En cours au Siège de l'ONU

9554e séance
CS/15598

La Représentante spéciale demande l’appui du Conseil de sécurité pour endiguer le flux d’armes légères et d’engins explosifs en République centrafricaine

Les engins explosifs et les armes légères constituent non seulement une menace pour la population et les forces de maintien de la paix présentes en République centrafricaine, mais également le principal obstacle à la fourniture de l’aide humanitaire dans sa région occidentale, a indiqué, ce matin, la Représentante spéciale du Secrétaire général, en demandant une réponse « urgente, ciblée et véritablement multidimensionnelle » du Conseil de sécurité à cette menace. 

Le 15 janvier dernier, une patrouille de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) a heurté un engin explosif à Nzakoundou, tuant un Casque bleu et en blessant cinq autres.  En réponse à cette mort tragique, qui fait suite à une série d’incidents similaires survenus ces derniers mois, le Conseil doit assurer une meilleure formation des troupes prédéploiement, leur fournir un équipement adéquat et renforcer les capacités des forces de défense et de sécurité nationales de la République centrafricaine, a fait valoir Mme Valentine Rugwabiza, qui est aussi la Cheffe de la MINUSCA.  Pour endiguer le flux d’armes vers le pays, elle a également préconisé une meilleure collecte de renseignements et le renforcement de la coopération transfrontalière avec les pays de la région. 

Consolider la paix et la sécurité en République centrafricaine consiste aussi à s’attaquer aux groupes terroristes qui opèrent dans le pays, a observé la délégation centrafricaine.  Affaiblis, ces groupes continuent néanmoins de mener des actions terroristes et de s’en prendre à la population civile, aux travailleurs humanitaires, à la MINUSCA et aux forces de sécurité centrafricaines.  Les « multiples violations de l’espace aérien national par des drones non identifiés larguant des explosifs » ont forcé Bangui à suspendre de tels vols.  Toutefois, a ajouté la République centrafricaine, une dérogation a été accordée le 21 février aux forces de défense et de sécurité et à la MINUSCA. 

Dans la même veine, la France a appelé à poursuivre les efforts de désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement des groupes armés, de concert avec la MINUSCA, ainsi que la réforme du secteur de la sécurité.  Face à l’usage croissant d’engins explosifs dans plusieurs régions du pays et aux mouvements transfrontaliers des groupes armés, la délégation française a encouragé les autorités centrafricaines à coopérer étroitement avec les pays voisins et les organisations régionales.

« La sécurité en République centrafricaine ne sera pas possible avec les mauvais partenaires », a prévenu le Royaume-Uni, en dénonçant les violations des droits humains commises par le groupe Wagner, lesquelles prolongent l’insécurité et entravent le travail de la MINUSCA, dont la liberté de circulation de ses drones.  « C’est un pays souverain, libre de décider avec qui il entend coopérer », a rétorqué la Fédération de Russie. 

Pour les États-Unis, les obstructions au travail de la Mission et les restrictions imposées au survol de drones nuisent à la protection des civils et à la sécurité des Casques bleus.  En réponse, la délégation centrafricaine a dénoncé la notification de ce pays concernant l’acheminement de matériel militaire en République centrafricaine à des fins militaires, sans consultation préalable avec Bangui.  En conséquence, elle a demandé au Comité de sanctions 2127 de lui fournir des explications ainsi que les règles de procédure applicables en la matière.

Sur le plan politique, la Représentante spéciale a évoqué la tenue, le 6 février dernier, d’une session extraordinaire du Comité exécutif de suivi de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation pour marquer le cinquième anniversaire de la signature de ce document et faire le point sur les progrès réalisés dans la mise en œuvre de la feuille de route commune.  Les participants ont notamment appelé à un soutien accru de la communauté internationale pour réaliser les engagements en suspens et soutenir la décentralisation du processus de paix.  La Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) a salué à cette occasion l’autodissolution de neuf groupes armés ainsi que le maintien des anciens dirigeants de tels groupes dans le Gouvernement, tout en appelant les autres signataires originaux de l’Accord à se rallier au processus de paix.

