En cours au Siège de l'ONU

Conseil de sécurité: le conflit ukrainien au centre de l’exposé annuel du Président de l’OSCE

9610e séance – matin
CS/15671

Conseil de sécurité: le conflit ukrainien au centre de l’exposé annuel du Président de l’OSCE

Le Président en exercice de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a indiqué, ce matin au Conseil de sécurité, avoir placé la question ukrainienne en tête de l’ordre du jour de son organisation, soulignant que la guerre d’agression de la Fédération de Russie contre l’Ukraine sert de rappel brutal des épreuves auxquelles le système multilatéral est actuellement confronté.  Il a également exhorté la Russie à libérer les trois membres de la Mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine détenus illégalement depuis plus de 700 jours, un appel relayé par plusieurs délégations. 

M. Ian Borg, qui est par ailleurs Ministre des affaires étrangères et européennes et du Commerce de Malte, a aussi indiqué que sa présidence donnera la priorité au rôle de l’OSCE dans la réponse à d’autres conflits dans la région, notamment au Haut-Karabakh, en Abkhazie et dans le sud de l’Ossétie, et en Transnistrie.  Au cours de ce mandat, Malte, qui préside en outre le Conseil de sécurité, entend également tirer parti de ses initiatives diplomatiques concernant le programme pour les femmes et la paix et la sécurité, tablant sur le fait que les capacités des femmes sont cruciales pour favoriser des dialogues significatifs et renforcer les politiques de sécurité. 

Estimant que 2024 représente un tournant décisif pour Malte et son engagement en faveur du multilatéralisme, M. Borg a affirmé que le double rôle de son pays lui offre un point de vue unique pour défendre et renforcer la coopération entre l’OSCE et les Nations Unies.  Au carrefour de l’Est et de l’Ouest, de l’Europe et de l’Afrique, Malte est bien placée pour servir de pont dans ce paysage mondial instable, a-t-il ajouté. 

Réagissant à cet exposé, le représentant de la Fédération de Russie a regretté l’« ukrainisation » du programme de travail de l’OSCE, au détriment d’autres crises sécuritaires qui ont cours dans son espace de compétence. Il a accusé le Président en exercice de l’OSCE de se focaliser sur l’application d’instructions politiques des Occidentaux pour dénigrer la Russie dans le contexte de la situation en Ukraine.  L’action de l’OSCE est un fiasco total, a-t-il fustigé, l’accusant en outre d’ignorer les « monstrueuses » attaques des forces armées du « régime Zelenskyy » contre des villes russes. 

Le représentant a néanmoins estimé qu’il existe encore un potentiel de médiation pour l’OSCE, à condition, a-t-il prévenu, qu’elle renonce aux tentatives persistantes de faire des ultimatums et travaille de bonne foi pour rétablir la confiance.  L’interaction entre l’ONU et l’OSCE ne peut être viable qu’en tenant compte des intérêts russes, a-t-il souligné. 

La Slovénie a jugé au contraire fondamental d’assurer la présence continue de l’OSCE en Ukraine, par le biais de son programme de soutien, un appel suivi par la France qui a déploré que l’organisation doivent faire face dans son fonctionnement quotidien à « l’obstructionnisme systématique » de la Russie. 

« Alors que les risques sécuritaires qui planent sur le continent européen ne cessent de croître, l’OSCE doit jouer un rôle croissant pour renforcer la confiance et promouvoir le respect des préoccupations légitimes de sécurité de tous ses États membres », a déclaré la Chine.  Le principe de sécurité indivisible, qui a vu le jour dans l’Acte final d’Helsinki, est plus pertinent que jamais dans le contexte actuel, a-t-elle appuyé.  Pour la Suisse, l’une des forces de l’OSCE réside dans le Mécanisme de Moscou qui vise à enquêter sur les allégations de graves violations des droits humains par les États participants, actuellement enclenché en Ukraine, et le Mécanisme de Vienne, qui permet aux États participants de demander des informations relatives à la situation des droits humains au sein d’un État participant. 

Jugeant essentiel d’observer l’impartialité requise dans le traitement de toutes les situations dont l’organisation est saisie, la délégation algérienne a par ailleurs fait valoir que l’agression « barbare » israélienne contre des civils innocents à Gaza ne saurait en aucun cas être considérée sous un angle partial ou unilatéral. 

Le Mozambique a suggéré pour sa part la création d’une plateforme pour traiter des questions d’intérêt mutuel entre l’OSCE et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, notamment la participation des femmes et des jeunes à la prévention des conflits, à la consolidation de la paix, à la justice postconflit et à la justice transitionnelle. 

EXPOSÉ DU PRÉSIDENT EN EXERCICE DE L’ORGANISATION POUR LA SÉCURITÉ ET LA COOPÉRATION EN EUROPE

Exposé

M. IAN BORG, Président en exercice de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE)et Ministre des affaires étrangères et européennes et du Commerce de Malte, a indiqué que 2024 représente un tournant décisif pour Malte et son engagement en faveur du multilatéralisme.  Il a souligné qu’en tant que membre du Conseil de sécurité de l’ONU, ce double rôle offre au pays un point de vue unique pour défendre et renforcer la coopération entre l’OSCE et l’ONU.  Il a indiqué que la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine sert de rappel brutal des épreuves auxquelles le système multilatéral est confronté.  En effet, l’ordre international fondé sur des règles, conçu pour préserver les générations futures du fléau de la guerre est rigoureusement mis à l’épreuve en ces temps sans précédent.  Pourtant, c’est face à de tels défis que notre détermination doit être renforcée, a-t-il argué.  Et grâce à sa position unique au carrefour de l’Est et de l’Ouest, de l’Europe et de l’Afrique, Malte est bien placée pour servir de pont dans ce paysage mondial instable, a-t-il ajouté.  Tout au long de notre présidence, a-t-il promis, nous maintiendrons une position cohérente et de principe sur la base des normes sans équivoque convenues collectivement et énoncées dans l’Acte final d’Helsinki et la Charte de Paris, tout en utilisant l’OSCE comme plateforme de responsabilisation pour les actes commis en violation des principes.  Et c’est pourquoi nous maintiendrons la guerre d’agression illégale menée par la Russie contre l’Ukraine en tête de l’ordre du jour, a-t-il expliqué. 

M. Borg a ensuite appelé à la libération de Vadym Golda, Maxim Petrov, et Dmytro Shabanov, trois membres de la Mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine qui sont actuellement détenus illégalement.  Il a appelé la communauté internationale à se joindre à l’OSCE pour exhorter la Russie à les libérer immédiatement.  Il a ensuite indiqué que sa présidence donnera également la priorité au rôle de l’OSCE dans la réponse à d’autres conflits dans la région, notamment au Haut-Karabakh, en Abkhazie et dans le Sud de l’Ossétie, et en Transnistrie.  Au cours de ce mandat à la tête de l’OSCE, Malte entend également tirer parti de ses initiatives diplomatiques au Conseil de sécurité concernant le programme pour les femmes et la paix et la sécurité, tablant sur le fait que les capacités des femmes sont cruciales pour favoriser des dialogues significatifs et renforcer les politiques de sécurité. 

Reconnaissant le lien entre le bien-être des citoyens, la stabilité économique et la durabilité environnementale, la présidence maltaise donnera aussi la priorité aux efforts visant à réduire les fractures numériques, faciliter un accès plus large aux compétences et technologies numériques, et favoriser une collaboration accrue en matière de résilience, d’adaptation et d’atténuation climatiques.  Simultanément, nous intensifierons notre engagement à lutter contre la corruption et renforcer la sécurité alimentaire, a-t-il indiqué.  En outre, nous participerons activement aux efforts visant à lutter contre la violence à l’égard des femmes, et placerons le milliard d’habitants de la région au premier plan et au centre de toutes les initiatives de l’OSCE.  Il s’agira notamment d’intégrer l’approche genre et d’accroître l’engagement des jeunes dans tous les domaines, a-t-il précisé.

Déclarations

Le représentant de la République de Corée a déclaré que la guerre illicite et brutale livrée par la Russie contre l’Ukraine remet en question l’efficacité de l’architecture multilatérale internationale s’agissant de la protection des civils et de la réponse aux crises humanitaires.  « Nous sommes dans une situation sans précédent où un membre de l’OSCE qui est aussi membre permanent de ce Conseil a envahi un autre État Membre. »  Il a estimé que la Russie avait violé des principes fondamentaux de l’OSCE, tels que le respect de la souveraineté de tous les États et le règlement pacifique des différends.  Enfin, il a estimé que malgré les défis que l’OSCE connaît, celle-ci demeure une plateforme pertinente pour les 57 pays participants et leurs 11 partenaires.

Le représentant de l’Algérie a soutenu le renforcement de la coopération entre l’ONU et l’OSCE, notamment dans les domaines de la prévention et de la résolution des conflits, afin de trouver des solutions concrètes aux multiples défis sécuritaires auxquels la région est confrontée.  Il a rappelé que l’Algérie a participé activement aux négociations de l’Acte final d’Helsinki de 1975, et a contribué depuis à la mise en place du partenariat méditerranéen de l’OSCE.

Le délégué a ensuite appelé à surmonter les défis auxquels le travail de l’OSCE est actuellement confronté en raison des dynamiques politiques antagonistes qui empêchent son fonctionnement.  Le dialogue, « essence même d’un multilatéralisme efficace », doit être utilisé pour identifier les bases communes que les différents membres pourraient partager.  Ce n’est que sur ces bases communes que la paix peut être construite et la sécurité assurée, a-t-il argué.  En ce qui concerne la crise en Ukraine, a-t-il ajouté, il faut se concentrer sur les efforts de l’Organisation pour trouver une solution durable au conflit et renforcer les pourparlers de paix entre les parties. 

En troisième lieu, le représentant a mis l’accent sur l’importance du respect des règles de procédure et des pratiques établies de l’OSCE pour préserver sa crédibilité et son impartialité.  Jugeant essentiel d’observer l’impartialité requise dans le traitement de toutes les situations dont l’Organisation est saisie, il a fait valoir que l’agression « barbare » israélienne contre des civils innocents à Gaza ne saurait en aucun cas être considérée sous un angle partial ou unilatéral.

La représentante du Japon a considéré que jamais le rôle de l’OSCE en tant que mécanisme stabilisateur ou de renforcement de la confiance n’a été aussi nécessaire.  Elle a rappelé avoir organisé un débat public au Conseil, le mois dernier, sur la promotion de la prévention des conflits, qui a insisté sur l’importance de prévenir les tragédies humaines et les conséquences politiques, socioéconomiques et financières dévastatrices des conflits.  Dans le cadre de ces efforts, Tokyo est devenu le premier partenaire de coopération de l’OSCE il y a plus de 30 ans, en 1992, s’est enorgueillie la déléguée.  Depuis, le Japon travaille avec cette Organisation pour relever les défis de sécurité au niveau mondial, basant cette coopération sur la ferme conviction que la paix et la stabilité dans la région de l’OSCE sont directement liées à celles de la communauté internationale, y compris dans la région Asie-Pacifique.

La représentante a ensuite estimé que le monde est confronté à une situation inacceptable, qui veut qu’un État membre de l’OSCE, qui est aussi un membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, poursuive sa guerre d’agression contre un autre État Membre, bien qu’il soit mandaté pour prévenir et mettre fin aux conflits.  Aussi a-t-elle rappelé la déclaration des dirigeants de l’OSCE en février dernier qui exige la fin immédiate de l’agression russe contre l’Ukraine. Aujourd’hui est une autre bonne occasion de renouveler notre engagement en faveur de la paix et de la sécurité dans le cadre de la Charte des Nations Unies, a observé la déléguée.

Le représentant de la Chine a relevé que le renforcement de la coopération entre l’ONU et les organisations régionales est un objectif qui figure dans la Charte des Nations Unies, et une manifestation du multilatéralisme.  Alors que les risques sécuritaires qui planent sur le continent européen ne cessent de croître, l’OSCE doit jouer un rôle croissant pour renforcer la confiance entre ses États membres.  Forte de sa riche expérience en la matière, cette Organisation a déjà mis en place des mécanismes de règlement et de prévention des conflits.  Le principe de sécurité indivisible, qui a vu le jour dans l’Acte final d’Helsinki, est plus pertinent que jamais dans le contexte actuel, selon le représentant. 

Pour parvenir à la sécurité commune envisagée, l’OSCE doit promouvoir le respect des préoccupations légitimes de sécurité de tous les États membres et contribuer à forger une architecture de sécurité équilibrée en Europe, a fait valoir le délégué.  « Nous n’avons pas besoin d’une nouvelle guerre froide; toutes les nations peuvent croître et s’épanouir », a-t-il ajouté. 

Le représentant s’est vivement inquiété de la poursuite de la crise en Ukraine, les « effets domino » de ce conflit se faisant sentir de façon de plus en plus tangible.  La poursuite de la guerre entraînant des risques toujours plus imprévisibles, pour le continent européen comme pour le monde, le délégué a appelé à un cessez-le-feu et à un règlement politique de la crise. 

Le représentant de la Suisse a constaté que, près de 50 ans après l’adoption de l’Acte final d’Helsinki par la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe, l’architecture de sécurité européenne et la confiance entre les États participants se trouvent bouleversées.  L’agression militaire russe contre l’Ukraine a en effet violé les principes de l’Acte final ainsi que les principes de la Charte des Nations Unies, a-t-il déploré, saluant toutefois la poursuite de l’engagement de longue date de l’OSCE en Ukraine au travers du programme de soutien.  Par ailleurs, le conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan continue de demander toute l’attention de l’OSCE, laquelle joue aussi un rôle essentiel dans la prévention et la gestion pacifique des conflits en Ossétie du Sud et en Abkhazie.  Le délégué s’est également félicité de l’engagement de l’OCSE dans le processus de règlement transnistrien et dans la promotion de la gouvernance démocratique dans les Balkans occidentaux. 

Aux yeux du représentant, l’une des forces de l’OSCE réside dans ses instruments, notamment le Mécanisme de Moscou, qui vise à enquêter sur les allégations de graves violations des droits humains par les États participants, actuellement enclenché en Ukraine, et le Mécanisme de Vienne, qui permet aux États participants de demander des informations relatives à la situation des droits humains au sein d’un État participant.  De même, ses activités d’observation indépendante des élections contribuent de manière essentielle à la mise en place d’une gouvernance démocratique, a-t-il relevé, saluant aussi les actions de prévention des conflits et de suivi postconflit menées par l’OSCE sur le terrain.  De fait, l’atout de cette Organisation réside dans son approche holistique de la sécurité, a conclu le délégué, non sans rappeler que l’OSCE reste un partenaire indispensable de l’ONU en tant que plateforme de dialogue inclusive, conformément au Chapitre VIII de la Charte. 

La représentante de Guyana a salué l’approche de l’OSCE pour faire face aux défis sécuritaires, axée notamment sur le développement économique, l’utilisation durable des ressources naturelles, la promotion des droits humains et le règlement des conflits.  Elle a félicité l’OSCE pour ses contributions à la stabilité régionale.  L’OSCE et le Conseil de sécurité ont la responsabilité commune de prévenir et mettre fin aux conflits, de défendre l’état de droit et de promouvoir les droits humains, a-t-elle souligné. 

La déléguée a estimé que le travail de l’Organisation sur le continent et en Asie centrale est vital pour la désescalade des tensions et la recherche de solutions durables aux conflits prolongés.  La représentante a appelé les parties aux conflits en Europe à s’engager pleinement dans la diplomatie pour parvenir à une paix durable.  Elle a misé sur l’expertise de l’OSCE dans un large éventail de domaines, qui est essentielle pour aborder les conflits en Europe.  Le leadership régional est essentiel pour maintenir la paix et la sécurité internationales et pour soutenir les efforts du Conseil, a-t-elle conclu.

Le représentant de la Fédération de Russie a regretté que le Président en exercice de l’OSCE, au lieu de mettre en œuvre le mandat que lui ont donné les 57 États membres de l’Organisation, se focalise sur l’application d’instructions politiques des Occidentaux pour dénigrer la Russie dans le contexte de la situation en Ukraine.  Il l’a accusé d’avoir placé la question ukrainienne en tête de liste des priorités de sa présidence.  Dans quelles circonstances les 57 États qui participent aux travaux de l’OSCE vous ont-ils autorisé à tenir des paroles antirusses? lui a-t-il lancé.  Au lieu de s’atteler au dialogue, le Président de l’OSCE a délibérément parié sur la destruction et la désunion.  L’action de l’OSCE dans le contexte de la crise en Ukraine est un fiasco total, a-t-il fustigé.  Selon lui, la Mission spéciale d’observation de l’OSCE a échoué en tant que médiateur dans le cadre des accords de Minsk, d’autant plus, a-t-il accusé, que des membres de ses équipes de surveillance sur le terrain collectent et transmettent des informations pour le compte de Kiev.  Malheureusement, votre jeu avec le régime de Kiev a des conséquences très précises, a poursuivi le représentant russe qui a parlé d’« ukrainisation » du programme de travail de l’OSCE, au détriment d’autres crises sécuritaires qui ont cours dans l’espace de l’OSCE. 

Le délégué russe a aussi accusé la présidence maltaise de l’Organisation d’ignorer les « monstrueuses » attaques des forces armées du « régime Zelenskyy » contre des villes russes.  Cet aveuglement sélectif est regrettable, a-t-il lancé, évoquant les frappes ukrainiennes contre un marché de Donetsk plus tôt cette année qui ont fait 27 morts et des dizaines de blessés.  Il n’y avait aucun personnel militaire à proximité du marché, a-t-il déploré en parlant « d’attentat terroriste ».  Il a aussi évoqué le cas de cet avion russe, l’IL-76, abattu par les forces ukrainiennes alors qu’il transportait 65 soldats capturés des forces armées ukrainiennes pour un échange de prisonniers.  À plusieurs reprises, les services de renseignement ukrainiens ont publiquement reconnu devant des médias étrangers avoir préparé et commis des crimes sur le territoire russe, a-t-il relevé, en déplorant le manque de condamnation de l’OSCE. 

Le représentant a néanmoins estimé qu’il existe encore un potentiel de médiation pour l’OSCE, à condition qu’elle renonce aux tentatives persistantes de faire des ultimatums et commence à travailler de bonne foi pour rétablir la confiance et contribuer au maintien de la paix et la sécurité mondiales.  En outre, l’interaction entre l’ONU et l’OSCE ne peut être viable qu’en tenant compte des intérêts russes, et si elle délaisse son esprit russophobe et basé sur le concept de « jeux à somme nulle ». 

Le représentant des États-Unis a salué la direction avisée et objective de la présidence maltaise de l’OSCE.  Il a estimé que l’OSCE a joué son rôle de lanceur d’alerte en Ukraine en recourant à plusieurs reprises au Mécanisme de Moscou.  Les violations des droits humains de la Russie en Ukraine démontrent la nécessité d’une riposte unie et déterminée de la communauté internationale, a-t-il ajouté.  Il a ensuite salué l’initiative conjointe entre l’OSCE et le Bureau de lutte contre le terrorisme pour consolider la défense du Tadjikistan face au terrorisme. L’appui de l’OSCE au travail de l’ONU ne date pas d’hier, a-t-il fait observer, évoquant le partenariat robuste, vieux de 30 ans, noué autour de la Bosnie-Herzégovine.  De même, il a salué les efforts de l’OSCE dans le cyberespace, avant de plaider pour une coopération renforcée avec l’ONU. 

Le représentant du Mozambique a dit accorder une attention particulière au rôle de l’OSCE dans la facilitation du dialogue et de la coopération entre ses États membres sur de multiples questions émergentes, notamment le terrorisme et l’extrémisme violent conduisant au terrorisme, la criminalité transnationale organisée, le contrôle des armes et la migration.  Ces questions se posent également aux organisations régionales et sous-régionales en Afrique, a-t-il souligné ajoutant que l’initiative de l’Union africaine visant à « faire taire les armes » est alignée sur le mandat de l’OSCE.  Le représentant a suggéré la création d’une plateforme pour traiter des questions d’intérêt mutuel, notamment la participation des femmes et des jeunes à la prévention des conflits, à la consolidation de la paix, à la justice postconflit et à la justice transitionnelle, par le biais d’une coopération régionale entre l’OSCE et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.  Le délégué a également appelé à réfléchir sur la contribution de l’OSCE, pour développer une architecture de sécurité nouvelle et équilibrée qui minimise la volatilité et favorise la collaboration tout en œuvrant activement au règlement des conflits en cours et potentiels.

