Reprise de la soixante-dix-huitième session,
27e séance plénière
​AG/AB/4451​

Cinquième Commission: la reprise de session sur la gestion des ressources humaines plombée par « l’état lamentable » de la trésorerie de l’ONU

C’est sous un ciel assombri par « l’état lamentable » de la trésorerie de l’ONU, comme l’ont constaté Singapour et la quasi-totalité de la vingtaine d’orateurs, que la Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, a entamé, ce matin, sa première reprise de session consacrée principalement à la gestion des ressources humaines et l’application du principe de responsabilité au Secrétariat de l’ONU. 

La nouveauté de cette reprise de session est le fait qu’elle passe de quatre à cinq semaines, a précisé le Président de la Cinquième Commission, M. Osama Mahmoud Abdelkhalek Mahmoud, de l’Égypte.  Il s’agit de permettre aux délégations d’examiner, en profondeur, les points de l’ordre du jour, qui en plus de la gestion des ressources humaines et de l’application du principe de responsabilité, y compris dans la chaîne d’approvisionnement, portent aussi sur le financement du système des coordonnateurs résidents et de l’Institution indépendante chargée de la question des personnes disparues en République arabe syrienne et des rapports du Corps commun d’inspection et sur le régime commun des Nations Unies. 

Dès ce matin, Singapour, au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a dénoncé « l’état lamentable » de la trésorerie de l’ONU, dû au fait que plusieurs pays dont « un contributeur majeur » ne s’acquittent pas de leur quote-part.  L’exécution des mandats confiés au Secrétariat sera affectée par les mesures d’austérité touchant, en particulier, les recrutements, les dépenses et l’appui aux réunions intergouvernementales. 

L’Australie a apporté des précisions, au nom du groupe CANZ (Canada, Australie et Nouvelle-Zélande). En 2023, 51 États Membres ne se sont pas acquittés de l’intégralité de leur contribution au budget ordinaire de l’ONU et 140 autres ne l’ont pas fait à temps.  Le Secrétariat de l’ONU a donc été contraint de mettre en œuvre des mesures « agressives » pour éviter un défaut de paiement.  Le gel des recrutements, en vigueur depuis juillet 2023, ne peut qu’entraver la faculté du personnel à exécuter les mandats.

Tous les États membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) ont payé l’intégralité de leur contribution en 2023, a souligné le Qatar, et certains l’ont déjà fait pour 2024.  Il est de plus en plus évident que le financement adéquat et durable du budget est la quintessence même du travail de l’Organisation, a renchéri la République de Corée alors que la Fédération de Russie mettait en garde contre une crise de trésorerie qui pourrait conduire à la violation des règles. 

La Suisse et le Liechtenstein ont appelé les États Membres à agir, de manière responsable, pour aider l’ONU à surmonter la crise actuelle.  L’Organisation ne peut remplir ses fonctions d’employeur attractif que si elle est en mesure de recruter les meilleurs candidats et de payer les salaires. Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, l’Ouganda a prié le Secrétaire général à veiller à ce que, lors de la mise en œuvre des mesures d’austérité, l’impact sur le recrutement d’un personnel critique soit atténué. 

Venant à la gestion des ressources humaines, le Qatar, toujours au nom du CCG, a attiré l’attention sur le fait que de nombreux membres du personnel de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient (UNRWA) ont perdu la vie dans le théâtre des opérations israéliennes à Gaza. L’Algérie n’a pas manqué de rendre hommage à ce personnel « inébranlable » dans son engagement à fournir une aide aux personnes touchées par la tragédie humanitaire à Gaza.

Les délégations ont toutes salué l’adoption par l’Assemblée générale de la résolution sur la gestion des ressources humaines qui, selon les États-Unis, devrait permettre à l’ONU d’améliorer la gestion du personnel et d’appliquer le principe de responsabilité.  À cette session, il s’agira de lever les obstacles injustes dans le passage des fonctionnaires du Secrétariat de la catégorie des services généraux à la catégorie des administrateurs.  La Suisse et le Liechtenstein ont salué la proposition visant à permettre au personnel des services généraux de postuler à des postes d’administrateur à New York. 

Toutefois, l’Ouganda, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a dit craindre que cette proposition ne créée des obstacles à la réalisation d’une représentation géographique équitable: parmi les 19 210 membres du personnel éligibles de la catégorie des services généraux, 85,5% sont originaires de pays situés dans les fourchettes souhaitables ou surreprésentés.  Il s’est ému du nombre important et toujours vacant de postes soumis à une répartition géographique équitable, y compris au niveau P-2, et de postes géographiques temporairement pourvus par du personnel sans statut géographique.

En termes de nomination à des postes de grade supérieur à partir de P-5, nous voyons toujours « la domination » du Groupe des États d’Europe occidentale et autres États, a taclé la Fédération de Russie.  Cela fait 10 ans que les pays du CCG sont sous-représentés au Secrétariat, a indiqué le Qatar qui a prié le Secrétaire général de faire en sorte que les recrutements soient équitables et souples.  Trente-six des 56 pays du Groupe des États d’Afrique sont sous-représentés, non représentés ou représentés dans le cadre de la fourchette maximale, a rappelé l’Éthiopie.

L’Ouganda a dit attendre des informations détaillées sur la manière dont sera mise en œuvre la décision d’élargir les postes soumis au système des fourchettes souhaitables à tous les postes financés par le budget ordinaire de la catégorie des administrateurs et des fonctionnaires de rang supérieur, y compris dans les missions politiques spéciales et les opérations de paix.  La Suisse et le Liechtenstein ont réclamé des efforts pour rajeunir le personnel car si elle veut garantir sa viabilité, l’ONU doit se doter d’un personnel en mesure de répondre aux besoins des générations futures.  Les deux délégations ont estimé que la mobilité du personnel et les possibilités de développement de carrière sont primordiales pour doter l’ONU d’un personnel qualifié et polyvalent. 

Une opposition aux amendements envisagés aux règlements existants pour tenir compte du genre au sein du personnel de l’ONU est venue de la Fédération de Russie qui a nié à la Cinquième Commission le droit de discuter sur le fond de la notion de « genre ».  Ces amendements, a-t-elle poursuivi, violent aussi le principe du multilinguisme, puisqu’ils sont en anglais et ne peuvent être traduits avec justesse dans toutes les cinq autres langues officielles de l’ONU.

Concernant le financement du système des coordonnateurs résidents, les États-Unis ont souligné l’importance de la transparence et de la responsabilité, compte tenu de la migration de ce financement vers le budget ordinaire de l’ONU. Il faut un financement stable, prévisible et durable, ont insisté des pays comme la Chine, le Royaume-Uni et la République de Corée, pour garantir l’efficacité du système. 

La Cinquième Commission a aussi entendu, ce matin, la présentation des rapports du Secrétaire général sur les activités de la chaîne d’approvisionnement, du Corps commun d’inspection et du régime commun des Nations Unies*.  Elle tiendra une autre séance publique, mardi 5 mars, à partir de 10 heures, pour examiner les prévisions budgétaires pour l’Institution indépendante chargée de la question des personnes disparues en République arabe syrienne.

* A/78/679; A/78/34A/78/73; A/78/600; A/78/757

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