochtones donne le coup d’envoi à une session axée sur la voix des jeunes

L’Instance permanente sur les questions autochtones, a entamé, aujourd’hui, les travaux de sa vingt-troisième session qui a pour thème « Renforcer le droit des peuples autochtones à l’autodétermination dans le contexte de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones : mettre l’accent sur la voix des jeunes autochtones ».

Selon les notes du Président, cette première séance a notamment été l’occasion pour l’Instance d’élire par acclamation les membres de son Bureau. Mme. Hindou Oumarou Ibrahim, du Tchad, en assurera la présidence, tandis que M. Keith M. Harper, Mme Aluki Kotierk, Mme Hannah McGlade, Mme Hanieh Moghani and M. Rodrigo Eduardo Paillalef occuperont les fonctions de vice-présidents. Mr. Suleiman Mamutov sera le Rapporteur de cette session.

L'Instance a également adopté son ordre du jour provisoire (E/C.19/2024/1).

Le projet d’organisation de ses travaux est contenu dans le document E/C.19/2024/L.1/Rev.1.

Durant l’après-midi, les débats ont porté sur les six domaines d’action de l’Instance permanente (développement économique et social, culture, environnement, éducation, santé et droits humains) en relation avec la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse n’a pas pu couvrir cette séance.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: le Directeur général de l’AIEA dénonce les attaques « irresponsables » menées contre la centrale nucléaire de Zaporizhzhia

9604e séance, après-midi
CS/15662

Conseil de sécurité: le Directeur général de l’AIEA dénonce les attaques « irresponsables » menées contre la centrale nucléaire de Zaporizhzhia

Réuni cet après-midi à la demande de la Slovénie et des États-Unis pour examiner la situation de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia, en Ukraine, le Conseil de sécurité a entendu le Directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) condamner les attaques « irresponsables » menées les 7 et 9 avril derniers contre cette installation sous occupation russe.  Une dénonciation partagée par l’ensemble des délégations présentes à cette séance, même si la Fédération de Russie et l’Ukraine se sont renvoyé la responsabilité de ces graves incidents. 

À l’entame de son exposé, M. Rafael Mariano Grossi a rappelé que, le 30 mai 2023, il avait énoncé devant le Conseil cinq principes concrets visant à prévenir un accident nucléaire et à maintenir l’intégrité de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia. Les membres du Conseil et l’Ukraine avaient clairement soutenu ces principes, a-t-il souligné, avant de regretter que le premier d’entre eux, à savoir l’interdiction de toute attaque menée depuis ou contre la centrale, ciblant en particulier les réacteurs, le stockage du combustible usé et d’autres infrastructure ou personnels, ait été violé à plusieurs reprises ces 10 derniers jours. 

Cette violation entraîne une « augmentation radicale des risques pour la sûreté et la sécurité nucléaires à la centrale nucléaire de Zaporizhzhia, a averti le Directeur général de l’AIEA, selon lequel la mission internationale de soutien et d’assistance à cette centrale a confirmé, le 7 avril, les premières attaques depuis novembre 2022 visant directement l’installation.  L’équipe de la mission a pu inspecter l’emplacement d’une frappe directe au sommet du dôme de confinement du bâtiment du réacteur numéro 6, a-t-il indiqué, faisant état de deux autres attaques à proximité immédiate des principaux bâtiments du réacteur, lesquelles ont fait au moins une victime. 

M. Grossi a également évoqué une frappe de drone contre l’installation de production d’oxygène et d’azote du site et deux attaques contre le centre de formation situé juste à l’extérieur du périmètre.  Un drone a par ailleurs été abattu au-dessus de la salle des machines de l’unité 6, a-t-il ajouté, avant de relever que, depuis plusieurs mois, des incursions isolées de tels engins sans pilote se multipliaient à proximité de l’installation et de la ville voisine d’Enerhodar.  « Ces attaques irresponsables doivent cesser immédiatement », a-t-il martelé, non sans rappeler que la centrale ne dépend actuellement que de deux lignes d’alimentation externes. 

Même si les six réacteurs de la centrale sont désormais à l’arrêt, « les dangers potentiels d’un accident nucléaire majeur restent bien réels », a-t-il averti, demandant au Conseil de soutenir sans faille les cinq principes et les sept piliers de la sûreté et de la sécurité nucléaires de l’AIEA, ainsi que le rôle de surveillance de la situation que joue l’Agence et qui, « malgré d’énormes difficultés », a su maintenir ouvertes les voies de communication indispensables. 

Pour la délégation ukrainienne, ce qui s’est passé, les 7 et 9 avril, à Zaporizhzhia était « une opération sous fausse bannière planifiée par la Fédération de Russie dans le but de dissimuler sa culpabilité et d’accuser l’Ukraine dans l’espoir de retirer la question de la désoccupation de la centrale de l’ordre du jour du Conseil ».  D’après elle, le seul moyen de sortir de la situation « très précaire » qui prévaut actuellement est de démilitariser complètement la centrale et les territoires adjacents.  Il s’agit d’une condition préalable essentielle pour rétablir la sûreté et la sécurité nucléaires, mais aussi le respect du droit international, a fait valoir la délégation, estimant que le retour de la centrale sous le contrôle total de l’Ukraine est « la seule garantie de sécurité nucléaire et radiologique ». 

Le fait que la centrale soit sous contrôle russe n’a « rien à voir avec les menaces contre la sécurité physique de l’installation », a soutenu la Fédération de Russie, pour qui lesdites menaces sont dues aux attaques irresponsables que mène l’Ukraine, « avec la connivence de ses sponsors occidentaux », contre ce site sensible.  Observant que de précédents tirs des forces ukrainiennes dans le périmètre et les environs de la centrale sont restés sans réaction de la communauté internationale, la délégation russe a accusé le « régime de Kiev » d’avoir profité de cette « impunité » pour procéder à des « frappes ciblées ».  Elle a donc invité les responsables de l’AIEA à « se rendre à l’évidence », faute de quoi, a-t-elle prévenu, les attaques ukrainiennes conduiront à une catastrophe nucléaire « à l’échelle régionale, voire mondiale ». 

Si l’ensemble des autres délégations présentes ont condamné ces violations flagrantes des sept piliers définis par l’AIEA et des cinq principes concrets que le Directeur général avait établis l’an dernier, les délégations occidentales -France, États-Unis et Royaume-Uni en tête- ont insisté sur la nécessité d’une restitution de la centrale de Zaporizhzhia à l’Ukraine.  Quatre résolutions du Conseil des gouverneurs de l’AIEA réclament le retrait immédiat des militaires russes de la centrale, ont appuyé la Lettonie et la Pologne.  Dans l’immédiat, ont plaidé la Slovénie et l’Union européenne, les experts de l’AIEA doivent pouvoir avoir accès en temps voulu à la centrale et communiquer avec le personnel ukrainien. 

S’il peut exister des vues divergentes sur la crise en Ukraine, la nécessité d’empêcher une catastrophe nucléaire doit faire consensus, a estimé l’Algérie, exhortant les parties concernées à travailler avec l’AIEA afin d’élaborer des protocoles de sécurité rigoureux autour des installations nucléaires ukrainiennes.  Une position partagée par la Chine, qui a appelé à tout faire pour prévenir un accident nucléaire dont les conséquences iraient bien au-delà des frontières de l’Ukraine.  La délégation chinoise s’est également prononcée pour l’ouverture de pourparlers le plus rapidement possible pour trouver une solution politique à la crise actuelle, rejointe dans cette revendication par le Mozambique.

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Déclarations

M. RAFAEL MARIANO GROSSI, Directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a indiqué que l’AIEA suit de près la sécurité et la sûreté nucléaires en Ukraine chaque jour depuis le début de la guerre.  Dans ce cadre, le personnel de l’AIEA surveille la situation dans les cinq centrales nucléaires ukrainiennes, y compris celle de Zaporizhzhia, qui reste sous contrôle opérationnel russe.  M. Grossi a rappelé que, le 30 mai dernier, il avait établi cinq principes concrets visant à prévenir un accident nucléaire et à maintenir l’intégrité de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia.  Ces cinq principes, a-t-il précisé, consistent à empêcher toute attaque depuis ou contre la centrale, ciblant en particulier les réacteurs, le stockage du combustible usé et d’autres infrastructure ou personnel; à ne pas utiliser la centrale comme stockage ou comme base pour des armes lourdes ou du personnel militaire qui pourrait être utilisé pour une attaque depuis la centrale; à ne pas mettre en danger l’alimentation électrique hors site de la centrale; à protéger des attaques ou actes de sabotage toutes les structures, systèmes et composants essentiels au fonctionnement sûr et sécurisé de la centrale; et à ne prendre aucune mesure qui porterait atteinte à ces principes. 

Lors de la réunion de mai dernier, a poursuivi M. Grossi, les membres du Conseil de sécurité et l’Ukraine ont clairement soutenu ces principes.  Néanmoins, ces 10 derniers jours, le premier de ces principes a été violé à plusieurs reprises, ce qui marque une « augmentation radicale des risques pour la sûreté et la sécurité nucléaires à la centrale nucléaire de Zaporizhzhia », a-t-il dénoncé, précisant que la mission internationale de soutien et d’assistance à cette centrale a confirmé le 7 avril les premières attaques depuis novembre 2022 visant directement l’installation.  L’équipe de la mission a pu inspecter l’emplacement d’une frappe directe au sommet du dôme de confinement du bâtiment du réacteur numéro 6, a indiqué le Directeur général de l’AIEA.  Bien que les dommages causés à la structure soient superficiels, l’attaque crée un « précédent très dangereux en termes de ciblage réussi du confinement du réacteur ». 

Les deux autres attaques ont eu lieu à proximité immédiate des principaux bâtiments du réacteur et ont fait au moins une victime.  Les experts de l’AIEA présents sur le site ont été informés par le personnel de la centrale d’une frappe de drone contre l’installation de production d’oxygène et d’azote du site et de deux attaques contre le centre de formation, situé juste à l’extérieur du périmètre du site, a expliqué M. Grossi, ajoutant que des informations ont fait état d’un drone abattu au-dessus de la salle des machines de l’unité 6.  « Ces attaques irresponsables doivent cesser immédiatement », a-t-il affirmé, avant de se déclarer préoccupé « non seulement par les attaques elles-mêmes, mais également par le contexte dans lequel elles se sont produites ».  Depuis plusieurs mois, avant ces attaques directes, les incursions isolées de drones se multipliaient déjà à proximité de l’installation et dans la ville voisine d’Enerhodar, a-t-il indiqué, relevant que la centrale ne dépend actuellement que de deux lignes d’alimentation externe. 

Selon M. Grossi, chacun des sept piliers de la sûreté et de la sécurité nucléaires de l’AIEA a été compromis au cours de ce conflit.  Il n’est donc pas possible de rester les bras croisés, a-t-il dit, estimant que, même si les six réacteurs de la centrale sont désormais à l’arrêt, la dernière tranche étant passée dans cet état il y a deux jours suite à la recommandation de l’AIEA, « les dangers potentiels d’un accident nucléaire majeur restent bien réels ».  Assurant que l’Agence continuera de suivre de près l’état opérationnel de la centrale et de proposer des alternatives techniquement viables, le Directeur général a souhaité que ses équipes puissent accéder en temps opportun au site pour évaluer l’état de l’installation, ainsi que l’impact cumulé de plus de 26 mois dans une zone de guerre sur la sûreté nucléaire. 

Face au risque d’accident nucléaire aux conséquences radiologiques potentiellement importantes, il importe de respecter les cinq principes établis il y a un an, a insisté M. Grossi.  À ses yeux, les dernières attaques constituent une violation flagrante de ces principes cruciaux.  Il a donc demandé au Conseil son soutien sans faille aux cinq principes et aux sept piliers de la sûreté et de la sécurité nucléaires de l’AIEA, ainsi qu’au rôle de surveillance de la situation que joue l’Agence, au service de la communauté internationale.  Avant de conclure, il a indiqué que, malgré d’énormes difficultés, l’AIEA a maintenu ouvertes les voies de communication indispensables et continuera de le faire. 

Le représentant de la Slovénie a indiqué que nous nous sommes retrouvés sur un territoire « dangereux et inexploré » le 6 avril dernier lorsque, pour la première fois dans l’histoire, un bâtiment réacteur d’une centrale nucléaire en service a été touché.  « On ne saurait sous-estimer à quel point la situation à la centrale de Zaporizhzhia est devenue dangereuse », a-t-il prévenu, en appelant au respect des sept piliers indispensables de la sécurité et de la sûreté nucléaires.  Cet incident a également mis en évidence les risques persistants pour la centrale et d’autres installations nucléaires en Ukraine dans le cadre de cette guerre d’agression.  « Comme nous le savons tous, jouer avec le feu est déconseillé, et encore moins jouer avec les barres de combustible nucléaire. » 

Le représentant s’est félicité de la présence du personnel de l’AIEA dans toutes les centrales nucléaires ukrainiennes en tant que facteur de stabilisation essentiel.  Toutefois, s’est-il inquiété, l’équipe de l’AIEA s’est vu refuser l’accès à certains des sites concernés de la centrale de Zaporizhzhia et n’a pas été en mesure d’évaluer l’impact des dégâts.  Il a donc appelé la Russie à accorder immédiatement l’accès aux experts de l’AIEA, et à restituer le contrôle de la centrale à son propriétaire légitime.

Le représentant des États-Unis a jugé vital d’éviter toute action susceptible de mettre en péril la sûreté et la sécurité de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia, un aspect fondamental sur lequel tous les membres de ce Conseil devraient, selon lui, tomber d’accord.  La Russie, qui contrôle cette centrale, continue de faire peser des risques importants sur nous tous, un risque qui découle directement de la décision prise par Putin de mener une guerre d’agression injustifiable et non provoquée contre l’Ukraine, a-t-il accusé.  Pour le délégué, le plus préoccupant, c’est que cette centrale soit aujourd’hui opérée par des individus insuffisamment formés au nucléaire.  Toute action militaire aujourd’hui aurait pour résultat un incident nucléaire à la centrale, a mis en garde le représentant, qui a donc appelé au strict respect des sept piliers définis par l’AIEA en matière de sûreté et de sécurité internationales et des cinq principes concrets énoncés par son directeur.  Encore une fois, a-t-il ajouté, la Fédération de Russie doit retirer immédiatement ses troupes du territoire ukrainien et de ses frontières internationales reconnues et la centrale de Zaporizhzhia être restituée aux autorités compétentes en Ukraine.

La représentante du Royaume-Uni a qualifié de « profondément préoccupant » le rapport du 7 avril du Directeur général de l’AIEA relatif à des frappes de drones sur le site de Zaporizhzhia.  Elle s’est également émue des informations faisant état d’explosions et de tirs de fusils sur le site de la centrale nucléaire, ainsi que de plusieurs tirs d’artillerie à proximité.  Il s’agit d’un « rappel brutal » de la situation précaire en matière de sûreté et de sécurité dans la plus grande centrale nucléaire d’Europe, causée par la guerre non provoquée de la Russie contre l’Ukraine, a-t-elle affirmé, notant que, depuis août 2022, Zaporizhzhia a subi huit coupures totales d’électricité. Après avoir dénoncé le fait que la Russie maintienne du matériel et du personnel militaires dans l’enceinte de cette centrale, elle a signalé que d’autres sites ont aussi été touchés par les combats. L’installation Neutron Source à Kharkiv a cessé de fonctionner en avril et en mars à cause de bombardements, tandis que la centrale nucléaire du sud de l’Ukraine a perdu sa connexion aux lignes électriques.  En outre, l’équipe de l’AIEA présente à la centrale nucléaire de Khmelnytsky a été contrainte de se mettre à l’abri quatre fois en mars en raison de raids aériens. 

Jugeant « vital » de réduire le risque d’un incident nucléaire en Ukraine, la représentante s’est faite l’écho de l’appel du Directeur général de l’AIEA à s’abstenir de toute action susceptible de violer les cinq principes concrets visant à garantir la sécurité de la centrale de Zaporizhzhia. Elle a également appelé la Russie à accorder aux experts de l’AIEA un accès complet à toutes les zones de la centrale.  Enfin, elle a estimé que, pour améliorer la situation en matière de sûreté et de sécurité nucléaires en Ukraine, la Russie n’a qu’à rendre Zaporizhzhia aux autorités ukrainiennes, mettre fin à sa guerre et retirer toutes ses troupes du territoire souverain qu’elle occupe. 

Le représentant de la Chine a constaté que la situation est particulièrement difficile à la centrale de Zaporizhzhia où plusieurs attaques de drones et des bombardements ont eu lieu.  Il a appelé à prévenir tout accident nucléaire qui pourrait avoir de graves conséquences au-delà des frontières de l’Ukraine.  Le délégué a souligné que les cinq principes de l’AIEA doivent jouer un rôle important en vue de renforcer la sécurité et la sûreté des installations de la centrale nucléaire.  Le délégué a exhorté les parties à éviter toute action qui pourrait conduire à un incident nucléaire, insistant sur l’importance de trouver une solution politique à la crise actuelle.  Il faut entamer des pourparlers le plus rapidement possible, a-t-il préconisé. 

Le représentant du Japon s’est dit très préoccupé par la situation en matière de sûreté et de sécurité nucléaires en Ukraine, estimant que les attaques de drones contre la centrale de Zaporizhzhia ajoutent encore à l’inquiétude croissante.  Face à cette violation flagrante des cinq principes concrets établis par l’AIEA, il a appelé toutes les parties à veiller à ce que la plus grande centrale nucléaire d’Europe ne présente pas de risque de catastrophe nucléaire.  « Dans le cas contraire, les conséquences s’abattront non seulement sur l’Europe mais sur le monde entier », a-t-il averti.  Soulignant le rôle essentiel que joue la mission de soutien et d’assistance de l’AIEA à Zaporizhzhia, il a souhaité que des informations illimitées et rapides ainsi qu’un accès sans restriction et en temps opportun lui soient fournis afin de ne pas entraver le travail d’évaluation.  La présence de l’AIEA sur le terrain est essentielle pour obtenir des observations impartiales, objectives et de première main, a-t-il insisté, avant de rappeler que l’agression russe contre l’Ukraine et l’occupation illégale de la centrale par la Russie sont à l’origine de ces problèmes.  Le délégué a donc appelé au retrait immédiat et inconditionnel de la Russie de l’ensemble du territoire internationalement reconnu de l’Ukraine, y compris du site de Zaporizhzhia, et à la remise de la centrale aux autorités ukrainiennes. 

La représentante de la Suisse, a qualifié les attaques de drones du 7 avril et des jours suivants qui ont directement impacté la centrale nucléaire de Zaporizhzhia, d’actions irresponsables et inacceptables.  Elle a appelé la Russie et l’Ukraine à mettre en œuvre et à respecter pleinement et à tout moment les sept piliers et les cinq principes de l’AIEA et à s’abstenir de mener des hostilités à proximité et contre les installations nucléaires.  De même, elle leur a rappelé la protection spéciale accordée par l’article 56 du premier protocole additionnel aux Conventions de Genève contre des attaques visant des installations contenant des forces dangereuses.  Cet article demande explicitement de ne pas placer d’objectifs militaires à proximité de ces ouvrages.  Un incident nucléaire doit être évité à tout prix, a martelé la déléguée pour laquelle le fait que les six réacteurs de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia soient désormais en arrêt à froid, comme recommandé par l’AIEA, représente un développement positif dans un contexte fragile.  Elle a ensuite appelé la Russie à retirer immédiatement toutes ses troupes et armes de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia et à rendre le contrôle de la centrale nucléaire aux autorités ukrainiennes compétentes. 

