9553e séance – après-midi
CS/15596

Le Conseil de sécurité se penche sur les crises sécuritaire et humanitaire dans l’est de la RDC, où les combats s’intensifient entre FARDC et groupes armés

Le Conseil de sécurité s’est réuni cet après-midi, à la demande de la France, pour examiner la détérioration de la situation sécuritaire dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).  Plus précisément dans la province du Nord-Kivu, frontalière du Rwanda, où les combats s’intensifient entre le Mouvement du 23 mars (M23) d’un côté, et les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ainsi que ses milices alliées de l’autre, a indiqué la Représentante spéciale du Secrétaire général en RDC, Mme Bintou Keita.

La haute fonctionnaire a fait état de nombreux pics de violence dans le Nord-Kivu et des défis auxquels la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO), qu’elle dirige, est actuellement confrontée. La situation semble tout particulièrement inquiétante autour de Sake et Goma, où les combats se sont intensifiés depuis l’expiration du cessez-le-feu le 28 décembre dernier.  Les progrès du M23 ont entraîné un redéploiement des FARDC et de nouveaux déplacements de populations massifs, y compris vers la province voisine du Sud-Kivu.  Mme Keita a décrit une situation humanitaire « désastreuse » à Goma, où vivent 2 millions de personnes, et où des sites de déplacés ont été pris pour cible.  Plus de 400 000 personnes ont désormais trouvé refuge dans la ville, dont 65 000 au cours des deux dernières semaines, provoquant « une hausse spectaculaire des cas de choléra » en raison du manque d’eau potable, d’hygiène et d’assainissement adéquat. 

Conséquence du redéploiement des forces belligérantes, un « vide sécuritaire » dans certains territoires du Nord-Kivu a attiré de nouveaux combattants du Sud-Kivu.  Ceux-ci s’adonnent à des violations graves des droits humains: la Cheffe de la MONUSCO a parlé « d’exécutions sommaires, de blessures, d’enlèvements, d’appropriations et de destructions de biens, de déplacements forcés » ainsi que de violences sexuelles.  Elle a pointé du doigt de nombreux groupes et milices, dont les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et le M23, qui, toujours d’après Mme Keita, procèdent au recrutement d’enfants soldats dans les villages placés sous son contrôle.

Dans un tel contexte, le retrait anticipé de la MONUSCO du Sud-Kivu, programmé dans moins de deux mois, a suscité une grande préoccupation parmi les délégations. « Le Conseil doit suivre de près le retrait de la MONUSCO », ont exhorté les États-Unis, rappelant que le plan de désengagement prévoyait que les forces congolaises fassent d’abord leurs preuves en matière de sécurité avant que les Casques bleus s’en aillent. Pour les membres africains du Conseil de sécurité plus un (A3+1), des mesures doivent être prises pour éviter un « vide sécuritaire » qui engendrerait une avancée plus profonde des groupes armés. La Fédération de Russie a aussi estimé qu’un retrait précipité des Casques bleus aurait un effet « très négatif » sur la population civile. 

D’autre part, une campagne de désinformation en ligne dirigée contre la MONUSCO -organisée depuis l’extérieur du pays, selon Mme Keita- entraîne des conséquences très réelles sur le terrain pour les soldats de la Mission, mais aussi pour le personnel des Nations Unies présent en RDC ainsi que les différentes missions diplomatiques.  Elles se font ressentir jusqu’à Kinshasa, où de récentes manifestations violentes ont menacé le personnel de l’ONU et le corps diplomatique.  Mme Keita a dit avoir été contrainte de restreindre les déplacements de personnel et d’instaurer le télétravail plusieurs jours durant.

Plusieurs membres du Conseil, à l’instar du Japon, ont appelé au respect de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de la RDC.  Malte n’a nommé aucun pays, mais noté que les ressources de la RDC demeuraient vulnérables à des attaques de « prédateurs ».  Le rôle présumé du Rwanda dans son soutien à des groupes armés a été évoqué par la France de manière plus directe.  Cette dernière a en effet dénoncé les attaques perpétrées le 7 février par le M23 contre la ville de Sake, « avec le soutien du Rwanda », considérant que ce groupe armé devait être neutralisé. Pour la France, un seuil a été franchi avec le déploiement et l’utilisation sur le sol congolais de systèmes antiaériens ne correspondant pas aux capacités d’un simple groupe armé. La délégation a enfin rappelé sa proposition faite avec le Royaume-Uni et les États-Unis d’inscrire sur la liste des sanctions de l’ONU six individus supplémentaires appartenant au M23 et aux FDLR. « Les forces rwandaises doivent se retirer du territoire congolais », ont estimé pour leur part les États-Unis, jugeant paradoxal que le Rwanda, pays contributeur de troupes au maintien de la paix de l’ONU, puisse prendre des mesures contre une mission 

