Soixante-dix-huitième session,
35e séance plénière - matin
AG/AB/4459

Cinquième Commission: le Secrétaire général demande une enveloppe de 5,6 milliards de dollars pour 10 opérations de paix entre 2024 et 2025

La Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires a appris, ce matin, à l’ouverture de sa deuxième reprise de session, que le Secrétaire général demande une enveloppe exacte de 5 690,4 millions de dollars pour financer, du 1er juin 2024 au 30 juillet 2025, 10 opérations de maintien de la paix, y compris pour le Centre de services régional d’Entebbe, la Base de soutien logistique de Brindisi et le compte d’appui aux opérations de maintien de la paix (A/78/726). 

Même si ce montant représente une diminution de 10,1% par rapport aux ressources approuvées pour 2023/24, la Chine s’est émue de l’augmentation du budget de certaines opérations de paix alors que le nombre des missions diminue, avec le retrait de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) et que la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) réduit ses effectifs.  Il faut éviter toute réduction qui saperait l’exécution des mandats des missions, a prévenu la Fédération de Russie.

En effet, dans ses commentaires (A/78/744), le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) constate que le Secrétaire général propose de réduire de 15,8% les ressources demandées au titre du personnel en tenue par rapport à 2023/24, et de 5,1% et de 6,3%, respectivement, celles demandées au titre du personnel civil et des dépenses opérationnelles. 

À l’exclusion de la MINUSMA, l’ONU participe actuellement à 10 missions de maintien de la paix, ainsi qu’à l’Organisme des Nations Unies chargé de la surveillance de la trêve (ONUST) et au Groupe d’observateurs des Nations Unies dans l’Inde et le Pakistan (UNMOGIP), financés par le budget ordinaire, et au Bureau d’appui des Nations Unies en Somalie (BANUS).  Au cours de l’exercice 2024/25, 69 590 agents en tenue, 10 636 militaires envoyés par l’Union africaine en Somalie et 12 180 civils devraient être déployés.

Avant l’adoption du programme de travail de cette deuxième reprise de session (A/C.5/78/L.37), le Président de la Cinquième Commission, M. Osama Mahmoud Abdelkhalek Mahmoud, de l’Égypte, a appelé les délégués à se focaliser sur le budget des opérations de maintien de la paix dont le montant est généralement près du double du budget ordinaire de l’ONU.  Ces missions, a-t-il souligné, ont un impact important sur la vie et les moyens de subsistance de millions de personnes dans le monde, dans les pays en développement comme dans les pays les moins avancés, en particulier en Afrique. 

Nous devons veiller à ce que le pilier « paix » du travail de l’ONU reste bien financé afin que les missions puissent exécuter leurs mandats et devenir une source de stabilité, d’espoir et de paix, a insisté le Président dont les propos ont été repris par la quasi-totalité de la quinzaine d’intervenants. 

Pour M. Abdelmalek Mahmoud, la responsabilité de la Cinquième Commission n’est pas seulement de négocier des chiffres mais aussi de veiller à ce que les orientations politiques nécessaires soient données aux missions sur les questions transversales dont le financement du système des coordonnateurs résidents par le budget ordinaire de l’ONU, un point qui a été reporté de la première reprise de la session.  Le Mexique a d’ailleurs regretté l’absence de consensus sur ce sujet.

Le Président a aussi fait part de son intention d’organiser une troisième réunion sur les méthodes de travail, à la lumière des suggestions soumises par les délégations.  Il a salué le fait que les rapports du Secrétaire général et du CCQAB aient été remis à temps, ce qui contribuera à faire avancer les travaux de manière ordonnée et avec efficacité.  Attaché à la conclusion des travaux le 31 mai, le Japon s’est pourtant dit prêt à les poursuivre même jusqu’à mi-juin.  Nous devons avoir le temps d’examiner tous les points inscrits à l’ordre du jour, a plaidé l’Éthiopie. 

Après l’adoption du programme de travail, l’Ouganda, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et la Chine, a dit attendre avec intérêt la mise à jour de la résolution sur le fonds de recouvrement des coûts, afin de mieux comprendre l’excédent identifié. Le Bangladesh, qui a déploré les retards dans le remboursement des pays contributeurs de contingents, a exigé du Secrétaire général une meilleure représentation de ces pays dans les postes de direction des missions de paix.  Fière d’avoir déployé 150 femmes dans des missions de paix, l’Indonésie a fermement appuyé les propos du Bangladesh.

L’Union européenne (UE) s’est d’ailleurs dite inquiète d’une crise de liquidités à l’ONU qui retarde le remboursement aux États et contraint à un gel des recrutements alors que la sélection des candidats provenant des pays sous ou non représentés est « cruciale », a souligné l’Ouganda, au nom du principe de la répartition géographique équitable.  Il a appelé le Secrétaire général à « nationaliser » davantage de postes sur le terrain.  Les deux délégations ont insisté sur la sûreté et la sécurité du personnel des opérations de paix.

Quant aux opérations clôturées, le Burundi a réclamé le respect des budgets approuvés.  Lorsque nous voyons des missions se retirer et d’autres avec des mandats modifiés, nous devons, a dit la Suisse, réfléchir à la meilleure façon de structurer leur travail afin d’atteindre l’objectif ultime qui est de garantir une paix durable.  La coopération avec les autres acteurs du système onusien, les autres acteurs de la communauté internationale, les autorités et divers acteurs nationaux semble plus importante que jamais.

Pour ce qui est de la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD), la Syrie a répété que son financement incombe à la « puissance occupante » et exigé que les projets à impact rapide soient financés par le budget ordinaire de l’ONU.  « On ne saurait mettre sur un même pied d’égalité l’agresseur et l’agressé », a martelé la Syrie. 

L’Union européenne (UE), la Fédération de Russie, la Chine, l’Ouganda et le Burundi ont tous réclamé un budget adéquat et durable pour les opérations.  L’UE a lancé un appel aux États pour qu’ils paient leur dû dans l’intégralité et à temps.  La Chine a promis d’honorer ses engagements alors que la Fédération de Russie a appelé à une utilisation rationnelle des ressources. 

Israël a souligné l’importance qu’il y a à offrir au personnel des opérations de paix des soins médicaux de qualité.  Il faut améliorer le recours à la télémédecine et la prise en compte de la dimension sexospécifique dans la nouvelle stratégie sur la santé mentale, a-t-il insisté.  Les États-Unis ont voulu des mesures strictes pour juguler le fléau de l’exploitation et des abus sexuels commis par le personnel de maintien de la paix. 

Cela est d’autant plus important qu’il s’agit de ne pas perdre la confiance des communautés sur le terrain, a acquiescé le Royaume-Uni alors que la Suisse se montrait préoccupée par la méconnaissance des obligations et des mécanismes de signalement, et la peur des représailles.  Nous appelons à un changement durable de la culture, des comportements et des attitudes au sein des missions.  La Suisse a insisté sur la politique de tolérance zéro du Secrétaire général. 

Ces questions seront abordées de manière approfondie à la réunion que la Cinquième Commission, qui tient la majeure partie de sa session à huis clos, a prévu de tenir mardi 7 mai à partir de 15 heures. 

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