En cours au Siège de l'ONU

La Cinquième Commission étudie les enveloppes proposées pour les missions à Abyei, au Soudan du Sud et au Mali

Soixante-dix-huitième session,
36e séance plénière - après-midi
AG/AB/4460

La Cinquième Commission étudie les enveloppes proposées pour les missions à Abyei, au Soudan du Sud et au Mali

Après avoir pris connaissance des rapports sur les dispositions spéciales pour prévenir les cas d’exploitation et d’atteintes sexuelles commises par le personnel de l’ONU, la Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, s’est penchée sur les enveloppes de l’exercice allant du 1er juillet 2024 au 30 juin 2025 pour les missions de l’ONU à Abyei, au Soudan du Sud et au Mali.  Elle a aussi étudié les lignes budgétaires proposées pour le Centre de services régional d’Entebbe et la Base de soutien logistique de Brindisi. 

S’agissant de la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA) et son enveloppe proposée de 301 237 400 dollars (A/78/597 et A/78/737), le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) propose une petite réduction et donc une enveloppe de 300 936 200 dollars (A/78/744/Add.4).  La Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), qui espère une enveloppe de 1 281 235 700 dollars (A/78/754), se retrouverait, si la Commission suit son Comité consultatif, avec la somme de 1 274 874 400 dollars (A/78/744/Add.13). 

En revanche, le CCQAB ne touche pas aux 207 080 300 dollars demandés pour la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) (A/78/744/Add.11 et A/78/61).  Le budget doit couvrir le déploiement et le rapatriement progressif de 190 membres des contingents, de 7 membres de la police des Nations Unies et de 140 membres des unités de police constituées, qui forment l’unité de gardes de la MINUSMA.  Il prévoit également la suppression progressive de 229 emplois soumis à recrutement international, de 179 emplois soumis à recrutement national, de 14 emplois de Volontaires des Nations Unies et la mise à disposition de l’entité de capacités supplémentaires pour l’Équipe de liquidation. 

Commentant cette proposition, le Mali a rappelé que depuis l’adoption le 30 juin 2023, de la résolution 2690 du Conseil de sécurité sur la fin de la MINUSMA, il s’est engagé « de bonne foi » à travailler en étroite collaboration avec les Nations Unies afin d’assurer un retrait ordonné, coordonné et sécurisé de la Mission.  Si la première phase du processus de rétrocession des camps de la MINUSMA aux autorités maliennes s’est bien déroulée dans l’ensemble, la seconde, débutée le 1er septembre 2023, a été plutôt marquée par le non-respect par la MINUSMA de ses principaux engagements, notamment le désengagement précipité de la Mission des emprises de Tessalit, Aguelhok et Kidal, sans rétrocession, le non-respect des obligations environnementales ainsi que le sabotage d’infrastructures civiles. 

Au cours des travaux de cette session, le Mali a prévenu qu’il sera particulièrement attentif à l’impact environnemental de la Mission qui, a-t-il dit, a abandonné des déchets et des débris sur place, dans des conteneurs et parfois à l’air libre, notamment à Kidal, Tessalit et Aguelhok.  L’évaluation des risques environnementaux et sanitaires sur chaque site et zone d’intervention de la MINUSMA est en cours et les résultats serviront à l’élaboration d’un plan de gestion des risques.  Le Mali a ensuite abordé la question de la phase de liquidation qui devrait s’achever le 31 décembre 2024 au plus tard.  Il a demandé à la Commission de recommander à l’Assemblée générale l’allocation de ressources nécessaires, afin de permettre à l’Équipe de liquidation de terminer ses activités dans le délais impartis. 

Pour le Centre de services régional d’Entebbe, c’est une enveloppe de 48 202 400 dollars qui est demandée (A/78/601 et A/78/722).  Le CCQAB recommande de la rabaisser légèrement à 47 753 900 dollars (A/78/744/Add.6).  Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, l’Ouganda a estimé que la fermeture et la réduction de plusieurs missions en Afrique doivent pousser la Cinquième Commission à penser à la manière de tirer pleinement parti de l’expertise que le Centre a acquise.  En sa capacité nationale, le représentant ougandais a d’ailleurs vanté ladite expertise.  Au nom du Groupe des États d’Afrique, l’Éthiopie s’est tout de même inquiétée des 33 postes qui étaient vacants au mois de mars 2023.  Elle a aussi insisté sur la pleine utilisation du Bureau mondial des achats et du Centre pour les activités de la chaîne d’approvisionnement. 

L’enveloppe de 68 608 600 dollars demandée pour la Base de soutien logistique de Brindisi (A/78/722) a été ramenée à 67 935 300 par le CCQAB (A/78/744/Add.5).  Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, l’Ouganda a noté un dépassement de plus de 20% dans la rubrique « installations et infrastructures » de l’exécution du budget.  Pourquoi, a-t-il demandé, les réparations entreprises, l’année dernière, ont été faites dans l’urgence alors qu’elles avaient été retardées plusieurs fois?  Pourquoi, a-t-il encore demandé, plusieurs membres du personnel temporaire sont toujours payés par le recouvrement des coûts?  Nous notons aussi, a poursuivi l’Ouganda, un déséquilibre dans la composition générale du personnel de la Base.  L’on compte 169 femmes contre 255 hommes dont 80% viennent du Groupe des pays d’Europe occidentale et autres États.  L’Ouganda s’est également dit « intrigué » par l’impossibilité d’auditer la modulation des ressources, parce qu’il n’existe, contrairement au Centre d’Entebbe, aucune méthode pour collecter les données. 

Quant à la prévention de l’exploitation et des atteintes sexuelles, le Secrétaire général fait état de problèmes de signalement (A/78/774).  Il indique que seul 1 cas d’atteinte sexuelle sur 10 a été signalé dans les situations de conflit et que si sur les 40 412 personnes interrogées dans le cadre de l’enquête annuelle de 2023, 6 400 ont dit avoir connaissance de cas mais que seules 1 105 d’entre elles les ont signalés.  Environ 14% des fonctionnaires interrogés ont dit craindre des représailles s’ils signalent des cas.  De plus, compte tenu des contextes où l’ONU intervient, les populations ont difficilement accès à des canaux de signalement sûrs et confidentiels.  Par ailleurs, les victimes ou les personnes rescapées sont mises à l’index par leur communauté, ce qui représente un autre obstacle au signalement. 

Dans son rapport (A/78/819), le CCQAB estime tout de même que puisqu’il est financé au moyen du budget ordinaire, le Bureau du Coordonnateur spécial chargé d’améliorer l’action des Nations Unies face à l’exploitation et aux atteintes sexuelles devrait fonder sa stratégie et ses travaux sur des indicateurs de succès clairs, dans un cadre de budgétisation axée sur les résultats.  Il prend aussi note que le Secrétariat de l’ONU étudie la possibilité, en plus du dispositif « ClearCheck », d’intégrer dans tout le système des Nations Unies le Système de divulgation des fautes professionnelles et de favoriser ainsi l’échange d’informations entre les organisations participantes. 

Ces mécanismes sont différents.  Le premier est une base de données sécurisée fournissant des informations sur des personnes visées par des allégations d’exploitation et d’atteintes sexuelles, tandis que le deuxième est un réseau contenant un registre de points de contact signataires, mais pas de données, qui permet aux organisations qui recrutent et aux anciens employeurs de procéder systématiquement à des vérifications.  La majorité des participants au Système sont des ONG ou des organisations de la société civile et, de plus en plus, des organisations du secteur privé. 

La Cinquième Commission, qui tient la majeure partie de cette deuxième reprise de session à huis clos, a prévu une autre séance publique vendredi 10 mai à partir de 15 heures pour examiner la situation financière de l’ONU. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: la guerre au Soudan a interrompu tout progrès vers la détermination du statut définitif d’Abyei, affirme le Secrétaire général adjoint

9622e séance – matin
CS/15691

Conseil de sécurité: la guerre au Soudan a interrompu tout progrès vers la détermination du statut définitif d’Abyei, affirme le Secrétaire général adjoint

Les progrès politiques vers la détermination du statut définitif d’Abyei et la résolution des problèmes liés à la frontière entre le Soudan et le Soudan du Sud sont « au point mort » depuis le déclenchement de la guerre au Soudan entre Forces armées soudanaises et Forces d’appui rapide, a constaté, ce matin au Conseil de sécurité, le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix.  Venu présenter le dernier rapport en date du Secrétaire général de l’ONU sur la situation à Abyei, M. Jean-Pierre Lacroix a donc fait état d’une impasse, ce territoire frontalier revendiqué par les deux États limitrophes faisant l’objet d’un différend alors qu’il est supposé être une zone démilitarisée et exempte d’armes, conformément à l’Accord du 20 juin 2011 et aux résolutions du Conseil.

Le Comité de haut niveau sur Abyei ne s’est pas réuni depuis un an, a illustré l’Envoyée spéciale du Secrétaire général pour la Corne de l’Afrique, Mme Hanna Tetteh en attirant l’attention sur les implications considérables du conflit soudanais sur la sécurité et la situation humanitaire du Soudan du Sud.  L’afflux de plus de 630 000 réfugiés et rapatriés fait peser une pression croissante sur l’accès déjà limité de la population à la nourriture, à l’eau et aux services essentiels de santé.  En outre, a-t-elle ajouté, ce conflit entraîne une grave crise économique dans un pays fortement dépendant de ses exportations pétrolières: l’interruption des livraisons, l’inondation des champs pétrolifères et les incertitudes sécuritaires en mer Rouge ont exacerbé une situation déjà « désastreuse », a déploré la haute fonctionnaire.

Le conflit soudanais, analyse le Secrétaire général dans son rapport, « constitue à la fois un obstacle au progrès politique en vue du règlement du statut définitif d’Abyei et des questions frontalières, et un facteur potentiellement aggravant des conflits intercommunautaires » au Soudan du Sud. Les membres du Conseil ont été nombreux à s’émouvoir de ce phénomène, auquel la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA) accorde une priorité, en restant « à l’avant-garde » des efforts de réconciliation.  La violence entre les Ngok Dinka et les Misseriya a ainsi nettement diminué, avec un seul affrontement enregistré au cours des six derniers mois, et une conférence a été organisée, en décembre 2023 à Abyei, en vue d’une transhumance pacifique.  Un accord en a résulté, qui prévoit des mécanismes de suivi et de règlement des différends lors de la transhumance, s’est félicité M. Lacroix.

Reste que les affrontements entre les communautés ngok dinka et dinka twic se sont intensifiés, causés notamment par les tensions liées à la propriété des terres à Abyei, au sud de la rivière Kiir, a relevé le Secrétaire général adjoint, qui a exhorté le Gouvernement sud-soudanais à renforcer son engagement auprès des communautés concernées.  En janvier et février derniers, ces violences ont causé la mort de plus de 60 personnes, dont deux Casques bleus et quatre membres du personnel humanitaire, et provoqué le déplacement de milliers de personnes, a précisé l’Envoyée spéciale. 

Le représentant sud-soudanais a assuré que son gouvernement reste déterminé à promouvoir la paix à l’intérieur de ses frontières, faisant valoir les efforts du Président Salva Kiir pour remédier aux tensions intercommunautaires dans le pays.  La Suisse et Malte ont souligné à ce propos le rôle essentiel que jouent le comité de protection de la population locale et le comité mixte pour la paix entre les communautés en Abyei.  Pour la délégation soudanaise, c’est bien le non-règlement des affrontements intercommunautaires à Abyei qui est la cause principale de la prolifération des armes dans la région.  Elle s’est à cet égard inquiétée de la présence d’éléments armés, appelant à leur retrait afin de préserver la nature démilitarisée de la zone.

Le Secrétaire général adjoint a été plus spécifique, en demandant de se retirer aux forces de sécurité sud-soudanaises déployées dans le sud d’Abyei depuis octobre 2022, suivi sur ce point par le Japon, Malte, la Suisse, la France, l’Équateur et le Royaume-Uni.  Cette présence, qui bafoue l’Accord de 2011, se traduit en outre par des violations répétées de la liberté de mouvement du personnel de la FISNUA, limitant ainsi la capacité des Casques bleus à mettre en œuvre leur mandat de protection des civils. C’est la raison pour laquelle M. Lacroix a dit craindre que la présence de ces forces à Abyei n’attise les tensions dans une région déjà confrontée à de profondes divisions politiques. 

La Fédération de Russie a, de son côté, salué la volonté de Djouba et Khartoum de forger une coopération sous différentes formes, notamment s’agissant des questions de l’exploitation conjointe des ressources pétrolières potentielles d’Abyei.  Dans ce contexte, elle a recommandé d’être patient et de « s’abstenir de toute tentative unilatérale » visant à modifier le statut de la zone contestée. Un rôle stabilisateur important est joué par le Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière, a estimé la délégation russe, pour qui le maintien de la présence des Casques bleus de la FISNUA dans la zone reste également très important. 

L’absence de progrès dans le processus politique n’a toutefois pas empêché les membres du Conseil de miser sur la reprise du dialogue sur le statut définitif d’Abyei et les questions frontalières, dès que les conditions le permettront.  Ils ont encouragé les parties à œuvrer en ce sens.  Les A3+1 (Algérie, Mozambique, Sierra Leone et Guyana) ont espéré que cela permette enfin d’organiser le référendum prévu qui donnera à la région le droit à l’autodétermination. 

