En cours au Siège de l'ONU

9323e séance - matin
CS/15284

Conseil de sécurité: l’Envoyé spécial pour le Yémen fait part de son « optimisme prudent » après ses discussions avec les parties au conflit

La séance d’information mensuelle du Conseil de sécurité sur le Yémen a permis, ce matin, à l’Envoyé spécial pour ce pays de dresser un bilan positif de la poursuite de son dialogue avec les parties yéménites et les partenaires régionaux en vue d’une sortie du conflit et d’une relance du processus politique inter-yéménite.  Plus d’un an après son annonce et sept mois après son expiration officielle, la trêve continue de porter ses fruits, s’est félicité M. Hans Grundberg, faisant part de son « optimisme prudent », tandis que le Yémen appelait le Conseil à exercer davantage de pression sur les houthistes et l’Iran afin qu’ils se tournent réellement vers la paix. 

Au sortir de ses rencontres avec le Président du Conseil présidentiel yéménite, à Aden, et les dirigeants d’Ansar Allah, la branche politique des houthistes, à Sanaa, ainsi qu’avec de hauts responsables régionaux et américains, l’Envoyé spécial s’est dit encouragé par des discussions qualifiées de « positives et détaillées ».  Toutes les parties sont déterminées à progresser vers un accord sur les mesures humanitaires et économiques, un cessez-le-feu permanent et la reprise d’un processus politique dirigé par les Yéménites sous les auspices de l’ONU, a précisé le haut fonctionnaire. 

Saluant les efforts continus que déploient l’Arabie saoudite et le Sultanat d’Oman pour soutenir le rôle de médiation de l’ONU, M. Grundberg s’est déclaré convaincu que les questions en suspens pourront être réglées et que les parties parviendront à un accord.  Elles ont l’obligation de faire fond sur les progrès réalisés à ce jour et de prendre des mesures décisives en vue d’une solution pacifique et globale, a-t-il dit, se félicitant d’un niveau d’hostilités nettement inférieur à celui d’avant la trêve d’avril 2022, de la libération le mois dernier de 887 prisonniers, mais aussi de la reprise des vols commerciaux à destination et en provenance de l’aéroport de Sanaa et de l’arrivée de navires commerciaux dans le port de Hodeïda.    

L’Envoyé spécial n’a toutefois pas caché son inquiétude face à la fragilité de la situation militaire et à l’état désastreux de l’économie.  À ce sujet, il s’est ému de l’incapacité du Gouvernement yéménite à exporter du pétrole et conséquemment à assurer ses obligations envers la population.  Il a aussi pointé l’incohérence des politiques financières et économiques menées dans différentes provinces du pays, avant de regretter l’absence de coopération entre les parties sur les questions monétaires et financières. 

Pour M. Grundberg, la seule voie à suivre est de forger un nouveau partenariat politique et d’apporter la promesse d’un avenir sûr et économiquement stable, dans lequel les institutions de l’État fonctionneraient efficacement et où le Yémen retrouverait des relations pacifiques avec ses voisins.  Un avis partagé par le représentant du Yémen, qui, tout en vantant les actions de son gouvernement, a applaudi les efforts régionaux et internationaux en faveur de la paix dans son pays.  Il n’a cependant pas manqué d’accuser les houthistes d’enflammer le conflit, de manquer de sérieux dans les pourparlers et de violer les droits humains, avant d’appeler le Conseil à accentuer ses pressions sur cette milice rebelle et son allié iranien pour faire cesser les souffrances humanitaires. 

Sur ce point, la Directrice de la Division des opérations et du plaidoyer du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a confirmé que les services de base restent hors de portée pour des millions de Yéménites.  Mme Edem Wosornu a indiqué qu’au premier trimestre, les organisations humanitaires sont venues en aide à plus de 11 millions de personnes par mois, les faisant bénéficier d’une assistance alimentaire et d’un meilleur accès à l’eau potable et à l’assainissement.  Regrettant que des obstacles à l’acheminement de l’aide subsistent dans les zones contrôlées par les houthistes, elle a aussi rappelé que, depuis le début de l’année, environ 80% des besoins humanitaires au Yémen ne sont pas financés. 

