En cours au Siège de l'ONU

Nouvel échec du Comité spécial de la Charte à adopter l'intégralité de son rapport annuel, au terme d’une session 2024 marquée par les dissensions

Session de 2024,
310e et 311e séances plénières – matin & après-midi
L/3298

Nouvel échec du Comité spécial de la Charte à adopter l'intégralité de son rapport annuel, au terme d’une session 2024 marquée par les dissensions

Pour une troisième année consécutive, le Comité spécial de la Charte des Nations Unies et du raffermissement du rôle de l’Organisation a achevé, aujourd’hui, les travaux de sa session de 2024 sans parvenir à adopter l’intégralité de son rapport annuel.  Devant cette nouvelle impasse, certaines délégations ont demandé au Comité spécial de revoir ses méthodes de travail afin de parvenir à un consensus. 

Au terme de longues consultations entre les délégations, le Président du Comité spécial, M. Michael Hasenau, de l’Allemagne, a annoncé que, conformément à la pratique des deux dernières années, le Comité spécial adopterait le chapitre I en tant que rapport du Comité spécial pour sa session de 2024. Si la Fédération de Russie, le Costa Rica et l’Australie ont demandé que le rapport soit adopté en dépit des paragraphes qui n’ont pas fait l’objet d’un consensus parmi les délégations, la Tunisie a qualifié une telle mesure « d’injuste ». 

Présenté par la Rapporteuse, Mme Gloria Dakwak, du Nigéria, le rapport de la session de 2024 du Comité spécial fait suite à la tenue de deux séances plénières et de trois réunions de son groupe de travail plénier. Il est composé de cinq chapitres couvrant l’ensemble des points à son ordre du jour. 

L’examen du chapitre II du rapport, consacré au maintien de la paix et de la sécurité internationales, a exposé les profondes divisions qui subsistent entre les délégations.  Au paragraphe 4, l’État de Palestine a proposé un amendement visant à inclure le nombre des victimes de la guerre en cours dans la bande de Gaza, une proposition rejetée par Israël.  L’Afrique du Sud s’est opposée, au paragraphe 5, à la désignation de l’attentat mené le 7 octobre par le Hamas comme une « attaque terroriste », ce « point de vue » ne reflétant pas, selon elle, l’avis du Comité spécial, mais plutôt celui de quelques États. 

« Si l’attentat du 7 octobre n’est pas une attaque terroriste, de quoi s’agit-il? » a demandé Israël, jugeant de tels propos « ahurissants ». Pourtant, a fait valoir l’État de Palestine, seuls deux ou trois États ont exprimé une opinion contraire lors des délibérations du Comité spécial.  Afin de laisser de côté les « considérations politiques », la délégation israélienne a suggéré soit de garder les paragraphes 4 et 5 en l’état, soit de les supprimer dans leur intégralité. 

Au paragraphe 6, la Fédération de Russie a dénoncé l’inclusion d’énoncés ne relevant pas de la compétence du Comité spécial, certaines délégations n’hésitant pas selon elle à répéter leur « propagande antirusse ».  Dans ce même paragraphe, la délégation ukrainienne a proposé de remplacer le mot « invasion » de l’Ukraine par « agression », par soucis de cohérence avec la terminologie employée par l’Assemblée générale dans ses résolutions sur la question. 

S’agissant de la section B du chapitre II, intitulée « Adoption et application des sanctions imposées par l’Organisation des Nations Unies », la Syrie a proposé de supprimer la dernière partie du paragraphe 3, concernant la résolution 2664 (2022) du Conseil de sécurité relative à une dérogation aux mesures de gel des avoirs pour motif humanitaire, arguant que le Comité n’est pas le lieu pour promouvoir une résolution aussi controversée.  Une demande à laquelle s’est opposée l’Union européenne. 

Au paragraphe 5, l’Iran a rappelé qu’une majorité de délégations avaient exprimé des réserves concernant le recours aux mesures coercitives unilatérales par des États et des groupes d’États, en violation du droit international, en faisant valoir que de nombreuses résolutions de l’ONU reconnaissent que de telles sanctions portent atteinte aux droits des États visés.  Une proposition qui a rencontré l’aval de l’Érythrée, la Guinée équatoriale, le Zimbabwe, le Bélarus et l’Ouganda, mais que l’Australie a jugée « incohérente ». 

Au paragraphe 6, la Syrie a tenu à établir une distinction entre les sanctions de l’ONU et les sanctions unilatérales, ces dernières ne constituant pas, à ses yeux, un « instrument important pour assurer le maintien de la paix et de la sécurité internationales ».  Comme l’Algérie et la Chine, le Brésil a appuyé cette proposition, affirmant que peu d’États Membres sont d’avis que les sanctions unilatérales sont légitimes.  Or, le fait est que de nombreuses délégations sont d’un tel avis, a rappelé l’Union européenne, en ajoutant néanmoins que les sanctions ne relevant pas de l’ONU ne devraient pas être traitées par le Comité. 

Devant cette nouvelle impasse, l’Australie a proposé que le Comité spécial revoit ses méthodes de travail en partageant les propositions de textes en amont de ses séances, afin que les délégations soient en mesure de poursuivre leurs consultations et, à terme, d’adopter le rapport. 

Toujours au chapitre II, à la section « Examen de la version révisée du document de travail présenté par le Bélarus et la Fédération de Russie », ces deux pays ont demandé la suppression du paragraphe 4 concernant la possibilité de solliciter « un avis consultatif de la Cour internationale de Justice sur la licéité de l’emploi de la force par la Fédération de Russie contre l’Ukraine ».  Pour l’Ukraine, au contraire, ce libellé est le reflet des discussions menées sur cette question. 

Au chapitre V, intitulé « Méthodes de travail du Comité spécial et définition de nouveaux sujets », la délégation mexicaine a proposé l’ajout d’un paragraphe 12 bis reflétant le « vaste appui » dont a bénéficié son document de travail révisé concernant le nouveau sujet proposé par son pays à la session de 2023, intitulé « Examen de l’application de l’Article 51 de la Charte des Nations Unies, au regard du paragraphe 4 de l’Article 2 du même instrument ». 

Comme les Philippines, El Salvador ou encore le Chili, l’Ouganda a fait valoir que cette proposition a bénéficié du soutien de nombreuses régions du monde, et que ce travail devrait être reflété dans le rapport.  En l’absence de consensus, le Costa Rica a fait valoir à son tour que les travaux du Comité ne pouvaient continuer d’être menés de la sorte, et que ses documents de travail devaient être inclus sur son site Web. 

Après une nouvelle série de propositions d’amendement présentées par l’Iran, au paragraphe 14, avec l’appui du Kenya, du Zimbabwe et de l’Ouganda, le Canada et l’Australie ont mis en garde contre les délais nécessaires pour étudier comme il se doit ces nouveaux libellés « politiques ».  Qui plus est, a ajouté l’Union européenne, ces propositions menacent de rompre l’équilibre entre ces paragraphes ainsi que l’esprit de compromis nécessaire pour mener à bien les travaux du Comité spécial. 

La prochaine séance plénière du Comité spécial de la Charte des Nations Unies et du raffermissement du rôle de l’Organisation sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: à Gaza, l’ensemble de la population exposée à un risque de famine qui croît « de jour en jour », selon la FAO et le PAM

9560e séance – après-midi 
CS/15604

Conseil de sécurité: à Gaza, l’ensemble de la population exposée à un risque de famine qui croît « de jour en jour », selon la FAO et le PAM

Une semaine après le rejet, en raison d’un veto des États-Unis, d’un nouveau projet de résolution exigeant un cessez-le-feu humanitaire immédiat à Gaza, les membres du Conseil de sécurité se sont réunis, cet après-midi, pour examiner la question de la protection des civils gazaouites, sur lesquels pèse un risque élevé de famine, qui croît « de jour en jour ».

C’est ainsi que le Directeur général adjoint de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), M. Maurizio Martina, a mis en garde le Conseil, en expliquant qu’une multiplicité de facteurs était à l’origine de cette situation: intensification des hostilités; réduction supplémentaire de l’accès aux vivres, aux services de base et à une assistance vitale; et concentration ou isolement extrêmes des populations dans des lieux de vie inadéquats ou des zones privées de services de base.

L’ensemble de la population de la bande de Gaza, soit environ 2,2 millions d’habitants, est en crise, avec le « pourcentage le plus élevé de personnes confrontées à une insécurité alimentaire aussi aiguë jamais classifiée », a alerté le haut fonctionnaire.  Le Directeur général adjoint a précisé qu’environ 50% de la population serait en situation d’urgence et, selon une évaluation « prudente », au moins un ménage sur 4 se trouverait désormais dans des conditions catastrophiques ou proches de la famine, soit 378 000 personnes.

Les experts en sécurité alimentaire mettent en garde contre un effondrement total de l’agriculture dans le nord de Gaza d’ici à mai si les conditions actuelles persistent, s’est alarmé de son côté le Directeur de la coordination du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), M. Ramesh Rajasingham.  Alors que beaucoup n’ont eu d’autre choix que d’abandonner leurs terres en raison des ordres d’évacuation et des déplacements répétés, l’insuffisance des services d’eau, d’assainissement et de santé vulnérabilise encore davantage les personnes déjà affaiblies par la faim.  Ajoutez à cela une surpopulation chronique, l’exposition au froid et l’absence d’abris adéquats, « et vous créez les conditions propices à des épidémies massives », a prévenu M. Rajasingham.

Dans ce contexte extrêmement préoccupant, le Directeur a constaté que les efforts de l’ONU et de ses partenaires humanitaires continuent d’être entravés par la fermeture arbitraire de passages frontaliers et de graves restrictions à la liberté de mouvement des personnels, entre autres.  Des obstacles dont s’est également fait l’écho M. Carl Skau, le Directeur exécutif adjoint du Programme alimentaire mondial (PAM), en signalant des retards aux points de contrôle, des coups de feu et d’autres violences, des pillages en cours de route et une prise d’assaut par des personnes affamées.

M. Rajasingham a ajouté à cela le problème des voies d’approvisionnement impraticables en raison de routes endommagées et des munitions non explosées.  Les risques sécuritaires restent un obstacle important, a-t-il reconnu, comme en témoigne le bombardement, le 20 février, de la maison d’hôtes de Médecins sans Frontières (MSF) à Al-Mawasi.  Il a décompté à ce jour 161 travailleurs humanitaires tués dans les hostilités.

De la Sierra Leone à la France, en passant par la Chine et la Fédération de Russie, la plupart des membres du Conseil ont déploré l’aggravation de cette crise, dénonçant les opérations militaires d’Israël qui fragilisent une population en sécurité nulle part dans la bande de Gaza.  La Slovénie a exigé un cessez-le-feu pour soulager le peuple palestinien et libérer les otages, avant de souligner qu’un projet de résolution a été présenté en ce sens. Alors « engageons-nous sérieusement pour voir si nos lignes rouges peuvent s’aligner dans un texte qui réduirait au silence le ciel de Gaza et d’Israël ».

Israël est l’architecte de cette catastrophe humaine et humanitaire, a dénoncé l’Observateur permanent palestinien, en accusant la Puissance occupante de violer le droit international humanitaire, les droits humains, les résolutions du Conseil de sécurité et l’ordonnance de la Cour internationale de Justice (CIJ).  Tandis que l’Algérie, suivie sur ce point par la France, accusait Tel-Aviv de se servir de la faim comme arme de guerre, le Pakistan s’est élevé contre la campagne militaire « génocidaire » menée par Israël, qui a tué 30 000 Palestiniens en cinq mois, pour la plupart des femmes et des enfants, en plus de provoquer le déplacement de la totalité de ses habitants.  Pour la Fédération de Russie, les États-Unis portent l’entière responsabilité du nombre sans précédent de victimes civiles, car ils ont bloqué à quatre reprises les efforts internationaux visant à mettre fin à la violence à Gaza. 

Le représentant israélien a rejeté ces accusations, en assurant que son pays œuvre à l’arrivée de l’aide humanitaire à Gaza par les points de passage de Rafah et de Kerem Shalom, dans l’attente d’un possible canal par la Jordanie.  Nous débattons d’autres options encore, s’est-il justifié, avant de rappeler que depuis les attaques terroristes en date du 7 octobre dernier, Israël a permis l’acheminement de 250 000 tonnes de fournitures humanitaires, dont 170 000 de denrées alimentaires.

Imputer à Israël l’échec de l’acheminement de l’aide revient à diffuser les mensonges du Hamas, a lancé le délégué israélien, selon lequel, ces derniers jours, plus de 500 camions attendaient aux postes-frontières après avoir été approuvés par Israël.  « Où est l’ONU? » s’est interrogé le représentant, en blâmant l’Organisation pour cette situation.  Insistant sur le fait qu’Israël est déterminé à améliorer l’acheminement de l’aide dans le nord de la bande de Gaza, il a signalé que son pays a permis hier le parachutage de frets jordanien et français, que l’ONU a refusé de distribuer, ses agences ayant suspendu leurs activités dans cette partie du territoire. Le représentant s’est également étonné que les détournements et les pillages de l’aide perpétrés par le Hamas ne soient « jamais » évoqués au Conseil de sécurité.

PROTECTION DES CIVILS EN PÉRIODE DE CONFLIT ARMÉ

Déclarations

M. RAMESH RAJASINGHAM, Directeur de la coordination du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), a rappelé que, depuis le début des hostilités actuelles à Gaza, consécutives aux « attaques horribles » du Hamas en Israël le 7 octobre dernier, l’ONU avait mis en garde contre l’impact de cette crise en termes d’insécurité alimentaire à Gaza, en particulier pour une population déjà confrontée à des niveaux élevés de pauvreté structurelle après 16 ans de blocus.  En décembre, a-t-il relevé, il était prévu que l’ensemble de la population de Gaza, soit 2,2 millions d’habitants, soit confrontée à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë d’ici à février 2024 – la proportion la plus élevée de personnes confrontées à ce niveau d’insécurité alimentaire jamais enregistrée dans le monde.  « Et nous voilà, fin février », avec au moins 576 000 personnes à Gaza –un quart de sa population– à deux doigts de la famine; avec un enfant âgé de moins de deux ans sur 6 dans le nord de Gaza souffrant de malnutrition aiguë; et avec la quasi-totalité de la population de Gaza dépendante d’une aide alimentaire humanitaire « terriblement insuffisante », s’est lamenté le haut fonctionnaire.  Et aussi sombre ce tableau soit-il, il a averti du risque bien réel de nouvelle détérioration de cette crise.

Les opérations militaires, l’insécurité et le renforcement des restrictions imposées à l’entrée et la livraison d’articles de première nécessité ont décimé la production alimentaire et l’agriculture, a-t-il poursuivi.  Les experts en sécurité alimentaire mettent en garde contre un effondrement total de l’agriculture dans le nord de Gaza d’ici à mai si les conditions actuelles persistent.  Outre les dégâts causés, beaucoup n’ont eu d’autre choix que d’abandonner leurs terres en raison des ordres d’évacuation et des déplacements répétés.  Les hostilités et les pénuries d’articles essentiels, notamment d’électricité, de carburant et d’eau, ont pratiquement paralysé la production alimentaire, tandis que l’insuffisance des services d’eau, d’assainissement et de santé rend les personnes déjà affaiblies par la faim plus vulnérables aux maladies. Ajoutez à cela une surpopulation chronique, l’exposition au froid et l’absence d’abris adéquats, « et vous créez les conditions propices à des épidémies massives », a-t-il prévenu.

Le haut fonctionnaire a constaté que les efforts de l’ONU et de ses partenaires humanitaires continuent d’être entravés par de nombreux facteurs: fermeture de passages frontaliers, graves restrictions à la liberté de mouvement, refus d’accès, procédures de contrôle onéreuses, incidents impliquant des civils désespérés, manifestations et troubles de l’ordre public, restrictions affectant les communications et les équipements de protection.  Il a ajouté à cela le problème des voies d’approvisionnement qui sont impraticables en raison de routes endommagées et des munitions non explosées.  Les risques sécuritaires restent un obstacle important, a-t-il reconnu, comme en témoigne le bombardement, le 20 février, de la maison d’hôtes de Médecins Sans Frontières (MSF) à Al-Mawasi.  Il a décompté à ce jour 161 travailleurs humanitaires tués dans les hostilités. 

Par ailleurs, la suspension du financement de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) met à l’épreuve notre capacité à mettre en place une réponse efficace, a noté M. Rajasingham.  Néanmoins, l’OCHA continue sans cesse à réfléchir à des solutions pour surmonter les obstacles qui lui permettraient d’étendre la livraison de vivres et la fourniture de soins de santé.  Dans l’immédiat, nous avons besoin de garanties de sécurité plus claires, d’un meilleur système de notification humanitaire pour minimiser les risques, de moins de restrictions sur les équipements de télécommunication, de déminage, et de l’utilisation de tous les points d’entrée possibles. 

La dure réalité, cependant, c’est qu’une réponse au niveau requis sera impossible sans une action immédiate et concertée des parties au conflit, du Conseil de sécurité, des autres États Membres et de la communauté internationale dans son ensemble, a concédé le haut fonctionnaire en signalant que la note blanche soumise à ce Conseil énonce des recommandations en ce sens.  Il s’agit notamment de garantir le respect du droit international humanitaire; de reprendre l’entrée d’articles alimentaires essentiels, de l’électricité, de combustibles et de gaz de cuisine; de protéger et réparer des infrastructures et services vitaux, notamment les conduites d’eau transfrontalières; de lever les restrictions à la pêche, à l’accès aux terres agricoles et à l’entrée des produits agricoles; en facilitant de toute urgence un meilleur accès humanitaire à l’intérieur et à l’extérieur de Gaza, notamment en ouvrant des points de passage supplémentaires et en déployant des efforts concertés pour mettre fin à ce conflit.

Mais, selon M. Rajasingham, il ne fait aucun doute qu’à ce stade, très peu de choses seront possibles tant que les hostilités se poursuivront avec le risque qu’elles s’étendent aux zones surpeuplées du sud de Gaza.  « Nous réitérons donc notre appel à un cessez-le-feu », a lancé le Directeur.  Si rien n’est fait, nous craignons qu’une famine généralisée à Gaza soit presque inévitable, et que le conflit, qui depuis octobre a coûté la vie à près de 30 000 personnes et en a blessé plus de 70 000, selon le Ministère de la santé de Gaza, fasse bien d’autres victimes, a-t-il mis en garde en conclusion.

M. MAURIZIO MARTINA, Directeur général adjoint de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a expliqué que la population de Gaza est confrontée à des seuils catastrophiques d’insécurité alimentaire provoqués par le conflit en cours et à un risque élevé de famine, qui croît « de jour en jour ».  Les principaux facteurs de ce risque sont l’intensification des hostilités, une nouvelle réduction de l’accès aux vivres, aux services de base et à une assistance vitale, ainsi qu’une concentration ou un isolement extrêmes des populations dans des lieux inadéquats ou des zones privées de services de base.  On estime désormais que 378 000 personnes sont dans la phase 5 de la classification de la sécurité alimentaire, c’est-à-dire la phase plus prononcée: insécurité alimentaire aiguë, marquée par la famine, des seuils critiques de malnutrition aiguë et des niveaux élevés de surmortalité.  Le haut fonctionnaire a ainsi déclaré que l’ensemble de la population de la bande de Gaza, soit environ 2,2 millions d’habitants, est en crise. C’est le « pourcentage le plus élevé de personnes confrontées à une insécurité alimentaire aussi aiguë jamais classifiée », a-t-il alerté.  Il a précisé qu’environ 50% de la population serait en situation d’urgence (phase 4) et, selon une évaluation prudente, au moins un ménage sur 4 se trouverait désormais dans des conditions catastrophiques ou proches de la famine (phase 5).

Les infrastructures civiles de la bande de Gaza, notamment celles essentielles à la production, à la transformation et à la distribution d’articles alimentaires, ont été gravement endommagées, détruites ou rendues inaccessibles, a poursuivi M. Martina.  Il a indiqué que, depuis le 9 octobre, le blocus renforcé du Gouvernement israélien entraîne l’arrêt ou la restriction de l’approvisionnement en nourriture, en électricité et en carburant, ainsi que l’arrivée des biens commerciaux.  Quant à la chaîne d’approvisionnement alimentaire, elle a été touchée par des restrictions considérables sur les expéditions de carburant, qui paralysent le fonctionnement des infrastructures d’eau et des usines de dessalement, la production et la livraison d’articles alimentaires essentiels et la fourniture d’électricité.  « La seule électricité disponible dans la bande de Gaza provient de panneaux solaires et de générateurs, pour lesquels il y a peu de combustible disponible », a précisé le haut fonctionnaire, qui a fait également état de pénuries d’eau potable persistantes, alors qu’environ 97% de l’eau issue des nappes phréatiques de Gaza serait impropre à la consommation humaine.

Le scénario le plus probable à ce stade, c’est que la production agricole s’effondrera dans le nord de la bande de Gaza d’ici à mai 2024, a prévenu M. Martina, en précisant qu’au 15 février, 46,2% de toutes les terres cultivées du territoire étaient considérées comme endommagées.  Par ailleurs, fin janvier, toutes les volailles auraient été abattues ou seraient mortes faute d’eau et de fourrage, a-t-il encore relevé, en expliquant que le taux de mortalité est estimé entre 50 et 65% pour les veaux, à 70% pour les bovins de boucherie et à 50% pour les petits ruminants. Enfin, le secteur de la pêche à Gaza, qui fournit indirectement des moyens de subsistance à plus de 100 000 personnes, est au point mort.

Pour le Directeur général adjoint, la cessation des hostilités et le rétablissement de l’accès humanitaire sont les premières étapes pour fournir une assistance multisectorielle et rétablir les services de base.  Les postes frontaliers devraient être rouverts, y compris à la circulation de biens commerciaux, a-t-il prié. M. Martina s’est donc joint au Secrétaire général pour exiger un cessez-le-feu humanitaire immédiat afin d’atténuer les souffrances des civils et faciliter la fourniture d’une aide d’urgence à grande échelle aux Gazaouites.

S’exprimant en vidéoconférence, M. CARL SKAU, Directeur exécutif adjoint du Programme alimentaire mondial (PAM), a rappelé que le Comité d’examen de la famine a mis en garde contre une réelle perspective de famine dans la bande de Gaza d’ici à mai, ce qui mettrait 500 000 personnes en danger si la menace se matérialisait.  Alors que les deux tiers de la population de Gaza dépendaient d’une aide alimentaire avant octobre 2023, c’est aujourd’hui la quasi-totalité de la population du territoire, soit 2,2 millions de personnes, qui en a besoin, a-t-il souligné, précisant que l’enclave connaît le pire niveau de malnutrition infantile au monde.  Un enfant de moins de deux ans sur 6 souffre de malnutrition aiguë, a alerté M. Skau. Le PAM, a-t-il dit, est prêt à étendre et à intensifier rapidement ses opérations en cas d’accord de cessez-le-feu. Mais, pour l’heure, l’agence ne peut acheminer des vivres essentiels à Gaza en quantités suffisantes et fait face à des conditions opérationnelles presque impossibles sur le terrain, en particulier dans le nord de Gaza, où ses livraisons ont repris le 18 février, pour la première fois depuis trois semaines. 

L’intention du PAM était d’envoyer 10 camions par jour, pendant sept jours, pour répondre aux besoins immédiats.  Or, les 18 et 19 février, les convois ont été confrontés à des problèmes importants, a-t-il déploré, faisant état de retards aux points de contrôle, de coups de feu et d’autres violences, de pillages de la nourriture en cours de route et, à destination, d’une prise d’assaut par des personnes affamées.  En conséquence, nous avons été contraints de suspendre les livraisons de nourriture vers le nord jusqu’à ce que les conditions soient réunies pour permettre des distributions sûres, a expliqué M. Skau, assurant que cette décision n’a pas été prise à légère, compte tenu des risques de décès liés à la faim.  « Mais l’effondrement de l’ordre civil, provoqué par le pur désespoir, empêche la distribution sûre de l’aide, et nous avons le devoir de protéger notre personnel », a-t-il commenté.  Il a ajouté que le PAM étudie toutes les options de livraison viables pour permettre la reprise, dès que possible, des opérations dans le nord de Gaza, où la nourriture et l’eau potable sont rares, la malnutrition explose et les maladies sévissent. 

Pour l’intervenant, une action immédiate est nécessaire pour permettre une augmentation considérable du volume de nourriture et d’autres fournitures humanitaires entrant dans le nord de Gaza.  « C’est le seul moyen d’apaiser les tensions et de restaurer un semblant d’ordre civil ».  Pour cela, a-t-il affirmé, il faut que le personnel humanitaire puisse travailler dans un environnement opérationnel sûr et fonctionnel et que le port d’Ashdod et le passage de Karni soient ouverts, afin de pouvoir importer de la nourriture et d’autres fournitures essentielles rapidement et à grande échelle.  Si rien ne change, une famine est imminente dans le nord de Gaza, a averti le responsable du PAM, avant d’évoquer la situation dans le sud de l’enclave, où malgré leurs efforts, l’agence et ses partenaires ne parviennent à pas à fournir une nourriture régulière ou suffisante aux personnes qui en ont cruellement besoin.  La majeure partie de la nourriture est distribuée à Rafah, plaque tournante des opérations actuelles du PAM à Gaza, mais très peu d’aide parvient aux populations ailleurs, a-t-il reconnu, ajoutant que le personnel de l’agence s’emploie à soutenir le rétablissement des systèmes alimentaires locaux autant que possible. 

Sans un accès sûr et considérablement élargi, les travailleurs humanitaires ne peuvent pas organiser une opération de secours à l’échelle requise, a insisté M. Skau, pour qui éviter une famine nécessite aussi le rétablissement des services de base, notamment les services de santé, les réseaux électriques et les canalisations d’eau et d’assainissement.  À ses yeux, l’UNWRA est la seule organisation capable de superviser et de gérer cette infrastructure vitale à Gaza.  En conclusion, il a appelé les membres du Conseil de sécurité à faire respecter la résolution 2417 (2018), qui réaffirme le droit international humanitaire et la nécessité de briser le cercle vicieux entre conflit armé et insécurité alimentaire.

La représentante du Guyana a exprimé sa profonde préoccupation devant le nombre de personnes qui se trouvent au bord de la famine à Gaza.  Ces personnes, « comme nous des êtres humains », sont soumises à des conditions dégradantes, une « catastrophe » qui requiert selon la délégation une action collective urgente. À ses yeux, seul le mépris flagrant et persistant du droit international a pu mener à la situation actuelle, faite de bombardement d’infrastructures civiles, de restriction à des articles indispensables à la survie de la population, du refus de l’accès humanitaire, du blocus, du siège et du mépris des principes d’humanité, de proportionnalité et de distinction.

Si, dans l’immédiat, ces déprédations se traduisent par un risque élevé de mortalité due à la malnutrition et aux maladies, les défis physiques et cognitifs qui y sont associés auront aussi de graves conséquences sur le développement de toute une génération de Gazaouites.  Les bombardements ayant déjà affecté la santé de 18% des terres arables de Gaza et décimé la production agricole, la représentante a prévenu que les opérations militaires à Rafah ne feront qu’aggraver une situation déjà désespérée, la majorité des terres arables de Gaza se trouvant au sud du territoire.  Pour la représentante, ces réalités ne soulignent qu’une chose: le Conseil de sécurité doit intervenir pour mettre fin aux violations flagrantes du droit international commises par un État Membre de l’ONU.  « La famine comme méthode de guerre est illégale », a-t-elle rappelé. 