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD S/2024/354

Déclarations

M. JEAN-PIERRE LACROIX, Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, a commencé par dire que les progrès politiques vers la détermination du statut définitif d’Abyei et la résolution des problèmes liés à la frontière entre le Soudan et le Soudan du Sud restent « au point mort » depuis le déclenchement de la guerre entre les Forces armées soudanaises et les Forces d’appui rapide au Soudan en avril 2023.  « Malgré l’engagement positif manifesté au cours des mois précédant le début de la crise, les combats en cours continueront probablement à avoir un impact sérieux sur les chances d’un dialogue constructif entre les deux pays », a concédé le haut fonctionnaire.  Il a néanmoins assuré que l’ONU continue de surveiller les conditions pouvant permettre une reprise des pourparlers entre les parties, en étroite coordination avec l’Union africaine (UA).

À Abyei, la FISNUA a continué de donner la priorité aux efforts visant à améliorer les relations intercommunautaires, a indiqué M. Lacroix, qui s’est félicité d’assister à une réduction de la violence entre les Ngok Dinka et les Misseriya, avec un seul affrontement enregistré au cours de la période considérée.  Il s’est réjoui que la FISNUA ait été « à l’avant-garde » des efforts visant à maintenir la réconciliation, en contribuant à la tenue d’une conférence, en décembre 2023, à Noong, dans le centre d’Abyei, sur la transhumance pacifique. Un accord en est résulté, qui prévoit des mécanismes de suivi et de règlement des différends lors de la transhumance.

Parallèlement, a-t-il observé, les affrontements entre les communautés ngok dinka et dinka twic se sont intensifiés, causés notamment par les tensions liées à la propriété des terres à Abyei, au sud de la rivière Kiir.  Les attaques et les représailles dans le sud d’Abyei, qui ont fait de nombreux morts, se sont atténuées au cours des derniers mois, a-t-il cependant noté.  Toutefois, M. Lacroix a constaté que les tensions restent vives et que la FISNUA est en alerte pour protéger les civils en cas de résurgence des affrontements. Il a exhorté le Gouvernement sud-soudanais à renforcer son engagement auprès des communautés concernées afin d’éviter de telles violences. 

Il s’est ensuite dit profondément préoccupé par la présence des forces de sécurité sud-soudanaises dans le sud d’Abyei depuis octobre 2022, notamment le déploiement de troupes supplémentaires des Forces sud-soudanaises de défense du peuple fin mars et début avril.  Cette présence, a dénoncé le haut fonctionnaire, constitue une violation de l’Accord de 2011 entre le Soudan et le Soudan du Sud sur Abyei et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Elle a conduit à des violations répétées de la liberté de mouvement du personnel de la FISNUA, limitant ainsi la capacité des Casques bleus à mettre en œuvre le mandat de protection des civils.  Il a craint que la présence de ces forces à Abyei attise les tensions dans une région déjà confrontée à de profondes divisions politiques. « Nous appelons le Gouvernement du Soudan du Sud à retirer dès que possible tout le personnel de sécurité de la région d’Abyei et à garantir la pleine liberté de mouvement de la FISNUA », a insisté M. Lacroix.

Le Secrétaire général adjoint a également parlé des affrontements entre les communautés ngok dinka et nuer, dans le sud et le centre d’Abyei, en janvier et février, qui ont fait d’importantes victimes civiles.  Il a assuré que la FISNUA a agi de manière proactive pour protéger les civils, en augmentant les patrouilles et en abritant les membres des communautés qui avaient cherché refuge dans les bases de la mission.  Vendredi dernier, la Force a signalé que plusieurs membres des communautés misseriya et nuer avaient été tués lors d’incidents de vol de bétail au sud de Rumamier, dans le sud d’Abyei.  Au cours du week-end, une réunion a été organisée par la FISNUA avec des représentants des Misseriya, Nuer et Ngok Dinka pour exprimer leur soutien à un règlement pacifique du conflit.  Dans un contexte de tensions élevées, M. Lacroix a invité à soutenir le dialogue entre les Nuer et les autres communautés d’Abyei.

Déplorant la mort de deux Casques bleus lors de la réponse aux affrontements de fin janvier et début février, le Secrétaire général adjoint a exhorté les autorités compétentes à enquêter et à demander des comptes aux responsables, conformément aux accords sur le statut des forces.  Il a également condamné la mort de quatre membres du personnel humanitaire qui n’étaient pas en service lors de la recrudescence de ces affrontements, estimant par ailleurs à environ 20 000 le nombre de personnes déplacées à Abyei au cours de cette période. 

Les combats au Soudan, a relevé M. Lacroix, continuent de perturber les opérations et le réapprovisionnement du quartier général à Kadugli (Soudan) du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière, ainsi que de ses deux bases d’opérations, sans compter la fermeture de l’espace aérien.  Il s’est ensuite félicité du soutien du Gouvernement soudanais, qui a déployé 10 agents de police supplémentaires, tout en soulignant que ce chiffre est bien inférieur aux 148 agents et aux trois unités de police constituées mandatés par le Conseil de sécurité.  En l’absence de la police d’Abyei, l’appui de la Police des Nations Unies aux mécanismes communautaires, tels que les comités de protection communautaire, reste vital, a souligné M. Lacroix.

Mme HANNA TETTEH, Envoyée spéciale du Secrétaire général pour la Corne de l’Afrique, a évoqué les retombées du conflit au Soudan, qui a débuté il y a un an et qui affecte au premier chef la population civile.  Elle a indiqué que, outre son impact sur les relations bilatérales entre le Soudan et le Soudan du Sud, le conflit soudanais a aussi des implications considérables sur la sécurité et la situation humanitaire de ce dernier pays, où l’afflux de plus de 630 000 réfugiés et rapatriés fait peser une pression croissante sur l’accès limité de la population à la nourriture, à l’eau et aux services essentiels de santé.  En outre, a-t-elle ajouté, ce conflit entraîne une grave crise économique au Soudan du Sud, pays qui dépend fortement de ses exportations pétrolières actuellement suspendues.  Si les autorités soudanaises ont annoncé, le 26 avril, que l’exportation de pétrole brut du Soudan du Sud via l’oléoduc de Jabalen reprendrait probablement dans deux mois, l’interruption des livraisons, l’inondation des champs pétrolifères et la situation sécuritaire incertaine en mer Rouge ont exacerbé une situation économique déjà désastreuse au Soudan du Sud, a déploré l’Envoyée spéciale. 

Le conflit au Soudan a par ailleurs entravé le processus de règlement des questions bilatérales en suspens, a constaté Mme Tetteh, rappelant que le Comité de haut niveau sur Abyei ne s’est pas réuni depuis un an.  Cette absence de progrès a entraîné une frustration croissante au sein de la population d’Abyei, qui continue d’être confrontée à de graves problèmes de sécurité, a-t-elle expliqué, faisant état de violences accrues entre les communautés ngok dinka, dinka twic et nuer.  En janvier et février, ces violences ont causé la mort de plus de 60 personnes, dont deux Casques bleus et quatre membres du personnel humanitaire, et déplacé environ 3 000 personnes d’Abyei et quelque 20 000 personnes du sud d’Abyei vers la ville d’Abyei.  Quant aux installations pétrolières de Diffra, elles ne sont plus sécurisées depuis le retrait des forces soudanaises.  Cette situation, a-t-elle poursuivi, a provoqué un effondrement complet des services essentiels dans le nord d’Abyei.  En conséquence, les personnes ayant besoin de services de santé se ruent vers le sud d’Abyei, où les installations déjà limitées se retrouvent surchargées. 

Après avoir rappelé qu’en raison des violences intercommunautaires, aggravées par les effets des changements climatiques, Abyei a connu deux années consécutives de récoltes infructueuses, Mme Tetteh a souligné la gravité de la situation humanitaire, qu’elle a pu constater lors de sa visite en février avec le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix.  Elle s’est également déclarée préoccupée par le non-respect de l’ordonnance présidentielle qui autorise le déploiement de troupes pour réprimer l’insécurité en maintenant une zone tampon entre les deux communautés dinka en conflit.  Elle a d’autre part relevé que les incidents de sécurité répétés ont déclenché de récentes manifestations à Abyei, la population locale exigeant le retrait des troupes sud-soudanaises et la justice pour les victimes des meurtres.  Compte tenu du statut d’Abyei en tant que zone démilitarisée et exempte d’armes, elle a appuyé l’appel lancé au Gouvernement du Soudan du Sud pour qu’il déploie ses troupes en dehors de la zone d’Abyei. 

Avant de conclure, Mme Tetteh a aussi informé le Conseil du fait que le conflit au Soudan aggrave la situation humanitaire et sécuritaire dans les États du Nil-Bleu et du Kordofan méridional et fragmente encore davantage ces deux territoires.  Selon elle, ce conflit ne peut être résolu sans un cessez-le-feu permanent dans le reste du Soudan et une solution politique à la violente confrontation entre les Forces armées soudanaise et les Forces d’appui rapide.  L’Envoyée spéciale a souhaité en conclusion que les négociations entre les parties belligérantes ouvrent la voie à un accord politique inclusif conduisant à une réforme du secteur de la sécurité, à l’édification d’une armée professionnelle unifiée et à de nouveaux arrangements institutionnels. 

Le représentant de la République de Corée a jugé crucial que la FISNUA et le Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière soient en mesure d’opérer « à pleine capacité » dans un environnement sûr et sécurisé.  À cet égard, il a fermement condamné toutes les attaques visant les soldats de la paix de la FISNUA, qui doit pouvoir s’acquitter de son mandat sans restriction à sa liberté de mouvement.  Il a dit attendre avec impatience l’achèvement de la construction des « camps intelligents » par la FISNUA, son propre pays ayant lancé un projet pilote dans l’unité Hanbit de la MINUSS.  « Nous pensons qu’une telle expansion des camps intelligents est de nature à améliorer les environnements opérationnels de maintien de la paix », a-t-il déclaré. 

Le représentant s’est ensuite dit profondément alarmé par les nouveaux affrontements impliquant les communautés ngok dinka, dinka twic et nuer, qui ont entraîné davantage de déplacements de population et entravé la fourniture de l’aide humanitaire.  Aussi a-t-il salué la décision du Gouvernement sud-soudanais de dialoguer avec les autorités compétentes des États de Ouarrap et d’Unité, ainsi qu’avec l’administration d’Abyei.  Parallèlement aux efforts déployés par la FISNUA pour faciliter le dialogue, la création du service de police d’Abyei devrait rester une priorité pour répondre aux besoins sécuritaires de la région, a préconisé le délégué coréen.  Il s’est également alarmé des effets néfastes des combats en cours au Soudan sur la sécurité et la situation humanitaire à Abyei, qui entrave le processus politique sur le statut définitif d’Abyei.

La représentante du Japon a condamné les attaques qui ont tué deux soldats de la paix et en ont blessé quatre autres en janvier, et appelé les autorités compétentes à enquêter et à demander des comptes aux responsables de ces violences.  Elle s’est déclarée préoccupée par l’impact négatif du conflit au Soudan sur la situation à Abyei, observant que le processus de règlement du statut définitif d’Abyei et des problèmes frontaliers est bloqué et que l’acheminement de l’aide humanitaire est entravé, tandis que l’afflux de réfugiés et de rapatriés aggrave une situation déjà désastreuse.  La déléguée a appelé les Forces armées soudanaises et les Forces d’appui rapide à convenir d’un cessez-le-feu durable sans conditions préalables et à participer aux efforts internationaux, régionaux et sous-régionaux visant à résoudre le conflit. 

Elle s’est également dite inquiète de la présence continue des forces de sécurité sud-soudanaises à Abyei, qui constitue une violation flagrante du statut démilitarisé de la région.  Elle a appelé les autorités sud-soudanaises à régler ce problème sans délai, leur demandant en outre de garantir la liberté de mouvement des troupes et du personnel de la FISNUA.  Enfin, tout en se félicitant de réduction des affrontements entre les communautés ngok dinka et misseriya, la déléguée a regretté que les violences entre les communautés ngok dinka, dinka twic et nuer se multiplient.  Elle a donc exhorté le Gouvernement du Soudan du Sud à redoubler d’efforts, avec le soutien de la FISNUA, pour promouvoir de meilleures relations entre les communautés en vue d’une coexistence pacifique. 

Le représentant de la Chine a noté que les affrontements intercommunautaires demeurent le principal obstacle à la stabilité et à la sécurité à Abyei. Il a appelé à permettre à la FISNUA de s’acquitter de son mandat, à promouvoir le dialogue intercommunautaire et à s’attaquer aux racines du problème.  Le représentant a condamné les attaques visant les Casques bleus de la FISNUA en exhortant l’ONU et les parties à tout faire pour faciliter leur sécurité et garantir leur liberté de mouvement.  Il a appelé à créer les conditions favorables au lancement du processus politique, en notant les répercussions du conflit au Soudan du Sud sur la situation à Abyei.  Il a encouragé une reprise rapide du dialogue entre le Soudan et le Soudan du Sud pour relancer le processus politique à Abyei.

La représentante de la Fédération de Russie a regretté le manque de progrès sérieux vers un règlement politique de la situation à Abyei, en raison notamment du conflit au Soudan voisin.  Alors que Djouba est confrontée à la lourde tâche d’accepter les réfugiés et les Sud-Soudanais de retour du Soudan, il faut reconnaître que le Soudan du Sud s’en acquitte « avec succès », a-t-elle estimée.  Il est encourageant selon elle de constater que la situation sécuritaire à Abyei au cours des six derniers mois, bien que difficile, est restée « stable et sous contrôle ».  Elle s’est en particulier félicitée des efforts de réconciliation intercommunautaires déployés par Djouba, qui ont réduit les tensions entre les Misseriya et les Ngok Dinka, ainsi qu’entre les Ngok Dinka et les Dinka Twic.  La déléguée s’est cependant inquiétée des affrontements entre les Ngok Dinka et les Nuer.