Comme l’ensemble des membres du Conseil, l’Algérie, le Guyana, le Mozambique et la Sierra Léone ont salué les progrès réalisés dans la mise en œuvre de l’Accord politique et de la feuille de route commune pour la paix.  L’achèvement du plan d’action décennal visant à rendre opérationnelle la politique nationale de gestion des frontières, adopté en septembre 2023 avec l’appui de la MINUSCA et des partenaires internationaux, a également été salué.  Les élections locales prévues cette année seront vitales pour renforcer la gouvernance démocratique et la décentralisation nécessaires à une paix durable, a noté la République de Corée. 

Pays enclavé dont seulement 3% du réseau routier est asphalté, l’état des routes de la République centrafricaine constitue un défi majeur pour la mobilité des troupes de la MINUSCA et des forces nationales, a expliqué la Représentante spéciale, entravant par ailleurs l’extension de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire.  L’appui logistique, sécuritaire et de renforcement des capacités fourni aux autorités centrafricaines par la MINUSCA a permis le déploiement de 5 007 fonctionnaires sur le territoire national, contre seulement 650 en 2013.

À l’approche des délibérations budgétaires sur la MINUSCA, Mme Rugwabiza a demandé au Conseil et aux États Membres de mettre à la disposition de la Mission les moyens de transport et de logistique dont elle a besoin pour s’acquitter de son mandat.  La résolution 2709 (2023) fait d’ailleurs de la restauration et de l’extension de l’autorité de l’État une priorité, a-t-elle rappelé. 

LA SITUATION EN RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE (S/2024/170)

Déclarations

Mme VALENTINE RUGWABIZA, Représentante spéciale du Secrétaire général et Cheffe de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), a évoqué la tenue, le 6 février dernier, d’une session extraordinaire du Comité exécutif de suivi de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation pour marquer le cinquième anniversaire de la signature de ce document et faire le point sur les progrès réalisés dans la mise en œuvre de la feuille de route conjointe.  Les participants ont notamment appelé à un soutien accru de la communauté internationale pour réaliser les engagements en suspens et soutenir la décentralisation du processus de paix.  La Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) a salué à cette occasion l’autodissolution de neuf groupes armés ainsi que le maintien des anciens dirigeants de tels groupes dans le Gouvernement, et appelé les autres signataires originaux de l’Accord à rejoindre le processus de paix et politique.

Le 15 janvier dernier, a poursuivi la Représentante spéciale, une patrouille de la MINUSCA a heurté un engin explosif à Nzakoundou, un village de l’ouest du pays qui a récemment été l’épicentre d’une attaque menée par des éléments présumés du groupe armé 3R, tuant un Casque bleu et en blessant cinq autres.  Cette mort tragique, qui fait suite à une série d’incidents similaires survenus ces derniers mois, appelle selon elle une réponse rapide à la menace que posent les engins explosifs.  Pour endiguer le flux d’armes vers le territoire centrafricain, Mme Rugwabiza a préconisé une meilleure collecte de renseignements et une coopération transfrontalière renforcée entre les pays de la région.  Les engins explosifs et les armes légères constituent non seulement une menace pour la population et les forces de maintien de la paix, mais également l’entrave la plus grave à la fourniture de l’aide humanitaire dans la région occidentale, où vit 50% de la population du pays.  En conséquence, la haute fonctionnaire a demandé le soutien du Conseil pour une réponse urgente, ciblée et véritablement multidimensionnelle à cette menace, réponse qui devrait inclure une meilleure formation des troupes prédéploiement, un équipement adéquat ainsi qu’un renforcement des capacités des forces de défense et de sécurité nationales. 

