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Conseil de sécurité: les États-Unis mettent leur veto à un projet de résolution exigeant un cessez-le-feu humanitaire immédiat à Gaza

9552e séance - matin
CS/15595

Conseil de sécurité: les États-Unis mettent leur veto à un projet de résolution exigeant un cessez-le-feu humanitaire immédiat à Gaza

Ce matin, le Conseil de sécurité a une nouvelle fois échoué à adopter un projet de résolution exigeant un cessez-le-feu humanitaire immédiat à Gaza, du fait du veto des États-Unis.  Le texte, présenté par l’Algérie, a recueilli le soutien de 13 des 15 membres du Conseil. Le Royaume-Uni s’est abstenu et les États-Unis ont utilisé leur droit de veto pour la troisième fois, comme les 18 octobre et 8 décembre 2023. 

Le texte exigeait un cessez-le-feu humanitaire immédiat et la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages, rejetait le déplacement forcé de la population civile palestinienne et demandait à nouveau que soit ménagé un plein accès humanitaire rapide, sûr et sans entrave dans l’ensemble de la bande de Gaza. 

« Combien de vies innocentes peuvent-elles être sacrifiées avant que le Conseil de sécurité estime nécessaire d’appeler à un cessez-le-feu? » a demandé l’Algérie en présentant son projet de résolution.  Qualifiant son texte d’équilibré, elle a estimé que s’y opposer revenait à « endosser le châtiment collectif imposé aux Palestiniens ». 

De leur côté, les États-Unis et le Royaume-Uni ont affirmé qu’une telle résolution aurait nui aux négociations délicates en cours pour la libération des otages.  Les États-Unis ont plaidé en faveur d’un texte alternatif qui appellerait à un cessez-le-feu temporaire « dès que possible » et condamnerait les attaques du 7 octobre par le Hamas.  Le Royaume-Uni a lui aussi appelé à la fin des combats « dès que possible », tout en garantissant que le Hamas ne puisse réitérer des « attaques terroristes épouvantables ». 

Jugeant fallacieux l’argument selon lequel le texte entraverait les efforts diplomatiques, la Chine a estimé que la passivité des États-Unis ressemblait à un « feu vert pour la poursuite des hostilités », faisant courir le risque d’un embrasement régional.  Elle a estimé que leur veto foulait aux pieds le droit international, invoquant, à l’instar de plusieurs délégations, d’une part, la lettre adressée au Conseil de sécurité par le Secrétaire général en vertu de l’Article 99 de la Charte des Nations Unies et, d’autre part, les ordonnances de la Cour internationale de Justice (CIJ), du 26 janvier dernier. 

Se disant « déçue et frustrée » de l’obstruction par les États-Unis de cette tentative d’aboutir à un cessez-le-feu, l’Égypte, rappelant son rôle de médiatrice, a affirmé qu’un cessez-le-feu ne nuirait pas aux négociations en cours, mais au contraire les favoriserait.  Elle s’est fermement opposée au déplacement forcé des Palestiniens en vue de liquider leur cause.

De son côté, la Fédération de Russie a dénoncé le projet de résolution envisagé par les États-Unis qu’elle a qualifié de « protection accordée à son allié au Moyen-Orient » pour lui donner le temps d’expulser la population de Gaza.  « C’est une tentative de jouer la montre dans l’intérêt d’Israël », a-t-elle analysé, rappelant que le monde attend depuis cinq mois une action du Conseil.  Elle s’est opposée à la proposition américaine d’un cessez-le-feu temporaire qui « ne constitue pas une alternative au texte algérien », saluant au passage le professionnalisme de l’Algérie. 

Le bilan humain et la situation humanitaire à Gaza sont intolérables et les opérations israéliennes doivent cesser, a martelé la France, qui a par ailleurs estimé « incompréhensible et inacceptable » que ce Conseil n’ait toujours pas condamné les actes terroristes commis par le Hamas le 7 octobre, y voyant une « coupable ambiguïté ».  Sur la même ligne, l’Équateur a appelé à mettre un terme à une situation humanitaire qui ne cesse de faire des milliers de victimes innocentes, regrettant lui aussi que le texte n’ait pas inclus une condamnation expresse des actes terroristes commis par le Hamas. 

Comme de nombreuses délégations, la Slovénie a estimé qu’une attaque sur Rafah serait lourde de conséquences catastrophiques et « amènerait à un point de non-retour ».  Elle a ajouté qu’il serait grand temps que le Conseil « appuie sur la pédale de frein », l’appelant à « entendre la voix de la conscience mondiale ».  Un appel appuyé par la Sierra Leone qui a lancé: « Si nous n’agissons pas, nous allons décevoir les espoirs des 1,3 million de Palestiniens de Rafah qui nous ont suppliés d’agir, ainsi que ceux que toute l’humanité a placés en nous, membres du Conseil. » 

Cette question a fait l’unanimité parmi les membres du Conseil, les États-Unis indiquant qu’une qu’offensive militaire terrestre à Rafah n’était pas souhaitable et le Royaume-Uni s’inquiétant des conséquences terribles qu’elle pourrait avoir sur les civils qui y ont trouvé refuge. 

Appelant à sauver les vies des Palestiniens massés à Rafah, l’État de Palestine a affirmé qu’Israël persiste à violer les résolutions du Conseil de sécurité sur la situation humanitaire, ainsi que les mesures conservatoires demandées par la CIJ le 26 janvier dernier concernant la prévention du crime de génocide. 

Le bilan humain s’élève à 200 victimes par jour en raison de l’inaction du Conseil de sécurité, a comptabilisé le délégué palestinien.  « Quel seuil devra être franchi pour que le Conseil de sécurité agisse?  Quel crime est pire que celui de génocide? », s’est-il demandé.  L’histoire jugera durement l’État d’Israël, dont la crédibilité aux yeux des peuples du monde est déjà irrémédiablement entachée, a-t-il ajouté. 

Israël a dénoncé la « notion absurde de cessez-le-feu », indiquant que la seule formule acceptable était la libération des otages et la reddition du Hamas.  Estimant qu’un cessez-le-feu permettrait la survie du Hamas, il a dit que la CIJ avait rejeté la demande de l’Afrique du Sud en ce sens.  Dénonçant « la politique de l’autruche » adoptée par les Nations Unies, il les a appelées à remettre l’institution sur les bons rails en condamnant le Hamas. 

Qualifiant l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) « d’organisation terroriste », le délégué israélien a affirmé que 12% de ses membres font partie soit du Hamas soit du Jihad islamique.  « Les rapports disent qu’à Gaza, le Hamas c’est l’ONU, l’ONU c’est le Hamas », a-t-il martelé. 

Au nom du Conseil de coopération du Golfe (GCC), le Qatar s’est préoccupé du sous-financement de l’UNRWA, appelant les pays qui ont suspendu leurs contributions à les reprendre.  Il a regretté le rejet du texte de l’Algérie qu’il a qualifié de projet « humanitaire dans son essence ».  Des regrets partagés par la Tunisie, qui s’exprimait au nom du Groupe des États arabes, et qui a estimé que le Conseil n’assumait pas ses responsabilités morales et juridiques de garant du maintien de la paix et de la sécurité internationales. 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité se penche sur les crises sécuritaire et humanitaire dans l’est de la RDC, où les combats s’intensifient entre FARDC et groupes armés

9553e séance – après-midi
CS/15596

Le Conseil de sécurité se penche sur les crises sécuritaire et humanitaire dans l’est de la RDC, où les combats s’intensifient entre FARDC et groupes armés

Le Conseil de sécurité s’est réuni cet après-midi, à la demande de la France, pour examiner la détérioration de la situation sécuritaire dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).  Plus précisément dans la province du Nord-Kivu, frontalière du Rwanda, où les combats s’intensifient entre le Mouvement du 23 mars (M23) d’un côté, et les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ainsi que ses milices alliées de l’autre, a indiqué la Représentante spéciale du Secrétaire général en RDC, Mme Bintou Keita.

La haute fonctionnaire a fait état de nombreux pics de violence dans le Nord-Kivu et des défis auxquels la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO), qu’elle dirige, est actuellement confrontée. La situation semble tout particulièrement inquiétante autour de Sake et Goma, où les combats se sont intensifiés depuis l’expiration du cessez-le-feu le 28 décembre dernier.  Les progrès du M23 ont entraîné un redéploiement des FARDC et de nouveaux déplacements de populations massifs, y compris vers la province voisine du Sud-Kivu.  Mme Keita a décrit une situation humanitaire « désastreuse » à Goma, où vivent 2 millions de personnes, et où des sites de déplacés ont été pris pour cible.  Plus de 400 000 personnes ont désormais trouvé refuge dans la ville, dont 65 000 au cours des deux dernières semaines, provoquant « une hausse spectaculaire des cas de choléra » en raison du manque d’eau potable, d’hygiène et d’assainissement adéquat. 

Conséquence du redéploiement des forces belligérantes, un « vide sécuritaire » dans certains territoires du Nord-Kivu a attiré de nouveaux combattants du Sud-Kivu.  Ceux-ci s’adonnent à des violations graves des droits humains: la Cheffe de la MONUSCO a parlé « d’exécutions sommaires, de blessures, d’enlèvements, d’appropriations et de destructions de biens, de déplacements forcés » ainsi que de violences sexuelles.  Elle a pointé du doigt de nombreux groupes et milices, dont les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et le M23, qui, toujours d’après Mme Keita, procèdent au recrutement d’enfants soldats dans les villages placés sous son contrôle.

Dans un tel contexte, le retrait anticipé de la MONUSCO du Sud-Kivu, programmé dans moins de deux mois, a suscité une grande préoccupation parmi les délégations. « Le Conseil doit suivre de près le retrait de la MONUSCO », ont exhorté les États-Unis, rappelant que le plan de désengagement prévoyait que les forces congolaises fassent d’abord leurs preuves en matière de sécurité avant que les Casques bleus s’en aillent. Pour les membres africains du Conseil de sécurité plus un (A3+1), des mesures doivent être prises pour éviter un « vide sécuritaire » qui engendrerait une avancée plus profonde des groupes armés. La Fédération de Russie a aussi estimé qu’un retrait précipité des Casques bleus aurait un effet « très négatif » sur la population civile. 

D’autre part, une campagne de désinformation en ligne dirigée contre la MONUSCO -organisée depuis l’extérieur du pays, selon Mme Keita- entraîne des conséquences très réelles sur le terrain pour les soldats de la Mission, mais aussi pour le personnel des Nations Unies présent en RDC ainsi que les différentes missions diplomatiques.  Elles se font ressentir jusqu’à Kinshasa, où de récentes manifestations violentes ont menacé le personnel de l’ONU et le corps diplomatique.  Mme Keita a dit avoir été contrainte de restreindre les déplacements de personnel et d’instaurer le télétravail plusieurs jours durant.

Plusieurs membres du Conseil, à l’instar du Japon, ont appelé au respect de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de la RDC.  Malte n’a nommé aucun pays, mais noté que les ressources de la RDC demeuraient vulnérables à des attaques de « prédateurs ».  Le rôle présumé du Rwanda dans son soutien à des groupes armés a été évoqué par la France de manière plus directe.  Cette dernière a en effet dénoncé les attaques perpétrées le 7 février par le M23 contre la ville de Sake, « avec le soutien du Rwanda », considérant que ce groupe armé devait être neutralisé. Pour la France, un seuil a été franchi avec le déploiement et l’utilisation sur le sol congolais de systèmes antiaériens ne correspondant pas aux capacités d’un simple groupe armé. La délégation a enfin rappelé sa proposition faite avec le Royaume-Uni et les États-Unis d’inscrire sur la liste des sanctions de l’ONU six individus supplémentaires appartenant au M23 et aux FDLR. « Les forces rwandaises doivent se retirer du territoire congolais », ont estimé pour leur part les États-Unis, jugeant paradoxal que le Rwanda, pays contributeur de troupes au maintien de la paix de l’ONU, puisse prendre des mesures contre une mission 

« L’illusion de grandeur que se fait le Rwanda le pousse à croire qu’il a acquis un droit naturel de se mêler impunément des affaires internes de ses voisins », a martelé la RDC, estimant que le M23 est son « bras armé en RDC » et l’accusant d’être une des causes principales de la crise sécuritaire dans l’est de la RDC ainsi que dans la région des Grands Lacs.  La délégation congolaise a aussi accusé Kigali de bloquer les initiatives de paix issues des processus de Nairobi et de Luanda, ainsi que de vouloir constituer une « colonie d’exploitation et de peuplement » en RDC afin de contrôler les institutions congolaises. De son point de vue, le Conseil devrait exiger du Rwanda qu’il retire sans condition ses troupes de la RDC et cesse tout soutien aux membres du M23, qu’il a qualifiés de « terroristes ». En réponse, le Rwanda a accusé la RDC de vouloir renforcer une coalition militaire comprenant les FARDC, des mercenaires européens, des FDLR, ainsi que l’armée burundaise.  Il a aussi accusé ses voisins congolais et burundais de « vouloir un changement de régime au Rwanda ».

Soucieux d’apaisement, plusieurs membres du Conseil comme le Royaume-Uni, le Japon, l’Équateur et la Slovénie ont souligné l’importance du dialogue diplomatique dans le cadre de la feuille de route de Luanda et du processus de Nairobi.
 

LA SITUATION CONCERNANT LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO

Déclarations

Mme BINTOU KEITA, Représentante spéciale du Secrétaire général en République démocratique du Congo et Cheffe de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO), qui s’est exprimée par visioconférence, a informé le Conseil de la situation profondément inquiétante autour de Sake et Goma, dans la province du Nord-Kivu, où les hostilités entre le M23 et les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) se sont considérablement intensifiées depuis l’expiration du cessez-le-feu le 28 décembre dernier.  Le M23 s’est étendu plus au sud, entraînant de nouveaux déplacements de populations vers Goma et le Sud-Kivu et un repositionnement des FARDC à l’est de Sake. Bien qu’elle ait essuyé des tirs et été prise pour cible, la MONUSCO a maintenu ses positions défensives à l’ouest de Sake, qui reste sous le contrôle des FARDC. 

Ces combats ont encore aggravé une situation humanitaire déjà désastreuse.  Durant des hostilités le 12 février dernier, deux sites de personnes déplacées ont essuyé des tirs indirects.  Trois enfants, une femme et un homme ont été tués, tandis que de nombreuses autres personnes ont été blessées ou de nouveau déplacées. Mme Keita a décrit des conditions de vie dans les sites surpeuplés de Goma et des alentours comme « désespérées ».  Plus de 400 000 personnes ont désormais trouvé refuge dans la ville, dont 65 000 au cours des deux dernières semaines, provoquant une augmentation spectaculaire des cas de choléra, en raison du manque d’eau potable, d’hygiène et d’assainissement adéquat.  L’accès restreint aux territoires contrôlés par le M23 isole Goma des territoires intérieurs et perturbe les chaînes d’approvisionnement, augmentant le risque de troubles.  Dans ce contexte difficile, les incidents violents visant les acteurs humanitaires se sont multipliés au cours du dernier trimestre 2023.  Malgré ces défis, Mme Keita a assuré que les partenaires humanitaires restaient déterminés à rester et à agir.

Par ailleurs, le redéploiement des FARDC a exacerbé le vide sécuritaire dans d’autres territoires du Nord-Kivu, notamment à Beni, Lubero et Walikale, attirant de nouveaux combattants, notamment du Sud-Kivu.  Les groupes armés tels que les Forces démocratiques alliées (ADF), les groupes maï-maï et les factions Nyatura, ainsi que les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) sont les bénéficiaires directs de cette reconcentration des forces, a souligné la Cheffe de la MONUSCO.  Mme Keita a rapporté « des exécutions sommaires, des blessures, des enlèvements, des appropriations et destructions de biens, des déplacements forcés » ainsi que les violences sexuelles liées aux conflits, entre autres.  Les membres des FDLR, a-t-elle observé, demeurent parmi les principaux auteurs de violences sexuelles liées aux conflits, a-t-elle ajouté.  Dans les zones qu’ils contrôlent, les membres du M23 ciblent les acteurs de la société civile, en particulier les défenseurs des droits humains et les journalistes.  Le nombre d’atteintes aux droits humains commises par le M23 continue d’augmenter, avec au moins 150 civils tués depuis la reprise des hostilités en novembre 2023, dont 77 en janvier 2024.  Par ailleurs, le M23 continue de contraindre les déplacés à retourner dans les villages des zones sous son contrôle.  Mme Keita a rapporté des cas de recrutement et l’utilisation d’enfants comme soldats dans les territoires de Masisi et de Rutshuru. 

La MONUSCO continue d’être confrontée à des vagues de désinformation concernant son rôle dans les affrontements en cours.  Des campagnes en ligne menées par des comptes principalement situés en dehors de la RDC ont entraîné des actes hostiles contre les Casques bleus.  Le 10 février, de violentes manifestations contre le personnel et les biens de l’ONU ainsi que la communauté diplomatique ont éclaté à Kinshasa, alimentées par le sentiment d’inaction et d’inefficacité de la communauté internationale face à la situation dans l’est de la RDC.  Au cours d’une journée et rien qu’à Kinshasa, les agences, fonds et programmes des Nations Unies et la MONUSCO ont été la cible de 11 incidents, affectant au total 32 membres du personnel de l’ONU, qui ont dû être extraits ou secourus par des équipes d’intervention rapide. Des véhicules ont été incendiés et caillassés.  Mme Keita a donc décidé de restreindre les déplacements de personnel et d’avoir recours au télétravail, ces mesures ayant été progressivement assouplies à partir de samedi dernier, avec le retour du personnel crucial au bureau, dès hier. 

Mme Keita a craint une régionalisation du conflit si les efforts diplomatiques en cours visant à apaiser les tensions et à trouver des solutions politiques durables au conflit actuel, échouent.  Bien que l’escalade du conflit à Goma et dans ses environs soit une préoccupation majeure, la situation sécuritaire dans d’autres zones du Nord-Kivu, de l’Ituri et du Sud-Kivu suscite également une profonde inquiétude pour la MONUSCO. Dans la région de l’Ituri, elle a observé une escalade significative de la violence dans le territoire de Djugu, où la MONUSCO continue d’assurer la protection physique directe de plus de 100 000 personnes déplacées.  La semaine dernière uniquement, 26 civils ont été tués en raison des tensions entre les milices Zaïre et la Coopérative pour le développement du Congo (CODECO).  Le week-end dernier, le 16 février, 15 civils qui revenaient d’obsèques dans le village de Tali ont été interceptés, brutalement assassinés et enterrés dans une fosse commune par la CODECO. Alertées, les forces de la MONUSCO et les FARDC ont procédé à l’exhumation des corps et les ont transférés à la morgue de Bunia.  Mme Keita a concédé redouter que la situation en Ituri ne dégénère davantage, compromettant ainsi les progrès réalisés par la MONUSCO et les autorités provinciales pour soutenir le processus de paix en cours dans la région.

En Ituri et au Nord-Kivu, les ADF continuent de tuer et d’enlever des civils, en particulier dans la région de Tchabi.  Alors que l’opération conjointe Forces de défense populaires de l’Ouganda (UPDF)-FARDC est suspendue de facto, les ADF ont commencé à attaquer des cibles militaires, après avoir évité tout affrontement direct avec les forces de sécurité pendant près d’un an.  Dans le Sud-Kivu, d’où la MONUSCO se prépare à se retirer dans quelques mois, des affrontements ont éclaté entre la milice Twirwaneho et des groupes maï-maï dans le sud de Minembwe.  Mme Keita a annoncé qu’elle se rendrait la semaine prochaine à Bukavu et à Uvira, en compagnie des responsables de la Mission et de représentants du Gouvernement, pour dialoguer avec les autorités provinciales et les organisations de la société civile, y compris les groupes de femmes, afin d’évaluer la mise en œuvre du désengagement. 

La haute fonctionnaire a conclu en condamnant la prise pour cible des Casques bleus et en appelant le Conseil à veiller à ce que les responsables rendent des comptes.

Le représentant de la France a dénoncé les attaques perpétrées le 7 février par le M23 contre la ville de Saké avec le soutien du Rwanda, considérant que ce groupe armé doit être neutralisé.  Un seuil a été franchi avec le déploiement et l’utilisation en territoire congolais de systèmes antiaériens qui ne correspondent pas aux capacités d’un simple groupe armé, s’est-il alarmé.  Aussi, la France, de concert avec les États-Unis et le Royaume-Uni, a proposé l’inscription sur la liste des sanctions de l’ONU de six individus supplémentaires appartenant au M23 et aux FDLR, a indiqué le délégué. 

Les parties doivent contribuer à la désescalade et tout faire pour maîtriser les tensions, et les Forces armées de la RDC cesser toute collaboration avec les FDLR, a-t-il exhorté.  Il a dit être préoccupé par la détérioration de la situation humanitaire et appelé les parties à protéger les populations civiles, en particulier dans les camps de déplacés.  Le représentant a condamné les discours de haine ciblant certaines des communautés tutsies.  Pour sa délégation, seuls le dialogue et le respect de la feuille de route de Luanda et la relance du processus de Nairobi permettront une solution durable à cette crise. Tout doit être fait pour éviter que la crise actuelle ne se régionalise, a encore encouragé le délégué, avant de se dire préoccupé par les campagnes de désinformation qui attisent les violences.

Le représentant de la République de Corée a d’abord exhorté le M23 et les autres groupes armés à cesser immédiatement leur offensive dans l’est de la RDC.  Jugeant impératif que tous les groupes armés déposent les armes, cessent les hostilités de manière permanente et inconditionnelle et s’engagent sérieusement dans le processus de désarmement, il a exhorté les parties à s’engager de manière constructive dans un dialogue diplomatique. Félicitant l’Angola d’avoir accueilli le mini-sommet en marge du Sommet de l’Union africaine et de ses engagements bilatéraux avec la RDC et le Rwanda, le délégué a appelé les parties à réaffirmer leur attachement au processus de Nairobi et à la feuille de route de Luanda. 

Il a aussi fermement condamné les attaques visant la MONUSCO, ainsi que les récentes manifestations violentes ayant conduit à des menaces contre le personnel de l’ONU et le corps diplomatique à Kinshasa, alimentées par la désinformation du public. Il est selon lui crucial de lutter contre les campagnes de désinformation visant la MONUSCO, non seulement pour la sécurité des soldats de la paix, mais aussi pour préserver l’héritage de 25 ans de présence dans l’est de la RDC.  Concernant le désengagement de la MONUSCO, il a appelé la Mission à renforcer sa communication stratégique avec le Gouvernement de la RDC pour établir les conditions propices à une reconfiguration harmonieuse, responsable et durable de la présence de l’ONU.  Enfin, s’agissant de la détérioration de la situation humanitaire et des risques pesant sur les 2 millions de personnes vivant à Goma, il a souligné la nécessité absolue pour les parties de respecter le droit international humanitaire et les droits humains.

La représentante de Malte s’est dite alarmée de l’escalade militaire récente qui a causé de nouvelles pertes en vies humaines et de nouveaux déplacements de population.  Les ressources de la RDC restent vulnérables à des attaques de prédateurs, a-t-elle observé, malgré les ressources importantes dont dispose le pays.  De plus, elle a noté que la RDC est le pays qui compte le plus de personnes déplacées sur le continent, les femmes et les enfants étant les plus touchés.  Elle a réclamé un accès humanitaire sans entrave et demandé de cesser tout soutien aux groupes armés. 

La déléguée a souhaité que les négociations reprennent au plus vite pour revenir sur la voie qui mènera à la paix et à la stabilité.  Inquiète également des attaques perpétrées contre la MONUSCO, de la désinformation notamment, la déléguée a demandé de faire rendre des comptes à leurs responsables.  Enfin, évoquant le retrait anticipé de la MONUSCO du Sud-Kivu, qui doit intervenir dans moins de deux mois, elle a estimé que c’est « un scénario difficile ». Elle a appelé en conclusion à la désescalade et demandé aux pays de la région d’y contribuer.

Le représentant du Royaume-Uni s’est dit profondément préoccupé par l’aggravation de la violence dans l’est de la RDC et a condamné dans les termes les plus vigoureux l’avancée continue du groupe armé M23, qui fait l’objet de sanctions par l’ONU. Il a appelé les acteurs extérieurs à mettre fin à leur soutien aux groupes armés violents en RDC, notamment le M23, encourageant toutes les parties à user de leur influence sur ces groupes pour atténuer les tensions et parvenir à une cessation des hostilités. 

Soulignant l’importance du dialogue diplomatique, notamment dans le cadre du processus de Luanda et de la feuille de route de Nairobi, il jugé essentiel que les parties s’engagent et prennent des mesures pour atténuer les tensions et respecter la souveraineté de la RDC.  Constatant que les soldats de la paix de l’ONU sont confrontés à un environnement de plus en plus dangereux, il a exhorté les parties à respecter la liberté de mouvement de la Mission et a de nouveau condamné la récente attaque contre un hélicoptère de la MONUSCO début février.  « Toute attaque contre des civils, des soldats de maintien de la paix de la MONUSCO, des bureaux de l’ONU et des diplomates est inacceptable », a-t-il souligné, avant d’appeler à lutter contre la désinformation dont la Mission fait l’objet. 