« L’illusion de grandeur que se fait le Rwanda le pousse à croire qu’il a acquis un droit naturel de se mêler impunément des affaires internes de ses voisins », a martelé la RDC, estimant que le M23 est son « bras armé en RDC » et l’accusant d’être une des causes principales de la crise sécuritaire dans l’est de la RDC ainsi que dans la région des Grands Lacs.  La délégation congolaise a aussi accusé Kigali de bloquer les initiatives de paix issues des processus de Nairobi et de Luanda, ainsi que de vouloir constituer une « colonie d’exploitation et de peuplement » en RDC afin de contrôler les institutions congolaises. De son point de vue, le Conseil devrait exiger du Rwanda qu’il retire sans condition ses troupes de la RDC et cesse tout soutien aux membres du M23, qu’il a qualifiés de « terroristes ». En réponse, le Rwanda a accusé la RDC de vouloir renforcer une coalition militaire comprenant les FARDC, des mercenaires européens, des FDLR, ainsi que l’armée burundaise.  Il a aussi accusé ses voisins congolais et burundais de « vouloir un changement de régime au Rwanda ».

Soucieux d’apaisement, plusieurs membres du Conseil comme le Royaume-Uni, le Japon, l’Équateur et la Slovénie ont souligné l’importance du dialogue diplomatique dans le cadre de la feuille de route de Luanda et du processus de Nairobi.
 

LA SITUATION CONCERNANT LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO

Déclarations

Mme BINTOU KEITA, Représentante spéciale du Secrétaire général en République démocratique du Congo et Cheffe de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO), qui s’est exprimée par visioconférence, a informé le Conseil de la situation profondément inquiétante autour de Sake et Goma, dans la province du Nord-Kivu, où les hostilités entre le M23 et les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) se sont considérablement intensifiées depuis l’expiration du cessez-le-feu le 28 décembre dernier.  Le M23 s’est étendu plus au sud, entraînant de nouveaux déplacements de populations vers Goma et le Sud-Kivu et un repositionnement des FARDC à l’est de Sake. Bien qu’elle ait essuyé des tirs et été prise pour cible, la MONUSCO a maintenu ses positions défensives à l’ouest de Sake, qui reste sous le contrôle des FARDC. 

Ces combats ont encore aggravé une situation humanitaire déjà désastreuse.  Durant des hostilités le 12 février dernier, deux sites de personnes déplacées ont essuyé des tirs indirects.  Trois enfants, une femme et un homme ont été tués, tandis que de nombreuses autres personnes ont été blessées ou de nouveau déplacées. Mme Keita a décrit des conditions de vie dans les sites surpeuplés de Goma et des alentours comme « désespérées ».  Plus de 400 000 personnes ont désormais trouvé refuge dans la ville, dont 65 000 au cours des deux dernières semaines, provoquant une augmentation spectaculaire des cas de choléra, en raison du manque d’eau potable, d’hygiène et d’assainissement adéquat.  L’accès restreint aux territoires contrôlés par le M23 isole Goma des territoires intérieurs et perturbe les chaînes d’approvisionnement, augmentant le risque de troubles.  Dans ce contexte difficile, les incidents violents visant les acteurs humanitaires se sont multipliés au cours du dernier trimestre 2023.  Malgré ces défis, Mme Keita a assuré que les partenaires humanitaires restaient déterminés à rester et à agir.

Par ailleurs, le redéploiement des FARDC a exacerbé le vide sécuritaire dans d’autres territoires du Nord-Kivu, notamment à Beni, Lubero et Walikale, attirant de nouveaux combattants, notamment du Sud-Kivu.  Les groupes armés tels que les Forces démocratiques alliées (ADF), les groupes maï-maï et les factions Nyatura, ainsi que les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) sont les bénéficiaires directs de cette reconcentration des forces, a souligné la Cheffe de la MONUSCO.  Mme Keita a rapporté « des exécutions sommaires, des blessures, des enlèvements, des appropriations et destructions de biens, des déplacements forcés » ainsi que les violences sexuelles liées aux conflits, entre autres.  Les membres des FDLR, a-t-elle observé, demeurent parmi les principaux auteurs de violences sexuelles liées aux conflits, a-t-elle ajouté.  Dans les zones qu’ils contrôlent, les membres du M23 ciblent les acteurs de la société civile, en particulier les défenseurs des droits humains et les journalistes.  Le nombre d’atteintes aux droits humains commises par le M23 continue d’augmenter, avec au moins 150 civils tués depuis la reprise des hostilités en novembre 2023, dont 77 en janvier 2024.  Par ailleurs, le M23 continue de contraindre les déplacés à retourner dans les villages des zones sous son contrôle.  Mme Keita a rapporté des cas de recrutement et l’utilisation d’enfants comme soldats dans les territoires de Masisi et de Rutshuru. 