Le représentant de la Suisse, en tant que point focal au Conseil pour la thématique sur les conflits et la faim avec le Guyana, a appelé le Conseil de sécurité et les parties au conflit à assumer pleinement les responsabilités qui leur incombent en vertu du droit international, telles que reflétées par la résolution 2417 (2018).  Alarmé par la situation humanitaire « catastrophique » dans la bande de Gaza, il a appelé toutes les parties à prendre des mesures concrètes pour épargner et protéger la population civile et à respecter le droit international humanitaire.  Il a notamment cité l’interdiction d’utiliser la famine comme méthode de guerre contre la population civile; l’interdiction d’attaquer, de détruire, d’enlever ou de mettre hors d’usage des biens indispensables à la survie de la population civile; et l’obligation d’autoriser et faciliter le passage rapide et sans entrave des secours humanitaires destinés aux civils dans le besoin. 

Toutes les parties doivent garantir l’acheminement rapide, sûr et sans entrave à toutes les zones, y compris dans le nord de la bande de Gaza et à travers tous les points de passage et toutes les routes possibles, a poursuivi le représentant qui a aussi demandé que l’acheminement des denrées alimentaires commerciales soit assuré, pour que les marchés locaux puissent être rétablis. L’aide humanitaire à elle seule ne peut pas répondre aux besoins de plus de 2 millions de personnes, a-t-il argué ajoutant que l’accès au carburant et aux liquidités doit également être facilité. En dernier lieu, le délégué a insisté sur l’impératif de protéger les enfants, les femmes et les groupes vulnérables en répondant à leurs besoins spécifiques.  Enfin, il a appelé à une bonne coordination entre tous les acteurs afin de garantir que les travailleurs humanitaires puissent s’acquitter de leur mission en toute sécurité dans l’ensemble du territoire et en priorisant l’accès par voie terrestre.  Les membres du Conseil doivent utiliser leur influence et urgemment prendre des mesures pour éviter une famine et pour sauver des vies, a-t-il insisté ajoutant que des solutions politiques sont urgentes tout comme un cessez-le-feu humanitaire immédiat.

Le représentant de l’Algérie a lancé un appel urgent à un cessez-le-feu immédiat avant de fustiger le traitement « inhumain » infligé aux Gazaouites par la Puissance occupante.  Il a déploré que les efforts de la communauté humanitaire et du Conseil de sécurité n’aient pas amélioré la situation à Gaza, où les habitants font face à un dilemme épouvantable: choisir entre la menace immédiate de mourir sous les bombardements ou faire face à une mort atroce due à la famine. 

Alors que l’ensemble de la population de Gaza dépend de l’aide humanitaire, la Puissance occupante utilise la famine comme arme de guerre, a accusé le représentant selon qui l’utilisation délibérée de l’affamement vise à pousser la population de Gaza à la violence et à une rupture de l’ordre public. Il a constaté que les résolutions 2712 (2023) et 2720 (2023) se sont avérées inefficaces, avant d’exhorter le Conseil à demander d’urgence un cessez-le-feu, avertissant que son inaction équivaut à une complicité dans ce crime. 

« Gaza est devenue inhabitable », a déclaré le représentant de la Slovénie.  Après le « témoignage glaçant » du Secrétaire général de Médecins Sans Frontières au Conseil sur la situation sanitaire, l’exposé sur la (non-)sécurité du personnel de l’ONU et la note blanche d’aujourd’hui sur la famine imminente, le représentant s’est demandé « lequel de ces briefings sera la goutte d’eau qui fera déborder le vase? »  Il a exhorté au plein respect du droit international humanitaire qui, a-t-il rappelé, interdit strictement d’utiliser la famine comme méthode de guerre.  Il a appelé à un accès humanitaire continu, sûr, sécurisé et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, notamment en ouvrant des points de passage supplémentaires et en simplifiant les procédures d’entrée de l’aide humanitaire, ainsi qu’au rétablissement d’un approvisionnement suffisant en eau salubre. Il a également qualifié l’UNRWA, de « bouée de sauvetage du peuple palestinien et l’épine dorsale de la réponse humanitaire à Gaza ».  Le délégué a ensuite appelé à l’établissement d’un cessez-le-feu afin d’éviter la famine à Gaza.  Un cessez-le-feu pour soulager le peuple palestinien et libérer les otages, a martelé le délégué avant de souligner qu’un projet de résolution a été présenté en ce sens.  Alors « engageons-nous sérieusement pour voir si nos lignes rouges peuvent s’aligner dans un texte qui réduirait au silence le ciel de Gaza et d’Israël. »   

Le représentant des États-Unis a exhorté Israël à maintenir ouverts les points de passage afin que l’aide humanitaire puisse être acheminée à Gaza et à faciliter l’ouverture de points de passage additionnels.  « Bref, Israël doit en faire davantage », a-t-il ajouté.  Tout en souscrivant aux graves préoccupations concernant le bien-être de plus d’un million de civils palestiniens à Rafah, le représentant a jugé « épouvantable » que le Hamas continue de se terrer parmi les infrastructures civiles, dont les hôpitaux et les écoles.  Il a donc appelé à la prudence, estimant qu’une offensive terrestre ne devrait pas avoir lieu à Gaza dans la situation actuelle. 

Pour leur part, les États-Unis travaillent d’arrache-pied afin d’abattre les obstacles à l’acheminement de l’aide humanitaire et d’ouvrir un point de passage à Rafah, a assuré le délégué.  Il a dit que Washington avait appelé à maintes reprises à la protection des travailleurs humanitaires de l’ONU, tout en encourageant Israël à mettre en place des canaux de communication à cette fin.  Le représentant a réaffirmé son plein appui aux efforts de la Coordonnatrice de l’action humanitaire et de la reconstruction à Gaza en vue d’accélérer l’acheminement de l’aide humanitaire. 

« Il est inhumain que le Hamas et d’autres groupes terroristes continuent de prolonger le conflit en détenant plus de 100 otages », a poursuivi le représentant.  Il a déclaré que les États-Unis comptaient poursuivre leurs efforts diplomatiques avec les parties afin de parvenir à un accord sur la libération des otages, par le biais d’un cessez-le-feu humanitaire temporaire permettant d’atténuer les souffrances de la population de Gaza. 

Le représentant de la Chine a rappelé la crise humanitaire sans précédent que traverse Gaza depuis quatre mois, se désolant que les Gazaouites souffrent aussi du non-respect de leurs droits humains, du droit international humanitaire et des Conventions de Genève.  Le délégué a estimé que le Conseil de sécurité devait éviter une plus grande catastrophe à Gaza.  Il a appelé Israël à respecter les résolutions 2712 (2023) et 2720 (2023), à ouvrir davantage de points de passage et à préserver les mécanismes de communication pour permettre l’acheminement de l’aide en toute sécurité.  Par ailleurs, Israël doit assurer la sécurité du personnel humanitaire et de leur travail, a-t-il plaidé.

Le représentant a rappelé que la Cour internationale de Justice (CIJ) avait engagé Israël à éviter un génocide à Gaza.  Il a souligné le rôle indispensable et irremplaçable de l’UNRWA, appelant à une enquête indépendante concernant certains de ses employés qui sont accusés d’avoir participé aux attaques du 7 octobre.  Le délégué a également prié les grands bailleurs de fonds de rétablir leur financement de l’UNRWA.  Le Conseil de sécurité doit exiger un cessez-le-feu humanitaire à Gaza, mettre un terme aux affrontements et relancer la solution des deux États, a-t-il conclu. 

Après avoir déploré la situation à Gaza, le représentant de l’Équateur s’est félicité des recommandations contenues dans la note blanche de l’OCHA, qui souligne le lien entre la faim et les conflits, ainsi que la responsabilité collective de ce Conseil pour éviter une catastrophe humanitaire.  Il a exigé le rétablissement de l’accès humanitaire, la garantie du financement de l’aide et la mise en œuvre des résolutions 2712 (2023) et 2720 (2023) du Conseil de sécurité.  En outre, la prévention des famines et des crises alimentaires exige que les parties respectent leurs obligations découlant du droit international humanitaire, ainsi que l’interdiction de recourir à la famine comme tactique de guerre et d’attaquer les infrastructures civiles, tel que prévu par les résolutions 2417 (2018) et 2573 (2021) du même Conseil, a souligné le délégué. 

Enfin, bien que les mesures visant à répondre aux besoins humanitaires de la population soient essentielles et urgentes, la paix est la seule réponse durable au risque de faim, a-t-il rappelé.  Le délégué a promis que l’Équateur continuera à soutenir les initiatives visant à parvenir à une solution pacifique, négociée, définitive et juste à ce conflit, avec la coexistence de deux États, Palestine et Israël, sur la base des frontières de 1967 et des résolutions pertinentes.

Le représentant de la France a relevé que la situation humanitaire à Gaza « dépasse l’entendement », le bilan humain étant intolérable.  Soulignant que la résolution 2417 adoptée en 2018 condamnait pour la première fois l’utilisation de la famine comme une arme de guerre, le déni d’accès humanitaire et la privation des civils de biens indispensables à leur survie, il a appelé à sa pleine mise en œuvre.  Tous, y compris Israël, doivent se conformer au droit international humanitaire, a exigé le représentant pour lequel l’absence d’accès humanitaire suffisant à une population en situation d’urgence humanitaire absolue est « injustifiable ».  Il est impératif de pouvoir apporter et acheminer massivement l’aide humanitaire à la population civile de Gaza, dans l’ensemble de la bande, y compris au nord, a-t-il insisté en demandant qu’Israël ouvre le port d’Ashdod, une voie terrestre directe depuis la Jordanie et tous les points de passage nécessaires. 

La protection des civils, des personnels humanitaires, des sites de l’ONU et des autres infrastructures civiles est un impératif absolu, a encore observé le représentant réitérant à cet égard le plein soutien de la France à la Coordonnatrice de l’action humanitaire et de la reconstruction à Gaza, Mme Sigrid Kaag.  La France continuera à soutenir la réponse humanitaire à Gaza, a-t-il assuré précisant qu’elle a procédé hier, avec la Jordanie, à un nouveau largage d’aide humanitaire directement à Gaza, ainsi qu’à un nouvel envoi de fret humanitaire pour soutenir les hôpitaux égyptiens soignant les blessés évacués.  Le délégué a appelé à conclure de toute urgence un accord sur un cessez-le-feu qui garantisse la protection de tous les civils et l’entrée massive de l’aide d’urgence, avant de réaffirmer l’opposition ferme de la France à une offensive terrestre à Rafah qui entraînerait une autre catastrophe humanitaire sans précédent.  Il a également demandé la libération immédiate et sans condition de tous les otages.

La représentante du Royaume-Uni a constaté une situation désespérée à Gaza, qui s’aggrave de jour en jour.  Aussi a-t-elle appelé toutes les parties au conflit à cesser immédiatement les combats, pour permettre l’acheminement de l’aide et évacuer les otages, puis progresser vers un cessez-le-feu durable et permanent, seul moyen de soulager les souffrances dans ce territoire.  La déléguée a ensuite exhorté Israël à autoriser l’entrée de davantage d’aide à Gaza et à faciliter sa distribution dans tout le territoire, grâce à l’ouverture plus longtemps des points de passage, notamment ceux de Kerem Shalom et Nitzana, à un accès sans entrave à l’aide provenant de Jordanie, et à l’ouverture complète du port d’Ashdod.  Enfin, l’ONU et ses partenaires humanitaires ont besoin d’une plus grande protection et d’un meilleur accès aux moyens nécessaires de s’acquitter de leurs missions, a estimé la représentante britannique.  Cela comprend des véhicules blindés, des équipements de communication et de protection individuelle, ainsi que des visas, assortis de mécanismes de déconfliction fonctionnels et de garanties de sécurité pour les sites et les convois. 

Le représentant de la République de Corée a constaté que la situation humanitaire continue de s’aggraver à Gaza malgré l’adoption, par le Conseil, de deux résolutions exigeant la fourniture rapide, sûre et sans entrave d’une aide humanitaire à ceux qui en ont besoin.  Il a évoqué une réalité « stupéfiante et presque inimaginable » à Gaza, où 90% des enfants de moins de deux ans et 95% des femmes enceintes et allaitantes sont confrontés à une grave pénurie alimentaire et à une dénutrition potentiellement mortelle.  Qui plus est, l’infrastructure humanitaire de la bande de Gaza a été gravement endommagée ou détruite, tandis que l’ordre civil s’est effondré. « Les conséquences intergénérationnelles de l’insécurité alimentaire à Gaza sont inévitables », a déploré le représentant. 

Appelant à l’application urgente de mesures décisives, le représentant a demandé un plus grand accès de l’aide alimentaire à travers tous les points de passage disponibles ainsi que par un corridor maritime.  Toutefois, a-t-il ajouté, seul un cessez-le-feu humanitaire à Gaza permettra de garantir un accès sûr et sans entrave à la nourriture pour ceux qui en ont si désespérément besoin. 

Le représentant du Japon a déclaré que pour faire face à la grave situation à Gaza, le Gouvernement japonais avait offert 32 millions de dollars pour fournir notamment une aide alimentaire et sanitaire supplémentaire. Soucieux de prévenir la famine provoquée par le conflit et l’insécurité alimentaire généralisée à Gaza, le délégué a rappelé que le droit international humanitaire interdit de rendre inutilisables des biens indispensables à la survie de la population civile, les denrées alimentaires, des champs agricoles, des cultures, le bétail, l’approvisionnement en eau potable et des systèmes d’irrigation.  Les parties au conflit doivent faciliter le passage rapide et sans entrave de l’aide humanitaire pour les civils, a-t-il exhorté. 

Le représentant a demandé une plus grande coordination entre les parties dans l’acheminement de l’aide humanitaire pour répondre aux énormes besoins humanitaires sur le terrain.  Davantage de camions et de carburant doivent pouvoir entrer à Gaza, a-t-il précisé. Il a demandé à Israël d’ouvrir des points de passage frontaliers supplémentaires et de sécuriser les couloirs humanitaires afin que les acteurs humanitaires puissent mener à bien leur travail en toute sécurité.  En outre, les efforts pour résoudre la cause de cette catastrophe doivent se poursuivre, a-t-il prié.  Condamnant les attaques du 7 octobre par le Hamas, le délégué a exigé la libération immédiate et sans condition de tous les otages détenus par le Hamas.  Il a aussi réaffirmé qu’un cessez-le-feu humanitaire est nécessaire afin d’assurer un environnement propice à l’aide humanitaire et à la libération des otages.  Cette catastrophe humanitaire doit être immédiatement stoppée, a-t-il martelé. 

Le représentant de la Sierra Leone s’est dit profondément préoccupé par le fait que la violence continue à Gaza entrave une réponse humanitaire efficace.  Il s’est élevé contre l’impact direct des opérations militaires en cours, affirmant que le Conseil ne peut permettre que cette situation perdure.  Il a réitéré son appel aux parties au conflit à respecter leurs obligations en vertu du droit international, y compris le droit international humanitaire, qui interdit le recours à l’affamement des civils comme méthode de guerre, ainsi que la destruction des biens civils nécessaires au stockage et à la distribution des secours.  En outre, le délégué a réitéré la nécessité d’un cessez-le-feu humanitaire immédiat, rejetant toute tentative de mener des opérations militaires à Rafah, où se trouve une plus grande proportion de terres arables.  Enfin, il a appelé les parties au conflit à permettre un accès sûr et sans entrave à l’aide humanitaire, en ouvrant tous les points de passage pertinents, en particulier vers le nord de la bande de Gaza.  Le représentant a également plaidé en faveur d’un système de notification humanitaire fonctionnel et d’un réseau de communication stable de nature à garantir la protection du personnel de l’ONU et des autres personnels humanitaires. 

Le représentant du Mozambique a appelé au respect de la résolution 2417 (2018) du Conseil de sécurité sur la protection des civils dans les conflits armés dans le contexte du conflit à Gaza.  Il a réaffirmé la responsabilité première des États de protéger la population sur l’ensemble de leur territoire.  C’est d’autant plus urgent que plane la menace d’une offensive terrestre israélienne à Rafah, où environ 1,5 million de personnes cherchent un abri, et au moment où on s’approche du ramadan, a-t-il insisté.  Dans cette optique, il a prôné des mesures globales et efficaces, non seulement pour protéger les civils dans la région de Gaza, mais aussi pour permettre la fourniture des services de base et de l’assistance humanitaire nécessaire.  Pour cela, une cessation immédiate et urgente des hostilités est cruciale, a-t-il argué. Concluant son intervention, le délégué a réitéré l’appel du Mozambique au Conseil pour qu’il reste uni et engagé dans tous les efforts visant à mettre en œuvre ses résolutions et les instruments juridiques des Nations Unies concernant la fin de la violence et la protection des civils dans la bande de Gaza.

Le représentant de la Fédération de Russie a constaté que le risque d’une véritable famine dans la bande de Gaza augmente chaque jour.  En l’absence de réponse efficace, les membres du Conseil de sécurité partageront l’entière responsabilité du recours par Israël à la famine comme méthode de guerre, a-t-il affirmé.  Il s’est affligé des statistiques tragiques présentées par l’OCHA, selon lesquelles un habitant sur 4 de l’enclave est à deux pas de la famine, soit la proportion la plus élevée de personnes souffrant de niveaux élevés de malnutrition jamais enregistrée dans le monde.  Une génération entière de jeunes gazaouites risque des dommages irréparables au développement de leurs capacités physiques et mentales, a-t-il relevé, « un coup fatal porté à l’avenir de Gaza ».

Il a dénoncé les mesures sévères prises par Israël qui entravent l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza, notant en outre que le faible potentiel de l’agriculture locale est mis à mal par le risque élevé de mines, la pollution et le manque d’eau pour l’irrigation.  Le libellé « faible et ambigu » de la résolution 2720 (2023), « introduit pour satisfaire Washington », n’a fait, selon lui, qu’empirer la situation.  « Le seul impératif vital pour empêcher une famine massive à Gaza est un cessez-le-feu urgent et le respect par Israël du droit international humanitaire », a-t-il ajouté, avant de dénoncer le recours par les États-Unis du veto à quatre reprises pour empêcher toute action du Conseil.  En bloquant les efforts internationaux visant à mettre fin à la violence à Gaza, Washington porte l’entière responsabilité du nombre sans précédent de victimes civiles, a martelé le représentant. 

Le représentant a jugé le moment venu de recourir à la disposition de la résolution 2417 (2018) qui prévoit l’imposition de sanctions contre ceux qui entravent l’accès humanitaire aux personnes dans le besoin.  Il a dénoncé le silence des pays occidentaux face à cette famine, les mêmes qui ont suspendu, avant même la fin de l’enquête, le financement de l’UNRWA au plus fort de la catastrophe humanitaire à Gaza, mettant l’Office en danger de s’effondrer. 

Alors que près de 600 000 personnes sont au bord de la famine à Gaza, la représentante de Malte a déclaré que ce niveau catastrophique d’insécurité alimentaire est le résultat direct de la campagne militaire israélienne et de l’incapacité d’Israël à faciliter l’acheminement sans entrave de l’assistance humanitaire et de l’aide alimentaire dans la bande de Gaza.  Elle a demandé la réouverture immédiate du port d’Ashdod et d’autres points de passage tout en insistant sur l’importance d’un mécanisme de désescalade humanitaire respecté par toutes les parties. Un cessez-le-feu permanent est essentiel, aujourd’hui plus que jamais, pour créer l’espace nécessaire à une intervention humanitaire renforcée, a plaidé la représentante. 

En outre, la déléguée a dénoncé tout déplacement forcé de Palestiniens de leurs terres ou de leurs maisons, y compris depuis et à l’intérieur de Gaza. Elle a sommé Israël de protéger et rétablir les infrastructures et les services vitaux nécessaires aux systèmes et à la production alimentaires, en particulier les conduites d’eau transfrontalières, les télécommunications et la reprise de la distribution d’électricité et de carburant.  Martelant que la famine ne peut être utilisée comme arme de guerre, la représentante a affirmé que la présence de l’UNRWA reste essentielle pour garantir une réponse humanitaire efficace à Gaza: « son rôle est irremplaçable ». Elle a appelé le Conseil à exiger que des mesures immédiates soient prises par les parties pour garantir le respect du droit humanitaire international, y compris la résolution 2417 (2018).  L’obligation de rendre compte des violations du droit international doit être une priorité, tout comme la mise en œuvre immédiate de l’ordonnance sur les mesures provisoires émise par la CIJ, y compris les mesures liées à la fourniture de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza.

Reprenant la parole, le représentant des États-Unis a réagi à l’intervention de la Russie en se justifiant sur ses observations sur la situation à Gaza, qui étaient « claires » à son avis.  Il a accusé la Russie de faire partie des États qui créent des situations de crise humanitaire plutôt que de les résoudre en pointant la situation en Ukraine.  La Russie n’est pas en mesure de critiquer qui que ce soit, a-t-il estimé, expliquant que lorsqu’elle parle d’attaques visant des infrastructures civiles, il a du mal à la prendre au sérieux.

Son homologue de la Fédération de Russie lui a demandé s’il comparait vraiment la situation à Gaza à celle en Ukraine?  Ces deux situations ne sont pas comparables, a-t-il tranché, ni par leur ampleur ni par le fait que la Russie ne soumet pas l’Ukraine à de bombardements incessants.  « Balayez d’abord devant votre porte », lui a-t-il lancé après avoir rappelé les campagnes militaires menées par les États-Unis en Afghanistan, en Syrie, en Iraq et ailleurs. 

Le délégué des États-Unis a tenu à préciser qu’il n’avait pas comparé ces deux situations avant de demander au représentant russe s’il entendait réellement dire que la Russie ne bombarde pas l’Ukraine. 

Le délégué de la Fédération de Russie a rétorqué que la Russie ne visait que des objectifs militaires lors de ses bombardements.

L’Observateur permanent de l’État de Palestine a insisté sur l’importance de la résolution 2418 (2018) qui condamne l’utilisation de la famine comme arme de guerre contre les populations civiles.  La note blanche de l’OCHA illustre la gravité de la situation provoquée par la guerre d’Israël contre Gaza, a-t-il ensuite dénoncé en se désolant de l’insécurité alimentaire à Gaza qui frappe plus d’un demi-million de personnes et de la famine qui s’aggrave chaque jour qu’Israël poursuit son « agression criminelle ».  Il a fait remarquer que toute une population est privée de sa dignité et de ses moyens de survie, rendue totalement dépendante de l’aide humanitaire, qui en plus ne lui parvient pas en dépit des résolutions 2712 (2023) et 2720 (2023) et en dépit de la nomination d’une Coordonnatrice de l’action humanitaire et de la reconstruction à Gaza, Mme Sigrid Kaag.  Sa mission est impossible sans un cessez-le-feu, en a-t-il déduit. 

Israël est l’architecte de cette catastrophe humaine et humanitaire, a dénoncé l’observateur palestinien en accusant les dirigeants israéliens de le faire volontairement en violation du droit international humanitaire, des droits de l’homme, des résolutions du Conseil de sécurité et de l’ordonnance de la CIJ.  Il a regretté que le Conseil n’ait pas pu exiger un cessez-le-feu laissant le peuple palestinien à la merci de la Puissance occupante.  Il a par ailleurs appelé les pays donateurs à reprendre leur financement de l’UNRWA.  Le Conseil, a-t-il lancé, doit garantir l’obligation de rendre des comptes pour les atrocités commises à Gaza.  Personne ne devrait être complice du génocide en cours, a-t-il prévenu.  Enfin, l’observateur a demandé un cessez-le-feu immédiat pour mettre fin à l’agression israélienne.  Il a appelé à acheminer sans entrave l’aide humanitaire dans la bande de Gaza et plaidé pour que les responsables des crimes de guerre et crimes contre l’humanité perpétrés par Israël rendent des comptes.  Le Conseil de sécurité doit agir immédiatement, a-t-il exigé. 

Le représentant d’Israël a tout d’abord affirmé que « personne ne souhaite voir un enfant souffrir de la faim ou empêcher les civils d’avoir accès aux services de base ».  C’est la position d’Israël, a-t-il dit, rappelant que son pays combat le Hamas, une organisation qui n’a pas de normes, si ce n’est la volonté de terroriser et d’éradiquer le peuple juif.  Israël travaille à l’arrivée de l’aide humanitaire à Gaza depuis différents pays et par différentes agences, a poursuivi le représentant en expliquant que cette assistance transite aujourd’hui par les points de passage de Rafah et de Kerem Shalom, dans l’attente d’un possible canal par la Jordanie.  Nous débattons d’autres options encore, a-t-il assuré, avant de rappeler que depuis les attaques terroristes du 7 octobre dernier, Israël a permis l’acheminement de 250 000 tonnes de fournitures humanitaires, dont 170 000 tonnes de denrées alimentaires.  Selon le représentant, il n’y a aucune limite à la quantité d’aide à fournir à la population de Gaza.  Il a assuré qu’Israël continue de coordonner le transfert de l’aide avec les organisations humanitaires.  Depuis début 2024, la plupart des demandes d’aide ont été approuvées, a-t-il précisé: seulement 16% des mouvements ont été refusés en raison du risque d’accaparement des fournitures par des terroristes.  « Ce sont les faits, nul ne peut les nier. »  Grâce à ces efforts, des boulangeries fonctionnent à Gaza et 2 millions de pitas sont produites chaque jour, a-t-il expliqué. 

Pour améliorer la situation humanitaire, il faut selon lui s’attaquer à la cause du manque de progrès.  Imputer à Israël l’échec de l’acheminement de l’aide revient à diffuser les mensonges du Hamas, a lancé le représentant, selon lequel, ces derniers jours, plus de 500 camions attendaient aux postes-frontières après avoir été approuvés par Israël.  Où est l’ONU? a-t-il interrogé.  « On pointe la responsabilité d’Israël alors que c’est la faute de l’ONU!»  Insistant sur le fait qu’Israël est déterminé à améliorer l’acheminement de l’aide dans le nord de la bande de Gaza, il a signalé que son pays a permis hier le parachutage de frets jordanien et français, que l’ONU a refusé de distribuer, ses agences ayant suspendu leurs activités dans cette partie du territoire. Après avoir dénoncé cette attitude contreproductive pour la population civile de Gaza, il a appelé à optimiser le rôle des agences de l’ONU et les moyens de distribution de l’aide.  C’est la seule façon d’améliorer la situation humanitaire, a-t-il affirmé, avant de s’étonner que les détournements et les pillages de l’aide perpétrés par le Hamas ne soient jamais évoqués au Conseil de sécurité. 

Cela fait des décennies qu’Israël avertit la communauté internationale des agissements du Hamas mais ses signalements restent ignorés, a regretté le représentant.  Le Conseil doit selon lui condamner l’utilisation de boucliers humains et le détournement de l’aide par le Hamas.  De son côté, Israël fera tout ce qui est en son pouvoir pour que l’aide ne soit pas utilisée à des fins terroristes.  Avant de conclure, il a rappelé que 134 personnes restent retenues en otages à Gaza, vraisemblablement dans les tunnels du Hamas.  Personne ne parle d’eux, s’est-il indigné, avant de demander quand le Conseil leur consacrera une réunion.  « Israël ne restera pas les bras croisés et continuera d’exiger leur libération. » 

Le représentant de la Tunisie, qui s’exprimait au nom du Groupe arabe, a souligné la gravité de la situation humanitaire des Gazaouites alors que le spectre de la famine y plane en raison de l’incapacité de la communauté internationale de s’accorder sur un cessez-le-feu immédiat et de l’entêtement des forces de l’occupation à aggraver la souffrance du peuple palestinien qui est soumis depuis près de cinq mois à toutes formes d’exaction, au génocide, privé d’eau et d’alimentation, s’est-il emporté.  Pourtant des centaines de camions d’aide humanitaire sont entassés le long des points d’entrer sans pouvoir entrer dans la bande de Gaza en raison de leur prise pour cible par le Gouvernement d’occupation.  Ce blocus affame et tue en silence et prive le peuple palestinien de tous les moyens de survie en violation flagrante du droit international et du droit international humanitaire, a-t-il tranché.  La communauté internationale et le Conseil de sécurité ne peuvent rester silencieux, et si le représentant n’a pas « voulu demander quand le Conseil de sécurité sera enfin à la hauteur de son mandat », il s’est « contenté » de dire que c’est une honte et un précédent gravissime.  Le Gouvernement de l’occupation continue de faire fi du droit international en toute impunité.