Pays enclavé dont seulement 3% du réseau routier est asphalté, la République centrafricaine pose un défi majeur à la mobilité des troupes de la MINUSCA et des forces nationales, a indiqué la Représentante spéciale, entravant l’extension de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire.  L’absence d’avions-cargos limite encore la capacité de la Mission à transporter des matériaux critiques nécessaires pour entreprendre ses projets sur le terrain dans le but d’améliorer la mobilité du personnel civil. À l’approche des délibérations budgétaires sur la MINUSCA, Mme Rugwabiza a demandé au Conseil et aux États Membres de mettre à la disposition de la Mission des moyens de transport et de logistique dont elle a besoin pour s’acquitter de son mandat. La résolution 2709 (2023) fait de la restauration et de l’extension de l’autorité de l’État une priorité, a-t-elle rappelé. 

À la mi-janvier 2024, 86% des employés des autorités administratives locales étaient présents à leurs lieux d’affectation dans les préfectures et sous-préfectures du pays, a relevé la Représentante spéciale.  L’appui logistique, sécuritaire et de renforcement des capacités fourni aux autorités centrafricaines par la MINUSCA a permis le déploiement de 5 007 fonctionnaires sur le terrain, contre seulement 650 en 2013.  La Mission entend donc continuer de renforcer sa coopération et ses patrouilles conjointes avec les Forces armées centrafricaines (FACA) et les forces intérieures, en particulier dans les zones frontalières et les points chauds du conflit. Bien que la réforme du secteur de la sécurité et des FACA demeure urgente, des ressources supplémentaires n’ont toujours pas été affectées à sa mise en œuvre, a encore noté la haute fonctionnaire. 

Le représentant de la France s’est félicité des actions menées par les autorités centrafricaines pour faire advenir la paix et faire taire les armes, qualifiant à cet égard de « pas dans la bonne direction » la deuxième réunion de l’examen stratégique sur la mise en œuvre de l’Accord politique et de la feuille de route de Luanda, qui s’est tenue à Bangui en octobre dernier. Il s’est aussi réjoui du renouvellement du mandat de la MINUSCA et des efforts de cette dernière pour renforcer l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire.  Appelant à poursuivre les actions de désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement, ainsi que la réforme du secteur de la sécurité, il a salué les résultats obtenus par les autorités centrafricaines, en lien avec la MINUSCA, dans la lutte contre les groupes armés.  Face à l’insécurité qui persiste en raison des mouvements transfrontaliers de groupes armés, il a invité le Gouvernement centrafricain à coopérer étroitement avec les pays voisins et les organisations régionales. 

Alors que des attaques continuent d’être menées par les groupes armés contre les populations civiles, les forces centrafricaines et la MINUSCA, le représentant s’est dit préoccupé par l’usage croissant d’engins explosifs dans plusieurs régions du pays.  Condamnant les violations du droit humanitaire et des droits humains, en particulier celles commises par les groupes armés et les mercenaires russes, il a encouragé les autorités centrafricaines à poursuivre leur engagement en matière de lutte contre l’impunité et de renforcement du système judiciaire.  Il a par ailleurs jugé essentiel d’assurer un accès complet, sûr et sans entrave de l’aide humanitaire, notamment pour faire face à l’afflux de réfugiés et de demandeurs d’asile en lien avec la crise au Soudan.  Enfin, se disant favorable à un dialogue politique entre le Gouvernement et l’opposition, dans le cadre d’un débat démocratique ouvert et apaisé, il a exhorté les autorités à préparer la tenue d’élections locales libres, transparentes et inclusives, afin que toutes les voix, dont celles des jeunes et des femmes, puissent s’exprimer.

Le représentant des États-Unis a loué le travail essentiel accompli par la MINUSCA s’agissant de la protection des civils.  Il a rappelé la nécessité de consolider l’autorité étatique en République centrafricaine, élément essentiel d’une paix durable.  Il s’est dit préoccupé par l’incendie d’un village par le groupe Wagner.  Cela est inacceptable, a tranché le délégué, en dénonçant également les violations des droits humains commises dans le pays.  « Les responsables doivent rendre des comptes. »  Il a appelé la Mission à appuyer les élections « historiques » qui doivent se tenir en octobre.  Ces élections doivent être inclusives et transparentes, a-t-il insisté.  Le délégué a dénoncé les obstructions au travail de la Mission, ainsi que les restrictions imposées au survol de drones.  Ces restrictions nuisent à la protection des civils et à la sécurité des Casques bleus, s’est-il inquiété.  Enfin, le représentant des États-Unis a dénoncé ceux qui propagent des fausses informations sur la Mission, avant de rappeler le soutien sans faille de son pays à la République centrafricaine.

