9560e séance – après-midi 
CS/15604

Conseil de sécurité: à Gaza, l’ensemble de la population exposée à un risque de famine qui croît « de jour en jour », selon la FAO et le PAM

Une semaine après le rejet, en raison d’un veto des États-Unis, d’un nouveau projet de résolution exigeant un cessez-le-feu humanitaire immédiat à Gaza, les membres du Conseil de sécurité se sont réunis, cet après-midi, pour examiner la question de la protection des civils gazaouites, sur lesquels pèse un risque élevé de famine, qui croît « de jour en jour ».

C’est ainsi que le Directeur général adjoint de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), M. Maurizio Martina, a mis en garde le Conseil, en expliquant qu’une multiplicité de facteurs était à l’origine de cette situation: intensification des hostilités; réduction supplémentaire de l’accès aux vivres, aux services de base et à une assistance vitale; et concentration ou isolement extrêmes des populations dans des lieux de vie inadéquats ou des zones privées de services de base.

L’ensemble de la population de la bande de Gaza, soit environ 2,2 millions d’habitants, est en crise, avec le « pourcentage le plus élevé de personnes confrontées à une insécurité alimentaire aussi aiguë jamais classifiée », a alerté le haut fonctionnaire.  Le Directeur général adjoint a précisé qu’environ 50% de la population serait en situation d’urgence et, selon une évaluation « prudente », au moins un ménage sur 4 se trouverait désormais dans des conditions catastrophiques ou proches de la famine, soit 378 000 personnes.

Les experts en sécurité alimentaire mettent en garde contre un effondrement total de l’agriculture dans le nord de Gaza d’ici à mai si les conditions actuelles persistent, s’est alarmé de son côté le Directeur de la coordination du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), M. Ramesh Rajasingham.  Alors que beaucoup n’ont eu d’autre choix que d’abandonner leurs terres en raison des ordres d’évacuation et des déplacements répétés, l’insuffisance des services d’eau, d’assainissement et de santé vulnérabilise encore davantage les personnes déjà affaiblies par la faim.  Ajoutez à cela une surpopulation chronique, l’exposition au froid et l’absence d’abris adéquats, « et vous créez les conditions propices à des épidémies massives », a prévenu M. Rajasingham.

Dans ce contexte extrêmement préoccupant, le Directeur a constaté que les efforts de l’ONU et de ses partenaires humanitaires continuent d’être entravés par la fermeture arbitraire de passages frontaliers et de graves restrictions à la liberté de mouvement des personnels, entre autres.  Des obstacles dont s’est également fait l’écho M. Carl Skau, le Directeur exécutif adjoint du Programme alimentaire mondial (PAM), en signalant des retards aux points de contrôle, des coups de feu et d’autres violences, des pillages en cours de route et une prise d’assaut par des personnes affamées.

M. Rajasingham a ajouté à cela le problème des voies d’approvisionnement impraticables en raison de routes endommagées et des munitions non explosées.  Les risques sécuritaires restent un obstacle important, a-t-il reconnu, comme en témoigne le bombardement, le 20 février, de la maison d’hôtes de Médecins sans Frontières (MSF) à Al-Mawasi.  Il a décompté à ce jour 161 travailleurs humanitaires tués dans les hostilités.

De la Sierra Leone à la France, en passant par la Chine et la Fédération de Russie, la plupart des membres du Conseil ont déploré l’aggravation de cette crise, dénonçant les opérations militaires d’Israël qui fragilisent une population en sécurité nulle part dans la bande de Gaza.  La Slovénie a exigé un cessez-le-feu pour soulager le peuple palestinien et libérer les otages, avant de souligner qu’un projet de résolution a été présenté en ce sens. Alors « engageons-nous sérieusement pour voir si nos lignes rouges peuvent s’aligner dans un texte qui réduirait au silence le ciel de Gaza et d’Israël ».

Israël est l’architecte de cette catastrophe humaine et humanitaire, a dénoncé l’Observateur permanent palestinien, en accusant la Puissance occupante de violer le droit international humanitaire, les droits humains, les résolutions du Conseil de sécurité et l’ordonnance de la Cour internationale de Justice (CIJ).  Tandis que l’Algérie, suivie sur ce point par la France, accusait Tel-Aviv de se servir de la faim comme arme de guerre, le Pakistan s’est élevé contre la campagne militaire « génocidaire » menée par Israël, qui a tué 30 000 Palestiniens en cinq mois, pour la plupart des femmes et des enfants, en plus de provoquer le déplacement de la totalité de ses habitants.  Pour la Fédération de Russie, les États-Unis portent l’entière responsabilité du nombre sans précédent de victimes civiles, car ils ont bloqué à quatre reprises les efforts internationaux visant à mettre fin à la violence à Gaza. 

Le représentant israélien a rejeté ces accusations, en assurant que son pays œuvre à l’arrivée de l’aide humanitaire à Gaza par les points de passage de Rafah et de Kerem Shalom, dans l’attente d’un possible canal par la Jordanie.  Nous débattons d’autres options encore, s’est-il justifié, avant de rappeler que depuis les attaques terroristes en date du 7 octobre dernier, Israël a permis l’acheminement de 250 000 tonnes de fournitures humanitaires, dont 170 000 de denrées alimentaires.

Imputer à Israël l’échec de l’acheminement de l’aide revient à diffuser les mensonges du Hamas, a lancé le délégué israélien, selon lequel, ces derniers jours, plus de 500 camions attendaient aux postes-frontières après avoir été approuvés par Israël.  « Où est l’ONU? » s’est interrogé le représentant, en blâmant l’Organisation pour cette situation.  Insistant sur le fait qu’Israël est déterminé à améliorer l’acheminement de l’aide dans le nord de la bande de Gaza, il a signalé que son pays a permis hier le parachutage de frets jordanien et français, que l’ONU a refusé de distribuer, ses agences ayant suspendu leurs activités dans cette partie du territoire. Le représentant s’est également étonné que les détournements et les pillages de l’aide perpétrés par le Hamas ne soient « jamais » évoqués au Conseil de sécurité.

