9601E SÉANCE - MATIN
CS/15659

À la demande de la Fédération de Russie, le Conseil de sécurité se penche à nouveau sur la fourniture d’armes à l’Ukraine par les pays occidentaux

La Fédération de Russie a convoqué, ce matin, une réunion du Conseil de sécurité concernant la livraison d’armes à Kyïv par les pays occidentaux, dont plusieurs ont dénoncé une nouvelle tentative de Moscou « d’inverser les responsabilités » dans le conflit qui l’oppose à l’Ukraine.  . 

Dans un premier temps, le Chef du Service des armes classiques du Bureau des affaires de désarmement de l’ONU a indiqué que les transferts d’armes et de munitions aux forces armées ukrainiennes se sont poursuivis depuis la dernière réunion du Conseil sur cette question, en mars.  Ces transferts incluraient des chars et des véhicules blindés de combat, des avions de combat, des systèmes d’artillerie, des systèmes de missiles et des munitions télécommandées.  Des rapports indiquent également que des États ont transféré aux forces armées russes des véhicules aériens sans pilote, des missiles balistiques et des munitions, et que ces armes ont été utilisées en Ukraine. 

M. Ivor Fung s’est également inquiété des informations faisant état de l’utilisation de mines terrestres antipersonnel et d’armes à sous-munitions en Ukraine.  « L’afflux d’armes et de munitions dans tout conflit armé peut contribuer à l’escalade et présente des risques importants de détournement et de prolifération même après la fin du conflit », a-t-il noté.  Au-delà de ces considérations, M. Fung a rappelé qu’il incombe aux parties au conflit de protéger les civils et de respecter leurs obligations en vertu du droit international, en s’abstenant notamment de cibler les infrastructures civiles critiques. 

Aujourd’hui, la principale préoccupation de « l’Occident collectif » est de maintenir à flot la « clique de Zelenskyy », qui subit une défaite militaire évidente, a lancé la Fédération de Russie, qui a accusé les pays occidentaux d’armer, depuis 10 ans, un État voisin tout en se livrant à une politique antirusse, « tactique courante des colonialistes » qui s’efforcent de dresser les peuples les uns contre les autres. Washington, Londres et Bruxelles ne veulent pas d’une Ukraine amie de la Russie, et le résultat, a avancé la délégation russe, est que l’Ukraine se transforme aujourd’hui en un « État ouvertement terroriste », comme l’attestent ses attaques contre des cibles civiles en Russie et son « implication directe » dans l’attentat perpétré à Moscou le 22 mars dernier contre le Crocus City Hall.

En convoquant une telle réunion, la Russie empêche le Conseil de s’acquitter de son mandat d’assurer la paix et la sécurité internationales, a rétorqué l’Ukraine. « La Russie poursuivra sa terreur sans entrave, déclarant que chaque centrale électrique détruite est un objet militaire et que chaque enfant tué est un militant néo-nazi », a déclaré son représentant qui a signalé que pour assurer sa défense, notamment face aux drones et aux missiles fournis à ce pays par l’Iran et la République populaire démocratique de Corée (RPDC), Kyïv a encore besoin de systèmes de défense aérien et d’artillerie.

Après la séance du Conseil d’hier consacrée à la situation humanitaire catastrophique en Ukraine, « personne ne se laissera abuser par cette nouvelle tentative de la Russie d’inverser les responsabilités dans cette guerre », a fait valoir la France.  Plutôt que de mettre fin au conflit dès maintenant comme l’ont ordonné la Cour internationale de Justice (CIJ) et de nombreuses résolutions de l’Assemblée générale, Moscou a choisi d’opposer son veto à la prorogation du mandat du Groupe d’experts chargé d’assister le Comité des sanctions contre la RPDC afin de dissimuler le fait qu’elle se fournit en armes et en munitions auprès de ce pays, ont noté le Royaume-Uni et la Suisse. 

De même, les allégations de transferts de missiles balistiques de l’Iran à la Russie représenteraient pour la France une « escalade inacceptable » qui ne resterait « pas sans réponse ».  Un avis partagé par la République de Corée, qui a jugé qu’une séance consacrée à la coopération militaire entre Moscou et Pyongyang aurait été plus appropriée, avançant que le veto russe à la prorogation du mandat du Groupe d’experts a été exercé pour faire écran aux livraisons illicites de munitions et de missiles balistiques. 