La MONUSCO continue d’être confrontée à des vagues de désinformation concernant son rôle dans les affrontements en cours.  Des campagnes en ligne menées par des comptes principalement situés en dehors de la RDC ont entraîné des actes hostiles contre les Casques bleus.  Le 10 février, de violentes manifestations contre le personnel et les biens de l’ONU ainsi que la communauté diplomatique ont éclaté à Kinshasa, alimentées par le sentiment d’inaction et d’inefficacité de la communauté internationale face à la situation dans l’est de la RDC.  Au cours d’une journée et rien qu’à Kinshasa, les agences, fonds et programmes des Nations Unies et la MONUSCO ont été la cible de 11 incidents, affectant au total 32 membres du personnel de l’ONU, qui ont dû être extraits ou secourus par des équipes d’intervention rapide. Des véhicules ont été incendiés et caillassés.  Mme Keita a donc décidé de restreindre les déplacements de personnel et d’avoir recours au télétravail, ces mesures ayant été progressivement assouplies à partir de samedi dernier, avec le retour du personnel crucial au bureau, dès hier. 

Mme Keita a craint une régionalisation du conflit si les efforts diplomatiques en cours visant à apaiser les tensions et à trouver des solutions politiques durables au conflit actuel, échouent.  Bien que l’escalade du conflit à Goma et dans ses environs soit une préoccupation majeure, la situation sécuritaire dans d’autres zones du Nord-Kivu, de l’Ituri et du Sud-Kivu suscite également une profonde inquiétude pour la MONUSCO. Dans la région de l’Ituri, elle a observé une escalade significative de la violence dans le territoire de Djugu, où la MONUSCO continue d’assurer la protection physique directe de plus de 100 000 personnes déplacées.  La semaine dernière uniquement, 26 civils ont été tués en raison des tensions entre les milices Zaïre et la Coopérative pour le développement du Congo (CODECO).  Le week-end dernier, le 16 février, 15 civils qui revenaient d’obsèques dans le village de Tali ont été interceptés, brutalement assassinés et enterrés dans une fosse commune par la CODECO. Alertées, les forces de la MONUSCO et les FARDC ont procédé à l’exhumation des corps et les ont transférés à la morgue de Bunia.  Mme Keita a concédé redouter que la situation en Ituri ne dégénère davantage, compromettant ainsi les progrès réalisés par la MONUSCO et les autorités provinciales pour soutenir le processus de paix en cours dans la région.

En Ituri et au Nord-Kivu, les ADF continuent de tuer et d’enlever des civils, en particulier dans la région de Tchabi.  Alors que l’opération conjointe Forces de défense populaires de l’Ouganda (UPDF)-FARDC est suspendue de facto, les ADF ont commencé à attaquer des cibles militaires, après avoir évité tout affrontement direct avec les forces de sécurité pendant près d’un an.  Dans le Sud-Kivu, d’où la MONUSCO se prépare à se retirer dans quelques mois, des affrontements ont éclaté entre la milice Twirwaneho et des groupes maï-maï dans le sud de Minembwe.  Mme Keita a annoncé qu’elle se rendrait la semaine prochaine à Bukavu et à Uvira, en compagnie des responsables de la Mission et de représentants du Gouvernement, pour dialoguer avec les autorités provinciales et les organisations de la société civile, y compris les groupes de femmes, afin d’évaluer la mise en œuvre du désengagement. 

La haute fonctionnaire a conclu en condamnant la prise pour cible des Casques bleus et en appelant le Conseil à veiller à ce que les responsables rendent des comptes.

Le représentant de la France a dénoncé les attaques perpétrées le 7 février par le M23 contre la ville de Saké avec le soutien du Rwanda, considérant que ce groupe armé doit être neutralisé.  Un seuil a été franchi avec le déploiement et l’utilisation en territoire congolais de systèmes antiaériens qui ne correspondent pas aux capacités d’un simple groupe armé, s’est-il alarmé.  Aussi, la France, de concert avec les États-Unis et le Royaume-Uni, a proposé l’inscription sur la liste des sanctions de l’ONU de six individus supplémentaires appartenant au M23 et aux FDLR, a indiqué le délégué. 

