En cours au Siège de l'ONU

La Conférence des petits États insulaires en développement s’ouvre à Antigua-et-Barbuda sur des appels à la solidarité avec ces nations « résilientes » et « vulnérables »

Quatrième Conférence internationale sur les petits États insulaires en développement
1re & 2e séances plénières - Matin & après-midi
DEV/3460

La Conférence des petits États insulaires en développement s’ouvre à Antigua-et-Barbuda sur des appels à la solidarité avec ces nations « résilientes » et « vulnérables »

SAINT JOHN’S, ANTIGUA-ET-BARBUDA, 27 mai -- La quatrième Conférence internationale sur les petits États insulaires en développement (PEID) s’est ouverte aujourd’hui à Saint John’s, la capitale d’Antigua-et-Barbuda, en présence d’une vingtaine de chefs d’État, de 75 ministres et de plusieurs hauts fonctionnaires de l’ONU, dont le Secrétaire général, qui a qualifié ces pays d’« exceptionnellement beaux », « exceptionnellement résilients », mais aussi « exceptionnellement vulnérables » aux changements climatiques.  Raison pour laquelle M. António Guterres a demandé que leurs efforts entrepris au niveau national soient soutenus par les bailleurs de fonds, en particulier les pays du G7 et du G20, historiquement responsables d’un réchauffement planétaire dont les PEID sont les premières victimes. 

« Nous ne pouvons tout simplement pas accepter la disparition d’un pays ou d’une culture sous l’effet de la montée des vagues », a tranché le Chef de l’Organisation, en qualifiant d’« obscène » l’idée qu’un État insulaire tout entier puisse devenir un « dommage collatéral » des pratiques de l’industrie des combustibles fossiles ou de la concurrence entre grandes économies.  Une justice climatique indissociable d’une justice financière aux yeux du Secrétaire général, qui a rappelé les pays développés à leur engagement de doubler le financement de l’adaptation climatique d’ici à 2025.  Or, nombre de PEID ont désespérément besoin de mesures d’adaptation pour protéger l’agriculture, la pêche, les ressources en eau et les infrastructures, qu’ils doivent payer en s’appuyant sur le Fonds pour les pertes et les préjudices créé à cet effet.

De la Caraïbe au Pacifique, en passant par l’Asie du Sud et l’Afrique, les petits États insulaires en développement se sont succédé à la tribune aujourd’hui pour appuyer les propos du Secrétaire général.  Reste que, pour tracer la voie vers une prospérité résiliente, ils devraient « parler d’une seule voix », ce qui n’a pas été le cas lors que la dernière édition en date de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 28), selon M. Wavel Ramkalawan, le Président des Seychelles.

Alors que les Tuvalu et Vanuatu sont à la tête d’une coalition de pays plaidant en faveur d’un « traité de non-prolifération des combustibles fossiles », une initiative à laquelle participeront également les Îles Marshall, le Premier Ministre des Tuvalu s’est félicité que la Commission des petits États insulaires sur les changements climatiques et le droit international (COSIS), créée à l’initiative de son pays et d’Antigua-et-Barbuda en 2021, ait récemment obtenu un avis consultatif du Tribunal international du droit de la mer pour clarifier les obligations juridiques des États à l’égard des nations touchées par les changements climatiques.  « Cet avis est une réalisation importante qui fait passer le débat des engagements politiques aux obligations juridiques contraignantes », a résumé le chef de gouvernement.

Si le Premier Ministre des Îles Cook, Mark Brown, a évoqué plusieurs initiatives, dont le cadre régional du Pacifique pour la gestion de la pêche au thon, il a préconisé d’investir dans la résilience des PEID pour ne plus payer « pour les actions des autres ou plutôt pour l’absence d’action de la part des autres ».  Maintenir le statu quo serait non seulement faire preuve de négligence mais constituerait un « choix actif » qui nous conduirait tout droit au désastre, a ajouté M. Gaston Alphonso Browne, Premier Ministre d’Antigua-et-Barbuda et Président de la Conférence. 

Encore faut-il entreprendre une réforme de fond du cadre financier international et de l’architecture multilatérale, ainsi que de leur gouvernance, pour que les pays en développement -dont les PEID- puissent mobiliser les ressources indispensables à la réalisation du Programme 2030, a prévenu le Président de l’Assemblée générale. Plus de 40% des PEID, a rappelé M. Dennis Francis, ont un ratio dette/PIB supérieur à 40%, certains dépassant même les 100%.  Aussi a-t-il appelé à délaisser « le paradigme économique dépassé » du PIB par habitant comme indicateur du bien-être économique afin d’intégrer un indice de vulnérabilité multidimensionnelle dans les pratiques et politiques relatives à la viabilité de la dette et à l’aide au développement, un appel repris en cœur par la très grande majorité des intervenants du jour.

La Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), Paula Narváez, n’a pas dit autre chose lorsqu’elle a appelé à garantir un financement climatique plus juste, avant d’annoncer que le segment PEID du forum politique de haut niveau sur le développement durable de l’ECOSOC sera réorienté pour examiner désormais chaque année les progrès accomplis par rapport aux engagements pris dans le cadre du programme d’Antigua-et-Barbuda.  « La voie du changement peut paraître désespérée alors que ce système inextricable semble vouloir à tout prix se maintenir, même lorsque l’impératif socioéconomique est si fort », a expliqué la Présidente de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), Mme Afioga Fiamē Naomi Mataʻafa, pour qui l’inaction peut avoir un coût supérieur à celui de l’action.

Pour M. Li Junhua, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales et Secrétaire général de la Conférence, le programme d’Antigua-et-Barbuda pour les PEID, le document final que cette conférence adoptera le 30 mai, définit ces pays non seulement comme résilients, mais aussi comme ambitieux, en montrant à la communauté internationale comment intervenir pour les soutenir.  La Conférence sera un catalyseur pour des partenariats nouveaux et revigorés, des financements et des actions ambitieuses pour aider ces nations insulaires extraordinaires à réaliser leur potentiel, s’est félicité le haut fonctionnaire onusien.

La quatrième Conférence internationale sur les petits États insulaires en développement poursuivra ses travaux demain, mardi 28 mai, à partir de 9 heures.

QUATRIÈME CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LES PETITS ÉTATS INSULAIRES EN DÉVELOPPEMENT

Déclarations d’ouverture

M. GASTON ALPHONSO BROWNE, Premier Ministre d’Antigua-et-Barbuda et Président de la Conférence, a considéré que cette manifestation exceptionnelle se tient dans un contexte marqué par des défis mondiaux sans précédent, les PEID étant en première ligne d’une confluence de crises dont ils ne sont pas à l’origine: les pays émetteurs de CO2 qui sont responsables des changements climatiques ont la responsabilité et l’obligation de nous indemniser et de nous accompagner dans nos efforts de résilience, a estimé M. Browne.  Or, a-t-il ajouté, nous sommes ici réunis pas seulement pour reparler des problématiques auxquelles nous faisons face, mais pour trouver et entériner des solutions.  Les pays « du Nord », a-t-il insisté, doivent honorer leurs engagements, notamment s’agissant de la promesse de 100 milliards de dollars de financement en faveur de l’action climatique en matière d’adaptation et d’atténuation, mais également pour capitaliser et opérationnaliser le Fonds pour les pertes et les préjudices.  Il en va de l’avenir de l’humanité, a mis en garde le Président, en prévenant que 2024 pourrait être l’année la plus chaude de l’histoire dans quasiment toutes les régions du monde, avec des répercussions dévastatrices sur les écosystèmes.  Maintenir le statu quo serait non seulement faire preuve de négligence mais constituerait un « choix actif » qui nous conduirait tout droit au désastre, a ajouté M. Browne.  Dénonçant les subventions accordées à l’industrie des combustibles fossiles, il a demandé que les multinationales concernées rendent des comptes, réduisent leurs émissions et privilégient des sources d’énergie plus viables pour protéger les moyens de subsistance.  Il a également recommandé de lever une taxe carbone.

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a déclaré que les petits États insulaires en développement sont exceptionnels: « Exceptionnellement beaux. Exceptionnellement résilients.  Exceptionnellement vulnérables. »  Il a relevé que leur géographie unique les met à la merci du chaos climatique, de l’élévation du niveau des mers et de la dégradation des sols, et qu’ils sont en première ligne des changements climatiques.  De plus, leur profil économique unique, en particulier leur dépendance à l’égard des importations et le coût et la complexité de leurs chaînes d’approvisionnement, les rendent extrêmement sensibles aux chocs économiques mondiaux. 

Il a noté que le programme d’Antigua-et-Barbuda pour les petits États insulaires en développement décrit les étapes à suivre pour parvenir à une prospérité résiliente en partenariat avec la communauté internationale.  Les Nations Unies, a-t-il assuré, sont à vos côtés pour arrêter et atténuer les terribles impacts de la crise climatique; construire des économies résilientes; favoriser des sociétés sûres, saines et prospères; assurer la sécurité de l’eau, de l’alimentation et de l’énergie; préserver la biodiversité; et protéger et utiliser durablement l’océan et ses ressources.  Le Chef de l’ONU a ensuite exhorté les gouvernements des PEID à soutenir ces paroles par des investissements audacieux et un engagement soutenu dans tous les secteurs du développement durable.  Mais, a-t-il concédé, les PEID ne peuvent y parvenir seuls. « La communauté internationale a le devoir de vous soutenir, sous la houlette des pays qui ont la plus grande responsabilité et la plus grande capacité à relever les défis auxquels ils sont confrontés. » 

« Nous ne pouvons tout simplement pas accepter la disparition d’un pays ou d’une culture sous l’effet de la montée des vagues », a tranché le Chef de l’ONU qui a qualifié d’obscène l’idée qu’un État insulaire entier puisse devenir un dommage collatéral pour les bénéfices de l’industrie des combustibles fossiles ou de la concurrence entre les grandes économies.  Il s’agit d’une question de justice climatique, a-t-il appuyé. Il a mis en avant le rôle des PEID qui ont été la conscience du monde face à la crise climatique depuis trois décennies.  « C’est en grande partie grâce à vos efforts que nous disposons de la Convention-cadre des Nations Unies et de l’Accord de Paris », a-t-il déclaré en les appelant à faire entendre leurs voix « plus que jamais » pour interpeller les pays du G7 et du G20 qui ne parviennent pas à réduire les émissions de gaz à effet de serre et exiger que chaque pays aligne son plan climatique national sur la limite de 1,5 degré avec des calendriers et des politiques crédibles pour éliminer progressivement la production et la consommation de combustibles fossiles.

