Le Comité des ONG recommande le statut consultatif spécial à 16 organisations de la société civile dont les demandes avaient été précédemment reportées

Session ordinaire de 2023
20e & 21e séances plénières – matin & après-midi
ONG/958

Le Comité des ONG recommande le statut consultatif spécial à 16 organisations de la société civile dont les demandes avaient été précédemment reportées

Le Comité chargé des organisations non gouvernementales a recommandé au Conseil économique et social (ECOSOC) d’octroyer le statut consultatif spécial à 16 ONG qui avaient vu leur demande reportée lors des sessions précédentes.  Cent vingt organisations devront en revanche fournir des éléments de réponse à une nouvelle série de questions qui leur ont été posées aujourd’hui par différents membres du Comité.  

Le Comité a également pris acte de la demande de retrait de « The Center for Bioethics and Culture », des États-Unis.

Parmi les organisations qui ont décroché le précieux sésame, figure « Students for Global Democracy Uganda », de l’Ouganda, dont la mission est d’apporter aux élèves les connaissances et les compétences nécessaires pour appliquer les principes de la démocratie, de la gouvernance et de la durabilité au développement personnel, communautaire et national. 

Créée en 2017 à Sri Lanka « Zam Zam Foundation » fournit de son côté une assistance pour améliorer la vie des veuves, des orphelins, des handicapés démunis et des opprimés de la société ainsi qu’un soutien éducatif et financier aux élèves défavorisés.  En outre l’ONG promeut l’intégration ethnique et la réconciliation entre les différents groupes communautaires. 

On évoquera également « Feminist Legal Clinic Inc. (FLC) », de l’Australie, qui a pour vocation de faire progresser les droits des femmes fondés sur le sexe et la cause du féminisme, ainsi que l’ONG belge « European network on cultural management and policy (ENCATC) » qui s’intéresse particulièrement à l’éducation et à la recherche dans les domaines culturel et créatif. 

Le Comité des ONG, qui est composé de 19 membres, peut recommander trois différents statuts consultatifs auprès de l’ECOSOC: le statut consultatif général, le statut consultatif spécial et l’inscription sur la Liste. 

Le premier statut est réservé aux grandes ONG internationales dont les domaines d’action et de travail couvrent la majorité des points contenus dans l’agenda de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires.  Ces ONG sont habilitées à soumettre au Conseil des communications écrites et des pétitions, et à proposer l’inscription de points à l’ordre du jour. 

Le statut consultatif spécial est octroyé aux ONG travaillant dans un domaine spécifique et les autorise à soumettre des communications écrites et des pétitions à l’ECOSOC.  Enfin, la Liste va aux ONG qui ont tendance à travailler d’une manière plus technique et/ou restreinte.  Elles ne peuvent soumettre au Conseil que des communications écrites.  

Le Comité des ONG poursuivra ses travaux demain, jeudi 18 mai, à partir de 10 heures. 

DEMANDES D’ADMISSION AU STATUT CONSULTATIF OU DE RECLASSEMENT DONT LE COMITÉ A DÉCIDÉ DE REPORTER L’EXAMEN LORS DE SESSIONS ANTÉRIEURES 

Octroi du statut consultatif spécial

1.    Students for Global Democracy Uganda (Ouganda) 

2.    Tamdeen Youth Foundation (Yémen) 

3.    Zam Zam Foundation (Sri Lanka) 

4.    Africa Faith and Justice Network (États-Unis) 

5.    Amitofo Care Center International (États-Unis) 

6.    Best Practices Policy Project, Inc. (États-Unis) 

7.    Associazione Nazionale Volontarie Telefono Rosa - Centro di Orientamento per i Diritti della Donna - ONLUS (Italie) 

8.    European network on cultural management and policy (Belgique) 

9.    Feminist Legal Clinic Inc. (Australie) 

10.   Fondazione Circolo Fratelli Rosselli (Italie)

11.   Georgian academy of criminology sciences (Géorgie)

12.   Œuvre d'Orient (France) 

13.   The Conflict and Environment Observatory (Royaume-Uni) 

14.   Arab Media Union (Égypte) 

15.   Human Rights Protection Group and MFP Federation (Inde)

16.   Vithu Trust Fund (Royaume-Uni)

Examen des demandes de statut 

Les ONG suivantes ont vu l’examen de leur demande de nouveau reporté suite aux questions soulevées par des membres du Comité. 

Le Pakistan a demandé à Rainbow Volunteer Club (Chine) de bien vouloir fournir plus d’informations sur le réseau de coopération avec d’autres ONG qu’elle avait l’intention de mettre en place à partir de 2022.  Samajik Yuva Sangthan Sansthan (Inde) devra fournir ses états financiers de 2022, toujours à la demande de la délégation pakistanaise.  Les États-Unis se sont intéressés aux revenus et aux dépenses de Shenzhen Foundation for International Exchange and Cooperation (Chine) et ont réclamé plus d’informations sur les projets mis en œuvre.  Le Pakistan a demandé la liste des ONG qui sont affiliées à l’organisation Sri Sharada Institute of Indian Management Research Foundation (Inde) ainsi qu’une liste de ses projets.  S’agissant de Stella Maris Institute of Development Studies (Inde), la délégation pakistanaise a demandé la liste des organisations internationales qui financent cette ONG et des détails sur la manière dont ces fonds ont été utilisés. 

Les États-Unis ont demandé plus d’informations sur les fonds dont dispose Syrian Youth Council (Syrie) ainsi que sur les projets qu’ils ont financés.  Le Pakistan a souhaité obtenir une liste des projets déployés par The Gulmit Educational and Social Welfare Society, Hunza Gilgit (Pakistan) pour promouvoir les langues et la poésie locales.  Bahreïn a demandé davantage d’informations sur les projets qui figurent dans les états financiers actualisés de The New Woman Foundation (Égypte).  Quant à l’organisation Transnational Anti-Organized Crime Intelligence Group Inc. TAOC-IG) (Philippines), la même délégation a demandé plus de précisions sur ses affiliations avec le Département des affaires économiques et sociales de l’ONU, entre autres.  Le Pakistan a ensuite demandé à United Global Organization of Development (U-GOOD) (Pakistan) de fournir des détails sur son processus de désignation. 

Passant à Water, Environment and Sanitation Society – WESS (Pakistan), la délégation pakistanaise a demandé des éclaircissements sur ses associations avec les agences et programmes onusiens.  La Chine a demandé à West Papua Interest Association (Indonésie) de fournir des détails sur ses prochains projets de levée de fonds et les critères en matière de frais d’adhésion.  Les états financiers de l’organisation sont-ils disponibles et font-ils l’objet d’un audit?  Notant que World Historic and Cultural Canal Cities Cooperation Organization (Chine) n’a fourni que des informations sur ses activités en Chine, les États-Unis ont demandé des détails sur les projets menés en dehors de ce pays.  En quoi l’ONG Y S Makhdoomi Memorial Educational Trust (Inde) peut-elle contribuer aux travaux de l’ECOSOC? a questionné le Pakistan, suivi de la Chine qui a demandé à Yadam Institute of Research (Inde) de fournir une liste des pays dans lesquels elle a mené et mène des activités. 

Le Pakistan a demandé à l’ONG Youth Parli of Pakistan (YPP) (Pakistan) de soumettre au Comité la liste des noms des 11 organisations qui font partie de ses membres.  Passant à l’organisation Youth for Human Rights Pakistan (Pakistan), la délégation pakistanaise a demandé des détails sur les activités menées dans le cadre de sa campagne de plaidoyer.  L’Algérie a souhaité obtenir une liste détaillée des institutions qui financent Le Centre Idriss El Fakhouri des Etudes et de Recherches en Sciences Juridiques Oujda (Maroc) et des détails sur les liens qu’elle entretient avec ces institutions.  Passant à l’ONG A.D.A.M. (Association d’aide aux migrants) (France), la délégation algérienne a demandé des précisions sur ses critères d’adhésion notant une incohérence dans son dossier.  Le Cameroun a voulu savoir comment l’organisation All Survivors Project Foundation (Liechtenstein) parvient à fonctionner alors qu’elle indique n’avoir aucun membre. 

Cuba a demandé à l’ONG American Center for International Labor Solidarity (États-Unis) de fournir des informations détaillées sur les lieux où se trouvent ses 26 bureaux sur le terrain et leurs relations avec les autorités et les autres acteurs locaux.  La Chine a réclamé des précisions sur la participation d’American Medical Women’s Association, Inc. (États-Unis) aux travaux du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes.  La délégation chinoise a en outre relevé que l’Asociacion Psicoanalitica de Madrid (Espagne) n’a pas apporté les corrections nécessaires à sa demande concernant la terminologie de l’ONU.  La Türkiye a voulu en savoir plus sur l’affiliation entre l’Asociatia Romanian Women’s Lobby (Roumanie) et le European Women Association d’où proviennent un quart des revenus de l’ONG.  Passant à l’organisation l’Association Femmes Solidaires (AFS) (France), la délégation turque a demandé de fournir des exemples de ses projets caritatifs et humanitaires. 

La Géorgie a réclamé des informations sur la nature des relations qu’entretient l’Association of Civilians and Organizations for Corporate Learning Development “Mako” (Fédération de Russie) avec la Chambre civique de la Fédération de Russie.  Les États-Unis ont demandé à l’ONG Association of Lawyers of Russia (Fédération de Russie) une liste des institutions avec lesquelles l’ONG a travaillé.  La délégation américaine a également demandé à l’ONG Association of Non-for- Profit Organizations to Facilitate the Drug Prevention and Socially Dangerous Behaviour “National Anti-Drug Union” (Fédération de Russie), une liste des forums internationaux auxquels elle a l’intention de participer cette année.  La Chine a noté que l’organisation Canadian Lutheran World Relief (Canada) bénéficie d’un accord de soutien financier avec le Gouvernement canadien pour aider des réfugiés à s’installer au Canada.  Elle a demandé plus de détails sur ce programme.  En ce qui concerne Ceasefire Centre for Civilian Rights (Royaume-Uni), l’Érythrée a souhaité des éclaircissements sur le terme « personnel » utilisé dans sa demande ainsi que sur les mécanismes mis en place pour garantir le respect par l’ONG des normes de redevabilité dans le contexte humanitaire.  La délégation a également souhaité savoir quelle est son expertise pour apporter un soutien à la société civile au Soudan du Sud en matière de systèmes d’alerte rapide contre les violences fondées sur l’identité. 

Cuba a demandé à Center for Military Human Rights Korea (CMHRK) (République de Corée) de préciser en quoi consiste ses « autres activités supplémentaires ».  La Türkiye a souhaité des informations supplémentaires sur le travail de promotion du patrimoine bio-culturel du Centro Intercultural de Estudios de Desiertos y Océanos A.C (Mexique).  Le Nicaragua a demandé des informations sur les mesures prises par la Coalition pour l’abolition de la prostitution (CAP) (France) pour assister les femmes et les filles dans les pays où elle opère et pour garantir que les organisations avec lesquelles elle coopère agissent de manière éthique.  Quelles sont les organisations partenaires du Congrès mondial Amazigh (France), a ensuite questionné l’Algérie, suivie de Cuba qui a appelé Database Center for North Korean Human Rights (NKDB) (République de Corée) à éclaircir l’incohérence concernant le nombre de membres individuels.  L’organisation affirme d’une part en avoir 1 226 alors que dans ses réponses il est question de 1 245, a notamment relevé la délégation.

La Chine s’est intéressée aux liens entre les antennes et le siège de l’ONG European Interreligious Forum for Religious Freedom (EIFRF) (France).  La Türkiye a voulu savoir si le changement de structure de direction annoncé par European Network of Migrant Women (Belgique) avait été mis en œuvre en vue de rendre l’ONG plus démocratique.  Passant à l’organisation Fn-Sambandet i Norge (Norvège), la délégation turque a demandé une liste actualisée des organisations affiliées.  Quant à l’organisation Fondazione Pangea ONLUS (Italie), la Türkiye a demandé des détails sur ses projets de recherche sur l’écologie féministe et leurs financements.  Quelle est la nature des liens de l’ONG Foundation for a Drug-Free World (États-Unis) avec ses bénévoles? a ensuite voulu savoir l’Algérie

La Chine a demandé des précisions sur les objectifs de la Foundation of the National Council of YMCAs of Korea (République de Corée) et a voulu savoir si des projets de coopération avec les autorités locales sont envisagés.  La Géorgie a réclamé des détails sur les projets conjoints menés par Fundació Josep Irla (Espagne) et ses partenaires.  La Türkiye a souhaité obtenir des informations sur les outils utilisés par Geneva Call (Suisse) en matière de sensibilisation ciblée. Le Royaume-Uni a noté que plusieurs membres de l’organisation Global Alumni Alliance (Fédération de Russie) ont des liens avec le Gouvernement russe et a demandé à l’ONG de fournir des informations sur le rôle de ces individus dans le processus décisionnel. L’Algérie s’est pour sa part intéressée aux sources de financement de Global Detention Project (Suisse). 

Le Pakistan a souhaité en savoir plus sur les violations documentées par Human Rights Activists (États-Unis) en Iran.  La Chine a demandé si Humanity Diaspo (France) avait des activités à l’étranger en dehors du Maroc.  Notant que plusieurs partie prenantes participent au processus de transport de International Coordinating Council on Trans-Eurasian Transportation (CCTT) (Suisse), les États-Unis ont voulu savoir comment l’organisation parvient à garantir son indépendance.  L’Algérie a relevé une incohérence concernant le nombre de membres de l’International Cultural Diversity Organization (Autriche), tandis que la Chine a demandé à l’International Funders for Indigenous Peoples Inc. (États-Unis) de présenter la structure de son réseau. 

La délégation chinoise s’est ensuite intéressée à l’accréditation de l’International Society of Criminology (États-Unis) auprès de l’UNESCO, suivie de l’Algérie qui a souhaité connaître les critères d’allocation du budget de l’International Youth Federation (Royaume-Uni) et les contributions de chacun de ses membres.  Existe-t-il des règles pour éviter d’éventuels conflits d’intérêt?  Cuba a voulu savoir comment Intl. WeLoveU Foundation (République de Corée) finance ses activités alors qu’elle n’a pas de source de revenu régulière.  La Türkiye a souhaité savoir quels projets de l’organisation Kandilarla Dayanişma Vakfi (Türkiye) ont été financés par les fonds levés auprès de l’Union européenne et de l’ambassade de France en Türkiye.  Le Cameroun a demandé à l’ONG Khalsa Aid International (Royaume-Uni) d’expliquer comment elle obtient ses licences dans les pays où elle opère; comment elle procède pour s’assurer que l’aide parvient aux personnes qui en ont besoin et quelles mesures elle prend pour garantir la sécurité de son personnel sur le terrain. 

À la demande de la Chine, Khmers Kampuchea-Krom Federation (États-Unis) devra fournir des détails sur les organisations avec lesquelles elle a établi des partenariats.  L’Algérie a relevé une incohérence entre la liste des membres des organes exécutifs fourni au Comité par l’organisation Kite Oxford (Royaume-Uni) et celle qui figure sur son site Internet.  La Türkiye a voulu savoir si la deuxième conférence sur les droits des femmes organisée par Kvinnors Nätverk (Suède) avait eu lieu, s’intéressant notamment à son financement, à ses participants, et à ses résultats.  Notant qu’une partie importante du budget de Mamanet Mothers’ Cachibol League in Kfar Saba (Israël) provient d’autres ONG, l’Algérie a voulu en savoir plus sur la nature des liens avec ces organisations.  L’Érythrée a demandé à Mnemonic non-profit entrepreneurial company (Allemagne) de donner des précisions sur ses contributions aux travaux de l’ECOSOC en ce qui concerne les liens entre la technologie et les droits humains. 

L’Algérie a invité l’ONG Moscow Helsinki Group (Fédération de Russie) à donner plus de détails sur son processus de prises de décisions et les liens entre ses différents organes exécutifs.  Notant que l’ONG NAUH (Now Action & Unity for Human rights) (République de Corée) coopère avec le Bureau des Nations Unies à Séoul, la Chine a demandé sur quels projets a porté cette coopération.  Le Pakistan a souhaité prendre connaissance d’un exemple concret d’une des études publiées par NTC-Hands off Cain (Italie) sur la peine de mort dans le système mondial.  L’Inde a ensuite demandé à l’organisation Nationaal Papoea Vereniging ‘95/West Nieuw Guinea (Pays-Bas) de fournir ses états financiers pour les trois dernières années. 

Le Royaume-Uni a voulu en savoir plus sur les liens entre l’ONG National Committee on BRICS Research (Fédération de Russie) et l’État russe.  Nithyananda Dhyanapeetam Of Oklahoma City, Inc (États-Unis) a été priée par les États-Unis de préciser ses relations avec le guru Swami Nithyananda qui est accusé d’enlèvement et d’autres délits.  Nithyanandeshwara Paramashiva Hindu Tempel devra répondre à la même préoccupation de la part de l’Inde qui a précisé que ce guru est en fuite et fait l’objet d’un mandat d’arrêt international d’INTERPOL.  Le Nicaragua a voulu savoir comment Nobel Women's Initiative (Canada) mène ses activités alors qu’aucun membre n’est répertorié, avant de demander à PeaceCorea (République de Corée) des détails sur ses ressources.  

Au sujet de l’ONG Roosevelt House Public Policy Institute (États-Unis), la Türkiye a demandé s’il y a d’autres dépenses en plus des frais d’administration.  SAM pour les droits et les libertés (Suisse) devra pour sa part préciser au Comité des ONG, à la demande de l’Algérie, les différentes catégories de volontaires avec lesquels elle coopère.  L’Érythrée attend des détails sur les activités de SJAC (États-Unis), ainsi que sur celles de l’ONG Sheikh Abdullah Al Nouri Charity Society (Koweït), dont le budget semble très élevé.  Le Nicaragua a demandé des détails sur les fonds utilisés par Solidarity for Peace and Reunification of Korea (République de Corée). 

À la Stichting Mideast Youth (Pays-Bas), l’Algérie a demandé ses états financiers actualisés, avant que le Cameroun ne fasse une demande similaire à Stichting Volunteer Activists (Pays-Bas).  La même délégation a demandé des détails sur le fonctionnement de la Stichting White Helmets Foundation (Pays-Bas).  À l’ONG Suomalaiset kehitysjärjestöt - Finnish Development NGOs Fingo ry (Finlande), la Chine a demandé d’utiliser la bonne terminologie pour Hong-Kong, Taiwan et Macao.  La Syria Relief (Royaume-Uni) devra fournir, à la demande du Pakistan, la liste des activités récentes. 

À la Syrian Legal Development Programme (Royaume-Uni), l’Érythrée a demandé d’expliquer sa méthodologie de travail.  TMG Research gGmbH (Allemagne) devra aussi expliquer au Nicaragua comment elle collabore avec ses partenaires lors de ses enquêtes, notamment dans le secteur agricole.  Tai Studies Center (États-Unis) a été invitée par l’Inde à préciser le nombre de postes vacants au sein de son conseil d’administration et quelles sont les prérogatives de ce dernier.  The Auschwitz Institute for Peace and Reconciliation (États-Unis) a été priée par la Chine de préciser les pays dans lesquels ont été menés des programmes de lutte contre la discrimination liée au genre.  Le Nicaragua a également invité The Bar Human Rights Committee (États-Unis) à fournir la liste des organisations internationales qui la financent. 

The Foundation for the Defense of Democracies (États-Unis) a ensuite été invitée par Cuba à expliquer pourquoi ses dépenses sont si faibles par rapport aux recettes, ce qui laisse un solde de 15 millions de dollars dans les caisses.  À The Friendship League of Culture and Sport (Israël), l’Algérie a demandé quelle est la relation entre elle et ses grands donateurs.  Les États-Unis ont demandé la liste des récents accords de partenariats de l’ONG The Global Energy Association on Development of International Research and Projects in the Field of Energy (Fédération de Russie), avant que la Chine ne demande des détails sur les programmes de coopération entre The Global Initiative – Verein gegen transnationale organisierte Kriminalität (Autriche) et les gouvernements listés comme bailleurs de fonds.  À Time to Help UK (Royaume-Uni), la Türkiye a demandé de fournir des réponses plus détaillées aux questions précédemment posées. 

La Chine veut une liste des pays où Transitional Justice Working Group (Républqiue de Corée) mène des activités.  À Uluslararası Yardımlaşma ve Kalkındırma Derneği (Türkiye), l’Érythrée a demandé si elle collabore avec les autorités locales de la Syrie où elle dit avoir des activités.  Israël a ensuite voulu obtenir le détail des activités en Europe de l’ONG Österreichischer Rat Für Nachhaltige Entwicklung - Österreichischer Nachhaltigkeitsrat für soziale, ökologische und ökonomische Angelegenheiten (Autriche).  "Armenian Women for Health and Healthy Environment" NGO (Arménie) a été invitée par la Türkiye de préciser ses rapports avec le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).  À "Mission Armenia" Charitable Non-governmental Organization (Arménie), la Türkiye a demandé des précisions sur ses rapports avec les Nations Unies. 

L’Algérie a dit attendre plus de détails sur les activités de l’ONG Association de la femme saharienne pour le développement intégré (Maroc), alors que l’Inde a demandé quel genre d’assistance Association for Social Solidarity and Empowerment Training Trust (ASSET) (Inde) a reçu ces 10 dernières années.  Cuba veut comprendre pourquoi les recettes et les dépenses de l’ONG Associação Nacional de Juristas Evangélicos – ANAJURE (Brésil) sont identiques.  Baghbaan (Pakistan) a été priée par l’Inde de fournir des détails sur ses donateurs étrangers, alors que le Centre for Participatory Democracy (Inde) devra expliquer à la même délégation pourquoi elle n’a pas mené d’activités depuis la fin de la pandémie de COVID-19. 

À Child Nurture and Relief Kashmir (Jammu-et-Cachemire), l’Inde a demandé les détails sur les fonds reçus entre 2020 et 2023 de donateurs externes.  Diplomatic Mission Peace And Prosperity (Albanie) a ensuite été invitée par le Pakistan de fournir des détails sur ses activités.  À son tour, l’ONG Direct Focus Community Aid (Pakistan) devra expliquer à l’Inde, pourquoi son site Internet ne fonctionne pas.  À Dr. APJ Abdul Kalam International Foundation (Inde), la Chine a demandé la liste des partenaires dans la région Asie-Pacifique.  L’Inde a par la suite dit attendre le rapport sur les activités en lien avec la protection de l’environnement menées en 2022 par Environmental and Societal Development Foundation (Pakistan). 

À Fondacioni "Yesilay" (Albanie), l’Arménie demande la liste des articles scientifiques publiés, tandis que l’ONG Fundación Ciudadanía y Desarrollo (Équateur) a été conviée par Cuba à expliquer comment elle garantit son indépendance du Gouvernement. C’est la même préoccupation qu’à transmis l’Inde à Girija Prasad Koirala Foundation for Democracy Peace and Development (Népal).  La délégation indienne a ensuite constaté que les précédentes questions posées à Global Village Forum Chakwal c/o Shaheen Degree College Chappar Bazar Chakwal (Pakistan) sont restées lettre morte, avant de demander à Human Rights Initiative (Inde)de fournir des détails sur sa participation aux travaux du Conseil des droits de l’homme. 

Imam Khomeini Relief Foundation (République islamique d’Iran) a été invitée par les États-Unis à expliquer comment elle s’y prend pour motiver les jeunes à fonder une famille.  Karim Khan Afridi Welfare Foundation (Pakistan) devra pour sa part expliquer à l’Inde comment d’autres ONG s’affilient à elle.  La même délégation à fait observer que le site Internet de Lahore Educational and Welfare Society (Pakistan) ne fonctionne pas et a dit attendre plus de détails sur les activités de l’ONG Legal Aid Society (Pakistan).  À Life Bliss Foundation (Singapour), l’Inde a demandé d’expliquer ses liens avec le guru indien Swami Nithyananda porté disparu. 

Mwatana Organization for Human Rights (Yémen) a ensuite été invitée par le Pakistan à préciser les sites de ses différents bureaux, alors qu’Israël entend comprendre comment National Forum for Human Rights(Yémen) compte combler son déficit financier.  De leur côté, les États-Unis veulent savoir comment Nithyananda Dhyanapeetam TCD Trust (Inde) entend contribuer aux travaux de l’ECOSOC.  La Türkiye a voulu en savoir plus sur le fonctionnement de l’ONG OxYGen Foundation for Protection of Women and Youth Rights (Arménie).  À PAY-W Clinic (Inde), l’Inde a demandé d’expliquer comment elle fonctionne. La même délégation a demandé à Pak Special Persons Welfare Society (Pakistan) de préciser si elle compte des ONG comme membres. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: l’Envoyé spécial pour le Yémen fait part de son « optimisme prudent » après ses discussions avec les parties au conflit

9323e séance - matin
CS/15284

Conseil de sécurité: l’Envoyé spécial pour le Yémen fait part de son « optimisme prudent » après ses discussions avec les parties au conflit

La séance d’information mensuelle du Conseil de sécurité sur le Yémen a permis, ce matin, à l’Envoyé spécial pour ce pays de dresser un bilan positif de la poursuite de son dialogue avec les parties yéménites et les partenaires régionaux en vue d’une sortie du conflit et d’une relance du processus politique inter-yéménite.  Plus d’un an après son annonce et sept mois après son expiration officielle, la trêve continue de porter ses fruits, s’est félicité M. Hans Grundberg, faisant part de son « optimisme prudent », tandis que le Yémen appelait le Conseil à exercer davantage de pression sur les houthistes et l’Iran afin qu’ils se tournent réellement vers la paix. 

Au sortir de ses rencontres avec le Président du Conseil présidentiel yéménite, à Aden, et les dirigeants d’Ansar Allah, la branche politique des houthistes, à Sanaa, ainsi qu’avec de hauts responsables régionaux et américains, l’Envoyé spécial s’est dit encouragé par des discussions qualifiées de « positives et détaillées ».  Toutes les parties sont déterminées à progresser vers un accord sur les mesures humanitaires et économiques, un cessez-le-feu permanent et la reprise d’un processus politique dirigé par les Yéménites sous les auspices de l’ONU, a précisé le haut fonctionnaire. 

Saluant les efforts continus que déploient l’Arabie saoudite et le Sultanat d’Oman pour soutenir le rôle de médiation de l’ONU, M. Grundberg s’est déclaré convaincu que les questions en suspens pourront être réglées et que les parties parviendront à un accord.  Elles ont l’obligation de faire fond sur les progrès réalisés à ce jour et de prendre des mesures décisives en vue d’une solution pacifique et globale, a-t-il dit, se félicitant d’un niveau d’hostilités nettement inférieur à celui d’avant la trêve d’avril 2022, de la libération le mois dernier de 887 prisonniers, mais aussi de la reprise des vols commerciaux à destination et en provenance de l’aéroport de Sanaa et de l’arrivée de navires commerciaux dans le port de Hodeïda.    

L’Envoyé spécial n’a toutefois pas caché son inquiétude face à la fragilité de la situation militaire et à l’état désastreux de l’économie.  À ce sujet, il s’est ému de l’incapacité du Gouvernement yéménite à exporter du pétrole et conséquemment à assurer ses obligations envers la population.  Il a aussi pointé l’incohérence des politiques financières et économiques menées dans différentes provinces du pays, avant de regretter l’absence de coopération entre les parties sur les questions monétaires et financières. 

Pour M. Grundberg, la seule voie à suivre est de forger un nouveau partenariat politique et d’apporter la promesse d’un avenir sûr et économiquement stable, dans lequel les institutions de l’État fonctionneraient efficacement et où le Yémen retrouverait des relations pacifiques avec ses voisins.  Un avis partagé par le représentant du Yémen, qui, tout en vantant les actions de son gouvernement, a applaudi les efforts régionaux et internationaux en faveur de la paix dans son pays.  Il n’a cependant pas manqué d’accuser les houthistes d’enflammer le conflit, de manquer de sérieux dans les pourparlers et de violer les droits humains, avant d’appeler le Conseil à accentuer ses pressions sur cette milice rebelle et son allié iranien pour faire cesser les souffrances humanitaires. 

Sur ce point, la Directrice de la Division des opérations et du plaidoyer du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a confirmé que les services de base restent hors de portée pour des millions de Yéménites.  Mme Edem Wosornu a indiqué qu’au premier trimestre, les organisations humanitaires sont venues en aide à plus de 11 millions de personnes par mois, les faisant bénéficier d’une assistance alimentaire et d’un meilleur accès à l’eau potable et à l’assainissement.  Regrettant que des obstacles à l’acheminement de l’aide subsistent dans les zones contrôlées par les houthistes, elle a aussi rappelé que, depuis le début de l’année, environ 80% des besoins humanitaires au Yémen ne sont pas financés. 

Face à cette situation, la Chine a appelé les donateurs à assurer le plein financement des opérations humanitaires de l’ONU au Yémen et a souhaité que les parties lèvent leurs restrictions.  Le Brésil et les trois membres africains du Conseil, représentés par le Ghana, ont eux aussi défendu cette position, exhortant les parties à faciliter le passage sûr, rapide et sans entrave de l’aide.  Il est crucial d’assurer l’avenir des enfants du Yémen, sous peine de les voir gagner les camps d’entraînement des houthistes, ont plaidé les Émirats arabes unis, non sans inviter les parties à profiter de la dynamique actuelle pour parvenir à un accord politique. 

À son tour, la France a encouragé les parties à mettre à profit le contexte favorable actuel pour conclure un accord de cessez-le-feu national durable.  Pour la Fédération de Russie, l’absence de confrontations militaires d’ampleur, même sans trêve officielle, témoigne que les parties souhaitent trouver des solutions pour mettre un terme définitif au conflit.  La délégation a d’autre part fait valoir que l’objectif de la communauté internationale doit être de parvenir à un règlement global au Yémen, et non de favoriser les intérêts de « certains » dans le domaine énergétique. 

L’Albanie a, pour sa part, sommé les houthistes de participer de bonne foi aux négociations, rejointe par le Japon, qui a néanmoins loué le dépassement par les parties au conflit de leurs divergences. Même constat de la part des États-Unis, pour qui « il existe aujourd’hui une réelle chance à saisir au Yémen pour l’instauration d’une paix durable ».  Cette dynamique positive doit se concrétiser par un règlement politique inter-yéménite inclusif sous l’égide des Nations Unies, a ajouté la Suisse, qui, à l’instar de la plupart des délégations, a salué tous les efforts de paix en cours, et notamment l’engagement d’Oman et de l’Arabie saoudite. 

S’agissant enfin de l’opération de sauvetage du pétrolier Safer, que tous ont appuyée, le Royaume-Uni a appelé à des contributions supplémentaires pour désamorcer cette « bombe à retardement environnementale », prévenant que nul ne voudra payer pour nettoyer une marée noire en cas de rupture de la coque du navire.  Plus largement, Mme Yasmeen Al-Eryani, Codirectrice exécutive du Centre d’études stratégiques de Sanaa, a insisté sur l’importance d’assurer la « justice écologique » au Yémen, qu’il s’agisse de cette catastrophe potentielle ou de l’atténuation des changements climatiques.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

M. HANS GRUNDBERG, Envoyé spécial pour le Yémen, a indiqué que, depuis son précédent exposé au Conseil de sécurité, il a poursuivi son dialogue avec les parties yéménites et les interlocuteurs régionaux pour établir un cessez-le-feu et lancer un processus politique.  Il a ainsi rencontré le Président du Conseil présidentiel, M. Rashad Al-Alimi, à Aden, et les dirigeants d’Ansar Allah, la branche politique des houthistes, à Sanaa.  Il a aussi pu s’entretenir avec de hauts responsables régionaux et yéménites à Riyad et à Abou Dhabi, ainsi qu’avec de hauts responsables américains à Washington. Se disant « encouragé » par ces discussions « positives et détaillées », il a estimé que ses interlocuteurs ont démontré leur compréhension de l’immensité des enjeux et ont fait preuve d’une volonté de s’engager de manière constructive sur la voie à suivre. Toutes les parties sont déterminées à progresser vers un accord sur les mesures humanitaires et économiques, un cessez-le-feu permanent et la reprise d’un processus politique dirigé par les Yéménites sous les auspices de l’ONU, a précisé le haut fonctionnaire.  Saluant les efforts continus de l’Arabie saoudite et du Sultanat d’Oman pour soutenir le rôle de médiation de l’ONU, il s’est déclaré convaincu que les questions en suspens pourront être réglées et que les parties pourront parvenir à un accord.  Elles ont l’obligation de faire fond sur les progrès réalisés à ce jour et de prendre des mesures décisives en vue d’une solution pacifique et globale, a-t-il dit. 

M. Grundberg a ensuite insisté sur les « fruits » de la trêve, qui a créé un environnement propice et un point de départ pour les prochaines étapes, comme en témoignent la reprise des vols commerciaux à destination et en provenance de l’aéroport de Sanaa et l’arrivée de navires commerciaux au port de Hodeïda.  Si des incidents militaires sporadiques continuent de se produire, les niveaux d’hostilités sont nettement inférieurs à ceux d’avant la trêve, s’est félicité l’Envoyé spécial.  Il a toutefois jugé que la fragilité de la situation militaire, l’état désastreux de l’économie et les autres défis rendent « vitale » la conclusion d’un accord plus global entre les parties. 