La représentante a par ailleurs salué la volonté des deux capitales de forger une coopération sous différentes formes, notamment s’agissant des questions de l’exploitation conjointe des ressources pétrolières potentielles d’Abyei. Dans ce contexte, elle a recommandé d’être patient et de s’abstenir de toute tentative unilatérale visant à modifier le statut de la zone contestée en violation du cadre juridique international existant et des accords entre les deux États.  Un rôle stabilisateur important est joué par le travail du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière, a estimé la représentante, pour qui le maintien de la présence des Casques bleus dans la zone reste très important. 

La représentante de la Slovénie a estimé que, malgré l’impasse actuelle, le dialogue et la diplomatie restent la seule voie viable pour déterminer le statut définitif d’Abyei.  Elle a déploré que ces efforts soient au point mort en raison du conflit au Soudan et a appelé le Soudan et le Soudan du Sud à reprendre les discussions dès que les conditions le permettront, soulignant que le Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière nécessite un engagement soutenu de la part des deux parties.  La déléguée a également estimé qu’Abyei doit rester démilitarisée et exempte d’armes, avant d’exhorter les deux parties à retirer toute présence de leurs forces de sécurité.  Elle a par ailleurs regretté l’absence de progrès sur la création d’un service de police et d’un système de justice pénale cohérent à Abyei. 

S’agissant de la situation humanitaire, la représentante a constaté que l’escalade de la violence intercommunautaire et l’afflux de personnes déplacées mettent encore plus à rude épreuve des ressources déjà limitées. Le conflit au Soudan et les effets néfastes des changements climatiques aggravent encore les difficultés des civils, a-t-elle déploré, avant de condamner les attaques meurtrières perpétrées contre des travailleurs humanitaires.  Dénonçant les tensions intercommunautaires persistantes, elle s’est alarmée de l’augmentation des enlèvements et des violences sexuelles et fondées sur le genre, ainsi que de la prolifération continue des armes dans la région.  Elle a enfin salué le courage du personnel de FISNUA et souhaité qu’il bénéficie d’une totale liberté de mouvement pour exécuter son mandat.  Les efforts déployés par la FISNUA en matière de dialogue avec les communautés, de promotion des droits humains, d’inclusion des femmes et des jeunes, de réponse aux questions climatiques et de consolidation de la paix restent cruciaux, a-t-elle souligné. 

La représentante de la Suisse a constaté qu’Abyei reste victime de la détérioration de la situation sécuritaire dans sa partie méridionale ainsi que de l’impact continu du conflit en cours au Soudan et des tensions persistantes au Soudan du Sud.  Elle a appelé à tout faire pour protéger la population civile contre de nouvelles violences, en pointant notamment les affrontements intercommunautaires dans le sud d’Abyei.  Tout en saluant l’engagement politique du Soudan du Sud, elle s’est dite préoccupée par l’augmentation significative de la présence des Forces sud-soudanaises de défense du peuple, expliquant que cela restreint la liberté de mouvement de la FISNUA et, dès lors, sa capacité à protéger les civils et à faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire.  La représentante a également appelé à traiter de toute urgence le problème de prolifération des armes, soulignant qu’Abyei doit rester une zone démilitarisée et exempte d’armes, conformément à l’Accord du 20 juin 2011 et à l’exigence de ce Conseil.

Mettant en exergue le rôle essentiel de la FINSUA pour contribuer à la paix et la sécurité à Abyei, la déléguée a appelé les autorités du Soudan et du Soudan du Sud à continuer de respecter l’accord sur le statut des forces.  Cela signifie que toutes les parties doivent veiller à ce que la FISNUA et le Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière puissent continuer à se déplacer librement et à opérer dans des conditions sûres et sécurisées, a-t-elle précisé.  En outre, elle a encouragé le rétablissement d’un climat de confiance et la promotion du dialogue pour répondre aux défis actuels à long terme.  En l’absence du service de police d’Abyei, elle a souligné le rôle essentiel que jouent le comité de protection de la population locale et le comité mixte pour la paix entre les communautés en Abyei, pour ce qui est de l’alerte précoce. Ils traitent en effet de questions relatives aux droits humains ou de violence sexuelle et basée sur le genre. Enfin, tout en félicitant les autorités soudanaises d’avoir accepté de déployer 10 policiers supplémentaires, elle a renouvelé son appel à faciliter le déploiement complet de la capacité policière mandatée.  Elle a conclu en apportant son plein soutien au travail de la FISNUA, à l’Envoyée spéciale ainsi qu’à l’Union africaine et à l’IGAD.

La représentante de la France a regretté que le conflit au Soudan obère un règlement politique sur le statut définitif d’Abyei et exacerbe les fragilités. « Il est urgent que les belligérants au Soudan reprennent le dialogue, sans préconditions, et que l’ensemble des acteurs extérieurs impliqués cessent d’alimenter ce conflit », a-t-elle exigé.  La déléguée a ensuite indiqué que la conférence de Paris en date du 15 avril dernier avait permis de mobiliser 2 milliards d’euros pour soutenir l’aide humanitaire au Soudan et dans les pays voisins qui accueillent des réfugiés.  Dans un contexte régional fragilisé, l’action de la FISNUA est essentielle pour protéger les civils à Abyei et préserver les conditions d’un règlement du conflit, a-t-elle estimé.  La représentante a appelé les autorités sud-soudanaises à retirer leurs forces déployées à Abyei, une zone qui doit être démilitarisée, conformément à l’Accord de 2011.  Saluant la décision annoncée le 3 mai par Djouba de lever les taxes sur l’aide humanitaire apportée par l’ONU, elle a demandé au Soudan du Sud de lever les taxes sur les autres entités onusiennes dont la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), conformément à ses obligations internationales. 

La représentante de Malte a salué le courage du personnel de la FISNUA avant de rappeler que les attaques contre des Casques bleus peuvent être constitutives de crimes de guerre.  À cet égard, elle s’est alarmée de la montée de la violence à Abyei, qui se traduit par des morts, des déplacements et des violations des droits humains.  Elle a également exprimé son inquiétude face à l’absence de progrès vers un règlement politique à Abyei, encourageant le Soudan et le Soudan du Sud à reprendre leurs discussions à cet effet.  Après avoir appelé au retrait de toutes les forces de sécurité qui violent l’Accord de 2011 et le statut démilitarisé d’Abyei, elle a dénoncé l’utilisation militaire des écoles et l’occupation des installations de protection communautaire, qui sont autant de menaces pour l’éducation et la paix intercommunautaire.  Sur ce point, la déléguée s’est réjouie du travail accompli par suisse

le comité mixte communautaire pour la paix, facilité par la FISNUA.  Elle a par ailleurs souligné le rôle essentiel joué par le système de points focaux pour l’égalité des sexes en tant que mécanisme d’orientation pour les survivants de violences sexuelles et basées sur le genre. 

Pour la représentante, la présence de la FISNUA à Abyei reste cruciale, à la fois comme moyen de dissuasion contre les conflits armés et comme facteur de sécurité.  Il est donc inacceptable que sa liberté de mouvement ne soit pas respectée, a-t-elle dénoncé.  Sur le plan humanitaire, elle a rappelé le rôle vital joué par les équipes de pays des Nations Unies au Soudan et au Soudan du Sud.  Elle s’est également félicitée de la poursuite des programmes de vaccination des enfants de moins de 5 ans, facilité par l’Organisation internationale pour la migration (OIM) et des dépistages effectués par Save the Children auprès des enfants et des femmes enceintes et allaitantes. Rappelant enfin que les chocs liés au climat et à la violence intercommunautaire aggravent l’insécurité alimentaire à Abyei, elle a appelé à un accès complet, rapide et sans entrave de l’aide humanitaire. 

Le représentant de l’Équateur a estimé que la présence continue des forces de sécurité sud-soudanaises à Abyei est contraire au statut démilitarisé de la zone tel que défini dans l’Accord de 2011.  Qui plus est, cette présence a imposé des restrictions à la liberté de mouvement de la FISNUA ce qui entrave l’accomplissement de son mandat, a-t-il relevé avant de condamner les attaques ayant visé des Casques bleus.  Il a exigé que le Gouvernement du Soudan du Sud retire ses forces et respecte pleinement le statut de territoire démilitarisé d’Abyei. De même, les parties doivent faciliter le réapprovisionnement, la rotation et la liberté de mouvement du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière.  Le dialogue sur le statut définitif d’Abyei et les questions frontalières doivent reprendre entre le Soudan et le Soudan du Sud avec le soutien de l’Union africaine et de l’IGAD, a-t-il également demandé. 

Il s’est inquiété de tensions créées par l’arrivée de milliers de personnes déplacées du Soudan à Abyei et de l’aggravation de la situation humanitaire dans la région.  L’aide humanitaire doit donc pouvoir être acheminée sans entrave, et, pour cela, le soutien du Gouvernement sud-soudanais doit se poursuivre, a fait valoir le représentant.  Il a encouragé au renforcement des mécanismes d’alerte précoce des initiatives de réconciliation intercommunautaire, exhortant en outre à faire montre de la volonté politique nécessaire pour s’attaquer aux causes sous-jacentes du conflit dans l’Abyei, telles que la prolifération des armes.

La représentante du Royaume-Uni s’est dite profondément préoccupée par la montée alarmante des affrontements intercommunautaires entre les Ngok Dinka et les Dinka Twic.  Elle a ensuite appelé les autorités soudanaises et sud-soudanaises à créer les conditions nécessaires pour que la FISNUA puisse pleinement mettre en œuvre son mandat de protection des civils, exhortant les dirigeants communautaires et les personnalités influentes à prendre des mesures pour atténuer les tensions. La déléguée a appelé le Soudan du Sud à retirer immédiatement ses forces armées du sud d’Abyei, conformément à ses obligations au titre de l’Accord sur le statut des forces.  Elle a également appelé le Soudan à assurer de toute urgence le réapprovisionnement, dans des conditions sûres, ainsi que la liberté de mouvement du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière.  Une meilleure coordination de la part des autorités locales pour garantir que l’aide humanitaire parvienne aux personnes les plus vulnérables d’Abyei est aussi nécessaire, a encore observé la déléguée britannique. 

Le représentant des États-Unis a adressé ses condoléances aux familles des Casques bleus de la FISNUA qui ont perdu la vie, avant de faire part de sa solidarité avec le Pakistan et le Ghana, pays contributeurs concernés par ces pertes.  Les attaques contre la FISNUA mettent en péril son mandat et peuvent être constitutives de crimes de guerre, a-t-il affirmé, avant d’appeler les autorités sud-soudanaises à enquêter sur ces faits et à contraindre les auteurs à rendre des comptes.  Saluant les efforts inlassables déployés par la FISNUA pour réduire les tensions entre communautés, il a souligné l’importance vitale de la protection des civils. Alors que la criminalité est à l’origine de la plupart des violences constatées, il est essentiel, selon lui, que la FISNUA soit dotée des capacités nécessaires à la mise en œuvre de son mandat. De même, il a appelé les Gouvernements du Soudan et du Soudan du Sud à cesser toute mesure entravant le déploiement d’unités de police constituées, l’envoi d’équipements et la délivrance de visas.  Tout retard hypothèque la paix, a-t-il fait valoir, en déplorant notamment la restriction de la liberté de circulation du personnel de la Force onusienne.  Après avoir réitéré son appel en faveur d’une démilitarisation d’Abyei, il a exprimé son appui infaillible aux efforts de la FISNUA en faveur de la paix et de la stabilité dans la région.     

Le représentant du Mozambique, qui s’exprimait au nom des A3+1 (Algérie, Mozambique, Sierra Leone et Guyana), a demandé que le statut démilitarisé d’Abyei soit respecté par toutes les parties.  Bien que les négociations sur le statut définitif soient au point mort, il est essentiel que les deux parties restent guidées par l’esprit de l’Accord du 20 juin 2011, a-t-il argué ajoutant que ces accords temporaires sont essentiels pour la sécurité et la protection des civils dans la région d’Abyei, jusqu’à la détermination de son statut définitif. Il a appelé les parties à faciliter le travail du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière, avant de demander aux autorités compétentes de garantir la liberté de mouvement du personnel et des troupes de la FISNUA afin de leur permettre de s’acquitter de leurs tâches conformément à l’accord sur le statut des forces. 

Le délégué a jugé inacceptables les attaques contre les civils, les acteurs humanitaires et les forces de maintien de la paix, avertissant qu’elles constituent des violations flagrantes du droit international humanitaire et des droits humains.  Il a donc encouragé toutes les parties à coordonner leurs efforts pour désamorcer les tensions et protéger les civils avant de saluer les efforts inlassables déployés par le Soudan du Sud pour amener les autorités locales à cesser les hostilités et à demander des comptes à ceux qui incitent à la violence.  Le représentant a félicité la FISNUA de promouvoir les dialogues intercommunautaires auxquels participent les autorités locales, les chefs traditionnels, la société civile, les femmes et les jeunes. 

Abordant ensuite la situation humanitaire à Abyei, le représentant a mentionné les difficultés croissantes auxquelles est confrontée la population, notamment les effets des chocs climatiques et l’afflux de personnes déplacées fuyant le conflit soudanais, qui aggravent une situation déjà désastreuse. S’inquiétant du « facteur direct » que représente le conflit au Soudan pour bloquer les progrès et exacerber la crise humanitaire au Soudan du Sud, en particulier dans la zone administrative d’Abyei, il a souhaité qu’il y soit fait référence.  À cet égard, il a appelé les partenaires concernés à accroître leur soutien à la population d’Abyei ainsi qu’à la FISNUA et aux autres agences des Nations Unies pour qu’elles renforcent leur assistance aux plus vulnérables.  Il a encouragé les parties à reprendre le dialogue sur le statut définitif d’Abyei et les questions frontalières dès que les conditions le permettront, en vue d’organiser le référendum prévu qui donnera à la région le droit à l’autodétermination. 