Le représentant de l’Algérie a souligné la gravité des menaces de nature nucléaire en Ukraine, en se disant très inquiet par le récent incident autour de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia.  Les parties concernées doivent travailler avec l’AIEA afin d’élaborer des protocoles de sécurité rigoureux autour des installations nucléaires ukrainiennes, a insisté le délégué.  Il a souligné la nécessité d’éviter toute action de nature à faire planer un péril et à créer un incident.  Il faut tout faire pour empêcher une catastrophe nucléaire, a-t-il insisté.  S’il peut exister des vues divergentes sur la crise en Ukraine, la nécessité d’empêcher une catastrophe nucléaire doit faire consensus, a-t-il estimé. 

Le représentant de la Fédération de Russie a affirmé que son pays, avec le soutien des dirigeants de l’AIEA, met tout en œuvre pour prévenir les menaces contre la sécurité de la centrale nucléaire de Zaporojie.  Le fait que la centrale soit sous contrôle russe n’a, selon lui, rien à voir avec les menaces contre la sécurité physique de l’installation. En effet, a-t-il dit, ces menaces dont dues aux attaques irresponsables que mènent l’Ukraine, avec la connivence de ses sponsors occidentaux, contre le site de cette centrale nucléaire.  De juillet à novembre 2022, a précisé le délégué, les forces armées ukrainiennes ont procédé à des tirs réguliers de roquettes et d’obus d’artillerie contre l’installation, ainsi qu’à plusieurs tentatives de sabotage. Si aucune attaque directe sur la centrale elle-même n’a ensuite été enregistrée pendant près d’un an et demi, les forces armées ukrainiennes ont en revanche bombardé la ville d’Energodar, où vivent les employés et leurs familles, ainsi que la zone industrielle autour de la centrale et des infrastructures situées en dehors de son périmètre.  Ces attaques se sont fortement intensifiées ces derniers mois, et les forces armées russes ont neutralisé jusqu’à une centaine de drones par semaine dans ce secteur. 

Bien que la Fédération de Russie informe régulièrement le Conseil de sécurité et le Secrétariat de l’AIEA de ces actions inacceptables, les membres occidentaux du Conseil « ne veulent pas admettre la réalité des menaces créées par Kiev », a-t-il déploré.  Il a ainsi regretté leur manque de réaction après l’explosion d’un engin lancé à l’aide d’un drone, le 12 mars, à seulement cinq mètres de la clôture d’un entrepôt de carburant diesel de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia.  Il a également fait état de l’envoi de drones kamikaze, le 5 avril, dans les zones de la station d’azote et d’oxygène. Convaincu de son impunité, le « régime de Kiev » a de nouveau adopté la tactique du bombardement direct du site le 7 avril, a observé le représentant, selon lequel une frappe a d’abord été menée sur la cantine de la centrale, faisant trois blessés.  Peu après, des attaques de drones ont touché les groupes motopropulseurs 5 et 6.  L’un des drones a été abattu et le second a explosé sur le toit du sixième réacteur, a-t-il précisé, ajoutant que le toit du centre de formation de la centrale a été frappé dans la soirée, puis une seconde fois le 9 avril.  Le 8 avril, a-t-il encore indiqué, un drone a été abattu sur le site de la centrale et est tombé sur le toit de la salle des machines du réacteur 5. 

Pour le représentant, il ne s’agissait pas de tirs aléatoires mais bien de « frappes ciblées des forces armées ukrainiennes contre la plus grande centrale nucléaire d’Europe ».  Des frappes dont le « dirigeant de Kiev » tente cyniquement de rejeter la responsabilité sur la Russie, a-t-il dénoncé.  « Pourquoi, parmi les quatre centrales nucléaires d’Ukraine, la Russie menacerait-elle la sécurité de celle qu’elle contrôle? »  Assurant que la Russie n’a jamais déployé d’armes lourdes contre la centrale nucléaire de Zaporizhzhia ni mené d’attaques depuis son territoire, il a accusé l’Ukraine de violer de manière flagrante les consignes et les appels de l’AIEA.  À cette aune, il a demandé aux responsables de l’Agence de « se rendre à l’évidence » et d’indiquer la source des attaques.  « L’hésitation du Secrétariat de l’Agence à appeler un chat un chat ne fait qu’encourager les autorités de Kiev à poursuivre des actions irresponsables et extrêmement dangereuses », a-t-il estimé, ajoutant que si les attaques ukrainiennes contre cette centrale se poursuivent, personne ne pourra exclure complètement une catastrophe nucléaire à l’échelle régionale, voire mondiale. 

Le représentant de l’Équateur a dénoncé les risques sans précédent pour la sûreté et la sécurité de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia en Ukraine. Un éventuel accident nucléaire dans cette centrale pourrait avoir des conséquences catastrophiques qui affecteraient la région, l’environnement et la sécurité des personnes.  Ces attaques contre la centrale sont inacceptables et il est temps que les sept piliers de la sûreté nucléaire et les cinq principes fondamentaux de l’AIEA soient respectés.  Les inspecteurs de l’AIEA doivent aussi avoir un accès sans entrave à la centrale pour mener une évaluation indépendante et précise.  Il revient au Conseil de sécurité de faire tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher que la guerre ne s’étende au domaine nucléaire, a exhorté le représentant. 

Le représentant du Mozambique a estimé que les incidents relatés marquent une escalade dangereuse qui fait courir à toute la région le risque d’une catastrophe nucléaire.  Invoquant celle de Tchernobyl, il a exigé que les parties cessent immédiatement toute attaque contre la centrale nucléaire de Zaporizhzhia et respectent les sept piliers indispensables de l’AIEA.  Le contraire serait une violation impardonnable des normes internationales, a tranché le délégué qui s’est rallié à l’appel du Directeur général de l’AIEA pour lequel est impératif de mettre un terme aux incidents récurrents et de se garder d’ouvrir un front extrêmement dangereux dans ce conflit.  Le Mozambique, a conclu le représentant, réitère son soutien indéfectible à un règlement politique et négociée du conflit.

La représentante de la France a dénoncé les attaques du 7 et du 9 avril derniers, menées par la Fédération de Russie, dont les frappes sont une violation flagrante des sept piliers définis par l’AIEA et des cinq principes concrets que le Directeur général a énoncés devant ce Conseil en mai 2023, pour préserver la sûreté et la sécurité du site.  La Russie, a martelé la déléguée, doit cesser la militarisation de la centrale de Zaporizhzhia, qui nous expose au danger d’un accident nucléaire majeur dans la plus grande centrale nucléaire d’Europe, avec de graves conséquences humaines et environnementales.  Nous appelons aussi, une nouvelle fois, la Russie à se conformer aux résolutions du Conseil des gouverneurs de l’AIEA et à mettre un terme à l’occupation de la centrale pour en restituer le plein contrôle aux autorités ukrainiennes.  La représentante a également réitéré son appel à la sûreté des réacteurs.  Préoccupée par la sécurité du personnel de l’AIEA, elle a rappelé qu’il doit pouvoir exécuter son mandat sans entrave, communiquer librement avec le personnel ukrainien de la centrale et accéder à toutes les zones du site. 

La représentante du Guyana a déploré les récentes attaques de drones contre la centrale nucléaire de Zaporizhzhia et leur impact sur la détérioration de la situation en matière de sûreté et de sécurité nucléaires sur le site. Sommant les parties à ce conflit à éliminer de tels projets de leurs stratégies militaires, elle a averti qu’il ne peut y avoir d’avantage militaire à mener une action irresponsable contre une centrale nucléaire.  De plus, a-t-elle ajouté, de tels agissements constituent des violations flagrantes des cinq principes concrets visant à prévenir un accident nucléaire dans la centrale et des sept piliers indispensables de la sûreté et de la sécurité nucléaires.  La déléguée a appuyé l’appel lancé par le Directeur général de l’AIEA aux « décideurs militaires » pour qu’ils cessent toute violation de ces principes et qu’ils garantissent l’intégrité de la centrale de Zaporizhzhia et de tous les autres sites nucléaires en Ukraine.  En outre, elle a appelé la Fédération de Russie à coopérer avec l’AIEA et à protéger l’intégrité de toutes les centrales nucléaires sous son contrôle en Ukraine.

Le représentant de la République de Corée a s’est inquiété que les hostilités aient directement visé la centrale nucléaire de Zaporizhzhia à plusieurs reprises, en violation flagrante des cinq principes concrets de protection de l’installation.  La situation aujourd’hui a franchi un nouveau seuil effrayant qui nous rapproche d’une catastrophe nucléaire potentielle.  La plus grande centrale nucléaire d’Europe ne doit plus se trouver dans une zone de guerre active et la sécurité nucléaire de la région ne doit plus être prise en otage, a martelé le délégué avant d’exhorter la Russie à rendre le contrôle de l’installation aux autorités ukrainiennes compétentes.  À cet égard, il s’est félicité de l’adoption, le mois dernier, de la résolution du Conseil des gouverneurs de l’AIEA, qui réaffirme son engagement à assurer la sûreté et la sécurité nucléaires dans le plein respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  À ce stade critique, il est impératif, selon le délégué, de garantir un accès complet et sans entrave à l’ensemble des installations de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia et de soutenir pleinement les activités des experts de l’AIEA en matière de surveillance et d’alerte précoce.

Le représentant de la Sierra Leone a exprimé sa vive préoccupation face aux attaques autour des centrales nucléaires dans l’ensemble de l’Ukraine, y compris les attaques de drones signalées le 7 avril dernier à la centrale de Zaporizhzhia.  Il a appelé les parties à faire preuve d’un maximum de retenue et à engager un dialogue constructif afin d’apaiser les tensions et de prévenir de nouveaux incidents. Les parties doivent donner la priorité à la sécurité, a prié le représentant, en demandant de respecter les sept piliers définis par l’AIEA pour garantir la sûreté et la sécurité nucléaires.  En outre, a-t-il rappelé, cinq des six réacteurs nucléaires de la centrale sont à l’arrêt à froid depuis septembre 2022, des conditions « fragiles et dangereuses » qui posent un risque important pour la sûreté et la sécurité nucléaires dans la région et au-delà.  Il est donc impératif que les parties fassent preuve de la plus grande prudence et de la plus grande responsabilité dans la sauvegarde de la centrale et de ses environs, avec la collaboration de l’AIEA, a-t-il conclu. 

La représentante de Malte a déclaré être profondément préoccupée par les récentes frappes de drones contre la centrale nucléaire de Zaporizhzhia, s’inquiétant d’une escalade sans précédent et de la première action militaire directe contre la centrale nucléaire depuis novembre 2022.  « Aucune frappe militaire ne pourra jamais être autorisée contre des installations nucléaires, et encore moins contre la plus grande centrale nucléaire d’Europe » a-t-elle insisté.  Elle a estimé que le personnel de l’AIEA doit avoir pleinement accès à toutes les zones du site de Zaporizhzhia, avant de dénoncer la militarisation, par la Fédération de Russie, de la plus grande centrale nucléaire d’Europe. Les résolutions du Conseil des gouverneurs de l’AIEA du 3 mars, du 15 septembre et du 17 novembre 2022 appellent d’ailleurs Moscou à en retirer immédiatement son personnel militaire et autre, a-t-elle relevé.  L’Agence, a-t-elle ajouté, est l’organisme international chargé de promouvoir la sûreté et la sécurité nucléaires, et nous devons tous adhérer à ses positions et respecter son travail.  Nous appelons la Fédération de Russie à faire de même.

Le représentant de l’Ukraine a déclaré que la cause fondamentale de tous les risques à la sûreté et la sécurité nucléaires est la guerre d’agression non provoquée et injustifiée de la Russie contre l’Ukraine.  Il a affirmé que ce qui s’est passé à la centrale nucléaire de Zaporizhzhia les 7 et 9 avril 2024 était une opération sous fausse bannière planifiée par la Fédération de Russie dans le but de dissimuler sa culpabilité et de créer des questions fabriquées de toutes pièces pour accuser l’Ukraine dans l’espoir de retirer la question de la désoccupation de la centrale de l’ordre du jour du Conseil.  Estimant que l’intégrité de l’AIEA est aujourd’hui compromise par l’occupation russe de la centrale nucléaire, il a accusé la Russie d’avoir violé les sept piliers et cinq principes de l’AIEA, notamment par la présence de soldats et de matériels militaires à Zaporizhzhia, y compris dans les salles des réacteurs nucléaires. 

La communauté internationale continue d’être témoin du comportement imprudent de la Russie, qui ignore totalement les résolutions du Conseil des gouverneurs de l’AIEA et celles de la Conférence générale de l’AIEA, a-t-il déploré. Selon lui, le seul moyen de sortir de la situation actuelle « très précaire » est la démilitarisation et la désoccupation complètes de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia et des territoires adjacents.  Il s’agit d’une condition préalable essentielle pour rétablir non seulement la sûreté et la sécurité nucléaires, mais aussi le respect du droit international, a fait valoir le délégué.  Le retour de la centrale sous le contrôle total de l’Ukraine est la seule garantie de sécurité nucléaire et radiologique. 

Au nom des pays baltes, le représentant de la Lettonie a condamné, une nouvelle fois, la saisie illégale de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia par la Fédération de Russie.  Il a demandé à cette dernière de retirer ses troupes et ses équipements militaires de la centrale mais aussi de l’ensemble du territoire internationalement reconnu de l’Ukraine.  Il a qualifié d’illégal le remplacement du personnel ukrainien de la centrale par des militaires russes, y voyant là une menace au bon fonctionnement des installations. Le représentant a cependant salué le rôle de l’AIEA mais a exprimé sa profonde préoccupation face aux informations selon lesquelles la centrale a été directement visée par une attaque. 

Toute nouvelle escalade résultant des actes illégaux de Moscou pourrait avoir des conséquences inimaginables et causer des dégâts écologiques et une crise humanitaire pendant des générations, s’est alarmé le représentant.  Déjà, a-t-il rappelé, quatre résolutions du Conseil des gouverneurs de l’AIEA réclament le retrait immédiat des militaires russes de la centrale.  Or, les actes de la Russie vont dans la direction opposée maintenant qu’elle élargit sa campagne militaire aux infrastructures civiles essentielles de l’Ukraine.  La communauté internationale ne peut laisser la Russie menacer la sûreté et la sécurité nucléaires en Ukraine ou ailleurs, s’est impatienté le représentant. 

Le délégué de l’Union européenne (UE) a déclaré que la Russie ne peut en aucun cas détourner l’attention de son invasion illégale de l’Ukraine et normaliser sa saisie illégale de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia.  La Russie est pleinement responsable des menaces à la sûreté et à la sécurité nucléaires, a martelé le représentant.  Pour la première fois, a-t-il souligné, un membre permanent de ce Conseil s’est emparé illégalement de la centrale nucléaire d’un pays voisin.  Les risques sécuritaires évoqués par l’AIEA sont une conséquence directe de la guerre d’agression menée par la Russie, en violation de la Charte des Nations Unies. Les dernières attaques sont irresponsables et inacceptables et la centrale ne saurait être utilisée comme un arsenal ou une garnison.  Le représentant a aussi dénoncé les attaques russes contre les infrastructures énergétiques de l’Ukraine. 

L’UE, a-t-il dit, soutient le travail de l’AIEA.  Ses cinq principes et ses sept piliers doivent être respectés à tout moment.  Les experts de l’AIEA doivent pouvoir avoir accès en temps voulu à la centrale, étant donné que la tentative de la Russie de se l’approprier illégalement n’ont aucune validité au regard du droit international.  La Russie doit retirer immédiatement, sans condition et complètement toutes ses forces et tous ses équipements militaires de l’Ukraine.  La restitution de la centrale aux autorités ukrainiennes est la seule solution durable pour mettre fin aux graves menaces qui pèsent actuellement sur la sûreté et la sécurité nucléaires. 

Le représentant de la Pologne a salué la présence de l’AEIA à la centrale nucléaire de Zaporizhzhia.  Il a dénoncé les attaques de drones et la saisie illégale des installations par la Russie.  Cette centrale ne saurait être utilisée pour entreposer des armes lourdes et abriter des soldats prêts à l’attaque, a dit le délégué, en ajoutant que l’annexion de la centrale par la Russie ne sera jamais acceptée.  Il est absolument clair, a-t-il dit, que la seule raison pour laquelle nous discutons de cet épisode extrêmement dangereux est l’agression russe de l’Ukraine.  Toutes les résolutions de l’AIEA décrivent la présence militaire russe comme une menace directe à la sûreté nucléaire en Ukraine.  Nous avons vécu il y a près de 38 ans, la catastrophe de Tchernobyl et nous, qui étions en première ligne, ferons tout notre possible pour qu’une autre catastrophe de cette ampleur ne se reproduise jamais, a conclu le délégué.

Les observations du Conseil de sécurité sont très importantes pour nous, a déclaré en reprenant la parole le Directeur général de l’AIEA, M. GROSSI.  Malgré les divergences politiques qui peuvent exister entre certains membres du Conseil, il a constaté un terrain d’entente, une vision commune sur certains aspects, un appui unanime à l’action de l’AIEA et un consensus autour de la nature indispensable du travail de l’Agence. Le Directeur général a assuré que l’AIEA va redoubler de vigilance pour voir si les incidents, qui viennent de se produire, risquent de se répéter.  Nous espérons que tel ne sera pas le cas, a-t-il dit, avant de souligner que son agence a achevé un travail de déconfliction avec les autorités.  Il a émis l’espoir que la dix-huitième équipe de l’AIEA, à l’œuvre dès demain, pourra poursuivre le travail entamé en septembre 2022.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: la paix au Yémen a une valeur intrinsèque pour le pays comme pour la région, avertit l’Envoyé spécial en évoquant les crises du Moyen-Orient

9603e séance – matin  
CS/15661

Conseil de sécurité: la paix au Yémen a une valeur intrinsèque pour le pays comme pour la région, avertit l’Envoyé spécial en évoquant les crises du Moyen-Orient

Au lendemain d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité sur les tirs iraniens contre Israël, la situation au Yémen a été analysée ce matin dans le contexte des tensions croissantes dans tout le Moyen-Orient et en examinant de près la situation écologique et économique du pays.  « Nous ne pouvons pas risquer que la chance de paix au Yémen devienne un dommage collatéral », a déclaré l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen en évoquant les principaux défis à la paix dans le pays, y compris les défis humanitaires, économiques et la question des changements climatiques qui mérite une plus grande attention selon plusieurs délégations. 

La paix au Yémen a une valeur intrinsèque, a déclaré M. Hans Grundberg qui a prédit qu’un Yémen en paix avec lui-même et avec ses voisins aura un impact positif sur la situation régionale.  Il a donc appelé les parties à s’abstenir de toute décision unilatérale et de mesures d’escalade, les exhortant à s’engager dans un dialogue de bonne foi sous les auspices des Nations Unies.  Au niveau régional, il a appelé de ses vœux une désescalade, regrettant d’ailleurs que la période du ramadan n’ait pas conduit à des « gestes de désescalade » comme cela fut le cas les deux dernières années quand des détenus avaient été libérés pour leur permettre passer l’Aïd avec leurs proches. 