Le Groupe arabe réitère la nécessité d’adopter un cessez-le-feu immédiat, de mettre un terme au plan de déplacement forcé de Palestiniens de Gaza, a-t-il souligné. En outre, le Groupe arabe réitère son plein appui aux efforts de la Coordonnatrice de l’action humanitaire et de la reconstruction à Gaza, Mme Kaag.  Après avoir mis en avant le rôle primordial que joue l’UNRWA sur le terrain, le délégué a mis en garde contre toute tentative visant l’élargissement du mandat de la Coordonnatrice au détriment de l’UNRWA avant de demander aux pays donateurs de maintenir leur soutien financier à cet Office.

Le représentant du Pakistan a constaté que les risques « monumentaux » en matière de sécurité alimentaire à Gaza ont atteint un point sans précédent dans l’histoire récente.  La campagne militaire « génocidaire » menée par Israël a tué 30 000 Palestiniens en cinq mois, pour la plupart des femmes et des enfants, en plus de déplacer la totalité de ses habitants.  Tout en rasant les villes de Gaza, les forces israéliennes ont aussi détruit les terres agricoles et la flotte de pêche de Gaza, a noté le représentant.  Suspendre le financement de l’UNRWA aura d’autres conséquences désastreuses pour la population traumatisée de Gaza, a-t-il prédit, et contribuera d’autant à la « punition collective » qui lui est infligée.  Aujourd’hui, Israël se prépare à mener une offensive terrestre sur Rafah, au risque d’intensifier encore les souffrances des Palestiniens et d’élargir le conflit. 

Pour prévenir l’avènement d’un tel scénario, le représentant a appelé à l’imposition d’un cessez-le-feu complet et durable par le Conseil de sécurité, ainsi qu’à l’application des mesures conservatoires ordonnées par la Cour internationale de Justice (CIJ) pour garantir l’acheminement de l’aide humanitaire. Il a également engagé les donateurs qui ont suspendu leur soutien à l’UNRWA à revenir sur leur décision et accroître leur aide.  Le Conseil doit par ailleurs exiger le retrait immédiat des forces d’occupation israéliennes de Gaza et la levée du blocus.  Pour garantir une assistance humanitaire sans entrave et un soutien ultérieur à la reconstruction de l’enclave, le représentant a prôné le déploiement d’un mécanisme international impartial pour la protection des civils palestiniens à Gaza et en Cisjordanie. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: inquiétude croissante face au blocage du processus politique syrien et aux retombées sécuritaires et humanitaires du conflit à Gaza

9559e séance - matin
CS/15602

Conseil de sécurité: inquiétude croissante face au blocage du processus politique syrien et aux retombées sécuritaires et humanitaires du conflit à Gaza

Alors que le conflit syrien entrera le 15 mars prochain dans sa quatorzième année, l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie et le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires ont brossé, ce matin, devant le Conseil de sécurité, un tableau sombre de la situation dans le pays, où les retombées de la crise à Gaza se font gravement ressentir dans les domaines sécuritaire et humanitaire, sur fond de blocage politique persistant, la Commission constitutionnelle ne s’étant plus réunie depuis juin 2022. 

Intervenant en vidéoconférence, M. Geir O. Pedersen a exprimé sa profonde préoccupation face aux répercussions du « conflit régional » sur les civils en Syrie. L’Envoyé spécial a fait état de multiples frappes aériennes attribuées à Israël, ainsi que de « frappes de représaille » menées par les États-Unis en Jordanie, à la frontière avec la Syrie, avant d’appeler à un cessez-le-feu humanitaire immédiat à Gaza pour apaiser ces tensions de toute urgence. 

M. Pedersen a cependant relevé que tous les autres vecteurs du conflit syrien lui-même perdurent et restent la principale cause de pertes civiles et de déplacements.  Rappelant que tout le nord du pays a été le théâtre ce mois-ci d’escarmouches sur la ligne de front, que Daech a multiplié les attaques dans les régions du centre et du nord-est, et que le sud reste instable, avec des heurts à la frontière syro-jordanienne, il a plaidé pour une désescalade suivie d’un cessez-le-feu national, conformément à la résolution 2254 (2015). 

Sur le plan politique, l’Envoyé spécial a regretté que la neuvième session de la Commission constitutionnelle, pour laquelle il avait lancé des invitations voilà plus de 18 mois, n’ait pu se tenir, la Russie, proche alliée de la Syrie, ne considérant plus Genève comme un « lieu neutre ».  Après avoir pris acte du rejet par Damas de ses propositions alternatives, notamment d’une convocation de cette session à l’Office des Nations Unies à Nairobi, il a indiqué avoir lancé aujourd’hui des invitations formelles pour un neuvième cycle à Genève fin avril, estimant que la reprise de ces travaux, au moins dans un premier temps sur le sol suisse, est la « seule façon d’avancer ». 

Plusieurs délégations ont dénoncé ce blocage et appuyé les efforts de l’Envoyé spécial pour relancer le processus politique.  Si les États-Unis ont clairement fustigé « l’entrave de Moscou » aux travaux de la Commission constitutionnelle, la Türkiye a fait observer que l’opposition syrienne a accepté les propositions de M. Pedersen en vue d’une reprise des discussions.  Le « régime syrien » doit jouer la réciprocité, a-t-elle suggéré, tandis que la Suisse se disait prête à faciliter tout type de pourparlers visant à promouvoir une solution politique durable sous l’égide de l’ONU. 

Bien que le représentant de la Syrie fasse état d’une « proposition constructive » de son gouvernement pour débloquer la situation, la France a averti qu’en l’absence de progrès tangibles sur le plan politique, elle ne financerait pas la reconstruction pour réparer les dommages que le régime a infligés et ne renoncerait pas à ses sanctions.  « C’est à Bashar Al-Assad de prendre aujourd’hui les mesures nécessaires pour obtenir leur levée », a-t-elle martelé, la Chine préférant soutenir le processus d’Astana, initié par la Fédération de Russie, l’Iran et la Türkiye, ainsi que les efforts de l’Envoyé spécial et la résolution 2254 (2015), qui constituent selon elle le « socle » de la solution politique en Syrie. 

La Fédération de Russie a, pour sa part, soutenu que la reprise des travaux de la Commission constitutionnelle bute sur le choix d’un lieu acceptable pour les Syriens eux-mêmes.  Elle a donc exhorté M. Pedersen à concentrer ses efforts sur la recherche d’une solution, « sans essayer d’imposer ses propres préférences aux parties syriennes ».

Les échanges ont également porté sur la situation humanitaire, dont les perspectives restent « sombres », de l’aveu même du Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence.  Un an après les tremblements de terre catastrophiques de février 2023, les hostilités en cours et le déclin des services essentiels s’ajoutent à une situation économique désastreuse et accroissent la dépendance de la population à l’aide d’urgence, a expliqué M. Martin Griffiths. 

Dans ce contexte, il a salué la décision du Gouvernement syrien de renouveler l’autorisation accordée à l’ONU d’utiliser les points de passage de Bab el-Salam et de Raaï pour trois mois supplémentaires, jusqu’au 13 mai 2024. Cette prorogation, a-t-il rappelé, fait suite à la décision des autorités syriennes de prolonger de six mois, jusqu’au 13 juillet 2024, l’utilisation du poste de Bab el-Haoua pour acheminer de l’aide vers le nord-ouest de la Syrie.  En 2023, a précisé M. Griffiths, l’ONU et ses partenaires humanitaires ont fait transiter plus de 5 000 camions par ces points de passage. 

Pour le Secrétaire général adjoint, il est évident que l’aide transfrontalière demeure cruciale pour la population du nord-ouest.  Mais il est également clair que l’augmentation des livraisons par les lignes de front dans toute la Syrie constitue un impératif humanitaire, a-t-il fait valoir, appuyé sur ce point par la Syrie.  D’autres délégations, dont Malte et le Japon, ont rappelé que l’aide humanitaire sous toutes ses formes est une « bouée de sauvetage » pour des millions de Syriens. 

Au nom des A3+1 (Algérie, Guyana, Mozambique et Sierra Leone), l’Algérie a souligné l’urgence de remédier au déficit de financement du plan de réponse humanitaire de l’ONU afin de garantir la fourniture de l’aide.  Moins de 40% des fonds ont été collectés, ce qui est largement insuffisant pour couvrir les besoins de base des Syriens, a renchéri la Fédération de Russie, accusant également les États-Unis et leurs « satellites » d’avoir écarté la question du relèvement rapide de la Syrie de l’agenda humanitaire, au risque de provoquer une crise des réfugiés d’une ampleur sans précédent, au Moyen-Orient mais aussi en Europe.  L’Iran a quant à elle dénoncé l’impact des sanctions unilatérales illégales sur la population syrienne et la politisation de l’aide humanitaire. 

De leur côté, les États-Unis et le Royaume-Uni ont enjoint au « régime syrien » de cesser son commerce de « captagon », avertissant que ce trafic, soutenu par des groupes affiliés à l’Iran, devient de plus en plus organisé, violent et déstabilisant.  Cette activité dangereuse met en péril nos partenaires dans la région, a dénoncé la représentante britannique.  Son homologue américain a quant à lui indiqué que Londres et Washington ont inscrit, en mars 2023, trois individus impliqués dans ce trafic sur leur liste de sanctions. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale proclame 2027, Année internationale du tourisme durable et résilient

Soixante-dix-huitième session,
57e et 58e séances plénières – matin & après-midi
AG/12584

L’Assemblée générale proclame 2027, Année internationale du tourisme durable et résilient

L’Assemblée générale a achevé, aujourd’hui, son débat sur la situation dans les territoires ukrainiens temporairement occupés, après avoir proclamé 2027, Année internationale du tourisme durable et résilient en adoptant sans vote une résolution présentée par les Maldives et l’Ouzbékistan. 

Soucieuse de renouveler l’engagement en faveur de la Déclaration de Copenhague sur le développement social, et de créer une dynamique propice à l’application du Programme 2030, l’Assemblée générale a également décidé d’organiser en 2025 le « Sommet social mondial », lequel sera intitulé « Deuxième Sommet mondial pour le développement social ».

Le Pakistan a salué l’adoption d’un texte qui définit clairement la portée du Deuxième Sommet mondial et a insisté sur le fait que les négociations menées dans le cadre des préparatifs du Sommet et de l’élaboration de sa déclaration politique, ne devraient pas chercher à renégocier le champ d’application et les objectifs du Sommet tels que définis dans la résolution. 

La déclaration finale doit se concentrer que sur le développement social, a insisté l’Égypte.  Appelant elle aussi à faire prévaloir l’esprit de consensus, la délégation a par ailleurs noté que la Commission du développement social demeure la seule instance de l’ONU chargée d’examiner les textes émanant du Sommet mondial.  Cette position a été appuyée par la Fédération de Russie qui a regretté que la résolution adoptée ne mentionne pas la Commission du développement social et appelé à mettre à partie son potentiel.

Le Bélarus a espéré pour sa part que le Deuxième Sommet mondial permettra d’imprimer un nouvel élan à la coopération internationale autour des actions en faveur du développement social.  L’Inde a déploré la lenteur des progrès et les lacunes importantes dans la mise en œuvre du Programme d’action de Copenhague, tout en s’enorgueillissant que 135 millions d’Indiens sont sortis de la pauvreté multidimensionnelle ces cinq dernières années.  S’exprimant au nom de l’Union européenne (UE), la Hongrie a estimé que le nouvel intitulé dudit sommet n’en réduit pas la portée, dont l’élimination de la pauvreté qui est l’une de ses priorités, tout comme l’égalité femmes-hommes. 

L’Assemblée générale a ensuite adopté sans vote sa résolution annuelle sur le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (A/78/L.38).

Présenté par l’Ouganda au nom du Groupe des 77 et la Chine, ce texte souligne que le système des Nations Unies pour le développement doit coopérer davantage avec l’Union africaine et les communautés économiques régionales, et que les entités des Nations Unies doivent renforcer leurs relations avec l’Agence de développement de l’Union africaine-Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique.  Il demande en outre aux partenaires de développement d’honorer la promesse qu’ils ont faites de débloquer 30 milliards de dollars pour aider l’Afrique à stimuler la productivité agricole, lors du Sommet de Dakar 2 « Nourrir l’Afrique » qui s’est tenu en janvier 2023.  La communauté internationale est également appelée à appuyer les consultations et le processus post-Malabo, pour permettre l’adoption d’un nouveau cadre pour le Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine en 2025.

Les États-Unis se sont félicités du consensus qui s’est dégagé sur cette question, avant de noter que les libellés sur le commerce adoptés par les organes de l’ONU ne sont pas pertinents en ce qui concerne la politique commerciale des États-Unis, s’agissant notamment de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). 

Au nom de l’Union européenne, la Belgique a relevé pour sa part deux faits nouveaux cette année, à savoir l’utilisation de contributions statutaires pour le Fonds de consolidation de la paix et l’adoption, par le Conseil de sécurité, de la résolution 2719 (2023) sur le financement d’appui à la paix de l’UA. 

Autre texte présenté par l’Ouganda au nom du Groupe des 77 et la Chine, la résolution sur la Promotion d’une paix durable par la voie du développement durable en Afrique (A/78/L.37) a, elle aussi, été adoptée sans vote.

Dans sa version actualisée, l’Assemblée générale souligne que les partenaires de développement et le système multilatéral augmentent l’aide financière et intensifient l’assistance en matière d’expertise technique et de renforcement des capacités, en particulier dans les pays touchés par un conflit ou sortant d’un conflit.  Elle exhorte par ailleurs les États Membres à accroître la coopération en matière de santé publique avec l’Afrique.

Au nom du Groupe des États d’Afrique, le Botswana a fait valoir que ce texte souligne l’importance de se doter d’une approche globale pour promouvoir une paix globale et prévenir les conflits en s’attaquant à leurs causes sous-jacentes.

Le Royaume-Uni a relevé que le libellé de la présente résolution ne reflète pas celui de la résolution 2719 (2013) du Conseil de sécurité, notamment en ce qui concerne le modèle de financement des opérations de paix guidées par l’Union africaine et la question du partage du fardeau financier.

De son côté, la Fédération de Russie a rappelé la tenue, l’an dernier, du deuxième sommet Russie-Afrique sur le thème de la sécurité et du développement. « Ensemble, nous nous opposons à ce que soit exploitée la thématique climatique, tout comme celle des droits humains ou encore la soi-disant question du genre, à des fins malveillantes sur le plan politique », a fait valoir la délégation.

La Hongrie a indiqué pour sa part qu’elle n’a pas adopté le Pacte mondial sur les migrations et qu’elle ne participe pas à sa mise en œuvre. 

Suite du débat sur la situation dans les territoires ukrainiens temporairement occupés

Après l’adoption de ces quatre texte, l’Assemblée générale a repris son débat sur « la situation dans les territoires ukrainiens temporairement occupés » entamé vendredi 23 février, à l’occasion du deuxième anniversaire du lancement de l’agression à grande échelle de la Fédération de Russie contre l’Ukraine. 

La grande majorité des 35 délégations qui sont intervenues aujourd’hui ont donc réitéré leur condamnation résolue de la « guerre d’agression non provoquée et injustifiée » menée par la Russie, en soulignant qu’elle constitue une violation manifeste du droit international, y compris de la Charte des Nations Unies, du droit international humanitaire et des résolutions de l’Assemblée générale.  Elles ont soutenu sans équivoque la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, ainsi que ses ambitions pour une paix juste, globale et durable, en multipliant les appels pour que la reddition de comptes soit assurée pour les violations du droit international et de la Charte commises par la Russie, à travers la création d’un tribunal international spécial pour le crime d’agression contre l’Ukraine, un projet notamment soutenu par la Belgique et la République de Moldova. 

Il s’agit de veiller à ce que les plus hauts responsables politiques et militaires de la Russie répondent du crime d’agression, sur la base du droit international et de la définition du crime d’agression convenue à l’échelle internationale, a précisé le Liechtenstein.  Mais il s’agit aussi de faire entendre sans équivoque que la conduite d’une guerre de conquête coloniale manifestement illégale ne restera pas impunie, que ce soit en Ukraine ou ailleurs, a ajouté la délégation selon qui la création d’un tribunal international spécial pour le crime d’agression contre l’Ukraine devrait être une priorité pour tous. 

Le sommet pour la paix en Ukraine, qui doit se tenir en Suisse, a été perçu comme un rendez-vous important en vue de définir ensemble les contours d’une sortie de crise et d’un plan de paix.  Estimant que seule l’Ukraine a le droit souverain de déterminer quand et comment engager des négociations avec l’agresseur, la Bulgarie a soutenu la formule de paix ukrainienne, « seule formule légitime pour mettre fin à la guerre et répondre aux demandes ukrainiennes ».  À cet égard, l’Albanie a annoncé vouloir organiser dans les prochains jours un sommet de haut niveau sur l’Ukraine, afin d’étudier et de discuter des mesures concrètes dans ce cadre. 

« L’agresseur devra rendre des comptes », a déclaré de son côté l’Union européenne, selon qui la voie vers une paix globale, juste et durable passe nécessairement par le retrait immédiat, complet et inconditionnel par l’agresseur de toutes ses troupes et de son équipement militaire de l’ensemble du territoire de l’Ukraine et par le respect de sa souveraineté et de son intégrité territoriale. 

Faisant valoir que tout plan de paix nécessite l’engagement des deux parties pour pouvoir réaliser des progrès sur le plan diplomatique, la Türkiye a fait observer que l’Initiative de la mer Noire a prouvé que la diplomatie peut déboucher sur des résultats.  Elle a fait savoir qu’elle étudie à présent la possibilité d’un cadre de sécurité renouvelé qui permettra une navigation commerciale sûre en mer Noire.  Nous devons renoncer à l’illusion que la dynamique du champ de bataille peut dicter une solution mutuellement acceptable et durable, a argué son représentant en plaidant pour que la voie diplomatique revienne au premier plan.  Les pays du Conseil de coopération, le Guyana, le Brésil, parmi d’autres se sont alignés sur cette approche. 

Dans le cadre de l’exercice du droit de réponse, la délégation ukrainienne a demandé des actions robustes pour rétablir le respect de la Charte des Nations Unies en Ukraine.  L’Iran a ensuite catégoriquement démenti les accusations selon lesquelles il fournirait des armes à la Fédération de Russie.

La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Cinquième Commission: la reprise de session sur la gestion des ressources humaines plombée par « l’état lamentable » de la trésorerie de l’ONU

Reprise de la soixante-dix-huitième session,
27e séance plénière
​AG/AB/4451​

Cinquième Commission: la reprise de session sur la gestion des ressources humaines plombée par « l’état lamentable » de la trésorerie de l’ONU

C’est sous un ciel assombri par « l’état lamentable » de la trésorerie de l’ONU, comme l’ont constaté Singapour et la quasi-totalité de la vingtaine d’orateurs, que la Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, a entamé, ce matin, sa première reprise de session consacrée principalement à la gestion des ressources humaines et l’application du principe de responsabilité au Secrétariat de l’ONU. 

La nouveauté de cette reprise de session est le fait qu’elle passe de quatre à cinq semaines, a précisé le Président de la Cinquième Commission, M. Osama Mahmoud Abdelkhalek Mahmoud, de l’Égypte.  Il s’agit de permettre aux délégations d’examiner, en profondeur, les points de l’ordre du jour, qui en plus de la gestion des ressources humaines et de l’application du principe de responsabilité, y compris dans la chaîne d’approvisionnement, portent aussi sur le financement du système des coordonnateurs résidents et de l’Institution indépendante chargée de la question des personnes disparues en République arabe syrienne et des rapports du Corps commun d’inspection et sur le régime commun des Nations Unies. 

Dès ce matin, Singapour, au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a dénoncé « l’état lamentable » de la trésorerie de l’ONU, dû au fait que plusieurs pays dont « un contributeur majeur » ne s’acquittent pas de leur quote-part.  L’exécution des mandats confiés au Secrétariat sera affectée par les mesures d’austérité touchant, en particulier, les recrutements, les dépenses et l’appui aux réunions intergouvernementales. 

L’Australie a apporté des précisions, au nom du groupe CANZ (Canada, Australie et Nouvelle-Zélande). En 2023, 51 États Membres ne se sont pas acquittés de l’intégralité de leur contribution au budget ordinaire de l’ONU et 140 autres ne l’ont pas fait à temps.  Le Secrétariat de l’ONU a donc été contraint de mettre en œuvre des mesures « agressives » pour éviter un défaut de paiement.  Le gel des recrutements, en vigueur depuis juillet 2023, ne peut qu’entraver la faculté du personnel à exécuter les mandats.

Tous les États membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) ont payé l’intégralité de leur contribution en 2023, a souligné le Qatar, et certains l’ont déjà fait pour 2024.  Il est de plus en plus évident que le financement adéquat et durable du budget est la quintessence même du travail de l’Organisation, a renchéri la République de Corée alors que la Fédération de Russie mettait en garde contre une crise de trésorerie qui pourrait conduire à la violation des règles. 

La Suisse et le Liechtenstein ont appelé les États Membres à agir, de manière responsable, pour aider l’ONU à surmonter la crise actuelle.  L’Organisation ne peut remplir ses fonctions d’employeur attractif que si elle est en mesure de recruter les meilleurs candidats et de payer les salaires. Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, l’Ouganda a prié le Secrétaire général à veiller à ce que, lors de la mise en œuvre des mesures d’austérité, l’impact sur le recrutement d’un personnel critique soit atténué. 

Venant à la gestion des ressources humaines, le Qatar, toujours au nom du CCG, a attiré l’attention sur le fait que de nombreux membres du personnel de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient (UNRWA) ont perdu la vie dans le théâtre des opérations israéliennes à Gaza. L’Algérie n’a pas manqué de rendre hommage à ce personnel « inébranlable » dans son engagement à fournir une aide aux personnes touchées par la tragédie humanitaire à Gaza.

Les délégations ont toutes salué l’adoption par l’Assemblée générale de la résolution sur la gestion des ressources humaines qui, selon les États-Unis, devrait permettre à l’ONU d’améliorer la gestion du personnel et d’appliquer le principe de responsabilité.  À cette session, il s’agira de lever les obstacles injustes dans le passage des fonctionnaires du Secrétariat de la catégorie des services généraux à la catégorie des administrateurs.  La Suisse et le Liechtenstein ont salué la proposition visant à permettre au personnel des services généraux de postuler à des postes d’administrateur à New York. 

Toutefois, l’Ouganda, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a dit craindre que cette proposition ne créée des obstacles à la réalisation d’une représentation géographique équitable: parmi les 19 210 membres du personnel éligibles de la catégorie des services généraux, 85,5% sont originaires de pays situés dans les fourchettes souhaitables ou surreprésentés.  Il s’est ému du nombre important et toujours vacant de postes soumis à une répartition géographique équitable, y compris au niveau P-2, et de postes géographiques temporairement pourvus par du personnel sans statut géographique.

En termes de nomination à des postes de grade supérieur à partir de P-5, nous voyons toujours « la domination » du Groupe des États d’Europe occidentale et autres États, a taclé la Fédération de Russie.  Cela fait 10 ans que les pays du CCG sont sous-représentés au Secrétariat, a indiqué le Qatar qui a prié le Secrétaire général de faire en sorte que les recrutements soient équitables et souples.  Trente-six des 56 pays du Groupe des États d’Afrique sont sous-représentés, non représentés ou représentés dans le cadre de la fourchette maximale, a rappelé l’Éthiopie.

L’Ouganda a dit attendre des informations détaillées sur la manière dont sera mise en œuvre la décision d’élargir les postes soumis au système des fourchettes souhaitables à tous les postes financés par le budget ordinaire de la catégorie des administrateurs et des fonctionnaires de rang supérieur, y compris dans les missions politiques spéciales et les opérations de paix.  La Suisse et le Liechtenstein ont réclamé des efforts pour rajeunir le personnel car si elle veut garantir sa viabilité, l’ONU doit se doter d’un personnel en mesure de répondre aux besoins des générations futures.  Les deux délégations ont estimé que la mobilité du personnel et les possibilités de développement de carrière sont primordiales pour doter l’ONU d’un personnel qualifié et polyvalent. 

Une opposition aux amendements envisagés aux règlements existants pour tenir compte du genre au sein du personnel de l’ONU est venue de la Fédération de Russie qui a nié à la Cinquième Commission le droit de discuter sur le fond de la notion de « genre ».  Ces amendements, a-t-elle poursuivi, violent aussi le principe du multilinguisme, puisqu’ils sont en anglais et ne peuvent être traduits avec justesse dans toutes les cinq autres langues officielles de l’ONU.

Concernant le financement du système des coordonnateurs résidents, les États-Unis ont souligné l’importance de la transparence et de la responsabilité, compte tenu de la migration de ce financement vers le budget ordinaire de l’ONU. Il faut un financement stable, prévisible et durable, ont insisté des pays comme la Chine, le Royaume-Uni et la République de Corée, pour garantir l’efficacité du système. 

La Cinquième Commission a aussi entendu, ce matin, la présentation des rapports du Secrétaire général sur les activités de la chaîne d’approvisionnement, du Corps commun d’inspection et du régime commun des Nations Unies*.  Elle tiendra une autre séance publique, mardi 5 mars, à partir de 10 heures, pour examiner les prévisions budgétaires pour l’Institution indépendante chargée de la question des personnes disparues en République arabe syrienne.

* A/78/679; A/78/34A/78/73; A/78/600; A/78/757

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale marque le deuxième anniversaire de l’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie

Soixante-dix-huitième session,
56e séance plénière – matin
AG/12583

L’Assemblée générale marque le deuxième anniversaire de l’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie

« Journée fatidique » qui marque le début de violations « prolongées » du droit international.

« Demain, le 24 février, marquera le deuxième anniversaire du lancement de l’agression à grande échelle de la Fédération de Russie contre l’Ukraine, laquelle a plongé son voisin souverain et des civils innocents dans la terreur et la souffrance ».  C’est sur ce sombre constat que le Président de l’Assemblée générale a ouvert, ce matin, en présence de nombreux ministres, la séance de cet organe consacrée à son point à l’ordre du jour concernant la situation dans les territoires ukrainiens temporairement occupés. 

Depuis cette date, des millions de civils innocents ont été arrachés à leurs foyers et contraints de fuir, en quête de sécurité et d’abris, a ajouté M. Dennis Francis, tandis qu’écoles et hôpitaux sont aujourd’hui dans un état de ruine « totale et calculée ».  Ce « jour fatidique » marque aussi le début d’une série de violations « prolongées, illégales et flagrantes » de la Charte des Nations Unies et du droit international par la Fédération de Russie, a-t-il relevé.

Loin de s’apaiser, les hostilités ne font que gagner en intensité, a poursuivi le Président, le nombre de civils tués et blessés en janvier de cette année ayant augmenté de 37% par rapport à novembre 2023, selon les chiffres de la mission de surveillance des droits de l’homme en Ukraine.  Parmi les atrocités commises depuis le début du conflit, nous ne devons pas oublier les milliers d’enfants ukrainiens arrachés à leur famille et déportés de force vers la Russie.  « Ces enfants innocents, illégalement enlevés, doivent être rapatriés en Ukraine et retrouver immédiatement leurs familles », a-t-il insisté.