Le représentant du Soudan a souligné l’attachement de son pays aux cadres politiques et juridiques qui gèrent la situation actuelle à Abyei, dont la présence de la FISNUA.  Parmi les cadres les plus importants, il a cité l’Accord de 2011 et les accords de coopération entre le Soudan et le Soudan du Sud, passant en revue le détail de ces accords notamment pour ce qui est du statut définitif d’Abyei.  Il a jugé essentiel de respecter et de mettre en œuvre ces cadres et dispositions en assurant de la volonté de son pays de le faire, soulignant qu’il a la capacité d’appliquer ces engagements provisoires que ce soit au niveau de la gestion de la police ou du conseil législatif.  En retour, le Soudan attend que les Sud-Soudanais mettent en œuvre leurs promesses dans le cadre de l’Accord de 2011, a-t-il déclaré. 

Le représentant a assuré que le Soudan reste attaché à la paix, la stabilité et la sécurité à Abyei avant de souligner l’importance que la région reste une zone démilitarisée.  Il s’est inquiété à cet égard de la présence d’éléments armés dans la région, appelant à leur retrait afin de préserver la nature démilitarisée de la zone.  Il a demandé ensuite à la FISNUA de veiller à la protection des civils sur place.  Le non-règlement des affrontements intercommunautaires est la cause principale de la prolifération des armes dans la région, a-t-il fait valoir.  Le délégué a assuré que le Gouvernement du Soudan est disposé à créer les mécanismes administratifs et sécuritaires provisoires prévus par l’Accord de 2011, affirmant qu’on ne peut régler la question d’Abyei qu’à travers un accord entre les deux pays et le soutien des composantes sociales. 

En ce qui concerne le mandat de la FISNUA, le représentant a souhaité que la Force aide à subvenir aux besoins humanitaires dans la région et à préserver la sécurité et la stabilité à Abyei, et ce, jusqu’au règlement de la question du statut définitif.  Il a conclu en assurant que le Soudan est déterminé à promouvoir la coopération avec le Gouvernement du Soudan du Sud.

Le représentant du Soudan du Sud a assuré que son pays est prêt à travailler avec la FISNUA et d’autres parties concernées pour relever les défis à Abyei et faire progresser le processus de paix dans la région.  Il a cependant attiré l’attention du Conseil sur les défis posés par le conflit en cours au Soudan, notamment son impact sur le processus politique à Abyei.  Malgré ces difficultés, le Soudan du Sud reste déterminé à engager le dialogue et à promouvoir la paix à l’intérieur de ses frontières, a-t-il affirmé, avant d’évoquer les efforts du Président sud-soudanais Salva Kiir Mayardit pour remédier aux tensions intercommunautaires dans le pays.  Concernant les déploiements de troupes à Abyei, il a pris acte des préoccupations exprimées et réaffirmé l’engagement des autorités sud-soudanaises à adhérer à l’Accord de 2011 sur les arrangements temporaires pour l’administration et la sécurité dans la région d’Abyei.  Il a dit que le Gouvernement du Soudan du Sud condamne tous les actes de violence, notamment ceux dirigés contre le personnel de la FISNUA, et qu’il œuvre en faveur d’une paix et d’une stabilité durables à Abyei. 

Prenant note des observations formulées par l’Envoyée spéciale au sujet de l’impact du conflit au Soudan sur la situation à Abyei, le délégué a rappelé l’engagement du Soudan du Sud à protéger ses citoyens et ses territoires contre toute menace ou violation.  Il a également souligné l’importance d’assurer un accès humanitaire à Abyei, en particulier à la lumière des violences intercommunautaires en cours et de l’afflux de personnes déplacées en provenance du Soudan.  « Nous nous engageons à coopérer avec les parties concernées pour faciliter l’acheminement humanitaire et assurer la sécurité des travailleurs humanitaires opérant dans la région », a-t-il dit, avant de se féliciter de la réduction de la violence intercommunautaire dans le pays et des initiatives de dialogue et de réconciliation pour résoudre les conflits. Enfin, après avoir dénoncé la prolifération des armes à Abyei et exhorté les groupes armés à se désarmer, conformément au statut d’Abyei qui doit être exempte d’armes, il a salué les efforts inlassables déployés par la FISNUA, l’Envoyée spéciale et l’ONU dans son ensemble pour promouvoir la paix, la sécurité et la stabilité à Abyei. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale proclame la Journée mondiale du football, « une langue universelle », et entend le vibrant plaidoyer du Président de l’Italie en faveur du multilatéralisme

SOIXANTE-DIX-HUITIÈME SESSION,
80E & 81E SÉANCES PLÉNIÈRES, MATIN
AG/12598

L’Assemblée générale proclame la Journée mondiale du football, « une langue universelle », et entend le vibrant plaidoyer du Président de l’Italie en faveur du multilatéralisme

L’Assemblée générale a décidé aujourd’hui de proclamer le 25 mai Journée mondiale du football en adoptant sans vote la résolution* intitulée: « Le sport au service du développement et de la paix: édification d’un monde pacifique et meilleur grâce au sport et à l’idéal olympique. »  Dans ce texte, l’Assemblée note que l’année 2024 marque le centième anniversaire du premier tournoi international de football de l’histoire avec la représentation de toutes les régions dans le cadre des Jeux olympiques d’été de 1924, organisés à Paris. 

Après avoir déposé un ballon de football sur le pupitre de l’Assemblée, le représentant de la Libye, qui a présenté le texte, a salué une « résolution historique », affirmant que le football joue un rôle clef pour la paix et le développement durable.  « Le football a un rôle à part, il est une langue universelle, une passion partagée qui unit les peuples. »  C’est également un catalyseur d’intégration, a déclaré le délégué libyen. 

Avant l’adoption de ce texte, la déléguée d’Israël a présenté une motion d’ordre, estimant qu’en vertu de l’annexe de la résolution 52/250 (1998), l’État de Palestine ne peut se porter coauteur, et appelant au respect des règles en la matière. 

L’Assemblée a également décidé** de reporter la troisième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral à une date ultérieure.  Celle-ci aurait dû se tenir à Kigali, au Rwanda, du 18 au 21 juin 2024. 

L’Assemblée a ensuite entendu une allocution du Président de l’Italie, M. Sergio Mattarella, qui assume la présidence du G7.  Avant que le Président ne prenne la parole, le Secrétaire général de l’ONU a loué les priorités de l’Italie pour sa présidence du G7: défense d’un système international fondé sur des règles, dialogue avec le Sud global et gouvernance de l’intelligence artificielle fondée sur l’humain.  « Le G7 a une responsabilité éminente d’être aux avant-postes des efforts de réforme afin de bâtir un multilatéralisme plus équitable et efficace », a souligné M. António Guterres, qui a par ailleurs estimé qu’alors que les discussions en vue du Sommet de l’avenir sont en cours, « la voix de l’Italie est plus nécessaire que jamais pour surmonter les divisions, bâtir la confiance et trouver des solutions ». 

L’engagement du Président Mattarella en faveur du multilatéralisme est exemplaire, a appuyé le Président de l’Assemblée, en notant la « myriade » de défis auxquels le multilatéralisme est en butte.  « Aujourd’hui, plus que jamais, nous avons besoin d’un système multilatéral emmené par l’ONU qui soit robuste et capable de répondre aux défis mondiaux, tels que les changements climatiques, l’éradication de la pauvreté, la prévention des violations des droits humains et la prolifération d’armes », a indiqué M. Dennis Francis, qui a vu dans le Sommet de l’avenir une « chance unique » de revitaliser le multilatéralisme et « de réimaginer notre avenir collectif » pour les décennies à venir.  « Ce Sommet est notre chance de répondre aux crises du multilatéralisme, en modernisant une architecture internationale dépassée, ainsi que la gouvernance mondiale. »  

Évoquant tour à tour le conflit en Ukraine et la question palestinienne, le Président de l’Italie a indiqué que l’intensification des efforts pour garantir la désescalade est l’un des objectifs de la présidence italienne du G7.  La concurrence, plutôt que la coopération entre grandes puissances compromet aujourd’hui la paix, a-t-il déploré, affirmant notamment que la Fédération de Russie a une responsabilité historique pour avoir ramené la guerre au cœur de l’Europe. 

Tout en reconnaissant que le fonctionnement de l’ONU est critiqué, « et à juste titre parfois », le Président Mattarella n’en a pas moins estimé que l’Organisation reste la seule instance capable de faire face aux menaces pesant sur la paix et la sécurité internationales.  Si nous voulons que la paix soit juste et pérenne, elle doit reposer sur les principes du droit international et la Charte des Nations Unies, a souligné le Président italien. 

Aussi a-t-il plaidé pour une ONU plus représentative et plus efficace, par le biais d’une réforme qui lui permettrait d’être à la hauteur des défis qui l’attendent et de s’adapter à l’évolution du monde.  En l’absence d’une telle réforme et des relations internationales de manière générale, le Sommet de l’avenir n’apportera pas les solutions que nous attendons, a-t-il prévenu. 

L’Assemblée générale se réunira de nouveau vendredi 10 mai à partir de 10 heures. 

* A/78/L.56 
** A/78/L.63 

 

 

 

 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale se penche sur le veto russe qui a bloqué l’adoption au Conseil de sécurité d’un projet de résolution sur la non-prolifération

Soixante-dix-huitième session,
78e et 79e séances plénières – matin & après-midi
AG/12597

L’Assemblée générale se penche sur le veto russe qui a bloqué l’adoption au Conseil de sécurité d’un projet de résolution sur la non-prolifération

En application de sa résolution 76/262 d’avril 2022, l’Assemblée générale a débattu, aujourd’hui, du veto mis par la Fédération de Russie, le 24 avril au Conseil de sécurité, sur un projet de texte qui visait à encadrer l’usage des armes nucléaires et des armes de destruction massive dans l’espace extra-atmosphérique.  La délégation russe a défendu son exercice du droit de veto en dénonçant des manœuvres occidentales, tandis qu’une majorité de pays s’alarmaient de ce comportement « irresponsable ». 

Pour rappel, ce projet de résolution, qui avait été déposé par les États-Unis et le Japon, avait recueilli 13 voix pour, une voix contre (Fédération de Russie) et une abstention (Chine). 

En ouvrant ce débat, M. Ahmad Faisal Muhamad, Vice-Président de l’Assemblée générale, a regretté que, « une fois de plus », le Conseil ne soit pas parvenu à trouver un consensus sur un projet de résolution traitant des armes de destruction massive dans l’espace.  « L’espace extra-atmosphérique n’appartient pas à des nations individuelles », et doit être « un lieu de paix et de coopération au bénéfice et dans l’intérêt de tous les pays », a-t-il fait valoir.  Dénonçant la militarisation actuelle de l’espace extra-atmosphérique, il a exhorté tous les États Membres, en particulier ceux qui disposent de capacités supérieures pour explorer l’espace, à respecter pleinement les dispositions du Traité sur l’espace extra-atmosphérique de 1967.  Celui-ci, a-t-il rappelé, interdit clairement aux États parties de placer en orbite autour de la Terre tout objet transportant des armes nucléaires ou tout autre type d’armes de destruction massive, d’installer de telles armes sur des corps célestes ou de stationner de telles armes dans l’espace de toute autre manière. 

Notant que le traité de 1967, signé par 136 États, contient déjà une interdiction inconditionnelle du déploiement d’armes de destruction massive dans l’espace, la Fédération de Russie a estimé que le projet de texte visait à utiliser le Conseil pour introduire de nouvelles restrictions qui n’avaient été enregistrées nulle part auparavant, y compris dans le traité de 1967, et ce, sans discussion préalable entre experts. 

À l’appui de ces arguments, la Fédération de Russie a justifié sa proposition d’amendement déposée le 24 avril, qui appelait les États à prendre des mesures urgentes pour interdire complètement le déploiement de tout type d’armement dans l’espace.  Affirmant que cette proposition allait « bien plus loin que le projet de résolution américain » pour empêcher une course aux armements dans l’espace, elle a soutenu que cet ajout aurait contribué aux négociations sur un document multilatéral juridiquement contraignant, au cours desquelles seraient discutées les propositions américaines de nouvelles obligations relatives au développement d’armes de destruction massive spécifiquement destinées à être déployées dans l’espace. 

Or, les coauteurs américains et japonais s’y sont catégoriquement opposés sans apporter d’explication, s’est-elle désolée, notant que « les doctrines militaires de presque tous les principaux pays occidentaux prévoient désormais l’exploitation militaire de l’espace ».  C’est ainsi, a-t-elle rappelé, que les États-Unis ont fait obstacle à toutes les initiatives visant à empêcher une course aux armements dans l’espace, notamment la proposition sino-russe relative à un projet de traité sur la prévention du placement d’armes dans l’espace extra-atmosphérique.  De même, elle a indiqué avoir préparé un projet de résolution « alternatif », afin d’empêcher que l’espace ne se transforme en une nouvelle zone de tension et de confrontation armée ». 