PROTECTION DES CIVILS EN PÉRIODE DE CONFLIT ARMÉ

Déclarations

M. RAMESH RAJASINGHAM, Directeur de la coordination du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), a rappelé que, depuis le début des hostilités actuelles à Gaza, consécutives aux « attaques horribles » du Hamas en Israël le 7 octobre dernier, l’ONU avait mis en garde contre l’impact de cette crise en termes d’insécurité alimentaire à Gaza, en particulier pour une population déjà confrontée à des niveaux élevés de pauvreté structurelle après 16 ans de blocus.  En décembre, a-t-il relevé, il était prévu que l’ensemble de la population de Gaza, soit 2,2 millions d’habitants, soit confrontée à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë d’ici à février 2024 – la proportion la plus élevée de personnes confrontées à ce niveau d’insécurité alimentaire jamais enregistrée dans le monde.  « Et nous voilà, fin février », avec au moins 576 000 personnes à Gaza –un quart de sa population– à deux doigts de la famine; avec un enfant âgé de moins de deux ans sur 6 dans le nord de Gaza souffrant de malnutrition aiguë; et avec la quasi-totalité de la population de Gaza dépendante d’une aide alimentaire humanitaire « terriblement insuffisante », s’est lamenté le haut fonctionnaire.  Et aussi sombre ce tableau soit-il, il a averti du risque bien réel de nouvelle détérioration de cette crise.

Les opérations militaires, l’insécurité et le renforcement des restrictions imposées à l’entrée et la livraison d’articles de première nécessité ont décimé la production alimentaire et l’agriculture, a-t-il poursuivi.  Les experts en sécurité alimentaire mettent en garde contre un effondrement total de l’agriculture dans le nord de Gaza d’ici à mai si les conditions actuelles persistent.  Outre les dégâts causés, beaucoup n’ont eu d’autre choix que d’abandonner leurs terres en raison des ordres d’évacuation et des déplacements répétés.  Les hostilités et les pénuries d’articles essentiels, notamment d’électricité, de carburant et d’eau, ont pratiquement paralysé la production alimentaire, tandis que l’insuffisance des services d’eau, d’assainissement et de santé rend les personnes déjà affaiblies par la faim plus vulnérables aux maladies. Ajoutez à cela une surpopulation chronique, l’exposition au froid et l’absence d’abris adéquats, « et vous créez les conditions propices à des épidémies massives », a-t-il prévenu.

Le haut fonctionnaire a constaté que les efforts de l’ONU et de ses partenaires humanitaires continuent d’être entravés par de nombreux facteurs: fermeture de passages frontaliers, graves restrictions à la liberté de mouvement, refus d’accès, procédures de contrôle onéreuses, incidents impliquant des civils désespérés, manifestations et troubles de l’ordre public, restrictions affectant les communications et les équipements de protection.  Il a ajouté à cela le problème des voies d’approvisionnement qui sont impraticables en raison de routes endommagées et des munitions non explosées.  Les risques sécuritaires restent un obstacle important, a-t-il reconnu, comme en témoigne le bombardement, le 20 février, de la maison d’hôtes de Médecins Sans Frontières (MSF) à Al-Mawasi.  Il a décompté à ce jour 161 travailleurs humanitaires tués dans les hostilités. 

Par ailleurs, la suspension du financement de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) met à l’épreuve notre capacité à mettre en place une réponse efficace, a noté M. Rajasingham.  Néanmoins, l’OCHA continue sans cesse à réfléchir à des solutions pour surmonter les obstacles qui lui permettraient d’étendre la livraison de vivres et la fourniture de soins de santé.  Dans l’immédiat, nous avons besoin de garanties de sécurité plus claires, d’un meilleur système de notification humanitaire pour minimiser les risques, de moins de restrictions sur les équipements de télécommunication, de déminage, et de l’utilisation de tous les points d’entrée possibles. 

La dure réalité, cependant, c’est qu’une réponse au niveau requis sera impossible sans une action immédiate et concertée des parties au conflit, du Conseil de sécurité, des autres États Membres et de la communauté internationale dans son ensemble, a concédé le haut fonctionnaire en signalant que la note blanche soumise à ce Conseil énonce des recommandations en ce sens.  Il s’agit notamment de garantir le respect du droit international humanitaire; de reprendre l’entrée d’articles alimentaires essentiels, de l’électricité, de combustibles et de gaz de cuisine; de protéger et réparer des infrastructures et services vitaux, notamment les conduites d’eau transfrontalières; de lever les restrictions à la pêche, à l’accès aux terres agricoles et à l’entrée des produits agricoles; en facilitant de toute urgence un meilleur accès humanitaire à l’intérieur et à l’extérieur de Gaza, notamment en ouvrant des points de passage supplémentaires et en déployant des efforts concertés pour mettre fin à ce conflit.

Mais, selon M. Rajasingham, il ne fait aucun doute qu’à ce stade, très peu de choses seront possibles tant que les hostilités se poursuivront avec le risque qu’elles s’étendent aux zones surpeuplées du sud de Gaza.  « Nous réitérons donc notre appel à un cessez-le-feu », a lancé le Directeur.  Si rien n’est fait, nous craignons qu’une famine généralisée à Gaza soit presque inévitable, et que le conflit, qui depuis octobre a coûté la vie à près de 30 000 personnes et en a blessé plus de 70 000, selon le Ministère de la santé de Gaza, fasse bien d’autres victimes, a-t-il mis en garde en conclusion.

M. MAURIZIO MARTINA, Directeur général adjoint de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a expliqué que la population de Gaza est confrontée à des seuils catastrophiques d’insécurité alimentaire provoqués par le conflit en cours et à un risque élevé de famine, qui croît « de jour en jour ».  Les principaux facteurs de ce risque sont l’intensification des hostilités, une nouvelle réduction de l’accès aux vivres, aux services de base et à une assistance vitale, ainsi qu’une concentration ou un isolement extrêmes des populations dans des lieux inadéquats ou des zones privées de services de base.  On estime désormais que 378 000 personnes sont dans la phase 5 de la classification de la sécurité alimentaire, c’est-à-dire la phase plus prononcée: insécurité alimentaire aiguë, marquée par la famine, des seuils critiques de malnutrition aiguë et des niveaux élevés de surmortalité.  Le haut fonctionnaire a ainsi déclaré que l’ensemble de la population de la bande de Gaza, soit environ 2,2 millions d’habitants, est en crise. C’est le « pourcentage le plus élevé de personnes confrontées à une insécurité alimentaire aussi aiguë jamais classifiée », a-t-il alerté.  Il a précisé qu’environ 50% de la population serait en situation d’urgence (phase 4) et, selon une évaluation prudente, au moins un ménage sur 4 se trouverait désormais dans des conditions catastrophiques ou proches de la famine (phase 5).