Sur le terrain, les routes que nous espérions voir ouvertes restent fermées, s’est-il aussi désolé en citant de plus le meurtre et les blessures tragiques infligés à 16 civils lorsqu’une résidence a été démolie par des houthistes dans la province de Beïda.  L’Envoyé spécial s’est également dit troublé par l’apparente divergence croissante entre les parties qui se manifeste notamment sur le plan économique.  Il a d’ailleurs déploré, comme plusieurs délégations, la désintégration de la monnaie en circulation dans les zones contrôlées par les houthistes.  Globalement, même si la situation militaire reste contenue par rapport à celle d’avant avril 2022, il a noté l’escalade récente des hostilités sur plusieurs lignes de front, notamment à Dalea et Lahj. 

M. Grundberg a indiqué que les Yéménites ont besoin d’un cessez-le-feu à l’échelle nationale, une amélioration des conditions de vie et la reprise d’un processus politique inclusif qui inclue de manière significative une grande variété de voix, notamment celles des femmes, des jeunes, de la société civile et des groupes marginalisés.  En décembre dernier, a-t-il rappelé, les parties ont franchi une étape importante en exprimant leur volonté de concrétiser un ensemble d’engagements à travers une feuille de route des Nations Unies.  Malheureusement, l’élan vers un accord a été bloqué par les événements régionaux qui ont considérablement compliqué la médiation. 

À ce propos, ce qui se passe en mer Rouge, dans le golfe d’Aden et à Gaza a été soulevé par nombre d’orateurs qui ont notamment appelé à un cessez-le-feu immédiat et permanent dans la bande de Gaza.  Le groupe des A3+1 (Algérie, Guyana, Mozambique et Sierra Leone) et d’autres ont demandé également la cessation d’attaques houthistes contre les navires naviguant dans ces eaux.  Le Japon a exigé que les houthistes se conforment aux avertissements répétés du Conseil et libèrent le navire battant pavillon nippon Galaxy Leader et son équipage.  Le Royaume-Uni a craint que ces attaques entraînent une nouvelle escalade au Moyen-Orient.  La France s’est d’ailleurs montrée choquée des informations indiquant que les houthistes avaient participé à la récente attaque menée par l’Iran contre Israël, rappelant que son pays agit dans le cadre de l’opération européenne ASPIDES pour assurer la sûreté maritime et la liberté de navigation.

Le représentant du Yémen a accusé « les milices terroristes houthistes » soutenues par l’Iran de poursuivre leurs violations odieuses et leurs crimes contre les Yéménites, s’étonnant que ce groupe prétende soutenir le peuple palestinien à Gaza alors qu’il commet quotidiennement des actes de terrorisme et des meurtres.  Pour éviter ces crimes, les États-Unis ont exhorté l’Iran à mettre un terme aux transferts d’armes illégaux aux houthistes. La délégation américaine a aussi renouvelé sa demande d’inclure des informations sur l’origine et les types d’armes utilisées pour chaque incident dans les rapports mensuels du Secrétaire général au titre de la résolution 2722 (2024).

La Fédération de Russie a, elle, dénoncé le transfert par les États-Unis d’armes et munitions capturées dans le golfe d’Oman vers la zone de conflit en Ukraine.  Analysant la situation sécuritaire en mer Rouge, la Russie a estimé que le calme dans cette région ne tient qu’à la fin de la violence dans le conflit palestino-israélien.  Elle a aussi accusé la « coalition autoproclamée » contre les houthistes dirigée par les États-Unis et le Royaume-Uni de faire monter la tension. 

La séance a été l’occasion d’exprimer à nouveau des inquiétudes sur le plan humanitaire, puisque le personnel continue d’opérer dans un environnement très difficile, comme l’a rappelé la Directrice des opérations et du plaidoyer du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA).  Mme Edem Wosornu a également fait part d’ingérence dans les programmes humanitaires et de restrictions de mouvement dans les zones contrôlées par les houthistes, en particulier pour les travailleuses humanitaires yéménites.  Elle a aussi appelé à financer le plan de réponse humanitaire 2024, qui ne l’est qu’à hauteur de 10%. 

Enfin, les défis écologiques qui entravent l’essor du Yémen ont été mis en avant par Malte qui a exhorté la communauté internationale à appuyer le Yémen dans l’atténuation des conséquences de la crise climatique, notamment en lui facilitant l’accès au financement climatique.  La Suisse a indiqué que les catastrophes naturelles ont poussé plus de 700 000 Yéménites à se déplacer depuis 2008, ce qui n’a fait qu’augmenter les tensions autour de l’eau, de la nourriture ou des services de base.  La Présidente de la Fondation Itar pour le développement social, Mme Wameedh Shaskir, a détaillé dans son exposé l’étendue du problème en citant l’irrégularité des précipitations, la hausse des températures et la baisse du niveau des eaux souterraines qui menacent la sécurité alimentaire de millions de personnes.  S’inquiétant que les autorités ne considèrent pas les changements climatiques comme une priorité, elle a recommandé que les politiques et projets visant à lutter contre ces phénomènes reflètent les besoins, l’expertise et les aspirations des femmes et des filles. 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

L’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, M. HANS GRUNDBERG, a fait remarquer que cette réunion a lieu à un moment particulièrement dangereux au Moyen-Orient.  Il a souligné la nécessité d’une désescalade régionale plus large, tout en plaidant pour des efforts soutenus et durables vers la promotion de relations pacifiques et stables, pour le bien-être des populations du Moyen-Orient.  Il a regretté le fait que la période du ramadan n’ait pas conduit à des gestes de désescalade comme cela fut le cas les deux dernières années.  Les détenus auraient pu être libérés, par exemple, pour leur permettre de passer l’Aïd avec leurs proches.  Les routes que nous espérions voir ouvertes restent fermées, s’est-il aussi désolé en citant aussi le meurtre et les blessures tragiques de 16 civils, dont des femmes et des enfants, lorsqu’une résidence a été démolie par des houthistes dans la province de Beïda.

L’Envoyé spécial s’est ensuite dit troublé par l’apparente divergence croissante entre les parties.  Sur le plan économique, les parties s’engagent dans des actions unilatérales qui risquent d’aggraver la crise économique, a-t-il craint, soulignant la désintégration de la monnaie en circulation dans les zones contrôlées par les houthistes.  Selon lui, les défis auxquels sont confrontés les Yéménites sur le plan économique nécessitent plutôt une réponse stratégique et coordonnée, conforme aux objectifs du règlement à long terme du conflit.  Même si la situation militaire à l’échelle du pays reste contenue par rapport à celle d’avant avril 2022, il a noté l’escalade récente des hostilités sur plusieurs lignes de front, notamment à Dalea et Lahj.  Il a également relevé que des combats intermittents et des échanges de tirs ont eu lieu dans certaines provinces. 

M. Grundberg a indiqué que les Yéménites ont besoin d’un cessez-le-feu à l’échelle nationale, une amélioration des conditions de vie et la reprise d’un processus politique inclusif qui engage de manière significative une grande variété de voix, notamment celles des femmes, des jeunes, de la société civile et les groupes marginalisés.  Il a rappelé qu’en décembre dernier, les partis ont franchi une étape importante en exprimant leur volonté de concrétiser un ensemble d’engagements à travers une feuille de route des Nations Unies.  Malheureusement, l’élan vers un accord a été bloqué par les événements régionaux qui ont considérablement compliqué la médiation. Il a évoqué l’escalade dans la mer Rouge et le golfe d’Aden, entrée dans son sixième mois, avec les houthistes ciblant les navires commerciaux et militaires, et avec les États-Unis et le Royaume-Uni menant des attaques contre des cibles militaires à Hodeïda, Hajjaj, Sanaa et Taëz. 

En l’absence d’un cessez-le-feu à Gaza et d’un arrêt complet des attaques dans la mer Rouge et le golfe d’Aden, la menace d’une nouvelle escalade persiste au Yémen, a-t-il averti en ajoutant que les récents développements impliquant l’Iran et Israël soulignent l’urgence de cette question.  La région doit, avec le soutien de la communauté internationale, chercher des voies de coexistence fondées sur l’instauration de la confiance, la sécurité mutuelle et l’abandon de la mentalité du jeu à somme nulle, a-t-il recommandé.  « Nous ne pouvons pas risquer que la chance de paix du Yémen devienne un dommage collatéral. »  La paix au Yémen a une valeur intrinsèque, a-t-il déclaré en prédisant qu’un Yémen en paix avec lui-même et avec ses voisins aura un impact positif sur la situation régionale.  Il a donc appelé les parties à s’abstenir de toute décision unilatérale et de mesures d’escalade, les exhortant à s’engager dans un dialogue de bonne foi sous les auspices des Nations Unies.

Mme EDEM WOSORNU, Directrice des opérations et du plaidoyer au sein du Bureau de la coordination des affaires humanitaires(OCHA), a rappelé qu’avril 2024 marque le deuxième anniversaire de l’annonce de la trêve négociée par l’ONU au Yémen, laquelle a permis d’y atténuer la crise humanitaire et de faire baisser le nombre de victimes civiles, d’assouplir les restrictions commerciales, d’augmenter les importations d’articles de première nécessité, d’élargir les liaisons routières et aériennes, et de permettre à certaines personnes déplacées de regagner leurs foyers.  Les principales causes des besoins considérables au Yémen –en particulier la détérioration de l’économie, les dysfonctionnements des services publics et les déplacements prolongés provoqués par le conflit– n’ont pas encore été résolues, a reconnu la haute fonctionnaire, qui a également fait état d’une dégradation des services publics et des indicateurs économiques.  La réémergence du choléra et les niveaux croissants de malnutrition sévère sont des indicateurs de l’affaiblissement des services sociaux, dans un contexte où près d’un enfant âgé de moins de cinq ans sur deux souffre d’un retard de croissance – soit plus du double de la moyenne mondiale (49% contre 21,3%).

Les personnes les plus vulnérables, notamment les femmes et les filles, les groupes marginalisés tels que les Muhamasheen, les personnes déplacées, les migrants, les demandeurs d’asile et les réfugiés, ainsi que les personnes handicapées, dépendent toujours de l’aide humanitaire pour survivre, a expliqué Mme Wosornu.  Or, les personnels humanitaires continuent d’opérer dans un environnement très difficile, a-t-elle rappelé, faisant part d’ingérence dans les programmes humanitaires et de restrictions de mouvement dans les zones contrôlées par les houthistes – en particulier pour les travailleuses humanitaires yéménites.

Par ailleurs, l’ONU continue de se heurter à un déficit de financement préoccupant s’agissant du plan de réponse humanitaire 2024, qui n’est financé qu’à hauteur de 10% à ce jour.  Face à cette insuffisance de fonds comme à l’évolution de la situation sur le terrain, nous essayons d’adapter notre réponse locale et de fournir des solutions plus durables pour la population du Yémen, en étroite coopération avec nos partenaires de développement et les communautés affectées, a déclaré la Directrice des opérations de l’OCHA.  Ainsi, face à la résurgence alarmante du choléra à travers le pays dans les zones placées sous le contrôle des houthistes, les stocks d’urgence d’articles de première nécessité sont presque épuisés, a-t-elle mis en garde, soulignant aussi la défaillance des systèmes d’approvisionnement en eau, d’assainissement et d’hygiène, qui doivent être renforcés de toute urgence.

Aussi la haute fonctionnaire a-t-elle appelé la communauté internationale à combler ces lacunes urgentes, notamment en matière de financement. Elle a averti que la sécurité alimentaire et nutritionnelle allait se détériorer encore davantage dans les semaines à venir avec l’arrivée de la période de soudure.  Le Yémen a besoin selon elle de trois choses aujourd’hui. Tout d’abord, gardant à l’esprit combien, en dépit des progrès réalisés, il reste encore à faire dans un environnement opérationnel complexe, elle a exhorté le Conseil de sécurité à redoubler d’efforts pour garantir une paix et une stabilité durables au Yémen.  En outre, elle a invité les membres du Conseil à apporter un soutien à la communauté humanitaire pour qu’elle soit en mesure d’agir rapidement pour minimiser les souffrances et empêcher une nouvelle détérioration des conditions de vie dans le pays.  Enfin, Mme Wosornu a exhorté les membres du Conseil à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour que soit fourni le financement dont le Yémen a un besoin urgent.

Mme WAMEEDH SHAKIR, Présidente de la Fondation Itar pour le développement social, organisation yéménite dédiée à la promotion des droits des femmes et des jeunes, a souligné l’impact sexospécifique de la crise humanitaire déclenchée par le conflit dans son pays.  Alors que 17 millions de Yéménites souffrent d’insécurité alimentaire et que 6 millions d’entre eux sont au bord de la famine, les femmes et les enfants représentent près de 80% des personnes ayant besoin d’une aide humanitaire, a-t-elle expliqué, ajoutant que l’effondrement économique pèse de manière disproportionnée sur les femmes yéménites.  La flambée des prix des denrées alimentaires et la diminution des ressources les obligent à sauter des repas ou à vendre leurs biens, et la malnutrition menace 2,7 millions de femmes enceintes et allaitantes.  Du fait de cette crise, des millions de filles ont dû quitter les bancs de l’école pour travailler afin de nourrir leur famille. Sur les 10,7 millions d’enfants d’âge scolaire au Yémen, 4,5 millions ne sont pas scolarisés et 70% sont des filles, a précisé l’intervenante, avant de relever que le manque d’accès des filles à l’éducation a des implications sur les taux de mariage forcé des enfants, en particulier pour les filles déplacées.  Environ une fille déplacée sur cinq âgée de 10 à 19 ans est mariée, ce qui est nettement plus élevé que le taux habituel dans les communautés d’accueil. 

Mme Shakir a ensuite alerté sur les effets des changements climatiques, qui sont facteurs d’insécurité alimentaire, de pénurie d’eau et de déplacements au Yémen.  L’irrégularité des précipitations, la hausse des températures et la baisse du niveau des eaux souterraines menacent la sécurité alimentaire de millions de personnes dont les moyens de subsistance dépendent de l’agriculture, a-t-elle indiqué, notant que cette situation touche de manière disproportionnée les femmes et les filles.  Les changements climatiques exacerbent aussi les déplacements, obligeant des millions de personnes à fuir leurs foyers à la recherche d’eau, de nourriture et de sécurité. Selon les femmes déplacées internes avec lesquelles la Fondation Itar a récemment travaillé, les débordements d’eaux usées, les inondations et la pollution industrielle, en particulier celle provoquée par les compagnies pétrolières, sont des problèmes fréquents qui obligent les communautés affectées à adopter des « mécanismes d’adaptation négatifs », comme la réduction des dépenses consacrées aux besoins de santé, le déplacement forcé vers des endroits plus sûrs et le recours à l’emprunt.  Malgré la gravité de la situation, les autorités ne considèrent pas les changements climatiques comme une priorité, a-t-elle déploré, jugeant impératif que les politiques, stratégies et projets visant à lutter contre ces phénomènes reflètent les besoins, l’expertise et les aspirations des femmes et des filles. 

Dans ce contexte, la Présidente de la Fondation Itar a constaté que la représentation des femmes diminue à tous les niveaux au Yémen, notamment au niveau politique, et que leur participation au processus de paix reste négligeable. De plus, le leadership des femmes au sein des organisations de la société civile est faible et elles rencontrent des difficultés pour accéder au financement et au développement des capacités. Pourtant, a-t-elle affirmé, la société civile constitue l’épine dorsale des efforts humanitaires, de paix et de développement au Yémen.  Pour inverser la tendance, Mme Shakir a exhorté le Conseil de sécurité à faire en sorte que tous les Yéménites, y compris les femmes et les jeunes, puissent participer à la prise de décisions en matière de paix et de sécurité à tous les niveaux.  Elle lui a également demandé d’appeler les donateurs à financer de toute urgence et intégralement le plan de réponse humanitaire pour le Yémen, en prévoyant avec un financement direct, flexible et pluriannuel en faveur des droits des femmes et des organisations dirigées par des femmes.  Enfin, après avoir plaidé pour une levée de toutes les restrictions sur la circulation des femmes yéménites et des travailleurs humanitaires, elle a souhaité que le Conseil exhorte toutes les parties au conflit à s’attaquer de manière concrète à la crise climatique. 

La représentante du Royaume-Uni a réitéré son appel aux parties pour qu’elles facilitent l’accès sans entrave des travailleurs humanitaires aux personnes dans le besoin.  Seul un règlement politique inclusif permettra d’assurer une paix durable et une stabilité à long terme au Yémen, tout en allégeant les souffrances humanitaires. La déléguée a condamné sans équivoque les frappes contre Israël menées par l’Iran, fustigeant le rôle « inacceptable » que joue ce pays dans la déstabilisation de la région.  Elle a également dénoncé le soutien apporté par Téhéran aux houthistes, qui ont également participé à cette attaque. 

La poursuite des attaques des houthistes contre les navires marchands en mer Rouge font courir le risque d’une nouvelle escalade au Moyen-Orient, a dénoncé la déléguée, en plus de menacer des vies innocentes et l’acheminement de l’aide humanitaire.  En outre, la décision d’émettre de la fausse monnaie menace de déstabiliser le secteur bancaire yéménite ainsi que l’économie déjà fragile du pays.  Dans ces conditions, la délégation britannique a appelé les houthistes à donner la priorité aux intérêts du peuple yéménite et à s’engager dans les efforts de l’ONU pour résoudre la fragmentation économique. 

Le représentant de la Sierra Leone, au nom des A3+1 (Algérie, Guyana, Mozambique et Sierra Leone) a appuyé la reprise d’un processus de paix emmené et contrôlé par les Yéménites.  La conclusion d’un accord de cessez-le-feu à l’échelle nationale est capitale afin que le processus de paix puisse réussir, a-t-il fait valoir.  Il a appelé les parties à faire en sorte que l’escalade de la situation en mer Rouge n’entrave pas une mise en œuvre efficace du processus de paix.  « Nous exhortons les houthistes à participer de manière constructive aux efforts de l’Envoyé spécial et des acteurs régionaux et internationaux en vue d’une réussite du processus de paix », a plaidé le délégué.  Il a ensuite insisté sur la gravité de la situation humanitaire au Yémen, 17 millions de personnes étant en insécurité alimentaire, demandant à cet effet un appui financier accru au Programme alimentaire mondial (PAM).  Enfin, le délégué a demandé la cessation des attaques des houthistes contre les navires en mer Rouge et dans le golfe d’Aden, avant d’appeler à un cessez-le-feu immédiat et permanent à Gaza.

La représentante de la Slovénie a appelé toutes les parties à s’engager de manière constructive avec l’Envoyé spécial et à prioriser la désescalade et le dialogue, dans un contexte très volatile pour le Yémen et la région, plongée « dans la tourmente à la suite de la catastrophe qui se déroule à Gaza ».  Elle a également appelé « une fois de plus » à la cessation immédiate des attaques des houthistes qui se poursuivent en mer Rouge, avant de dénoncer les attaques signalées contre des bâtiments civils à Beïda.  Répondre aux besoins humanitaires du Yémen est une première étape nécessaire qui doit être suivie par des solutions durables à long terme, enracinées dans une paix durable, a-t-elle ajouté.  La déléguée a ensuite rappelé que l’Union européenne soutient les initiatives durables visant à améliorer l’accès à l’eau et à donner la priorité à la préparation et à la réponse aux situations d’urgence.  Elle a appelé le Gouvernement yéménite à veiller à ce que ses politiques, y compris au niveau local, soient inclusives et sensibles à la gestion des ressources naturelles et aux nombreux défis liés au climat et à l’eau auxquels le pays est confronté.