Les parties doivent contribuer à la désescalade et tout faire pour maîtriser les tensions, et les Forces armées de la RDC cesser toute collaboration avec les FDLR, a-t-il exhorté.  Il a dit être préoccupé par la détérioration de la situation humanitaire et appelé les parties à protéger les populations civiles, en particulier dans les camps de déplacés.  Le représentant a condamné les discours de haine ciblant certaines des communautés tutsies.  Pour sa délégation, seuls le dialogue et le respect de la feuille de route de Luanda et la relance du processus de Nairobi permettront une solution durable à cette crise. Tout doit être fait pour éviter que la crise actuelle ne se régionalise, a encore encouragé le délégué, avant de se dire préoccupé par les campagnes de désinformation qui attisent les violences.

Le représentant de la République de Corée a d’abord exhorté le M23 et les autres groupes armés à cesser immédiatement leur offensive dans l’est de la RDC.  Jugeant impératif que tous les groupes armés déposent les armes, cessent les hostilités de manière permanente et inconditionnelle et s’engagent sérieusement dans le processus de désarmement, il a exhorté les parties à s’engager de manière constructive dans un dialogue diplomatique. Félicitant l’Angola d’avoir accueilli le mini-sommet en marge du Sommet de l’Union africaine et de ses engagements bilatéraux avec la RDC et le Rwanda, le délégué a appelé les parties à réaffirmer leur attachement au processus de Nairobi et à la feuille de route de Luanda. 

Il a aussi fermement condamné les attaques visant la MONUSCO, ainsi que les récentes manifestations violentes ayant conduit à des menaces contre le personnel de l’ONU et le corps diplomatique à Kinshasa, alimentées par la désinformation du public. Il est selon lui crucial de lutter contre les campagnes de désinformation visant la MONUSCO, non seulement pour la sécurité des soldats de la paix, mais aussi pour préserver l’héritage de 25 ans de présence dans l’est de la RDC.  Concernant le désengagement de la MONUSCO, il a appelé la Mission à renforcer sa communication stratégique avec le Gouvernement de la RDC pour établir les conditions propices à une reconfiguration harmonieuse, responsable et durable de la présence de l’ONU.  Enfin, s’agissant de la détérioration de la situation humanitaire et des risques pesant sur les 2 millions de personnes vivant à Goma, il a souligné la nécessité absolue pour les parties de respecter le droit international humanitaire et les droits humains.

La représentante de Malte s’est dite alarmée de l’escalade militaire récente qui a causé de nouvelles pertes en vies humaines et de nouveaux déplacements de population.  Les ressources de la RDC restent vulnérables à des attaques de prédateurs, a-t-elle observé, malgré les ressources importantes dont dispose le pays.  De plus, elle a noté que la RDC est le pays qui compte le plus de personnes déplacées sur le continent, les femmes et les enfants étant les plus touchés.  Elle a réclamé un accès humanitaire sans entrave et demandé de cesser tout soutien aux groupes armés. 

La déléguée a souhaité que les négociations reprennent au plus vite pour revenir sur la voie qui mènera à la paix et à la stabilité.  Inquiète également des attaques perpétrées contre la MONUSCO, de la désinformation notamment, la déléguée a demandé de faire rendre des comptes à leurs responsables.  Enfin, évoquant le retrait anticipé de la MONUSCO du Sud-Kivu, qui doit intervenir dans moins de deux mois, elle a estimé que c’est « un scénario difficile ». Elle a appelé en conclusion à la désescalade et demandé aux pays de la région d’y contribuer.

Le représentant du Royaume-Uni s’est dit profondément préoccupé par l’aggravation de la violence dans l’est de la RDC et a condamné dans les termes les plus vigoureux l’avancée continue du groupe armé M23, qui fait l’objet de sanctions par l’ONU. Il a appelé les acteurs extérieurs à mettre fin à leur soutien aux groupes armés violents en RDC, notamment le M23, encourageant toutes les parties à user de leur influence sur ces groupes pour atténuer les tensions et parvenir à une cessation des hostilités. 