Les infrastructures civiles de la bande de Gaza, notamment celles essentielles à la production, à la transformation et à la distribution d’articles alimentaires, ont été gravement endommagées, détruites ou rendues inaccessibles, a poursuivi M. Martina.  Il a indiqué que, depuis le 9 octobre, le blocus renforcé du Gouvernement israélien entraîne l’arrêt ou la restriction de l’approvisionnement en nourriture, en électricité et en carburant, ainsi que l’arrivée des biens commerciaux.  Quant à la chaîne d’approvisionnement alimentaire, elle a été touchée par des restrictions considérables sur les expéditions de carburant, qui paralysent le fonctionnement des infrastructures d’eau et des usines de dessalement, la production et la livraison d’articles alimentaires essentiels et la fourniture d’électricité.  « La seule électricité disponible dans la bande de Gaza provient de panneaux solaires et de générateurs, pour lesquels il y a peu de combustible disponible », a précisé le haut fonctionnaire, qui a fait également état de pénuries d’eau potable persistantes, alors qu’environ 97% de l’eau issue des nappes phréatiques de Gaza serait impropre à la consommation humaine.

Le scénario le plus probable à ce stade, c’est que la production agricole s’effondrera dans le nord de la bande de Gaza d’ici à mai 2024, a prévenu M. Martina, en précisant qu’au 15 février, 46,2% de toutes les terres cultivées du territoire étaient considérées comme endommagées.  Par ailleurs, fin janvier, toutes les volailles auraient été abattues ou seraient mortes faute d’eau et de fourrage, a-t-il encore relevé, en expliquant que le taux de mortalité est estimé entre 50 et 65% pour les veaux, à 70% pour les bovins de boucherie et à 50% pour les petits ruminants. Enfin, le secteur de la pêche à Gaza, qui fournit indirectement des moyens de subsistance à plus de 100 000 personnes, est au point mort.

Pour le Directeur général adjoint, la cessation des hostilités et le rétablissement de l’accès humanitaire sont les premières étapes pour fournir une assistance multisectorielle et rétablir les services de base.  Les postes frontaliers devraient être rouverts, y compris à la circulation de biens commerciaux, a-t-il prié. M. Martina s’est donc joint au Secrétaire général pour exiger un cessez-le-feu humanitaire immédiat afin d’atténuer les souffrances des civils et faciliter la fourniture d’une aide d’urgence à grande échelle aux Gazaouites.

S’exprimant en vidéoconférence, M. CARL SKAU, Directeur exécutif adjoint du Programme alimentaire mondial (PAM), a rappelé que le Comité d’examen de la famine a mis en garde contre une réelle perspective de famine dans la bande de Gaza d’ici à mai, ce qui mettrait 500 000 personnes en danger si la menace se matérialisait.  Alors que les deux tiers de la population de Gaza dépendaient d’une aide alimentaire avant octobre 2023, c’est aujourd’hui la quasi-totalité de la population du territoire, soit 2,2 millions de personnes, qui en a besoin, a-t-il souligné, précisant que l’enclave connaît le pire niveau de malnutrition infantile au monde.  Un enfant de moins de deux ans sur 6 souffre de malnutrition aiguë, a alerté M. Skau. Le PAM, a-t-il dit, est prêt à étendre et à intensifier rapidement ses opérations en cas d’accord de cessez-le-feu. Mais, pour l’heure, l’agence ne peut acheminer des vivres essentiels à Gaza en quantités suffisantes et fait face à des conditions opérationnelles presque impossibles sur le terrain, en particulier dans le nord de Gaza, où ses livraisons ont repris le 18 février, pour la première fois depuis trois semaines. 

L’intention du PAM était d’envoyer 10 camions par jour, pendant sept jours, pour répondre aux besoins immédiats.  Or, les 18 et 19 février, les convois ont été confrontés à des problèmes importants, a-t-il déploré, faisant état de retards aux points de contrôle, de coups de feu et d’autres violences, de pillages de la nourriture en cours de route et, à destination, d’une prise d’assaut par des personnes affamées.  En conséquence, nous avons été contraints de suspendre les livraisons de nourriture vers le nord jusqu’à ce que les conditions soient réunies pour permettre des distributions sûres, a expliqué M. Skau, assurant que cette décision n’a pas été prise à légère, compte tenu des risques de décès liés à la faim.  « Mais l’effondrement de l’ordre civil, provoqué par le pur désespoir, empêche la distribution sûre de l’aide, et nous avons le devoir de protéger notre personnel », a-t-il commenté.  Il a ajouté que le PAM étudie toutes les options de livraison viables pour permettre la reprise, dès que possible, des opérations dans le nord de Gaza, où la nourriture et l’eau potable sont rares, la malnutrition explose et les maladies sévissent. 

Pour l’intervenant, une action immédiate est nécessaire pour permettre une augmentation considérable du volume de nourriture et d’autres fournitures humanitaires entrant dans le nord de Gaza.  « C’est le seul moyen d’apaiser les tensions et de restaurer un semblant d’ordre civil ».  Pour cela, a-t-il affirmé, il faut que le personnel humanitaire puisse travailler dans un environnement opérationnel sûr et fonctionnel et que le port d’Ashdod et le passage de Karni soient ouverts, afin de pouvoir importer de la nourriture et d’autres fournitures essentielles rapidement et à grande échelle.  Si rien ne change, une famine est imminente dans le nord de Gaza, a averti le responsable du PAM, avant d’évoquer la situation dans le sud de l’enclave, où malgré leurs efforts, l’agence et ses partenaires ne parviennent à pas à fournir une nourriture régulière ou suffisante aux personnes qui en ont cruellement besoin.  La majeure partie de la nourriture est distribuée à Rafah, plaque tournante des opérations actuelles du PAM à Gaza, mais très peu d’aide parvient aux populations ailleurs, a-t-il reconnu, ajoutant que le personnel de l’agence s’emploie à soutenir le rétablissement des systèmes alimentaires locaux autant que possible. 

Sans un accès sûr et considérablement élargi, les travailleurs humanitaires ne peuvent pas organiser une opération de secours à l’échelle requise, a insisté M. Skau, pour qui éviter une famine nécessite aussi le rétablissement des services de base, notamment les services de santé, les réseaux électriques et les canalisations d’eau et d’assainissement.  À ses yeux, l’UNWRA est la seule organisation capable de superviser et de gérer cette infrastructure vitale à Gaza.  En conclusion, il a appelé les membres du Conseil de sécurité à faire respecter la résolution 2417 (2018), qui réaffirme le droit international humanitaire et la nécessité de briser le cercle vicieux entre conflit armé et insécurité alimentaire.

