9322e séance - matin
CS/15283

Conseil de sécurité: l’opérationnalisation de la Force conjointe du G5 Sahel, une priorité pour la région, selon la Sous-Secrétaire générale pour l’Afrique

Alors que l’Afrique subsaharienne est confrontée à une crise multidimensionnelle –sécuritaire, humanitaire et climatique– qui ne cesse de s’aggraver, la Force conjointe du G5 Sahel et ses États membres doivent continuer de bénéficier du soutien des donateurs et des partenaires, a exhorté, ce matin au Conseil de sécurité, la Sous-Secrétaire générale pour l’Afrique, dans l’objectif de l’opérationnalisation de cette force. 

Des groupes armés non étatiques, a relaté Mme Martha Ama Akya Pobee, continuent ainsi de perpétrer des attaques à grande échelle contre des cibles civiles et militaires et à étendre leurs zones d’influence respectives pour contrôler les principales voies d’approvisionnement, tout particulièrement dans les zones frontalières entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger, dans la région du Liptako-Gourma.  Le début de l’année a ainsi été marqué par un regain d’affrontements entre l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS) et le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), a précisé la haute fonctionnaire. 

Évidemment, cette crise sécuritaire, s’est-elle alarmée, ne fait qu’exacerber une crise humanitaire déjà grave.  Ainsi, le Burkina Faso compte 4,7 millions de nécessiteux et plus de 2 millions de personnes déplacées, tandis qu’au Mali 8,8 millions en tout auront besoin d’une assistance en 2023. Des chiffres nettement à la hausse dans ces deux pays, comparés à ceux de l’année écoulée, les femmes et les enfants constituant les premières victimes de cette situation, a déploré la haute fonctionnaire. 

L’insécurité dans la région du Liptako-Gourma n’a donc cessé de croître au cours des six derniers mois, parallèlement à l’arrêt des opérations de la Force conjointe du G5 Sahel –formée des forces armées du Burkina Faso, de la Mauritanie, du Niger et du Tchad–, qui a été entraîné par sa restructuration, à la suite du retrait du Mali et de la reconfiguration des forces européennes et françaises dans la région. 

Ce n’est pas faute d’avoir fait des progrès considérables en matière de coordination et de réactivité, lesquels ont été salués par la Sous-Secrétaire générale.  « Dans la lutte antiterroriste, les États membres du G5 Sahel semblent déterminés à renforcer leur coopération, y compris avec les forces armées maliennes », a-t-elle dit, ce dont plusieurs membres du Conseil se sont félicités aujourd’hui, l’Équateur plaidant toutefois pour le retour de Bamako dans le giron de la coalition. 

Si elle a salué le rôle crucial de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) pour fournir un appui opérationnel et logistique à la Force conjointe, Mme Pobee a toutefois regretté que cette dernière souffre d’un soutien insuffisant de la communauté internationale pour être pleinement autonome.  « L’absence de consensus entre partenaires et donateurs sur le mécanisme de soutien le plus efficace à la Force conjointe s’est avéré être l’obstacle le plus significatif à cet égard », a-t-elle observé.  Dans ce contexte, l’expiration le 3 juin prochain de l’accord tripartite entre l’Union européenne (UE), le G5 Sahel et l’ONU doit être une occasion de réfléchir aux moyens pour la communauté internationale de faire mieux, a-t-elle suggéré. 

« Aujourd’hui, la situation est telle que l’on est en droit de se demander si les violences n’auraient pu être évitées en répondant aux appels en faveur d’une opérationnalisation de la Force conjointe », a avancé le Secrétaire exécutif du G5 Sahel, qui a regretté que les investissements nécessaires n’aient pas été consentis.  Pour M. Éric Thiaré, il importe à présent de passer à l’action, alors que la Force conjointe dispose d’une stratégie et de bataillons prêts à « en découdre avec les terroristes ».  Elle a besoin de ce qui lui a toujours manqué, à savoir les équipements et financements pérennes, a-t-il précisé. 

Le Ghana, qui s’exprimait au nom des A3 (Gabon, Ghana et Mozambique), a jugé important que le Conseil de sécurité aille au-delà d’une affirmation de principe pour fournir à la Force conjointe un financement prévisible réclamé de longue date.  La France a d’ailleurs rappelé que la question des ressources prévisibles, durables et souples à fournir aux opérations de l’Union africaine autorisées par l’ONU serait examinée le 25 mai lors d’une séance d’information.  Par ailleurs, ces deux délégations, suivies sur ce point par l’Albanie, ont émis l’espoir que la consultation menée par le Groupe indépendant de haut niveau sur la sécurité et le développement au Sahel, dirigé par l’ancien Président du Niger, M. Mahamadou Issoufou, serait en mesure d’impulser un nouvel élan aux efforts de coordination régionale. 