Au nom de l’Algérie, du Guyana, du Mozambique et de la Sierra Leone (A3+1), le représentant de la Sierra Leone a appelé à la fin des derniers événements tragiques, dans le contexte du retrait progressif de la MONUSCO.  Des mesures doivent être prises pour éviter le vide sécuritaire qui engendrerait l’avancée des groupes armés.  Il a exhorté ces derniers à s’abstenir de toute mesure qui contribuerait à l’aggravation de la situation sur le terrain, y compris la reprise des affrontements ethniques et le risque d’un embrasement régional.  Les groupes armés doivent cesser immédiatement les hostilités et se retirer de toutes les zones occupées.  Le délégué a condamné tout soutien externe à tout groupe armé dans l’est de la RDC.  Les parties doivent respecter les initiatives régionales et reconnaître que les opérations militaires ne sont pas la solution.

Le représentant a appelé à la protection des civils et à l’extirpation des causes sous-jacentes de la situation actuelle pour parvenir à une paix pérenne.  Il a condamné l’attaque contre le personnel de la MONUSCO et ses installations à Kinshasa, en exigeant que les responsables soient traduits en justice.  Préoccupé par le bombardement des zones civiles à Goma, le délégué a dénoncé le déplacement forcé des populations de la ville de Sake vers Goma et a appelé à mettre fin aux meurtres, aux enlèvements et aux violences sexuelles, y compris contre les enfants.  Il a aussi appelé les bailleurs internationaux à répondre aux besoins humanitaires en RDC et pris note du déploiement de la force régionale de la Communauté de développement des États de l’Afrique australe (SADC) qui devrait pouvoir contribuer, de manière positive, à la stabilisation de la situation et à l’arrêt de l’avancée des groupes armés. 

La représentante du Japon a jugé très inquiétantes les informations faisant état du flux continu d’une grande quantité d’armes sophistiquées dans l’espace de combat.  Réaffirmant que tout soutien, quel qu’il soit, aux groupes armés ne fait qu’aggraver l’insécurité et exacerber les tensions régionales, elle a réclamé d’y mettre immédiatement un terme.  Il est de la plus haute importance, selon elle, de préserver la souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriale de la RDC.  De plus, a-t-elle poursuivi, toutes les initiatives régionales doivent être promues conformément aux efforts politiques.  Les opérations de soutien à la paix doivent être bien coordonnées entre elles, ainsi qu’avec la MONUSCO, avec un objectif commun: la stabilité de la région.  Une nouvelle escalade des tensions régionales, voire une confrontation militaire entre États voisins, est inenvisageable selon elle. 

Critiquant les entreprises de désinformation et de mésinformation visant la MONUSCO qui aliènent la population locale et mettent en danger la sécurité des soldats de la paix, comme on l’a vu récemment à Kinshasa sous la forme de violentes manifestations, la représentante a prévenu que ceux qui diffusent délibérément des informations aussi inexactes et aggravent les divisions communautaires devraient être tenus pour responsables par les autorités congolaises. 

Le représentant des États-Unis a demandé que la communauté internationale prenne immédiatement des mesures pour mettre fin aux combats dans l’est de la RDC, demandant que le M23 cesse ses hostilités et se retire de la zone.  Le Rwanda doit mettre fin à son soutien à ce groupe armé et les forces rwandaises doivent se retirer du territoire congolais, a-t-il ajouté. Que le Rwanda, un contributeur de troupes majeur au maintien de la paix, puisse prendre des mesures contre une mission de l’ONU –la MONUSCO– est très préoccupant, selon le délégué.  Il a aussi appelé le Gouvernement congolais à mettre en place les mesures de déconfliction nécessaires pour que les humanitaires puissent travailler en toute sécurité.

Tout soutien aux FDLR doit cesser immédiatement, a poursuivi le délégué, en condamnant tout groupe qui diffuse une idéologie génocidaire.  Par ailleurs, le Conseil doit suivre de près le retrait de la MONUSCO, a souhaité le délégué, en rappelant que le plan de désengagement prévoit que les forces congolaises doivent prouver leur capacité en matière de sécurité préalablement au retrait des Casques bleus.  Préoccupé par les contestations visant la MONUSCO, le délégué a dit comprendre la frustration du peuple de la RDC et assuré que les États-Unis ne soutiennent pas le M23.  Il a appelé le Rwanda à cesser son soutien à ce groupe, se disant satisfait de savoir qu’à ce jour, des désignations d’individus responsables de nombreux abus soient en cours.

La représentante de la Slovénie a appelé toutes les parties au conflit à cesser les hostilités sans délai, à respecter le droit international humanitaire et les droits humains, et à permettre un accès sûr et sans entrave à l’aide humanitaire. Dénonçant fermement la récente augmentation du nombre des agressions commises par les groupes armés au Nord-Kivu, en particulier le M23, elle a jugé impératif d’obtenir leur retrait immédiat et complet des zones qu’ils occupent.  « La souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC doivent être respectées », a-t-elle insisté.  Convaincue que les opérations militaires ne sauraient mettre fin au conflit, elle a souligné l’urgence d’un engagement renouvelé en faveur d’un règlement politique et diplomatique.  La coopération régionale, facilitée par des initiatives telles que l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo et la région, ainsi que la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), demeure essentielle. 

L’importance des engagements régionaux ainsi que la mise en œuvre du processus de Luanda et de la feuille de route de Nairobi, entre autres, dépendent d’un véritable dialogue, a-t-elle souligné.  La récente recrudescence des hostilités et le retrait de la MONUSCO exigent une attention particulière.  Il est en effet primordial de veiller à ce que ce retrait soit exécuté de manière sûre, ordonnée, responsable, progressive et durable car le vide sécuritaire aggraverait une situation déjà désastreuse.  Les récentes attaques contre la MONUSCO n’ont fait que confirmer à quel point il était essentiel de lutter contre la campagne généralisée de désinformation, a-t-elle enfin pointé, encourageant les autorités de la RDC à la contrer activement.

La représentante de la Fédération de Russie s’est dite préoccupée par la détérioration de la situation sécuritaire dans l’est de la RDC, notamment depuis la reprise de l’offensive du groupe « illégal » M23.  Elle a appelé à la réouverture des routes d’approvisionnement de la ville de Goma et exigé des groupes armés illégaux qu’ils déposent les armes et prennent part sans conditions préalables aux programmes de désarmement, démobilisation et réintégration.  Attachée au principe de « solutions africaines aux problèmes africaines », la représentante a salué les efforts de la SADC et la mise en œuvre concrète du processus de Luanda.  Elle a aussi appelé à des efforts de médiation, au niveau régional, pour mettre fin aux tensions entre Kinshasa et Kigali. 

Se disant préoccupée par les attaques contre le personnel de la MONUSCO, la déléguée a demandé au Gouvernement de la RDC de prendre les mesures nécessaires pour protéger le personnel de l’ONU et au Secrétariat de l’ONU, d’analyser les causes de cette situation.  Se disant convaincue que la présence de la Mission dans la zone du conflit est un facteur de stabilisation majeure, elle a ajouté qu’un retrait précipité des Casques bleus aurait un effet très négatif sur la population civile. 

Le représentant de la Suisse s’est alarmé de l’escalade de la violence et de l’aggravation de la situation humanitaire au Nord-Kivu.  Il a appelé le M23 à cesser immédiatement ses opérations et à se retirer des zones occupées.  « Nous exprimons notre plein soutien à la souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriale de la RDC », a-t-il ajouté.  S’inquiétant des déplacements massifs de population liés aux violations des droits humains par toutes les parties, aux violences intercommunautaires et à la propagation de discours de haine, notamment contre les populations rwandophones, le délégué a martelé que cette nouvelle escalade de la violence doit cesser. Inquiet également de l’utilisation de drones de combats, il a rappelé à toutes les parties leur obligation de respecter le droit international humanitaire, notamment les principes de distinction, proportionnalité et précaution.  Il a aussi condamné les attaques contre la MONUSCO et souhaité que l’État hôte traduise les auteurs en justice.

De son avis, seule une solution politique négociée et concertée incluant toutes les parties peut mener à un apaisement durable.  Il a misé sur les efforts diplomatiques aux niveaux national, régional et international pour adresser les causes profondes des conflits dans l’est de la RDC, appuyant les processus de Nairobi et de Luanda qui, à ses yeux, doivent être revitalisés de toute urgence.  Le délégué a appelé au respect du cessez-le-feu par toutes les parties et réitéré son appel au Rwanda à cesser immédiatement tout soutien au M23 et à retirer ses soldats, tout en appelant « certains éléments des FARDC » à cesser leur soutien aux groupes armés, y compris les FDLR.  Enfin, le délégué a réitéré son plein soutien à la MONUSCO et souhaité que le Conseil de sécurité se montre uni en faveur de la paix et la sécurité dans la région.

Le représentant de l’Équateur a déploré la multiplication des tensions et la détérioration de la situation sécuritaire, qui ont provoqué une nouvelle vague de déplacements de milliers de personnes, avec pour conséquence une augmentation des besoins humanitaires déjà pressants.  Cette situation nécessite également d’enquêter sur les plaintes concernant d’éventuels crimes de guerre, de graves violations des droits humains et des violences sexuelles basées sur le genre, a-t-il souligné.  Plaidant pour une désescalade urgente des tensions, il a repris à son compte l’appel du Secrétaire général adjoint aux opérations de paix à un arrêt immédiat des hostilités et au respect par toutes les parties de la feuille de route de Luanda.  Enfin, le représentant a condamné les attaques contre le personnel de l’ONU et les menaces publiques proférées contre la MONUSCO. 

Le représentant de la Chine a demandé un cessez-le-feu et le retrait des groupes armés des zones qu’ils occupent.  Les troubles dans l’est de la RDC constituent une menace pour la paix et la stabilité de toute la région des Grands Lacs, a-t-il souligné avant d’appeler les parties concernées à résoudre leurs différends par le dialogue et des consultations afin de permettre une désescalade de la situation et préserver la sécurité dans la région.  Dans les circonstances actuelles, la communauté internationale devrait soutenir les efforts des organisations régionales pour trouver une solution politique et pour faciliter le fonctionnement des processus de Luanda et de Nairobi, a plaidé le représentant.

La Chine, a-t-il indiqué, promeut un dialogue constructif entre les pays concernés.  Le délégué a pris note des opérations de paix de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) dans l’est de la RDC qui devraient promouvoir la stabilité de la région.  Il a souhaité que la MONUSCO, pour sa part, fasse en sorte que son plan de désengagement soit mis en œuvre de manière progressive et sécurisée dans les zones concernées.  Cela permettra une transmission appropriée à la RDC et évitera tout vide sécuritaire, a-t-il expliqué.

Le représentant de la République démocratique du Congo a tenu à rassurer le Conseil de sécurité quant aux dispositions prises par son gouvernement pour assurer la sécurité des membres de la MONUSCO suite aux « incidents malheureux » du 10 février à Kinshasa.  Rappelant que la guerre faisait rage entre la coalition de l’armée rwandaise (RDF-M23) et les Forces armées de la RDC (FA-RDC), il s’est inquiété d’un renforcement des troupes de la RDF à 30 kilomètres de Goma, au niveau de la frontière entre les deux pays.  Il a dénoncé les attaques de la coalition RDF-M23 contre les drones de la MONUSCO, le 12 février dernier, et le bombardement de l’aéroport international de Goma le 17 février, alors que se tenait une réunion sur la situation en RDC en marge du Sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine d’Addis-Abeba.  « Cette énième agression rwandaise constitue, en droit international, un crime d’État et une grave violation de la souveraineté de la RDC », a-t-il affirmé, ajoutant que la situation avait conduit au déplacement de 7 millions de femmes et d’enfants dans les territoires de Rutshuru, Masisi et Nyiragongo.

Le délégué a cité un rapport du Groupe d’experts sur la RDC affirmant que des éléments de la RDF et le M23 ont été soutenus par 250 ex-combattants des FDLR, opérant sous le commandement du Service du renseignement de la défense du Rwanda (DID). Il s’est demandé pourquoi ce dernier utilisait ces éléments qu’il qualifiait de génocidaires, ajoutant que la RDF et les FDLR s’étaient alliées pour faire main basse sur les minerais stratégiques de la RDC.  En conséquence, il a proposé au Conseil de sécurité, à l’Union africaine et aux communautés régionales de créer un mécanisme ad hoc ou une force spéciale dépêchée au Nord-Kivu pour les identifier et les chasser du territoire congolais.  Dénonçant l’inconsistance du prétendu discours de haine développé par des populations congolaises à l’égard des personnes rwandophones, il a affirmé que des actes isolés ont été sévèrement punis. 

« L’illusion de grandeur que se fait le Rwanda le pousse à croire qu’il a acquis un droit naturel de se mêler impunément des affaires internes de ses voisins », a martelé le représentant, estimant qu’il avait poussé trop loin l’audace en s’opposant au déploiement de la MONUSCO et de la SADC. Qualifiant le M23 de « bras armé du Rwanda en RDC », il a accusé l’agression de ce dernier d’être une des causes principales de la crise sécuritaire dans l’est de la RDC que dans la région des Grands Lacs.  Il l’a également accusé de bloquer les initiatives de paix issues des processus de Nairobi et de Luanda, afin de gagner du temps pour réaliser son ambition de constituer une colonie d’exploitation et de peuplement en RDC afin de contrôler les institutions congolaises.  Il a estimé que le Rwanda devrait se voir priver du droit à la parole dans les enceintes des Nations Unies jusqu’au retrait total de ses troupes du territoire de la RDC.  Le délégué a demandé instamment au Conseil de sécurité d’exiger du Rwanda le retrait sans condition de ses troupes du territoire de la RDC et de cesser tout soutien aux terroristes du M23.

Le représentant du Rwanda a dénoncé la violation délibérée du cessez-le-feu par les groupes armés alliés aux « FDLR génocidaires » et par l’expulsion de la force régionale de la Communauté de l’Afrique de l’Est.  Pour le délégué, les avancées récentes du M23 sont dues à une action des FDLR qui rejettent les initiatives régionales de paix. Il a accusé le Gouvernement de la RDC d’avoir opté pour une solution uniquement militaire.  Préoccupé par l’abandon des processus de Luanda et de Nairobi, le représentant est étonné par l’indifférence de la communauté internationale face au renfort militaire spectaculaire en RDC, une tendance inquiétante qui risque d’aggraver une situation déjà très problématique dans l’est du pays.  Ce problème peut être résolu en s’attaquant aux causes profondes et en répondant aux exigences de base des Congolais qui parlent le kinyarwanda, dont leurs droits à la citoyenneté et à vivre sur leurs terres ancestrales.

Le représentant a accusé la RDC et le Burundi de vouloir un changement de régime au Rwanda et Kinshasa de vouloir renforcer une coalition militaire comprenant les FARDC, des mercenaires européens et des FDLR ainsi que l’armée burundaise.  La région est au bord de la catastrophe, s’est alarmé le délégué, en dénonçant une violence généralisée, des discours de haine et des meurtres commis pour des raisons ethniques.  Le Conseil ne peut continuer de normaliser la haine et ses conséquences, a-t-il interpellé.  Le déploiement récent de la force de la SADC ne fait que compliquer une situation déjà très complexe, car elle n’est pas neutre puisqu’elle ne cible aucun autre groupe que le M23.  Le Gouvernement du Rwanda, a assuré le représentant, refuse une externalisation vers le Rwanda par la force des problèmes de la RDC.  Il a fait preuve de la plus grande précaution et évité de répondre à des actes provocateurs du Gouvernement congolais y compris des bombardements ou des tirs en direction du territoire rwandais, a estimé le délégué. « Nous prenons au sérieux les déclarations des Présidents du Burundi et de la RDC concernant leur volonté de faire changer notre gouvernement », a insisté le délégué.  Face à ces menaces, le Rwanda maintiendra les mécanismes de prévention et de défense pour se prémunir contre toute utilisation de ses frontières et de son espace aérien, a mis en garde le représentant.

Le Rwanda dit craindre un génocide, a commenté le représentant de la République démocratique du Congo en reprenant la parole.  Mais c’est normal.  Nous avons tous peur d’un génocide.  Mais n’oublions pas que le génocide de 1994 a été perpétré au Rwanda par des Rwandais. Alors que le Rwanda a deux ou peut-être trois tribus, la RDC en compte 450 qui vivent ensemble pacifiquement. Vous n’avez aucun droit, a dit le représentant à son homologue rwandais, de prétendre régler les problèmes tribaux chez nous, en traversant nos frontières.  Nous ne vous le permettrons jamais car les problèmes des Tutsis congolais seront réglés au Congo par les Congolais.  « Restez chez vous! »  Aujourd’hui, a poursuivi le représentant, le Rwanda nous dit qu’il a peur d’une certaine rhétorique.  Vous envahissez votre voisin avec des troupes armées de lance-roquettes et de lance-missiles et vous avez peur d’une simple rhétorique?  Commencez par retirer vos troupes de la RDC et vous ne craindrez plus la rhétorique! a ironisé le représentant, en accusant le Rwanda de se servir depuis 1996 de l’alibi ethnique pour venir exploiter les mines stratégiques congolaises.  Quittez le territoire congolais.  Vous vous êtes assez enrichis comme ça.  Ça suffit. Chaque chose a une fin! a conclu le représentant congolais.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité spécial des opérations de maintien de la paix débute sa session de 2024, placée sous le signe de l’adaptation à un paysage changeant

Session de 2024,
277e et 278e séances plénières – matin & après-midi
AG/PK/248

Le Comité spécial des opérations de maintien de la paix débute sa session de 2024, placée sous le signe de l’adaptation à un paysage changeant

Le Comité spécial des opérations de maintien de la paix, organe subsidiaire de l’Assemblée générale également connu sous le nom de Comité des 34, a entamé, aujourd’hui, sa session de fond de 2024, qui se prolongera jusqu’au 15 mars. À cette occasion, le débat général a donné le ton des travaux à venir en se concentrant sur l’adaptation des missions de paix à des défis émergents, tels que les menaces régionales, les effets des changements climatiques, la désinformation, la présence accrue d’acteurs non étatiques, la diminution du soutien des pays et des communautés hôtes et le manque de capacités, facteur d’insécurité pour le personnel sur le terrain. 

Absent pour cause de déplacement au Soudan du Sud, M. Jean-Pierre Lacroix, Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, était représenté par M. Alexandre Zouev, Sous-Secrétaire général à l’état de droit et des institutions chargées de la sécurité, pour qui cette session est d’abord une occasion d’aborder les risques changeants auxquels sont confrontées les opérations de paix afin de les adapter au monde d’aujourd’hui.  Il s’agit donc, selon lui, de faire progresser les engagements de l’initiative Action pour le maintien de la paix, ainsi que la stratégie de mise en œuvre contenue dans l’initiative « Action pour le maintien de la paix Plus ». 

« Le moment présent exige que nous réfléchissions sérieusement à la trajectoire future du maintien de la paix », a abondé le Président de l’Assemblée générale, en écho aux préoccupations exprimées par le Secrétaire général dans son Nouvel Agenda pour la paix.  Pour M. Dennis Francis, le paysage changeant du maintien de la paix, marqué par des tensions géopolitiques, l’escalade des conflits et l’émergence rapide de nouveaux défis, impose de parvenir à une réponse globale pour garantir la paix et la sécurité internationales. 

Rappelant l’élément humain du maintien de la paix, à savoir les 78 677 membres du personnel, leurs familles et les millions de personnes qu’ils protègent et servent dans le monde, M. Francis a invité les États Membres à procéder à un « examen complet de l’ensemble de la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects », en mettant de côté leurs divergences pour se concentrer sur la recherche d’un consensus.

Au cours de la discussion générale qui a suivi, les délégations ont mis l’accent sur l’évolution géopolitique du monde et la nécessité de doter les soldats de la paix de moyens adaptés à leur mission de plus en plus complexe.  « Face aux changements climatiques, aux pandémies, aux menaces cybernétiques et aux guerres asymétriques, nous devons faire évoluer nos capacités et stratégies pour relever ces défis de manière efficace », a résumé le Guyana, appuyé par le Pakistan, selon lequel les missions doivent pouvoir disposer de capacités modernes, en particulier de drones, de radars et de systèmes d’alerte précoce, dans l’accomplissement de leur mandat. 

Au nom du Mouvement des pays non alignés, dont les membres fournissent 90% des personnels en tenue des opérations de paix, le Maroc a plaidé pour l’élaboration de mandats « clairs et réalistes », ainsi que pour l’octroi de ressources adéquates.  « Nous ne pouvons pas envisager plus d’opérations avec moins de ressources », a renchéri l’Indonésie au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), avant d’appeler les États Membres à régler leurs contributions mises en recouvrement. À ses yeux, un meilleur équipement et une formation plus large peuvent avoir un effet bénéfique sur la performance et la sécurité des différents personnels. 

À son tour, l’Union européenne a souligné l’importance de formations préalables et d’équipements adéquats pour relever les défis sur le terrain.  Toute solution viable visant à améliorer la sûreté et la sécurité des soldats de maintien de la paix doit être soutenue, y compris l’application accrue de solutions technologiques et une utilisation plus efficace du renseignement, a-t-elle affirmé, rejointe sur ce point par le Brésil, l’Égypte, la République dominicaine, la Thaïlande ou encore la République de Corée, cette dernière estimant qu’un recours plus intensif aux données et aux nouvelles technologies contribuerait à donner aux soldats de la paix une meilleure connaissance de la situation, tout en augmentant leur protection et une gestion des camps respectueuse de l’environnement.   

Plus réservée, Cuba a exprimé sa préoccupation face à un tel recours, plaidant pour une utilisation des nouvelles technologies au cas par cas, dans le plein respect des principes de la Charte des Nation Unies et du consentement du pays hôte. Si ces technologies peuvent compléter le travail des troupes sur le terrain, sans toutefois s’y substituer, il convient en premier lieu de définir les aspects juridiques, techniques, opérationnels et financiers liés à leur utilisation, a-t-elle fait valoir. 

La sûreté et la sécurité du personnel de maintien de la paix passent aussi par une lutte de tous les instants contre la mésinformation, la désinformation et les discours de haine qui les visent, ont soutenu des pays tels que le Maroc et la République de Moldova.  Pour contrer ces fléaux, l’Équateur a prôné une mise en œuvre effective de la nouvelle politique globale de communication stratégique pour les opérations de maintien de la paix, une position partagée par la Côte d’Ivoire.  Au nom du groupe des ambassadeurs francophones, la République démocratique du Congo (RDC) s’est, elle, faite l’avocate du multilinguisme au sein des missions de paix, y voyant un moyen d’améliorer les performances des opérations, tant en matière de dialogue avec les autorités locales et de protection des populations que de sécurité pour les personnels civils et en uniforme confrontés à des campagnes calomnieuses.

Plus largement, l’Afrique du Sud a condamné les violences dont sont victimes les soldats de la paix, en particulier ses contingents engagés au sein de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) et de la mission de la Communauté de l’Afrique de l’Est en RDC, appelant à des contre-mesures efficaces et à la traduction en justice des auteurs de ces crimes odieux.  La délégation sud-africaine a également réaffirmé son soutien à l’édification, au Siège de l’ONU, d’un mur en mémoire des Casques bleus tombés au combat, conformément à la résolution adoptée en juin dernier par l’Assemblée générale, sur proposition de l’Inde. 

La question de la santé mentale des membres des opérations de maintien de la paix a également été abordée, l’Uruguay insistant, au nom du groupe ABUM (Argentine, Brésil, Uruguay et Mexique) sur le nécessaire bien-être du personnel compte tenu des tensions inhérentes à leur mission.  Le Guatemala a invité les pays fournisseurs de contingents à s’associer au groupe de travail d’appui à la mise en œuvre de la stratégie de santé mentale pour le personnel en tenue de maintien de la paix présentée le 14 février dernier.  Il a souligné à cet égard l’importance des applications numériques lancées en direction des agents de paix travaillant dans des théâtres hostiles. 

Autre aspect essentiel de l’adaptation des missions, la participation pleine et entière des femmes aux processus de paix, y compris au maintien de la paix, a été appuyée par l’immense majorité des délégations.  Parlant au nom du groupe CANZ (Canada, Australie et Nouvelle-Zélande), la Nouvelle-Zélande a souligné le rôle crucial que jouent les opérations de paix dans la promotion de l’égalité des sexes et du programme femmes et la paix et la sécurité, tandis qu’El Salvador appelait à soutenir davantage la stratégie 2018-2028 de parité entre les sexes pour le personnel en uniforme. De son côté, la République de Moldova s’est enorgueillie d’avoir dépassé l’objectif de 20% de femmes déployées dans les opérations de l’ONU, le Viet Nam s’engageant pour sa part à parvenir à cette proportion d’ici à 2025.

De manière connexe, le groupe CANZ a exprimé sa préoccupation face à la prévalence de l’exploitation et des abus sexuels dans les opérations de maintien de la paix, faisant état d’une augmentation de 20% en 2023 des allégations de telles violations dans les missions, un pourcentage selon lui « sous-évalué ».  Fort de ce constat repris par un grand nombre de pays, dont les États-Unis, il a appelé à la poursuite de la mise en œuvre de la politique de tolérance zéro du Secrétaire général, avec un accent sur la prévention, la responsabilité et le soutien aux droits des victimes.  S’engageant quant à elle à éliminer tout « comportement illicite » parmi ses contingents, l’Afrique du Sud a souhaité que cette responsabilisation se fasse en vertu du principe de procédure équitable et des cadre juridiques nationaux.