La représentante du Guyana a exprimé sa profonde préoccupation devant le nombre de personnes qui se trouvent au bord de la famine à Gaza.  Ces personnes, « comme nous des êtres humains », sont soumises à des conditions dégradantes, une « catastrophe » qui requiert selon la délégation une action collective urgente. À ses yeux, seul le mépris flagrant et persistant du droit international a pu mener à la situation actuelle, faite de bombardement d’infrastructures civiles, de restriction à des articles indispensables à la survie de la population, du refus de l’accès humanitaire, du blocus, du siège et du mépris des principes d’humanité, de proportionnalité et de distinction.

Si, dans l’immédiat, ces déprédations se traduisent par un risque élevé de mortalité due à la malnutrition et aux maladies, les défis physiques et cognitifs qui y sont associés auront aussi de graves conséquences sur le développement de toute une génération de Gazaouites.  Les bombardements ayant déjà affecté la santé de 18% des terres arables de Gaza et décimé la production agricole, la représentante a prévenu que les opérations militaires à Rafah ne feront qu’aggraver une situation déjà désespérée, la majorité des terres arables de Gaza se trouvant au sud du territoire.  Pour la représentante, ces réalités ne soulignent qu’une chose: le Conseil de sécurité doit intervenir pour mettre fin aux violations flagrantes du droit international commises par un État Membre de l’ONU.  « La famine comme méthode de guerre est illégale », a-t-elle rappelé. 

Le représentant de la Suisse, en tant que point focal au Conseil pour la thématique sur les conflits et la faim avec le Guyana, a appelé le Conseil de sécurité et les parties au conflit à assumer pleinement les responsabilités qui leur incombent en vertu du droit international, telles que reflétées par la résolution 2417 (2018).  Alarmé par la situation humanitaire « catastrophique » dans la bande de Gaza, il a appelé toutes les parties à prendre des mesures concrètes pour épargner et protéger la population civile et à respecter le droit international humanitaire.  Il a notamment cité l’interdiction d’utiliser la famine comme méthode de guerre contre la population civile; l’interdiction d’attaquer, de détruire, d’enlever ou de mettre hors d’usage des biens indispensables à la survie de la population civile; et l’obligation d’autoriser et faciliter le passage rapide et sans entrave des secours humanitaires destinés aux civils dans le besoin. 

Toutes les parties doivent garantir l’acheminement rapide, sûr et sans entrave à toutes les zones, y compris dans le nord de la bande de Gaza et à travers tous les points de passage et toutes les routes possibles, a poursuivi le représentant qui a aussi demandé que l’acheminement des denrées alimentaires commerciales soit assuré, pour que les marchés locaux puissent être rétablis. L’aide humanitaire à elle seule ne peut pas répondre aux besoins de plus de 2 millions de personnes, a-t-il argué ajoutant que l’accès au carburant et aux liquidités doit également être facilité. En dernier lieu, le délégué a insisté sur l’impératif de protéger les enfants, les femmes et les groupes vulnérables en répondant à leurs besoins spécifiques.  Enfin, il a appelé à une bonne coordination entre tous les acteurs afin de garantir que les travailleurs humanitaires puissent s’acquitter de leur mission en toute sécurité dans l’ensemble du territoire et en priorisant l’accès par voie terrestre.  Les membres du Conseil doivent utiliser leur influence et urgemment prendre des mesures pour éviter une famine et pour sauver des vies, a-t-il insisté ajoutant que des solutions politiques sont urgentes tout comme un cessez-le-feu humanitaire immédiat.

Le représentant de l’Algérie a lancé un appel urgent à un cessez-le-feu immédiat avant de fustiger le traitement « inhumain » infligé aux Gazaouites par la Puissance occupante.  Il a déploré que les efforts de la communauté humanitaire et du Conseil de sécurité n’aient pas amélioré la situation à Gaza, où les habitants font face à un dilemme épouvantable: choisir entre la menace immédiate de mourir sous les bombardements ou faire face à une mort atroce due à la famine. 

Alors que l’ensemble de la population de Gaza dépend de l’aide humanitaire, la Puissance occupante utilise la famine comme arme de guerre, a accusé le représentant selon qui l’utilisation délibérée de l’affamement vise à pousser la population de Gaza à la violence et à une rupture de l’ordre public. Il a constaté que les résolutions 2712 (2023) et 2720 (2023) se sont avérées inefficaces, avant d’exhorter le Conseil à demander d’urgence un cessez-le-feu, avertissant que son inaction équivaut à une complicité dans ce crime. 

« Gaza est devenue inhabitable », a déclaré le représentant de la Slovénie.  Après le « témoignage glaçant » du Secrétaire général de Médecins Sans Frontières au Conseil sur la situation sanitaire, l’exposé sur la (non-)sécurité du personnel de l’ONU et la note blanche d’aujourd’hui sur la famine imminente, le représentant s’est demandé « lequel de ces briefings sera la goutte d’eau qui fera déborder le vase? »  Il a exhorté au plein respect du droit international humanitaire qui, a-t-il rappelé, interdit strictement d’utiliser la famine comme méthode de guerre.  Il a appelé à un accès humanitaire continu, sûr, sécurisé et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, notamment en ouvrant des points de passage supplémentaires et en simplifiant les procédures d’entrée de l’aide humanitaire, ainsi qu’au rétablissement d’un approvisionnement suffisant en eau salubre. Il a également qualifié l’UNRWA, de « bouée de sauvetage du peuple palestinien et l’épine dorsale de la réponse humanitaire à Gaza ».  Le délégué a ensuite appelé à l’établissement d’un cessez-le-feu afin d’éviter la famine à Gaza.  Un cessez-le-feu pour soulager le peuple palestinien et libérer les otages, a martelé le délégué avant de souligner qu’un projet de résolution a été présenté en ce sens.  Alors « engageons-nous sérieusement pour voir si nos lignes rouges peuvent s’aligner dans un texte qui réduirait au silence le ciel de Gaza et d’Israël. »   

Le représentant des États-Unis a exhorté Israël à maintenir ouverts les points de passage afin que l’aide humanitaire puisse être acheminée à Gaza et à faciliter l’ouverture de points de passage additionnels.  « Bref, Israël doit en faire davantage », a-t-il ajouté.  Tout en souscrivant aux graves préoccupations concernant le bien-être de plus d’un million de civils palestiniens à Rafah, le représentant a jugé « épouvantable » que le Hamas continue de se terrer parmi les infrastructures civiles, dont les hôpitaux et les écoles.  Il a donc appelé à la prudence, estimant qu’une offensive terrestre ne devrait pas avoir lieu à Gaza dans la situation actuelle. 