Dans ce contexte, l’Envoyé spécial n’a pas caché son inquiétude face à la persistance de violences sur les lignes de front, notamment à Jaouf, Taez, Mareb et Saada, et a souligné la nécessité d’un cessez-le-feu officiel.  Il s’est aussi dit préoccupé par l’incapacité du Gouvernement yéménite à exporter du pétrole, ressource qui a généré plus de la moitié des recettes publiques totales l’an dernier, ce qui l’empêche d’assurer ses obligations envers la population.  M. Grundberg a d’autre part relevé que des politiques financières et économiques incohérentes dans différentes provinces ont durement frappé les citoyens et les entreprises.  Selon lui, le manque de coopération entre les parties sur les questions monétaires et financières signifie que ces défis vont s’aggraver et potentiellement s’enraciner. 

Ces défis laissent toutefois de la place à un « optimisme prudent », a poursuivi l’Envoyé spécial, qui a énuméré les mesures positives supplémentaires prises par les parties, comme la libération le mois dernier de 887 détenus.  Il a souhaité que ces libérations renforcent la confiance entre les parties et favorisent un environnement propice au dialogue, avant de rappeler que des milliers d’autres personnes restent détenues. Il a donc appelé les parties à libérer tous les prisonniers liés au conflit, conformément à l’Accord de Stockholm. Par ailleurs, prenant note de la récente libération de quatre journalistes, M. Grundberg a regretté que ces professionnels continuent de faire l’objet de menaces, de harcèlement, d’emprisonnement et de confiscation de leurs bureaux et de leurs biens.  Il faut libérer immédiatement toutes les personnes en détention arbitraire, y compris les journalistes, les défenseurs des droits humains, les opposants politiques et les autres civils, a-t-il plaidé. 

Pour l’Envoyé spécial, la pierre angulaire d’un accord sur la voie à suivre doit être la reprise d’un processus politique dirigé par les Yéménites sous les auspices de l’ONU.  Jugeant que les défis du Yémen ne peuvent être résolus par des solutions partielles ou temporaires, il a fait valoir que seul un processus politique inclusif et global peut forger durablement un nouveau partenariat politique et apporter la promesse d’un avenir sûr et économiquement stable, dans lequel les institutions de l’État fonctionnent efficacement et où le Yémen retrouve des relations pacifiques avec ses voisins.  Ce processus politique devra aborder des questions complexes sur l’avenir à long terme du Yémen et doit commencer dès que possible, a encore pressé M. Grundbreg, avant de souligner l’importance de la participation des femmes, des jeunes et de la société civile dans tous les aspects du processus de paix.  Il faut leur donner la possibilité de répondre à leurs priorités et d’apporter leurs points de vue et leur expertise, a-t-il affirmé.  En conclusion, il a dit compter sur l’engagement et l’unité du Conseil au sujet du Yémen, à court terme et à long terme, « au moment où le pays dessine la voie vers un avenir plus pacifique et plus prospère qui réponde aux aspirations du peuple yéménite ». 

Au nom du Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, M. MARTIN GRIFFITHS, la Directrice de la Division des opérations et du plaidoyer du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), Mme EDEM WOSORNU, a exprimé l’espoir de voir cette « terrible » guerre prendre fin avec un accord de paix durable.  Tandis que les services de base et la sécurité restent hors de portée pour des millions de personnes, elle a exhorté les parties à saisir cette occasion pour mettre fin au conflit.  Au cours du premier trimestre de 2023, les organisations humanitaires, y compris les ONG locales, sont venues en aide à plus de 11 millions de personnes par mois, alors que 10 millions ont bénéficié d’une aide alimentaire et près d’un million d’un meilleur accès à l’eau potable et à l’assainissement.  Cependant, l’acheminement de l’aide humanitaire continue de se heurter à des obstacles d’accès chroniques, principalement dans les zones contrôlées par les autorités de facto houthistes, a prévenu Mme Wosornu.  Les restrictions imposées aux déplacements des travailleurs humanitaires yéménites ont gravement perturbé la capacité des agences à fonctionner et à atteindre les personnes dans le besoin, en particulier les femmes et les filles.  De même, les entraves imposées aux évaluations des besoins humanitaires, qui s’ajoutent aux contraintes administratives, ont entraîné des retards. L’amélioration de l’environnement opérationnel était pourtant l’un des principaux objectifs de la récente mission au Yémen du Groupe des directeurs d’urgence, qui a tenu des discussions productives sur cette question avec les autorités de facto et le Gouvernement yéménite.  Mme Wosornu a rappelé aux parties leur obligation, au titre du droit international humanitaire, de faciliter le passage rapide et sans entrave des secours d’urgence. 

Depuis le début de l’année, environ 80% des besoins humanitaires au Yémen ne sont pas financés, s’est alarmée la Directrice, ce qui menace de plus en plus la capacité de l’OCHA à fournir une assistance vitale.  Parmi les éléments les plus affectés, elle a souligné le soutien aux migrants et aux réfugiés.  Des fonds supplémentaires sont également nécessaires pour financer les opérations du pétrolier Safer, coordonnées par l’ONU.  Mme Wosornu a salué l’annonce, le 4 mai, d’une contribution de 8 millions de dollars par le Royaume-Uni et les Pays-Bas.  De plus, un navire de remplacement est arrivé à Djibouti le 7 mai, tandis que le navire de sauvetage Ndeavor y est attendu le 22 mai, afin que l’opération puisse commencer avant la fin du mois.  Alors que les besoins humanitaires urgents diminuent, nous devons renforcer la capacité du Yémen à se redresser, a continué la Directrice, en expliquant que l’ONU prépare un cadre économique révisé tenant compte des moteurs économiques qui sous-tendent les besoins humanitaires dans le pays.  La communauté humanitaire soutient ces efforts en investissant dans l’action contre les mines, qui continuent de tuer et de mutiler des civils, et dans les communautés déplacées et les rapatriés.  Le moment est venu pour les parties de se tourner résolument vers la paix et la fin de ce conflit, a plaidé Mme Wosornu, en demandant le plein appui de la communauté internationale. 

Mme YASMEEN AL-ERYANI, Codirectrice exécutive du Centre d’études stratégiques de Sanaa, a indiqué qu’il est temps que les armes se taisent au Yémen et que les voix des Yéménites se fassent entendre.  Elle a assuré que les femmes, les jeunes et toutes les composantes de la société yéménite sont capables de reconstruire le pays et de façonner son avenir.  Elle a également souligné la responsabilité partagée de la communauté internationale dans la sortie de crise du pays.  Cette responsabilité morale est double pour tous les acteurs qui se sont impliqués, de près ou de loin, dans ce conflit, a-t-elle déclaré.  Elle a estimé que tout accord au Yémen doit se conclure sous les auspices de l’ONU, avant de rappeler la nécessité pour les Yéménites de pouvoir exprimer leurs doléances.  « Tout accord de paix précipité qui ne rendrait pas justice aux Yéménites, ne mettrait pas un terme au conflit et n’améliorerait pas la stabilité régionale. »  La justice ne doit jamais être sacrifiée au profit de la sécurité, a-t-elle tranché. 

Mme Al-Eryani a aussi exhorté la communauté internationale à protéger les femmes, tant les libertés et droits de ces dernières ont connu un recul sans précédent au Yémen.  Cela inclut le droit à un emploi, l’éducation, la liberté de mouvement et une visibilité dans l’espace public.  Ces droits fondamentaux ne doivent pas être bafoués, a-t-elle souligné, dénonçant la passivité de la communauté internationale devant les discriminations frappant les femmes. « Si nous ne luttons pas plus vigoureusement, nous pourrions alors nous retrouver devant une situation cauchemardesque où les femmes seraient totalement effacées de l’espace public. »  Enfin, cette représentante de la société civile yéménite a insisté sur l’importance d’assurer la « justice écologique » au Yémen, en rappelant la menace posée par le pétrolier Safer.  Elle a également souhaité que son pays ait accès aux fonds prévus pour l’atténuation des effets des changements climatiques.

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a salué les progrès réalisés dans le sauvetage en cours du pétrolier Safer en soulignant que personne ne veut collecter les 20 milliards de dollars qui seraient nécessaires pour nettoyer une marée noire en cas de rupture de sa coque.  La représentante a donc appelé à des contributions supplémentaires pour désamorcer cette « bombe à retardement » environnementale, qui aurait également un impact sur le commerce mondial, les moyens de subsistance de millions d’individus et l’acheminement d’une aide d’urgence au Yémen.  Notant les progrès accomplis par les parties pour tirer parti des conditions favorables à la trêve au cours de l’année écoulée, la représentante les a exhortées à poursuivre leur engagement constructif dans un esprit de compromis. Un processus de paix inclusif sous les auspices de l’ONU est le seul moyen de mettre fin à cette terrible guerre, a-t-elle insisté, et le Conseil doit faire preuve d’unité dans ce dossier.

M. GENG SHUANG (Chine) s’est félicité que les parties maintiennent, depuis un certain temps, une communication étroite sur le règlement politique du conflit au Yémen, tout en s’efforçant de mettre un terme aux souffrances de la population.  Il a appelé à intensifier le dialogue et les consultations, à fixer des attentes raisonnables et à faire preuve de souplesse pour parvenir à des solutions mutuellement acceptables aux questions en suspens.  Bien que la situation sur le terrain se soit récemment améliorée, des échanges de tirs sporadiques se poursuivent en plusieurs endroits, a déploré le représentant, avant d’exhorter les parties à mettre les intérêts de la population au premier plan et à respecter les solutions pacifiques afin de parvenir à un cessez-le-feu global.  Dans ce contexte, la communauté internationale doit selon lui renforcer son action humanitaire et ses investissements dans le développement du pays. Le représentant a appelé les donateurs à assurer le plein financement des opérations humanitaire des Nations Unies au Yémen et a souhaité que les parties lèvent les restrictions qui freinent l’acheminement de l’aide.  Il a enfin affirmé que le règlement politique au Yémen ne saurait être séparé des dynamiques régionales, se félicitant à cet égard de l’esprit de réconciliation et de solidarité qui se fait jour entre les pays du Moyen-Orient, avec l’appui de la Chine.

Au nom des A3 (Gabon, Ghana et Mozambique), M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) s’est félicité du climat d’optimisme que suscitent les échanges entre les parties prenantes en vue d’une solution durable au conflit yéménite.  Toute tentative d’inverser les progrès ne doit pas être tolérée, a averti le représentant, appelant à un processus politique mené et dirigé par les Yéménites. Il a souligné l’importance de tirer parti de la libération d’environ 900 détenus liés au conflit le mois dernier. La voie vers une paix durable dépend de l’engagement des parties à maintenir un cessez-le-feu et à donner au peuple yéménite la possibilité de prendre en main son avenir politique, a-t-il affirmé, insistant sur l’importance d’une participation effective des femmes aux processus politiques afin de parvenir à une paix durable. 

Malgré ces motifs d’espoir, le représentant s’est dit préoccupé par la fermeture des routes menant à Taëz et par le non-paiement des salaires des fonctionnaires dans les territoires contrôlés par les houthistes.  Il a souhaité que ces derniers démontrent leur plein attachement au processus de paix alors que la situation sécuritaire reste fragile.  Il s’est aussi alarmé de la détérioration de la situation humanitaire, souhaitant que soient réglés de toute urgence les problèmes qui sapent les efforts des secours, y compris les restrictions d’accès et les interférences dans les activités humanitaires.  Les parties doivent faciliter le passage sûr, rapide et sans entrave de l’aide, a plaidé le délégué.  Il a d’autre part déploré l’obligation faite aux femmes d’être accompagnées de tuteurs masculins dans les zones contrôlées par les houthistes.  Enfin, après avoir alerté sur les risques liés aux mines terrestres et appelé à la communauté internationale à soutenir l’économie du pays, il a encouragé les parties à coopérer avec l’ONU pour permettre un transfert sûr et rapide de la cargaison du pétrolier Safer vers le transporteur nouvellement acquis. 

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) s’est félicité de la dynamique en cours au Yémen alors que les parties poursuivent leurs discussions avec l’Envoyé spécial Grundberg ainsi que leurs pourparlers facilités par Oman.  Il a toutefois prévenu que tout accord de cessez-le-feu doit se traduire par des avantages tangibles pour la population civile, y compris la reprise des exportations de pétrole et des opérations à l’aéroport de Sanaa.  La crise humanitaire au Yémen continue cependant d’être l’une des pires au monde, affectant les deux tiers de la population du pays.  Le représentant a exhorté les autorités nationales à assurer un accès sûr et sans entrave des organisations humanitaires à l’ensemble du territoire yéménite.  Il s’est également félicité du sauvetage par les Nations Unies du pétrolier Safer, avec l’appui des donateurs, ce qui a permis selon lui d’éviter une grave crise environnementale aux effets dévastateurs sur la situation humanitaire.

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a salué tous les efforts de paix en cours au Yémen et l’accalmie qui y règne, avant de souhaiter un cessez-le-feu durable.  Elle s’est aussi réjouie de l’engagement d’Oman et de l’Arabie saoudite et a exhorté les acteurs, en particulier les houthistes, à faire fond sur la dynamique positive actuelle.  Le dialogue est le seul moyen de parvenir à un accord politique, a assuré la déléguée. Elle a souligné la gravité de la situation humanitaire au Yémen, demandant un accès humanitaire sans entraves.  Elle a appelé à la levée de toutes les restrictions rencontrées par les organisations humanitaires et les travailleuses humanitaires.  Il est crucial d’assurer l’avenir des enfants du Yémen, sous peine de les voir gagner les camps d’entraînements des houthistes, a conclu la déléguée. 

Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) a appelé à la poursuite du dialogue au Yémen, avant de saluer l’engagement d’Oman et de l’Arabie saoudite.  L’unité du Conseil reste vitale pour la paix et la réconciliation au Yémen, a-t-elle dit.  Les houthistes doivent participer de bonne foi aux négociations, a poursuivi la déléguée, en appelant à un cessez-le-feu permanent dans tout le pays.  Elle a condamné toutes les restrictions rencontrées par les organisations humanitaires et par les travailleuses humanitaires.  Enfin, la représentante a déploré les enlèvements au Yémen, espérant une résolution rapide de la menace posée par le pétrolier Safer

M. ANDRÉS EFREN MONTALVO SOSA (Équateur) s’est félicité de la volonté constructive de dialogue entre les acteurs clefs du conflit au Yémen au niveau local, de l’attitude proactive des pays de la région et de l’engagement de la communauté internationale.  Reste que des attaques comme celles perpétrées dans les provinces de Chaboua et Mareb en mars, ou des événements regrettables tels que la bousculade meurtrière à Sanaa en avril, menacent de fragiliser les progrès réalisés dans les négociations politiques, a-t-il fait observer.  Le représentant a également jugé important de poursuivre la deuxième phase de libération des détenus, dans le cadre de l’accord conclu à ce sujet et avec le soutien de l’ONU et du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).  De telles actions ouvrent la voie à l’établissement d’un système transparent de justice et de responsabilité, condition sine qua non du rétablissement de l’état de droit dans le pays, a-t-il souligné.  Sa délégation est cependant préoccupée par le fait que, malgré le nombre alarmant de Yéménites déplacés et de nécessiteux, des obstacles empêchent les personnels humanitaires, en particulier les femmes, d’accéder aux zones les plus démunies du territoire.  Le représentant a enfin salué le travail des parties impliquées dans la résolution de la situation du pétrolier Safer, ainsi que les contributions des donateurs, qui permettront bientôt le début de la première phase de transfert de pétrole vers le Nautica

Mme ISIS MARIE DORIANE JARAUD-DARNAULT (France) s’est félicitée de la poursuite de la trêve de facto sur le terrain, bien que la volatilité de la situation appelle à la vigilance.  Il importe selon elle de mettre à profit ce contexte favorable pour conclure un accord de cessez-le-feu national durable.  À cet égard, elle a jugé encourageant l’accord conclu le 20 mars dernier sur des échanges de prisonniers.  La déléguée a également souligné l’importance du Mécanisme de vérification et d’inspection des Nations Unies, qui pourrait cesser de fonctionner cet été, faute de financement.  Sur le plan diplomatique, elle a salué l’engagement de l’Arabie saoudite, d’Oman et d’autres acteurs régionaux afin de favoriser la reprise du processus politique sous l’égide des Nations Unies.  Seule une solution politique globale et inclusive tenant compte des intérêts de tous les Yéménites permettra de mettre fin au conflit, a-t-elle ajouté, appelant à associer les femmes yéménites aux discussions.  Grâce à l’Initiative de la mer Noire, le Programme alimentaire mondial (PAM) a été en mesure d’acheminer des céréales ukrainiennes au Yémen, a-t-elle ensuite rappelé, une opération à laquelle la France a contribué à hauteur de 6 millions d’euros.  Enfin, après avoir appelé les houthistes à mettre un terme aux restrictions imposées aux travailleurs humanitaires, la représentante a remercié le Royaume-Uni et les Pays-Bas d’avoir organisé une conférence des donateurs pour permettre le sauvetage du pétrolier Safer, précisant que la France a annoncé à cette occasion une nouvelle contribution de 1 million d’euros.

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a salué la durable accalmie qui règne au Yémen, avant de se féliciter des mesures prises pour restaurer la confiance, telles que les échanges de prisonniers.  « Nous appelons les parties à faire fond sur cette accalmie et cet élan positif pour mener un dialogue inclusif en vue d’un cessez-le-feu permanent », a-t-elle déclaré.  La représentante a appelé à remédier à la marginalisation des femmes dans les différents processus de négociation.  Elle a souligné l’acuité de la situation humanitaire au Yémen, en rappelant que plus de 21 millions de personnes ont besoin d’aide.  Répondre à cette crise doit rester la priorité des négociations, a-t-elle dit.  Enfin, la déléguée a condamné toutes les restrictions imposées aux organisations et aux personnels humanitaires.

Mme SHINO MITSUKO (Japon) a salué les mesures prises en vue d’un cessez-le-feu complet au Yémen et de négociations politiques inclusives sous les auspices des Nations Unies.  Les efforts des parties au conflit et des pays de la région doivent selon elle encourager un processus politique mené et dirigé par les Yéménites.  Saluant le fait que les parties aient su dépasser leurs divergences dans leurs récentes communications, elle les a appelées à mettre en œuvre de bonne foi les accords conclus dans le cadre du processus politique. La représentante a mis l’accent sur le rôle essentiel de la médiation des Nations Unies pour atteindre une stabilité à long terme au Yémen.  Elle a d’autre part attiré l’attention du Conseil sur les souffrances de la population yéménite, qui est victime de la pire crise humanitaire que le monde ait connue. 

La représentante a ensuite rappelé que le G7, actuellement sous présidence japonaise, a demandé aux parties de lever tous les obstacles à la fourniture d’une assistance humanitaire, en particulier s’agissant des femmes et des filles.  Elle a demandé au Conseil de tout faire pour s’assurer de la poursuite de cette aide. Estimant par ailleurs que la stabilité politique dépend en grande partie de la stabilité économique, elle a invité la communauté internationale à favoriser la reprise de l’économie yéménite. Enfin, s’agissant du sauvetage du pétrolier Safer, elle a souhaité que soit mis en œuvre le plan « SOS Safer » du G7, annoncé récemment.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a estimé que la situation actuelle au Yémen inspire un « optimisme prudent ».  L’absence de confrontations militaires de grande ampleur, même sans trêve officielle, témoigne selon lui que les parties souhaitent trouver des solutions pour mettre un terme définitif au conflit et reprendre le dialogue politique.  La stabilisation régionale a également permis la création d’une atmosphère propice au Yémen, a-t-il noté.  À cet égard, il s’est félicité des efforts de médiation déployés par l’Arabie saoudite et Oman afin de consolider la cessation des opérations militaires et de mettre un terme à la crise humanitaire.  La communauté internationale a, selon lui, pour objectif général de parvenir à un règlement global, « et non la poursuite des intérêts de certains dans le domaine énergétique ».  Toutefois, a-t-il noté, la situation humanitaire reste difficile alors que perdurent les pénuries de vivres et de médicaments.

« C’est un moment d’espoir pour le Yémen », a déclaré M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis), en saluant l’engagement d’Oman et de l’Arabie saoudite dans les pourparlers entre les parties au conflit. Il a encouragé ces dernières à dépasser les divergences qui demeurent en vue d’un accord, tout en demandant que les jeunes, les femmes et les groupes marginalisés participent au processus politique.  Le représentant a également enjoint aux parties de continuer à coopérer avec l’Envoyé spécial pour le Yémen.  Il a ensuite souligné la gravité de la situation humanitaire, avant d’appeler les donateurs à remédier aux besoins en financement.  Par ailleurs, tout en se félicitant des récentes libérations de prisonniers, il a souhaité que soit remis en liberté un travailleur humanitaire détenu depuis 18 mois au Yémen.  Enfin, après avoir rappelé la menace environnementale imminente posée par le pétrolier Safer et salué les efforts visant à y remédier, il a estimé qu’il existe aujourd’hui « une réelle chance à saisir au Yémen pour l’instauration d’une paix durable ». 

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a salué tous les efforts de paix en cours, en particulier l’engagement d’Oman et de l’Arabie saoudite.  Jugeant crucial de capitaliser sur l’élan actuel, elle a invité toutes les parties impliquées à tout faire pour que les dialogues menés actuellement puissent aboutir.  Cette dynamique positive doit se manifester par la concrétisation d’un règlement politique intra-yéménite inclusif sous l’égide des Nations Unies, a-t-elle affirmé.  À cet égard, la représentante a jugé essentiel que la participation pleine, égale et significative des femmes puisse se faire libre de menaces ou de représailles. Elle a également condamné toutes les restrictions rencontrées par les organisations humanitaires et surtout par les travailleuses humanitaires.  Enfin, elle a rappelé à toutes les parties leur obligation, en vertu du droit international humanitaire, d’autoriser et de faciliter, y compris par l’octroi des documents nécessaires au personnel humanitaire, l’acheminement rapide, sûr et sans entrave de l’aide humanitaire.

M. ABDULLAH ALI FADHEL AL-SAADI (Yémen) a salué les efforts régionaux et internationaux déployés en faveur de la paix au Yémen, y compris les efforts de médiation de l’Arabie saoudite et d’Oman afin de mettre fin au conflit et de parvenir à une paix globale et durable fondée sur l’Initiative du Golfe et son mécanisme exécutif, les résultats de la conférence de dialogue national et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Toutefois, a-t-il déploré, la milice houthiste a choisi d’« enflammer le conflit », sans se soucier des souffrances des Yéménites et de leurs espoirs de paix et de stabilité.  Dénonçant le « manque de sérieux » des houthistes dans la gestion des efforts de paix, le représentant a accusé cette milice d’exacerber la crise humanitaire et de commettre des violations du droit international humanitaire et des droits humains, notamment des droits des femmes. « Ils recrutent nos enfants de force, minent nos terres et appauvrissent nos communautés », a-t-il accusé, ajoutant que, depuis plus de huit ans, les habitants de la ville de Taëz sont à la merci du siège mis en place par les houthistes, en violation des engagements pris lors de la trêve et des dispositions de l’Accord de Stockholm.  Le représentant a appelé la communauté internationale et le Conseil de sécurité à assumer les responsabilités qui leur incombent et à exercer davantage de pression sur les houthistes et sur l’Iran afin qu’ils se tournent vers la paix et mettent fin aux souffrances humanitaires. 

À la lumière des défis économiques et humanitaires actuels, de l’impact des attaques de la milice houthiste sur le secteur pétrolier et de son pillage continu des recettes fiscales, le Gouvernement yéménite déploie de grands efforts pour alléger les souffrances de la population et assurer les services de base, a assuré le représentant.  Il a demandé aux organisations internationales de renforcer leur assistance économique et humanitaire ainsi que leur aide au développement afin de contribuer à la stabilité économique du pays et d’alléger les souffrances de la population.  Le délégué a d’autre part salué la « flexibilité » dont ont fait preuve l’Arabie saoudite, l’Envoyé spécial des Nations Unies et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) pour permettre l’échange de prisonniers entre le Gouvernement et les houthistes.  De même, il s’est félicité des progrès réalisés dans l’opération de sauvetage du pétrolier Safer, remerciant le Royaume-Uni et les Pays-Bas pour leur contribution financière qui a permis de mettre en œuvre le plan d’urgence dirigé par les Nations Unies.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale salue le rôle de la zone de paix, de confiance et de coopération de l’Asie centrale

Soixante-dix-septième session,
70e séance plénière – matin
AG/12501

L’Assemblée générale salue le rôle de la zone de paix, de confiance et de coopération de l’Asie centrale

Elle déclare le 26 novembre Journée mondiale des transports durables

L’Assemblée générale a profité, ce matin, du débat sur la zone de paix, de confiance et de coopération de l’Asie centrale, qu’elle a proclamée en 2022, pour souligner l’utilité de telles zones afin de renforcer la stabilité et le développement durable dans le monde en général.  Les cinq pays de la région ont parlé d’une seule voix pour dire combien cette décision contribue, face aux défis actuels, à la promotion de la paix, de la confiance et de la coopération en Asie centrale.  Une vingtaine de délégations ont participé au débat.

Par ailleurs, l’Assemblée a décidé de déclarer le 26 novembre « Journée mondiale des transports durables » en adoptant sans vote un projet de résolution présenté par le Turkménistan.  Par ce texte, le Président de l’Assemblée générale pourrait convoquer une réunion de haut niveau d’une demi-journée pendant sa soixante-dix-huitième session pour promouvoir la coopération dans ce domaine.  Trois autres projets de résolution ont également été adoptés par consensus portant respectivement sur la Décennie d’action des Nations Unies pour la nutrition (2016-2025), une approche « participative et inclusive » de la couverture sanitaire universelle, et les conséquences de la catastrophe de Tchernobyl

Le représentant du Kazakhstan, dont le pays préside la Conférence pour l’interaction et les mesures de confiance en Asie (CICA), a expliqué qu’aux côtés de l’Ouzbékistan, du Kirghizistan, du Tadjikistan et du Turkménistan, il aborde conjointement les enjeux des changements climatiques, de la gestion des eaux transfrontalières, de la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme et du développement économique et social.  Situés au carrefour de l’Est et de l’Ouest, du Sud et du Nord, ces pays, a-t-il annoncé, devraient coordonner plus avant leurs efforts nationaux et ceux de l’ONU dans le cadre du futur centre régional des Nations Unies pour les objectifs de développement durable pour l’Asie centrale et l’Afghanistan, qui sera établi à Almaty.  Sur le plan sécuritaire, a indiqué le représentant, le Kazakhstan « comprend très bien le danger d’une escalade des tensions entre puissances nucléaires ».  Ajoutant que la fermeture du site d’essais nucléaires de Semipalatinsk en 1991 avait été à l’origine de la fermeture d’autres sites dans le monde, il a également rappelé qu’en 2006, les pays de la région avaient établi une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale.  Par ailleurs, il a noté que la CICA, forte de 28 États et huit observateurs, a pour priorité le renforcement de la connectivité durable. 

De son côté, son homologue turkmène a déclaré que le Centre régional de l’ONU pour la diplomatie préventive, qui a son siège à Achgabat, contribue grandement à la paix et à la sécurité dans la région ainsi qu’à l’affermissement des efforts conjoints en matière de consolidation de la paix.  Compte tenu de son emplacement stratégique et de sa proximité avec l’Afghanistan, le Tadjikistan a également appelé à renforcer la coordination régionale et mondiale sur ces questions, notamment au moyen du processus de Douchanbé.  Les consultations entre chefs d’État de l’Asie centrale qui se tiendront en septembre permettront de renforcer la coopération régionale en vue de préserver la stabilité des États de la région, a annoncé son représentant.  La déléguée du Kirghizstan a pour sa part attiré l’attention sur le fait que le cadre de coopération de la zone de paix était propice à la réalisation de l’objectif de réduire de plus de 40% les émissions régionales de CO2 d’ici à 2030 et de parvenir à la neutralité carbone en 2050.

Si les États-Unis ont salué à leur tour la création de la zone de paix, de confiance et de coopération de l’Asie centrale, ils ont toutefois averti qu’« aucun pays ne peut prospérer sans respecter l’état de droit  ».  La Chine, qui tiendra le 18 mai, à Beijing, un sommet Chine-Asie centrale, a plaidé en faveur d’un véritable multilatéralisme au niveau régional et jugé que ladite zone en Asie centrale est utile dans une perspective centrée sur le respect des principes de tolérance et d’indépendance de la Charte des Nations Unies.  Son représentant a condamné « toutes les ingérences étrangères dans les pays d’Asie centrale, quels que soient les prétextes invoqués ».  Rappelant qu'elle est un partenaire de longue date des États d'Asie centrale, la Fédération de Russie a dénoncé la volonté de certains pays occidentaux de saper la stabilité et la sécurité de la région, ainsi que son développement économique, y compris par des menaces de sanctions.

Lors de l’examen des autres points à l’ordre du jour, le Sénégal, le Guatemala et le Nicaragua ont tenu à se dissocier des libellés relatifs aux droits en matière de procréation contenus dans la résolution sur les soins de santé primaires de proximité et la couverture sanitaire universelle présentée par le Bangladesh.  Pour ces pays, la notion de droits procréatifs, qui ne jouit pas d’un consensus, peut faire l’objet d’interprétations contraires à leur droit interne et à leur culture. 

Enfin, le Président de l’Assemblée générale a fait savoir qu’il se félicitait de l’adoption de la résolution par laquelle l’Assemblée souligne qu’il convient de poursuivre la surveillance environnementale et sanitaire des régions et des populations touchées par la catastrophe de Tchernobyl afin d’évaluer l’efficacité de l’aide internationale.  Selon M. Csaba Kőrösi, la gestion de telles catastrophes et leurs conséquences requiert coopération régionale et dialogue. 

ZONE DE PAIX, DE CONFIANCE ET DE COOPÉRATION DE L’ASIE CENTRALE

Débat sur la question

Mme AKSOLTAN ATAEVA (Turkménistan) a salué la tenue d’un débat important sur la notion juridique de zone de paix, de confiance et de coopération de l’Asie centrale.  Par ce débat, les cinq pays de la région font un pas en avant de plus dans l’affirmation d’un concept-clef et leur entrée dans le système des relations internationales, a-t-elle estimé.  Après avoir attiré l’attention sur les jalons historiques ayant mené à l’élaboration de ladite zone, la représentante a mis en avant son efficacité en matière de maintien de la paix et de développement durable, en Asie centrale et au-delà.  Depuis que nos pays ont recouvré leur indépendance au début des années 1990, la coopération qui nous unit a contribué au renforcement de la stabilité régionale et au développement durable tant de nos économies que de nos capacités sociales et politiques, a assuré la représentante. Par ailleurs, elle a souligné qu’en septembre 2006, ces pays ont signé un accord portant création d’une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale, soutenue par les puissances nucléaires.  Depuis lors, le Centre régional de l’ONU pour la diplomatie préventive, qui a son siège à Achgabat, contribue grandement à la paix et à la sécurité dans la région ainsi qu’à l’affermissement des efforts conjoints en matière de consolidation de la paix, a également indiqué la représentante. 

M. AKAN RAKHMETULLIN (Kazakhstan), s’exprimant d’abord en tant que représentant de son pays, a indiqué que le Kazakhstan, qui est situé au carrefour de l’Est et de l’Ouest, du Sud et du Nord, aborde conjointement les enjeux des changements climatiques, de la mer d’Aral, de la gestion des eaux transfrontalières, de la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme et du développement économique et social. Pour coordonner nos efforts nationaux et ceux de l’ONU, nous prévoyons d’établir le Centre régional des Nations Unies pour les objectifs de développement durable (ODD) pour l’Asie centrale et l’Afghanistan à Almaty, a-t-il annoncé, précisant que ce centre rationalisera la coordination et la gestion entre les agences régionales et interrégionales des Nations Unies pour transformer l’Asie centrale en une zone de paix, de sécurité et de développement durable.  Le Kazakhstan, a-t-il dit, voit le futur Afghanistan comme « une nation véritablement indépendante, neutre, unie et prospère, vivant en paix avec ses voisins. »  Sur le volet sécuritaire, a poursuivi le représentant, son pays, qui a souffert comme aucun autre des essais d’armes nucléaires, « comprend très bien le danger d’une escalade des tensions entre puissances nucléaires ».  Il a ainsi souligné que le désarmement nucléaire reste un élément clef de la politique étrangère du Kazakhstan, la fermeture du site d’essais nucléaires de Semipalatinsk en 1991 ayant été à l’origine de la fermeture d’autres sites dans le monde.  En 2006, les pays de la région ont établi une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale, a noté le représentant, le Kazakhstan ayant de plus été l’un des premiers signataires du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires. L’Asie centrale est déjà devenue une zone de possibilité de coopération internationale, a-t-il conclu, non sans rappeler que son pays en tant que première économie de la région, s’attache à promouvoir le dialogue et à bâtir des ponts avec tous les continents. 