Cette position a été pleinement partagée par la République arabe syrienne et la République islamique d’Iran, qui ont déploré les tentatives des pays occidentaux visant à imposer leurs vues dans l’espace extra-atmosphérique.  Pour ces délégations, le projet de résolution était « déséquilibré et politisé » et ne tenait pas compte des propositions de tous les membres du Conseil.  À cet égard, l’amendement présenté par la Chine et la Fédération de Russie, et rejeté par les États-Unis, aurait selon elles permis de combler d’importantes lacunes.

Sur une ligne proche de celle défendue par la Fédération de Russie, la Chine a mis en garde contre les risques de militarisation de l’espace, alors qu’ « une grande puissance y vise l’hégémonie ».  Appelant au respect du concept de sécurité collective, elle a regretté que le traité de 1967 interdise uniquement le déploiement d’armes de destruction massive dans l’espace et pas d’autres types d’armements.  Il est donc urgent, selon elle, que la communauté internationale négocie un nouveau traité sur la base du projet sino-russe soumis en 2008 à la Conférence du désarmement. 

Ces positions n’ont pas convaincu l’immense majorité des délégations représentées à ce débat.  « Nous ne pouvons que nous interroger sur les raisons qui ont amené la Russie à bloquer ce projet de résolution, dont l’objet principal était de réaffirmer des obligations auxquelles elle a souscrit en ratifiant le traité de 1967 », a résumé la France.  Reprochant à Moscou de « substituer l’usage du veto à la négociation », elle a jugé que cette position « ne concourt pas à apporter de la crédibilité à son projet d’un nouveau traité prévenant le placement d’armes dans l’espace ». 

L’approche russe de la prévention d’une course aux armements dans l’espace ne répond pas à l’objectif de renforcement de la confiance entre les États, a appuyé le Luxembourg, au nom des pays du Benelux.  « Le recours au veto n’exonère pas la Russie de ses obligations en vertu du droit international, notamment du traité de 1967 », a martelé le Danemark, au nom des pays nordiques, rejoint par l’Union européenne, selon laquelle il importe d’intensifier les efforts de prévention de la course aux armements dans l’espace compte tenu des activités « ambiguës et hostiles » qui y sont menées.  De fait, a renchéri l’Estonie, au nom des pays baltes, l’une des raisons pour lesquelles la Fédération de Russie a opposé son veto tient justement à ses projets de déploiement d’armes nucléaires dans l’espace. 

Une accusation relayée par les États-Unis, selon lesquels la Fédération de Russie aurait d’ores et déjà placé des armes en orbite et serait en train de construire un nouveau satellite capable de porter une arme nucléaire.  Par ses actions, qui jettent le doute sur son respect du traité de 1967 et sur la préservation de la paix mondiale, Moscou s’emploie à « diviser les États plutôt qu’à les unir », ont-ils dénoncé, soutenus par le Royaume-Uni, pour qui la Fédération de Russie veut clairement saper le régime de non-prolifération, comme l’atteste son récent veto contre le renouvellement du mandat du Groupe d’experts chargé d’assister le Comité des sanctions contre la République populaire démocratique de Corée. 

Même son de cloche de la part de l’Albanie, l’Allemagne, l’Australie, l’Autriche, la Bulgarie, l’Espagne, la Hongrie, Israël, l’Italie, la Macédoine du Nord, Malte, la Pologne, la République tchèque et la Slovénie, aux yeux desquels la Fédération de Russie a agi de manière irresponsable en bloquant un texte qui allait dans l’intérêt de toute l’humanité.  Ce faisant, « la Russie joue avec le feu », a prévenu la délégation allemande, tandis que le Japon évoquait les conséquences qu’aurait l’utilisation d’une arme nucléaire dans l’espace.

Le Canada a dénoncé « l’abus cynique » par la Fédération de Russie de son droit de veto et le mépris de ce pays pour le droit, dans l’espace comme ailleurs, lui conseillant de « revenir sur Terre ».  De son côté, l’Ukraine a dit ne pas souscrire à l’idée que la question de la sécurité de l’espace extra-atmosphérique devrait être débattue exclusivement par l’Assemblée générale, ses organes subsidiaires et la Conférence du désarmement.  C’est au Conseil de sécurité qu’il incombe au premier chef de faire face aux menaces qui pèsent sur la paix et la sécurité internationales, y compris celles qui proviennent d’armes nucléaires ou d’autres armes de destruction massive spécifiquement conçues pour être placées dans l’espace, a-t-elle ajouté. 

À l’instar de la Nouvelle-Zélande, qui s’exprimait au nom d’un groupe de pays soutenant l’initiative relative au veto, la Suisse a vu dans la décision russe du 24 avril une « occasion manquée » pour le Conseil de sécurité. L’utilisation du veto –pour la cinquième fois cette année- met en jeu sa légitimité et l’empêche de s’acquitter de son mandat, a constaté la délégation helvétique, rejointe par la République de Corée, avant de plaider pour l’adoption de mesures contraignantes portant sur l’interdiction du placement d’armes dans l’espace, tant en matière de capacités que de comportement. 

Elle a été suivie par l’Indonésie, le Mexique, le Pakistan et la République islamique d’Iran, tous favorables à l’ouverture de négociations sur un traité juridiquement contraignant pour prévenir la course aux armements dans l’espace.  D’autres pays, tels que le Costa Rica et le Ghana, ont préféré appeler au simple renforcement du cadre juridique s’appliquant à l’espace extra-atmosphérique, la délégation ghanéenne insistant tout particulièrement sur les capacités spatiales à double usage.  Le Maroc s’est contenté de prôner un comportement responsable et un usage équitable et raisonnable de l’espace pour tous. 

L’Argentine et la Colombie ont réclamé l’abolition du veto, « outil antidémocratique et obsolète », appuyées par la Nouvelle-Zélande qui a encouragé l’Assemblée générale à être prête à combler le vide laissé par le recours au veto en envisageant de prendre de nouvelles mesures là où le Conseil est empêché d’agir. 

En fin de séance, toujours au titre de sa résolution 76/262, l’Assemblée générale a conclu son débat entamé le 1er mai et portant sur le veto mis par les États-Unis, le 18 avril au Conseil de sécurité, sur un projet de résolution relatif à l’admission de l’État de Palestine comme nouveau Membre de l’ONU. Ce texte, soumis par l’Algérie, avait recueilli 12 voix pour, une voix contre (États-Unis) et deux abstentions (Royaume-Uni et Suisse). 

L’Assemblée générale se réunira de nouveau demain, mardi 7 mai, à partir de 10 heures.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Cinquième Commission: le Secrétaire général demande une enveloppe de 5,6 milliards de dollars pour 10 opérations de paix entre 2024 et 2025

Soixante-dix-huitième session,
35e séance plénière - matin
AG/AB/4459

Cinquième Commission: le Secrétaire général demande une enveloppe de 5,6 milliards de dollars pour 10 opérations de paix entre 2024 et 2025

La Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires a appris, ce matin, à l’ouverture de sa deuxième reprise de session, que le Secrétaire général demande une enveloppe exacte de 5 690,4 millions de dollars pour financer, du 1er juin 2024 au 30 juillet 2025, 10 opérations de maintien de la paix, y compris pour le Centre de services régional d’Entebbe, la Base de soutien logistique de Brindisi et le compte d’appui aux opérations de maintien de la paix (A/78/726). 

Même si ce montant représente une diminution de 10,1% par rapport aux ressources approuvées pour 2023/24, la Chine s’est émue de l’augmentation du budget de certaines opérations de paix alors que le nombre des missions diminue, avec le retrait de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) et que la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) réduit ses effectifs.  Il faut éviter toute réduction qui saperait l’exécution des mandats des missions, a prévenu la Fédération de Russie.

En effet, dans ses commentaires (A/78/744), le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) constate que le Secrétaire général propose de réduire de 15,8% les ressources demandées au titre du personnel en tenue par rapport à 2023/24, et de 5,1% et de 6,3%, respectivement, celles demandées au titre du personnel civil et des dépenses opérationnelles. 

À l’exclusion de la MINUSMA, l’ONU participe actuellement à 10 missions de maintien de la paix, ainsi qu’à l’Organisme des Nations Unies chargé de la surveillance de la trêve (ONUST) et au Groupe d’observateurs des Nations Unies dans l’Inde et le Pakistan (UNMOGIP), financés par le budget ordinaire, et au Bureau d’appui des Nations Unies en Somalie (BANUS).  Au cours de l’exercice 2024/25, 69 590 agents en tenue, 10 636 militaires envoyés par l’Union africaine en Somalie et 12 180 civils devraient être déployés.

Avant l’adoption du programme de travail de cette deuxième reprise de session (A/C.5/78/L.37), le Président de la Cinquième Commission, M. Osama Mahmoud Abdelkhalek Mahmoud, de l’Égypte, a appelé les délégués à se focaliser sur le budget des opérations de maintien de la paix dont le montant est généralement près du double du budget ordinaire de l’ONU.  Ces missions, a-t-il souligné, ont un impact important sur la vie et les moyens de subsistance de millions de personnes dans le monde, dans les pays en développement comme dans les pays les moins avancés, en particulier en Afrique. 

Nous devons veiller à ce que le pilier « paix » du travail de l’ONU reste bien financé afin que les missions puissent exécuter leurs mandats et devenir une source de stabilité, d’espoir et de paix, a insisté le Président dont les propos ont été repris par la quasi-totalité de la quinzaine d’intervenants. 

Pour M. Abdelmalek Mahmoud, la responsabilité de la Cinquième Commission n’est pas seulement de négocier des chiffres mais aussi de veiller à ce que les orientations politiques nécessaires soient données aux missions sur les questions transversales dont le financement du système des coordonnateurs résidents par le budget ordinaire de l’ONU, un point qui a été reporté de la première reprise de la session.  Le Mexique a d’ailleurs regretté l’absence de consensus sur ce sujet.

Le Président a aussi fait part de son intention d’organiser une troisième réunion sur les méthodes de travail, à la lumière des suggestions soumises par les délégations.  Il a salué le fait que les rapports du Secrétaire général et du CCQAB aient été remis à temps, ce qui contribuera à faire avancer les travaux de manière ordonnée et avec efficacité.  Attaché à la conclusion des travaux le 31 mai, le Japon s’est pourtant dit prêt à les poursuivre même jusqu’à mi-juin.  Nous devons avoir le temps d’examiner tous les points inscrits à l’ordre du jour, a plaidé l’Éthiopie. 

Après l’adoption du programme de travail, l’Ouganda, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et la Chine, a dit attendre avec intérêt la mise à jour de la résolution sur le fonds de recouvrement des coûts, afin de mieux comprendre l’excédent identifié. Le Bangladesh, qui a déploré les retards dans le remboursement des pays contributeurs de contingents, a exigé du Secrétaire général une meilleure représentation de ces pays dans les postes de direction des missions de paix.  Fière d’avoir déployé 150 femmes dans des missions de paix, l’Indonésie a fermement appuyé les propos du Bangladesh.

L’Union européenne (UE) s’est d’ailleurs dite inquiète d’une crise de liquidités à l’ONU qui retarde le remboursement aux États et contraint à un gel des recrutements alors que la sélection des candidats provenant des pays sous ou non représentés est « cruciale », a souligné l’Ouganda, au nom du principe de la répartition géographique équitable.  Il a appelé le Secrétaire général à « nationaliser » davantage de postes sur le terrain.  Les deux délégations ont insisté sur la sûreté et la sécurité du personnel des opérations de paix.

Quant aux opérations clôturées, le Burundi a réclamé le respect des budgets approuvés.  Lorsque nous voyons des missions se retirer et d’autres avec des mandats modifiés, nous devons, a dit la Suisse, réfléchir à la meilleure façon de structurer leur travail afin d’atteindre l’objectif ultime qui est de garantir une paix durable.  La coopération avec les autres acteurs du système onusien, les autres acteurs de la communauté internationale, les autorités et divers acteurs nationaux semble plus importante que jamais.

Pour ce qui est de la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD), la Syrie a répété que son financement incombe à la « puissance occupante » et exigé que les projets à impact rapide soient financés par le budget ordinaire de l’ONU.  « On ne saurait mettre sur un même pied d’égalité l’agresseur et l’agressé », a martelé la Syrie. 

L’Union européenne (UE), la Fédération de Russie, la Chine, l’Ouganda et le Burundi ont tous réclamé un budget adéquat et durable pour les opérations.  L’UE a lancé un appel aux États pour qu’ils paient leur dû dans l’intégralité et à temps.  La Chine a promis d’honorer ses engagements alors que la Fédération de Russie a appelé à une utilisation rationnelle des ressources. 

Israël a souligné l’importance qu’il y a à offrir au personnel des opérations de paix des soins médicaux de qualité.  Il faut améliorer le recours à la télémédecine et la prise en compte de la dimension sexospécifique dans la nouvelle stratégie sur la santé mentale, a-t-il insisté.  Les États-Unis ont voulu des mesures strictes pour juguler le fléau de l’exploitation et des abus sexuels commis par le personnel de maintien de la paix. 

Cela est d’autant plus important qu’il s’agit de ne pas perdre la confiance des communautés sur le terrain, a acquiescé le Royaume-Uni alors que la Suisse se montrait préoccupée par la méconnaissance des obligations et des mécanismes de signalement, et la peur des représailles.  Nous appelons à un changement durable de la culture, des comportements et des attitudes au sein des missions.  La Suisse a insisté sur la politique de tolérance zéro du Secrétaire général. 