Soulignant l’importance du dialogue diplomatique, notamment dans le cadre du processus de Luanda et de la feuille de route de Nairobi, il jugé essentiel que les parties s’engagent et prennent des mesures pour atténuer les tensions et respecter la souveraineté de la RDC.  Constatant que les soldats de la paix de l’ONU sont confrontés à un environnement de plus en plus dangereux, il a exhorté les parties à respecter la liberté de mouvement de la Mission et a de nouveau condamné la récente attaque contre un hélicoptère de la MONUSCO début février.  « Toute attaque contre des civils, des soldats de maintien de la paix de la MONUSCO, des bureaux de l’ONU et des diplomates est inacceptable », a-t-il souligné, avant d’appeler à lutter contre la désinformation dont la Mission fait l’objet. 

Au nom de l’Algérie, du Guyana, du Mozambique et de la Sierra Leone (A3+1), le représentant de la Sierra Leone a appelé à la fin des derniers événements tragiques, dans le contexte du retrait progressif de la MONUSCO.  Des mesures doivent être prises pour éviter le vide sécuritaire qui engendrerait l’avancée des groupes armés.  Il a exhorté ces derniers à s’abstenir de toute mesure qui contribuerait à l’aggravation de la situation sur le terrain, y compris la reprise des affrontements ethniques et le risque d’un embrasement régional.  Les groupes armés doivent cesser immédiatement les hostilités et se retirer de toutes les zones occupées.  Le délégué a condamné tout soutien externe à tout groupe armé dans l’est de la RDC.  Les parties doivent respecter les initiatives régionales et reconnaître que les opérations militaires ne sont pas la solution.

Le représentant a appelé à la protection des civils et à l’extirpation des causes sous-jacentes de la situation actuelle pour parvenir à une paix pérenne.  Il a condamné l’attaque contre le personnel de la MONUSCO et ses installations à Kinshasa, en exigeant que les responsables soient traduits en justice.  Préoccupé par le bombardement des zones civiles à Goma, le délégué a dénoncé le déplacement forcé des populations de la ville de Sake vers Goma et a appelé à mettre fin aux meurtres, aux enlèvements et aux violences sexuelles, y compris contre les enfants.  Il a aussi appelé les bailleurs internationaux à répondre aux besoins humanitaires en RDC et pris note du déploiement de la force régionale de la Communauté de développement des États de l’Afrique australe (SADC) qui devrait pouvoir contribuer, de manière positive, à la stabilisation de la situation et à l’arrêt de l’avancée des groupes armés. 

La représentante du Japon a jugé très inquiétantes les informations faisant état du flux continu d’une grande quantité d’armes sophistiquées dans l’espace de combat.  Réaffirmant que tout soutien, quel qu’il soit, aux groupes armés ne fait qu’aggraver l’insécurité et exacerber les tensions régionales, elle a réclamé d’y mettre immédiatement un terme.  Il est de la plus haute importance, selon elle, de préserver la souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriale de la RDC.  De plus, a-t-elle poursuivi, toutes les initiatives régionales doivent être promues conformément aux efforts politiques.  Les opérations de soutien à la paix doivent être bien coordonnées entre elles, ainsi qu’avec la MONUSCO, avec un objectif commun: la stabilité de la région.  Une nouvelle escalade des tensions régionales, voire une confrontation militaire entre États voisins, est inenvisageable selon elle. 

Critiquant les entreprises de désinformation et de mésinformation visant la MONUSCO qui aliènent la population locale et mettent en danger la sécurité des soldats de la paix, comme on l’a vu récemment à Kinshasa sous la forme de violentes manifestations, la représentante a prévenu que ceux qui diffusent délibérément des informations aussi inexactes et aggravent les divisions communautaires devraient être tenus pour responsables par les autorités congolaises. 

Le représentant des États-Unis a demandé que la communauté internationale prenne immédiatement des mesures pour mettre fin aux combats dans l’est de la RDC, demandant que le M23 cesse ses hostilités et se retire de la zone.  Le Rwanda doit mettre fin à son soutien à ce groupe armé et les forces rwandaises doivent se retirer du territoire congolais, a-t-il ajouté. Que le Rwanda, un contributeur de troupes majeur au maintien de la paix, puisse prendre des mesures contre une mission de l’ONU –la MONUSCO– est très préoccupant, selon le délégué.  Il a aussi appelé le Gouvernement congolais à mettre en place les mesures de déconfliction nécessaires pour que les humanitaires puissent travailler en toute sécurité.

Tout soutien aux FDLR doit cesser immédiatement, a poursuivi le délégué, en condamnant tout groupe qui diffuse une idéologie génocidaire.  Par ailleurs, le Conseil doit suivre de près le retrait de la MONUSCO, a souhaité le délégué, en rappelant que le plan de désengagement prévoit que les forces congolaises doivent prouver leur capacité en matière de sécurité préalablement au retrait des Casques bleus.  Préoccupé par les contestations visant la MONUSCO, le délégué a dit comprendre la frustration du peuple de la RDC et assuré que les États-Unis ne soutiennent pas le M23.  Il a appelé le Rwanda à cesser son soutien à ce groupe, se disant satisfait de savoir qu’à ce jour, des désignations d’individus responsables de nombreux abus soient en cours.