Après avoir souligné la participation active de son pays aux mécanismes internationaux de lutte contre toutes les formes de terrorisme et aux opérations de maintien de la paix, M. RAKHMETULLIN s’est exprimé en tant que Président de la Conférence pour l’interaction et les mesures de confiance en Asie (CICA). À cet égard, il a noté que la Conférence, forte de 28 États et de huit observateurs, a pour priorité le renforcement de la connectivité durable.  Des routes faciles d’accès pour le transport des marchandises sont un facteur important de la croissance durable de nos économies, a-t-il expliqué.  Par le biais d’outils numériques, ces économies visent l’amélioration de la gestion de l’eau, la réduction de la pauvreté, la sécurité énergétique et alimentaire, la lutte contre les flux migratoires illégaux, le terrorisme, l’extrémisme et la criminalité transfrontière.  Assurant que la Conférence entre dans une nouvelle phase de son développement sur la voie de sa transformation en une organisation internationale à part entière, le représentant a indiqué que le fonds récemment créé de la CICA fournira une assistance accrue et pérenne aux pays dans le besoin.

Mme MARÍA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine) a salué la création de la zone de paix, de confiance et de coopération d’Asie centrale.  Elle a indiqué que la création de zones de paix dans diverses régions du monde peut contribuer à renforcer le développement économique et la stabilité.  Dans ce droit fil, l’Argentine participe activement à la zone de paix et de coopération de l’Atlantique Sud (ZPCAS) créée en 1986.  Les efforts de promotion de la paix, de la confiance et de la coopération en Asie centrale et dans les autres régions sont aujourd’hui plus nécessaires que jamais, a poursuivi la déléguée, en louant le potentiel considérable de coopération et de développement en Asie centrale.  Le succès de cette initiative dépendra de la détermination des États membres de la zone, ainsi que du soutien de la communauté internationale, a-t-elle conclu.

M. MUNIR AKRAM (Pakistan) s’est félicité de la création de la zone de paix, de confiance et de coopération de l’Asie centrale par l’adoption de la résolution 76/299 de l’Assemblée générale.  Selon lui, une telle zone représente un instrument vital pour le renforcement de la stabilité et de la coopération régionale et interrégionale. Le Pakistan a activement préconisé la création d’une zone exempte d’armes nucléaires en Asie du Sud depuis plus de deux décennies, a-t-il rappelé, assurant qu’un tel projet demeure contrecarré par « les explosions nucléaires initiées par notre voisin ». Face à la montée des tensions dans l’océan Indien, lieu de nouvelles alliances militaires préoccupantes selon lui, le représentant a jugé d’autant plus vital de préserver l’Asie centrale en tant que zone de paix.  Une Asie centrale pacifique peut en effet être un rempart contre l’extension des conflits de l’Europe à l’Asie.  Concernant l’Afghanistan, le représentant a assuré les pays d’Asie centrale du soutien du Pakistan à la mise en œuvre de différents projets de connectivité, notamment celui relatif au gazoduc Turkménistan-Afghanistan-Pakistan, au réseau électrique du Kirghizistan et du Tadjikistan et à la ligne de chemin de fer Ouzbékistan-Afghanistan-Pakistan.

M. JONIBEK ISMOIL HIKMAT (Tadjikistan) a considéré que les pays d’Asie centrale ont des relations stables malgré les crises multiples qui affectent le monde. Le Tadjikistan reconnaît l’importance du développement socioéconomique pour la prospérité nationale et régionale, en mettant l’accent sur le développement des infrastructures et en s’efforçant d’exploiter son fort potentiel hydroélectrique.  Ses liens économiques de plus en plus étroits avec les pays de la région, d’une valeur de 33 milliards de dollars, combinés à la mise en place du projet de lignes de transmission électrique, démontrent selon le délégué l’engagement de son pays à cet égard.  Déterminé à protéger l’environnement, la biodiversité et les ressources hydriques, le Tadjikistan a lancé de nombreuses initiatives à cet effet, y compris la conférence internationale sur l’eau organisée en mars de cette année.  Afin de préserver la paix et la stabilité dans la région, le délégué a indiqué que son pays est membre de plusieurs cadres régionaux et internationaux.  Compte tenu de son emplacement stratégique et de sa proximité avec l’Afghanistan, le Tadjikistan a également appelé à renforcer la coordination régionale et mondiale sur ces questions, notamment au moyen du processus de Douchanbé.  Les consultations entre chefs d’État d’Asie centrale qui se tiendront en septembre permettront, a-t-il conclu, de renforcer la coopération régionale en vue de préserver la stabilité des États de la région. 

M. HWANG JOONKOOK (République de Corée) a salué la création de la zone de paix, de confiance et de coopération de l’Asie centrale, avant de souligner l’importance de la diplomatie préventive.  Mettant en avant le rôle des femmes à cet égard, il a précisé que son pays fera du programme les femmes et la paix et la sécurité une priorité si la République de Corée est élue au Conseil de sécurité pour la période 2024-2025.  Le délégué a abordé la situation en Afghanistan et jugé capitale la coopération pour assurer la stabilité de ce pays.  Il a en outre noté l’accroissement des échanges commerciaux entre son pays et les pays d’Asie centrale, avant de qualifier de solide le partenariat qu’ils ont noué.  Enfin, il a rappelé l’engagement de son pays pour augmenter son aide publique au développement (APD).

M. GERARDO PEÑALVER PORTAL (Cuba) a appelé au respect de la diversité des systèmes politiques et à l’avènement d’un ordre international plus équitable.  Dans cette optique, il a salué l’efficacité des zones de paix et de coopération et plaidé pour la réduction des dépenses militaires.  Ces ressources, a fait valoir le délégué, devraient être allouées à l’amélioration du bien-être des populations du monde entier, qui plus est après la pandémie de COVID-19 et en raison des effets délétères des changements climatiques sur le développement.  Il a en outre réaffirmé l’attachement de son pays à la construction d’une paix mondiale, en rappelant que Cuba s’était battue avec ardeur pour l’instauration d’une zone de paix dans les Caraïbes en 2014.  Par ailleurs, le délégué a déploré le maintien du blocus des États-Unis contre son pays, qui constitue une entorse grave au multilatéralisme et entrave son développement durable. 

M. SEDAT ÖNAL (Türkiye) a considéré que la coopération et la participation de l’ensemble des États Membres de la région est nécessaire pour relever les défis complexes liés aux changements climatiques et à la sécurité.  Par la résolution 76/299 de l’Assemblée générale, l’Asie centrale a été déclarée zone de paix, de confiance et de coopération, un jalon important pour la région et la communauté internationale dans son ensemble. Après s’être félicité du rôle joué par son pays en tant que coauteur de cette résolution, le délégué a exprimé l’espoir que le projet de résolution faisant du 26 novembre la Journée mondiale des transports durables sera adopté. 

Mme AIDA KASYMALIEVA (Kirghizistan) a redit l’attachement de son pays à un dialogue mutuellement bénéfique entre les pays d’Asie centrale et s’est félicitée de la création de la zone de paix, de confiance et de coopération de l’Asie centrale.  La prévention des conflits et le désarmement sont nos priorités, a assuré la déléguée. Elle a salué le rôle du Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale, avant de souligner l’importance du développement durable des régions montagneuses. Nous voulons réduire de plus de 40% nos émissions d’ici à 2030 et parvenir à la neutralité carbone en 2050, a-t-elle promis.  Enfin, elle a souligné que le processus de démarcation de la frontière entre son pays et l’Ouzbékistan est arrivé à son terme en début d’année.  C’est un événement historique qui renforce la coopération entre les pays d’Asie centrale, a conclu la déléguée.

M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua), rappelant que la Charte des Nations Unies exhorte tous les États Membres à régler pacifiquement leurs différends, a vu dans la création de zones de paix une contribution majeure à la paix et à la sécurité internationales.  De telles zones favorisent la multipolarité, a-t-il ajouté, elles sont un moyen de garantir la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale des pays d’une même région unis autour des principes de paix, de sécurité partagée et de développement durable. C’est sur ces mêmes principes que la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) a piloté la création d’une zone de paix, de confiance et de coopération en Amérique du Sud et des Caraïbes en 2014, a comparé le délégué.  Il a par ailleurs fustigé « les pays qui se prennent pour les maîtres du monde » et qui, parce qu’ils ne souscrivent pas à cette culture de paix et de tolérance, imposent des sanctions unilatérales qui sont de véritables agressions contre d’autres pays. 

Mme ANTJE LEENDERTSE (Allemagne) a estimé que la zone de paix peut créer un élan positif en vue d’un resserrement de la coopération en Asie centrale.  Située au cœur de l’Europe, l’Allemagne touche les dividendes d’une coopération étroite avec ses voisins européens, a-t-elle dit.  « Ensemble, nous avons créé l’Union européenne. »  À cette aune, elle a salué les efforts des autres régions dans le monde en vue de promouvoir la confiance, la paix et la coopération.  Elle a également appuyé l’initiative pour une Asie centrale verte axée sur des projets régionaux de lutte contre les changements climatiques.  Enfin, elle a dit attendre avec impatience l’approfondissement des liens entre son pays et la zone de paix.

M. BAKHTIYOR IBRAGIMOV (Ouzbékistan) a affirmé que l’Asie centrale peut à nouveau jouer un rôle important en tant qu’intersection principale des corridors de transport et de transit interrégionaux reliant l’Est à l’Ouest.  Il a indiqué qu’à l’initiative du Président de l’Ouzbékistan, des réunions consultatives des chefs d’État des pays d’Asie centrale traitent régulièrement d’un large éventail de questions régionales ainsi que des moyens de faire progresser la coopération et d’accroître la collaboration économique et commerciale entre les pays d’Asie centrale.  Le délégué a expliqué que ces échanges de vues ont renforcé la confiance mutuelle des pays, ce qui a ouvert la voie à nombre d’opportunités pour la mise en œuvre de divers projets industriels et d’investissement à grande échelle, notamment dans le domaine du développement des infrastructures de transport et d’énergie. Nous sommes convaincus que notre forte volonté politique et notre esprit créatif commun contribueront à la prospérité de nos pays et de nos peuples, a-t-il dit. 

M. KOHEI YOSHINO (Japon) a rappelé que l’année 2022 a marqué le trentième anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre le Japon et les cinq pays d’Asie centrale.  En 2004, le Japon a mis en place le mécanisme de coopération « Asie centrale plus Japon », dont la dernière réunion, en décembre dernier à Tokyo, a permis de faire le point sur ses initiatives dans les domaines des infrastructures économiques, de la santé, de l’environnement et de la gestion des frontières.  Le représentant a salué les efforts consentis par les organisations régionales afin de rendre l’Asie centrale plus prospère, en particulier le Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale.  En plus des subventions destinées à favoriser l’autonomisation des jeunes et la cohésion sociale dans les pays de la région, le Japon continue de fournir une aide financière en vue de renforcer la capacité de contrôle des frontières en Asie centrale, avec le concours de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

M. ROBERT A. WOOD (États-Unis) a salué la création de la zone de paix, de confiance et de coopération de l’Asie centrale.  Il a déploré néanmoins que certains pays se soient opposés à ce que soit fait un lien entre la stabilité et le respect des droits humains et de l’état de droit.  « Aucun pays ne peut pourtant prospérer sans respecter l’état de droit », a averti le délégué.  Il a en revanche salué la place faite aux femmes, avant de souligner l’importance de leur rôle dans la prévention des conflits.  Enfin, le délégué a réitéré son attachement à l’indépendance des pays d’Asie centrale et apporté à ces derniers le soutien de son pays.

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a constaté que compte tenu des défis sécuritaires auxquels la région est confrontée, la coopération entre les cinq républiques d’Asie centrale et leurs partenaires internationaux est critique, en évoquant la détérioration de la situation en Afghanistan et l’incertitude économique provoquée par l’invasion illégale de l’Ukraine par la Fédération de Russie.  En plus du Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive, le représentant a encouragé les États d’Asie centrale à continuer de collaborer avec la Commission de consolidation de la paix et le Fonds pour la consolidation de la paix des Nations Unies, qui offrent selon lui des outils permettant de prévenir les conflits régionaux.  Pour sa part, le Royaume-Uni entend renforcer ses liens commerciaux avec les pays de la région et contribuer à leur stabilité à long terme.  S’agissant des défis environnementaux auxquels est confrontée l’Asie centrale, le représentant s’est félicité de la tenue de la Conférence des Nations Unies sur l’eau afin de trouver des solutions durables. 

M. DAI BING (Chine) a déclaré qu’alors que le monde doit relever de nouveaux défis liés à la paix et sécurité, il devient crucial de renouveler la confiance et la solidarité et de promouvoir la coopération sur la base du respect mutuel. Le sommet Chine-Asie centrale qui se tiendra après-demain à Beijing représente une opportunité de resserrer encore les relations entre nos pays et de dessiner un nouvel avenir commun, a-t-il déclaré. Il importe de pratiquer sur le plan régional un véritable multilatéralisme et de promouvoir la paix et le développement dans l’intérêt de tous les pays concernés.  C’est ainsi que le représentant a jugé qu’une de zone de paix, de confiance et de coopération en Asie centrale est utile dans une perspective centrée sur le respect des principes de tolérance et d’indépendance de la Charte des Nations Unies.  Enfin, il a condamné « toutes les ingérences étrangères dans les pays d’Asie centrale, quels que soient les prétextes invoqués ». 

M. JOAQUÍN ALBERTO PÉREZ AYESTARÁN (Venezuela) s’est félicité de la proclamation de l’Asie centrale en tant que zone de paix, de confiance et de coopération, ce qui permettra selon lui de renforcer l’intégration, la coopération pacifique et le développement des pays de la région.  Il a salué les efforts déployés par les pays d’Asie centrale pour promouvoir des mécanismes de prévention des conflits, de consolidation de la paix et de cohésion régionale.  Le représentant a réitéré son attachement au renforcement de la zone de paix en Amérique latine et dans les Caraïbes.  Il a toutefois demandé que cessent les discours incendiaires et les approches punitives et unilatérales qui sèment la division et la discorde entre les États Membres. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a rappelé que son pays est un partenaire fiable et de longue date des États d’Asie centrale.  « Depuis de nombreuses années, nous accompagnons nos voisins dans leur volonté de suivre la voie d’un développement progressif. »  La Russie et les États d’Asie centrale continuent de renforcer leur coopération, a dit le délégué, en rappelant la tenue le 14 octobre 2022 du premier sommet Russie-Asie centrale à Astana, au Kazakhstan.  Il a noté aussi la participation de tous les dirigeants des États d’Asie centrale aux célébrations qui ont eu lieu à Moscou à l’occasion du Jour de la victoire le 9 mai dernier.  « L’importance géopolitique de l’Asie centrale est extrêmement élevée pour notre pays. »  Le délégué a rappelé que les garants de la sécurité dans cette région sont les États membres de l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC).  Les éléments clefs de la stabilité sont la base militaire russe au Tadjikistan et la base militaire russe conjointe au Kirghizistan.  L’absence de visas et la prévalence de la langue russe dans la région font du marché du travail russe le plus vaste pour les citoyens d’Asie centrale qui se rendent à l’étranger pour gagner de l’argent, a assuré le délégué.  Enfin, il a dénoncé la volonté de certains pays occidentaux de saper la stabilité et la sécurité de la région, ainsi que son développement économique, y compris par des menaces de sanctions.  « Rien de bon ne peut en sortir. »

M. YASHAR T. ALIYEV (Azerbaïdjan) a estimé que la proclamation de l’Asie centrale en tant que zone de paix, de confiance et de coopération a été un moment historique contribuant de manière significative au renforcement de la paix et de la sécurité internationales et à la promotion des buts et principes de la Charte, notamment les principes de souveraineté, d’indépendance politique et d’intégrité territoriale de tous les États.  Les pays d’Asie centrale jouent un rôle important pour assurer la paix, la stabilité et le développement durable dans la région, a-t-il poursuivi, promouvant activement la coopération régionale et internationale dans des domaines tels que la science et la technologie, l’éducation, l’environnement, le commerce, les transports ou encore la culture.  Le représentant a assuré que son pays entretient des relations amicales et une coopération constructive avec les pays d’Asie centrale. Nous avons des engagements étroits dans de nombreux domaines, notamment les transports, la logistique, l’énergie, l’agriculture et le tourisme, a-t-il ainsi indiqué. 

APPLICATION ET SUIVI INTÉGRÉS ET COORDONNÉS DES TEXTES ISSUS DES GRANDES CONFÉRENCES ET RÉUNIONS AU SOMMET ORGANISÉES PAR LES NATIONS UNIES DANS LES DOMAINES ÉCONOMIQUE ET SOCIAL ET DANS LES DOMAINES CONNEXES: PROJET DE RÉSOLUTION (A/77/L.68)

Selon les termes de la résolution consacrée à la Mise en œuvre des activités relevant de la Décennie d’action des Nations Unies pour la nutrition (2016-2025), présentée par le Brésil et adoptée par consensus, l’Assemblée générale invite instamment les États Membres à faire de la sécurité alimentaire, de la sécurité sanitaire des aliments et de la nutrition une priorité absolue.  Elle leur demande également d’intensifier leurs efforts dans les six domaines d’action du programme de travail de ladite Décennie pour que les systèmes alimentaires donnent accès à toutes les personnes à une alimentation saine et abordable.  Les États Membres sont également appelés à maintenir leurs marchés alimentaires ouverts afin de préserver le commerce international de denrées alimentaires et d’engrais. 

Explication de position

À l’issue de l’adoption de la résolution, les États-Unis ont déploré que le texte n’affirme pas l’importance de supprimer la gabegie alimentaire.  Sans suppression de ce véritable fléau, la Décennie ne sera pas réalisée dans les temps, a notamment estimé le représentant qui s’est par ailleurs inquiété de l’importance accordée à l’agroécologie dans le libellé de la résolution.  Il a souligné l’importance d’un cadre réglementaire et juridique sous-tendant l’innovation.

DÉVELOPPEMENT DURABLE: PROJET DE RÉSOLUTION (A/77/L.67)

L’Assemblée a décidé de déclarer le 26 novembre Journée mondiale des transports durables en adoptant par consensus une résolution présentée par le Turkménistan par laquelle elle prie également son président d’envisager de convoquer une réunion de haut niveau d’une demi-journée pendant sa soixante-dix-huitième session, afin de promouvoir la coopération dans ce domaine.

ÉLIMINATION DE LA PAUVRETÉ ET AUTRES QUESTIONS LIÉES AU DÉVELOPPEMENT: PROJET DE RÉSOLUTION (A/77/L.69)

L’Assemblée générale a adopté par consensus la résolution intitulée « Soins de santé primaires de proximité: une approche participative et inclusive de la couverture sanitaire universelle » par laquelle elle constate l’importance des services de santé de proximité en tant que composante essentielle des soins de santé primaires et d’un accès universel à la santé.  Présenté par le Bangladesh, ce texte demande notamment aux États Membres d’allouer des ressources adéquates et de créer des synergies avec d’autres priorités de développement, afin d’appuyer le renforcement des soins de santé primaires de proximité et d’explorer des approches novatrices dans leurs pays respectifs.

Considérant que le financement de la santé exige une solidarité mondiale, elle invite les institutions financières internationales, les banques de développement multilatérales et les donateurs à fournir des ressources appropriées, tout en encourageant l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et les entités de l’ONU à fournir un soutien technique permettant d’assurer la viabilité des soins de santé primaires de proximité. 

Explications de position

Le délégué de l’Égypte a salué ce texte qui fait fond sur une expérience sanitaire intéressante, celle du Bangladesh.  Il a souligné la nécessité d’appuyer les systèmes de santé des pays en développement, dans le respect de leurs priorités.  Il a expliqué la position de son pays sur le paragraphe 16 du préambule, en rappelant les convictions religieuses et culturelles qui sont celles de l’Égypte.

Le représentant de la République islamique d’Iran s’est félicité des progrès remarquables accomplis sur la voie d’une couverture médicale universelle dans son pays afin d’améliorer la santé et le bien-être de la population.  Malgré ces avancées, l’application de mesures de coercition unilatérales continue d’entraver les efforts du Gouvernement iranien, en violation des principes fondamentaux du droit international et de la Charte des Nation Unies, a-t-il déploré.  Ces mesures entravent également le développement socioéconomique, l’accès aux ressources et la capacité de l’État à mettre en place des programmes sanitaires. Le représentant a souligné l’importance de l’adoption de mesures concrètes au niveau international afin de renforcer les capacités des États Membres en matière de santé. 

La représentante du Guatemala s’est dissociée du libellé de la résolution L.69 contraire à son droit interne en matière de protection de la vie et de la famille en tant qu’institution.  Elle a rappelé en outre qu’il n’existe pas de consensus sur la définition des droits reproductifs, ceux-ci pouvant être interprétés comme un droit à l’avortement, lequel est contraire à la Constitution de son pays. 

Le délégué du Sénégal a salué ce texte qui vient à un moment où le monde semble tourner la page de la pandémie.  Il a tenu à se dissocier du libellé ambigu du paragraphe 16 du préambule relatif aux « sexual rights » qui ne reflètent pas les conceptions culturelles des pays.

Le représentant de la Fédération de Russie s’est opposé au contenu du paragraphe 16 du préambule de la résolution portant sur les documents finaux de la conférence d’examen de la mise en œuvre du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement, estimant qu’en vertu de la résolution 65/234 de l’Assemblée générale, les accords conclus dans le cadre dudit Programme ne peuvent être renégociés.  Il a exprimé son accord avec l’Iran concernant l’effet néfaste des mesures de coercition unilatérales sur l’accès aux soins de santé. Selon lui, l’adoption de la présente résolution aura des retombées positives pour la couverture universelle des services de santé et la réalisation des objectifs de développement durable. 

Le Nicaragua a fait siens les propos du Guatemala. 

RENFORCEMENT DE LA COOPÉRATION INTERNATIONALE ET COORDINATION DES EFFORTS DÉPLOYÉS POUR ÉTUDIER ET ATTÉNUER LE PLUS POSSIBLE LES CONSÉQUENCES DE LA CATASTROPHE DE TCHERNOBYL: PROJET DE RÉSOLUTION (A/77/L.66)

L’Assemblée générale a adopté par consensus une résolution dans laquelle elle souligne qu’il convient de poursuivre la surveillance environnementale et sanitaire des régions et des populations touchées par la catastrophe de Tchernobyl afin d’évaluer l’efficacité de l’aide internationale.  Elle engage aussi les États Membres et tous les partenaires intéressés à soutenir les activités de coopération internationale pour Tchernobyl menées en vue de réaliser les objectifs de développement durable dans les régions touchées, grâce notamment à la création de partenariats, à l’innovation et à l’investissement.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité des ONG recommande le statut consultatif spécial à 72 organisations de la société civile, dont trois menant des activités dans le champ de l’éducation

Session ordinaire de 2023
18e & 19e séances plénières – matin & après-midi
ONG/957

Le Comité des ONG recommande le statut consultatif spécial à 72 organisations de la société civile, dont trois menant des activités dans le champ de l’éducation

Au cours de sa seconde journée de travail, le Comité chargé des organisations non gouvernementales (ONG) a recommandé au Conseil économique et social (ECOSOC) d’octroyer le statut consultatif spécial à 72 ONG, tout en invitant 76 autres à apporter des précisions sur des questions diverses, se rapportant notamment à leur état financier ou à leurs activités. 

Parmi les organisations de la société civile qui ont été recommandées au statut consultatif spécial aujourd’hui, figurent trois qui œuvrent dans le secteur de l’éducation.  C’est le cas de la « ABC NGOrganization », une organisation suisse créée en 2019 qui entend offrir une éducation internationale et des opportunités professionnelles aux jeunes talents brésiliens à faible revenu qui recherchent une expérience internationale en Suisse et qui auront la responsabilité de s’assurer que le Brésil est bien intégré géopolitiquement et économiquement dans l’écosystème mondial. 

Pour sa part, l’ONG « Youth Association in Sierra Leone », lancée en 2018 en Sierra Leone, entend stimuler et maintenir l’intérêt des étudiants pour les affaires internationales et favoriser l’amitié entre les jeunes de tous les pays.  L’une de ses missions est de promouvoir la recherche, l’information et l’éducation sur la Charte des Nations Unies et le travail du système des Nations Unies. 

De même, « Education For Madagascar », une ONG de France, a constaté que seul 1 enfant sur 3 achève l’enseignement primaire à Madagascar.  Dans ce contexte, l’ONG entend prévenir et soulager la pauvreté des enfants, des femmes et des familles en investissant dans l’éducation, la formation et les soins de santé. 

Le Comité des ONG, qui est composé de 19 membres, peut recommander trois différents statuts consultatifs auprès de l’ECOSOC: le statut consultatif général, le statut consultatif spécial et l’inscription sur la Liste.   

Le premier statut est réservé aux grandes ONG internationales dont les domaines d’action et de travail couvrent la majorité des points contenus dans l’agenda de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires. Ces ONG sont habilitées à soumettre au Conseil des communications écrites et des pétitions, et à proposer l’inscription de points à l’ordre du jour.   

Le statut consultatif spécial est octroyé aux ONG travaillant dans un domaine spécifique et les autorise à soumettre des communications écrites et des pétitions à l’ECOSOC.  Enfin, la Liste va aux ONG qui ont tendance à travailler d’une manière plus technique et/ou restreinte.  Elles ne peuvent soumettre au Conseil que des communications écrites. 

Le Comité des ONG poursuivra ses travaux demain, mercredi 17 mai, à partir de 10 heures.

NOUVELLES DEMANDES D’ADMISSION AU STATUT CONSULTATIF ET NOUVELLES DEMANDES DE RECLASSEMENT

Octroi du statut consultatif spécial

  1. Youth Association in Sierra Leone (Sierra Leone) 
  2. Youth with Disabilities Empowerment Platform (Maurice)  
  3. Zhongguancun Green Mine Industry Alliance (Chine) 
  4. Payamavaran hamyari (chatra) (République islamique d’Iran)  
  5. ABC NGOrganization (Suisse) 
  6. ARCH Disability Law Centre (Canada) 
  7. Across Atlantic Development LTD (Royaume-Uni) 
  8. Adult Advocacy Centers (États-Unis) 
  9. Alianza FC México, A.C.  (Mexique) 
  10. Alliance Internationale des Objectifs de Développement Durable (France) 
  11. Bonaire Human Rights Organization Foundation (Pays-Bas) 
  12. Brussels For Human Rights And Development (Belgique)  
  13. Chartered Institute of Public Finance and Accountancy (Royaume-Uni) 
  14. Chipco Preserve (États-Unis) 
  15. Christensen Fund (États-Unis) 
  16. Earthgonomic Mexico AC (Mexique) 
  17. Education For Madagascar (France) 
  18. Eloise Hylton Inc (États-Unis) 
  19. European Boating Industry (Belgique) 
  20. Fundación CERMI Mujeres (Espagne) 
  21. Fundación Uriel IAP (Mexique) 
  22. Global Alliance for Justice Education, Inc.  (États-Unis) 
  23. Global Cyber Alliance (États-Unis) 
  24. Global Partners For Community Development Inc.  (États-Unis) 
  25. Heart to Heart Foundation (République de Corée) 
  26. Hilfsgemeinschaft der Blinden und Sehschwachen Österreichs (Autriche) 
  27. Hugo Grotius gGmbH - gemeinnützige Gesellschaft zur Förderung der Rechtswissenschaften (Allemagne) 
  28. International American Relief Society (États-Unis) 
  29. International Association of Fish Inspectors Inc (Canada)  
  30. International Economic Organization World Distribution Federation (WDF) (République de Corée) 
  31. International Historians Association For Culture, Development and Social Sciences (Danemark) 
  32. International Water Resources Association (France)  
  33. Legal Aid & Human Development Foundation-LAHDF (Italie) 
  34. Love Justice International (États-Unis) 
  35. Mano River Sustainable Development Association PTY LTD (Australie) 
  36. Markaaz Foundation (États-Unis) 
  37. Michibushinbito (Japon) 
  38. Mother Africa International (États-Unis) 
  39. NEU Global,Inc.      (États-Unis) 
  40. National Rural Women’s Coalition Ltd (Australie)  
  41. Non-profit Fund Supporting Children with Autistic and Genetic Disorders « I am special » (Fédération de Russie) 
  42. NunatuKavut Community Council (Canada) 
  43. Office of the Gatekeeper, Ethereal Sanctuary (États-Unis)  
  44. Organization for Culture of Hispanic Origins (États-Unis)  
  45. Organization for Poverty Alleviation & Development Inc.  (États-Unis) 
  46. Patim (Espagne) 
  47. Phoenix Zones Initiative (États-Unis) 
  48. Pionero Philanthropy Inc.  (États-Unis) 
  49. Rising Out Of The Ashes (ROOTA) (Canada) 
  50. Rochun (Royaume-Uni) 
  51. She’s the First, Inc.  (États-Unis) 
  52. Thames Estuary Partnership (Royaume-Uni) 
  53. The Daphne Caruana Galizia Foundation (Malte) 
  54. The Global Centre for Risk and Innovation (Canada) 
  55. The LACRIMA Foundation SCIO (Royaume-Uni) 
  56. The National Italian American Foundation (États-Unis)  
  57. The Right Hands (Républqiue de Corée) 
  58. United Children of Nigeria (États-Unis) 
  59. Uçan Süpürge Vakfi (Türkiye)  
  60. Women in Global Health (États-Unis) 
  61. Women in Leadership Organization, Inc (États-Unis)  
  62. Women’s Network for Change (France) 
  63. World Energy Council (Royaume-Uni) 
  64. İfade Özgürlüğü Derneği (Türkiye) 
  65. Cinsel Şiddetle Mücadele Derneği (Türkiye) 
  66. Dünya Doktorları Derneği (Türkiye) 

Examen des demandes de statut 

Le Pakistan a demandé à l’ONG Zindagi Trust (Pakistan) de bien vouloir publier la liste de ses principaux donateurs, tandis que la Türkiye a demandé des précisions sur les activités menées dans des pays étrangers par l’Association De Solidarité Bordeaux (France).  La délégation turque a également prié Assyrian Cultural & Social Youth Association Inc.  (Australie) de préciser les détails des subventions reçues et l’usage qui en a été fait.  À BCI - Better Cotton Initiative (Suisse), la Chine a demandé les détails des fonds issus de gouvernements, alors que Cuba a souhaité savoir pourquoi l’ONG DT Institute (États-Unis) se dit internationale sans mentionner ses programmes dans des pays hors de son siège. 

De Darius El TM (États-Unis), Israël espère obtenir des détails sur ses activités passées et futures. La Chine s’est inquiétée de la santé financière de l’ONG Economic, Social and Cultural Rights in the U.K.  (Royaume-Uni) et s’est enquis de mesures prises pour améliorer ses finances.  Quelle fut votre contribution à la rencontre internationale de 2014 à Bakou alors même que vous n’existiez pas encore officiellement? a demandé le Nicaragua à FIRST.Org, Inc.  (États-Unis).  Le même pays a voulu savoir quelles entreprises du secteur privé financent l’International Child Rights Center (République de Corée).  À l’ONG International Ministerial Alliance of Churches (Royaume-Uni), la Chine a demandé quelle part de son financement vient des sources gouvernementales. 

La Türkiye attend que l’organisation Knowmad Institut gemeinnützige UG (haftungsbeschränkt) (Allemagne) fournisse des documents relatifs à ses dernières recherches.  La Chine a prié NRI Federation Corporation (États-Unis) de bien vouloir utiliser la bonne terminologie pour Taiwan et Hong Kong. Elle a formulé une demande similaire à Operation Friendship International (Suède) qui devra également expliquer à la Géorgie pourquoi elle considère la Crimée et la Bavière comme des pays.  Étant donné que 35% des revenus de PVBLIC Foundation, Inc.  (États-Unis) viennent de contrats, Cuba souhaiterait avoir plus de détails sur la nature desdits contrats.  À quelles conférences des Nations Unies a pris part Partnership for Transparency Fund Inc. (États-Unis)? a demandé la Türkiye

Le Chili a ensuite demandé à l’ONG Sov Sovereign Order of the Knights of the Lord Lamont Couto of Sct Ltd (Royaume-Uni) comment elle entendait contribuer aux travaux de l’ECOSOC. En plus, la délégation attend des explications sur la confusion dans ses états financiers.  Pour sa part, Cuba a prié l’organisation d’expliquer comment elle parvient à fonctionner avec un budget de 114 dollars américains.  Le Cameroun a voulu savoir comment Stichting Femmes for Freedom (Stichting FFF) (Pays-Bas) mène ses activités sans aucun membre.  De son côté, le Chili veut comprendre comment TCTB, LLC (États-Unis) fonctionne avec un budget de 1 dollar.  La Chine a invité The Society of Vascular and Interventional Neurology (États-Unis) à se conformer à la terminologie des Nations Unies selon laquelle Hong Kong, Taiwan et Macao sont bien des provinces chinoises.  De son côté, Cuba a souhaité que l’ONG The Zakat Foundation of America (États-Unis) apporte des éclaircissements sur ses membres.  De même, la Chine a souhaité une liste des bailleurs de fonds de l’ONG. 