Le représentant de la République de Corée a déploré le ralentissement des progrès vers une solution politique au Yémen, malgré les efforts déployés par l’Envoyé spécial.  Il s’est particulièrement inquiété de la situation en mer Rouge, qui a des effets néfastes sur les approvisionnements du pays, et estimé que les houthistes sont largement responsables de la « grave » escalade dans la région.  Il a appelé à la mise en œuvre complète de la résolution 2722 (2024) du Conseil de sécurité pour appuyer l’action de l’Envoyé spécial, ajoutant que le Comité des sanctions contre le Yémen continuera à suivre le régime appliqué à ce pays, en particulier l’embargo sur les armes au titre de la résolution 2216 (2015).  Le représentant s’est alarmé de la dégradation de la situation humanitaire, notamment dans les zones sous contrôle des houthistes, estimant que ces problèmes sont intrinsèquement liés à la crise sécuritaire.  Dénonçant le fait que les houthistes essaient de freiner la production de pétrole du Gouvernement yéménite, il a constaté que l’économie nationale en fait les frais, avec des effets délétères sur la population. Enfin, après avoir pris note des problèmes environnementaux auxquels le Yémen est confronté, il a jugé que l’exclusion de parties prenantes ne permettra pas de les régler et a salué le rôle que joue l’ONU pour y répondre. 

Le représentant des États-Unis a déclaré que les attaques « insensées » menées par les houthistes en mer Rouge et la détérioration de la situation du peuple yéménite continuent de « nous détourner d’une perspective de paix » dans le pays.  Outre leur impact délétère sur le commerce maritime international, ces attaques ont également pour effet d’entraver l’acheminement de l’aide humanitaire aux Yéménites qui en ont grand besoin.  Ce groupe continue en outre d’assiéger la ville de Taëz ainsi que de mener des exactions contre la population civile, a noté le représentant qui a appelé l’Iran à mettre un terme à ses transferts d’armes illégaux aux houthistes.  Il a renouvelé sa demande que les rapports mensuels du Secrétaire général au Conseil de sécurité au titre de la résolution 2722 (2024) incluent des informations sur les types d’armes utilisées dans chaque incident ainsi que leur origine probable. 

Malgré la persistance de ces défis nationaux et régionaux, le représentant s’est dit convaincu que les négociations en vue de parvenir à un processus de paix véritablement yéménite, sous les auspices de l’ONU, restent la meilleure voie vers la stabilité.  De telles mesures permettront selon lui de mettre fin au conflit et de répondre aux appels du peuple yéménite à la justice, à la responsabilité et aux réparations pour les abus commis lors du conflit. 

La représentante de la Suisse a appelé les parties à s’abstenir de toutes actions pouvant mettre en péril la mise en œuvre de la feuille de route, y compris les mesures financières affectant la santé économique du pays, a dit la déléguée.  Elle a réaffirmé, à cet égard, l’importance de l’exercice des droits et des libertés de navigation en mer Rouge.  Toutes les attaques doivent cesser, tant en mer Rouge qu’au Yémen, a-t-elle tranché. Elle a relevé que l’environnement humanitaire au Yémen devient toujours plus complexe et dangereux, en s’inquiétant de la recrudescence des cas de choléra.  Enfin, elle a noté que les changements climatiques aggravent les vulnérabilités sociales et politiques qui affectent déjà le Yémen.  Les catastrophes naturelles ont poussé plus de 700 000 personnes à se déplacer depuis 2008, contribuant ainsi à augmenter les tensions autour de l’eau, la nourriture ou les services de bases dans les régions d’accueil, a-t-elle indiqué.

Le représentant de l’Équateur s’est inquiété des répercussions des attaques en mer Rouge sur la situation humanitaire au Yémen.  Il a aussi souligné les conséquences négatives des changements climatiques.  Le conflit en mer Rouge pourrait altérer la volonté des parties de progresser dans le processus de paix, a signalé le délégué, en pointant les risques d’escalade. Il a jugé nécessaire la mise en application de la résolution 2722 (2024) et appuyé les efforts de médiation de l’Envoyé spécial.  Enfin, le représentant a insisté sur l’importance des efforts de déminage au Yémen. 

La représentante du Japon a salué le communiqué publié le mois dernier par le Conseil de sécurité, dans lequel ses 15 membres ont déclaré d’une seule voix que les attaques des houthistes contre des navires étaient inacceptables.  Or, ceux-ci poursuivent leurs activités militaires dangereuses, perturbent la navigation sûre du transport maritime international et l’économie mondiale, et détiennent toujours le Galaxy Leader, navire exploité par des Japonais. Le Japon exige que les houthistes se conforment aux avertissements répétés du Conseil, exprimés notamment dans la résolution 2722 (2024), et libèrent le Galaxy Leader et son équipage.

Poursuivant, la représentante a regretté l’intensification de la campagne militaire meurtrière des houthistes contre les forces yéménites.  Les mesures économiques hostiles prises par les houthistes à l’encontre du Gouvernement du Yémen compromettent selon elle la mise en place d’un environnement propice aux pourparlers de paix.  Qui plus est, a-t-elle ajouté, la situation humanitaire déjà désastreuse est aujourd’hui aggravée par les changements climatiques. 

Le représentant de la Chine a exhorté les parties au conflit à lever les entraves au dialogue et la communauté internationale à apaiser les tensions et à créer un environnement propice à l’avènement d’un processus politique. Il a rappelé aux houthistes la nécessité de respecter la liberté de navigation en mer Rouge et à cesser leurs attaques.  Ces tensions, a observé le délégué, sont une manifestation visible de la contagion régionale du conflit en cours à Gaza, malgré l’adoption de la résolution 2728 (2024) du Conseil de sécurité, qui appelait à un cessez-le-feu immédiat de la guerre entre Israël et le Hamas pendant le mois de ramadan.  Israël, a-t-il ajouté, doit donc s’acquitter de ses obligations internationales et faire cesser ses attaques contre Gaza et la punition collective imposée aux populations palestiniennes. 

Le représentant de la Fédération de Russie a indiqué que son pays soutient les efforts de l’Envoyé spécial visant à établir un cessez-le-feu durable au Yémen et à lancer un dialogue national inclusif sous les auspices de l’ONU. Il a cependant souligné la nécessité d’actualiser le cadre juridique international du règlement yéménite, qui est selon lui « dépassé » et ne reflète pas les réalités du terrain. Il s’est également inquiété de la détérioration de la situation humanitaire dans le pays, soulignant qu’elle touche près de la moitié de la population et s’inquiétant de l’épidémie de choléra en cours.  Le délégué a par ailleurs exprimé sa préoccupation quant à la situation dans les eaux adjacentes au Yémen, notamment en mer Rouge.  Appelant à garantir une navigation sûre et libre dans cette zone maritime, il a condamné les attaques perpétrées contre des navires pacifiques et exhorté les houthistes à y mettre immédiatement fin.

Le représentant a cependant estimé que cette situation est une conséquence de la poursuite par Israël de l’effusion de sang dans la bande de Gaza, en violation de la résolution 2728 (2024) du Conseil de sécurité. « La clef du calme en mer Rouge est la fin de la violence dans le conflit palestino-israélien », a-t-il affirmé, jugeant également alarmant que la « coalition autoproclamée » dirigée par les États-Unis et le Royaume-Uni continue de faire monter la tension.  Selon lui, les attaques aériennes menées par cette coalition occidentale sur le territoire du Yémen sont inacceptables, tout comme les tentatives visant à justifier l’agression en invoquant la résolution 2722 (2024) ou le droit à la légitime défense, consacré par l’Article 51 de la Charte des Nations Unies.  De telles actions nuisent au règlement interne au Yémen, sapant les efforts des médiateurs internationaux et régionaux, a-t-il dit, avant de mettre en garde contre une nouvelle vague de violences dans le pays.  Dans ce contexte, il a rappelé que la Russie plaide depuis le début du conflit en faveur d’une action politique et diplomatique, impliquant tous les acteurs yéménites, y compris Ansar Allah, la branche politique des houthistes. 

Par ailleurs, après avoir dénoncé le transfert par les États-Unis des armes et munitions capturées dans le golfe d’Oman vers la zone de conflit en Ukraine, le représentant a rappelé que, dans le contexte yéménite, il n’existe pas de régime spécial pour l’inspection des navires dans les eaux internationales et que de telles actions ne sont pas prévues par la résolution 2216 (2015). Condamnant l’interprétation qui est faite des résolutions pertinentes du Conseil sur le Yémen, il a déclaré que son pays considère le régime de sanctions comme un « mécanisme auxiliaire de règlement politique » et non comme un « moyen de punition ». À cet égard, il s’est élevé contre le « comportement irresponsable » des États-Unis. 

La représentante de la France a condamné avec la plus grande fermeté l’attaque sans précédent menée par l’Iran et les groupes qui lui sont liés contre Israël.  Estimant que cette attaque constitue une menace sérieuse à la stabilité et la sécurité de la région, la représentante a exprimé son attachement à la sécurité d’Israël et à la stabilité régionale.  Les houthistes, a-t-elle constaté, poursuivent leurs attaques en mer Rouge et dans le golfe d’Aden en dépit des mises en garde du Conseil, affectant les droits de navigation et déstabilisant le pays et la région.  La déléguée a appelé les houthistes à libérer immédiatement le Galaxy Leader et son équipage.  Elle s’est également préoccupée des informations indiquant que les houthistes ont participé à la récente attaque menée par l’Iran contre Israël.

Face à ce comportement « irresponsable », la France poursuit son engagement dans le cadre de l’opération européenne ASPIDES afin d’assurer la sûreté maritime et la liberté de navigation, conformément au droit international.  À cet égard, la représentante a noté que la résolution 2722 (2024) rappelle que l’exercice des droits de navigation doit être respecté et que les États ont le droit de défendre leurs navires contre les attaques.  Sur le plan sécuritaire, la représentante a souligné l’importance de transformer la trêve de facto en une cessation durable des hostilités. L’insécurité en mer Rouge et dans le golfe d’Aden a également des conséquences sur le coût des opérations humanitaires et les approvisionnements.  Il est donc essentiel que les houthistes cessent de déstabiliser l’économie du Yémen et de mener une guerre économique contre le Gouvernement du pays, y compris l’émission de fausse monnaie, a-t-elle recommandé. 

La représentante de Malte a demandé un appui accru au plan de réponse humanitaire pour le Yémen, ce plan étant gravement sous-financé.  Elle a appelé les autorités à lever les restrictions qui entravent la liberté de mouvement des femmes au Yémen.  Elle s’est inquiétée de la recrudescence des cas de choléra et appelé à une réponse internationale robuste.  Elle a ensuite appelé les houthistes à cesser immédiatement leurs attaques en mer Rouge et à s’acquitter de leurs obligations en vertu du droit international.  Elle a déploré la décision des houthistes de battre leur propre monnaie.  Elle a rappelé que le Yémen est le troisième pays au monde le plus vulnérable aux changements climatiques et l’un des moins préparés à y faire face.  La déléguée a donc exhorté la communauté internationale à appuyer le Yémen dans l’atténuation des conséquences de la crise climatique, y compris par un accès adéquat au financement climatique. 

Le représentant du Yémen a souligné qu’une paix juste et durable est et restera l’objectif principal du Conseil présidentiel et du Gouvernement yéménites, le but suprême et ultime étant de parvenir à un règlement politique sans discrimination ni exclusion et à établir un avenir meilleur pour tous les Yéménites.  Le Gouvernement est sur le point de signer la feuille de route, a-t-il assuré tout en signalant que les milices terroristes houthistes ont décidé, « comme à leur habitude », de se soustraire à leurs obligations, notamment en intensifiant leurs actions en mer Rouge sous prétexte de soutenir Gaza.  Il a salué le rôle de l’Arabie saoudite pour faire face à la crise yéménite, y compris pour soulager les souffrances humaines du peuple yéménite. 

Le délégué a accusé les milices terroristes houthistes de poursuivre leurs violations odieuses et leurs crimes contre les Yéménites, dont le dernier en date est une attaque brutale commise dans la ville de Daraa.  Il a dénoncé ce groupe, soutenu par l’Iran, qui prétend soutenir le peuple palestinien à Gaza alors qu’il commet quotidiennement des actes de terrorisme et des meurtres.  Le délégué a assuré que ces crimes et violations des houthistes ne seront pas prescrits.  Selon le représentant, les milices terroristes houthistes ont ciblé à plusieurs reprises les pétroliers et les navires commerciaux en mer Rouge. Concernant le naufrage du navire Rubymar et ses conséquences, il a appelé à fournir le soutien nécessaire de diverses manières pour y faire face.  Il a aussi souligné l’importance d’efforts régionaux et internationaux concertés pour faire face aux défis environnementaux qui menacent le Yémen et la mer Rouge.

Le Gouvernement yéménite met à nouveau en garde contre le flux continu d’armes iraniennes vers les milices terroristes houthistes, a poursuivi le délégué, avertissant contre le risque de prolonger le conflit au Yémen et d’exacerber la crise humanitaire.  Il a évoqué avec inquiétude la crise humanitaire catastrophique, la politique de famine et la guerre économique systématique menée par les milices terroristes houthistes contre le peuple yéménite.  Le Gouvernement yéménite appelle une fois de plus la communauté internationale à le soutenir face à ces défis et à trouver les moyens de l’aider à réexporter du pétrole pour lui permettre de remplir ses obligations et devoirs, a plaidé le délégué. Il a salué le soutien fraternel apporté par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis qui ont contribué de manière significative à faire face au déficit du budget national et à surmonter de nombreuses difficultés financières et liées à la fourniture de services.  Il a aussi réitéré l’importance de décaisser les fonds d’aide humanitaire par le biais de la Banque centrale du Yémen, espérant que cela soutienne grandement les efforts visant à relancer l’économie nationale et à maintenir et améliorer la valeur de la monnaie.  Le représentant a enfin dit attendre avec impatience la conférence des donateurs pour la mobilisation des fonds en vue de financer correctement le plan de réponse humanitaire de 2024.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Au lendemain des tirs iraniens contre Israël, le Conseil de sécurité entend des appels à la retenue et une demande d’Israël d’imposer de nouvelles sanctions à l’Iran

9602e séance, après-midi
CS/15660

Au lendemain des tirs iraniens contre Israël, le Conseil de sécurité entend des appels à la retenue et une demande d’Israël d’imposer de nouvelles sanctions à l’Iran

Le Conseil de sécurité s’est réuni ce dimanche après-midi en urgence, à la demande du Représentant permanent d’Israël qui a invoqué, dans une lettre du 13 avril, le lancement par l’Iran d’une « une attaque directe depuis son territoire de plus de 200 drones, missiles de croisière et missiles balistiques vers Israël, en violation flagrante de la Charte des Nations Unies et du droit international ».  Des faits analysés avec une vive inquiétude par les membres du Conseil qui ont entendu les explications de la délégation iranienne ainsi que les récriminations d’Israël demandant des sanctions contre l’Iran. 

Mobilisé à cette occasion, le Secrétaire général de l’ONU a observé que le Moyen-Orient est au bord du gouffre et que les populations de la région sont confrontées au risque réel d’une catastrophe dévastatrice à grande échelle. C’est pourquoi, à l’unisson avec plusieurs délégations, M. António Guterres a appelé à désamorcer la situation, précisant que « l’heure est désormais à la retenue maximale ».

Le Secrétaire général a cité la lettre qu’a également envoyée, hier, le Représentant permanent de l’Iran déclarant qu’« aux heures tardives du 13 avril 2024, la République islamique d’Iran a porté une série de frappes militaires contre des objectifs militaires israéliens.  Une mesure prise dans le cadre de la légitime défense, tel qu’énoncé à l’Article 51 de la Charte des Nations Unies, et en réponse aux agressions militaires récurrentes d’Israël, notamment son attaque armée du 1er avril 2024 contre des locaux diplomatiques iraniens ».

La plupart des drones et missiles lancés sur Israël depuis l’Iran ont été interceptés, a précisé M. Guterres tout en indiquant qu’un missile aurait endommagé une installation militaire israélienne dans le sud du pays.  Au total, on dénombre quelques civils blessés, a-t-il ajouté.

Pour le Chef de l’ONU, il est essentiel d’éviter toute action susceptible de conduire à des affrontements militaires majeurs sur plusieurs fronts au Moyen-Orient.  « Nous avons la responsabilité commune d’assurer un cessez-le-feu humanitaire immédiat à Gaza, la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages et l’acheminement sans entrave de l’aide humanitaire. »  Il a aussi souligné la « responsabilité commune » de mettre fin à la violence en Cisjordanie occupée, de désamorcer la situation le long de la Ligne bleue et de rétablir la sécurité de la navigation dans la région de la mer Rouge. 

« Ni la région ni le monde ne peuvent se permettre davantage de guerre. » Cet appel à la retenue du Secrétaire général a été repris en écho par plusieurs délégations comme le Guyana, l’Équateur et la Sierra Leone qui ont aussi appelé au dialogue.  À « la sagesse et la prudence », a ajouté le Mozambique.  Ils ont demandé de ne pas recourir à la force et de tout mettre en œuvre pour parvenir à la désescalade.  La séance de ce jour est un pas en ce sens, a estimé la Slovénie, tandis que la Suisse a insisté sur la protection des populations et infrastructures civiles, et Malte sur la nécessité de respecter le droit international. 

Le Japon a dit compter sur le Conseil de sécurité pour se pencher sur la question en tant qu’organe « uni » afin d’endiguer le risque de voir la région plonger dans l’abysse.  Le Conseil devrait compter sur la sagesse de tous ses membres, a dit en écho la République de Corée, tandis que l’Algérie a prévenu que nous sommes à un carrefour: soit on respecte à la lettre le droit international, soit on risque de sombrer dans le chaos et l’instabilité.  Selon la délégation algérienne, les crises du Moyen-Orient ont toutes un lien -l’occupation israélienne- et il faut cesser d’appliquer « la politique du deux poids, deux mesures » qui sape l’ordre international. 

Un « deux poids, deux mesures » qu’a dénoncé également la Fédération de Russie en pointant le « défilé d’hypocrisie » de l’Occident au Conseil de sécurité.  Ce qui s’est passé dans la nuit du 13 au 14 avril ne s’est pas produit « dans le vide », a-t-elle fait remarquer en expliquant que de telles mesures ont été prises par l’Iran pour pallier « l’inaction honteuse du Conseil de sécurité »: elles ont été menées en réaction à l’attaque flagrante d’Israël contre l’ambassade iranienne à Damas le 1er avril dernier, car une attaque contre une mission diplomatique est un casus belli au regard du droit international.  La Chine a également relayé l’argument iranien selon lequel son action militaire d’hier se voulait une réponse à l’attaque israélienne de ses locaux diplomatiques, notant que Téhéran considère aujourd’hui l’affaire close.  La délégation chinoise a néanmoins encouragé les parties à régler leurs différends conformément au droit international afin d’éviter toute escalade. 

La République arabe syrienne s’est elle aussi montrée sensible à l’argument de « la légitime défense nécessaire » face aux crimes passés d’Israël contre l’Iran. Elle a dénoncé au passage le soutien illimité américain qui a fait croire à la Puissance occupante qu’elle est au-dessus du droit international, et qu’elle peut poursuivre ses actions dans la région sans conséquence. 