La Fédération de Russie a, pour sa part, estimé que le maintien de la paix et de la sécurité dans le Sahara-Sahel revient aux États de la région eux-mêmes, en donnant la primauté aux « solutions africaines aux problèmes africains ».  L’Albanie, les États-Unis et la France ont parlé d’une seule voix pour dénoncer les exactions commises par le groupe Wagner.  Pour la délégation américaine, le « partenariat court-termiste » du Gouvernement de transition malien avec cette organisation paramilitaire « soutenue par le Kremlin » ne s’est pas traduite par une amélioration de la sécurité, mais plutôt par une hausse des atteintes aux droits humains.  Rendu public la semaine dernière, le rapport du Haut-Commissariat des Nations aux droits de l’homme sur le massacre de Moura (Mali) témoigne selon les États-Unis de la nécessité de conduire les opérations militaires dans le respect des droits humains et du droit international. 

La Sous-Secrétaire générale s’est d’ailleurs félicitée que la Force conjointe dispose désormais d’un mécanisme pour déterminer les responsabilités des incidents, analyser les tendances, prendre les mesures nécessaires en vue de remédier à certaines situations et adapter son comportement opérationnel.  En effet, a souligné Mme Pobee, les pays du G5 Sahel doivent veiller à ce que leurs stratégies militaires de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent soient respectueuses des droits humains et placent la protection des populations civiles au premier plan.

PAIX ET SÉCURITÉ EN AFRIQUE (S/2023/328)

Déclarations

Mme MARTHA AMA AKYAA POBEE, Sous-Secrétaire générale pour l’Afrique, a déclaré que la situation sécuritaire au Sahel est restée préoccupante depuis sa dernière intervention en date au Conseil sur ce sujet.  Des groupes armés non étatiques continuent de perpétrer des attaques à grande échelle contre des cibles civiles et militaires et à s’engager dans des confrontations sur le contrôle des ressources et des territoires.  Des groupes terroristes et extrémistes prennent fréquemment pour cible des zones frontalières, en particulier entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger, dans la région du Liptako-Gourma.  Le début de l’année a été ainsi marqué par un regain d’affrontements entre l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS) et le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), a précisé la haute fonctionnaire.  La crise sécuritaire, s’est-elle alarmée, ne fait qu’exacerber une crise humanitaire déjà grave.  Ainsi, au Burkina Faso, des défis considérables se posent en raison de la violence, avec 4,7 millions de nécessiteux et plus de 2 millions de personnes déplacées, tandis qu’au Mali 8,8 millions de personnes auront besoin d’une assistance en 2023. Des chiffres qui sont à la hausse dans les deux pays, comparés à ceux de l’année écoulée, les femmes et les enfants constituant les premières victimes de cette situation, a déploré Mme Pobee. 

La Force conjointe du G5 Sahel a fait des progrès considérables en matière d’opérationnalisation, a-t-elle ensuite remarqué, en particulier s’agissant de sa coordination et de sa réactivité, à la suite de la reconfiguration des forces européennes et françaises et du retrait du Mali.  Bien que cette restructuration se soit traduite par une cessation des opérations militaires majeures depuis janvier, les États Membres du G5 Sahel semblent déterminés à renforcer leur coopération, y compris avec les forces armées maliennes, dans la lutte antiterroriste.  Reste qu’en dépit de ces efforts, l’insécurité à la frontière commune entre les trois pays continue de croître.  De son côté, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) redouble d’efforts pour fournir un appui opérationnel et logistique à la Force conjointe, qui souffre toutefois de l’insuffisance du soutien de la communauté internationale pour être pleinement autonome, a regretté la Sous-Secrétaire générale.  « L’absence de consensus entre partenaires et donateurs sur le mécanisme de soutien le plus efficace à la Force conjointe s’est avéré être l’obstacle le plus significatif à cet égard », a-t-elle observé.  Et le soutien réel mais limité de la MINUSMA n’a pas fondamentalement changé la donne.  Dans ce contexte, l’expiration prochaine de l’accord tripartite entre l’Union européenne (UE), le G5 Sahel et l’ONU est l’occasion de réfléchir aux moyens pour la communauté internationale de renouveler ce soutien aux mécanismes sécuritaires régionaux, a déclaré Mme Pobee. 

Elle a ensuite noté que la Force conjointe dispose désormais d’un mécanisme pour déterminer les responsabilités des incidents, analyser les tendances, prendre les mesures nécessaires en vue de remédier à certaines situations et adapter son comportement opérationnel.  En effet, a souligné la Sous-Secrétaire générale adjointe, les pays du G5 Sahel doivent veiller à ce que leurs stratégies militaires de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent soient respectueuses des droits humains et placent la protection des populations civiles au premier plan. De son côté, l’ONU reste engagée à soutenir les efforts du G5 Sahel, notamment au travers d’un renforcement des capacités dans les domaines de la prévention de l’extrémisme violent et de la radicalisation, de l’état de droit et la gestion des frontières, a assuré Mme Pobee.