Soulignant la nécessité de respecter le principe d’appropriation nationale des États dans lesquels des missions de paix sont déployées, l’Argentine, qui participe à 8 des 11 opérations de maintien de la paix existantes, a regretté la fermeture de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), ordonnée en juin dernier par le Conseil de sécurité sur requête de Bamako, ainsi que le retrait de la MONUSCO, à la demande de la RDC.  Certains retraits prématurés font ressortir la nécessité d’un examen approfondi des objectifs de maintien de la paix en Afrique, a jugé l’Afrique du Sud, se disant favorable à ce que les mécanismes régionaux jouent un rôle plus important, notamment via le renforcement du partenariat entre l’ONU et l’Union africaine (UA). 

À cet égard, la Norvège s’est réjouie de l’adoption de la résolution 2719 (2023) du Conseil de sécurité sur le financement des opérations dirigées par l’UA, avant d’appeler à trouver le moyen d’assurer la prévisibilité des 25% de leur budget annuel non couverts par les contributions obligatoires de l’ONU.  Elle a plaidé pour la rationalisation des modalités de financement des opérations de paix afin de favoriser leur efficacité, depuis les envoyés spéciaux et les bureaux régionaux jusqu’aux opérations de paix multidimensionnelles. 

En début de séance, le Comité spécial a indiqué avoir été informé par le Nigéria de son intérêt à continuer de présider cet organe subsidiaire après le retrait de M. Tijjani Muhammad-Bande, Président ces six dernières sessions (2018-2023).  Le nom de son successeur sera annoncé par le biais d’une communication de suivi le nommant au poste de président du Comité spécial pour 2024.  Dans cette attente, le Comité spécial a reconduit par acclamation MM. Fabián Oddone (Argentine), Richard Arbeiter (Canada), Takayuki Iriya (Japon) et Mateusz Sakowicz (Pologne) aux postes de vice-présidents.  De même, M. Wael Eldahshan (Égypte) a également été réélu rapporteur. 

Comme le veut la pratique, un groupe de travail plénier présidé par M. Arbeiter a été créé pour examiner la teneur du mandat confié au Comité spécial. Il devra lui soumettre, pour examen, les recommandations à inclure dans le rapport du Comité à l’Assemblée générale.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Somalie: la réforme du secteur de la sécurité pour une bonne transition post-ATMIS au cœur de la séance du Conseil de sécurité

9551e séance, matin
CS/15594

Somalie: la réforme du secteur de la sécurité pour une bonne transition post-ATMIS au cœur de la séance du Conseil de sécurité

Les responsables de la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM) et de la Mission de transition de l’Union africaine en Somalie (ATMIS) ont fait le point, ce matin au Conseil de sécurité, de la situation dans laquelle se trouve le pays quelques mois avant le retrait de la Mission de l’Union africaine.  La réforme du secteur de la sécurité a été au cœur des interventions, à l’heure où le Gouvernement se prépare à la reprise des opérations à grande échelle de la lutte contre les Chabab.  Le récent différend avec l’Éthiopie sur le « Somaliland » a également inquiété les délégations, la Somalie le qualifiant de « déclaration de guerre ».

En présentant le dernier rapport en date du Secrétaire général sur la Somalie, la Cheffe de la MANUSOM et Représentante spéciale en Somalie, Mme Catriona Laing, a tout d’abord salué de récents progrès, à commencer par l’admission du pays au sein de la Communauté de l’Afrique de l’Est.  Elle l’a aussi félicité d’avoir atteint le point d’achèvement de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) et d’avoir obtenu la levée de l’embargo sur les armes et l’aval du Conseil exécutif de l’Union africaine (UA) pour sa candidature au Conseil de sécurité pour la période 2025-2026. 

Abordant la question de la sécurité nationale, la Représentante spéciale Laing a assuré que le Gouvernement fédéral se prépare à la reprise des opérations contre les Chabab après la fin de la saison des pluies.  Cela requiert un soutien important de la part des partenaires internationaux devant aider le pays à stabiliser les zones nouvellement reprises.  Le retrait de l’ATMIS, prévu le 31 décembre 2024, ne doit pas diminuer la protection des communautés locales, a-t-elle insisté.  

La protection des forces et de la population est au nombre des défis lors de cette prochaine étape, a reconnu à son tour le Chef de l’ATMIS en annonçant des discussions « ouvertes et constructives » concernant la troisième phase du retrait de la Mission.  M. Mohamed El-Amine Souef s’est déjà félicité du succès de la deuxième phase de retrait des troupes de l’ATMIS, qui s’est faite en collaboration avec le Gouvernement fédéral et le Bureau d’appui des Nations Unies en Somalie (BANUS).  Il a aussi salué la présentation, en décembre 2023 à New York, du plan de développement du secteur de la sécurité de la Somalie, avant d’informer qu’après les consultations du 18 janvier entre la Somalie, l’ONU et l’UA, celle-ci avait déployé une équipe technique pour préparer les modalités de sécurité post-ATMIS. 

Les délégations ont pris acte de la récente présentation du cadre stratégique de développement du secteur de la sécurité de la Somalie, à l’instar de Malte qui a estimé que le départ prochain de l’ATMIS nécessitera un appui international important, sur la base de structures de gouvernance locale solides.  « Favorable à la transition en temps voulu de l’ATMIS, en conformité avec la demande du Gouvernement somalien », la Chine a demandé que la MANUSOM respecte la transition politique de la Somalie.  La France a jugé primordial que l’ensemble des partenaires de la Somalie définissent dès à présent l’appui qui sera apporté au départ de l’ATMIS à la fin de l’année, de même que le Mozambique qui a prôné une coordination des efforts entre la Somalie, l’UA et l’ONU.

Sur le plan régional, la Cheffe de la MANUSOM a rappelé la signature le 1er janvier par l’Éthiopie et le « Somaliland » d’un bail de 50 ans, sur 20 kilomètres de côte, en échange de certains avantages politiques et économiques pour le « Somaliland ».  Cet accord a suscité des réactions hostiles de l’opinion publique en Somalie, a fait savoir Mme Laing qui a encouragé le Président somalien à rester mesuré dans sa réponse.  Elle a appelé le Conseil de sécurité à souligner l’importance du respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’unité de la Somalie.  Regrettant lui aussi ces tensions, le Représentant spécial El-Amine Souef a signalé que le Conseil de paix et de sécurité de l’UA a demandé aux partenaires internationaux de respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Somalie.

À ce sujet, la Somalie a dénoncé « l’annexion » par l’Éthiopie d’une partie de son territoire afin d’y établir une base militaire ainsi que la décision d’Addis-Abeba de reconnaître l’indépendance d’un « groupe séparatiste dans la région nord-ouest de la Somalie ».  Il s’agit d’une violation flagrante de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de mon pays, a accusé le représentant somalien. Selon lui, l’établissement par l’Éthiopie d’une base militaire en Somalie équivaut à une « déclaration de guerre » contre la Somalie et son peuple.

Le Royaume-Uni et les États-Unis ont appelé à la désescalade de ces tensions.  La Suisse a souhaité que les acteurs exerçant une influence l’utilisent pour trouver une solution pacifique.  La Slovénie a prié les deux pays concernés de faire preuve de retenue et d’engager un dialogue constructif pour trouver une solution pacifique à ce différend.  Pour garantir l’intégrité territoriale et l’unité de la Somalie, il faut l’aider à améliorer l’efficacité des agences fédérales de sécurité et assurer un retrait ordonné de l’ATMIS, a conseillé la Fédération de Russie. 

La séance a également apporté un éclairage sur la situation politique.  Mme Laing a insisté sur l’importance du soutien public en faveur du principe « une personne, une voix » pour les élections et a misé sur le processus constitutionnel devant être finalisé.  Par ailleurs, elle a regretté que la mise en œuvre du quota de 30% de femmes au Parlement reste un défi majeur.  Concernant les droits humains, elle a demandé le respect des normes internationales dans la définition du viol dans un nouveau projet de loi.  Enfin, le débat a abordé la situation humanitaire, notamment son lien avec les changements climatiques.  En 2023, la sécheresse a touché plus de 2,4 millions de personnes, a-t-il été noté.  Le Plan de réponse aux besoins humanitaires pour 2024 nécessitera 1,6 milliard de dollars pour bénéficier à 5,2 millions de personnes. 

 

LA SITUATION EN SOMALIE (S/2024/129)

Déclarations

Mme CATRIONA LAING, Représentante spéciale du Secrétaire général pour la Somalie, qui est aussi Cheffe de la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM), a salué les récents progrès accomplis en Somalie sur les fronts politique, économique et en matière de sécurité, notamment l’admission du pays au sein de la Communauté de l’Afrique de l’Est.  La Somalie a également atteint le point d’achèvement de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) et a obtenu la levée de l’embargo sur les armes.  Récemment, le pays a obtenu l’aval du Conseil exécutif de l’Union africaine (UA) pour sa candidature au Conseil de sécurité pour la période 2025-2026. Concernant l’incident de Galmudug du 10 janvier, qui a impliqué l’un des hélicoptères de la Mission, Mme Laing a assuré travailler avec le Gouvernement fédéral pour assurer le retour en toute sécurité des passagers et de l’équipage. 

Mme Laing a fait le point sur huit domaines à commencer par la situation politique, notamment le soutien public en faveur du principe « une personne, une voix » pour les élections.  Toutefois, elle a estimé le calendrier électoral « trop ambitieux » et jugé urgent de parvenir à un consensus inclusif sur le cadre électoral. Rappelant qu’il faut aussi finaliser le processus constitutionnel, elle en a souligné l’importance pour que le pays fixe les règles du jeu permettant de résoudre les crises.  Mme Laing a déploré l’absence de cessez-le-feu à Laascaanood et dans la région de Sool et exhorté les parties à œuvrer en faveur d’un échange immédiat de prisonniers, à s’engager à ne plus commettre de violences et à entamer un dialogue pour s’attaquer aux causes du conflit. 

Sur le plan régional, la Cheffe de la MANUSOM a rappelé la signature le 1er janvier par l’Éthiopie et le « Somaliland » d’un bail de 50 ans, sur 20 kilomètres de côte, en échange de certains avantages politiques et économiques pour le « Somaliland », un accord qui a suscité des réactions hostiles de la part de l’opinion publique en Somalie.  Les Chabab pourraient exploiter cette situation comme outil de recrutement, a-t-elle craint, signalant que le public fait pression sur le Gouvernement somalien pour qu’il réagisse.  Mme Laing a toutefois encouragé le Président à rester mesuré dans sa réponse.  Elle a appelé le Conseil de sécurité à affirmer l’importance de respecter la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’unité de la Somalie.  Les parties doivent mener un dialogue pacifique et constructif et s’abstenir de propos susceptibles d’aggraver encore les tensions, a-t-elle insisté, regrettant que le dernier sommet de l’UA n’ait permis aucun progrès sur cette question.

Concernant la sécurité, le Gouvernement se prépare à la reprise des opérations à grande échelle contre les Chabab, a noté la haute responsable qui a exhorté les partenaires internationaux à fournir les ressources nécessaires pour répondre aux besoins vitaux de stabilisation dans les zones nouvellement reprises.  Alors que la planification d’une nouvelle mission dirigée par l’UA à partir de janvier 2024 est en cours, elle a dit que les plans de retrait devraient peut-être être révisés pour permettre une transition en douceur vers une nouvelle force et pour éviter un vide sécuritaire pendant la transition. « Le retrait de la Mission de transition de l’Union africaine en Somalie (ATMIS) doit se faire de manière à assurer la protection des communautés locales et à maintenir la présence de la communauté internationale en Somalie. »  Mme Laing a en outre salué l’engagement du Gouvernement fédéral, le 11 février, à retirer toutes les munitions explosives de l’arsenal de Halane d’ici au 25 février. 

Par ailleurs, Mme Laing a regretté le fait que la mise en œuvre du quota de 30% de femmes au Parlement reste un défi majeur, comme au Puntland où il n’y a qu’une femme sur 66 des nouveaux députés.  Le modèle électoral, les questions de sécurité, les structures patriarcales et le manque de financement des campagnes politiques féminines ont tous contribué à cette sous-représentation, a-t-elle expliqué. Concernant les droits humains, la Cheffe de la MANUSOM a pointé certains articles du projet de loi sur les délits de viol et d’indécence, estimant que certaines dispositions devraient être modifiées pour être conformes aux normes internationales en matière de droits humains, notamment la définition du viol.  Elle a aussi dit être préoccupée par le nombre élevé d’enfants tués par des restes explosifs de guerre et par des tirs des Chabab, ainsi que par les enlèvements d’enfants par ce groupe à des fins de recrutement et d’utilisation. 

S’agissant de la situation humanitaire en lien avec les changements climatiques, la crise humanitaire en Somalie reste grave, a prévenu Mme Laing: en 2023, la sécheresse a touché plus de 2,4 millions de personnes, inondé des terres agricoles et endommagé des infrastructures essentielles.  Le Plan de réponse et de besoins humanitaires pour 2024 nécessitera 1,6 milliard de dollars pour répondre aux besoins des 5,2 millions de personnes, soit une réduction de 37% par rapport à 2023. 

Poursuivant, la Représentante spéciale a salué le Gouvernement qui a su mener à bien le processus d’allégement de la dette, ce qui fait que la Somalie devra bénéficier d’un financement de la Banque mondiale pendant encore un an.  L’ONU appuie les priorités du Gouvernement en matière de mobilisation des recettes intérieures, de responsabilisation et d’engagement à fournir des services sociaux à ses citoyens. Elle a toutefois mis en garde que l’ONU, qui manque de financement pour ses programmes stratégiques, ne sera pas en mesure de respecter le programme de coopération pour le développement durable. Elle a exhorté les partenaires internationaux à mettre des ressources suffisantes à la disposition de la Somalie.

Enfin, Mme Laing a pris note du plan de transition du Gouvernement qui s’engage à prendre sa responsabilité en matière de sécurité, prenant également note de l’intention des partenaires internationaux d’aider le Gouvernement fédéral à lutter contre l’insurrection et à bâtir un avenir stable et prospère. Au fur et à mesure que le retrait de l’ATMIS se poursuit, la Somalie a demandé une nouvelle mission de l’UA réduite et axée sur la protection, a indiqué la Cheffe de la MANUSOM en observant que cette protection sera essentielle pour la mise en œuvre du mandat de l’ONU.  Le Gouvernement fédéral demandant également le soutien logistique de l’ONU pour renforcer les capacités nationales, la Mission travaille avec lui et avec l’UA pour explorer toutes les modalités de financement potentielles, y compris par l’application de la résolution 2719 (2023) sur le financement des opérations de soutien de la paix dirigées par l’UA. 

M. MOHAMMED EL-AMINE SOUEF, Représentant spécial du Président de la Commission de l’Union africaine en Somalie et Chef de la Mission de transition de l’Union africaine en Somalie (ATMIS), a indiqué avoir informé les partenaires diplomatiques du processus de consolidation en Somalie lors d’une réunion qui s’est tenue le 9 février à Nairobi, s’agissant notamment de la transition en cours.  Ces derniers mois, la Somalie a réalisé des avancées considérables, a-t-il noté, en évoquant son adhésion à la Communauté de l’Afrique de l’Est, la levée de l’embargo sur les armes et la tenue de la conférence sur la sécurité en Somalie. Surtout, ce pays a entamé son processus d’amendement constitutionnel, étape essentielle pour promouvoir l’inclusion et poser les jalons de la bonne gouvernance.  Les discussions menées par le Président somalien avec les dirigeants du pays montrent à ses yeux son engagement en faveur de l’unité nationale, sur la base des progrès réalisés en 2023. 

M. El-Amine Souef a toutefois regretté les récentes tensions politiques qui se sont fait jour entre la Somalie et l’Éthiopie à la suite de la signature du protocole d’accord entre ce pays et le « Somaliland ».  Il s’est fait l’écho du Conseil de sécurité et de l’Union africaine (UA) en demandant aux partenaires de respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Somalie pour maintenir la stabilité et la coopération dans la région. 

Au cours des 18 derniers mois, les forces de sécurité somaliennes, appuyées par l’ATMIS, ont intensifié leurs efforts contre les Chabab, mais ont également essuyé des revers importants, a reconnu le Représentant spécial.  Il a condamné les attaques récentes menées par les Chabab contre les camps de l’ATMIS, ajoutant que ce groupe continue de représenter une menace considérable.  Autre motif de préoccupation croissante: l’infiltration des houthistes dans la région, pendant que l’ATMIS prépare son retrait avec le départ prévu de 4 000 troupes supplémentaires d’ici à la fin juin, ce qui signifie qu’il restera sur place moins de 10 000 membres du personnel. 

Le haut fonctionnaire s’est félicité des progrès de la transition, notamment la présentation, en décembre 2023 à New York, du plan de développement du secteur de la sécurité de la Somalie.  Selon lui, la deuxième phase de retrait des troupes de l’ATMIS a été un succès, en collaboration avec le Gouvernement fédéral et le Bureau d’appui des Nations Unies en Somalie (BANUS).  Des discussions ouvertes et constructives sont en cours concernant la troisième phase du retrait, en tenant compte des leçons des phases précédentes et des questions en suspens.  La protection des forces et de la population est au nombre des défis qu’envisage M. El-Amine Souef lors de cette prochaine étape. 

Le nouveau déploiement d’actifs aériens a par ailleurs permis d’améliorer les opérations de l’ATMIS et son soutien aux forces somaliennes.  L’appui du Conseil à ces efforts, s’agissant notamment des capacités militaires, permettra de veiller à ce que le retrait ne mette pas en péril les acquis de haute lutte en matière de sécurité et de stabilité.  Après les consultations du 18 janvier entre la Somalie, l’ONU et l’UA, celle-ci a déployé une équipe technique pour préparer les modalités de sécurité post-ATMIS. Lors d’une réunion tenue à Addis-Abeba, les partenaires se sont entendus sur les paramètres essentiels de ces modalités, le Conseil de paix et de sécurité de l’UA insistant notamment sur la taille, la composition, le financement et le type de mission qui sera déployée. 

Le Représentant spécial a exprimé sa reconnaissance de l’adoption de la résolution 2719 (2023) sur le financement des opérations de paix appuyées par l’UA, y voyant le témoignage du partenariat croissant entre cette dernière et l’ONU sur la base de stratégies communes.  Enfin, le haut fonctionnaire a appelé toutes les parties à garantir un financement flexible et prévisible en faveur de la stabilité post-ATMIS et du renforcement institutionnel de la Somalie. 

Le représentant du Royaume-Uni a indiqué que son pays est un partenaire de longue date de l’Éthiopie et de la Somalie.  Il a appelé au dialogue aux fins de désescalade, avant d’apporter son soutien aux efforts de médiation, notamment ceux de l’Union africaine (UA). Le représentant a rappelé l’importance de cette année sur le plan sécuritaire pour la Somalie, puisque les missions de l’ONU et de l’UA doivent quitter le pays, après 15 années de « valeureux services. »  Il a souligné les difficultés de financement rencontrées par l’AMISOM et l’ATMIS, en faisant valoir la contribution de son pays afin de les résoudre.  Rappelant la nécessité de préserver les progrès accomplis, le délégué a exhorté les partenaires de la Somalie à continuer d’appuyer la transition sécuritaire dans ce pays et à imaginer « des moyens innovants » de poursuivre leur soutien après le départ de l’ATMIS.

S’exprimant au nom des A3+1 (Algérie, Guyana, Mozambique et Sierra Leone), le représentant du Mozambique s’est félicité des réformes entreprises par le Gouvernement fédéral somalien sur les fronts politique, économique et sécuritaire.  Il a également salué l’admission de la Somalie au sein de la Communauté de l’Afrique de l’Est et l’annulation d’une partie de sa dette dans le cadre de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés, supervisée par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale.  Le représentant s’est ensuite réjoui des progrès réalisés par le Gouvernement fédéral somalien dans le domaine de la sécurité, avant d’applaudir l’achèvement de la deuxième phase du plan de retrait de l’ATMIS, qui prévoit le transfert de 13 bases opérationnelles avancées aux forces de sécurité somaliennes.  Dans l’optique de la troisième phase de ce retrait, il a exhorté la communauté internationale à continuer de fournir une assistance au secteur de la sécurité somalien. La phase post-ATMIS nécessitera la contribution de tous les partenaires pour capitaliser sur les acquis issus de la création de l’AMISOM (Mission d'observation militaire de l'Union africaine en Somalie) puis de l’ATMIS, a-t-il souligné, appelant à une coordination des efforts entre la Somalie, l’Union africaine, l’ONU et les partenaires internationaux.

Dans ce contexte, le représentant s’est déclaré préoccupé par la menace persistante que représentent les Chabab pour la paix, la sécurité et la stabilité du pays.  Condamnant l’attaque au mortier contre la zone de l’aéroport international d’Aden Adde, le 11 janvier dernier, qui a tué un membre de l’unité de garde de l’ONU, il a attiré l’attention sur le caractère transnational du groupe terroriste et appelé à des efforts multinationaux pour freiner son expansion. Rappelant d’autre part que la Somalie fait face à un cycle dévastateur de sécheresse et d’inondations, il a réitéré son appel à la communauté internationale pour qu’elle augmente son soutien financier au Gouvernement fédéral afin d’accroître l’aide humanitaire et de favoriser la mise en œuvre de programmes de développement.  Il a enfin exprimé la gratitude des A3+1 à l’UA, à la MANUSOM, au Bureau d’appui des Nations Unies (BANUS) en Somalie et aux agences, fonds et programmes des Nations Unies en Somalie pour leur travail acharné et leur dévouement envers le peuple somalien. 

Le représentant de la République de Corée a pris note de la montée des tensions dans la Corne de l’Afrique à la suite de la signature d’un protocole d’accord entre l’Éthiopie et le « Somaliland ».  Il a salué l’engagement de la Somalie à assurer la sécurité nationale au moment où l’ATMIS poursuit son retrait.  Il a rappelé la contribution de son pays en 2023 à hauteur de 1,2 million de dollars et avec l’acquisition de véhicules blindés de transport de troupes pour l’ATMIS.  Il est impératif de mettre en place une structure post-ATMIS efficace pour préserver et développer son héritage, a déclaré le représentant craignant que l’absence d’une telle structure annule les acquis dans la lutte contre le terrorisme et les Chabab.  Il a souligné la nécessité d’un financement prévisible, durable et flexible pour les opérations de soutien de la paix dirigées par l’UA. 

Le représentant a dit être préoccupé par l’impasse politique sur le modèle électoral et appelé le Gouvernement fédéral à assurer un processus constitutionnel inclusif et consultatif. Le Puntland, les femmes et les jeunes doivent participer aux discussions sur l’édification de l’État fédéral, a-t-il demandé.  Saluant les progrès accomplis par la Somalie sur le plan économique, le délégué a déploré une situation humanitaire catastrophique avec 7 millions de personnes dans le besoin.  Il a rappelé que la République de Corée a contribué à hauteur de 5,5 millions de dollars depuis 2019 pour aider la Somalie à relever les défis humanitaires, ainsi que 2,3 millions de dollars supplémentaires en 2023 pour la région de la Corne de l’Afrique.  Enfin, le délégué a encouragé la MANUSOM à mettre en œuvre des stratégies d’évaluation et de gestion des risques liées au climat.

Le représentant de la Slovénie s’est félicité des étapes importantes franchies récemment par la Somalie, notamment l’achèvement de l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés et son adhésion à la Communauté de l’Afrique de l’Est, tout en l’exhortant à poursuivre ses réformes politiques, économiques et du secteur de la sécurité.  Il a salué les efforts déployés par le Gouvernement fédéral dans le cadre du dialogue national somalien avec les États fédéraux et les autres parties concernées. Néanmoins, a-t-il noté, la situation humanitaire du pays demeure désastreuse, avec cinq saisons de pluies consécutives ratées suivies d’inondations catastrophiques.  Le représentant a donc encouragé les autorités somaliennes à poursuivre leurs efforts d’adaptation au climat.  Il a salué « l’ambitieux » plan de développement du secteur de la sécurité présenté par la Somalie lors de la conférence sur la sécurité de décembre dernier, qui comprend la nécessité d’une nouvelle mission multilatérale de soutien et d’assistance pour remplacer l’ATMIS. Le représentant a encouragé la Somalie à travailler en étroite collaboration avec l’Union africaine, l’Union européenne, les organisations régionales, les partenaires bilatéraux et le Conseil de sécurité pour élaborer une proposition viable en vue d’une telle mission, dotée d’un mandat et d’une durée clairement définis. 

Considérant que les tensions entre la Somalie et l’Éthiopie pourraient toutefois saper ces progrès et renforcer les efforts de recrutement des Chabab, le délégué a appelé les deux pays à faire preuve de retenue et à engager un dialogue constructif pour trouver une solution pacifique à ce différend.