Mais les PEID ont également besoin d’une justice financière, a poursuivi le Secrétaire général selon qui ces nations ont raison d’insister pour que les économies développées respectent leur engagement de doubler le financement de l’adaptation climatique d’ici à 2025.  De nombreux PEID ont désespérément besoin de mesures d’adaptation pour protéger l’agriculture, la pêche, les ressources en eau et les infrastructures contre les effets extrêmes du climat et ils sont en droit de demander de nouvelles contributions importantes au Fonds pour les pertes et les préjudices, a-t-il insisté en rappelant que certains de ces pays ont subi des dommages représentant plus de la moitié de leur PIB du jour au lendemain suite au passage de cyclones.

Le monde a besoin d’un système financier qui place les intérêts des pays en développement au premier plan.  Pour les PEID, a-t-il dit, cela signifie simplifier les procédures d’accès au financement et revoir les règles d’accès aux financements concessionnels, afin d’y inclure des outils tels que l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle.  Il a ensuite donné rendez-vous au Sommet de l’avenir en septembre,  l’occasion de créer une forte dynamique politique en faveur de ces réformes.

M. DENNIS FRANCIS, Président de l’Assemblée générale, a déclaré que l’inclusion financière des petits pays en développement vulnérables -y compris les PEID- fait partie intégrante d’une stratégie plus large de développement économique et de lutte contre la pauvreté.  Il a pointé les énormes risques et conséquences socioéconomiques inhérents à l’architecture financière mondiale et aux systèmes bancaires qui contrarient les aspirations de développement des petits États.  « Si nous n’entreprenons pas une réforme de fond du cadre financier international et de l’architecture multilatérale, ainsi que de leur gouvernance, les pays en développement -y compris les PEID- ne pourront pas libérer leur potentiel pour mobiliser les ressources indispensables à la réalisation du Programme 2030, a-t-il prévenu avant de placer ses espoirs dans le programme d’Antigua-et-Barbuda pour les PEID, nouveau programme d’action qui guidera ces pays sur la voie de sociétés résilientes et prospères au cours de la prochaine décennie.

Il a salué le leadership mondial dont ont fait preuve les PEID, rappelant que neuf d’entre eux, dirigés par Vanuatu, ont porté avec succès une affaire devant le Tribunal international du droit de la mer, qui a statué que les émissions de carbone pouvaient être considérées comme un polluant marin.  Cette décision historique oblige les pays à atténuer leurs effets sur les océans, ce qui pourrait constituer une base importante pour la future jurisprudence en matière de climat, a noté le Président de l’Assemblée générale.  Il a souligné que la beauté des PEID n’a d’égal que leur vulnérabilité exceptionnelle, évoquant leur petite taille, leur éloignement, leur dispersion géographique et l’éparpillement de leurs populations.  Il est donc essentiel que ces pays soient mieux soutenus pour améliorer leur résistance aux chocs exogènes tels que les fluctuations du marché, les extrêmes climatiques et les catastrophes généralisées, qui sont souvent la cause première de leur endettement élevé et d’autres défis économiques. 

Sur ce point, M. Francis a relevé que plus de 40% des PEID ont un ratio dette/PIB supérieur à 40%, certains dépassant même les 100%.  Une situation dans laquelle un PEID emprunte auprès d’institutions financières mondiales -souvent à des taux non concessionnels- est non seulement injuste mais aussi inacceptable.  Il a appelé à délaisser « le paradigme économique dépassé » du PIB par habitant comme indicateur du bien-être économique afin d’intégrer un indice de vulnérabilité multidimensionnelle dans les pratiques et politiques relatives à la viabilité de la dette et à l’aide au développement.  Cela pourrait briser ce cycle en faisant de la vulnérabilité un élément central dans la détermination de l’accès au financement concessionnel, a-t-il souligné.  C’est d’autant plus urgent qu’entre 2017 et 2021, pas plus de 1,55% du total de l’aide publique au développement mondiale a été alloué aux PEID.  La quatrième Conférence internationale sur le financement du développement, qui se tiendra en 2025, sera une occasion cruciale de mobiliser les fonds nécessaires pour soutenir le développement durable et renforcer la résilience des PEID, a-t-il ajouté, tandis que le Sommet de l’avenir offrira une nouvelle chance de forger un consensus mondial en faveur d’actions transformatrices qui placent les PEID au centre.

Mme PAULA NARVÁEZ, Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), a souhaité que cette conférence et son document final puissent servir de guide pour appuyer le développement durable des PEID au cours de la prochaine décennie. Elle a appelé à garantir un financement climatique pour les PEID, confrontés à un lourd fardeau de la dette. Même si les perspectives économiques des PEID devraient s’améliorer, leur croissance reste volatile, souvent fortement dépendante de secteurs comme l’agriculture et le tourisme qui sont très sensibles aux chocs extérieurs.  Et l’éloignement des principaux marchés exacerbe les coûts du commerce, limitant les opportunités de compétitivité et de diversification économique.

Elle a également relevé que malgré leur vulnérabilité extrême aux catastrophes naturelles, les PEID sont confrontés à des difficultés considérables pour accéder au financement climatique, notamment pour l’adaptation et les pertes et dommages. La complexité et les processus exigeants en ressources pour garantir le financement climatique coïncident souvent avec un fardeau d’endettement important, a-t-elle ajouté.

La Présidente de l’ECOSOC a aussi appelé les États Membres à s’attaquer aux impacts sexospécifiques de ces défis et à intégrer des stratégies sensibles au genre dans leurs efforts, notant que l’autonomisation des femmes renforce la résilience des communautés.  Elle a ensuite fait savoir que le segment PEID du forum politique de haut niveau sur le développement durable de l’ECOSOC sera réorienté pour examiner chaque année les progrès accomplis par rapport aux engagements pris dans le cadre du programme d’Antigua-et-Barbuda. 

Mme AFIOGA FIAMĒ NAOMI MATAʻAFA, Présidente de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), a déclaré que le développement durable de cette catégorie de pays n’était pas un vœu pieux, mais une croyance ancrée dans des possibilités très concrètes.  Nous nous accrochons à cette idée de nations résilientes, a-t-elle dit, avant d’affirmer sa conviction qu’un monde meilleur est possible.  Selon elle, les difficultés ne résident pas tant dans l’élaboration de nouvelles idées mais plutôt dans le fait de renoncer à celles qui leur préexistent.  « La voie du changement peut paraître désespérée alors que ce système inextricable semble vouloir à tout prix se maintenir, même lorsque l’impératif socioéconomique est si fort », a expliqué Mme Mataʻafa.  Elle a relevé que les menaces géopolitiques qui pèsent sur les PEID sont si grandes qu’elles ne peuvent être relevées que grâce à un accompagnement et à un environnement propice à la réalisation de leur développement durable. L’action à un coût, mais que l’inaction peut avoir un coût encore plus élevé, a-t-elle conclu.

M. LI JUNHUA, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales et Secrétaire général de la Conférence, a déclaré que les PEID ne savent que trop bien que le destin de toutes les nations est étroitement lié.  Or, cette catégorie de pays est prise dans une tempête de problèmes mondiaux dont ils ne sont pas responsables, pouvant anéantir du jour au lendemain des années de progrès de développement durement acquises. « Notre hôte ne le sait que trop bien », a poursuivi le haut fonctionnaire, en rappelant les dégâts catastrophiques provoqués par l’ouragan Irma à Antigua-et-Barbuda en 2017.  Alors que 95% de toutes les propriétés ont été détruites, les obstacles à l’accès à des financements concessionnels ont conduit Antigua-et-Barbuda à s’endetter à des niveaux insoutenables pour financer son relèvement, a relaté M. Li, qui a déploré que l’architecture financière internationale n’a pas encore pris en compte la vulnérabilité des PEID dans son allocation de financement.

Mais l’histoire de ces pays n’est pas seulement une histoire de vulnérabilité, c’est aussi une histoire de résilience hors du commun, a-t-il observé.  Les PEID ont été pionniers dans de nouvelles approches pour protéger les océans de la planète et préserver la biodiversité, exigeant une action et un financement pour le climat et plaidant en faveur d’un indice de vulnérabilité multidimensionnelle.  Le programme d’Antigua-et-Barbuda pour les PEID, que cette conférence adoptera, définit les PEID comme ambitieux et montre à la communauté mondiale comment intervenir pour les soutenir.  La Conférence sera un catalyseur pour des partenariats nouveaux et revigorés, des financements et des actions ambitieuses pour aider ces nations insulaires extraordinaires à réaliser leur potentiel, a-t-il espéré. 

Mme RABAB FATIMA, Secrétaire générale adjointe, Haute-Représentante pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement et Conseillère spéciale de la Conférence, a expliqué que depuis sa création en 2001, son Bureau a travaillé aux côtés des PEID pour forger une coopération mondiale adaptée à leurs besoins spécifiques. Alors qu’une nouvelle décennie d’action transformatrice pour les PEID commence à peine, l’objectif est d’attirer l’attention de la communauté internationale sur ces pays en adoptant le programme d’Antigua-et-Barbuda pour les PEID, a-t-elle souligné, saluant une stratégie « audacieuse et ambitieuse » qui donne les outils nécessaires pour construire des économies fortes et résilientes.  Elle contribuera également à assurer la protection de l’environnement et à préserver les communautés des PEID.  Toutefois, a-t-elle ajouté, le succès du programme d’Antigua-et-Barbuda dépend d’une solidarité mondiale renforcée et de partenariats multipartites pour atteindre ses objectifs cruciaux. 

Elle a fait savoir que son Bureau a d’ores et déjà identifié trois domaines essentiels dans lesquels il soutiendra la mise en œuvre dudit programme, à commencer par la mobilisation de ressources grâce au lancement d’un nouveau plan de plaidoyer pour augmenter le financement climatique, y compris pour les pertes et dommages.  Il faut aussi débloquer un financement concessionnel plus important, s’assurer que les vulnérabilités uniques des PEID sont pleinement reflétées dans les mécanismes de financement, continuer à soutenir le processus politique sur l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle, et appeler à une réforme urgente de l’architecture financière internationale.  La proposition d’un service d’appui à la viabilité de la dette pour les PEID est tout à fait opportune, a-t-elle ajouté.

La deuxième priorité de son Bureau est de forger des partenariats multipartites nouveaux et plus solides en s’appuyant sur l’élan donné par le Forum du réseau mondial des entreprises des PEID, qui s’est réuni ces deux derniers jours, et la troisième priorité est d’intensifier l’action coordonnée en faveur des PEID au sein de la famille des Nations Unies en garantissant une approche cohérente aux niveaux national, régional et mondial pour mettre en œuvre le programme d’Antigua-et-Barbuda.