Ces questions seront abordées de manière approfondie à la réunion que la Cinquième Commission, qui tient la majeure partie de sa session à huis clos, a prévu de tenir mardi 7 mai à partir de 15 heures. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Forum sur les forêts: lancement à New York de la dix-neuvième session

Dix-neuvième session
1re & 2e séances plénières – matin & après-midi
ENV/DEV/2064

Forum sur les forêts: lancement à New York de la dix-neuvième session

Organe subsidiaire du Conseil économique et social (ECOSOC), le Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF) a démarré ce matin sa dix-neuvième session, au Siège de l’ONU à New York.

Le FNUF doit notamment se livrer à un examen à mi-parcours de l’efficacité de l’arrangement international sur les forêts par rapport à ses objectifs.  Au cours de la session, il prévoit également d’adopter son programme de travail quadriennal pour la période 2025-2028, y compris l’examen des mesures prioritaires et des ressources nécessaires. 

Bien évidemment, le FNUF se penchera sur la mise en œuvre du Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts (2017-2030), en mettant l’accent sur les activités menées à l’appui des priorités thématiques pour la période 2023-2024.

Plus d’informations sur le site du FNUF: https://www.un.org/esa/forests/forum/index.html

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, 
la Section des communiqués de presse n’a pas pu couvrir ces séances.)

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Population et développement: l’adoption de la déclaration politique sur les 30 ans du Programme d’action du Caire saluée, malgré des réserves

Cinquante-septième session,
9e séance plénière – matin
POP/1114

Population et développement: l’adoption de la déclaration politique sur les 30 ans du Programme d’action du Caire saluée, malgré des réserves

La Commission de la population et du développement a terminé aujourd’hui sa cinquante-septième session en entendant les délégations commenter sa déclaration politique, adoptée par consensus lundi 29 avril.  « Ce n’est pas seulement un document en attente d’être archivé mais le symbole de notre détermination collective à autonomiser les femmes et les filles, à garantir un accès universel aux services de santé sexuelle et reproductive, à produire et à faire un meilleur usage de données ventilées relatives à la population et, peut-être le plus important, à miser sur nos jeunes », a déclaré la Directrice exécutive adjointe du Fonds des Nations Unies pour la population.

L’adoption par consensus de la déclaration politique a été généralement saluée par les États Membres, dans la mesure où elle exprime clairement leur engagement en faveur de la pleine mise en œuvre du Programme d’action adopté il y a 30 ans lors de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD) qui a eu lieu au Caire, en dépit des positions divergentes sur certaines questions.  C’est une « victoire », selon l’Argentine. Pour la Colombie, ce texte reflète bien le lien entre ce programme d’action et le Programme de développement durable à l’horizon 2030, même si le Mexique a déploré qu’il n’ait pas fait de lien avec le Sommet de l’avenir, qui se déroulera en septembre 2024.

Certains ont trouvé malgré tout que la Déclaration politique n’était pas assez ambitieuse, que le texte n’allait pas assez loin.  Si la Belgique, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, et l’Albanie se sont félicitées de l’adoption par consensus de la Déclaration politique, la deuxième délégation a toutefois regretté l’« opportunité manquée » d’y faire référence aux droits à la santé sexuelle et reproductive, en particulier s’agissant de la liberté de choix quant à la planification familiale. 

De nombreuses autres délégations ont porté leurs critiques sur le manque de considération pour les caractéristiques de chaque pays et la souveraineté nationale dans ces domaines.  Pour la République islamique d’Iran, par exemple, le texte ne reflète pas « comme il se doit » les considérations de certains États, notamment son pays, qui estiment « encore une fois » qu’une politique axée sur la famille est nécessaire au bien-être et à la prospérité des sociétés.  Insistant aussi sur l’importance de la souveraineté nationale et sur le droit de tous les pays à déterminer leur propre trajectoire de développement, la délégation iranienne a rejeté les tentatives d’imposer de soi-disant « solutions standardisées uniformes », un point de vue également relayé par le Nigéria. 

Dans la même veine, Djibouti a regretté que certains États ne respectent pas des principes de base comme la souveraineté nationale et le rôle central de la famille, s’inquiétant de « tentatives de détournement de la conversation ».  Le Bélarus a, lui aussi, insisté sur le droit souverain de chaque État d’appliquer comme il l’entend cette déclaration politique, dans le respect de ses caractéristiques culturelles.  Même son de cloche du côté de l’Égypte, pays hôte de la CIPD en 1994, qui s’est montrée soucieuse que la Commission adopte des textes « applicables par tous les pays » en fonction de leurs caractéristiques.  Elle a tenu à souligner que la famille est le noyau naturel de la société et qu’il convient de la protéger.

La question du genre a suscité des commentaires de la part du Cameroun, du Niger, du Sénégal et du Saint Siège, notamment.  Ces pays ont dit entendre le genre comme sexe biologique se référant exclusivement au sexe de l’homme et de la femme.  Les mêmes délégations ont tenu à préciser que l’avortement ne peut être un moyen de planification familiale, comme l’a dit le Cameroun, appuyé par le Niger. 

Enfin, plusieurs délégations, comme le Sénégal, la Zambie et le Saint Siège, ont reproché au texte de la Déclaration d’avoir fait l’impasse sur certaines questions cruciales comme l’élimination de la pauvreté et la notion de la famille traditionnelle comme l’unité de base de la société.

Résumant ces divergences, la République-Unie de Tanzanie a estimé que, lors de cette session, l’écart entre pays développés et en développement n’a fait que se creuser et que la Déclaration politique ne reflète en réalité que le plus petit dénominateur commun.  Sa représentante a expliqué que les négociations se sont concentrées sur des questions non consensuelles, un point également relevé par la Fédération de Russie qui a parlé d’une approche très sélective accordée aux priorités de certains États.  Il aurait été possible d’arriver à de meilleurs résultats, a estimé la République-Unie de Tanzanie suggérant pour l’avenir d’éviter les termes qui ne sont pas clairement définis et qui ne font pas l’objet d’un consensus au sein des Nations Unies, même s’ils sont importants pour certaines délégations.  « Il est clair qu’ils nous font perdre beaucoup de temps et qu’ils nous empêchent d’obtenir de meilleurs résultats. »  Ce qui compte, est intervenu l’Uruguay, c’est qu’à l’avenir, tous les espaces de dialogue restent ouverts, même si ces dialogues seront parfois difficiles.

Faisant le bilan de cette semaine « passionnante », la Présidente de la cinquante-septième session de la Commission, Mme Noemí Espinoza Madrid, du Honduras, a rappelé qu’à l’occasion du trentième anniversaire du Programme d’action de la CIPD, conférence « historique » du Caire, la Commission a été en mesure d’adopter une « importante » déclaration politique qui réaffirme l’engagement de tous les États Membres en faveur d’un développement centré sur l’être humain.  Cette semaine a été l’occasion de s’écouter les uns les autres, de comprendre ce qui se passe aux niveaux national et régional et, ce faisant, de construire le puzzle de la situation démographique mondiale. 

Quant aux indications claires ressorties de cette évaluation et de la voie à suivre, Mme Espinoza a mis l’accent sur les progrès significatifs dans la réduction du taux global de pauvreté; l’accès à l’enseignement primaire; l’égalité des sexes qui ont permis à davantage de femmes d’accéder aux espaces de décisions; l’accès aux services de santé sexuelle et reproductive qui a contribué à l’autonomisation et à la responsabilisation des femmes; et la baisse des infections et décès par le VIH/sida. 

Ce bilan a aussi fait ressortir ce qui reste inachevé et inéluctable, a cependant noté Mme Espinoza, comme le fait que les inégalités se sont creusées et que la pauvreté demeure le plus grand défi mondial.  Elle a cité, entre autres, la stigmatisation et la discrimination, les mutilations génitales féminines, les mariages forcés, les féminicides ou encore les effets des changements climatiques qui aggravent les inégalités.  L’évolution et la diversité des dynamiques démographiques posent le défi urgent de la réorganisation des systèmes de retraite et de santé, ainsi que du travail de soins qui, jusqu’à présent, incombe principalement aux femmes, a-t-elle aussi noté.

Inquiète aussi pour le financement de l’agenda démographique, la Présidente de la Commission a mis en garde contre les pressions qui sont liées aux remboursements de la dette.  La République arabe syrienne, l’Afrique du Sud et d’autres ont également souligné que les niveaux de financement actuels ne répondent pas aux besoins des populations. 

La Présidente de la Commission a donc plaidé en faveur de l’intégration effective de l’agenda démographique dans les efforts mondiaux actuels, tels que la mise en œuvre du Programme 2030 et les résultats attendus du Sommet de l’avenir.  Cela nécessite selon elle une revitalisation du multilatéralisme, dans un esprit de solidarité internationale.  Cela doit se faire en tenant compte des diverses réalités auxquelles sont confrontées les régions et des changements dans la dynamique démographique qui incitent à travailler de manière intergénérationnelle, a-t-elle argué.  En conclusion, Mme Espinoza s’est félicitée que cette session ait réaffirmé l’approche holistique et centrée sur les personnes du Programme d’action. 

Mme Diene Keita, Sous-Secrétaire générale et Directrice exécutive adjointe, chargée des programmes, du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a espéré que le Sommet de l’avenir de septembre serait l’occasion d’agir ensemble, conformément à la vision de cette Commission. Le Sous-Secrétaire général au développement économique, M. Navid Hanif, s’est félicité quant à lui de la forte participation à cette session, dont de nombreux représentants de la société civile. 

En prévision de ses prochaines sessions, la Commission a adopté l’ordre du jour de la cinquante-huitième (2025) et fixé le thème de la cinquante-neuvième (2026) qui sera le suivant: « Population, technologie et recherche dans le contexte du développement durable ».  Elle a aussi adopté son projet de rapport sur ses travaux achevés aujourd’hui.

La Commission a ensuite ouvert sa cinquante-huitième session pour élire à sa présidence Mme Catharina Lasseur, des Pays-Bas, ainsi que Mmes Norma Abi Karam, du Liban, et Soledad Sandler, de l’Argentine, aux postes de vice-présidentes.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale proclame 2026 « Année internationale des agricultrices » et adopte quatre autres textes dont celui annuel sur la culture de paix

Soixante-dix-huitième session,
76e séance plénière – matin
AG/12596

L’Assemblée générale proclame 2026 « Année internationale des agricultrices » et adopte quatre autres textes dont celui annuel sur la culture de paix

L’Assemblée générale a tenu aujourd’hui son débat annuel sur le Programme d’action en faveur d’une culture de paix, avec une trentaine de délégations qui ont rappelé leur attachement à la paix, à un moment où le nombre de conflits dans le monde n’a jamais été aussi élevé, comme l’ont opportunément relevé les Émirats arabes unis.  Elle a adopté une résolution sur la question, ainsi que quatre autres textes dont l’un sur la santé mondiale qui a donné lieu à plusieurs mises aux voix après l’examen de trois propositions d’amendement. 

Parmi les autres textes adoptés aujourd’hui, l’Assemblée a notamment décidé de proclamer 2026 comme Année internationale des agricultrices (A/78/L.59), sachant qu’il est essentiel de venir en aide à ces dernières pour accélérer la transition vers des systèmes agroalimentaires plus durables.  Ce texte a été présenté par les États-Unis.

Dans la même lancée de sensibilisation, elle a aussi décidé, par une résolution (A/78/L.60) présentée par le Tadjikistan, de proclamer le 24 mai Journée internationale du markhor, une espèce emblématique et écologiquement importante que l’on trouve dans les régions montagneuses de l’Asie centrale et de l’Asie du Sud, qui a été classée dans la catégorie des espèces « quasi menacées ».

En outre, consciente que le bien-être, la sûreté, la sécurité et la prospérité collectifs de nos nations et de nos peuples sont profondément liés, l’Assemblée générale a adopté un texte intitulé « Suite donnée à la Déclaration et au Programme d’action en faveur d’une culture de paix » (A/78/L.57) en vertu duquel elle prie sa présidence d’organiser durant sa soixante-dix-huitième session un forum de haut niveau d’une journée pour célébrer le vingt-cinquième anniversaire de l’adoption de la Déclaration en faveur d’une culture de paix et du Programme d’action. 

En vertu d’une autre résolution (A/78/L.61), l’Assemblée générale a arrêté la liste de 50 organisations non gouvernementales, organisations de la société civile, d’établissements universitaires et d’entités du secteur privé qui pourront prendre part aux travaux de la troisième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral et à ses travaux préparatoires. 

Enfin, l’Assemblée a adopté tel qu’amendé un texte (A/78/L.62) intitulé « Santé mondiale et politique étrangère: relever les défis de la santé mondiale en politique étrangère ». Par ce texte, qui a été présenté par l’Afrique du Sud, elle prie instamment les États Membres de continuer à tenir compte des questions de santé lorsqu’ils définissent leur politique étrangère.  L’Assemblée générale prie également sa présidence d’organiser, en 2025, un dialogue interactif de haut niveau d’une journée sur les déterminants sociaux, économiques et environnementaux de la santé.

L’adoption de cette résolution a été précédée par la présentation de trois projets d’amendement, dont deux ont été rejetés par une large majorité à l’issue d’une mise aux voix. 

Appelant à voter contre, Cuba a estimé que ces deux projets, dont l’un portait sur la question des transferts de technologies, visaient à perpétuer le privilège d’une minorité aux dépens de la majorité.

« Ces pays cherchent à empêcher les nôtres d’avoir accès à des ressources médicales, à des technologies et à des connaissances qui sont », a décrié la délégation. 

La Belgique et le Royaume-Uni ont estimé que les transferts de technologies doivent se faire de manière volontaire et mutuellement convenue, se dissociant des références à des transferts de technologies « sans nuance ». « Il faut trouver un équilibre entre accessibilité et innovation », a estimé le Japon.