La représentante de la France a salué les progrès réalisés en Somalie au cours de l’année écoulée, en notant l’intégration du pays au sein de la Communauté des États de l’Afrique de l’Est.  Néanmoins, la situation demeure fragile, a-t-elle reconnu.  Elle a rappelé que les Chabab continuent de mener des attaques fréquentes, y compris contre les populations civiles et les partenaires internationaux.  Elle a jugé primordial que l’ensemble des partenaires de la Somalie définisse dès à présent l’appui qui pourra être apporté au départ de l’ATMIS le 31 décembre prochain.  À ce titre, la France salue la stratégie présentée par la Somalie en décembre dernier, qui est très claire et qui nécessite la mobilisation de l’ensemble de la communauté internationale.  Seule une réponse coordonnée des partenaires permettra de soutenir efficacement les efforts de la Somalie pour endiguer la menace des Chabab, a conclu la déléguée.

La représentante de la Fédération de Russie a salué le renforcement de la stabilité politique en Somalie et le traitement par les autorités fédérales des questions de réconciliation nationale et d’édification de l’État. Ces processus ont selon elle été favorisés par le succès des offensives menées par l’Armée nationale somalienne avec le soutien de l’ATMIS contre les Chabab, qui continuent de constituer la principale menace pour l’architecture de sécurité du pays et de toute la région de la Corne de l’Afrique.  Elle a cependant observé que les islamistes profitent du « vide » dans les zones abandonnées par les Casques bleus africains.  Les attaques des Chabab contre l’Éthiopie, le Kenya et l’Ouganda voisins confirment la nature régionale des menaces terroristes, lesquelles nécessitent des mesures collectives, a-t-elle affirmé. 

Sur le plan politique, la représentante s’est félicitée des accords passés par le Gouvernement fédéral somalien et les dirigeants des régions sur un calendrier électoral unifié.  Pour garantir l’intégrité territoriale et l’unité de la Somalie, il faut, a-t-elle dit, l’aider à améliorer l’efficacité des agences fédérales de sécurité et assurer un retrait ordonné de l’ATMIS, conformément au plan convenu.  Elle a dit compter sur le travail coordonné des équipes des Nations Unies dans le pays.  La représentante a par ailleurs rappelé l’aide fournie par son pays à la Somalie pour qu’elle se relève des catastrophes naturelles de l’an dernier. Elle a conclu en appelant les autorités éthiopiennes et somaliennes à résoudre le différend né de la signature d’un mémorandum d’accord entre l’Éthiopie et le « Somaliland » sur l’utilisation de la côte de la zone portuaire de Berbera. 

Le représentant de l’Équateur a souligné que l’édification de l’État est le seul moyen de parvenir au développement et de mettre fin à la violence armée.  Pour y parvenir, a-t-il suggéré, il faut un processus politique démocratique, inclusif et transparent.  Il a également voulu que l’on cesse d’exclure les femmes de la prise des décisions politiques, soulignant la nécessité de promouvoir activement leur participation par la mise en œuvre du quota de 30%.  Après s’être dit préoccupé par les graves violations des droits de l’enfant perpétrées par les Chabab, le représentant a appelé à une coopération étroite entre le Gouvernement et l’ONU afin de garantir une transition progressive et responsable sans vide sécuritaire et dans le plein respect des droits de l’homme et du droit international.  Au moment où l’ATMIS poursuit son retrait, il faut, a souligné le représentant, que les institutions de sécurité somaliennes assument progressivement leurs responsabilités en matière de sécurité, garantissent la protection des civils et enquêtent sur toutes les violations qui pourraient se produire, sans oublier d’en traduire les responsables en justice.  Un soutien financier adéquat à l’ATMIS aidera la Somalie à mieux combattre les Chabab, a conclu le représentant. 

Le représentant des États-Unis a salué l’intégration de la Somalie au sein de la Communauté de l’Afrique de l’Est, ainsi que son atteinte du point d’achèvement des pays pauvres très endettés.  Il a salué la bonne tenue des récentes élections dans le Puntland, avant de déplorer les tensions avec l’Éthiopie.  Le délégué a appelé au respect de la souveraineté somalienne, soulignant la nécessité du dialogue aux fins de la désescalade des tensions. Cette situation ne doit pas détourner l’attention de l’importance de consolider les institutions de l’État fédéral en Somalie, a dit le délégué.  Enfin, le représentant a salué le consensus international autour d’une mission de suivi après le retrait de l’ATMIS, se félicitant des discussions actuelles avec l’Union africaine à cette fin.

La représentante de Malte s’est d’abord félicitée également de la tenue d’élections pacifiques au Puntland.  Elle a encouragé les autorités somaliennes à poursuivre les consultations sur tout amendement constitutionnel et à promouvoir la représentation politique des femmes.  Jugeant alarmante la récente hausse des féminicides dans le pays, la représentante a appelé à une action immédiate pour enquêter sur ces crimes, renforcer la protection juridique et mettre fin à l’impunité.  Après avoir pris acte de la récente présentation du cadre stratégique de développement du secteur de la sécurité de la Somalie, elle a estimé que le départ prochain de l’ATMIS nécessitera une planification stratégique comprenant un appui international important afin d’assurer la stabilité nécessaire à tout progrès sécuritaire, sur la base de structures de gouvernance locale solides.

La représentante s’est dite impatiente d’examiner la proposition somalienne globale d’ici à la fin du mois prochain, assortie d’une stratégie de sortie claire et d’objectifs mesurables.  Face aux cycles de sécheresses et d’inondations qui ravagent le pays, exacerbent les crises humanitaires, entravent le développement et créent un terrain fertile pour les conflits ethniques, elle a exprimé son appui au travail du Conseiller en sécurité climatique de la MANUSOM.  Enfin, la représentante a fait siens les appels à la désescalade des tensions entre l’Éthiopie et la Somalie, tout en réitérant son plein soutien à l’intégrité territoriale et à la souveraineté de celle-ci. 

Le représentant de la Chine a estimé que, dans le contexte actuel, le soutien des Nations Unies et de la communauté internationale à la Somalie ne doit pas faillir.  Il faut au contraire aider le pays à préserver sa stabilité politique, a-t-il argué, saluant le dialogue mené par le Gouvernement fédéral somalien et les États fédérés sur des questions telles que les structures politiques, l’élaboration d’une constitution et l’organisation d’élections générales.  La Chine appuie toutes les parties pour qu’elles règlent leurs différends par le dialogue et la consultation, a affirmé le représentant, avant de souligner que le processus politique en cours relève des affaires internes de la Somalie et qu’il convient d’éviter toute ingérence extérieure.  En s’acquittant de son mandat, la MANUSOM doit donc respecter la transition politique de la Somalie, pilotée par le pays et lui seul, a-t-il insisté.  De même, la Chine est favorable à la transition en temps voulu de l’ATMIS, conformément à la demande du Gouvernement somalien. 

Pour le représentant, les attaques des Chabab rappellent que le terrorisme reste la principale menace en Somalie.  Pour y répondre, le secteur de la sécurité doit être renforcé, a-t-il préconisé, se disant également favorable à un retrait progressif, responsable et souple de l’ATMIS d’ici à la fin de cette année, sur la base d’une évaluation exhaustive de la situation.  Après ce retrait, toutes les modalités futures devront satisfaire aux besoins sécuritaires de la Somalie, a-t-il plaidé, avant d’exhorter les bailleurs de fonds à ne pas réduire leur soutien et à ne pas se laver les mains de ce qui se passera par la suite.  À cet égard, le représentant a salué le récent lancement de la Vision 2060 du Gouvernement fédéral somalien, qui fixe les priorités nationales de développement. Notant par ailleurs que la Somalie a atteint le point d’achèvement de l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés, il a invité les institutions financières internationales à saisir cette occasion pour renforcer leur assistance, sans attacher de conditions politiques au financement. 

Le représentant de la Suisse s’est inquiété de la montée des tensions résultant des dernières controverses concernant le « Somaliland ».  Il a recommandé que les parties poursuivent sur la voie d’un dialogue pacifique et que les acteurs exerçant une influence l’utilisent pour trouver une solution pacifique.  L’offensive contre les Chabab doit rester au premier plan des préoccupations sécuritaires, a-t-il souhaité, pendant que le processus de sortie de l’ATMIS se poursuit.  Il a estimé qu’en levant l’embargo sur les armes, le Conseil a démontré sa volonté de se tourner vers l’avenir, un avenir dont il faut discuter maintenant.  Le délégué a suggéré que les mesures visant à réduire la présence internationale reflètent la situation sur le terrain, soulignant le caractère essentiel de la fourniture de services de base et de la sécurité dans les territoires nouvellement récupérés.

Par ailleurs, le délégué a encouragé à adopter un modèle électoral basé sur le principe « une personne, une voix », soulignant l’importance d’atteindre le quota de 30% de femmes parlementaires.  Le représentant a aussi appelé à mener la révision constitutionnelle dans un espace civique sûr et inclusif, arguant que la coopération entre citoyens, États fédéraux et le Gouvernement central est le fondement de la cohésion nationale.  En Somalie, il faut aussi prendre en compte les menaces liées aux changements climatiques, à l’insécurité alimentaire et aux conflits.  Pour éviter que la situation ne se dégrade avec la saison des pluies, il a jugé crucial de déployer des actions d’anticipation.  La Suisse soutient à cet effet le Fonds central pour les interventions d’urgence (CERF).  À plus long terme, le délégué a suggéré une coordination renforcée aux niveaux local, fédéral et régional, afin de mieux anticiper et gérer ces crises complexes.

La représentante du Japon a rappelé que, le mois dernier, l’ATMIS avait achevé la deuxième phase de son retrait dans le cadre du plan de transition sécuritaire.  Face à la menace des Chabab, il est selon elle de la plus haute importance d’accélérer la réforme du secteur de la sécurité afin d’assurer une présence suffisante des forces de sécurité somaliennes en vue d’une transition en douceur.  À cette fin, a-t-elle indiqué, le Japon a décidé en novembre dernier de débourser environ 1,8 million de dollars pour soutenir la Police somalienne dans ses opérations dans les zones fragiles et nouvellement récupérées, en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). 

Saluant les efforts déployés par les autorités somaliennes pour placer ce processus dans un cadre juridique clair, la représentante a estimé que le soutien aux forces somaliennes qu’apportent les pays contributeurs de troupes à l’ATMIS continue d’être essentiel pour le succès de la transition sécuritaire.  Elle a d’autre part plaidé en faveur d’un renforcement de la résilience de la société somalienne pour empêcher toute intrusion des Chabab dans ses zones de faiblesse.  Cela implique de rendre les services de base accessibles à tous et de mener des réformes économiques avec l’appui des institutions financières internationales, a-t-elle affirmé, avant de souligner la vulnérabilité de la Somalie aux chocs climatiques et son besoin d’une aide humanitaire continue.  Enfin, après avoir pris note des discussions au sein de l’Union africaine sur la configuration de sécurité post-ATMIS, elle a assuré que le Japon est impatient de participer aux futures délibérations sur un éventuel engagement de l’ONU.   

Le représentant de la Somalie a demandé l’élaboration d’une feuille de route en vue de la transition des activités de la MANUSOM vers l’équipe de pays de l’ONU.  Il a dénoncé l’annonce par l’Éthiopie de « l’annexion » d’une partie de la Somalie afin d’y établir une base militaire ainsi que la décision de reconnaître l’indépendance du « groupe séparatiste dans la région nord-ouest de la Somalie », y voyant une violation flagrante de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de son pays.  Le Gouvernement somalien condamne les « actions illégales et les efforts trompeurs » de l’Éthiopie pour déguiser sa « tentative ratée » d’annexion d’un territoire somalien, en avertissant qu’ils compromettent la stabilité de la région.  Selon lui, l’établissement par l’Éthiopie d’une base militaire en Somalie équivaut à une « déclaration de guerre » contre la Somalie et son peuple, en plus de raviver les Chabab et les tensions régionales. 

Dans ce contexte, Mogadiscio a porté ces violations à l’attention du Conseil de paix et de sécurité de l’UA, a dit le représentant en regrettant que le Gouvernement éthiopien n’ait pas assisté à la réunion convoquée par le Conseil pour en discuter.  Il est donc clair, selon le représentant, que l’Éthiopie entrave délibérément la coopération bilatérale.  Compte tenu des graves répercussions régionales et internationales de ce comportement, il incombe selon lui à l’ONU et à l’UA de veiller à prévenir les conflits et à assurer le maintien de la paix et de la sécurité internationales. Bien que le Gouvernement somalien soit prêt à faire preuve de la plus grande retenue, il se réserve le droit de répondre aux menaces découlant des violations de son intégrité territoriale et de son unité, conformément au droit international, a déclaré le délégué.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: le Représentant spécial pour la Libye exhorte les acteurs politiques à mettre leurs « intérêts personnels » de côté afin d’ouvrir la voie aux élections

9549e séance
CS/15592

Conseil de sécurité: le Représentant spécial pour la Libye exhorte les acteurs politiques à mettre leurs « intérêts personnels » de côté afin d’ouvrir la voie aux élections

Le Représentant spécial du Secrétaire général pour la Libye a, ce matin devant le Conseil de sécurité, « de nouveau » exhorté les acteurs politiques du pays à mettre leurs intérêts personnels de côté afin de dégager la voie à des élections attendues de longue date.  « Ces acteurs continuent de poser des conditions préalables à leur participation au dialogue, une façon de maintenir un statu quo qui semble leur convenir », a-t-il accusé.  Cet appel a été largement relayé par les délégations qui se sont en revanche divisées sur la question des sanctions frappant la Libye. 

« Onze ans après la révolution du 17 février 2011, les Libyens n’ont toujours pas concrétisé leurs aspirations à une paix durable et à la démocratie », a déploré M. Abdoulaye Bathily, qui a indiqué que malgré la finalisation du cadre juridique et constitutionnel, les acteurs clefs libyens ne paraissent pas décidés à régler les questions en suspens.  Or, a-t-il poursuivi, le seul moyen d’aller de l’avant est de résoudre par la négociation toutes les questions qui ont empêché la tenue des élections en 2021. 

Le Représentant spécial, qui est également Chef de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL), a passé en revue les positions de chacun de ces acteurs.  Ainsi, pour le Président de la Chambre des députés, la question principale est la formation d’un gouvernement unifié, tandis que le Président du Haut Conseil d’État continue, lui, de rejeter les lois électorales adoptées par ladite chambre.  Quant au Premier Ministre, il indique qu’il ne démissionnera qu’après la tenue des élections, ce qui veut dire que le Gouvernement d’unité nationale continuera de superviser le processus électoral à venir, a expliqué M. Bathily qui a souligné que les élections ne doivent pas aboutir à un scénario type « le vainqueur empoche tout » au détriment des autres acteurs. 

Il a également noté que la division Est-Ouest entre les institutions nationales empêche l’adoption d’un budget, perpétuant ainsi le manque de transparence autour de l’emploi des ressources publiques.  « Un accord politique entre les acteurs clefs est crucial pour la formation d’un gouvernement unifié en vue de la tenue des élections », a-t-il insisté. 

Une position largement partagée par les délégations, à commencer par celle du Mozambique, au nom des membres africains du Conseil de sécurité plus un (A3+1) qui a appelé les parties à surmonter leurs divergences quant à la mise en œuvre des lois électorales, sur la base d’un consensus national, sans ingérence extérieure.  Il est crucial de régler les questions en suspens en vue de la tenue d’élections, a appuyé le Japon, en demandant un engagement constructif desdits acteurs. 

La France a elle aussi insisté sur l’urgence de mettre la Libye sur la voie d’élections législatives et présidentielle libres, transparentes et inclusives, tout en notant que la formation d’un nouveau gouvernement unifié est la condition manquante pour organiser les scrutins.  La République de Corée a constaté pour sa part que l’incapacité des acteurs politiques libyens à former un gouvernement unifié pose problème. 

L’absence d’avancées sur la voie du processus politique a également été déplorée par le délégué libyen qui a affirmé que le dialogue politique entre les parties s’apparente à un cercle vicieux, sans initiatives sérieuses à l’horizon.  « Pendant ce temps, les Libyens continuent d’attendre une sortie de l’impasse et la tenue d’élections. »  Il a également dit que les Libyens sont fatigués « des interventions étrangères, des analyses, des exposés et des déclarations qui n’apportent rien de nouveau ». 

Après avoir entendu le Président du Comité établi en application de la résolution 1970 (2011), les délégations ont affiché leurs divergences sur le régime des sanctions.  Si Malte et les États-Unis ont jugé crucial le respect intégral de ce régime, dans l’intérêt du peuple libyen, la Chine et le Mozambique ont souhaité que les exigences légitimes de la Libye soient satisfaites, notamment pour ce qui est des avoirs libyens gelés.  Le Comité ne doit pas être un instrument dirigé contre les Libyens et devrait donner suite à notre demande de rayer de la liste certains individus ou certaines entités, a déclaré le délégué libyen.  La Fédération de Russie a jugé pour sa part que les sanctions ont largement perdu de leur pertinence et ne contribuent pas au processus de réunification, « surtout si l’on tient compte de la dynamique croissante du processus de réconciliation nationale ».

 

LA SITUATION EN LIBYE

Déclarations

M. ABDOULAYE BATHILY, Représentant spécial du Secrétaire général pour la Libye, a déclaré qu’onze ans après la révolution du 17 février 2011, les Libyens n’ont toujours pas concrétisé leurs aspirations à une paix durable et à la démocratie.  Malgré la finalisation du cadre juridique et constitutionnel, les acteurs clefs libyens ne paraissent pas décidés à régler les questions en suspens afin de dégager la voie à des élections attendues de longue date, a-t-il déploré.  Jusqu’à présent, aucun d’entre eux n’a fondamentalement changé de position, en continuant de poser des conditions préalables pour leur participation au dialogue, façon, a-t-il dit, de maintenir un statu quo qui semble leur convenir. 

Le Représentant spécial a passé en revue les positions de chacun, à commencer par le Président de la Chambre des députés, M. Agila Saleh, pour lequel la question principale est la formation d’un gouvernement unifié.  Le Président du Haut Conseil d’État, M. Mohammed Takala, quant à lui, continue de rejeter les lois électorales adoptées par la Chambre, et souhaite revenir à une version antérieure de ces lois.  Le Premier Ministre, M. Abdulhamid Al Dabiba, indique qu’il ne démissionnera qu’après la tenue des élections, ce qui veut dire que le Gouvernement d’unité nationale continuera de superviser le processus électoral à venir.  Le général Khalifa Haftar, commandant de l’Armée nationale libyenne, demande que les deux gouvernements participent aux discussions ou en soient exclus.  Et le Président du Conseil présidentiel, M. Mohammed Menfi, ne veut pas être vu comme étant partie prenante mais se prépare à jouer le rôle de facilitateur en appui de mon initiative, a-t-il dit.  Soulignant que le seul moyen d’aller de l’avant est de résoudre par la négociation toutes les questions qui ont empêché la tenue des élections en 2021, il a appelé les acteurs institutionnels libyens à s’engager sans conditions au dialogue. 

De même, le Représentant spécial a insisté sur l’importance de remédier aux préoccupations de certains acteurs.  Il a appelé à créer un mécanisme de distribution équitable des ressources, à garantir la transparence du processus électoral et à faire en sorte que les élections n’aboutissent pas à un scénario où « le vainqueur empoche tout » au détriment des autres.  Le processus politique envisagé doit être assorti d’un calendrier intangible sur les différentes étapes conduisant au scrutin, a-t-il dit.  Le Conseil de sécurité et la communauté internationale ont un rôle critique à jouer afin de pousser les parties libyennes à s’engager de manière constructive dans le processus, a-t-il estimé. 

Le Représentant spécial a également prévenu que la division est-ouest entre les institutions nationales risque d’aboutir une fois de plus à la non-adoption d’un budget, perpétuant ainsi le manque de transparence sur l’emploi des ressources publiques.  Sur le plan sécuritaire, il a indiqué qu’il n’y a pas eu de violations du cessez-le-feu, tout en soulignant la gravité de la situation dans le sud du pays, dans un contexte marqué par les crises au Sahel et au Soudan.  À Tripoli, les rivalités entre les différents acteurs pour asseoir leur contrôle sur des zones stratégiques, telles que les bases militaires ou l’emplacement des institutions étatiques, dont la Banque centrale, continuent de menacer la sécurité précaire dans la capitale, a-t-il dit.  Il est également revenu sur la détention arbitraire de 60 personnes, y compris des enfants, en raison de leurs opinions politiques.  Cette pratique fait planer le doute sur la volonté de certains acteurs libyens d’appuyer un processus électoral transparent, a-t-il dit, en demandant leur libération.  Il s’est également dit alarmé par les expulsions collectives de migrants et de réfugiés qui se trouvent en Libye. 

En conclusion, le Représentant spécial a rappelé que les progrès en vue de la tenue d’élections nationales crédibles ne seront pas possibles tant qu’il n’y aura pas d’accord politique entre les principales parties prenantes libyennes.  « J’appelle une nouvelle fois les dirigeants libyens à mettre leurs intérêts personnels de côté et à revenir à la table des négociations en toute bonne foi, afin de discuter des questions en suspens. »  Toute réticence à le faire ne fera que jeter le soupçon sur leur engagement en faveur du processus électoral et de l’unité du pays, a-t-il prévenu, soulignant qu’un accord politique entre les acteurs clefs est crucial pour la formation d’un gouvernement unifié en vue de la tenue des élections. 

S’exprimant en sa qualité de Président du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1970 (2011), M. YAMAZAKI KAZUYUKI (Japon) a fait rapport au Conseil des activités du Comité pendant la période allant du 19 décembre 2023 au 15 février 2024.  Il a indiqué que, lors de ses consultations informelles tenues le 2 février, le Comité a entendu un exposé du Groupe d’experts sur son plan de travail et ses priorités pour le mandat au titre de la résolution 2701 (2023) et sur sa prochaine visite prévue en Libye.  Le Comité a également reçu une lettre de la Libye contenant des réponses au rapport final du Groupe au titre du mandat précédent, qu’il examinera une fois que la traduction pertinente sera disponible. 

En ce qui concerne le gel des avoirs, le Président du Comité a indiqué qu’aucune décision négative n’a été prise à la suite des notifications présentées par Bahreïn, la Suisse et le Royaume-Uni.  Le Comité a par ailleurs approuvé une demande de dérogation présentée par le Luxembourg et a répondu à une notification présentée par Bahreïn. Le Président a ajouté que le Comité a reçu deux lettres de la Libye concernant certains aspects du gel des avoirs, dont l’une contenait le plan d’investissement à court terme de l’Autorité libyenne des investissements, en réponse au paragraphe 15 de la résolution 2701 (2023).  Les membres du Comité examineront les réponses aux deux lettres, a-t-il dit, avant d’évoquer les mesures d’interdiction de voyage.  Il a signalé que, le 31 janvier, le Comité a fait droit à la demande d’une personne inscrite sur la Liste, Mme Safia Farkash Al-Barassi, reçue par l’intermédiaire du Point focal pour la radiation créé par la résolution 1730 (2006), et a décidé que Mme Al-Barassi n’était plus soumise à l’interdiction de voyager imposée en vertu du paragraphe 15 de la résolution 1970 (2011).  Elle reste toutefois soumise à la mesure de gel des avoirs, a-t-il précisé, notant que la liste des sanctions contre la Libye a été modifiée en conséquence. 

La représentante du Royaume-Uni a apprécié que le Représentant spécial ait convoqué les principaux acteurs libyens à une réunion préparatoire pour sortir de l’impasse politique et organiser des élections.  L’aboutissement de ce processus repose sur un engagement constructif et un véritable compromis de la part des parties libyennes, a-t-elle estimé.  Notant que certains acteurs avaient refusé de nommer leurs représentants, la déléguée a appelé les parties à participer au processus sans conditions préalables pour résoudre les questions en suspens qui retardent les élections.  « Le peuple libyen souffre de cette impasse politique. »  Près de six mois se sont écoulés depuis les inondations dévastatrices à Derna et la reconstruction est entravée par l’absence d’une approche unifiée et transparente, a encore regretté la déléguée en avertissant que les soins de santé et les services de base font défaut.  « L’impasse politique accentue les difficultés rencontrées par la société civile dans toute la Libye. » 

La représentante s’est dite préoccupée par le rétrécissement de l’espace civique, l’augmentation des violations des droits humains en particulier à l’égard des migrants et des réfugiés, ainsi que les restrictions croissantes à l’encontre des femmes.  De même, la représentante s’est inquiétée des informations selon lesquelles 11 bureaux provinciaux de la Haute Commission électorale nationale ont été contraints de suspendre les opérations dans le sud et l’est de la Libye au début du mois de février.  Elle a demandé aux responsables libyens d’apporter un soutien nécessaire pour faciliter les élections municipales, ce qui permettrait au peuple libyen d’exercer ses droits démocratiques.  Elle a conclu en exhortant les dirigeants libyens à s’engager de manière constructive avec le Représentant spécial pour qu’il s’acquitte de ses responsabilités envers le peuple libyen. 

Le représentant de la Slovénie a tout d’abord regretté que deux ans se soient écoulés depuis le report des élections en Libye.  Saluant néanmoins les conclusions de la MANUL selon lesquelles les lois électorales actualisées l’an dernier fournissent une base de travail pour organiser des élections, il a déploré l’absence de garantie pour une plus grande représentation des femmes, comme prévu initialement.  Dans ce contexte, il s’est alarmé de la détérioration de la situation sécuritaire, appelant les acteurs politiques libyens à donner la priorité aux aspirations du peuple et à participer de bonne foi aux efforts du Représentant spécial.  Le représentant a également estimé que le processus politique doit aller de pair avec des efforts de réconciliation nationale, avant de se féliciter qu’une conférence sur ce thème soit programmée en avril à Syrte. 