La représentante de la Slovénie a considéré que l’OSCE et l’ONU partagent les mêmes principes et engagements fondamentaux et que leur partenariat est essentiel pour maintenir la paix et la stabilité en Europe et au-delà.  Elle a apporté le soutien de son gouvernement aux priorités de la présidence en exercice de Malte et notamment celle donnée à l’Ukraine.  « Il est fondamental d’assurer la présence continue de l’OSCE sur le terrain, par le biais de son programme de soutien à l’Ukraine », a précisé la représentante.  Elle a également appuyé les efforts de l’OSCE visant à garantir l’entière responsabilité des violations flagrantes du droit international, y compris du droit international humanitaire et des droits humains, liées à l’agression russe.  Des violations confirmées par les rapports de la Commission d’enquête internationale indépendante sur l’Ukraine, ainsi que par l’Initiative de surveillance de l’Ukraine (UMI) du Bureau des institutions démocratiques et des droits de l’homme et par le Mécanisme de Moscou. La déléguée a ensuite salué la promotion, par l’OSCE, du rôle et de l’inclusion des jeunes et des femmes dans son programme de paix et de sécurité.

Compte tenu de l’incertitude mondiale, le représentant de l’Équateur a estimé que l’OSCE doit préserver son rôle essentiel en faveur de la paix et de la sécurité du continent européen, en tant que plateforme de dialogue entre ses 57 États membres.  Afin de rétablir la confiance, il a jugé crucial que les membres de cette Organisation réaffirment leur engagement envers les principes consacrés dans les accords d’Helsinki en vue de la résolution des conflits.  À cet égard, le représentant a salué la priorité accordée par Malte à la résolution des différends dans la région de l’OSCE d’une manière pacifique et durable, se disant convaincu que le renforcement des opérations de terrain contribuera à la réalisation de cet objectif.  Il a également apprécié le soutien vital qu’apporte l’OSCE à l’Ukraine, par le biais notamment de programmes visant à atténuer les effets de la guerre.

La représentante de la France a estimé que la guerre d’agression que la Russie mène contre l’Ukraine viole tous les engagements issus des textes fondateurs de l’OSCE sur lesquels repose la stabilité de l’Europe.  L’Organisation doit en outre faire face dans son fonctionnement quotidien à « l’obstructionnisme systématique » de la Russie, a-t-elle déploré, avant de se féliciter que l’OSCE utilise tous ses instruments pour soutenir l’Ukraine et contribue à documenter les exactions russes.  Elle a appelé à la libération des trois employés de l’Organisation toujours illégalement détenus par la Russie avant de plaider pour que l’OSCE continue de soutenir les autres pays qui subissent le plus violemment les conséquences de la guerre d’agression de la Russie, en particulier la République de Moldova. Elle a applaudi le fait que la présidence maltaise de l’Organisation mette l’accent sur le renforcement de la résistance à la désinformation et sur la promotion d’une citoyenneté bien informée. 

Malgré l’agression russe, l’OSCE doit pouvoir continuer à remplir son mandat, a souligné la représentante, pour qui les missions de terrain de l’Organisation demeurent essentielles au renforcement de la sécurité des États participants et de leurs citoyens dans les Balkans occidentaux, en Asie centrale et en République de Moldova.  Tout en se réjouissant de l’engagement continu de l’OSCE dans les discussions internationales de Genève, seule plateforme où sont abordées les conséquences du conflit entre la Russie et la Géorgie depuis 2008, elle a jugé que l’Organisation devrait pouvoir s’engager davantage dans le Caucase du Sud.  Après avoir exigé la mise en œuvre de la décision de la Cour internationale de Justice (CIJ) du 17 novembre 2023 demandant à l’Azerbaïdjan de veiller à ce que toute personne qui aurait quitté le Haut-Karabakh et souhaiterait y retourner soit en mesure de le faire en toute sécurité, la déléguée a rappelé que la France soutient la normalisation des relations entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, dans le respect du droit international et de l’intégrité territoriale des deux pays.  Elle a enfin regretté que les autorités russes et bélarusses n’aient pas invité les observateurs du Bureau des institutions démocratiques et des droits de l’homme à leurs élections, notant que cette décision est contraire aux engagements pris par Moscou et Minsk dans le cadre de l’OSCE. 

Le représentant du Royaume-Uni a indiqué que la Russie a lancé son invasion brutale et barbare de l’Ukraine en dépit des efforts inlassables de l’OSCE pour prévenir cette catastrophe.  L’OSCE a œuvré pour assurer la mise en œuvre des accords de Minsk que la Russie affirmait appuyer tout en se préparant à la guerre.  En février 2022, des diplomates russes ont dit à l’OSCE que la clef pour une paix pérenne était la mise en œuvre des accords de Minsk, trois jours plus tard la Russie envahissait l’Ukraine, a-t-il rappelé.  Il a également évoqué le sort des trois responsables de l’OSCE détenus illégalement depuis plus de 700 jours par les autorités russes.  « Nous demandons leur libération immédiate ». 

Le représentant a rappelé à l’Arménie et l’Azerbaïdjan la possibilité qui s’offre à eux pour conclure un accord de paix, soulignant le rôle de premier plan que joue l’OSCE pour appuyer la démocratie et les droits humains dans la région.  Il a dit être préoccupé face au refus de la Russie d’inviter les observateurs de l’OSCE lors de la récente élection présidentielle, avant d’appeler au renforcement de l’OSCE et de la coopération entre le Conseil de sécurité et l’OSCE. 

La représentante de la Sierra Leone a souligné l’importance de préserver le fonctionnement de l’OSCE et de parvenir à un consensus sur des éléments cruciaux, tels qu’un budget unifié, afin de garantir l’efficacité de la réponse de l’OSCE aux défis sécuritaires.  « À cet égard, nous invitons ses membres à la recherche du consensus et à la coopération. »  Elle a salué les efforts de l’OSCE visant au règlement du conflit en Transnistrie. Elle a insisté sur l’importance des efforts de l’OSCE en vue de répondre aux violations des droits humains dans les zones en proie à un conflit.  Le rôle de l’OSCE est crucial pour la promotion de l’état de droit, a dit la déléguée.  Enfin, elle a mis en exergue le rôle des organisations régionales dans le maintien de la paix.

La représentante de Malte a soutenu le renforcement de la coopération entre l’ONU et l’OSCE, précisant que le leadership de Malte au sein de l’OSCE remonte à la signature de l’Acte final d’Helsinki.  Il ne peut y avoir de sécurité européenne sans sécurité méditerranéenne, a-t-elle fait valoir, notant la position unique de son pays au carrefour de l’Est et de l’Ouest, de l’Europe et de l’Afrique.  Pointant la guerre d’agression illégale de la Russie contre l’Ukraine, elle a assuré que Malte continuera d’adopter une position cohérente et fondée sur des principes en utilisant tous les moyens disponibles pour garantir la responsabilité des actions qui violent les principes et les engagements convenus collectivement.  Le Mécanisme de Moscou de l’OSCE est un excellent exemple d’instrument clef qui promeut la responsabilité et protège les droits humains. Elle a ensuite exigé la libération immédiate des trois membres du personnel de la Mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine, détenus en captivité russe depuis plus de 700 jours.

La représentante a ensuite indiqué que Malte est déterminée à soutenir les opérations de terrain de l’Organisation en cours en République de Moldova, en Europe du Sud-Est et en Asie centrale, en vue de renforcer les capacités et les compétences nationales des pays hôtes.  Elle a également précisé que son pays continuera à plaider en faveur de la mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité tant au Conseil de sécurité qu’à l’OSCE.

Reprenant la parole, le Président en exercice de l’OSCE a regretté la situation actuelle, où un état participant à l’OSCE foule aux pieds ses valeurs les plus importantes.  Cela ne doit pas nous empêcher de nous concentrer sur l’avènement de la paix dans la région, a-t-il ajouté.  Notre coordination avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) est fondamentale au travers d’activités de renforcement des capacités, notamment dans le sud-est de l’Europe et l’Asie centrale, où se pose la question de la cybercriminalité, a-t-il expliqué.  Il s’est en outre félicité des contributions de l’OSCE aux efforts de non-prolifération, notamment pour mettre en œuvre la résolution 1540 (2004), en aidant les États participants à promouvoir les pratiques optimales.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Forum de la jeunesse de l’ECOSOC: quel avenir meilleur peut-on forger?

Session de 2024 - Forum de la jeunesse
4e & 5e séances - matin & après-midi
ECOSOC/7157

Forum de la jeunesse de l’ECOSOC: quel avenir meilleur peut-on forger?

Le prochain Sommet de l’avenir était aujourd’hui à l’agenda du Forum de la jeunesse du Conseil économique et social (ECOSOC), qui a achevé ses trois journées de session annuelle.  Les États Membres et les jeunes ont examiné, ensemble, les solutions multilatérales et dialogué sur les questions affectant la jeunesse, dans la perspective de « lendemains meilleurs ».  Une autre discussion a porté sur « l’intelligence artificielle pour un avenir équitable ». 

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse n’a pas pu couvrir cette séance.)

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: face à un Moyen-Orient « au bord du précipice », le Secrétaire général de l’ONU exhorte à la désescalade

9608e séance – matin & après-midi 
CS/15669

Conseil de sécurité: face à un Moyen-Orient « au bord du précipice », le Secrétaire général de l’ONU exhorte à la désescalade

« Le Moyen-Orient est au bord du précipice », a mis en garde le Secrétaire général de l’ONU, ce matin, à l’occasion d’un débat public du Conseil de sécurité consacré à la situation dans la région, « y compris la question de Palestine ».  Organisé au niveau ministériel à l’initiative de Malte, qui préside le Conseil en avril, cette séance a été l’occasion pour M. António Guterres d’encourager la communauté internationale à se lancer dans une « désescalade », sous peine que ne se produise l’« impensable » – un conflit régional « dévastateur ». 

Après avoir condamné à la fois l’attaque à grande échelle lancée par la République islamique d’Iran contre Israël le 13 avril et celle perpétrée par Israël contre le consulat iranien à Damas quelques jours plus tôt, le Chef de l’Organisation a considéré que « mettre fin aux hostilités à Gaza désamorcerait considérablement les tensions ».  Aussi a-t-il réitéré son appel à un cessez-le-feu humanitaire immédiat et à la libération immédiate de tous les otages restants détenus par le Hamas, appuyé en cela par la plupart des membres du Conseil. 

À Gaza, a poursuivi le Secrétaire général, sept mois d’opérations militaires israéliennes ont créé un « paysage humanitaire infernal », plombé par les restrictions draconiennes imposées par Tel-Aviv à l’acheminement de l’aide aux habitants du territoire.  Les engagements récemment pris par Israël pour améliorer la fourniture de cette aide se sont traduits par « quelques progrès limités », même s’ils ont souvent été réduits à néant par des retards et des restrictions ailleurs.  Il en va ainsi des autorisations données aux convois humanitaires, souvent accordées trop tard dans la journée pour que les livraisons puissent être effectuées à temps et en toute sécurité: « Notre personnel ne peut opérer la nuit tombée dans une zone de guerre jonchée de munitions non explosées », a résumé M. Guterres.  Israël doit donc faciliter les opérations humanitaires par le biais d’un système de notifications efficace et de communications améliorées et directes entre humanitaires et décideurs militaires sur le terrain, a exigé le Chef de l’Organisation. 

Si de nombreux membres du Conseil ont abondé dans le sens des demandes du Secrétaire général, le débat d’aujourd’hui a surtout été pour les deux parties au conflit l’occasion d’opposer leurs arguments sur le projet de résolution qui sera mis aux voix en fin de journée pour décider de l’octroi du statut de membre de plein droit de l’État de Palestine au sein des Nations Unies. 

Accorder une adhésion à part entière lèverait « une partie » de l’injustice historique à laquelle les générations palestiniennes successives ont été soumises, a déclaré le Représentant spécial du Président de l’État de Palestine, M. Ziad Abu Amr, appuyé par le Ministre des affaires étrangères de l’Algérie, M. Ahmed Attaf.  En quoi cela nuirait-il aux perspectives de paix entre la Palestine et Israël? s’est-il demandé, ajoutant que son adoption donnerait aux Palestiniens l’espoir d’une vie décente et protégerait la solution des deux États.  S’adressant à ceux qui affirment que la reconnaissance d’un État palestinien doit se faire par la négociation et non par une résolution de l’ONU, il a rappelé que la création d’Israël a été reconnue par la résolution 181 de l’Assemblée générale de 1947. 

Le représentant d’Israël a jugé pour sa part le projet de texte mis aux voix ultérieurement totalement « déconnecté » de la réalité sur le terrain et de nature à saper toute chance de dialogue.  Six mois après les attaques du 7 octobre, cet organe entend récompenser ceux qui ont perpétré ces atrocités en leur accordant le statut d’État, s’est-il indigné. Et qui serait responsable de cet État, a-t-il ajouté, pointant l’absence d’un leadership palestinien unifié avec le Hamas à Gaza et l’Autorité palestinienne en Cisjordanie.  La seule chose qu’apporterait la reconnaissance forcée d’un État palestinien, c’est de rendre impossible toute négociation future. Et la réunion d’aujourd’hui sur l’admission à l’ONU d’un « État palestinien nazi » entrera dans l’histoire comme le début de l’effondrement de l’ONU, a présagé le représentant. 

Le délégué israélien s’est ensuite indigné de la présence dans la salle du Conseil du Ministre iranien des affaires étrangères, M. Hossein Amir-Abdollahian, membre du Corps des gardiens de la révolution islamique.  Cet homme est un terroriste, a-t-il accusé reprochant au Conseil de tolérer sa présence alors que l’Iran est à deux doigts de se doter de l’arme nucléaire. 

L’intéressé a exhorté pour sa part le Conseil de sécurité à contraindre le « régime voyou et rebelle d’Israël » à mettre immédiatement fin à la guerre et au génocide à Gaza, et à cesser « tout nouvel aventurisme militaire » contre les intérêts iraniens.  Dans le cas contraire, a-t-il averti, l’Iran « n’hésitera pas un seul instant à exercer son droit inhérent à riposter de manière décisive et appropriée », comme il l’a fait en lançant une attaque « limitée et proportionnée » contre Israël le 1er avril. 

De son côté, la Fédération de Russie a déploré que le Conseil, « en raison de l’opposition des pays occidentaux », n’ait toujours pas condamné les frappes israéliennes contre le consulat iranien à Damas.  À l’inverse, condamnant « l’attitude irresponsable » de l’Iran, les États-Unis ont annoncé de nouvelles sanctions à l’encontre de Téhéran, avant d’encourager les alliés et partenaires de son pays à en faire de même pour entraver la prolifération d’armements iraniens et démanteler ses réseaux. 

Pour la Chine, le plus urgent, c’est de prendre des mesures concrètes pour remédier à la catastrophe humanitaire en cours à Gaza où la population reste la proie d’une famine créée par l’homme, véritable « nadir pour la conscience de l’humanité ». 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

« Le Moyen-Orient est au bord du précipice », a déclaré M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU.  « Un mauvais calcul, une mauvaise communication, une erreur pourraient conduire à l’impensable – un conflit régional dévastateur », a-t-il prévenu.  Il a condamné à la fois l’attaque à grande échelle lancée par la République islamique d’Iran contre Israël le 13 avril et celle perpétrée par Israël contre le consulat iranien à Damas quelques jours plus tôt, exhortant à mettre fin au cycle sanglant des représailles.  Aussi a-t-il encouragé à promouvoir une action diplomatique globale en faveur de la désescalade au Moyen-Orient, à commencer par Gaza.  « Mettre fin aux hostilités dans ce territoire désamorcerait considérablement les tensions dans la région », a analysé le Chef de l’Organisation qui a réitéré ses appels à un cessez-le-feu humanitaire immédiat et à la libération immédiate de tous les otages détenus à Gaza. 

À Gaza, sept mois d’opérations militaires israéliennes ont créé un paysage humanitaire infernal, a poursuivi M. Guterres, qui a fait état d’un bilan de plus de 13 900 enfants palestiniens tués dans des attaques soutenues, souvent aveugles.  Sans compter les sévères restrictions imposées par les autorités israéliennes à l’acheminement de l’aide humanitaire aux Gazaouites, qui sont confrontés à une famine généralisée.  Israël, a précisé le Secrétaire général, a récemment pris un certain nombre d’engagements pour améliorer la fourniture de cette aide et il y a eu quelques progrès limités, même s’ils ont souvent été annulés par des retards et des restrictions ailleurs. 

Par exemple, a-t-il expliqué, bien que les autorités israéliennes aient autorisé davantage de convois humanitaires, elles sont souvent accordées trop tard dans la journée pour que les livraisons puissent être effectuées à temps et en toute sécurité: « Notre personnel ne peut opérer dans l’obscurité dans une zone de guerre jonchée de munitions non explosées ». Et au cours de la semaine du 6 au 12 avril, Israël a refusé plus de 40% des demandes de l’ONU exigeant le passage par des points de contrôle israéliens, a déploré M. Guterres.  Pour éviter une famine imminente et de nouveaux décès évitables dus à la maladie, un bond en avant dans l’aide humanitaire apportée aux Palestiniens de Gaza est nécessaire, a insisté le Secrétaire général.  La fourniture d’une aide à grande échelle requiert donc d’Israël qu’il facilite les opérations humanitaires par le biais d’un système de notifications efficace et de communications améliorées et directes entre humanitaires et décideurs militaires sur le terrain, a-t-il préconisé. 

Si un cessez-le-feu humanitaire immédiat à Gaza est nécessaire, a poursuivi le Secrétaire général, une approche globale de la désescalade doit également inverser la situation explosive en Cisjordanie occupée, où plus de 450 Palestiniens, dont 112 enfants, ont été tués depuis le 7 octobre, la majorité par les forces israéliennes.  D’autres ont été tués par des colons israéliens armés, parfois en présence des forces de sécurité israéliennes « qui seraient restées les bras croisés » et n’auraient rien fait pour empêcher ces meurtres, s’est indigné le Chef de l’Organisation.  Il a indiqué que 2023 a vu le plus grand nombre d’attaques de ce type et d’incidents de violence et d’intimidation contre les communautés palestiniennes depuis que l’ONU a commencé à les enregistrer en 2006.  En outre, 17 Israéliens, dont un enfant, ont été tués en Cisjordanie occupée et en Israël depuis le 7 octobre. 

La toile de fond de cette effroyable montée de la violence est l’expansion continue des colonies israéliennes –en soi une violation du droit international– et les opérations israéliennes répétées à grande échelle dans les zones palestiniennes, a tranché le Secrétaire général.  « Les déclarations selon lesquelles certaines zones constituent désormais des terres israéliennes, ainsi que les décisions juridiques qui renforcent les colonies et augmentent potentiellement les démolitions et les expulsions, risquent de saper la contiguïté d’un futur État palestinien et de priver d’espoir une génération de Palestinien », a-t-il mis en garde. 

Les efforts de désescalade régionale doivent également s’attaquer à la situation extrêmement tendue au Liban, en particulier le long de la Ligne bleue, a poursuivi le Secrétaire général.  Alors que les échanges de tirs entre les forces israéliennes et le Hezbollah font déjà payer un lourd tribut aux communautés civiles en Israël et au Liban, des frappes en profondeur au Liban et en Israël pourraient déclencher une confrontation encore plus grave.  Aussi le Secrétaire général a-t-il appelé toutes les parties à faire preuve de la plus grande retenue et à éviter de nouvelles violations de l’accord de cessation des hostilités dans le respect de la résolution 1701 (2006).  Enfin, la sécurité de la navigation en mer Rouge doit être garantie, a demandé M. Guterres, qui a dénoncé les attaques des houthistes contre les navires marchands qui continuent de perturber le commerce mondial. 

L’incapacité à progresser vers la solution des deux États ne fera qu’accroître les risques qui pèsent sur des centaines de millions de personnes dans la région, qui continueront de vivre sous la menace constante de la violence. Le Secrétaire général a donc exhorté tous les gouvernements concernés à user de leur influence pour promouvoir un effort global de désescalade au Moyen-Orient, afin d’y ouvrir la voie à la paix et à la prospérité. 

M. ZIAD ABU AMR, Représentant spécial du Président de l’État de Palestine, a tout d’abord défendu la demande d’octroi du statut de membre de plein droit de l’État de Palestine aux Nations Unies.  Le peuple palestinien souffre depuis plus d’un siècle.  Il est victime d’une histoire qu’il n’a pas forgée, d’une catastrophe en 1948 et de l’occupation israélienne depuis 1967. Mais le peuple palestinien a soif de liberté, de sécurité, de paix et de son droit à l’autodétermination dans un État indépendant.  L’Organisation de libération de la Palestine (OLP) qui, a-t-il souligné, est le seul représentant légitime du peuple palestinien, a montré qu’elle était prête à tourner la page des conflits et à s’asseoir à la table des négociations pour trouver une solution juste, complète et permanente à la question palestinienne. Elle a déployé tous les efforts possibles pour parvenir à une paix fondée sur une solution à deux États et garantir la création d’un État de Palestine indépendant et souverain.  Il a également estimé que pour résoudre la question des réfugiés palestiniens, il faut un État de Palestine vivant côte à côte avec ses voisins dans la paix et la sécurité. 