Israël, qui a montré une vidéo de l’attaque déjouée par ses forces, a dénombré 170 drones, 120 missiles balistiques et 30 missiles de croisière lancés depuis le sol iranien, mais aussi en Syrie, au Yémen et en Iraq.  Malgré son ampleur, 99% des drones et missiles ont été interceptés, s’est félicité le délégué israélien. 

« Tout le monde souffre à cause de l’Iran, y compris les Iraniens », a-t-il poursuivi en accusant l’Iran de financer et appuyer ses supplétifs terroristes à travers le monde.  « Alors que le masque de l’Iran tombe avec cette attaque d’Israël, c’est maintenant que le monde doit agir. »  Il a rappelé que son pays avait averti depuis longtemps le Conseil des ambitions hégémoniques de l’Iran, qui risquent de conduire le monde vers le point de non-retour. Il a en outre déduit du ciblage hier de la mosquée Al-Aqsa que « l’Iran n’a cure des musulmans », avant d’accuser « le régime de l’Ayatollah » de chercher à exporter son hégémonie dans le monde entier, faisant même un parallèle avec les actions du IIIe Reich. 

Pour Israël, l’Iran n’est pas seulement un État terroriste, mais aussi un État pirate comme le laisse voir son détournement du navire MSC Aries, hier. L’Iran est sur le point de devenir une puissance nucléaire, a encore averti le représentant israélien pour qui l’attaque d’hier a franchi une ligne rouge.  « Israël se réserve le droit d’y répondre. »  Le délégué israélien a demandé que le Conseil de sécurité impose de nouvelles sanctions à ce pays et ce, pas seulement pour préserver Israël, mais aussi le monde entier.

Après avoir entendu ces accusations, la délégation de l’Iran a présenté ses explications.  Elle a confirmé avoir mené une série de frappes militaires contre des objectifs militaires israéliens avec des dizaines de missiles et de drones, « en réponse aux agressions militaires récurrentes du régime israélien », notamment ses attaques du 1er avril 2024 contre des locaux diplomatiques iraniens.  Cette action « nécessaire et proportionnée » s’inscrivait dans l’exercice du droit à la légitime défense de l’Iran et ciblait uniquement des objectifs militaires, s’est défendue la délégation.  Elle a rappelé qu’elle avait demandé au Conseil, au lendemain de l’attaque du 1er avril, de dénoncer fermement cet « acte criminel injustifié », se désolant que le Conseil ait manqué à son devoir de maintenir la paix et la sécurité internationales.  Les États-Unis et leurs alliés bloquent le Conseil de sécurité depuis plus de six mois, a désapprouvé l’Iran, notant que ces acteurs protègent ainsi Israël de toute responsabilité dans le massacre de Gaza.

Mettant en garde contre toute nouvelle provocation militaire de la part du « régime israélien », l’Iran a réaffirmé sa détermination à défendre son peuple, sa sécurité et ses intérêts nationaux.  L’Iran n’a pas l’intention de s’engager dans un conflit avec les États-Unis dans la région, ce qu’il a démontré en faisant preuve de retenue malgré l’implication des forces américaines dans l’interception de drones et de missiles iraniens, a fait valoir le délégué.  Toutefois, si les États-Unis lancent des opérations militaires contre l’Iran, celui-ci usera de son droit inhérent à réagir de manière proportionnée, a-t-il prévenu. 

« Que les choses soit bien claires »: l’Iran sera tenue responsable de toute attaque menée par ses intermédiaires, a prévenu quant à lui le Royaume-Uni pour qui cette attaque démontre une fois de plus que l’Iran entend semer le chaos dans la région.  Il a assuré vouloir continuer de défendre les intérêts sécuritaires d’Israël, ainsi que ceux de tous ses partenaires régionaux, y compris la Jordanie et l’Iraq. Le Royaume-Uni, de même que Malte, ont aussi appelé l’Iran à libérer sans condition le navire MSC Aries et son équipage.  Le Conseil de sécurité a l’obligation de ne pas laisser un tel acte sans réponse, ont mis en avant les États-Unis qui ont annoncé l’examen, dans les jours à venir, d’autres mesures destinées à tenir Téhéran responsable. 

Dans l’objectif de sortie de crise, la France a estimé qu’il est grand temps, six mois après les attaques terroristes du 7 octobre et le début de la guerre à Gaza, de poser les bases d’un règlement politique durable en traitant des causes du conflit.  « C’est d’ailleurs ce que propose le projet de résolution que nous avons présenté à ce Conseil », a dit la délégation qui a appelé à tout faire pour éviter une nouvelle guerre au Proche et au Moyen-Orient. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

À la demande de la Fédération de Russie, le Conseil de sécurité se penche à nouveau sur la fourniture d’armes à l’Ukraine par les pays occidentaux

9601E SÉANCE - MATIN
CS/15659

À la demande de la Fédération de Russie, le Conseil de sécurité se penche à nouveau sur la fourniture d’armes à l’Ukraine par les pays occidentaux

La Fédération de Russie a convoqué, ce matin, une réunion du Conseil de sécurité concernant la livraison d’armes à Kyïv par les pays occidentaux, dont plusieurs ont dénoncé une nouvelle tentative de Moscou « d’inverser les responsabilités » dans le conflit qui l’oppose à l’Ukraine.  . 

Dans un premier temps, le Chef du Service des armes classiques du Bureau des affaires de désarmement de l’ONU a indiqué que les transferts d’armes et de munitions aux forces armées ukrainiennes se sont poursuivis depuis la dernière réunion du Conseil sur cette question, en mars.  Ces transferts incluraient des chars et des véhicules blindés de combat, des avions de combat, des systèmes d’artillerie, des systèmes de missiles et des munitions télécommandées.  Des rapports indiquent également que des États ont transféré aux forces armées russes des véhicules aériens sans pilote, des missiles balistiques et des munitions, et que ces armes ont été utilisées en Ukraine. 

M. Ivor Fung s’est également inquiété des informations faisant état de l’utilisation de mines terrestres antipersonnel et d’armes à sous-munitions en Ukraine.  « L’afflux d’armes et de munitions dans tout conflit armé peut contribuer à l’escalade et présente des risques importants de détournement et de prolifération même après la fin du conflit », a-t-il noté.  Au-delà de ces considérations, M. Fung a rappelé qu’il incombe aux parties au conflit de protéger les civils et de respecter leurs obligations en vertu du droit international, en s’abstenant notamment de cibler les infrastructures civiles critiques. 

Aujourd’hui, la principale préoccupation de « l’Occident collectif » est de maintenir à flot la « clique de Zelenskyy », qui subit une défaite militaire évidente, a lancé la Fédération de Russie, qui a accusé les pays occidentaux d’armer, depuis 10 ans, un État voisin tout en se livrant à une politique antirusse, « tactique courante des colonialistes » qui s’efforcent de dresser les peuples les uns contre les autres. Washington, Londres et Bruxelles ne veulent pas d’une Ukraine amie de la Russie, et le résultat, a avancé la délégation russe, est que l’Ukraine se transforme aujourd’hui en un « État ouvertement terroriste », comme l’attestent ses attaques contre des cibles civiles en Russie et son « implication directe » dans l’attentat perpétré à Moscou le 22 mars dernier contre le Crocus City Hall.

En convoquant une telle réunion, la Russie empêche le Conseil de s’acquitter de son mandat d’assurer la paix et la sécurité internationales, a rétorqué l’Ukraine. « La Russie poursuivra sa terreur sans entrave, déclarant que chaque centrale électrique détruite est un objet militaire et que chaque enfant tué est un militant néo-nazi », a déclaré son représentant qui a signalé que pour assurer sa défense, notamment face aux drones et aux missiles fournis à ce pays par l’Iran et la République populaire démocratique de Corée (RPDC), Kyïv a encore besoin de systèmes de défense aérien et d’artillerie.

Après la séance du Conseil d’hier consacrée à la situation humanitaire catastrophique en Ukraine, « personne ne se laissera abuser par cette nouvelle tentative de la Russie d’inverser les responsabilités dans cette guerre », a fait valoir la France.  Plutôt que de mettre fin au conflit dès maintenant comme l’ont ordonné la Cour internationale de Justice (CIJ) et de nombreuses résolutions de l’Assemblée générale, Moscou a choisi d’opposer son veto à la prorogation du mandat du Groupe d’experts chargé d’assister le Comité des sanctions contre la RPDC afin de dissimuler le fait qu’elle se fournit en armes et en munitions auprès de ce pays, ont noté le Royaume-Uni et la Suisse. 

De même, les allégations de transferts de missiles balistiques de l’Iran à la Russie représenteraient pour la France une « escalade inacceptable » qui ne resterait « pas sans réponse ».  Un avis partagé par la République de Corée, qui a jugé qu’une séance consacrée à la coopération militaire entre Moscou et Pyongyang aurait été plus appropriée, avançant que le veto russe à la prorogation du mandat du Groupe d’experts a été exercé pour faire écran aux livraisons illicites de munitions et de missiles balistiques. 

« Il est totalement inacceptable que l’agresseur critique les efforts de défense de son adversaire », a fustigé à son tour le Japon qui a condamné les « menaces nucléaires » proférées par Moscou ainsi que les transferts d’armes de Pyongyang vers Moscou.  « Nous continuons de surveiller de près ce que la RPDC y gagne en retour », a prévenu sa représentante. 

Plusieurs membres du Conseil, dont Malte et la Slovénie, ont réaffirmé leur détermination à continuer de soutenir le droit à la légitime défense de l’Ukraine au titre de l’Article 51 de la Charte des Nations Unies, qui stipule qu’aucune disposition de cet instrument ne porte atteinte au droit de légitime défense, individuelle ou collective, dans le cas où un État Membre de l’ONU est l’objet d’une agression armée.  Tout en reconnaissant ce droit, l’Algérie, le Guyana et le Mozambique ont fait valoir que les livraisons massives d’armes dans des zones de conflit ne peuvent qu’aggraver et prolonger la violence, sapant ainsi les perspectives d’un règlement pacifique du conflit en Ukraine. 

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Déclarations

Au nom de la Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, M. IVOR FUNG, Chef du Service des armes classiques du Bureau des affaires de désarmement de l’ONU, a indiqué que la fourniture d’une assistance militaire et les transferts d’armes et de munitions aux forces armées ukrainiennes se sont poursuivis depuis la dernière réunion du Conseil sur cette question, dans le contexte de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Fédération de Russie.  Selon des informations accessibles au public, ces transferts incluraient des chars de combat, des véhicules blindés de combat, des avions de combat, des hélicoptères, des systèmes d’artillerie de gros calibre, des systèmes de missiles, des véhicules aériens de combat sans équipage, ainsi que des munitions télécommandées et des armes légères.  Des rapports indiquent également que certains États ont transféré des véhicules aériens sans équipage, des missiles balistiques et des munitions aux forces armées russes, et que ces armes ont été utilisées en Ukraine.  Tout transfert d’armes et de munitions doit s’inscrire dans le cadre juridique international applicable, a souligné M. Fung. 

Poursuivant, le haut fonctionnaire s’est inquiété des informations faisant état de l’utilisation de mines terrestres antipersonnel et d’armes à sous-munitions en Ukraine.  Il a profité de l’occasion pour appeler les États Membres à ratifier la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel et à respecter leurs obligations en vertu de la Convention sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi de certaines armes classiques.  « L’afflux d’armes et de munitions dans tout conflit armé peut contribuer à l’escalade et présente des risques importants de détournement et de prolifération même après la fin du conflit », a-t-il noté.  Des mesures visant à réduire le risque de détournement vers des utilisateurs finaux non autorisés et des utilisations non autorisées sont donc essentielles pour prévenir de nouveaux l’insécurité en Ukraine, et seront également nécessaires au relèvement après le conflit.

Pour prévenir le détournement d’armes et de munitions, M. Fung a jugé nécessaire d’assurer la transparence de la chaîne d’approvisionnement, ainsi que l’échange d’informations entre les États importateurs, de transit et exportateurs, à l’aide de mesures telles que le marquage, le traçage, la comptabilité et la tenue de registres.  Au-delà de ces considérations, le Chef du Service des armes classiques a rappelé qu’il incombe aux parties à tout conflit de protéger les civils et de respecter leurs obligations en vertu du droit international, en s’abstenant notamment de cibler les infrastructures civiles critiques telles que les installations énergétiques. 

Depuis le 24 février 2022, a repris, le haut fonctionnaire, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a recensé au moins 31 366 victimes civiles en Ukraine, dont 10 810 tués.  La grande majorité de celles-ci résultent de l’utilisation d’armes explosives dans des zones peuplées.  Les attaques délibérées, aveugles et disproportionnées contre des civils et des infrastructures civiles violent le droit international humanitaire, a encore rappelé M. Fung.  « Elles sont inacceptables et doivent cesser immédiatement. »

Mme KAREN KWIATKOWSKI, inscrite à ce débat comme commentatrice politique, s’est présentée comme une lieutenante-colonelle retraitée de l’US Air Force qui a commencé à remettre en question le Gouvernement américain en 2002 après avoir été témoin des manipulations du Pentagone pour « vendre une guerre inutile et injustifiée », en l’occurrence l’invasion de l’Iraq.  Pour elle, les approvisionnements en armes de l’Ukraine par les Occidentaux ont été et restent un obstacle à la paix.  Selon elle, cette aide n’est pas acheminée là-bas pour les Ukrainiens, mais pour un gouvernement choisi via un coup d’État influencé par le Département d’État et la CIA en 2014, dans le but d’affronter militairement la Russie.  Elle a estimé que ce gouvernement embrasse une sorte de nationalisme ukrainien qui s’appuie fortement sur l’idéologie nazie, laquelle, en Ukraine, fédère le type d’individus prêts à faire ce que veulent les États-Unis et l’OTAN.  « Par conséquent, l’histoire a été oubliée, la vérité ignorée et la culture ukrainienne dénigrée – parce qu’une guerre par procuration visant à affaiblir la Russie, politiquement et économiquement, était souhaitée par certains en Occident. » 

Cette assistance occidentale en matière d’armes, de surveillance et de renseignement, ainsi que « l’aide » diplomatique ont permis à Kiev d’attaquer le Donbass pendant huit ans, a retracé Mme Kwiatkowski.  Elle a dit que la réponse militaire russe « sans aucun doute violente, meurtrière et en violation du droit international » lui rappelait plusieurs opérations militaires américaines qu’elle avait soutenues lorsqu’elle portait l’uniforme.  « Lorsque les États-Unis ont envahi l’Iraq, s’est-elle souvenue, nous avons découvert plus tard que nous n’étions pas vraiment là pour arrêter une guerre, libérer un peuple, renforcer ses libertés ou garantir sa prospérité. »

Par ailleurs, les livraisons d’armes occidentales ont selon elle transformé l’armée ukrainienne en une énorme machine de Rube Goldberg: ce qui aurait pu être une opération de défense ukrainienne coordonnée et largement approvisionnée est devenue une opération « excessivement compliquée, chaotique et même stupide ». Beaucoup des systèmes d’armements nécessitant une maintenance et des apports de renseignements occidentaux ont été et sont utilisés de manière inutile et tragique, a-t-elle affirmé.  D’autres ont été perdus en raison de leur déploiement dans des opérations de combat qui ne peuvent pas pleinement les utiliser, les entretenir ou les coordonner.  Elle a déploré les tragédies et pertes de vies humaines des deux côtés, constant en outre que l’armée ukrainienne, dépendante de l’aide et confrontée à des difficultés logistiques, est devenue un « abattoir » pour les combattants ukrainiens, un désastre pour leurs familles, dont plus de 10 millions vivent désormais hors d’Ukraine et ne reviendront peut-être jamais.  « La demande frénétique de Kiev pour davantage de troupes à envoyer au front est elle-même le résultat direct de l’assistance militaire occidentale passée », a analysée l’oratrice.  Elle a aussi fait valoir que les « investissements » occidentaux ont réduit les stocks d’armements des États-Unis et de l’OTAN, tout en réduisant la capacité de Kiev à négocier directement avec la Russie. 

Alors que des milliards de dollars d’armes, de munitions, de fournitures et d’argent entrent en Ukraine, un autre problème se pose, celui de la responsabilité du Gouvernement, a-t-elle aussi soulevé.  « Où va ce matériel, et quels comptes bancaires sont engraissés au passage? »  Elle a assuré savoir, tout comme Interpol, que des armes légères ont été détournées partout dans le monde, certaines immédiatement après leur arrivée en Ukraine. « L’Ukraine était connue comme le pays le plus corrompu d’Europe », a-t-elle affirmé.  Mme Kwiatkowski a ajouté que l’aide occidentale a accéléré la pauvreté et la dévastation pour la majeure partie de la population du pays et élargi le fossé entre riches et pauvres dans toute l’Ukraine.  L’aide aléatoire de l’Occident et de l’OTAN ainsi que « l’étrange groupe de conseillers militaires occidentaux à l’œuvre dans le pays » ont compliqué les opérations militaires ukrainiennes et causé encore plus de morts, a-t-elle conclu.  Elle a regretté que la démocratie ukrainienne ait divisé le peuple ukrainien « physiquement et spirituellement », l’ait appauvri et ait aussi perturbé son économie.  Elle a rejeté le récit selon lequel la Russie est responsable de la situation actuelle, récit qui selon elle confond corrélation et causalité.  La cause est selon elle une perfide incitation occidentale à une guerre par procuration qui n’aurait jamais dû être déclarée.

Le représentant de la Fédération de Russie a affirmé que, depuis au moins 10 ans, le « régime de Kiev » se fait livrer des armes occidentales.  Ce qui s’est longtemps fait en secret, notamment sous le couvert des accords de Minsk, est aujourd’hui effectué au grand jour, a-t-il observé, accusant les Occidentaux d’avoir armé un État voisin de la Russie tout en se livrant à une politique ouvertement antirusse, « tactique courante des colonialistes » qui s’efforcent de dresser les peuples les uns contre les autres.  Aujourd’hui, a constaté le délégué, la principale préoccupation de « l’Occident collectif » est de maintenir à flot la « clique de Zelenskyy », qui perd de son pouvoir en interne et subit une défaite militaire évidente.  Bien que le dirigeant ukrainien ait dilapidé les armes, les équipements et les munitions, et même s’il devient de plus en plus difficile pour les Occidentaux de l’aider et de fermer les yeux sur ce qu’il fait, le flux d’armement reste soutenu.  Dans le même temps, a-t-il noté, il devient de plus en plus difficile pour les Occidentaux de dissimuler la corruption endémique en Ukraine, ainsi que le manque de contrôle des équipements et munitions fournis, qui, par conséquent, courent le risque de tomber entre les mains de terroristes. 