La représentante de la Slovénie a appelé toutes les parties au conflit à cesser les hostilités sans délai, à respecter le droit international humanitaire et les droits humains, et à permettre un accès sûr et sans entrave à l’aide humanitaire. Dénonçant fermement la récente augmentation du nombre des agressions commises par les groupes armés au Nord-Kivu, en particulier le M23, elle a jugé impératif d’obtenir leur retrait immédiat et complet des zones qu’ils occupent.  « La souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC doivent être respectées », a-t-elle insisté.  Convaincue que les opérations militaires ne sauraient mettre fin au conflit, elle a souligné l’urgence d’un engagement renouvelé en faveur d’un règlement politique et diplomatique.  La coopération régionale, facilitée par des initiatives telles que l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo et la région, ainsi que la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), demeure essentielle. 

L’importance des engagements régionaux ainsi que la mise en œuvre du processus de Luanda et de la feuille de route de Nairobi, entre autres, dépendent d’un véritable dialogue, a-t-elle souligné.  La récente recrudescence des hostilités et le retrait de la MONUSCO exigent une attention particulière.  Il est en effet primordial de veiller à ce que ce retrait soit exécuté de manière sûre, ordonnée, responsable, progressive et durable car le vide sécuritaire aggraverait une situation déjà désastreuse.  Les récentes attaques contre la MONUSCO n’ont fait que confirmer à quel point il était essentiel de lutter contre la campagne généralisée de désinformation, a-t-elle enfin pointé, encourageant les autorités de la RDC à la contrer activement.

La représentante de la Fédération de Russie s’est dite préoccupée par la détérioration de la situation sécuritaire dans l’est de la RDC, notamment depuis la reprise de l’offensive du groupe « illégal » M23.  Elle a appelé à la réouverture des routes d’approvisionnement de la ville de Goma et exigé des groupes armés illégaux qu’ils déposent les armes et prennent part sans conditions préalables aux programmes de désarmement, démobilisation et réintégration.  Attachée au principe de « solutions africaines aux problèmes africaines », la représentante a salué les efforts de la SADC et la mise en œuvre concrète du processus de Luanda.  Elle a aussi appelé à des efforts de médiation, au niveau régional, pour mettre fin aux tensions entre Kinshasa et Kigali. 

Se disant préoccupée par les attaques contre le personnel de la MONUSCO, la déléguée a demandé au Gouvernement de la RDC de prendre les mesures nécessaires pour protéger le personnel de l’ONU et au Secrétariat de l’ONU, d’analyser les causes de cette situation.  Se disant convaincue que la présence de la Mission dans la zone du conflit est un facteur de stabilisation majeure, elle a ajouté qu’un retrait précipité des Casques bleus aurait un effet très négatif sur la population civile. 

Le représentant de la Suisse s’est alarmé de l’escalade de la violence et de l’aggravation de la situation humanitaire au Nord-Kivu.  Il a appelé le M23 à cesser immédiatement ses opérations et à se retirer des zones occupées.  « Nous exprimons notre plein soutien à la souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriale de la RDC », a-t-il ajouté.  S’inquiétant des déplacements massifs de population liés aux violations des droits humains par toutes les parties, aux violences intercommunautaires et à la propagation de discours de haine, notamment contre les populations rwandophones, le délégué a martelé que cette nouvelle escalade de la violence doit cesser. Inquiet également de l’utilisation de drones de combats, il a rappelé à toutes les parties leur obligation de respecter le droit international humanitaire, notamment les principes de distinction, proportionnalité et précaution.  Il a aussi condamné les attaques contre la MONUSCO et souhaité que l’État hôte traduise les auteurs en justice.

De son avis, seule une solution politique négociée et concertée incluant toutes les parties peut mener à un apaisement durable.  Il a misé sur les efforts diplomatiques aux niveaux national, régional et international pour adresser les causes profondes des conflits dans l’est de la RDC, appuyant les processus de Nairobi et de Luanda qui, à ses yeux, doivent être revitalisés de toute urgence.  Le délégué a appelé au respect du cessez-le-feu par toutes les parties et réitéré son appel au Rwanda à cesser immédiatement tout soutien au M23 et à retirer ses soldats, tout en appelant « certains éléments des FARDC » à cesser leur soutien aux groupes armés, y compris les FDLR.  Enfin, le délégué a réitéré son plein soutien à la MONUSCO et souhaité que le Conseil de sécurité se montre uni en faveur de la paix et la sécurité dans la région.