Enfin, après avoir exprimé sa solidarité à tous les Libyens frappés par les inondations tragiques de septembre dernier, il s’est dit préoccupé par la situation des droits humains dans le pays, en particulier en cette phase préélectorale.  Les attaques contre les défenseurs des droits humains, les militants des droits des femmes, les manifestants, les journalistes et les groupes de la société civile sont contraires aux efforts visant à créer un environnement propice à des élections libres et équitables, a-t-il affirmé.  Il a salué les engagements pris, lors d’une table ronde la semaine dernière, par les autorités libyennes, les représentants de la société civile et le Rapporteur spécial sur la liberté de réunion et d’association. 

Le représentant de la Fédération de Russie a reconnu que les perspectives de parvenir à un règlement durable de la crise libyenne ne sont malheureusement pas encore visibles.  « Il est évident que nous ne pouvons, à terme, nous passer d’un Gouvernement véritablement inclusif, réunissant les représentants de toutes les régions de l’ex-Jamahiriya.  Le statu quo dure depuis trop longtemps.  Les Libyens doivent avoir foi dans l’inviolabilité de leurs institutions étatiques », a déclaré le représentant.  Pour sa délégation, la seule issue à cette situation est d’organiser des élections nationales et, sur la base de leurs résultats, de créer des organes gouvernementaux unifiés et inclusifs.

Bien que l’an dernier, les membres de la Chambre des députés et du Haut Conseil d’État se soient mis d’accord sur des projets de loi sur les élections présidentielle et parlementaires, et que le 2 octobre, cette même Chambre des députés ait approuvé à l’unanimité ces projets de loi avec quelques amendements, la situation électorale n’a pas encore fait l’objet de développements supplémentaires, a noté le représentant.  Il a cependant observé qu’ignorer complètement ces évolutions serait contreproductif pour le processus politique libyen.  Aussi la Fédération de Russie espère-t-elle que, dans un avenir proche, les parties parviendront aux accords nécessaires, avec le soutien des médiateurs internationaux.

À cet égard, le représentant a dit suivre de près les travaux du Représentant spécial du Secrétaire général, M. Bathily, pour promouvoir le processus politique libyen dans son ensemble: « Nous soulignons notre soutien de principe à vos efforts, Monsieur Bathily, pour trouver des moyens acceptables de sortir de l’impasse politique interne et donner une impulsion au dialogue politique ».  Le délégué a recommandé d’agir sans précipitation et d’éviter toute intrusion, arguant que les tentatives visant à imposer tel ou tel programme aux « poids lourds » libyens n’aboutissent pas au résultat escompté.

Sur la question de l’élimination de la présence militaire étrangère en Libye, le représentant a préconisé un retrait synchronisé, équilibré et progressif de tous les groupes armés et unités militaires non libyens, « sans exception ».  Il a ensuite exhorté le Conseil de sécurité à aborder les mesures de sanctions avec prudence, rappelant que la plupart avaient été adoptées pour protéger les Libyens de la violence, de la criminalité et des attaques contre les fonds nationaux, « et non à titre de punition ».  Elles ont dans l’intervalle largement perdu de leur pertinence et ne contribuent pas au processus de réunification, surtout si l’on tient compte de la dynamique croissante du processus de réconciliation nationale, a-t-il estimé en jugeant opportun maintenant de les reconsidérer.

Le représentant du Japon a appuyé l’initiative du Représentant spécial visant à réunir les principaux acteurs libyens.  C’est une étape essentielle afin de régler les questions en suspens en vue de la tenue d’élections tant attendues, a dit le délégué, en demandant un engagement constructif desdits acteurs.  Il s’est dit très préoccupé par la situation humanitaire et des droits humains en Libye, dans un contexte d’instabilité régionale, notamment au Soudan.  Il a demandé qu’une réponse soit apportée aux « conditions inhumaines » infligées aux migrants et aux demandeurs d’asile.  Enfin, il a signalé que son pays avait rouvert en janvier dernier son ambassade à Tripoli.

Le représentant de l’Équateur a prié les parties libyennes d’organiser les élections auxquelles aspire le peuple libyen pour mettre fin à la crise actuelle et pour assurer la stabilité du pays.  Il a salué le soutien régional apporté au processus politique en Libye comme l’illustre la réunion organisée le 5 février par la République du Congo.  Il a aussi encouragé les efforts de reconstruction dans l’est libyen après les inondations subies à Derna.  Il existe un cadre juridique et constitutionnel pour pouvoir organiser les élections, a rappelé le délégué qui a exhorté les parties libyennes à adhérer au processus politique facilité par l’ONU.  C’est, selon lui, la meilleure façon de parvenir à la stabilité et au contrôle du territoire.  Il a aussi souligné l’importance de la réforme du secteur de la sécurité avec la participation de la société civile, afin de pouvoir relever les défis sécuritaires.  Enfin, le représentant a demandé à améliorer la situation des réfugiés et des demandeurs d’asile, voulant que les trafiquants rendent des comptes. 

La représentante de la France a jugé urgent de mettre la Libye sur la voie d’élections législatives et présidentielle libres, transparentes et inclusives.  Elle a encouragé les acteurs institutionnels libyens à s’engager de bonne foi dans le dialogue, sous l’égide des Nations Unies, et à parvenir à un accord sur la formation d’un nouveau gouvernement unifié.  C’est aujourd’hui la condition manquante pour organiser les scrutins, a rappelé la représentante, en réitérant la disponibilité de son pays à faciliter ce dialogue interlibyen, comme il l’a fait depuis 2017, en coordination étroite avec les partenaires régionaux et internationaux. 

Le statu quo n’est pas dans l’intérêt des Libyens, et le vide politique renforce les milices et les ingérences étrangères et alimente l’instabilité dans le pays et l’ensemble de la région, a prévenu la déléguée.  À cet égard, l’accord de cessez-le-feu d’octobre 2020 doit être pleinement mis en œuvre.  Elle a ensuite appelé l’ensemble des combattants étrangers, des forces étrangères et des mercenaires à se retirer du territoire libyen, conformément aux résolutions du Conseil.  La France continuera d’appuyer les efforts des acteurs libyens en vue d’une réunification de l’armée libyenne, sous l’égide de la Commission militaire conjointe 5+5 et des deux chefs d’état-major, a assuré la représentante. 

Le représentant du Mozambique, au nom des membres africains du Conseil de sécurité plus un (A3+1 - Algérie, Guyana, Mozambique, Sierra Leone), a estimé que la tenue des élections est le seul moyen de doter le pays d’institutions stables et de lui assurer un avenir de paix.  Il a appelé les parties à surmonter leurs divergences quant à la mise en œuvre des lois électorales, sur la base d’un consensus national, sans ingérence extérieure.  De même, il a demandé un engagement constructif des acteurs au processus appuyé par le Représentant spécial.  Il s’est félicité du maintien du cessez-le-feu, avant de souligner l’urgence de procéder au retrait de tous les combattants étrangers du pays.  Un tel retrait doit se faire en coopération étroite avec les pays voisins, afin d’éviter toute exportation du conflit.  Il a demandé une amélioration du sort des migrants et des réfugiés en Libye.  Enfin, il a appelé le Conseil à répondre aux préoccupations des autorités libyennes sur le gel des avoirs à l’étranger. 

Le représentant de la Chine a salué les efforts du Représentant spécial pour promouvoir le dialogue avec les parties libyennes et soutenir le processus politique interne en vue de l’organisation d’élections.  Seule une solution conduite par les Libyens eux-mêmes pourra mener à la paix, a-t-il affirmé, invitant la communauté internationale à éviter d’imposer des solutions externes.  Saluant la tenue prochaine d’une réunion sur la réconciliation nationale, le représentant a souhaité que la Libye profite de l’expérience en la matière de l’Union africaine et que la voie diplomatique appuie le processus politique.  Il s’est toutefois déclaré inquiet de la situation sécuritaire du pays, appelant à tout faire pour empêcher celui-ci de retomber dans le chaos.  Pour cela, les parties doivent respecter le cessez-le-feu et mettre en œuvre les conclusions de la Commission militaire conjointe 5+5, a-t-il dit, avant de plaider pour un retrait sans délai des forces étrangères présentes en Libye et un soutien à l’économie libyenne.  À cet égard, le représentant s’est félicité de la réouverture des marchés et de la reprise de la production pétrolière, demandant qu’une aide soit apportée au pays pour reconstruire les régions sinistrées par les inondations de septembre dernier.  Enfin, s’agissant des avoirs libyens gelés, il a souhaité que la communauté internationale réponde aux exigences légitimes de la Libye. 

Le représentant de la République de Corée a regretté que les élections prévues depuis deux ans n’aient toujours pas eu lieu et a dénoncé l’incapacité des acteurs politiques libyens à former un gouvernement unifié.  Cette incapacité pose problème, comme l’a montré l’incapacité à mener la reconstruction à Derna, a-t-il observé.  Il a fait remarquer qu’elle affecte aussi la gestion des ressources naturelles de Libye.  Le représentant a exhorté les responsables politiques libyens à agir pour l’intérêt des Libyens, soulignant que les élections sont la seule solution au problème de la Libye.  Les parties doivent répondre à la proposition du Représentant spécial sur la voie à suivre, a-t-il souhaité en insistant sur la nécessité d’établir un calendrier électoral et de parvenir à la réconciliation nationale. 

Notant que la sécurité reste précaire dans le pays, le représentant a exhorté à préserver le cessez-le-feu, à faciliter le retrait des combattants étrangers et à respecter l’embargo sur les armes.  Il a également souligné l’importance de la justice et de la reddition de comptes, saluant à cet égard la tenue prochaine de la conférence nationale de réconciliation.  Préoccupé toutefois par le rétrécissement de l’espace civique en Libye, le représentant a appelé à respecter le droit international humanitaire et les droits humains.  Il faut déployer tous les efforts nécessaires pour comprendre les problèmes de migration dans la région, a-t-il dit en conclusion.

La représentante de Malte a jugé crucial que la communauté internationale redouble d’efforts visant à faire progresser le processus politique en Libye, même si la responsabilité ultime à cet égard incombe aux principales parties prenantes libyennes.  La déléguée a ensuite mis en garde contre les menaces structurelles pesant sur la sécurité de la Libye, notamment l’environnement politique délétère.  « Nous rappelons à toutes les parties leurs obligations en vertu du droit international d’assurer la protection des civils et de protéger leurs droits humains. »  Le respect intégral de l’embargo sur les armes et du régime de sanctions est essentiel, a ajouté la représentante, pour qui le gel des avoirs est dans l’intérêt de la Libye et de son peuple.  Elle a estimé à cet égard que les fonds libyens détenus à l’étranger devraient continuer à être identifiés, gelés et déclarés en vue d’un éventuel rapatriement. 

La représentante a enfin dit craindre que l’incertitude politique en Libye n’ait un impact sur les efforts de reconstruction et de redressement nécessaires à la suite des inondations catastrophiques de septembre dernier dans l’est de la Libye.  Tous les acteurs libyens doivent mettre en œuvre les recommandations contenues dans le rapport d’évaluation rapide des dégâts et des besoins rendu public le mois dernier, a-t-elle exhorté.  Selon la déléguée, le moyen le plus efficace d’y parvenir consiste à coordonner les efforts en cours dans le cadre d’un mécanisme transparent, central et national.

La représentante de la Suisse a appelé les acteurs libyens à participer de bonne foi et sans préconditions aux bons offices du Représentant spécial afin de permettre l’organisation d’élections libres, équitables, transparentes et inclusives.  Les autorités libyennes et les autres acteurs concernés doivent impérativement respecter le droit international humanitaire et les droits de l’homme, particulièrement la Convention relative aux droits des enfants, a-t-elle réclamé.  « Il est urgent de mettre fin à la détention des enfants et d’autoriser l’accès aux organismes de surveillance, y inclus les Nations Unies, et aux acteurs humanitaires à tous les centres de rétention. »  Enfin, la déléguée a fait remarquer que le conflit prolongé et la division politique avaient rendu la Libye plus vulnérable à l’impact humanitaire des catastrophes naturelles, qui sont exacerbées par les changements climatiques. 

Le représentant des États-Unis a affirmé la détermination de son pays à aider la Libye à appliquer l’embargo sur les armes, à améliorer sa gouvernance et à organiser des élections libres et régulières.  Il s’est cependant déclaré alarmé par les activités des groupes armés qui opèrent en tout impunité sur le sol libyen et ont une influence sur le processus politique.  Il a également condamné les violations des droits humains que commettent ces groupes, qui entraînent des déplacements massifs de civils.  Dans ce contexte, il a enjoint le Groupe d’experts à poursuivre ses enquêtes et à identifier les individus qui méritent de figurer sur la liste de sanctions. Le représentant a par ailleurs félicité la Commission militaire conjointe 5+5 pour ses efforts visant à mettre en œuvre l’accord de cessez-le-feu, à permettre le départ des combattants étrangers et à promouvoir le désarmement, la démobilisation et la réintégration.  À ses yeux, une réunification militaire permettrait à la Libye de réduire la criminalité, de sécuriser ses frontières et d’éviter un embrasement régional. 

Il est aussi urgent, selon le représentant, que les dirigeants libyens mettent en place un système équitable et transparent de distribution des recettes pétrolifères.  À cet égard, il a dénoncé l’utilisation de ces recettes pour des affaires personnelles, notamment les cas d’exportations illicites de produits pétroliers.  Il a ensuite remercié l’Union africaine pour son suivi de la situation et l’Union européenne pour ses efforts destinés à empêcher la contrebande et la piraterie au large des côtes libyennes.  Le représentant a néanmoins exprimé sa préoccupation face aux violations croissantes de l’embargo sur les armes.  Il a ajouté qu’au niveau régional, les États-Unis suivent de près la situation au Niger, au Tchad, au Soudan et au Mali, y compris les déplacements de combattants étrangers, comme ceux du Groupe Wagner dont les activités criminelles font fi de la souveraineté de la Libye et de ses voisins.  Il a enfin indiqué que son pays a pris note de l’avertissement lancé par le Haut-Commissaire pour les réfugiés, selon lequel un nouvel afflux de demandeurs d’asile et de migrants vers l’Europe, via la Libye et la Tunisie, est à prévoir si le conflit au Soudan persiste.  Il a appelé à venir en aide à ces personnes, comme le demande le Secrétaire général dans son dernier rapport. 

Le représentant de la Libye a déclaré que le Comité des sanctions ne doit pas être un instrument dirigé contre les Libyens, l’appelant à donner suite à la demande de la Libye de rayer de la liste certains individus ou entités et de protéger les richesses du pays.  Il a déploré l’absence d’avancées sur la voie du processus politique et a affirmé que le dialogue politique entre les parties s’apparente à un cercle vicieux, sans initiatives sérieuses à l’horizon.  Pendant ce temps, les Libyens continuent d’attendre une sortie de l’impasse et la tenue d’élections.

Le délégué a souligné que le rôle de la MANUL est d’appuyer les dirigeants libyens dans leur recherche de solutions et de trouver des initiatives viables, réalistes et susceptibles de mettre un terme à la crise.  Les Libyens sont fatigués des interventions étrangères, des analyses, des exposés et des déclarations qui n’apportent rien de nouveau, a-t-il ajouté.  Il a salué les efforts de l’Union africaine pour restaurer la confiance des Libyens envers un contrat national capable de servir de base pour soutenir les autres processus, qu’ils soient politiques, économiques ou liés à la sécurité.  Il a demandé le concours du Conseil à ces efforts qui, a-t-il estimé, pourraient constituer un élément de base pour unifier les Libyens autour de la tenue d’élections générales.  Il a également appelé le Conseil à appuyer les appels à la tenue d’une conférence de réconciliation nationale en avril.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité spécial de la décolonisation entame sa session de 2024 et approuve l’envoi d’une mission de visite aux Îles Vierges britanniques

SESSION DE 2024,
1RE SÉANCE PLÉNIÈRE, MATIN
AG/COL/3374

Le Comité spécial de la décolonisation entame sa session de 2024 et approuve l’envoi d’une mission de visite aux Îles Vierges britanniques

Le Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux a entrepris, ce matin, sa session de 2024 en procédant à l’élection de son bureau et en approuvant l’envoi d’une mission de visite aux Îles Vierges britanniques, suite aux invitations répétées du Premier Ministre de ce territoire non autonome. 

Le coup d’envoi à cette session a été donné par le Sous-Secrétaire général pour l’Europe, l’Asie centrale et les Amériques qui a indiqué que les territoires non autonomes, « souvent de petites îles vulnérables » touchées par la montée du niveau de la mer et les catastrophes naturelles, dépendent fortement des importations pour leurs produits essentiels et souffrent d’un manque de de diversité économique. 

« Ils ont tous besoin de soutien pour faire face aux menaces d’aujourd’hui mais aussi de demain », a ajouté M. Miroslav Jenča, qui intervenait à titre de Président par intérim du Comité, avant de réaffirmer son attachement au mandat « historique » de la décolonisation. 

Le Comité spécial a ensuite réélu par acclamation à sa présidence Mme Menissa Rambally, de Sainte-Lucie, qui avait déjà dirigé ses travaux en 2023.  Elle s’est félicitée des progrès accomplis l’an dernier, dont la tenue, en mai à Bali, du Séminaire régional du Pacifique, lequel a permis d’éclairer les délibérations du Comité lors de sa session de fond.  Plus tôt cette année, le bureau a entamé sa série annuelle de dialogues informels avec les puissances administrantes et les parties prenantes, a-t-elle noté. 

Toujours par acclamation, M. Gerardo Peñalver Portal, de Cuba, M. Arrmanatha Christiawan Nasir, de l’Indonésie, et M. Michael Imran Kanu, de la Sierra Leone, ont été élus Vice-Présidents du Comité spécial, et M. Koussay Aldahhak, de la République arabe syrienne, en tant que Rapporteur.  Le Comité spécial a également approuvé son programme de travail provisoire qui prévoit la tenue de 17 séances plénières lors de la session de fond qui s’échelonnera du 10 au 21 juin.  Il a aussi fait sien un document qui recense les résolutions pertinentes pour ses travaux. 

Le Comité spécial a par ailleurs décidé de donner suite à l’invitation que lui a adressée le Premier Ministre des Îles Vierges britanniques concernant l’envoi d’une mission de visite.  Dans sa résolution 78/89 de décembre 2023, l’Assemblée générale avait pris note de cette invitation, en soulignant la nécessité pour le Comité de suivre de près la situation dans ce territoire, en étroite consultation avec la Puissance administrante et le Gouvernement du territoire. 

Dans une lettre datée du 17 janvier 2024, le Premier Ministre des Îles Vierges britanniques a réitéré cette demande, laquelle a été approuvée par le Royaume-Uni, Puissance administrante.  La Présidente du Comité spécial a précisé qu’elle poursuivra les consultations avec celle-ci et le territoire pour finaliser les détails de la mission. 

La Papouasie-Nouvelle-Guinée s’est par ailleurs enquise des perspectives d’une nouvelle mission de visite en Nouvelle-Calédonie dès cette année, rappelant l’accueil réservé par l’Assemblée générale dans sa résolution 78/94, à la volonté de la Puissance administrante d’en faciliter une.

Les membres du Comité spécial ont également entériné la proposition du Gouvernement du Venezuela d’accueillir le Séminaire régional pour les Caraïbes de 2024.  Rompant avec la tradition voulant que ces rencontres coïncident avec la Semaine de solidarité avec les peuples des territoires non autonomes, le Comité a accepté, à la demande de l’État hôte, que le Séminaire se tienne du 14 au 16 mai, à Caracas. 

Suite à cette décision, le Venezuela a exprimé sa fierté de devenir à cette occasion, pour la première fois de son histoire, la « capitale du monde », afin de discuter des défis qui restent à relever pour mettre fin au colonialisme et faire du droit à l’autodétermination une réalité pour tous.  Comme le Nicaragua, Cuba s’est félicitée à son tour de cette décision, tout en réaffirmant son intention de compléter le processus de décolonisation du « peuple frère » de Porto Rico.

Dans la même veine, la Sierra Leone s’est proposée d’identifier les moyens de faire en sorte que les territoires non autonomes disposent des ressources et de l’appui nécessaires à la pleine réalisation de leur droit à l’autodétermination, en créant un espace propice au dialogue et à la coopération entre les territoires et les puissances administrantes. 

Le Comité spécial a pour mandat d’étudier l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux de 1960, et de formuler des recommandations concernant sa mise en œuvre.  Ses 29 membres examinent chaque année la liste des 17 territoires non autonomes auxquels s’applique actuellement la Déclaration. 

Le Comité spécial se réunira à nouveau le 18 mars 2024 pour examiner les lignes directrices et le règlement intérieur du Séminaire régional des Caraïbes, y compris son thème et son ordre du jour.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: affaibli, Daech conserve une force de nuisance qui exige des « efforts multilatéraux décisifs », selon le Bureau de lutte contre le terrorisme

9550e séance, après-midi
CS/15593

Conseil de sécurité: affaibli, Daech conserve une force de nuisance qui exige des « efforts multilatéraux décisifs », selon le Bureau de lutte contre le terrorisme

Malgré les progrès significatifs réalisés par les États Membres, Daech et les groupes qui lui sont affiliés continuent de poser une menace sérieuse pour la paix et la sécurité internationales, notamment dans les zones de conflit.  Telle est la principale conclusion du dix-huitième rapport du Secrétaire général sur l’action menée par l’ONU pour aider ses États Membres à contrer cette menace, que le Chef du Bureau de lutte contre le terrorisme (BLT) des Nations Unies était venu présenter aujourd’hui.

Plus que jamais, des efforts multilatéraux décisifs sont nécessaires pour consolider ces progrès, a plaidé M. Vladimir Voronkov, en faisant état de faiblesses opérationnelles de l’État islamique liées à l’absence de leadership depuis que son dirigeant a été tué en 2023 et l’amenuisement de son butin de guerre, passé en quelques années de centaines de millions de dollars à une somme comprise entre 10 et 25 millions.  Les actions entreprises au niveau national n’ont pas été non plus sans effet sur la force de nuisance de Daech, comme c’est le cas par exemple en Afghanistan, où les autorités de facto auraient eu un impact sur la capacité de la franchise locale, l’État islamique d’Iraq et du Levant-Khorassan (EIIL-K), à mener des attaques à l’intérieur du pays. 

Malgré ces avancées importantes, le risque de résurgence demeure, comme on l’a vu depuis novembre en Iraq et en Syrie, où des attentats ont été revendiqués par le groupe, attestant de sa résilience et de sa capacité d’adaptation, a mis en garde M. Voronkov.  C’est que Daech excelle à exploiter toute faiblesse ou lacune du paysage sécuritaire, a alerté M. Jürgen Stock, Secrétaire général de l’Organisation internationale de police criminelle (INTERPOL), sans parler de l’emprise de son storytelling, qui lui permet de manipuler les récits et d’exercer une séduction sur les plus jeunes, grâce à son aisance avec les technologies émergentes.

Raison pour laquelle INTERPOL travaille en étroite collaboration avec le BLT sur le projet CT-TECH, qui vise à aider les forces de l’ordre à identifier et prévenir l’exploitation à des fins terroristes de moyens tels que les services de cryptage, les outils de distribution vidéo et les nouvelles plateformes de propagande.  Autre motif d’inquiétude selon le haut fonctionnaire: l’alignement de Daech sur les activités de la criminalité transnationale organisée.  Pour y faire face, INTERPOL met en place des unités d’analyse qui collectent des données, par exemple sur le trafic de cocaïne à travers l’Afrique du Nord et de l’Ouest, principalement par voie maritime et le long de la route sahélienne.  Les informations recueillies font apparaître que les interactions entre les groupes terroristes et les organisations criminelles, là où leurs intérêts et domaines d’opération convergent, profitent aux deux parties, a observé M. Stock. 

Le caractère transnational et décentralisé de la menace posée par Daech exige donc une stratégie internationale souple axée sur le multilatéralisme, le partage d’informations et la coopération transfrontalière, en a déduit Mme Natalia Gherman, la Sous-Secrétaire générale et Directrice exécutive de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme (DECT).  C’est tout particulièrement vrai pour le continent africain, aujourd’hui le théâtre d’environ la moitié des actes terroristes dans le monde, le Sahel concentrant environ 25% de ces attaques.

Dans ce contexte, la DECT reste déterminée à aider tous les États Membres à endiguer la menace que représentent Daech et ses affiliés, y compris leurs tentatives de regroupement, en fournissant une assistance technique pour la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité.  Plusieurs initiatives ont été ainsi mises en œuvre par les entités du Pacte mondial de coordination contre le terrorisme, notamment le soutien à la poursuite, à la réhabilitation et à la réinsertion sociale en tenant compte des droits humains, du genre et de l’âge, a souligné Mme Gherman.  Et dans le cadre du Programme des Nations Unies de lutte contre les déplacements des terroristes, l’ONU s’emploie à renforcer la capacité des États à empêcher les terroristes d’acquérir des armes, à protéger les cibles vulnérables et à stopper les déplacements des terroristes.