Le représentant de la Sierra Leone, qui s’exprimait au nom des membres africains du Conseil de sécurité plus un (A3+1) (Algérie, Guyana, Mozambique et Sierra Léone), a salué le rôle « crucial et louable » de la MINUSCA et de l’équipe de pays des Nations Unies qui s’acquittent de leur mandat souvent dans des conditions souvent très difficiles.  Sur le plan politique, les A3+1 ont fait part de leur préoccupation face aux désaccords de la part de l’opposition politique et des chefs de certains groupes armés concernant l’ouverture du dialogue politique par le Président Faustin Archange Touadera.  Consternés par la situation sécuritaire actuelle en République centrafricaine qui reste volatile, ils ont condamné les attaques répétées de groupes armés visant des civils, le personnel humanitaire et le personnel de la MINUSCA.  Ils ont encouragé les autorités centrafricaines à poursuivre leur coopération avec la Mission en vue de continuer à promouvoir le processus de médiation et de réconciliation au niveau local, de décentraliser le processus de paix, de résoudre les conflits et de consolider les progrès accomplis. 

Les A3+1 appellent également la MINUSCA à maintenir son niveau actuel de mobilisation et à consolider les gains sécuritaires durement acquis en coopération avec les forces armées centrafricaines, tout en soulignant que cet effort doit bénéficier du soutien de la communauté internationale.  S’agissant du processus de paix, le représentant a salué les progrès dans la mise en œuvre de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation et de la feuille de route commune pour la paix en République centrafricaine, et félicité le Gouvernement centrafricain pour la finalisation du plan d’action décennal visant à rendre opérationnelle la politique nationale de gestion des frontières, adopté en septembre 2023, avec l’appui de la MINUSCA et des partenaires internationaux.  Passant au processus électoral, il s’est réjoui de l’approbation du nouveau code électoral par l’Assemblée nationale, y voyant un jalon important du processus préparatoire du prochain rendez-vous électoral en 2025.  Les partenaires internationaux de développement et le Groupe d’amis de la République centrafricaine doivent fournir le soutien financier et logistique nécessaire au pays pour organiser les élections de manière transparente, équitable et crédible, a demandé le délégué, qui a également insisté sur la promotion de la participation des femmes à ces élections.  Prenant note avec inquiétude de la hausse des violations des droits humains, il a pointé la persistance des violences sexuelles liées au conflit et des violations graves à l’encontre des enfants comme les enlèvements, le recrutement et l’utilisation d’enfants.  Il s’agit de violations graves commises par les groupes armés, s’est-il indigné en exhortant le Gouvernement centrafricain à mettre en place des mécanismes de responsabilité et des mesures pour y répondre. 

Le représentant de la République de Corée a souligné la nécessité d’étendre l’autorité de l’État dans les zones frontalières et de faire progresser le processus de paix.  Il a exhorté le Gouvernement centrafricain à poursuivre le dialogue avec les groupes armés qui doivent déposer les armes et participer au processus de paix.  La tenue d’élections locales d’ici à octobre 2024 est vitale pour la gouvernance démocratique et la réalisation de la décentralisation nécessaire à une paix durable, a-t-il aussi rappelé, encourageant le Gouvernement et l’opposition à poursuivre le dialogue et à identifier des mesures de confiance pour un processus électoral inclusif et crédible. Préoccupé par la situation sécuritaire aux frontières avec le Soudan et le Tchad, le délégué a apporté son appui aux efforts de la MINUSCA pour le déploiement des forces de défense et de sécurité nationales. 