« Il est totalement inacceptable que l’agresseur critique les efforts de défense de son adversaire », a fustigé à son tour le Japon qui a condamné les « menaces nucléaires » proférées par Moscou ainsi que les transferts d’armes de Pyongyang vers Moscou.  « Nous continuons de surveiller de près ce que la RPDC y gagne en retour », a prévenu sa représentante. 

Plusieurs membres du Conseil, dont Malte et la Slovénie, ont réaffirmé leur détermination à continuer de soutenir le droit à la légitime défense de l’Ukraine au titre de l’Article 51 de la Charte des Nations Unies, qui stipule qu’aucune disposition de cet instrument ne porte atteinte au droit de légitime défense, individuelle ou collective, dans le cas où un État Membre de l’ONU est l’objet d’une agression armée.  Tout en reconnaissant ce droit, l’Algérie, le Guyana et le Mozambique ont fait valoir que les livraisons massives d’armes dans des zones de conflit ne peuvent qu’aggraver et prolonger la violence, sapant ainsi les perspectives d’un règlement pacifique du conflit en Ukraine. 

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Déclarations

Au nom de la Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, M. IVOR FUNG, Chef du Service des armes classiques du Bureau des affaires de désarmement de l’ONU, a indiqué que la fourniture d’une assistance militaire et les transferts d’armes et de munitions aux forces armées ukrainiennes se sont poursuivis depuis la dernière réunion du Conseil sur cette question, dans le contexte de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Fédération de Russie.  Selon des informations accessibles au public, ces transferts incluraient des chars de combat, des véhicules blindés de combat, des avions de combat, des hélicoptères, des systèmes d’artillerie de gros calibre, des systèmes de missiles, des véhicules aériens de combat sans équipage, ainsi que des munitions télécommandées et des armes légères.  Des rapports indiquent également que certains États ont transféré des véhicules aériens sans équipage, des missiles balistiques et des munitions aux forces armées russes, et que ces armes ont été utilisées en Ukraine.  Tout transfert d’armes et de munitions doit s’inscrire dans le cadre juridique international applicable, a souligné M. Fung. 

Poursuivant, le haut fonctionnaire s’est inquiété des informations faisant état de l’utilisation de mines terrestres antipersonnel et d’armes à sous-munitions en Ukraine.  Il a profité de l’occasion pour appeler les États Membres à ratifier la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel et à respecter leurs obligations en vertu de la Convention sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi de certaines armes classiques.  « L’afflux d’armes et de munitions dans tout conflit armé peut contribuer à l’escalade et présente des risques importants de détournement et de prolifération même après la fin du conflit », a-t-il noté.  Des mesures visant à réduire le risque de détournement vers des utilisateurs finaux non autorisés et des utilisations non autorisées sont donc essentielles pour prévenir de nouveaux l’insécurité en Ukraine, et seront également nécessaires au relèvement après le conflit.

Pour prévenir le détournement d’armes et de munitions, M. Fung a jugé nécessaire d’assurer la transparence de la chaîne d’approvisionnement, ainsi que l’échange d’informations entre les États importateurs, de transit et exportateurs, à l’aide de mesures telles que le marquage, le traçage, la comptabilité et la tenue de registres.  Au-delà de ces considérations, le Chef du Service des armes classiques a rappelé qu’il incombe aux parties à tout conflit de protéger les civils et de respecter leurs obligations en vertu du droit international, en s’abstenant notamment de cibler les infrastructures civiles critiques telles que les installations énergétiques. 

Depuis le 24 février 2022, a repris, le haut fonctionnaire, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a recensé au moins 31 366 victimes civiles en Ukraine, dont 10 810 tués.  La grande majorité de celles-ci résultent de l’utilisation d’armes explosives dans des zones peuplées.  Les attaques délibérées, aveugles et disproportionnées contre des civils et des infrastructures civiles violent le droit international humanitaire, a encore rappelé M. Fung.  « Elles sont inacceptables et doivent cesser immédiatement. »