Accorder à la Palestine une adhésion à part entière à l’ONU lèverait « une partie » de l’injustice historique à laquelle les générations palestiniennes successives ont été soumises, a-t-il déclaré.  En quoi cela nuirait-il aux perspectives de paix entre la Palestine et Israël?  S’adressant à ceux qui affirment que la reconnaissance d’un État palestinien doit se faire par la négociation et non par une résolution de l’ONU, il a rappelé que la création d’Israël a été reconnue par la résolution 181 de l’Assemblée générale de 1947.  Ceux qui tentent d’empêcher l’adoption d’une résolution pour la Palestine n’aident en rien les perspectives de paix, a-t-il souligné, ajoutant que son adoption donnerait aux Palestiniens l’espoir d’une vie décente et protégerait la solution des deux États. 

Il a dénoncé ceux qui s’efforcent d’entraver l’adoption de cette résolution notamment les États-Unis, tout en soulignant que la résolution souhaitée ne remplacera pas les négociations politiques pour régler les questions en souffrance entre Israéliens et Palestiniens.  Il a ensuite fustigé l’intransigeance du Gouvernement israélien qui s’oppose à cette solution.  « Il faut nous donner une chance de devenir partie intégrante de la famille internationale », a plaidé M. Amr qui a exhorté à ne pas oublier ce qui se passe dans la bande de Gaza.  Il a donc appelé le Conseil à contraindre Israël à mettre fin à son agression, à autoriser l’acheminement de l’aide à un peuple affamé, à se retirer immédiatement de Gaza et à se conformer au droit international.  « Nous comptons sur les nations éprises de paix pour mettre fin à cette guerre », a-t-il insisté.

Le représentant d’Israël a fustigé le fait que le Conseil de sécurité ne s’est pas réuni une seule fois pour discuter des voies et moyens de libérer les otages israéliens ou pour condamner les atrocités du Hamas.  Au lieu de cela, il se réunit aujourd’hui pour voter une résolution recommandant l’octroi du statut d’État Membre à part entière à un État palestinien, une résolution tellement déconnectée de la réalité sur le terrain qu’elle n’aura aucun effet positif pour qui que ce soit et sapera toute chance de dialogue future, selon lui.  Six mois après le 7 octobre, le Conseil entend récompenser ceux qui ont perpétré ces atrocités en leur accordant le statut d’État, s’est-il indigné. 

Il a rappelé les conditions d’admission à l’ONU, à savoir un territoire clairement défini, un gouvernement capable d’entretenir des relations avec d’autres États et un pays épris de paix, affirmant ensuite que la Palestine ne remplit pas ces critères. Qui sera responsable de cet État, a-t-il lancé, pointant l’absence d’un leadership palestinien unifié avec le Hamas à Gaza et l’Autorité palestinienne en Cisjordanie.  Qui plus est, les deux entités palestiniennes se situent aux antipodes de la paix et sont éprises de génocide.  Il a dénoncé la nature purement politique de cette demande d’adhésion au mépris de la Charte des Nations Unies et du droit international « qui n’importe que lorsqu’il est question de l’utiliser à l’encontre d’Israël ».  En accordant aux terroristes du 7 octobre le statut de membre à part entière de l’ONU, le Conseil de sécurité les récompenserait, a fulminé le délégué israélien, selon qui la seule chose qu’apporterait la « reconnaissance forcée » d’un État palestinien serait de rendre impossible toute négociation future.  Tant que les Palestiniens, qui ont rejeté tous les plans de paix, estiment pouvoir exploiter à volonté cette instance, quelle serait leur motivation de s’asseoir à la table de négociations?  L’ONU n’est plus une instance multilatérale, mais une instance qui promeut le terrorisme, a-t-il accusé, exhortant à ne pas soutenir une résolution aussi dangereuse.

Passant à l’Iran, le délégué s’est indigné de la présence dans la salle du Conseil du Ministre iranien des affaires étrangères, M. Hossein Amir-Abdollahian, qui, a-t-il affirmé, est membre du Corps des gardiens de la révolution islamique.  Cet homme est un terroriste, a-t-il tonné reprochant à l’ONU de tolérer sa présence. Accusant l’Iran d’avoir permis au Hamas de perpétrer l’attaque terroriste du 7 octobre et condamnant l’attaque sans précédent lancé contre Israël la semaine dernière, le délégué a reproché au Conseil de ne pas se soucier du fait que l’Iran est à deux doigts de se doter de l’arme nucléaire.  Qu’a fait le Conseil pour demander des comptes à l’Iran la semaine dernière?  « Rien ».  Vous restez les yeux rivés sur Gaza alors que le reste du monde est à feu et à sang, ignorant le droit international et les droits humains, a-t-il fulminé.  Selon lui, le régime iranien a des supplétifs à l’ONU qui empêchent le Conseil de condamner le Hamas et le Hezbollah comme organisations terroristes. 

Ironisant sur le fait qu’il s’agit aujourd’hui de la quatrième réunion ministérielle sur Gaza depuis le 7 octobre alors qu’aucune réunion de ce type n’a eu lieu sur le Soudan, le délégué y a vu l’une des preuves du « deux poids, deux mesures » de l’instance onusienne.  « À l’exception de Gaza, le reste du monde c’est hakuna matata », a-t-il tonné avant de déclarer que le jour viendra où l’ONU fermera ses portes et qu’une « réelle instance se souciant des droits humains » prendra sa place.  La réunion d’aujourd’hui sur l’admission à l’ONU d’un « l’État palestinien nazi » entrera dans l’histoire comme le début de l’effondrement de l’ONU, a présagé le représentant. 

M. IAN BORG, Ministre des affaires étrangères de Malte, a appelé les parties à faire preuve de retenue afin d’éviter le déclenchement d’un conflit à grande échelle.  La « spirale descendante » observée depuis les attaques terroristes du Hamas du 7 octobre dernier et le début de l’action militaire d’Israël à Gaza démontrent selon lui l’importance d’un cessez-le-feu immédiat et d’un horizon politique au Moyen-Orient.  « Il est profondément inquiétant et totalement inacceptable que la demande de ce Conseil en faveur d’un cessez-le-feu conformément à la résolution 2728 (2024) ait été ignorée par les parties », a dit le Ministre. 

Tout en reconnaissant que le traumatisme du 7 octobre « hantera à jamais le peuple israélien », le Ministre a noté qu’à Gaza, ce ne sont pas seulement les otages qui souffrent.  Là, plus de 33 700 Palestiniens ont été tués, pour la plupart des femmes et des enfants, et des milliers sont portés disparus sous les décombres de quartiers en ruine.  La perspective d’une nouvelle escalade à Rafah, où plus d’un million de civils déplacés luttent quotidiennement pour survivre, est à ses yeux « inadmissible ».  Dans cette optique, le Ministre a jugé que les ordonnances provisoires de la Cour internationale de Justice (CIJ) doivent être respectées.  Il a souhaité une résolution juste de ce conflit permettant d’embrasser les aspirations légitimes des Palestiniens à la création d’un État et à l’adhésion à l’ONU.

M. AHMED ATTAF, Ministre des affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger de l’Algérie, a dit que l’examen de la demande d’admission de l’État de Palestine à l’ONU est l’occasion de débattre de l’essence même de la question palestinienne, à savoir le droit historique du peuple palestinien à disposer d’un État.  Ce droit historique, qui ne s’est pas encore réalisé, est la cause de ce conflit prolongé et de l’instabilité de notre région, qui ne connaît pas la quiétude depuis des décennies, a-t-il dit.  Il a déclaré que Gaza a révélé au grand jour les desseins israéliens, à savoir la liquidation de la cause palestinienne. 

La guerre génocidaire à Gaza, l’asphyxie de la Cisjordanie et la judaïsation de Jérusalem se poursuivent, a déploré le Ministre, en accusant Israël de vouloir liquider les bases d’un État palestinien.  Il est temps d’octroyer à la Palestine le statut de membre à part entière.  Ce Conseil a une responsabilité historique qui est celle d’agir et de sauvegarder la solution des deux États, sur laquelle plane un danger mortel, a déclaré le Ministre. Il a appelé à « sauver » cette solution avant qu’il ne soit trop tard et ajouté que cela passe par l’octroi de statut de membre à l’État de Palestine.  « Rendons justice au peuple palestinien, c’est un devoir d’humanité et de civilisation. »

Mme RENATA CVELBAR BEK, Secrétaire générale au Ministère des affaires étrangères et européennes de la Slovénie, a proposé trois étapes pour aider à nous « éloigner du bord du gouffre ».  Tout d’abord, les résolutions du Conseil de sécurité et les ordonnances de la CIJ relatives au conflit à Gaza doivent être mises en œuvre, tous les États Membres ayant l’obligation de respecter la Charte des Nations Unies, notamment en mettant en œuvre les résolutions du Conseil, a-t-elle rappelé. Elle a demandé en outre que tous les acteurs concernés et leurs partenaires régionaux fassent preuve de la plus grande retenue.  « Les missiles et les drones ne s’attaqueront pas aux causes profondes de la crise.  Ce ne sont pas des solutions, tout comme les représailles ne sont pas un dialogue.  La diplomatie est la seule voie à suivre », a résumé la Secrétaire générale. 

Enfin, Mme Bek a appelé à lancer et à soutenir le processus politique menant à la solution des deux États.  À cet égard, elle a souhaité que le Conseil joue son rôle dans le processus politique, saluant le projet de résolution proposé par la France.  Nous pensons que la solution des deux États doit être basée sur leur égalité souveraine, a-t-elle dit en réitérant son soutien à leur statut égal au sein de l’ONU.  Cela renforcerait le rôle de l’Autorité palestinienne et contribuerait également à la sécurité d’Israël, a-t-elle fait valoir.

M. UEMURA TSUKASA, Envoyé spécial pour la paix au Moyen-Orient du Japon, a regretté que le conflit qui a commencé avec l’attaque du Hamas en octobre dernier se poursuive depuis plus de six mois.  Le monde ne veut plus voir ces pertes en vie humaine et ces cycles de violence.  Il a appelé à la mise en œuvre de la résolution 2728 (2024) pour parvenir à un changement radical de la situation catastrophique à Gaza.  Le Conseil doit soutenir les efforts pour obtenir la libération des otages et un cessez-le-feu durable.  Une opération militaire à Rafah serait une catastrophe, a prévenu l’Envoyé spécial, avant de condamner fermement l’attaque de l’Iran contre Israël, la spirale de violence entre Israël et le Hezbollah et les attaques des houthistes contre les navires en mer Rouge et dans le golfe d’Aden.  Pour mettre fin à la tragédie actuelle et parvenir à une paix et une stabilité durables au Moyen-Orient, il n’y a pas d’autre solution que la coexistence pacifique entre Israël et la Palestine. Le Japon continuera de contribuer à la réalisation d’une solution à deux États. 

Le représentant de la Fédération de Russie a fait le bilan de ce que le Conseil a fait et n’a pas fait s’agissant de la situation à Gaza, en rappelant qu’il a été saisi de pas moins de 10 projets de résolutions.  Il a accusé les États-Unis d’avoir mis son veto à trois reprises afin de laisser à son allié israélien toute latitude pour « purger » Gaza.  Chaque veto américain a eu un prix épouvantable, à savoir la mort de milliers de civils, a déploré le délégué.  Il a estimé qu’en réalité, Israël dicte ses conditions à Washington, dénonçant les libellés des différents projets de résolution présentés par les États-Unis.  « Notre veto a empêché Washington d’imposer des situations délétères. » 

Le représentant a déploré que la situation à Gaza ne s’améliore pas, malgré l’adoption de la résolution 2728 (2024).  Il a accusé Israël de bloquer l’aide humanitaire.  Le délégué a en outre déploré que le Conseil, en raison de l’opposition des pays occidentaux, n’ait pas condamné les frappes israéliennes contre le consulat iranien à Damas.  Enfin, rappelant qu’Israël s’est vu octroyer le statut de membre de l’ONU, il a demandé que la Palestine dispose du même statut d’égal.  « C’est un devoir moral. »

La représentante du Royaume-Uni a condamné l’attaque de l’Iran contre Israël et appelé à la désescalade.  Elle a réclamé à un cessez-le-feu permanent et pérenne à Gaza, afin d’acheminer l’aide humanitaire.  Nous devons rester concentrés sur l’acheminement de cette aide et la libération des otages, a dit la déléguée.  Elle a redit l’engagement de son pays à apporter une aide accrue aux personnes dans le besoin à Gaza.  Elle a défendu la solution des deux États et réitéré son attachement à un État palestinien. Nous reconnaîtrons un tel État lorsque ce sera favorable au processus de paix, a-t-elle promis, en voulant que l’on se concentre d’abord sur les éléments vitaux de la crise actuelle, à savoir notamment la libération des otages et la neutralisation du Hamas qui ne saurait continuer de gouverner à Gaza.

M. TIMOTHY MUSA KABBA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la Sierra Leone a appuyé la demande d’admission de l’État de Palestine en tant que membre des Nations Unies.  Cette demande est légitime et pourrait ouvrir la voie à un horizon politique, fondé sur les principes de la solution des deux États, s’est-il expliqué.  Le Ministre a réitéré l’appel à un cessez-le-feu immédiat et permanent dans la bande de Gaza et au respect par les parties des résolutions 2712 (2023), 2720 (2023) et 2728 (2024) et des résolutions précédentes du Conseil de sécurité « qui non seulement sont toutes valables mais aussi contraignantes ».  Il a appelé à la désescalade et à la poursuite des efforts politiques et diplomatiques. 

S’attardant sur la situation humanitaire, le Ministre a appelé toutes les parties concernées à soutenir l’UNRWA, une entité qui ne peut être remplacée par aucune autre, car le travail qu’elle accomplit pour les Palestiniens, non seulement à Gaza mais dans toute la région, est incommensurable.  Le Ministre a également insisté sur la nécessité pour les parties au conflit de se conformer à leurs obligations en vertu du droit international, y compris le droit international humanitaire pour protéger les civils et les biens à caractère civil.  En guise de conclusion, il a appelé de ses vœux une conclusion rapide des négociations entre Israël et le Hamas, impliquant l’Égypte, les États-Unis et le Qatar.

Le représentant de la Chine a estimé que depuis le début du présent conflit israélo-palestinien, son pays a endossé ses responsabilités en appelant, de concert avec la communauté internationale, à la cessation des hostilités afin d’éviter une escalade du conflit.  Il a appelé à la mise en place d’un cessez-le-feu immédiat, la poursuite des combats ne procurant à l’évidence aucune garantie de sécurité aux parties. Le représentant a donc demandé à Israël de mettre en œuvre la résolution 2728 (2024), de cesser ses opérations militaires contre Gaza et d’abandonner tout plan d’attaque contre Rafah. Les États susceptibles d’exercer une influence sur les parties doivent selon lui faire preuve d’impartialité et déployer des efforts concrets en vue d’un cessez-le-feu. 

Des mesures concrètes doivent être prises pour remédier à la catastrophe humanitaire en cours à Gaza où la population reste la proie d’une famine créée par l’homme, véritable « nadir pour la conscience de l’humanité », selon les mots du représentant.  Israël doit en outre se conformer à l’ordonnance de la CIJ et aux résolutions du Conseil de sécurité en levant le blocus de Gaza, en ouvrant des points de passage terrestres et en assurant un accès sûr de l’aide humanitaire.  À cet égard, le rôle de l’UNRWA est irremplaçable, a-t-il souligné, en mettant en garde contre toute action malveillante à son endroit.  Dans ce contexte, le délégué s’est dit favorable à la convocation d’une conférence de paix internationale pour élaborer un calendrier permettant de réaliser la solution des deux États.  « La Palestine doit pouvoir rejoindre la famille de l’ONU en tant que membre à part entière », a-t-il conclu. 

Le représentant de l’Équateur a rappelé que la mise en œuvre intégrale de toutes les résolutions du Conseil de sécurité est nécessaire pour atténuer les difficultés auxquelles est confrontée la population civile de Gaza. Il est essentiel, a-t-il dit, de faciliter l’arrivée en toute sécurité d’une aide humanitaire suffisante et opportune à tous ceux qui en ont besoin.  À cette fin, un cessez-le-feu humanitaire est « inévitable », comme l’exige ce Conseil dans sa résolution 2728, a souligné le délégué. Les événements préoccupants de ces derniers jours en Cisjordanie rappellent que la pleine mise en œuvre de la résolution 2334 est également nécessaire, a-t-il poursuivi.  Le représentant a réitéré son engagement à œuvrer en faveur d’une solution pacifique, définitive et équitable pour les parties, avec la coexistence de deux États, la Palestine et Israël, vivant côte à côte dans les frontières de 1967, conformément aux résolutions pertinentes.

Pour la représentante de la France, la région a connu un développement majeur avec l’attaque sans précédent menée par l’Iran et ses substituts contre Israël. Elle a condamné cette attaque qui menace la paix, la stabilité et la sécurité de la région et a appelé les parties à faire preuve d’une retenue maximale, afin d’éviter toute escalade. À Gaza, a-t-elle ajouté, il faut conclure, sans plus de délai, un accord sur un cessez-le-feu qui garantisse la protection de tous les civils.  Elle a demandé que les entraves à l’aide humanitaire soient levées et qu’Israël facilite l’utilisation de tous les points de passage dans le nord de la bande et par un couloir terrestre direct avec la Jordanie, ainsi que par la mer. 

Après avoir rappelé la solidarité de la France avec le peuple israélien, la représentante a demandé que la colonisation et le cycle de violence en Cisjordanie prennent fin.  Les colons qui commettent des attaques à l’encontre de la population palestinienne doivent répondre de leurs actes.  Elle a également dit être préoccupée par la poursuite des affrontements à la frontière entre le Liban et Israël et a demandé la mise en œuvre la résolution 1701 (2006).  Elle a ensuite indiqué que sa délégation a proposé un projet de résolution sur la situation au Proche-Orient, car la solution des deux États est la seule qui puisse permettre de construire une paix juste et durable dans la région. 

Le représentant des États-Unis a condamné l’attaque directe lancée par l’Iran contre Israël et assuré que l’engagement des États-Unis aux côtés d’Israël pour assurer sa sécurité ne faiblira jamais.  Il a également condamné « l’attitude irresponsable » de l’Iran qui menace directement la stabilité de la région et son propre peuple. En réaction, les États-Unis ont annoncé ce matin de nouvelles sanctions à l’encontre de l’Iran, a-t-il fait savoir avant d’encourager les alliés et partenaires de son pays à en faire de même pour entraver la prolifération d’armements iraniens et démanteler ses réseaux. 

Il a affirmé que l’Iran arme le Hezbollah et les houthistes au mépris des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et viole le droit international en saisissant des navires commerciaux dans le golfe Persique.  En outre, l’Iran finance et forme l’aile militaire du Hamas qui s’est rendue coupable d’actes indescriptibles le 7 octobre dernier, contribuant à la crise actuelle à Gaza, a-t-il argué en mettant en exergue la responsabilité collective du Conseil pour que l’Iran respecte ses résolutions et cesse de violer le droit international. 

Le représentant a assuré que les États-Unis sont décidés à continuer d’œuvrer pour un cessez-le-feu immédiat et durable à Gaza dans le cadre d’un accord sur la libération des otages du Hamas ainsi que pour l’acheminement d’une aide humanitaire accrue aux civils dans le besoin de l’enclave.  Il a reproché au Hamas de continuer à refuser les offres d’Israël, l’accusant d’être aujourd’hui le seul obstacle à un cessez-le-feu. 

Le Président Biden a appelé Israël à mettre en œuvre une série de mesures concrètes pour protéger les civils et les travailleurs humanitaires à Gaza, a rappelé le représentant, ajoutant que leur mise en œuvre par Israël déterminera la politique américaine vis-à-vis de Gaza.  Face à la famine imminente à Gaza, il a demandé des actions concrètes, en assurant du soutien américain aux efforts de la Coordonnatrice de haut niveau de l’action humanitaire et de la reconstruction à Gaza.  D’autre part, les États-Unis continueront d’imposer des sanctions aux personnes impliquées dans des activités violentes en Cisjordanie. Avant de conclure, le représentant a fait part de la détermination des États-Unis à continuer à œuvrer, notamment par l’intermédiaire de leurs efforts diplomatiques, à la normalisation des relations entre Israël et ses voisins, et à ouvrir un horizon politique pour une solution à deux États pour qu’Israéliens et Palestiniens puissent vivre côte à côte dans la paix. 

Le représentant du Mozambique a constaté que depuis l’adoption de la résolution 2728 (2024) par ce Conseil, exigeant un cessez-le-feu immédiat, le conflit se poursuit sans relâche dans la bande de Gaza.  Le nombre de victimes ne cesse d’augmenter.  Les rapports indiquent qu’au cours des six derniers mois, plus de 33 000 Palestiniens ont été tués et un grand nombre blessés, notamment par la destruction insensée et injustifiée d’infrastructures. En ce moment critique, il a souligné l’importance capitale de la recherche de la paix et de la stabilité dans la région avant de mettre en exergue la responsabilité première du Conseil de sécurité de poursuivre cet objectif. 