Faisant valoir que l’importance des mécanismes d’alerte précoce pour prévenir les violences liées à la transhumance, il a invité le Gouvernement à lever les restrictions sur les drones de la MINUSCA.  Il a également parlé de l’accord sur le statut des forces, qui doit être respecté.  S’agissant des violations des droits humains, des violences sexuelles, des violations contre les enfants et du droit international humanitaire perpétrées par toutes les parties, il a appelé à les faire cesser immédiatement.  Enfin, le délégué a annoncé que son pays avait donné 4 millions de dollars au programme de stabilisation du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) pour renforcer la stabilisation et la cohésion sociale dans le pays.

La représentante du Japon a condamné les « attaques odieuses » ciblant le personnel de la MINUSCA, avant d’appeler à la pleine mise en œuvre de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation de 2019, essentielle selon elle pour parvenir à une paix et un développement durables en République centrafricaine.  À ce propos, la représentante a jugé encourageant de constater que le Gouvernement centrafricain s’emploie à faire progresser le processus de désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement des groupes armés.  Elle a appuyé les efforts déployés par le Représentant spécial pour décentraliser ce processus, y voyant un moyen de favoriser la participation des acteurs locaux.  S’agissant des élections locales prévues au second semestre de cette année, elle a jugé que la présence de dirigeants locaux élus est la clef de la réforme de la gouvernance locale et de la réintégration effective des anciens combattants.  À cet égard, elle a souhaité que ces élections incitent les groupes armés antigouvernementaux à déposer les armes et, à terme, à trouver leur voie en politique. 

La représentante s’est néanmoins alarmée de la persistance des violations des droits humains des atteintes commises par des groupes armés, des agents de l’État et d’autres membres du personnel de sécurité, une situation encore aggravée par l’afflux continu de personnes déplacées en provenance du Tchad et du Soudan.  L’autorité de l’État doit être étendue de manière durable pour promouvoir l’état de droit et fournir des services sociaux de base, avec le soutien de la communauté internationale, a-t-elle plaidé, précisant que son pays, en partenariat avec ONU-Femmes, contribue à cet effort, notamment en participant à un mécanisme de protection contre la violence faite aux femmes et aux filles dans les zones frontalières. 

La représentante du Royaume-Uni a salué les réalisations découlant d’une coopération plus étroite entre la MINUSCA et la République centrafricaine, dans la foulée des efforts du Conseil de sécurité visant à établir une nouvelle hiérarchie des tâches de la Mission.  Les autorités centrafricaines doivent selon elle honorer leurs engagements de mettre en œuvre les mécanismes de respect des droits humains et l’Accord politique pour la paix et la réconciliation, tout en préparant les élections locales.  Le Gouvernement centrafricain doit donc veiller à ce que toutes les parties participent au processus de paix et aux élections locales et, à cette fin, respecter les dispositions relatives à la décentralisation contenues dans l’Accord politique.  À cet égard, le rôle de bons offices de la MINUSCA reste crucial pour mettre en place d’un dialogue inclusif local et national, seule solution pour s’attaquer aux causes profondes du conflit. 

« La sécurité en République centrafricaine ne sera pas possible avec les mauvais partenaires », a ajouté la représentante, en dénonçant les violations des droits humains commises par le groupe Wagner, lesquelles prolongent l’insécurité et mettent en péril les réalisations de la MINUSCA. L’efficacité de celle-ci est tributaire d’une solide coopération avec les autorités centrafricaines, dont la liberté de circulation de ses drones, a-t-elle estimé.

Le représentant de la Chine a estimé que la situation s’améliore progressivement en République centrafricaine.  Nous devons continuer à y soutenir le processus de paix, a dit le délégué, en soulignant l’importance d’un appui à la tenue des prochaines élections. Il a dit que l’évaluation de la situation des droits humains ne doit pas faire entrave aux efforts du Gouvernement. Il a rappelé l’importance de l’aide des pays de la région pour faire face à l’afflux de réfugiés.  Le délégué a appelé à la levée de l’embargo sur les armes et à un soutien accru à la reconstruction du pays, notamment de son secteur agricole.  Enfin, il a insisté sur l’importance d’une simplification et d’un redimensionnement du mandat de la MINUSCA.