Pour leur part, les États-Unis travaillent d’arrache-pied afin d’abattre les obstacles à l’acheminement de l’aide humanitaire et d’ouvrir un point de passage à Rafah, a assuré le délégué.  Il a dit que Washington avait appelé à maintes reprises à la protection des travailleurs humanitaires de l’ONU, tout en encourageant Israël à mettre en place des canaux de communication à cette fin.  Le représentant a réaffirmé son plein appui aux efforts de la Coordonnatrice de l’action humanitaire et de la reconstruction à Gaza en vue d’accélérer l’acheminement de l’aide humanitaire. 

« Il est inhumain que le Hamas et d’autres groupes terroristes continuent de prolonger le conflit en détenant plus de 100 otages », a poursuivi le représentant.  Il a déclaré que les États-Unis comptaient poursuivre leurs efforts diplomatiques avec les parties afin de parvenir à un accord sur la libération des otages, par le biais d’un cessez-le-feu humanitaire temporaire permettant d’atténuer les souffrances de la population de Gaza. 

Le représentant de la Chine a rappelé la crise humanitaire sans précédent que traverse Gaza depuis quatre mois, se désolant que les Gazaouites souffrent aussi du non-respect de leurs droits humains, du droit international humanitaire et des Conventions de Genève.  Le délégué a estimé que le Conseil de sécurité devait éviter une plus grande catastrophe à Gaza.  Il a appelé Israël à respecter les résolutions 2712 (2023) et 2720 (2023), à ouvrir davantage de points de passage et à préserver les mécanismes de communication pour permettre l’acheminement de l’aide en toute sécurité.  Par ailleurs, Israël doit assurer la sécurité du personnel humanitaire et de leur travail, a-t-il plaidé.

Le représentant a rappelé que la Cour internationale de Justice (CIJ) avait engagé Israël à éviter un génocide à Gaza.  Il a souligné le rôle indispensable et irremplaçable de l’UNRWA, appelant à une enquête indépendante concernant certains de ses employés qui sont accusés d’avoir participé aux attaques du 7 octobre.  Le délégué a également prié les grands bailleurs de fonds de rétablir leur financement de l’UNRWA.  Le Conseil de sécurité doit exiger un cessez-le-feu humanitaire à Gaza, mettre un terme aux affrontements et relancer la solution des deux États, a-t-il conclu. 

Après avoir déploré la situation à Gaza, le représentant de l’Équateur s’est félicité des recommandations contenues dans la note blanche de l’OCHA, qui souligne le lien entre la faim et les conflits, ainsi que la responsabilité collective de ce Conseil pour éviter une catastrophe humanitaire.  Il a exigé le rétablissement de l’accès humanitaire, la garantie du financement de l’aide et la mise en œuvre des résolutions 2712 (2023) et 2720 (2023) du Conseil de sécurité.  En outre, la prévention des famines et des crises alimentaires exige que les parties respectent leurs obligations découlant du droit international humanitaire, ainsi que l’interdiction de recourir à la famine comme tactique de guerre et d’attaquer les infrastructures civiles, tel que prévu par les résolutions 2417 (2018) et 2573 (2021) du même Conseil, a souligné le délégué. 

Enfin, bien que les mesures visant à répondre aux besoins humanitaires de la population soient essentielles et urgentes, la paix est la seule réponse durable au risque de faim, a-t-il rappelé.  Le délégué a promis que l’Équateur continuera à soutenir les initiatives visant à parvenir à une solution pacifique, négociée, définitive et juste à ce conflit, avec la coexistence de deux États, Palestine et Israël, sur la base des frontières de 1967 et des résolutions pertinentes.

Le représentant de la France a relevé que la situation humanitaire à Gaza « dépasse l’entendement », le bilan humain étant intolérable.  Soulignant que la résolution 2417 adoptée en 2018 condamnait pour la première fois l’utilisation de la famine comme une arme de guerre, le déni d’accès humanitaire et la privation des civils de biens indispensables à leur survie, il a appelé à sa pleine mise en œuvre.  Tous, y compris Israël, doivent se conformer au droit international humanitaire, a exigé le représentant pour lequel l’absence d’accès humanitaire suffisant à une population en situation d’urgence humanitaire absolue est « injustifiable ».  Il est impératif de pouvoir apporter et acheminer massivement l’aide humanitaire à la population civile de Gaza, dans l’ensemble de la bande, y compris au nord, a-t-il insisté en demandant qu’Israël ouvre le port d’Ashdod, une voie terrestre directe depuis la Jordanie et tous les points de passage nécessaires. 

La protection des civils, des personnels humanitaires, des sites de l’ONU et des autres infrastructures civiles est un impératif absolu, a encore observé le représentant réitérant à cet égard le plein soutien de la France à la Coordonnatrice de l’action humanitaire et de la reconstruction à Gaza, Mme Sigrid Kaag.  La France continuera à soutenir la réponse humanitaire à Gaza, a-t-il assuré précisant qu’elle a procédé hier, avec la Jordanie, à un nouveau largage d’aide humanitaire directement à Gaza, ainsi qu’à un nouvel envoi de fret humanitaire pour soutenir les hôpitaux égyptiens soignant les blessés évacués.  Le délégué a appelé à conclure de toute urgence un accord sur un cessez-le-feu qui garantisse la protection de tous les civils et l’entrée massive de l’aide d’urgence, avant de réaffirmer l’opposition ferme de la France à une offensive terrestre à Rafah qui entraînerait une autre catastrophe humanitaire sans précédent.  Il a également demandé la libération immédiate et sans condition de tous les otages.

La représentante du Royaume-Uni a constaté une situation désespérée à Gaza, qui s’aggrave de jour en jour.  Aussi a-t-elle appelé toutes les parties au conflit à cesser immédiatement les combats, pour permettre l’acheminement de l’aide et évacuer les otages, puis progresser vers un cessez-le-feu durable et permanent, seul moyen de soulager les souffrances dans ce territoire.  La déléguée a ensuite exhorté Israël à autoriser l’entrée de davantage d’aide à Gaza et à faciliter sa distribution dans tout le territoire, grâce à l’ouverture plus longtemps des points de passage, notamment ceux de Kerem Shalom et Nitzana, à un accès sans entrave à l’aide provenant de Jordanie, et à l’ouverture complète du port d’Ashdod.  Enfin, l’ONU et ses partenaires humanitaires ont besoin d’une plus grande protection et d’un meilleur accès aux moyens nécessaires de s’acquitter de leurs missions, a estimé la représentante britannique.  Cela comprend des véhicules blindés, des équipements de communication et de protection individuelle, ainsi que des visas, assortis de mécanismes de déconfliction fonctionnels et de garanties de sécurité pour les sites et les convois. 