Mme KAREN KWIATKOWSKI, inscrite à ce débat comme commentatrice politique, s’est présentée comme une lieutenante-colonelle retraitée de l’US Air Force qui a commencé à remettre en question le Gouvernement américain en 2002 après avoir été témoin des manipulations du Pentagone pour « vendre une guerre inutile et injustifiée », en l’occurrence l’invasion de l’Iraq.  Pour elle, les approvisionnements en armes de l’Ukraine par les Occidentaux ont été et restent un obstacle à la paix.  Selon elle, cette aide n’est pas acheminée là-bas pour les Ukrainiens, mais pour un gouvernement choisi via un coup d’État influencé par le Département d’État et la CIA en 2014, dans le but d’affronter militairement la Russie.  Elle a estimé que ce gouvernement embrasse une sorte de nationalisme ukrainien qui s’appuie fortement sur l’idéologie nazie, laquelle, en Ukraine, fédère le type d’individus prêts à faire ce que veulent les États-Unis et l’OTAN.  « Par conséquent, l’histoire a été oubliée, la vérité ignorée et la culture ukrainienne dénigrée – parce qu’une guerre par procuration visant à affaiblir la Russie, politiquement et économiquement, était souhaitée par certains en Occident. » 

Cette assistance occidentale en matière d’armes, de surveillance et de renseignement, ainsi que « l’aide » diplomatique ont permis à Kiev d’attaquer le Donbass pendant huit ans, a retracé Mme Kwiatkowski.  Elle a dit que la réponse militaire russe « sans aucun doute violente, meurtrière et en violation du droit international » lui rappelait plusieurs opérations militaires américaines qu’elle avait soutenues lorsqu’elle portait l’uniforme.  « Lorsque les États-Unis ont envahi l’Iraq, s’est-elle souvenue, nous avons découvert plus tard que nous n’étions pas vraiment là pour arrêter une guerre, libérer un peuple, renforcer ses libertés ou garantir sa prospérité. »

Par ailleurs, les livraisons d’armes occidentales ont selon elle transformé l’armée ukrainienne en une énorme machine de Rube Goldberg: ce qui aurait pu être une opération de défense ukrainienne coordonnée et largement approvisionnée est devenue une opération « excessivement compliquée, chaotique et même stupide ». Beaucoup des systèmes d’armements nécessitant une maintenance et des apports de renseignements occidentaux ont été et sont utilisés de manière inutile et tragique, a-t-elle affirmé.  D’autres ont été perdus en raison de leur déploiement dans des opérations de combat qui ne peuvent pas pleinement les utiliser, les entretenir ou les coordonner.  Elle a déploré les tragédies et pertes de vies humaines des deux côtés, constant en outre que l’armée ukrainienne, dépendante de l’aide et confrontée à des difficultés logistiques, est devenue un « abattoir » pour les combattants ukrainiens, un désastre pour leurs familles, dont plus de 10 millions vivent désormais hors d’Ukraine et ne reviendront peut-être jamais.  « La demande frénétique de Kiev pour davantage de troupes à envoyer au front est elle-même le résultat direct de l’assistance militaire occidentale passée », a analysée l’oratrice.  Elle a aussi fait valoir que les « investissements » occidentaux ont réduit les stocks d’armements des États-Unis et de l’OTAN, tout en réduisant la capacité de Kiev à négocier directement avec la Russie. 

Alors que des milliards de dollars d’armes, de munitions, de fournitures et d’argent entrent en Ukraine, un autre problème se pose, celui de la responsabilité du Gouvernement, a-t-elle aussi soulevé.  « Où va ce matériel, et quels comptes bancaires sont engraissés au passage? »  Elle a assuré savoir, tout comme Interpol, que des armes légères ont été détournées partout dans le monde, certaines immédiatement après leur arrivée en Ukraine. « L’Ukraine était connue comme le pays le plus corrompu d’Europe », a-t-elle affirmé.  Mme Kwiatkowski a ajouté que l’aide occidentale a accéléré la pauvreté et la dévastation pour la majeure partie de la population du pays et élargi le fossé entre riches et pauvres dans toute l’Ukraine.  L’aide aléatoire de l’Occident et de l’OTAN ainsi que « l’étrange groupe de conseillers militaires occidentaux à l’œuvre dans le pays » ont compliqué les opérations militaires ukrainiennes et causé encore plus de morts, a-t-elle conclu.  Elle a regretté que la démocratie ukrainienne ait divisé le peuple ukrainien « physiquement et spirituellement », l’ait appauvri et ait aussi perturbé son économie.  Elle a rejeté le récit selon lequel la Russie est responsable de la situation actuelle, récit qui selon elle confond corrélation et causalité.  La cause est selon elle une perfide incitation occidentale à une guerre par procuration qui n’aurait jamais dû être déclarée.