S’exprimant en visioconférence, M. ÉRIC THIARE, Secrétaire exécutif du G5 Sahel, a estimé que la complexité de la situation au Sahel doit interpeller la communauté internationale, et en particulier le Conseil de sécurité.  En dépit des efforts déployés par les pays touchés par la crise multidimensionnelle qui frappe la région, la situation sécuritaire a continué de se dégrader, a-t-il expliqué, jugeant toutefois que le contexte est différent de celui de 2014, année de création du G5 Sahel, et de celui de 2017, année durant laquelle a été établie la Force conjointe pour faire face à l’essor des groupes armés.  Ces dernières années, les attaques armées qui se sont multipliées dans la zone des trois frontières sont perpétrées essentiellement par deux groupes: l’État islamique du Grand Sahara et le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans.  Aujourd’hui, la situation est telle que l’on est amené à se demander si l’on n’aurait pas pu éviter ces violences si les appels en faveur d’une opérationnalisation de la Force conjointe du G5 Sahel avaient été entendus, a souligné M. Thiaré, non sans regretter que cette force n’ait jamais pu être vraiment opérationnelle, faute des investissements nécessaires.  Affirmant que la Force conjointe a néanmoins obtenu des résultats sur le terrain, il s’est félicité du programme d’appui logistique dont elle a bénéficié, à la suite de l’accord tripartite conclu en 2018 entre l’ONU, l’Union européenne (UE) et le G5 Sahel, qui prendra fin le 3 juin prochain.  Il a aussi salué la mise en œuvre effective du cadre de conformité en matière de droits humains et de droit international humanitaire. 

M. Thiaré a ensuite rappelé que, lors de leur sixième sommet extraordinaire, le 20 février dernier à N’Djamena, au Tchad, les chefs d’État du G5 Sahel ont réaffirmé leur volonté de préserver et consolider le Groupe comme cadre de coopération et de coordination.  Les dirigeants ont également salué le nouveau format de la Force conjointe et son adaptation au contexte actuel, avec un nouvel état-major basé à Niamey, au Niger, a-t-il précisé, ajoutant que les effectifs et les budgets de fonctionnement et d’opérations sont désormais prêts et doivent être validés par le conseil de défense et de sécurité en format défense.  Pour le Secrétaire exécutif de l’organisation régionale, il importe à présent de soutenir l’opérationnalisation de la Force conjointe, qui fait partie des rares forces de la région disposant d’une stratégie et de bataillons prêts à « en découdre avec les terroristes ».  Pour être plus efficace, la Force a besoin de ce qui lui a toujours manqué, à savoir les équipements et des financements pérennes, a-t-il souligné, avant d’indiquer que, conscient que la lutte ne peut être gagnée uniquement par les armes, le G5 Sahel travaille sur les questions de développement, de la lutte contre l’extrémisme et de réponse aux changements climatiques. 

Face à une situation marquée par des centaines de victimes militaires et civiles chaque année, des millions de personnes déplacées, essentiellement des femmes et des enfants, et des milliers d’enfants errant dans les rues en raison des fermetures d’écoles, M. Thiaré a appelé à des actions fortes, d’autant plus que la zone des trois frontières n’est pas sous contrôle.  Cela implique une stratégie d’ensemble s’appuyant sur les mécanismes existants, a-t-il dit, saluant à cet égard la position du Secrétaire général de l’ONU, selon laquelle la Force conjointe reste une initiative importante qui complète les engagements multiformes des Nations Unies et mérite le soutien de la communauté internationale.  Le Secrétaire exécutif a également remercié l’UE, qui s’est engagée à poursuivre ses échanges en vue d’un soutien accru à la Force.  Dans le court terme, il est urgent d’agir pour que la crise ne s’étende pas à d’autres régions, a-t-il ajouté, jugeant également indispensable que les causes profondes des conflits soient traitées.  Dans ce sens, il a formé l’espoir que les recommandations du Groupe indépendant de haut niveau sur la sécurité et le développement au Sahel seront soutenues par la communauté internationale en vue de leur mise en œuvre pour le bien des populations sahéliennes. 

Mme AÏSSATOU DIOUF, responsable de Enda Energy et Coordonnatrice de Réseau Action Climat pour l’Afrique de l’Ouest et centrale, a souligné à quel point les enjeux des changements climatiques et ceux de la sécurité sont étroitement liés.  Presque tous les pays du Sahel sont touchés par la sécheresse, les tensions hydriques, la dégradation des terres, la baisse des rendements, les problèmes d’accès à l’eau et à la nourriture, à l’origine de problèmes sanitaires et migratoires.  La concurrence autour de l’accès à l’eau ou aux ressources naturelles est à l’origine des tensions intercommunautaires. Le lac Tchad apportait il y a quelques années encore suffisamment d’eau aux populations du Niger, du Nigéria, du Cameroun et du Tchad mais son assèchement progressif a conduit à une migration vers le Tchad.  À mesure que les ressources se raréfient, la lutte pour y accéder s’accentue et avec elle, la prospérité de Boko Haram. 

Au Sahel, la raréfaction des terres fertiles pousse les cultivateurs à s’installer sur le terrain des éleveurs nomades dont l’accès aux passages traditionnels de transhumance devient problématique.  Parfois, ces éleveurs investissent des propriétés privées ou protégées pour éviter la mort de leur bétail. Renforcer les capacités des communautés de répondre et de s’adapter aux chocs climatiques devient donc essentiel et urgent. 