Le représentant de l’Équateur a encouragé la poursuite des efforts visant à mettre en œuvre la feuille de route conjointe en République centrafricaine de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, avec la participation des pays garants, l’Angola et le Rwanda.  Pour que ces efforts politiques aboutissent à des résultats positifs, il est nécessaire de renforcer et d’étendre la présence de l’État dans la région, a-t-il estimé en recommandant de prendre en compte les aspects relatifs au développement, à la politique, aux droits humains et à l’assistance humanitaire.  Saluant la finalisation du plan d’action pour la mise en œuvre de la politique de gestion des frontières, il a espéré pouvoir compter sur la coopération des pays voisins, en particulier le Tchad. 

Après avoir déclaré que paix et développement vont de pair, le représentant a appelé les institutions financières internationales à continuer d’apporter l’aide nécessaire pour permettre à la République centrafricaine de se remettre des chocs externes et pour œuvrer au développement du pays notamment par des investissements dans les infrastructures.  Soulignant l’importance du travail conjoint de la MINUSCA, du Bureau régional des Nations Unies, du PNUD et d’autres agences des Nations Unies, il a souligné que cela renforce les efforts d’alerte rapide face à d’éventuelles flambées de violence et de cas de violation des droits humains, tout en facilitant aussi l’assistance humanitaire.  Dès lors, le délégué a appelé à le poursuivre afin de mieux répondre aux besoins de la population centrafricaine et des personnes déplacées qui arrivent dans le pays pour fuir le conflit au Soudan.  Il a également invité la MINUSCA à continuer à mettre en œuvre les mesures nécessaires pour prévenir, combattre et éliminer les fautes commises par son personnel ou ses affiliés, en particulier l’exploitation et les abus sexuels.

La représentante de Malte a rappelé que la paix et la stabilité durables demeurent l’objectif commun en République centrafricaine.  Cet objectif doit être accompagné d’un espace politique inclusif et sûr.  Elle a condamné les violences des groupes armés et les enlèvements visant à reprendre le contrôle de sites miniers.  Préoccupée par l’augmentation de 30% des violations des droits humains, la déléguée a salué les efforts déployés par la MINUSCA pour instaurer le dialogue avec les milices afin d’empêcher le recrutement et l’utilisation d’enfants. Elle a soutenu les initiatives visant à prévenir les violences sexuelles et sexistes, les mariages forcés et l’esclavage sexuel.  Elle a également félicité le Gouvernement centrafricain pour son plan d’action visant à mettre en pratique sa politique de gestion des frontières.

La représentante a attiré l’attention sur l’afflux de réfugiés venant du Soudan qui exacerbe les charges pesant sur les communautés locales et s’ajoute aux risques sécuritaires auxquels sont confrontés les travailleurs humanitaires.  Elle a dit être préoccupée par les tensions qui affectent la région des trois frontières. Alors que près de la moitié de la population a besoin d’une aide humanitaire, il est nécessaire de disposer de ressources suffisantes pour y répondre, a-t-elle souligné avant d’attirer également l’attention sur l’importance de la liberté de mouvement et d’action de la MINUSCA. Les restrictions à l’utilisation des drones sont inacceptables et constituent une menace pour la sûreté et la sécurité des Casques bleus, a-t-elle aussi estimé en faisant valoir que les drones sont importants pour patrouiller dans les zones avant les déplacements de la MINUSCA.  Enfin, la déléguée a demandé au Secrétariat de communiquer en temps opportun le rapport sur les droits de l’homme, dans le courant de l’année.

La représentante de la Slovénie a appelé les groupes armés à revenir à l’Accord politique pour la paix et la réconciliation et à la feuille de route de Luanda, tout en encourageant le Gouvernement centrafricain à poursuivre ses efforts de sensibilisation auprès de ces groupes en vue de leur désarmement, démobilisation, rapatriement et réintégration.  Pour réussir, le processus de paix doit s’accompagner d’un dialogue avec tous les acteurs politiques et tous les segments de la société, a estimé la représentante, selon laquelle la lutte contre l’impunité et le respect des droits humains conditionnent l’instauration de la confiance et d’une paix durable en République centrafricaine. 