Le Cameroun a souhaité avoir des exemples d’activités de lutte contre la corruption que mène Transparency International – Bulgaria (Bulgarie), tandis que le Chili attend que l’ONG Trippinz Care Inc. (États-Unis) explique les chiffres contradictoires de ses états financiers.  La World Women Organization (États-Unis) a ensuite été invitée par Israël à apporter des précisions sur ses états financiers.  À İnsani Hayat Derneği (Türkiye), l’Arménie a demandé des précisions sur certaines de ses activités.  La même délégation veut comprendre les rapports entre l’ONG « Odlar Yurdu » Gənclər İctimai Birliyi (Azerbaïdjan) et le Gouvernement de son pays. 

Le Nicaragua a demandé à Comité de América Latina y el Caribe para la Defensa de los Derechos de las Mujeres (Pérou) de préciser sa contribution aux travaux de la Commission de la condition de la femme.  Quel est le rôle du Gouvernement dans vos activités? s’est interrogé la délégation de l’Azerbaïdjan en lisant les documents présentés par l’ONG Mədəni İnkişafın Təbliği İctimai birliyi (Azerbaïdjan).  L’Algérie a pour sa part voulu des précisions sur les catégories de membres de Social and Media Studies Institute (Maroc), alors que la Chine demandait des informations sur les organisations satellites qui participent au fonctionnement de Every Woman Treaty Inc (États-Unis).  À Just Peace Advocates Mouvement pour une paix juste (Canada), l’Inde a demandé des détails sur les projets qu’elle mène en collaboration avec des ONG ayant déjà obtenu le statut consultatif spécial auprès de l’ECOSOC. 

Par la suite, l’Inde a marqué sa surprise de voir que l’ONG Justice for All (États-Unis) a amassé 1,3 million de dollars non utilisés.  La Chine a de son côté souhaité que l’ONG Oronos Stiftung (Suisse) respecte la terminologie officielle en ce qui concerne Taiwan.  Quel serait l’implication de l’ONG Yetim Vakfı (Türkiye) dans les travaux de l’ECOSOC, a demandé l’Arménie.

Demandes de reclassement en instance   

Cet après-midi, le Comité des ONG s’est penché sur des demandes d’octroi du statut consultatif reclassées lors de sessions antérieures suite à des demandes qui ont été adressées à ces organisations par les membres du Comité. 

Octroi du statut consultatif spécial  

  1. Colegio Colombiano de Psicólogos (Colombie)    
  2. Dialogue & Development Forum (Yémen)   
  3. Egyptian Federation for Development and Social Protection Policies (Égypte)  
  4. Public Association « Regional Consumer Protection Society » (Bélarus)  

Les ONG suivantes ont vu l’examen de leur demande reporté à nouveau suite aux questions soulevées par des membres du Comité. 

Le Pakistan a souhaité savoir comment les dépenses de « The Awakening » A Society for Social & Cultural Development (Pakistan) peuvent être de zéro alors que l’organisation indique mener un grand nombre de projets.  La délégation pakistanaise a également demandé à All India Council of Human Rights Liberties & Social Justice (Inde) de fournir ses états financiers audités pour 2021 et 2022.  La Chine a remarqué que dans la demande de Arab Organization for Arabization and Communication (Maroc), il est fait mention des bureaux au niveau régional établis en dehors du Maroc et a souhaité savoir si des progrès ont été réalisés à cet égard.  Les États-Unis ont demandé des exemples concrets de la manière dont Asociación Civil Grupo SURES (Venezuela) a appuyé les droits humains, tandis que le Chili a souhaité avoir des informations actualisées sur les activités menées par Asociaţia Obştească Centrul de dezvoltare şi susţinere a iniţiativelor cetăţenilor « Resonance » (République de Moldova) au cours des trois dernières années.  La délégation a également demandé les états financiers audités depuis 2020. 

L’Algérie a demandé à Association Achbal Maroc culturelle et artistique (Maroc) de fournir une liste des organisations qui en sont membres.  La délégation algérienne a également voulu savoir sur quels critères de vulnérabilité l’Association Tous pour l’intégration des migrants au Maroc (Maroc) décide d’exempter certains membres de leurs frais d’adhésion.  Bahreïn a souhaité savoir quels sont les sources de financement et les partenaires actuels de l’Association de l’Alliance Nationale des Chourafa Naciryiene et leurs cousins, chargés des affaires de la Zaouia Naciria (Maroc).  L’Algérie a remarqué que l’Association des Marocains victimes d’expulsion arbitraire de l’Algérie (Maroc) indique dépendre d’autres ONG et d’institutions gouvernementales pour compenser son déficit de financement.  La délégation a demandé des explications supplémentaires sur la manière dont l’ONG maintient son indépendance vis-à-vis de ces organisations.  Le Pakistan a ensuite demandé à l’Association of Women for Awareness & Motivation (AWAM) (Pakistan) de fournir des informations sur les projets qu’elle a lancés pour appuyer l’autonomisation des femmes et la sensibilisation politique. 

Les États-Unis ont demandé une ventilation des financements prévus pour les différents projets de Beijing People’s Association for Friendship with Foreign Countries (Chine) ainsi que des précisions sur la traçabilité des paiements versés par Belarusian Fund of Peace (Bélarus) à des survivants de villages brûlés.  La délégation américaine a également demandé à Bonyad Jahadi Mehr Alreza Utility (Iran) de fournir une liste de projets et d’activités prouvant sa volonté de participer aux travaux de l’ECOSOC.  Comment le Centre for Research and Development (Inde) peut-il justifier son statut d’ONG alors que le Gouvernement indien lui verse 70% de son budget? a questionné le Pakistan, suivi du Nicaragua qui a voulu savoir si China Group Companies Association (Chine), qui se qualifie d’internationale, a des bureaux à l’étranger. 

Le Pakistan a demandé à Council for Sustainable Peace and Development (Inde) de fournir ses états financiers audités pour l’exercice 2021-2022, et à Edufun Foundation Trust (Inde) d’expliquer son processus décisionnel.  L’Algérie a voulu en savoir plus sur les activités menées par la Fondation Youya pour promouvoir l’excellence en la jeunesse africaine (Maroc) dans le cadre du forum de la jeunesse pour la paix au cours des deux dernières années.  Les États-Unis ont voulu savoir combien de familles ont été aidées par la Fundación Venezolana por el Derecho a la Vivienda (Venezuela) entre 2019 et 2020, avant de demander à Global Energy Interconnection Development and Cooperation Organization (Chine) de fournir des informations sur ses coûts administratifs, notamment sur les coûts liés aux salaires. 

À son tour, la Chine a réclamé plus de détails sur les projets menés par Green Camel Bell (Chine) entre 2019 et 2020.  L’Algérie a demandé à Gulf International Center for Legal Business Solutions (Bahreïn) des détails sur sa participation au Parlement arabe.  Les États-Unis ont demandé des détails et des informations concrètes sur la manière dont Human Environmental Association for Development – HEAD (Liban) entend participer aux travaux de l’ECOSOC.  Le Pakistan a noté que 98% des financements de Human Rights Protection Organization (Pakistan) sont des dons et a voulu connaître leurs sources.  L’Inde a souhaité obtenir des informations sur les projets de terrain menés par Institute of Peace and Diplomatic Studies (IPD) (Pakistan) pour promouvoir l’égalité hommes-femmes. 

Le Nicaragua a voulu consulter la liste des 100 pays dans lesquels International Anti-Terrorism Movement (Inde) est présente.  Le Pakistan a demandé des précisions sur la composition de l’ONG qui dit avoir 1 000 organisations comme membres.  Comment cette ONG, qui dit avoir 60 000 membres symboliques sans frais d’adhésion dans 100 pays, peut-elle fonctionner avec un budget de 169 dollars? a questionné le Chili.  Le Pakistan a ensuite souhaité obtenir la liste des bailleurs de fonds partenaires de International Human Right Organization (Pakistan), suivi du Nicaragua qui a demandé combien de membres bénévoles travaillent sur les projets de Islamic Relief Committee (Sri Lanka).  Le Pakistan a aussi voulu en savoir plus sur les sources de financement des programmes sociaux de Keshava Kripa Samvardhana Samiti (Inde), tandis que l’Algérie s’est intéressée aux organisations avec lesquelles travaille L’union marocaine des conseils et association de la société civile (Maroc). 

Poursuivant, l’Algérie a demandé des précisions sur les sources de financement de Leaders club de développement des compétences de la vie (Maroc) avant que le Pakistan ne demande à Nature Labs (Inde) de fournir plus d’informations sur ses liens avec Microsoft, Google et IBM et la nature des projets communs.  Les États-Unis ont souhaité avoir des précisions sur les liens entre Nithyananda Foundation (Inde) et l’organisation Nithyananda à Oklahoma City.  La délégation américaine a également voulu en savoir plus sur les liens entre Nithyanandeshwar Devasthanam Trust (Inde) et une autre organisation indienne accusée d’atteintes et d’enlèvements.  La Chine a noté que 53% des revenus de Non-Governmental Organization « Association Of Wives And Mothers Of Soldiers Participating In Ato » (Ukraine) viennent d’une source locale gouvernementale.  Quelle est cette source?  

L’Algérie a dit avoir l’impression que les réponses de ONG L’Ange Gardien (Bénin) sont un copié-collé des réponses apportées en 2022, en lui demandant de bien vouloir répondre à la question posée par la délégation algérienne à ce moment-là.  La Chine a réclamé une ventilation des financements obtenus par l’Organisation Tamaynut (Maroc) de la part d’organisations internationales.  La délégation chinoise a également relevé que l’Organization of female conscience renewal (Maroc) continue à demander des financements d’organisations internationales pour certains de ses programmes et a demandé des détails sur les financements obtenus.  Relevant pour sa part que les documents fournis par Pusat Komas SDN. BHD. (Malaisie) précisent qu’il s’agit d’une société privée, Israël a demandé si en tant que tel, l’ONG est qualifiée pour obtenir le statut consultatif spécial. 

Dialogue avec les ONG 

Le Comité a ensuite tenu sa séance interactive avec Beijing international Exchange Association (Chine) dont la Secrétaire générale a affirmé qu’il s’agit d’une organisation indépendante sans lien avec le Gouvernement chinois, tout en précisant que l’organisation collabore avec le Ministère des sciences et de la technologie chinois en tant que point focal du Groupe de travail du réseau APEC. 

Cette réponse a été saluée par le Royaume-Uni et les États-Unis et le Comité a décidé d’octroyer le statut consultatif spécial à cette organisation. 

En réponse à Cuba, la représentante de DT Institute (États-Unis) a précisé que l’ONG est présente en: Iraq, Syrie, Ukraine, Yémen, Pologne, République tchèque, Slovaquie, Serbie, Soudan et Hongrie. 

Cuba a alors relevé que dans sa réponse aux questions qui lui ont été précédemment posées au sujet de ses liens éventuels avec certains gouvernements, l’ONG affirme d’une part ne pas en avoir, mais indique de l’autre que la Suède, le Canada et les États-Unis financent une partie de ses activités.  La représentante de l’ONG a expliqué qu’il s’agit simplement de financements et non pas d’affiliation avec ces gouvernements.  En réponse à une nouvelle question de la délégation cubaine, l’ONG a précisé que les programmes financés par ces trois gouvernements sont menés en Iraq, en Syrie et au Yémen.  Cuba a néanmoins demandé une ventilation des ressources affectés par les gouvernements par écrit. 

De son côté, le Nicaragua a souhaité obtenir des informations ventilées sur les montants alloués aux différents projets de l’organisation et leurs objectifs.  Le projet suédois a pour objectif d’identifier les facteurs de corruption au Soudan, a expliqué l’ONG.  Quant au financement américain, il s’agit d’un projet de règlement de conflit au nord-est de la Syrie.  Intervenant à leur tour, les États-Unis ont estimé que les réponses apportées par la représentante de l’ONG suffisent amplement.  L’ONG aura l’occasion d’apporter les réponses par écrit d’ici à la semaine prochaine, a précisé la Présidente du Comité.  Cela ne signifie pas pour autant qu’il n’y aurait pas d’autres questions éventuelles de la part des membres du Comité à ce moment-là, a commenté Cuba

À son tour, TCTB LLC (États-Unis) a indiqué que le budget d’un dollar qui figure dans son dossier est une erreur, précisant que son organisation a reçu 25 000 dollars en financements.  Le Comité a alors décidé d’octroyer le statut consultatif spécial à cette organisation. 

Le Directeur exécutif de l’organisation The ZAKAT Foundation of America (États-Unis) a ensuite expliqué que son organisation a 10 bureaux aux États-Unis et 8 à l’échelle mondiale et qu’elle a 45 organisations partenaires.  Les directeurs des bureaux régionaux sont des salariés et ne siègent pas au Conseil d’administration de l’organisation qui est composé de six membres dont cinq avec un droit de vote, a-t-il expliqué.  Il a précisé qu’aucune entreprise ou organisation finance l’ONG qui est essentiellement soutenue par des particuliers.  En réponse à Cuba, il a indiqué que des informations ventilées sur les projets financés par l’ONG figurent dans les états financiers qui se trouvent sur son site Internet.  Il a également rappelé les obligations d’audit auxquelles l’organisation est soumise aux États-Unis.  Cuba a souhaité obtenir une liste exhaustive des organisations partenaires basées en Amérique latine, suite à quoi le représentant a précisé que cette liste est comprise dans les états financiers audités de l’organisation. 

La Chine a demandé des précisions sur la composition de cette organisation et a réclamé une liste écrite des pays dans lesquels l’ONG est présente.  Le représentant a invité la délégation à consulter la liste qui figure dans le dossier de l’organisation, suivi des États-Unis qui ont fait observer que les états financiers audités de l’ONG se trouvent sur son site Internet. 

Rebondissant sur cette intervention, Cuba a demandé à ce que le Comité traite toutes les organisations avec équité, notamment pour ce qui est du temps de parole qui leur est accordé.  Si un membre du Comité demande des informations écrites, il n’a pas à consulter un site Internet; cette réponse officielle doit passer par le Service des ONG de l’ONU, a insisté la délégation cubaine. 

Prenant à son tour la parole, le représentant de Merciful Souls Al-Qolub Al Rahima (Israël) a expliqué que cette ONG, qui a été créée en 2016, mène des projets d’aide humanitaire, de renforcement des capacités et de plaidoyer international pour les victimes de conflit et de catastrophes naturelles, en mettant notamment l’accent sur la communauté palestinienne. 

La Chine a noté que l’organisation se présente comme une organisation nationale alors qu’elle opère sur le plan international à travers ses programmes avec différents partenaires.  Le représentant de l’ONG a indiqué qu’il s’agit bien d’une organisation nationale enregistrée en Israël dont 20% des projets sont internationaux et menés en coopération avec des ONG locales sur le terrain.  La Chine a alors voulu en savoir plus sur le projet de parrainage d’orphelins via des subventions mensuelles, suite à quoi l’ONG a précisé que 10 000 orphelins palestiniens sont accompagnés par ce programme et qu’un virement bancaire mensuel permet d’établir un lien entre donateur et orphelin. 

En réponse au Pakistan, l’ONG a assuré que ses états financiers seront mis à jour dans le système, précisant en outre que les financements de l’organisation sont individuels.  La délégation pakistanaise lui a alors demandé de fournir par écrit la liste de ses principaux bailleurs de fonds de l’organisation. 

Enfin, le représentant de l’Université AL Quds (État de Palestine) a expliqué qu’il s’agit d’une université qui fournit des services juridiques pro bono à ses communautés, indiquant que le statut consultatif de l’ECOSOC lui permettrait de mieux les représenter dans les instances internationales, notamment onusiennes.  Notant que 86% des dépenses de l’université sont consacrées à des projets, Israël a demandé à l’ONG de soumettre par écrit une liste ventilée de ces projets au Comité.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: l’opérationnalisation de la Force conjointe du G5 Sahel, une priorité pour la région, selon la Sous-Secrétaire générale pour l’Afrique

9322e séance - matin
CS/15283

Conseil de sécurité: l’opérationnalisation de la Force conjointe du G5 Sahel, une priorité pour la région, selon la Sous-Secrétaire générale pour l’Afrique

Alors que l’Afrique subsaharienne est confrontée à une crise multidimensionnelle –sécuritaire, humanitaire et climatique– qui ne cesse de s’aggraver, la Force conjointe du G5 Sahel et ses États membres doivent continuer de bénéficier du soutien des donateurs et des partenaires, a exhorté, ce matin au Conseil de sécurité, la Sous-Secrétaire générale pour l’Afrique, dans l’objectif de l’opérationnalisation de cette force. 

Des groupes armés non étatiques, a relaté Mme Martha Ama Akya Pobee, continuent ainsi de perpétrer des attaques à grande échelle contre des cibles civiles et militaires et à étendre leurs zones d’influence respectives pour contrôler les principales voies d’approvisionnement, tout particulièrement dans les zones frontalières entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger, dans la région du Liptako-Gourma.  Le début de l’année a ainsi été marqué par un regain d’affrontements entre l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS) et le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), a précisé la haute fonctionnaire. 

Évidemment, cette crise sécuritaire, s’est-elle alarmée, ne fait qu’exacerber une crise humanitaire déjà grave.  Ainsi, le Burkina Faso compte 4,7 millions de nécessiteux et plus de 2 millions de personnes déplacées, tandis qu’au Mali 8,8 millions en tout auront besoin d’une assistance en 2023. Des chiffres nettement à la hausse dans ces deux pays, comparés à ceux de l’année écoulée, les femmes et les enfants constituant les premières victimes de cette situation, a déploré la haute fonctionnaire. 

L’insécurité dans la région du Liptako-Gourma n’a donc cessé de croître au cours des six derniers mois, parallèlement à l’arrêt des opérations de la Force conjointe du G5 Sahel –formée des forces armées du Burkina Faso, de la Mauritanie, du Niger et du Tchad–, qui a été entraîné par sa restructuration, à la suite du retrait du Mali et de la reconfiguration des forces européennes et françaises dans la région. 

Ce n’est pas faute d’avoir fait des progrès considérables en matière de coordination et de réactivité, lesquels ont été salués par la Sous-Secrétaire générale.  « Dans la lutte antiterroriste, les États membres du G5 Sahel semblent déterminés à renforcer leur coopération, y compris avec les forces armées maliennes », a-t-elle dit, ce dont plusieurs membres du Conseil se sont félicités aujourd’hui, l’Équateur plaidant toutefois pour le retour de Bamako dans le giron de la coalition. 

Si elle a salué le rôle crucial de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) pour fournir un appui opérationnel et logistique à la Force conjointe, Mme Pobee a toutefois regretté que cette dernière souffre d’un soutien insuffisant de la communauté internationale pour être pleinement autonome.  « L’absence de consensus entre partenaires et donateurs sur le mécanisme de soutien le plus efficace à la Force conjointe s’est avéré être l’obstacle le plus significatif à cet égard », a-t-elle observé.  Dans ce contexte, l’expiration le 3 juin prochain de l’accord tripartite entre l’Union européenne (UE), le G5 Sahel et l’ONU doit être une occasion de réfléchir aux moyens pour la communauté internationale de faire mieux, a-t-elle suggéré. 

« Aujourd’hui, la situation est telle que l’on est en droit de se demander si les violences n’auraient pu être évitées en répondant aux appels en faveur d’une opérationnalisation de la Force conjointe », a avancé le Secrétaire exécutif du G5 Sahel, qui a regretté que les investissements nécessaires n’aient pas été consentis.  Pour M. Éric Thiaré, il importe à présent de passer à l’action, alors que la Force conjointe dispose d’une stratégie et de bataillons prêts à « en découdre avec les terroristes ».  Elle a besoin de ce qui lui a toujours manqué, à savoir les équipements et financements pérennes, a-t-il précisé. 

Le Ghana, qui s’exprimait au nom des A3 (Gabon, Ghana et Mozambique), a jugé important que le Conseil de sécurité aille au-delà d’une affirmation de principe pour fournir à la Force conjointe un financement prévisible réclamé de longue date.  La France a d’ailleurs rappelé que la question des ressources prévisibles, durables et souples à fournir aux opérations de l’Union africaine autorisées par l’ONU serait examinée le 25 mai lors d’une séance d’information.  Par ailleurs, ces deux délégations, suivies sur ce point par l’Albanie, ont émis l’espoir que la consultation menée par le Groupe indépendant de haut niveau sur la sécurité et le développement au Sahel, dirigé par l’ancien Président du Niger, M. Mahamadou Issoufou, serait en mesure d’impulser un nouvel élan aux efforts de coordination régionale. 

La Fédération de Russie a, pour sa part, estimé que le maintien de la paix et de la sécurité dans le Sahara-Sahel revient aux États de la région eux-mêmes, en donnant la primauté aux « solutions africaines aux problèmes africains ».  L’Albanie, les États-Unis et la France ont parlé d’une seule voix pour dénoncer les exactions commises par le groupe Wagner.  Pour la délégation américaine, le « partenariat court-termiste » du Gouvernement de transition malien avec cette organisation paramilitaire « soutenue par le Kremlin » ne s’est pas traduite par une amélioration de la sécurité, mais plutôt par une hausse des atteintes aux droits humains.  Rendu public la semaine dernière, le rapport du Haut-Commissariat des Nations aux droits de l’homme sur le massacre de Moura (Mali) témoigne selon les États-Unis de la nécessité de conduire les opérations militaires dans le respect des droits humains et du droit international. 

La Sous-Secrétaire générale s’est d’ailleurs félicitée que la Force conjointe dispose désormais d’un mécanisme pour déterminer les responsabilités des incidents, analyser les tendances, prendre les mesures nécessaires en vue de remédier à certaines situations et adapter son comportement opérationnel.  En effet, a souligné Mme Pobee, les pays du G5 Sahel doivent veiller à ce que leurs stratégies militaires de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent soient respectueuses des droits humains et placent la protection des populations civiles au premier plan.

PAIX ET SÉCURITÉ EN AFRIQUE (S/2023/328)

Déclarations

Mme MARTHA AMA AKYAA POBEE, Sous-Secrétaire générale pour l’Afrique, a déclaré que la situation sécuritaire au Sahel est restée préoccupante depuis sa dernière intervention en date au Conseil sur ce sujet.  Des groupes armés non étatiques continuent de perpétrer des attaques à grande échelle contre des cibles civiles et militaires et à s’engager dans des confrontations sur le contrôle des ressources et des territoires.  Des groupes terroristes et extrémistes prennent fréquemment pour cible des zones frontalières, en particulier entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger, dans la région du Liptako-Gourma.  Le début de l’année a été ainsi marqué par un regain d’affrontements entre l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS) et le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), a précisé la haute fonctionnaire.  La crise sécuritaire, s’est-elle alarmée, ne fait qu’exacerber une crise humanitaire déjà grave.  Ainsi, au Burkina Faso, des défis considérables se posent en raison de la violence, avec 4,7 millions de nécessiteux et plus de 2 millions de personnes déplacées, tandis qu’au Mali 8,8 millions de personnes auront besoin d’une assistance en 2023. Des chiffres qui sont à la hausse dans les deux pays, comparés à ceux de l’année écoulée, les femmes et les enfants constituant les premières victimes de cette situation, a déploré Mme Pobee. 

La Force conjointe du G5 Sahel a fait des progrès considérables en matière d’opérationnalisation, a-t-elle ensuite remarqué, en particulier s’agissant de sa coordination et de sa réactivité, à la suite de la reconfiguration des forces européennes et françaises et du retrait du Mali.  Bien que cette restructuration se soit traduite par une cessation des opérations militaires majeures depuis janvier, les États Membres du G5 Sahel semblent déterminés à renforcer leur coopération, y compris avec les forces armées maliennes, dans la lutte antiterroriste.  Reste qu’en dépit de ces efforts, l’insécurité à la frontière commune entre les trois pays continue de croître.  De son côté, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) redouble d’efforts pour fournir un appui opérationnel et logistique à la Force conjointe, qui souffre toutefois de l’insuffisance du soutien de la communauté internationale pour être pleinement autonome, a regretté la Sous-Secrétaire générale.  « L’absence de consensus entre partenaires et donateurs sur le mécanisme de soutien le plus efficace à la Force conjointe s’est avéré être l’obstacle le plus significatif à cet égard », a-t-elle observé.  Et le soutien réel mais limité de la MINUSMA n’a pas fondamentalement changé la donne.  Dans ce contexte, l’expiration prochaine de l’accord tripartite entre l’Union européenne (UE), le G5 Sahel et l’ONU est l’occasion de réfléchir aux moyens pour la communauté internationale de renouveler ce soutien aux mécanismes sécuritaires régionaux, a déclaré Mme Pobee. 

Elle a ensuite noté que la Force conjointe dispose désormais d’un mécanisme pour déterminer les responsabilités des incidents, analyser les tendances, prendre les mesures nécessaires en vue de remédier à certaines situations et adapter son comportement opérationnel.  En effet, a souligné la Sous-Secrétaire générale adjointe, les pays du G5 Sahel doivent veiller à ce que leurs stratégies militaires de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent soient respectueuses des droits humains et placent la protection des populations civiles au premier plan. De son côté, l’ONU reste engagée à soutenir les efforts du G5 Sahel, notamment au travers d’un renforcement des capacités dans les domaines de la prévention de l’extrémisme violent et de la radicalisation, de l’état de droit et la gestion des frontières, a assuré Mme Pobee.

S’exprimant en visioconférence, M. ÉRIC THIARE, Secrétaire exécutif du G5 Sahel, a estimé que la complexité de la situation au Sahel doit interpeller la communauté internationale, et en particulier le Conseil de sécurité.  En dépit des efforts déployés par les pays touchés par la crise multidimensionnelle qui frappe la région, la situation sécuritaire a continué de se dégrader, a-t-il expliqué, jugeant toutefois que le contexte est différent de celui de 2014, année de création du G5 Sahel, et de celui de 2017, année durant laquelle a été établie la Force conjointe pour faire face à l’essor des groupes armés.  Ces dernières années, les attaques armées qui se sont multipliées dans la zone des trois frontières sont perpétrées essentiellement par deux groupes: l’État islamique du Grand Sahara et le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans.  Aujourd’hui, la situation est telle que l’on est amené à se demander si l’on n’aurait pas pu éviter ces violences si les appels en faveur d’une opérationnalisation de la Force conjointe du G5 Sahel avaient été entendus, a souligné M. Thiaré, non sans regretter que cette force n’ait jamais pu être vraiment opérationnelle, faute des investissements nécessaires.  Affirmant que la Force conjointe a néanmoins obtenu des résultats sur le terrain, il s’est félicité du programme d’appui logistique dont elle a bénéficié, à la suite de l’accord tripartite conclu en 2018 entre l’ONU, l’Union européenne (UE) et le G5 Sahel, qui prendra fin le 3 juin prochain.  Il a aussi salué la mise en œuvre effective du cadre de conformité en matière de droits humains et de droit international humanitaire. 

M. Thiaré a ensuite rappelé que, lors de leur sixième sommet extraordinaire, le 20 février dernier à N’Djamena, au Tchad, les chefs d’État du G5 Sahel ont réaffirmé leur volonté de préserver et consolider le Groupe comme cadre de coopération et de coordination.  Les dirigeants ont également salué le nouveau format de la Force conjointe et son adaptation au contexte actuel, avec un nouvel état-major basé à Niamey, au Niger, a-t-il précisé, ajoutant que les effectifs et les budgets de fonctionnement et d’opérations sont désormais prêts et doivent être validés par le conseil de défense et de sécurité en format défense.  Pour le Secrétaire exécutif de l’organisation régionale, il importe à présent de soutenir l’opérationnalisation de la Force conjointe, qui fait partie des rares forces de la région disposant d’une stratégie et de bataillons prêts à « en découdre avec les terroristes ».  Pour être plus efficace, la Force a besoin de ce qui lui a toujours manqué, à savoir les équipements et des financements pérennes, a-t-il souligné, avant d’indiquer que, conscient que la lutte ne peut être gagnée uniquement par les armes, le G5 Sahel travaille sur les questions de développement, de la lutte contre l’extrémisme et de réponse aux changements climatiques. 

Face à une situation marquée par des centaines de victimes militaires et civiles chaque année, des millions de personnes déplacées, essentiellement des femmes et des enfants, et des milliers d’enfants errant dans les rues en raison des fermetures d’écoles, M. Thiaré a appelé à des actions fortes, d’autant plus que la zone des trois frontières n’est pas sous contrôle.  Cela implique une stratégie d’ensemble s’appuyant sur les mécanismes existants, a-t-il dit, saluant à cet égard la position du Secrétaire général de l’ONU, selon laquelle la Force conjointe reste une initiative importante qui complète les engagements multiformes des Nations Unies et mérite le soutien de la communauté internationale.  Le Secrétaire exécutif a également remercié l’UE, qui s’est engagée à poursuivre ses échanges en vue d’un soutien accru à la Force.  Dans le court terme, il est urgent d’agir pour que la crise ne s’étende pas à d’autres régions, a-t-il ajouté, jugeant également indispensable que les causes profondes des conflits soient traitées.  Dans ce sens, il a formé l’espoir que les recommandations du Groupe indépendant de haut niveau sur la sécurité et le développement au Sahel seront soutenues par la communauté internationale en vue de leur mise en œuvre pour le bien des populations sahéliennes. 

Mme AÏSSATOU DIOUF, responsable de Enda Energy et Coordonnatrice de Réseau Action Climat pour l’Afrique de l’Ouest et centrale, a souligné à quel point les enjeux des changements climatiques et ceux de la sécurité sont étroitement liés.  Presque tous les pays du Sahel sont touchés par la sécheresse, les tensions hydriques, la dégradation des terres, la baisse des rendements, les problèmes d’accès à l’eau et à la nourriture, à l’origine de problèmes sanitaires et migratoires.  La concurrence autour de l’accès à l’eau ou aux ressources naturelles est à l’origine des tensions intercommunautaires. Le lac Tchad apportait il y a quelques années encore suffisamment d’eau aux populations du Niger, du Nigéria, du Cameroun et du Tchad mais son assèchement progressif a conduit à une migration vers le Tchad.  À mesure que les ressources se raréfient, la lutte pour y accéder s’accentue et avec elle, la prospérité de Boko Haram. 

Au Sahel, la raréfaction des terres fertiles pousse les cultivateurs à s’installer sur le terrain des éleveurs nomades dont l’accès aux passages traditionnels de transhumance devient problématique.  Parfois, ces éleveurs investissent des propriétés privées ou protégées pour éviter la mort de leur bétail. Renforcer les capacités des communautés de répondre et de s’adapter aux chocs climatiques devient donc essentiel et urgent. 

Au Mali, les informations sur les extrémistes islamiques et les réseaux criminels transnationaux font craindre que le Sahel ne devienne une zone où le terrorisme pourrait s’enraciner si des réponses idoines ne sont pas rapidement apportées à la crise sécuritaire et climatique.  Au Niger et au Burkina Faso, la persistance de l’insécurité et des conflits a entraîné des déplacements de population, aggravant la pression sur des ressources déjà limitées et les rivalités intercommunautaires. 

Selon Mme Diouf, la situation actuelle du Sahel démontre que le terrorisme se nourrit des conflits, du désespoir et de la vulnérabilité des communautés.  L’oratrice a appelé à des réponses inclusives qui prennent en compte les enjeux climatiques et le point de vue des communautés.  Le niveau local est en effet une excellente porte d’entrée pour intégrer les dimensions climatique et sécuritaire dans des politiques et des projets soucieux des besoins et des droits des populations.  Il est crucial, a-t-elle insisté, de financer l’adaptation et la résilience car si la région n’obtient pas un niveau adéquat de ressources financières pour répondre aux différents défis, la crise au Sahel risque de s’enliser.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a considéré que le premier défi du Sahel est évidemment d’ordre politique, car il s’agit de renforcer les systèmes étatiques et de consolider la démocratie.  Il a donc plaidé pour que les transitions au Burkina Faso, au Mali, en Guinée et au Tchad soient menées dans les délais agréés.  Il a salué, à cet égard, le protocole de la CEDEAO qui, 20 ans après son adoption, reste une référence en matière de démocratie et de bonne gouvernance.  Le représentant a ensuite évoqué les changements climatiques, dont les conséquences sur la sécurité alimentaire et l’accès à l’eau, sont déjà visibles au Sahel.  Il a apporté son soutien au projet de la Grande muraille verte, auquel la France a déjà contribué, en mobilisant 16 milliards d’euros. 

Insistant sur une réponse appropriée à la menace du terrorisme dans la région, le représentant a expliqué que par « appropriée », il entend trois choses. La réponse doit d’abord être durable et se fonder sur le respect du droit, jugeant inacceptables les exactions contre les civils et l’usage disproportionné de la force.  La France, a-t-il ajouté, continuera de dénoncer les exactions du groupe Wagner en Afrique, comme partout dans le monde.  La réponse, a-t-il poursuivi, doit être collective, car ce n’est qu’à travers le renforcement des forces armées nationales et la coopération entre elles que des avancées seront possibles.  La Force conjointe du G5 Sahel conserve à cet égard sa pertinence, a estimé le délégué, qui a salué les efforts de reconfiguration en cours, traduisant l’engagement des quatre pays concernés à s’adapter au nouveau contexte. Il a souhaité que le rapport du Groupe de haut niveau dirigé par le Président Issoufou apporte une nouvelle impulsion à ces efforts de coordination régionale. Enfin, a-t-il encore dit, la réponse doit être substantielle.  La France souscrit pleinement à l’idée que les opérations africaines devraient bénéficier d’un financement de l’ONU.  « Nous en reparlerons le 25 mai prochain », à l’occasion du débat prévu sur la question, a rappelé le représentant.