Face à cette situation, la Chine a appelé les donateurs à assurer le plein financement des opérations humanitaires de l’ONU au Yémen et a souhaité que les parties lèvent leurs restrictions.  Le Brésil et les trois membres africains du Conseil, représentés par le Ghana, ont eux aussi défendu cette position, exhortant les parties à faciliter le passage sûr, rapide et sans entrave de l’aide.  Il est crucial d’assurer l’avenir des enfants du Yémen, sous peine de les voir gagner les camps d’entraînement des houthistes, ont plaidé les Émirats arabes unis, non sans inviter les parties à profiter de la dynamique actuelle pour parvenir à un accord politique. 

À son tour, la France a encouragé les parties à mettre à profit le contexte favorable actuel pour conclure un accord de cessez-le-feu national durable.  Pour la Fédération de Russie, l’absence de confrontations militaires d’ampleur, même sans trêve officielle, témoigne que les parties souhaitent trouver des solutions pour mettre un terme définitif au conflit.  La délégation a d’autre part fait valoir que l’objectif de la communauté internationale doit être de parvenir à un règlement global au Yémen, et non de favoriser les intérêts de « certains » dans le domaine énergétique. 

L’Albanie a, pour sa part, sommé les houthistes de participer de bonne foi aux négociations, rejointe par le Japon, qui a néanmoins loué le dépassement par les parties au conflit de leurs divergences. Même constat de la part des États-Unis, pour qui « il existe aujourd’hui une réelle chance à saisir au Yémen pour l’instauration d’une paix durable ».  Cette dynamique positive doit se concrétiser par un règlement politique inter-yéménite inclusif sous l’égide des Nations Unies, a ajouté la Suisse, qui, à l’instar de la plupart des délégations, a salué tous les efforts de paix en cours, et notamment l’engagement d’Oman et de l’Arabie saoudite. 

S’agissant enfin de l’opération de sauvetage du pétrolier Safer, que tous ont appuyée, le Royaume-Uni a appelé à des contributions supplémentaires pour désamorcer cette « bombe à retardement environnementale », prévenant que nul ne voudra payer pour nettoyer une marée noire en cas de rupture de la coque du navire.  Plus largement, Mme Yasmeen Al-Eryani, Codirectrice exécutive du Centre d’études stratégiques de Sanaa, a insisté sur l’importance d’assurer la « justice écologique » au Yémen, qu’il s’agisse de cette catastrophe potentielle ou de l’atténuation des changements climatiques.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

M. HANS GRUNDBERG, Envoyé spécial pour le Yémen, a indiqué que, depuis son précédent exposé au Conseil de sécurité, il a poursuivi son dialogue avec les parties yéménites et les interlocuteurs régionaux pour établir un cessez-le-feu et lancer un processus politique.  Il a ainsi rencontré le Président du Conseil présidentiel, M. Rashad Al-Alimi, à Aden, et les dirigeants d’Ansar Allah, la branche politique des houthistes, à Sanaa.  Il a aussi pu s’entretenir avec de hauts responsables régionaux et yéménites à Riyad et à Abou Dhabi, ainsi qu’avec de hauts responsables américains à Washington. Se disant « encouragé » par ces discussions « positives et détaillées », il a estimé que ses interlocuteurs ont démontré leur compréhension de l’immensité des enjeux et ont fait preuve d’une volonté de s’engager de manière constructive sur la voie à suivre. Toutes les parties sont déterminées à progresser vers un accord sur les mesures humanitaires et économiques, un cessez-le-feu permanent et la reprise d’un processus politique dirigé par les Yéménites sous les auspices de l’ONU, a précisé le haut fonctionnaire.  Saluant les efforts continus de l’Arabie saoudite et du Sultanat d’Oman pour soutenir le rôle de médiation de l’ONU, il s’est déclaré convaincu que les questions en suspens pourront être réglées et que les parties pourront parvenir à un accord.  Elles ont l’obligation de faire fond sur les progrès réalisés à ce jour et de prendre des mesures décisives en vue d’une solution pacifique et globale, a-t-il dit. 