Considérant « qu’aucune atrocité énumérée dans le Statut de Rome n’a pas été commise par la Russie pendant cette guerre », le Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine n’a pas trouvé surprenant que le Président russe lui-même figure sur la liste de personnes recherchées de la Cour pénale internationale (CPI) pour avoir enlevé des enfants ukrainiens. 

Or, a-t-il ajouté, l’Assemblée générale a montré à maintes reprises que la majorité de la communauté internationale se tient aux côtés de son pays, du droit international et de la paix.  Si la Russie avait mis en œuvre la décision juridiquement contraignante de la Cour internationale de Justice (CIJ) de mars 2022, nous vivrions déjà en paix. Pour sa part, Kyïv s’efforce de mobiliser le soutien international à la formule de paix proposée par le Président Zelenskyy, initiative qui jouit selon le Chef de la diplomatie ukrainienne d’un véritable appui mondial, et pas seulement occidental. Il a également fait état des préparatifs en vue du premier sommet mondial pour la paix qui se tiendra en Suisse. 

Dans l’intervalle, l’ampleur de la guerre et de ses retombées mondiales demeurent sans précédent.  Dans les territoires occupés, les violations des droits humains incluent des détentions arbitraires, des actes de torture, des atteintes sexuelles, l’enrôlement forcé et la modification démographique délibérée.  « Enlever des enfants ukrainiens, prendre des civils en otage, voilà certains des pires crimes commis par la Fédération de Russie », a fustigé le Ministre, pour qui l’ONU « peut et doit agir » davantage. 

Il a exhorté les États Membres à ne pas écouter les « mensonges russes » qui visent à soustraire la Russie à ses responsabilités pendant qu’elle poursuit sa « guerre coloniale » et refuse à l’Ukraine le droit d’exister. « L’objectif de Moscou est de détruire l’Ukraine, et il ne s’en cache pas. »  « Espérer simplement que l’agresseur fera le choix de la paix n’est pas réaliste », a ajouté le Ministre. 

« La réalité est qu’il n’existe pas de territoires ukrainiens temporairement occupés », a contré la Fédération de Russie, mais plutôt des « régions russes », y compris la Crimée, « dont nous célébrerons le dixième anniversaire de la réunification en mars ».  Derrière les « mensonges » proférés par Kiev et ses « parrains occidentaux » se cache selon elle une volonté de « réécrire complètement l’histoire » en plantant un récit en noir et blanc dans lequel la Russie serait l’agresseur et l’Ukraine la victime innocente. 

Après que le « chemin de la Crimée » a été suivi par quatre autres « anciennes régions ukrainiennes », la population des villes « libérées » a salué, selon lui, les soldats russes comme des libérateurs.  « Ce n’est pas la Russie qui a déclenché cette guerre, c’est la Russie qui est finalement parvenue à l’arrêter », a-t-il argué. 

Contrairement au « régime de Kiev », la Fédération de Russie n’a jamais refusé les négociations, a assuré la délégation russe, tout en jugeant inutile de de perdre son temps avec les « plans vides de sens » proposés par l’Ukraine, lesquels ne sont rien d’autre à ses yeux qu’un ultimatum adressé à Moscou. 

Le 24 février 2022, l’Europe s’est éveillée dans un cauchemar, selon la Suisse, le « lointain spectre de la guerre » s’étant soudainement matérialisé.  « Toutes les précautions prises depuis 75 ans pour prévenir la répétition des tragédies du XXe siècle semblaient soudainement vaines », a-t-elle ajouté, ni le multilatéralisme ni le droit international ne pouvant résister à la force militaire. 

Or, l’agression russe de l’Ukraine ne date pas de 2022, mais bien de 2014, a relevé la Lituanie, rejointe par plusieurs délégations, en évoquant l’annexion illégale de la Crimée et la déstabilisation du Donbass.  « Si qui que ce soit entretenait encore des doutes sur ce dont la Russie est capable, le sort tragique d’Alexei Navalny constitue une nouvelle illustration de la répression impitoyable de la dissidence et du rythme alarmant auquel la Russie poursuit sa descente vers le totalitarisme », a-t-elle analysé.

S’appuyant à son tour sur l’histoire, le Ministre des affaires étrangères du Royaume-Uni a fait valoir que cette invasion n’avait pas plus profité à la Russie qu’à ces régions, la Crimée étant aujourd’hui beaucoup plus dépendante de Moscou qu’elle ne l’a jamais été de Kyïv.  Qui plus est, si aucun soldat russe n’est mort en luttant contre l’Ukraine avant 2014, aujourd’hui, plus de 300 000 d’entre eux sont tombés au combat.  « Une paix injuste maintenant n’invitera qu’une reprise des combats en Ukraine quand ça l’arrangera », a-t-il prévenu. 

Nous devons encore garder à l’esprit que l’impact de cette guerre s’étend bien au-delà des frontières de l’Ukraine, a rappelé le Président de l’Assemblée générale. Ce conflit a touché tous les États Membres réunis dans cette salle, que ce soit sous la forme de la flambée des prix des denrées alimentaires ou de l’insécurité énergétique, de la militarisation des sites nucléaires ou encore des dégâts environnementaux.  « Il ne fait aucun doute que cette guerre inutile a été un catalyseur important dans la refonte de la géopolitique et de la géoéconomie mondiales », a ajouté M. Francis, en particulier dans les pays en développement. 

Au cœur de la multiplication des conflits dans le monde depuis deux ans se trouve, selon le Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, la « plaie béante au cœur même de l’Europe » du conflit ukrainien.  Bien qu’elle soit membre permanent du Conseil de sécurité, la Russie manifeste depuis longtemps un mépris flagrant à l’égard de la Charte des Nations Unies, a ajouté la Pologne, mépris qui se manifeste aujourd’hui alors qu’elle utilise la nourriture comme arme. 

En s’efforçant de nier l’identité ukrainienne et de « rationnaliser l’inacceptable », les actions de la Fédération de Russie nous concernent tous, ont confirmé les États-Unis.  Pour la délégation américaine, le recours aux exportations énergétiques comme outil de coercition a provoqué la volatilité des marchés mondiaux; la destruction des terres, de l’eau et de l’air ont endommagé l’environnement de l’ensemble de la région de la mer Noire; et l’achat de munitions auprès de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), y compris des missiles balistiques, ont mis à mal le régime mondial de non-prolifération. 

Cela fait deux ans que la Russie fait consciemment le choix de nourrir son effort de guerre plutôt que d’aider les populations dans le besoin, de pilonner chaque jour le système agricole ukrainien, d’essayer de bloquer le transport des céréales en mer Noire, a déclaré la France, pour qui « ce choix fait par la Russie, c’est le choix d’affamer ». 

Compte tenu des conséquences régionales et mondiales de ce conflit, le Danemark a souligné, au nom des pays nordiques, l’importance que la communauté internationale assure un soutien le plus large possible à la formule de paix de l’Ukraine.  À la demande de ce pays, la Suisse compte organiser, d’ici à l’été, une conférence de haut niveau pour la paix en Ukraine afin de trouver une voie réaliste menant à la fin des hostilités. 

Le mois dernier, le Luxembourg a été l’hôte d’une réunion concernant la mise en place d’un tribunal international spécial pour le crime d’agression contre l’Ukraine.  Bien que le Conseil de sécurité demeure paralysé par les divisions, le Président de l’Assemblée générale a appelé les États Membres à tirer parti de leur voix collective, dont la résolution adoptée il y a un an par l’Assemblée constitue une feuille de route, pour atteindre l’objectif d’une paix globale.

Ce débat de l’Assemblée générale sur la situation dans les territoires ukrainiens temporairement occupés se terminera lundi 26 février, à partir de 10 heures. 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: après deux ans de guerre en Ukraine, les voix convergent pour appeler la Russie à respecter la Charte et le droit international

9557e séance – après-midi
CS/15601

Conseil de sécurité: après deux ans de guerre en Ukraine, les voix convergent pour appeler la Russie à respecter la Charte et le droit international

À la demande de l’Ukraine, le Conseil de sécurité s’est réuni, cet après-midi, au niveau ministériel pour marquer le deuxième anniversaire de l’invasion à grande échelle du pays par la Russie.  En présence des 15 membres et d’une dizaine de dignitaires européens invités, le Secrétaire général a appelé de ses vœux une paix juste, fondée sur le respect de la Charte des Nations Unies, du droit international et des résolutions de l’Assemblée générale, non sans qualifier l’agression russe de « dangereux précédent ».  Une position partagée par une large majorité des délégations, à l’exception de la Russie, qui a assuré n’avoir jamais refusé de négocier, contrairement au « régime de Kiev ». 

Rappelant que cette semaine marque également le dixième anniversaire de la tentative d’annexion illégale par la Russie de la République autonome de Crimée et de la ville de Sébastopol, M. António Guterres a constaté que le conflit en Ukraine reste une « plaie ouverte au cœur de l’Europe ».  Alors que s’opère une « transition mouvementée vers un monde multipolaire encore très incertain », il a jugé qu’il n’y a pas lieu de régler les différends hérités de l’histoire par la guerre.  À cet égard, il a rendu hommage aux dirigeants africains de la période postindépendance, qui ont compris qu’essayer de modifier les frontières ouvrirait une « boîte de Pandore qui entraînerait une effusion de sang et nourrirait toujours plus d’animosité ». 

Face à la « brutalité généralisée » à l’œuvre en Ukraine, le chef de l’ONU a exhorté à cesser les attaques contre le personnel humanitaire et les infrastructures civiles, en appelant à financer intégralement l’appel de 3,1 milliards de dollars destiné à mettre en œuvre le plan de réponse humanitaire de l’ONU pour l’Ukraine.  Il a d’autre part assuré que l’ONU continuera de tout faire pour faciliter la navigation en mer Noire afin que les denrées alimentaires et les engrais ukrainiens et russes puissent atteindre le marché international.

À l’instar des États-Unis, bon nombre des délégations ont souligné « l’absurdité de cette guerre », qui entre dans sa troisième année avec son cortège de morts et de destructions.  « Pourquoi? » a demandé le chef de la diplomatie du Royaume-Uni, avant de dénoncer le ridicule des explications avancées par la Russie pour justifier son agression.  « Combattez-vous les voyous de l’OTAN ou des nazis? »  Le seul acteur à se comporter comme un nazi est « le régime de Putin », a-t-il martelé. 

Considérant lui aussi que la Russie porte seule la responsabilité de cette guerre, son homologue de la France a observé que Moscou viole les résolutions du Conseil en recourant à des drones achetés à l’Iran et à des missiles fournis par la République populaire démocratique de Corée (RPDC).  Une accusation reprise par le Ministre d’État aux affaires étrangères du Japon, qui a jugé inacceptables l’acquisition par la Russie de missiles balistiques nord-coréens et leur utilisation sur le théâtre ukrainien.  S’il s’avère que la RPDC reçoit en retour des technologies militaires avancées ou des livraisons de pétrole dépassant les limites fixées par les résolutions du Conseil, cela aurait des conséquences sur la capacité de ce pays à menacer la sécurité dans la péninsule coréenne et au-delà, a mis en garde le Ministre des affaires étrangères de la République de Corée. 

« Nous n’épargnerons aucun effort pour que les responsables de la liste douloureusement longue d’atrocités et d’autres crimes internationaux soient pleinement tenus de rendre des comptes », a averti la Vice-Première Ministre de la Slovénie, appuyée par son homologue du Luxembourg.  Saluant le travail mené à cette fin par la Cour pénale internationale (CPI), il a exhorté la Russie à se conformer à l’ordonnance de la Cour internationale de Justice (CIJ) du 16 mars 2022, qui lui enjoint de suspendre immédiatement ses opérations militaires en Ukraine.  De même, Malte a réitéré son soutien aux processus d’établissement des responsabilités, appelant à ce que les responsables rendent des comptes. 

Si la plupart des pays se sont engagés à soutenir l’Ukraine aussi longtemps qu’il le faudra, plusieurs ont aussi plaidé pour une reprise du dialogue. Appuyant l’appel de M. Guterres à donner une chance à la paix, l’Équateur a estimé qu’il est temps de revenir à la table des négociations.  Un dialogue responsable et authentique est le seul moyen viable de résoudre ce conflit, a abondé le Mozambique, tandis le Ministre des affaires étrangères de la Macédoine du Nord plaidait pour une solution diplomatique afin d’éviter de « nouvelles escalades ».

« La paix est dans l’intérêt de toutes les parties », a souligné la Chine, tout en insistant sur le caractère indivisible de la sécurité collective et, par voie de conséquence, sur l’importance de prendre en compte les préoccupations sécuritaires de chaque pays.  Face aux répercussions mondiales de cette guerre, la Sierra Leone a souhaité une solution pacifique qui tienne compte des préoccupations légitimes de chaque partie. 

La Ministre des affaires étrangères de l’Allemagne a toutefois rappelé à ceux qui veulent « négocier avec Putin » que la volonté du Kremlin est de faire renoncer un État souverain à son droit d’exister.  « Où en serions-nous si ce principe prévalait? » s’est-elle interrogée, estimant que céder à cela signifierait « la fin de la Charte des Nations Unies ».  Si nous échouons, l’ordre fondé sur des règles s’effondrera, a renchéri son homologue de la Lituanie, qui s’exprimait aussi au nom de la République tchèque, de l’Estonie et de la Lettonie.  La Russie est la « source du problème », a résumé le chef de la diplomatie ukrainienne en présentant l’invasion à grande échelle de l’Ukraine et de la Crimée il y a 10 ans comme le résultat de l’impunité découlant de sa présence injustifiée et illégale au Conseil de sécurité.

Après avoir averti, à l’occasion d’une motion d’ordre préalable, qu’il n’écouterait pas les « déclarations rituelles » des représentants des capitales européennes apportant leur soutien inébranlable au « régime de Kiev », le délégué de la Fédération de Russie s’est livré à un long réquisitoire contre la politique occidentale consistant à injecter des armes en Ukraine, au profit du complexe militaro-industriel américain.  Accusant l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni de n’avoir jamais pris au sérieux les accords de Minsk, il a affirmé que, fin 2021, Moscou a présenté des garanties de sécurité à l’OTAN, qui les a rejetées « avec arrogance ».  L’Occident ne nous a tout simplement pas laissé le choix, a-t-il conclu, jurant que son pays « n’a jamais refusé de négocier alors que le régime de Kiev se l’est interdit ».  

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ DE L’UKRAINE

Motion d’ordre

Le représentant de la Fédération de Russie a constaté que la salle du Conseil de sécurité est bondée et que la liste des orateurs regorge de personnes se faisant appeler ministres des affaires étrangères de pays de l’Union européenne (UE). Or, a-t-il fait valoir, à de rares exceptions près, il n’existe pas au sein de l’UE de politique étrangère indépendante spécifique à un pays.  Il n’y a donc pas de ministres des affaires étrangères, mais seulement des fonctionnaires se faisant passer pour tels, a-t-il analysé, affirmant que toute la politique étrangère de l’UE est entre les mains de Bruxelles, laquelle est à son tour entre les mains de Washington.  De fait, s’est interrogé le représentant, quelle est la valeur ajoutée de ces déclarations qui ne sont que du « copier-coller », si ne n’est la possibilité de s’afficher sur les écrans de télévision de leur pays en exprimant leur soutien « inconditionnel et inébranlable » à Kiev. 

Il a dès lors estimé que le représentant de l’UE auprès de l’ONU à New York aurait pu parler au nom de tous ces ministres, à qui il a demandé de parler des armes qu’ils fournissent au « régime criminel de Kiev » et avec lesquelles celui-ci cible la population civile de villes russes.  Il a également souhaité que le représentant du Royaume-Uni explique comment son ancien Premier Ministre Boris Johnson avait dissuadé les autorités de Kiev de conclure un accord de paix avec la Russie, déjà paraphé en avril 2022. S’étonnant par ailleurs de l’absence du Secrétaire général lors des récentes discussions du Conseil sur Gaza, il a rappelé qu’aucun pays de l’UE, « ni même de l’Occident en général », n’a jamais pris l’initiative de convoquer une seule réunion sur cette situation, qui est le fruit des violations flagrantes du droit international humanitaire par Israël.  Cela témoigne selon lui de l’hypocrisie et du « deux poids, deux mesures » des Occidentaux.  Il ajouté qu’il n’écouterait pas les « déclarations rituelles » des représentants des capitales européennes.  « Ils n’ont qu’à se raconter tout cela entre eux. » 

Déclarations

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a constaté que, deux ans après le début de l’invasion à grande échelle menée par la Russie et 10 ans après sa tentative d’annexion illégale de la République autonome de Crimée et de la ville de Sébastopol, la guerre en Ukraine reste une « plaie ouverte au cœur de l’Europe ».  Appelant de ses vœux une paix juste, fondée sur la Charte des Nations Unies, le droit international et les résolutions de l’Assemblée générale, il a rappelé que les différends internationaux doivent être réglés par des moyens pacifiques et que tous les États doivent s’abstenir de recourir à la force contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout autre État. 

Alors que s’opère une « transition mouvementée vers un monde multipolaire encore très incertain », le chef de l’ONU a estimé que, si de nombreuses communautés sont divisées par les frontières héritées de l’histoire, il n’y a pas lieu de régler ces divisions par la guerre.  À cet égard, il a rendu hommage aux dirigeants africains de la période postindépendance, qui ont compris qu’essayer de modifier les frontières ouvrirait une « boîte de Pandore qui entraînerait une effusion de sang et nourrirait toujours plus d’animosité ».  Plutôt que de s’entendre sur le passé, mieux vaudrait s’accorder sur l’avenir, le droit international et les principes énoncés dans la Charte, notamment le respect de l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique des États, a-t-il plaidé, qualifiant l’invasion russe de l’Ukraine de « dangereux précédent ». 

M. Guterres a ensuite évoqué les souffrances du peuple ukrainien, rappelant que plus de 10 500 civils, hommes, femmes et enfants, ont été tués –un bilan vraisemblablement sous-évalué– et que les dégâts et la destruction d’hôpitaux, d’écoles, d’établissements de santé et d’infrastructures civiles sont fréquents et s’intensifient.  Dénonçant une « brutalité généralisée », il a relevé que la Commission d’enquête internationale indépendante sur l’Ukraine a fait état de civils et de prisonniers torturés, ainsi que de plus de 200 cas de violences sexuelles, principalement imputables aux forces russes.  Tous les auteurs doivent être tenus responsables, a-t-il dit, avant d’appeler au retour dans leurs familles de tous les enfants déportés. Il a également souligné que plus de 14,5 millions de personnes à l’intérieur du pays ont besoin d’une aide humanitaire, mais que l’accès à environ 1,5 million d’entre elles reste extrêmement restreint.  Cela doit changer, a-t-il martelé, souhaitant que les attaques contre le personnel humanitaire et les infrastructures civiles cessent et que les donateurs financent intégralement l’appel de 3,1 milliards de dollars destiné à mettre en œuvre le plan de réponse humanitaire de l’ONU pour l’Ukraine. 

La guerre fait également du mal à la population russe, a poursuivi le Secrétaire général, pour qui le risque que le conflit s’aggrave et se répande est bien réel. D’ores et déjà, cette guerre a entraîné une flambée des prix alimentaires, des chocs économiques et une crise mondiale du coût de la vie, frappant de plein fouet les pays en développement qui sont encore en train de se relever de la COVID-19, s’est-il indigné, ajoutant que la possibilité d’un accident nucléaire « glace le sang du monde entier ».  Après avoir enjoint les deux parties au conflit à tout faire pour empêcher cela, avec le concours de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), M. Guterres a assuré que l’ONU continuera à pousser en faveur de la liberté et de la sûreté de la navigation en mer Noire, afin que les denrées alimentaires et les engrais ukrainiens et russes, dont le monde a tant besoin, puissent atteindre le marché international.  En conclusion, il a jugé que réaffirmer l’attachement à la Charte et faire preuve d’un respect renouvelé pour le droit international est la voie de la paix et de la sécurité, en Ukraine et dans le monde entier. 

Mme TANJA FAJON, Vice-Première Ministre et Ministre des affaires étrangères et européennes de la Slovénie, a rappelé qu’outre les deux années de mort et de destruction pour l’Ukraine et son peuple, cette semaine marque aussi le dixième anniversaire de l’annexion illégale de la Crimée.  Malgré le risque de « répétition », elle a dit profiter du fait que son pays siège depuis le 1er janvier dernier au Conseil de sécurité pour condamner « une fois de plus » l’agression russe commise en violation flagrante de la Charte des Nations Unies et de l’Acte d’Helsinki sur l’inviolabilité des frontières en Europe.  La Ministre a aussi exprimé le plein soutien de la Slovénie à l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, avant de confier que son pays a été « pris au dépourvu » par cette guerre qu’il n’avait pas vu venir. 

« Nous avons refusé de croire que cela allait arriver, qu’une guerre majeure à nos portes était possible, violant de manière flagrante les frontières d’un État souverain, déstabilisant toute la région et modifiant le paysage géopolitique mondial. »  Elle a cependant assuré que la Slovénie n’était pas fatiguée de dénoncer cette agression et d’exiger qu’elle cesse.  « Nous n’épargnerons aucun effort pour que les responsables de la liste douloureusement longue d’atrocités et d’autres crimes internationaux soient pleinement tenus de rendre des comptes », a-t-elle dit en conclusion, saluant l’Ukraine pour son courage et affirmant croire en la possibilité d’une paix juste et durable. 

M. STÉPHANE SÉJOURNÉ, Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de la France, a qualifié la guerre d’agression à grande échelle menée par la Russie contre l’Ukraine d’injuste, d’injustifiable et d’illégale.  Notant que cela fait 10 ans que la Russie cherche à envahir son voisin et à lui prendre son territoire, il a déclaré que ni les mauvais prétextes déployés par la Russie, ni la propagande et la désinformation massive sur les réseaux sociaux ne résistent à ce constat clair et sans appel: la Russie continue d’agresser son voisin.  Après avoir dit que la Russie porte seule la responsabilité de cette guerre, il a fait remarquer qu’elle pourrait choisir d’y mettre un terme en retirant ses troupes du territoire ukrainien, mais qu’« elle ne le fait pas ». Cette guerre est illégale, a tranché M. Séjourné en précisant qu’elle est en tout point contraire à la Charte des Nations Unies et aux règles et aux principes qui fondent l’ordre international, un ordre dont le Conseil doit rester le garant comme du respect de la souveraineté, de l’indépendance, de l’intégrité territoriale des États.  « Il ne faut pas y renoncer. »

Le Ministre a relevé que la Russie viole les résolutions du Conseil, notamment en utilisant des drones achetés à l’Iran et des missiles fournis par la RPDC et en occupant illégalement la centrale nucléaire de Zaporizhzhia.  Ses troupes violent massivement le droit international humanitaire et les droits de l’homme, a-t-il renchéri en condamnant les massacres de civils, les viols et la torture utilisés comme armes de guerre, ainsi que les déportations d’enfants ukrainiens.  Ces crimes ne doivent pas rester impunis, a-t-il exigé en rappelant que c’est le sens des deux mandats d’arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI) l’an dernier.  Pour sa part, la France continuera de soutenir les juridictions ukrainiennes et internationales en ce sens et maintiendra sa solidarité aussi longtemps qu’il le faudra avec l’Ukraine et son peuple, a assuré le Ministre.  Il a tenu à souligner que l’Ukraine exerce sa légitime défense et, ce faisant, propose la paix.  Il a conclu en invitant le Conseil à souhaiter la victoire de l’Ukraine, qui serait une victoire de la Charte.

M. DAVID CAMERON, Secrétaire d’État pour le Commonwealth, les affaires étrangères et le développement du Royaume-Uni, a indiqué qu’il avait une question très simple à poser au Président Putin.  « Pourquoi? »  Il s’est demandé comment la Russie pouvait encore s’acquitter de ses responsabilités de membre permanent du Conseil, avant de dénoncer le ridicule des explications avancées par la Russie.  « Combattez-vous les voyous de l’OTAN ou des nazis? »  Le seul acteur à se comporter comme des nazis est « le régime de Putin », a-t-il avancé en relevant que « Putin pense qu’il peut s’emparer de territoires, faire usage de la force et bâtir un empire ». 

M. Cameron a ensuite salué le courage du Président ukrainien et la persévérance du peuple ukrainien.  « Ils ne fléchiront pas. »  Le Kremlin s’attendait à ce que les Ukrainiens se rendent mais ils se sont élevés pour défendre leur liberté, a-t-il dit.  Il a détaillé le soutien apporté par le Royaume-Uni, en rappelant qu’il a été le premier pays à signer un pacte de sécurité avec l’Ukraine.  Le Royaume-Uni ne fléchira pas dans son soutien, a-t-il assuré.  Enfin, il a salué l’extraordinaire courage d’Alexeï Navalny, avant d’appeler le monde à se lever contre le Président russe, « parce que ses actions en Ukraine sont dangereuses ».  « Rien ne devrait nous importer davantage que de voir Putin échouer. »

M. IGNAZIO CASSIS, Conseiller fédéral et Chef du Département des affaires étrangères de la Suisse, a regretté que le Conseil de sécurité n’ait pas pleinement assumé sa responsabilité dans le maintien de la paix et de la sécurité pour l’Ukraine et son peuple.  Les pertes humaines se chiffrent par milliers, les personnes déplacées par millions et les familles déchirées sont innombrables, a-t-elle constaté.  Quant aux répercussions en Europe et dans le monde, elles sont évidentes sur les plans alimentaire, énergétique et sécuritaire. Toutefois, nous ne devons pas céder au pessimisme mais agir.  Ainsi, en janvier dernier, en marge du Forum économique mondial de Davos et à la demande de l’Ukraine, a informé M. Cassis, la Suisse a exprimé son engagement à organiser une « conférence de haut niveau sur la paix en Ukraine ». 

La mission est complexe et sinueuse mais la Suisse travaille sans relâche pour initier une dynamique à la fois pragmatique et inclusive, a ajouté le Conseiller fédéral, convaincu de l’importance d’écouter toutes les parties et de comprendre les grammaires respectives de la paix des uns et des autres.  Il s’est dit également persuadé de la nécessité d’éviter les pièges de la rhétorique qui alimentent les oppositions. « Unissons nos forces pour démarrer un processus avant l’été: la Suisse est prête à y mettre toute son énergie », a-t-il insisté.  Même si la demande vient d’une seule partie, l’Ukraine, et alors que mon pays condamne l’agression militaire russe, c’est aujourd’hui notre effort collectif qui est demandé.  Une conférence de haut niveau sur la paix en Ukraine est un premier pas: insuffisant à lui seul, mais indispensable pour commencer.  Il s’agit de commencer avec pragmatisme à trouver le dénominateur commun de nos nations, et réalisme, pour trouver le moyen d’embarquer à terme l’Ukraine et la Russie sur ce chemin.

M. CHO TAE-YUL, Ministre des affaires étrangères de la République de Corée, a jugé « presque surréaliste » de se trouver dans la salle du Conseil de sécurité pour évoquer l’agression illégale de l’un de ses membres permanents.  Il a regretté que, deux ans après l’entrée des chars russes en Ukraine, en violation de la Charte des Nations Unies, nous ne voyions aucun signe de ralentissement des actions illégales de la Russie mais plutôt un « désastre humanitaire ».  Notant que l’impact de cette guerre s’est répercuté dans le monde entier, il a appelé au respect par toutes les parties des normes et obligations internationales, notamment du droit international humanitaire.  Le Ministre a ajouté qu’en tant que nation connaissant les conséquences atroces des conflits armés, la République de Corée éprouve une profonde empathie à l’égard du peuple ukrainien.  C’est pourquoi, a-t-il dit, dans le cadre de son initiative de paix et de solidarité en Ukraine, Séoul a fourni 140 millions de dollars d’aide humanitaire à ce pays, notamment du matériel de déminage et des véhicules médicaux d’urgence.  À partir de cette année, nous fournirons une aide globale de 2,3 milliards de dollars répartie sur plusieurs années, a-t-il précisé, avant d’exprimer son trouble face à la coopération militaire naissante entre la Russie et la République populaire démocratique de Corée (RPDC). 