M. LUTRELL JOHN, représentant de la jeunesse, a déclaré avoir été témoin du passage de l’ouragan Irma en 2017 à Antigua-et-Barbuda, avant d’exprimer ses inquiétudes quant à l’avenir de son pays.  Il a estimé que les voix des jeunes et des enfants doivent être prises pleinement en compte dans le cadre du dialogue qui aura lieu tout au long de ces quatre jours.  Pour notre part, nous nous engageons également à apporter une contribution auprès des décideurs publics, a-t-il assuré, avant de plaider pour davantage d’accès à l’enseignement primaire et secondaire.  Il faut que nos engagements soient suivis d’effets et changer de paradigme pour ouvrir la voie à des sociétés justes, inclusives et durables, a encore préconisé le jeune homme.

Débat général

M. WAVEL RAMKALAWAN, Président des Seychelles, a indiqué les PEID sont toujours confrontés à une série complexe de problèmes interdépendants, évoquant notamment l’élévation du niveau des mers et leur vulnérabilité économique, marquée par des niveaux d’endettement croissants et un manque de capacité à investir dans la résilience et l’action climatique.  Pour tracer la voie vers une prospérité résiliente, le Président a souligné l’impératif d’unité des PEID, regrettant qu’ils n’aient pas toujours été capables de parler d’une seule voix, notamment lors de la COP 28 où ils n’ont pas été en mesure de présenter un front commun.  Pourtant, en tant qu’États insulaires, « nous sommes tous confrontés aux mêmes problèmes et aux mêmes vulnérabilités »: lorsqu’il y a une guerre sur le continent, nous sommes les premiers à subir l’augmentation du coût de la vie; et l’industrialisation nous affecte que ce soit par l’élévation du niveau de la mer, la crise climatique ou la pollution continentale qui arrive sur nos côtes, a souligné le Président.  Nous devons rester unis et solidaires surtout face à la crise climatique qui va tous nous détruire, a-t-il insisté.

Rappelant que les PEID ont fermement défendu l’adoption de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle, le Président des Seychelles a regretté que le monde prenne son temps « pendant que nous souffrons », s’indignant en outre que les PEID soient étiquetés par ceux-là mêmes qui détruisent leur existence.  L’intention des PEID n’est pas de mendier ou de voler les autres, mais simplement d’avoir accès à des financements concessionnels pour pouvoir affronter l’avenir et survivre.  C’est pourquoi ces pays croient au potentiel de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle. 

M. Ramkalawan a également appelé les PEID à faire preuve d’unité en ce qui concerne le Fonds pour les pertes et les préjudices.  Ne commençons pas à créer des différences entre nous pour savoir qui devrait y avoir accès, leur a-t-il demandé.  Toutes les îles sont affectées par ce qui se passe dans les océans en raison des changements climatiques ou des catastrophes environnementales, a argué le chef d’État en plaidant à nouveau pour la collaboration, le partage des meilleures pratiques et l’innovation afin de surmonter l’adversité et créer un avenir meilleur et la prospérité pour tous.

M. MOHAMED MUIZZU, Président des Maldives, a déclaré que l’heure est venue pour les PEID de croire en leur propre capacité de développement.  Nos vulnérabilités doivent être nos sources de résilience mais aussi notre cri de ralliement, a exhorté le Président, tout en appelant la communauté internationale à appuyer les PEID.  Le Président a demandé de réduire le coût des financements et de la dette avant de dénoncer l’insuffisance des fonds pour atténuer les impacts des changements climatiques.  Il faut plus d’ambition quantifiable pour l’adaptation, a-t-il ajouté.  En outre, l’ONU et le secteur privé doivent s’accorder sur une approche commune pour les PEID et mettre en œuvre le programme d’Antigua-et-Barbuda de manière commune et non en silo.  Il a estimé qu’un plan quinquennal serait préférable, conseillant ensuite aux PEID de travailler avec le secteur privé et de tirer parti de l’économie numérique pour améliorer la résilience.  Le chef d’État a ensuite annoncé la création d’une ville numérique dans les Maldives qui ouvrira la voie à la paix et à la prospérité dans les archipels.  Les PEID sont des exemples de résilience qui doivent être suivis par le monde entier, a-t-il dit. 

Mme HILDA HEINE, Présidente des Îles Marshall, a évoqué la valeur ajoutée des bureaux multipays de l’ONU comme celui en Micronésie pour appuyer la réalisation des ODD avec des stratégies adaptées aux îles, insistant sur l’importance des données.  Les partenaires de développement et le système des Nations Unies doivent adapter leurs structures aux échelles des PEID.  Tant que cela ne se produira pas, nos aspirations resteront hors de portée, a-t-elle affirmé, exhortant à respecter les engagements de 100 milliards de dollars par an et à doubler le financement de l’adaptation. 

Elle a appelé augmenter les financements disponibles pour les PEID, pour l’adaptation et les pertes et dommages.  Le Plan national d’adaptation prévoit que la protection des deux grands centres de population des îles coûtera 9 milliards de dollars.  Ce montant ne couvrira pas le renforcement des systèmes de santé ou d’éducation, ou la préservation des cultures locales.  Il ne sera pas suffisant pour faire face aux conséquences de l’élévation du niveau de la mer.  Il faut prendre au sérieux la question du financement, a martelé la Présidente. 

Elle a également fait savoir que les PEID du Pacifique proposent des taxes sur le transport maritime afin d’accélérer la transformation vers une industrie plus verte, tout en fournissant des milliards de dollars pour garantir que la transition soit équitable pour les personnes les plus touchées.  L’argent existe mais il n’est pas dépensé à bon escient, a-t-elle déploré.  En 2022, les subventions à la consommation de combustibles fossiles ont dépassé un billion de dollars.  Imaginez l’impact de cet argent s’il était investi dans l’adaptation, les énergies renouvelables ou les plus démunis du monde.  Elle a fait savoir que Îles Marshall vont participer à l’élaboration d’un traité sur la non-prolifération des combustibles fossiles, étape essentielle pour assurer une transition équitable et urgente vers les énergies renouvelables. 

M. SALVADOR VALDÉS MESA, Vice-Président de Cuba, a déclaré que les PEID sont confrontés à des perspectives économiques défavorables et difficiles, caractérisées par des niveaux élevés d’endettement, d’inflation, de crises alimentaires, énergétiques et climatiques, sans compter un accès limité au financement en raison de leur statut de pays à revenu intermédiaire.  Tout effort à cet égard sera limité sans une réforme profonde et globale de l’architecture financière internationale, de nature à garantir un traitement équitable pour tous, tant dans le processus décisionnaires que dans l’accès au financement, a-t-il préconisé.  Aussi le Vice-Président a-t-il salué le nouveau programme d’action qui envisage la création d’un service spécifique de soutien à la viabilité de la dette pour les PEID.  Pour notre catégorie de pays, le coût de l’adaptation climatique se situe entre 22 et 26 milliards de dollars par an, a-t-il précisé, faisant part de son soutien à l’accord visant à doubler le financement pour l’adaptation et la mise en œuvre en temps opportun de l’objectif mondial fixé pour l’adaptation.  En dépit du blocus économique dont elle fait l’objet de la part des États-Unis, Cuba s’est fixé un plan national ambitieux pour faire face aux changements climatiques, s’est enorgueilli M. Mesa, qui a dit que son gouvernement est prêt à mettre à disposition les 17 projets de coopération lancés par Cuba lors de sa présidence du G77 et par la Chine l’année dernière.  Il a également appuyé les efforts visant à créer un centre d’excellence pour les petits États insulaires en développement à Antigua-et-Barbuda. 

Mme FIAMĒ NAOMI MATA’AFA, Première Ministre du Samoa, qui s’exprimait au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), a placé ses espoirs dans le programme d’Antigua-et-Barbuda, en rappelant que les PEID sont définis par leurs vulnérabilités spécifiques.  Ils souhaitent des mécanismes de riposte qui leur permettront de faire face à leurs défis souvent communs de manière frontale afin de construire des sociétés résilientes, inclusives et tournées vers l’avenir.  Pour cette troisième décennie d’action, il faut changer d’approche et cesser de se limiter à mettre en exergue les spécificités et vulnérabilités des États insulaires sans agir, a-t-elle plaidé.  Elle a indiqué que le programme d’Antigua-et-Barbuda souligne à quel point leurs problèmes sont similaires et imbriqués, notamment en raison de la menace que représentent les changements climatiques et des prévisions alarmantes d’augmentation des températures à l’échelle mondiale.  Nous avons besoin d’une action climatique urgente pour inverser la vapeur, a insisté la Première Ministre, selon qui l’argent ne compensera jamais les dommages infligés d’ores et déjà aux populations des PEID.  Les pays de l’Alliance sont déterminés à tracer la voie à travers une transition vers 100% d’énergies renouvelables et vers le numérique, entre autres, a-t-elle fait savoir.  Elle a également appelé à appliquer l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle, arguant que les PEID « ne font pas la manche » mais exigent simplement un accès sur un pied d’égalité aux ressources financières.  « Nous continuerons à lutter pour préserver l’avenir de nos enfants », a-t-elle affirmé en lançant un appel à la communauté internationale pour devenir un partenaire durable, sincère et actif des PEID sur cette voie « parce qu’ensemble on va plus vite et plus loin ». 

M. JOSÉ ULISSES CORREIA E SILVA, Premier Ministre de Cabo Verde, a déclaré que le monde est formaté pour les pays avec de grands territoires et de nombreuses populations.  C’est là que commencent les problèmes des PEID, s’est-il désolé, les appelant à parler d’une seule voie pour créer des opportunités économiques et géostratégiques et augmenter leur pertinence et leur capacité d’influence dans le concert des nations.  Pour briser les pièges que posent le petit territoire et la faible population, la meilleure solution est un financement pour accroître la résilience structurelle et augmenter le potentiel de croissance économique, a-t-il estimé.  Il a ensuite appelé à mobiliser des financements pour sortir les PEID de la catégorie des pays à revenu intermédiaire et leur permettre d’atteindre la catégorie des pays à revenu intermédiaire supérieure. 

Pour ce faire, a-t-il poursuivi, il faut rendre opérationnel l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle pour permettre l’accès au financement concessionnel.  De même, il faut attirer les capitaux, les investissements, les connaissances et les technologies.  Les PEID, a-t-il ajouté, doivent pouvoir exporter des biens et des services vers les marchés régionaux et mondiaux.  Pour sortir du piège de l’endettement, le Premier Ministre a suggéré de transformer les dettes en investissements climatiques afin de rendre les pays plus résilients, accroître le potentiel de croissance économique et augmenter la capacité d’endettement future.  Avec le Portugal, a-t-il fait savoir, Cabo Verde a signé un accord pour convertir la dette bilatérale en financement pour le climat et l’environnement. 