M. Grundberg a ensuite insisté sur les « fruits » de la trêve, qui a créé un environnement propice et un point de départ pour les prochaines étapes, comme en témoignent la reprise des vols commerciaux à destination et en provenance de l’aéroport de Sanaa et l’arrivée de navires commerciaux au port de Hodeïda.  Si des incidents militaires sporadiques continuent de se produire, les niveaux d’hostilités sont nettement inférieurs à ceux d’avant la trêve, s’est félicité l’Envoyé spécial.  Il a toutefois jugé que la fragilité de la situation militaire, l’état désastreux de l’économie et les autres défis rendent « vitale » la conclusion d’un accord plus global entre les parties. 

Dans ce contexte, l’Envoyé spécial n’a pas caché son inquiétude face à la persistance de violences sur les lignes de front, notamment à Jaouf, Taez, Mareb et Saada, et a souligné la nécessité d’un cessez-le-feu officiel.  Il s’est aussi dit préoccupé par l’incapacité du Gouvernement yéménite à exporter du pétrole, ressource qui a généré plus de la moitié des recettes publiques totales l’an dernier, ce qui l’empêche d’assurer ses obligations envers la population.  M. Grundberg a d’autre part relevé que des politiques financières et économiques incohérentes dans différentes provinces ont durement frappé les citoyens et les entreprises.  Selon lui, le manque de coopération entre les parties sur les questions monétaires et financières signifie que ces défis vont s’aggraver et potentiellement s’enraciner. 

Ces défis laissent toutefois de la place à un « optimisme prudent », a poursuivi l’Envoyé spécial, qui a énuméré les mesures positives supplémentaires prises par les parties, comme la libération le mois dernier de 887 détenus.  Il a souhaité que ces libérations renforcent la confiance entre les parties et favorisent un environnement propice au dialogue, avant de rappeler que des milliers d’autres personnes restent détenues. Il a donc appelé les parties à libérer tous les prisonniers liés au conflit, conformément à l’Accord de Stockholm. Par ailleurs, prenant note de la récente libération de quatre journalistes, M. Grundberg a regretté que ces professionnels continuent de faire l’objet de menaces, de harcèlement, d’emprisonnement et de confiscation de leurs bureaux et de leurs biens.  Il faut libérer immédiatement toutes les personnes en détention arbitraire, y compris les journalistes, les défenseurs des droits humains, les opposants politiques et les autres civils, a-t-il plaidé. 

Pour l’Envoyé spécial, la pierre angulaire d’un accord sur la voie à suivre doit être la reprise d’un processus politique dirigé par les Yéménites sous les auspices de l’ONU.  Jugeant que les défis du Yémen ne peuvent être résolus par des solutions partielles ou temporaires, il a fait valoir que seul un processus politique inclusif et global peut forger durablement un nouveau partenariat politique et apporter la promesse d’un avenir sûr et économiquement stable, dans lequel les institutions de l’État fonctionnent efficacement et où le Yémen retrouve des relations pacifiques avec ses voisins.  Ce processus politique devra aborder des questions complexes sur l’avenir à long terme du Yémen et doit commencer dès que possible, a encore pressé M. Grundbreg, avant de souligner l’importance de la participation des femmes, des jeunes et de la société civile dans tous les aspects du processus de paix.  Il faut leur donner la possibilité de répondre à leurs priorités et d’apporter leurs points de vue et leur expertise, a-t-il affirmé.  En conclusion, il a dit compter sur l’engagement et l’unité du Conseil au sujet du Yémen, à court terme et à long terme, « au moment où le pays dessine la voie vers un avenir plus pacifique et plus prospère qui réponde aux aspirations du peuple yéménite ». 

Au nom du Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, M. MARTIN GRIFFITHS, la Directrice de la Division des opérations et du plaidoyer du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), Mme EDEM WOSORNU, a exprimé l’espoir de voir cette « terrible » guerre prendre fin avec un accord de paix durable.  Tandis que les services de base et la sécurité restent hors de portée pour des millions de personnes, elle a exhorté les parties à saisir cette occasion pour mettre fin au conflit.  Au cours du premier trimestre de 2023, les organisations humanitaires, y compris les ONG locales, sont venues en aide à plus de 11 millions de personnes par mois, alors que 10 millions ont bénéficié d’une aide alimentaire et près d’un million d’un meilleur accès à l’eau potable et à l’assainissement.  Cependant, l’acheminement de l’aide humanitaire continue de se heurter à des obstacles d’accès chroniques, principalement dans les zones contrôlées par les autorités de facto houthistes, a prévenu Mme Wosornu.  Les restrictions imposées aux déplacements des travailleurs humanitaires yéménites ont gravement perturbé la capacité des agences à fonctionner et à atteindre les personnes dans le besoin, en particulier les femmes et les filles.  De même, les entraves imposées aux évaluations des besoins humanitaires, qui s’ajoutent aux contraintes administratives, ont entraîné des retards. L’amélioration de l’environnement opérationnel était pourtant l’un des principaux objectifs de la récente mission au Yémen du Groupe des directeurs d’urgence, qui a tenu des discussions productives sur cette question avec les autorités de facto et le Gouvernement yéménite.  Mme Wosornu a rappelé aux parties leur obligation, au titre du droit international humanitaire, de faciliter le passage rapide et sans entrave des secours d’urgence. 