Favorables aux actions visant à une réponse globale de toutes les parties concernées pour atténuer l’impact des hostilités à Gaza, conformément aux résolutions 2712, 2720 et 2728 du Conseil de sécurité, le délégué a appelé Israël à se conformer à ces résolutions et aux décisions de la Cour internationale de Justice en la matière.  Il a souligné que ces décisions obligent Israël à prendre toutes les mesures possibles pour minimiser les décès de civils et de travailleurs humanitaires et pour augmenter l’aide humanitaire vitale.  À cette fin, l’ouverture d’un plus grand nombre de points de passage pour l’aide est une question de la plus haute priorité, a-t-il estimé avant d’exprimer son ferme soutien au travail de l’UNRWA et de l’ensemble de son personnel. Fermement attaché au droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination, à l’indépendance politique et à la souveraineté, le Mozambique défend fermement la vision d’une solution à deux États, a-t-il conclu. 

La représentante du Guyana a considéré que la question palestinienne est une question de justice refusée au peuple de Palestine depuis plus de sept décennies.  Elle a dénoncé le non-respect des décisions juridiquement et moralement contraignantes de l’ONU et du Conseil de sécurité ainsi que l’absence de responsabilité pour ce non-respect.  Or, les proportions catastrophiques du dernier cycle de violence dans la bande de Gaza démontrent selon elle que le Conseil a besoin d’une nouvelle approche susceptible de produire des résultats durables. 

Bien que la Puissance occupante, Israël, ait indiqué que cette guerre ne visait qu’à détruire les capacités du Hamas, en réalité, ce conflit « détruit des femmes et des enfants de manière disproportionnée », a poursuivi la déléguée.  Les privations auxquelles est soumise la population gazaouite depuis le 7 octobre suggèrent selon elle une stratégie délibérée de punition collective infligée au peuple palestinien.  Or, a-t-elle ajouté, la Puissance occupante se doit de respecter ses obligations au titre du droit international et mettre en œuvre les ordonnances de la CIJ.  Nous devons donc mettre fin à cette injustice et honorer l’engagement pris depuis des décennies par la communauté internationale, y compris le Conseil de sécurité, en faveur de la création d’un État indépendant de Palestine. 

Le représentant de la République de Corée a estimé que, pour mettre fin au cercle vicieux au Moyen-Orient, la réalisation de la solution des deux États est nécessaire.  Le lendemain de ce conflit ne devrait pas ressembler à la veille des attaques terroristes du Hamas, a-t-il prévenu, espérant voir le jour où deux États démocratiques coexistent dans la paix, la sécurité et la dignité dans des frontières sûres et reconnues.  Pour une paix permanente au Moyen-Orient, la solution des deux États n’est pas une option, mais bien une nécessité, a insisté le délégué.  Pour reprendre le dialogue entre les parties, il faut un cessez-le-feu immédiat qui débouche sur une cessation durable des hostilités durable, et ceci, le plus rapidement possible.  Trop de gens ont perdu la vie, dont plus de 13 000 enfants.  Il est temps de mettre fin aux atrocités qui durent depuis six mois, a enjoint le représentant, qui a jugé « inacceptable » toute opération terrestre à Rafah.

La représentante de la Suisse a appelé à la désescalade et condamné les attaques coordonnées de l’Iran contre Israël et la frappe israélienne contre le consulat iranien à Damas.  Elle a insisté sur le respect de la Charte, du droit international humanitaire et des droits de l’homme.  Depuis les actes de terreur du Hamas le 7 octobre dernier, le Conseil, a rappelé la représentante, a adopté trois résolutions qui ne sont toujours pas mises en œuvre.  Elle a tout de même salué le fait qu’Israël ait dit vouloir augmenter la quantité de l’aide humanitaire vers Gaza.  En tant que Puissance occupante, Israël a l’obligation de répondre aux besoins essentiels de la population sous son contrôle, comme l’a souligné la Cour internationale de Justice (CIJ).

Après avoir réclamé, une nouvelle fois, la libération de tous les otages, la représentante s’est attardée sur la situation en Cisjordanie où la population palestinienne est en proie à la violence des colons israéliens.  Il est temps, s’est-elle impatientée, que les parties respectent le droit international humanitaire et protègent la population civile.  Les Conventions de Genève universellement ratifiées, établissent des normes d’humanité minimales à respecter dans toute situation de conflit armé.  Il faut cesser de sacrifier la population civile et contribuer à bâtir un meilleur avenir.  Le fondement d’une paix durable reste une solution à deux États démocratiques. 

Convaincu de « la nécessité urgente d’un État de Palestine souverain, sûr et pacifique, aux côtés d’un État d’Israël souverain, sûr et pacifique », le Haut-Représentant de l’Union européenne pour le processus de paix au Moyen-Orient a proposé « une nouvelle façon d’y parvenir »: la convocation d’une conférence de paix, avec au préalable l’instauration d’un cessez-le-feu et la tenue d’une réunion préparatoire.  Pour commencer, a-t-il expliqué, il conviendrait de déterminer les modalités de notre soutien à une solution à deux États et de réitérer le cadre évident de la paix israélo-palestinienne.  Les parties seraient « invitées séparément à nous dire ce qu’elles attendent de nous pour accompagner leur paix », a poursuivi le Haut-Représentant, soucieux également que soient précisées « les conséquences d’un engagement ou d’un non-engagement à une telle initiative mondiale ». 

En pratique, il s’agirait d’indiquer aux parties ce qui peut leur être apporté. « Comment pouvons-nous tous contribuer à assurer la sécurité d’Israël?  Comment pouvons-nous contribuer à une Palestine stable?  Comment les deux parties peuvent-elles être intégrées dans la région, politiquement et économiquement, dans une coopération en matière de sécurité, d’eau, d’énergie et de changements climatiques?  Que peut signifier la normalisation régionale pour Israël et la Palestine? »  En tant que « contributeurs à la paix », nous pouvons commencer à aborder ces questions dès aujourd’hui, même si une ou plusieurs parties ne sont pas prêtes, a plaidé le responsable de l’UE.  « Nous n’avons pas besoin d’une autre feuille de route incertaine. » 

Rappelant que son pays est à l’origine de cette proposition, le Ministre espagnol des affaires étrangères, de l’Union européenne et de la coopération s’est félicité qu’elle ait été approuvée par l’UE, ainsi que par la Ligue des États arabes et l’Organisation de la coopération islamique, soit plus de 80 pays au total.  Il a invité le Conseil et le Secrétaire général de l’ONU à l’approuver à leur tour, afin que la diplomatie multilatérale contribue à « ouvrir une nouvelle page de l’histoire du Moyen-Orient: celle de la paix définitive ».  De l’avis du Ministre, la meilleure façon de garantir que cette solution à deux États sera appliquée est d’admettre l’État de Palestine comme membre à part entière de l’ONU, ce qui implique sa reconnaissance par tous, « comme l’ont déjà fait la grande majorité de ses membres et comme l’Espagne va le faire ». Une position reprise par les Ministres des affaires étrangères de la Colombie et de la Sierra Leone, selon lesquels la fin de la violence et le règlement de la question palestinienne nécessitent la reconnaissance de l’État de Palestine et son admission à l’ONU comme membre de plein droit. 

Pour le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et des expatriés de la Jordanie, accepter la Palestine en tant que membre à part entière de l’ONU est effectivement « le choix à faire pour préserver la justice et rejeter la violence », alors que « les extrémistes du Gouvernement israélien ne font que pousser la région vers la destruction et un chaos catastrophique ».  Dans le même temps, a-t-il préconisé, la communauté internationale doit agir pour permettre à la région d’élaborer un plan permettant d’appliquer la solution des deux États dans un calendrier arrêté.  L’admission de la Palestine permettrait de « réparer par des moyens pacifiques une injustice historique à l’égard de l’aspiration légitime de la Palestine à un État », a soutenu le Chef de la diplomatie du Brésil, non sans rappeler que l’État de Palestine est déjà membre à part entière de diverses organisations régionales et internationales, ainsi que d’entités des Nations Unies, telles que l’UNESCO.

« Le peuple palestinien a le droit légitime à l’autodétermination et à l’exercice de sa souveraineté », a appuyé à son tour la Ministre des affaires étrangères de l’État plurinational de Bolivie, rejointe par son homologue de la République islamique d’Iran, pour qui une « solution globale, juste et permanente » nécessite de créer les conditions d’une réalisation complète du droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination en organisant un référendum parmi tous les résidents palestiniens d’origine, qu’ils soient musulmans, chrétiens ou juifs, avec l’aide des Nations Unies, en vue de l’établissement d’un gouvernement sur la terre historique de Palestine.  Dans l’intervalle, il a appelé le Conseil de sécurité à contraindre le « régime voyou et rebelle d’Israël » à mettre immédiatement fin à la guerre et au génocide à Gaza, et à cesser « tout nouvel aventurisme militaire » contre les intérêts iraniens.  Dans le cas contraire, a-t-il averti, l’Iran « n’hésitera pas un seul instant à exercer son droit inhérent à riposter de manière décisive et appropriée », comme il l’a fait en lançant une attaque « limitée et proportionnée » contre Israël le 1er avril. 

Israël doit être traduit devant la Cour internationale de Justice (CIJ) pour violation de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, a renchéri le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Türkiye, rappelant que le droit international s’applique à tous sans distinction.  Alors que, selon l’ONU, le bilan humain à Gaza est le pire depuis le génocide au Rwanda, Israël continue d’ignorer les résolutions du Conseil, sans que ce dernier réagisse, a-t-il dénoncé, avant d’estimer que la pleine reconnaissance de l’État de Palestine, « correction d’une injustice historique », est « la condition sine qua non de la solution des deux États ».  Sur la même ligne, le Secrétaire général adjoint de la Ligue des États arabes a jugé qu’octroyer le statut d’État Membre à la Palestine rendrait toute négociation entre Israéliens et Palestiniens plus équitable.  « Ce serait une solution pour la paix et non un obstacle, comme le prétendent ceux qui appuient la Puissance occupante », a-t-il fait valoir. 

Face aux horreurs que subit le peuple palestinien, le Conseil de sécurité n’a pas fait son travail et a même échoué à faire appliquer ses propres résolutions, a constaté le Secrétaire principal du Président des Maldives en charge des relations extérieures, pour qui le point de départ d’une solution pérenne repose sur l’adhésion de l’État de Palestine en tant que membre de plein droit de l’ONU.  À ses yeux, le Conseil a l’occasion de « se placer du côté de la justice », ce qui signifie s’opposer à l’occupation et aux colonies illégales, et « dire oui à la reconnaissance de l’État de Palestine ». 

Le Liechtenstein a, pour sa part, estimé que la Palestine remplit « tous les critères de base pour devenir un État en vertu du droit international ».  Un avis partagé par un grand nombre de délégations, notamment par les Émirats arabes unis, qui, à l’instar du Bangladesh, ont dit ne pas comprendre ce qui retient le Conseil de sécurité de répondre favorablement à la demande d’adhésion à part entière de la Palestine, alors qu’une majorité écrasante de l’Assemblée générale s’est prononcée pour et que 140 pays ont déjà reconnu son statut d’État.  Le droit du peuple palestinien à disposer de son propre État totalement indépendant doit être reconnu par tous et son aspiration à devenir membre des Nations Unies doit être soutenue, ont abondé l’Afrique du Sud, l’Arabie saoudite, l’Égypte et le Qatar, ce dernier exigeant en outre un cessez-le-feu « d’un an ou deux » et des pourparlers menant à la création formelle d’un État palestinien sur les frontières de 1967. 

Le Président du Comité pour les droits inaliénables du peuple palestinien a joint sa voix à ce concert de soutiens à la candidature palestinienne, considérant lui aussi que cette « étape cruciale » soutiendrait le droit du peuple palestinien à l’autodétermination et la réalisation de la solution des deux États.  Saluant les efforts continus des pays de l’Union européenne qui envisagent de reconnaître l’État de Palestine, il s’est également félicité de la nomination d’un nouveau Premier Ministre palestinien afin de contribuer à rationaliser les efforts de relèvement et de reconstruction.  Le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Pologne a quant à lui souligné la nécessité d’un dialogue constructif entre Israël, l’Autorité palestinienne et la communauté internationale pour ouvrir la voie à un partenariat propice au règlement du conflit.  Nous devons encourager et soutenir le retour de l’Autorité palestinienne à Gaza, mais avons également besoin d’un « engagement clair de l’Autorité palestinienne pour garantir la sécurité d’Israël », a-t-il dit. 

 

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

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« Honte éternelle » au Conseil de sécurité après le rejet de la demande d’admission de l’État de Palestine à l’ONU

9609e séance – après-midi  
CS/15670

« Honte éternelle » au Conseil de sécurité après le rejet de la demande d’admission de l’État de Palestine à l’ONU

« Honte éternelle », avait prévenu cet après-midi l’Algérie au Conseil de sécurité en craignant que son projet de résolution soit rejeté.  Et ce qu’elle redoutait est arrivé puisque son texte s’est heurté au veto des États-Unis, alors que le Royaume-Uni et la Suisse se sont abstenus.  Le Conseil de sécurité a ainsi rejeté un projet de résolution recommandant que l’État de Palestine devienne membre de l’ONU, malgré le soutien des 12 autres membres.

Avant le vote, le délégué de l’Algérie a présenté ce texte comme une chance de réparer une « injustice historique » faite au peuple palestinien.  Le 8 avril dernier, le Conseil de sécurité avait renvoyé le réexamen de la demande d’admission de l’État de Palestine à son Comité d’admission de nouveaux Membres, qui n’est pas parvenu à une recommandation unanime.

Selon l’Article 4 de la Charte des Nations Unies, l’admission comme membre se fait par décision de l’Assemblée générale sur recommandation du Conseil de sécurité.  La Palestine est pour l’heure État observateur permanent non membre. 

Les États-Unis ont justifié leur veto en expliquant qu’ils appuient vigoureusement le statut d’État de la Palestine dans le contexte d’un accord de paix global qui règlerait de manière permanente le conflit israélo-palestinien. « Il n’y a pas d’autres moyen de garantir la sécurité d’Israël à l’avenir, la dignité du peuple palestinien ou encore de favoriser l’intégration régionale entre Israël et ses voisins. »

Il n’y a pas d’unanimité au sein du Comité d’admission quant aux critères requis pour obtenir le statut d’État, a tranché le délégué.  « Le Hamas a élargi son pouvoir et son influence, ce qui contrevient à ces critères, c’est pourquoi les États-Unis ont voté non. »  Ce vote n’est pas une opposition au statut d’État, mais une affirmation que cela ne pourra provenir que d’une négociation entre les parties, a tranché la délégation.

Israël a, lui, « remercié les États-Unis et plus particulièrement le Président Biden d’être en faveur de la morale et de la vérité face à l’hypocrisie et au jeu politique ».  L’Autorité palestinienne ne répond pas aux plus simples critères pour que la Palestine soit admise en tant qu’État, elle n’a aucun contrôle sur son territoire et de surcroît elle appuie une entité terroriste, a-t-il déclaré.  « Comment pouvez-vous dire que les Palestiniens sont pacifistes alors qu’ils paient des terroristes pour nous massacrer? »

De son côté, le Royaume-Uni a expliqué que la reconnaissance de l’État de Palestine ne doit intervenir ni à la fin ni au début d’un processus.  « Il faut d’abord régler la crise à Gaza et s’assurer que le Hamas n’y gouverne plus et ne soit plus en mesure de lancer des attaques. »  Même son de cloche du côté de la Suisse qui a estimé qu’à l’heure actuelle, cette étape n’est pas propice à la détente et à une solution pacifique au vu de la grande instabilité qui persiste sur le terrain. 

La déception a en revanche dominé les interventions des autres délégations. Pour le Guyana la réponse du Conseil n’a pas été à la hauteur, tandis que la Chine a regretté que le rêve des Palestiniens ne se soit pas réalisé.  Il est erroné de penser qu’il faut plus de temps, a dit le délégué chinois, en disant que l’admission de la Palestine est, au contraire, urgente.  « L’État de Palestine répond aux critères d’admission. »

La Fédération de Russie a regretté que cette journée ne soit pas entrée dans l’Histoire en corrigeant l’injustice historique faite à la Palestine et en répondant aux aspirations légitimes de son peuple « héroïque ».  « Pour la cinquième fois depuis le début de la crise à Gaza, les États-Unis ont démontré leur véritable égard par rapport aux Palestiniens qui ne sont qu’un obstacle sur la voie de la réalisation des intérêts d’Israël. » 

Le délégué russe a rappelé que l’écrasante majorité de la communauté internationale appuie la demande de la Palestine, en pointant l’isolement des États-Unis après ce veto.  La France a jugé essentiel que le Conseil s’engage dans la résolution politique du conflit, tout en renforçant encore son action sur le volet humanitaire.  « C’est pourquoi la France a proposé un projet de résolution abordant tous les volets de la crise », a-t-elle rappelé.

De son côté, l’Algérie a estimé que l’appui remarquable en faveur de la demande d’admission de la Palestine fait passer un message haut et fort: l’État de Palestine mérite d’occuper la place qui lui revient légitimement parmi les membres de l’ONU.  « Nous reviendrons sur la question plus forts et plus déterminés encore, et nous seront appuyés par la majorité écrasante de l’Assemblée générale », a assuré le représentant algérien. 

Une position partagée par le délégué de l’État de Palestine, qui a estimé que le droit des Palestiniens à disposer d’un État est éternel.  « Ce droit ne doit pas être soumis à des manipulations, surtout pas celles d’Israël, Puissance coloniale et génocidaire. »  Il a alerté sur les dangers d’une paix injuste pour la région, sans un règlement pérenne de la question palestinienne, avant d’appeler à la tenue d’une conférence internationale pour la paix. 

Le délégué palestinien a accusé Israël de tout faire pour s’opposer à un État palestinien, pourtant « inévitable », et à la solution des deux États.  « Qui aime la paix et qui est un ennemi de la paix »? a-t-il lancé.  Il a rappelé que l’admission à l’ONU rendrait irréversible la légitimité palestinienne et ferait avancer la paix.  « Le peuple palestinien s’accroche à la vie comme tous les autres peuples au monde, il ne cessera pas d’exister », a conclu le délégué palestinien, les larmes aux yeux.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Instance permanente sur les questions autochtones: réunion de haut niveau pour réitérer l’engagement des États Membres à faire progresser les droits des peuples autochtones

Vingt-troisième session
5e séance plénière – matin
DH/5483

Instance permanente sur les questions autochtones: réunion de haut niveau pour réitérer l’engagement des États Membres à faire progresser les droits des peuples autochtones

L’Instance permanente sur les questions autochtones a poursuivi aujourd’hui sa vingt-troisième session en abordant le point 5 g) de son ordre du jour.  Il s’agit des « dialogues thématiques », notamment sur le financement des travaux et de la participation des peuples autochtones dans les domaines du développement, du climat, de l’environnement et de la biodiversité. 

Dans l’après-midi, l’Instance a tenu une réunion de haut niveau pour marquer le dixième anniversaire de l’adoption du document final de la réunion plénière de haut niveau de l’Assemblée générale, connue sous le nom de Conférence mondiale sur les peuples autochtones.  L’occasion de réitérer l’engagement des États Membres à défendre, promouvoir et faire progresser les droits des peuples autochtones.  Cette réunion était animée par l’experte Sheryl Lightfoot, Rapporteuse du Mécanisme sur les droits des peuples autochtones. 

L’ordre du jour provisoire de la session peut être consulté ici: E/C.19/2024/1

L’Instance a organisé ses travaux pour les deux semaines avec des débats et des dialogues thématiques: cf.  E/C.19/2024/L.1/Rev.1

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse n’a pas pu couvrir cette séance.)

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: l’UNRWA exige une enquête indépendante sur le « mépris flagrant » de l’obligation de protéger les travailleurs et les opérations humanitaires à Gaza

9607e séance – après-midi   
CS/15668

Conseil de sécurité: l’UNRWA exige une enquête indépendante sur le « mépris flagrant » de l’obligation de protéger les travailleurs et les opérations humanitaires à Gaza

Le Commissaire général de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), est venu faire le point, cet après-midi, sur la situation difficile que connaît l’Office qui reste pourtant, selon lui, « l’épine dorsale » des opérations humanitaires à Gaza  et une « force stabilisatrice » dans un Moyen-Orient aux prises avec de profonds bouleversements.  M. Philippe Lazzarini a également dénoncé la campagne « insidieuse », orchestrée par Israël, dans le but de mettre fin aux opérations de l’Office et de le pousser hors du Territoire palestinien occupé, et cela en dépit d’un très large soutien des États Membres à son mandat. 

À Gaza, a-t-il indiqué, les demandes de l’Office pour acheminer de l’aide vers le nord de la bande ont été rejetées à plusieurs reprises, malgré les injonctions de la Cour internationale de Justice (CIJ).  Son personnel est exclu des réunions de coordination entre Israël et les acteurs humanitaires et, « pire encore », ses locaux et son personnel sont pris pour cible, comment en témoignent les 178 membres de son personnel tués depuis le début du conflit.  Le Conseil a d’ailleurs observé une minute de silence en début de séance à la mémoire de tous les travailleurs humanitaires qui ont perdu la vie à Gaza. 