M. FELETI TEO, Premier Ministre des Tuvalu, a déclaré que l’élévation du niveau de la mer constitue la plus grande menace pour la survie des Tuvalu « en tant que nation et en tant que peuple ».  C’est pourquoi son gouvernement s’est engagé à mettre en œuvre un plan d’adaptation à long terme visant à réhabiliter et surélever les terres et à renforcer la résilience de l’île face à la montée des eaux.  En février de cette année, les Tuvalu ont annoncé 21 priorités stratégiques immédiates, dont huit s’alignent sur l’objectif « Que veulent les PEID? » du programme d’Antigua-et-Barbuda.  Mais il n’est ni juste ni équitable pour un pays comme le mien de porter le fardeau d’un système climatique qui se détériore sans que nous contribuions à ses causes, a observé le chef de gouvernement.  Or, nos marges de manœuvre budgétaires et nos rivages physiques s’amenuisent toujours plus à chaque catastrophe naturelle supplémentaire, a observé le Premier Ministre.

Les Tuvalu, a-t-il indiqué, se sont donc lancés dans des solutions transformatrices telles qu’un projet d’aménagement côtier, l’initiative des nations montantes et le projet Future Now, pour n’en citer que quelques-unes.  Il a également attiré l’attention sur l’initiative conjointe des Tuvalu et d’Antigua-et-Barbuda qui a permis de créer la Commission des petits États insulaires sur les changements climatiques et le droit international (COSIS) en 2021, organe qui a récemment obtenu un avis consultatif du Tribunal international du droit de la mer pour clarifier les obligations juridiques des États à l’égard des nations touchées par les changements climatiques.  « Cet avis est une réalisation importante qui fait passer le débat des engagements politiques aux obligations juridiques contraignantes », s’est félicité M. Teo.  Les Tuvalu et Vanuatu sont également à la tête d’une coalition de pays plaidant en faveur d’un « traité de non-prolifération des combustibles fossiles » dont les objectifs sont d’éliminer progressivement les combustibles fossiles, de promouvoir le développement durable et une transition juste vers les énergies renouvelables.

M. TERRANCE MICHAEL DREW, Premier Ministre de Saint-Kitts-et-Nevis, a déclaré que le chemin vers la prospérité des PEID est une véritable course d’obstacles, amplifiée par un monde en plein bouleversement.  Il a suggéré quelques éléments essentiels dont dépendent le développement et la prospérité des PEID à commencer par des capitaux disponibles, accessibles et adéquats.  Le coût du capital est trop élevé pour les PEID et leur marge de manœuvre fiscale beaucoup trop limitée, a-t-il expliqué en appelant à une réforme de l’architecture financière internationale telle que lancée par l’Initiative de Bridgetown.  À ce sujet, le ministre a encouragé l’utilisation de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle qui s’efforce d’aller au-delà du PIB pour mesurer le bien-être économique.  Le Premier Ministre a également mis en avant la nécessité pour les jeunes citoyens des PEID de maîtriser la technologie.  Il a aussi appelé à miser sur des infrastructures résilientes en rappelant que de nombreux PEID manquent d’eau, alors qu’ils sont des destinations touristiques et des importateurs de denrées alimentaires. 

Notant que les Caraïbes devraient être confrontées à une baisse de 10 à 20% des rendements agricoles d’ici à 2050, en raison des changements climatiques, il a argué qu’on ne peut avoir des systèmes de santé résilients sans systèmes alimentaires résilients.  « C’est pourquoi l’initiative 25x25 de la CARICOM revêt une telle importance. » Le Premier Ministre n’a pas manqué de pointer la crise climatique « qui a enveloppé de ses tentacules les États membres de la CARICOM », avant de déclarer que si nous ne trouvons pas la combinaison de mesures politiques, financières et d’adaptation pour faire face aux impacts de cette crise, les rêves de développement et de prospérité des PEID seront réduits à néant.  Dans ce contexte, la coopération PEID-PEID, la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire sur les grands défis du développement requièrent la solidarité et l’action pour préserver la santé et l’avenir des PEID et de leurs populations, a-t-il conclu. 

M. MARK PHILLIPS, Premier Ministre du Guyana, a déclaré que face aux défis climatiques, il faut accélérer le financement de la transition vers une énergie propre et les transferts de technologie.  Au sein de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), les membres ont fait des progrès modestes, car le potentiel de production d’hydrocarbures au Guyana, au Suriname et à la Trinité-et-Tobago offre des possibilités d’amélioration de la sécurité énergétique régionale, notamment en investissant dans la transition vers des sources d’énergies propres et renouvelables.  Les défis des PEID ne sont pas insurmontables, et le programme d’Antigua-et-Barbuda doit être orienté vers l’action et appuyé par des moyens de mise en œuvre et des partenariats.  Il a indiqué que son gouvernement vise à préserver 87% de la couverture forestière, promeut une nouvelle trajectoire de croissance non polluante, et s’efforce de transformer le secteur agricole pour assurer la sécurité alimentaire dans le pays et la région. 

Le Gouvernement, a-t-il enchaîné, vise aussi à réduire la dépendance à l’égard des aliments importés en améliorant leur disponibilité et leur accessibilité dans la région.  Mais les efforts nationaux et régionaux ne suffiront pas: l’architecture financière mondiale doit aborder la question du financement concessionnel et tenir compte de la grande vulnérabilité des PEID.  Il a appelé à la mise en œuvre de l’Initiative de Bridgetown afin de permettre une mobilisation adéquate et rapide des ressources, ainsi qu’à l’application urgente de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle.  Il a rappelé aux pays développés leurs engagements de consacrer 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement (APD).  Il faut aussi activer rapidement le Fonds pour les pertes et les préjudices. 

M. ÉDOUARD NGIRENTE, Premier Ministre du Rwanda, a considéré que les richesses naturelles de la planète, en particulier celle des petits États insulaires en développement, sont évidentes, et qu’il suffit d’agir pour concrétiser cet énorme potentiel en prospérité partagée.  Il a préconisé d’intensifier et de consolider les investissements dans la résilience, en favorisant les solutions innovantes et le partage des connaissances dans la conception et la construction d’infrastructures capables de résister aux menaces climatiques.  Si l’architecture financière mondiale doit œuvrer en faveur d’un développement inclusif et durable, elle doit également fonctionner pour tous, en commençant encore une fois par les plus vulnérables, dont les PEID, a souligné le chef de Gouvernement.  Car en termes de vulnérabilité climatique et de besoins de financement, il existe des similitudes entre les pays sans littoral et les PEID, raison pour laquelle nous devons œuvrer ensemble en faveur d’une architecture financière internationale plus réactive et inclusive, a-t-il encore dit.

M. DAVID RANIBOK ADEANG, Président de Nauru, a déclaré que les PEID doivent survivre et méritent de prospérer, tout en soulignant qu’il ne peut y avoir de prospérité résiliente sans action climatique.  Il faut dès lors accélérer les efforts d’atténuation des changements climatiques, réduire les émissions, éliminer progressivement les combustibles fossiles et se diriger vers une transition énergétique juste pour maintenir la limite de 1,5 °C.  Nauru, a-t-il expliqué, a été obligé de construire des digues pour protéger ses côtes et ses communautés, mais ce n’est pas une solution durable à long terme.  Le plan Higher Ground Initiative vise en outre à réinstaller les communautés déplacées des zones de basse altitude vers des terrains plus élevés pour survivre.  Après avoir appelé la communauté internationale à soutenir cette initiative, il a demandé au Secrétaire général de nommer un représentant spécial pour le climat et la sécurité. 

Poursuivant, le Président a fait savoir que son gouvernement a élaboré une réglementation robuste pour un approvisionnement responsable en nodules nécessaires à la transition vers une société à faibles émissions de carbone.  Il a demandé un appui pour que les PEID puissent développer durablement leur économie bleue, par le biais du transfert de technologie, du renforcement des capacités et de l’aide financière.  Un accès amélioré et accru au financement durable est nécessaire.  Il faut aussi adopter l’indice de vulnérabilité multidimensionnel. Il a par ailleurs a salué l’achèvement des négociations d’un instrument international juridiquement contraignant se rapportant à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer. 

M. PHILIP EDWARD DAVIS, Premier Ministre des Bahamas, a expliqué que les feux de brousse qui frappent son pays ne sont que le dernier désastre en date d’une crise climatique qui concerne l’ensemble de la région.  Les habitants des Caraïbes vivent dans l’une des régions du monde les plus touchées par le stress hydrique, a-t-il expliqué.  Des sécheresses de courte durée se sont développées au Suriname, à Tobago, au Guyana et à la Grenade alors que des sécheresses de longue durée continuent d’affliger la Trinité, le Belize, Cuba et la Dominique et que la Jamaïque et la Barbade ont été contraintes de mettre en œuvre des politiques limitant l’utilisation de l’eau. 

« Les peuples des Caraïbes ont soif de changement et n’ont aucune intention de devenir des martyrs climatiques », a-t-il déclaré.  Nos îles, qui ont si peu contribué aux émissions mondiales de carbone, ne méritent pas de supporter les pires conséquences d’une crise climatique créée par les superpuissances mondiales, s’est emporté le Premier Ministre en appelant à des changements urgents pour faire face à cette « cruelle ironie ».  L’heure de la révolution climatique a sonné, a-t-il martelé avant d’exiger des solutions durables et à long terme pour renforcer la capacité d’action des PEID, et non des solutions rapides ou des gadgets.  À titre d’exemple, il a parlé de l’engouement récent pour le captage et le stockage du carbone, y voyant la dernière illustration en date des tentatives des sociétés riches à déformer la science pour diffuser de la désinformation au lieu de soutenir une véritable transition vers les énergies renouvelables. Il a également plaidé pour une réforme des systèmes financiers qui régissent les efforts de reconstruction des PEID, en signalant une tendance à mettre sur des listes noires les nations qui présentent des demandes d’indemnisation à la suite de catastrophes.  Ces mesures punitives, souvent imposées sans représentation ou contribution adéquate des PEID, ne font qu’exacerber leurs processus de vulnérabilité, a-t-il expliqué en estimant qu’il ne s’agit pas seulement d’une question de politique financière, mais aussi de justice et d’équité.

Chaque jour, a déclaré M. KAY RALA XANANA GUSMÃO, Premier Ministre du Timor-Leste, nous entendons le monde développé parler de l’importance d’un « ordre mondial fondé sur des règles » et régi par le droit international, ce même ordre mondial qui perpétue l’iniquité et l’exploitation.  Les pays développés ignorent le droit international chaque fois que cela leur convient – « et cela leur convient tout à fait », s’est-il indigné, en affirmant que cela inclut les promesses qui ont été faites pour soutenir les pays en développement, en particulier les engagements pris dans le cadre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, de l’Accord de Paris et des objectifs de développement durable.  Après avoir exigé qu’ils honorent leurs obligations, le représentant a annoncé que son gouvernement élabore actuellement une politique et un plan d’action pour une économie bleue, assortis d’actions concrètes pour lutter contre la pollution marine, pour la conservation de l’environnement marin et de la biodiversité, tout en développant une économie bleue durable.  Mais ces initiatives nécessitent la coopération et le soutien de nos partenaires internationaux, dans le respect de l’appropriation nationale timoraise, a-t-il souligné.