Pour le Secrétaire général adjoint, M Voronkov, la solution au problème Daech tient à trois aspects: les mesures antiterroristes doivent se fonder sur le respect du droit international, y compris les droits humains et le droit humanitaire international; des approches multidimensionnelles dépassant le simple recours à la force sont nécessaires pour lutter contre le terrorisme et ses causes profondes; et « mieux vaut prévenir que guérir ». 

La plupart des membres du Conseil de sécurité ont abondé dans le sens de ces recommandations, de la République de Corée à la Suisse en passant par les États-Unis, lesquels se sont félicités, comme la France, du lancement du Mécanisme intégré de stabilité des frontières en Afrique de l’Ouest pour aider les pays de la région à renforcer leur gouvernance frontalière et leur coopération sécuritaire tout en respectant les droits humains. 

La Fédération de Russie s’est toutefois dite convaincue qu’il ne sera pas possible d’éradiquer le problème mondial du terrorisme tant que les terroristes et les extrémistes seront utilisés par les États occidentaux pour renverser des « régimes indésirables », dans le cadre de « guerres par procuration » ou pour atteindre des objectifs géopolitiques.  Selon cette délégation, la menace posée par Daech, Al-Qaida et leurs affiliés se propage au Moyen-Orient, dans certaines parties de l’Afrique et en Afghanistan, parce que ces régions continuent de subir une ingérence étrangère importante, notamment sous prétexte d’y mener des opérations antiterroristes au mépris de la souveraineté des nations.

 

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES RÉSULTANT D’ACTES DE TERRORISME S/2024/117

Déclarations

Le Secrétaire général adjoint chargé du Bureau de lutte contre le terrorisme, M. VLADIMIR VORONKOV, qui dirige le Bureau de lutte contre le terrorisme (BLT), a indiqué que le rapport à l’examen confirme la tendance principale observée au cours des dernières années: Daech continue de poser une menace sérieuse pour la paix et la sécurité internationales, notamment dans les zones de conflit, malgré les progrès significatifs réalisés par les États Membres.  Ces progrès se sont traduits par une réduction importante des capacités opérationnelles de l’organisation terroriste dans certaines régions.  Le retard observé dans l’annonce d’un nouveau dirigeant de Daech après l’assassinat de son prédécesseur en 2023 reflète les défis internes et les difficultés rencontrées pour assurer la sécurité du nouveau leader, a analysé le haut fonctionnaire.  En outre, les efforts déployés par les États Membres pour lutter contre le financement du terrorisme continuent de produire des résultats tangibles: les réserves financières de Daech sont actuellement estimées entre 10 et 25 millions de dollars, contre des centaines de millions il y a quelques années, s’est-il félicité.

Au-delà de la « maison mère », d’importants progrès ont également été réalisés pour contrer les capacités de ses affiliés.  Dans des pays comme l’Indonésie et la Malaisie, ainsi qu’en Égypte et au Mozambique, l’activité terroriste de ces organisations satellites a été réduite grâce aux efforts antiterroristes efficaces des États Membres. En Afghanistan, les efforts déployés par les autorités de facto auraient eu un impact sur la capacité de la franchise locale, l’État islamique d’Iraq et du Levant-Khorassan (EIIL-K), à lancer des attaques à l’intérieur du pays, même si elle maintient son intention de mener des attaques à l’étranger.  Malgré ces avancées importantes, le risque d’une résurgence de Daech demeure.  Depuis novembre, le noyau dur de Daech a multiplié ses attaques en Iraq et en Syrie, attestant de sa résilience et de sa capacité d’adaptation, a mis en garde M. Voronkov. 

Dans d’autres régions du monde, les niveaux de menace ont été accrus dans plusieurs États Membres européens, tandis qu’en Asie du Sud-Est, les Philippines ont été confrontées à une multiplication des attaques terroristes, a-t-il poursuivi. Mais ce sont certaines parties de l’Afrique, notamment l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, qui restent les plus touchées par les activités de Daech et les groupes qui lui sont affiliés.  « La situation dans cette région s’est détériorée au cours de la période considérée et devient de plus en plus complexe, les conflits ethniques et régionaux locaux se confondant avec l’ordre du jour et les opérations de ces groupes », a précisé le Secrétaire général adjoint. 

Si cette tendance à une plus grande autonomie des groupes qui sont affiliés à Daech persiste, le rapport alerte sur le risque qu’une vaste zone d’instabilité puisse émerger du Mali jusqu’aux frontières du Nigéria.  Les évolutions décrites dans le rapport sont certes préoccupantes, mais elles appellent également une réflexion et une action sur au moins trois fronts.  Tout d’abord, M. Voronkov a dit avoir constaté à maintes reprises que les mesures antiterroristes ont été utilisées à mauvais escient ou ont entraîné des conséquences inattendues.  Pour les éviter, il reste crucial de veiller à ce que les mesures antiterroristes soient fondées sur le droit international, y compris les droits humains et le droit humanitaire international, a rappelé M. Voronkov.  Il a évoqué la situation désastreuse des femmes et des enfants toujours bloqués dans des camps de réfugiés dans le nord-est de la Syrie.  Des progrès importants ont été réalisés dans le rapatriement de ces personnes par quelques pays au cours de la période considérée, mais leur rythme reste trop lent.

Par ailleurs, il a pointé les limites des opérations antiterroristes axées sur la force.  La menace persistante que représente Daech, malgré des pertes importantes, rappelle opportunément que des approches multidimensionnelles sont nécessaires pour lutter contre le terrorisme et ses moteurs.  « Des réponses globales, fondées sur des stratégies politiques, ancrées dans le droit international et des approches pangouvernementales et pansociétales, sont indispensables », a estimé le Chef du BLT.  Même si les États Membres restent les premiers responsables de la lutte antiterroriste, il y a beaucoup à gagner d’un engagement multipartite dans la conception et la mise en œuvre des réponses antiterroristes, a-t-il suggéré.  Le BLT continue de jouer à cet égard un rôle de premier plan dans l’exécution des mandats antiterroristes confiés par l’Assemblée générale au Secrétaire général dans l’ensemble du système des Nations Unies, tandis que le Pacte mondial de coordination contre le terrorisme de l’ONU garantit la cohérence et la coordination des efforts entre ses 46 entités. 

Enfin, le haut fonctionnaire a attiré l’attention sur la prévention: « empêcher le terrorisme de se matérialiser est toujours plus efficace que remédier à ses effets, notamment sur les vies humaines.  C’est également plus rentable ».  C’est tout particulièrement vrai des contextes où les groupes terroristes exploitent la dynamique des conflits.  À cette fin, il a fait valoir des outils tels que le nouveau Mécanisme intégré de stabilité des frontières, qui fournit une plateforme de coordination entre les entités onusiennes et Interpol en Afrique de l’Ouest.  De plus, le Programme mondial sur les cellules de fusion propose une assistance à plus de 20 États Membres pour renforcer l’échange et l’analyse d’informations en lien avec la lutte antiterroriste.  Et nous augmentons également notre soutien pour relever les défis et tirer parti des opportunités offertes par les nouvelles technologies, notamment les systèmes aériens sans pilote, a encore fait valoir le Secrétaire général adjoint. 

Aussi a-t-il appelé les États Membres à considérer favorablement la proposition du Secrétaire général exposée dans sa note d’orientation sur Un Nouvel Agenda pour la paix, à savoir que les États Membres élaborent des stratégies de prévention nationales et régionales pour lutter contre toutes les formes de violence, y compris le terrorisme: « le terrorisme est une menace à multiples facettes.  Pour y remédier, il faut des efforts multilatéraux et décisifs », a conclu le Chef du BLT.

Mme NATALIA GHERMAN, Sous-Secrétaire générale, Directrice exécutive de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme (DECT), a informé le Conseil de sécurité du contenu du dix-huitième rapport du Secrétaire général sur la menace posée par Daech et des efforts déployés par l’ONU pour aider les États Membres à faire face à cette menace.  Elle a déclaré que le caractère transnational et décentralisé de la menace posée par Daech exige une stratégie internationale souple axée sur le multilatéralisme, le partage d’informations et la coopération transfrontalière.

Daech est de plus en plus présent sur le continent africain qui est le théâtre aujourd’hui d’environ la moitié des actes terroristes dans le monde.  Le Sahel représente environ 25% de ces attaques.  Pendant ce temps, des défis récurrents persistent au Moyen-Orient, en Asie du Sud-Est et en Asie centrale où Daech tente de reprendre du poil de la bête, a résumé la Sous-Secrétaire générale. 

Elle a assuré que la DECT reste déterminée à aider tous les États Membres à endiguer la menace que représentent Daech et ses affiliés, y compris leurs tentatives de regroupement, en fournissant une assistance technique pour la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité sur la lutte contre le terrorisme.  Plusieurs initiatives ont été mises en œuvre par les entités du Pacte mondial de coordination contre le terrorisme pour faire face à la menace posée par Daech et ses affiliés, a-t-elle ajouté.

Ces initiatives comprennent le soutien à la poursuite, à la réhabilitation et à la réinsertion sociale tenant compte des droits humains, du genre et de l’âge.  Au Bénin, l’on a élaboré des plans d’assistance technique à l’appui des efforts déployés par le Gouvernement pour prévenir et contrer le terrorisme.  L’ONU s’emploie à renforcer la capacité des États à empêcher les terroristes d’acquérir des armes, à protéger les cibles vulnérables et à stopper les déplacements des terroristes dans le cadre du Programme des Nations Unies de lutte contre les déplacements des terroristes.

L’ONU et ses partenaires s’efforcent de tarir le financement du terrorisme et l’utilisation des technologies de l’information et de la communication (TIC) par Daech, a poursuivi Mme Gherman en expliquant développer des discours antiterroristes et soutenir la résilience des sociétés ainsi que la reconstruction des sites du patrimoine culturel détruits par les terroristes.  Elle a mis l’accent sur les deux priorités de la DECT, la première étant la lutte contre l’utilisation des technologies nouvelles et émergentes à des fins terroristes. 

Le Comité contre le terrorisme (CCT) a adopté en décembre les Principes directeurs d’Abou Dhabi qui, bien que non contraignants, devraient guider les États Membres dans leurs réponses aux menaces posées par l’utilisation des drones à des fins terroristes.  Cette année, le CCT prévoit également d’adopter des principes directeurs non contraignants sur la prévention, la détection et la perturbation de l’utilisation à des fins terroristes des technologies financières nouvelles et émergentes, ainsi que des TIC.  Les partenariats public-privé sont essentiels pour contrer l’utilisation des technologies à des fins terroristes, a noté Mme Gherman. 

Elle a ensuite exposé la deuxième priorité, qui est d’assurer la responsabilité et la justice.  C’est un engagement important de tous les partenaires des Nations Unies, a-t-elle dit en assurant qu’ils continuent à soutenir les efforts en ce sens pour punir les auteurs des crimes commis par Daech en Iraq et en Syrie, ainsi qu’au Sahel, au Maghreb et en Europe.  Le taux de poursuites pour les crimes de violence sexuelle et sexiste reste faible, bien que ces types de crimes soient une tactique récurrente des groupes terroristes, y compris Daech et ses affiliés, comme en Iraq, en Syrie et au Nigéria, a rappelé la Directrice exécutive.  Elle a promis la coopération de la DECT avec les États Membres tant que la menace posée par Daech persiste.

M. JÜRGEN STOCK, Secrétaire général de l’Organisation internationale de police criminelle (INTERPOL), a qualifié de préoccupantes les tendances que met en lumière le dix-huitième rapport du Secrétaire général de l’ONU sur la menace posée par Daech.  La première, a-t-il expliqué, est l’exploitation opportuniste de toute faiblesse ou lacune du paysage sécuritaire, Daech et ses associés étant prompts à manipuler les récits, à étendre leur présence et à consolider leur contrôle territorial.  Dans ce contexte, les jeunes sont particulièrement vulnérables au recrutement et à l’exploitation; et les femmes et les filles sont victimes de violences sexuelles et sexistes.  Pour M. Stock, le deuxième motif d’inquiétude est l’amélioration des capacités de Daech, notamment grâce à l’exploitation des technologies émergentes.  Dans ce domaine, a-t-il précisé, INTERPOL travaille en étroite collaboration avec le Bureau de lutte contre le terrorisme sur le projet CT-TECH, qui vise à aider les forces de l’ordre à identifier et à prévenir l’exploitation à des fins terroristes de moyens tels que les services de cryptage, les outils de distribution vidéo et les nouvelles plateformes de propagande.  La troisième grande menace est, selon lui, l’alignement sur la criminalité transnationale organisée. Pour y faire face, INTERPOL met en place des unités d’analyse qui collectent des données, par exemple sur le trafic de cocaïne à travers l’Afrique du Nord et de l’Ouest, principalement par voie maritime et le long de la route sahélienne.  Les informations glanées font apparaître que les interactions entre les groupes terroristes et les organisations criminelles, là où leurs intérêts et domaines d’opération convergent, profitent aux deux parties, a indiqué l’intervenant. 

Grâce aux efforts colossaux déployés par la communauté internationale pour lutter contre le phénomène et mettre en œuvre les résolutions 2178 (2014), 2253 (2015) et 2396 (2017) du Conseil de sécurité, Daech a été considérablement diminué, a souligné M. Stock.  Nombre de ses cellules ont été démantelées, ses attaques ont été interrompues et ses sources de revenu coupées.  L’organisation n’a toutefois pas été éradiquée et ses objectifs restent ambitieux, a-t-il reconnu, rappelant que Daech a su profiter du chaos de la guerre pour capturer et contrôler de vastes zones de la Syrie et de l’Iraq en 2014.  Il ne faut donc pas se laisser bercer par un faux sentiment de sécurité, a-t-il mis en garde, précisant que les forces de l’ordre s’emploient à détecter, suivre et arrêter ceux qui remplissent les rangs de Daech.  Elles bénéficient pour cela du soutien opérationnel d’INTERPOL, qui se concentre sur trois axes: la biométrie, la sécurité des frontières et les informations collectées sur le champ de bataille.  Ces trois éléments peuvent être réunis dans une seule opération, comme en novembre dernier, lorsque 10 pays d’Asie centrale, du Sud et de l’Est ont coordonné plus de 1 700 arrestations, tout en interrompant un trafic illicite d’armes et de munitions. 

À cette aune, le Secrétaire général d’INTERPOL a exhorté la communauté internationale à partager des informations via son organisation afin que celle-ci dresse un tableau précis de la menace interrégionale grâce à ses fichiers d’analyse criminelle, sa plateforme de prévention du bioterrorisme et les notices spéciales Conseil de sécurité-INTERPOL.  Il a d’autre part invité les États à effectuer des contrôles systématiques des bases de données d’INTERPOL à leurs frontières pour contribuer à la traque et à l’arrestation des membres de Daech.  Il leur a enfin demandé d’assurer la durabilité des opérations antiterroristes et des initiatives de renforcement des capacités d’INTERPOL, en particulier en Afrique et en Asie centrale, théâtres de la résurgence de Daech.  Il a salué à cet égard le soutien des États-Unis au projet GEMINI d’INTERPOL, qui permet d’étendre la connectivité jusqu’aux frontières de pays membres comme l’Iraq. 

Le représentant des États-Unis a indiqué que la menace terroriste continue de prendre de l’ampleur en Afrique de l’Ouest et au Sahel et a fait savoir que son gouvernement fournit une aide vitale à ses partenaires africains pour lutter contre Daech et les groupes qui y sont associés, conformément au droit international.  Le représentant s’est félicité du lancement du Mécanisme intégré de stabilité des frontières en Afrique de l’Ouest pour aider les pays de la région à renforcer leur gouvernance frontalière et leur coopération sécuritaire tout en respectant les droits humains.  Les rapports de la DECT constituent à cet égard un outil essentiel pour orienter les entités concernées.  À ce sujet, le représentant a encouragé les États Membres à jouer un rôle actif pour actualiser et appliquer les sanctions contre Daech et Al-Qaida. 

Toutefois, les attaques menées contre la coalition internationale par des milices affiliées à l’Iran, dont 170 attaques contre les forces des États-Unis, sapent la capacité de la communauté internationale à empêcher Daech de se reconstituer.  Les États-Unis entendent donc continuer de travailler avec les forces de sécurité iraquiennes pour éviter un tel scénario et renforcer leurs capacités.  Le rapatriement des personnes déplacées dans les camps de Hol et Roj est une autre priorité des autorités américaines. 

S’agissant de l’Afghanistan, le représentant a jugé essentiel que les engagements pris en termes de lutte antiterroriste soient appliqués au-delà des approches centrées sur la sécurité. 

Le représentant de la Chine a constaté que le terrorisme reste une menace grave, qui est loin d’être éliminée, notant en outre que Daech reste « très actif ».  Il a estimé que la guerre à Gaza a accru le risque terroriste et réclamé un cessez-le-feu. Il a demandé une approche internationale renforcée face au terrorisme, les pays ne pouvant espérer le vaincre en agissant seuls.  Rappelant qu’il n’y a pas de « bons ou de mauvais terroristes », il a souligné le danger d’une approche deux poids deux mesures dans le domaine de l’action antiterroriste.  Il a souligné le danger posé par le Mouvement islamique du Turkestan oriental.  Enfin, il a rejeté la thèse d’un conflit des civilisations et appelé à lutter contre la pauvreté qui fait le lit du terrorisme. 

Le représentant de la République de Corée a jugé préoccupant que Daech puisse exporter les menaces terroristes qu’il pose au-delà des zones où ce groupe opérait traditionnellement par le passé.  Pour contrer cette menace, il a appelé à investir dans le développement et les capacités sécuritaires, renforcer l’état de droit et le respect des droits humains, et mettre en place une approche intégrant la dimension de genre.  De son côté, le Gouvernement de la République de Corée a contribué à plus de 18 millions de dollars au cours des 10 dernières années aux activités de lutte antiterroriste et 20 millions de dollars seront dédiés à l’aide au Sahel entre 2022 et 2026, s’est enorgueilli le délégué. 

La représentante du Japon a appelé à s’attaquer aux causes profondes du terrorisme et de l’extrémisme violent par le biais d’une approche globale et à long terme.  À ses yeux, une approche centrée sur la sécurité ne suffit pas à elle seule à contrer cette menace.  Soulignant l’importance d’une approche holistique, placée sous l’angle de la sécurité humaine et promouvant le lien entre l’humanitaire, le développement et la paix, elle a indiqué que son pays soutient les efforts de renforcement des capacités dans ce domaine, en coopération avec les États Membres et les entités des Nations Unies.  La représentante a également plaidé pour une approche pansociétale, afin de garantir que toutes les parties prenantes, y compris la société civile, participent à une réponse cohérente et coordonnée.  Constatant par ailleurs que les femmes et les filles sont les premières victimes des violences sexuelles et sexistes commises par Daech, la représentante a jugé crucial d’intégrer les considérations relatives aux femmes, à la paix et à la sécurité dans les efforts de lutte contre le terrorisme.  Enfin, elle s’est prononcée pour une utilisation plus efficace du régime de sanctions afin de perturber les réseaux financiers qui soutiennent les opérations terroristes. 

Le représentant du Mozambique a déclaré que Daech reste un adversaire redoutable en dépit de la destruction de ses capacités militaires en Iraq et en Syrie, l’instabilité et les conflits au Moyen-Orient, en l’Afrique de l’Ouest et au Sahel lui ayant donné l’occasion de se propager davantage.  Il a appelé la communauté internationale à s’adapter et à faire front commun face à l’évolution des tactiques et aux menaces asymétriques posées par les groupes terroristes.  Il faut aussi se montrer vigilant quant à l’utilisation des cryptomonnaies et des médias sociaux par Daech.  La protection des femmes et des filles qui ont subi des violences sexuelles et sexistes de la part de Daech doit rester une priorité, a encore plaidé le délégué. 

En ce qui le concerne, a-t-il poursuivi, le Mozambique a adopté un cadre juridique et des mesures de prévention et de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.  Les forces de défense mozambicaines, en partenariat avec la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et les forces de défense rwandaises, poursuivent leur lutte acharnée contre la menace terroriste, qui a culminé avec l’élimination du chef opérationnel de Daech dans le pays en août 2023.

La représentante de la Fédération de Russie s’est dite convaincue qu’il ne sera pas possible d’éradiquer le problème mondial du terrorisme tant que les terroristes et les extrémistes seront utilisés par les États occidentaux pour renverser des « régimes indésirables », dans le cadre de « guerres par procuration » ou pour atteindre des objectifs géopolitiques. Selon elle, la menace terroriste de Daech, d’Al-Qaida et de leurs affiliés se propage au Moyen-Orient, dans certaines parties de l’Afrique et en Afghanistan, parce que ces régions continuent de subir une ingérence étrangère importante, notamment sous prétexte de mener des opérations antiterroristes.  « Un tel mépris de la souveraineté conduit invariablement à la destruction de l’État, à une criminalité endémique, au terrorisme, à l’extrémisme et à la mort massive de civils », a-t-elle constaté, dénonçant les « jeux de l’Occident collectif » dans la « guerre contre le terrorisme ».  La représentante a cependant convenu que d’autres problèmes connexes entrent en ligne de compte.  Elle a ainsi rappelé qu’en fuyant l’Afghanistan, les Américains et leurs alliés de l’OTAN ont abandonné d’énormes quantités d’armes, qui se sont retrouvées entre les mains de Daech, d’Al-Qaida et d’autres terroristes.  Regrettant que l’expérience afghane n’ait rien appris à ceux qui fournissent des armes à l’Ukraine, elle a estimé que ces détournements ajoutent de l’instabilité à des régions déjà en difficulté. 

Pour la représentante, il est important de ne pas oublier les violations flagrantes des droits humains commises par les Occidentaux lorsqu’ils menaient des opérations sous prétexte de lutte contre le terrorisme en Afghanistan, en Libye, en Iraq, en Syrie, ainsi que lors de la présence prolongée des militaires français au Sahel.  Dénonçant le terme de « dommages collatéraux », que les « gardiens des droits de l’homme » utilisent pour camoufler les nombreuses victimes civiles de leurs bombardements aveugles, elle a aussi rappelé que la CIA a des prisons secrètes, y compris dans les pays de l’Union européenne, et que la « prison spéciale » de Guantanamo Bay n’a pas encore été fermée. Avant de conclure, la représentante a évoqué les efforts « prétendument réussis » de l’Équipe d’enquêteurs des Nations Unies chargée de concourir à amener Daech/État islamique d’Iraq et du Levant à répondre de ses crimes (UNITAD), regrettant que les preuves collectées n’aient pas été transmises à l’Iraq.  Cela non seulement retarde les procès de sept membres de Daech mais permet aussi à d’autres de fuir l’Iraq, s’est-elle indignée, jugeant qu’il reste moins de neuf mois à l’UNITAD pour éviter que sa mission ne débouche sur un « échec retentissant ».

Le représentant de l’Algérie a rappelé que la force militaire n’est pas suffisante pour vaincre le terrorisme.  Nous devons donner la priorité au maintien de la paix, à la diplomatie, au développement, à l’éducation et aux réseaux sociaux en vue de résoudre les conflits qui font le lit de ces groupes, a dit le délégué.  Il a appelé à une synergie entre tous les efforts déployés pour la lutte antiterroriste, l’ONU devant jouer un rôle de coordination.  Il a également souligné la nécessité de remédier aux causes profondes de ce fléau, notamment la pauvreté, les retards de développement et les conflits régionaux.  Le représentant s’est dit très préoccupé par l’emploi des nouvelles technologies par les terroristes.  Enfin, il a souhaité la poursuite des efforts en vue de la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.

La représentante de la Suisse a rappelé que les approches purement sécuritaires contre les menaces posées par Daech se sont souvent révélées inefficaces. L’action gouvernementale, accompagnée de violations des droits humains, peut favoriser le recrutement par des organisations terroristes, a-t-elle mis en garde.  Cela s’applique notamment aux contextes déjà marqués par des conflits et un manque d’inclusion et de gouvernance.  D’où l’importance d’adopter des stratégies holistiques et inclusives pour nous attaquer aux causes profondes du terrorisme et de l’extrémisme violent, a-t-elle souligné.

Par ailleurs, la responsabilité première de la prévention et de la lutte contre le terrorisme incombe aux États, a-t-elle rappelé, ce qui implique aussi pour la Suisse la responsabilité de respecter pleinement toutes les obligations du droit international, en particulier du droit international humanitaire et des droits de l’homme.  Il ne s’agit pas seulement de garantir la reddition de comptes, mais aussi de se prémunir contre tout nouveau grief de nature à être exploité par des acteurs terroristes.  Enfin, la déléguée a recommandé une approche inclusive et sensible à la dimension de genre, de même qu’un partenariat solide avec la société civile.  L’approche nationale de la Suisse s’appuie sur la collaboration interdisciplinaire à tous les niveaux de gouvernement et avec les acteurs de la société civile, a-t-elle fait valoir.  Afin de s’adapter aux évolutions, son pays évalue régulièrement son plan d’action national de lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violent.  La dernière édition –entrée en vigueur en 2023– met désormais l’accent sur les jeunes et l’utilisation responsable d’Internet, s’est-elle félicitée.