Fort de ce bilan accablant, le Commissaire général de l’Office a exigé une enquête indépendante sur ce « mépris flagrant » de l’obligation de protéger les travailleurs, les opérations et les installations humanitaires, en vertu du droit international. 

Déterminé à accroître l’aide humanitaire à la population de Gaza, le Royaume-Uni a demandé à Israël d’augmenter le flux d’aide et de permettre à l’UNRWA et aux autres agences humanitaires d’opérer en toute sécurité alors que la France a insisté sur l’ouverture de plus de points de passage.  La Fédération de Russie a toutefois estimé qu’en l’absence d’un cessez-le-feu complet et durable, les efforts humanitaires seront voués à l’échec. En effet, a renchéri la Chine, « apporter une aide humanitaire alors que les bombes pleuvent est impossible ». 

La délégation chinoise a par ailleurs condamné les attaques malveillantes visant l’Office en l’absence de tout élément de preuve solide, exhortant elle aussi Israël à mettre fin à sa campagne de diffamation. 

Revenant sur les allégations selon lesquelles 12 membres du personnel de l’Office auraient participé à l’attaque du 7 octobre du Hamas, le Commissaire général a indiqué avoir immédiatement licencié ces personnes, rappelant en outre qu’un Groupe d’examen indépendant, dirigé par Mme Catherine Colonna, a été mis en place pour évaluer la manière dont l’UNRWA respecte le principe de neutralité.  Le rapport final de cet audit externe indépendant doit paraître le 22 avril, alors que son rapport intérimaire a d’ores et déjà été soumis au Secrétaire général ainsi qu’un plan d’action de M. Lazzarini, comme l’a signalé l’Envoyé spécial pour le Moyen-Orient du Japon dont le pays a d’ailleurs levé le gel de son financement de l’Office le 2 avril.  Sur ce point, le Ministre des affaires étrangères de l’Algérie a fait un vibrant plaidoyer pour que les autres donateurs en fasse de même, appelant en outre à financer l’UNRWA à partir du budget ordinaire de l’ONU afin d’assurer la pérennité de ses activités vitales et de couper court aux tentatives israéliennes visant à transférer ses fonctions à d’autres organisations. 

Le Chef de l’Office a regretté que malgré les mesures rapides et décisives prises par l’UNRWA et l’ONU, une part importante de ses donateurs aient suspendu leur soutien financier, en pointant de graves conséquences opérationnelles et la viabilité financière compromise de l’Office.  C’est d’autant plus essentiel qu’aucune autre agence humanitaire ne dispose d’une capacité comparable aux 13 000 membres du personnel de l’UNRWA à Gaza, et ne pourrait la remplacer, comme l’ont fait valoir la Chine, la République de Corée et d’autres membres du Conseil de sécurité.  Pour sa part, M. Lazzarini a souligné qu’il reste fermement engagé à mettre en œuvre les recommandations de l’audit indépendant en vue d’éviter toute violation du principe de neutralité par l’Office.  À ce sujet, Malte et la France ont invité l’Office à se réformer et donner suite aux recommandations de l’audit. 

Tout en rappelant que leur soutien financier est gelé jusqu’en mars 2025, les États-Unis ont indiqué vouloir poursuivre leur collaboration avec l’Office, les autres bailleurs de fonds et les pays hôte, afin que l’UNRWA puisse rester opérationnel tant que cela sera nécessaire. 

Commentant les appels israéliens à la fermeture de l’UNRWA, le Commissaire général a averti que son démantèlement ne ferait qu’aggraver la crise humanitaire et accélérer la famine à Gaza.  À long terme, a-t-il ajouté, la transition d’un cessez-le-feu « à son lendemain » serait compromise par l’incapacité d’une population traumatisée à obtenir des services essentiels, et il serait pratiquement impossible de ramener sur les bancs des écoles les 500 000 enfants qui vivent dans les décombres de Gaza.

« L’Office existe parce qu’une solution politique n’existe toujours pas », a-t- rappelé M. Lazzarini, relevant qu’il existe en lieu et place d’un État capable de fournir des services publics essentiels.  Regardant vers l’avenir, il a espéré qu’en appui à une solution politique durable, l’UNRWA pourra retrouver sa nature temporaire et soutenir une transition limitée dans le temps, jusqu’à ce qu’une administration palestinienne prenne en charge ses services. 

Le Représentant spécial du Président de l’État de Palestine a lui aussi appelé à faire pression sur Israël afin qu’il cesse de prendre pour cible les infrastructures de l’UNRWA, d’entraver la libre circulation des humanitaires et de saper le fonctionnement de l’Office.  En attendant les résultats des enquêtes en cours, le représentant palestinien a imploré les États qui ont suspendu leur financement, de revenir sur leur décision, « car c’est la vie de milliers de Palestiniens qui est en jeu ». 

« Gaza est affamée » et c’est l’œuvre du Gouvernement israélien qui utilise la famine comme arme de guerre, s’est indigné le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et des expatriés de la Jordanie, qui a demandé la tenue de cette réunion.  Une seule agence dispose des connaissances, des capacités et de l’infrastructure nécessaires pour y remédier et il s’agit de l’UNRWA qu’Israël cherche à briser, a-t-il déclaré. 

Affirmant que l’Office est la cible « d’un assassinat politique » depuis des années, le Ministre jordanien a avancé qu’Israël veut tuer l’UNRWA dans le but d’anéantir les droits des réfugiés palestiniens.  Mais « il n’y parviendra pas ».  Le démantèlement de l’UNRWA est une stratégie pour tuer la solution des deux États, et il incombe à la communauté internationale de ne pas aider Israël dans son entreprise destructrice, a renchérit le Liban, un appel largement soutenu par les autres pays arabes qui ont participé à cette séance. 

Depuis la Nakba de 1948, l’UNRWA accompagne les Palestiniens dans cette crise, a souligné le Groupe des États arabes, par la voix de l’Arabie saoudite, qui outre la campagne de diffamation sans précédent dont est l’objet l’Office, a déploré les pressions qui se font aussi ressentir sur les bailleurs de fonds. Alors que les résolutions du Conseil de sécurité exigeant un cessez-le-feu immédiat, que les mesures préliminaires de la CIJ sont restées lettre morte et que le droit international est violé de manière éhontée, « l’UNRWA brille comme une lueur d’espoir pour le peuple palestinien », a abondé le Ministre adjoint des affaires étrangères de la Türkiye.  L’Office, a-t-il dit, n’est rien de moins qu’une responsabilité politique, juridique, humanitaire et morale de la communauté internationale, et cela jusqu’à ce qu’une solution juste basée sur la vision de deux États soit réalisée, un point de vue également défendu par la Syrie et l’Égypte. 

Réfutant ces positions, Israël a accusé l’ONU d’avoir sciemment prolongé le conflit israélo-palestinien en faisant en sorte que les Palestiniens continuent de refuser toute proposition de paix ou toute forme de compromis leur objectif premier étant la destruction d’Israël, a fulminé son représentant.  L’une des armes mises au point par l’Organisation pour prolonger ce conflit est l’UNRWA, utilisé par les Palestiniens comme « arme de guerre » en créant un « océan de réfugiés palestiniens » qui revendiquent leur « soi-disant droit au retour » afin de détruire l’État juif, a-t-il affirmé, accusant l’agence de lavage de cerveau dans ses écoles et d’être infiltrée de terroristes du Hamas, mais surtout de perpétuer le statut de réfugié palestinien, ce qui en fait le chantre de la solution à « un seul État ». 

Mais l’UNRWA n’est pas une fatalité, a-t-il tonné, et il existe des solutions alternatives, notamment d’autres agences de l’ONU ou des ONG.  « Charge à vous de faire que ces solutions l’emportent », a-t-il lancé aux membres du Conseil.  Alors que l’UNRWA nourrit le « projet fou » des Palestiniens, l’heure est venue de le définancer, a-t-il conclu. 


LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Exposé

M. PHILIPPE LAZZARINI, Commissaire général de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), a souligné que l’Office est l’épine dorsale des opérations humanitaires à Gaza et une force stabilisatrice dans un Moyen-Orient secoué par de profonds bouleversements.  Il a dénoncé la campagne « insidieuse » pour mettre fin à ses opérations. 

Il a indiqué que six mois de bombardements incessants et d’un siège impitoyable ont rendu Gaza méconnaissable: les habitations, les écoles et les hôpitaux sont réduits en cendres sous lesquelles gisent d’innombrables corps alors que la famine resserre son étau.  Une famine orchestrée a commencé à s’installer dans le nord de Gaza, où des nourrissons et des enfants commencent à mourir de malnutrition et de déshydratation, alors que de l’autre côté de la frontière, de la nourriture et de l’eau potable attendent.  Or l’UNRWA se voit refuser l’autorisation d’acheminer cette aide et de sauver des vies, malgré les injonctions de la Cour internationale de Justice (CIJ) d’augmenter le flux d’aide vers Gaza, a-t-il dénoncé.

Alors que son mandat est soutenu par une écrasante majorité d’États Membres, l’Office est soumis à d’énormes pressions et à une campagne du Gouvernement israélien pour le sortir du Territoire palestinien occupé.  Nos demandes d’accès au nord sont rejetées, notre personnel est exclu des réunions de coordination entre Israël et les acteurs humanitaires et, « pire encore », nos locaux et notre personnel sont pris pour cible depuis le début de la guerre, a dénoncé le Commissaire général qui a précisé que 178 agents de l’UNRWA ont été tués et que plus de 160 locaux de l’Office ont été détruits ou endommagés, provoquant la mort de plus de 400 personnes.  Il a exigé une enquête indépendante sur ce mépris flagrant de l’obligation de protéger les travailleurs, les opérations et les installations humanitaires, en vertu du droit international. 

Passant à la Cisjordanie occupée, il a indiqué que la situation est très préoccupante avec des attaques quotidiennes des colons israéliens, des incursions militaires et la destruction des habitations et des infrastructures, dans le cadre « d’un système bien huilé de ségrégation et d’oppression ». L’espace opérationnel de l’UNRWA est rétréci par des mesures arbitraires imposées par Israël qui rendent difficiles le fonctionnement et l’accès aux écoles et aux centres de santé de l’UNRWA. En outre, des mesures législatives et administratives visant à expulser l’UNRWA de son siège à Jérusalem-Est et de lui interdire d’exercer ses activités sur le territoire israélien sont en cours d’élaboration alors qu’une campagne en ligne fait usage de faux comptes sur les réseaux sociaux et de faux sites Web pour désinformer l’opinion publique et discréditer l’Office. 

Revenant aux graves allégations formulées en janvier contre des agents de l’UNRWA à Gaza, le Commissaire général a rappelé que les personnes concernées ont été renvoyées et que le Secrétaire général a ordonné une enquête alors qu’un groupe indépendant évalue la manière dont l’UNRWA respecte le principe de neutralité, « un principe fondamental qui guide notre travail ». Toutefois, malgré ces mesures, un grand nombre de donateurs ont suspendu le versement de leurs contributions, a déploré M. Lazzarini qui a assuré qu’il reste fermement engagé à mettre en œuvre les recommandations de l’examen indépendant et à renforcer les garanties existantes contre les violations du principe de neutralité.  Selon lui, les appels à la fermeture de l’UNRWA visent à modifier les paramètres politiques de la paix dans le Territoire palestinien occupé. La communauté internationale a trop longtemps tenté de contenir, plutôt que de régler, le conflit israélo-palestinien. À chaque escalade des tensions, la solution des deux États est brandie « mais ce n’est que du vent » et cela coûte des vies et de l’espoir, a-t-il déploré. 

Il a rappelé que l’UNRWA a été créé il y a 75 ans en tant que mesure provisoire, dans l’attente d’une réponse politique à la question de la Palestine, qualifiant de malhonnête l’idée selon laquelle l’Office perpétuerait délibérément le statut de réfugié.  Si la communauté internationale s’engage réellement en faveur d’une solution politique, l’UNRWA pourrait redevenir temporaire et soutenir une transition jusqu’à ce qu’une administration palestinienne prenne en charge son travail. Le démantèlement de l’UNRWA ne ferait qu’aggraver la crise humanitaire et accélérer la famine.  À long terme, la transition d’un cessez-le-feu « à son lendemain » serait compromise par l’incapacité d’une population traumatisée à obtenir des services essentiels.  Et il serait pratiquement impossible de ramener sur les bancs des écoles les 500 000 enfants qui vivent dans les décombres de Gaza.

Il a appelé le Conseil à préserver le rôle essentiel de l’UNRWA, soulignant que le soutien politique des États Membres doit s’accompagner d’un financement adéquat.  Le Commissaire général a également exhorté le Conseil à s’engager en faveur d’un véritable processus politique respectueux des droits des réfugiés palestiniens et de leur aspiration à une solution juste et durable.  Les blessures profondes ne peuvent être guéries sans empathie et une condamnation de la déshumanisation qui sévit actuellement, a dit M. Lazzarini qui s’est refusé de choisir entre faire preuve de compassion envers les Gazaouites ou les otages israéliens et leurs familles.  Au lieu de cela, nous devons reconnaître que Palestiniens et Israéliens partagent une longue expérience du deuil.  Le Conseil doit contribuer à un avenir pacifique et sûr par une action multilatérale fondée sur des principes et un véritable engagement en faveur de la paix, a-t-il conclu.

 

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

ECOSOC: le forum de la jeunesse se penche sur le financement climatique et la sécurité alimentaire mondiale

Session de 2024 - Forum de la jeunesse
3e séance – après-midi
ECOSOC/7156

ECOSOC: le forum de la jeunesse se penche sur le financement climatique et la sécurité alimentaire mondiale

Au deuxième jour du forum de la jeunesse du Conseil économique et social (ECOSOC), les jeunes délégués et les États Membres ont exploré, dans la matinée, les moyens d’assurer un financement durable de la lutte contre la crise climatique, en mettant l’accent sur l’équité intergénérationnelle.  La seconde séance plénière de la journée portait quant à elle sur l’identification d’actions concrètes permettant de forger des systèmes agroalimentaires résilients. 

Comme l’ont rappelé certains intervenants, le sujet de la première séance plénière de l’après-midi était étroitement lié au thème du forum de cette année, soit le rôle des jeunes dans la poursuite de solutions durables et innovantes afin de renforcer le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et d’éliminer la pauvreté malgré les crises multiformes. 

« Il ne saurait y avoir d’action climatique sans financement », a lancé la jeune boursière pour le climat au Fonds d’investissement pour le climat, Mme Renee Cooper, à l’ouverture du segment « coup de projecteur » qui a précédé la première séance plénière de l’après-midi. À cette fin, elle a souligné la nécessité d’accroître les flux financiers dans la durée, notamment à destination des pays en développement, dans le cadre d’une « transition économique » fondée, entre autres, sur des partenariats entre les organisations jeunesse et le secteur privé.

Financer notre avenir: vers un système de financement climatique solide pour les générations actuelles et futures

Signe de l’importance de la voix des jeunes dans cette réflexion, M. Nnaemeka Phil Eke-Okocha, du Réseau des solutions pour le développement durable (SDSN), a ouvert la séance consacrée au financement climatique en appelant à un « changement systémique » en faveur de la résilience climatique, afin de passer d’un modèle fondé sur la croissance à un autre plus résilient.  Pour y parvenir, il nous faut « révolutionner » l’architecture financière internationale afin de permettre aux pays en développement d’atteindre une croissance équilibrée tout en évitant le surendettement. 

Si le financement climatique requiert, selon Mme Olivia Karp, jeune défenseuse du climat, une approche collective appuyée par les jeunes, Mme Ayisha Siddiqa, du Groupe consultatif de la jeunesse sur les changements climatiques, a noté qu’il n’existe pas de définition agréée de cette notion.  Une telle définition doit selon elle prendre en compte la justice climatique et les communautés vulnérables, et s’opposer à l’évasion fiscale qui prive les sociétés de ressources cruciales à leur développement. 

Pour financer ces actions, Mme Carla Conceição da Graça Lima, analyste à la Banque centrale européenne (BCE), a mis l’emphase sur la complémentarité des financements publics et privés.  Des instruments novateurs tels que les obligations vertes ont le potentiel d’aider les investisseurs à surmonter leurs hésitations afin de progresser vers la mobilisation de ressources permettant de s’attaquer à la crise climatique.  En retour, a-t-elle ajouté, ce financement devrait être dirigé vers les communautés et les pays les plus vulnérables, lesquels sont touchés de façon disproportionnée par les changements climatiques bien que leur contribution à ceux-ci soit négligeable. 

Trop souvent, les pays les plus touchés par les effets des changements climatiques n’ont eux-mêmes qu’une faible empreinte carbone, a renchéri le Malawi.  Or, ce sont précisément ces pays qui manquent des ressources financières, de l’expertise et des infrastructures nécessaires pour réaliser les investissements indispensables au développement durable.  Les jeunes attendent des organisations internationales davantage de soutien à leur action climatique sur le terrain et une coopération transfrontière accrue, selon la représentante de Jeunes Leaders pour les objectifs de développement durable (ODD). 

Gardiens de quelque 80% de la biodiversité mondiale, les peuples autochtones paient néanmoins le plus lourd tribut de la crise climatique, sans contrepartie financière, a appuyé M. Onel Inanadinia Masardule Herrera, militant autochtone pour le climat.  Toute initiative à cet égard devrait selon lui se fonder sur le consentement libre et éclairé préalable des peuples autochtones. Pour la modératrice et doctorante à Cornell University, Mme Maria Teresa Parreira, la surexploitation des ressources constitue un « colonialisme générationnel » qui a pour effet de spolier les générations futures de leurs ressources. 

Loin de n’être qu’un phénomène environnemental, la question climatique concerne aussi les droits humains, a noté l’Irlande.  « Nous ne sommes pas que spectateurs mais aussi acteurs du changement », ajouté son délégué jeunesse, avant d’appeler à son tour à révolutionner le système financier. 

Au nom de la justice intergénérationnelle dans un contexte de « crime climatique », Mme Siddiqa a reconnu que les tribunaux ont un rôle limité à jouer en matière de justice transitionnelle.  Afin de garantir que les initiatives portées par les jeunes soient appuyées par les responsables politiques et les institutions financières, l’analyste à la BCE a misé sur la collaboration entre les différents secteurs de la société, l’autonomisation et la participation des jeunes aux décisions concernant les changements climatiques, ainsi que le renforcement des capacités. 

Pour l’Organisation internationale de droit du développement (IDLO), la justice climatique est capitale afin d’accorder davantage de pouvoir aux personnes et aux communautés afin qu’elles puissent revendiquer leurs droits, en investissant dans des législations centrées sur l’humain et en assurant l’état de droit au nom de l’équité intergénérationnelle. 

« Les secteurs les plus puissants de l’humanité luttent contre la vie sur la planète Terre, et nous sommes des rebelles qui doivent risquer jusqu’à leur vie pour la défendre », a lancé le Vice-Ministre de la jeunesse de la Colombie, en se réclamant d’une « rébellion joyeuse ». 

Inclure les jeunes et les faire participer de manière significative à l’action en faveur d’un avenir plus durable ne consiste pas seulement à s’assurer de leur soutien, mais aussi à leur donner un siège à la table et à amplifier leurs voix, a dit la Slovénie.  « Il s’agit d’une solidarité et d’un dialogue intergénérationnels. »

Nourrir l’avenir: les jeunes et les systèmes alimentaires durables pour tous

Lors d’un événement « coup de projecteur » jeunesse et sécurité alimentaire mondiale, Mme Nikita Bhusal, de YPARD, a rappelé que 600 millions de personnes souffriront d’une insécurité alimentaire chronique en 2030.  L’absence de résilience des systèmes alimentaires est une préoccupation majeure. Elle a souligné l’apport des jeunes à l’examen de cette thématique et avancé quelques recommandations.  Les préoccupations des jeunes sont les suivantes: un revenu durable pour les petits agriculteurs, une bonne qualité de la nourriture, le souhait de systèmes de production agroalimentaire durables.  Pour les jeunes, les premiers exécutants de l’ODD 2 (Faim Zéro) doivent être les gouvernements.  Les jeunes veulent être inclus dans les instances gouvernementales pertinentes et être associés dès la phase de conception des politiques gouvernementales, a-t-elle dit.

La séance plénière intitulée « Nourrir l’avenir: la jeunesse et des systèmes alimentaires durables pour tous » a eu pour objectif de mettre en lumière les meilleures pratiques en ce qui concerne l’application de l’ODD 2.  Les apports des peuples autochtones ont notamment été soulignés.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: débat ministériel sur l’intégration des jeunes de la Méditerranée dans les actions favorisant la sécurité et la paix

9606e séance – matin  
CS/15667

Conseil de sécurité: débat ministériel sur l’intégration des jeunes de la Méditerranée dans les actions favorisant la sécurité et la paix

Un débat ministériel a été mené ce matin au Conseil de sécurité, à l’initiative de Malte, présidente du Conseil ce mois d’avril, sur le « rôle des jeunes face aux problèmes de sécurité en Méditerranée ».  Les intervenants ont été unanimes sur la nécessité de mettre en œuvre les trois résolutions du Conseil exhortant les États Membres à accroître la représentation inclusive des jeunes dans la prise de décisions, en particulier dans une région méditerranéenne où les jeunes représentent 55% de la population.  Parmi les difficultés multiformes affectant la région, la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix a prévenu que si aucune action climatique n’était prise, 19 millions de jeunes deviendraient des migrants climatiques d’ici à 2050. 