Depuis le début de l’année, environ 80% des besoins humanitaires au Yémen ne sont pas financés, s’est alarmée la Directrice, ce qui menace de plus en plus la capacité de l’OCHA à fournir une assistance vitale.  Parmi les éléments les plus affectés, elle a souligné le soutien aux migrants et aux réfugiés.  Des fonds supplémentaires sont également nécessaires pour financer les opérations du pétrolier Safer, coordonnées par l’ONU.  Mme Wosornu a salué l’annonce, le 4 mai, d’une contribution de 8 millions de dollars par le Royaume-Uni et les Pays-Bas.  De plus, un navire de remplacement est arrivé à Djibouti le 7 mai, tandis que le navire de sauvetage Ndeavor y est attendu le 22 mai, afin que l’opération puisse commencer avant la fin du mois.  Alors que les besoins humanitaires urgents diminuent, nous devons renforcer la capacité du Yémen à se redresser, a continué la Directrice, en expliquant que l’ONU prépare un cadre économique révisé tenant compte des moteurs économiques qui sous-tendent les besoins humanitaires dans le pays.  La communauté humanitaire soutient ces efforts en investissant dans l’action contre les mines, qui continuent de tuer et de mutiler des civils, et dans les communautés déplacées et les rapatriés.  Le moment est venu pour les parties de se tourner résolument vers la paix et la fin de ce conflit, a plaidé Mme Wosornu, en demandant le plein appui de la communauté internationale. 

Mme YASMEEN AL-ERYANI, Codirectrice exécutive du Centre d’études stratégiques de Sanaa, a indiqué qu’il est temps que les armes se taisent au Yémen et que les voix des Yéménites se fassent entendre.  Elle a assuré que les femmes, les jeunes et toutes les composantes de la société yéménite sont capables de reconstruire le pays et de façonner son avenir.  Elle a également souligné la responsabilité partagée de la communauté internationale dans la sortie de crise du pays.  Cette responsabilité morale est double pour tous les acteurs qui se sont impliqués, de près ou de loin, dans ce conflit, a-t-elle déclaré.  Elle a estimé que tout accord au Yémen doit se conclure sous les auspices de l’ONU, avant de rappeler la nécessité pour les Yéménites de pouvoir exprimer leurs doléances.  « Tout accord de paix précipité qui ne rendrait pas justice aux Yéménites, ne mettrait pas un terme au conflit et n’améliorerait pas la stabilité régionale. »  La justice ne doit jamais être sacrifiée au profit de la sécurité, a-t-elle tranché. 

Mme Al-Eryani a aussi exhorté la communauté internationale à protéger les femmes, tant les libertés et droits de ces dernières ont connu un recul sans précédent au Yémen.  Cela inclut le droit à un emploi, l’éducation, la liberté de mouvement et une visibilité dans l’espace public.  Ces droits fondamentaux ne doivent pas être bafoués, a-t-elle souligné, dénonçant la passivité de la communauté internationale devant les discriminations frappant les femmes. « Si nous ne luttons pas plus vigoureusement, nous pourrions alors nous retrouver devant une situation cauchemardesque où les femmes seraient totalement effacées de l’espace public. »  Enfin, cette représentante de la société civile yéménite a insisté sur l’importance d’assurer la « justice écologique » au Yémen, en rappelant la menace posée par le pétrolier Safer.  Elle a également souhaité que son pays ait accès aux fonds prévus pour l’atténuation des effets des changements climatiques.