Le représentant de l’Équateur a déploré la multiplication des tensions et la détérioration de la situation sécuritaire, qui ont provoqué une nouvelle vague de déplacements de milliers de personnes, avec pour conséquence une augmentation des besoins humanitaires déjà pressants.  Cette situation nécessite également d’enquêter sur les plaintes concernant d’éventuels crimes de guerre, de graves violations des droits humains et des violences sexuelles basées sur le genre, a-t-il souligné.  Plaidant pour une désescalade urgente des tensions, il a repris à son compte l’appel du Secrétaire général adjoint aux opérations de paix à un arrêt immédiat des hostilités et au respect par toutes les parties de la feuille de route de Luanda.  Enfin, le représentant a condamné les attaques contre le personnel de l’ONU et les menaces publiques proférées contre la MONUSCO. 

Le représentant de la Chine a demandé un cessez-le-feu et le retrait des groupes armés des zones qu’ils occupent.  Les troubles dans l’est de la RDC constituent une menace pour la paix et la stabilité de toute la région des Grands Lacs, a-t-il souligné avant d’appeler les parties concernées à résoudre leurs différends par le dialogue et des consultations afin de permettre une désescalade de la situation et préserver la sécurité dans la région.  Dans les circonstances actuelles, la communauté internationale devrait soutenir les efforts des organisations régionales pour trouver une solution politique et pour faciliter le fonctionnement des processus de Luanda et de Nairobi, a plaidé le représentant.

La Chine, a-t-il indiqué, promeut un dialogue constructif entre les pays concernés.  Le délégué a pris note des opérations de paix de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) dans l’est de la RDC qui devraient promouvoir la stabilité de la région.  Il a souhaité que la MONUSCO, pour sa part, fasse en sorte que son plan de désengagement soit mis en œuvre de manière progressive et sécurisée dans les zones concernées.  Cela permettra une transmission appropriée à la RDC et évitera tout vide sécuritaire, a-t-il expliqué.

Le représentant de la République démocratique du Congo a tenu à rassurer le Conseil de sécurité quant aux dispositions prises par son gouvernement pour assurer la sécurité des membres de la MONUSCO suite aux « incidents malheureux » du 10 février à Kinshasa.  Rappelant que la guerre faisait rage entre la coalition de l’armée rwandaise (RDF-M23) et les Forces armées de la RDC (FA-RDC), il s’est inquiété d’un renforcement des troupes de la RDF à 30 kilomètres de Goma, au niveau de la frontière entre les deux pays.  Il a dénoncé les attaques de la coalition RDF-M23 contre les drones de la MONUSCO, le 12 février dernier, et le bombardement de l’aéroport international de Goma le 17 février, alors que se tenait une réunion sur la situation en RDC en marge du Sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine d’Addis-Abeba.  « Cette énième agression rwandaise constitue, en droit international, un crime d’État et une grave violation de la souveraineté de la RDC », a-t-il affirmé, ajoutant que la situation avait conduit au déplacement de 7 millions de femmes et d’enfants dans les territoires de Rutshuru, Masisi et Nyiragongo.

Le délégué a cité un rapport du Groupe d’experts sur la RDC affirmant que des éléments de la RDF et le M23 ont été soutenus par 250 ex-combattants des FDLR, opérant sous le commandement du Service du renseignement de la défense du Rwanda (DID). Il s’est demandé pourquoi ce dernier utilisait ces éléments qu’il qualifiait de génocidaires, ajoutant que la RDF et les FDLR s’étaient alliées pour faire main basse sur les minerais stratégiques de la RDC.  En conséquence, il a proposé au Conseil de sécurité, à l’Union africaine et aux communautés régionales de créer un mécanisme ad hoc ou une force spéciale dépêchée au Nord-Kivu pour les identifier et les chasser du territoire congolais.  Dénonçant l’inconsistance du prétendu discours de haine développé par des populations congolaises à l’égard des personnes rwandophones, il a affirmé que des actes isolés ont été sévèrement punis. 