Le représentant de la Fédération de Russie a affirmé que, depuis au moins 10 ans, le « régime de Kiev » se fait livrer des armes occidentales.  Ce qui s’est longtemps fait en secret, notamment sous le couvert des accords de Minsk, est aujourd’hui effectué au grand jour, a-t-il observé, accusant les Occidentaux d’avoir armé un État voisin de la Russie tout en se livrant à une politique ouvertement antirusse, « tactique courante des colonialistes » qui s’efforcent de dresser les peuples les uns contre les autres.  Aujourd’hui, a constaté le délégué, la principale préoccupation de « l’Occident collectif » est de maintenir à flot la « clique de Zelenskyy », qui perd de son pouvoir en interne et subit une défaite militaire évidente.  Bien que le dirigeant ukrainien ait dilapidé les armes, les équipements et les munitions, et même s’il devient de plus en plus difficile pour les Occidentaux de l’aider et de fermer les yeux sur ce qu’il fait, le flux d’armement reste soutenu.  Dans le même temps, a-t-il noté, il devient de plus en plus difficile pour les Occidentaux de dissimuler la corruption endémique en Ukraine, ainsi que le manque de contrôle des équipements et munitions fournis, qui, par conséquent, courent le risque de tomber entre les mains de terroristes. 

Pour le représentant, le « dirigeant de Kiev » est longtemps resté dans l’illusion qu’avec le soutien et les armes occidentales, il pourrait vaincre la Russie.  Mais il a aussi récemment admis que l’Ukraine perdrait sans les armes occidentales, ce qui a contraint l’Occident à reformuler ses objectifs: il s’agit désormais de « ne pas laisser la Russie gagner ».  Pourtant, a dit le délégué, si l’Ukraine voulait la paix, elle l’aurait obtenue depuis longtemps.  Selon lui, les exigences de la Russie envers son voisin, qui constituent la « base » de son opération militaire spéciale, sont bien connues et l’Ukraine pourrait tout à fait les satisfaire « sans compromettre sa souveraineté et son statut d’État », à l’image de ce qu’ont fait l’Allemagne et le Japon à la fin de la Seconde Guerre mondiale.  Si le « régime de Kiev » s’y refuse, c’est parce que Washington, Londres et Bruxelles ne veulent pas d’une Ukraine amie de la Russie, a-t-il avancé.  Le résultat, à ses yeux, est que l’Ukraine se transforme aujourd’hui en un « État ouvertement terroriste », comme l’attestent ses attaques contre des cibles civiles en Russie et son « implication directe » dans l’attentat perpétré à Moscou le 22 mars dernier contre le Crocus City Hall.  L’enquête sur ce crime a révélé qu’il existe un lien indéniable entre les terroristes et les services spéciaux ukrainiens, a accusé le délégué, selon lequel les tueurs prévoyaient de rejoindre la frontière russo-ukrainienne en vue semble-t-il d’obtenir un passage en Ukraine.  Les auteurs de l’attentat auraient en outre reçu de l’Ukraine d’importantes sommes d’argent et de cryptomonnaie, a encore affirmé le représentant, pour qui il est prouvé que le « régime de Kiev » collabore de longue date avec les islamistes radicaux et les utilise à ses propres fins. 

Une heure seulement après cette « monstrueuse tragédie », Washington et d’autres capitales occidentales ont réfuté toute implication de Kiev dans cet attentat terroriste, et « essayé d’imposer à tous » le récit selon lequel l’attentat aurait été organisé par le groupe État islamique, et ce, « malgré les preuves irréfutables de l’implication du régime de Kiev ».  Selon le délégué, le simple aveu de l’État islamique sur son implication n’implique pas sa véritable responsabilité, ce groupe s’étant déjà attribué le mérite d’attentats perpétrés par d’autres.  En outre, a-t-il ajouté, des questions se posent aussi sur la coopération étroite entre la CIA et les services de renseignement britanniques avec le Service de sécurité d’Ukraine (SBU).  D’autant plus que la commission d’enquête russe a révélé que les fonds destinés à commettre des attentats terroristes sur notre territoire provenaient de sociétés commerciales, notamment de la société pétrolière et gazière Burisma Holdings, dont M. Hunter Biden, fils de l’actuel Président américain, a été membre du Conseil d’administration.  À cette aune, il a souhaité que les pays occidentaux coopèrent avec les enquêteurs russes pour les aider à arrêter les commanditaires de cet attentat terroriste. 