L’Assemblée générale se réunira de nouveau lundi 6 mai à partir de 10 heures.

CULTURE DE PAIX

Débat sur la question et décision sur le projet de résolution

« Poursuivre une culture de la paix peut nous aider à combler les divisions qui ont cours à travers et au sein des sociétés du monde entier », a déclaré l’Union européenne qui a appelé à unir les efforts pour parvenir à l’égalité des sexes et à la pleine jouissance des droits humains par toutes les femmes et les filles.  Selon elle, promouvoir la culture de la paix revient également à assurer un environnement sûr et propice dans lequel la société civile peut prospérer. 

Au nom du Groupe des Amis pour la défense de la Charte des Nations Unies, le Venezuela a indiqué que la responsabilité première et la plus urgente des Nations Unies à l’heure actuelle consiste à condamner sans équivoque les attaques aveugles contre le peuple palestinien à Gaza.  De plus, il est crucial que les responsables des crimes commis contre le peuple palestinien depuis plus de 75 ans soient tenu responsables, afin de mettre fin une fois pour toutes au cycle actuel de l’impunité, a-t-il plaidé, rejetant par ailleurs les politiques hégémonistes et unilatérales, lesquelles affectent la paix, la sécurité et la stabilité internationales. 

Parvenir à la paix entre les peuples et les nations nécessite des efforts collectifs, transcendant les problèmes individuels, a souligné l’Association des Nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN) qui, par la voix du Brunéi Darussalam, a fait savoir qu’elle entend mettre sur pied un institut d’études pour la paix et la réconciliation.  Le représentant du Maroc a quant à lui souligné que le pays promeut la tolérance religieuse et que son système éducatif du pays enseigne les valeurs de paix, de tolérance et de cohabitation aux jeunes.  Il a également plaidé pour une paix pérenne au Moyen-Orient, ce qui passe par l’établissement d’un État palestinien installé sur les frontières qui étaient en vigueur en 1967, et avec Jérusalem-Est comme capitale. 

Le représentant de Singapour a relevé que, selon une étude du PEW Research Center de 2023, les Singapouriens font preuve de niveaux élevés de tolérance et d’acceptation interreligieuses.  Une étude similaire réalisée en 2021 décrivait Singapour comme « l’une des sociétés les moins divisées », s’est-il enorgueilli.  Sri Lanka a appelé à s’attaquer aux causes profondes des conflits et à mettre en avant l’importance de l’éducation et de l’information.  Pour les Philippines, on parvient à la stabilité quand les femmes sont impliquées aux processus de paix.  Il n’y a pas de paix sans développement et pas de développement sans paix, a rappelé le délégué. 

La promotion d’une culture de la paix passe par une meilleure compréhension et un respect mutuel et un dialogue permanent, a souligné à son tour la Thaïlande pour qui une culture de la paix contribue à renforcer la diplomatie préventive, ce qui favorise la stabilité.  L’Indonésie a appelé à garantir des partenariats aux niveaux national et régional pour promouvoir le dialogue et la tolérance, tout en exhortant à combattre l’islamophobie.

L’instauration d’une culture de paix passe indubitablement par la pacification de l’environnement international dont la stabilité reste compromise par la non-résolution d’un certain nombre de problèmes, a commenté le Togo qui a appelé au respect du multilatéralisme « ce qui passe par la réforme du Conseil de sécurité », ainsi qu’à l’appui des mécanismes de diplomatie préventive. 

Après Cuba, selon qui les mesures coercitives unilatérales portent atteinte à la culture de la paix, le Pakistan a demandé la nomination d’un envoyé spécial contre l’islamophobie, s’inquiétant notamment de la haine qui vise les musulmans en Inde, attisée selon lui par l’idéologie du Gouvernement indien et l’extrémisme hindou.  La « nouvelle Inde de Modi » est une Inde dangereuse, pourvoyeuse d’insécurité et qui mène un terrorisme d’État, a accusé le délégué qui a condamné les exactions commises par l’Inde au Jammu-et-Cachemire occupé.  L’Inde a dit faire fi des remarques « pernicieuses » de « certaines délégations » qui s’écartent du sujet du jour et a affirmé que la culture de la paix fait partie de son histoire et de sa philosophie. 

L’Égypte a dénoncé la guerre génocidaire à Gaza et la montée des discours de haine, notamment islamophobes, suivie de la Chine qui a fait savoir qu’elle présentera un texte sur le respect des civilisations. « Il faut rejeter les à priori, l’arrogance et promouvoir le respect et l’entente mutuels entre les civilisations ».

Le Suriname a relevé que la prolifération des fausses informations et de la désinformation constitue un obstacle important au dialogue et à la compréhension, et a jugé urgent de déployer des efforts concertés pour y faire face.  La délégation du Myanmar a souligné que l’éradication de la dictature militaire et la construction d’une union fédérale démocratique sont la voie à suivre pour instaurer une culture de paix durable dans le pays. 

Les approches des États sont souvent si contradictoires que leurs discussions éclipsent parfois les objectifs unificateurs qui constituaient la base des Nations Unies lorsqu’elles ont été créées après la victoire sur le nazisme et le fascisme en 1945, a regretté la Fédération de Russie.  La Malaisie a souligné pour sa part que la promotion de la culture de la paix doit être un processus inclusif.  Par conséquent, l’interaction positive entre les peuples de cultures et de valeurs diverses contribuera à atteindre l’objectif de préservation et de promotion de la paix et de la stabilité mondiales, qui sont des conditions préalables nécessaires à la promotion d’un développement économique et social durable. 

Les Émirats arabes unis ont noté que la jeunesse a un rôle crucial à jouer dans la promotion d’une culture de paix et de tolérance, suivis du Bahreïn qui a réclamé l’élaboration d’une convention criminalisant les discours de haine, notamment religieux.

Avant l’adoption de la résolution L.57, la représentante d’Israël a présenté une motion d’ordre pour rappeler qu’en vertu du paragraphe 5 de l’annexe de la résolution A/RES/52/250, la Palestine ne peut se porter coparrain de la résolution L.57 dans la mesure où le fond de ce texte ne concerne pas directement les Palestiniens et le Moyen-Orient.

Explication de position 

À l’issue de l’adoption du texte, la représentante d’Israël a estimé que le terme « culture de paix » est un mot grandiloquent, en notant que presque aucun des États Membres qui ont pris la parole aujourd’hui n’ont condamné l’attaque du 7 octobre du Hamas, « résultat d’années d’incitation », ni reconnu le droit d’Israël à se défendre.  Certains États Membres, au lieu de promouvoir une culture de paix, cherchent à annuler notre droit à la légitime défense alors qu’Israël cherche à libérer ses otages, s’est-elle emportée.  Personne n’a condamné la recrudescence de l’antisémitisme, a-t-elle également souligné.  Selon elle, la déradicalisation de la culture palestinienne est vitale pour arriver à une culture de paix et mettre un terme à cette culture de haine.

SANTÉ MONDIALE ET POLITIQUE ÉTRANGÈRE: PROJET DE RÉSOLUTION (A/78/L.62) ET PROJETS D’AMENDEMENT (A/78/L.64A/78/L.65A/78/L.66)

Avant de se prononcer sur l’adoption du projet de résolution L.62 intitulé « Santé mondiale et politique étrangère: relever les défis de la santé mondiale en politique étrangère », l’Assemblée générale était saisie de trois projets d’amendement.

Le premier, présenté par la Belgique, proposait de remplacer au paragraphe 22 du dispositif, « Insiste sur un accès rapide, équitable et sans entrave » par « Insiste sur un accès rapide et équitable ».  Cette proposition d’amendement a été rejetée par 103 voix contre, 48 pour et 4 abstentions (Inde, Maurice, Papouasie-Nouvelle-Guinée et Togo).

Présenté par la Suisse, le deuxième projet d’amendement a également été rejeté par 103 voix contre, 49 pour et 3 abstentions (Inde, Maurice et Togo).  Celui-ci visait à insérer, au vingt-neuvième alinéa du préambule, le libellé « selon des modalités librement consenties et mutuellement convenues » après « le transfert de technologies et de savoir-faire ».

L’Ukraine a ensuite présenté un troisième projet d’amendement proposant d’insérer dans le préambule de la résolution un libellé sur l’impact dévastateur des conflits armés sur les systèmes de santé.  Cet amendement a été adopté par consensus.

Suite à cela, les États-Unis ont demandé la mise aux voix des alinéas 29 et 22 du préambule de la résolution.

L’alinéa 29 a été maintenu par 103 voix pour, 48 contre et 1 abstention (Inde).

L’alinéa 22 a été maintenu par 107 voix pour, 47 contre et 1 abstention (Inde).

L’Assemblée générale a ensuite adopté sans vote la résolution L.62 tel qu’amendée.

Explications de vote et de position

Avant le vote, Cuba a relevé que certains amendements proposés sont exclusifs par nature et visent une modification importante pour les pays en développement.  L’ordre international actuel reste exclusif et injuste, a-t-elle affirmé, et ces pays cherchent à empêcher les nôtres d’avoir accès à des ressources médicales, à des technologies et à des connaissances qui sont nécessaires.  Les amendements L.64 et L.65 visent à perpétuer le privilège d’une minorité aux dépens de la majorité, et ils nous font douter de l’engagement en faveur des objectifs de développement durable, raison pour laquelle la délégation cubaine a appelé à voter contre.

Après le vote, la République islamique d’Iran s’est réservé le droit d’interpréter les termes, concepts et dispositions qui figurent dans cette résolution conformément à la politique iranienne et à ses priorités de développement, notamment pour ce qui est de la santé sexuelle et reproductive et de la planification familiale. 

Au nom de l’Union européenne, d’Israël, du Japon, du Royaume-Uni, de la Suisse et de l’Ukraine, les États-Unis ont regretté le manque de transparence dans les négociations autour de ce texte, et le fait que certaines de leurs vues n’aient pas été prises en compte pour ce qui est de l’accès à la santé sexuelle et reproductive.

L’Inde a indiqué qu’elle s’est abstenue lors du vote sur les amendements pour des raisons strictement procédurales.  En effet, a-t-elle fait valoir, nous avons eu connaissance du projet de résolution très tardivement, alors que les négociations étaient déjà terminées.  Nous n’avons tout simplement pas eu assez de temps pour analyser un projet de résolution aussi long en consultation avec toutes les parties prenantes concernées. En outre, a ajouté la délégation, ce texte comprenant plusieurs questions encore discutées et négociées à Genève dans le contexte du traité sur les pandémies, nous ne souhaitons pas préempter les résultats des processus en cours.  Elle a également dénoncé le fait que les négociations sur une question aussi cruciale aient été menées sans la participation de grandes délégations comme la sienne.  Les défis sanitaires mondiaux en matière de politique étrangère constituent une priorité majeure de l’Inde et nécessitent des consultations approfondies avec les parties prenantes concernées du côté indien, a-t-elle fait valoir. 

Au nom de l’Union européenne (UE), la Belgique a salué le lancement à Genève de négociations relatives à un traité sur les pandémies avant de faire savoir que l’UE a mobilisé plus de 44 milliards d’euros pour aider les pays à faire face aux urgences sanitaires, donné 500 millions de vaccins et exporté 3,1 milliards de vaccins.  Elle s’est ensuite dissociée du paragraphe 22 du dispositif, rappelant qu’elle a proposé un amendement pour y biffer le terme « sans entrave ». De même, elle s’est dissociée des transferts de technologies « sans nuance » évoqués au paragraphe 6 du dispositif.  Les transferts de technologie doivent se faire de manière volontaire et mutuellement convenue, a-t-elle estimé.

Le Royaume-Uni a regretté que des divergences de vues sur plusieurs questions aient empêché de parvenir à un consensus complet sur ce texte. Sur le fond, il s’est dissocié du paragraphe 22 du dispositif en réitérant ses réserves quant au terme « accès sans entrave ».  Le Royaume-Uni soutient de longue date un accès amélioré et plus abordable aux médicaments dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, notamment grâce à son financement d’organisations telles qu’UNITAID, la Fondation pour l’accès aux médicaments et le Fonds mondial, et il continuera à le faire, a souligné la délégation.  S’agissant des alinéas 29 et 47 du préambule et des paragraphes 4, 6, 7 et 31 du dispositif, la délégation a maintenu que l’inclusion de l’expression « à des conditions volontaires et mutuellement convenues » est essentielle lorsqu’on fait référence au transfert de technologies et de connaissances.  Pour cette même raison, il s’est dissocié de l’alinéa 29 du préambule.  Enfin, après s’être pleinement associé à la déclaration des États-Unis concernant la santé et les droits sexuels et reproductifs, il a indiqué que, malgré ses réserves, il se joignait au consensus sur le texte. 

La Fédération de Russie a qualifié d’« extrêmement problématiques » certains termes contenus dans la résolution.  Elle s’est tout d’abord dissociée du consensus sur les alinéas 29 et 49 du préambule qui font référence aux vaccins à ARN messager. Selon elle, il est de notoriété publique que ces vaccins peuvent entraîner des complications neurologiques, circulatoires et cardiovasculaires.  On ne peut donc exclure des conséquences négatives sur la santé des patients utilisant ce type de vaccins.  La délégation a également dénoncé les références faites au Fonds de lutte contre les pandémies à l’alinéa 39 du préambule et au paragraphe 12 du dispositif, jugeant prématuré que l’Assemblée accueille une structure « aussi opaque ».  À son avis, il revient à l’Assemblée mondiale de la Santé de décider de l’outil de lutte contre les pandémies.  La délégation s’est par ailleurs dissociée des alinéas 15, 20 et 30 du préambule, au motif qu’ils font référence aux personnes ou populations « vulnérables ou en situation de vulnérabilité ».  Chaque personne devrait bénéficier de chances égales en termes d’accès aux services de santé, en particulier les femmes et les enfants, en raison de leurs besoins et exigences particuliers, a-t-elle fait valoir. La terminologie utilisée vise, selon elle, à promouvoir le thème des minorités sexuelles, ce qui est « inacceptable ». 