Pour le représentant, le « dirigeant de Kiev » est longtemps resté dans l’illusion qu’avec le soutien et les armes occidentales, il pourrait vaincre la Russie.  Mais il a aussi récemment admis que l’Ukraine perdrait sans les armes occidentales, ce qui a contraint l’Occident à reformuler ses objectifs: il s’agit désormais de « ne pas laisser la Russie gagner ».  Pourtant, a dit le délégué, si l’Ukraine voulait la paix, elle l’aurait obtenue depuis longtemps.  Selon lui, les exigences de la Russie envers son voisin, qui constituent la « base » de son opération militaire spéciale, sont bien connues et l’Ukraine pourrait tout à fait les satisfaire « sans compromettre sa souveraineté et son statut d’État », à l’image de ce qu’ont fait l’Allemagne et le Japon à la fin de la Seconde Guerre mondiale.  Si le « régime de Kiev » s’y refuse, c’est parce que Washington, Londres et Bruxelles ne veulent pas d’une Ukraine amie de la Russie, a-t-il avancé.  Le résultat, à ses yeux, est que l’Ukraine se transforme aujourd’hui en un « État ouvertement terroriste », comme l’attestent ses attaques contre des cibles civiles en Russie et son « implication directe » dans l’attentat perpétré à Moscou le 22 mars dernier contre le Crocus City Hall.  L’enquête sur ce crime a révélé qu’il existe un lien indéniable entre les terroristes et les services spéciaux ukrainiens, a accusé le délégué, selon lequel les tueurs prévoyaient de rejoindre la frontière russo-ukrainienne en vue semble-t-il d’obtenir un passage en Ukraine.  Les auteurs de l’attentat auraient en outre reçu de l’Ukraine d’importantes sommes d’argent et de cryptomonnaie, a encore affirmé le représentant, pour qui il est prouvé que le « régime de Kiev » collabore de longue date avec les islamistes radicaux et les utilise à ses propres fins. 

Une heure seulement après cette « monstrueuse tragédie », Washington et d’autres capitales occidentales ont réfuté toute implication de Kiev dans cet attentat terroriste, et « essayé d’imposer à tous » le récit selon lequel l’attentat aurait été organisé par le groupe État islamique, et ce, « malgré les preuves irréfutables de l’implication du régime de Kiev ».  Selon le délégué, le simple aveu de l’État islamique sur son implication n’implique pas sa véritable responsabilité, ce groupe s’étant déjà attribué le mérite d’attentats perpétrés par d’autres.  En outre, a-t-il ajouté, des questions se posent aussi sur la coopération étroite entre la CIA et les services de renseignement britanniques avec le Service de sécurité d’Ukraine (SBU).  D’autant plus que la commission d’enquête russe a révélé que les fonds destinés à commettre des attentats terroristes sur notre territoire provenaient de sociétés commerciales, notamment de la société pétrolière et gazière Burisma Holdings, dont M. Hunter Biden, fils de l’actuel Président américain, a été membre du Conseil d’administration.  À cette aune, il a souhaité que les pays occidentaux coopèrent avec les enquêteurs russes pour les aider à arrêter les commanditaires de cet attentat terroriste. 

Après avoir dit craindre que le « régime de Kiev » ne renonce pas à ses « desseins terroristes », le représentant a reproché aux Occidentaux d’avoir « créé un monstre » dont l’activité ne se limite plus à la seule Ukraine.  « Votre Frankenstein pourrait se retourner contre vous dans un geste de colère dû à votre incapacité à inverser la tendance sur le front », a-t-il mis en garde.  Face à cette « défaite imminente », il a estimé que suffisamment d’armes ont été fournies à l’Ukraine et que sa chute risque d’entraîner ses soutiens vers le fond. 

Le représentant de la République de Corée a estimé que le soutien international aux efforts de l’Ukraine visant à protéger son peuple et son territoire est totalement légitime, conformément au droit à la légitime défense consacré à l’Article 51 de la Charte des Nations Unies.  Il a jugé que la demande de la Russie de convoquer cette réunion n’est pas pertinente.  La coopération militaire entre la Russie et la RPDC aurait été un sujet plus approprié, a-t-il estimé.  Le délégué a rappelé que l’Assemblée générale a tenu hier un débat sur le veto de la Russie en ce qui concerne l’extension du mandat du Groupe d’experts chargé d’assister le Comité des sanctions contre la RPDC.  Ce veto a été exercé par ce que la Russie n’appréciait pas que ce Groupe jette la lumière sur « un aspect sombre », à savoir les livraisons illicites de munitions et de missiles balistiques de la RPDC à ce pays, a tranché le délégué.  En conclusion, il a exhorté la Russie à retirer ses forces du territoire ukrainien.

Le représentant du Royaume-Uni a rappelé que la Russie a violé à plusieurs reprises les résolutions du Conseil de sécurité en achetant des armes à la RPDC et à l’Iran pour les utiliser en Ukraine.  Des dizaines de missiles balistiques et des millions d’obus d’artillerie nord-coréens ont été utilisés dans des attaques contre des centres de population, tandis que des milliers de drones iraniens Shahed ont été tirés contre des installations électriques, a-t-elle dénoncé, accusant la Russie d’avoir voulu dissimuler ses agissements en mettant son veto au renouvellement du mandat du Groupe d’experts de l’ONU qui surveille le contournement des sanctions auquel se livre la RPDC.  Outre ces armes, a poursuivi le délégué, la Russie a utilisé, entre autres, des missiles de croisière hypersoniques Kinzhal, des missiles balistiques à double capacité, des armes à sous-munitions et des mines terrestres pour infliger des souffrances aux civils dans toute l’Ukraine.  Constatant que plus de 40% de l’infrastructure électrique ukrainienne a été détruite, elle a rappelé que la Cour pénale internationale (CPI) a publié de nouveaux actes d’accusation contre les dirigeants militaires russes pour la campagne de frappes contre de nombreuses centrales électriques et sous-stations en Ukraine. 

Face à l’« agression incontrôlée » perpétrée par la Russie, il importe, selon la représentante, d’aider l’Ukraine à se défendre, en lui fournissant des défenses aériennes pour protéger ses villes et sa population, ainsi que des armes pour riposter contre l’armée russe.  Il a indiqué que le Royaume-Uni a déjà aidé l’Ukraine à hauteur de 15 milliards de dollars et restera à ses côtés pour reconstituer sa défense aérienne et lui fournir les armes nécessaires à la défense de son territoire.  Plutôt que de retirer ses troupes du sol ukrainien, la Russie a entamé une nouvelle vague de conscription, a encore regretté le délégué, en notant que, chaque jour, environ 1 000 Russes sont tués ou blessés en Ukraine. 

La représentante du Guyana a rappelé qu’en Ukraine, plus de 14,6 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire, avant de déplorer les attaques contre les civils et les infrastructures civiles.  Faisant remarquer que la livraison d’armes et de munitions dans toute situation de conflit armé risque d’aggraver ou de prolonger la violence, elle a appelé ceux qui exportent des armes vers la zone de conflit à veiller à ce que les transferts soient effectués conformément aux instruments de désarmement pertinents et aux résolutions du Conseil de sécurité.  Elle a demandé des contrôles pour empêcher leur transfert illégal.

Rappelant que le territoire de l’Ukraine s’est transformé en un véritable champ de mines et que l’Ukraine est un important exportateur de céréales, la déléguée a craint que cette situation ne contribue à l’insécurité alimentaire mondiale.  Le seul moyen efficace d’empêcher une nouvelle escalade ou une nouvelle instabilité en Ukraine et dans l’ensemble de la région est de mettre fin à cette guerre par des moyens pacifiques, a-t-elle prôné.  Elle a donc appelé à la fin des hostilités et à l’engagement des parties dans un processus politique et diplomatique visant à mettre fin à ce conflit.

La représentante de la Suisse a déclaré que l’agression militaire de la Fédération de Russie contre l’Ukraine viole les principes fondamentaux du droit international.  Elle a rejeté toute tentative visant à la justifier et appelé une nouvelle fois Moscou à suspendre ses opérations militaires, comme l’a ordonné la Cour internationale de Justice (CIJ).  Les attaques quotidiennes menées dans l’ensemble du pays continuent de faire des ravages parmi la population civile et d’accentuer les difficultés humanitaires, a-t-elle déploré, en raison notamment des dommages causés aux infrastructures essentielles. 

En ce qui concerne les transferts d’armes, la représentante a réaffirmé la nécessité de de respecter les conventions et instruments multilatéraux applicables.  Elle a réitéré sa consternation face aux violations des résolutions du Conseil que constituent les transferts d’armes illégaux de l’Iran et de la République populaire démocratique de Corée (RPDC).  La justice étant un élément indispensable à la paix, la déléguée a souligné l’importance des efforts de reddition de comptes pour les atrocités commises en Ukraine.

Selon la représentante du Japon, il est totalement inacceptable que l’agresseur critique les efforts de défense de son adversaire.  Elle a en effet affirmé le fait que la Russie est un agresseur en violation des règles de la Charte des Nations Unies.  En tant que seul pays à avoir subi des bombardements atomiques au cours d’une guerre, le Japon n’acceptera jamais les menaces nucléaires de la Russie, et encore moins l’utilisation de telles armes, a-t-elle déclaré.  Les catastrophes d’Hiroshima et de Nagasaki ne doivent jamais se répéter, a-t-elle martelé.  Elle a en outre condamné « une nouvelle fois » le transfert d’armes de la RPDC vers la Russie, en violation des résolutions du Conseil de sécurité.  Nous continuons de surveiller de près ce que la RPDC y gagne en retour, a-t-elle indiqué.  Le retrait de la Russie est la condition préalable à la paix, a-t-elle conclu.

Après la réunion du Conseil d’hier sur la situation humanitaire en Ukraine, « personne ne se laissera abuser par cette nouvelle tentative de la Russie d’inverser les responsabilités dans cette guerre », a fait valoir le représentant de la France.  C’est bien ce pays qui a choisi de déclencher cette guerre, a-t-il rappelé en dénonçant cette agression à grande échelle de l’Ukraine, « État souverain qui ne la menaçait pas ».  Le délégué a fait valoir que Moscou pourrait plutôt mettre fin au conflit dès maintenant sans préjudice pour sa sécurité, comme l’a demandé la CIJ et les nombreuses résolutions de l’Assemblée générale. 

La Fédération de Russie a en outre opposé son veto au renouvellement du Groupe d’experts du Comité 1718 afin de dissimuler le fait qu’elle se fournit en armes et en munitions auprès de la RPDC, a ensuite observé le représentant en regrettant qu’elle ait fait le choix de s’en prendre au régime international de non-prolifération et de récompenser un État qui viole les résolutions du Conseil.  Qui plus est, l’Iran a livré des milliers de drones à la Fédération de Russie afin de l’aider à mener ses attaques contre la population civile.  Les allégations de transferts de missiles balistiques de l’Iran à la Russie représenteraient selon la France une « escalade inacceptable » qui ne saurait rester sans réponse.  Afin d’aider Kyïv à exercer son droit à la légitime défense et à préserver sa sécurité, son indépendance et son intégrité territoriale, la France et ses partenaires continueront de lui apporter un soutien politique et militaire aussi longtemps qu’il le faudra, a assuré le délégué. 

Le représentant de la Sierra Leone a pris note des divergences de vues relatives à la fourniture d’armes à l’Ukraine.  Compte tenu des circonstances actuelles, il a souligné l’importance de respecter les cadres juridiques internationaux applicables à tous les transferts d’armes.  Le délégué a relevé les risques et les coûts associés au conflit en cours en Ukraine, qui ont entraîné d’importantes pertes en vies humaines, la destruction d’infrastructures et des déplacements massifs de civils.  Les chiffres alarmants des victimes et de la crise humanitaire, tels que vérifiés par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, soulignent la nécessité urgente d’une résolution pacifique du conflit.  Le représentant a réitéré en conclusion l’importance du respect de la souveraineté nationale, de l’intégrité territoriale et du règlement pacifique des différends.

Le représentant de l’Équateur a souligné l’importance du respect des cadres juridiques internationaux qui régissent les transferts d’armes et de munitions.  Il est nécessaire, a-t-il préconisé, que tous les États Membres adhèrent aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et procèdent à des évaluations globales des risques pour prévenir le détournement, le trafic illicite et l’utilisation abusive des armes.  Raison pour laquelle l’Équateur encourage à respecter scrupuleusement les normes de marquage, d’enregistrement et de traçabilité des armes et munitions.  Toute distribution d’armes, a ajouté le représentant, doit être effectuée dans les limites du cadre juridique international applicable et conditionnée à des mécanismes de garantie prévoyant le respect des principes fondamentaux de distinction, de proportionnalité et de précaution dans leur utilisation.  Pour sa délégation, l’utilisation de mines antipersonnel et d’armes à sous-munitions, avec leurs effets durables et aveugles sur les populations civiles, est particulièrement répréhensible et doit cesser immédiatement.

Le représentant de l’Algérie a indiqué que les livraisons d’armes dans des zones de conflit sapent les perspectives de règlement pacifique.  Il a appelé les parties à abandonner la logique de l’affrontement et de l’escalade et à privilégier le dialogue.  Les parties devraient s’attacher à prévenir les risques de prolifération, en empêchant notamment que les armes ne tombent entre les mains de groupes terroristes et criminels, a déclaré le délégué. Enfin, il a estimé que le règlement de la crise doit se baser sur les principes de la Charte, dans le respect des préoccupations sécuritaires légitimes de toutes les parties.

La représentante de la Slovénie a répété que si des armes sont fournies à l’Ukraine, ces transferts ont pour but de soutenir un pays confronté à une guerre d’agression injustifiée, ce qui ne serait pas nécessaire si la Russie n’avait pas lancé son invasion à grande échelle.  De même, a-t-elle ajouté, le Président ukrainien n’aurait pas appelé hier à un soutien en matière d’armes et de systèmes de défense aérienne si la Russie n’avait pas dirigé plus de 80 missiles et drones contre des infrastructures civiles et critiques ukrainiennes en une seule nuit.  Dans ce contexte, la Slovénie continuera de soutenir le droit à la légitime défense de l’Ukraine, conformément à l’Article 51 de la Charte des Nations Unies, a indiqué la représentante, avant de s’élever contre les achats illégaux d’armes qui soutiennent l’agression russe. 

Dénonçant à cet égard le veto mis par la Russie au renouvellement du mandat du Groupe d’experts chargé d’assister le Comité des sanctions contre la RPDC, elle s’est dite préoccupée par les nouvelles preuves d’achat d’armes par la Russie, y compris des missiles, en provenance de ce pays.  Il s’agit d’une violation de plusieurs résolutions du Conseil de sécurité adoptées au titre du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, s’est-elle indignée, rappelant que toutes les résolutions du Conseil sont contraignantes et doivent être pleinement respectées.

Le représentant de la Chine a constaté que les afflux d’armes ne font qu’exacerber le conflit et ne contribuent en rien à la désescalade.  Il vaut mieux mettre fin à la guerre par la négociation plutôt que par les coups de fusil, a philosophé le délégué qui a invité les parties à intensifier leurs efforts diplomatiques pour parvenir à un cessez-le-feu.  Il a souligné que la Chine n’envoie pas d’armes en Ukraine et ne profite pas du conflit. Au contraire, a-t-il dit, mon pays a toujours plaidé pour la paix et appuyé la tenue d’une conférence internationale pour débattre toutes les options de façon juste et équitable. 

Le représentant du Mozambique a déploré que les parties belligérantes demeurent inflexibles, en privilégiant une logique militaire « irréaliste et insoutenable ».  Il a estimé que les livraisons massives d’armes ne peuvent qu’exacerber la situation en Ukraine et saper les perspectives d’un règlement pacifique.  Tout en reconnaissant le droit à la légitime défense, il a rappelé la nécessité que les livraisons d’armes respectent le cadre juridique international.  Le représentant a enfin appelé les parties à cesser les hostilités, à reprendre des négociations et à s’engager de bonne foi dans la voie du dialogue.

Le représentant des États-Unis a rappelé que c’est la Russie qui s’en prend à l’Ukraine et qui achète des missiles balistiques nord-coréens en Ukraine. Depuis décembre dernier, le représentant a évoqué 12 attaques en Ukraine grâce à ces missiles, et près de 11 000 containers qui ont été reçus par la Russie en provenance de la RPDC.  Il a accusé la Russie de saper, par ses actions, les efforts du Conseil de sécurité en matière de maintien de la paix et la sécurité internationales. 

Le délégué s’est ensuite inquiété des efforts russes visant à approfondir les relations militaires avec la République islamique d’Iran à qui elle achète déjà des drones qui sont utilisés en Ukraine.  Il a mis en garde devant l’escalade qui surviendrait si d’aventure la Russie achetait des missiles balistiques iraniens.  Il a également marqué son inquiétude face aux allégations d’utilisation d’armes chimiques par la Russie afin de pousser les troupes ukrainiennes vers les lignes de mire russes.  Les États-Unis restent déterminés à apporter à l’Ukraine l’aide dont elle a besoin pour se défendre, a-t-il déclaré, avant d’appeler la Russie à cesser son approvisionnement d’armes auprès de la RPDC.

La représentante de Malte a déclaré qu’en demandant la tenue de ce débat, la Fédération de Russie tente une fois de plus de démontrer que le droit inhérent à la légitime défense, consacré à l’Article 51 de la Charte des Nations Unies, devrait être suspendu dans le cas de l’Ukraine.  Elle essaie de nous convaincre que l’Ukraine n’a le droit de recevoir aucune aide de ses alliés alors que ce pays tente désespérément de protéger ses citoyens et son territoire, a-t-elle dit.  Elle s’est inquiétée des informations selon lesquelles la Russie utilise en Ukraine des missiles balistiques en provenance de la RPDC. De même, elle a déploré l’utilisation de mines terrestres antipersonnel et le transfert et l’utilisation d’armes à sous-munitions en Ukraine.  La Russie détient la clef pour mettre fin à cette guerre et peut le faire dès maintenant en retirant ses forces militaires de l’ensemble du territoire de l’Ukraine. En attendant, l’Ukraine a le droit de se défendre conformément à la Charte des Nations Unies et au droit international, a affirmé la déléguée. 

Le représentant de l’Ukraine a déclaré que la Russie est en proie à la folie s’agissant de l’attentat du Crocus City Hall.  Il a également affirmé qu’en demandant la tenue de cette réunion, la Russie fait perdre du temps au Conseil de sécurité et l’empêche de s’acquitter de son mandat.  Il a déploré la destruction des infrastructures civiles ukrainiennes suite aux attaques de la Russie, l’accusant en outre de se rendre coupable de nouveaux crimes de guerre en exécutant des prisonniers de guerre ukrainiens.  Rien n’a changé, a déploré le délégué.  « La Russie poursuivra sa terreur sans entrave, déclarant que chaque centrale électrique détruite est un objet militaire et que chaque enfant tué est un militant néo-nazi », a-t-il déclaré, appelant ceux qui ne parviennent pas à faire la distinction entre défenseur et agresseur, tout en lançant des appels hors contexte à l’arrêt des livraisons d’armes, à prendre conscience des implications de leur idéalisme.