M. SIAOSI 'OFAKIVAHAFOLAU SOVALENI, Premier Ministre des Tonga, a déclaré que le programme d’Antigua-et-Barbuda ne peut que renforcer les initiatives de mise en œuvre des priorités de développement durable des PEID.  Affirmant que les Tonga et toutes les îles du Pacifique n’attendront pas passivement que de nouvelles catastrophes les frappent, il a expliqué que ces pays sont déterminés à faire en sorte que les solutions climatiques tiennent compte de leurs vulnérabilités sociales.  Elles doivent être inclusives et donner à tous les membres de leurs communautés les moyens de renforcer leur résilience.  Il a défendu le Fonds de résilience du Pacifique et le projet Unlocking Blue Pacific Prosperity, arguant en outre que dans le cadre des efforts des PEID du Pacifique et de leurs partenaires, il est important de protéger les droits, les privilèges et les responsabilités définis par le droit international, notamment en ce qui concerne l’élévation du niveau des mers due aux changements climatiques.

Le Premier Ministre a ensuite plaidé en faveur de l’adoption de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle.  Nous avons besoin d’un outil capable de fournir une assistance significative et efficace là et quand c’est nécessaire, a-t-il insisté en demandant que des mesures concrètes soient prises afin d’établir un calendrier pour la mise en œuvre dudit indice et de définir des critères clairs pour l’accès des PEID au financement. Une telle approche globale garantirait que les plus vulnérables reçoivent le soutien dont ils ont besoin de toute urgence, a-t-il estimé.

M. MARK BROWN, Premier Ministre des Îles Cook, a estimé que cette conférence est l’occasion d’unir les voix des PEID pour continuer de montrer la voie dans les domaines de l’action et la justice climatiques, la gestion des océans, l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle et l’urgence d’un accès plus équitable au financement pour lutter contre les changements climatiques. Il a parlé du cadre régional du Pacifique pour la gestion de la pêche au thon, des lois nationales visant à réduire l’utilisation des plastiques à usage unique et des lois régionales types qui protègent la richesse des ressources génétiques du Pacifique.  Mais au-delà des liens communs avec les océans, d’autres domaines requièrent une approche collaborative et unie des PEID dans l’esprit des Orientations de Samoa.  Il faut notamment continuer à plaider en faveur d’investissements pour renforcer la résilience des PEID dans un monde « où nous payons pour les actions des autres ou plutôt pour l’absence d’action de la part des autres », a déclaré le Premier Ministre pour lequel la clef de ces efforts réside dans l’accès aux financements pour soutenir leurs efforts de développement durable. 

Il a annoncé qu’en novembre dernier, les dirigeants du Pacifique ont approuvé l’opérationnalisation du Fonds de résilience du Pacifique - un mécanisme de financement régional transformateur, créé par le Pacifique pour le Pacifique.  Son un objectif de départ est de lever 500 millions de dollars pour répondre à une partie des besoins critiques en termes de résilience climatique par le biais de projets à fort impact soutenus au niveau communautaire.  Notant que selon la Banque mondiale, les pays du Pacifique ont besoin à eux seuls d’un milliard de dollars par an au cours des 10 prochaines années pour renforcer leur résilience face aux effets des changements climatiques, il a martelé que les PEID ne sont pas en mesure d’y faire face seuls. 

Mme SAHIBA GAFAROVA, Présidente de l’Assemblée nationale de l’Azerbaïdjan, a regretté que les PEID soient les plus touchés par les changements climatiques en dépit du fait qu’ils n’ont pas contribué à ce fléau, qui entrave leurs progrès en matière d’objectifs de développement durable.  Elle a assuré que, lors la présidence azerbaidjanaise de la COP 29 à Bakou, cette question figurera parmi ses priorités.  Il y aura notamment à cette occasion un sommet spécifiquement consacré aux PEID.  Elle a exhorté tous les pays à redoubler d’efforts pour parvenir à un accord lors de la conférence de Bakou qui serait à la hauteur des besoins des PEID.

M. RALPH REGENVANU, Ministre des changements climatiques et de l’environnement de Vanuatu, qui s’exprimait au nom des PEID du Pacifique, a insisté sur les besoins en financement pour l’adaptation climatique et la nécessité d’alimenter le Fonds pour les pertes et les préjudices.  Il a plaidé pour la réduction de la dépendance aux combustibles fossiles, et souligné la nécessité de faire respecter le principe du pollueur-payeur ainsi que l’importance de la technologie numérique pour les PEID et leur économie.  Le Ministre a aussi mis l’accent sur la nécessité d’établir un cadre robuste sur l’utilisation des ressources des océans et la lutte contre la pêche illégale, appelant à faire preuve de précaution dans la gestion des ressources marines.  Le Ministre a aussi exhorté à la mise en place de partenariats financiers et des mesures d’allégement des dettes pour les PEID qui doivent également bénéficier de taux d’emprunt favorables et d’un financement prévisible pour leurs efforts d’atténuation. Enfin, il faut un système de l’ONU réactif et tenant compte des besoins des PEID.  Les PEID sont des terres d’innovation dans la lutte contre les changements climatiques qu’il faut imiter, a fait valoir le Ministre.    

S’exprimant au nom du Groupe des pays en développement sans littoral, M. DUMEZWENI M. MTHIMKHULU, Ministre de l’environnement et du tourisme du Botswana, a déclaré que la catégorie de pays au nom de laquelle il a pris la parole est confrontée à des défis communs à ceux rencontrés par les PEID.  Leur particularité géographique, a-t-il relevé, présente des obstacles au commerce, à la connectivité numérique et aux voies de développement durable, comme c’est le cas pour les pays en développement sans littoral, qui ont des difficulté à accéder aux marchés et aux ressources mondiaux en raison de leur isolement.  Mais ces défis dissimulent aussi un immense potentiel de synergies et de coopération pour surmonter nos obstacles communs, s’est réjoui le Ministre, qui s’est dit d’avis que tous ces pays peuvent amplifier leur voix collective sur la scène mondiale, défendre leurs intérêts communs et galvaniser le soutien à la mise en œuvre de leurs programmes respectifs.  Il a enfin réitéré son appel à un engagement politique soutenu, à un financement adéquat et à de solides mécanismes de suivi et d’évaluation, afin de garantir une mise en œuvre efficace et des résultats tangibles pour les PEID au cours des 10 prochaines années. 

M. EVERLY PAUL CHET GREENE, Ministre des affaires étrangères, de l’agriculture et du commerce d’Antigua-et-Barbuda, a appelé à faire preuve de solidarité face aux défis communs des PEID.  La réalité est sombre, le Plan d’action de la Barbade et les Orientations de Samoa n’ayant pas réussi à engendrer les changements attendus faute d’engagement de la communauté internationale et de financements.  Il faut un changement radical, a-t-il martelé en appelant à entériner le programme d’Antigua-et-Barbuda.  Il a également insisté sur l’importance d’améliorer la gestion de la dette des PEID et de lutter contre la menace climatique car « si nous disparaissons, nous perdons une partie de notre humanité collective ».

La nouvelle approche doit reconnaître les vulnérabilités spécifiques des PEID et de leurs communautés et les protéger en changeant radicalement la manière de penser et d’agir, a argué le Ministre en invoquant notamment la justice climatique. Jusque-là, les PEID ont eu à se relever tout seuls des catastrophes naturelles, ce qui n’a fait qu’aggraver leur niveau d’endettement, a-t-il relevé.  Il a également plaidé pour des systèmes de santé plus résilients, y compris aux pandémies et aux maladies non transmissibles.  « Nous vous avons invités ici pour que vous puissiez témoigner de la vulnérabilité des PEID en espérant que vous traduirez vos paroles en actes », a-t-il déclaré en appelant la communauté internationale à réfléchir à de nouvelles normes d’intervention, comme le centre d’excellence pour les meilleures pratiques, y compris en termes d’allégement de la dette.

M. SHAWN EDWARD, Ministre de l’éducation, du développement durable, de l’innovation, de la science, de la technologie et de l’enseignement professionnel de Sainte-Lucie, a déclaré que le moment est venu de restructurer les approches dépassées qui paralysent et retardent les aspirations de développement des PEID. Il a appelé à passer à l’action en faveur de la prospérité résiliente des PEID, et à mettre fin à l’ambivalence mondiale sur les changements climatiques.  Rappelant l’avis consultatif rendu par le Tribunal international du droit de la mer mardi dernier, le Ministre a estimé que celui-ci permettra de mettre fin à l’inaction qui a conduit le monde au bord d’un gouffre. Le moment est venu de mettre fin à la pratique consistant à utiliser le PIB par habitant comme un obstacle à toute forme d’aide au développement ou de secours aux PEID, a déclaré le Ministre qui a ensuite appelé à la mise en œuvre de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle pour l’accès au financement à faible coût et à long terme, à l’allégement de la dette et à l’aide publique au développement.  Le Ministre a aussi appelé à soutenir la création d’un service d’appui à la viabilité de la dette et à concevoir des solutions efficaces pour résoudre le problème de la vulnérabilité de la dette à court terme et appuyer la viabilité de la dette à long terme.

Mme SHIRLEY AYORKOR BOTCHWEY, Ministre des affaires étrangères du Ghana, a souligné qu’un grand nombre de PEID « sont liés par le sang à l’Afrique », et ceux des Caraïbes font partie de l’Union africaine.  Elle a appelé les partenaires de développement et les pays à prendre des mesures globales pour résoudre les problèmes à court terme et mettre en œuvre des stratégies à long terme pour remédier aux vulnérabilités systémiques des PEID.  Cela signifie qu’il faut aider les PEID à résoudre les effets d’entraînement des crises mondiales multiples qui ont aggravé leurs vulnérabilités.  Si on se limite à continuer à appliquer les anciens modèles de développement, on ne peut obtenir de nouveaux résultats, a-t-elle souligné.  Renforcer la résilience économique des pays en développement, et des PEID en particulier, reste pourtant l’impératif de notre époque. Il s’agit notamment de renforcer la résilience aux impacts économiques et environnementaux des changements climatiques et de prendre des mesures pour créer les capacités de production nécessaires pour soutenir un processus de transformation structurelle conduisant à un développement durable, a-t-il précisé.

À moyen et long terme, les PEID ont aussi besoin d’une restructuration de leur dette et d’un nouvel accord pour accéder aux financements concessionnels et à l’aide, qui ont généralement été conditionnés par des critères de revenus, sans tenir compte de la vulnérabilité ou du surendettement, a insisté la Ministre en demandant de soutenir l’Initiative de Bridgetown pour la réforme de l’architecture financière mondiale.  Elle a également appelé à des mesures de soutien international spécifiques pour relever les défis uniques des PEID en matière de commerce et de développement. Elle a ensuite salué l’approfondissement significatif des partenariats entre le Ghana et les Caraïbes, notamment par le biais d’accords bilatéraux de commerce et d’investissement.