Saluant l’engagement du Gouvernement centrafricain à organiser des élections locales cette année, elle y a vu un moyen de réduire les tensions intercommunautaires et de renforcer la stabilité.  À cet égard, elle a exhorté les autorités à garantir la crédibilité du processus électoral, notamment en empêchant la propagation de fausses informations et en assurant la participation pleine, égale, significative et sûre des femmes.  Avant de conclure, la représentante a invité le Gouvernement centrafricain à honorer les engagements énoncés dans l’accord sur le statut des forces et à lever immédiatement toutes les restrictions limitant l’utilisation rapide et efficace de drones par la MINUSCA, ces appareils contribuant à la sûreté et à la sécurité des Casques bleus sur le terrain. 

Le représentant de la Suisse a appelé à intensifier les efforts visant à mettre en œuvre l’Accord politique pour la paix et la réconciliation conclu il y a cinq ans.  Il a appelé le Gouvernement centrafricain et les groupes armés encore actifs à s’engager résolument dans l’examen stratégique de l’Accord et à poursuivre un dialogue constructif, y compris dans les provinces.  Le désarmement, la démobilisation et la réintégration durables des anciens combattants sont à ses yeux essentiels pour encourager d’autres acteurs armés à rejoindre ce processus.  De même, la tenue d’élections locales inclusives et transparentes sera une étape cruciale vers la décentralisation du processus de paix et son ancrage de la démocratie. 

Pour ce faire, les avancées sur les plans sécuritaire et humanitaire doivent être consolidées, a ajouté le représentant.  Il a salué les efforts déployés par le Gouvernement et la MINUSCA pour étendre l’autorité de l’État à l’ensemble du pays, notant que pour la première fois depuis des années, cette autorité est tangible dans certaines provinces. Enfin, soucieux du respect des droits humains et de l’accès à la justice, qui sont des piliers de la réconciliation nationale indispensables à une paix durable, le représentant a exhorté les autorités et les médias centrafricains à veiller à la diffusion d’informations de qualité et à lutter contre la désinformation. 

La représentante de la Fédération de Russie a déclaré que la situation s’améliore en République centrafricaine.  Elle s’est dite préoccupée par la possession de drones par des groupes armés opposés aux autorités légitimes du pays.  Des spécialistes russes ont ainsi été tués et blessés.  Elle a souligné les progrès enregistrés face aux groupes armés, en rappelant que les menaces proviennent des zones frontalières du pays.  Tout en appelant à la non-politisation de l’aide, elle a rappelé la nécessité du bon financement du plan d’aide humanitaire pour le pays en 2024.  La déléguée s’est félicitée de la réintégration de milliers de combattants dans la vie civile, avant d’insister sur l’importance des prochaines élections. Elle a demandé que Bangui soit consultée s’agissant de tout redimensionnement du mandat de la MINUSCA. Les priorités du pays doivent être respectées, a-t-elle dit.  Les progrès en République centrafricaine sont bien réels, a dit la déléguée, en soulignant l’appui apporté par la Fédération de Russie dans le respect du droit.  Elle a dénoncé les déclarations empreintes de pessimisme de certaines délégations, notamment les États-Unis.  C’est ce qui arrive pour les pays où Washington n’arrive pas à imposer sa volonté, a-t-elle ironisé, en pointant le soutien honteux apporté hier par les États-Unis à son « allié ».  « La République centrafricaine est un pays souverain, libre de décider avec qui il entend coopérer. »

Le représentant de la République centrafricaine a annoncé l’adoption récente du plan de réponse humanitaire 2024 par les autorités centrafricaines qui, conscientes du fait que la restauration de l’autorité de l’État seule ne suffira pas à consolider la paix et la sécurité, mettent également l’accent sur le relèvement socioéconomique comme vecteur de stabilité.  Le nouveau plan national de développement est en cours d’élaboration et mise notamment sur la dématérialisation de l’administration, le renforcement du système éducatif, la numérisation des secteurs économiques et financiers, et l’adoption d’une loi anti-corruption en vue d’une mobilisation accrue des ressources nationales, a expliqué le représentant. 