M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) s’est félicité de la tenue en février du sixième Sommet extraordinaire du G5 Sahel et des efforts visant à renforcer l’institution, alors que la région fait face aux défis de la sécurité et des changements climatiques.  Il s’est cependant dit préoccupé par la situation sécuritaire et humanitaire du Sahel, qui découle selon lui d’échecs de gouvernance.  Tout en affirmant respecter le besoin qu’ont les États de la région de répondre à la montée du terrorisme et d’autres violences, il les a exhortés à reconnaître les limites d’une approche militarisée et à redoubler d’efforts pour traiter les facteurs structurels de l’instabilité.  Cela inclut le renforcement de la gouvernance et des institutions démocratiques, l’amélioration de l’accès à la justice et le respect des droit humains et de l’état de droit, a souligné le représentant.  Il s’est par ailleurs alarmé des opérations militaires étatiques conduites au Mali et au Burkina Faso, constatant qu’elles ont conduit à de nombreuses pertes civiles et à de graves violations des droits humains.  Au Mali, le « partenariat court-termiste » du Gouvernement de transition avec le groupe Wagner soutenu par le Kremlin n’ont pas fourni plus de sécurité au peuple malien, a-t-il constaté.  Au contraire, les atteintes aux droits humains sont en hausse, a-t-il déploré, ajoutant que, selon un rapport du PNUD, cela contribue aussi au recrutement de personnes marginalisées par les groupes terroristes. 

Dans ce contexte, le représentant a salué les Nations Unies pour leur ténacité à enquêter sur les massacres de civils, notamment celui perpétré à Moura (Mali), malgré les restrictions imposées par les autorités nationales à la MINUSMA.  À cet égard, il a encouragé le Gouvernement malien de transition à mener des enquêtes transparentes sur ces faits afin de tenir les auteurs pour responsables.  Par ailleurs, affirmant rester déçu par la décision du Mali de se retirer du G5 Sahel, il a appelé le Gouvernement de transition à revoir sa position.  À ses yeux, les menaces corrélées du terrorisme et de l’extrémisme violent exigent des approches transnationales.  Enfin, après avoir invité le Burkina Faso, le Tchad et le Mali à achever leur transition vers des gouvernements démocratiquement élus, notamment à des fins de coopération, il a dit soutenir l’évaluation stratégique conjointe sur le Sahel entreprise par l’ONU, l’Union africaine et le G5 Sahel pour promouvoir la paix et la sécurité dans la région.

M. DAI BING (Chine) a relevé que les pays du Sahel ont obtenu certains résultats, qui sont mentionnés dans le rapport du Secrétaire général.  Il a appelé la communauté internationale à apporter un appui adapté aux besoins de la région, en particulier dans la lutte contre le terrorisme, la gestion de la crise humanitaire et celle des changements climatiques.  Il a salué la convocation d’un sommet régional organisé pour trouver des solutions communes aux problèmes de la région.  Le délégué a exhorté la communauté internationale à respecter la souveraineté nationale des pays du Sahel.  Il a aussi attiré l’attention sur la situation au Soudan voisin, qui nécessite selon lui de la patience et un appui solide de la communauté internationale. L’orateur a insisté sur l’importance de donner un nouvel élan à la coopération régionale d’autant que les pays du Sahel entreprennent la restructuration des forces pour lutter plus efficacement le terrorisme. 

S’agissant des droits de l’homme, le représentant a souligné la nécessité de les respecter mais de ne pas les utiliser comme moyens de pression.  Au contraire, il faut maintenir le niveau d’aide aux pays du Sahel et traiter les symptômes et les causes de la pauvreté, en promouvant le développement durable, a-t-il recommandé.  Il a terminé en citant un don de panneaux solaires au Mali et une aide d’urgence au Niger.  L’ONU doit mobiliser les ressources pour le développement durable du Sahel, a-t-il conclu. 

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a salué la remarquable résilience du G5 Sahel, illustrée par le sommet des chefs d’État du mois de février dernier.  Il a déploré que le processus de réforme de la Force conjointe du G5 Sahel ait entraîné la cessation des opérations militaires mais s’est dit encouragé par la création du Comité d’état-major opérationnel conjoint de la région du Sahel, la mise en place du Groupe de travail de l’Initiative d’Accra et le déploiement de la Force africaine prépositionnée de la CEDEAO.  Le représentant a appelé les pays du G5 Sahel à respecter le droit international humanitaire, à s’attaquer aux causes profondes des conflits dans la région et à renforcer la présence de l’État.  Ils doivent aussi prévoir des institutions démocratiques et inclusives, respecter les minorités et mettre en œuvre sans délai leurs plans de transition respectifs pour permettre un retour à la normalité constitutionnelle. 

Constatant par ailleurs que l’insécurité alimentaire, les déplacements forcés et l’absence de perspectives économiques sont aggravés par les actions des terroristes et des groupes armés illégaux, le représentant a appelé les États de la région à s’éloigner des réponses exclusivement sécuritaires et à adopter des approches basées sur le développement.  À cet égard, il a dit attendre avec intérêt les recommandations de l’évaluation stratégique que prépare le Groupe indépendant de haut niveau sur la sécurité et le développement au Sahel. 

M. ANDRÉS EFREN MONTALVO SOSA (Équateur) a jugé essentielle la Force conjointe du G5 Sahel pour lutter contre les groupes armés qui opèrent à travers les frontières poreuses de la région.  Il a regretté le retrait du Mali de cette force conjointe, qui est préjudiciable à l’efficacité des opérations, car il perturbe la continuité géographique.  Le représentant s’est toutefois félicité des réunions entre le Mali et le Niger au début du mois de mars, au cours desquelles il a été convenu de renforcer la coopération bilatérale contre le terrorisme. Il a dit apprécier les efforts déployés par la MINUSMA pour soutenir la Force conjointe, malgré des conditions opérationnelles complexes, qui seraient améliorées par le retour du Mali au sein de la Force conjointe.  Le délégué a ensuite espéré que les progrès accomplis dans la réforme de la structure de la Force conjointe et la revitalisation de son architecture de sécurité permettront d’accroître l’efficacité des opérations et de coopérer avec d’autres acteurs de la lutte contre le terrorisme dans la région, tels que l’Initiative d’Accra et le Comité militaire conjoint du Sahel.  Cette lutte, a-t-il insisté, doit s’inscrire dans le respect des droits humains et du droit international humanitaire, ainsi que du droit des réfugiés. 

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni), après avoir dit que le Sahel est en crise, a signalé que son gouvernement avait donné 284 millions de dollars à la région et à sa population l’année dernière.  Le représentant a dit miser sur le leadership de la CEDEAO et de l’Union africaine, qui est vital selon lui pour les trois États en pleine transition politique.  Il a à cet égard exhorté les autorités burkinabè, tchadiennes et maliennes à respecter les calendriers électoraux.  Deuxièmement, a continué le délégué, les opérations antiterroristes doivent respecter les droits humains et le droit international humanitaire.  Il a demandé la mise en œuvre des mesures d’atténuation des risques dans ce domaine, comme le prévoit la politique de diligence en matière de droits humains, comme recommandé par la MINUSMA. 

Le représentant a dit être préoccupé par les conclusions troublantes du rapport du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, de la semaine dernière, sur le massacre de centaines de personnes à Moura, au Mali, par les forces de sécurité maliennes et le groupe Wagner soutenu par la Russie.  Les exécutions sommaires, les viols et les tortures constituent des crimes de guerre, a-t-il relevé. Les nouvelles informations faisant état d’environ 150 victimes civiles, dont 45 enfants, à la suite d’une attaque menée par les forces armées dans le village de Karma, au Burkina Faso, le 20 avril, sont également profondément préoccupantes, s’est alarmé le délégué.  Il a terminé en s’alignant sur le message du Secrétaire général selon lequel les solutions régionales sont le moyen le plus efficace d’instaurer une paix et une stabilité durables, y compris l’Initiative d’Accra.

Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) a dit voir dans le G5 Sahel une initiative régionale importante pour renforcer la stabilité et la sécurité dans une région aux prises avec une crise multidimensionnelle.  À ce propos, elle s’est déclarée préoccupée par la détérioration continue de la situation sécuritaire dans la région, observant que le terrorisme et l’extrémisme violent y ont atteint des niveaux sans précédent et risquent de se propager aux États côtiers.  Face à ces menaces, elle s’est félicitée de la poursuite de l’opérationnalisation de la Force conjointe et de l’architecture de sécurité révisée depuis le retrait du Mali.  Selon elle, le rapport sur le massacre de Moura publié la semaine dernière par le HCDH témoigne de la nécessité de mener des opérations militaires dans le respect des droits humains et du droit international. Les conclusions de ce rapport sont inquiétantes et soulèvent de sérieuses inquiétudes quant à la présence du groupe Wagner, a-t-elle ajouté, demandant que les responsables de ces crimes odieux soient tenus pour responsables. 

La représentante a ensuite noté que l’environnement politique au Sahel reste fragile.  Alors que plusieurs États sont sous régime militaire, elle a exhorté les autorités de transition à respecter les délais convenus avec la CEDEAO et à faciliter un retour rapide à un régime civil.  Jugeant à cet égard que la coopération régionale demeure essentielle, elle a encouragé le G5 Sahel à poursuivre le dialogue et la coopération avec ses membres, et à maintenir l’élan pour revigorer la collaboration.  Elle a également salué le leadership de l’UA, de la CEDEAO et de l’ONU, avant d’exprimer son intérêt pour les recommandations du Groupe indépendant de haut niveau dirigé par l’ancien Président du Niger, M. Mahamadou Issoufou, pour renforcer les réponses à la crise sahélienne.  Pour y faire face, les interventions militaires ne suffisent pas, a-t-elle conclu en recommandant de les compléter par des efforts humanitaires et de développement afin de renforcer les institutions, améliorer l’état de droit et promouvoir les opportunités socioéconomiques.

S’exprimant au nom des A3, M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a encouragé les chefs d’État et les ministres du G5 Sahel à poursuivre leurs efforts pour revitaliser la Force conjointe par l’adoption d’un concept d’exploitation (CONOPS) reconfiguré et d’arrangements opérationnels permettant de répondre à la nouvelle dynamique sécuritaire sur le terrain.  Il a salué la nomination d’un nouveau commandant de la Force conjointe et l’adoption de mesures prudentielles supplémentaires visant à améliorer le rapport coût-efficacité du G5 Sahel et de la Force conjointe.  Le représentant a ensuite instamment demandé de tirer parti de l’engagement pris lors des récentes réunions des chefs d’État et des ministres du groupe pour renforcer la coordination entre les trois piliers (gouvernance, résilience et sécurité) de la stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel (UNISS).  Il a ensuite préconisé de poursuivre les investissements dans des mesures de lutte contre les causes sous-jacentes de l’instabilité, dont les déficits en matière de gouvernance et de développement.  M. Agyeman a également encouragé les donateurs à continuer d’apporter leur soutien pour résoudre les difficultés techniques et opérationnelles persistantes de la Force conjointe. 

Tout en reconnaissant le soutien logistique et opérationnel essentiel fourni par la MINUSMA à la Force, les A3 sont préoccupés par les défis logistiques et opérationnels auxquels la MINUSMA elle-même est confrontée, notamment en raison du retrait progressif de certains contributeurs de troupes, a poursuivi le représentant.  Alors qu’une réflexion est menée sur les options proposées par le Secrétaire général, il a jugé important de rendre la MINUSMA capable de maintenir son soutien à la Force conjointe du G5 Sahel.  Il faut également tirer parti du rôle complémentaire d’autres mécanismes régionaux tels que l’Initiative d’Accra, le Processus de Nouakchott et la Force multinationale mixte.  À cet égard, le délégué a gardé l’espoir que la vaste consultation menée par le groupe d’experts dirigé par M. Issoufou sur l’évaluation stratégique du Sahel aboutira à des recommandations concrètes tournées vers l’avenir.  M. Agyeman a par ailleurs jugé important que le Conseil de sécurité aille au-delà de l’affirmation du soutien à la Force conjointe, en répondant à l’appel de longue date de lui fournir un financement prévisible.  « Il n’y a pas de meilleur moment pour agir que maintenant! » a-t-il lancé en conclusion. 

Mme FRANCESCA MARIA GATT (Malte) a estimé qu’une réponse régionale cohérente et viable, appuyée par la communauté internationale, est nécessaire pour contrer le terrorisme et l’extrémisme violent au Sahel.  Il ne faut pas perdre de vue les graves répercussions de la violence sur les civils, a prié la représentante en s’inquiétant en particulier pour les enfants.  Elle a dit être attristée par les meurtres de centaines de personnes à Moura, perpétrés par les forces armées maliennes et des militaires étrangers, des actions qui vont à l’encontre d’une paix durable.  Pour progresser vers la paix et le développement, la représentante a recommandé de prendre en compte les défis existants et de s’appuyer sur une coopération et un leadership renforcés au niveau régional, ainsi que sur la solidarité entre les pays sahéliens et côtiers.  La déléguée a dit attendre avec impatience les résultats des travaux du Groupe indépendant de haut niveau sur la sécurité et le développement au Sahel, qui devrait proposer des moyens novateurs de relever les défis sécuritaires. 

Pour la déléguée, une stratégie globale et efficace de lutte contre le terrorisme pour la région doit inclure une compréhension globale des moteurs de l’extrémisme violent et de l’insécurité, ainsi que des approches qui incluent toutes les composantes de la société.  La résilience devrait être renforcée par la confiance dans le système de gouvernement et ses institutions, et le respect des droits humains, a-t-elle ajouté.  Elle a dès lors demandé aux gouvernements d’assurer un bon niveau de gouvernance et de justice ainsi que le respect de la démocratie et de l’état de droit.  La CEDEAO et l’Union africaine ont un rôle central à jouer dans ces efforts, a estimé l’oratrice.  Elle a plaidé en outre pour que l’on appuie les femmes défenseures de la paix en tant qu’agentes du changement dans l’élaboration de stratégies de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent. 

Parvenir à une paix durable au Sahel, a estimé Mme AMEIRAH OBAID MOHAMED OBAID ALHEFEITI (Émirats arabes unis), nécessite des progrès tangibles dans les processus de transition en cours dans plusieurs pays de la région.  À cet égard, il importe de mettre en place des processus politiques inclusifs qui garantissent la participation pleine, égale et significative des femmes et offrent aux jeunes des opportunités.  La représentante a d’autre part jugé crucial de continuer à soutenir les initiatives et les mécanismes régionaux mis en place pour faire face aux menaces transnationales, à commencer par le terrorisme et la criminalité organisée.  Dans ce cadre, elle a estimé que la Force conjointe du G5 Sahel est un outil essentiel qui mérite d’être soutenu, notamment par le Conseil de sécurité.  Elle a également dit attendre avec intérêt les recommandations du Groupe indépendant sur la sécurité et le développement au Sahel. 

Traiter des causes profondes des conflits et de l’extrémisme, c’est, a poursuivi la représentante, mettre en œuvre des initiatives de développement qui comblent les écarts socioéconomiques.  Elle s’est inquiétée de la fermeture d’environ 9 000 écoles en raison de la violence dans le centre du Sahel.  L’éducation, a-t-elle martelé, est un des piliers les plus essentiels pour protéger les sociétés contre l’extrémisme et donner aux jeunes générations les moyens de se bâtir un avenir prometteur.  Il faut à tout prix aligner la stratégie intégrée des Nations Unies pour la région du Sahel sur les priorités et les besoins nationaux, a-t-elle souligné, avant de détailler l’aide humanitaire que fournit son pays, en particulier pour faire face à l’afflux des personnes qui fuient le Soudan vers le Tchad. Elle a conclu en jugeant utile d’étudier davantage le lien entre les changements climatiques et l’instabilité au Sahel.

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a exprimé sa vive préoccupation face à la détérioration de la situation au Sahel et souligné que le G5 Sahel reste un cadre important pour la coopération régionale, la sécurité aux frontières et le développement.  Il a joint sa voix à ceux qui appellent le Mali à revenir dans ce groupe.  Le représentant a également appelé les acteurs régionaux et la communauté internationale à soutenir celui-ci, se félicitant de l’accord tripartite UE-G5 Sahel-ONU qui prévoit le soutien de la MINUSMA à la Force conjointe du G5 Sahel.  Il s’est aussi félicité des initiatives des partenaires régionaux pour combattre le terrorisme et l’extrémisme violent, telles que l’Initiative d’Accra.  Il a espéré que les recommandations à venir du Groupe indépendant de haut niveau sur la sécurité et le développement au Sahel contribueront à l’amélioration des réponses conjointes, régionales et internationales, en se basant sur une évaluation franche des besoins.  Sur la question des ressources prévisibles et durables pour les opérations de paix régionales, le Japon reste pleinement déterminé à examiner cette question, y compris dans le contexte du récent rapport du Secrétaire général, a ajouté le délégué. 

Le représentant a ensuite plaidé pour une stabilité politique, qui ne peut que résulter que d’institutions démocratiques résilientes et d’une gouvernance responsable, basée sur l’état de droit.  Il a appelé en ce sens les autorités du Mali, du Burkina Faso et du Tchad à se préparer à des élections rapides, ouvertes et inclusives, un processus qui doit inclure la participation significative des femmes, des jeunes et des minorités.  Il s’est félicité du rôle joué à cet égard par d’autres partenaires, notamment la CEDEAO et l’UA.  Concernant les opérations sécuritaires, il a souhaité qu’elles adoptent une approche holistique avec une perspective à long terme et qu’elles respectent l’état de droit, les droits humains et le DIH.  Enfin, le représentant a salué le travail mené par le HCDH et la MINUSMA pour soutenir la Force du G5 Sahel, dans les domaines des droits humains et du DIH ainsi que pour lutter contre l’impunité.  Il a appelé de ses vœux une unité au sein du Conseil de sécurité dans le soutien à apporter à la région, avant d’assurer vouloir continuer de soutenir celle-ci ainsi que les initiatives régionales. 

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a décrit la menace terroriste qui règne dans la région du Sahara-Sahel du fait des activités de nombreux groupes extrémistes.  Leurs actions menacent les pays côtiers du golfe de Guinée mais les zones frontalières entre la Mali, le Burkina Faso et le Niger restent l’épicentre des tensions, a-t-elle noté.  La représentante a exhorté les États de la région à poursuivre leur coopération dans le domaine de la sécurité, saluant à cet égard la participation du Niger, le 24 mars, à des raids antiterroristes menés avec le Mali. L’escalade de la violence au Soudan est aussi préoccupante, a-t-elle continué.  D’après la représentante, les menaces à la sécurité et à la stabilité dans le Sahara-Sahel sont les conséquences directes de l’intervention militaire des pays occidentaux en Libye en 2011 et de l’effondrement de l’État libyen.  Elle a dénoncé les actions coloniales menées par la France afin de changer le régime de Bamako. 

La représentante a également décrié la décision de la Commission européenne de mettre fin au financement de l’Union européenne destiné au soutien logistique et opérationnel que la MINUSMA fournit à la Force conjointe du G5 Sahel.  À cet égard, elle a suggéré une transformation profonde de l’approche de l’ONU de la lutte contre le terrorisme, estimant que le maintien de la paix et de la sécurité dans le Sahara-Sahel revient aux États de la région eux-mêmes.  L’appui de la communauté internationale doit respecter le principe de non-ingérence, de respect de la souveraineté et du principe de « solutions africaines aux problèmes africains », a plaidé la déléguée. Elle a salué la décision prise au sommet de la CEDEAO, à Abuja, de consacrer 1 milliard de dollars à la mise en œuvre du plan d’action communautaire 2020-2024 de lutte contre le terrorisme.  La Russie continuera de participer de manière constructive aux efforts visant à assurer la sécurité dans la région du Sahara-Sahel et continuera de fournir un appui aux États de la région sur une base bilatérale, a informé la représentante en précisant que cela comprend l’augmentation de la capacité de combat des forces armées, la formation du personnel militaire et des agents des forces de l’ordre, et la fourniture d’une aide humanitaire. 

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a constaté que la réponse principalement sécuritaire et militaire apportée à l’insécurité par les pays du G5 Sahel n’a pas suffi à réduire, ni même à contenir cette menace. Elle a prôné, pour renforcer la stabilité de la région, d’agir sur les aspects politiques, économiques, sociaux et environnementaux.  Une telle stratégie doit en premier lieu concilier le règlement et la prévention des conflits, a-t-elle estimé, relevant que les expériences sur le terrain montrent qu’il faut examiner les causes profondes de la violence de façon holistique pour pouvoir mettre fin aux conflits armés, lutter contre le terrorisme et prévenir les extrémismes violents.  La représentante a souhaité que les jeunes aient un rôle déterminant dans ce cadre, faisant valoir qu’ils ne sont pas de simples sujets vulnérables à la radicalisation et au recrutement de groupes extrémistes, mais des partenaires pour prévenir cet extrémisme violent. 

Elle a ensuite appelé à agir sur les facteurs environnementaux et climatiques qui interagissent avec la stabilité au Sahel.  Alors que de nombreux mécanismes de règlement des conflits, de gestion de ressources naturelles et d’accueil des personnes déplacées existent au niveau local, ces expériences locales doivent être complétées par des mesures régionales et internationales, a-t-elle plaidé, avant de rappeler l’engagement de la Suisse en faveur de la résilience du secteur pastoral dans plusieurs pays africains, notamment le Tchad, le Mali, le Burkina Faso et le Niger.  La représentante a rappelé l’importance du respect des droits humains et du droit international humanitaire en cas de conflit armé, y compris pendant les opérations menées par les forces de sécurité intérieure ou par la Force conjointe du G5 Sahel.  Enfin, affirmant attendre avec intérêt l’examen stratégique du Groupe indépendant de haut niveau sur la sécurité et le développement au Sahel, elle a jugé que la réponse aux défis du Sahel réside dans la coopération et non pas dans l’isolement.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

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9321e séance – matin  
CS/15281

Conseil de sécurité: face à la poursuite du conflit en Ukraine, le Chef de l'OCHA appelle à prolonger l’Initiative de la mer Noire

Réuni, ce matin, pour faire le point sur la situation humanitaire liée au conflit en Ukraine, le Conseil de sécurité a entendu le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires (OCHA) appeler au renouvellement de l’Initiative sur le transport sécurisé de céréales et de denrées alimentaires depuis les ports ukrainiens, qui arrivera à expiration le 18 mai.  Un appel relayé par l’ensemble des délégations, à l’exception de la Fédération de Russie, qui a refusé d’apporter une quelconque garantie, considérant qu’aucun progrès n’a été fait sur les approvisionnements agricoles russes. 

Intervenant en visioconférence depuis Genève, M. Martin Griffiths a également constaté avec regret qu’à la sortie d’un hiver rude, les hostilités semblent s’intensifier des deux côtés de la ligne de front et que les pertes civiles atteignent leur plus haut niveau depuis des mois.  Si le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droit de l’homme (HCDH) fait état de 23 600 victimes civiles vérifiées depuis le 24 février 2022, « nous savons tous que le bilan réel risque d’être beaucoup plus élevé », a-t-il dit, avant de déplorer des retombées humanitaires « considérables », notamment le long de la frontière nord-est avec la Fédération de Russie, où de nombreuses communautés sont encerclées et privées d’eau, de nourriture et de soins médicaux. 

Face aux frappes russes qui ont récemment endommagé des objectifs civils à Kherson, un entrepôt de stockage humanitaire à Odessa et un hôpital mobile de la Croix-Rouge ukrainienne à Mykolaïv, le Coordonnateur des secours d’urgence a une fois de plus enjoint aux parties de veiller à la protection des civils et des biens à caractère civil, ainsi que des installations humanitaires. Il a ajouté qu’en dépit de cet environnement opérationnel complexe et dangereux, l’ONU et ses partenaires continuent de fournir une assistance vitale dans les zones de première ligne et ailleurs en Ukraine.  Près de 3,6 millions de personnes ont ainsi reçu une aide humanitaire au cours du premier trimestre, a-t-il souligné, précisant toutefois que le plus grand défi reste d’accéder aux zones de Donetsk, Louhansk, Kherson et Zaporijia actuellement sous le contrôle militaire de la Fédération de Russie.

M. Griffiths a ensuite évoqué les exportations effectuées dans le cadre de l’Initiative de la mer Noire, ainsi que celles d’aliments et d’engrais de la Fédération de Russie, assurant qu’elles apportent une contribution cruciale à la sécurité alimentaire mondiale.  Plus de 30 millions de tonnes de fret ont maintenant été exportées depuis les ports ukrainiens, a-t-il noté, précisant que plus de 55% a été livré à des pays en développement et que près de 6% est allé aux pays les moins avancés, dont quelque 600 000 tonnes de blé transportées par le Programme alimentaire mondial (PAM).  Selon lui, les prix internationaux du blé ont atteint en avril leur plus bas niveau depuis juillet 2021, en partie grâce au mouvement de céréales ukrainiennes et aux grandes quantités disponibles pour l’exportation en Fédération de Russie. 

Malgré ces « progrès indéniables », des difficultés persistent, a reconnu le haut fonctionnaire, qui a signalé que l’exportation d’ammoniac n’a pas encore été possible.  M. Griffiths a également constaté une nette réduction des volumes d’exportations sortant des ports ukrainiens de la mer Noire, en raison d’une « dynamique de plus en plus difficile » au sein du Centre conjoint de coordination. Il a néanmoins assuré que l’ONU poursuit ses discussions avec les parties à l’Initiative afin de parvenir à un accord sur sa prolongation, tandis que Mme Rebeca Grynspan, Secrétaire générale de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a obtenu des « résultats concrets » s’agissant du protocole d’accord sur la facilitation des exportations russes d’aliments et d’engrais. Il a donc appelé toutes les parties à assumer leurs responsabilités, tout en remerciant la Türkiye de son soutien à la mise en œuvre de l’Initiative. 

L’Initiative de la mer Noire doit être mise en œuvre « aussi longtemps que se poursuivra le conflit », a appuyé l’Équateur.  La France a quant à elle appelé la Russie à ne pas faire obstacle au prolongement de l’Initiative, rejointe dans cette mise en demeure par une majorité de délégations.  L’Albanie a ainsi condamné l’utilisation de la sécurité alimentaire comme arme, tandis que les États-Unis ont sommé la Russie de respecter ses propres engagements et de cesser de « prendre en otage les aliments et les denrées ». 

Si la Chine a dit apporter son appui à une mise en œuvre « équilibrée » de l’Initiative, la Fédération de Russie a prévenu que, faute de progrès sur les exportations d’ammoniac et sur les approvisionnements agricoles russes bloqués par les sanctions occidentales, elle ne pouvait garantir la prorogation de ce dispositif, auquel elle avait répondu positivement dès le 22 juillet 2022. De surcroît, a-t-elle relevé, bien que l’accord prévoie le déblocage des exportations de céréales et d’engrais russes, il a fallu attendre le 18 mars pour que les approvisionnements alimentaires à destination des pays africains augmentent par rapport à la précédente phase. 

De son côté, l’Ukraine s’est présentée comme un « acteur fiable » de la sécurité alimentaire mondiale, indiquant avoir exporté 29,8 millions de tonnes de céréales et de produits alimentaires.  Ces volumes auraient pu être plus élevés si la Russie n’avait pas entravé la circulation des navires, a regretté la délégation, qui a dit aspirer à la reconduction de l’Initiative, aux côtés de l’ONU et de la Türkiye.  Et si la Russie se dit « perdante » dans cet accord, c’est elle qui représente la principale menace en mer Noire, a renchéri l’Ukraine, en dénonçant une « tentative de militariser les acheminements alimentaires ». 

Sans prendre parti dans cette querelle, le Gabon, le Ghana, la Suisse et les Émirats arabes unis ont salué les efforts de l’ONU et la Türkiye pour reprendre les négociations, tout en appelant à la mise en œuvre du protocole d’accord sur les engrais et les produits alimentaires russes.  Ajoutées aux échanges de prisonniers de guerre entre belligérants, de telles mesures démontrent la persistance d’une « certaine volonté de négocier », a observé la délégation émirienne.

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ DE L’UKRAINE

Déclarations

Intervenant en visioconférence depuis Genève, M. MARTIN GRIFFITHS, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence (OCHA), a noté avec regret que les hostilités, et notamment les tirs de missiles, semblent s’intensifier des deux côtés de la ligne de front et qu’alors que l’Ukraine sort d’un hiver rude, les pertes civiles atteignent leur plus haut niveau depuis des mois.  Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droit de l’homme HCDH fait état de 23 600 victimes civiles vérifiées depuis le 24 février 2022, mais « nous savons tous que le bilan réel risque d’être beaucoup plus élevé », a-t-il dit, avant d’évoquer des retombées humanitaires « considérables ».  Le long de la frontière nord-est avec la Fédération de Russie et près des lignes de front, a expliqué le haut fonctionnaire, de nombreuses communautés sont encerclées, privées d’eau, de nourriture et de soins médicaux en raison des violents combats au sol et des routes bloquées.  Parallèlement, des bâtiments résidentiels, une école, un hôpital ambulatoire et un établissement de soins pour personnes âgées ont été endommagés la semaine dernière à Kherson, tandis que des frappes de missiles ont touché un entrepôt de stockage humanitaire à Odessa et un hôpital mobile de la Croix-Rouge ukrainienne à Mykolaïv.  Face à ces attaques, le Secrétaire général adjoint a rappelé qu’en vertu du droit international humanitaire, les parties doivent veiller en permanence à protéger tous les civils et les biens à caractère civil, y compris les maisons, les écoles, les hôpitaux et les autres infrastructures essentielles, ainsi que les installations humanitaires.

Malgré cet environnement opérationnel complexe et dangereux, l’ONU et ses partenaires continuent, grâce à la bravoure des travailleurs humanitaires sur le terrain, de fournir une assistance vitale dans les zones de première ligne et ailleurs en Ukraine, a souligné M. Griffiths.  Selon lui, près de 3,6 millions de personnes ont reçu une aide humanitaire en Ukraine au cours du premier trimestre 2023, ce qui comprend une assistance en espèces, de la nourriture, des soins de santé et un soutien aux moyens de subsistance.  Jusqu’à présent cette année, a-t-il ajouté, environ 43 convois interagences ont livré des fournitures à 278 000 personnes dans les zones de première ligne, les partenaires locaux assurant la livraison et la distribution du dernier kilomètre.  Toutefois, cette action est encore limitée et davantage doit être fait pour déployer les efforts à une plus grande échelle, a plaidé le Coordonnateur des secours d’urgence, pour qui le plus grand défi reste d’accéder à toutes les zones de Donetsk, Louhansk, Kherson et Zaporijia actuellement sous le contrôle militaire de la Fédération de Russie. 

Un système de notification humanitaire et un engagement direct avec des interlocuteurs clefs à Moscou et à Kiev ont été mis en place pour maximiser les possibilités de passage sûr et sans entrave des convois interagences vers ces zones, a précisé M. Griffiths.  Cependant, « malgré 14 mois passés à informer les parties de nos intentions par le biais de ce système, nous n’avons pas été en mesure de fournir une assistance aux communautés le long de la ligne de front dans les zones sous le contrôle militaire de la Fédération de Russie », a-t-il déploré, ajoutant que les options d’accès à ces zones continuent d’être explorées avec les deux parties.  Jugeant impératif que l’aide parvienne aux civils, où qu’ils se trouvent, il a rappelé qu’en vertu du droit international humanitaire, toutes les parties doivent autoriser et faciliter le passage rapide et sans entrave des secours humanitaires aux civils dans le besoin et doivent veiller à ce que le personnel jouisse de la liberté de mouvement nécessaire à son travail. 

Le Secrétaire général adjoint a ensuite indiqué que les exportations de denrées alimentaires, dans le cadre de l’Initiative sur le transport sécurisé de céréales et de denrées alimentaires depuis les ports ukrainiens, ainsi que celles d’aliments et d’engrais de la Fédération de Russie continuent d’apporter une contribution cruciale à la sécurité alimentaire mondiale.  Plus de 30 millions de tonnes de fret ont maintenant été exportées en toute sécurité depuis les ports ukrainiens dans le cadre de l’Initiative, a-t-il noté, précisant que plus de 55% a été livré à des pays en développement et que près de 6% est allé aux pays les moins avancés. Cela comprend un peu moins de 600 000 tonnes de blé transportées par le Programme alimentaire mondial (PAM), en soutien direct des opérations humanitaires en Afghanistan, en Éthiopie, au Kenya, en Somalie et au Yémen, a expliqué le Coordonnateur des secours d’urgence, selon lequel la dernière analyse de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) fait apparaître que les prix mondiaux des céréales ont chuté de près de 20% au cours des 12 derniers mois.  Le mois dernier, les prix internationaux du blé ont atteint leur plus bas niveau depuis juillet 2021, en partie grâce au mouvement continu de céréales ukrainiennes et aux grandes quantités disponibles pour l’exportation en Fédération de Russie et ailleurs, s’est-il félicité, y voyant un « progrès indéniable ». Toutefois, beaucoup reste à faire et un approvisionnement prévisible continue d’être nécessaire pour les opérations d’aide alimentaire, a reconnu M. Griffiths. 