Mme Rosemary Dicarlo a d’abord relevé que, malgré les prescriptions de la résolution 2250 (2015), le nombre de jeunes invités à faire un exposé au Conseil a diminué au cours des deux dernières années.  Elle a prié de les intégrer davantage aux discussions sur l’avenir des sociétés, un argument repris tout au long du débat par les délégations, notamment lorsqu’il s’agit de processus de paix.  Le Ministre des affaires étrangères de Malte a lancé un appel en ce sens, pour que les jeunes se voient offrir un espace leur permettant de se manifester en tant que « force positive pour l’édification de sociétés pacifiques et résilientes ». 

Une autre préoccupation majeure au cœur de la séance a été le sort des jeunes qui se lancent dans la périlleuse traversée de la Méditerranée pour fuir les conflits et la pauvreté.  Mme DiCarlo a parlé à ce sujet de « calamité ».  À ces migrations de jeunes s’ajoutent celles causées par les changements climatiques.  « Les jeunes héritent d’une planète en feu », s’est désolée Mme DiCarclo, à l’instar de nombreuses délégations, notamment la Sierra Leone qui a appelé à réduire la vulnérabilité des jeunes aux changements climatiques.

Les actions positives incluant les jeunes et misant sur leurs atouts ont été présentées à tour de rôle par les participants au débat.  Mme DiCarlo a donné l’exemple d’une série de consultations numériques avec les jeunes, de la Libye au Liban, qui ont aidé à mieux comprendre leurs aspirations.  Elle a demandé de créer un espace politique permettant aux jeunes de s’engager dans les initiatives de paix et de sécurité comme dans la mission de l’ONU en Libye qui a lancé, en septembre dernier, l’initiative « Former les futurs leaders libyens ».  La Suisse a, elle, vanté les bienfaits de son projet « Youth for change » mené en Bosnie-Herzégovine. 

Parmi les mesures prises au niveau de l’ONU, la Secrétaire générale adjointe a mis en avant la Stratégie du Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix pour la jeunesse, la paix et la sécurité, qui s’appuie sur l’initiative de promotion de la jeunesse du Fonds du Secrétaire général pour la consolidation de la paix.  Ce fonds a investi, depuis 2016, 128 millions de dollars dans 97 projets en faveur de l’inclusion des jeunes dans plus de 30 pays. 

L’action au niveau régional a en outre été plébiscitée par le groupe EUMED9 (Croatie, France, Grèce, Italie, Malte, Slovénie, Espagne, Portugal et Chypre) pour qui les organisations régionales et sous-régionales ont un rôle indispensable à jouer.  L’Union pour la Méditerranée (UPM), par exemple, a lancé en 2021 une stratégie pour la jeunesse 2030 visant la création d’emplois pour les jeunes, comme l’a rappelé M. Nasser Kamel, son Secrétaire général.  Il a souligné que la mer Méditerranée génère une valeur économique de 450 milliards de dollars par an, ce qui pose des risques pour la stabilité de la région.  L’UPM travaille sur les causes profondes de ces défis, « afin de transformer la région d’un point chaud en un lieu d’espoir pour nos jeunes ».  Les 60 millions de jeunes âgés de 15 à 29 ans de la Méditerranée « méritent un avenir sans injustice, sans violence et sans instabilité », a renchéri Mme Sarra Messaoudi, Cheffe régionale de la coalition MENA pour la jeunesse, la paix et la sécurité. 

Le Ministre des affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger de l’Algérie a évoqué en particulier la crise libyenne et l’agression injuste des territoires palestiniens occupés qui empêchent les jeunes de rêver de pays capables de répondre à leurs aspirations.  Il a en conséquence prôné « une approche collective », en se fondant sur le développement, la prévention et la coopération.  Il faut une « action concertée de la communauté internationale », a aussi plaidé la France en demandant d’agir sur les plans de la sécurité, de la solidarité et du développement.  Elle-même contribue notamment aux démantèlements des réseaux de passeurs et à la formation des garde-côtes afin d’empêcher de nouveaux drames en mer Méditerranée. 

Parmi les autres initiatives régionales, la Secrétaire générale au Ministère des affaires étrangères et européennes de la Slovénie a attiré l’attention sur l’Université euro-méditerranéenne EMUNI, basée dans son pays, qui favorise la collaboration, les partenariats et les initiatives d’engagement dans le sud de la Méditerranée.  Elle a exhorté l’Afrique subsaharienne et la région Méditerranée à privilégier la coordination régionale dans la mise en œuvre du programme relatif aux jeunes, à la paix et à la sécurité. 

Les interventions de beaucoup n’ont pas manqué de mentionner les souffrances de la jeunesse en Israël et à Gaza, en particulier depuis l’attaque du 7 octobre. Le Conseil doit agir à Gaza pour les jeunes, y compris en œuvrant pour la levée du blocus de Gaza, a demandé la Chine, tandis que la délégation américaine a jugé essentielle leur participation au dialogue afin de parvenir à une paix durable, misant sur le dialogue intergénérationnel lors des processus de négociations. 

Toutefois, a tempéré la Fédération de Russie en interprétant la résolution 2250 (2015), les enfants (moins de 18 ans) ne doivent pas être entraînés en politique, sinon ils risquent d’être manipulés.  Elle a aussi fait remarquer qu’au nord et au sud de la Méditerranée, les jeunes ont des possibilités différentes de réaliser leur potentiel.  L’Union européenne veut s’enfermer dans son « « jardin fleuri » et ne veut pas accueillir les migrants du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, a accusé la délégation russe en comparant avec le soutien social qu’elle apporte aux réfugiés d’Ukraine.

Ce débat du Conseil se poursuivra la semaine prochaine.

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES :LE RÔLE DES JEUNES FACE AUX PROBLÈMES DE SÉCURITÉ EN MÉDITERRANÉE S/2024/288

Exposés

Mme ROSEMARY A. DICARLO, Secrétaire général adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a rappelé que la résolution 2250 (2015) exhorte les États Membres à accroître la représentation des jeunes dans les processus de décisions à tous les niveaux.  Le potentiel et l’opportunité de renouveau que représentent les jeunes ainsi que leurs vulnérabilités souvent disproportionnées font qu’ils doivent faire partie des discussions qui façonnent les sociétés.  Dans le sud et l’est de la Méditerranée, les jeunes représentent 55% de la population, a indiqué Mme DiCarlo en rappelant qu’ils avaient participé aux vagues de manifestations de 2011, protestant contre la privation du droit de vote et le manque d’opportunités économiques et d’emplois. Cependant, des réseaux extrémistes ont exploité ces griefs pour attirer les jeunes dans leurs rangs, s’est-elle désolée, notant aussi que les jeunes constituent la majorité de ceux qui se lancent dans la périlleuse traversée de la Méditerranée pour fuir les conflits et la pauvreté.

Elle a rappelé qu’un jeune sur quatre dans le monde est touché par la violence ou les conflits armés et que plus de 90% de tous les décès directs liés aux conflits surviennent chez de jeunes hommes.  Ces chiffres sont confirmés par la calamité qui se déroule dans une partie de la Méditerranée, a observé Mme DiCarlo rappelant que l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre et la guerre à Gaza ont détruit de nombreuses vies de jeunes.  Elle a indiqué que 70% de la population de Gaza a moins de 30 ans, presque tous étant exposés à des niveaux sans précédent de traumatismes, de violence, de maladies et d’insécurité alimentaire.  De plus, toutes les écoles de la bande de Gaza sont fermées, ce qui affecte plus de 625 000 élèves.  Si l’impact de la guerre et de la violence sur les jeunes est bien connu, on ne connait pas suffisamment les nombreuses façons dont les jeunes peuvent rendre la recherche de la paix plus durable et plus efficace, a-t-elle fait remarquer.

La Secrétaire générale adjointe a dit être témoin de l’esprit d’innovation des jeunes dans les missions politiques où les nouvelles technologies ont été déployées pour organiser des consultations numériques avec les jeunes. De la Libye au Liban, ces dialogues ont aidé à mieux comprendre leurs points de vue et leurs aspirations, et à les intégrer dans notre travail.  Il faut créer un espace politique permettant aux jeunes de s’engager dans les initiatives de paix et de sécurité.  Par exemple, a-t-elle déclaré, la mission de l’ONU en Libye a lancé, en septembre dernier, l’initiative « Former les futurs leaders libyens », ce qui a permis à des jeunes femmes d’accéder au Parlement européen pour discuter de l’impact du conflit sur les jeunes en Libye.

Les jeunes héritent d’une planète en feu, a établi Mme DiCarlo reconnaissant que la Méditerranée est particulièrement vulnérable aux changements climatiques avec un rythme de réchauffement de 20% plus rapide que la moyenne mondiale.  La Banque mondiale prévoit que jusqu’à 19 millions de personnes deviendraient des migrants climatiques internes rien qu’en Afrique du Nord d’ici à 2050 si aucune action climatique concrète n’était prise.  Pour autant, les jeunes jouent un rôle de premier plan en influençant, en défendant et en exigeant une plus grande volonté politique et des mesures concrètes pour lutter contre les changements climatiques.  Les jeunes femmes sont souvent à l’avant-garde de ces mouvements, plaidant pour une perspective de genre à toutes les étapes de la politique et de la prise de décision liées aux risques climatiques.

À Chypre, l’ONU a aidé les jeunes de tous bords à s’unir autour de préoccupations communes en matière de durabilité environnementale et à préparer des positions communes pour la COP28 en décembre dernier.  Citant le rapport du Secrétaire général sur la jeunesse et la paix et la sécurité, Mme DiCarlo a souligné les stéréotypes négatifs qui voient les jeunes comme des agents de troubles et de violence, contribuant à leur marginalisation et à leur stigmatisation.

Pour renforcer le rôle des jeunes en tant qu’agents positifs du changement, le Secrétaire général plaide fermement en faveur d’une participation active des jeunes aux processus décisionnels, a fait valoir Mme DiCarlo.  Elle a aussi cité le rapport sur la mobilité humaine du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) selon lequel, en accédant à la formation, à l’éducation et aux opportunités économiques dans d’autres sociétés, les jeunes, en particulier les femmes, peuvent être des agents de changement.  En outre, la Stratégie du Département des affaires politiques et de consolidation de paix pour la jeunesse, la paix et la sécurité s’appuie sur l’Initiative de promotion de la jeunesse du Fonds du Secrétaire général pour la consolidation de la paix. 

Depuis 2016, le Fonds a investi 128 millions de dollars dans 97 projets en faveur de l’inclusion des jeunes dans plus de 30 pays.  Mais il faut un financement plus adéquat, prévisible et durable, a plaidé la Secrétaire générale adjointe qui a aussi souligné le rôle important des organisations régionales dans ce domaine.  Elle a félicité à ce titre la stratégie Jeunesse 2030 de l’Union pour la Méditerranée, qui soutient les opportunités d’emploi pour les jeunes dans le sud de la Méditerranée.  « Investir dans la jeunesse, c’est investir dans la paix », a conclu Mme DiCarlo rappelant que dans son troisième rapport de mise en œuvre de la résolution 2250 (2015), le Secrétaire général a noté la diminution du nombre des représentants des jeunes présentant un exposé au Conseil au cours des deux dernières années.  Le Conseil doit créer davantage d’opportunités pour les jeunes et défendre le programme jeunesse et paix et sécurité, qui est essentiel pour la région méditerranéenne et au-delà.

M. NASSER KAMEL, Secrétaire général de l’Union pour la Méditerranée (UPM), a fait remarquer que la mer Méditerranée, qui est à la croisée de trois continents, exerce une influence particulière à l’échelle mondiale puisqu’elle représente un quart du commerce maritime international, abrite environ 11% de toutes les espèces marines et génère une valeur économique de 450 milliards de dollars par an, soit environ 20% du PIB mondial annuel.  C’est aussi un point névralgique de nombreux défis qui posent des risques à plusieurs niveaux pour notre paix, notre sécurité et notre stabilité, notamment pour nos jeunes générations, a-t-il ajouté, assurant que l’UPM, en tant que seule organisation intergouvernementale à l’échelle régionale, a compris l’intérêt de travailler sur les causes profondes de ces défis, « afin de transformer la région d’un point chaud en un lieu d’espoir pour nos jeunes ». 

De l’avis de M. Kamel, le principal défi auquel la région est confrontée est celui des changements climatiques.  Il a rappelé à cet égard les conclusions du tout premier rapport d’évaluation méditerranéen sur ce phénomène, préparé par MedECC, un réseau indépendant d’environ 190 scientifiques et experts de 25 pays qui travaillent en étroite collaboration avec le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et avec le soutien de l’UPM.  Il en ressort que le bassin méditerranéen se réchauffe 20% plus vite que le reste du monde, à tel point qu’au rythme actuel, les températures régionales augmenteront de 2,2% d’ici à 2040 et de 6,8% d’ici à 2100.  Aujourd’hui, a-t-il souligné, ces températures sont déjà supérieures de 1,5% aux niveaux préindustriels et la pénurie d’eau est devenue l’image la plus communément associée à cette urgence dans une grande partie de la Méditerranée. Avec une population en croissance rapide et plus de 180 millions de personnes touchées par la pauvreté en eau, cela constitue une menace directe pour notre sécurité et notre stabilité régionales, a alerté le Secrétaire général de l’UPM, avant d’appeler à des politiques d’adaptation au climat qui soient liées à la justice, à l’équité, à la réduction de la pauvreté, à l’inclusion sociale et à la redistribution. 

Notant que la population du sud et de l’est de la Méditerranée est de 14 ans plus jeune que celle du nord et que 50% de la population régionale est âgée de moins de 24 ans, M. Kamel a constaté que ces jeunes connaissent des taux de chômage parmi les plus élevés au monde.  Plutôt que de désespérer, il importe selon lui d’attirer l’attention sur la Méditerranée, « non seulement comme un foyer de défis mondiaux, mais aussi comme un laboratoire de solutions ».  À cette fin, l’UPM travaille non seulement pour les jeunes, mais aussi avec eux, afin qu’ils puissent construire un avenir plus inclusif et durable, a-t-il expliqué, rappelant que l’organisation a lancé en 2021 une stratégie pour la jeunesse 2030, avec un appel à l’action construit en partenariat avec les jeunes de la région et reposant sur trois piliers: l’environnement et l’action climatique; l’éducation et l’emploi; et l’inclusion et la participation sociales - le tout dans une perspective transversale de genre. Il s’agit, a-t-il précisé, de contribuer à la création d’emplois pour les jeunes, de renforcer leurs capacités et de mieux les inclure dans les processus de prise de décision, dans les étapes initiales comme dans les phases de suivi et de contrôle.  « Leur enthousiasme et leur capacité à influencer les décisions constituent une ressource que nous ne pouvons plus nous permettre de négliger », a-t-il conclu. 

Mme SARRA MESSAOUDI, Cheffe régionale de la coalition MENA pour la jeunesse, la paix et la sécurité, a évoqué la situation des 60 millions de jeunes âgés de 15 à 29 ans de la Méditerranée, « une population de jeunes qui mérite un avenir sans injustice, sans violence et sans instabilité ».  Elle a identifié cinq défis clefs en ce qui les concerne.  Premièrement, l’espace civique des jeunes est attaqué et ils ont des besoins de protection croissants.  C’est pourquoi les jeunes se rassemblent sous forme de mouvements, de réseaux et coalitions, créant des plateformes pour se connecter, collaborer et mettre sur pied un espace sûr de solidarité et de soutien. 

Deuxièmement, les jeunes sont confrontés à des obstacles systématiques face à leur envie de participation aux processus politiques, de paix et de sécurité. Elle a appelé à un partenariat intergénérationnel et multi-acteurs.  Elle a aussi recommandé la tenue d’un débat public du Conseil de sécurité pour discuter du rapport du Secrétaire général de l’ONU sur la jeunesse, la paix et la sécurité qui est publié tous les deux ans.  Cet agenda doit être intégré dans tous les domaines de travail du Conseil, et il conviendrait de créer un groupe d’experts du Conseil sur la jeunesse, la paix et la sécurité pour soutenir ses efforts et connecter les jeunes aux travaux de l’organe.

Troisièmement, Mme Messaoudi a souligné que le défi de la mobilité dans la région méditerranéenne empêche les jeunes d’atteindre leur plein potentiel. De même, les jeunes qui doivent traverser la route migratoire la plus meurtrière du monde manquent de systèmes de soutien social adéquat.  Elle a souhaité que la Méditerranée soit « une mer d’espoir et d’opportunités pour les jeunes du monde »; une mer où les politiques migratoires sont fondées sur le respect des droits de l’homme et de la dignité humaine. « Nous voulons que la mer Méditerranée soit une mer de paix, et non pas une mer de mort », a—t-elle déclaré. 

Quatrièmement, elle a parlé du besoin urgent de faire face aux risques de sécurité en rapport au climat, en particulier avec la hausse de températures et les inondations qui ont marqué la Méditerranée en 2023.  En Palestine par exemple, la lutte consiste à sauver ce qui reste des terres agricoles du réseau des colonies illégales.  La cinquième question urgente est celle du financement de la prévention et de la consolidation de la paix, a-t-elle argué, notant que la préférence est donnée à l’action humanitaire avec peu d’investissement dans les efforts de prévention et de consolidation de la paix.  Dans ce contexte, les jeunes explorent des moyens innovants de financer leurs efforts, tels que les investissements du secteur privé et la philanthropie communautaire. 

Nous nous demandons pourquoi les gouvernements choisissent d’investir dans des guerres et des armes qui tuent, a-t-elle lancé, avant de s’interroger sur l’imposition aux jeunes d’accords de paix qu’ils n’ont pas façonnés, et qui ne parviennent pas à répondre à leurs attentes.  Selon Mme Messaoudi, les jeunes artisans de la paix ne peuvent plus être qualifiés de « trop radicaux » ou de « trop militants ».  Elle a rappelé qu’il y a 13 ans, lors du Printemps arabe, il y avait un énorme mouvement en faveur des droits humains. Nous sommes prêts à construire et à maintenir un mouvement pour la paix, parce que pour nous, la révolution n’a pas pris fin, mais elle continue sous plusieurs formes, a-t-elle conclu. 

Déclarations

M. IAN BORG, Ministre des affaires étrangères de Malte, a estimé que la complexité des défis sécuritaires en mer Méditerranée nécessite une approche globale pour les résoudre et remédier efficacement à leurs causes profondes.  Il a prôné une coopération étroite entre les pays de la région, notamment par le biais des organisations régionales et sous-régionales, pour créer les conditions idoines au renforcement des initiatives conjointes, sachant que la société civile a également un rôle clef à jouer à cet égard.  Ces initiatives doivent inclure la résolution et la prévention des conflits, l’aide humanitaire, la coopération au développement et les solutions durables, a précisé le Chef de la diplomatie maltaise.  Elles doivent également prévoir la lutte contre la désinformation, qui peut avoir de graves répercussions en termes d’érosion de la confiance, de propagation de discours clivants et d’affaiblissement des institutions et des processus démocratiques.  Par ailleurs, a précisé M. Borg, compte tenu de l’extrême sensibilité de la Méditerranée aux changements climatiques, des mesures d’adaptation et d’atténuation doivent être envisagées conjointement. 

Alors que la région méditerranéenne compte également l’une des populations les plus jeunes au monde, avec une personne sur trois âgée de moins de 25 ans, cette catégorie de la population est inexplicablement exclue des processus de prise de décision, s’est-il désolé.  Cela les empêche d’accéder au soutien nécessaire pour leurs initiatives de prévention des conflits et de consolidation de la paix. Le Ministre s’est aussi soucié des jeunes victimes de stéréotype et de discrimination, car ils sont parfois perçus uniquement comme des fauteurs de troubles ou prompts à l’extrémisme violent et à la radicalisation.  De plus, de nombreux jeunes ont encore du mal à exercer leurs droits fondamentaux à une éducation de qualité, à des soins de santé et à un travail décent, sans parler des risques qui pèsent sur eux dans les situations de conflit, en particulier s’agissant des filles et des jeunes femmes.  Aussi, des mesures décisives sont-elles nécessaires pour inverser ces tendances, a déclaré M. Borg.