Des munitions et des missiles nord-coréens ont été aperçus en Ukraine, ce qui non seulement aggrave les souffrances humaines, mais risque également d’aggraver et de prolonger la guerre en Ukraine, a mis en garde le Ministre.  S’il s’avère que la RPDC reçoit en retour des technologies militaires avancées ou des livraisons de pétrole dépassant les limites fixées par les résolutions du Conseil de sécurité, cela aurait des conséquences sur la capacité de la RPDC à menacer la sécurité dans la péninsule coréenne et au-delà, a-t-il observé, estimant que ces deux éléments constituent des violations sans équivoque de plusieurs résolutions du Conseil et sapent le régime mondial de non-prolifération.  Il a donc exhorté vivement la Russie et la RPDC à se conformer aux résolutions du Conseil, rappelant qu’elles ont « toutes été adoptées à l’unanimité dans cette salle ». 

La représentante des États-Unis a déclaré que le monde continue d’être le témoin de la cruauté russe, deux ans après le début de la guerre.  Elle a rendu hommage à Alexeï Navalny, avant de dénoncer les violations commises par les forces russes en Ukraine.  La liste des violations de la Russie est interminable, a-t-elle tranché, en soulignant « l’absurdité de cette guerre ».  Elle a rappelé que le peuple ukrainien n’a pas courbé l’échine et continue de se battre, malgré la volonté du Président russe. Elle a milité pour une paix juste dans le respect de la souveraineté de l’Ukraine.  Si la Russie dépose les armes, alors la guerre est finie, a déclaré la déléguée, en soulignant qu’il n’y a ici « qu’un seul agresseur ».

M. TSUJI KIYOTO, Ministre d’État aux affaires étrangères du Japon, a condamné dans les termes les plus fermes l’agression lancée voilà deux dans par la Russie contre l’Ukraine, estimant que cette violation flagrante du droit international, notamment de la Charte des Nations Unies, ne peut être justifiée. Dans le cadre de cette guerre, l’acquisition par la Russie de missiles balistiques auprès de la République populaire démocratique de Corée et leur utilisation contre l’Ukraine sont absolument inacceptables, a-t-il déclaré, avant de rappeler que tout transfert d’armes ou d’équipements et de technologies connexes entre ces deux pays constitue une violation flagrante des résolutions du Conseil de sécurité.  Le Ministre s’est par ailleurs alarmé d’éventuels transferts de technologies liées aux missiles nucléaires et balistiques vers la République populaire démocratique de Corée. 

Revenant au conflit en Ukraine, le Ministre a salué les efforts menés pour rechercher la paix, tout en jugeant inapproprié d’assimiler l’agresseur et la victime et d’exiger des efforts diplomatiques des deux côtés, « comme si les deux parties étaient en faute ».  À cet égard, a-t-il insisté, le Japon soutient les efforts du Président Zelenskyy pour mettre en œuvre sa formule de paix.  Après avoir rappelé son déplacement à Kyïv en novembre dernier et la visite à Tokyo, le 19 février, du Premier Ministre ukrainien pour la Conférence Japon-Ukraine sur la promotion de la croissance économique et de la reconstruction, il a indiqué que les secteurs public et privé du Japon allaient soutenir davantage l’Ukraine, en tenant compte de ses besoins.  Enfin, exhortant une fois de plus la Russie à se retirer immédiatement et sans condition de tous les territoires internationalement reconnus de l’Ukraine, il a assuré que son pays et ses alliés resteraient aux côtés de l’Ukraine aussi longtemps qu’il le faudra. 

La représentante de Malte a déclaré que cette guerre constitue un affront à la Charte des Nations Unies, aux travaux du Conseil de sécurité et à l’architecture de la paix et de la sécurité internationales.  En dépit de l’horreur et du traumatisme que beaucoup ont vécu au cours des 24 derniers mois, des millions d’Ukrainiennes jouent un rôle crucial dans l’acheminement de l’aide humanitaire, a salué la représentante, en réitérant son soutien aux processus d’établissement des responsabilités en cours pour les crimes commis en Ukraine, y compris la Cour internationale de Justice (CIJ) et la Cour pénale internationale (CIJ).  Les responsables de ces crimes doivent rendre des comptes. En mettant fin à l’Initiative céréalière de la mer Noire, la Russie a pris en otage la population mondiale en bloquant les exportations de céréales ukrainiennes.  Elle vole des céréales dans les territoires ukrainiens occupés et détruit les installations ukrainiennes, a accusé la représentante. L’Union européenne continuera d’aider l’Ukraine à exporter 67 millions de tonnes de céréales, d’oléagineux et de produits connexes.  La Russie doit cesser immédiatement ses hostilités et retirer sans condition ses forces et ses équipements militaires de l’ensemble du territoire ukrainien, a ajouté en conclusion la déléguée.

Pour le représentant de la Fédération de Russie, la réunion d’aujourd’hui a un air de déjà-vu. Il y a un an, il était de bon ton pour le bloc occidental de vanter ses initiatives de « pseudo-paix », qui se résumaient essentiellement à l’oxymore orwellien sournois « la guerre, c’est la paix ».  L’Occident endoctrinait ouvertement Zelenskyy, « qui manquait manifestement de pensée stratégique », en lui donnant l’illusion dangereuse et absurde qu’avec le soutien de ses alliés, il serait en mesure de vaincre la Russie alors que l’UE lui fournissait des armes.  Depuis, l’Ukraine a totalement échoué dans sa contre-offensive, mais l’Occident continue à « injecter des armes » dans le régime de Kiev, l’encourageant à sacrifier de plus en plus de vies ukrainiennes.  Le représentant a ironisé sur le fait qu’aux États-Unis, ce conflit est désormais qualifié de projet commercial rentable pour le complexe militaro-industriel.  S’agissant du processus de discussion d’une « pseudo-formule de paix », il a noté que les pays du Sud et de l’Est y ont été entraînés, que ce soit à Copenhague ou à Davos, en utilisant toutes sortes d’astuces, afin de faire croire à un « large soutien international », mais, a-t-il relevé, il est inutile de discuter de quoi que ce soit sans la Russie. 

L’Occident n’est pas du tout intéressé par l’aide à l’Ukraine, a affirmé le délégué, en s’appuyant sur un article récent de Zanny Minton Beddows de The Economist, qui confirme que l’essence de la politique occidentale à l’égard de l’Ukraine se résume à lui donner de l’argent, comme moyen le moins coûteux pour les États-Unis de renforcer leur sécurité.  Ce sont en effet les Ukrainiens qui se battent, ce sont les Ukrainiens qui se font tuer, tandis que les États-Unis et l’Europe leur fournissent des armes.  Or, il est évident aujourd’hui que l’Ukraine est en train de perdre cette « guerre par procuration » des États-Unis, de l’UE et de l’OTAN contre la Russie, a-t-il assuré.  Et même si « nos collègues européens » ne veulent pas l’accepter, l’Ukraine n’est pas la seule perdante de ce conflit, l’Union européenne aussi.  Le délégué a fait remarquer que le conflit en Ukraine exacerbe en fait les problèmes migratoires des États européens et frappe de plein fouet leur secteur énergétique. Il est dommage que les Européens aient oublié que les États-Unis et la Grande-Bretagne ont toujours été les principaux bénéficiaires de tout conflit sur le territoire de l’Europe continentale, a-t-il relevé, et qu’ils ont délibérément attisé les tensions dans l’espace européen afin d’empêcher l’émergence d’un autre concurrent géopolitique – une Europe unie vivant en paix et en coopération avec son voisin, la Russie. 

Revenant à l’Ukraine, il a rappelé que dès qu’elle a obtenu son indépendance officielle, elle s’est vu attribuer le rôle « peu enviable » de « tête de pont antirusse ».  Évoquant le « coup d’État » raté de 2004, puis celui de 2014, tous deux fomentés par l’Occident, il a affirmé qu’après celui de Maïdan en 2014, l’arrivée au pouvoir des nationalistes et des néonazis occidentaux soutenus par les russophobes a marqué un tournant dans l’histoire récente de l’Ukraine.  Ce fut le début de l’implication forcée de Kiev dans des projets risqués visant à infliger une « défaite stratégique » à la Russie, a affirmé le représentant, expliquant que c’est alors que la voie a été tracée pour violer les droits des habitants du sud-est de l’Ukraine.  Une soi-disant « opération antiterroriste » brutale et inhumaine a été lancée contre ceux qui cherchaient à préserver leur identité et leurs racines historiques et culturelles, au cours de laquelle l’armée et les bataillons nationaux ont été utilisés en violation de la Constitution ukrainienne. 

Pour ce qui est des accords de Minsk, le délégué a rappelé qu’il y a environ un an, le monde a entendu les confessions de Porochenko, François Hollande, Angela Merkel et Boris Johnson selon lesquelles ni la France, ni l’Allemagne, ni le Royaume-Uni n’avaient pris ces accords au sérieux, et n’avaient aucune intention de pousser les autorités ukrainiennes à les mettre en œuvre.  Ils ne les utilisaient que pour gagner du temps et donner à Kiev le temps de se préparer à la guerre avec la Russie.  Y voyant un véritable « mea culpa » des dirigeants de ces États, le délégué a constaté que cela n’empêche pas les représentants de ces mêmes pays de s’exprimer aujourd’hui au Conseil, « comme si de rien n’était », et de donner des leçons aux autres en invoquant l’importance du respect du droit international.  Ce n’est qu’après de multiples et vaines tentatives d’obtenir de la partie ukrainienne une mise en œuvre consciencieuse et cohérente des accords de Minsk que la Russie a décidé de lancer son opération militaire spéciale pour protéger les habitants du Donbass, conformément à l’Article 51 de la Charte des Nations Unies.

Persuadé que tout conflit prend fin tôt ou tard, y compris celui en Ukraine, le représentant a estimé qu’à long terme, les conclusions que le bloc occidental tirera de ce conflit seront d’une importance fondamentale.  Va-t-il imposer son prétendu ordre fondé sur des règles unilatérales au reste du monde en essayant de le diviser entre « vassaux et ennemis »? s’est-il interrogé.  Ou va-t-il s’engager dans un dialogue constructif pour trouver des moyens jeter les bases d’un ordre mondial véritablement juste, où les intérêts de tous les États sont garantis?  Jusqu’à présent, a-t-il regretté, l’Europe semble être frappée de « cécité stratégique », en alimentant ses propres craintes d’une supposée menace russe contre laquelle elle doit se défendre.  Elle persiste à refuser à la Russie ses intérêts légitimes en matière de défense.  Qualifiant cette approche de vaine et d’erronée, le représentant a fait valoir qu’un débat sur un système de sécurité euro-atlantique juste et indivisible prend de plus en plus son sens.  Dans sa forme actuelle, le système ne fonctionne que dans l’intérêt des États-Unis et de leurs alliés de l’OTAN qui se sont arrogés le droit d’intervenir dans toutes les questions internationales et dans les affaires intérieures des autres États, a-t-il constaté.  Leurs bases sont situées à nos frontières, en violation des accords clefs qui ont mis fin à l’ère de la guerre froide, a dénoncé le délégué, et les dirigeants occidentaux ont trompés la Russie à l’époque et veulent continuer à le faire aujourd’hui en transformant pratiquement n’importe quel coin du monde en « zone de responsabilité » de l’Alliance.  Il a également tenu à rappeler que la Russie avait proposé une conversation de fond sur les garanties de sécurité dès la fin de l’année 2021 et qu’elle a présenté des propositions concrètes à l’OTAN et aux États-Unis, mais qu’elles ont été rejetées « avec arrogance ». L’Occident ne nous a tout simplement pas laissé le choix, a-t-il tranché.  Dans le même temps, la Russie n’a jamais refusé de négocier alors que le régime de Kiev se l’est interdit.  Il est encore possible de préserver l’Ukraine sous une forme ou une autre, a affirmé le délégué, mais pour cela, il faut que l’Ukraine soit pacifique et neutre, sans discrimination ni russophobie, et qu’elle soit un pays à partir duquel la Russie n’est pas menacée.  « C’est donc à l’Occident collectif de choisir s’il nous faudra nous battre jusqu’au bout, ou à Washington, Londres et Bruxelles. »

Le représentant de la Chine a appelé à une profonde réflexion sur ce dossier.  La paix doit prévaloir, a-t-il dit, en soulignant les dégâts incalculables causés par la guerre en Ukraine.  « La paix est dans l’intérêt de toutes les parties », a-t-il dit.  Aussi leur a-t-il demandé de promouvoir détente et désescalade, avant de saluer les efforts déployés par l’ONU à cette fin.  Le délégué a rappelé que la sécurité collective est indivisible, en insistant sur l’importance de prendre en compte les préoccupations sécuritaires de chaque pays. La crise en Europe est liée à l’expansion de l’OTAN, a analysé le délégué, en exhortant l’OTAN à se débarrasser d’une mentalité héritée de la guerre froide.  Il a dénoncé les sanctions imposées contre des entreprises chinoises par l’UE, les États-Unis et le Royaume-Uni au prétexte de la guerre en Ukraine.  Tous les pays doivent respecter les principes de la Charte des Nations Unies et accepter un multilatéralisme véritable, en évitant tout deux poids, deux mesures, a exigé le délégué.  La Chine, a-t-il ajouté, regarde le conflit de loin, et il a réclamé une solution pacifique.

Le représentant de l’Équateur a relevé que 729 jours se sont écoulés depuis le début de l’agression militaire russe contre l’Ukraine, en violation flagrante de la Charte des Nations Unies et du droit international.  Au cours de ces deux années, a-t-il dit, nous avons été témoins des ravages que le conflit a infligés au peuple ukrainien, ainsi que de ses répercussions négatives au niveau mondial.  Évoquant la crise humanitaire « incommensurable » provoquée par ce conflit, il a salué le travail inlassable des organisations humanitaires tout en appelant à une aide accrue qui tienne compte des besoins de reconstruction du pays.  Il s’est également dit inquiet du danger que représentent les attaques à proximité d’installations nucléaires, réitérant la nécessité pour les parties de respecter les sept piliers de la sécurité nucléaire. 

Le représentant a ensuite rappelé que le veto opposé par la Russie le 25 février 2022 n’avait pas réussi à empêcher l’Assemblée générale de s’exprimer avec force et d’adopter, lors de sa onzième session extraordinaire d’urgence, six résolutions qui, entre autres, réaffirment son attachement à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine, appellent à la cessation des hostilités et réitèrent l’exigence d’un retrait des forces russes.  Appuyant l’appel du Secrétaire général à donner une chance à la paix, il a estimé qu’il est temps de revenir à la table des négociations et d’explorer toutes les possibilités d’un règlement pacifique des différends.  Dans l’immédiat, il a appelé la Russie à suspendre ses opérations militaires, comme l’a ordonné la CIJ le 16 mars 2022. 

Pour le représentant du Mozambique, le temps est venu pour la diplomatie d’assumer enfin son rôle, les parties devant reconnaître les limites de l’approche actuelle fondée sur la confrontation et le recours à la force.  Le délégué a exhorté les parties au conflit à un règlement négocié sous l’égide du Conseil de sécurité et dans le respect de la Charte des Nations Unies.  Un dialogue responsable et authentique est le seul moyen viable de résoudre ce conflit, a-t-il réitéré, plaidant en faveur d’une solution politique comme seul moyen viable de mettre fin à ce conflit et de jeter les bases d’une paix durable entre ces deux pays voisins.  La Fédération de Russie et l’Ukraine doivent cesser les hostilités sans plus tarder et reprendre les négociations directes sans conditions préalables, en engageant un dialogue de bonne foi.  La cause de la paix nous oblige à encourager les parties à revenir à la table des négociations et à accepter les imperfections d’un compromis au nom de la paix et de la sécurité en Ukraine, en Europe et dans le reste du monde. 

Le représentant de l’Algérie a jugé qu’il est temps de déployer les efforts nécessaires afin de parvenir à une désescalade des tensions et à la fin des souffrances et des pertes humaines.  Les parties doivent faire montre de volonté afin de s’engager dans un dialogue constructif et inclusif, a préconisé le délégué.  Il a exhorté lesdites parties à agréer à une paix juste et durable dans le respect de la Charte des Nations Unies et des préoccupations sécuritaires légitimes de chacune d’entre elles.  Enfin, il a plaidé pour une action plus coordonnée de la communauté internationale, en appelant notamment à une action cohérente du Conseil en ce qui concerne la protection des civils. 

Le représentant de la Sierra Leone a déploré le fait que la guerre en Ukraine soit aujourd’hui dans une impasse, avec des conséquences dévastatrices pour les civils et les infrastructures civiles en Ukraine et des effets considérables sur le paysage géopolitique et l’économie mondiale.  Dénonçant le coût « excessivement élevé » de ce conflit, notamment pour les enfants, il a appelé toutes les parties à respecter le droit international applicable, en particulier le droit international humanitaire. 

Le représentant a ensuite rappelé que la guerre en Ukraine a des effets négatifs sur les marchés alimentaires et énergétiques, le commerce et les chaînes d’approvisionnement. Ces perturbations ont contribué à des hausses de prix et à des pénuries d’approvisionnement qui se sont répercutées sur tous les secteurs, a-t-il relevé, soulignant l’importance d’un règlement du conflit pour permettre le redressement et la stabilisation non seulement de la région mais aussi du monde dans son ensemble.  Face à ces retombées mondiales multidimensionnelles, il a prôné des efforts diplomatiques de bonne foi en vue de parvenir à une solution pacifique tenant compte des préoccupations légitimes de chaque partie. 

La représentante du Guyana a condamné l’invasion de l’Ukraine par la Russie il y a deux ans, y voyant une violation des principes les plus fondamentaux de la Charte des Nations Unies.  Elle a relevé que les pays ont tous ressenti, à des degrés divers, les conséquences de cette guerre, non seulement en termes de défis croissants pour l’ordre fondé sur des règles, mais aussi en termes de flambée des prix alimentaires et énergétiques, de perturbation des chaînes d’approvisionnement et d’aggravation de la faim dans les régions les plus vulnérables du monde, qui peinaient déjà à se remettre de la pandémie de COVID-19. 

En tant que petit État en développement dont la souveraineté et l’intégrité territoriale sont protégées par des normes et instruments juridiques, le Guyana déplore la menace ou le recours à la force dans la conduite des relations internationales et condamne l’agression militaire déclenchée contre le peuple ukrainien, a affirmé la représentante, avant de réitérer son appel à une cessation immédiate des hostilités et à un retour à la diplomatie.  Saluant les efforts menés à cette fin par certains États Membres, elle a regretté que le Conseil de sécurité soit toujours incapable de trouver une solution significative et de minimiser l’impact de la guerre sur l’érosion des normes internationales.

M. DMYTRO KULEBA, Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, a informé qu’alors que le Conseil de sécurité parle de négociations, une autre frappe aérienne russe a visé un bâtiment résidentiel dans son pays, tuant une personne. Avant que cette réunion ne se termine, une autre personne décédera encore en Ukraine, a-t-il anticipé en déplorant que la Russie tue des gens tous les jours, avec des drones et des missiles. Cette invasion à grande échelle de l’Ukraine et de la Crimée il y a 10 ans, est le résultat de l’impunité russe découlant de sa présence injustifiée et illégale au Conseil de sécurité, a-t-il accusé. Il a demandé de corriger cette erreur historique qui a eu des conséquences meurtrières.  Le « régime de Putin » a déjà détruit des millions de vies en menant trois guerres en 24 ans, s’est-il emporté. La Russie veut tuer de plus en plus de personnes, a prévenu le Ministre en demandant de remettre l’agresseur à sa place et de rétablir la paix et la sécurité internationales.  M. Kuleba a exhorté les Nations Unies de poursuivre leurs efforts en ce sens. 

S’attardant sur la situation de la ville d’Avdiivka, le Ministre a dénoncé la propagande russe qui prétend avoir libéré la ville.  La réalité est que l’armée russe a fait sortir les populations de leurs résidences et ont fait pleuvoir les bombes.  La Russie a laissé au moins 17 000 soldats depuis octobre 2023 à Avdiivka, a précisé le Ministre.  Il a appelé à rendre justice à toutes les victimes de cette guerre russe et à faire rendre des comptes aux responsables russes.  M. Kuleba a aussi répondu aux mensonges de la Russie concernant l’arrêt rendu le 31 janvier par la Cour internationale de Justice.  Il a prévenu qu’en dehors de l’Ukraine, d’autres villes peuvent devenir comme Avdiivka si la conquête impériale de la Russie continue. 

Pour M. Kuleba, c’est le fait de rester les bras ballants face à la crise depuis deux ans qui a conduit à la situation actuelle.  Le choix aujourd’hui est soit d’arrêter la Russie et d’expulser l’envahisseur, soit de faire face à l’incendie qui pourrait se propager dans d’autres régions du monde.  Les générations futures jugeront nos actions aujourd’hui parce qu’elles se poseront la question de savoir pourquoi le monde n’a pas agi lorsqu’un pays se faisait voler en éclats, a prédit le Ministre.  « Nous pouvons rétablir la paix si nous agissons de façon déterminée et résolue plutôt que de regarder Moscou créer des problèmes. »  Le Ministre a repoussé la solution proposée par la Russie « parce que la Russie elle-même est la source du problème ».  Il a réitéré la détermination de son pays en faveur d’une paix juste et durable fondée sur la Charte des Nations Unies et sur la formule de la paix proposée par l’Ukraine.  Enfin, il a déclaré que l’Ukraine n’acceptera jamais toute offre de reddition et n’abandonnera jamais ses espoirs de liberté. 

M. XAVIER BETTEL, Vice-Premier Ministre, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur et Ministre de la coopération et de l’action humanitaire du Luxembourg, a mis l’accent sur les enfants, qui sont les premières victimes de la guerre d’agression russe.  À cet égard, il a rappelé que, depuis l’an dernier, les forces armées russes et les groupes armés affiliés sont listés dans le rapport annuel du Secrétaire général sur les enfants et les conflits armés en raison des attaques perpétrées contre des écoles et des hôpitaux et du meurtre d’enfants. Constatant que l’utilisation continue d’armes explosives a eu pour conséquence d’endommager ou de détruire des milliers d’écoles dans toute l’Ukraine, il a déploré que plus de 5 millions d’enfants ukrainiens aient vu leur éducation interrompue.  Il a ensuite appelé à mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité sur la protection des infrastructures civiles, notamment à la résolution 2601 (2021) qui appelle à prendre des mesures pour protéger les écoles contre les attaques, ainsi que la Déclaration sur la sécurité dans les écoles. 

De l’avis du Ministre, la lutte contre l’impunité pour les atrocités commises en Ukraine est cruciale pour prévenir la commission de crimes à l’avenir, en Ukraine et ailleurs. Saluant le travail mené à cette fin par la Cour pénale internationale (CPI), il a aussi exhorté la Russie à se conformer à l’ordonnance de la Cour internationale de Justice (CIJ) du 16 mars 2022, qui lui enjoint de suspendre immédiatement ses opérations militaires sur le territoire de l’Ukraine.  Il a ajouté que le Luxembourg soutient la formule de paix présentée par le Président Zelenskyy et appuie l’exercice par l’Ukraine de son droit à la légitime défense, en vertu de l’Article 51 de la Charte des Nations Unies. 

Mme ANNALENA BAERBOCK, Ministre fédérale des affaires étrangères de l’Allemagne, a évoqué le sort de trois Ukrainiennes victimes de la guerre d’agression lancée il y a deux ans par la Russie: Anastasiia, une jeune mère qui a perdu le bas de sa jambe lorsqu’elle a marché sur une mine russe et qui veut retourner au front dès que possible; Oksana, une chirurgienne qui a décidé d’opérer son propre père lorsqu’il a été blessé à Bucha; et Valeriia, une fillette de 10 ans qui récolte des fonds pour l’armée ukrainienne.  Elle a rendu hommage au courage et à la résilience de millions d’Ukrainiens qui, comme Anastasiia, Oksana et Valeriia, « savent que s’ils cessent de défendre leur pays, l’Ukraine finira ». Selon la Ministre, ces résistants voient ce que la réalité brutale de l’occupation russe signifie pour leurs compatriotes des territoires de l’est de l’Ukraine, où des milliers d’enfants ont été déportés vers la Russie et où des femmes et des hommes sont brutalement violés, arrêtés et torturés. 

À ceux qui appellent à négocier avec le Président Putin, la Ministre a rappelé que le souhait de la Russie, membre permanent du Conseil de sécurité, c’est qu’un État souverain renonce à son droit d’exister.  « Où en serions-nous si ce principe prévalait? » s’est-elle interrogée, estimant que céder à cela signifierait « la fin de la Charte des Nations Unies ».  C’est pourquoi, a-t-elle ajouté, nous ne cesserons pas notre soutien à l’Ukraine, « ni maintenant ni demain ».  Pour preuve de cet engagement, elle a signalé la signature par le Gouvernement allemand d’un accord de sécurité bilatéral qui offre à l’Ukraine un soutien fiable et durable. 

M. RADOSLAW SIKORSKI, Ministre des affaires étrangères de la Pologne, a contredit point par point la déclaration du représentant russe dans laquelle la communauté internationale est décrite comme « prisonnière de la russophobie ».  Oui, a dit le Ministre.  Quand la Russie nous menace d’une guerre nucléaire, nous la prenons au sérieux et il n’y a rien d’irrationnel là-dedans.  Nous ne nions pas les intérêts sécuritaires de la Russie mais nous avons commencé à nous réarmer quand elle a commencé à envahir ses voisins.  Le Ministre s’est dit surpris que le représentant russe ait parlé de l’attaque de la Pologne contre son pays pendant la Deuxième Guerre mondiale alors que les histoires disent que c’est l’Union soviétique qui a attaqué la Pologne avec l’Allemagne nazie, le 17 septembre 1939.  Une telle démagogie est indigne d’un membre permanent du Conseil de sécurité, a tranché le Ministre.  Ce que le représentant russe vient de faire, a-t-il dit, c’est de nous rappeler pourquoi nous avons résisté à la domination soviétique et pourquoi l’Ukraine résiste aujourd’hui à la domination russe.  Ils ont échoué à nous soumettre et ils échouent encore en Ukraine, a conclu le Ministre.

Le Ministre des affaires étrangères de la Lituanie, M. GABRIELIUS LANDSBERGIS, qui s’exprimait au nom de la République tchèque, de l’Estonie, de la Lettonie et de la Lituanie, a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle se réveille enfin, dans l’intérêt de tous.  Si nous échouons, l’ordre fondé sur des règles s’effondrera, a-t-il mis en garde, et la souveraineté de l’Ukraine, la sécurité de l’Europe, le succès des efforts mondiaux en faveur des droits humains, de l’établissement des responsabilités, de la sécurité alimentaire et de la sûreté nucléaire, sera perdu, au profit de ceux qui tirent parti du chaos. L’histoire nous rappelle le coût terrible des mauvais choix, a-t-il mis en garde, et notre attentisme enhardit la Russie, que ce soit en Ukraine, ou en Russie même où on élimine toute opposition et cherche à détruire l’espoir d’un pays différent, normal et pacifique. L’Ukraine peut sembler lointaine et l’attention du monde est divisée, a-t-il concédé, mais il est impératif de comprendre que l’agression de la Russie contre l’Ukraine a un impact sur tous. Cette guerre doit être gagnée, et de manière décisive, a-t-il martelé, car ce n’est pas seulement la guerre de l’Europe, mais bien un défi à l’ordre international qui, bien qu’imparfait, vise à garantir que le droit, plutôt que la puissance militaire, détermine les frontières et la souveraineté des États.  Exhortant la communauté internationale à trouver la volonté politique d’apporter une réponse juridique adéquate à la guerre illégale de conquête territoriale menée par la Russie, le Ministre a exigé que les dirigeants russes aient à assumer l’entière responsabilité de l’agression lancée par Vladimir Putin parce qu’à défaut, l’impunité se poursuivra, a-t-il prévenu. Rappelant que les trois pays baltes –Estonie, Lettonie et Lituanie– ont été occupés, colonisés et exploités par le « même agresseur » à plus d’une reprise, le Ministre a assuré qu’ils savent d’expérience que, quels que soient les mots prononcés et les accords signés, « cet agresseur n’a pas l’intention de s’arrêter... tant qu’on ne l’arrêtera pas ». 