Après avoir dit craindre que le « régime de Kiev » ne renonce pas à ses « desseins terroristes », le représentant a reproché aux Occidentaux d’avoir « créé un monstre » dont l’activité ne se limite plus à la seule Ukraine.  « Votre Frankenstein pourrait se retourner contre vous dans un geste de colère dû à votre incapacité à inverser la tendance sur le front », a-t-il mis en garde.  Face à cette « défaite imminente », il a estimé que suffisamment d’armes ont été fournies à l’Ukraine et que sa chute risque d’entraîner ses soutiens vers le fond. 

Le représentant de la République de Corée a estimé que le soutien international aux efforts de l’Ukraine visant à protéger son peuple et son territoire est totalement légitime, conformément au droit à la légitime défense consacré à l’Article 51 de la Charte des Nations Unies.  Il a jugé que la demande de la Russie de convoquer cette réunion n’est pas pertinente.  La coopération militaire entre la Russie et la RPDC aurait été un sujet plus approprié, a-t-il estimé.  Le délégué a rappelé que l’Assemblée générale a tenu hier un débat sur le veto de la Russie en ce qui concerne l’extension du mandat du Groupe d’experts chargé d’assister le Comité des sanctions contre la RPDC.  Ce veto a été exercé par ce que la Russie n’appréciait pas que ce Groupe jette la lumière sur « un aspect sombre », à savoir les livraisons illicites de munitions et de missiles balistiques de la RPDC à ce pays, a tranché le délégué.  En conclusion, il a exhorté la Russie à retirer ses forces du territoire ukrainien.

Le représentant du Royaume-Uni a rappelé que la Russie a violé à plusieurs reprises les résolutions du Conseil de sécurité en achetant des armes à la RPDC et à l’Iran pour les utiliser en Ukraine.  Des dizaines de missiles balistiques et des millions d’obus d’artillerie nord-coréens ont été utilisés dans des attaques contre des centres de population, tandis que des milliers de drones iraniens Shahed ont été tirés contre des installations électriques, a-t-elle dénoncé, accusant la Russie d’avoir voulu dissimuler ses agissements en mettant son veto au renouvellement du mandat du Groupe d’experts de l’ONU qui surveille le contournement des sanctions auquel se livre la RPDC.  Outre ces armes, a poursuivi le délégué, la Russie a utilisé, entre autres, des missiles de croisière hypersoniques Kinzhal, des missiles balistiques à double capacité, des armes à sous-munitions et des mines terrestres pour infliger des souffrances aux civils dans toute l’Ukraine.  Constatant que plus de 40% de l’infrastructure électrique ukrainienne a été détruite, elle a rappelé que la Cour pénale internationale (CPI) a publié de nouveaux actes d’accusation contre les dirigeants militaires russes pour la campagne de frappes contre de nombreuses centrales électriques et sous-stations en Ukraine. 

Face à l’« agression incontrôlée » perpétrée par la Russie, il importe, selon la représentante, d’aider l’Ukraine à se défendre, en lui fournissant des défenses aériennes pour protéger ses villes et sa population, ainsi que des armes pour riposter contre l’armée russe.  Il a indiqué que le Royaume-Uni a déjà aidé l’Ukraine à hauteur de 15 milliards de dollars et restera à ses côtés pour reconstituer sa défense aérienne et lui fournir les armes nécessaires à la défense de son territoire.  Plutôt que de retirer ses troupes du sol ukrainien, la Russie a entamé une nouvelle vague de conscription, a encore regretté le délégué, en notant que, chaque jour, environ 1 000 Russes sont tués ou blessés en Ukraine. 

La représentante du Guyana a rappelé qu’en Ukraine, plus de 14,6 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire, avant de déplorer les attaques contre les civils et les infrastructures civiles.  Faisant remarquer que la livraison d’armes et de munitions dans toute situation de conflit armé risque d’aggraver ou de prolonger la violence, elle a appelé ceux qui exportent des armes vers la zone de conflit à veiller à ce que les transferts soient effectués conformément aux instruments de désarmement pertinents et aux résolutions du Conseil de sécurité.  Elle a demandé des contrôles pour empêcher leur transfert illégal.