La représentante de la Slovénie s’est inquiétée de la menace persistante que constitue l’adaptabilité de Daech en Afrique de l’Ouest, au Sahel et en Afghanistan, malgré la réduction de son leadership et de ses ressources financières. Ce groupe s’efforce aujourd’hui d’exploiter la situation à Gaza avec des communications publiques visant à exacerber l’intolérance religieuse pour commettre des attaques à l’échelle mondiale. De même, la facilité d’accès des groupes terroristes aux armes modernes, telles que des drones, est particulièrement inquiétante.  À cet égard, le financement du terrorisme et son lien avec la criminalité transnationale organisée nécessitent une plus grande coopération, a-t-elle estimé.  Selon la représentante, la violence sexuelle et sexiste doit être traitée avec la même priorité que les formes conventionnelles du terrorisme.  Néanmoins, a-t-elle insisté, la lutte contre le terrorisme doit être menée conformément au droit international et s’appuyer sur la participation significative de la société civile.  Les juridictions nationales doivent en outre développer des cadres juridiques appropriés pour prévenir l’impunité.

Le représentant de la Sierra Leone a déploré la recrudescence des activités de Daech en Afrique, notamment en Afrique de l’Ouest et au Sahel. Les changements anticonstitutionnels de gouvernement et la rupture entre la CEDEAO, d’un côté, le Burkina Faso, le Mali et le Niger, de l’autre, vont rendre plus complexe encore la lutte antiterroriste au Sahel, s’est-il inquiété.  Il a ensuite déploré la lenteur des rapatriements depuis les camps du nord-est de la Syrie.  Il a également souligné la nécessité de remédier aux causes profondes du terrorisme, y compris la marginalisation, la pauvreté ou bien encore l’intolérance.  Enfin, il a plaidé pour une approche antiterroriste holistique engageant toute la société. 

La représentante de Malte a relevé que Daech a profité des événements survenus en Israël et à Gaza depuis le 7 octobre pour exacerber l’intolérance religieuse au détriment des efforts déployés par le Conseil de sécurité pour parvenir à une paix durable dans la région.  Elle s’est également inquiétée des efforts de recrutement des Chabab en Somalie ainsi que de la propagation du terrorisme au Sahel, et dans le golfe de Guinée.  La forte concentration de groupes terroristes en Afghanistan est également préoccupante, de même que la prolifération d’armes en circulation provenant des stocks laissés en Afghanistan après la prise de pouvoir des Taliban. 

Pour faire face à la menace terroriste, la représentante a appelé à une réponse globale ancrée dans les droits humains et l’état de droit.  Il faut aussi renforcer les éléments de protection de l’enfance dans les politiques nationales de lutte contre le terrorisme, a-t-elle ajouté, soulignant que les enfants recrutés par des groupes terroristes doivent être traités comme des victimes et des mineurs. Elle a également insisté sur l’importance d’intégrer une perspective de genre, et de renforcer les capacités des femmes et de la société civile en matière de prévention. 

La représentante de la France a appelé à une réponse forte et commune face au terrorisme, rappelant que Daech, Al-Qaida et leurs affiliés font preuve de résilience, aussi bien au Levant, en Afrique qu’en Afghanistan et en Asie centrale, et représentent une menace croissante au Sahel et autour du golfe de Guinée.  Selon la représentante, cette réponse doit être sécuritaire et militaire, tout en s’inscrivant dans le respect de l’état de droit et des droits de l’homme, « aux antipodes des agissements du Groupe Wagner ou de ses émanations, qui érigent les exactions massives et la prédation économique en principes cardinaux de leur action ».  Elle a indiqué que la France demeure engagée tant dans le domaine militaire que civil au sein de la coalition contre Daech et a également procédé à de nombreuses opérations de rapatriement de mineurs français, ainsi que de leurs mères, lorsque cela conditionnait le retour des enfants.   

Qualifiant de priorité la lutte contre le financement du terrorisme, la représentante s’est félicitée du fait que la communauté internationale adapte ses outils à l’utilisation par les groupes terroristes des nouvelles technologies. Elle a aussi jugé essentiel de coopérer en matière de sécurité aux frontières, saluant la mise en place du Mécanisme intégré de stabilité des frontières par INTERPOL.  Il importe aussi, selon elle, de lutter contre l’impunité des crimes commis par les groupes terroristes, et notamment les violences sexuelles.  À cet égard, a-t-elle relevé, la France soutient le travail de l’UNITAD sur les crimes commis par Daech en Iraq et s’est engagée à enquêter sur les crimes commis contre la communauté yézidie.  Enfin, après avoir fait état de la création par son pays d’une juridiction spécialisée, le parquet national antiterroriste, elle a assuré que Paris continuera à apporter sa contribution au Fonds mondial pour les survivants et survivantes de violences sexuelles liées aux conflits. 

Le représentant de l’Équateur a constaté que Daech demeure une menace pour la paix et la sécurité internationales en dépit de la réduction de ses capacités opérationnelles et la perte de son leadership.  Comme l’ont démontré les attaques meurtrières enregistrées en Afrique de l’Ouest, au Sahel et au Moyen-Orient, les zones de conflit sont particulièrement vulnérables aux activités de ce groupe, du fait notamment de la faiblesse institutionnelle et de l’absence d’état de droit.  Selon le représentant, le risque de voir s’établir une « zone d’instabilité » s’étendant du Mali au Nigéria démontre la nécessité « d’unir nos forces » pour contrer Daech et renforcer la coopération antiterroriste mondiale.  Considérant que la lutte contre le financement du terrorisme doit être une composante essentielle de ces efforts, le représentant a exprimé son appui aux travaux menés par le Groupe d’action financière, au renforcement des capacités de lutte contre le terrorisme ainsi qu’à l’échange d’informations entre les États. En complément de ces mesures, il faut également bâtir des sociétés plus justes et égalitaires, à même de fournir des services de base à leurs populations. 

La représentante du Royaume-Uni a exprimé sa profonde préoccupation face à la possible résurgence de Daech au Moyen-Orient, notamment en Iraq et en Syrie où des milices alignées sur l’Iran continuent d’attaquer les forces de la coalition qui s’efforce d’éliminer « l’influence maligne » de Daech dans la région.  Dans ce contexte, elle a appelé l’Iran à user de son influence pour mettre fin à ces attaques et faire baisser les tensions régionales.  « Il est dans notre intérêt à tous d’empêcher Daech de projeter son idéologie empoisonnée et d’infliger la mort et la destruction dans toute la région », a-t-elle ajouté. 

Également préoccupée par la présence croissante de Daech en Afrique, la représentante a appelé à renforcer la coopération régionale, avec la collaboration de l’ONU et de l’Union africaine.  Elle a encouragé à cet effet la coopération entre les membres du Pacte mondial des Nations Unies de coordination contre le terrorisme, avec l’appui d’INTERPOL.  À l’approche du dixième anniversaire des atrocités commises contre le peuple yézidi, l’impact disproportionné du terrorisme sur les femmes et les filles ne doit pas être ignoré, a-t-elle ajouté.  Dans la mesure où Daech prospère dans des environnements divisés, fragiles et instables, il nous incombe en outre de contrer son idéologie en offrant un avenir alternatif.

La représentante du Guyana s’est déclarée préoccupée par l’escalade terroriste en Afrique de l’Ouest et au Sahel et les niveaux de menace croissants en Europe, de même que par la militarisation de la technologie des systèmes aériens sans pilote, la prolifération et le trafic illicite d’armes légères et de petit calibre et l’utilisation accrue des cryptomonnaies pour financer les activités terroristes.  Elle a appelé à des efforts concertés et collaboratifs pour lutter contre le terrorisme et ses effets pervers sur la paix et la sécurité mondiales.  De même, elle a plaidé pour une représentation accrue des femmes dans les processus décisionnels concernant les lois et politiques antiterroristes et pour la création d’unités spécialisées au sein des forces de sécurité et des systèmes judiciaires pour enquêter sur les violences sexuelles en tant que tactique terroriste. 

De l’avis de la représentante, combattre ce fléau impose également d’adopter des mesures préventives qui s’attaquent aux causes profondes, notamment la pauvreté, la marginalisation et le manque d’accès à l’éducation et aux opportunités économiques. Saluant le rôle central des agences et organes des Nations Unies ainsi que d’INTERPOL dans la lutte contre le terrorisme et dans la promotion d’une réponse coordonnée et multilatérale, elle a soutenu toutes les initiatives visant à renforcer la capacité des États Membres et à promouvoir des partenariats stratégiques pour contrer globalement cette menace. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’ECOSOC entérine des recommandations de trois organes subsidiaires et procède à des nominations

Session de 2024,
9e séance plénière – matin
ECOSOC/7152

L’ECOSOC entérine des recommandations de trois organes subsidiaires et procède à des nominations

Ce matin, le Conseil économique et social (ECOSOC) s’est réuni brièvement pour prendre note des travaux de trois de ses organes subsidiaires et entériner leurs décisions.  Il a aussi modifié des dates de réunion et de session et procédé à deux nominations.

L’ECOSOC a ainsi nommé Mme Patricia Arriagada Villouta (Chili) au Comité d’experts de l’administration publique pour remplacer un membre démissionnaire, Mme Marta Acosta Zúñiga (Costa Rica).  Son mandat expirera le 31 juillet 2025.

Le Conseil a également approuvé la nomination de Mme Deborah Lyons (Canada) comme membre de la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale, comme proposé par ladite Commission dans son rapport sur les travaux de la reprise de sa trente-deuxième session (7 et 8 décembre 2023), dont il a pris note. 

En termes de calendrier, le Conseil a décidé d’avancer au 18 mars 2024 la date de sa réunion spéciale sur la coopération internationale en matière fiscale, initialement prévue le 22 mars.

Le Comité d’experts de la coopération internationale en matière fiscale tiendra sa prochaine session dans la foulée de cette réunion spéciale, à New York du 19 au 21 mars 2024, comme l’a décidé ce matin l’ECOSOC en modifiant légèrement les dates proposées.  Saisi du rapport de ce comité relatif aux travaux de sa vingt-septième session, tenue à Genève du 17 au 20 octobre 2023, l’ECOSOC a aussi approuvé l’ordre du jour provisoire de cette prochaine session, qui compte notamment un point intitulé « Fiscalité et objectifs de développement durable ».

Enfin, l’ECOSOC a pris note du rapport de la Commission des stupéfiants sur les travaux de la reprise de sa soixante-sixième session, pendant laquelle elle a débattu notamment de l’application des traités internationaux relatifs au contrôle des drogues.

La prochaine réunion de l’ECOSOC sera donc le 18 mars: la « réunion spéciale d’une journée sur la coopération internationale en matière fiscale ».

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission du développement social clôt sa session en appelant à promouvoir les systèmes de soins et d’assistance favorables au développement social

SOIXANTE-DEUXIÈME SESSION,
12E SÉANCE PLÉNIÈRE, MATIN
SOC/4918

La Commission du développement social clôt sa session en appelant à promouvoir les systèmes de soins et d’assistance favorables au développement social

La Commission du développement social a mis un point final, ce matin, à sa soixantième-deuxième session, entamée le 5 février, en entérinant par consensus quatre textes qui seront soumis au Conseil économique et social (ECOSOC) pour adoption.  L’un d’eux appelle à promouvoir les systèmes de soins et d’assistance favorables au développement social. 

Présenté par le Chili, ce texte (E/CN.5/2024/L.5) exhorte les États à veiller à la création d’un environnement propice à la promotion de systèmes de soins et d’assistance favorables au développement social, et à faire tout le nécessaire pour garantir le bien-être et les droits des bénéficiaires de soins et des personnes qui les leur prodiguent, en répartissant les activités de soins entre les individus, les familles, les communautés, le secteur privé et les États, tout en contribuant à l’égalité des genres et à l’avancement des femmes. 

Il engage vivement les États à envisager d’investir dans les soins et l’assistance ainsi qu’à promouvoir l’inclusion de cadres juridiques dans les politiques et les infrastructures de soins et d’assistance. Les États Membres sont également appelés à prendre en considération les effets multiplicateurs des activités de soins s’agissant notamment d’augmenter la participation au marché du travail, et de faciliter la transition du travail informel vers le travail formel, entre autres. 

Lors des explications de position, le Costa Rica a invité les États Membres à veiller à ce que les principes d’égalité, de non-discrimination et d’universalité s’appliquent, appelant notamment à prendre en compte les besoins spécifiques des personnes handicapées.  Si la Belgique, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne (UE), a vu dans ce texte une illustration des engagements pris par l’UE pour faire progresser les systèmes de protection sociale afin d’accompagner les soignants et les soignés, l’Égypte a regretté que les questions relatives aux soins, à l’économie du soin et aux problématiques liées au travail ne soient pas clairement définies.  Les États-Unis ont, eux, fait valoir que ce projet ne génère aucune obligation au regard du droit international. 

La Commission a par ailleurs adopté un projet de résolution (E/CN.5/2024/L.4) centré sur le thème prioritaire de cette session: « Promouvoir le développement social et la justice sociale au moyen de politiques sociales, afin de faire progresser plus rapidement la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et d’atteindre l’objectif primordial de l’élimination de la pauvreté ». 

Par ce texte, la Commission demande instamment aux États Membres de s’attaquer aux causes multiples de la pauvreté, de la faim et des inégalités.  De même, elle engage les États Membres à faciliter l’accès équitable et à prix raisonnable aux services de base, en particulier à un enseignement scolaire et non scolaire de qualité, aux soins de santé, au logement abordable, à la nutrition et à l’alimentation, à l’emploi et au travail décent, aux technologies de l’information et des communications et aux infrastructures. 

Elle encourage en outre les États Membres à s’attaquer aux causes sous-jacentes de l’inégalité, et leur demande de placer les considérations sociales au cœur des cadres de développement, notamment en renforçant les synergies entre les politiques sociales, économiques et environnementales.

Invités à exprimer leur position au sujet de ce projet, les États-Unis ont fait valoir que le droit au développement mentionné dans le texte n’est pas reconnu dans les conventions relatives aux droits humains et ne peut donc être considéré comme un droit universel.  Affirmant craindre que ce droit ait tendance à protéger les États plutôt que les individus, la délégation a également estimé que le droit au développement ne devrait pas être central dans la mise en œuvre du Programme 2030. 

La référence faite au droit au développement a en revanche été saluée par le Groupe des États d’Afrique qui, par la voix du Cameroun, a invité les membres de la Commission à continuer leurs discussions pour dissiper les désaccords sur cette question.  De son côté, le Mexique s’est dissocié de toute interprétation selon laquelle le prochain sommet social se concentrerait sur certaines dimensions du développement et pas toutes. 

« Sans droit au développement, il est impossible de réaliser le Programme 2030 », a appuyé le Nigéria.  Il a en revanche regretté l’« amendement non consensuel » portant sur les formes multiples et croisées de discrimination, s’opposant à que « l’on mentionne des discriminations visant des groupes qui ne sont pas reconnus au niveau international ou par nos politiques ou législations nationales ». 

Au nom du Conseil de coopération du Golfe, le Qatar s’est lui aussi opposé aux libellés non consensuels du texte, estimant qu’ils vont à l’encontre de la culture et des traditions des États qu’il représente.  Des positions similaires ont été exprimées par l’Égypte, la République islamique d’Iran et la République arabe syrienne ainsi que par le Sénégal selon qui le recours systématique à ces termes « risque de saper nos efforts respectifs ».  Il aurait été préférable d’intégrer un libellé accepté par toutes les parties prenantes, tel que « toutes les formes de discrimination ou de violence », a estimé la Libye.  Djibouti a rejeté pour sa part toute interprétation de la discrimination qui ne serait pas reconnue par sa législation nationale.

La notion de formes multiples et croisées de discrimination ne fait pas l’objet d’une définition convenue, a rappelé le Saint-Siège, qui a également émis des réserves sur le terme genre.

Tout en se ralliant à ces positions, le Mali et la Malaisie ont indiqué qu’ils auraient également souhaité voir mis en lumière dans le texte le rôle « fondamental et crucial » de la famille. 

De son côté, la Hongrie a émis des réserves sur les paragraphes 17, 18, 20, et 30 qui traitent de l’emploi et du marché du travail. Faisant valoir que la migration n’a pas des effets positifs pour tous les pays concernés, elle a appelé à privilégier l’aide locale pour permettre aux populations de rester chez elles. 

Le Maroc a appelé de son côté à réfléchir à l’évolution des méthodes de travail, suggérant que les futures sessions de la Commission du développement social soient organisées à un autre moment de l’année, pour faciliter la participation des États Membres à ses délibérations, ce qui n’a pas toujours été facile pour eux, compte tenu du nombre d’événements qui se déroulent parallèlement. 

Autre texte adopté par la Commission, le projet de résolution intitulé « aspects sociaux du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique » (E/CN.5/2024/L.6) est une reconduction technique de celui adopté l’an dernier.  Il encourage les pays d’Afrique à accélérer l’action menée pour éliminer l’extrême pauvreté, offrir des emplois décents et faire face à l’urgence climatique en investissant dans une transition durable, inclusive et juste. 

Se projetant vers l’an prochain, la Commission a fait sien un projet de décision (E/CN.5/2024/L.3) en vertu duquel le thème prioritaire de sa soixante-troisième session sera: « Renforcer la solidarité, l’inclusion sociale et la cohésion sociale pour accélérer la réalisation des engagements pris dans la Déclaration de Copenhague sur le développement social et le Programme d’action du Sommet mondial pour le développement social ainsi que la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ».  À cette occasion, le Mexique a souhaité qu’à l’avenir, la Commission attende que l’ECOSOC définisse le thème prioritaire de son forum de haut niveau avant d’annoncer le sien. 

La Commission a ensuite adopté l’ordre du jour provisoire et la documentation de sa soixante-troisième session (E/CN.5/2024/L.1), avant d’avaliser le rapport sur les travaux de sa soixante-deuxième session (E/CN.5/2024/L.2), présenté par sa rapporteuse, Mme Stéphanie Toschi (Luxembourg). 

Enfin, avant de clore sa soixante-deuxième session, elle a élu par acclamation M. Krzysztof Maria Szczerski (Pologne) aux fonctions de président de la soixante-troisième session, ainsi que deux de ses vice-présidentes, Mme Julia Eberl (Autriche) et Mme Paola Andrea Morris Garrido (Guatemala).  L’élection du représentant issu du Groupe des États d’Afrique au Bureau de la Commission aura lieu ultérieurement. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: l’escalade des tensions en mer Rouge n’empêche pas l’Envoyé spécial au Yémen de présenter une feuille de route « convaincante »

9548e SÉANCE - MATIN
CS/15590

Conseil de sécurité: l’escalade des tensions en mer Rouge n’empêche pas l’Envoyé spécial au Yémen de présenter une feuille de route « convaincante »

M. Hans Grundberg, Envoyé spécial pour le Yémen, a présenté ce matin au Conseil de sécurité, par visioconférence, sa feuille de route en trois points pour sortir le Yémen du conflit, axée sur la désescalade, la cessation des provocations militaires et la sauvegarde des progrès accomplis vers la conclusion d’un accord.  Un bilan humanitaire a en même temps été présenté par le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA): plus de 18 millions de personnes pourraient avoir besoin d’aide et de protection au Yémen en 2024.  Les délégations ont appelé à aider le pays dont le représentant a accusé les rebelles houthistes d’être responsables de l’escalade actuelle en mer Rouge. 

Avant de présenter sa feuille route, M. Grundberg a souligné que depuis près de deux ans, un calme relatif régnait le long des lignes de front et que les principaux acteurs poursuivaient les négociations en vue de mettre fin au conflit.  Fin décembre 2023, a-t-il rappelé, les parties se sont engagées à instaurer un cessez-le-feu, à améliorer les conditions de vie de la population et à relancer un processus politique intra-yéménite.  Et elles se sont engagées à travailler avec lui pour mettre en œuvre ces engagements. 

L’Envoyé spécial a toutefois reconnu que la montée des tensions régionales liées à la guerre à Gaza, et en particulier l’escalade militaire en mer Rouge, avait ralenti le rythme de ses efforts de paix.  Il a demandé de préserver l’espace politique en souhaitant que les canaux de communication restent ouverts et que tous les acteurs s’impliquent dans les efforts de médiation.  Lors de ses déplacements à l’intérieur du pays, il a lui-même appelé à maintenir le calme sur les lignes de front et à préserver les progrès accomplis.

De même, à l’occasion de ses voyages en Iran, à Oman, en Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis, il a sensibilisé ses interlocuteurs à la nécessité d’établir un environnement propice au règlement du conflit au Yémen. Sa médiation est « suffisamment souple pour s’adapter à différents scénarios et défis », a-t-il assuré.  Pour créer une sortie au dangereux cycle d’escalade, M. Gunsberg a suggéré trois issues de secours: des efforts de tous en vue de la désescalade régionale; la fin des provocations militaires par les parties yéménites; et la sauvegarde des progrès accomplis jusqu’à présent vers la conclusion d’un accord. 

Pour M. Grundberg, la feuille de route de l’ONU en cours de discussion offre une « alternative convaincante » au conflit et à la ruine économique.  Une feuille de route effectivement appréciée par les A3+ (Algérie, Guyana, Mozambique et Sierra Leone) qui ont soutenu les discussions actuelles autour de ce plan, sous les auspices de l’ONU, en vue de l’opérationnalisation d’un cessez-le-feu national et de la reprise d’un processus politique inclusif.  Ces pays ont aussi insisté sur le plein respect de la souveraineté du Yémen. 

Le représentant du Yémen a dit soutenir ces efforts de l’Envoyé spécial après avoir plaidé pour la paix dans son pays.  Le Yémen est ouvert aux initiatives de paix, en particulier l’Accord de Riyad, a encore déclaré le délégué avant de dénoncer les houthistes qui refusent les efforts de médiation de M. Grundberg.  Ces rebelles sont d’ailleurs responsables de l’escalade actuelle en mer Rouge, a pointé le délégué du Yémen pour qui cette escalade n’a rien à voir avec la guerre à Gaza.  Il a d’ailleurs salué la décision des États-Unis d’inscrire ces rebelles sur leur liste des organisations terroristes.  Une décision dont la délégation américaine a indiqué avoir reporté la mise en œuvre, à la demande des acteurs humanitaires. 

Les membres du Conseil se sont tous inquiétés de l’impact des attaques des houthistes, qui alourdissent les frais de transport, y compris ceux des livraisons humanitaires, comme l’a souligné le Royaume-Uni.  C’est pourquoi ce pays, a-t-il expliqué, a pris des mesures « nécessaires et proportionnées » de légitime défense -de concert avec l’Australie, Bahreïn, le Canada, le Danemark, les Pays-Bas et la Nouvelle-Zélande- à l’encontre de cibles liées aux attaques des houthistes.  La délégation des États-Unis a elle aussi indiqué avoir pris de telles mesures pour exercer son droit à la légitime défense et pour empêcher les houthistes de s’attaquer aux navires commerciaux en mer Rouge, dans le détroit de Bab-el-Mandab et dans le golfe d’Aden.  Elle a rappelé que le rapport du Secrétaire général publié la semaine dernière sur la sécurité maritime en mer Rouge demande aux houthistes de mettre fin à leurs attaques contre des navires commerciaux, en vertu de la résolution 2722 (2024) du Conseil de sécurité. 

La Chine a vu d’un autre œil ces réactions, faisant observer que le Conseil de sécurité n’avait jamais autorisé un pays à recourir à la force contre le Yémen. Aucun pays ne devrait abuser du droit international et des résolutions du Conseil de sécurité pour créer de nouvelles tensions en mer Rouge, a martelé le délégué chinois.  C’est la remarque qu’a faite également la Fédération de Russie en jugeant dangereuse l’approche des pays occidentaux au motif qu’elle sape toute l’architecture sécuritaire internationale.  Le délégué russe a déploré que l’Union européenne ait décidé d’emboîter le pas aux États-Unis en lançant sa propre mission en mer Rouge.  En effet, comme l’a mentionné la France, l’opération européenne ASPIDES en mer Rouge sera prochainement lancée au nom du droit des États de défendre leurs navires contre les attaques des houthistes. 

La Directrice des opérations et du plaidoyer de l’OCHA, Mme Edem Wosornu, a quant à elle alerté sur la hausse inquiétante des coûts des transports vers les ports d’Aden et de Hodeïda, qui doublent selon le Programme alimentaire mondial (PAM), ou triplent même selon certaines organisations humanitaires.  S’inquiétant des effets de cette inflation sur l’économie du Yémen, elle a prévenu que l’aide humanitaire ne pouvait combler le manque de biens commerciaux essentiels.  Elle a appelé à donner la priorité au financement du cadre de développement des Nations Unies, pour un montant de 1,3 milliard de dollars, pour les 18 millions de personnes (soit plus de la moitié de la population) qui ont besoin d’aide et de protection au Yémen.  À l’instar du Secrétaire général et de plusieurs délégations, Mme Wosornu a appelé à respecter la résolution 2722 (2024) du Conseil de sécurité pour éviter d’aggraver encore la situation au Yémen.

 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

M. HANS GRUNDBERG, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, a dit que le Yémen et la région se trouvent à un moment très difficile bien que depuis près de deux ans, un calme relatif règne le long des lignes de front, et que les principaux acteurs poursuivent les négociations en vue de mettre fin au conflit.  Fin décembre 2023, les parties se sont engagées à un cessez-le-feu, à améliorer les conditions de vie de la population et à relancer un processus politique intra-yéménite.  L’Envoyé spécial a annoncé que les parties se sont engagées à travailler avec lui pour mettre en œuvre ces engagements. 