« L’illusion de grandeur que se fait le Rwanda le pousse à croire qu’il a acquis un droit naturel de se mêler impunément des affaires internes de ses voisins », a martelé le représentant, estimant qu’il avait poussé trop loin l’audace en s’opposant au déploiement de la MONUSCO et de la SADC. Qualifiant le M23 de « bras armé du Rwanda en RDC », il a accusé l’agression de ce dernier d’être une des causes principales de la crise sécuritaire dans l’est de la RDC que dans la région des Grands Lacs.  Il l’a également accusé de bloquer les initiatives de paix issues des processus de Nairobi et de Luanda, afin de gagner du temps pour réaliser son ambition de constituer une colonie d’exploitation et de peuplement en RDC afin de contrôler les institutions congolaises.  Il a estimé que le Rwanda devrait se voir priver du droit à la parole dans les enceintes des Nations Unies jusqu’au retrait total de ses troupes du territoire de la RDC.  Le délégué a demandé instamment au Conseil de sécurité d’exiger du Rwanda le retrait sans condition de ses troupes du territoire de la RDC et de cesser tout soutien aux terroristes du M23.

Le représentant du Rwanda a dénoncé la violation délibérée du cessez-le-feu par les groupes armés alliés aux « FDLR génocidaires » et par l’expulsion de la force régionale de la Communauté de l’Afrique de l’Est.  Pour le délégué, les avancées récentes du M23 sont dues à une action des FDLR qui rejettent les initiatives régionales de paix. Il a accusé le Gouvernement de la RDC d’avoir opté pour une solution uniquement militaire.  Préoccupé par l’abandon des processus de Luanda et de Nairobi, le représentant est étonné par l’indifférence de la communauté internationale face au renfort militaire spectaculaire en RDC, une tendance inquiétante qui risque d’aggraver une situation déjà très problématique dans l’est du pays.  Ce problème peut être résolu en s’attaquant aux causes profondes et en répondant aux exigences de base des Congolais qui parlent le kinyarwanda, dont leurs droits à la citoyenneté et à vivre sur leurs terres ancestrales.

Le représentant a accusé la RDC et le Burundi de vouloir un changement de régime au Rwanda et Kinshasa de vouloir renforcer une coalition militaire comprenant les FARDC, des mercenaires européens et des FDLR ainsi que l’armée burundaise.  La région est au bord de la catastrophe, s’est alarmé le délégué, en dénonçant une violence généralisée, des discours de haine et des meurtres commis pour des raisons ethniques.  Le Conseil ne peut continuer de normaliser la haine et ses conséquences, a-t-il interpellé.  Le déploiement récent de la force de la SADC ne fait que compliquer une situation déjà très complexe, car elle n’est pas neutre puisqu’elle ne cible aucun autre groupe que le M23.  Le Gouvernement du Rwanda, a assuré le représentant, refuse une externalisation vers le Rwanda par la force des problèmes de la RDC.  Il a fait preuve de la plus grande précaution et évité de répondre à des actes provocateurs du Gouvernement congolais y compris des bombardements ou des tirs en direction du territoire rwandais, a estimé le délégué. « Nous prenons au sérieux les déclarations des Présidents du Burundi et de la RDC concernant leur volonté de faire changer notre gouvernement », a insisté le délégué.  Face à ces menaces, le Rwanda maintiendra les mécanismes de prévention et de défense pour se prémunir contre toute utilisation de ses frontières et de son espace aérien, a mis en garde le représentant.

Le Rwanda dit craindre un génocide, a commenté le représentant de la République démocratique du Congo en reprenant la parole.  Mais c’est normal.  Nous avons tous peur d’un génocide.  Mais n’oublions pas que le génocide de 1994 a été perpétré au Rwanda par des Rwandais. Alors que le Rwanda a deux ou peut-être trois tribus, la RDC en compte 450 qui vivent ensemble pacifiquement. Vous n’avez aucun droit, a dit le représentant à son homologue rwandais, de prétendre régler les problèmes tribaux chez nous, en traversant nos frontières.  Nous ne vous le permettrons jamais car les problèmes des Tutsis congolais seront réglés au Congo par les Congolais.  « Restez chez vous! »  Aujourd’hui, a poursuivi le représentant, le Rwanda nous dit qu’il a peur d’une certaine rhétorique.  Vous envahissez votre voisin avec des troupes armées de lance-roquettes et de lance-missiles et vous avez peur d’une simple rhétorique?  Commencez par retirer vos troupes de la RDC et vous ne craindrez plus la rhétorique! a ironisé le représentant, en accusant le Rwanda de se servir depuis 1996 de l’alibi ethnique pour venir exploiter les mines stratégiques congolaises.  Quittez le territoire congolais.  Vous vous êtes assez enrichis comme ça.  Ça suffit. Chaque chose a une fin! a conclu le représentant congolais.

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