Le haut fonctionnaire a d’autre part signalé que l’exportation d’ammoniac, prévue dans le cadre de l’Initiative, n’a pas encore été possible.  En outre, a-t-il regretté, au cours du mois dernier, nous avons malheureusement constaté une réduction significative des volumes d’exportations sortant des ports ukrainiens de la mer Noire, en raison d’une dynamique de plus en plus difficile au sein du Centre conjoint de coordination et d’un ralentissement connexe des opérations.  Il a ajouté que ces dernières semaines, l’ONU a engagé des discussions intensives avec les parties à l’Initiative afin de parvenir à un accord sur sa prolongation et les améliorations nécessaires pour qu’elle fonctionne de manière efficace et prévisible.  « Cela va continuer dans les jours à venir », a-t-il précisé, avant d’indiquer que, parallèlement, Mme Rebeca Grynspan et son équipe ont continué à fournir un large éventail de soutien avec des résultats concrets dans le cadre du protocole d’accord sur la facilitation des exportations russes d’aliments et d’engrais.  Pour toutes les raisons exposées précédemment, la poursuite de l’Initiative est « essentielle », de même que le réengagement des parties en faveur de son fonctionnement harmonieux et efficace, a-t-il souligné, appelant toutes les parties à assumer leurs responsabilités à cet égard.  « Le monde regarde », a insisté M. Griffiths, non sans adresser ses remerciements au Gouvernement de la Türkiye pour le soutien inlassable qu’il continue d’apporter à la mise en œuvre quotidienne de l’Initiative et aux efforts en cours pour son extension. Avant de conclure, il a exhorté le Conseil et tous les États Membres à soutenir les efforts visant à mettre fin au carnage et à la destruction, tout en assurant que l’ONU et ses partenaires humanitaires restent déterminés à sauvegarder la vie et la dignité des personnes touchées par la guerre et à rechercher la paix « aujourd’hui, demain et aussi longtemps qu’il le faudra ».

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a rappelé les propos du Secrétaire général sur les conséquences « dramatiques » de l’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie sur les plans humanitaire et des droits humains.  Le bilan de la guerre ne cesse de s’alourdir, alors que l’agression russe a déjà fait au moins 23 000 victimes civiles, dont plus de 1 000 enfants, chiffres qui ne constituent qu’une fraction du bilan réel.  Sur le territoire ukrainien, près de 18 millions de personnes ont besoin d’une assistance humanitaire, a relevé le représentant, en réaffirmant la solidarité de son pays envers le peuple ukrainien « aussi longtemps que nécessaire ».  Depuis février 2022, les autorités russes ont perpétré d’innombrables violations du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme, dont certaines constituent selon lui des crimes de guerre, voire des crimes contre l’humanité. 

La Russie continue également de prendre pour cible la population et les infrastructures civiles et de mener des transferts forcés d’enfants, crimes qui ne sauraient rester impunis, a-t-il dit, avant d’indiquer que la France a fait don à l’Ukraine d’un deuxième laboratoire mobile d’analyse ADN afin de faciliter la documentation de ces crimes.  Selon lui, la Fédération de Russie porte seule l’entière responsabilité des répercussions négatives « considérables » de la guerre d’agression russe contre l’Ukraine, qui a exacerbé l’insécurité et la malnutrition mondiales en exploitant les vulnérabilités de certains pays aux fluctuations des marchés des céréales.  Appelant la Russie à ne pas faire obstacle au prolongement de l'Initiative de la Mer Noire, le représentant a assuré que la France continuera d’intensifier son action en vue de réduire les risques d’insécurité alimentaire, notamment à travers les « corridors de solidarité » de l’Union européenne, qui ont permis l’exportation par voies fluviales et terrestres de plus de 32 millions de tonnes de céréales et autres produits alimentaires. 

M. ANDRÉS EFREN MONTALVO SOSA (Équateur) s’est dit préoccupé par la hausse du nombre des victimes civiles en Ukraine.  Les parties doivent respecter sans leurs obligations en vertu du droit international humanitaire et mettre fin à l’utilisation d’explosifs et de mines dans les zones densément peuplées, a indiqué le représentant.  Il a aussi déploré la destruction d’au moins 700 infrastructures essentielles et la nouvelle escalade des attaques et des bombardements ces dernières semaines qui a rendu l’accès aux services de base encore plus difficile et affecte particulièrement les femmes et les enfants. Le représentant a présenté ses condoléances à la France pour la mort du reporter Arman Soldin, de l’agence AFP, le 9 mai, dans les environs de Bakhmout, dans l’est de l’Ukraine, une perte qui ajoute à la tragédie que le conflit a infligé aux journalistes.

Évoquant le spectre d’une catastrophe nucléaire, le délégué a appelé les parties à prendre toutes les mesures nécessaires pour préserver la centrale nucléaire de Zaporijia de tout accident.  Il a salué les efforts de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) à cet égard.  Le représentant a invoqué la résolution 2417 (2018) pour exhorter les parties à garantir le bon fonctionnement des systèmes alimentaires et des marchés dans les situations de conflit armé, demandé que l’Initiative de la mer Noire soit mise en œuvre aussi longtemps que se poursuivra le conflit.  Il est urgent d’engager un processus de paix, dans le cadre du respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique de l’Ukraine, a conclu le représentant.

M. FERIT HOXHA (Albanie) a noté que, 16 mois après son lancement, l’agression militaire de la Fédération de Russie contre l’Ukraine, quoique « freinée », continue de semer la mort, en raison de la poursuite des tirs de missiles et des attaques de drones visant les populations et des infrastructures civiles.  Interdites par le droit international, ces actions ne visent qu’à terroriser les civils, a-t-il constaté, observant toutefois que cette violence ne fait qu’entraîner une riposte plus vigoureuse de la part des Ukrainiens, notamment à Bakhmout, ville « symbole de la résistance ukrainienne ».  Dans ce contexte, où le bilan humain de cette guerre d’agression ne cesse de s’alourdir, « le Kremlin continue d’affirmer que la Russie ne combat pas les civils, ce qui ressemble à une mauvaise blague », a dénoncé le représentant.  Outre les victimes des attaques, des millions de personnes sont déplacées et des milliers d’enfants sont enlevés, s’est-il indigné, accusant en outre les soldats russes de se livrer à des violations graves du droit international humanitaire et des droits de l’homme.  Les preuves de ces atrocités seront un jour présentées à un tribunal en vue d’une reddition des comptes, a affirmé le délégué, pour qui les crimes les plus odieux sont ceux commis à l’encontre d’enfants.  À ses yeux, l’expulsion de force d’enfants vers la Russie sous le couvert de « fausses initiatives » n’est pas défendable.

Évoquant ensuite l’impact de cette guerre sur la sécurité alimentaire mondiale, le représentant a rappelé que, pour des millions de personnes la poursuite de l’Initiative de la mer Noire est essentielle pour que des aliments « arrivent sur leur table ».  Condamnant l’utilisation de la sécurité alimentaire comme arme, il a demandé que l’Initiative soit prolongée au-delà du 18 mai, et « aussi longtemps que nécessaire ». Enfin, après s’être réjoui que le Président Zelenskyy et le peuple ukrainien se soient vu décerner en Allemagne le prix Charlemagne pour leur engagement en faveur de l’unification européenne, il a relevé le « contraste » existant avec « l’autre dirigeant », qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI).  Tant que l’agression russe durera, a-t-il conclu, nous aiderons l’Ukraine à défendre son territoire et « nos valeurs communes ». 

M. PEDRO COMISSÁRIO AFONSO (Mozambique) a souligné l’importance d’une action humanitaire vigoureuse afin de répondre aux besoins des personnes touchées par le conflit en Ukraine.  Malgré le cadre juridique international existant censé garantir la protection des civils en cas de conflit, les parties belligérantes doivent prendre des mesures urgentes permettant l’acheminement et la distribution de l’aide humanitaire, la reconstruction et la réconciliation à long terme dans le pays, a indiqué le représentant.  Il a réitéré son appel aux parties pour qu’elles reprennent immédiatement des négociations directes de bonne foi, estimant que les propositions de paix présentées par certains États doivent être examinées.  L’Initiative de la mer Noire, qui doit expirer cette semaine, doit selon lui être renouvelée et élargie conformément aux conclusions du Groupe mondial d’intervention en cas de crise alimentaire, énergétique et financière.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a dénoncé l’hypocrisie de la séance d’aujourd’hui sur la situation humanitaire en Ukraine et l’alignement des États membres de l’Union européenne sur la thèse de l’agression russe. Ces pays ne se préoccupent pas du sort des personnes vivant sur le territoire de l’Ukraine, en particulier dans le Donbass, ni des gens ordinaires, dont les victimes du bombardement d’un bus le 18 avril et d’une église durant Pâques, tués par des missiles à fragmentation en provenance de Slovaquie.  Ces victimes sont-elles de mauvais civils? s’est demandé le représentant, en imputant la responsabilité de leur mort au régime de Kiev et à ceux qui lui fournissent des armes. 

Le délégué a dénoncé l’approvisionnement de l’Ukraine en armes occidentales.  Il a promis de revenir sur cette question le 18 mai prochain, avant de dire que ces armes sont fournies par les membres du Conseil de sécurité, qui tuent chaque jour des civils, des femmes et des enfants, détruisent des hôpitaux et des écoles dans les républiques populaires de Donetsk et de Lougansk, à Zaporojie et à Kherson.  Grâce à cette aide, les autorités de Kiev affichent ouvertement le fait qu’elles ont légalement le droit de détruire tout ce qui se trouve sur ces territoires.  Le représentant a assuré que les pays occidentaux n’échapperont pas à leur responsabilité. 

Forte du soutien de ses parrains occidentaux, Kiev ne craint pas de recourir à des méthodes ouvertement terroristes en attaquant le pont de Crimée, en tuant les journalistes Daria Dugina et Maxim Fomin, s’est indigné le délégué.  Il a accusé le Chef du renseignement militaire de l’Ukraine, qui serait prêt à tuer des Russes dans le monde entier.  Comment le Secrétaire général et les représentants d’autres organisations internationales peuvent-ils garder le silence à ce sujet? a-t-il demandé. Après avoir énuméré les conséquences économiques du soutien des Occidentaux à l’Ukraine, notamment une dette extérieure de 132 milliards de dollars en 2022 pour ce pays, le délégué russe a affirmé que la solidarité occidentale n’était pas gratuite et que les Ukrainiens ordinaires devront rembourser leurs dettes.  Il a même estimé que le Fonds de développement de l’Ukraine, censé attiré les investissements privés pour des projets économiques, n’était qu’un transfert de souveraineté de l’État ukrainien au plus grand fonds d’investissement du monde, dont le siège se trouve à New York. 

S’agissant de l’Initiative de la mer Noire, le représentant a déclaré que la Russie adopte une approche responsable et que son pays avait, le 22 juillet 2022, répondu positivement à l’initiative du Secrétaire général, dont l’objectif principal est d’améliorer la situation en matière de nourriture et d’engrais dans les pays en développement.  En dépit d’un accord pour exporter de la nourriture et de l’ammoniac depuis les ports ukrainiens de la mer Noire et débloquer l’exportation de céréales et d’engrais en provenance de Russie, ce n’est que depuis le 18 mars, début de la troisième phase de l’Initiative de la mer Noire, que les approvisionnements alimentaires auprès des pays africains ont augmenté de 54% par rapport à la précédente.  Qui plus est, l’exportation d’ammoniac ne s’est jamais matérialisée et les approvisionnements agricoles russes continuent d’être bloqués par les sanctions occidentales, a déploré le représentant. Faute de progrès sur les approvisionnements agricoles russes, la Fédération de Russie ne peut donc pas garantir la prolongation de cette initiative, a mis en garde en conclusion le représentant.

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a dénoncé la poursuite de l’agression de la Russie contre l’Ukraine et condamné les attaques russes contre des infrastructures civiles et des centres urbains à travers l’Ukraine, avant de rappeler une fois de plus que les attaques visant les civils innocents constituent un crime de guerre.  Rejetant toute impunité pour les crimes de guerre et autres atrocités, il a demandé que la Russie soit tenue pour responsable.  Le représentant a en outre exhorté les parties au conflit à respecter les principes humanitaires internationaux, indiquant à cet égard que son pays a fourni une aide humanitaire et financière d’un montant total de 7,6 milliards de dollars pour soutenir l’Ukraine dans divers domaines, notamment l’électricité, l’action contre les mines et l’agriculture.  Il a ensuite loué le rôle central joué par l’Initiative de la mer Noire qui a non seulement contribué à réduire les prix alimentaires mondiaux, mais également fourni un soutien essentiel aux personnes gravement touchées par la guerre, en particulier dans les pays en développement. Il a salué le dévouement du Secrétaire général, de M. Griffiths et de Mme Grynspan pour maintenir la continuité et l’intégrité de l’Initiative, exprimant aussi sa gratitude au Gouvernement de la Türkiye pour son assistance diplomatique et opérationnelle. 

Dans ce contexte, le Japon contribue activement à fournir une aide alimentaire d’urgence et a jusqu’à présent engagé plus de 250 millions de dollars dans ces efforts, a indiqué le représentant, avant de juger regrettable que la Russie se soit opposée en mars à une prolongation automatique de 120 jours de l’Initiative.  Il a également déploré que, depuis le 1er mai, le taux d’inspection du Centre de coordination conjoint ait considérablement diminué, ce qui indique non seulement la réticence de la Russie à faciliter les inspections et les mouvements de navires, mais également son intention de suspendre l’Initiative.  Cette perspective est selon lui alarmante, car elle ne tient pas compte des conséquences potentielles pour l’approvisionnement alimentaire mondial.  Pour lutter contre l’insécurité alimentaire, nous devons assurer le passage sûr et fluide des navires transportant des céréales, des denrées alimentaires et des engrais à partir de ports ukrainiens désignés, en soutenant les opérations de l’Initiative, a-t-il plaidé, appelant en conclusion toutes les parties concernées, en particulier la Russie, à agir de manière responsable pour assurer la poursuite de l’Initiative. 

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a constaté qu’au seuil du quinzième mois de guerre en Ukraine, le bilan en termes de pertes, de souffrances et de détresse humaines ne cesse de s’alourdir.  De plus, en dépit d’une solidarité internationale prompte et conséquente, l’aide humanitaire ne parvient pas à l’ensemble des personnes dans le besoin, a-t-il déploré, tout en saluant le travail des agences spécialisées des Nations Unies et de toutes les organisations engagées sur le terrain. Le représentant a appelé les parties à faciliter l’accès des convois humanitaires vers toutes les zones d’intervention, et en particulier celles qui sont au plus près de la ligne de front.  Il a également redemandé aux belligérants de respecter leurs obligations en droit international humanitaire, de ne pas cibler les infrastructures essentielles et les populations civiles, et de s’abstenir d’utiliser des armes qui infligent des souffrances inutiles aux civils ou peuvent induire une menace durable pour ces derniers. 

Dans un contexte économique mondial fortement impacté par la multiplicité des crises, par la résurgence d’autres conflits armés et par le durcissement de la crise humanitaire, notamment en lien avec l’insécurité alimentaire galopante, « l’équation paraît avoir pour seule issue pertinente d’investir dans le dialogue pour trouver une solution diplomatique et politique en vue de mettre fin à la guerre », a souligné le représentant, pour qui le prix à payer, aussi bien en vies humaines qu’en reconstruction matérielle, est trop lourd.  « Chaque jour de guerre ne fera qu’augmenter la facture », a-t-il ajouté, se disant convaincu que, comme le prouvent l’Initiative de la mer Noire et les échanges de prisonniers, la paix et la coexistence pacifique découleront de négociations de bonne foi entre l’ensemble des parties.  À cette aune, il a assuré que le Gabon reste favorable à la recherche de solutions viables qui permettent de régler durablement le conflit. 

Mme KHALILAH HACKMAN (Ghana) a regretté la poursuite de la guerre contre l’Ukraine, qui met en danger la vie de civils alors que plusieurs villes continuent de subir des bombardements intensifs.  Au cours de la première semaine de mai, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a enregistré 221 victimes civiles, dont 58 personnes tuées et 163 blessées.  Conformément à leurs obligations humanitaires, la déléguée a exhorté les parties à assurer le passage sûr des civils et à accorder un accès humanitaire sans entrave à toutes les zones où se trouvent des personnes dans le besoin. Elle a mis en garde contre toute attaque délibérée contre des civils et des infrastructures civiles névralgiques, en particulier les centres médicaux, les écoles et les marchés.  La déléguée s’est associée aux appels au renouvellement de l’Initiative de la mer Noire, qui a permis de stabiliser les prix alimentaires mondiaux au cours de la dernière année.  Elle a aussi demandé aux parties de résoudre tout obstacle qui subsiste à l’application du mémorandum d’accord sur la promotion des exportations alimentaires et des engrais russes sur les marchés mondiaux.  Estimant le moment venu pour la communauté internationale de tracer une voie crédible vers un règlement politique du conflit conforme au droit international et à la Charte des Nations Unies, la déléguée a appelé une fois de plus la Fédération de Russie à « repenser ses actions » à la lumière de nos engagements communs en faveur de la paix et de la sécurité internationales et à retirer immédiatement et sans condition ses troupes des frontières internationalement reconnues de l’Ukraine.

M. GUSTAVO SÉNÉCHAL DE GOFFREDO JUNIOR (Brésil) a dénoncé les frappes aériennes ayant frappé Kiev et d’autres villes ukrainiennes au début du mois, ainsi que l’intensification des combats à Bakhmout et les pertes en vie humaines qui en découlent.  Les parties doivent s’abstenir d’attaquer les infrastructures civiles et garantir un accès humanitaire sans entrave à ceux qui en ont besoin, a exhorté le représentant qui a aussi dénoncé la politisation de l’aide humanitaire et la mise en œuvre sélective du droit international humanitaire.  Il a appelé à la cessation immédiate des hostilités, sans préjuger des résultats des futures négociations de paix, afin d’éviter de nouvelles violences.  Il a encouragé les efforts déployés par d’autres États à cet égard.  Prenant note des nouveaux appels en faveur du dialogue entre les parties, le représentant a demandé le renouvellement de l’Initiative de la mer Noire pour une durée aussi longue que nécessaire, afin de limiter les incertitudes concernant l’approvisionnement mondial en céréales et en engrais. 

Préoccupé par la détérioration de l’environnement politique au Conseil, le représentant a dit être frustré par l’incapacité de cet organe à trouver un terrain d’entente.  Il a également regretté que le conflit en Ukraine déborde sur d’autres questions internationales en bloquant le dialogue et en rendant difficile la recherche de réponses à des défis urgents.  Il a dénoncé les tentatives de forcer les autres pays à choisir leur camp.  Le Brésil soutient l’intégrité territoriale de l’Ukraine, a déclaré le délégué en ajoutant que, toutefois, cette position de principe ne devrait pas entraver les travaux menés par le Conseil en vue d’une solution pacifique.  Les parties et les autres États Membres doivent comprendre les demandes et les préoccupations des autres parties, a-t-il conclu. 

M. ROBERT A. WOOD (États-Unis) a jugé qu’en menaçant de suspendre l’Initiative de la mer Noire, la Russie contribue à l’augmentation des prix alimentaires dans le monde entier.  Alors qu’elle se révèle essentielle pour stabiliser les prix mondiaux et pour nourrir les personnes qui ont faim, la Russie ne s’acquitte pas de ses engagements envers l’ONU et la Türkiye, a-t-il accusé, reprochant à Moscou de ralentir délibérément le rythme des contrôles de bateaux et de réduire les quantités de céréales qui quittent les ports d’Ukraine pour satisfaire aux besoins des plus vulnérables.  Ces dernières semaines, à plusieurs reprises, la délégation russe du Centre de coordination conjoint d’Istanbul a refusé de mener des contrôles sur quelque bateau que ce soit et la Russie menace à présent de mettre un terme à sa coopération le 18 mai prochain, s’est indigné le représentant.  Pourtant, a-t-il fait remarquer, au moment où elle empêche l’exportation de céréales ukrainiennes destinées à nourrir ceux qui ont faim, elle exporte avec succès ses propres céréales.  De plus, le Gouvernement russe continue d’exiger que soit appliqué le protocole d’accord passé avec l’ONU sur les engrais et céréales russes, alors qu’il s’est lui-même engagé à permettre l’exportation d’aliments et d’engrais depuis les ports d’Ukraine.  « La Russie doit mettre en œuvre ses propres engagements et cesser de prendre en otage les aliments et les denrées dans un but précis », a martelé le délégué. 

Après 15 mois de conflit et d’innombrables exposés au Conseil de sécurité, nous ne sommes toujours pas près de mettre un terme aux conséquences humanitaires de cette guerre non provoquée, a poursuivi le représentant, en rappelant que les attaques incessantes de la Russie ne font qu’augmenter le nombre des victimes civiles.  Au début du mois, a-t-il signalé, les forces russes ont mené plus de 145 frappes aériennes, à l’aide de missiles, de drones et d’obus divers.  Pendant trois jours d’affilée, 24 heures sur 24, ces bombardements ont fait plus de 100 morts parmi la population civile, dont au moins cinq enfants, a-t-il dénoncé, ajoutant que, selon les organisations humanitaires sur le terrain, les conditions s’aggravent sur les lignes de front. Dans ce contexte, la Russie n’a montré aucun intérêt à atténuer les effets connexes de sa guerre, tout comme elle n’a montré aucun intérêt pour la diplomatie réelle, a-t-il conclu, demandant à nouveau à Moscou de pleinement mettre en œuvre l’Initiative, de cesser ses attaques contre la population ukrainienne et de retirer toutes ses forces de l’Ukraine. 

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a noté qu’cours des 15 derniers mois, le nombre de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire d’urgence et de protection est passé de 3 millions à près de 18 millions du fait de l’agression non provoquée de la Fédération de Russie contre l’Ukraine. Elle a condamné l’escalade par la Russie de sa guerre illégale contre l’Ukraine, qui continue de prendre pour cible les infrastructures essentielles ukrainiennes.  La Fédération de Russie continue en outre de perpétrer des meurtres de civils, des actes de torture, des violences sexuelles et sexistes, ainsi que des enlèvements et des expulsions forcées d’enfants.  Selon la Commission d’enquête internationale indépendante sur l’Ukraine, le transfert forcé et la déportation d’enfants ukrainiens vers la Russie ou des régions sous son contrôle constituent des crimes de guerre, a aussi noté la représentante, en demandant leur rapatriement ainsi que le respect par la Fédération de Russie de la Convention relative aux droits de l’enfant.  Considérant ce qui précède, la déléguée a exprimé son appui aux processus judiciaires devant la Cour internationale de Justice (CIJ) et la Cour pénale internationale (CPI).  Après avoir pris note du mandat d’arrêt émis contre le Président Vladimir Putin et la Commissaire russe aux droits de l’enfant Maria Lvova-Belova, la représentante a réaffirmé que de tels crimes ne sauraient rester impunis.  Il est primordial, a-t-elle noté, que l’Initiative de la mer Noire soit prorogée à nouveau afin d’atténuer les effets du conflit sur la sécurité alimentaire mondiale. 

M. ZHANG JUN (Chine) a demandé à la communauté internationale de répondre aux conséquences humanitaires du conflit en Ukraine et à œuvrer pour la désescalade et la cessation des hostilités.  Il faut arrêter les souffrances des civils et protéger leur sécurité ainsi que celle des infrastructures civiles, a insisté le représentant qui a salué l’aide apportée aux populations touchées par les organisations internationales.  Il a aussi dit apporter son appui à la mise en œuvre équilibrée de l’Initiative de la mer Noire.  Le délégué a clairement mis en évidence la ligne rouge à ne pas franchir, à savoir le déclenchement d’une guerre nucléaire en Ukraine.  Il a appelé à la retenue et a demandé d’éviter tout affrontement et escalade sur cette question.  Il a exhorté la Russie et l’Ukraine à travailler de conserve avec l’AIEA. 

Évoquant les risques de récession au niveau mondial, le représentant a estimé que cette situation doit encourager les États à combattre ensemble les facteurs d’inflation.  Il a demandé aux États-Unis et à d’autres pays de réfléchir à leur comportement et d’aider les pays en développement.  Le délégué a également souhaité que les États-Unis arrêtent d’exercer des coercitions économiques unilatérales qui n’ont pas de fondement juridique sur le plan international.  Il est urgent de régler la crise par le dialogue, celui-ci ne pouvant donc plus attendre, a-t-il fait remarquer.  Il ne faut pas non plus alimenter les tensions, a insisté le délégué en assurant que la Chine est du côté de la paix.  Enfin, il a informé le Conseil de la visite en cours du responsable chinois de la question eurasienne en Europe, en Ukraine et en Russie, pour discuter de la solution au conflit.

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a constaté l’énorme coût humain de la guerre d’agression de la Fédération de Russie, laquelle continue de mener des frappes massives de missiles contre des zones habitées à travers l’Ukraine, tuant sans discrimination des civils innocents.  Elle s’est dite consternée par les récentes attaques russes perpétrées contre des entrepôts et un hôpital mobile de la Croix-Rouge ukrainienne.  La déléguée a exigé que la Fédération de Russie respecte le droit international humanitaire et établisse une distinction entre les combattants, d’une part, et les civils, les organisations humanitaires et les travailleurs humanitaires, d’autre part.  La Fédération de Russie doit en outre cesser ses attaques contre les infrastructures critiques et les zones résidentielles, et permettre un accès humanitaire continu et sans entrave, a encore demandé la représentante. Alors que l’Initiative de la mer Noire a permis l’exportation de 30 millions de tonnes de céréales et d’autres denrées alimentaires depuis le 1er août, tout en faisant baisser les prix des denrées alimentaires, la représentante a demandé que la Fédération de Russie cesser de menacer de quitter l’Initiative, accepte un accord durable et mette fin aux retards délibérés concernant les inspections des navires.  Elle a réitéré, en terminant, son soutien aux enquêtes indépendantes ouvertes sur les atrocités commises en Ukraine, dans le cadre d’une paix juste et durable.

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a mis les membres du Conseil en garde contre la perte du « sentiment d’urgence » face à la guerre en Ukraine, qui se transforme en un conflit prolongé.  Après 14 mois de guerre, au moins 23 000 civils ont été tués, 18 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire, plus de 8 millions de personnes sont réfugiées à travers l’Europe et 5 millions de personnes sont déplacées en Ukraine.  La représentante a plaidé pour que l’accès humanitaire soit assuré, afin de permettre aux civils pris dans les combats de recevoir l’aide qui leur est indispensable. Elle a déploré que les frappes de missiles et de drones continuent de détruire des infrastructures civiles et humanitaires, y compris, la semaine dernière, un entrepôt et une clinique mobile de la Croix-Rouge ukrainienne.  La déléguée a réitéré son appel aux parties au conflit à respecter leurs obligations en droit international humanitaire.  Estimant que l’Initiative de la mer Noire a permis d’atténuer la pression sur les prix alimentaires mondiaux et leurs effets sur les pays les plus pauvres, la représentante a salué les efforts déployés par les Nations Unies et la Türkiye pour reprendre les négociations.  Elle a également appelé à la mise en œuvre intégrale du protocole d’accord sur les engrais et les produits alimentaires russes. Ajoutées aux échanges de prisonniers de guerre entre les parties, de telles mesures démontrent à ses yeux la persistance d’une « certaine volonté de négocier ». 

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a relevé qu’après 15 mois de guerre, la population civile en Ukraine continue de payer un prix bien trop douloureux et de subir de multiples vagues d’attaques.  Les personnes et les objets civils ne sont pas des cibles, a réitéré la représentante qui a appelé au respect du droit international humanitaire.  Les parties au conflit ont l’obligation de protéger les travailleuses et travailleurs humanitaires et d’assurer leur accès sans entrave auprès de 18 millions de personnes dans le besoin en Ukraine, y compris celles qui se trouvent dans les zones occupées par la Russie.  Selon la déléguée, la reddition des comptes est un impératif pour rendre la justice. La Commission d’enquête internationale indépendante sur l’Ukraine a conclu, en mars dernier, que certaines violations du droit international commises en Ukraine constituent des crimes de guerre dont les auteurs doivent répondre, a-t-elle rappelé.  Elle a, de plus, jugé essentiel de placer les besoins des victimes au centre de tous les efforts de justice transitionnelle, souhaitant la mise en place d’instruments complémentaires tels qu’un registre des victimes, des réparations et des services de santé mentale et psychosociaux. 

Poursuivant, la représentante a constaté que l’Initiative de la mer Noire, ainsi que le protocole d’accord axé sur l’exportation de produits alimentaires et d’engrais russes, contribuent à atténuer l’insécurité alimentaire et énergétique.  Au vu de sa valeur ajoutée, l’Initiative de la mer Noire doit se poursuivre, a-t-elle plaidé en encouragent les parties à redoubler d’efforts afin de trouver une solution durable. Elle a réitéré son appel urgent à la Russie à entamer immédiatement une désescalade, à cesser toutes les opérations de combat et à retirer sans délai ses troupes de l’ensemble du territoire ukrainien.  « J’espère que ce mois de mai, marqué par l’esprit des Conventions de Genève, nous amènera à réaffirmer ce qui devrait toutes et tous nous unir: l’impératif humanitaire de protéger la population civile.  Cela vaut en Ukraine, comme partout dans le monde », a conclu la représentante. 

M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine) a tout d’abord estimé que la présidence du Conseil de sécurité au mois d’avril par « l’État agresseur » a infligé un mauvais coup à l’organe en charge de la paix et de lé sécurité internationales, déjà largement « compromis ».  Il a ensuite indiqué que, depuis la dernière séance consacrée à la situation dans son pays, les occupants russes ont perpétré 6 139 crimes de guerre, provoquant la mort de 207 civils, dont 11 enfants.  Le 28 avril, a-t-il précisé, la Russie a mené des frappes de missiles contre un immeuble à Uman, tuant 23 résidents, dont 6 enfants.  « Depuis le premier jour de l’invasion et indépendamment de la montagne de mensonges proférés par le représentant russe au Conseil, des civils innocents sont ciblés par les armes russes », a-t-il dénoncé.  Il a ainsi rapporté que, le 1er mai, un adolescent de 14 ans a été tué dans un village de la région de Chernihiv par une bombe qui a détruit son école.  Il y a vu un exemple de la « tactique terroriste » mise en œuvre par l’armée russe contre les régions du nord libérées il y a un an.  Le 3 mai, a-t-il poursuivi, dans région de Kherson, 23 personnes ont été tuées et 49 autres blessées, dans des magasins, une gare, une station d’essence et des habitations.  Le 7 mai, un missile a frappé un hôpital de Mikolaïv qui appartenait à la Croix-Rouge ukrainienne.  Depuis le début de l’invasion, pas moins de 25 installations de la Croix-Rouge ukrainienne ont été endommagées ou détruites, a-t-il relevé, ajoutant que, le 8 mai, des missiles ont détruit des zones de stockage de cette organisation à Odessa, l’obligeant à suspendre ses opérations humanitaires.  Ce même jour, les forces aériennes ukrainiennes ont pu abattre 35 drones iraniens utilisés par l’armée russe, laquelle a lancé, le 9 mai, quelque 25 missiles contre des villes ukrainiennes.

Dans ce contexte, le représentant s’est dit reconnaissant aux amis et alliés de l’Ukraine qui sauvent des vies en aidant à renforcer la défense aérienne du pays. Cette aide a permis de déjouer 23 des 25 dernières attaques de missiles, s’est-il félicité, appelant à faire davantage alors que des sirènes continuent de retentir dans toute l’Ukraine.  Outre les dommages immédiats causés à des millions d’Ukrainiens, les effets à long terme de cette guerre d’agression seront ressentis pendant de longues années, a averti le délégué, avant d’accuser la Russie de violer les principes fondamentaux de protection des enfants en temps de conflit.  En plus des 480 enfants tués et des 967 blessés recensés à ce jour, 13 affaires de violence sexuelle ont été vérifiées par le Bureau du Procureur général d’Ukraine, a-t-il indiqué, reconnaissant que les véritables chiffres sont vraisemblablement plus élevés.  De plus, les attaques russes ont endommagé 3 185 établissements scolaires, dont 333 entièrement détruits, tandis que 1 412 installations de soins de santé et 577 centres médicaux ont été endommagés, dont 258 détruits.  Parallèlement, le Kremlin se livre non seulement à des déportations forcées d’enfants ukrainiens mais met en œuvre une politique visant à les endoctriner, à changer leur identité et à les priver de leur culture, s’est indigné le représentant, selon lequel les autorités ukrainiennes ont pour l’heure identifié 19 393 enfants déportés ou enlevés, 4 390 d’entre eux étant des orphelins.  Jusqu’à présent, seulement 364 de ces enfants ont été restitués à leur famille, a-t-il signalé, dénonçant la politique systématique de déportation d’enfants dans les territoires occupés sous prétexte d’évacuation. 