Notant que les jeunes sont à l’origine d’un changement positif en matière de paix et de sécurité en Méditerranée, il s’est réjoui que, selon le troisième rapport du Secrétaire général sur la jeunesse, la paix et la sécurité, des progrès ont été réalisés dans plusieurs piliers soutenant la participation significative des jeunes aux questions de paix et de sécurité. Cependant, malgré l’adoption de trois résolutions du Conseil de sécurité, la mise en œuvre effective reste lente, a regretté le Ministre.  Il a recommandé d’en faire davantage pour offrir aux jeunes un espace leur permettant de se manifester en tant que force positive pour l’édification de sociétés pacifiques et résilientes.  Ce point à son ordre du jour devrait être discuté plus fréquemment et les jeunes intervenants être invités davantage, a-t-il ajouté avant de suggérer aussi d’intégrer les éléments jeunes, paix et sécurité dans le renouvellement des mandats des missions de maintien de la paix et des missions politiques spéciales des Nations Unies, ainsi que des équipes de pays des Nations Unies et des coordonnateurs résidents.  Dans le cadre de ces efforts, le Conseil devrait collaborer étroitement avec le Bureau de la jeunesse nouvellement créé et le nouveau Sous-Secrétaire général pour la jeunesse afin de garantir la réactivité aux questions liées à la jeunesse dans l’ensemble de l’architecture de paix et de sécurité. 

M. AHMED ATTAF, Ministre des affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger de l’Algérie, a commencé par rappeler que la région méditerranéenne n’a pas été épargnée par les crises et les conflits, évoquant la crise libyenne qui se prolonge en raison des nombreuses divisions et des « ingérences étrangères qui peuvent être considérées comme le principale obstacle sur la voie de la paix ».  Il a parlé également de l’agression injuste des territoires palestiniens occupés qui dure depuis plus de six mois et qui empêche les jeunes de rêver d’un pays capable de répondre à leurs aspirations. 

Le bassin méditerranéen est à un carrefour de civilisation, a poursuivi le Ministre en regrettant qu’il soit l’épicentre de nombreuses crises, citant le terrorisme, les changements climatiques et la migration illégale parmi les défis actuels.  Dans ce contexte, il a misé sur les jeunes qui, s’ils sont les principales victimes de l’insécurité, sont ceux en qui réside la solution.  Il a prôné une approche collective à la mesure des ambitions et des attentes des jeunes.  Il a recommandé pour cela d’adopter une approche fondée sur le développement et sur la prévention, en privilégiant une culture de la paix et de la tolérance. Une approche fondée également sur la coopération, en tenant compte des deux rives de la Méditerranée, et sur le droit international, en mettant fin à l’occupation de territoires comme le Territoire palestinien occupé ou le Sahara occidental, à l’abri de toute ingérence étrangère.  Il a souligné que les pays de la Méditerranée méridionale sont particulièrement touchés par ces problèmes, a-t-il noté.

Le Ministre a voulu également une approche fondée sur les principes de bon voisinage, demandant à tous les pays de la région de s’y engager.  Il a souligné que certains cherchent à inonder les populations de drogues, une arme meurtrière visant les jeunes.  Pour ce qui concerne l’Algérie, il a dit qu’elle a présenté une résolution à l’Assemblée générale sur la paix en Méditerranée pour contribuer à ces approches.  Le Ministre a assuré ne pas avoir ménagé ses efforts pour promouvoir le règlement pacifique des conflits et le développement dans la région. L’Algérie continue de participer au développement des ressources humaines africaines, avec des bourses d’enseignement supérieur notamment.  Il a aussi témoigné de son engagement dans la lutte contre les changements climatiques, notamment avec une coopération avec l’Allemagne.

Mme RENATA CVELBAR BEK, Secrétaire générale au Ministère des affaires étrangères et européennes de la Slovénie a estimé que la participation des jeunes est essentielle pour relever les défis sécuritaires.  Il faut garantir leur engagement politique et civique et renforcer leur participation à la vie économique, culturelle et politique, y compris à la prise de décision et aux processus électoraux.  Les jeunes ont également besoin d’avoir accès à la protection sociale et à des possibilités d’intégration sur le marché du travail. Elle a attiré l’attention sur l’importance de l’Université euro-méditerranéenne EMUNI, basée en Slovénie et créée par l’Union pour la Méditerranée, dont les travaux, a-t-elle affirmé, permettront de favoriser davantage la collaboration, les partenariats et les initiatives d’engagement dans le sud de la Méditerranée. 

Notant par ailleurs que l’Afrique subsaharienne et la Méditerranée sont confrontées à des défis comparables en matière de paix et de sécurité et partagent un vaste potentiel inexploité des jeunes, elle a conseillé aux deux régions de privilégier la coordination régionale dans la mise en œuvre du programme relatif aux jeunes, à la paix et à la sécurité.  Elle a également insisté sur l’importance d’une participation pleine, efficace et significative des jeunes à l’action climatique.  L’avenir appartient aux jeunes.  Ils doivent donc avoir leur mot à dire pour le façonner, a-t-elle souligné. 

Le représentant de la République de Corée a estimé que la région de la Méditerranée, qui relie trois continents, est un exemple de l’intersection des défis actuels en matière de sécurité, d’extrémisme violent, d’insécurité alimentaire et de changements climatiques.  À ses yeux, les jeunes de cette région sont des agents du changement, comme le sont leurs contemporains d’autres régions, dont le rôle est essentiel pour façonner notre avenir collectif.  C’est particulièrement le cas dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération, a-t-il souligné, estimant que les jeunes ont le potentiel de faire du monde un endroit plus sûr. 

S’agissant de la problématique « climat, paix et sécurité », le représentant a dit voir dans la jeunesse une « force motrice » dans l’engagement en matière de riposte mondiale aux changements climatiques et à leurs effets.  Si les jeunes de la Méditerranée sont engagés face à l’élévation du niveau de la mer, aux migrations forcées et aux pénuries d’eau, ceux du Nord-Est de l’Asie se mobilisent pour promouvoir la coopération en matière d’action climatique, a-t-il relevé, signalant l’initiative menée par de jeunes défenseurs de la paix de Mongolie, du Japon, de Chine et de République de Corée pour créer un conseil de la jeunesse dans le domaine climatique.  Enfin, après s’être réjoui que l’adoption de la résolution 2250 (2015) par le Conseil de sécurité ait mené au programme sur la jeunesse, la paix et la sécurité, il a réaffirmé l’engagement de son pays à renforcer cette dimension à l’ONU et dans ses politiques nationales. 

La représentante de la Suisse a constaté que trop de jeunes en Méditerranée portent aujourd’hui le triple fardeau des conflits, de la marginalisation et de l’insécurité économique.  Elle a expliqué que ce fardeau les pousse à perdre la confiance dans les institutions étatiques, et à emprunter des routes migratoires dangereuses, comme c’est le cas en Bosnie-Herzégovine, en Syrie ou encore en Libye.  Et ce fardeau risque de s’alourdir à mesure que s’accentuent les effets des changements climatiques, qui à leur tour accentuent les inégalités et la pauvreté, a mis en garde la déléguée.  Il est donc dans l’intérêt de toute la région et au-delà de soutenir les jeunes de la Méditerranée dans le développement de leurs compétences économiques et sociales, a-t-elle estimé en indiquant que la Suisse le fait notamment à travers son projet « Youth for change » en Bosnie-Herzégovine. 

Mais si l’autonomisation est nécessaire, elle n’est pas suffisante. Il s’agit également de valoriser les jeunes en tant qu’actrices et acteurs du changement, a encore fait valoir la représentante qui a appelé à considérer leur dynamisme comme une chance pour la paix et le développement durable et non comme un danger.  Il faut lever les obstacles à la participation des jeunes et les encourager dans leur engagement, plutôt que d’assécher leurs idées avant même qu’elles ne germent, a-t-elle martelé.  Appelant à passer de la parole aux actes, elle a signalé que les agendas « Jeunesse, paix et sécurité » et « Femmes, paix et sécurité » montrent des pistes pour renforcer réellement la participation, « si la volonté politique est là ».

Le représentant de la Sierra Leone a jugé fondamental de garantir une participation significative des jeunes aux processus de prise de décision à tous les niveaux, en particulier s’agissant des situations de conflit. Cependant, de nombreux facteurs entravent encore leur participation aux efforts de paix et de sécurité, tels que le déplacement, l’exclusion politique et le manque d’opportunités d’éducation et d’emploi.  Nous devrions donc soutenir la participation des jeunes aux efforts de consolidation de la paix, notamment en renforçant leurs capacités et en garantissant la fourniture de ressources adéquates pour de telles initiatives, a suggéré le délégué. La communauté internationale doit également selon lui s’engager à intensifier son action et son soutien, à travers le développement, le transfert volontaire et le déploiement de technologies selon des conditions mutuellement convenues et le renforcement des capacités, conformément aux engagements existants visant à renforcer la capacité d’adaptation des pays de la région et de réduire leur vulnérabilité aux changements climatiques.

Les jeunes doivent jouer un rôle significatif dans tout cela, a estimé le représentant en faisant valoir que les jeunes contribuent positivement à la prévention des conflits, à la paix, à la sécurité et au développement national. Le représentant a apporté son soutien à un cadre de développement inclusif qui responsabilise les jeunes, en leur fournissant une plateforme pour partager leurs points de vue et s’engager dans des discussions et des actions sur les conflits, la sécurité et le développement socioéconomique.  Il a également mis l’accent sur une approche qui englobe les perspectives variées des jeunes sur le développement de solutions et de connexions durables et innovantes entre les générations, les secteurs et les zones géographiques.  Les stratégies en cours d’élaboration, qui seront mises en œuvre notamment par les agences de l’ONU, devraient donc faire appel aux connaissances et à l’expertise des jeunes, a-t-il recommandé en misant aussi sur l’éducation.

Le représentant de l’Équateur a rappelé que selon les données de l’ONU, environ 15% des migrants internationaux sont des jeunes, dont 70% sont des femmes.  Il a appelé à s’attaquer aux causes profondes de ce phénomène, avant de s’inquiéter de l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication pour recruter et inciter les jeunes à la violence.  Le représentant a également insisté sur l’importance d’associer les jeunes aux solutions à apporter à la question cruciale des changements climatiques.  Ces points devraient, selon lui, guider la conception des programmes de coopération au développement des institutions financières qui, a-t-il ajouté, exigent des pays développés qu’ils respectent leurs engagements en matière d’aide publique au développement. 

En outre, le délégué a plaidé pour une participation des jeunes à la fois substantielle et sensible au genre dans tous les domaines, y compris les processus de consolidation de la paix; au renforcement des institutions qui garantissent la responsabilité et la justice; et à la mise en place d’une approche axée sur la prévention, la promotion et la protection des droits humains et des libertés fondamentales.

Le représentant du Japon a noté que la Méditerranée est une région tourmentée, évoquant notamment les naufrages de navires transportant des réfugiés, des migrants et des demandeurs d’asile, et la présence de réseaux transcontinentaux de trafic de migrants.  Pour éviter que les jeunes ne perdent l’espoir dans un avenir prospère et ne soient pas la cible de l’extrémisme violent et de la criminalité, il est impératif d’adopter une approche globale fondée sur l’appropriation nationale, l’autonomisation des jeunes, et la lutte contre les causes profondes de la pauvreté, a-t-il affirmé. 

Il a relevé qu’en Méditerranée, les partenariats internationaux sont renforcés par une coopération multiforme entre l’Union africaine, l’Union européenne et la Ligue des États arabes.  Il a appelé les organismes de l’ONU à renforcer davantage ces partenariats afin d’aider les pays de la région à garantir la participation pleine, sûre et significative des jeunes aux espaces politiques et sociaux.  Pour mieux se préparer aux catastrophes naturelles, le représentant a jugé impératif de bâtir des institutions fiables et compétentes qui reflètent les voix et les besoins des femmes et des jeunes.

La représentante de la France a fait observer que la Méditerranée concentre des défis multiples sur le plan sécuritaire, humanitaire et climatique, qui requièrent une action concertée de la communauté internationale alliant sécurité, solidarité et développement.  Ils appellent aussi à une solidarité accrue avec les pays voisins des zones de conflit, qui sont en première ligne face aux déplacements de population, a-t-elle affirmé, relevant que la France apporte un soutien important à ces pays à travers l’aide publique au développement en étant le quatrième donateur mondial en 2023.  De plus, face à la situation préoccupante des migrants, réfugiés et demandeurs d’asile en Méditerranée, la France contribue aux efforts de démantèlement des passeurs et de formation des garde-côtes afin d’empêcher de nouveaux drames en mer, a ajouté la déléguée, avant de souligner le rôle essentiel des jeunes pour parvenir à des solutions durables aux crises qui secouent la région euro-méditerranéenne. Appelant à ce qu’ils soient pleinement associés et représentés dans les processus politiques, elle s’est félicitée des efforts déployés dans ce sens par les Nations Unies.  Elle a également réitéré l’appel de la France à la libération immédiate et sans condition des otages enlevés par le Hamas le 7 octobre, dont plus de 40 jeunes, ainsi qu’à un cessez-le-feu immédiat et à un accès humanitaire complet et sans entrave à Gaza, où plus de 33 200 civils palestiniens ont été tués, dont de nombreux jeunes et enfants.

« Les enfants et les jeunes, qui représentent aujourd’hui près de 60% de la population du bassin méditerranéen, sont notre avenir », a poursuivi la représentante, avant de déplorer qu’ils restent largement exclus des processus décisionnels, des institutions politiques et du marché du travail.  Face à ce constat, la communauté internationale doit renforcer son engagement envers la jeunesse, a-t-elle plaidé, prenant pour exemple le Forum coorganisé en 2020 par la France, le Mexique et ONU-Femmes à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de la quatrième Conférence mondiale des Nations Unies sur les droits des femmes.  En outre, a-t-elle encore rappelé, à travers la résolution 2535 (2020) du Conseil de sécurité, la France et la République dominicaine ont appelé le Secrétaire général à publier un rapport biannuel consacré au programme sur les jeunes et la paix et la sécurité afin de s’assurer qu’il reste une priorité pour les États. 

Le représentant de la Chine a estimé que la question la plus pressante de la Méditerranée est le conflit à Gaza qui a déjà fait près de 40 000 morts. Il faut donc que le Conseil agisse à Gaza pour les jeunes, y compris en œuvrant pour la levée du blocus de Gaza, a-t-il réclamé.  Il a aussi évoqué la situation dramatique des réfugiés et migrants en Méditerranée. Personne ne souhaite partir de chez soi, c’est pourquoi il faut que les pays développés intensifient leur aide aux pays en développement, a-t-il indiqué.  En outre, il faut éradiquer le terrorisme, a estimé le délégué en rappelant que les groupes terroristes comme Daech enrôlent de nombreux jeunes de la région. Comme le terrorisme ne peut pas être éliminé seulement par les armes, il faut investir dans le développement durable des pays du Sud et briser le cercle de la pauvreté qui alimente le terrorisme, a plaidé le délégué. 

Étant donné que la Méditerranée connecte trois continents -l’Afrique, l’Europe et l’Asie- le représentant a mis en avant son rôle pour renforcer la coexistence pacifique.  Il a recommandé de favoriser le dialogue entre civilisations, appelant les pays de la Méditerranée à travailler à cette fin.  À son avis, les jeunes de la région doivent jouer un rôle de chef de file pour la coopération à cet effet. 

Le représentant de la Fédération de Russie a indiqué que la résolution 2250 (2015) stipule que la participation politique commence à 18 ans. Il ne faut pas entraîner les enfants dans la politique en les privant de leur enfance sinon ils risquent d’être manipulés par des groupes politiques, a-t-il averti.  De même, les tentatives visant à mettre sur un pied d’égalité les droits des ONG, des jeunes et des États sont contre-productives, a-t-il estimé. Il faut se focaliser sur les problèmes réels auxquels les jeunes sont confrontés.  Pour le représentant, les jeunes du Nord et ceux des pays du Sud ont des possibilités différentes de réaliser leur potentiel.  La Méditerranée en est une parfaite illustration avec d’un côté une Europe prospère, un « jardin fleuri », et de l’autre, une région qui est secouée par des conflits et l’instabilité.  La Libye ne s’est pas encore remise des conséquences dévastatrices de l’intervention occidentale et Gaza est en proie aux flammes, a pointé le délégué. 

Le délégué a relevé qu’un grand nombre de jeunes du littoral sud de la Méditerranée sont privés du droit à un avenir prospère, qui est garanti à ceux qui sont nés du côté nord, et tentent de surmonter cela en traversant la mer Méditerranée au péril de leur vie.  Mais l’Union européenne veut s’enfermer dans son « jardin fleuri » et ne veut pas accueillir les migrants du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, alors qu’elle accorde un soutien social aux réfugiés d’Ukraine, s’est-il offusqué. Selon lui, les jeunes ne veulent plus un monde unipolaire, et sont déterminés à construire un nouvel ordre mondial juste basé sur la coopération, l’égalité et le respect mutuel.  C’est pour cette raison que la Fédération de Russie poursuivra le Festival mondial de la jeunesse.  Il a également indiqué que les universités russes accueillent chaque année environ un million d’étudiants de différents pays, y compris de la région méditerranéenne. 

La représentante du Guyana a déclaré que l’adoption de la résolution 2250 (2015) sur la jeunesse, la paix et la sécurité a marqué un tournant important dans la perception du rôle des jeunes, qui sont passés du statut de victimes ou d’auteurs de violences à celui d’agents positifs de changement. Elle a notamment estimé que les jeunes sont en première ligne pour plaider en faveur de l’action climatique, notant que la Méditerranée est l’une des régions du monde les plus vulnérables aux risques climatiques.  Alors que nous préparons le Sommet de l’avenir, nous devons placer les changements climatiques au centre de nos préoccupations en tant que multiplicateur de risques dans les situations de conflit, a-t-elle dit.  Elle a noté que face à la sécheresse, aux déplacements et à l’insécurité alimentaire chronique, des groupes extrémistes capitalisent sur les griefs et la vulnérabilité des jeunes pour favoriser le recrutement et la radicalisation.  Des mesures ciblées doivent être prises pour offrir des opportunités et renforcer la résilience des jeunes et des plus vulnérables afin de résister à ces défis, a-t-elle souhaité, citant notamment l’accès à l’éducation, à la science et à la technologie.  De même, la participation significative des jeunes aux processus de paix et aux décisions peut instaurer la confiance et briser les cycles de violence, aboutissant ainsi à des résultats positifs et durables.

La représentante du Royaume-Uni a estimé que la réalisation d’une paix durable nécessite d’adopter une approche à l’échelle de l’ensemble de la société. Sans les points de vue diversifiés qu’offrent les jeunes et les groupes marginalisés, nous aurons du mal à bâtir des sociétés pacifiques, prospères et stables, a-t-elle fait valoir, avant de souligner le rôle crucial que joue le Fonds pour la consolidation de la paix pour promouvoir le rôle des jeunes en tant qu’agents de la paix.  Après avoir signalé que le Royaume-Uni a versé plus de 35 millions de dollars à ce Fonds depuis 2020, elle s’est réjouie de la mise en œuvre du plan d’action stratégique de la Commission de la consolidation de la paix, qui comprend une réunion annuelle sur les jeunes et la paix et la sécurité.  La représentante a ensuite constaté que les jeunes, en particulier les jeunes femmes et les filles, sont frappés de manière disproportionnée par les effets des changements climatiques, lesquels sont exacerbés par les inégalités existantes. Toutefois, a-t-elle salué, ces mêmes jeunes sont des agents essentiels de la riposte contre ces défis. 

Dans la région de la Méditerranée, a-t-elle poursuivi sur ce sujet, les vagues de chaleur, les inondations, le stress hydrique et les tempêtes de sable mettent en péril la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance, ce qui influe directement sur la migration.  Face à ces phénomènes, il importe selon elle de reconnaître le rôle que jouent les jeunes dans la fourniture de solutions d’adaptation, qui donnent des possibilités de subsistance durable aux populations touchées afin qu’elles ne migrent pas.  Enfin, rappelant que des millions de jeunes vivent avec les effets de conflits qu’ils n’ont pas déclenchés, elle a souhaité qu’ils puissent participer aux décisions qui concernant leur avenir, y compris au sein du Conseil de sécurité.  Celui-ci doit maintenant traduire ses engagements en actes en renforçant l’inclusion des jeunes dans les processus de prévention des conflits et de médiation, a conclu la déléguée. 

Le représentant du Mozambique a salué la stratégie de l’Union pour la Méditerranée (UPM) axée sur la confiance, l’autonomisation des jeunes et le développement durable, jugeant qu’elle offre une voie vers la paix et la sécurité.  En effet, a-t-il relevé, elle envisage une Méditerranée où les jeunes façonnent activement leur avenir et contribuent à une société prospère et inclusive.  À ses yeux, c’est en développant le potentiel des jeunes leaders que nous pouvons conduire des transformations positives dans les paysages politiques, économiques et sociaux.  Cela vaut également dans le domaine de la paix et de sécurité, a-t-il ajouté, appelant de ses vœux un financement adéquat du programme relatif aux jeunes et à la paix et à la sécurité, cadre essentiel pour promouvoir l’engagement actif des jeunes dans la prévention des conflits, la consolidation de la paix et le relèvement postconflit. 