Le représentant de la République de Corée a constaté que la situation humanitaire continue de s’aggraver à Gaza malgré l’adoption, par le Conseil, de deux résolutions exigeant la fourniture rapide, sûre et sans entrave d’une aide humanitaire à ceux qui en ont besoin.  Il a évoqué une réalité « stupéfiante et presque inimaginable » à Gaza, où 90% des enfants de moins de deux ans et 95% des femmes enceintes et allaitantes sont confrontés à une grave pénurie alimentaire et à une dénutrition potentiellement mortelle.  Qui plus est, l’infrastructure humanitaire de la bande de Gaza a été gravement endommagée ou détruite, tandis que l’ordre civil s’est effondré. « Les conséquences intergénérationnelles de l’insécurité alimentaire à Gaza sont inévitables », a déploré le représentant. 

Appelant à l’application urgente de mesures décisives, le représentant a demandé un plus grand accès de l’aide alimentaire à travers tous les points de passage disponibles ainsi que par un corridor maritime.  Toutefois, a-t-il ajouté, seul un cessez-le-feu humanitaire à Gaza permettra de garantir un accès sûr et sans entrave à la nourriture pour ceux qui en ont si désespérément besoin. 

Le représentant du Japon a déclaré que pour faire face à la grave situation à Gaza, le Gouvernement japonais avait offert 32 millions de dollars pour fournir notamment une aide alimentaire et sanitaire supplémentaire. Soucieux de prévenir la famine provoquée par le conflit et l’insécurité alimentaire généralisée à Gaza, le délégué a rappelé que le droit international humanitaire interdit de rendre inutilisables des biens indispensables à la survie de la population civile, les denrées alimentaires, des champs agricoles, des cultures, le bétail, l’approvisionnement en eau potable et des systèmes d’irrigation.  Les parties au conflit doivent faciliter le passage rapide et sans entrave de l’aide humanitaire pour les civils, a-t-il exhorté. 

Le représentant a demandé une plus grande coordination entre les parties dans l’acheminement de l’aide humanitaire pour répondre aux énormes besoins humanitaires sur le terrain.  Davantage de camions et de carburant doivent pouvoir entrer à Gaza, a-t-il précisé. Il a demandé à Israël d’ouvrir des points de passage frontaliers supplémentaires et de sécuriser les couloirs humanitaires afin que les acteurs humanitaires puissent mener à bien leur travail en toute sécurité.  En outre, les efforts pour résoudre la cause de cette catastrophe doivent se poursuivre, a-t-il prié.  Condamnant les attaques du 7 octobre par le Hamas, le délégué a exigé la libération immédiate et sans condition de tous les otages détenus par le Hamas.  Il a aussi réaffirmé qu’un cessez-le-feu humanitaire est nécessaire afin d’assurer un environnement propice à l’aide humanitaire et à la libération des otages.  Cette catastrophe humanitaire doit être immédiatement stoppée, a-t-il martelé. 

Le représentant de la Sierra Leone s’est dit profondément préoccupé par le fait que la violence continue à Gaza entrave une réponse humanitaire efficace.  Il s’est élevé contre l’impact direct des opérations militaires en cours, affirmant que le Conseil ne peut permettre que cette situation perdure.  Il a réitéré son appel aux parties au conflit à respecter leurs obligations en vertu du droit international, y compris le droit international humanitaire, qui interdit le recours à l’affamement des civils comme méthode de guerre, ainsi que la destruction des biens civils nécessaires au stockage et à la distribution des secours.  En outre, le délégué a réitéré la nécessité d’un cessez-le-feu humanitaire immédiat, rejetant toute tentative de mener des opérations militaires à Rafah, où se trouve une plus grande proportion de terres arables.  Enfin, il a appelé les parties au conflit à permettre un accès sûr et sans entrave à l’aide humanitaire, en ouvrant tous les points de passage pertinents, en particulier vers le nord de la bande de Gaza.  Le représentant a également plaidé en faveur d’un système de notification humanitaire fonctionnel et d’un réseau de communication stable de nature à garantir la protection du personnel de l’ONU et des autres personnels humanitaires. 

Le représentant du Mozambique a appelé au respect de la résolution 2417 (2018) du Conseil de sécurité sur la protection des civils dans les conflits armés dans le contexte du conflit à Gaza.  Il a réaffirmé la responsabilité première des États de protéger la population sur l’ensemble de leur territoire.  C’est d’autant plus urgent que plane la menace d’une offensive terrestre israélienne à Rafah, où environ 1,5 million de personnes cherchent un abri, et au moment où on s’approche du ramadan, a-t-il insisté.  Dans cette optique, il a prôné des mesures globales et efficaces, non seulement pour protéger les civils dans la région de Gaza, mais aussi pour permettre la fourniture des services de base et de l’assistance humanitaire nécessaire.  Pour cela, une cessation immédiate et urgente des hostilités est cruciale, a-t-il argué. Concluant son intervention, le délégué a réitéré l’appel du Mozambique au Conseil pour qu’il reste uni et engagé dans tous les efforts visant à mettre en œuvre ses résolutions et les instruments juridiques des Nations Unies concernant la fin de la violence et la protection des civils dans la bande de Gaza.

Le représentant de la Fédération de Russie a constaté que le risque d’une véritable famine dans la bande de Gaza augmente chaque jour.  En l’absence de réponse efficace, les membres du Conseil de sécurité partageront l’entière responsabilité du recours par Israël à la famine comme méthode de guerre, a-t-il affirmé.  Il s’est affligé des statistiques tragiques présentées par l’OCHA, selon lesquelles un habitant sur 4 de l’enclave est à deux pas de la famine, soit la proportion la plus élevée de personnes souffrant de niveaux élevés de malnutrition jamais enregistrée dans le monde.  Une génération entière de jeunes gazaouites risque des dommages irréparables au développement de leurs capacités physiques et mentales, a-t-il relevé, « un coup fatal porté à l’avenir de Gaza ».

Il a dénoncé les mesures sévères prises par Israël qui entravent l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza, notant en outre que le faible potentiel de l’agriculture locale est mis à mal par le risque élevé de mines, la pollution et le manque d’eau pour l’irrigation.  Le libellé « faible et ambigu » de la résolution 2720 (2023), « introduit pour satisfaire Washington », n’a fait, selon lui, qu’empirer la situation.  « Le seul impératif vital pour empêcher une famine massive à Gaza est un cessez-le-feu urgent et le respect par Israël du droit international humanitaire », a-t-il ajouté, avant de dénoncer le recours par les États-Unis du veto à quatre reprises pour empêcher toute action du Conseil.  En bloquant les efforts internationaux visant à mettre fin à la violence à Gaza, Washington porte l’entière responsabilité du nombre sans précédent de victimes civiles, a martelé le représentant. 