Rappelant que le territoire de l’Ukraine s’est transformé en un véritable champ de mines et que l’Ukraine est un important exportateur de céréales, la déléguée a craint que cette situation ne contribue à l’insécurité alimentaire mondiale.  Le seul moyen efficace d’empêcher une nouvelle escalade ou une nouvelle instabilité en Ukraine et dans l’ensemble de la région est de mettre fin à cette guerre par des moyens pacifiques, a-t-elle prôné.  Elle a donc appelé à la fin des hostilités et à l’engagement des parties dans un processus politique et diplomatique visant à mettre fin à ce conflit.

La représentante de la Suisse a déclaré que l’agression militaire de la Fédération de Russie contre l’Ukraine viole les principes fondamentaux du droit international.  Elle a rejeté toute tentative visant à la justifier et appelé une nouvelle fois Moscou à suspendre ses opérations militaires, comme l’a ordonné la Cour internationale de Justice (CIJ).  Les attaques quotidiennes menées dans l’ensemble du pays continuent de faire des ravages parmi la population civile et d’accentuer les difficultés humanitaires, a-t-elle déploré, en raison notamment des dommages causés aux infrastructures essentielles. 

En ce qui concerne les transferts d’armes, la représentante a réaffirmé la nécessité de de respecter les conventions et instruments multilatéraux applicables.  Elle a réitéré sa consternation face aux violations des résolutions du Conseil que constituent les transferts d’armes illégaux de l’Iran et de la République populaire démocratique de Corée (RPDC).  La justice étant un élément indispensable à la paix, la déléguée a souligné l’importance des efforts de reddition de comptes pour les atrocités commises en Ukraine.

Selon la représentante du Japon, il est totalement inacceptable que l’agresseur critique les efforts de défense de son adversaire.  Elle a en effet affirmé le fait que la Russie est un agresseur en violation des règles de la Charte des Nations Unies.  En tant que seul pays à avoir subi des bombardements atomiques au cours d’une guerre, le Japon n’acceptera jamais les menaces nucléaires de la Russie, et encore moins l’utilisation de telles armes, a-t-elle déclaré.  Les catastrophes d’Hiroshima et de Nagasaki ne doivent jamais se répéter, a-t-elle martelé.  Elle a en outre condamné « une nouvelle fois » le transfert d’armes de la RPDC vers la Russie, en violation des résolutions du Conseil de sécurité.  Nous continuons de surveiller de près ce que la RPDC y gagne en retour, a-t-elle indiqué.  Le retrait de la Russie est la condition préalable à la paix, a-t-elle conclu.

Après la réunion du Conseil d’hier sur la situation humanitaire en Ukraine, « personne ne se laissera abuser par cette nouvelle tentative de la Russie d’inverser les responsabilités dans cette guerre », a fait valoir le représentant de la France.  C’est bien ce pays qui a choisi de déclencher cette guerre, a-t-il rappelé en dénonçant cette agression à grande échelle de l’Ukraine, « État souverain qui ne la menaçait pas ».  Le délégué a fait valoir que Moscou pourrait plutôt mettre fin au conflit dès maintenant sans préjudice pour sa sécurité, comme l’a demandé la CIJ et les nombreuses résolutions de l’Assemblée générale. 

La Fédération de Russie a en outre opposé son veto au renouvellement du Groupe d’experts du Comité 1718 afin de dissimuler le fait qu’elle se fournit en armes et en munitions auprès de la RPDC, a ensuite observé le représentant en regrettant qu’elle ait fait le choix de s’en prendre au régime international de non-prolifération et de récompenser un État qui viole les résolutions du Conseil.  Qui plus est, l’Iran a livré des milliers de drones à la Fédération de Russie afin de l’aider à mener ses attaques contre la population civile.  Les allégations de transferts de missiles balistiques de l’Iran à la Russie représenteraient selon la France une « escalade inacceptable » qui ne saurait rester sans réponse.  Afin d’aider Kyïv à exercer son droit à la légitime défense et à préserver sa sécurité, son indépendance et son intégrité territoriale, la France et ses partenaires continueront de lui apporter un soutien politique et militaire aussi longtemps qu’il le faudra, a assuré le délégué. 

Le représentant de la Sierra Leone a pris note des divergences de vues relatives à la fourniture d’armes à l’Ukraine.  Compte tenu des circonstances actuelles, il a souligné l’importance de respecter les cadres juridiques internationaux applicables à tous les transferts d’armes.  Le délégué a relevé les risques et les coûts associés au conflit en cours en Ukraine, qui ont entraîné d’importantes pertes en vies humaines, la destruction d’infrastructures et des déplacements massifs de civils.  Les chiffres alarmants des victimes et de la crise humanitaire, tels que vérifiés par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, soulignent la nécessité urgente d’une résolution pacifique du conflit.  Le représentant a réitéré en conclusion l’importance du respect de la souveraineté nationale, de l’intégrité territoriale et du règlement pacifique des différends.