Aujourd’hui, a enchaîné M. Grundberg, la médiation est beaucoup plus complexe à cause des priorités et des intérêts divergents.  La montée des tensions régionales liées à la guerre à Gaza, et en particulier l’escalade militaire en mer Rouge, ralentit le rythme des efforts de paix au Yémen.  Ce qui se passe au niveau régional a un impact sur le Yémen, et ce qui se passe au Yémen peut avoir un impact sur la région, a résumé l’Envoyé spécial.  Il a rappelé qu’en réponse aux attaques répétées d’Ansar Allah contre des navires en mer Rouge, les États-Unis et le Royaume-Uni avaient frappé des installations de stockage d’armes, des systèmes de missiles et d’autres cibles dans les zones contrôlées par Ansar Allah au Yémen.  Dans les prochains jours, les États-Unis devraient désigner Ansar Allah comme un groupe terroriste, a-t-il ajouté.  Préoccupé par ces évolutions, l’Envoyé spécial a demandé de préserver l’espace politique: les canaux de communication doivent rester ouverts et tous les acteurs s’impliquer dans les efforts de médiation. 

Au Yémen, un sentiment d’appréhension prévaut le long de plusieurs lignes de front, a poursuivi M. Grundberg se disant préoccupé par les menaces de reprendre les combats dans un pays où les défis économiques sont énormes.  Les fonctionnaires, en particulier dans les zones contrôlées par Ansar Allah, n’ont pas reçu l’intégralité de leurs salaires. Les habitants des zones contrôlées par le Gouvernement sont confrontés à des coupures de courant prolongées et à une hausse des prix en raison de la dépréciation de la monnaie.  Lorsqu’il s’est rendu à Aden, Moka et Taëz, l’Envoyé spécial a appelé à maintenir le calme sur les lignes de front et à préserver les progrès accomplis, a-t-il relaté. 

M. Grundberg a assuré que sa médiation est suffisamment souple pour s’adapter à différents scénarios et défis, informant que ses voyages en Iran, à Oman, en Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis avaient porté sur la nécessité d’établir un environnement propice au règlement du conflit au Yémen.  Pour créer une sortie à ce dangereux cycle d’escalade, l’Envoyé spécial a suggéré trois issues de secours, d’abord la nécessité d’une désescalade régionale.  À cet égard, l’ONU mise sur la diplomatie, a-t-il indiqué avant de réitérer l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu humanitaire immédiat à Gaza. Il a appelé les parties yéménites et les acteurs régionaux à soutenir la désescalade en mer Rouge afin de protéger la médiation au Yémen. 

Deuxièmement, a poursuivi le haut fonctionnaire, les parties yéménites doivent cesser les provocations et s’abstenir d’action militaire à l’intérieur du pays en cette période délicate.  Il a indiqué avoir reçu l’assurance que toutes les parties préfèrent la voie de la paix.  Troisièmement, les parties doivent sauvegarder les progrès qui ont été accomplis jusqu’à présent vers la conclusion d’un accord.  L’escalade régionale ne doit pas occulter le besoin urgent d’un cessez-le-feu au Yémen, du paiement des salaires des fonctionnaires, de la reprise des exportations de pétrole, de l’ouverture des routes, des ports et des aéroports, de la reconstruction et d’autres éléments qui ont fait l’objet de négociations. 

M. Grundberg a rappelé que les parties doivent encore s’engager dans des structures de dialogue durables sous les auspices de l’ONU pour mettre en œuvre ces mesures et répondre à d’autres priorités.  Il s’est entretenu avec les parties sur les détails d’un mécanisme de cessez-le-feu en s’appuyant sur le Comité de coordination militaire mis en place pendant la trêve.  Il a dit préparer la création d’un comité économique mixte facilité par l’ONU pour soutenir la mise en œuvre des mesures économiques convenues et négocier d’autres priorités à court et à long terme.  La paix est un projet politique dont l’épine dorsale est un processus politique intra-yéménite crédible et soutenu par la communauté internationale, a-t-il décrit en soulignant l’importance pour les Yéménites de décider eux-mêmes de la manière de mettre fin durablement à la guerre et de construire un nouvel avenir politique. 

Pour M. Grundberg, la feuille de route de l’ONU en cours de discussion offre une alternative convaincante au conflit et à la ruine économique.  Il a dit travailler à la conclusion d’un accord qui permette aux parties de se réunir, de négocier les priorités (politiques, économiques, militaires et sécuritaires) et de faire une différence dans la vie du peuple yéménite.  Bien que les points de vue varient au Conseil, ses membres ont la responsabilité collective de protéger l’espace de médiation et de veiller à ce que les Yéménites aient une réelle chance de paix, a-t-il conclu.

Mme EDEM WOSORNU, Directrice des opérations et du plaidoyer du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), s’est dite gravement préoccupée par la crise qui se propage dans la région et risque d’entraîner une recrudescence de la violence.  Brossant le sombre tableau de la situation humanitaire dans le pays, elle a rappelé qu’en 2024, plus de 18 millions de personnes, soit plus de la moitié de la population, auraient besoin d’aide et de protection, et que 17,6 millions de personnes souffriraient d’une grave insécurité alimentaire.  Face à cette situation, elle a rappelé que le plan de réponse humanitaire n’avait été financé qu’à hauteur de 40% en 2023.  Affirmant que le plan de réponse 2024 était plus ciblé, et calibré pour 11,2 millions de personnes, elle s’est toutefois inquiétée d’un manque de ressources qui pourrait entraîner une détérioration rapide de la sécurité alimentaire dans plusieurs régions du pays, affectant notamment 2,4 millions d’enfants et 900 000 femmes.  Elle a également estimé qu’il fallait considérer comme une priorité le financement du cadre de développement des Nations Unies, pour un montant de 1,3 milliard de dollars. 

Dans le contexte de la crise sécuritaire qui affecte la région depuis novembre dernier, la Directrice des opérations et du plaidoyer s’est inquiétée de l’augmentation des coûts de transport vers les ports d’Aden et de Hodeïda, qui peuvent aller jusqu’à doubler selon le PAM, voire même jusqu’à tripler selon d’autres organisations humanitaires.  S’inquiétant des effets de cette inflation sur l’économie du Yémen, elle a affirmé que l’aide humanitaire ne pouvait combler le manque de biens commerciaux essentiels.  Elle a indiqué que la valeur du rial yéménite s’était encore affaissée dans les zones tenues par le Gouvernement, atteignant son niveau le plus bas ces deux dernières années et érodant le pouvoir d’achat des habitants.  À l’instar du Secrétaire général, elle a appelé à respecter la résolution 2722 (2024) du Conseil de sécurité pour éviter d’aggraver encore la situation au Yémen.  Le pays est le troisième plus vulnérable au monde face aux changements climatiques et l’un des moins préparés à les affronter, a-t-elle rappelé, ajoutant que près des trois quarts des personnes récemment déplacées au Yémen le sont en raison d’événements climatiques extrêmes.

La représentante du Royaume-Uni a encouragé le Conseil à continuer d’apporter un soutien inébranlable à l’Envoyé spécial.  Les parties yéménites doivent continuer d’engager l’ONU de manière constructive, a-t-elle dit, en rappelant qu’il ne peut y avoir de solution militaire au conflit.  Malgré les appels répétés à la désescalade, les houthistes ont continué leurs attaques illicites et déstabilisatrices en mer Rouge, s’est désolée la représentante. Elle a fait remarquer que ces attaques alourdissent les frais de transport, y compris ceux des livraisons humanitaires.  « C’est pourquoi nous avons pris des mesures nécessaires, proportionnées, de légitime défense, de concert avec l’Australie, Bahreïn, le Canada, le Danemark, les Pays-Bas et la Nouvelle-Zélande contre des cibles liées aux attaques des houthistes », a-t-elle justifié. 

Le représentant de la République de Corée a souhaité exprimer une position claire sur la nécessité d’assurer la navigation.  Il a partagé ses préoccupations à propos des récentes attaques houthistes contre des navires commerciaux, en dépit des messages répétés de la communauté internationale, et dénoncé leur caractère inacceptable.  À ce titre, il a rappelé que la résolution 2722 (2024) du Conseil de sécurité confirme le droit des États Membres à défendre leurs navires, dans le cadre du droit international. 

Déplorant un conflit qui dure depuis presque 10 ans, sans fin prochaine en vue, il a rappelé que près de la moitié de la population a besoin d’aide humanitaire.  Une situation aggravée par l’insécurité alimentaire et les changements climatiques, a-t-il poursuivi, exhortant les houthistes à concentrer plutôt leurs efforts sur les difficultés du peuple yéménite, en collaboration avec les organisations internationales.  Il les a aussi invités à entendre les appels de la communauté internationale pour améliorer la situation des droits humains dans le nord du pays.  Enfin, il a conclu son intervention par un appel au cessez-le-feu permanent, préconisant un processus de transition politique qui s’appuie également sur les groupes marginalisés comme les femmes et les jeunes, et réitérant son soutien au travail de l’Arabie saoudite et d’Oman pour parvenir à un accord final.

La représentante de la France a appelé les houthistes à cesser leurs actions armées en mer Rouge, les accusant de porter l’entière responsabilité de l’escalade actuelle.  Elle leur a aussi demandé de libérer immédiatement le Galaxy Leader et son équipage. La résolution 2722 (2024) rappelle que l’exercice des droits et libertés de navigation doit être respecté et que les États ont le droit de défendre leurs navires contre les attaques, a souligné la déléguée en disant que la France continuera à contribuer à la sûreté maritime dans cette zone, en lien avec ses partenaires de la région.  Elle a salué, à cet égard, le lancement prochain de l’opération européenne ASPIDES en mer Rouge.  Elle a souhaité toutefois que les graves violations du droit international commises par les houthistes en mer Rouge ne détournent pas l’attention de la situation à l’intérieur du Yémen où il faut transformer la trêve partielle en cessation des hostilités complète et durable. 

Alors que près de la moitié de la population souffre d’insécurité alimentaire, la réponse humanitaire ne doit pas pâtir des conséquences concrètes des tensions en mer Rouge, a insisté la représentante.  Elle a accusé les houthistes d’entraver l’accès humanitaire des partenaires sur le terrain, affirmant leur « claire » responsabilité dans la dégradation de la situation humanitaire au Yémen.  Elle a assuré du soutien de la France au mécanisme de vérification et d’inspection des Nations Unies qui lutte avec efficacité contre les trafics d’armes en mer Rouge, demandant qu’il soit mieux financé.  La représentante a conclu en invitant à poursuivre le processus de paix, selon la feuille de route de l’Envoyé spécial, le Conseil devant rester mobilisé pour parvenir à un plan de paix.  La participation pleine, égale, substantielle et effective des femmes yéménites aux négociations politiques doit être garantie, a-t-elle aussi réclamé.

Le représentant de la Chine s’est dit préoccupé par l’escalade en cours en mer Rouge -en particulier des opérations militaires d’un certain nombre de pays contre le Yémen- qui aggrave la situation sécuritaire dans la région et porte un coup au processus politique en cours au Yémen.  Il a appelé les houthistes à mettre fin aux attaques contre les navires commerciaux, avant de rappeler que le Conseil de sécurité n’avait jamais autorisé un pays à recourir à la force contre le Yémen.  « Aucun pays ne devrait abuser du droit international et des résolutions du Conseil de sécurité pour créer de nouvelles tensions en mer Rouge », a-t-il averti. 

Soulignant la fragilité de la situation humanitaire dans le pays, il a appelé la communauté internationale à accroître son soutien au Yémen.  Il s’est également inquiété du fait que le conflit à Gaza était sur le point d’entraîner une « déflagration régionale » et représentait un « danger extrême ».  Il a demandé aux membres du Conseil de redoubler d’efforts pour obtenir un cessez-le-feu immédiat à Gaza, exhortant les pays concernés à entendre les appels forts de la communauté internationale.  « Il faut cesser de faire obstruction au travail du Conseil de sécurité pour aboutir à un cessez-le-feu aussi vite que possible », a-t-il martelé en conclusion.

Le représentant de la Fédération de Russie a indiqué qu’il aurait pu se concentrer dans son intervention sur les pourparlers intra-yéménites.  Mais la situation s’est compliquée en raison de l’agression et des frappes d’une coalition de pays, en violation de la souveraineté du Yémen, a-t-il dénoncé.  Il a affirmé que les frappes de ces pays ne sont pas conformes à la Charte des Nations Unies, la légitime défense ne pouvant être invoquée pour des navires commerciaux.  Il a rappelé que le Conseil n’a pas autorisé de telles frappes, avant de dénoncer l’interprétation erronée faite de la résolution 2722 (2024).  L’approche des pays occidentaux est dangereuse, car elle sape toute l’architecture sécuritaire internationale.  De même, il a déploré que l’Union européenne ait décidé d’emboîter le pas des États-Unis en lançant sa propre mission en mer Rouge.  Il a condamné les attaques contre les navires commerciaux, avant de souligner les risques que font peser les actions occidentales pour le processus yéménite.  L’approche destructrice de l’Occident ne fait qu’alimenter le chaos dans la région, s’est-il alarmé.  Enfin, il a rappelé la cause profonde de la situation actuelle, à savoir la « cruelle opération militaire israélienne » à Gaza, et réclamé un cessez-le-feu.

Le représentant de Malte a souligné l’importance d’une feuille de route de l’ONU pour garantir le respect des engagements pris par les parties en décembre, notamment en ce qui concerne un cessez-le-feu à l’échelle nationale et la reprise d’un processus politique dirigé par les Yéménites sous les auspices des Nations Unies.  Neuf ans après le début du conflit, 18 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire et de protection, la sécurité alimentaire est compromise et le manque d’accès à l’eau potable entraîne une augmentation des maladies infectieuses, s’est-il alarmé.  Dans ce contexte, il a considéré que le plan de réponse humanitaire de l’ONU pour 2024 représente une bouée de sauvetage. 

Déplorant les restrictions de mouvement infligées aux femmes travaillant dans l’humanitaire, il a exhorté les houthistes à lever les exigences du mahram. Rappelant que le pays figure parmi les nations les plus vulnérables aux changements climatiques, il a appelé au renforcement des systèmes d’alerte précoce et au déploiement de stratégies agricoles et alimentaires résilientes.  Enfin, partageant son inquiétude à propos des récentes escalades de violence dans la région, il a appelé les houthistes à cesser leurs attaques contre la navigation commerciale, et exhorté les États Membres qui défendent leur flotte à agir dans le cadre du droit international.

Le représentant des États-Unis a rappelé que le rapport du Secrétaire général publié la semaine dernière sur la sécurité maritime en mer Rouge demandait aux houthistes de mettre fin à leurs attaques contre des navires commerciaux, en vertu de la résolution 2722 (2024) du Conseil de sécurité.  Il a appelé le Conseil à continuer d’exiger d’eux qu’ils y mettent un terme.  Il a indiqué que son pays, en réponse aux attaques contre ses navires, avait pris des mesures nécessaires et proportionnées pour exercer son droit à la légitime défense et pour empêcher les houthistes de s’attaquer aux navires commerciaux en mer Rouge, dans le détroit de Bab-el-Mandab et dans le golfe d’Aden.  Répétant que les États-Unis ne souhaitaient pas un conflit supplémentaire dans la région, il a appelé les houthistes à libérer les 25 membres d’équipage du Galaxy Leader, qui sont détenus depuis près de trois mois. 

L’Iran ne peut nier son rôle de « facilitateur » des attaques lancées par les houthistes, a estimé le représentant en voyant dans ce soutien une violation des résolutions 2140 (2014) et 2216 (2015).  Il a rappelé que depuis 2015, les États-Unis et leurs partenaires avaient intercepté au moins 18 navires contenant des armes destinées aux houthistes et que le 11 janvier dernier, la marine américaine avait intercepté un navire en provenance d’Iran contenant des composants pour fabriquer des missiles antinavires.  Il a appelé tous les États Membres, notamment ceux disposant de canaux directs avec l’Iran, à exercer des pressions sur ce pays et sur les houthistes pour faire cesser les attaques en mer Rouge.  Il a accusé les houthistes de tenter « d’asphyxier le commerce en mer Rouge », expliquant que le fait de contourner l’Afrique coûtait en moyenne 10 jours et 1 million de dollars supplémentaires à chaque navire reliant l’Asie à l’Europe. 

Le mois dernier, les États-Unis ont décidé d’inscrire Ansar Allah, c’est-à-dire le mouvement houthiste, sur leur liste des organisations terroristes internationales, avec effet le 16 février, a enfin informé le représentant.  Il a précisé que la mise en œuvre de la mesure avait été reportée à la demande des acteurs humanitaires dont le travail pourrait être affecté, et que des mesures d’atténuation étaient à l’étude.

La représentante de la Suisse a souligné l’importance de préserver les acquis des discussions en cours, exhortant les parties à s’engager en faveur d’un processus inclusif sous l’égide des Nations Unies.  Sans un engagement soutenu de tous les acteurs, y compris la participation significative des femmes, les propositions de paix manqueront de perspective et ne seront pas à même d’assurer une sécurité durable dans le pays, a-t-elle indiqué.  La déléguée a appelé les parties à la prudence, à la retenue et au respect du droit international, avertissant qu’une nouvelle dégradation de la situation aura des conséquences humaines et économiques dévastatrices.  Elle s’est en outre inquiétée du fait que des « millions d’enfants » portent des fusils à la place de leur cartable, et a appelé les parties à mettre en œuvre leurs plans d’action pour mettre fin et prévenir les violations graves à l’encontre des enfants. 

Notant par ailleurs que l’augmentation des catastrophes naturelles exacerbe la crise humanitaire en cours, la représentante a jugé nécessaire d’intensifier l’aide humanitaire et de renforcer les systèmes d’alerte précoce. Elle a également appelé à contrer le manque structurel des ressources en eau par des mesures politiques sensibles aux défis liés à l’eau afin de prévenir de futurs conflits relatifs à cette problématique.

Le représentant de la Slovénie a appelé à ne pas oublier les souffrances des Yéménites après neuf ans de guerre.  Il a pleinement appuyé les efforts de l’ONU en vue de transformer la trêve en un cessez-le-feu national, respecté par toutes les parties.  Il a insisté sur la nécessité d’un dialogue intra-yéménite inclusif, la voix des jeunes et des femmes devant être prise en compte.  Il a demandé la fin des attaques des houthistes en mer Rouge et appelé à la plus grande retenue en ce qui concerne toute action qui pourrait aggraver la situation dans la région.  Enfin, il a réclamé un cessez-le-feu à Gaza.

Le représentant de l’Équateur a averti que les attaques des houthistes en mer Rouge risquent d’entraver l’élaboration d’une feuille de route.  Une paix durable ne peut se concrétiser qu’à travers le dialogue entre les parties yéménites, a-t-il souligné.  Il a appelé au respect de la résolution 2722 (2024), exhortant les houthistes à cesser leurs hostilités contre les navires commerciaux et à libérer tous les membres d’équipage détenus. 

Il a partagé ses craintes qu’une escalade du conflit ne finisse par réduire à néant la légère amélioration de la situation humanitaire qu’a connue le Yémen en 2023.  Il a notamment souligné des retards dans les expéditions de carburant et de nourriture, les imputant aux attaques houthistes en mer Rouge.  Face à cette situation, a-t-il poursuivi, de nouvelles projections montrent que la part de la population confrontée à l’insécurité alimentaire dans les zones contrôlées par le Gouvernement du Yémen risque d’augmenter de 41% à 45%, soit l’équivalent de 4,56 millions de personnes.  En outre, les hostilités pourraient contraindre les organisations humanitaires à suspendre leur travail, s’est-il alarmé, avant d’exhorter les parties à s’abstenir de toute action susceptible d’entraîner un nouveau conflit armé.

Le représentant du Japon, se référant aux récentes remarques du Secrétaire général devant l’Assemblée générale, a rappelé que les menaces permanentes des houthistes contre la sécurité maritime en mer Rouge avaient entraîné une forte diminution des échanges commerciaux via le canal de Suez, contraignant les navires commerciaux reliant l’Asie à l’Europe à contourner l’Afrique.  Regrettant que des entreprises du monde entier en subissent les conséquences en termes de coût et de dépenses énergétiques, il a réitéré sa condamnation des attaques des houthistes en exigeant qu’elles cessent immédiatement. Il a également condamné la « saisie » du Galaxy Leader, navire japonais, et exigé sa libération immédiate avec ses 25 membres d’équipage, que les houthistes détiennent illégalement depuis près de trois mois. 

Déplorant la « situation humanitaire dévastatrice » dont souffre le peuple du Yémen depuis neuf ans, le délégué a dit craindre sérieusement que l’augmentation des coûts d’importation et les retards dus aux risques sécuritaires croissants en mer Rouge ne fassent qu’aggraver la situation.  Son pays est très préoccupé par la grave malnutrition et les pénuries alimentaires observées dans tout le Yémen, a-t-il dit, espérant sincèrement que le Programme alimentaire mondial (PAM) puisse reprendre ses opérations vitales dès que possible.  Face à l’importante pénurie de fonds humanitaires, il a rappelé que le Japon avait récemment décidé d’apporter une contribution supplémentaire de plus de 18 millions de dollars au Yémen, dont 2 millions de dollars au PAM.

La représentante du Guyana, parlant également au nom de l’Algérie, de la Sierra Leone et du Mozambique, les A3+, a appelé au plein respect de la souveraineté du Yémen.  Elle a souligné l’importance de préserver les récents engagements annoncés par les parties en décembre 2023, ainsi que les discussions actuelles autour d’une feuille de route sous les auspices de l’ONU en vue d’une opérationnalisation d’un cessez-le-feu national et d’une reprise d’un processus politique inclusif.  Elle a exhorté les houthistes à adhérer au processus de paix et à préserver l’objectif d’un cessez-le-feu.  Dans ce droit fil, la déléguée a demandé que les houthistes mettent un terme à leurs menaces contre les navires commerciaux. 

Elle s’est dite extrêmement préoccupée par la détérioration de la situation humanitaire, en notant que 18,2 millions de Yéménites auront besoin d’une aide en 2024. Les parties ont l’obligation de laisser le personnel humanitaire faire son travail, a prié la déléguée, en demandant la libération de tous les travailleurs humanitaires.  Enfin, elle a déploré l’escalade dans la région.  Les attaques qui frappent le Yémen aggravent la situation sécuritaire et compromettent les pourparlers de paix, a-t-elle conclu.  « Nous appelons à la prudence pour toute action qui pourrait saper les efforts de l’Envoyé spécial. » 

Le représentant du Yémen a plaidé pour la paix dans son pays, faisant remarquer que la paix au Yémen est dans l’intérêt non seulement des Yéménites mais aussi de toute la région.  Il faut tourner la page des guerres et des conflits, a encouragé le délégué en assurant que le Yémen était ouvert aux initiatives de paix, en particulier l’Accord de Riyad.  Il a dit soutenir les efforts de médiation de l’Envoyé spécial en rappelant qu’ils se sont heurtés au refus des houthistes.  Les rebelles houthistes sont responsables de l’escalade actuelle dans la région et en mer Rouge, a pointé le représentant dénonçant la poursuite du siège de la ville de Taëz où habitent plus de 4 millions de personnes.  L’escalade en mer Rouge par les houthistes n’est pas nouvelle, a indiqué le délégué rappelant les nombreuses mises en garde des autorités du Yémen sur les agissements des houthistes qui sont soutenus par l’Iran. Ces mises en garde n’ont pas été entendues par la communauté internationale, a-t-il regretté.  Il a fait valoir que le Yémen a besoin de renforcement de capacités de défense pour pouvoir protéger ses eaux territoriales. 

Pour le délégué, l’escalade en mer Rouge provoquée par les houthistes n’a rien à voir avec la guerre à Gaza.  Il a, dans la foulée, salué la décision des États-Unis d’inscrire ces rebelles sur leur liste des organisations terroristes.  Le représentant a souligné que l’escalade actuelle nuit aux intérêts des populations du Yémen qui dépendent des importations de marchandises.  Le Conseil présidentiel du Yémen a pris des mesures pour améliorer la situation économique, a-t-il informé avant de dénoncer la prise pour cible des champs pétroliers du Yémen par les houthistes privant le peuple de sources importantes de devises.  Ce siège constitue un affamement du peuple, a encore accusé le délégué refusant de rester silencieux devant cet acte odieux des houthistes. 

Le représentant a appelé à aider le Yémen pour qu’il puisse exporter à nouveau du pétrole dont le revenu est nécessaire pour appuyer l’économie, renforcer le stock alimentaire et stabiliser le riyal.  Il a également désigné les houthistes comme auteurs de la prise en otages des humanitaires américains.  Le délégué a aussi rappelé que l’escalade en mer Rouge avait causé la suspension des opérations du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et du sauvetage du pétrolier Safer créant de nouveaux défis financiers et sécuritaires.  Il a terminé son intervention en appelant à un cessez-le-feu immédiat à Gaza et en condamnant le déplacement des populations de Rafah.  Si le Conseil ne prend pas des mesures maintenant, quand le fera-t-il?  « Sans la solution des deux États, il n’y aura pas de paix dans la région. »

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