M. GORDAN GRLIĆ RADMAN, Ministre des affaires étrangères et européennes de la Croatie, a regretté qu’au lieu de mettre fin à cette « guerre insensée », la Russie l’intensifie et mette en danger des sociétés entières à travers le monde en les exposant à l’insécurité alimentaire et aux pénuries d’énergie.  Exhortant la Russie à cesser toutes les attaques, en particulier celles qui touchent des civils et causent des dommages aux infrastructures civiles, et à se conformer aux résolutions du Conseil de sécurité ainsi qu’aux valeurs et principes consacrés dans la Charte des Nations Unies, il a réaffirmé le soutien indéfectible de son pays à l’indépendance, à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine. 

La Croatie, a souligné le Ministre, a fourni et continue de fournir une aide à l’Ukraine, tout en offrant une protection temporaire à plus de 25 000 de ses ressortissants.  Elle a en outre accueilli à Zagreb la toute première conférence internationale de haut niveau des donateurs sur le déminage humanitaire en Ukraine en octobre 2023, a-t-il ajouté, avant d’appeler la Russie à retirer ses troupes des frontières internationalement reconnues de l’Ukraine, à cesser ses achats illégaux d’armes et de munitions et à assumer ses responsabilités en tant que membre permanent du Conseil de sécurité.

Au nom du Groupe des Amis de l’application du principe de responsabilité après l’agression contre l'Ukraine,  Mme HANKE BRUINS SLOT, Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, a dit que les 49 membres partagent la conviction selon laquelle « la force ne fait pas le droit ».  À maintes reprises, a-t-elle déclaré, les États Membres ont souligné la nécessité d’une paix globale, juste et durable mais la Russie fait la sourde oreille. Appelant à ne pas ignorer cette situation, elle a invité à tout faire pour amener la Russie et les responsables à rendre des comptes pour les crimes commis en Ukraine et contre l’Ukraine. La Ministre a salué les initiatives déjà déployées comme les activités en cours de la mission de surveillance des droits de l’homme en Ukraine, la Commission d’enquête créée par le Conseil des droits de l’homme, et l’équipe d’experts sur l’état de droit et la violence sexuelle du Représentant spécial du Secrétaire général. 

Le Groupe soutient également le Procureur général de l’Ukraine, le travail effectué par la Cour pénale internationale, le Centre international pour la poursuite du crime d’agression et le Registre des dommages causés à l’Ukraine.  L’acte d’agression de la Russie viole la Charte des Nations Unies, a rappelé Mme Bruins Slot réitérant l’appel à la Fédération de Russie pour qu’elle respecte ses obligations internationales de retirer ses forces et respecte la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine.

Mme HELENA CARREIRAS, Ministre de la défense nationale du Portugal, a dénoncé l’invasion de l’Ukraine par la Russie en violation du droit international. L’Ukraine peut toujours compter sur le soutien total du Portugal, a assuré la Ministre.  « Nous nous tenons aux côtés de l’Ukraine », a-t-elle assuré.  La déléguée a détaillé le soutien de son pays, en mentionnant la formation de soldats ukrainiens et les dons d’équipements militaires.  « Au bout du compte, l’objectif reste le même: défendre les règles, principes et valeurs consacrés par la Charte des Nations Unies. »  Enfin, elle a exhorté la Russie à cesser ses opérations militaires, à se retirer de l’Ukraine et à respecter le droit.  « Ensemble, nous prévaudrons dans notre soutien à l’indépendance, à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine. »

M. BUJAR OSMANI, Ministre des affaires étrangères de la Macédoine du Nord, a condamné l’agression de la Russie contre un pays indépendant, y voyant une violente démonstration de force qui menace gravement la paix et la stabilité régionales.  Estimant, à l’instar du Secrétaire général de l’ONU, que seule une solution conforme à la Charte des Nations Unies, au droit international et aux résolutions de l’Assemblée générale permettrait d’aboutir à une paix juste et durable, il a appelé à la reprise du dialogue et à l’arrêt par la Russie de toute nouvelle action militaire.  Alors que le conflit entre dans sa troisième année, il a exhorté la communauté internationale à œuvrer sans relâche pour trouver une solution diplomatique afin d’éviter de nouvelles escalades. 

Le Ministre a également salué le courage et la résilience du peuple ukrainien, rappelant qu’il ne fait que se défendre, conformément à l’Article 51 de la Charte des Nations Unies.  Enfin, appelant à ce que cessent les attaques contre les infrastructures civiles essentielles, notamment les écoles, les hôpitaux, les installations énergétiques et les systèmes d’eau et d’assainissement, il a assuré que la Macédoine du Nord continuera à se tenir aux côtés de l’Ukraine et de son peuple, dans l’espoir que la raison prévaudra et que la vie reviendra bientôt à la normale. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité entend le compte rendu de sa récente mission en Colombie, pays doté d’un accord de paix parmi les « plus novateurs au monde »

9555E SÉANCE
CS/15599

Le Conseil de sécurité entend le compte rendu de sa récente mission en Colombie, pays doté d’un accord de paix parmi les « plus novateurs au monde »

Le Conseil de sécurité a, ce matin, entendu le compte rendu de mission que ses membres ont effectuée en Colombie du 7 au 11 février derniers.  Les représentantes du Guyana, du Royaume-Uni et de la Suisse, qui ont codirigé cette mission de terrain, ont ainsi présenté des exposés dans lesquels elles ont insisté sur l’importance d’un engagement robuste en faveur de la mise en œuvre de l’accord de paix, « l’un des plus novateurs au monde », selon l’expression de la déléguée suisse.

« L’objectif de cette visite était de démontrer le plein engagement du Conseil en faveur de la paix en Colombie, en particulier en appui à la mise en œuvre de l’accord de paix signé en 2016 », a expliqué la déléguée du Guyana.  Elle a précisé que les membres du Conseil ont pu rencontrer le Président colombien, M. Gustavo Petro, la Vice-Présidente, Mme Francia Marquez, ainsi que des membres de la société civile, des femmes et des jeunes.

Le Président colombien a exprimé ses préoccupations au sujet du grand nombre d’anciens combattants tués depuis la signature de l’accord, a relevé la déléguée. « Il a indiqué que le non-respect de l’accord, y compris l’absence de l’État, pourrait aboutir à un retour du conflit dans ces territoires. »  La nécessité d’un renforcement de la présence de l’État a aussi été soulignée par les représentants de la société civile, a fait valoir la représentante guyanaise.

Ces derniers ont également souhaité une accélération dans la mise en œuvre des volets rural et ethnique de l’accord précité, insistant sur l’importance d’un dialogue avec les victimes.  Un accord de cessez-le-feu multilatéral incluant tous les groupes armés a également été suggéré, a ajouté la déléguée du Guyana.  Enfin, elle a appelé à remédier au « manque d’État » dans les zones rurales et à un appui continu du Conseil, la Mission de vérification de l’ONU ayant à ce titre un rôle central à jouer.

Dans ce droit fil, la représentante de la Suisse a encouragé le Conseil à étendre le mandat de la Mission de vérification à la surveillance et à la vérification du cessez-le-feu récemment renouvelé entre le Gouvernement et l’État-major central des Forces armées révolutionnaires de Colombie–Armée populaire (EMC FARC-EP). Malgré la volonté politique du Gouvernement pour une « paix totale », le pays est confronté à d’énormes défis, a poursuivi la déléguée.

« Nous avons entendu à maintes reprises les mêmes demandes, qui –une leçon pour ce Conseil– sont représentatives de la plupart des solutions aux conflits: une meilleure répartition des terres, une plus grande justice sociale et, surtout, une plus grande protection contre la violence. »  La déléguée suisse a également relayé les doléances présentées par les représentantes des organisations de femmes.

Ces dernières ont décrit les risques auxquels elles et leurs enfants sont exposés et les défis posés par la protection des droits humains au quotidien: « Elles ont souligné que les violences sexuelles ne devaient pas être amnistiées et que leur interdiction, tout comme celle du recrutement d’enfants, devaient être des exigences minimales dans les pourparlers de paix en cours. »  La participation des femmes aux processus de prises de décision ne semble pas suffisamment garantie malgré leur contribution indéniable à la construction de la paix, a déploré la déléguée de la Suisse.

Enfin, la représentante du Royaume-Uni est longuement revenue sur la visite effectuée à Buenaventura: « Il y a cinq ans, le Conseil n’avait pas été en mesure de rencontrer une dirigeante communautaire en raison des risques pesant sur sa sécurité, cette fois, cette même dirigeante, qui est maintenant la Vice-Présidente, nous a accompagnés dans sa région, démontrant la transformation en cours dans le pays. »  La déléguée du Guyana a rappelé que c’est la première fois que le poste de vice-présidente est occupé par une Afro-Colombienne.

Cette visite a été l’occasion pour le Conseil de se concentrer sur le volet ethnique de l’accord, a poursuivi la déléguée britannique.  « Partout, lors de cette visite, nous avons pu voir la Mission de vérification de l’ONU, le Gouvernement colombien, les communautés et les individus travailler main dans la main afin de bâtir une paix durable en Colombie », s’est-elle réjouie.  « La paix n’est pas un concept abstrait, c’est une véritable cause sociale qui exige des efforts de toutes les composantes de la société. »

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: appels soutenus à un cessez-le-feu humanitaire à Gaza, à la libération des otages et à un règlement dans le cadre de la solution des deux États

9556E SÉANCE - MATIN
CS/15600

Conseil de sécurité: appels soutenus à un cessez-le-feu humanitaire à Gaza, à la libération des otages et à un règlement dans le cadre de la solution des deux États

Sur fond du témoignage glaçant du Secrétaire général de Médecins Sans Frontières (MSF) sur la situation à Gaza, les membres du Conseil de sécurité ont été nombreux, ce matin, à déplorer l’inaction du Conseil depuis maintenant près de 140 jours.  Après avait échoué une nouvelle fois, il y a deux jours, à adopter un projet de résolution exigeant un cessez-le-feu humanitaire immédiat à Gaza, du fait du veto des États-Unis, M. Christopher Lockyear n’a pas hésité à dire qu’il ne s’agit plus simplement d’inaction politique mais bien de complicité politique. Il s’est indigné que soient passées sous silence les violations du droit international à Gaza où les attaques d’hôpitaux s’ajoutent à celles menées contre des convois humanitaires. L’anéantissement systématique d’un système de santé qui en découle est pour lui « soit intentionnel, soit révélateur d’une incompétence irresponsable ». 

À Khan Younès et ailleurs, ce sont des hôpitaux, des écoles et d’autres sites protégés par le droit international qui ont été visés par le Forces de défense israéliennes, a confirmé le Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le Moyen-Orient.  M. Tor Wennesland, qui était sur place la semaine dernière, a fait état de graves pénuries de nourriture, d’eau, d’abris et de médicaments, mais aussi de la propagation de maladies transmissibles alors que plus de 2 millions de personnes sont confrontées à une insécurité alimentaire extrême.  Ce désespoir et ces pénuries ont entraîné un effondrement presque total de l’ordre public et les services essentiels ont été fortement affectés par les combats: 84% des installations de santé et d’éducation sont endommagées ou détruites et plus de 62% des routes et des lignes électriques sont inutilisables, a-t-il informé. 

Alors que cette « guerre dévastatrice » dure depuis près de quatre mois, le Coordonnateur spécial s’est alarmé qu’il n’y ait « toujours pas de fin en vue », ni pour le traumatisme des personnes touchées par les horreurs déclenchées le 7 octobre en Israël, ni pour la population de Gaza, ni pour l’escalade des tensions dans la région.  Après avoir insisté sur l’urgence d’un accord qui permette d’instaurer un cessez-le-feu humanitaire et de libérer les otages, il a exhorté toutes les parties concernées, y compris les autorités israéliennes, à s’attaquer aux principaux obstacles entravant la réponse humanitaire sur le terrain.  Cela passe par des mesures de sécurité renforcées et davantage de points de passage, en particulier dans le nord de la bande où le Programme alimentaire mondial (PAM) a dû suspendre ses opérations pour des raisons de sécurité. 

En tant que Puissance occupante, a rappelé la Suisse, Israël doit assumer ses responsabilités en droit international, c’est-à-dire assurer l’approvisionnement de la population en vivres et en produits médicaux, comme l’a rappelé clairement la Cour internationale de Justice (CIJ).  Pourtant, malgré les appels répétés à augmenter l’aide humanitaire, MSF a constaté qu’il y en a de moins en moins à Gaza, l’un des obstacles majeurs étant l’absence de distinction entre civils et combattants.  « Il n’y a pas de temps à perdre pour mettre en place le cadre nécessaire au redressement de Gaza et à un règlement politique à long terme du conflit israélo-palestinien », en a conclu le Coordonnateur spécial en plaidant pour des mesures significatives et irréversibles en faveur d’une solution fondée sur la coexistence de deux États. 

Le sentiment d’urgence était alimenté ce matin par le fait que plus de 1,5 million de personnes sont actuellement « coincées » à Rafah, dans le sud du territoire, alors qu’Israël brandit le spectre d’une offensive militaire de taille.  Les appels à y renoncer se sont multipliés, y compris de la part des États-Unis.  L’Algérie, porte-plume du projet de résolution présenté mardi dernier et non adopté à cause du veto américain, a mis en garde de l’éventualité d’un « scénario de nettoyage ethnique dont l’histoire se rappellera ».  Même son de cloche du côté de la Fédération de Russie pour laquelle les vetos successifs des États-Unis sont une tactique délibérée visant à pousser les Palestiniens hors de Gaza, vers l’Égypte.  Les efforts diplomatiques de Washington n’ont pour le moment abouti à rien, a tranché le représentant russe estimant qu’ils visent surtout à donner du temps à Israël pour poursuivre « le nettoyage de Gaza ».

Les efforts diplomatiques de Washington incitent les parties à accepter un accord qui conduirait à la libération des otages et à un cessez-le-feu de six semaines, a voulu expliquer le délégué des États-Unis.  Il a justifié cette démarche diplomatique en faisant valoir que la mise en œuvre de la vision d’un État palestinien indépendant demeure confrontée à de nombreux obstacles, dont le Hamas, qui détient toujours 134 otages israéliens. 

Le Secrétaire général de MSF s’est montré critique envers la position américaine estimant que toute résolution conduisant à approuver tacitement la poursuite de la violence et des atrocités massives à Gaza, comme le propose le projet de texte des États-Unis, est inacceptable.  La population de Gaza a besoin d’un cessez-le-feu durable et non d’une « période de calme temporaire », a-t-il tranché ajoutant que « tout ce qui ne va pas dans ce sens constitue une négligence grave ».  Rappelant aux États-Unis qu’un cessez-le-feu immédiat est le souhait de la plupart des membres du Conseil et de la communauté internationale, la Chine a espéré que la délégation américaine ne perdrait pas cela de vue et qu’elle œuvrerait à un consensus autour de son projet de résolution.  Pour le Guyana, qui préside le Conseil ce mois-ci, il est tout simplement inacceptable à ce stade de continuer de « jouer avec les mots » au sein du Conseil pour refuser de protéger la population de Gaza.

À l’instar du Coordonnateur spécial, les membres du Conseil ont été nombreux à souligner le rôle prépondérant que joue l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) à Gaza et en Cisjordanie, en appelant la communauté internationale à lui maintenir son appui financier, alors que l’Office a pris des mesures sévères et a lancé une enquête sur les allégations d’Israël au sujet du soutien au Hamas par 12 membres de son personnel. Ne pas soutenir l’Office équivaut à une « punition collective » sur la base de simples allégations, a argué le Guyana alors que la Russie a parlé de chantage humanitaire et de politisation des questions humanitaires.

Face au risque réel de voir un embrasement régional, comme en témoignent l’escalade de la violence en Cisjordanie, les tirs le long de la Ligne bleue entre Israël et le Hezbollah ou encore les attaques de navires par les houthistes en mer Rouge, les membres du Conseil sont tombés d’accord sur l’impératif de restaurer un horizon politique et de travailler à l’édification d’un État pour les Palestiniens.  En attendant, la suspension des combats est une étape essentielle à l’acheminement de l’aide humanitaire à la population de Gaza et à la libération des otages, comme l’a souligné entre autres le Royaume-Uni.

 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

M. TOR WENNESLAND, Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, a regretté qu’il n’y ait toujours pas de fin en vue alors que nous approchons des 140 jours d’une guerre dévastatrice, ni pour le traumatisme des personnes touchées par les horreurs déclenchées le 7 octobre, ni pour la population de Gaza, ni pour l’agitation régionale. Il a déclaré que ce qu’il a vu lui-même à Gaza cette semaine est « choquant et insoutenable », avant d’exprimer ses préoccupations quant à la possibilité d’une opération militaire israélienne de grande envergure dans la zone densément peuplée de Rafah, où 1,4 million de Palestiniens sont réfugiés et où se trouvent les seuls points d’entrée de marchandises pour toute la bande. « Je ne saurais trop insister sur l’urgence d’un accord qui permette d’instaurer un cessez-le-feu humanitaire et de libérer les otages », a-t-il martelé avant de réitérer son appel à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages et à l’instauration d’un tel cessez-le-feu.

D’ici là, il continuera d’exhorter toutes les parties concernées, y compris les autorités israéliennes, à s’attaquer aux principaux obstacles à la réponse humanitaire sur le terrain, en soulignant qu’il y a un réel besoin de plus de mesures de sécurité et de points d’accès pour augmenter l’aide, en particulier dans le nord.  M. Wennesland maintiendra également ses engagements dans la région et au niveau international, non seulement pour soutenir tous les efforts en faveur d’un cessez-le-feu, mais aussi pour parvenir à une compréhension plus commune et à une approche plus coordonnée des crises humanitaire, sécuritaire et politique complexes qui touchent Gaza et l’ensemble du Territoire palestinien occupé ainsi qu’Israël et la région.  Il n’y a pas de temps à perdre pour mettre en place le cadre nécessaire au redressement de Gaza et à un règlement politique à long terme du conflit israélo-palestinien, a-t-il insisté en plaidant pour des mesures significatives et irréversibles en faveur d’une solution fondée sur la coexistence de deux États. 

Faisant le bilan humain de ce conflit, le Coordonnateur a avancé les chiffres de 28 000 morts palestiniens, dont un grand nombre de femmes et d’enfants, ajoutant que les Forces de défense israéliennes (FDI) affirment que plus de 10 000 d’entre eux étaient des militants.  Outre les 1 200 morts du 7 octobre en Israël, les FDI ont fait état de 235 soldats tués à Gaza depuis le début des opérations terrestres.  Sur les 253 otages enlevés le 7 octobre, 134 seraient toujours retenus par le Hamas, 112 ont été libérés et 11 corps ont été retrouvés.  Enfin, 160 membres du personnel de l’ONU ont été tués à Gaza, ce qui représente le plus grand nombre de victimes dans l’histoire de l’Organisation, a-t-il rappelé. 

Le Coordonnateur spécial a ensuite passé en revue la situation sur le terrain, et notamment à Khan Younès où des écoles, des hôpitaux et d’autres lieux protégés ont été ciblés par des frappes aériennes israéliennes et des tireurs embusqués qui disent vouloir s’en prendre aux installations et équipements du Hamas. Dans le même temps, les groupes armés palestiniens ont continué les tirs de roquettes aveugles depuis Gaza en direction d’Israël, bien qu’à une fréquence et une portée moindres. 

Revenant sur la situation humanitaire « désespérante » dans la bande de Gaza, M. Wennesland a fait état des graves pénuries de nourriture, d’eau, d’abris et de médicaments, selon les personnes déplacées. Les maladies transmissibles se propagent dans des conditions insalubres et plus de 2 millions de personnes sont confrontées à une insécurité alimentaire extrême, les femmes et les enfants étant les plus menacés.  Ce désespoir et cette pénurie ont entraîné un effondrement presque total de l’ordre public et les services essentiels ont été fortement affectés par les combats.  Ainsi, 84% des installations de santé et d’éducation sont endommagées ou détruites et plus de 62% des routes et des lignes électriques sont inutilisables. 

Le Coordonnateur humanitaire de l’ONU a déclaré avoir un plan pour fournir l’essentiel (nourriture, abris, médicaments, eau et assainissement) qui ne pourra être réalisé qu’en fonction de la coordination des mouvements humanitaires, d’une désescalade efficace et de l’approbation par Israël des équipements de communication essentiels et des véhicules blindés qui offrent les conditions minimales de sécurité pour le personnel.  Il a exhorté à ne pas cibler les convois et les enceintes des Nations Unies et à protéger leurs équipements, regrettant à cet égard que le Programme alimentaire mondial (PAM) ait été contraint d’interrompre ses livraisons dans le nord de la bande de Gaza à la suite de multiples incidents de sécurité.  Fort de ce constat, le Coordonnateur spécial a renouvelé son appel à ouvrir plus de points de passage à la partie nord de Gaza.

Revenant ensuite sur les allégations israéliennes selon lesquelles 12 membres du personnel de l’UNRWA auraient été impliqués dans les attaques brutales contre des Israéliens le 7 octobre, il a souligné que le Secrétaire général et l’UNRWA avaient pris des mesures rapides, notamment en licenciant les 10 membres du personnel en activité et en lançant des enquêtes internes et indépendantes.  Il n’en reste pas moins que les principaux donateurs ont suspendu leur aide à l’Office, soit plus de la moitié des recettes prévues pour 2024, a-t-il pointé, en appelant à reconnaître que l’UNRWA reste l’épine dorsale de la réponse humanitaire sur le terrain.  Il a donc fait sien l’appel du Secrétaire général aux donateurs pour qu’ils garantissent la continuité des opérations de l’UNRWA, non seulement pour Gaza, mais aussi pour la stabilité de la région. 

M. Wennesland s’est également inquiété de l’escalade de la violence en Cisjordanie où 27 Palestiniens ont été tués par les FDI et où les tensions avec les colons augmentent, surtout à l’approche du ramadan.  Il a également exprimé ses préoccupations quant à la situation économique en Cisjordanie et la crise fiscale que connaît l’Autorité palestinienne. 

Très préoccupé par le risque sérieux d’une nouvelle escalade régionale, il a aussi parlé des échanges de tirs entre Israël et le Hezbollah de l’autre côté de la Ligne bleue, ce qui s’est traduit par le déplacement d’environ 100 000 Israéliens et plus de 87 000 Libanais.  Il a aussi exprimé son inquiétude quant aux actes des houthistes en mer Rouge.  Il a conclu en appelant à mener une réponse collective, coordonnée et globale, non seulement pour résoudre la crise immédiate à Gaza, mais aussi pour aider à restaurer un horizon politique pour les Palestiniens et les Israéliens, tout en promouvant une plus grande stabilité et la paix dans la région. « Pour ce faire, nous avons besoin de toute urgence d’un accord pour parvenir à un cessez-le-feu humanitaire et à la libération des otages. » 

M. CHRISTOPHER LOCKYEAR, Secrétaire général de Médecins Sans Frontières (MSF), a rappelé que plus de 1,5 million de personnes sont actuellement coincées à Rafah, dans le sud du territoire, et subissent la campagne militaire israélienne. Nous vivons dans la peur d’une invasion terrestre, a-t-il dit, avant de faire état d’un tir terrestre d’obus survenu à Khan Younès voilà à peine 48 heures sur une maison abritant le personnel de l’ONG et leurs familles.  Deux personnes ont été tuées et six autres gravement brûlées, dont des femmes et des enfants, a dénoncé l’intervenant, en précisant que le bâtiment portait le drapeau de MSF.  Certaines personnes se sont retrouvées coincées dans le bâtiment en feu tandis que des tirs intenses empêchaient les ambulances de les atteindre, a-t-il relaté. Selon lui, ce type d’attaques, qui s’ajoutent à celles menées contre des convois et des hôpitaux, est « soit intentionnel, soit révélateur d’une incompétence irresponsable ». 

Confiant avoir été horrifié par le massacre perpétré par le Hamas en Israël, le 7 octobre dernier, il s’est dit également horrifié par la réponse d’Israël. « Nous ressentons l’angoisse des familles dont les proches ont été pris en otage le 7 octobre, mais aussi celle des familles des personnes arbitrairement détenues à Gaza et en Cisjordanie. »  Ces morts, ces destructions et ces déplacements forcés sont le résultat de choix militaires et politiques qui ignorent ouvertement la vie des civils, s’est-il indigné, affirmant avoir assisté depuis 138 jours aux souffrances inimaginables de la population de Gaza et à l’anéantissement systématique d’un système de santé que son organisation soutient depuis des décennies. 

Pour M. Lockyear, cette situation est le point culminant d’une « guerre de punition collective » et la réponse humanitaire à Gaza n’est plus qu’une « illusion ».  Malgré les appels à augmenter l’aide humanitaire, il y en a de moins en moins, a-t-il expliqué, expliquant qu’un des obstacles est l’absence de distinction entre civils et combattants.  Signalant qu’il n’existe plus aucun système de santé digne de ce nom à Gaza, il a réfuté le prétexte invoqué par Israël selon lequel les installations médicales seraient utilisées à des fins militaires. « Nous n’avons vu aucune preuve vérifiée de manière indépendante de cela. »  Indiquant que, depuis le 7 octobre, le personnel de MSF avait été contraint d’évacuer neuf établissements de santé différents à Gaza, il a rappelé que les patients souffrent de blessures graves nécessitant des soins sophistiqués et une rééducation intensive.  Or les médecins ne peuvent pas soigner ces blessures sur un champ de bataille ou dans les cendres des hôpitaux détruits, s’est-il lamenté, évoquant des amputations d’enfants sans anesthésie, des gazes réutilisées de patient à patient, des femmes enceintes laissées sans soins pendant des mois et obligées d’accoucher dans des tentes en plastique.  Il s’est dit particulièrement inquiet pour les enfants, qui, s’ils survivent, porteront non seulement les blessures visibles mais aussi « les blessures invisibles des déplacements répétés, de la peur constante et du fait de voir leurs proches littéralement démembrés sous leurs yeux ». 

Le Secrétaire général de MSF a aussi alerté sur les dangers énormes auxquels est confronté le personnel médical aujourd’hui épuisé, avant d’appeler à ce que tout cela cesse.  Regrettant que le Conseil de sécurité n’ait toujours pas réussi à résoudre efficacement ce conflit, il s’est dit consterné de voir les États-Unis utiliser leur droit de veto pour entraver les efforts visant à adopter « la résolution la plus évidente, celle exigeant un cessez-le-feu immédiat et durable ».  À ses yeux, le Conseil devrait rejeter toute résolution conduisant à approuver tacitement la poursuite de la violence et des atrocités massives à Gaza, comme le proposait le projet de texte des États-Unis.  La population de Gaza a besoin d’un cessez-le-feu durable et non d’une « période de calme temporaire », a-t-il fait valoir, estimant que « tout ce qui ne va pas dans ce sens constitue une négligence grave ». Enfin, après avoir rappelé que la protection des civils incombe aussi aux membres individuels du Conseil en tant que parties aux Conventions de Genève, il a exigé « l’espace nécessaire pour transformer l’illusion de l’aide en une assistance significative ». 