Au Mali, les informations sur les extrémistes islamiques et les réseaux criminels transnationaux font craindre que le Sahel ne devienne une zone où le terrorisme pourrait s’enraciner si des réponses idoines ne sont pas rapidement apportées à la crise sécuritaire et climatique.  Au Niger et au Burkina Faso, la persistance de l’insécurité et des conflits a entraîné des déplacements de population, aggravant la pression sur des ressources déjà limitées et les rivalités intercommunautaires. 

Selon Mme Diouf, la situation actuelle du Sahel démontre que le terrorisme se nourrit des conflits, du désespoir et de la vulnérabilité des communautés.  L’oratrice a appelé à des réponses inclusives qui prennent en compte les enjeux climatiques et le point de vue des communautés.  Le niveau local est en effet une excellente porte d’entrée pour intégrer les dimensions climatique et sécuritaire dans des politiques et des projets soucieux des besoins et des droits des populations.  Il est crucial, a-t-elle insisté, de financer l’adaptation et la résilience car si la région n’obtient pas un niveau adéquat de ressources financières pour répondre aux différents défis, la crise au Sahel risque de s’enliser.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a considéré que le premier défi du Sahel est évidemment d’ordre politique, car il s’agit de renforcer les systèmes étatiques et de consolider la démocratie.  Il a donc plaidé pour que les transitions au Burkina Faso, au Mali, en Guinée et au Tchad soient menées dans les délais agréés.  Il a salué, à cet égard, le protocole de la CEDEAO qui, 20 ans après son adoption, reste une référence en matière de démocratie et de bonne gouvernance.  Le représentant a ensuite évoqué les changements climatiques, dont les conséquences sur la sécurité alimentaire et l’accès à l’eau, sont déjà visibles au Sahel.  Il a apporté son soutien au projet de la Grande muraille verte, auquel la France a déjà contribué, en mobilisant 16 milliards d’euros. 

Insistant sur une réponse appropriée à la menace du terrorisme dans la région, le représentant a expliqué que par « appropriée », il entend trois choses. La réponse doit d’abord être durable et se fonder sur le respect du droit, jugeant inacceptables les exactions contre les civils et l’usage disproportionné de la force.  La France, a-t-il ajouté, continuera de dénoncer les exactions du groupe Wagner en Afrique, comme partout dans le monde.  La réponse, a-t-il poursuivi, doit être collective, car ce n’est qu’à travers le renforcement des forces armées nationales et la coopération entre elles que des avancées seront possibles.  La Force conjointe du G5 Sahel conserve à cet égard sa pertinence, a estimé le délégué, qui a salué les efforts de reconfiguration en cours, traduisant l’engagement des quatre pays concernés à s’adapter au nouveau contexte. Il a souhaité que le rapport du Groupe de haut niveau dirigé par le Président Issoufou apporte une nouvelle impulsion à ces efforts de coordination régionale. Enfin, a-t-il encore dit, la réponse doit être substantielle.  La France souscrit pleinement à l’idée que les opérations africaines devraient bénéficier d’un financement de l’ONU.  « Nous en reparlerons le 25 mai prochain », à l’occasion du débat prévu sur la question, a rappelé le représentant.

M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) s’est félicité de la tenue en février du sixième Sommet extraordinaire du G5 Sahel et des efforts visant à renforcer l’institution, alors que la région fait face aux défis de la sécurité et des changements climatiques.  Il s’est cependant dit préoccupé par la situation sécuritaire et humanitaire du Sahel, qui découle selon lui d’échecs de gouvernance.  Tout en affirmant respecter le besoin qu’ont les États de la région de répondre à la montée du terrorisme et d’autres violences, il les a exhortés à reconnaître les limites d’une approche militarisée et à redoubler d’efforts pour traiter les facteurs structurels de l’instabilité.  Cela inclut le renforcement de la gouvernance et des institutions démocratiques, l’amélioration de l’accès à la justice et le respect des droit humains et de l’état de droit, a souligné le représentant.  Il s’est par ailleurs alarmé des opérations militaires étatiques conduites au Mali et au Burkina Faso, constatant qu’elles ont conduit à de nombreuses pertes civiles et à de graves violations des droits humains.  Au Mali, le « partenariat court-termiste » du Gouvernement de transition avec le groupe Wagner soutenu par le Kremlin n’ont pas fourni plus de sécurité au peuple malien, a-t-il constaté.  Au contraire, les atteintes aux droits humains sont en hausse, a-t-il déploré, ajoutant que, selon un rapport du PNUD, cela contribue aussi au recrutement de personnes marginalisées par les groupes terroristes. 

Dans ce contexte, le représentant a salué les Nations Unies pour leur ténacité à enquêter sur les massacres de civils, notamment celui perpétré à Moura (Mali), malgré les restrictions imposées par les autorités nationales à la MINUSMA.  À cet égard, il a encouragé le Gouvernement malien de transition à mener des enquêtes transparentes sur ces faits afin de tenir les auteurs pour responsables.  Par ailleurs, affirmant rester déçu par la décision du Mali de se retirer du G5 Sahel, il a appelé le Gouvernement de transition à revoir sa position.  À ses yeux, les menaces corrélées du terrorisme et de l’extrémisme violent exigent des approches transnationales.  Enfin, après avoir invité le Burkina Faso, le Tchad et le Mali à achever leur transition vers des gouvernements démocratiquement élus, notamment à des fins de coopération, il a dit soutenir l’évaluation stratégique conjointe sur le Sahel entreprise par l’ONU, l’Union africaine et le G5 Sahel pour promouvoir la paix et la sécurité dans la région.