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a salué les progrès réalisés dans le sauvetage en cours du pétrolier Safer en soulignant que personne ne veut collecter les 20 milliards de dollars qui seraient nécessaires pour nettoyer une marée noire en cas de rupture de sa coque.  La représentante a donc appelé à des contributions supplémentaires pour désamorcer cette « bombe à retardement » environnementale, qui aurait également un impact sur le commerce mondial, les moyens de subsistance de millions d’individus et l’acheminement d’une aide d’urgence au Yémen.  Notant les progrès accomplis par les parties pour tirer parti des conditions favorables à la trêve au cours de l’année écoulée, la représentante les a exhortées à poursuivre leur engagement constructif dans un esprit de compromis. Un processus de paix inclusif sous les auspices de l’ONU est le seul moyen de mettre fin à cette terrible guerre, a-t-elle insisté, et le Conseil doit faire preuve d’unité dans ce dossier.

M. GENG SHUANG (Chine) s’est félicité que les parties maintiennent, depuis un certain temps, une communication étroite sur le règlement politique du conflit au Yémen, tout en s’efforçant de mettre un terme aux souffrances de la population.  Il a appelé à intensifier le dialogue et les consultations, à fixer des attentes raisonnables et à faire preuve de souplesse pour parvenir à des solutions mutuellement acceptables aux questions en suspens.  Bien que la situation sur le terrain se soit récemment améliorée, des échanges de tirs sporadiques se poursuivent en plusieurs endroits, a déploré le représentant, avant d’exhorter les parties à mettre les intérêts de la population au premier plan et à respecter les solutions pacifiques afin de parvenir à un cessez-le-feu global.  Dans ce contexte, la communauté internationale doit selon lui renforcer son action humanitaire et ses investissements dans le développement du pays. Le représentant a appelé les donateurs à assurer le plein financement des opérations humanitaire des Nations Unies au Yémen et a souhaité que les parties lèvent les restrictions qui freinent l’acheminement de l’aide.  Il a enfin affirmé que le règlement politique au Yémen ne saurait être séparé des dynamiques régionales, se félicitant à cet égard de l’esprit de réconciliation et de solidarité qui se fait jour entre les pays du Moyen-Orient, avec l’appui de la Chine.

Au nom des A3 (Gabon, Ghana et Mozambique), M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) s’est félicité du climat d’optimisme que suscitent les échanges entre les parties prenantes en vue d’une solution durable au conflit yéménite.  Toute tentative d’inverser les progrès ne doit pas être tolérée, a averti le représentant, appelant à un processus politique mené et dirigé par les Yéménites. Il a souligné l’importance de tirer parti de la libération d’environ 900 détenus liés au conflit le mois dernier. La voie vers une paix durable dépend de l’engagement des parties à maintenir un cessez-le-feu et à donner au peuple yéménite la possibilité de prendre en main son avenir politique, a-t-il affirmé, insistant sur l’importance d’une participation effective des femmes aux processus politiques afin de parvenir à une paix durable. 

Malgré ces motifs d’espoir, le représentant s’est dit préoccupé par la fermeture des routes menant à Taëz et par le non-paiement des salaires des fonctionnaires dans les territoires contrôlés par les houthistes.  Il a souhaité que ces derniers démontrent leur plein attachement au processus de paix alors que la situation sécuritaire reste fragile.  Il s’est aussi alarmé de la détérioration de la situation humanitaire, souhaitant que soient réglés de toute urgence les problèmes qui sapent les efforts des secours, y compris les restrictions d’accès et les interférences dans les activités humanitaires.  Les parties doivent faciliter le passage sûr, rapide et sans entrave de l’aide, a plaidé le délégué.  Il a d’autre part déploré l’obligation faite aux femmes d’être accompagnées de tuteurs masculins dans les zones contrôlées par les houthistes.  Enfin, après avoir alerté sur les risques liés aux mines terrestres et appelé à la communauté internationale à soutenir l’économie du pays, il a encouragé les parties à coopérer avec l’ONU pour permettre un transfert sûr et rapide de la cargaison du pétrolier Safer vers le transporteur nouvellement acquis. 