Le Japon, qui s’exprimait au nom des États-Unis et d’Israël, a souligné l’importance de régler la question des transferts de technologies conformément à leurs cadres de gouvernance respectifs. Il s’est dissocié des références « sans réserve » aux transferts de technologies dans l’alinéa 29 du préambule et du paragraphe 6 du dispositif.  Il faut trouver un équilibre entre accessibilité et innovation, a-t-il estimé. 

La Nouvelle-Zélande, qui s’exprimait au nom des délégations du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (CANZ), a plaidé pour le retrait des références aux sanctions, jugeant ce libellé polarisant. Tout en saluant l’inclusion d’un paragraphe qui porte sur les droits reproductifs et sexuels, elle a fait part de sa préférence pour un paragraphe sur la santé menstruelle plutôt que sur l’eau et l’assainissement. 

L’Égypte a regretté les amendements qui remettent en question le libellé sur le transfert de technologies et l’accès de tous aux médicaments et aux vaccins et aux autres produits de santé.  Il faut renouveler notre engagement en faveur de mécanismes pour rendre les vaccins et les médicaments plus accessibles afin de mieux répondre à toute pandémie potentielle, a-t-elle plaidé.  La délégation a par ailleurs appelé au cessez-le-feu à Gaza après avoir souligné le calvaire des pays vivant sous occupation en termes d’accès à la santé. 

Selon la Malaisie, la résolution adoptée est équilibrée. Aussi s’est-elle dite déçue que plusieurs amendements aient été présentés, lesquels auraient remis en question un processus complet et exhaustif.

Israël a rappelé que le transfert de technologies doit se faire sur la base de conditions volontaires et agréées mutuellement.  S’agissant du paragraphe 22 du dispositif, le représentant a indiqué qu’il ne faut pas préjuger du résultat des négociations en cours à Genève.  Il s’est ensuite associé à la déclaration des États-Unis au sujet du paragraphe 23.

L’Ouganda a salué l’adoption de la résolution qui a fait l’objet de négociations considérables ayant permis de parvenir à un texte équilibré.  Les amendements présentés, s’ils avaient été adoptés, auraient nuit à l’équilibre du texte et « à l’intérêt de l’humanité », en particulier pour les pays en développement.

La République arabe syrienne a salué l’adoption de la résolution par consensus.  Elle a estimé que les deux premiers amendements proposés auraient compromis la coopération sanitaire internationale alors que les transferts de technologies sont nécessaires pour faciliter l’accès aux vaccins et aux produits de santé. Nous avons voté contre, a-t-elle précisé, avant de rappeler que les mesures coercitives unilatérales sont illégales, inhumaines et font obstacle au droit à la santé.  Quant au troisième amendement, il met en exergue ce que les personnes sous occupation vivent, notamment le peuple syrien dans le Golan occupé et le peuple palestinien dans les territoires occupés.  Enfin, la délégation s’est dissociée des « points polarisants » du texte, affirmant que son pays a le droit d’interpréter le terme « santé reproductive » conformément à sa législation nationale. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission de la population et du développement poursuit sa session qu’elle achèvera demain

Cinquante-septième session
7e & 8e séances plénières – matin & après-midi
POP/1113

La Commission de la population et du développement poursuit sa session qu’elle achèvera demain

Le Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD), dont on célèbre cette année le trentième anniversaire, est à l’ordre du jour de la cinquante-septième session de la Commission de la population et du développement qui se tient cette semaine. 

Les États Membres examinent les accomplissements réalisés dans le cadre de ce programme, en particulier sa contribution à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Ils donnent aussi des orientations et des exemples d’actions possibles pour avancer sur des questions qui nécessitent encore beaucoup d’efforts, comme l’ont souligné les intervenants de la séance d’ouverture, lundi 29 avril.

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, 
la Section des communiqués de presse n’a pas pu couvrir ces séances.)

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale débat du veto des États-Unis rejetant l’admission de l’État de Palestine à l’ONU

Soixante-dix-huitième session
74e et 75e séances plénières – matin & après-midi
AG/12595

L’Assemblée générale débat du veto des États-Unis rejetant l’admission de l’État de Palestine à l’ONU

L’Assemblée générale a débattu aujourd’hui du droit de veto exercé par les États-Unis au Conseil de sécurité le 18 avril 2024, qui a empêché l’adoption d’un projet de résolution présenté par l’Algérie recommandant l’admission de l’État de Palestine à l’ONU.  Cette séance s’est tenue en vertu de « l’initiative sur le droit de veto » (résolution 76/262) qui oblige l’Assemblée à se réunir à chaque fois que le Conseil de sécurité se heurte à un veto, dans les 10 jours ouvrables suivant l’adoption manquée, comme l’a rappelé le Président de l’Assemblée en constatant les divisions persistantes au Conseil de sécurité.  S’il s’est inquiété de l’incapacité de celui-ci à assumer ses responsabilités de façon efficace, le Président a misé sur la coopération des deux organes de l’ONU en vue de trouver une solution juste et pérenne à la question palestinienne. Quelque 70 États Membres étaient inscrits à ce débat.

Les États-Unis ont commencé par expliquer que le vote qui leur est reproché n’est pas une opposition au statut d’État Membre de la Palestine, mais une manière de reconnaître qu’il ne peut émaner que de négociations entre les deux parties. Le représentant a insisté sur les efforts de son pays pour appuyer ce statut dans le contexte d’un accord de paix global réglant une fois pour toutes le conflit israélo-palestinien.  La paix dans la région n’est possible que grâce à une solution à deux États garantissant la sécurité d’Israël, a-t-il affirmé, rejetant toute mesure prématurée qui ne permettrait pas au peuple palestinien d’obtenir le statut d’État.

Il n’y avait pas d’unanimité au Conseil quant à savoir si le candidat répondait aux critères du statut d’État Membre fixés par l’Article 4 de la Charte des Nations Unies, a poursuivi le délégué américain en observant que tant que le Hamas exerce son influence à Gaza, il ne peut pas faire partie de la solution.  « Gaza ne peut pas être une plateforme du terrorisme », a martelé le délégué en appelant de ses vœux une normalisation des relations entre Israël et ses voisins arabes, « le meilleur moyen de surmonter l’impasse entre Israël et la Palestine ». 

Après avoir condamné une nouvelle fois les attaques contre Israël commises le 7 octobre 2023 par le Hamas et celles du 13 mars commises par l’Iran, le délégué des États-Unis a promis de s’opposer à toute mesure unilatérale hypothéquant la perspective d’une solution à deux États.  La solution la plus rapide pour le statut d’État Membre à l’ONU dépend selon lui de négociations directes entre Israël et l’Autorité palestinienne. 

« Comment peut-on dire que l’on appuie la solution des deux États tout en restant les bras croisés alors qu’Israël tente ouvertement de détruire l’État palestinien », s’est ensuite emporté l’Observateur permanent de l’État de Palestine. Il a remercié l’Algérie d’avoir présenté le projet de résolution en vue de l’admission de son État à l’ONU, saluant les 12 membres du Conseil ayant épaulé cette demande ainsi que le Groupe des États arabes.  « On ne saurait être soumis à l’arbitraire d’une Puissance occupante », est intervenue l’Algérie qui a souligné que le Conseil de sécurité agit au nom des États Membres de l’ONU et ne peut donc agir à leur encontre. 

« Aucun des membres permanents du Conseil de sécurité ne devrait jamais mettre son veto à une résolution appelant à l’admission de l’État de Palestine aux Nations Unies », a plaidé l’Ouganda, au nom du Mouvement des pays non alignés.  « C’est une honte pour le Conseil et l’humanité entière », s’est exclamé le Yémen. La Jordanie a dit être déçue par « la paralysie du Conseil » qui entrave la solution des deux États.  Le délégué des Émirats arabes unis, au nom du Groupe des États arabes, s’est dit lui aussi « très déçu » par le veto des États-Unis sur un projet de « résolution historique ».  Le droit de la Palestine à devenir membre de l’ONU est irréfutable, a-t-il tranché en soulignant que c’est en outre la volonté de plus de 140 pays qui ont reconnu l’État de Palestine.  Le Liban a témoigné avoir déjà payé le prix fort de l’absence d’État palestinien, considérant que sa reconnaissance sera la meilleure façon de mettre fin au conflit régional et de permettre le retour des réfugiés palestiniens.

L’exercice du droit de veto par un membre permanent du Conseil de sécurité est « un revers de taille » pour le Conseil, a déclaré la Türkiye, tandis que l’Afrique du Sud s’est désolée de « l’incapacité du Conseil » à parvenir à un accord sur la question palestinienne.  Cela a pour conséquence de perpétuer le cycle répété de violences et de prolonger les souffrances des Palestiniens, a fait remarquer le délégué sud-africain en insistant sur cette « incapacité » du Conseil à agir et à prendre des mesures décisives pour résoudre ce conflit. C’est pour lui la cause d’un véritable « réquisitoire contre l’ONU ». 

Outre les critiques à l’égard du Conseil de sécurité, l’Assemblée générale a également été visée par Israël qui l’a accusée d’être nourrie par des intérêts politiques, de ne pas agir selon la Charte des Nations Unies et d’avoir des « valeurs pourries ».  « Rien ne saurait inciter encore plus au terrorisme que cette discussion d’une Assemblée générale qui n’a pas condamné le Hamas », a lancé le délégué israélien. Il a imaginé qu’en admettant l’État de Palestine, l’Assemblée dirait aux violeurs et aux tueurs d’enfants du Hamas que le terrorisme porte ses fruits.  Pour le représentant, il est clair que l’Autorité palestinienne ne répond pas aux critères du statut d’État Membre car aucun responsable palestinien n’a jamais condamné le Hamas et ses massacres. 

Pour la France, l’Autorité palestinienne doit pouvoir exercer de manière efficace et concrète ses responsabilités sur l’ensemble des territoires d’un futur État palestinien.  La République de Corée a, elle, expliqué que son vote en faveur de l’adhésion de l’État de Palestine à l’ONU ne constitue pas sa reconnaissance bilatérale en tant qu’État, mais elle a appelé à relancer de toute urgence les négociations entre les parties. 

Pour la Chine, c’est l’adhésion de l’État de Palestine qui est « une responsabilité urgente ».  Dénonçant « le veto abusif des États-Unis », le délégué chinois a prié ce pays de jouer un rôle constructif.  « Nous soutenons le droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination », a dit pour sa part le Japon tandis que le Maroc a dit appuyer fermement les droits légitimes du « peuple palestinien frère ».

Plaidant pour la solution des deux États, qui doit être le fruit de négociations entre les deux parties concernées, l’Inde a rappelé que le conflit actuel entre Israël et le Hamas a donné lieu à des pertes en vies humaines de civils et à une crise humanitaire inacceptables, demandant la libération des otages.  Comme de nombreux autres intervenants, elle a appelé à la reprise de négociations de paix directes, sans tarder.

Les délégations ont également été nombreuses à réitérer leur appel à un cessez-le-feu immédiat, à la désescalade et à un accès humanitaire sans entrave à Gaza. L’Afrique du Sud, l’Irlande, Malte et l’Ouganda ont rappelé que la Cour internationale de Justice (CIJ) a exigé qu’Israël permette l’acheminement sans entraves de l’aide humanitaire.  Les pays non alignés ont appelé à la mise en œuvre de la résolution 2334 (2016) exigeant l’arrêt complet de toutes les activités de colonisation israéliennes.

La Fédération de Russie a, pour sa part, rappelé qu’au moment de l’adoption de la résolution 2728 (2024) appelant à un cessez-le-feu immédiat à Gaza pendant le ramadan, les États-Unis avaient tout de suite annoncé que ce texte n’était pas juridiquement contraignant, jetant ainsi de l’huile sur le feu.  Le délégué russe a énoncé d’autres perspectives sombres: « à la lumière des plans d’une offensive sur Rafah, il semble évident que les otages seront sacrifiés ».  Il s’est aussi désolé que l’argent consacré à la construction du port temporaire au large de Gaza n’ait aucune valeur ajoutée concrète, alors que ces fonds auraient pu financer les activités de l’UNRWA pendant une année.  « Au lieu de cela, Washington a suspendu ses financements de l’Office à la suite l’allégation non vérifiées d’Israël », a-t-il dénoncé.

D’autres délégations comme le Chili, le Costa Rica, l’Égypte, le Guatemala, l’Iran et la Malaisie, ont regretté le veto américain qui a empêché l’admission de l’État de Palestine à l’ONU.  En attendant l’abolition du droit de veto, la Malaisie a proposé qu’il ne puisse être effectif pour bloquer une résolution que s’il y a au moins deux veto et le soutien de trois membres non permanents du Conseil.  Les autres délégations ont rappelé les différentes propositions à l’examen pour encadrer l’utilisation du droit de veto « en cas de crimes d’atrocités, de génocide ou de crimes de masse ».

Enfin, plusieurs délégations, dont le Liban et le Brésil, ont dit attendre avec impatience la reprise de la dixième session spéciale d’urgence de l’Assemblée générale sur la question de Palestine, qui a été convoquée pour le 10 mai prochain.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.