Face à cette situation, le représentant s’est félicité des conclusions des rapports de la Commission d’enquête internationale indépendante sur l’Ukraine, crée par le Conseil des droits de l’homme, et du Mécanisme de Moscou de l’OSCE, qui ont confirmé « l’ampleur colossale » des crimes commis par l’occupant russe, en particulier contre les enfants.  Il a demandé au Représentant spécial sur les enfants dans les conflits armés de faire une évaluation de la gravité des violations perpétrées par le Gouvernement russe et ses forces dans son prochain rapport annuel afin que justice soit rendue pour les enfants ukrainiens. « L’invasion du siège permanent de l’Union soviétique au Conseil de sécurité ne doit donner ni l’immunité ni l’amnistie aux criminels de guerre », a-t-il martelé, avant d’aborder la situation critique liées aux mines terrestres.  En effet, selon les estimations, entre 170 000 et 180 000 km2 de territoires ukrainiens sont aujourd’hui contaminés par des mines et d’autres explosifs, a-t-il expliqué, dénonçant le fait que les équipes de déminage soient elles aussi la cible des attaques russes.  Il a cependant affirmé qu’en dépit de ces défis, son pays continue d’être un acteur fiable de la sécurité alimentaire mondiale, notamment dans le cadre de l’Initiative de la mer Noire.  Début mai, a-t-il dit, l’Ukraine a exporté 29,8 millions de tonnes de céréales et de produits alimentaires, dont 600 000 tonnes acheminées par vaisseaux par le Programme alimentaire mondial (PAM) pour aider les opérations en Afghanistan, en Éthiopie, au Kenya, en Somalie et au Yémen. Ces volumes auraient pu être plus élevés si la Russie n’avait pas entravé la circulation, a relevé le délégué, qui s’est aussi dit préoccupé par le fait que, depuis le 1er mai, le taux d’inspection des navires est tombé à 2,9 par jour, contre 6,6 par jour entre août 2022 et avril 2023.  En conséquence, nous n’avons pu exporter en avril que moins de 3 millions de tonnes, soit la moitié de notre capacité d’exportation, a-t-il précisé, assurant qu’avec l’ONU et la Türkiye, l’Ukraine aspire à la reconduction de l’Initiative. De son côté, la Russie se présente comme la « perdante » de cet accord, alors qu’elle est la principale menace dans la mer Noire, a-t-il accusé, non sans dénoncer une « tentative de militariser les acheminements alimentaires ».  En conclusion, il a jugé qu’une paix juste et durable ne sera possible que « si le mal est vaincu » et que toute tentative d’apaiser l’agresseur au détriment de ses victimes ne ferait qu’augmenter l’ampleur de la tragédie. 

M. OLOF SKOOG, de l’Union européenne, a exhorté la Fédération de Russie à cesser immédiatement sa guerre d’agression en Ukraine et à retirer sans condition l’ensemble de ses forces du territoire ukrainien.  Le droit international et le droit international humanitaire doivent être respectés, a martelé le représentant en rappelant qu’en vertu du droit international humanitaire, les attaques délibérées contre des civils sont interdites en toutes circonstances.  De même, le transfert forcé et l’expulsion d’enfants ukrainiens par la Fédération de Russie constituent un crime de guerre selon la Commission d’enquête internationale indépendante sur l’Ukraine.  Le délégué a également condamné les attaques menées par Moscou contre les journalistes et les professionnels des médias, alors que 12 d’entre eux ont été tués en Ukraine depuis le début de l’invasion, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO). 

L’Union européenne est fermement résolue à traduire en justice les responsables des crimes de guerre commis dans le cadre de la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine, notamment au moyen d’un mécanisme approprié de poursuite du crime d’agression.  Le représentant s’est félicité à cet égard de la mise en place, à La Haye, du centre international de poursuite du crime d’agression contre l’Ukraine, et réaffirmé son soutien aux enquêtes menées par le Procureur de la CPI.  Il a également soutenu la création d’un mécanisme international d’enregistrement des dommages infligés par la Fédération de Russie, comme l’a recommandé l’Assemblée générale dans sa résolution du 15 novembre 2022. Selon le délégué, il est crucial que l’Initiative de la mer Noire soit renouvelée afin d’assurer la continuité des expéditions de céréales vers les pays qui en ont le plus besoin.  Outre l’Initiative, les voies de solidarité de l’UE ont permis l’exportation de plus de 32 millions de tonnes de produits alimentaires et agricoles ukrainiens.  Les navires affrétés par le Programme alimentaire mondial (PAM) ont ainsi transporté près de 600 000 tonnes vers des pays tels que l’Éthiopie, l’Afghanistan et le Yémen.  Toutefois, ces efforts demeurent insuffisants, a reconnu le délégué, avant d’ajouter que l’Union européenne et ses États membres fournissent 18 milliards d’euros pour répondre aux besoins urgents et à plus long terme en matière de sécurité alimentaire en 2021-2024.  Il a réitéré son soutien ferme à la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, « aussi longtemps qu’il le faudra ».

M. CORNEL FERUȚĂ (Roumanie) a déploré que les victimes civiles paient le prix de l’agression illégale de la Russie contre l’Ukraine.  Lundi prochain débutera à l’ONU la semaine de la protection des civils, a observé l’orateur, pour qui les ruines ukrainiennes contrastent fortement et douloureusement avec l’ODD 11 sur les villes et les communautés durables.  S’agissant de l’Initiative de la mer Noire, il n’existe aucun plan B, a-t-il prévenu, en précisant que son pays continuera de faciliter l’exportation de céréales en provenance d’Ukraine via les couloirs de solidarité de l’Union européenne.  Il a aussi appelé à une paix globale, juste et durable en Ukraine et à la fin de l’impunité pour les responsables des crimes commis dans cette guerre d’agression. Sur ce dernier point, le représentant a fait observer que le rapport, rendu public en mars, de la Commission d’enquête internationale indépendante sur l’Ukraine demande à la Fédération de Russie de s’abstenir de recourir à des organisations militaires et sécuritaires privées, car elles sont généralement moins responsables que les forces régulières. 

M.  KRZYSZTOF MARIA SZCZERSKI (Pologne) a rappelé que la Russie mène sa guerre d’agression contre l’Ukraine depuis près de 500 jours maintenant et que son bilan humain et matériel ne cesse de s’alourdir.  L’armée russe, a-t-il affirmé, échoue de manière spectaculaire sur le champ de bataille et tente donc de compenser ses lacunes par une agression brutale et continue contre des civils innocents et des infrastructures cruciales.  Le représentant a lancé un appel à la communauté internationale, à savoir qu’il ne faut jamais se montrer indifférent à cette guerre ni s’y habituer.  Nous devons, a-t-il dit, continuer à faire pression sur la Russie pour qu’elle cesse son agression, tout en aidant l’Ukraine sur le terrain aussi longtemps que nécessaire.  En 2022, la valeur totale de l’aide apportée par la Pologne à l’Ukraine s’élevait à environ 10 milliards de dollars, a précisé le délégué, en ajoutant que, cette année, les dépenses destinées à couvrir les prestations sociales et les besoins éducatifs des Ukrainiens réfugiés en Pologne, principalement des femmes et des enfants, s’élèveront à 1,2 milliard de dollars.  Devant les attaques systématiques de Moscou visant à détruire les infrastructures énergétiques et de chauffage au cours de l’hiver dernier, l’aide humanitaire polonaise s’est concentrée sur les pièces détachées et les équipements pour les infrastructures énergétiques, ainsi que sur les transformateurs et les groupes électrogènes.

Au nom des pays baltes (Estonie, Lettonie et Lituanie), M. RYTIS PAULAUSKAS (Lituanie) a dénoncé les conséquences humanitaires dévastatrices des attaques menées par la Fédération de Russie contre la population civile ukrainienne, qui ont entraîné des déplacements à grande échelle, la perte de moyens de subsistance, et fait des milliers de victimes civiles et de militaires.  Les attaques russes contre des zones civiles mettent également en péril l’accès des organisations humanitaires aux personnes dans le besoin.  En réponse à ses pertes militaires en Ukraine, la Fédération de Russie terrorise la population civile en menant des frappes massives sur des infrastructures critiques et des zones résidentielles, a dénoncé le représentant. Ces attaques ont amené les Parlements de Lituanie, de Lettonie et d’Estonie à déclarer la Fédération de Russie « État parrain du terrorisme ».  Des rapports publiés par l’ONU et l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ont qualifié les atrocités commises par la Fédération de Russie de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et de violations des Conventions de Genève, a-t-il rappelé.  Le représentant s’est félicité des mandats d’arrêt émis par la CPI contre le Président Putin, tout en condamnant les tentatives de la Russie d’intimider la CPI.  De même, a-t-il ajouté, si Moscou souhaitait vraiment lutter contre l’insécurité alimentaire, elle mettrait fin à ses menaces de quitter unilatéralement l’Initiative de la mer Noire.

Malgré des preuves « accablantes » du contraire, le Kremlin et les diplomates russes continuent de diffuser une propagande déshumanisante.  Le fait est que « personne n’a attaqué la Russie », a martelé le délégué, qui a appelé celle-ci à réaliser qu’elle « ne peut pas gagner en Ukraine et qu’en fin de compte, c’est l’Ukraine qui l’emportera », avec le soutien de la communauté internationale.  Pour ce faire, les pays baltes déploient des efforts « considérables » en fournissant une aide humanitaire, économique et militaire à l’Ukraine.  Avec la Pologne, les pays baltes figurent d’ailleurs parmi les quatre principaux donateurs d’aide bilatérale à l’Ukraine, en pourcentage de leur PIB.  Le représentant a demandé à la communauté internationale de s’unir pour garantir la pleine responsabilité pour les principaux crimes internationaux commis par la Fédération de Russie en Ukraine, notamment en créant un tribunal international spécial pour la poursuite des crimes d’agression.

S’exprimant au nom du pays nordiques, M. MARTIN BILLE HERMANN (Danemark) a dénoncé les tirs aveugles de missiles russes contre des villes ukrainiennes, qui continuent de blesser des civils et d’endommager gravement des biens et des infrastructures civils, illustrant le mépris total de Moscou pour le droit humanitaire international.  Aussi les pays nordiques groupe se félicitent-t-ils de la création d’un registre des dommages, qui documente la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine, comme l’a recommandé l’Assemblée générale des Nations Unies.  Dans un tel contexte, l’acheminement de l’aide humanitaire aux nécessiteux est difficile et dangereux, a rappelé le représentant, qui a condamné avec la plus grande fermeté les attaques perpétrées contre les opérations d’aide, notamment celles qui ont visé un entrepôt de la Croix-Rouge ukrainienne à Odessa et des installations médicales à Mykolaiv le 8 mai.  Il a donc demandé à la Russie de permettre un accès total, sûr et sans entrave aux acteurs humanitaires. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Pour la première fois, l’ONU commémore la Nakba et entend, à cette occasion, le Président de l’État de Palestine

412e séance – matin
AG/PAL/1453

Pour la première fois, l’ONU commémore la Nakba et entend, à cette occasion, le Président de l’État de Palestine

Le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien a commémoré, aujourd’hui, le soixante-quinzième anniversaire de la Nakba, « catastrophe » en langue arabe, survenue en 1948, lorsque plusieurs centaines de milliers de Palestiniens furent chassés de leurs terres.  Cette séance de haut niveau, marquée par la longue intervention du Président de l’État de Palestine et qui se tenait dans un contexte de tensions accrues au Moyen-Orient, est le premier événement jamais organisé à l’ONU pour commémorer cette tragédie.  En novembre 2022, l’Assemblée générale a en effet voté une résolution demandant la tenue de cette séance.

Le Président du Comité, M. Cheikh Niang, a d’emblée rappelé que la Nakba, « épicentre de l’histoire tragique des Palestiniens », est trop souvent éludée et peu enseignée. Pourtant, des centaines de milliers de Palestiniens ont dû quitter leurs foyers quasiment du jour au lendemain, a déclaré le Président, en rappelant la « Nakba continue » que vit le peuple palestinien depuis cette date.  Il a souligné la recrudescence des violences commises dans les territoires palestiniens occupés, avant d’exhorter Israël à cesser de spolier les terres palestiniennes et à ne plus déplacer sa population vers lesdites terres.

« La position de l’ONU est claire, l’occupation israélienne doit cesser et la solution des deux États doit se concrétiser », a appuyé la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques, Mme Rosemary DiCarlo, qui a vivement déploré que cette solution ne cesse de s’éloigner.  Mais c’est bien le discours du Président de l’Autorité palestinienne, M. Mahmoud Abbas, qui était le plus attendu.  « La Nakba n’a pas commencé en 1948 et ne s’est pas interrompue après cette date », a d’emblée déclaré le Président, en dénonçant la poursuite par Israël de son agression du peuple palestinien.

Le Président a mentionné la cinquantaine de massacres perpétrés par Israël en 1948 ayant fait une dizaine de milliers de victimes, ainsi que la destruction d’environ 150 villages et la fuite de la moitié de la population palestinienne.  Malgré de nombreux documents prouvant ces faits, Israël continue de dissimuler la vérité, a-t-il accusé.  Le Président palestinien a exigé qu’Israël respecte les résolutions de l’ONU, sous peine de voir sa participation à l’Organisation suspendue.  Israël n’a jamais respecté ses obligations d’État Membre, a pointé M. Abbas. 

« Comment être une puissance occupante et s’arroger le titre de démocratie? » a-t-il demandé, alors que tant d’organisations internationales et israéliennes qualifient la situation en Palestine d’apartheid.  Plus de la moitié de la jeunesse israélienne est d’accord avec cette définition, a-t-il d’ailleurs noté, en rappelant que Cour internationale de Justice (CIJ) s’est aussi saisie de la question.  M. Abbas a ensuite dénoncé les voix dangereuses qui s’expriment actuellement en Israël.  « Des ministres appellent publiquement à une nouvelle Nakba, sans que le Gouvernement israélien ne les condamne. »

Parmi les solutions possibles, le Président a estimé que la première chose à faire pour Israël est de reconnaître sa responsabilité dans la Nakba, puis de présenter des excuses pour les meurtres et les destructions commises depuis 1948 et, enfin, d’apporter des dédommagements.  Répondant à l’affirmation d’Israël selon laquelle les Palestiniens ne veulent pas la paix, le Président Abbas a rappelé que la Palestine a accepté qu’un État israélien voie le jour sur 22% de son territoire historique et a reconnu Israël. 

« Nous sommes prêts à vivre avec Israël dans la paix et la sécurité, à condition que les résolutions onusiennes soient acceptées », a conclu M. Abbas, en plaidant pour la solution des deux États.  Une position largement partagée par la dizaine d’orateurs à avoir ensuite pris la parole, à l’instar de l’Union africaine qui a jugé urgent de mettre un terme à l’occupation israélienne et exhorté Israël à respecter le droit international.  De son côté, M. Philippe Lazzarini, Commissaire général de l’UNWRA (Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient), a rappelé que la Nakba a engendré la plus longue crise de réfugiés de l’histoire, avant d’insister sur la difficile situation de son agence.

Le délégué du Conseil de coopération des États arabes du Golfe a, lui aussi, parlé de la « Nakba continue » que connaît le peuple palestinien, situation qui ne fait qu’alimenter le désespoir.  Il a demandé la fin des provocations israéliennes, ainsi que l’instauration d’une paix pérenne et juste, dont la condition cardinale est l’exécution par Israël de ses obligations internationales.  Cuba, au nom du Groupe des 77 et la Chine, a, elle, prié la communauté internationale d’apporter aux Palestiniens une protection internationale.

Son homologue de la Ligue des États arabes a salué les États ayant voté pour la résolution précitée de l’Assemblée générale, avant d’exhorter la communauté internationale à contrecarrer les visées extrémistes du Gouvernement israélien, lequel ne cherche qu’à saper la solution des deux États.  « Comme toute occupation à s’être produite dans l’histoire, l’occupation israélienne est vouée à disparaître », a assuré le délégué, appuyé par l’Organisation de la coopération islamique ainsi que par le Mouvement des non-alignés, parlant par la voix de l’Azerbaïdjan.

Enfin, M. Nyle Fort, professeur à l’Université Columbia (New York) et représentant de la société civile, a fait un parallèle entre la brutalité policière américaine qu’il a vue à Ferguson, aux États-Unis, théâtre en 2014 du meurtre d’un jeune noir par un policier blanc, et la brutalité israélienne qu’il a pu constater lors d’un voyage à Hébron, en Cisjordanie.  Il a exhorté tous les États Membres de l’ONU à mettre un terme à leur coopération militaire avec Israël et proposé qu’un embargo sur les armes soit adopté contre ce pays.

Le Président du Comité a mentionné les nombreux chefs d’État et de gouvernement à avoir envoyé un message de soutien à l’occasion de cette réunion, dont ceux de l’Algérie, du Venezuela, du Koweït, de l’Indonésie, du Sénégal, de la Malaisie ou encore du Bangladesh.

COMMÉMORATION DU SOIXANTE-QUINZIÈME ANNIVERSAIRE DE LA NAKBA

Déclaration du Président de l’État de Palestine

M. MAHMOUD ABBAS, Président de l’État de Palestine, a d’emblée annoncé qu’il ferait un long discours, les 75 ans de la Nakba nécessitant de revenir sur plusieurs points essentiels, et tout d’abord sur la résolution commémorant celle-ci, le fardeau des Palestiniens, chaque 15 mai.  Ce texte représente une reconnaissance de la Nakba par l’Organisation, alors qu’elle a ignoré pendant tant d’années ce fait historique, démarré en 1948 et qui se poursuit encore aujourd’hui.  Cette résolution représente aussi la première fois que le discours sioniste d’Israël niant la Nakba est réfuté, a-t-il rappelé avant d’exprimer son espoir de voir honorer le droit des Palestiniens à un État indépendant et leur retour dans les villes et villages dont ils ont été déplacés.  Il est bon, selon le Président Abbas, que les peuples du monde découvrent « la nature fallacieuse du récit israélien sur la Nakba et la cause palestinienne en général », grâce à la volonté des Palestiniens et de ses peuples amis.  Un monument pour la mémoire de la Nakba sera érigé en Palestine et une loi palestinienne instaure désormais la commémoration de la Nakba chaque année, a signalé le Président.

Toutefois, selon lui, la Nakba n’a pas commencé en 1948 et ne s’est pas interrompue après cette date: Israël a poursuivi en effet l’occupation et l’agression du peuple palestinien, ainsi que le rejet des résolutions relatives au retour des Palestiniens dans leur patrie.  Il continue d’occuper et de confisquer les terres de l’État de Palestine et d’y installer des colonies, selon un système d’apartheid, que ce soit à l’intérieur d’Israël ou dans les territoires palestiniens occupés, et ce, depuis 67 ans, a relaté M. Abbas.  Il a aussi rappelé qu’au fil des ans, l’ONU a adopté des centaines de résolutions reconnaissant les droits des Palestiniens à retrouver leur terre, certaines de l’Assemblée générale, d’autres du Conseil de sécurité ou du Conseil des droits de l’homme. Aucune de ces centaines voire milliers de résolutions n’a été mise en œuvre, a-t-il déploré, y compris la 181 (1947) appelant à la création d’un État arabe palestinien ainsi que la 194 (1948) appelant à un retour des réfugiés.  Ceci était pourtant une condition préalable pour qu’Israël devienne membre de l’ONU à l’époque, a rappelé M. Abbas.  Toutefois, s’est-il remémoré, « certains pays », connus de tous, ont fait obstruction de manière délibérée à leur mise en œuvre.  C’est pourquoi il a exigé, « officiellement et conformément au droit international », qu’Israël respecte ces résolutions, sous peine de voir sa participation à l’ONU suspendue.  Israël n’a jamais respecté ses obligations pour devenir membre de l’Organisation, a pointé M. Abbas, estimant que ce pays trahit ses promesses et continue sur cette ligne depuis.  Pour appuyer ses dires, M. Abbas a brandi un dossier contenant une copie d’une lettre du Ministre des affaires étrangères israélien Moshe Shertok, datée de 1948, promettant la mise en œuvre des résolutions 181 et 194. 

Selon lui, des pays ont accepté que l’occupation israélienne devienne un fait acquis, évitant à Israël des sanctions, en usant de leur droit de veto au Conseil de sécurité. « Pourquoi ce deux poids, deux mesures, pourquoi ces traitements différents en fonction des situations? »  Certaines résolutions du Conseil sont mises en œuvre immédiatement alors que la Palestine attend depuis 75 ans, a lancé M. Abbas.  Il a insisté sur la responsabilité du Royaume-Uni et des États-Unis dans la Nakba, en raison de leurs « objectifs coloniaux »: Israël n’aurait pas pu poursuivre son agression sans le soutien de ces pays ayant produit la Déclaration Balfour, et portant donc une responsabilité « coordonnée » dans la situation que vivent les Palestiniens.  Ces pays ont accepté les prétentions selon lesquelles la Palestine était une terre inoccupée, sans population, pouvant être remise à Israël, a encore regretté le Président, disant que ces pays voulaient « se débarrasser des juifs » en les installant en Palestine.  La Déclaration Balfour décrit les Palestiniens comme des résidents non juifs, sans les mentionner autrement, et leur promet uniquement des droits religieux, bien qu’à l’époque, ils représentassent 96% de la population du territoire.  M. Abbas s’est demandé où était la justice et le fondement juridique dans tout cela.  Pour lui, le Royaume-Uni a accordé à Israël un cadeau.  Ce fut « la promesse d’un État ne détenant pas la terre à un État ne la méritant pas ».  « Pourquoi ne pas leur avoir donné une île? » s’est demandé M. Abbas. 

Le fait que la Palestine était soi-disant inoccupée, sans habitants, et qu’elle pouvait être remise à un peuple sans terre est une allégation fausse et pourtant si commune, selon le Président qui a rappelé que les ancêtres des Palestiniens, les Cananéens, sont pourtant présents en Palestine depuis des millénaires.  Leur présence, ininterrompue pendant des siècles, est mentionnée dans la Torah, a-t-il fait remarquer.  « Comment, dans ces conditions, avoir parlé de « terre sans peuple », alors que la civilisation palestinienne était cultivée, raffinée, depuis des temps immémoriaux jusqu’au XXsiècle? »  On a aussi prétendu que les Palestiniens avaient quitté leur pays volontairement en 1948, autre allégation que M. Abbas a souhaité déconstruire.

Le Président a ensuite mentionné une cinquantaine de massacres perpétrés par Israël en 1948 ayant fait une dizaine de milliers de victimes, ainsi que la destruction d’environ 150 villages et la fuite de la moitié de la population palestinienne.  Il a déploré que, malgré de nombreux documents attestant ces faits établis et de multiples témoignages, Israël continue de dissimuler la vérité.  M. Abbas a évoqué à cet égard le film « Tantura », réalisé en 2022 par un Israélien, où témoignent les auteurs des massacres de 1948.  La plupart, âgés de plus de 90 ans, ont témoigné de leurs actes, de leurs assassinats, des fosses communes, des crimes perpétrés de l’époque.

Israël couvre ses crimes en invoquant la « légitime défense », mais « comment les massacres et les destructions de villages pourraient-ils donc être considérés comme telle? » s’est indigné M. Abbas.  Comment les bombardements de Gaza ou la guerre de 1967 peuvent-ils être considérés comme de la légitime défense, alors que l’on sait aujourd’hui que cette guerre avait été planifiée depuis longtemps, à la lumière de confessions de généraux de l’armée israélienne?  Quand bien même ce serait de la légitime défense, est-ce une raison pour annexer Jérusalem-Est et le Golan syrien, au grave mépris des résolutions internationales, telles que la 338 (1973) et la 242 (1967) rejetant l’utilisation de la force?  Sans oublier la 2334 (2016).  Les États-Unis ont accepté ces résolutions, « on ne sait comment, peut-être les ont-ils mal comprises », s’est interrogé le Président en précisant que ces textes stipulent qu’il faut mettre fin aux activités de colonisation, y compris à Jérusalem-Est.  Le nombre de colons est aujourd’hui de 750 000 et la Convention de Genève interdit à une puissance occupante de déplacer sa population sur une terre occupée, mais le monde ferme les yeux, s’est encore ébahi M. Abbas qui a aussi mentionné les violences à Naplouse et sur les camps de réfugiés à Gaza.  « Est-ce que tout cela représente de la légitime défense? »

Un autre mensonge, selon M. Abbas, est qu’Israël a permis au désert de fleurir, comme si la Palestine était un désert et Israël, un paradis.  La Palestine était verte, elle avait des jardins, des oliviers, des oranges vendues aux pays européens; la Palestine est fertile, regorge de lacs et de rivières aujourd’hui taries par l’État d’Israël, a-t-il dépeint.  Mais le mensonge le plus patent, selon le Président, sont les déclarations d’Israël selon lesquelles il serait le seul pays démocratique du Moyen-Orient.  Qu’un parangon de démocratie ait commis tous les crimes cités, dont l’occupation du territoire palestinien depuis 1967, est profondément ironique de l’avis du dirigeant palestinien: « Comment être une puissance occupante et s’arroger le titre de démocratie? » a-t-il demandé, alors que tant d’organisations internationales et israéliennes qualifient la situation de politique d’apartheid, et que plus de la moitié de la jeunesse israélienne est d’accord avec cette définition.  La Cour internationale de Justice (CIJ) s’est aussi saisie de la question, a-t-il fait valoir avant de citer des lois israéliennes qui considèrent les juifs comme seuls titulaires du droit à l’autodétermination.  Il existe pléthore de preuves permettant de réfuter le récit israélien fallacieux, a commenté M. Abbas. 

Selon une autre allégation qu’il considère comme mensongère, Israël affirme que les Palestiniens ne veulent pas la paix et veulent jeter Israël aux oubliettes.  La Palestine a pourtant accepté qu’un État israélien voie le jour sur 22% de son territoire historique et a reconnu Israël.  « Nous sommes prêts à vivre avec Israël dans la paix et la sécurité et vivre en bon voisinage, mais à la condition que les résolutions soient acceptées. »  Or l’initiative de paix arabe approuvée par le Conseil de sécurité a été refusée par Israël, qui s’est aussi détourné des accords de Charm el-Cheikh il y a quelques semaines, a-t-il regretté: les accords ont été signés mais Israël a fait machine arrière avant même que l’encre ne sèche.  « Alors, qui refuse la paix? » a lancé M. Abbas. 

La condition sine qua non du retour de la paix est de reconnaître la solution des deux États basée sur l’instauration d’un État de Palestine indépendant, selon le tracé des frontières d’avant 1967 et avec Jérusalem-Est pour capitale, a-t-il martelé.  Pour lui, la Palestine demeurera, et Jérusalem demeurera, arabe et palestinienne, « quoi qu’en pense M. Trump ou n’importe qui d’autre »: « c’est notre terre, notre ville et nous ne la céderons jamais ».  M. Abbas a saisi cette occasion pour demander la libération des prisonniers palestiniens, dont « un garçon de 6 ans et une femme enceinte ».  Comment les démocraties du monde peuvent-elles rester sourdes à cela?  « Nous ne sommes pas contre les juifs », le judaïsme étant l’une des religions monothéistes et M. Abbas se décrivant comme croyant lui-même, « mais contre l’occupation de notre territoire », a-t-il nuancé.

Enfin, le Président Abbas s’est inquiété de voir qu’en Israël, des voix dangereuses s’expriment actuellement: des ministres appellent publiquement à une nouvelle Nakba, sans que le Gouvernement israélien les condamne; certains responsables politiques appellent à tuer des Palestiniens, à les expulser hors de chez eux, à confisquer leurs maisons.  Évoquant les meurtres et les destructions perpétrés par des « gangs israéliens » sous les yeux de l’armée israélienne à Houara, M. Abbas a appelé la communauté internationale à se réveiller et à prendre ses responsabilités en fournissant une protection au peuple palestinien.  Louant tous les Israéliens juifs se plaçant du côté du peuple palestinien, il a répété qu’Israël ne pouvait se considérer au-dessus des lois internationales.  La première chose à faire pour Israël selon lui est de reconnaître sa responsabilité dans la Nakba, de présenter des excuses pour les meurtres et les destructions depuis 1948, et de fournir des dédommagements.

« La seule vérité est la cause palestinienne.  Les Palestiniens sont dans leur bon droit et continueront de l’être jusqu’à la fin des temps. »  Lançant un appel pour la mise en œuvre « d’au moins une seule résolution » parmi les milliers concernant la question palestinienne, le Président de l’État de Palestine a conclu sous les applaudissements de la salle en saluant la résilience de son peuple que ce soit parmi la diaspora, dans les camps de réfugiés ou à Jérusalem. Des applaudissements suivis de slogans « Libérez la Palestine! » scandés dans la salle.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité des ONG reprend sa session 2023 et recommande l’octroi du statut consultatif spécial auprès de l’ECOSOC à 61 ONG

Session ordinaire de 2023
16e & 17e séances plénières, matin & après-midi
ONG/956

Le Comité des ONG reprend sa session 2023 et recommande l’octroi du statut consultatif spécial auprès de l’ECOSOC à 61 ONG

Le Comité chargé des organisations non gouvernementales a donné aujourd’hui le coup d’envoi aux travaux de sa reprise de session 2023 en recommandant l’octroi du statut consultatif spécial auprès du Conseil économique et social (ECOSOC) à 61 ONG.  Il a reporté sa décision pour 44 organisations en attendant leur réponse aux questions soulevées par ses membres.

Le Comité des ONG, qui est composé de 19 membres, peut recommander trois différents statuts consultatifs auprès de l’ECOSOC: le statut consultatif général, le statut consultatif spécial et l’inscription sur la Liste.  Le premier statut est réservé aux grandes ONG internationales dont les domaines d’action et de travail couvrent la majorité des points contenus dans l’agenda de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires.  Ces ONG sont habilitées à soumettre au Conseil des communications écrites et des pétitions, et à proposer l’inscription de points à l’ordre du jour. 

Le statut consultatif spécial est octroyé aux ONG travaillant dans un domaine spécifique et les autorise à soumettre des communications écrites et des pétitions à l’ECOSOC.  Enfin, la Liste va aux ONG qui ont tendance à travailler d’une manière plus technique et/ou restreinte.  Elles ne peuvent soumettre au Conseil que des communications écrites. 

Durant cette reprise de session qui s’achèvera le 5 juin avec l’adoption du rapport du Comité, ce dernier aura à examiner 204 nouvelles demandes de statut consultatif venant de 56 pays et 296 demandes reportées, a indiqué son vice-président, M. Daniel Zavala Porras, du Costa Rica, qui dirigeait les travaux aujourd’hui.  Il a également fait état de 280 nouveaux rapports quadriennaux dont le Comité est saisi, ainsi que de 112 rapports reportés lors des sessions précédentes.  En outre, le statut consultatif de 32 organisations doit être rétabli, celui de 270 organisations doit être suspendu et 172 organisations verront leur statut retiré.  Il y a également plusieurs demandes de changement de nom d’ONG déjà dotées d’un statut consultatif. 

L’élection des autres membres du Bureau a été reportée à nouveau, des consultations étant toujours en cours au sein des groupes régionaux pour identifier les candidats possibles pour les postes restants de président et de vice-présidents.  Le Comité se penchera donc sur cette question à un stade ultérieur. 

Dans son intervention, le Directeur par intérim du Bureau de l’appui aux mécanismes intergouvernementaux et de la coordination au service du développement durable a indiqué que malgré les préoccupations en matière de ressources dues à l’augmentation du nombre d’organisations dotées du statut consultatif auprès de l’ECOSOC et de celles qui en font la demande, le Service des ONG au sein de son bureau continuera à leur apporter un soutien efficace.  M. Neil Pierre a également signalé que ce service mène actuellement sa campagne annuelle de sensibilisation sur les avantages du statut consultatif pour les ONG. Il a également annoncé que le nouveau système de communication électronique devrait être mis en place dans le courant de l’été et que son déploiement comprendra des sessions d’essai et de formation pour tous les utilisateurs, y compris le Comité et les ONG. Répondant à une question de Cuba, il a précisé que ces formations sont prévues pour la fin juillet-début août.

M. Pierre a par ailleurs salué le fait que le Comité des ONG, après la reprise de session, organisera des consultations officieuses, les 22 et 23 juin 2023, afin d’examiner ses méthodes de travail, y compris les modalités futures pour la tenue de consultations avec les ONG dotées du statut consultatif.  Il explorera aussi les options pour fixer des délais pour la réception des réponses des ONG aux questions du Comité, et la possibilité d’incorporer une composante hybride au segment des questions-réponses du Comité. 

Les États-Unis et l’Union européenne ont accueilli favorablement l’annonce de ces consultations officieuses, appelant à mettre fin aux multiples reports « injustifiés » de certaines demandes d’octroi de statut consultatif.  En effet, ont rappelé les États-Unis, lors de la session de janvier 2023, le Comité n’a répondu positivement qu’à seulement 38% des demandes d’octroi.  La réforme du Comité des ONG n’a que trop tardé, a renchéri l’Union européenne qui a appelé à un fonctionnement plus juste et plus transparent de ses travaux. 

Tout en étant favorable à cette réforme, la Chine et Cuba ont néanmoins mis en garde contre toute tentative de « saper » le rôle du Comité, dont le mandat est clairement défini, en vue d’examiner de manière sélective des demandes particulières.  La Chine a appelé les membres du Comité à agir de manière responsable lorsqu’ils examinent ces demandes et à respecter les règles applicables en la matière.