M. DAI BING (Chine) a relevé que les pays du Sahel ont obtenu certains résultats, qui sont mentionnés dans le rapport du Secrétaire général.  Il a appelé la communauté internationale à apporter un appui adapté aux besoins de la région, en particulier dans la lutte contre le terrorisme, la gestion de la crise humanitaire et celle des changements climatiques.  Il a salué la convocation d’un sommet régional organisé pour trouver des solutions communes aux problèmes de la région.  Le délégué a exhorté la communauté internationale à respecter la souveraineté nationale des pays du Sahel.  Il a aussi attiré l’attention sur la situation au Soudan voisin, qui nécessite selon lui de la patience et un appui solide de la communauté internationale. L’orateur a insisté sur l’importance de donner un nouvel élan à la coopération régionale d’autant que les pays du Sahel entreprennent la restructuration des forces pour lutter plus efficacement le terrorisme. 

S’agissant des droits de l’homme, le représentant a souligné la nécessité de les respecter mais de ne pas les utiliser comme moyens de pression.  Au contraire, il faut maintenir le niveau d’aide aux pays du Sahel et traiter les symptômes et les causes de la pauvreté, en promouvant le développement durable, a-t-il recommandé.  Il a terminé en citant un don de panneaux solaires au Mali et une aide d’urgence au Niger.  L’ONU doit mobiliser les ressources pour le développement durable du Sahel, a-t-il conclu. 

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a salué la remarquable résilience du G5 Sahel, illustrée par le sommet des chefs d’État du mois de février dernier.  Il a déploré que le processus de réforme de la Force conjointe du G5 Sahel ait entraîné la cessation des opérations militaires mais s’est dit encouragé par la création du Comité d’état-major opérationnel conjoint de la région du Sahel, la mise en place du Groupe de travail de l’Initiative d’Accra et le déploiement de la Force africaine prépositionnée de la CEDEAO.  Le représentant a appelé les pays du G5 Sahel à respecter le droit international humanitaire, à s’attaquer aux causes profondes des conflits dans la région et à renforcer la présence de l’État.  Ils doivent aussi prévoir des institutions démocratiques et inclusives, respecter les minorités et mettre en œuvre sans délai leurs plans de transition respectifs pour permettre un retour à la normalité constitutionnelle. 

Constatant par ailleurs que l’insécurité alimentaire, les déplacements forcés et l’absence de perspectives économiques sont aggravés par les actions des terroristes et des groupes armés illégaux, le représentant a appelé les États de la région à s’éloigner des réponses exclusivement sécuritaires et à adopter des approches basées sur le développement.  À cet égard, il a dit attendre avec intérêt les recommandations de l’évaluation stratégique que prépare le Groupe indépendant de haut niveau sur la sécurité et le développement au Sahel. 

M. ANDRÉS EFREN MONTALVO SOSA (Équateur) a jugé essentielle la Force conjointe du G5 Sahel pour lutter contre les groupes armés qui opèrent à travers les frontières poreuses de la région.  Il a regretté le retrait du Mali de cette force conjointe, qui est préjudiciable à l’efficacité des opérations, car il perturbe la continuité géographique.  Le représentant s’est toutefois félicité des réunions entre le Mali et le Niger au début du mois de mars, au cours desquelles il a été convenu de renforcer la coopération bilatérale contre le terrorisme. Il a dit apprécier les efforts déployés par la MINUSMA pour soutenir la Force conjointe, malgré des conditions opérationnelles complexes, qui seraient améliorées par le retour du Mali au sein de la Force conjointe.  Le délégué a ensuite espéré que les progrès accomplis dans la réforme de la structure de la Force conjointe et la revitalisation de son architecture de sécurité permettront d’accroître l’efficacité des opérations et de coopérer avec d’autres acteurs de la lutte contre le terrorisme dans la région, tels que l’Initiative d’Accra et le Comité militaire conjoint du Sahel.  Cette lutte, a-t-il insisté, doit s’inscrire dans le respect des droits humains et du droit international humanitaire, ainsi que du droit des réfugiés. 

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni), après avoir dit que le Sahel est en crise, a signalé que son gouvernement avait donné 284 millions de dollars à la région et à sa population l’année dernière.  Le représentant a dit miser sur le leadership de la CEDEAO et de l’Union africaine, qui est vital selon lui pour les trois États en pleine transition politique.  Il a à cet égard exhorté les autorités burkinabè, tchadiennes et maliennes à respecter les calendriers électoraux.  Deuxièmement, a continué le délégué, les opérations antiterroristes doivent respecter les droits humains et le droit international humanitaire.  Il a demandé la mise en œuvre des mesures d’atténuation des risques dans ce domaine, comme le prévoit la politique de diligence en matière de droits humains, comme recommandé par la MINUSMA. 