Le représentant de l’Équateur a souligné l’importance du respect des cadres juridiques internationaux qui régissent les transferts d’armes et de munitions.  Il est nécessaire, a-t-il préconisé, que tous les États Membres adhèrent aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et procèdent à des évaluations globales des risques pour prévenir le détournement, le trafic illicite et l’utilisation abusive des armes.  Raison pour laquelle l’Équateur encourage à respecter scrupuleusement les normes de marquage, d’enregistrement et de traçabilité des armes et munitions.  Toute distribution d’armes, a ajouté le représentant, doit être effectuée dans les limites du cadre juridique international applicable et conditionnée à des mécanismes de garantie prévoyant le respect des principes fondamentaux de distinction, de proportionnalité et de précaution dans leur utilisation.  Pour sa délégation, l’utilisation de mines antipersonnel et d’armes à sous-munitions, avec leurs effets durables et aveugles sur les populations civiles, est particulièrement répréhensible et doit cesser immédiatement.

Le représentant de l’Algérie a indiqué que les livraisons d’armes dans des zones de conflit sapent les perspectives de règlement pacifique.  Il a appelé les parties à abandonner la logique de l’affrontement et de l’escalade et à privilégier le dialogue.  Les parties devraient s’attacher à prévenir les risques de prolifération, en empêchant notamment que les armes ne tombent entre les mains de groupes terroristes et criminels, a déclaré le délégué. Enfin, il a estimé que le règlement de la crise doit se baser sur les principes de la Charte, dans le respect des préoccupations sécuritaires légitimes de toutes les parties.

La représentante de la Slovénie a répété que si des armes sont fournies à l’Ukraine, ces transferts ont pour but de soutenir un pays confronté à une guerre d’agression injustifiée, ce qui ne serait pas nécessaire si la Russie n’avait pas lancé son invasion à grande échelle.  De même, a-t-elle ajouté, le Président ukrainien n’aurait pas appelé hier à un soutien en matière d’armes et de systèmes de défense aérienne si la Russie n’avait pas dirigé plus de 80 missiles et drones contre des infrastructures civiles et critiques ukrainiennes en une seule nuit.  Dans ce contexte, la Slovénie continuera de soutenir le droit à la légitime défense de l’Ukraine, conformément à l’Article 51 de la Charte des Nations Unies, a indiqué la représentante, avant de s’élever contre les achats illégaux d’armes qui soutiennent l’agression russe. 

Dénonçant à cet égard le veto mis par la Russie au renouvellement du mandat du Groupe d’experts chargé d’assister le Comité des sanctions contre la RPDC, elle s’est dite préoccupée par les nouvelles preuves d’achat d’armes par la Russie, y compris des missiles, en provenance de ce pays.  Il s’agit d’une violation de plusieurs résolutions du Conseil de sécurité adoptées au titre du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, s’est-elle indignée, rappelant que toutes les résolutions du Conseil sont contraignantes et doivent être pleinement respectées.

Le représentant de la Chine a constaté que les afflux d’armes ne font qu’exacerber le conflit et ne contribuent en rien à la désescalade.  Il vaut mieux mettre fin à la guerre par la négociation plutôt que par les coups de fusil, a philosophé le délégué qui a invité les parties à intensifier leurs efforts diplomatiques pour parvenir à un cessez-le-feu.  Il a souligné que la Chine n’envoie pas d’armes en Ukraine et ne profite pas du conflit. Au contraire, a-t-il dit, mon pays a toujours plaidé pour la paix et appuyé la tenue d’une conférence internationale pour débattre toutes les options de façon juste et équitable. 

Le représentant du Mozambique a déploré que les parties belligérantes demeurent inflexibles, en privilégiant une logique militaire « irréaliste et insoutenable ».  Il a estimé que les livraisons massives d’armes ne peuvent qu’exacerber la situation en Ukraine et saper les perspectives d’un règlement pacifique.  Tout en reconnaissant le droit à la légitime défense, il a rappelé la nécessité que les livraisons d’armes respectent le cadre juridique international.  Le représentant a enfin appelé les parties à cesser les hostilités, à reprendre des négociations et à s’engager de bonne foi dans la voie du dialogue.