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) s’est félicité de la dynamique en cours au Yémen alors que les parties poursuivent leurs discussions avec l’Envoyé spécial Grundberg ainsi que leurs pourparlers facilités par Oman.  Il a toutefois prévenu que tout accord de cessez-le-feu doit se traduire par des avantages tangibles pour la population civile, y compris la reprise des exportations de pétrole et des opérations à l’aéroport de Sanaa.  La crise humanitaire au Yémen continue cependant d’être l’une des pires au monde, affectant les deux tiers de la population du pays.  Le représentant a exhorté les autorités nationales à assurer un accès sûr et sans entrave des organisations humanitaires à l’ensemble du territoire yéménite.  Il s’est également félicité du sauvetage par les Nations Unies du pétrolier Safer, avec l’appui des donateurs, ce qui a permis selon lui d’éviter une grave crise environnementale aux effets dévastateurs sur la situation humanitaire.

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a salué tous les efforts de paix en cours au Yémen et l’accalmie qui y règne, avant de souhaiter un cessez-le-feu durable.  Elle s’est aussi réjouie de l’engagement d’Oman et de l’Arabie saoudite et a exhorté les acteurs, en particulier les houthistes, à faire fond sur la dynamique positive actuelle.  Le dialogue est le seul moyen de parvenir à un accord politique, a assuré la déléguée. Elle a souligné la gravité de la situation humanitaire au Yémen, demandant un accès humanitaire sans entraves.  Elle a appelé à la levée de toutes les restrictions rencontrées par les organisations humanitaires et les travailleuses humanitaires.  Il est crucial d’assurer l’avenir des enfants du Yémen, sous peine de les voir gagner les camps d’entraînements des houthistes, a conclu la déléguée. 

Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) a appelé à la poursuite du dialogue au Yémen, avant de saluer l’engagement d’Oman et de l’Arabie saoudite.  L’unité du Conseil reste vitale pour la paix et la réconciliation au Yémen, a-t-elle dit.  Les houthistes doivent participer de bonne foi aux négociations, a poursuivi la déléguée, en appelant à un cessez-le-feu permanent dans tout le pays.  Elle a condamné toutes les restrictions rencontrées par les organisations humanitaires et par les travailleuses humanitaires.  Enfin, la représentante a déploré les enlèvements au Yémen, espérant une résolution rapide de la menace posée par le pétrolier Safer

M. ANDRÉS EFREN MONTALVO SOSA (Équateur) s’est félicité de la volonté constructive de dialogue entre les acteurs clefs du conflit au Yémen au niveau local, de l’attitude proactive des pays de la région et de l’engagement de la communauté internationale.  Reste que des attaques comme celles perpétrées dans les provinces de Chaboua et Mareb en mars, ou des événements regrettables tels que la bousculade meurtrière à Sanaa en avril, menacent de fragiliser les progrès réalisés dans les négociations politiques, a-t-il fait observer.  Le représentant a également jugé important de poursuivre la deuxième phase de libération des détenus, dans le cadre de l’accord conclu à ce sujet et avec le soutien de l’ONU et du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).  De telles actions ouvrent la voie à l’établissement d’un système transparent de justice et de responsabilité, condition sine qua non du rétablissement de l’état de droit dans le pays, a-t-il souligné.  Sa délégation est cependant préoccupée par le fait que, malgré le nombre alarmant de Yéménites déplacés et de nécessiteux, des obstacles empêchent les personnels humanitaires, en particulier les femmes, d’accéder aux zones les plus démunies du territoire.  Le représentant a enfin salué le travail des parties impliquées dans la résolution de la situation du pétrolier Safer, ainsi que les contributions des donateurs, qui permettront bientôt le début de la première phase de transfert de pétrole vers le Nautica