Si tous les intervenants ont réaffirmé leur attachement à la participation des ONG aux travaux des Nations Unies, la Chine a également insisté sur le fait que cela doit se faire « conformément aux principes et règles établis ».  Les États-Unis ont réaffirmé pour leur part leur soutien de principe à ces organisations, indépendamment de leur affiliation politique.

Au cours de cette séance, le Comité a par ailleurs recommandé à l’ECOSOC de clore l’examen des demandes d’admission au statut consultatif des ONG qui n’ont pas répondu aux trois derniers rappels. 

Le Comité, qui a aussi adopté son programme de travail pour cette reprise de session, se réunira de nouveau demain, mardi 16 mai à partir de 10 heures.

NOUVELLES DEMANDES D’ADMISSION AU STATUT CONSULTATIF ET NOUVELLES DEMANDES DE RECLASSEMENT

Octroi du statut consultatif spécial

1.    APCASO Foundation (Thaïlande) 

2.    African Center for Climate action and Rural Development initiative (Nigéria) 

3.    An organization for socio-economic development (Bangladesh) 

4.    Annpeters Global Humanitarian Foundation (Nigéria) 

5.    Apostle Johnson Suleman (Afrique du Sud)

6.    Asian Drug Demand Reduction NGOs Association (République islamique d’Iran)

7.    Association for Land Reform and Development (Bangladesh)

8.    Association of Anti-Drug Abuse Coalitions of the Philippines Inc.  (Philippines)

9.    Associação Brasileira de Organizações Não Governamentais (Brésil)

10.   Associação Pró Coalizões Comunitárias Antidrogas do Brasil (Brésil)

11.   Bakergonj Forum (Bangladesh)

12.   Center for Defending Freedom of Journalists (Jordanie)

13.   ChariLove Foundation (Nigéria)

14.   China Agricultural University (Chine)

15.   Coalition of Somali Human Rights Defenders (CSHRD) (Somalie)

16.   Divine Women Of Purpose Association (Nigéria)

17.   DoTheDream Youth Development Initiative (Nigéria)

18.   Egypt Peace for Development and Human Rights (Égypte)

19.   Enjaz Foundation for development (Yémen)

20.   Executives Helping Initiative (Nigéria)

21.   Farah Foundation for Development (Égypte)

22.   Food Security for Peace and Nutrition Africa (Kenya)

23.   Forum for the Promotion of Gender Equity and Moral Values (Nigéria)

24.   Fundación de Capellanes « Sendas de Dios » (Équateur)

25.   Gender Equality Network (Myanmar)

26.   Gender Mobile Counseling Initiative (Nigéria)

27.   Global Youth Network for Empowerment and Development (Sierra Leone)

28.   God’s Arm Global Foundation (Nigéria)

29.   Golden Doctrine Foundation (Sri Lanka)

30.   Green Crescent Zimbabwe (Zimbabwe)

31.   Health & Economy (Bangladesh)

32.   Hope Centre (HC) for Children Girls, and Women in Tanzania (République-Unie de Tanzanie)

33.   IPANDETEC Centroamérica (Panama)

34.   Improve Your Society Organization for Development and Peace Building (Yémen)

35.   Instituto Dara (Brésil)

36.   Instituto Sea Shepherd Brasil (Brésil)

37.   Jami al Hakeem Foundation (Nigéria)

38.   Ken.  G.  Morka Foundation (Afrique du Sud)

39.   Lady Helen Child Health Foundation (Nigéria)

40.   Matilda Carepath Health Foundation (Nigéria)

41.   Nardo aviation innovation organization (Asia Pacific) Limited (Chine)

42.   Natural Disaster Research Institute (République islamique d’Iran)

43.   POS Foundation (Ghana)

44.   Pax Press (Rwanda)

45.   Pro Criança Cardíaca (Brésil)

46.   Progressive People of Yorubaland Worldwide Association (Nigéria)

47.   Red Argentina para la Cooperación Internacional (RACI) (Argentine)

48.   Rhesus Solution Initiative (Nigéria)

49.   Rwanda Men’s Resource Center (Rwanda)

50.   Sons of the Prophet Network SADC with Apostle Johnson Suleman (Afrique du Sud)

51.   Standup for Women Society (Nigéria)

52.   Statewide Waste And Environmental Education Foundation (Nigéria)

53.   Tamkeen for the Rights of Persons with Disabilities, Community Development and Training in Sohag (Égypte)

54.   The Chaeli Campaign (Afrique du Sud)

55.   Uganda Association of Women Lawyers (FIDA-U) (Ouganda)

56.   Voice of African Women (Afrique du Sud)

57.   WACI Health (Afrique du Sud)

58.   Watoto Wasoka (Ouganda)

59.   Women Initiative for Values Empowerment and Sustainability International (Nigéria)

60.   Yemen International Agency for Development (Yémen)

61.   Young Visionary Leaders International (Ghana)

Examen des demandes de statut 

Les ONG suivantes ont vu l’examen de leur demande reportée suite aux questions soulevées par des membres du Comité. 

Le Nicaragua a demandé à ARTM - Associação de Reabilitação de Toxicodependentes de Macau (Chine) de fournir une ventilation de ses dépenses et de préciser la nature de sa coopération avec le Gouvernement, constatant qu’en 2020, 80% de ses recettes provenaient d’une subvention gouvernementale.  L’Érythrée a de son côté voulu des précisions sur la ventilation des coûts des activités d’Ambassadors of Dialogue, Climate and Reintegration (Nigéria). 

Notant qu’Analog ventures LLP (Inde) a indiqué n’avoir pas pu mettre en œuvre ses projets « faute de ressources », le Pakistan a souhaité savoir en quoi l’ONG pourrait contribuer aux travaux de l’ECOSOC.

Quels sont les sites de déploiement de l’Association Humaniste de France (Comores), s’est enquise l’Érythrée, tandis que le Pakistan a demandé les états financiers de l’Association for Disabled People (Inde).  La même délégation a demandé des documents explicites sur les activités de Awaz-e-Niswan (AAN) (Pakistan).  À Be Positive Association (Liban), le Chili demande des détails sur le budget.  Le Royaume-Uni a, pour sa part, voulu en savoir plus sur les liens qu’entretient Beijing International Exchange Association (Chine) avec le Gouvernement.  Comment cette ONG fait-elle pour préserver son indépendance?  L’Arménie a dit attendre les noms des membres du conseil scientifique de Center for Research and Policy Making (Macédoine du Nord). 

Le Royaume-Uni s’est interrogé sur les activités de China Council for the Promotion of National Trade (Chine), notamment ses liens avec le Ministère du commerce chinois.  La délégation britannique a aussi voulu en savoir plus sur les liens entre China Oceanic Development Foundation (Chine) et les autorités en charge du Ministère chinois des ressources naturelles. À l’ONG Community Care and Social Development Foundation (Pakistan), le Pakistan a demandé des détails sur les résultats de ses activités en rapport avec les élections au Pakistan.  Le Cameroun a demandé les détails sur les contrats obtenus par Community Partners for Sustainable Development (Cameroun), alors que les États-Unis veulent en savoir davantage sur les liens existants entre l’Université de Wuhan et l’ONG East-lake Institute for Social Advancement, Wuchang District, Wuhan (Chine). 

Le Chili s’est ensuite réjoui du travail mené par Equipo Argentino de Antropología Forense – Asociación Civil (Argentine), avant que la Chine ne leur demande des détails sur leurs ressources dont 70% semblent venir des gouvernements.  La Chine a aussi demandé à Foro Internacional de Mujeres Indígenas (Pérou) d’utiliser la bonne terminologie pour désigner Taiwan qui est bien une province de Chine selon l’ONU.  Le Chili a dit attendre que l’ONG Fountain of Hope Global Ministry (Afrique du Sud) explique comment elle mène ses activités alors que la majorité de ses fonds couvre ses frais de fonctionnement.  Le Pakistan a souhaité comprendre qui dirige les activités de l’ONG Fourth Wave Foundation (Inde), étant donné qu’aucun membre individuel n’est listé dans ses documents.  La même délégation a demandé des détails sur les activités de Human Social Care Foundation (Inde). 

Alors que Cuba entend y voir clair au sujet des sources de financement de Iltizam Relief Society (Malaisie), le Nicaragua a demandé à l’ONG comment les projets sont menés à l’échelle interrégionale avec juste une dizaine d’employés.  Le Pakistan attend la liste d’organisations avec lesquelles l’ONG Indian Economic Trade Organization (Inde) a passé des accords. La Géorgie a demandé des détails sur le rôle actuel du fondateur de l’ONG Institute of International Peace Leaders (Private) Limited (Pakistan).  Le Pakistan attend également des précisions sur son plan d’action pour planter des milliers d’arbres.  À l’ONG Kalinga Institute of Industrial Technology Deemed to be University (Inde), le même pays a demandé de préciser ses liens avec l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).  Le Pakistan a demandé ensuite comment National Agro Foundation (Inde) mène ses activités sans aucun membre recensé sur son site Internet. 

Par ailleurs, le Pakistan s’est enquis des détails des activités menées par National Association of Palliative Care for AYUSH & Integrative Medicine (Inde), avant que le Cameroun n’invite Nde Zachariah’s Descendants Foundation (Cameroun) à lui apporter des détails sur ses sources de financement.  Le Pakistan a enchaîné en demandant des détails sur les activités de People’s Participation (Inde).  Quels sont les partenaires de Persatuan Cinta Gaza Malaysia (Malaisie)? a lancé Israël.  Les détails des dépenses de certains projets ont été demandés à l’ONG Pragati Foundation (Inde) par la délégation du Pakistan

À l’ONG Prestige Education Foundation (Inde), le Pakistan a demandé quelle était sa contribution aux travaux de la Commission de la condition de la femme en mars 2022.  À Samaritan Help Mission (Inde), la même délégation a demandé des détails sur certaines activités caritatives auxquelles elle a fait allusion sur son site Internet.  S’adressant à Sewa International (Inde), le Pakistan a voulu connaître le détail des activités en matière d’autonomisation des femmes.  De leur côté, les États-Unis ont demandé des précisions sur les liens entre l’ONG Shanghai Arbitration Commission (Chine) et la municipalité de Shanghai.  Le Pakistan a aussi demandé à Shree Someshwar Education Trust (Inde) de bien vouloir poster un lien Internet actif en rapport avec ses activités. 

Quel est l’origine des dons que reçoit la Sichuan Haihui Poverty Alleviation Center (Chine)? s’est enquis le Nicaragua.  À Subjective Physics Sciences (République islamique d’Iran), le Cameroun a demandé comment elle mène ses activités sans aucun membre répertorié, tandis que le Pakistan a voulu savoir quels sont les donateurs de Suchirindia Foundation (Inde).  À l’ONG The Belt and Road International Lawyers Association (Chine), les États-Unis ont demandé des détails sur les sources de financement, alors que le Pakistan entend obtenir des précisions sur le programme « child rights » mis en œuvre en Inde par The Ecumenical Christian Centre Bangalore (Inde). 

À Voice of Youth Organization (Inde), la délégation du Pakistan a demandé les états financiers audités des années 2021 et 2022, suivie des États-Unis qui se sont intéressé au rôle joué par le fondateur de l’organisation WJ Mudolo Foundation (Afrique du Sud).  Le Cameroun a aussi demandé les détails des cinq derniers contrats passés par Women Empowerment Association For Development In Africa (Cameroun), tandis que le Pakistan a demandé à World Internet of Things Convention (Chine) d’apporter des éléments démontrant sa bonne santé financière.  Enfin, le Bahreïn a demandé à Youchang Consulting (Chine) de préciser la nature de ses activités.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Forum sur les forêts prend fin sur l’appel de son président à élever « très haut » le niveau de représentation des États Membres lors de sa prochaine session

Dix-huitième session,
10e séance plénière – matin
ENV/DEV/2063

Le Forum sur les forêts prend fin sur l’appel de son président à élever « très haut » le niveau de représentation des États Membres lors de sa prochaine session

Au terme de cinq jours de discussions entre les représentants des États Membres, des organisations multilatérales, de la société civile et du secteur privé, le Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF) a conclu, ce matin, les travaux de sa dix-huitième session sur un appel de son président à élever « très haut » le niveau de représentation des gouvernements lors de sa prochaine session, « afin que les politiques s’approprient les recommandations formulées par les experts ». 

« Les forêts offrent des solutions aux défis climatiques, à la dégradation des terres arables et à la perte de la biodiversité », a déclaré M. Zéphyrin Maniratanga, du Burundi, avant de clore la session 2023 du FNUF.  L’esprit de coopération qui a prévalu entre les délégations lors des discussions sur les forêts, l’énergie, les moyens de subsistance ainsi que les préparatifs en vue de l’examen à mi-parcours de l’arrangement international sur les forêts auront permis de présenter des propositions spécifiques en vue de la prochaine session du Forum, s’est félicité le Président. 

L’examen, en début de séance, du rapport de synthèse du Président, qui recense les principaux points abordés pendant les débats de la présente session ainsi que les propositions en vue de la prochaine session du Forum, a donné lieu à de nombreuses demandes de correction de la part des États Membres.  Une fois achevé, ce texte, qui pourra être modifié jusqu’au 19 mai, constituera la contribution du FNUF au forum politique de haut niveau pour le développement durable de 2023, et sera joint en annexe au rapport de la dix-huitième session. 

Aujourd’hui encore, l’établissement éventuel d’un bureau de projet du Réseau mondial de facilitation du financement forestier à Beijing, visé au paragraphe 34 du rapport de synthèse, a retenu l’attention de nombreuses délégations telles que la Suisse et l’Union européenne, qui ont demandé que la proposition « généreuse » du Gouvernement chinois de financer les activités du bureau pour toute sa durée opérationnelle soit consignée textuellement dans le rapport.  L’Australie a regretté pour sa part qu’une transcription des propos de la Directrice du FNUF concernant le bureau ne soit pas incluse dans le rapport. 

Or, en tant que document officiel du FNUF, le rapport ne contient pas de transcriptions, a expliqué un représentant du secrétariat.  Sa directrice, Mme Juliette Biao, a toutefois précisé qu’un résumé de ses propos serait ajouté dans une section spéciale du rapport, sous la rubrique « moyens de mise en œuvre ».  Nous devons en outre établir une distinction nette entre les discussions concernant le Réseau mondial de facilitation et celles portant sur le bureau de projet en Chine, ont insisté les États-Unis.  De son côté, la Chine a souhaité que le rapport soit plus détaillé sur les modalités de gestion du bureau proposé. 

L’Union européenne a dénoncé l’omission, au paragraphe 8, de ses déclarations exprimant son plein soutien à l’Ukraine et condamnant l’agression russe ainsi que ses conséquences sur les ressources et l’énergie.  L’Ukraine a regretté à son tour que ce paragraphe passe sous silence ses interventions et celles d’autre délégations concernant la guerre lancée par la Fédération de Russie, qui l’empêche de s’acquitter de ses engagements et nuit à la réalisation des objectifs forestiers mondiaux. 

Si la Suisse a incité le secrétariat à faire preuve de souplesse à l’égard des questions émergentes, élément nouveau au programme du FNUF, elle l’a néanmoins invité à ne pas surcharger son ordre du jour. Une mise en garde justifiée, selon le Brésil, qui a appelé le Forum à la prudence afin d’éviter de débattre de questions qui ne relèvent pas de son mandat.

Le Forum forestier africain et l’Organisation du Traité de coopération amazonienne (ACTO) ont déploré quant à eux ne pas avoir reçu le rapport de synthèse dans des délais raisonnables leur permettant de participer pleinement aux travaux du FNUF, malgré leur statut d’organisations observatrices. 

Par la suite, les délégations ont entériné l’ordre du jour et le calendrier de la dix-neuvième session du Forum sur les forêts, qui se tiendra du 6 au 10 mai 2024 au Siège des Nations Unies, à New York. Enfin, les membres du Forum ont adopté le rapport des travaux de la dix-huitième session, présenté par le Rapporteur, M. Ismail Belen, de la Türkiye. 

La prochaine réunion du Forum des Nations Unies sur les forêts sera annoncée dans le Journal des Nations Unies

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Cinquième Commission: l’imprévisibilité des versements aux budgets de l’ONU continue de poser problème

Soixante-dix-septième session,
32e séance plénière - matin
AG/AB/4421

Cinquième Commission: l’imprévisibilité des versements aux budgets de l’ONU continue de poser problème

À l’instar du Secrétaire général, les délégations ont reconnu comme un véritable problème, l’imprévisibilité des versements au budget ordinaire de l’ONU et à ceux des opérations de maintien de la paix et des Tribunaux internationaux.  À ce jour, seuls 54 États Membres sur 193 se sont acquittés de la totalité de leurs contributions à ces trois budgets, dont le Maroc qui l’a confirmé aujourd’hui alors que la Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, se penchait sur la situation financière de l’ONU et se saisissait des enveloppes demandées pour le compte d’appui aux opérations de maintien de la paix, et les Missions en République centrafricaine et au Mali. 

À deux mois de la fin de l’exercice budgétaire de ces opérations, seuls 66 États ont payé la totalité de leur contribution, a indiqué Mme Catherine Pollard, Secrétaire générale adjointe chargée des stratégies et politiques de gestion et de la conformité.  Pour le budget ordinaire, c’est 105 pays et pour les Tribunaux internationaux, 89.  Comme les habitudes de paiement des États Membres continuent de fluctuer, le Secrétariat surveillera attentivement les flux de trésorerie afin que l’exécution des mandats ne soit pas mise en péril par des déficits de trésorerie, indique le Secrétaire général dans son rapport. 

Ce dernier a d’ailleurs été félicité pour sa gestion « avisée » de la trésorerie.  Auteur de ses propos, le Maroc a confirmé qu’il s’est dûment acquitté de l’intégralité de sa contribution au budget ordinaire de l’ONU et à ceux des opérations de maintien de la paix et des Tribunaux spéciaux.  Le paiement des quotes-parts, a insisté l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), est une obligation juridique inscrite dans la Charte et une obligation morale pour permettre à l’Organisation d’exécuter les mandats que lui ont confiés les États Membres. 

Pour l’exercice allant du 1er juillet 2023 au 30 juin 2024, l’enveloppe demandée pour le compte d’appui aux opérations de maintien de la paix est de 391, 2 millions de dollars, soit une augmentation de 5,2% par rapport à l’exercice précédent.  Le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) propose une coupe de 3, 4 millions de dollars, une autre de 2,7 millions de dollars au budget de 1,1 milliard de dollars pour la Mission en République centrafricaine, et une dernière de 3,8 millions de dollars à l’enveloppe de 1,2 milliard de dollars proposée pour la Mission au Mali. 

La Cinquième Commission a prévu une autre séance publique mercredi 24 mai à partir de 10 heures pour discuter des questions transversales liées aux opérations de maintien de la paix.

AMÉLIORATION DE LA SITUATION FINANCIÈRE DE L’ONU

Rapport du Secrétaire général (A/77/530/Add.1)

Le Secrétaire général fait le bilan de la situation financière de l’ONU aux 31 décembre 2021 et 2022 et aux 30 avril 2022 et 2023 et fournit des données qui actualisent son précédent rapport (A/77/530) qui porte principalement sur quatre grands indicateurs financiers: le montant des contributions mises en recouvrement, le montant des contributions non acquittées, la situation de trésorerie et les montants dus par l’Organisation aux États Membres.

En ce qui concerne le budget ordinaire, le Secrétaire général indique que la situation de trésorerie s’est quelque peu améliorée suite aux mesures prises par le Secrétariat pour gérer les liquidités au cours des derniers exercices et aux mesures prises par les États Membres, dont celle d’augmenter de 100 millions de dollars le Fonds de roulement au moyen d’une partie de l’excédent devant être restitué en 2023.  L’Assemblée a également approuvé l’utilisation, au bénéfice du budget ordinaire, de l’excédent de trésorerie des comptes des tribunaux internationaux ayant achevé leur mandat et la restitution de l’excédent de trésorerie des missions de maintien de la paix dont le mandat était terminé.  Compte tenu du solde de trésorerie disponible au début de 2023, le Secrétaire général estime qu’il ne sera probablement pas nécessaire de restreindre les dépenses en 2023 ou en 2024 sous réserve que les versements soient reçus en début d’exercice. 

Le montant des contributions reçues au premier trimestre de 2023 représentait 42% des montants mis en recouvrement mais les montants qui auraient dû être recouvrés à la fin du mois d’avril s’établissaient à 370 millions de dollars. 

En ce qui concerne les opérations de maintien de la paix, la décision prise par l’Assemblée générale dans sa résolution 73/307 d’autoriser les prélèvements d’avances entre les missions en cours, ainsi que la mise en recouvrement et la réception de contributions pour les périodes hors mandat, a permis d’améliorer la situation globale de trésorerie.  Les remboursements au titre des contingents, des unités de police constituées et du matériel appartenant aux contingents sont à jour pour toutes les missions en cours, à l’exception d’un montant de 19 millions de dollars afférent à l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour.

Au 30 avril 2023, le montant des contributions non acquittées pour les tribunaux internationaux s’élevait à 93 millions de dollars, à savoir 67 millions au titre du Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des Tribunaux pénaux, 21 millions de dollars au titre du Tribunal international pour l’ex-Yougoslavie depuis 1991 et 5 millions de dollars au titre du Tribunal international pour le Rwanda.

Déclarations

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, M. YUSNIER ROMERO PUENTES (Cuba) s’est dit préoccupé par le faible taux d’exécution du budget ordinaire, au cours de cette dernière décennie.  Il a relevé une tendance qui montre que les contributions non acquittées ont augmenté à chacun des quatre derniers exercices budgétaires.  À titre national, le représentant a dit que sa délégation s’est acquittée de la totalité de ses contributions, en dépit du blocus économique et financier américain.  Ce blocus, a-t-il dit, nous empêche d’honorer nos obligations à l’égard de nombreuses organisations internationales et même de soutenir nos représentations diplomatiques.

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. MARK SEAH (Singapour) s’est dit préoccupé par la situation de trésorerie de l’ONU, notamment l’imprévisibilité dans le versement des quotes-parts.  Une situation dans laquelle l’ONU doit, pour fonctionner, recourir à diverses mesures n’est tout simplement pas viable, a martelé le représentant.  Il a appelé les États Membres, qui peuvent le faire, à régler leurs arriérés dans les deux prochains mois pour veiller à ce que l’on ne termine pas l’exercice en cours dans une position pire que celle de l’an dernier.  Le paiement des contributions, a insisté le représentant, est une obligation juridique inscrite dans la Charte et pour l’ASEAN, c’est aussi une obligation morale pour permettre à l’Organisation d’exécuter les mandats que lui ont confiés les États Membres.  Le représentant a tout de même reconnu que certains États sont confrontés à de réelles difficultés en raison de circonstances échappant à leur contrôle. Il a félicité ceux qui, malgré ces difficultés, s’efforcent d’honorer leurs obligations financières vis-à-vis de l’ONU. 

Mme GUO JIAKUN (Chine) a rappelé que le versement des quotes-parts est la clef de voute de l’ONU et qu’une situation financière saine est requise pour mettre en œuvre les mandats et les initiatives de réforme.  À cette aune, elle a jugé indispensable que tous les États Membres honorent leurs engagements financiers.  Soulignant que la Chine est le deuxième plus grand contributeur au budget ordinaire de l’ONU et que sa part va en s’accroissant, la représentante a affirmé que son pays s’est toujours acquitté de ses obligations, et ce en dépit des difficultés qu’il rencontre en tant que plus grand pays en développement. Elle a donc invité les autres principaux contributeurs à en faire autant et dans les délais.  Elle a par ailleurs pris note des avancées en matière de remboursement aux pays fournisseurs de contingents.  Elle n’a pas manqué de faire observer que l’augmentation du budget des opérations de paix constitue une pression financière sur les États Membres. Du point de vue du budget ordinaire, il importe selon elle de prendre en compte la capacité de payer des États Membres. Il faut, a-t-elle insisté, une approche réaliste et une utilisation efficace des ressources dans la mise en œuvre des mandats, y compris celui d’assurer la sécurité des Casques bleus, a-t-elle conclu. 

Mme HIND JERBOUI (Maroc) a salué la gestion avisée de la trésorerie par le Secrétaire général, se félicitant une nouvelle fois de la décision d’augmenter de 100 millions de dollars le Fonds de roulement qui a permis au Secrétariat de se concentrer sur l’exécution des mandats plutôt que sur la gestion des liquidités.  Elle a conclu en soulignant que son pays s’est dûment acquitté de l’intégralité de sa contribution au budget ordinaire de l’ONU, à celui des opérations de maintien de la paix et des Tribunaux internationaux.

Mme CATHERINE POLLARD, Secrétaire générale adjointe chargée des stratégies et politiques de gestion et de la conformité, a souligné que le versement en temps voulu des contributions au budget ordinaire et à ceux des Tribunaux internationaux et des opérations de maintien de la paix constitue un élément essentiel de la bonne exécution des mandats.  Selon elle, le Secrétariat s’efforce d’aller de l’avant sans être limité par le montant des liquidités disponibles.

ASPECTS ADMINISTRATIFS ET BUDGÉTAIRES DU FINANCEMENT DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX 

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) sur l’exécution du budget de l’exercice allant du 1er juillet 2021 au 30 juin 2022, le financement des dépenses de l’exercice allant du 1er juillet 2022 au 30 juin 2023 et le projet de budget pour l’exercice allant du 1er juillet 2023 au 30 juin 2024 relatif au compte d’appui aux opérations de maintien de la paix (A/77/833) 

À l’enveloppe de 391 223 100 dollars demandée par le Secrétaire général, qui représente une augmentation de 19 436 100 dollars (5,2%) par rapport à l’exercice précédent, le CCQAB propose une réduction de 3 414 900 dollars. En effet, le Comité recommande de ne pas approuver la création d’un poste de spécialiste des données (P-4) au Département des opérations de paix; d’un poste d’ingénieur(e) (P-4) au Département de l’appui opérationnel; et d’un poste de spécialiste de la gestion de programme (P-4) au Département de la sûreté et de la sécurité. 

Il recommande en outre, une réduction de 421 400 dollars au titre des consultants et des services de consultants qui serait appliquée au Département des opérations de paix, au Département des stratégies et politiques de gestion et de la conformité, au Bureau des services de contrôle interne, au Bureau des services d’ombudsman et de médiation des Nations Unies et au Bureau de la déontologie.  Le CCQAB recommande également une réduction de 641 100 dollars au titre des voyages officiels qui serait appliquée au Département de l’appui opérationnel, au Bureau de l’informatique et des communications, au Bureau des services de contrôle interne, au Bureau des affaires juridiques et au Département de la communication globale.  La dernière réduction de 816 800 dollars au titre des communications et de l’informatique serait appliquée au Département des opérations de paix, au Département de l’appui opérationnel, au Département des stratégies et politiques de gestion et de la conformité, au Bureau des services de contrôle interne, au Bureau des affaires juridiques et au Département de la communication globale. 

Le CCQAB recommande enfin d’affecter au financement du budget du compte d’appui pour l’exercice allant du 1er juillet 2023 au 30 juin 2024 un montant de 3 009 300 dollars correspondant au solde inutilisé de l’exercice précédent ainsi que le montant total des produits divers de l’exercice allant du 1er juillet 2021 au 30 juin 2022, soit 1 675 900 dollars.  Il préconise de répartir le solde de 383 123 000 dollars de façon proportionnelle entre les budgets des opérations de maintien de la paix en cours pour l’exercice allant du 1er juillet 2023 au 30 juin 2024. 

Déclaration

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, M. RICHARD TUR DE LA CONCEPCIÓN (Cuba) a souligné que les membres du son groupe contribuent financièrement aux budgets des opérations de maintien de la paix, en plus d’être les plus grands fournisseurs de troupes et d’effectifs de police. En outre, la plupart des opérations de maintien de la paix, actives et clôturées, concernent des pays de ce groupe. Le représentant a donc insisté sur le fait que les environnements instables dans lesquels se déploient ces opérations, conjugués à leurs mandats complexes, exigent des ressources adéquates versées en temps utile.  C’est essentiel pour permettre une exécution efficace des mandats changeants et complexes, mais aussi pour assurer la sécurité des soldats de la paix qui risquent leur vie tous les jours. De ce fait, le délégué a réaffirmé que le niveau du compte d’appui doit être proportionnel aux différentes variables, dont le mandat, la taille et la complexité des opérations. 

Le représentant a pris note de l’enveloppe proposée et a dit attendre une justification détaillée des recommandations du CCQAB et des coupes qu’il préconise. Il a aussi dit attendre des informations sur la diminution à venir des personnels en uniforme et l’augmentation prévue des personnels civils au cours de la période 2023/24. Il a réitéré l’importance d’une bonne représentation des pays fournisseurs de troupes et de forces de police, en particulier au niveau supérieur des Départements concernés par le compte d’appui. Il a conclu en soulignant la nécessité de veiller à ce que les postes vacants soient pourvus au plus vite et d’examiner les postes vacants depuis 24 mois ou plus. 

FINANCEMENT DES OPÉRATIONS DE PAIX 

Rapports du CCQAB sur l’exécution des budgets de l’exercice allant du 1er juillet 2021 au 30 juin 2022 et sur les projets de budget pour l’exercice allant du 1er juillet 2023 au 30 juin 2024  

Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) (A/77/767/Add.13) 

Le Secrétaire général demande un budget de 1 157 676 000 dollars, faisant apparaître une augmentation de 83 288 300 dollars (7,8%) par rapport à l’exercice précédent, et le CCQAB propose une coupe de 2 767 300 dollars.  Au vu des capacités actuelles de la Section des technologies de la Mission, il recommande que le poste d’analyste de données (P-3) ne soit pas créé et au vu de celles de la Section des finances et du budget de la Mission, il rejette la création d’un poste de spécialiste des finances et du budget (P-3).  Le Comité recommande aussi que les postes d’électricien et d’assistant à la gestion des carburants (Volontaires des Nations Unies) qu’il est proposé de créer ne soient pas soumis à recrutement international mais à recrutement national. 

Compte tenu du nombre de véhicules légers de transport de passagers détenus en excédent et du fait que la Mission a procédé en fin d’exercice à des achats en masse de matériel informatique et de véhicules, le Comité consultatif recommande de réduire de 355 600 dollars (50%) le montant demandé pour l’achat de véhicules.  Notant que les taux d’utilisation du système de drone aérien actuel se situent entre 65% et 83%, il préconise une réduction de 905 200 dollars (10%) de l’augmentation de 9 051 900 dollars demandée.  Compte tenu du nombre excédentaire d’appareils informatiques détenus et achetés par la Mission, le Comité consultatif recommande de ne pas approuver le crédit de 990 000 dollars. 

Enfin, le Comité consultatif recommande que le montant de 316 600 dollars représentant le solde inutilisé de l’exercice allant du 1er juillet 2021 au 30 juin 2022 ainsi que le montant de 9 759 300 dollars correspondant aux autres produits et ajustements de l’exercice clos le 30 juin 2022, déduction faite des pertes liées aux placements (393 300 dollars) soient portés au crédit des États Membres. 

La Commission était également saisie du rapport du Bureau des services de contrôle interne (BSCI) sur l’évaluation de l’appui apporté par la MINUSCA à la lutte contre l’impunité, à l’extension de l’autorité de l’État et à l’état de droit en République centrafricaine (A/77/739). 

Pour rendre encore plus pertinent et plus efficace l’appui de la MINUSCA, le BSCI formule quatre recommandations importantes axées sur le renforcement des capacités des institutions de l’État à consolider l’état de droit, le renforcement du lien entre l’action humanitaire, le développement et la paix, l’allocation de davantage de ressources aux fins de l’exécution du mandat et le renforcement de la planification conjointe, de la coordination et de l’intégration au sein de la Mission. 

Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) (A/77/767/Add.12) 

À l’enveloppe de 1 277 808 700 dollars demandée par le Secrétaire général, représentant une augmentation de 32 763 600 dollars (2,6%) par rapport à l’exercice précédent, le CCQAB recommande une réduction de 3 870 100 dollars. Il préconise, conformément à la politique en vigueur, que soit supprimé le poste d’assistant multilingue (agent des services généraux recruté sur le plan national).  Les enseignements tirés de la pandémie de COVID-19 devant être appliqués, dont l’organisation de réunions virtuelles, au lieu des voyages motivés par la participation à des ateliers, des conférences ou des rencontres, le Comité recommande une réduction de 20% (107 300 dollars) du montant des ressources demandées au titre des voyages officiels. 

Compte tenu de l’évolution récente des dépenses, il milite pour une réduction de 10% supplémentaires (2 692 300 dollars) du montant des ressources demandées au titre des opérations aériennes pour financer les drones aériens.  Analysant la dernière tendance des dépenses, il recommande de réduire de 5% (948 400 dollars) le montant des ressources demandées au titre des frais de transport et des coûts connexes et de 5% également (122 100 dollars) celui des ressources demandées au titre des autres services et fournitures. 

Le Comité consultatif recommande enfin que le montant de 1 581 200 dollars représentant le solde inutilisé de l’exercice allant du 1er juillet 2021 au 30 juin 2022 ainsi que le montant de 41 834 600 dollars correspondant aux autres produits de l’exercice, déduction faite des pertes liées aux placements (913 800 dollars), soient portés au crédit des États Membres.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.