Le représentant des États-Unis a fait valoir que la meilleure façon de progresser vers une paix pérenne est de garantir la sécurité et de soutenir la création d’un État palestinien indépendant aux côtés d’Israël.  Or, la mise en œuvre de cette vision demeure confrontée à de nombreux obstacles, dont le Hamas, qui détient toujours 134 otages israéliens.  « Il n’y aura pas de cessez-le-feu pérenne à Gaza sans la libération des otages », a réaffirmé le représentant en indiquant que son pays poursuit les pourparlers sur cette question avec ses partenaires, dont l’Égypte.  Le Président Joseph Biden a indiqué qu’une offensive terrestre à Rafah entraînerait des déplacements majeurs de population, y compris chez les pays voisins, avec des effets majeurs sur la paix et la sécurité régionales.  Dans les circonstances, une telle offensive ne devrait pas avoir lieu.  « Israël ne devrait pas entreprendre une opération qui entraînerait davantage de souffrances et aggraverait la crise humanitaire en l’absence d’un plan viable pour protéger les civils », a-t-il insisté.

Selon le représentant, un cessez-le-feu temporaire lié à un accord sur la libération des otages serait la meilleure voie à suivre pour assurer la protection des civils.  Les États-Unis ont d’ailleurs exprimé clairement à Israël leurs préoccupations à ce sujet, a assuré le délégué.  Toutefois, a-t-il ajouté, nous ne devons pas oublier que 1,5 million de civils à Gaza ne seraient pas en péril aujourd’hui si le Hamas ne s’était pas d’abord attaqué à des civils et s’il ne se cachait pas à l’intérieur d’infrastructures civiles. Ces abus n’enlèvent cependant rien à la responsabilité d’Israël de tout faire pour protéger la population civile, y compris en ouvrant des points de passage supplémentaires, a-t-il ajouté. 

Dans l’intervalle, les États-Unis ont entrepris des négociations concernant un « produit » du Conseil de sécurité qui vise à soutenir la diplomatie sur le terrain pour mettre fin à ce conflit une fois pour toutes. Washington incite les parties à accepter un accord qui conduirait à la libération des otages et à un cessez-le-feu de six semaines, a-t-il précisé. 

Le représentant de la Fédération de Russie a mis sur le compte des États-Unis l’incapacité du Conseil de sécurité à adopter une résolution sur un cessez-le-feu immédiat à Gaza, rappelant que les bombardements israéliens se poursuivent.  Il s’agit selon lui d’une tactique délibérée visant à pousser les Palestiniens hors de Gaza et vers l’Égypte.  Les efforts diplomatiques de Washington n’ont abouti à rien pour le moment, a constaté le délégué pour qui ces efforts visent surtout à donner du temps à Israël pour poursuivre « le nettoyage de Gaza ».  À son avis, ils ne permettront pas de libérer les otages. « Dire que le cessez-le-feu est impensable sans la libération des otages est cynique. »  Le délégué a analysé la solution alternative proposée par les États-Unis comme une façon de protéger Israël et les intérêts géopolitiques des États-Unis au Moyen-Orient.  Le cessez-le-feu humanitaire immédiat est indispensable, en a déduit le représentant. 

Regrettant que l’impasse dans laquelle se trouve le Conseil de sécurité ait pour conséquence de propager la violence à la Syrie, au Liban, à l’Iraq et au Yémen, le délégué a affirmé que les pays occidentaux essaient de faire taire les mécontents en bombardant ces pays souverains.  Ces actions constituent une menace directe à la paix et la sécurité internationales, a-t-il dénoncé.  De plus, de l’avis du représentant, il n’y a plus de chances de voir cesser la catastrophe humanitaire à Gaza vu que les opérations militaires israéliennes se poursuivent.  Il a d’ailleurs affirmé ne pas comprendre la décision d’un certain nombre de donateurs occidentaux de suspendre leur financement de l’UNRWA. Ces décisions sont amorales, constituent un chantage humanitaire et ne font que politiser les questions humanitaires, a-t-il fustigé.  Le délégué a aussi condamné les tentatives de discréditer l’UNRWA en collant des étiquettes politiques à ses activités.  Pour régler ce conflit, il faut une solution politique et diplomatique dans le cadre de la solution des deux États et un cessez-le-feu humanitaire, a conclu le délégué. 

La représentante de Malte a rappelé que Malte a condamné à plusieurs reprises et sans équivoque les attaques terroristes du Hamas du 7 octobre et appelé à la libération immédiate et inconditionnelle des otages.  Reste que l’ampleur des souffrances humaines à Gaza, en raison des hostilités en cours, est aujourd’hui à la fois effroyable et consternante, s’est-elle lamentée.  Elle a déploré qu’il y a deux jours, le Conseil n’ait à nouveau pas été en mesure d’appeler à un cessez-le-feu permanent.  Gravement préoccupée par le projet d’Israël de déplacer la population gazaouite qui se trouve à Rafah, elle a mis en garde contre le fait que cela ne fera que perpétuer le déplacement forcé des Palestiniens et attiser les tensions régionales.  La déléguée a martelé que cette crise humanitaire doit être résolue de toute urgence. Israël doit faciliter l’acheminement complet et sans entrave de l’aide humanitaire à Gaza et faciliter un mécanisme efficace humanitaire, et d’autres points de passage doivent être rouverts pour permettre une augmentation adéquate de l’aide, en particulier dans le nord de Gaza où les conditions seraient encore plus désastreuses.  Malte appelle à la pleine mise en œuvre des résolutions 2712 et 2720 du Conseil de sécurité, ce qui reste « le strict minimum requis », a-t-elle exigé, avant de soutenir aussi la mise en œuvre immédiate des mesures conservatoires ordonnées par la Cour internationale de Justice (CIJ) le 26 janvier.  La représentante a ensuite mis en avant le rôle essentiel de l’UNRWA sur le terrain avant d’affirmer que toute réduction du financement de l’Office aurait des répercussions immédiates.  C’est dans cet esprit que Malte vient de verser une nouvelle contribution à l’UNRWA, a-t-elle annoncé, en encourageant les autres à faire de même.  La désescalade et la retenue sont essentielles, a tranché la représentante qui a plaidé pour un cessez-le-feu immédiat à Gaza afin de laisser l’espace nécessaire à une résolution diplomatique de ce conflit.

Le représentant du Japon a réitéré sa condamnation sans équivoque des actes odieux commis il y a près de 140 jours par le Hamas et appelé à la libération inconditionnelle de tous les otages.  Depuis, près de 30 000 Palestiniens ont perdu la vie, 75% de la population a été déplacée et environ 70% des maisons ont été détruites ou endommagées, a-t-il comptabilisé.  Le représentant a exprimé sa profonde préoccupation face à une éventuelle offensive militaire israélienne à Rafah, où près de 1,5 million de personnes sont réfugiées.  « La situation humanitaire à Gaza est un cauchemar depuis trop longtemps. » 

Pour répondre aux énormes besoins humanitaires à Gaza, une plus grande coordination entre les parties concernées est nécessaire, a fait valoir le représentant. Il a exhorté Israël à ouvrir des postes frontaliers supplémentaires et à sécuriser les couloirs humanitaires.  À cette fin, il a plaidé pour la mise en place rapide d’un cessez-le-feu humanitaire.  Malgré le nouvel échec du Conseil à adopter une résolution il y a deux jours, il a exprimé sa profonde appréciation des pourparlers diplomatiques quadripartites en cours.  Ce conflit, a-t-il ajouté, s’étend déjà à toute la région, depuis la violence des colons israéliens en Cisjordanie jusqu’à l’intensification des hostilités entre le Hezbollah et Israël et aux attaques des houthistes contre les navires en mer Rouge.  Enfin, tout en prenant au sérieux les allégations portées contre l’UNRWA, le représentant a noté que ses services sont vitaux pour les Palestiniens de la région et que les enquêtes en cours doivent aboutir rapidement. 

La représentante du Royaume-Uni a assuré que son pays entend voir la fin des combats à Gaza.  Elle a cependant reconnu que de simples appels au cessez-le-feu ne le feront pas advenir et ne le rendront pas durable.  Dans ces conditions, elle a appelé à une « suspension immédiate » des combats pour permettre l’acheminement de l’aide humanitaire à la population de Gaza et la libération des otages, avant d’avancer ensuite vers un cessez-le-feu durable et permanent.  « Sans cela, il y aura un retour à la destruction, aux combats et à la mort. »  Pour la représentante, il est impératif d’œuvrer à la sortie de tous les otages, à la création d’un nouveau Gouvernement pour la Cisjordanie et Gaza, assorti d’un soutien international, à l’élimination des capacités militaires du Hamas et à un horizon politique qui offre une voie crédible vers la solution des deux États.  C’est pourquoi, a-t-elle insisté, les négociations en cours sont essentielles. 

Le Royaume-Uni travaille sans relâche avec ses partenaires de la région pour appuyer cet objectif, a indiqué la représentante, avant de se dire préoccupée par la perspective d’une offensive terrestre à Rafah, où s’est réfugié l’essentiel de la population du territoire.  Elle s’est également déclarée inquiète du fait que le PAM ait dû interrompre ses fournitures de vivres dans le nord de Gaza, souhaitant qu’Israël appuie l’ONU pour garantir une livraison de l’aide dans toute l’enclave. Israël doit aussi garantir une désescalade effective et prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité du personnel et des installations médicales, a-t-elle plaidé. Enfin, à l’approche du ramadan, elle a enjoint toutes les parties à appeler au calme et à ne pas exacerber les tensions sur les Lieux saints.

La représentante de la Suisse a dit être consternée par les attaques ayant touché des membres de familles du personnel de Médecins Sans Frontières (MSF). Elle a regretté la non-adoption d’une résolution appelant à la mise en place immédiate d’un cessez-le-feu humanitaire à Gaza.  La déléguée s’est dite aussi préoccupée par les conséquences humanitaires catastrophiques que pourrait avoir une large offensive militaire à Rafah.  Elle a condamné des hostilités qui continuent de faire de nombreuses victimes civiles à Gaza ainsi que les actes de terreur et les attaques aveugles du Hamas commis dès le 7 octobre.  « Il faut libérer immédiatement et sans condition les otages. »  La déléguée a appelé les parties à épargner et protéger la population civile, rappelant que les tirs de roquettes aveugles sont interdits par le droit international humanitaire.

La représentante a également rappelé que les hôpitaux doivent être protégés: ils ne doivent pas faire l’objet d’attaques ni être utilisés en dehors de leur fonction humanitaire pour commettre des actes nuisibles à l’ennemi. La déléguée s’est également inquiétée des conséquences de l’effondrement du système de santé dans la bande de Gaza, soulignant que la Puissance occupante a le devoir d’assurer l’approvisionnement de la population en vivres et en produits médicaux, comme l’a rappelé clairement la Cour internationale de Justice (CIJ).  Après avoir appelé Israël à le faire, elle a parlé de l’UNRWA en disant attendre des enquêtes indépendantes à propos des accusations graves portant sur certains de ses employés.  Elle a conclu en demandant que la protection des civils déplacés dans la bande de Gaza fasse partie intégrante du futur État palestinien, et en réclamant un cessez-le-feu humanitaire à Gaza. 

Le représentant de la Chine a regretté le veto posé par les États-Unis il y a deux jours sur un projet de résolution qui demandait un cessez-le-feu immédiat à Gaza.  « Nous sommes encore passés à côté de l’occasion de mettre fin à la situation terrible à Gaza et d’éviter une guerre plus importante. »  Il leur a signalé qu’il s’agit pourtant d’un souhait commun de la majorité des membres du Conseil, voire de la communauté internationale. Dès lors, il a espéré que les États-Unis sauraient respecter le consensus entre les membres du Conseil sur le nouveau projet de résolution qu’ils ont l’intention de proposer, les appelant aussi à ne plus tourner autour du pot ni tenir des propos ambigus.  Il est urgent que le Conseil fasse enfin son devoir de mettre un frein afin d’éviter une plus grande catastrophe, s’est-il impatienté.  Le délégué a aussi exigé que l’offensive israélienne à Rafah cesse immédiatement, demandant à Israël de renoncer à ce plan et de mettre fin à ses mesures de punition collective.

Venant à la situation humanitaire, le représentant a appelé à garantir un approvisionnement suffisant et sans entrave de l’aide à Gaza, notant avec inquiétude la suspension des opérations du PAM dans le nord de Gaza.  Il a exigé la sécurité du personnel et des installations humanitaires sur le terrain ainsi que la pleine mise en œuvre des résolutions 2712 et 2720 (2023) du Conseil de sécurité.  Il a insisté pour qu’Israël permette l’ouverture d’un plus grand nombre de points de passage, par voies terrestre, maritime et aérienne. S’agissant de l’UNRWA, le représentant a appelé les donateurs à lui maintenir leur financement, en leur rappelant le rôle de premier plan qu’il joue, en particulier à Gaza et en Cisjordanie.

Face au spectre d’une guerre plus large qui se profile dans la région, le représentant a appelé toutes les parties à la retenue et au calme arguant que « la violence n’appelle que la violence ».  Il faut revitaliser la solution des deux États, a-t-il recommandé en déclarant qu’un « État palestinien indépendant n’est pas un cadeau mais un droit inaliénable du peuple palestinien », dont Gaza doit faire partie.  Le représentant a sommé Israël d’arrêter d’éroder les bases de cette solution par le déplacement forcé de civils palestiniens.  Enfin, il a annoncé que la Chine est favorable à la tenue d’une conférence internationale de paix qui ferait autorité pour œuvrer à une solution juste et pérenne à la question palestinienne.

Le représentant de la France a réaffirmé qu’il y a une extrême urgence à conclure un accord de cessez-le-feu qui garantisse la protection de tous les civils et l’entrée urgente et massive de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza. Pour ce faire, il est impératif selon lui d’ouvrir le port d’Ashdod, une voie terrestre directe depuis la Jordanie et tous les points d’accès à l’enclave.  Réitérant le soutien de la France au mandat de la Coordonnatrice spéciale, Mme Sigrid Kaag, le représentant a appelé Israël à cesser ses opérations militaires, ajoutant que Paris s’oppose fermement à une offensive à Rafah « qui ne pourrait qu’engendrer un désastre humanitaire d’une nouvelle magnitude ».  Selon lui, Israël doit se conformer au droit international humanitaire, qui impose des principes clairs de distinction, de nécessité, de proportionnalité et de précaution.  De même, a-t-il poursuivi, la France s’oppose à tout déplacement forcé de populations, qui constituerait des violations du droit international humanitaire et ferait peser un risque supplémentaire d’escalade régionale.

Le représentant a ensuite rappelé que tous les otages doivent être libérés immédiatement et sans conditions, comme l’exigent les résolutions 2712 (2023) et 2720 (2023).  Le Conseil doit aussi être en mesure de condamner clairement les attaques terroristes du 7 octobre commises par le Hamas et des groupes terroristes, a-t-il fait valoir, jugeant « inadmissible » que cela ne soit pas encore le cas.  Après avoir rappelé l’attachement indéfectible de son pays à la sécurité d’Israël, il a qualifié d’extrêmement graves les informations faisant état d’une participation de membres de l’UNRWA aux attaques du 7 octobre, saluant les premières mesures prises par le Secrétaire général pour faire la lumière sur ces allégations.  Dans ce contexte, il est essentiel, à ses yeux, de restaurer un horizon politique et de travailler à l’édification d’un État pour les Palestiniens et à la mise en place de garanties de sécurité pour Israël.  Regrettant que la solution des deux États soit menacée par la « politique illégale de colonisation » menée par Israël, il s’est déclaré très préoccupé par les violences commises par des colons en Cisjordanie.  Il a enfin jugé urgent d’éviter un embrasement régional, appelant au plein respect de la résolution 1701 (2006) pour garantir la stabilité du Liban et de la région et indiquant que la France continuera aussi à assumer ses responsabilités pour contribuer à la sécurité maritime en mer Rouge. 

Le représentant de l’Équateur a déclaré que la situation à Rafah nous rappelle que le droit international humanitaire doit être respecté en tout temps et par toutes les parties.  Dans ce contexte, il a exigé la pleine mise en œuvre des résolutions 2712 (2023) et 2720 (2023) du Conseil de sécurité et la mise en place d’un cessez-le-feu humanitaire.  Le représentant a en outre salué les efforts déployés par plusieurs pays, « dont l’un des membres de ce Conseil », pour parvenir à la fois à la cessation des hostilités et à la libération des otages. 

Les événements en cours à Gaza ne doivent cependant pas nous faire oublier la poursuite de la colonisation israélienne en Cisjordanie, a relevé le représentant, sur fond de provocations et d’incitations à la violence.  Il a appelé à cet égard au respect du statu quo dans les Lieux saints à Jérusalem et du rôle de la Jordanie en tant que gardien. 

Le représentant de la Slovénie a alerté d’une menace d’une ampleur sans précédent qui plane sur Rafah alors que le Conseil n’a toujours pas été en mesure d’adopter un appel au cessez-le-feu.  Quel avenir nous attend lorsque nous continuons à être indifférents aux larmes de 17 000 enfants non accompagnés qui ont été témoins d’horreurs, de mort et de destruction? s’est demandé le délégué.  Face aux conditions de travail des personnels médical et humanitaire déployés à Gaza, la Slovénie a apporté une contribution supplémentaire de 500 000 euros à l’UNRWA et en coopération avec la Jordanie, elle fournira dès demain une aide en nature substantielle à Gaza.

Le représentant a ensuite exhorté Israël à ne pas mettre en œuvre son plan pour Rafah, condamnant les déclarations de ministres israéliens favorables à un déplacement massif des Palestiniens de Gaza.  Sa délégation condamne une nouvelle fois l’horrible attaque du Hamas du 7 octobre 2023 et a appelé à la libération immédiate et inconditionnelle des otages.  Plaçant ses espoirs dans le processus de médiation mené par l’Égypte, le Qatar et les États-Unis, le représentant a conseillé aux deux parties de s’engager dans des négociations constructives.  Un cessez-le-feu à Gaza contribuerait à la désescalade des tensions dans le reste de la région, a-t-il assuré, considérant que la voie vers la paix et la solution des deux États ne peut passer que par un processus politique inclusif tourné vers l’avenir.

Le représentant de la Sierra Leone a déclaré que le Conseil, eu égard à la gravité de la situation à Gaza, devrait se fixer comme priorités la fin à la guerre et la libération de tous les otages aux mains du Hamas.  Il s’est dit choqué par le nombre élevé de civils et de travailleurs humanitaires tués à Gaza.  Le Conseil a le mandat pour en faire davantage, a poursuivi le délégué: « Il doit faire plus que présenter ses condoléances et exprimer ses préoccupations. »  Il a déploré le fait que cet organe n’ait pu adopter un projet de résolution il y a deux jours malgré le soutien de 13 de ses membres.  Le représentant a souligné la nécessité d’un cessez-le-feu immédiat, exhortant les parties à se conformer aux mesures conservatoires récemment ordonnées par la CIJ.  Enfin, il a regretté les allégations graves ayant visé l’UNRWA et salué l’action rapide de l’ONU afin d’y remédier.

Le représentant de la République de Corée a rappelé que la catastrophe actuelle à Gaza a débuté à l’automne dernier et que nous nous dirigeons désormais vers le printemps.  Dans ce contexte « tragique », des opérations militaires de grande envergure à Rafah entraîneraient une « autre calamité », a-t-il averti, appelant à ce que cela n’arrive pas.  De même, le représentant a estimé que tout transfert forcé de Palestiniens hors de Palestine, y compris de la bande de Gaza, serait « tout simplement inacceptable ».  Tout en soulignant les souffrances de la population de Gaza, les destructions à grande échelle et le risque imminent de famine dans l’enclave, il a rappelé que les citoyens israéliens souffrent eux aussi, plus de 100 otages étant toujours détenus par le Hamas et des roquettes continuant d’être tirées vers Israël. Dans le même temps, les tensions régionales s’accentuent et font craindre une plus grande conflagration, a-t-il ajouté, appelant à un cessez-le-feu humanitaire à Gaza pour permettre un arrêt des hostilités.  Avant de conclure, il a salué les efforts déployés à cette fin par les principales parties prenantes, notamment l’Égypte, le Qatar et les États-Unis.

Le représentant du Mozambique a noté que la situation désastreuse à Gaza suscite une grande préoccupation pour l’ensemble de la communauté internationale.  Il a donc jugé crucial de faciliter un accès humanitaire sûr et sans entrave à la bande de Gaza, dans le strict respect du droit international humanitaire et des droits humains.  Le représentant a appelé à un cessez-le-feu humanitaire immédiat suivi de la cessation des hostilités afin de garantir l’acheminement de l’aide humanitaire à ceux qui en ont besoin.  En définitive, seule l’application urgente de la solution des deux États permettra aux parties de vivre côte à côte en paix et en sécurité, a-t-il conclu.

Le représentant de l’Algérie a dénoncé la poursuite des attaques par des colons israéliens et par les Forces de défense israéliennes y compris à Haram el-Charif.  « La machine de guerre israélienne est impossible à arrêter. »  Toutefois, ceux qui pensent détruire le désir de liberté et de créer un État chez les Palestiniens se trompent, a-t-il affirmé en expliquant que ce désir ne peut être assassiné quelles que soient les atrocités du bombardement, les horreurs de la destruction et les déplacements forcés. L’histoire se souviendra du nettoyage ethnique, de l’occupation sioniste, du génocide et des crimes de guerre qu’Israël continue de commettre dans la bande de Gaza où la situation est proche de l’effondrement, a prévenu le délégué avant d’appeler à mettre fin à cette tragédie humanitaire. 

Il a ensuite dénoncé les campagnes de désinformation menées contre l’UNRWA et les organisations humanitaires alors que la situation continue de se détériorer sur le terrain.  Saluant la résilience du peuple palestinien, le représentant a rejeté le complot visant à déplacer de force des Palestiniens de Rafah.  Il a aussi averti des répercussions potentielles graves de mesures limitant l’accès des Palestiniens à la mosquée d’Al-Aqsa pendant le mois du ramadan.  Il faut respecter le statut juridique et spirituel de la mosquée et le rôle du Royaume de Jordanie sur ces lieux de culte, a-t-il dit.  Pour lui, la solution à la question palestinienne n’est autre que la création d’un État palestinien et le respect des droits des Palestiniens.

La représentante du Guyana s’est déclarée « profondément troublée » par le fait que le Conseil n’ait pas été en mesure de s’unir pour apporter un soulagement au peuple palestinien confronté à « une guerre implacable par son ampleur ».  Dénonçant le mépris flagrant du droit international par la Puissance occupante, elle s’est aussi indignée des mots utilisés au sein du Conseil pour refuser aux Palestiniens « ce dont ils ont si désespérément besoin: un cessez-le-feu ».  Alors que les habitants de la bande de Gaza font désormais face à « un choix impossible », être transférés de force ou devenir la cible d’instruments de guerre, le Conseil doit défendre Gaza maintenant, a-t-elle martelé. Rappelant les souffrances de la population civile, notamment des femmes et des enfants, les pénuries de fournitures médicales et la lenteur des approvisionnements humanitaires, elle a demandé aux membres du Conseil ce qu’il doit se passer d’autre pour qu’ils agissent en faveur des Gazaouites.  « Combien d’autres doivent mourir?  Combien d’autres doivent être mutilés? » 

Après avoir rendu hommage aux nombreux membres du personnel humanitaire et des Nations Unies qui ont perdu la vie durant cette guerre et à ceux qui continuent de travailler dans des conditions extrêmement difficiles, la représentante a dénoncé les réductions du financement de l’UNRWA et leur impact négatif sur le travail crucial de cette agence à Gaza et en Cisjordanie.  Notant que ces réductions s’appuient uniquement sur des allégations qui ont rapidement fait l’objet d’une enquête, elle a appelé au rétablissement du financement de l’UNRWA, avant d’inviter les autres donateurs à augmenter leur contribution.  Pour finir, elle a exhorté toutes les parties à faire preuve de retenue et à s’abstenir de toute action susceptible d’aggraver la situation régionale.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Représentante spéciale demande l’appui du Conseil de sécurité pour endiguer le flux d’armes légères et d’engins explosifs en République centrafricaine

9554e séance
CS/15598

La Représentante spéciale demande l’appui du Conseil de sécurité pour endiguer le flux d’armes légères et d’engins explosifs en République centrafricaine

Les engins explosifs et les armes légères constituent non seulement une menace pour la population et les forces de maintien de la paix présentes en République centrafricaine, mais également le principal obstacle à la fourniture de l’aide humanitaire dans sa région occidentale, a indiqué, ce matin, la Représentante spéciale du Secrétaire général, en demandant une réponse « urgente, ciblée et véritablement multidimensionnelle » du Conseil de sécurité à cette menace. 

Le 15 janvier dernier, une patrouille de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) a heurté un engin explosif à Nzakoundou, tuant un Casque bleu et en blessant cinq autres.  En réponse à cette mort tragique, qui fait suite à une série d’incidents similaires survenus ces derniers mois, le Conseil doit assurer une meilleure formation des troupes prédéploiement, leur fournir un équipement adéquat et renforcer les capacités des forces de défense et de sécurité nationales de la République centrafricaine, a fait valoir Mme Valentine Rugwabiza, qui est aussi la Cheffe de la MINUSCA.  Pour endiguer le flux d’armes vers le pays, elle a également préconisé une meilleure collecte de renseignements et le renforcement de la coopération transfrontalière avec les pays de la région. 

Consolider la paix et la sécurité en République centrafricaine consiste aussi à s’attaquer aux groupes terroristes qui opèrent dans le pays, a observé la délégation centrafricaine.  Affaiblis, ces groupes continuent néanmoins de mener des actions terroristes et de s’en prendre à la population civile, aux travailleurs humanitaires, à la MINUSCA et aux forces de sécurité centrafricaines.  Les « multiples violations de l’espace aérien national par des drones non identifiés larguant des explosifs » ont forcé Bangui à suspendre de tels vols.  Toutefois, a ajouté la République centrafricaine, une dérogation a été accordée le 21 février aux forces de défense et de sécurité et à la MINUSCA. 

Dans la même veine, la France a appelé à poursuivre les efforts de désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement des groupes armés, de concert avec la MINUSCA, ainsi que la réforme du secteur de la sécurité.  Face à l’usage croissant d’engins explosifs dans plusieurs régions du pays et aux mouvements transfrontaliers des groupes armés, la délégation française a encouragé les autorités centrafricaines à coopérer étroitement avec les pays voisins et les organisations régionales.

« La sécurité en République centrafricaine ne sera pas possible avec les mauvais partenaires », a prévenu le Royaume-Uni, en dénonçant les violations des droits humains commises par le groupe Wagner, lesquelles prolongent l’insécurité et entravent le travail de la MINUSCA, dont la liberté de circulation de ses drones.  « C’est un pays souverain, libre de décider avec qui il entend coopérer », a rétorqué la Fédération de Russie. 

Pour les États-Unis, les obstructions au travail de la Mission et les restrictions imposées au survol de drones nuisent à la protection des civils et à la sécurité des Casques bleus.  En réponse, la délégation centrafricaine a dénoncé la notification de ce pays concernant l’acheminement de matériel militaire en République centrafricaine à des fins militaires, sans consultation préalable avec Bangui.  En conséquence, elle a demandé au Comité de sanctions 2127 de lui fournir des explications ainsi que les règles de procédure applicables en la matière.

Sur le plan politique, la Représentante spéciale a évoqué la tenue, le 6 février dernier, d’une session extraordinaire du Comité exécutif de suivi de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation pour marquer le cinquième anniversaire de la signature de ce document et faire le point sur les progrès réalisés dans la mise en œuvre de la feuille de route commune.  Les participants ont notamment appelé à un soutien accru de la communauté internationale pour réaliser les engagements en suspens et soutenir la décentralisation du processus de paix.  La Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) a salué à cette occasion l’autodissolution de neuf groupes armés ainsi que le maintien des anciens dirigeants de tels groupes dans le Gouvernement, tout en appelant les autres signataires originaux de l’Accord à se rallier au processus de paix.