Mme ISIS MARIE DORIANE JARAUD-DARNAULT (France) s’est félicitée de la poursuite de la trêve de facto sur le terrain, bien que la volatilité de la situation appelle à la vigilance.  Il importe selon elle de mettre à profit ce contexte favorable pour conclure un accord de cessez-le-feu national durable.  À cet égard, elle a jugé encourageant l’accord conclu le 20 mars dernier sur des échanges de prisonniers.  La déléguée a également souligné l’importance du Mécanisme de vérification et d’inspection des Nations Unies, qui pourrait cesser de fonctionner cet été, faute de financement.  Sur le plan diplomatique, elle a salué l’engagement de l’Arabie saoudite, d’Oman et d’autres acteurs régionaux afin de favoriser la reprise du processus politique sous l’égide des Nations Unies.  Seule une solution politique globale et inclusive tenant compte des intérêts de tous les Yéménites permettra de mettre fin au conflit, a-t-elle ajouté, appelant à associer les femmes yéménites aux discussions.  Grâce à l’Initiative de la mer Noire, le Programme alimentaire mondial (PAM) a été en mesure d’acheminer des céréales ukrainiennes au Yémen, a-t-elle ensuite rappelé, une opération à laquelle la France a contribué à hauteur de 6 millions d’euros.  Enfin, après avoir appelé les houthistes à mettre un terme aux restrictions imposées aux travailleurs humanitaires, la représentante a remercié le Royaume-Uni et les Pays-Bas d’avoir organisé une conférence des donateurs pour permettre le sauvetage du pétrolier Safer, précisant que la France a annoncé à cette occasion une nouvelle contribution de 1 million d’euros.

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a salué la durable accalmie qui règne au Yémen, avant de se féliciter des mesures prises pour restaurer la confiance, telles que les échanges de prisonniers.  « Nous appelons les parties à faire fond sur cette accalmie et cet élan positif pour mener un dialogue inclusif en vue d’un cessez-le-feu permanent », a-t-elle déclaré.  La représentante a appelé à remédier à la marginalisation des femmes dans les différents processus de négociation.  Elle a souligné l’acuité de la situation humanitaire au Yémen, en rappelant que plus de 21 millions de personnes ont besoin d’aide.  Répondre à cette crise doit rester la priorité des négociations, a-t-elle dit.  Enfin, la déléguée a condamné toutes les restrictions imposées aux organisations et aux personnels humanitaires.

Mme SHINO MITSUKO (Japon) a salué les mesures prises en vue d’un cessez-le-feu complet au Yémen et de négociations politiques inclusives sous les auspices des Nations Unies.  Les efforts des parties au conflit et des pays de la région doivent selon elle encourager un processus politique mené et dirigé par les Yéménites.  Saluant le fait que les parties aient su dépasser leurs divergences dans leurs récentes communications, elle les a appelées à mettre en œuvre de bonne foi les accords conclus dans le cadre du processus politique. La représentante a mis l’accent sur le rôle essentiel de la médiation des Nations Unies pour atteindre une stabilité à long terme au Yémen.  Elle a d’autre part attiré l’attention du Conseil sur les souffrances de la population yéménite, qui est victime de la pire crise humanitaire que le monde ait connue. 

La représentante a ensuite rappelé que le G7, actuellement sous présidence japonaise, a demandé aux parties de lever tous les obstacles à la fourniture d’une assistance humanitaire, en particulier s’agissant des femmes et des filles.  Elle a demandé au Conseil de tout faire pour s’assurer de la poursuite de cette aide. Estimant par ailleurs que la stabilité politique dépend en grande partie de la stabilité économique, elle a invité la communauté internationale à favoriser la reprise de l’économie yéménite. Enfin, s’agissant du sauvetage du pétrolier Safer, elle a souhaité que soit mis en œuvre le plan « SOS Safer » du G7, annoncé récemment.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a estimé que la situation actuelle au Yémen inspire un « optimisme prudent ».  L’absence de confrontations militaires de grande ampleur, même sans trêve officielle, témoigne selon lui que les parties souhaitent trouver des solutions pour mettre un terme définitif au conflit et reprendre le dialogue politique.  La stabilisation régionale a également permis la création d’une atmosphère propice au Yémen, a-t-il noté.  À cet égard, il s’est félicité des efforts de médiation déployés par l’Arabie saoudite et Oman afin de consolider la cessation des opérations militaires et de mettre un terme à la crise humanitaire.  La communauté internationale a, selon lui, pour objectif général de parvenir à un règlement global, « et non la poursuite des intérêts de certains dans le domaine énergétique ».  Toutefois, a-t-il noté, la situation humanitaire reste difficile alors que perdurent les pénuries de vivres et de médicaments.