Mme DEBY HAALAND, Secrétaire de l’intérieur des États-Unis, a réitéré les liens et les engagements de son pays aux cotés des PEID pour appuyer la prospérité et le développement durable, précisant que l’administration Biden a décaissé plus de 5 milliards de dollars pour les PEID.  Elle a également informé que la stratégie américaine pour le développement des relations avec les îles du Pacifique est dotée de 8 milliards de dollars.  La responsable a indiqué que les États-Unis entendent accroître leur présence dans le Pacifique oriental.  Washington a d’ailleurs ouvert une ambassade dans les Îles Salomon en 2023 et une ambassade à Vanuatu cette année.  Leur mission est notamment d’approfondir les liens avec les PEID de cette région, a-t-elle précisé.

Les États-Unis, a-t-elle poursuivi, ont ces trois dernières années mobilisé 150 milliards de dollars d’investissement privé pour réaliser les ODD.  Depuis une décennie, les États-Unis ont appuyé les partenaires régionaux sous la forme de subventions sans endettement.  L’administration Biden a consacré 30 millions de dollars pour le relèvement économique des îles du Pacifique et les pays qui ont passé des accords de libre-échange avec les États-Unis bénéficient d’une aide au développement. 

M. SAKIASI DITOKA, Ministre du développement rural et maritime et de la gestion des catastrophes des Fidji, a déclaré que les PEID sont à un point de non-retour.  Il a insisté sur l’urgence qu’il y a à agir en expliquant qu’aux Fidji, six communautés ont déjà dû être évacuées en raison de la montée des eaux.  Les ambitions climatiques doivent être revues à la hausse face à l’envergure des défis à relever, a-t-il fait valoir en plaidant pour l’adoption d’un document final robuste à la fin de la Conférence.  Celui-ci devra s’accompagner d’engagements concrets en termes d’allégement de la dette, de lutte climatique, de renforcement de la résilience et d’accès au financement pour le développement.  Le Ministre a appuyé le Fonds pour les pertes et les préjudices, y voyant une avancée dans la bonne direction.  Il a également soutenu l’adoption de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle.

M. ROBERTO ÁLVAREZ GIL, Ministre des affaires étrangères de la République dominicaine, a jugé essentiel de mettre en œuvre le Fonds pour les pertes et les préjudices approuvé lors de la COP 28, ainsi que d’opérationnaliser l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle.  Il a réitéré l’appel lancé par le Président dominicain Luis Abinader pour que le problème de l’affleurement incontrôlé des sargasses soit déclaré une urgence régionale.  Le délégué a ensuite encouragé à renforcer les investissements dans les énergies renouvelables et la transition vers une matrice énergétique propre; à valoriser les océans et leur biodiversité; à évoluer vers un tourisme responsable; et enfin à mettre fin à la pollution plastique grâce à l’accord international contraignant en cours de négociation.  Il a ensuite fait observer que la position géographique de la République dominicaine lui permet de profiter d’opportunités de proximité, en rapprochant les centres de production des marchés de consommation, en atténuant les risques des chaînes d’approvisionnement, et en réduisant les coûts et l’empreinte carbone. Le Gouvernement dominicain reste déterminé à déployer des efforts et à conclure des alliances stratégiques pour la mise en œuvre des modalités d’action accélérées pour les PEID, a assuré le Ministre, qui a cité en exemple un projet pilote qui bénéficiera à environ 850 000 personnes dans le cadre de services de soins et d’assistance, en particulier les femmes, les personnes handicapées et les personnes âgées.

Mme JUTTA URPILAINEN, Commissaire européenne pour les partenariats internationaux de l’Union européenne (UE), a rappelé que cette organisation régionale est engagée en faveur d’un abandon progressif des carburants fossiles et a soutenu la création du Fonds pour les pertes et les préjudices afin de faire face aux coûts croissants des changements climatiques.  Ses États membres se sont d’ailleurs engagés à verser plus de la moitié des fonds initiaux, s’est-elle enorgueillie.  La déléguée a ensuite indiqué que l’UE continue de plaider en faveur d’une meilleure prise en compte par les banques multilatérales de développement des défis climatiques auxquels les pays en développement sont confrontés, et notamment de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle.  Pour elle, cependant, le secteur privé doit contribuer au développement durable, une idée qui est inhérente à la stratégie d’investissement global Gateway, pour laquelle 300 milliards d’euros d’investissements publics et privés doivent être mobilisés d’ici à 2027.

Mme KAMINA JOHNSON SMITH, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de la Jamaïque, a déclaré que le cadre politique de son pays sur les changements climatiques soutient la réalisation d’une croissance et d’une prospérité durables, ainsi que le renforcement de la capacité d’adaptation et la résilience de la Jamaïque.  Le Gouvernement poursuit un développement à faible émission de carbone, mobilise des financements climatiques et promeut l’éducation et la sensibilisation du public, ainsi que la recherche et le transfert de technologie en vue d’une action climatique ambitieuse.  La Ministre a plaidé pour que les pays développés et émergents prennent des mesures urgentes, tangibles et concrètes pour réduire les émissions de gaz à effet de serre pour maintenir le seuil de 1,5 °C.  Elle a demandé une augmentation significative du financement climatique pour soutenir les efforts d’atténuation et d’adaptation des PEID. 

La réforme de l’architecture financière internationale devra faciliter l’inclusion des PEID à revenu intermédiaire très endettés et vulnérables.  Un nouvel objectif financier doit être adopté et mis en œuvre à la COP 29 pour remplacer l’objectif de 100 milliards de dollars qui n’a pas encore été atteint.  Il faut renflouer le Fonds pour les pertes et les préjudices et doubler le financement de l’adaptation par rapport aux niveaux de 2019 d’ici à l’année prochaine. La Jamaïque signera le traité de droit international sur la mer, a promis la Ministre.  Il est aussi nécessaire de revitaliser et de financer les partenariats pour le développement durable, de combler le fossé numérique et intégrer pleinement la science, la technologie et l’innovation dans les processus de développement.  L’élaboration de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle sera tout aussi importante pour examiner spécifiquement les vulnérabilités et les défis uniques auxquels sont confrontés les PEID. 

M. ALBERT RAMDIN,  Ministre des affaires étrangères, du commerce international et de la coopération internationale du Suriname, a déclaré que les PEID sont fatigués d’entendre des aspirations admirables et des objectifs nobles, alors qu’en termes relatifs, il ne se passe pas grand-chose pour les réaliser.  « Nous devons agir », a-t-il exigé.  Les PEID ont besoin de politiques coordonnées et d’un soutien financier externe spécifique.  Nous avons besoin que la communauté internationale reconnaisse notre vulnérabilité et l’incapacité apparente des institutions mondiales à favoriser une prospérité économique et financière durable pour tous, a ajouté le Ministre.  Il a appelé à élaborer des politiques efficaces en termes d’atténuation, d’adaptation et de pertes et préjudices.  Pour le Ministre, le soutien en matière de pertes et préjudices créera la marge de manœuvre budgétaire nécessaire pour remédier aux vulnérabilités structurelles des économies des PEID.  Il a également plaidé pour un réexamen de l’efficacité des institutions financières internationales pour faire face aux conséquences d’une dette élevée, aux inefficacités économiques et à l’impact des défis mondiaux, tels que les changements climatiques et les conflits.  Le Ministre a en outre appelé au renforcement du rôle des banques de développement régionales et nationales avec des fonds propres, ainsi qu’à l’élaboration d’instruments plus efficaces de financement de la lutte contre les changements climatiques, axés sur les priorités des PEID, facilement accessibles et différenciés.

Pour Mme PENNELOPE BECKLES, Ministre de la planification et du développement de la Trinité-et-Tobago, il incombe aux PEID d’articuler leur droit de bénéficier de la providence de la planète Terre, sur la base de leurs contributions à la production mondiale, de l’exploitation passée de leurs ressources par des entités extérieures et des impacts démesurés qu’ils subissent résultant des actions aveugles des autres.  Le financement climatique doit être accessible, adéquat et prévisible pour les PEID parce que ce n’est pas de la charité, mais un impératif moral et un engagement dans le cadre de l’Accord de Paris.  Les pays développés doivent être contraints d’honorer leurs engagements en matière de financement climatique et de fournir des ressources supplémentaires pour soutenir les efforts d’adaptation et d’atténuation des pays vulnérables.  Les PEID doivent pour leur part investir dans des infrastructures résilientes au climat, des systèmes d’alerte précoce et des mesures d’adaptation écosystémiques pour protéger leurs communautés des ravages des phénomènes météorologiques extrêmes et de l’élévation du niveau de la mer.

De plus, a continué la Ministre, il faut intégrer les considérations climatiques dans nos processus de planification du développement pour nous assurer que nos investissements sont durables et résilients face au climat.  Pour atténuer les impacts des changements climatiques, il faut réduire notre empreinte carbone et assurer la durabilité à long terme des systèmes énergétiques, a-t-elle ajouté, notant que l’avenir repose sur les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique et l’innovation.  Favoriser une culture de l’innovation et de l’entrepreneuriat dans le secteur de l’énergie est un engagement crucial pris par la Trinité-et-Tobago qui tire parti d’énormes possibilités d’innovation technologique pour favoriser la transition vers une économie verte. 

M. ORLANDO HABET, Ministre de du développement durable, des changements climatiques et de la gestion des catastrophes du Belize, a fait part de son inquiétude suite à l’annonce récente que la saison des ouragans dans l’Atlantique sera extraordinaire cette année, avec 17 à 25 tempêtes nommées prévues. Nul besoin de rappeler qu’il suffit d’une tempête pour effacer des années de développement durement acquis par une petite île, a-t-il déclaré, précisant que dans le cas du Belize, les impacts climatiques coûtent déjà plus de 4% de son PIB.

Il a indiqué que les PEID ont défendu la cause de la justice climatique ainsi qu’une gestion environnementale équitable des océans en renforçant la gouvernance inclusive et en établissant des normes solides pour la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique marine.  Dans le domaine financier, les pays insulaires ont également été à l’avant-garde des efforts visant à réformer l’architecture financière internationale et à la rendre apte à soutenir la réalisation des engagements en matière de climat et de développement durable.  L’histoire des PEID est une histoire de droits humains et leur processus doit être un processus de leadership transformationnel. Il a demandé à leurs partenaires de développement de leur donner une chance en travaillant avec eux pour tracer la voie vers un avenir durable et résilient.  De même, il a plaidé pour plus de financements et d’investissements en faveur d’un développement résilient aux changements climatiques et d’un allégement de la dette des petits États insulaires. 