Comme l’ensemble des membres du Conseil, l’Algérie, le Guyana, le Mozambique et la Sierra Léone ont salué les progrès réalisés dans la mise en œuvre de l’Accord politique et de la feuille de route commune pour la paix.  L’achèvement du plan d’action décennal visant à rendre opérationnelle la politique nationale de gestion des frontières, adopté en septembre 2023 avec l’appui de la MINUSCA et des partenaires internationaux, a également été salué.  Les élections locales prévues cette année seront vitales pour renforcer la gouvernance démocratique et la décentralisation nécessaires à une paix durable, a noté la République de Corée. 

Pays enclavé dont seulement 3% du réseau routier est asphalté, l’état des routes de la République centrafricaine constitue un défi majeur pour la mobilité des troupes de la MINUSCA et des forces nationales, a expliqué la Représentante spéciale, entravant par ailleurs l’extension de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire.  L’appui logistique, sécuritaire et de renforcement des capacités fourni aux autorités centrafricaines par la MINUSCA a permis le déploiement de 5 007 fonctionnaires sur le territoire national, contre seulement 650 en 2013.

À l’approche des délibérations budgétaires sur la MINUSCA, Mme Rugwabiza a demandé au Conseil et aux États Membres de mettre à la disposition de la Mission les moyens de transport et de logistique dont elle a besoin pour s’acquitter de son mandat.  La résolution 2709 (2023) fait d’ailleurs de la restauration et de l’extension de l’autorité de l’État une priorité, a-t-elle rappelé. 

LA SITUATION EN RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE (S/2024/170)

Déclarations

Mme VALENTINE RUGWABIZA, Représentante spéciale du Secrétaire général et Cheffe de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), a évoqué la tenue, le 6 février dernier, d’une session extraordinaire du Comité exécutif de suivi de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation pour marquer le cinquième anniversaire de la signature de ce document et faire le point sur les progrès réalisés dans la mise en œuvre de la feuille de route conjointe.  Les participants ont notamment appelé à un soutien accru de la communauté internationale pour réaliser les engagements en suspens et soutenir la décentralisation du processus de paix.  La Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) a salué à cette occasion l’autodissolution de neuf groupes armés ainsi que le maintien des anciens dirigeants de tels groupes dans le Gouvernement, et appelé les autres signataires originaux de l’Accord à rejoindre le processus de paix et politique.

Le 15 janvier dernier, a poursuivi la Représentante spéciale, une patrouille de la MINUSCA a heurté un engin explosif à Nzakoundou, un village de l’ouest du pays qui a récemment été l’épicentre d’une attaque menée par des éléments présumés du groupe armé 3R, tuant un Casque bleu et en blessant cinq autres.  Cette mort tragique, qui fait suite à une série d’incidents similaires survenus ces derniers mois, appelle selon elle une réponse rapide à la menace que posent les engins explosifs.  Pour endiguer le flux d’armes vers le territoire centrafricain, Mme Rugwabiza a préconisé une meilleure collecte de renseignements et une coopération transfrontalière renforcée entre les pays de la région.  Les engins explosifs et les armes légères constituent non seulement une menace pour la population et les forces de maintien de la paix, mais également l’entrave la plus grave à la fourniture de l’aide humanitaire dans la région occidentale, où vit 50% de la population du pays.  En conséquence, la haute fonctionnaire a demandé le soutien du Conseil pour une réponse urgente, ciblée et véritablement multidimensionnelle à cette menace, réponse qui devrait inclure une meilleure formation des troupes prédéploiement, un équipement adéquat ainsi qu’un renforcement des capacités des forces de défense et de sécurité nationales. 

Pays enclavé dont seulement 3% du réseau routier est asphalté, la République centrafricaine pose un défi majeur à la mobilité des troupes de la MINUSCA et des forces nationales, a indiqué la Représentante spéciale, entravant l’extension de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire.  L’absence d’avions-cargos limite encore la capacité de la Mission à transporter des matériaux critiques nécessaires pour entreprendre ses projets sur le terrain dans le but d’améliorer la mobilité du personnel civil. À l’approche des délibérations budgétaires sur la MINUSCA, Mme Rugwabiza a demandé au Conseil et aux États Membres de mettre à la disposition de la Mission des moyens de transport et de logistique dont elle a besoin pour s’acquitter de son mandat. La résolution 2709 (2023) fait de la restauration et de l’extension de l’autorité de l’État une priorité, a-t-elle rappelé. 

À la mi-janvier 2024, 86% des employés des autorités administratives locales étaient présents à leurs lieux d’affectation dans les préfectures et sous-préfectures du pays, a relevé la Représentante spéciale.  L’appui logistique, sécuritaire et de renforcement des capacités fourni aux autorités centrafricaines par la MINUSCA a permis le déploiement de 5 007 fonctionnaires sur le terrain, contre seulement 650 en 2013.  La Mission entend donc continuer de renforcer sa coopération et ses patrouilles conjointes avec les Forces armées centrafricaines (FACA) et les forces intérieures, en particulier dans les zones frontalières et les points chauds du conflit. Bien que la réforme du secteur de la sécurité et des FACA demeure urgente, des ressources supplémentaires n’ont toujours pas été affectées à sa mise en œuvre, a encore noté la haute fonctionnaire. 

Le représentant de la France s’est félicité des actions menées par les autorités centrafricaines pour faire advenir la paix et faire taire les armes, qualifiant à cet égard de « pas dans la bonne direction » la deuxième réunion de l’examen stratégique sur la mise en œuvre de l’Accord politique et de la feuille de route de Luanda, qui s’est tenue à Bangui en octobre dernier. Il s’est aussi réjoui du renouvellement du mandat de la MINUSCA et des efforts de cette dernière pour renforcer l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire.  Appelant à poursuivre les actions de désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement, ainsi que la réforme du secteur de la sécurité, il a salué les résultats obtenus par les autorités centrafricaines, en lien avec la MINUSCA, dans la lutte contre les groupes armés.  Face à l’insécurité qui persiste en raison des mouvements transfrontaliers de groupes armés, il a invité le Gouvernement centrafricain à coopérer étroitement avec les pays voisins et les organisations régionales. 

Alors que des attaques continuent d’être menées par les groupes armés contre les populations civiles, les forces centrafricaines et la MINUSCA, le représentant s’est dit préoccupé par l’usage croissant d’engins explosifs dans plusieurs régions du pays.  Condamnant les violations du droit humanitaire et des droits humains, en particulier celles commises par les groupes armés et les mercenaires russes, il a encouragé les autorités centrafricaines à poursuivre leur engagement en matière de lutte contre l’impunité et de renforcement du système judiciaire.  Il a par ailleurs jugé essentiel d’assurer un accès complet, sûr et sans entrave de l’aide humanitaire, notamment pour faire face à l’afflux de réfugiés et de demandeurs d’asile en lien avec la crise au Soudan.  Enfin, se disant favorable à un dialogue politique entre le Gouvernement et l’opposition, dans le cadre d’un débat démocratique ouvert et apaisé, il a exhorté les autorités à préparer la tenue d’élections locales libres, transparentes et inclusives, afin que toutes les voix, dont celles des jeunes et des femmes, puissent s’exprimer.

Le représentant des États-Unis a loué le travail essentiel accompli par la MINUSCA s’agissant de la protection des civils.  Il a rappelé la nécessité de consolider l’autorité étatique en République centrafricaine, élément essentiel d’une paix durable.  Il s’est dit préoccupé par l’incendie d’un village par le groupe Wagner.  Cela est inacceptable, a tranché le délégué, en dénonçant également les violations des droits humains commises dans le pays.  « Les responsables doivent rendre des comptes. »  Il a appelé la Mission à appuyer les élections « historiques » qui doivent se tenir en octobre.  Ces élections doivent être inclusives et transparentes, a-t-il insisté.  Le délégué a dénoncé les obstructions au travail de la Mission, ainsi que les restrictions imposées au survol de drones.  Ces restrictions nuisent à la protection des civils et à la sécurité des Casques bleus, s’est-il inquiété.  Enfin, le représentant des États-Unis a dénoncé ceux qui propagent des fausses informations sur la Mission, avant de rappeler le soutien sans faille de son pays à la République centrafricaine.

Le représentant de la Sierra Leone, qui s’exprimait au nom des membres africains du Conseil de sécurité plus un (A3+1) (Algérie, Guyana, Mozambique et Sierra Léone), a salué le rôle « crucial et louable » de la MINUSCA et de l’équipe de pays des Nations Unies qui s’acquittent de leur mandat souvent dans des conditions souvent très difficiles.  Sur le plan politique, les A3+1 ont fait part de leur préoccupation face aux désaccords de la part de l’opposition politique et des chefs de certains groupes armés concernant l’ouverture du dialogue politique par le Président Faustin Archange Touadera.  Consternés par la situation sécuritaire actuelle en République centrafricaine qui reste volatile, ils ont condamné les attaques répétées de groupes armés visant des civils, le personnel humanitaire et le personnel de la MINUSCA.  Ils ont encouragé les autorités centrafricaines à poursuivre leur coopération avec la Mission en vue de continuer à promouvoir le processus de médiation et de réconciliation au niveau local, de décentraliser le processus de paix, de résoudre les conflits et de consolider les progrès accomplis. 

Les A3+1 appellent également la MINUSCA à maintenir son niveau actuel de mobilisation et à consolider les gains sécuritaires durement acquis en coopération avec les forces armées centrafricaines, tout en soulignant que cet effort doit bénéficier du soutien de la communauté internationale.  S’agissant du processus de paix, le représentant a salué les progrès dans la mise en œuvre de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation et de la feuille de route commune pour la paix en République centrafricaine, et félicité le Gouvernement centrafricain pour la finalisation du plan d’action décennal visant à rendre opérationnelle la politique nationale de gestion des frontières, adopté en septembre 2023, avec l’appui de la MINUSCA et des partenaires internationaux.  Passant au processus électoral, il s’est réjoui de l’approbation du nouveau code électoral par l’Assemblée nationale, y voyant un jalon important du processus préparatoire du prochain rendez-vous électoral en 2025.  Les partenaires internationaux de développement et le Groupe d’amis de la République centrafricaine doivent fournir le soutien financier et logistique nécessaire au pays pour organiser les élections de manière transparente, équitable et crédible, a demandé le délégué, qui a également insisté sur la promotion de la participation des femmes à ces élections.  Prenant note avec inquiétude de la hausse des violations des droits humains, il a pointé la persistance des violences sexuelles liées au conflit et des violations graves à l’encontre des enfants comme les enlèvements, le recrutement et l’utilisation d’enfants.  Il s’agit de violations graves commises par les groupes armés, s’est-il indigné en exhortant le Gouvernement centrafricain à mettre en place des mécanismes de responsabilité et des mesures pour y répondre. 

Le représentant de la République de Corée a souligné la nécessité d’étendre l’autorité de l’État dans les zones frontalières et de faire progresser le processus de paix.  Il a exhorté le Gouvernement centrafricain à poursuivre le dialogue avec les groupes armés qui doivent déposer les armes et participer au processus de paix.  La tenue d’élections locales d’ici à octobre 2024 est vitale pour la gouvernance démocratique et la réalisation de la décentralisation nécessaire à une paix durable, a-t-il aussi rappelé, encourageant le Gouvernement et l’opposition à poursuivre le dialogue et à identifier des mesures de confiance pour un processus électoral inclusif et crédible. Préoccupé par la situation sécuritaire aux frontières avec le Soudan et le Tchad, le délégué a apporté son appui aux efforts de la MINUSCA pour le déploiement des forces de défense et de sécurité nationales. 

Faisant valoir que l’importance des mécanismes d’alerte précoce pour prévenir les violences liées à la transhumance, il a invité le Gouvernement à lever les restrictions sur les drones de la MINUSCA.  Il a également parlé de l’accord sur le statut des forces, qui doit être respecté.  S’agissant des violations des droits humains, des violences sexuelles, des violations contre les enfants et du droit international humanitaire perpétrées par toutes les parties, il a appelé à les faire cesser immédiatement.  Enfin, le délégué a annoncé que son pays avait donné 4 millions de dollars au programme de stabilisation du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) pour renforcer la stabilisation et la cohésion sociale dans le pays.

La représentante du Japon a condamné les « attaques odieuses » ciblant le personnel de la MINUSCA, avant d’appeler à la pleine mise en œuvre de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation de 2019, essentielle selon elle pour parvenir à une paix et un développement durables en République centrafricaine.  À ce propos, la représentante a jugé encourageant de constater que le Gouvernement centrafricain s’emploie à faire progresser le processus de désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement des groupes armés.  Elle a appuyé les efforts déployés par le Représentant spécial pour décentraliser ce processus, y voyant un moyen de favoriser la participation des acteurs locaux.  S’agissant des élections locales prévues au second semestre de cette année, elle a jugé que la présence de dirigeants locaux élus est la clef de la réforme de la gouvernance locale et de la réintégration effective des anciens combattants.  À cet égard, elle a souhaité que ces élections incitent les groupes armés antigouvernementaux à déposer les armes et, à terme, à trouver leur voie en politique. 

La représentante s’est néanmoins alarmée de la persistance des violations des droits humains des atteintes commises par des groupes armés, des agents de l’État et d’autres membres du personnel de sécurité, une situation encore aggravée par l’afflux continu de personnes déplacées en provenance du Tchad et du Soudan.  L’autorité de l’État doit être étendue de manière durable pour promouvoir l’état de droit et fournir des services sociaux de base, avec le soutien de la communauté internationale, a-t-elle plaidé, précisant que son pays, en partenariat avec ONU-Femmes, contribue à cet effort, notamment en participant à un mécanisme de protection contre la violence faite aux femmes et aux filles dans les zones frontalières. 

La représentante du Royaume-Uni a salué les réalisations découlant d’une coopération plus étroite entre la MINUSCA et la République centrafricaine, dans la foulée des efforts du Conseil de sécurité visant à établir une nouvelle hiérarchie des tâches de la Mission.  Les autorités centrafricaines doivent selon elle honorer leurs engagements de mettre en œuvre les mécanismes de respect des droits humains et l’Accord politique pour la paix et la réconciliation, tout en préparant les élections locales.  Le Gouvernement centrafricain doit donc veiller à ce que toutes les parties participent au processus de paix et aux élections locales et, à cette fin, respecter les dispositions relatives à la décentralisation contenues dans l’Accord politique.  À cet égard, le rôle de bons offices de la MINUSCA reste crucial pour mettre en place d’un dialogue inclusif local et national, seule solution pour s’attaquer aux causes profondes du conflit. 

« La sécurité en République centrafricaine ne sera pas possible avec les mauvais partenaires », a ajouté la représentante, en dénonçant les violations des droits humains commises par le groupe Wagner, lesquelles prolongent l’insécurité et mettent en péril les réalisations de la MINUSCA. L’efficacité de celle-ci est tributaire d’une solide coopération avec les autorités centrafricaines, dont la liberté de circulation de ses drones, a-t-elle estimé.

Le représentant de la Chine a estimé que la situation s’améliore progressivement en République centrafricaine.  Nous devons continuer à y soutenir le processus de paix, a dit le délégué, en soulignant l’importance d’un appui à la tenue des prochaines élections. Il a dit que l’évaluation de la situation des droits humains ne doit pas faire entrave aux efforts du Gouvernement. Il a rappelé l’importance de l’aide des pays de la région pour faire face à l’afflux de réfugiés.  Le délégué a appelé à la levée de l’embargo sur les armes et à un soutien accru à la reconstruction du pays, notamment de son secteur agricole.  Enfin, il a insisté sur l’importance d’une simplification et d’un redimensionnement du mandat de la MINUSCA.

Le représentant de l’Équateur a encouragé la poursuite des efforts visant à mettre en œuvre la feuille de route conjointe en République centrafricaine de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, avec la participation des pays garants, l’Angola et le Rwanda.  Pour que ces efforts politiques aboutissent à des résultats positifs, il est nécessaire de renforcer et d’étendre la présence de l’État dans la région, a-t-il estimé en recommandant de prendre en compte les aspects relatifs au développement, à la politique, aux droits humains et à l’assistance humanitaire.  Saluant la finalisation du plan d’action pour la mise en œuvre de la politique de gestion des frontières, il a espéré pouvoir compter sur la coopération des pays voisins, en particulier le Tchad. 

Après avoir déclaré que paix et développement vont de pair, le représentant a appelé les institutions financières internationales à continuer d’apporter l’aide nécessaire pour permettre à la République centrafricaine de se remettre des chocs externes et pour œuvrer au développement du pays notamment par des investissements dans les infrastructures.  Soulignant l’importance du travail conjoint de la MINUSCA, du Bureau régional des Nations Unies, du PNUD et d’autres agences des Nations Unies, il a souligné que cela renforce les efforts d’alerte rapide face à d’éventuelles flambées de violence et de cas de violation des droits humains, tout en facilitant aussi l’assistance humanitaire.  Dès lors, le délégué a appelé à le poursuivre afin de mieux répondre aux besoins de la population centrafricaine et des personnes déplacées qui arrivent dans le pays pour fuir le conflit au Soudan.  Il a également invité la MINUSCA à continuer à mettre en œuvre les mesures nécessaires pour prévenir, combattre et éliminer les fautes commises par son personnel ou ses affiliés, en particulier l’exploitation et les abus sexuels.

La représentante de Malte a rappelé que la paix et la stabilité durables demeurent l’objectif commun en République centrafricaine.  Cet objectif doit être accompagné d’un espace politique inclusif et sûr.  Elle a condamné les violences des groupes armés et les enlèvements visant à reprendre le contrôle de sites miniers.  Préoccupée par l’augmentation de 30% des violations des droits humains, la déléguée a salué les efforts déployés par la MINUSCA pour instaurer le dialogue avec les milices afin d’empêcher le recrutement et l’utilisation d’enfants. Elle a soutenu les initiatives visant à prévenir les violences sexuelles et sexistes, les mariages forcés et l’esclavage sexuel.  Elle a également félicité le Gouvernement centrafricain pour son plan d’action visant à mettre en pratique sa politique de gestion des frontières.

La représentante a attiré l’attention sur l’afflux de réfugiés venant du Soudan qui exacerbe les charges pesant sur les communautés locales et s’ajoute aux risques sécuritaires auxquels sont confrontés les travailleurs humanitaires.  Elle a dit être préoccupée par les tensions qui affectent la région des trois frontières. Alors que près de la moitié de la population a besoin d’une aide humanitaire, il est nécessaire de disposer de ressources suffisantes pour y répondre, a-t-elle souligné avant d’attirer également l’attention sur l’importance de la liberté de mouvement et d’action de la MINUSCA. Les restrictions à l’utilisation des drones sont inacceptables et constituent une menace pour la sûreté et la sécurité des Casques bleus, a-t-elle aussi estimé en faisant valoir que les drones sont importants pour patrouiller dans les zones avant les déplacements de la MINUSCA.  Enfin, la déléguée a demandé au Secrétariat de communiquer en temps opportun le rapport sur les droits de l’homme, dans le courant de l’année.

La représentante de la Slovénie a appelé les groupes armés à revenir à l’Accord politique pour la paix et la réconciliation et à la feuille de route de Luanda, tout en encourageant le Gouvernement centrafricain à poursuivre ses efforts de sensibilisation auprès de ces groupes en vue de leur désarmement, démobilisation, rapatriement et réintégration.  Pour réussir, le processus de paix doit s’accompagner d’un dialogue avec tous les acteurs politiques et tous les segments de la société, a estimé la représentante, selon laquelle la lutte contre l’impunité et le respect des droits humains conditionnent l’instauration de la confiance et d’une paix durable en République centrafricaine. 

Saluant l’engagement du Gouvernement centrafricain à organiser des élections locales cette année, elle y a vu un moyen de réduire les tensions intercommunautaires et de renforcer la stabilité.  À cet égard, elle a exhorté les autorités à garantir la crédibilité du processus électoral, notamment en empêchant la propagation de fausses informations et en assurant la participation pleine, égale, significative et sûre des femmes.  Avant de conclure, la représentante a invité le Gouvernement centrafricain à honorer les engagements énoncés dans l’accord sur le statut des forces et à lever immédiatement toutes les restrictions limitant l’utilisation rapide et efficace de drones par la MINUSCA, ces appareils contribuant à la sûreté et à la sécurité des Casques bleus sur le terrain. 

Le représentant de la Suisse a appelé à intensifier les efforts visant à mettre en œuvre l’Accord politique pour la paix et la réconciliation conclu il y a cinq ans.  Il a appelé le Gouvernement centrafricain et les groupes armés encore actifs à s’engager résolument dans l’examen stratégique de l’Accord et à poursuivre un dialogue constructif, y compris dans les provinces.  Le désarmement, la démobilisation et la réintégration durables des anciens combattants sont à ses yeux essentiels pour encourager d’autres acteurs armés à rejoindre ce processus.  De même, la tenue d’élections locales inclusives et transparentes sera une étape cruciale vers la décentralisation du processus de paix et son ancrage de la démocratie. 

Pour ce faire, les avancées sur les plans sécuritaire et humanitaire doivent être consolidées, a ajouté le représentant.  Il a salué les efforts déployés par le Gouvernement et la MINUSCA pour étendre l’autorité de l’État à l’ensemble du pays, notant que pour la première fois depuis des années, cette autorité est tangible dans certaines provinces. Enfin, soucieux du respect des droits humains et de l’accès à la justice, qui sont des piliers de la réconciliation nationale indispensables à une paix durable, le représentant a exhorté les autorités et les médias centrafricains à veiller à la diffusion d’informations de qualité et à lutter contre la désinformation. 

La représentante de la Fédération de Russie a déclaré que la situation s’améliore en République centrafricaine.  Elle s’est dite préoccupée par la possession de drones par des groupes armés opposés aux autorités légitimes du pays.  Des spécialistes russes ont ainsi été tués et blessés.  Elle a souligné les progrès enregistrés face aux groupes armés, en rappelant que les menaces proviennent des zones frontalières du pays.  Tout en appelant à la non-politisation de l’aide, elle a rappelé la nécessité du bon financement du plan d’aide humanitaire pour le pays en 2024.  La déléguée s’est félicitée de la réintégration de milliers de combattants dans la vie civile, avant d’insister sur l’importance des prochaines élections. Elle a demandé que Bangui soit consultée s’agissant de tout redimensionnement du mandat de la MINUSCA. Les priorités du pays doivent être respectées, a-t-elle dit.  Les progrès en République centrafricaine sont bien réels, a dit la déléguée, en soulignant l’appui apporté par la Fédération de Russie dans le respect du droit.  Elle a dénoncé les déclarations empreintes de pessimisme de certaines délégations, notamment les États-Unis.  C’est ce qui arrive pour les pays où Washington n’arrive pas à imposer sa volonté, a-t-elle ironisé, en pointant le soutien honteux apporté hier par les États-Unis à son « allié ».  « La République centrafricaine est un pays souverain, libre de décider avec qui il entend coopérer. »

Le représentant de la République centrafricaine a annoncé l’adoption récente du plan de réponse humanitaire 2024 par les autorités centrafricaines qui, conscientes du fait que la restauration de l’autorité de l’État seule ne suffira pas à consolider la paix et la sécurité, mettent également l’accent sur le relèvement socioéconomique comme vecteur de stabilité.  Le nouveau plan national de développement est en cours d’élaboration et mise notamment sur la dématérialisation de l’administration, le renforcement du système éducatif, la numérisation des secteurs économiques et financiers, et l’adoption d’une loi anti-corruption en vue d’une mobilisation accrue des ressources nationales, a expliqué le représentant. 

Le délégué a toutefois regretté que la République centrafricaine soit toujours confrontée à « d’énormes contraintes supplémentaires », en parlant de l’embargo sur les armes et de l’instrumentalisation sans fin des institutions financières internationales qui la prive des ressources nécessaires dans sa quête d’atteinte des objectifs de développement durable (ODD).  Consolider la paix et la sécurité en République centrafricaine, passe également par la mise en œuvre du processus conjoint de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation et de la feuille de route de Luanda, a-t-il poursuivi, avant d’insister aussi sur le fait qu’il faut tenir l’engagement de l’organisation d’élections locales pour restaurer l’autorité publique et pour servir d’appui à la décentralisation du processus politique et de paix. 

Le Gouvernement s’est engagé à allouer 4,5 millions de dollar à l’organisation de ces élections, a-t-il précisé, en dépit de ses contraintes budgétaires.  Il a remercié la MINUSCA pour son travail de sensibilisation, aux côtés des autorités centrafricaines, en vue d’encourager et de promouvoir l’implication des femmes dans ce processus.  Ce travail est crucial, puisqu’il permettra la mise en œuvre du nouveau code électoral qui prévoit un scrutin de liste « zébré », c’est-à-dire un homme, une femme ou l’inverse s’inscrivant dans la droite ligne de la politique nationale sur la parité, a-t-il fait valoir, avant d’encourager les différents partenaires de son pays à soutenir le processus électoral qui est gage de stabilité pérenne. 

Consolider la paix et la sécurité en République centrafricaine, c’est aussi promouvoir la justice et l’État de droit, a-t-il poursuivi avant de dénoncer le « deux poids deux mesures » de la part de certains membres du Conseil.  « Là où des violations flagrantes et graves des droits humains et du droit international humanitaire se produisent, certains font vœu de silence, mais quand il s’agit de la République centrafricaine, subitement ils retrouvent de la voix », s’est-il emporté, en parlant « d’indignations à géométrie variable » qui ne sont pas de nature à favoriser une compréhension mutuelle autour de ces questions essentielles.  Il a tenu à informer le Conseil que depuis l’adoption de sa politique nationale des droits de l’homme, son pays a commencé sa mise en œuvre à travers un plan d’action quinquennal axé sur les domaines des droits civils et politiques, des droits sociaux, économiques et culturels, de la paix et de la sécurité, du développement et d’un environnement sain. 

Consolider la paix et la sécurité en République centrafricaine, c’est aussi relever les défis sécuritaires imposés par les groupes terroristes de la République centrafricaine, a concédé le délégué, expliquant que malgré leur affaiblissement, ces groupes continuent à mener des actions terroristes, de s’en prendre à la population civile, aux acteurs humanitaires, à la MINUSCA et aux différentes positions des forces de défense et de sécurité centrafricaines avec des moyens qui suscitent de plus en plus d’interrogation.  Il a notamment fait état de l’utilisation croissante des mines antipersonnel et de drones, ajoutant qu’à la suite de multiples violations de l’espace aérien centrafricain par des drones non identifiés qui larguent des explosifs, le Gouvernement a pris des mesures, le 3 février 2024, pour suspendre ces vols.  Le 21 février 2023, une dérogation à cette mesure a été accordée aux forces de défense et de sécurité et à la MINUSCA.  Le représentant a rebondi sur ce point pour dénoncer la notification faite par un membre permanent du Conseil de sécurité, les États-Unis, pour l’acheminement de matériel militaire en République centrafricaine pour des opérations militaires sans consultation préalable avec les autorités centrafricaines.  Il s’est interrogé sur le sens que le Conseil de sécurité, et plus particulièrement ce membre, donne au respect de la souveraineté des États, avant de dénoncer ces pratiques « d’un autre temps » et, de demander au Comité de sanctions 2127 de fournir des explications qui justifieraient cette notification sans concertation avec la partie centrafricaine. Le représentant a également demandé quelles sont les règles de procédures du Comité en matière de vérification des notifications qui lui sont soumises, en martelant qu’il en va de sa crédibilité.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.