« C’est un moment d’espoir pour le Yémen », a déclaré M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis), en saluant l’engagement d’Oman et de l’Arabie saoudite dans les pourparlers entre les parties au conflit. Il a encouragé ces dernières à dépasser les divergences qui demeurent en vue d’un accord, tout en demandant que les jeunes, les femmes et les groupes marginalisés participent au processus politique.  Le représentant a également enjoint aux parties de continuer à coopérer avec l’Envoyé spécial pour le Yémen.  Il a ensuite souligné la gravité de la situation humanitaire, avant d’appeler les donateurs à remédier aux besoins en financement.  Par ailleurs, tout en se félicitant des récentes libérations de prisonniers, il a souhaité que soit remis en liberté un travailleur humanitaire détenu depuis 18 mois au Yémen.  Enfin, après avoir rappelé la menace environnementale imminente posée par le pétrolier Safer et salué les efforts visant à y remédier, il a estimé qu’il existe aujourd’hui « une réelle chance à saisir au Yémen pour l’instauration d’une paix durable ». 

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a salué tous les efforts de paix en cours, en particulier l’engagement d’Oman et de l’Arabie saoudite.  Jugeant crucial de capitaliser sur l’élan actuel, elle a invité toutes les parties impliquées à tout faire pour que les dialogues menés actuellement puissent aboutir.  Cette dynamique positive doit se manifester par la concrétisation d’un règlement politique intra-yéménite inclusif sous l’égide des Nations Unies, a-t-elle affirmé.  À cet égard, la représentante a jugé essentiel que la participation pleine, égale et significative des femmes puisse se faire libre de menaces ou de représailles. Elle a également condamné toutes les restrictions rencontrées par les organisations humanitaires et surtout par les travailleuses humanitaires.  Enfin, elle a rappelé à toutes les parties leur obligation, en vertu du droit international humanitaire, d’autoriser et de faciliter, y compris par l’octroi des documents nécessaires au personnel humanitaire, l’acheminement rapide, sûr et sans entrave de l’aide humanitaire.

M. ABDULLAH ALI FADHEL AL-SAADI (Yémen) a salué les efforts régionaux et internationaux déployés en faveur de la paix au Yémen, y compris les efforts de médiation de l’Arabie saoudite et d’Oman afin de mettre fin au conflit et de parvenir à une paix globale et durable fondée sur l’Initiative du Golfe et son mécanisme exécutif, les résultats de la conférence de dialogue national et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Toutefois, a-t-il déploré, la milice houthiste a choisi d’« enflammer le conflit », sans se soucier des souffrances des Yéménites et de leurs espoirs de paix et de stabilité.  Dénonçant le « manque de sérieux » des houthistes dans la gestion des efforts de paix, le représentant a accusé cette milice d’exacerber la crise humanitaire et de commettre des violations du droit international humanitaire et des droits humains, notamment des droits des femmes. « Ils recrutent nos enfants de force, minent nos terres et appauvrissent nos communautés », a-t-il accusé, ajoutant que, depuis plus de huit ans, les habitants de la ville de Taëz sont à la merci du siège mis en place par les houthistes, en violation des engagements pris lors de la trêve et des dispositions de l’Accord de Stockholm.  Le représentant a appelé la communauté internationale et le Conseil de sécurité à assumer les responsabilités qui leur incombent et à exercer davantage de pression sur les houthistes et sur l’Iran afin qu’ils se tournent vers la paix et mettent fin aux souffrances humanitaires. 

À la lumière des défis économiques et humanitaires actuels, de l’impact des attaques de la milice houthiste sur le secteur pétrolier et de son pillage continu des recettes fiscales, le Gouvernement yéménite déploie de grands efforts pour alléger les souffrances de la population et assurer les services de base, a assuré le représentant.  Il a demandé aux organisations internationales de renforcer leur assistance économique et humanitaire ainsi que leur aide au développement afin de contribuer à la stabilité économique du pays et d’alléger les souffrances de la population.  Le délégué a d’autre part salué la « flexibilité » dont ont fait preuve l’Arabie saoudite, l’Envoyé spécial des Nations Unies et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) pour permettre l’échange de prisonniers entre le Gouvernement et les houthistes.  De même, il s’est félicité des progrès réalisés dans l’opération de sauvetage du pétrolier Safer, remerciant le Royaume-Uni et les Pays-Bas pour leur contribution financière qui a permis de mettre en œuvre le plan d’urgence dirigé par les Nations Unies.

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