M. MOHAMAD MALIKI OSMAN, Premier Ministre de Singapour, a estimé que les mesures d’adaptation sont clairement une priorité pour les PEID, raison pour laquelle il a pleinement soutenu l’appel du programme d’Antigua-et-Barbuda en ce sens, y compris l’opérationnalisation et la mise en œuvre du Cadre des Émirats arabes unis pour la résilience climatique mondiale.  En outre, les PEID doivent travailler ensemble pour faire pression en faveur d’une COP 29 réussie en Azerbaïdjan, qui garantirait que tous les pays respectent leurs engagements climatiques afin de maintenir l’objectif de hausse des température en dessous de 1,5 °C, comme prévu par l’Accord de Paris.  Par ailleurs, le chef du Gouvernement singapourien a souscrit à la recommandation du programme d’Antigua-et-Barbuda d’exploiter les technologies numériques pour parvenir au développement durable.  Pour tirer pleinement parti de la numérisation, les PEID doivent créer un environnement propice à l’innovation, tout en promouvant l’inclusion numérique afin de garantir que personne ne soit laissé pour compte.  À cette fin, Singapour et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) ont travaillé à des solutions innovantes pour les PEID en matière de gestion des risques côtiers et des infrastructures de transport, a annoncé le Ministre. 

M. KAVYDASS RAMANO, Ministre de l’environnement, de la gestion des déchets solides et des changements climatiques de Maurice, a appelé à tirer les leçons du Plan d’action de la Barbade de 1994, de la Stratégie de Maurice de 2005 et des Orientations de Samoa de 2014.  Malgré des efforts considérables en faveur du développement durable, les vulnérabilités des PEID se sont accentuées, face aux crises environnementales planétaires, à la pandémie de COVID-19, à l’émergence de maladies et à la récession économique, a-t-il constaté.  Il a ensuite indiqué que malgré les défis, Maurice ambitionne de devenir un pays sans plastique dans les plus brefs délais.  Le pays dispose en outre d’un plan directeur pour l’environnement 2020-2030 qui trace la voie vers une transition écologique et met en œuvre un plan d’action pour l’économie circulaire pour la décennie 2023-2033.  Il a insisté sur l’importance cruciale pour les PEID de s’adapter aux changements climatiques pour leur survie, précisant que Maurice travaille à l’élaboration de son plan national d’adaptation.  Cependant, de nombreux PEID, y compris Maurice, sont à la traîne dans la formulation de leurs plans nationaux en raison de capacités et de ressources limitées. Bien que le Fonds vert pour le climat prévoie une allocation nationale pour l’élaboration de ces plans et d’autres processus de planification de l’adaptation, il est difficile d’accéder à ce fonds indispensable, a-t-il regretté en demandant la mise en place d’un bureau dédié pour aider les PEID à élaborer ce document crucial. 

Mme Hanke BRUINS SLOT, Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, a déclaré qu’il faut d’urgence sauver des vies et protéger les moyens de subsistance des PEID par des actions climatiques.  La force des Pays-Bas réside dans la connaissance et l’expérience combinées des îles des Caraïbes et de la partie européenne du Royaume qui s’engage à les partager.  Les Pays-Bas ont une longue histoire d’expertise dans la gestion de l’eau, la défense côtière, l’adaptation au climat et la réduction des risques de catastrophe.  Le pays a de solides institutions du savoir et un secteur privé dynamique dans ces domaines.  Les universités d’Aruba, de Curaçao, de Saint-Maarten et des Pays-Bas offrent une grande expertise pour développer des solutions durables.  Elles veulent donner aux générations actuelles et futures des PEID les moyens de relever les défis urgents de cette époque et diversifier leurs économies, en investissant dans les compétences des jeunes. 

Selon la Ministre, il faut également octroyer une plus grande marge de manœuvre budgétaire aux PEID grâce à une architecture financière internationale qui fonctionne vraiment pour eux.  Les Pays-Bas ont récemment alloué 2,1 milliards d’euros de droits de tirage spéciaux pour des financements concessionnels supplémentaires aux PEID.  Ils entendent aider les PEID à soumettre avec succès des demandes pour divers fonds climatiques grâce à un soutien technique.  Les préoccupations des PEID doivent déboucher sur des actions concrètes dans le domaine de la réforme de l’architecture financière internationale.

M. ABDALLAH ULEGA, Ministre de l’élevage et de la pêche de la République-Unie de Tanzanie, a appelé à renforcer le multilatéralisme par une coopération internationale inclusive, représentative et efficace.  Il est clair que les défis mondiaux sont bien trop importants pour qu’une nation puisse les relever seule, le seul espoir, a-t-il dit, étant de trouver une solution multilatérale.  Notant que les PEID sont plus vulnérables aux impacts des défis mondiaux du fait de leurs ressources limitées, de leur éloignement, de leur susceptibilité aux catastrophes naturelles et de leur vulnérabilité aux chocs extérieurs, il a expliqué que les îles Zanzibar ne font pas exception à la règle.  Ce qu’il faut, c’est simplement le soutien de la communauté internationale pour libérer et utiliser le potentiel de ces nations et ouvrir la voie à un avenir durable, a-t-il estimé.  Saluant le travail du Groupe de haut niveau sur l’élaboration d’un indice de vulnérabilité multidimensionnelle, le Ministre a estimé que si ses conclusions et recommandations sont pleinement mises en œuvre, elles marqueront une étape importante vers la construction d’un avenir plus durable pour les PEID en soutenant l’opérationnalisation de ce nouvel indice.  Le Ministre a dit attendre avec impatience la mise en œuvre effective et significative du programme d’Antigua-et-Barbuda avant d’encourager les partenaires de développement et les parties prenantes multilatérales à coopérer avec les PEID dans cette entreprise.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité adopte une résolution destinée à « renforcer la protection de celles et ceux qui protègent » les civils

9634e séance – matin
CS/15707

Le Conseil de sécurité adopte une résolution destinée à « renforcer la protection de celles et ceux qui protègent » les civils

Par 14 voix pour et une abstention, celle de la Fédération de Russie, le Conseil de sécurité a fait sienne, ce matin, une résolution qui, comme l’a résumé la Suisse -à l’origine du texte- vise à « renforcer la protection de celles et ceux qui protègent » les civils en période de conflit armé, à savoir le personnel humanitaire, le personnel de l’ONU et le personnel associé, y compris les employés recrutés sur les plans national et local. 

La résolution 2730 (2024), qui fait fond sur la résolution 2175 adoptée il y a 10 ans, demande à tous les États de respecter et protéger ces personnels, ainsi que leurs locaux et leurs biens.  Elle rappelle également aux États et aux parties à un conflit armé leurs obligations au titre des Conventions de Genève de 1949 et de leurs protocoles additionnels de 1977 et 2005. 

Par ce texte, le Conseil condamne fermement les attaques et la violence sous toutes ses formes, « y compris la violence sexuelle et fondée sur le genre, les menaces et l’intimidation », contre le personnel humanitaire et le personnel de l’ONU.  À cet égard, il condamne la désinformation, la manipulation de l’information et l’incitation à la violence contre ces personnels, avant d’engager les États Membres et les organismes de l’ONU à répondre aux campagnes de désinformation et de mésinformation, « qui sapent la confiance dans l’ONU et les organisations humanitaires » et mettent en danger leurs personnels. 

Toujours à propos des menaces, le Conseil demande à toutes les parties à un conflit armé de « mettre immédiatement et définitivement fin à toute utilisation indiscriminée de dispositifs explosifs » et souligne la nécessité d’atténuer efficacement ce danger, y compris par le déminage. 

Par ailleurs, le Conseil demande instamment aux parties à un conflit armé d’autoriser et de faciliter l’accès humanitaire total, sûr, rapide et sans entrave à tous les civils qui en ont besoin, et de favoriser « la sûreté, la sécurité et la libre circulation » du personnel humanitaire et du personnel de l’ONU.  Il demande en outre à tous les États de garantir la participation pleine, égale, sûre et véritable du personnel humanitaire féminin et de prendre en compte les questions de genre dans les crises humanitaires et les activités de reconstruction après les conflits. 

La résolution 2730 (2024) exhorte les États à mener des enquêtes exhaustives, impartiales et efficaces sur les violations du droit international humanitaire (DIH) et du droit international des droits humains commises contre le personnel humanitaire, le personnel de l’ONU et le personnel associé, et à « sévir » contre les responsables de ces violations. 

Après le vote, l’immense majorité des membres du Conseil se sont félicités du « message fort » adressé en faveur du respect du DIH.  « Cette résolution replace et réaffirme la responsabilité des États et des parties au conflit à respecter et à protéger la population civile, et plus particulièrement ces femmes et ces hommes qui s’engagent chaque jour auprès de la population affectée par les conflits armés », s’est réjouie la Suisse, rejointe par Malte, le Japon, le Mozambique, la République de Corée et le Royaume-Uni.  L’Équateur, le Guyana et la Slovénie ont insisté sur la nécessité de mettre en œuvre les Conventions de Genève, tandis que la Sierra Leone saluait la solidarité exprimée aux travailleurs humanitaires du monde entier. 

Les États-Unis ont fait observer que « la plupart des pays ne reconnaissent pas le principe de précaution du DIH », estimant d’autre part que le libellé sur les poursuites des auteurs de violations aurait pu être amélioré pour garantir la discrétion en matière de poursuite.

L’Algérie a, elle, jugé ce texte essentiel « dans le contexte d’agression militaire à Gaza », dénonçant les violations commises par la Puissante occupante à Gaza, laquelle s’est « rendue coupable de tous les crimes cités par la résolution ».  Elle a ainsi rappelé les bombardements aveugles sur la population civile, le refus « illégal » d’accès de l’aide humanitaire, les « assassinats » de 262 travailleurs humanitaires dans l’exercice de leurs fonctions et la campagne de désinformation et d’incitation à la violence contre ces derniers, et plus particulièrement contre le personnel de l’UNRWA. 

Une commission d’enquête internationale indépendante devra se pencher sur ces faits et lancer des poursuites, a-t-elle plaidé, avant de sommer Israël de cesser son offensive à Rafah, comme l’a ordonné ce matin même la Cour internationale de Justice (CIJ). 

De son côté, la Fédération de Russie a justifié son abstention en s’élevant contre les pressions exercées par certains pays occidentaux sur les passages du texte relatifs à la justice internationale.  Après avoir rappelé à son tour le tribut payé par les travailleurs humanitaires à Gaza, elle a dénoncé « l’hypocrisie » des États-Unis, qui, tout en dénonçant les violations du DIH, continuent d’envoyer des armes à Israël « dans des proportions sans précédent ».  La délégation a demandé que des enquêtes soient déligentées en cas d’attaques contre le personnel humanitaire et a appelé au respect des principes directeurs en matière d’acheminement de l’aide. 