Le délégué a toutefois regretté que la République centrafricaine soit toujours confrontée à « d’énormes contraintes supplémentaires », en parlant de l’embargo sur les armes et de l’instrumentalisation sans fin des institutions financières internationales qui la prive des ressources nécessaires dans sa quête d’atteinte des objectifs de développement durable (ODD).  Consolider la paix et la sécurité en République centrafricaine, passe également par la mise en œuvre du processus conjoint de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation et de la feuille de route de Luanda, a-t-il poursuivi, avant d’insister aussi sur le fait qu’il faut tenir l’engagement de l’organisation d’élections locales pour restaurer l’autorité publique et pour servir d’appui à la décentralisation du processus politique et de paix. 

Le Gouvernement s’est engagé à allouer 4,5 millions de dollar à l’organisation de ces élections, a-t-il précisé, en dépit de ses contraintes budgétaires.  Il a remercié la MINUSCA pour son travail de sensibilisation, aux côtés des autorités centrafricaines, en vue d’encourager et de promouvoir l’implication des femmes dans ce processus.  Ce travail est crucial, puisqu’il permettra la mise en œuvre du nouveau code électoral qui prévoit un scrutin de liste « zébré », c’est-à-dire un homme, une femme ou l’inverse s’inscrivant dans la droite ligne de la politique nationale sur la parité, a-t-il fait valoir, avant d’encourager les différents partenaires de son pays à soutenir le processus électoral qui est gage de stabilité pérenne. 

Consolider la paix et la sécurité en République centrafricaine, c’est aussi promouvoir la justice et l’État de droit, a-t-il poursuivi avant de dénoncer le « deux poids deux mesures » de la part de certains membres du Conseil.  « Là où des violations flagrantes et graves des droits humains et du droit international humanitaire se produisent, certains font vœu de silence, mais quand il s’agit de la République centrafricaine, subitement ils retrouvent de la voix », s’est-il emporté, en parlant « d’indignations à géométrie variable » qui ne sont pas de nature à favoriser une compréhension mutuelle autour de ces questions essentielles.  Il a tenu à informer le Conseil que depuis l’adoption de sa politique nationale des droits de l’homme, son pays a commencé sa mise en œuvre à travers un plan d’action quinquennal axé sur les domaines des droits civils et politiques, des droits sociaux, économiques et culturels, de la paix et de la sécurité, du développement et d’un environnement sain. 

Consolider la paix et la sécurité en République centrafricaine, c’est aussi relever les défis sécuritaires imposés par les groupes terroristes de la République centrafricaine, a concédé le délégué, expliquant que malgré leur affaiblissement, ces groupes continuent à mener des actions terroristes, de s’en prendre à la population civile, aux acteurs humanitaires, à la MINUSCA et aux différentes positions des forces de défense et de sécurité centrafricaines avec des moyens qui suscitent de plus en plus d’interrogation.  Il a notamment fait état de l’utilisation croissante des mines antipersonnel et de drones, ajoutant qu’à la suite de multiples violations de l’espace aérien centrafricain par des drones non identifiés qui larguent des explosifs, le Gouvernement a pris des mesures, le 3 février 2024, pour suspendre ces vols.  Le 21 février 2023, une dérogation à cette mesure a été accordée aux forces de défense et de sécurité et à la MINUSCA.  Le représentant a rebondi sur ce point pour dénoncer la notification faite par un membre permanent du Conseil de sécurité, les États-Unis, pour l’acheminement de matériel militaire en République centrafricaine pour des opérations militaires sans consultation préalable avec les autorités centrafricaines.  Il s’est interrogé sur le sens que le Conseil de sécurité, et plus particulièrement ce membre, donne au respect de la souveraineté des États, avant de dénoncer ces pratiques « d’un autre temps » et, de demander au Comité de sanctions 2127 de fournir des explications qui justifieraient cette notification sans concertation avec la partie centrafricaine. Le représentant a également demandé quelles sont les règles de procédures du Comité en matière de vérification des notifications qui lui sont soumises, en martelant qu’il en va de sa crédibilité.

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