Le représentant a dit être préoccupé par les conclusions troublantes du rapport du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, de la semaine dernière, sur le massacre de centaines de personnes à Moura, au Mali, par les forces de sécurité maliennes et le groupe Wagner soutenu par la Russie.  Les exécutions sommaires, les viols et les tortures constituent des crimes de guerre, a-t-il relevé. Les nouvelles informations faisant état d’environ 150 victimes civiles, dont 45 enfants, à la suite d’une attaque menée par les forces armées dans le village de Karma, au Burkina Faso, le 20 avril, sont également profondément préoccupantes, s’est alarmé le délégué.  Il a terminé en s’alignant sur le message du Secrétaire général selon lequel les solutions régionales sont le moyen le plus efficace d’instaurer une paix et une stabilité durables, y compris l’Initiative d’Accra.

Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) a dit voir dans le G5 Sahel une initiative régionale importante pour renforcer la stabilité et la sécurité dans une région aux prises avec une crise multidimensionnelle.  À ce propos, elle s’est déclarée préoccupée par la détérioration continue de la situation sécuritaire dans la région, observant que le terrorisme et l’extrémisme violent y ont atteint des niveaux sans précédent et risquent de se propager aux États côtiers.  Face à ces menaces, elle s’est félicitée de la poursuite de l’opérationnalisation de la Force conjointe et de l’architecture de sécurité révisée depuis le retrait du Mali.  Selon elle, le rapport sur le massacre de Moura publié la semaine dernière par le HCDH témoigne de la nécessité de mener des opérations militaires dans le respect des droits humains et du droit international. Les conclusions de ce rapport sont inquiétantes et soulèvent de sérieuses inquiétudes quant à la présence du groupe Wagner, a-t-elle ajouté, demandant que les responsables de ces crimes odieux soient tenus pour responsables. 

La représentante a ensuite noté que l’environnement politique au Sahel reste fragile.  Alors que plusieurs États sont sous régime militaire, elle a exhorté les autorités de transition à respecter les délais convenus avec la CEDEAO et à faciliter un retour rapide à un régime civil.  Jugeant à cet égard que la coopération régionale demeure essentielle, elle a encouragé le G5 Sahel à poursuivre le dialogue et la coopération avec ses membres, et à maintenir l’élan pour revigorer la collaboration.  Elle a également salué le leadership de l’UA, de la CEDEAO et de l’ONU, avant d’exprimer son intérêt pour les recommandations du Groupe indépendant de haut niveau dirigé par l’ancien Président du Niger, M. Mahamadou Issoufou, pour renforcer les réponses à la crise sahélienne.  Pour y faire face, les interventions militaires ne suffisent pas, a-t-elle conclu en recommandant de les compléter par des efforts humanitaires et de développement afin de renforcer les institutions, améliorer l’état de droit et promouvoir les opportunités socioéconomiques.

S’exprimant au nom des A3, M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a encouragé les chefs d’État et les ministres du G5 Sahel à poursuivre leurs efforts pour revitaliser la Force conjointe par l’adoption d’un concept d’exploitation (CONOPS) reconfiguré et d’arrangements opérationnels permettant de répondre à la nouvelle dynamique sécuritaire sur le terrain.  Il a salué la nomination d’un nouveau commandant de la Force conjointe et l’adoption de mesures prudentielles supplémentaires visant à améliorer le rapport coût-efficacité du G5 Sahel et de la Force conjointe.  Le représentant a ensuite instamment demandé de tirer parti de l’engagement pris lors des récentes réunions des chefs d’État et des ministres du groupe pour renforcer la coordination entre les trois piliers (gouvernance, résilience et sécurité) de la stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel (UNISS).  Il a ensuite préconisé de poursuivre les investissements dans des mesures de lutte contre les causes sous-jacentes de l’instabilité, dont les déficits en matière de gouvernance et de développement.  M. Agyeman a également encouragé les donateurs à continuer d’apporter leur soutien pour résoudre les difficultés techniques et opérationnelles persistantes de la Force conjointe. 

Tout en reconnaissant le soutien logistique et opérationnel essentiel fourni par la MINUSMA à la Force, les A3 sont préoccupés par les défis logistiques et opérationnels auxquels la MINUSMA elle-même est confrontée, notamment en raison du retrait progressif de certains contributeurs de troupes, a poursuivi le représentant.  Alors qu’une réflexion est menée sur les options proposées par le Secrétaire général, il a jugé important de rendre la MINUSMA capable de maintenir son soutien à la Force conjointe du G5 Sahel.  Il faut également tirer parti du rôle complémentaire d’autres mécanismes régionaux tels que l’Initiative d’Accra, le Processus de Nouakchott et la Force multinationale mixte.  À cet égard, le délégué a gardé l’espoir que la vaste consultation menée par le groupe d’experts dirigé par M. Issoufou sur l’évaluation stratégique du Sahel aboutira à des recommandations concrètes tournées vers l’avenir.  M. Agyeman a par ailleurs jugé important que le Conseil de sécurité aille au-delà de l’affirmation du soutien à la Force conjointe, en répondant à l’appel de longue date de lui fournir un financement prévisible.  « Il n’y a pas de meilleur moment pour agir que maintenant! » a-t-il lancé en conclusion. 