De leur côté, a-t-il poursuivi, Téhéran et Pyongyang continuent de fournir aux forces armées russes des missiles, des drones et des munitions.  « Et nous ne pouvons que deviner ce que la Russie leur offre en retour », a-t-il déclaré, affirmant que le récent veto russe sur le renouvellement du mandat du Groupe d’experts du Comité 1718 est « juste la pointe de l’iceberg ».  Il a souligné que l’Ukraine a besoin de systèmes de défense aérienne et d’avions de combat pour protéger ses civils et que l’artillerie était nécessaire pour déplacer les lignes de front et rétablir une vie normale dans les territoires occupés par la Russie.  Il a également insisté sur l’importance de la reddition de comptes.  « Si la solidarité avec l’Ukraine est maintenue et renforcée, cela ne fera que calmer l’agresseur; si elle est compromise, l’appétit de l’agresseur ne fera que croître - alors faites le bon choix », a-t-il dit.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Devant l’Assemblée générale, la Russie défend son veto qui a empêché le Groupe d’experts du Comité des sanctions contre la RPDC de continuer son travail

SOIXANTE-DIX-HUITIÈME SESSION,
68E & 69E SÉANCES - MATIN & APRÈS-MIDI
AG/12592

Devant l’Assemblée générale, la Russie défend son veto qui a empêché le Groupe d’experts du Comité des sanctions contre la RPDC de continuer son travail

L’Assemblée générale a débattu aujourd’hui, en application de la résolution 76/262 d’avril 2022, de l’exercice par la Fédération de Russie de son droit de veto au Conseil de sécurité le 28 mars dernier.  Ce veto avait empêché l’adoption d’un projet de résolution présenté par les États-Unis qui proposait de proroger jusqu’au 30 avril 2025 le mandat du Groupe d’experts chargé d’assister le Comité des sanctions contre la République populaire démocratique de Corée (RPDC).  Devant les 193 États Membres, la Russie a expliqué son veto en disant que proroger le mandat du Groupe d’experts n’aurait contribué en rien à normaliser la situation sur la péninsule coréenne.  Les efforts de ces experts pour lutter contre la non-prolifération des armes nucléaires ont toutefois été soutenus et salués par de nombreuses délégations ainsi que par le Président de l’Assemblée générale. 

Ce dernier a regretté que l’Assemblée soit amenée à tenir une nouvelle séance en réponse à un autre veto de la Fédération de Russie.  « Ces veto, qui illustrent les divisions au sein du Conseil, sapent nos efforts en faveur de la paix et de la sécurité », s’est désolé M. Dennis Francis.  Il a vu ce débat comme une occasion de renforcer la transparence et la responsabilité envers l’ensemble des membres de l’ONU en vue de garantir une « utilisation responsable du droit de veto ». 

La situation dans la péninsule coréenne exige une désescalade des tensions, un dialogue et une coopération authentiques, a-t-il rappelé.  Il a jugé essentiel que la RPDC entame immédiatement un dialogue sans conditions préalables et respecte ses obligations internationales, y compris l’arrêt immédiat des tirs de missiles balistiques.  Ces lancements récurrents constituent une violation flagrante des résolutions du Conseil de sécurité et mettent en péril la paix et la sécurité régionales et internationales. 

La Russie a expliqué que sans son veto contre le projet de résolution des États-Unis, le mandat du Groupe d’experts du Comité du Conseil de sécurité sur les sanctions visant la RPDC aurait été prolongé alors que ce comité s’est lui-même compromis en tirant « des conclusions insensées dans ses rapports ». Proroger son mandat ne contribuera en rien à normaliser la situation sur la péninsule coréenne, a-t-il assuré en dénigrant son travail « basé sur des informations biaisées » qui ont entraîné l’escalade dans la région.  De l’avis de la Russie, le Groupe n’avait ni les ressources ni la volonté d’analyser réellement les problèmes de la péninsule coréenne. 

Dans la foulée, le délégué russe a dénoncé « les sanctions unilatérales, les propagandes agressives et la diabolisation permanente des pays occidentaux visant à renverser le Gouvernement légitime de la RPDC ».  S’agissant du nouveau Coordonnateur résident des Nations Unies nommé en RPDC, les chances de voir cette personne travailler conformément à son mandat sont quasi nulles, a estimé le délégué.  Il a noté en effet qu’il n’y a plus aucune confiance entre l’ONU et la RPDC « à cause des sanctions ».  Les restrictions visant Pyongyang sont le seul régime de sanctions se prolongeant « indéfiniment », a-t-il dénoncé. 

La Russie a aussi justifié son veto en expliquant qu’il répondait au refus des membres occidentaux de sa proposition de mettre le régime de sanctions visant la RPDC en phase avec la pratique visant d’autres pays, pour que les sanctions puissent être révisées chaque année.  Il a réitéré, à cette occasion, sa demande de lancer un véritable processus pour mettre à jour le régime de sanctions vis-à-vis de la RPDC avant d’annoncer un projet de résolution proposant d’examiner chaque année la prolongation du mandat du Groupe d’experts.  Ce sera peut-être la dernière possibilité qu’aura le Conseil de trouver une solution équilibrée sur cette question, a-t-il commenté. 

Le représentant de la RPDC a salué le veto de la Fédération de Russie contre un projet de résolution « illégal » sur le renouvellement du mandat du Groupe d’experts.  La RPDC ne reconnaît d’ailleurs pas les sanctions et les résolutions du Conseil qui vont à l’encontre des principes de souveraineté, d’égalité et de non-ingérence dans nos affaires intérieures. 

« Si la possession par la RPDC d’armes nucléaires d’autodéfense constitue une menace pour la paix et la sécurité internationales, comme le prétendent les États-Unis et leurs partisans, nous devrions dûment discuter d’abord des raisons pour lesquelles les États-Unis ne sont pas considérés comme une menace pour la paix et la sécurité internationales, a contre-attaqué le délégué. 

Il existe un certain nombre d’États dotés d’armes nucléaires à travers le monde, mais seule la RPDC est soumise aux sanctions les plus cruelles, a-t-il continué avant de dire que même si les États-Unis et leurs partisans imposent des sanctions pendant des milliers d’années, ils ne feront jamais obstacle au développement indépendant et au renforcement de la dissuasion de la RPDC. 

« Aucune partie ne peut assurer sa sécurité au détriment de celle des autres », est intervenue la Chine pour qui il faut laisser de côté la mentalité d’affrontements de la guerre froide.  « Tant que les parties sont prêtes au dialogue, le processus politique peut avancer. Mais quand les parties n’ont pas respecté les principes du dialogue, alors les tensions sont vives », a-t-il poursuivi proposant que le Conseil de sécurité joue un rôle positif d’apaisement.  La Chine a également dénoncé les sanctions, en rappelant qu’elles ne sont pas une fin en soi et qu’elles ont eu de graves conséquences humanitaires en RPDC ces dernières années. 

« La Chine aurait pu défendre le Groupe d’experts par sa position géographique et son rôle dans la dénucléarisation de la péninsule coréenne », a réagi la République de Corée.  « Malgré le veto russe, le régime de sanctions de l’ONU lui-même restera en place, tout comme la résolution 1718 », a promis l’Union européenne qui a exprimé son intention de continuer à tout mettre en œuvre pour l’application des sanctions contre la RPDC, en étroite coopération avec la communauté internationale. 

« Sans sanctions, la RPDC aurait renforcé ses capacités nucléaires au-delà de ce qu’elles sont aujourd’hui », a fait observer le Japon en souhaitant que le Conseil fasse tout son possible pour préserver le travail du Groupe d’experts, au moment où nous sommes à la croisée des chemins pour le régime mondial de non-prolifération.  La communauté internationale ne saurait en aucun cas tolérer la poursuite du programme de missiles balistiques de la RPDC, a insisté le délégué japonais. 

« Par ce veto, nous perdons un canal d’informations précieux et il a terni l’image du Conseil de sécurité », a relancé la République de Corée.  Le représentant sud-coréen et de nombreuses autres délégations ont rappelé que le Groupe d’experts avait mentionné, au cours de son dernier rapport, qu’il enquêtait sur un contrat d’armement entre la Russie et la RPDC, pour des armes qui sont utilisées par la Russie contre l’Ukraine.  Le veto envoie un mauvais message aux proliférateurs et c’est un signal négatif pour les autres groupes d’experts, s’est désolé le délégué. Conscient de ses effets néfastes, le Kenya a souhaité que cet usage du droit de veto conduise à réévaluer son utilisation. 

« La Russie a voulu se débarrasser du Groupe d’experts parce qu’elle faisait l’objet d’enquête pour ses achats d’armes et munitions à la RPDC dans la guerre contre l’Ukraine », a à son tour accusé la France.  Elle a regretté que ce veto prive les États Membres d’une source d’informations fiable, arguant que le Groupe d’experts fournissait des éléments d’analyse que le Comité exploitait « librement ». Le réexamen du régime de sanctions pouvait se faire sans sursoir au travail du Groupe d’experts, contrairement à ce qu’a voulu faire croire la Russie, a expliqué le représentant qui s’est réjoui que le régime de sanctions reste en vigueur. 

Malte a confirmé que le Groupe d’experts travaille de manière « indépendante » et que son mandat est utile pour tous.  Le Royaume-Uni a fait remarquer que le veto russe empêche de recevoir des informations sur les pratiques de contournement des sanctions de la Russie et de la RPDC, qui risquent de ne plus être signalées.  Le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale savent que la Russie a acquis des dizaines de missiles et des millions d’obus en RPDC, qui sont utilisés contre l’Ukraine, a insisté le Royaume-Uni dénonçant la Russie qui abuse de sa position de membre permanent du Conseil de sécurité afin de saper le régime de sanctions, la paix et la sécurité internationales. 

Même son de cloche du côté de l’Union européenne pour qui ce veto ne mine pas seulement 14 années d’informations crédibles, fondées sur des faits et informations indépendantes, mais est aussi une tentative de dissimuler des transferts illégaux d’armes qui sont ensuite utilisées dans la guerre non provoquée et injustifiée de la Russie contre l’Ukraine.  « Des aménagements substantiels avaient pourtant été apportés à la position russe lors des négociations », a fait savoir l’Union européenne.  Le délégué de l’Ukraine a exprimé à son tour son opposition au veto russe en disant qu’il soutenait l’enquête du Groupe d’experts sur les violations des sanctions imposées à la RDPC qui conduisent à armer la Russie dans la guerre contre son pays, en violation flagrante des résolutions du Conseil de sécurité.  La Russie doit rendre des comptes pour ces violations flagrantes du droit international, a souhaité l’Ukraine. 

Les États-Unis ont salué la tenue de ce débat « afin de promouvoir la transparence et l’application du principe de responsabilité pour tous les membres du Conseil de sécurité ».  Il est « absurde » de suggérer d’éliminer le régime de sanctions alors que les provocations de la RPDC se multiplient, a fait valoir le délégué.  Le double objectif de la Russie était d’abord de faire taire le Groupe d’experts qui s’apprêtait à prouver qu’elle violait les sanctions et qu’elle tentait d’obtenir des armes auprès de la RPDC pour les utiliser dans sa guerre d’agression contre l’Ukraine, a encore martelé le délégué pour qui le deuxième objectif de la Russie est de se débarrasser de toutes les sanctions imposées à la RPDC avec la complicité de la Chine. 

Il est possible que ce ne soient pas les derniers veto de la Russie, a conclu le délégué des États-Unis en rappelant que la Russie a déjà menacé de mettre un terme à plusieurs mandats de groupes qui permettent au Conseil de sécurité de dissuader certains acteurs d’imposer des menaces à la paix et à la sécurité.  Il a donc appelé les États Membres à travailler pour que les régimes de sanctions puissent être appliqués de manière à défendre et faire avancer la paix. 

Enfin, l’Assemblée générale a décidé par consensus que la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement se tiendra en Espagne du 30 juin au 3 juillet 2025 dont l’organisation aura une incidence budgétaire de 392 600 dollars.

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

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Conseil de sécurité: aux condamnations de ses frappes contre des objectifs civils en Ukraine, la Russie répond que la reddition du « régime de Kiev » est proche

9600E SÉANCE - MATIN
CS/15657

Conseil de sécurité: aux condamnations de ses frappes contre des objectifs civils en Ukraine, la Russie répond que la reddition du « régime de Kiev » est proche

Réuni ce matin à la demande de l’Équateur et de la France pour examiner la situation humanitaire en Ukraine, le Conseil de sécurité a entendu le Sous-Secrétaire général pour l’Europe, l’Asie et les Amériques brosser un tableau alarmant du « schéma destructeur quotidien » des frappes russes, marqué par un ciblage systématique des infrastructures énergétiques et une aggravation du bilan des victimes civiles.  Balayant les condamnations d’une large majorité des membres du Conseil et de l’ensemble des délégations invitées, la Fédération de Russie s’est félicitée de l’avancée de ses forces sur le terrain, assurant que, « très bientôt », il sera question de « la reddition inconditionnelle du régime de Kiev et de ses sponsors occidentaux ». 

Dans son exposé, M. Miroslav Jenča a tout d’abord mis l’accent sur l’augmentation du nombre de victimes civiles résultant des attaques incessantes de la Fédération de Russie sur des villes et des villages ukrainiens.  Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), au moins 126 civils ont été tués et 478 blessés en mars, soit une progression de 20% par rapport à février, a-t-il précisé, avant de relever qu’au moins 57 enfants ont été tués ou blessés rien que le mois dernier. Un bilan civil encore alourdi par les attaques de drones et de missiles qui ont visé des infrastructures énergétiques ukrainiennes la nuit dernière et ce matin, a—t-il déploré, précisant que depuis mars, plus de deux douzaines d’installations énergétiques, dont la centrale hydroélectrique de Dnipro, ont été détruites ou endommagées par des attaques coordonnées à grande échelle.  Il s’est aussi alarmé du fait que, dimanche dernier, la centrale nucléaire de Zaporizhzhia, actuellement sous occupation russe, a été la cible d’une action militaire pour la première fois depuis novembre 2022, en violation flagrante des cinq principes fondamentaux de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) pour la protection de l’installation. 

Dans ce contexte d’escalade, la Directrice des opérations et du plaidoyer au Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a indiqué que les violents combats en cours dans les communautés de première ligne et frontalières, en particulier dans les régions de Donetsk, Kharkiv, Kherson et Soumy, entraînent des déplacements de population toujours plus importants.  Parmi les effets de cette guerre sur les civils, Mme Edem Wosornu a cité l’isolement social et la peur constante, qui ont notamment de graves conséquences sur la santé mentale des enfants.  Plus de 1,5 million d’enfants ukrainiens ont un besoin urgent d’assistance pour faire face au stress, à l’anxiété et aux traumatismes associés au conflit, a-t-elle alerté, rejointe dans cet appel à l’aide par le Japon, la République de Corée et la Sierra Leone.

Mme Wosornu a également fait état d’une tendance « particulièrement troublante » ces dernières semaines dans la séquence des attaques: alors que les premiers intervenants se précipitent sur les sites touchés, une deuxième vague de frappes cible le même endroit, tuant les blessés et faisant des morts et des blessés parmi les premiers intervenants.  Dénonçant avec force ces attaques cruelles dirigées contre les blessés et ceux qui les aident, elle a rappelé que de tels agissements sont interdits par le droit international humanitaire.  La France et la Slovénie ont condamné cette tactique dite de la « double frappe », qualifiée de « terroriste » et « inhumaine » par l’Ukraine. 

À l’instar des États-Unis, de l’Union européenne et du Danemark, qui s’exprimait au nom des pays nordiques, la responsable de l’OCHA s’est également alarmée des attaques continues menées contre des infrastructures portuaires, notamment à Odessa, qui menacent d’anéantir les progrès réalisés dans la stabilisation des marchés céréaliers et la baisse des prix mondiaux.  Alors qu’environ 40% de la population en Ukraine, soit plus de 14,6 millions de personnes, ont besoin d’une forme d’aide humanitaire, elle a souligné qu’un soutien financier accru est nécessaire de toute urgence pour soutenir les opérations dans un environnement de plus en plus complexe et dangereux, précisant que le plan d’intervention en Ukraine de 2024 n’a reçu que 17% de son financement.

Après avoir regretté la tenue de cette réunion, à ses yeux uniquement destinée à « maintenir le sujet ukrainien à flot au Conseil de sécurité », la Fédération de Russie a qualifié d’« exagérée » la présentation des conséquences sur les civils de ses frappes « de haute précision » en Ukraine.  Celles-ci, a-t-elle justifié, visaient les complexes énergétiques de l’Ukraine, en réponse à la décision ukrainienne de porter atteinte à la branche pétro-gazière de la Russie, et « l’objectif a été atteint ».  En effet, le fonctionnement des entreprises du complexe militaro-industriel ennemi et l’approvisionnement des forces militaires ukrainiennes ont été fortement perturbés, s’est félicitée la délégation. 

La Fédération de Russie a d’autre part affirmé que la population civile ukrainienne « perçoit de plus en plus qui est son véritable ennemi », comme l’indiqueraient les informations transmises à l’armée russe par « des habitants de Kharkov, Odessa, Nikolaev ou encore Dniepropetrovsk » sur des entrepôts militaires et des lieux de garnisons ukrainiens.  Observant la « réticence manifeste de l’écrasante majorité des Ukrainiens à se battre pour les intérêts géopolitiques occidentaux », elle a prédit que l’âge de conscription dans le pays, récemment abaissé de 27 à 25 ans, « pourrait bientôt atteindre 17-18 ans ».  Une situation rappelant, selon elle, l’appel lancé aux « jeunesses hitlériennes » pour défendre Berlin assiégée. 

S’élevant contre cet « asservissement » exigé par « Zelenskyy et sa clique », mais aussi contre la « persécution à grande échelle » de l’Église orthodoxe ukrainienne, la Fédération de Russie a accusé l’Occident de participer à la « boucherie » actuelle en continuant de fournir des armes au « régime de Kiev ».  Cette question sera au centre de la réunion prévue demain, a-t-elle souligné, ajoutant qu’une autre séance, également convoquée à sa demande le 15 avril, sera consacrée à la « reprise des attaques ukrainiennes » sur la centrale nucléaire de Zaporizhzhia.  Anticipant la reddition prochaine de l’Ukraine et de ses soutiens, elle a conseillé à chacun de s’y préparer et d’être alors « du bon côté de l’histoire ». 

« La Russie déclare désormais ouvertement que son véritable objectif est l’annihilation complète du peuple et de l’État ukrainiens », a réagi l’Ukraine, non sans rappeler que, depuis le début de son agression, la Russie a tiré un millier de missiles, 2 830 drones Shahed et près de 7 000 bombes téléguidées contre des villes et des villages.  Des frappes d’une puissance explosive cumulée de 9 kilotonnes, dont 3% seulement ont visé des cibles militaires, les 97% restants ayant ciblé des infrastructures civiles, notamment des centrales électriques, a-t-elle signalé.  La délégation a ainsi condamné la destruction récente des centrales thermiques de Zmiiv, dans la région de Kharkiv, et de Trypillya, principale fournisseuse d’énergie pour les régions de Kyïv, Tcherkassy et Jytomyr. 

L’Ukraine a par ailleurs dénoncé les atrocités dont sont victimes les prisonniers de guerre ukrainiens, précisant que les forces de l’ordre ukrainiennes enquêtent sur 27 affaires pénales concernant l’exécution de 54 prisonniers de guerre ukrainiens par les forces russes depuis le début de l’invasion.  Elle a également signalé que les conclusions de la Commission d’enquête internationale indépendante sur l’Ukraine confirment un schéma systématique de torture dans les centres de détention russes. 

Au regard de ces exactions qualifiées de crimes de guerre par de nombreuses délégations, notamment la Pologne et la Lituanie, au nom des États baltes, l’Ukraine a appelé à la solidarité internationale pour l’aider à se défendre et promouvoir un projet de paix fondé sur la résolution adoptée le 23 février par l’Assemblée générale et étoffé avec la « formule de paix » du Président Zelenskyy.  Elle a également invité toutes les « nations responsables » à participer au premier sommet pour la paix en Ukraine, qui sera organisé par la Suisse les 15 et 16 juin prochains.  Le Royaume-Uni a, pour sa part, exhorté les autorités russes à libérer pour raison humanitaire le ressortissant britannique Vladimir Kara-Murza dont la santé est déclinante. 

