Le Conseil de sécurité entend le compte rendu de sa récente mission en Colombie, pays doté d’un accord de paix parmi les « plus novateurs au monde »
Le Conseil de sécurité a, ce matin, entendu le compte rendu de mission que ses membres ont effectuée en Colombie du 7 au 11 février derniers. Les représentantes du Guyana, du Royaume-Uni et de la Suisse, qui ont codirigé cette mission de terrain, ont ainsi présenté des exposés dans lesquels elles ont insisté sur l’importance d’un engagement robuste en faveur de la mise en œuvre de l’accord de paix, « l’un des plus novateurs au monde », selon l’expression de la déléguée suisse.
« L’objectif de cette visite était de démontrer le plein engagement du Conseil en faveur de la paix en Colombie, en particulier en appui à la mise en œuvre de l’accord de paix signé en 2016 », a expliqué la déléguée du Guyana. Elle a précisé que les membres du Conseil ont pu rencontrer le Président colombien, M. Gustavo Petro, la Vice-Présidente, Mme Francia Marquez, ainsi que des membres de la société civile, des femmes et des jeunes.
Le Président colombien a exprimé ses préoccupations au sujet du grand nombre d’anciens combattants tués depuis la signature de l’accord, a relevé la déléguée. « Il a indiqué que le non-respect de l’accord, y compris l’absence de l’État, pourrait aboutir à un retour du conflit dans ces territoires. » La nécessité d’un renforcement de la présence de l’État a aussi été soulignée par les représentants de la société civile, a fait valoir la représentante guyanaise.
Ces derniers ont également souhaité une accélération dans la mise en œuvre des volets rural et ethnique de l’accord précité, insistant sur l’importance d’un dialogue avec les victimes. Un accord de cessez-le-feu multilatéral incluant tous les groupes armés a également été suggéré, a ajouté la déléguée du Guyana. Enfin, elle a appelé à remédier au « manque d’État » dans les zones rurales et à un appui continu du Conseil, la Mission de vérification de l’ONU ayant à ce titre un rôle central à jouer.
Dans ce droit fil, la représentante de la Suisse a encouragé le Conseil à étendre le mandat de la Mission de vérification à la surveillance et à la vérification du cessez-le-feu récemment renouvelé entre le Gouvernement et l’État-major central des Forces armées révolutionnaires de Colombie–Armée populaire (EMC FARC-EP). Malgré la volonté politique du Gouvernement pour une « paix totale », le pays est confronté à d’énormes défis, a poursuivi la déléguée.
« Nous avons entendu à maintes reprises les mêmes demandes, qui –une leçon pour ce Conseil– sont représentatives de la plupart des solutions aux conflits: une meilleure répartition des terres, une plus grande justice sociale et, surtout, une plus grande protection contre la violence. » La déléguée suisse a également relayé les doléances présentées par les représentantes des organisations de femmes.
Ces dernières ont décrit les risques auxquels elles et leurs enfants sont exposés et les défis posés par la protection des droits humains au quotidien: « Elles ont souligné que les violences sexuelles ne devaient pas être amnistiées et que leur interdiction, tout comme celle du recrutement d’enfants, devaient être des exigences minimales dans les pourparlers de paix en cours. » La participation des femmes aux processus de prises de décision ne semble pas suffisamment garantie malgré leur contribution indéniable à la construction de la paix, a déploré la déléguée de la Suisse.
Enfin, la représentante du Royaume-Uni est longuement revenue sur la visite effectuée à Buenaventura: « Il y a cinq ans, le Conseil n’avait pas été en mesure de rencontrer une dirigeante communautaire en raison des risques pesant sur sa sécurité, cette fois, cette même dirigeante, qui est maintenant la Vice-Présidente, nous a accompagnés dans sa région, démontrant la transformation en cours dans le pays. » La déléguée du Guyana a rappelé que c’est la première fois que le poste de vice-présidente est occupé par une Afro-Colombienne.
Cette visite a été l’occasion pour le Conseil de se concentrer sur le volet ethnique de l’accord, a poursuivi la déléguée britannique. « Partout, lors de cette visite, nous avons pu voir la Mission de vérification de l’ONU, le Gouvernement colombien, les communautés et les individus travailler main dans la main afin de bâtir une paix durable en Colombie », s’est-elle réjouie. « La paix n’est pas un concept abstrait, c’est une véritable cause sociale qui exige des efforts de toutes les composantes de la société. »