Le représentant a jugé le moment venu de recourir à la disposition de la résolution 2417 (2018) qui prévoit l’imposition de sanctions contre ceux qui entravent l’accès humanitaire aux personnes dans le besoin.  Il a dénoncé le silence des pays occidentaux face à cette famine, les mêmes qui ont suspendu, avant même la fin de l’enquête, le financement de l’UNRWA au plus fort de la catastrophe humanitaire à Gaza, mettant l’Office en danger de s’effondrer. 

Alors que près de 600 000 personnes sont au bord de la famine à Gaza, la représentante de Malte a déclaré que ce niveau catastrophique d’insécurité alimentaire est le résultat direct de la campagne militaire israélienne et de l’incapacité d’Israël à faciliter l’acheminement sans entrave de l’assistance humanitaire et de l’aide alimentaire dans la bande de Gaza.  Elle a demandé la réouverture immédiate du port d’Ashdod et d’autres points de passage tout en insistant sur l’importance d’un mécanisme de désescalade humanitaire respecté par toutes les parties. Un cessez-le-feu permanent est essentiel, aujourd’hui plus que jamais, pour créer l’espace nécessaire à une intervention humanitaire renforcée, a plaidé la représentante. 

En outre, la déléguée a dénoncé tout déplacement forcé de Palestiniens de leurs terres ou de leurs maisons, y compris depuis et à l’intérieur de Gaza. Elle a sommé Israël de protéger et rétablir les infrastructures et les services vitaux nécessaires aux systèmes et à la production alimentaires, en particulier les conduites d’eau transfrontalières, les télécommunications et la reprise de la distribution d’électricité et de carburant.  Martelant que la famine ne peut être utilisée comme arme de guerre, la représentante a affirmé que la présence de l’UNRWA reste essentielle pour garantir une réponse humanitaire efficace à Gaza: « son rôle est irremplaçable ». Elle a appelé le Conseil à exiger que des mesures immédiates soient prises par les parties pour garantir le respect du droit humanitaire international, y compris la résolution 2417 (2018).  L’obligation de rendre compte des violations du droit international doit être une priorité, tout comme la mise en œuvre immédiate de l’ordonnance sur les mesures provisoires émise par la CIJ, y compris les mesures liées à la fourniture de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza.

Reprenant la parole, le représentant des États-Unis a réagi à l’intervention de la Russie en se justifiant sur ses observations sur la situation à Gaza, qui étaient « claires » à son avis.  Il a accusé la Russie de faire partie des États qui créent des situations de crise humanitaire plutôt que de les résoudre en pointant la situation en Ukraine.  La Russie n’est pas en mesure de critiquer qui que ce soit, a-t-il estimé, expliquant que lorsqu’elle parle d’attaques visant des infrastructures civiles, il a du mal à la prendre au sérieux.

Son homologue de la Fédération de Russie lui a demandé s’il comparait vraiment la situation à Gaza à celle en Ukraine?  Ces deux situations ne sont pas comparables, a-t-il tranché, ni par leur ampleur ni par le fait que la Russie ne soumet pas l’Ukraine à de bombardements incessants.  « Balayez d’abord devant votre porte », lui a-t-il lancé après avoir rappelé les campagnes militaires menées par les États-Unis en Afghanistan, en Syrie, en Iraq et ailleurs. 

Le délégué des États-Unis a tenu à préciser qu’il n’avait pas comparé ces deux situations avant de demander au représentant russe s’il entendait réellement dire que la Russie ne bombarde pas l’Ukraine. 

Le délégué de la Fédération de Russie a rétorqué que la Russie ne visait que des objectifs militaires lors de ses bombardements.

L’Observateur permanent de l’État de Palestine a insisté sur l’importance de la résolution 2418 (2018) qui condamne l’utilisation de la famine comme arme de guerre contre les populations civiles.  La note blanche de l’OCHA illustre la gravité de la situation provoquée par la guerre d’Israël contre Gaza, a-t-il ensuite dénoncé en se désolant de l’insécurité alimentaire à Gaza qui frappe plus d’un demi-million de personnes et de la famine qui s’aggrave chaque jour qu’Israël poursuit son « agression criminelle ».  Il a fait remarquer que toute une population est privée de sa dignité et de ses moyens de survie, rendue totalement dépendante de l’aide humanitaire, qui en plus ne lui parvient pas en dépit des résolutions 2712 (2023) et 2720 (2023) et en dépit de la nomination d’une Coordonnatrice de l’action humanitaire et de la reconstruction à Gaza, Mme Sigrid Kaag.  Sa mission est impossible sans un cessez-le-feu, en a-t-il déduit. 

Israël est l’architecte de cette catastrophe humaine et humanitaire, a dénoncé l’observateur palestinien en accusant les dirigeants israéliens de le faire volontairement en violation du droit international humanitaire, des droits de l’homme, des résolutions du Conseil de sécurité et de l’ordonnance de la CIJ.  Il a regretté que le Conseil n’ait pas pu exiger un cessez-le-feu laissant le peuple palestinien à la merci de la Puissance occupante.  Il a par ailleurs appelé les pays donateurs à reprendre leur financement de l’UNRWA.  Le Conseil, a-t-il lancé, doit garantir l’obligation de rendre des comptes pour les atrocités commises à Gaza.  Personne ne devrait être complice du génocide en cours, a-t-il prévenu.  Enfin, l’observateur a demandé un cessez-le-feu immédiat pour mettre fin à l’agression israélienne.  Il a appelé à acheminer sans entrave l’aide humanitaire dans la bande de Gaza et plaidé pour que les responsables des crimes de guerre et crimes contre l’humanité perpétrés par Israël rendent des comptes.  Le Conseil de sécurité doit agir immédiatement, a-t-il exigé. 