Dans cette même optique, le Conseil de sécurité peut, selon lui, faire progresser la paix et la sécurité en Méditerranée et au-delà, en intégrant les perspectives des jeunes et en favorisant leur participation, à l’image du Cadre continental pour la jeunesse, la paix et la sécurité créé par l’Union africaine (UA).  Il a estimé à cet égard que le partenariat fructueux existant entre le Conseil de sécurité de l’ONU et le Conseil de paix et de sécurité de l’UA pourrait être reproduit, dans la mesure du possible, avec l’UPM afin de permettre aux jeunes de participer à la prévention des conflits, à la consolidation de la paix, à la justice postconflit et à la justice transitionnelle dans la région. 

La représentante des États-Unis a suggéré d’ajouter des libellés dans le mandat des missions de la paix et des missions politiques spéciales en rapport à la jeunesse et la paix et la sécurité, comme cela se voit déjà avec les libellés relatifs aux femmes.  Elle s’est inquiétée pour les jeunes de la Méditerranée qui font aujourd’hui face à des traumatismes.  Elle a mentionné notamment les jeunes en Israël et à Gaza qui sont durement affectés par les conflits, jugeant essentielle leur participation au dialogue afin de parvenir à une paix durable. 

Lorsque les jeunes jouent des percussions, les anciens peuvent également danser, a visualisé la représentante américaine en parodiant un proverbe congolais. Elle a fait valoir que les missions de maintien de la paix jouent un rôle essentiel pour impliquer les jeunes dans les questions de paix et de sécurité dans leur société.  C’est pourquoi elle a souhaité des mandats clairs à ce sujet, avant de prôner le dialogue intergénérationnel lors des processus de négociations.  La déléguée a parlé des changements climatiques, des opportunités économiques et des conflits parmi les défis majeurs de la région méditerranéenne, des secteurs où à son avis les jeunes peuvent jouer un rôle majeur pour trouver des solutions.

L’Union européenne (UE) a souligné la nécessité d’assurer la participation significative des jeunes au développement et à la mise en œuvre des politiques climatiques.  Il est de ce fait important de garantir que leurs voix soient systématiquement intégrées aux délibérations sur le climat, un point de vue qu’a repris à son compte le Ministre des affaires étrangères de la Türkiye.  M. Ahmet Yildiz a d’ailleurs rappelé que le Président Erdogan a proposé d’organiser une conférence consacrée à la Méditerranée orientale, à laquelle la jeunesse pourrait être associée à la recherche de solutions durables et pacifiques aux problèmes de la région. 

Pour sa part, en 2022, l’UE a lancé son plan d’action jeunesse, lequel contribue à la mise en œuvre de la résolution 2250 (2015) du Conseil de sécurité sur la jeunesse, la paix et la sécurité.  Elle soutient d’ailleurs en ce moment plus de 30 projets de prévention des conflits axés sur les jeunes sur quatre continents, a indiqué la délégation européenne, qui s’est félicitée que le prochain Sommet de l’avenir offre une occasion d’annoncer de nouveaux engagements en faveur de la participation des jeunes dans le processus de prise de décision à tous les niveaux.  S’exprimant au nom des EUMED9 (Croatie, France, Grèce, Italie, Malte, Slovénie, Espagne, Portugal et Chypre), Chypre a considéré que dans cette perspective, les organisations et institutions régionales et sous-régionales ont un rôle indispensable à jouer.  Cette délégation a cité le programme pour la paix et la sécurité des jeunes, dont font partie l’UE, l’UPM, y compris l’Université euro-méditerranéenne, la Fondation Anna Lindh, le Conseil de l’Europe et l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Les EUMED9 ont également plaidé pour l’attribution de fonds substantiels, par le biais d’organismes tels que le Fonds pour la consolidation de la paix, pour financer des actions en faveur de la jeunesse et de la consolidation de la paix.

De son côté, l’Italie a indiqué qu’elle codirige, avec le PNUD, l’initiative mondiale Youth4Climate, qui vise à fournir aux jeunes les moyens nécessaires de mettre en œuvre des projets de lutte contre la crise climatique.  Les meilleures pratiques développées dans ce cadre seront également présentées au Forum des jeunes de l’ECOSOC, qui se déroule parallèlement à cette séance.

La première conférence locale des jeunes s’est tenue au Liban l’an dernier en coopération avec l'UNICEF, a indiqué le représentant de ce pays, avec pour résultat la première déclaration d’engagement climatique.  Le message général adressé par les signataires était d’exiger que les jeunes soient inclus dans les processus de prise de décision et reçoivent un soutien pour mettre en œuvre leurs initiatives.  Sensible à cet appel, le Liban a réussi à porter le nombre de jeunes à hauteur de 43% de la délégation officielle libanaise à la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP28), y compris au sein des négociateurs techniques, a précisé le délégué.

Le Maroc a regretté que la Méditerranée soit touchée par le non-respect du droit international, l’expansion du terrorisme, l’ingérence dans les affaires intérieures et le recours aux groupes armés séparatistes, citant le cas du Maroc avec l’intégrité territoriale du Sahara.  Il a ensuite indiqué que les jeunes occupent une place de choix dans la société marocaine, vantant les mérites d’une politique d’immigration qui offre aux jeunes migrants une terre d’accueil leur garantissant un accès égal à l’éducation, au logement, à la santé, à la formation professionnelle et à l’emploi, ce qui n’est malheureusement pas le cas des pays voisins qui continuent selon le délégué de faire subir aux migrants les pires violations des droits de l’homme, y compris en les abandonnant en plein désert.  Ces même pays continuent également de faire subir aux populations vivant dans les camps de réfugiés les pires violations de leurs droits élémentaires, comme c’est le cas dans les camps de Tindouf, a ajouté le représentant.

Pour sa part, l’Égypte a estimé que la question des migrations en Méditerranée doit être traitée d’une manière qui tienne compte des causes profondes des migrations irrégulières, avant de souligner l’importance d’investir dans la formation des jeunes dans les sciences et technologies. 

 

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Instance permanente sur les questions autochtones poursuit ses travaux

Vingt-troisième session
3e & 4e séances plénières – matin & après-midi
DH/5482

L’Instance permanente sur les questions autochtones poursuit ses travaux

L’Instance permanente sur les questions autochtones, qui a lancé hier sa vingt-troisième session, a poursuivi aujourd’hui ses travaux sur le point 3 de son ordre du jour.  Le thème était le suivant: « Promouvoir le droit à l’autodétermination des peuples autochtones dans le contexte de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones: faire entendre les voix des jeunes autochtones. » 

Les séances ont été menées par Mme Hindou Oumarou Ibrahim, du Tchad, qui assure la présidence de la session. 

L’ordre du jour provisoire de la session peut être consulté ici: E/C.19/2024/1

L’Instance a organisé ses travaux pour les deux semaines avec des débats et des dialogues thématiques: cf. E/C.19/2024/L.1/Rev.1

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse n’a pas pu couvrir cette séance.)

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

ECOSOC: le Forum de la jeunesse s’ouvre sur le signe de l’espoir et du « renoncement au renoncement »

Session de 2024 - Forum de la jeunesse
1re & 2e séances - matin & après-midi
ECOSOC/7155

ECOSOC: le Forum de la jeunesse s’ouvre sur le signe de l’espoir et du « renoncement au renoncement »

Le Conseil économique et social (ECOSOC) a lancé aujourd’hui son Forum de la jeunesse qui doit durer trois jours et dont le thème, cette année, est: « Le rôle des jeunes dans la poursuite de solutions durables et innovantes: renforcer le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et éliminer la pauvreté en période de crises multiples. »    

Cette session annuelle est une plateforme mondiale de dialogue entre les États Membres et les jeunes dirigeants du monde entier pour débattre des solutions aux défis affectant le bien-être des jeunes. Il s’agit également d’un espace unique permettant aux jeunes de partager leur vision et leurs actions pour accélérer la mise en œuvre du Programme 2030 et des objectifs de développement durable (ODD). 

« Je vous invite aujourd’hui à l’espoir », a déclaré la Présidente de l’ECOSOC, Mme Paula Narvaez, en ouvrant ce Forum. Les crises sont une interrogation, un appel à l’espoir, plutôt qu’une condamnation, a-t-elle dit, en estimant que la jeunesse appelle à un changement de prisme.  « Nous ne vous ferons plus attendre dans votre volonté de réaliser vos rêves. »  Elle a convenu que le monde actuel pèche par excès de pessimisme.  Aujourd’hui, notre humanité renonce à renoncer et croit en la jeunesse, a-t-elle déclaré. 

Le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, n’a pas dit autre chose en estimant que l’énergie des jeunes est « contagieuse et vitale ». Nous sommes très loin de la réalisation des ODD, tandis que la crise climatique s’emballe et que les conflits font rage, a-t-il convenu, en évoquant les dévastations à Gaza.  Après ce constat sombre, il a dit son attachement à faire porter la voix des jeunes et à agir afin qu’ils jouent un rôle clef dans le prochain Sommet de l’avenir, crucial pour la réalisation des ODD. 

Le Secrétaire général a également souligné la nécessité de créer les institutions internationales qui reflètent le monde d’aujourd’hui.  « Les jeunes devraient exhorter leurs gouvernements à soutenir le Sommet de l’avenir. »  Il a aussi estimé que la crise climatique est une trahison de la jeunesse, avant de plaider pour une transition énergétique juste et durable.  « Soyons francs, ma génération n’a pas été la gardienne de ce monde mais votre génération m’emplit d’espoir », a conclu M. Guterres. 

« Notre résilience est la plus forte.  Et les jeunes doivent avoir voix au chapitre », a lancé la représentante du grand groupe des enfants et des jeunes, qui a rappelé que les jeunes représentent 16% de la population mondiale.  Mme Sarah Baharaki a également évoqué le sort des jeunes femmes afghanes qui refusent de se taire, de subir et d’accepter leur sort sous le règne des Taliban.  « Nous avons le pouvoir de réaliser nos rêves et, pour nous, rien n’est impossible », a-t-elle déclaré. 

La jeunesse, moteur d’innovation

L’espoir a également été de mise lors de la première discussion de la matinée qui portait sur le rôle de la jeunesse dans l’innovation et l’élaboration de solutions. 

Rappelant que le monde compte 1,9 milliard de jeunes, le Sous-Secrétaire général aux affaires de la jeunesse a abordé la question des conflits et souligné le rôle des jeunes en tant qu’agents de paix.  « Marquons notre solidarité envers tous ces jeunes dont la vie est bouleversée par un conflit », a plaidé M. Felipe Paullier.  Il a également exhorté les jeunes à se faire entendre auprès des décideurs politiques. « La jeunesse doit prendre les rênes », a-t-il dit, en soulignant l’espoir porté par le prochain Sommet de l’avenir. 

Mme Justice Faith Betty, de l’organisation « Révolutionnaire », a rappelé que c’est l’avenir qui sera en jeu lors de ce Forum, avant d’explorer des pistes pour traduire « son énergie » en mesures concrètes.  « Votez d’abord, faites en sorte que les décideurs politiques méritent votre vote! »  Les jeunes me donnent de l’espoir, a-t-elle enfin déclaré, en soulignant la résilience qui les anime.  « Soyons audacieux dans nos rêves. »  

Même son de cloche du côté de Mme Narabene Farka Zeinaba, ingénieure en télécommunication malienne, qui a souligné l’importance d’une « culture des responsabilités » afin que l’élan généré par ce Forum se traduise en actions transformatrices.  Elle a souligné la nécessité de remédier aux changements climatiques et d’un accompagnement financier de l’Afrique, tandis que Mme Oumaima Makhlouk, statisticienne marocaine, a appelé à combler le fossé numérique. 

Le Forum a ensuite entendu le Président de l’Assemblée générale.  « Nous avons besoin de vos talents et de votre participation », a lancé M. Dennis Francis, en ajoutant que les jeunes sont l’avenir du multilatéralisme. Le Président a loué « l’énergie débordante » de ce Forum et la mobilisation des jeunes pour « changer les choses ».  Les jeunes, qui sont confrontés aux conséquences de nos actions comme de nos inactions, doivent me dire ce que nous faisons bien et ce que nous ne faisons pas bien, a-t-il conclu. 

Une brève discussion sur la jeunesse dans un monde sans pauvreté s’est ensuite ouverte, avec une présentation de M. Yi Jun Mock, de Génération 17, qui a souligné l’importance de l’éducation pour sortir de la pauvreté.  Il a appelé à faciliter l’entrée dans la vie active, insistant notamment sur le rôle des parrainages.  De son côté, Mme Mahlet Redi, du grand groupe des enfants et des jeunes, a détaillé la campagne ICARE visant à apporter des protections menstruelles à des milliers de jeunes filles défavorisées. 

Les jeunes, agents de changement pour éradiquer la pauvreté 

La matinée s’est conclue par une discussion sur le thème: « Les jeunes en tant qu’agents du changement: passer de la pauvreté à la prospérité. »  Elle a été ouverte par Mme Francine Pickup, du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), qui a rappelé que les jeunes doivent pouvoir siéger à la table des décideurs.  Elle a également signalé que les jeunes femmes courent un risque accru de tomber dans la pauvreté, avant de dire sa « hâte » d’entendre les recommandations que formuleront les jeunes pendant ce Forum. 

Pour sa part, M. Elliot Harris Reyez, de CITI Mexique, a insisté sur l’importance du secteur privé pour éradiquer la pauvreté. « Nous avons lancé un système de parrainage pour développer l’esprit d’entrepreneuriat des jeunes », a-t-il expliqué, tandis que Mme Mwinji Natchinga, de la Commission de la jeunesse africaine, a plaidé pour des politiques d’accès à l’emploi des jeunes respectueuses de la dimension de genre. 

M. Abobakar Sediq Miakhel, fondateur de l’application d’apprentissage de langue d’AILEM, a fait le lien entre l’éradication de la pauvreté et l’apprentissage des langues.  Il a détaillé son travail dans un camp de réfugiés au Malawi.  « Trouvez en vous le courage nécessaire pour comprendre la vie des réfugiés et des demandeurs d’asile, donnez-leur une seconde chance. »  

Enfin, Mme Asami Segundo, jeune dirigeante ikalahan des Philippines, a rappelé que les peuples autochtones protègent la biodiversité.  Aux Philippines, ma communauté protège 60 000 hectares de forêt, a-t-elle dit, en louant les connaissances des peuples autochtones acquises au fil des siècles.  Les connaissances traditionnelles ont beaucoup à offrir au monde, a-t-elle dit, en appelant à protéger les droits des jeunes autochtones. 

Dans le débat interactif qui a suivi, les délégations ont toutes insisté sur le rôle des jeunes dans l’éradication de la pauvreté. Des milliers de bourses d’apprentissage sont accordées chaque année à des jeunes au Honduras, a fait savoir la délégation de ce pays.  La République dominicaine a loué la perspective innovante des jeunes, en appelant à dépasser l’approche centrée sur les plus âgés qui a été « si délétère pour l’humanité ».  Les jeunes doivent être des catalyseurs du changement pour éradiquer la pauvreté, a renchéri la Sierra Leone, appuyée par le Cambodge ou encore l’Iraq. 

Des jeunes dans le public ont également pris la parole.  Une jeune a ainsi parlé de la « pauvreté menstruelle ».  Expliquant que le manque d’accès à des protections menstruelles entrave l’accès à l’éducation, elle a proposé la création d’une « taxe rose » permettant de plafonner le prix de ces protections.  Une autre jeune fille a souligné le rôle des jeunes dans l’avènement des énergies renouvelables et, ce faisant, la réduction de la pauvreté. 

Impliquer les jeunes dans la construction de sociétés pacifiques et inclusives 

Dans l’après-midi, la séance plénière consacrée à l’implication des jeunes dans l’édification de sociétés pacifiques et inclusives s’est ouverte sur un constat: en reculant sur leurs obligations en matière de droits humains et de corruption, les gouvernements corrodent le contrat social et font de la justice un objectif inatteignable pour les plus marginalisés, selon la modératrice et membre du Groupe mondial des jeunes sur l’ODD 16 et du grand groupe des enfants et des jeunes, Mme Andrea Carstensen. 

Dès lors que les jeunes cessent d’être associés aux processus de décision et de construction du développement, un déficit s’installe entre gouvernants et gouvernés, a renchéri le Secrétaire exécutif du Conseil national de la jeunesse de la République démocratique du Congo.  M. Claude Mbuyi a jugé inacceptable que les jeunes, « acteurs prioritaires du changement » dont l’action force souvent la tenue d’élections, soient fréquemment marginalisés lorsque les institutions souhaitées sont mises en place. 

En cette année électorale dans un nombre record de pays dans le monde, M. Rolando Pelicot, cofondateur de Fipie et membre du conseil du Projet résolution, a constaté la persistance des obstacles financiers, juridiques et socioculturels qui freinent la participation des jeunes à la sphère politique et civique, réduisant la portée de leur voix et de leur influence sur la prise de décisions.  Les jeunes constituant un groupe hétérogène, M. Pelicot a jugé essentiel que les programmes tels que les jeunes et la paix et la sécurité soient inclusifs et tiennent compte du genre et d’autres facteurs sociaux. 

Néanmoins, a expliqué M. Mohamed Sory Diakité, Président de l’Union des jeunes pour le développement durable, dans les pays du Sahel tels que le Mali, engagés dans une profonde « transition générationnelle et politique », la participation des jeunes aux activités civiques est réprimée et la liberté d’expression, de plus en plus limitée.  Comme les jeunes constituent la strate démographique la plus nombreuse des pays en développement, ils sont souvent perçus comme un problème à contenir plutôt qu’une opportunité à saisir, ce qui démontre selon lui la faiblesse des institutions nationales « instrumentalisées » par le pouvoir. 

En réponse à ces préoccupations, la Libye a récemment créé, pour la toute première fois de son histoire, un ministère de la jeunesse chargé de renforcer la participation des jeunes aux processus décisionnels du pays, dont les élections.  Le dialogue et la coopération entre les organisations pilotées par la jeunesse, les gouvernements et les organisations internationales sont donc essentiels, selon la Hongrie et la Croatie, tout comme les partenariats destinés à favoriser l’éducation et à lutter contre la violence. 

Comme l’indique le rapport du Secrétaire général sur les jeunes, la paix et la sécurité, ceux-ci étant le plus souvent exclus des processus décisionnels, ils n’ont pas droit au soutien nécessaire pour les initiatives de maintien de la paix et de reconstruction, a déploré Malte.  « Nous devons réaliser notre mission: celle des bâtisseurs de la paix », a lancé le représentant de la Géorgie, en dénonçant l’occupation de l’Abkhazie par la Fédération de Russie, qui brime les droits et le développement de toute une génération.   

Pour que la participation des jeunes devienne une réalité, il est impératif de leur fournir les ressources cruciales, à savoir l’information et l’éducation aux droits civiques, a noté le cofondateur de Fipie.  Il ne s’agit pas de rhétorique mais bien de mener des actions concrètes qui ont un impact dans la vie des jeunes, où qu’ils se trouvent, a conclu Mme Bahia Gatti, Directrice exécutive de l’Organización Argentina de Jóvenes para las Naciones Unidas (OAJNU) et Coordonnatrice régionale pour les Amériques du United Network of Young Peacebuilders. 

Jeunesse urbaine menant l’action climatique et les initiatives de résilience communautaire 

La dernière réunion plénière de la journée portait sur le thème « la jeunesse urbaine à la pointe de l’action climatique, des initiatives de résilience communautaire et du maintien de la paix ».  Dans une vidéo préenregistrée, le Directeur exécutif adjoint d’ONU-Habitat a vanté l’esprit de communauté de la jeunesse et son potentiel remarquable pour engendrer des transformations profondes dans les milieux urbains, ce qui correspond précisément « à ce à quoi nous aspirons à l’échelle mondiale ».  Il a ensuite présenté une vidéo d’Hello Kitty, dans le cadre d’un partenariat visant à faire connaître le rôle d’ONU-Habitat ainsi que le potentiel transformateur des jeunes. 

Alors que nous sommes « confrontés à nos échecs », la Présidente du Conseil de la jeunesse d’Italie a plaidé en faveur de la transformation des espaces urbains en « instruments territoriaux pour la participation démocratique » des jeunes, à même de favoriser la réalisation des ODD. 

Le fondateur et Directeur d’Accept International, M. Yosuke Nagai, a attiré l’attention sur les jeunes combattants des groupes non étatiques qui ont été laissés de côté par les politiques, bien qu’ils aient le potentiel de devenir des acteurs de la paix.  Il s’est dit convaincu que « si nous pouvons nous adresser à ces jeunes, nous pouvons changer le monde ». 

Un avis partagé par M. Miroslav Polzer, fondateur et Directeur général de IAAI GloCha, qui base son action sur trois piliers pour aider les jeunes à développer leur potentiel, à savoir la culture ainsi que l’innovation numérique et organisationnelle. 

Le Forum de la jeunesse de l’ECOSOC reprendra demain, mercredi 17 avril, avec différents segments axés sur l’échelle régionale, le financement de l’action climatique et la sécurité alimentaire. 

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