Mme FRANCESCA MARIA GATT (Malte) a estimé qu’une réponse régionale cohérente et viable, appuyée par la communauté internationale, est nécessaire pour contrer le terrorisme et l’extrémisme violent au Sahel.  Il ne faut pas perdre de vue les graves répercussions de la violence sur les civils, a prié la représentante en s’inquiétant en particulier pour les enfants.  Elle a dit être attristée par les meurtres de centaines de personnes à Moura, perpétrés par les forces armées maliennes et des militaires étrangers, des actions qui vont à l’encontre d’une paix durable.  Pour progresser vers la paix et le développement, la représentante a recommandé de prendre en compte les défis existants et de s’appuyer sur une coopération et un leadership renforcés au niveau régional, ainsi que sur la solidarité entre les pays sahéliens et côtiers.  La déléguée a dit attendre avec impatience les résultats des travaux du Groupe indépendant de haut niveau sur la sécurité et le développement au Sahel, qui devrait proposer des moyens novateurs de relever les défis sécuritaires. 

Pour la déléguée, une stratégie globale et efficace de lutte contre le terrorisme pour la région doit inclure une compréhension globale des moteurs de l’extrémisme violent et de l’insécurité, ainsi que des approches qui incluent toutes les composantes de la société.  La résilience devrait être renforcée par la confiance dans le système de gouvernement et ses institutions, et le respect des droits humains, a-t-elle ajouté.  Elle a dès lors demandé aux gouvernements d’assurer un bon niveau de gouvernance et de justice ainsi que le respect de la démocratie et de l’état de droit.  La CEDEAO et l’Union africaine ont un rôle central à jouer dans ces efforts, a estimé l’oratrice.  Elle a plaidé en outre pour que l’on appuie les femmes défenseures de la paix en tant qu’agentes du changement dans l’élaboration de stratégies de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent. 

Parvenir à une paix durable au Sahel, a estimé Mme AMEIRAH OBAID MOHAMED OBAID ALHEFEITI (Émirats arabes unis), nécessite des progrès tangibles dans les processus de transition en cours dans plusieurs pays de la région.  À cet égard, il importe de mettre en place des processus politiques inclusifs qui garantissent la participation pleine, égale et significative des femmes et offrent aux jeunes des opportunités.  La représentante a d’autre part jugé crucial de continuer à soutenir les initiatives et les mécanismes régionaux mis en place pour faire face aux menaces transnationales, à commencer par le terrorisme et la criminalité organisée.  Dans ce cadre, elle a estimé que la Force conjointe du G5 Sahel est un outil essentiel qui mérite d’être soutenu, notamment par le Conseil de sécurité.  Elle a également dit attendre avec intérêt les recommandations du Groupe indépendant sur la sécurité et le développement au Sahel. 

Traiter des causes profondes des conflits et de l’extrémisme, c’est, a poursuivi la représentante, mettre en œuvre des initiatives de développement qui comblent les écarts socioéconomiques.  Elle s’est inquiétée de la fermeture d’environ 9 000 écoles en raison de la violence dans le centre du Sahel.  L’éducation, a-t-elle martelé, est un des piliers les plus essentiels pour protéger les sociétés contre l’extrémisme et donner aux jeunes générations les moyens de se bâtir un avenir prometteur.  Il faut à tout prix aligner la stratégie intégrée des Nations Unies pour la région du Sahel sur les priorités et les besoins nationaux, a-t-elle souligné, avant de détailler l’aide humanitaire que fournit son pays, en particulier pour faire face à l’afflux des personnes qui fuient le Soudan vers le Tchad. Elle a conclu en jugeant utile d’étudier davantage le lien entre les changements climatiques et l’instabilité au Sahel.

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a exprimé sa vive préoccupation face à la détérioration de la situation au Sahel et souligné que le G5 Sahel reste un cadre important pour la coopération régionale, la sécurité aux frontières et le développement.  Il a joint sa voix à ceux qui appellent le Mali à revenir dans ce groupe.  Le représentant a également appelé les acteurs régionaux et la communauté internationale à soutenir celui-ci, se félicitant de l’accord tripartite UE-G5 Sahel-ONU qui prévoit le soutien de la MINUSMA à la Force conjointe du G5 Sahel.  Il s’est aussi félicité des initiatives des partenaires régionaux pour combattre le terrorisme et l’extrémisme violent, telles que l’Initiative d’Accra.  Il a espéré que les recommandations à venir du Groupe indépendant de haut niveau sur la sécurité et le développement au Sahel contribueront à l’amélioration des réponses conjointes, régionales et internationales, en se basant sur une évaluation franche des besoins.  Sur la question des ressources prévisibles et durables pour les opérations de paix régionales, le Japon reste pleinement déterminé à examiner cette question, y compris dans le contexte du récent rapport du Secrétaire général, a ajouté le délégué. 