Le représentant d’Israël a tout d’abord affirmé que « personne ne souhaite voir un enfant souffrir de la faim ou empêcher les civils d’avoir accès aux services de base ».  C’est la position d’Israël, a-t-il dit, rappelant que son pays combat le Hamas, une organisation qui n’a pas de normes, si ce n’est la volonté de terroriser et d’éradiquer le peuple juif.  Israël travaille à l’arrivée de l’aide humanitaire à Gaza depuis différents pays et par différentes agences, a poursuivi le représentant en expliquant que cette assistance transite aujourd’hui par les points de passage de Rafah et de Kerem Shalom, dans l’attente d’un possible canal par la Jordanie.  Nous débattons d’autres options encore, a-t-il assuré, avant de rappeler que depuis les attaques terroristes du 7 octobre dernier, Israël a permis l’acheminement de 250 000 tonnes de fournitures humanitaires, dont 170 000 tonnes de denrées alimentaires.  Selon le représentant, il n’y a aucune limite à la quantité d’aide à fournir à la population de Gaza.  Il a assuré qu’Israël continue de coordonner le transfert de l’aide avec les organisations humanitaires.  Depuis début 2024, la plupart des demandes d’aide ont été approuvées, a-t-il précisé: seulement 16% des mouvements ont été refusés en raison du risque d’accaparement des fournitures par des terroristes.  « Ce sont les faits, nul ne peut les nier. »  Grâce à ces efforts, des boulangeries fonctionnent à Gaza et 2 millions de pitas sont produites chaque jour, a-t-il expliqué. 

Pour améliorer la situation humanitaire, il faut selon lui s’attaquer à la cause du manque de progrès.  Imputer à Israël l’échec de l’acheminement de l’aide revient à diffuser les mensonges du Hamas, a lancé le représentant, selon lequel, ces derniers jours, plus de 500 camions attendaient aux postes-frontières après avoir été approuvés par Israël.  Où est l’ONU? a-t-il interrogé.  « On pointe la responsabilité d’Israël alors que c’est la faute de l’ONU!»  Insistant sur le fait qu’Israël est déterminé à améliorer l’acheminement de l’aide dans le nord de la bande de Gaza, il a signalé que son pays a permis hier le parachutage de frets jordanien et français, que l’ONU a refusé de distribuer, ses agences ayant suspendu leurs activités dans cette partie du territoire. Après avoir dénoncé cette attitude contreproductive pour la population civile de Gaza, il a appelé à optimiser le rôle des agences de l’ONU et les moyens de distribution de l’aide.  C’est la seule façon d’améliorer la situation humanitaire, a-t-il affirmé, avant de s’étonner que les détournements et les pillages de l’aide perpétrés par le Hamas ne soient jamais évoqués au Conseil de sécurité. 

Cela fait des décennies qu’Israël avertit la communauté internationale des agissements du Hamas mais ses signalements restent ignorés, a regretté le représentant.  Le Conseil doit selon lui condamner l’utilisation de boucliers humains et le détournement de l’aide par le Hamas.  De son côté, Israël fera tout ce qui est en son pouvoir pour que l’aide ne soit pas utilisée à des fins terroristes.  Avant de conclure, il a rappelé que 134 personnes restent retenues en otages à Gaza, vraisemblablement dans les tunnels du Hamas.  Personne ne parle d’eux, s’est-il indigné, avant de demander quand le Conseil leur consacrera une réunion.  « Israël ne restera pas les bras croisés et continuera d’exiger leur libération. » 

Le représentant de la Tunisie, qui s’exprimait au nom du Groupe arabe, a souligné la gravité de la situation humanitaire des Gazaouites alors que le spectre de la famine y plane en raison de l’incapacité de la communauté internationale de s’accorder sur un cessez-le-feu immédiat et de l’entêtement des forces de l’occupation à aggraver la souffrance du peuple palestinien qui est soumis depuis près de cinq mois à toutes formes d’exaction, au génocide, privé d’eau et d’alimentation, s’est-il emporté.  Pourtant des centaines de camions d’aide humanitaire sont entassés le long des points d’entrer sans pouvoir entrer dans la bande de Gaza en raison de leur prise pour cible par le Gouvernement d’occupation.  Ce blocus affame et tue en silence et prive le peuple palestinien de tous les moyens de survie en violation flagrante du droit international et du droit international humanitaire, a-t-il tranché.  La communauté internationale et le Conseil de sécurité ne peuvent rester silencieux, et si le représentant n’a pas « voulu demander quand le Conseil de sécurité sera enfin à la hauteur de son mandat », il s’est « contenté » de dire que c’est une honte et un précédent gravissime.  Le Gouvernement de l’occupation continue de faire fi du droit international en toute impunité.

Le Groupe arabe réitère la nécessité d’adopter un cessez-le-feu immédiat, de mettre un terme au plan de déplacement forcé de Palestiniens de Gaza, a-t-il souligné. En outre, le Groupe arabe réitère son plein appui aux efforts de la Coordonnatrice de l’action humanitaire et de la reconstruction à Gaza, Mme Kaag.  Après avoir mis en avant le rôle primordial que joue l’UNRWA sur le terrain, le délégué a mis en garde contre toute tentative visant l’élargissement du mandat de la Coordonnatrice au détriment de l’UNRWA avant de demander aux pays donateurs de maintenir leur soutien financier à cet Office.

Le représentant du Pakistan a constaté que les risques « monumentaux » en matière de sécurité alimentaire à Gaza ont atteint un point sans précédent dans l’histoire récente.  La campagne militaire « génocidaire » menée par Israël a tué 30 000 Palestiniens en cinq mois, pour la plupart des femmes et des enfants, en plus de déplacer la totalité de ses habitants.  Tout en rasant les villes de Gaza, les forces israéliennes ont aussi détruit les terres agricoles et la flotte de pêche de Gaza, a noté le représentant.  Suspendre le financement de l’UNRWA aura d’autres conséquences désastreuses pour la population traumatisée de Gaza, a-t-il prédit, et contribuera d’autant à la « punition collective » qui lui est infligée.  Aujourd’hui, Israël se prépare à mener une offensive terrestre sur Rafah, au risque d’intensifier encore les souffrances des Palestiniens et d’élargir le conflit. 

Pour prévenir l’avènement d’un tel scénario, le représentant a appelé à l’imposition d’un cessez-le-feu complet et durable par le Conseil de sécurité, ainsi qu’à l’application des mesures conservatoires ordonnées par la Cour internationale de Justice (CIJ) pour garantir l’acheminement de l’aide humanitaire. Il a également engagé les donateurs qui ont suspendu leur soutien à l’UNRWA à revenir sur leur décision et accroître leur aide.  Le Conseil doit par ailleurs exiger le retrait immédiat des forces d’occupation israéliennes de Gaza et la levée du blocus.  Pour garantir une assistance humanitaire sans entrave et un soutien ultérieur à la reconstruction de l’enclave, le représentant a prôné le déploiement d’un mécanisme international impartial pour la protection des civils palestiniens à Gaza et en Cisjordanie. 

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