De son côté, la Chine a invité les parties au conflit à participer à des négociations directes pour parvenir à un règlement politique le plus rapidement possible, avec le soutien de la communauté internationale.  Une position appuyée par plusieurs autres pays, en particulier le Mozambique et l’Algérie, celle-ci jugeant essentiel de créer les conditions d’un dialogue constructif et de respecter les préoccupations sécuritaires légitimes de chacun. 

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ DE L’UKRAINE

Exposés

M. MIROSLAV JENČA, Sous-Secrétaire général pour l’Europe, l’Asie centrale et les Amériques, a constaté que, depuis son dernier exposé devant le Conseil il y a près d’un mois, les attaques russes contre les villes et villages ukrainiens sont devenues un « schéma destructeur quotidien », marqué par un ciblage intense et systématique des infrastructures énergétiques.  Il s’est dit consterné par l’augmentation du nombre de victimes civiles résultant de ces attaques incessantes.  Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), au moins 126 civils ont été tués et 478 blessés en mars, soit une progression de 20% par rapport à février, a-t-il précisé, avant de relever qu’au moins 57 enfants ont été tués ou blessés rien que ce mois-ci. Il a ajouté que, la nuit dernière et ce matin, de nouvelles attaques de drones et de missiles visant des infrastructures énergétiques auraient fait des victimes, voire des morts.  Si les régions de Zaporizhzhia, Soumy et Poltava ont fait l’objet d’attaques lundi, celles de Kharkiv, Odessa, Kherson, Dnipropetrovsk et Donetsk sont également visées régulièrement, a noté le haut fonctionnaire, non sans rappeler que, depuis février 2022, le HCDH a recensé 10 810 civils tués, dont 600 enfants, et 20 556 civils blessés, parmi lesquels 1 357 enfants. 

Tout en indiquant que les hostilités s’étendent au-delà des frontières de l’Ukraine, avec des frappes transfrontalières régulières vers la Fédération de Russie, le Sous-Secrétaire général a précisé que, depuis mars, les attaques coordonnées à grande échelle contre des infrastructures critiques ukrainiennes ont détruit ou endommagé plus de deux douzaines d’installations énergétiques, dont la centrale hydroélectrique de Dnipro.  Ces attaques ont perturbé l’accès à l’électricité de millions d’Ukrainiens dans les grandes villes et dans les zones rurales, perturbant aussi l’approvisionnement en eau à certains endroits.  En mars, a-t-il poursuivi, 12 établissements médicaux et 32 établissements d’enseignement ont également été détruits ou endommagés. 

M. Jenča s’est ensuite alarmé du fait que, dimanche dernier, la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporizhzhia, la plus grande d’Europe, actuellement sous occupation militaire de la Fédération de Russie, a été la cible d’une action militaire pour la première fois depuis novembre 2022.  Notant que des attaques de drones ont également été signalées lundi et mardi dans ce secteur, il a averti que les conséquences d’un accident nucléaire, intentionnel ou non, pourraient être « catastrophiques pour nous tous ».  Dans ce contexte, le Sous-Secrétaire général a salué le renouvellement des mandats de la Mission de surveillance des droits de l’homme des Nations Unies en Ukraine et de la Commission d’enquête internationale indépendante sur l’Ukraine. Le suivi et l’établissement de rapports sur l’ampleur des violations des droits humains font partie intégrante des étapes vers la responsabilisation, a-t-il souligné, exhortant la Fédération de Russie à coopérer pleinement et à accorder au HCDH et aux observateurs indépendants l’accès aux zones de l’Ukraine qu’elle occupe. 

Mme EDEM WOSORNU, Directrice des opérations et du plaidoyer au Bureau de la coordination des affaires humanitaires, a indiqué que 10 millions de personnes en Ukraine ont perdu leur maison et ont été contraintes de fuir depuis l’escalade de la guerre.  Les violentes hostilités en cours dans les communautés de première ligne et frontalières, en particulier dans les régions de Donetsk, Kharkiv, Kherson et Soumy, entraînent des déplacements de civils encore plus importants, tandis que les dégâts et la destruction des infrastructures essentielles causés par les dernières hostilités ont perturbé l’accès à l’électricité, à l’eau, au gaz et à d’autres services essentiels pour des centaines de milliers de civils.  En outre, les hostilités ont endommagé ou détruit plus de 1 000 établissements d’enseignement, interrompant l’éducation de millions d’enfants.  Mme Wosornu a également signalé que l’isolement social et la peur constante provoqués par cette guerre ont de graves conséquences sur la santé mentale des enfants, plus de 1,5 million ayant un besoin urgent d’aide pour faire face au stress, à l’anxiété et à d’autres problèmes de santé mentale associés aux hostilités. 

Les opérations humanitaires sont elles aussi impactées par ces attaques, dans un environnement opérationnel déjà difficile en raison des frappes aériennes plus fréquentes et importantes.  La Directrice des opérations a fait état d’une tendance particulièrement troublante ces dernières semaines dans la séquence des attaques: alors que les premiers intervenants se précipitent sur les sites des attaques, une deuxième vague de frappes cible le même endroit, tuant les blessés et faisant des morts et des blessés parmi les premiers intervenants.  Les attaques dirigées contre les blessés et ceux qui les aident sont interdites par le droit international humanitaire (DIH).  Elles sont cruelles, inadmissibles et doivent cesser, a-t-elle dénoncé. 

Mme Wosornu s’est également inquiétée des attaques continues contre les infrastructures portuaires d’Odessa, dans la mesure où elles menacent d’anéantir les progrès réalisés dans la stabilisation des marchés céréaliers et la baisse des prix mondiaux.  Alors que des niveaux stupéfiants d’insécurité alimentaire persistent dans certaines parties du monde, la sécurité de la navigation dans la mer Noire ainsi que la protection et le fonctionnement sûr des ports et des infrastructures civiles associées doivent être assurés, a exhorté la haute fonctionnaire. 

L’ampleur des besoins humanitaires en Ukraine reste considérable, a-t-elle poursuivi, avec plus de 14,6 millions de personnes –environ 40% de la population ukrainienne– ayant besoin d’une forme d’aide humanitaire, dont 56% de femmes et de filles.  Nous restons extrêmement reconnaissants envers les donateurs qui ont jusqu’à présent fourni 541 millions de dollars, soit 17% des 3,1 milliards nécessaires pour financer le plan d’intervention en Ukraine de 2024, a déclaré Mme Wosornu, qui a expliqué que cela avait permis de fournir une assistance vitale à 3 millions de personnes au cours des deux premiers mois de 2024, malgré la détérioration de la situation.  Mais un soutien financier accru est nécessaire de toute urgence pour soutenir les opérations dans un environnement de plus en plus complexe et dangereux, a-t-elle ajouté, avant d’exhorter le Conseil à agir. 

 

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.

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La Sixième Commission conclut sa deuxième reprise de session sur les crimes contre l’humanité sur une note « encourageante »

Soixante-dix-huitième session,
47e séance plénière -matin
AG/J/3713

La Sixième Commission conclut sa deuxième reprise de session sur les crimes contre l’humanité sur une note « encourageante »

La commission de l’Assemblée générale chargée des questions juridiques a conclu aujourd’hui sa deuxième reprise de session consacrée au « projet d’articles » sur la prévention et la répression des crimes contre l’humanité, après une première reprise de session en avril 2023.  Ce projet d’articles, adopté en 2019 par la Commission du droit international (CDI), doit servir de base aux négociations envisagées pour l’élaboration d’une convention universelle sur cette question. 

La Commission a adopté, paragraphe par paragraphe, le projet de résumé écrit (A/C.6/78/L.22) des travaux de ses deux reprises de session et pris note, après des amendements oraux, de la synthèse du Président résumant les délibérations lors de cette reprise de session (A/C.6/78/L.22/Add.1, disponible en langue anglaise uniquement).  « C’est très encourageant », s’est félicité le Président de la Sixième Commission, M. Suriya Chindawongse, de la Thaïlande, en estimant que ce résumé est un socle solide pour la poursuite des travaux sur ce sujet. 

Alors que le Président avait pris soin de rappeler que la synthèse « était de sa responsabilité et ne préjugeait en rien des positions des délégations », la Commission n’a pu que prendre note de celle-ci, comme l’ont demandé plusieurs délégations, dont celles de l’Égypte ou encore de l’Iran.  Les délégations ont en effet critiqué certains paragraphes de cette synthèse.  Le Cameroun a ainsi estimé que le paragraphe relatif au genre était « inacceptable ».  « Ne disséquons pas l’humanité, l’humanité est l’humanité », a tranché le délégué. 

Sri Lanka a également appelé à la prudence s’agissant de cette synthèse, en rappelant « que nous sommes responsables devant nos gouvernements pour l’adoption d’un tel texte ».  La Gambie s’est également dite préoccupée: « adopter ce document ne revient-il pas à nous y faire souscrire en dépit de nos préoccupations »?  En revanche, le Mexique a jugé cette synthèse « fidèle aux travaux de la Commission ».  Confiant qu’il avait « le pressentiment » de ces hésitations, le Président a donc proposé à la Commission de prendre note de cette synthèse, au lieu de l’adopter. 

La Sixième Commission s’est réunie pendant six jours ce mois d’avril pour travailler sur ce projet de convention qui vise à combler une lacune du droit international.  En effet, si des conventions internationales existent déjà pour le crime de génocide et les crimes de guerre, il n’en existe aucune traitant des crimes contre l’humanité.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

ECOSOC: séance d’organisation et d’élections pour 18 organes subsidiaires

Session de 2024
12e & 13e séances plénières – matin & après-midi
ECOSOC/7154

ECOSOC: séance d’organisation et d’élections pour 18 organes subsidiaires

Le Conseil économique et social (ECOSOC) s’est réuni, ce matin, pour une réunion d’organisation au cours de laquelle il a pris plusieurs décisions affectant ses travaux et a pourvu à des postes vacants dans 18 de ses organes subsidiaires, certains ayant nécessité des votes. 

Organisation des travaux 

Concernant tout d’abord ses propres sessions, le Conseil a décidé de modifier les dates de deux réunions et d’en fixer les thèmes.  La réunion sur le passage de la phase des secours aux activités de développement aura ainsi lieu le 24 juin 2024 avec le thème suivant: « Passage de la phase des secours aux activités de développement: mesures porteuses de changement visant à renforcer la résilience, à promouvoir des solutions durables et à remédier aux problèmes et aux lacunes au profit des plus vulnérables dans les situations de crise. »   

Le débat consacré aux affaires humanitaires se tiendra, lui, du 25 au 27 juin 2024 sur le thème « Face aux conflits et aux changements climatiques, l’humanité avant tout: renforcer l’aide humanitaire et le respect du droit international humanitaire et promouvoir l’efficacité, l’innovation et les partenariats ». 

S’agissant des travaux du Comité des organisations non gouvernementales (ONG), l’ECOSOC a décidé de reporter, à titre exceptionnel, la date limite de réception des nouvelles demandes d’admission au statut consultatif: les ONG requérantes pourront présenter leurs demandes le 14 juin 2024 au lieu du 1er juin. 

Élections  

La Commission de statistique a gagné 8 nouveaux membres, dont 6 élus par acclamation (Italie, Mexique, Pologne, République dominicaine, Royaume-Uni et Suisse) et 2 -Japon (38 voix) et Émirats arabes unis (38 voix)- qui ont vaincu le Turkménistan (29 voix). 

Le Conseil a ensuite élu par acclamation l’Allemagne, l’Australie, la Belgique, le Canada, Haïti et le Malawi à la Commission de la population et du développement pour un mandat démarrant en 2025, ainsi que le Liban pour un mandat commençant en 2024. 

Dans la foulée, l’ECOSOC a élu par acclamation l’Afrique du Sud, la Chine, Cuba, le Kenya, le Kirghizistan, le Paraguay, le Sénégal, le Suriname, la Thaïlande et le Turkménistan à la Commission du développement social, pour un mandat commençant en 2025, et la République islamique d’Iran pour un mandat prenant effet aujourd’hui. 

Le Conseil a par ailleurs élu par acclamation l’Afrique du Sud, le Belize, le Chili, les États-Unis, l’Éthiopie, l’Inde, l’Italie, la Lituanie, le Nigéria, les Philippines et le Royaume-Uni à la Commission de la condition de la femme, à partir de 2025. 

Il a aussi élu, toujours par acclamation, l’Allemagne, l’Argentine, le Brésil, le Canada, la Colombie, Cuba, El Salvador, les Émirats arabes unis, les États-Unis, la France, la Gambie, le Kazakhstan, le Nigéria, le Pakistan, la République de Corée, la Thaïlande, le Togo et la Tunisie à la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale.  L’ECOSOC est passé par un scrutin pour élire également l’Albanie (45 voix) et la Lettonie (42 voix), tandis que le Bélarus n’a obtenu que 17 voix dans ce scrutin qui départageait les pays d’Europe de l’Est. 

À la Commission de la science et de la technique au service du développement, le Conseil a élu par acclamation l’Autriche, le Brésil, le Burkina Faso, le Cameroun, la Finlande, la Gambie, l’Indonésie, le Japon, le Paraguay, le Pérou, les Philippines, le Portugal, la République démocratique du Congo, la République islamique d’Iran, la Suisse et la Zambie.  Il a aussi élu l’Estonie (46 voix) et la Pologne (36 voix), qui ont devancé la Fédération de Russie (22 voix). 

Le Groupe de travail intergouvernemental d’experts des normes internationales de comptabilité et de publication aura quant à lui cinq nouveaux membres - le Burundi, le Kenya, le Mexique, l’Ouganda et la Zambie, élus par acclamation. 

Le Conseil économique et social a ensuite élu par acclamation Michael Windfuhr (Allemagne), Nadir Adilov (Azerbaïdjan), Lazhari Bouzid (Algérie), Peijie Chen (Chine), Giuseppe Palmisano (Italie), Charafat El Yedri Afailal (Maroc), Laura-Maria Crăciunean-Tatu (Roumanie), et Seree Nonthasoot (Thaïlande) au Comité des droits économiques, sociaux et culturels, ainsi que Laura Elisa Pérez (Mexique) qui a reçu 31 voix dans le scrutin l’opposant à Rodrigo Uprimny (Colombie) qui a obtenu 21 voix. 

Par la suite, l’Allemagne, l’Australie, la Bolivie, l’Érythrée, la France, la Guinée équatoriale, l’Inde, la République démocratique populaire lao, la Mauritanie, le Nigéria, le Portugal, la République de Corée et la Slovénie ont été élus par acclamation au Conseil d’administration du Fonds des Nations Unies pour l’enfance.  L’ECOSOC a aussi élu le Danemark et l’Espagne, afin de terminer les mandats de la Finlande et du Japon, et la Suisse qui prendra le relai de l’Autriche. 

Par la suite, le Conseil économique et social a élu par acclamation le Guatemala et l’Ukraine au Comité exécutif du Programme du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés.  Le nombre de membres dudit Comité passe ainsi de 108 à 110. 

Le Conseil d’administration du Programme des Nations Unies pour le développement, du Fonds des Nations Unies pour la population et du Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets a lui aussi de nouveaux membres, élus par acclamation, qui sont les suivants : l’Allemagne, la Belgique, la Côte d’Ivoire, le Danemark, la Géorgie, les Îles Salomon, l’Inde, Madagascar, le Mozambique, la République dominicaine, la Suède, le Tadjikistan, le Tchad et la Zambie. L’Australie a été également choisie pour terminer le mandat de l’Italie, tandis que l’Autriche, l’Irlande et le Luxembourg termineront les mandats du Portugal, de l’Islande et de la France. 

L’Afrique du Sud, l’Albanie, l’Arabie saoudite, Antigua et Barbuda, la Bolivie, Cabo Verde, la Guinée équatoriale, l’Inde, le Kirghizistan, la Mauritanie, le Népal, les Pays-Bas, le Pérou, l’Ouganda, le Royaume-Uni et le Viet Nam ont à leur tour été choisis par l’ECOSOC pour faire partie du Conseil d’administration de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, plus connue sous le nom d’ONU-Femmes.  Et le Canada et le Danemark termineront les mandats de l’Australie et du Luxembourg. 

L’Inde, le Mali, la Norvège, la République de Corée et la Suède ont ensuite été élus par acclamation au Conseil d’administration du Programme alimentaire mondial où la France et l’Italie ont en outre été choisies pour terminer les mandats non expirés de l’Australie et de l’Espagne.  Après un scrutin, la Tchéquie a été élue, avec 38 voix, au détriment de la Fédération de Russie qui n’a reçu que 15 voix. 

Le Comité d’attribution du Prix des Nations Unies en matière de population compte désormais le Burundi et la Gambie en son sein après leur élection par acclamation. 

La Chine, Haïti, le Japon, le Lesotho, les Pays-Bas, le Portugal, le Sénégal et le Royaume-Uni ont par la suite été élus par acclamation au Conseil de coordination du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida.  C’est après avoir obtenu 38 voix que la Pologne a aussi été admise, tandis que la Fédération de Russie qui n’a obtenu que 14 voix. 

L’ECOSOC a aussi élu la République de Corée par acclamation au Comité d’organisation de la Commission de consolidation de la paix. Son mandat de deux ans commencera le 1er janvier 2025 mais il pourrait prendre fin avant échéance si d’aventure le pays perdait sa qualité de membre de l’ECOSOC.  Après un vote, le Kenya (41 voix) a obtenu lui aussi un siège au détriment du Nigéria (12 voix). 

Pour ce qui concerne le Comité du programme et de la coordination, l’ECOSOC a recommandé à l’Assemblée générale la candidature de la Belgique, du Botswana, de la Fédération de Russie, de la France, d’Haïti, du Kenya, de la Lituanie et du Paraguay. 

Enfin, l’ECOSOC a dû recourir à plusieurs scrutins pour désigner les membres de l’Organe international de contrôle des stupéfiants. Dans un premier vote, Jagjit Pavadia (Inde) et Jallal Toufiq (Maroc) ont été élus au premier tour avec 41 voix et 30 voix respectivement, tandis que, au second tour, Pierre Lapaque (France) a reçu 28 voix, César Tomás Arce Rivas (Paraguay) 26 voix et Zukiswa Zingela (Afrique du Sud) également 26 voix.  Le dernier scrutin a permis de désigner un dernier membre parmi les candidats proposés parl’Organisation mondiale de la Santé (OMS): c’est Sawitri Assanangkornchai (Thaïlande) qui l’a emporté sur Raúl Martín del Campo Sánchez (Mexique) et Afarin Rahimi-Movaghar (République islamique d’Iran). 

Déclarations 

Les États-Unis ont dit ne pas souscrire à la désignation de Cuba et de la République islamique d’Iran au sein d’organes subsidiaires de l’ECOSOC, arguant que ces pays sont des pourfendeurs de libertés publiques.  L’Iran a réfuté ces allégations, déplorant qu’un État abuse de cette instance pour des questions qui n’ont pas de lien avec son mandat.  Pour sa part, Cuba a accusé la délégation américaine de vouloir politiser les travaux de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires.  Au sujet d’allégations des violations des droits de l’homme contre la population de Cuba, le délégué a ironisé en ciblant un gouvernement qui, par un blocus, viole les droits de la population de Cuba.  C’est le même Gouvernement qui soutient Israël contre les populations de Gaza et qui a utilisé des armes atomiques contre des civils, a ajouté la délégation cubaine en faisant également observer qu’en arpentant les rues de New York, on peut se faire une idée du racisme systémique en vigueur aux États-Unis. 

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