Le représentant a ensuite plaidé pour une stabilité politique, qui ne peut que résulter que d’institutions démocratiques résilientes et d’une gouvernance responsable, basée sur l’état de droit.  Il a appelé en ce sens les autorités du Mali, du Burkina Faso et du Tchad à se préparer à des élections rapides, ouvertes et inclusives, un processus qui doit inclure la participation significative des femmes, des jeunes et des minorités.  Il s’est félicité du rôle joué à cet égard par d’autres partenaires, notamment la CEDEAO et l’UA.  Concernant les opérations sécuritaires, il a souhaité qu’elles adoptent une approche holistique avec une perspective à long terme et qu’elles respectent l’état de droit, les droits humains et le DIH.  Enfin, le représentant a salué le travail mené par le HCDH et la MINUSMA pour soutenir la Force du G5 Sahel, dans les domaines des droits humains et du DIH ainsi que pour lutter contre l’impunité.  Il a appelé de ses vœux une unité au sein du Conseil de sécurité dans le soutien à apporter à la région, avant d’assurer vouloir continuer de soutenir celle-ci ainsi que les initiatives régionales. 

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a décrit la menace terroriste qui règne dans la région du Sahara-Sahel du fait des activités de nombreux groupes extrémistes.  Leurs actions menacent les pays côtiers du golfe de Guinée mais les zones frontalières entre la Mali, le Burkina Faso et le Niger restent l’épicentre des tensions, a-t-elle noté.  La représentante a exhorté les États de la région à poursuivre leur coopération dans le domaine de la sécurité, saluant à cet égard la participation du Niger, le 24 mars, à des raids antiterroristes menés avec le Mali. L’escalade de la violence au Soudan est aussi préoccupante, a-t-elle continué.  D’après la représentante, les menaces à la sécurité et à la stabilité dans le Sahara-Sahel sont les conséquences directes de l’intervention militaire des pays occidentaux en Libye en 2011 et de l’effondrement de l’État libyen.  Elle a dénoncé les actions coloniales menées par la France afin de changer le régime de Bamako. 

La représentante a également décrié la décision de la Commission européenne de mettre fin au financement de l’Union européenne destiné au soutien logistique et opérationnel que la MINUSMA fournit à la Force conjointe du G5 Sahel.  À cet égard, elle a suggéré une transformation profonde de l’approche de l’ONU de la lutte contre le terrorisme, estimant que le maintien de la paix et de la sécurité dans le Sahara-Sahel revient aux États de la région eux-mêmes.  L’appui de la communauté internationale doit respecter le principe de non-ingérence, de respect de la souveraineté et du principe de « solutions africaines aux problèmes africains », a plaidé la déléguée. Elle a salué la décision prise au sommet de la CEDEAO, à Abuja, de consacrer 1 milliard de dollars à la mise en œuvre du plan d’action communautaire 2020-2024 de lutte contre le terrorisme.  La Russie continuera de participer de manière constructive aux efforts visant à assurer la sécurité dans la région du Sahara-Sahel et continuera de fournir un appui aux États de la région sur une base bilatérale, a informé la représentante en précisant que cela comprend l’augmentation de la capacité de combat des forces armées, la formation du personnel militaire et des agents des forces de l’ordre, et la fourniture d’une aide humanitaire. 

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a constaté que la réponse principalement sécuritaire et militaire apportée à l’insécurité par les pays du G5 Sahel n’a pas suffi à réduire, ni même à contenir cette menace. Elle a prôné, pour renforcer la stabilité de la région, d’agir sur les aspects politiques, économiques, sociaux et environnementaux.  Une telle stratégie doit en premier lieu concilier le règlement et la prévention des conflits, a-t-elle estimé, relevant que les expériences sur le terrain montrent qu’il faut examiner les causes profondes de la violence de façon holistique pour pouvoir mettre fin aux conflits armés, lutter contre le terrorisme et prévenir les extrémismes violents.  La représentante a souhaité que les jeunes aient un rôle déterminant dans ce cadre, faisant valoir qu’ils ne sont pas de simples sujets vulnérables à la radicalisation et au recrutement de groupes extrémistes, mais des partenaires pour prévenir cet extrémisme violent. 

Elle a ensuite appelé à agir sur les facteurs environnementaux et climatiques qui interagissent avec la stabilité au Sahel.  Alors que de nombreux mécanismes de règlement des conflits, de gestion de ressources naturelles et d’accueil des personnes déplacées existent au niveau local, ces expériences locales doivent être complétées par des mesures régionales et internationales, a-t-elle plaidé, avant de rappeler l’engagement de la Suisse en faveur de la résilience du secteur pastoral dans plusieurs pays africains, notamment le Tchad, le Mali, le Burkina Faso et le Niger.  La représentante a rappelé l’importance du respect des droits humains et du droit international humanitaire en cas de conflit armé, y compris pendant les opérations menées par les forces de sécurité intérieure ou par la Force conjointe du G5 Sahel.  Enfin, affirmant attendre avec intérêt l’examen stratégique du Groupe indépendant de haut niveau sur la sécurité et le développement au Sahel, elle a jugé que la réponse aux défis du Sahel réside dans la coopération et non pas dans l’isolement.

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