Le représentant des États-Unis a rappelé que c’est la Russie qui s’en prend à l’Ukraine et qui achète des missiles balistiques nord-coréens en Ukraine. Depuis décembre dernier, le représentant a évoqué 12 attaques en Ukraine grâce à ces missiles, et près de 11 000 containers qui ont été reçus par la Russie en provenance de la RPDC.  Il a accusé la Russie de saper, par ses actions, les efforts du Conseil de sécurité en matière de maintien de la paix et la sécurité internationales. 

Le délégué s’est ensuite inquiété des efforts russes visant à approfondir les relations militaires avec la République islamique d’Iran à qui elle achète déjà des drones qui sont utilisés en Ukraine.  Il a mis en garde devant l’escalade qui surviendrait si d’aventure la Russie achetait des missiles balistiques iraniens.  Il a également marqué son inquiétude face aux allégations d’utilisation d’armes chimiques par la Russie afin de pousser les troupes ukrainiennes vers les lignes de mire russes.  Les États-Unis restent déterminés à apporter à l’Ukraine l’aide dont elle a besoin pour se défendre, a-t-il déclaré, avant d’appeler la Russie à cesser son approvisionnement d’armes auprès de la RPDC.

La représentante de Malte a déclaré qu’en demandant la tenue de ce débat, la Fédération de Russie tente une fois de plus de démontrer que le droit inhérent à la légitime défense, consacré à l’Article 51 de la Charte des Nations Unies, devrait être suspendu dans le cas de l’Ukraine.  Elle essaie de nous convaincre que l’Ukraine n’a le droit de recevoir aucune aide de ses alliés alors que ce pays tente désespérément de protéger ses citoyens et son territoire, a-t-elle dit.  Elle s’est inquiétée des informations selon lesquelles la Russie utilise en Ukraine des missiles balistiques en provenance de la RPDC. De même, elle a déploré l’utilisation de mines terrestres antipersonnel et le transfert et l’utilisation d’armes à sous-munitions en Ukraine.  La Russie détient la clef pour mettre fin à cette guerre et peut le faire dès maintenant en retirant ses forces militaires de l’ensemble du territoire de l’Ukraine. En attendant, l’Ukraine a le droit de se défendre conformément à la Charte des Nations Unies et au droit international, a affirmé la déléguée. 

Le représentant de l’Ukraine a déclaré que la Russie est en proie à la folie s’agissant de l’attentat du Crocus City Hall.  Il a également affirmé qu’en demandant la tenue de cette réunion, la Russie fait perdre du temps au Conseil de sécurité et l’empêche de s’acquitter de son mandat.  Il a déploré la destruction des infrastructures civiles ukrainiennes suite aux attaques de la Russie, l’accusant en outre de se rendre coupable de nouveaux crimes de guerre en exécutant des prisonniers de guerre ukrainiens.  Rien n’a changé, a déploré le délégué.  « La Russie poursuivra sa terreur sans entrave, déclarant que chaque centrale électrique détruite est un objet militaire et que chaque enfant tué est un militant néo-nazi », a-t-il déclaré, appelant ceux qui ne parviennent pas à faire la distinction entre défenseur et agresseur, tout en lançant des appels hors contexte à l’arrêt des livraisons d’armes, à prendre conscience des implications de leur idéalisme.

De leur côté, a-t-il poursuivi, Téhéran et Pyongyang continuent de fournir aux forces armées russes des missiles, des drones et des munitions.  « Et nous ne pouvons que deviner ce que la Russie leur offre en retour », a-t-il déclaré, affirmant que le récent veto russe sur le renouvellement du mandat du Groupe d’experts du Comité 1718 est « juste la pointe de l’iceberg ».  Il a souligné que l’Ukraine a besoin de systèmes de défense aérienne et d’avions de combat pour protéger ses civils et que l’artillerie était nécessaire pour déplacer les lignes de front et rétablir une vie normale dans les territoires occupés par la Russie.  Il a également insisté sur l’importance de la reddition de comptes.  « Si la solidarité avec l’Ukraine est maintenue et renforcée, cela ne fera que calmer l’agresseur; si elle est compromise, l’appétit de l’agresseur ne fera que croître - alors faites le bon choix », a-t-il dit.

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