Après avoir rappelé la terreur dans laquelle vivent les civils ukrainiens en raison du feu russe et déploré que la guerre au Soudan ne bénéficie pas d’une attention suffisante, les États-Unis ont dénoncé les violations graves du DIH commises par le Hamas en Israël et appelé à la libération immédiate des otages.  Reconnaissant qu’Israël « doit en faire bien plus sur le plan humanitaire », ils ont exhorté le Conseil à adopter une approche prévoyant des sanctions en cas de prise d’otages. 

PROTECTION DES CIVILS EN PÉRIODE DE CONFLIT ARMÉ 

Texte du projet de résolution (S/2024/400)

Le Conseil de sécurité,

Réaffirmant qu’il a la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales et qu’il se doit donc de promouvoir et d’assurer le respect des règles et des principes du droit international humanitaire, 

Rappelant les résolutions 1502 (2003) et 2175 (2014) sur la protection du personnel humanitaire ainsi que du personnel des Nations Unies et du personnel associé, ainsi que les autres résolutions et déclarations pertinentes de son président, 

Rappelant également toutes les résolutions pertinentes de l’Assemblée générale, notamment les résolutions intitulées « Sûreté et sécurité du personnel humanitaire et protection du personnel des Nations Unies » et « Renforcement de la coordination de l’aide humanitaire d’urgence fournie par les organismes des Nations Unies », y compris la résolution 46/182 sur le renforcement de la coordination de l’aide humanitaire d’urgence de l’Organisation des Nations Unies ainsi que la résolution 59/276 XI intitulée « Renforcement et uniformisation du système de gestion de la sécurité pour l’ensemble des organismes des Nations Unies », 

Rappelant les Conventions de Genève de 1949 et leurs protocoles additionnels ainsi que les obligations qui incombent aux parties à un conflit armé de respecter le droit international humanitaire en toutes circonstances, et rappelant également l’obligation qui incombe aux États parties aux Conventions de Genève de 1949 de respecter et de faire respecter les Conventions en toutes circonstances, 

Rappelant qu’en droit international, la responsabilité principale de la sécurité et de la protection du personnel humanitaire ainsi que du personnel des Nations Unies et du personnel associé, y compris le personnel recruté sur les plans national et local, incombe au gouvernement qui accueille une opération humanitaire ou une opération des Nations Unies relevant de la Charte des Nations Unies ou d’accords avec les organisations concernées, 

Sachant que cette année marque le vingt-cinquième anniversaire du moment où il a examiné pour la première fois la question de la protection des civils en période de conflit armé en tant que question thématique, constatant qu’il demeure nécessaire que lui-même et les États Membres redoublent d’efforts pour renforcer la protection des civils en période de conflit armé, et notant le rôle important joué par le personnel humanitaire ainsi que le personnel des Nations Unies et le personnel associé, y compris le personnel recruté sur les plans nations et local, dans la réalisation des activités humanitaires, 

Prenant note de la contribution de la version actualisée de l’aide-mémoire pour l’examen des questions relatives à la protection des civils en période de conflit armé[1],

Profondément préoccupé par le mépris et les violations continus du droit international humanitaire, 

Gravement préoccupé par la multiplication des attaques, des actes de violence et des menaces visant le personnel humanitaire ainsi que le personnel des Nations Unies et le personnel associé, y compris le personnel recruté sur les plans national et local, ainsi que leurs locaux et leurs biens, notamment au moyen de mines terrestres, de restes explosifs de guerre ou d’engins explosifs improvisés, et par les répercussions sur ces personnels, leurs locaux et leurs biens des hostilités et des violations résultant des hostilités ainsi que par l’effet négatif de cette violence sur les activités humanitaires, 

Notant avec une profonde préoccupation que les membres du personnel humanitaire recrutés sur les plans local et national, qui ont constitué ces dernières années la majorité des personnes ayant subi des atteintes à la sûreté et à la sécurité, sont particulièrement vulnérables aux menaces et aux actes de violence, et soulignant qu’il est nécessaire de déployer des efforts concertés et des stratégies concrètes d’atténuation des risques pour améliorer leur sûreté et leur sécurité, 

Rappelant l’obligation de toutes les parties à un conflit armé de respecter le droit international humanitaire, en particulier les obligations que leur imposent les Conventions de Genève de 1949 et les protocoles additionnels de 1977 s’y rapportant de respecter et de protéger le personnel humanitaire et que les attaques délibérées contre le personnel humanitaire ainsi que le personnel des Nations Unies et le personnel associé, y compris le personnel recruté sur les plans national et local, ainsi que leurs locaux et leurs biens, pour autant qu’ils aient droit à la protection que le droit international humanitaire garantit aux civils et aux biens de caractère civil, sont considérées comme des crimes de guerre au regard du droit international, 

Soulignant que le droit international humanitaire fait obligation à toutes les parties à un conflit armé de protéger les civils et les biens de caractère civil, qui comprennent le personnel humanitaire ainsi que le personnel des Nations Unies et le personnel associé, y compris le personnel recruté sur les plans national et local, ainsi que leurs locaux et leurs biens, pour autant qu’ils aient droit à cette protection, de répondre aux besoins élémentaires de la population qui se trouve sur leur territoire ou qui est sous leur contrôle, et de permettre et de faciliter l’acheminement rapide, sûr et sans entrave de secours humanitaires impartiaux à toutes les personnes qui en ont besoin,

Tenant compte du rôle joué par le système de gestion de la sécurité des Nations Unies et les systèmes de gestion de l’accès, de la sûreté et de la sécurité des organisations humanitaires pour que les organismes puissent rester sur place et exécuter les programmes les plus essentiels, tout en s’employant à gérer efficacement les risques auxquels est exposé le personnel, même dans les situations à haut risque, 

Réaffirmant que toutes les parties à un conflit armé doivent protéger la capacité des organisations humanitaires d’agir conformément aux principes humanitaires d’humanité, de neutralité, d’impartialité et d’indépendance afin que l’aide humanitaire soit fournie à toutes les personnes dans le besoin et d’assurer la protection et la sécurité de ces personnes et du personnel humanitaire chargé de ces activités, 

Rappelant que, conformément au droit international humanitaire, les organisations humanitaires impartiales peuvent offrir leurs services à toute partie à un conflit armé; conscient qu’il importe que les organisations humanitaires collaborent de manière continue avec toutes les parties à un conflit armé à des fins humanitaires, notamment en menant des activités visant à faire respecter le droit international humanitaire, et condamnant le fait de prendre pour cible des membres du personnel humanitaire dans l’exercice de leurs fonctions, de les tuer, de les harceler, de les intimider, d’user de représailles contre eux, de les traiter comme des criminels, de les soumettre à des poursuites, à des arrestations arbitraires ou à des détentions arbitraires, gravement préoccupé par la multiplication des cas de violence contre le personnel humanitaire ainsi que le personnel des Nations Unies et le personnel associé, y compris le personnel recruté sur les plans national et local, et leurs locaux et leurs biens, dans des conflits urbains, et soulignant qu’il importe de prévoir des activités de formation continue ainsi que le suivi et l’adaptation des mesures de gestion des risques de sécurité pour protéger les personnes qui mènent des activités humanitaires dans des environnements à haut risque, 

Notant avec une profonde gratitude le rôle essentiel du personnel humanitaire ainsi que du personnel des Nations Unies et du personnel associé, y compris le personnel recruté sur les plans national et local, pour ce qui est de mener des activités humanitaires, les félicitant d’intervenir même dans des environnements dangereux, soulignant qu’il faut préserver leur santé et leur bien-être, et rendant hommage à chacun d’entre eux, en particulier à ceux qui ont sacrifié leur vie au service de l’humanité, 

Réaffirmant combien il importe que les femmes participent pleinement, également, sûrement et véritablement aux activités humanitaires et à celles des Nations Unies et qu’il convient, au moment d’examiner la sûreté et la sécurité du personnel, des locaux et des biens, de procéder à des évaluations des questions de genre,

Constatant avec une vive inquiétude que les membres du personnel humanitaire ainsi que du personnel des Nations Unies et du personnel associé, y compris du personnel recruté sur les plans national et local, sont exposés à certaines formes de criminalité et à des actes d’intimidation et de harcèlement, notamment à la violence sexuelle et à d’autres formes de violence sexuelle et fondée sur le genre, et se disant également inquiet face au nombre considérable de cas signalés d’agressions sexuelles contre le personnel des Nations Unies, hommes comme femmes, 

Exprimant sa grande inquiétude devant la difficulté de faire traduire en justice les personnes soupçonnées de s’en prendre délibérément au personnel humanitaire ainsi qu’au personnel des Nations Unies et au personnel associé, y compris au personnel recruté sur les plans national et local, ainsi qu’à leurs locaux et à leurs biens, et commettent d’autres actes illicites contre eux, et soulignant que les États sont tenus de s’acquitter des obligations qui leur sont faites de mener des enquêtes complètes et de poursuivre quiconque est responsable de violations graves du droit international et d’autres crimes internationaux, afin de prévenir ces crimes, d’en empêcher la répétition et d’œuvrer à asseoir durablement la paix, la justice, la vérité et la réconciliation et, à cet égard, réaffirmant la nécessité de mettre fin à l’impunité en cas de violation grave du droit international humanitaire et d’autres crimes internationaux, notamment lorsqu’il s’agit d’attaques contre le personnel humanitaire ainsi que le personnel des Nations Unies et le personnel associé, 

Se déclarant préoccupé par la multiplication des activités malveillantes liées aux technologies de l’information et des communications, notamment la fuite de données et les opérations d’information qui ciblent les organisations humanitaires, perturbent leurs opérations de secours, sapent la confiance dans les organisations humanitaires et les activités des Nations Unies, et menacent la sûreté et la sécurité de leur personnel, de leurs locaux et de leurs biens et, en définitive, leur accès et leur capacité de mener à bien des activités humanitaires, 

Notant avec inquiétude la menace croissante que sont les campagnes de désinformation et la mésinformation, qui sapent la confiance dans l’Organisation des Nations Unies et les organisations humanitaires et mettent en danger le personnel humanitaire ainsi que le personnel des Nations Unies et le personnel associé, y compris le personnel recruté sur les plans national et local, 

Conscient qu’une meilleure intégration des technologies existantes et nouvelles, en particulier des technologies numériques, peut également contribuer à la sûreté et à la sécurité du personnel humanitaire ainsi que du personnel des Nations Unies et du personnel associé, y compris le personnel recruté sur les plans national et local, et de leurs locaux et de leurs biens, 

1.    Demande à tous les États de respecter et protéger le personnel humanitaire ainsi que le personnel des Nations Unies et le personnel associé, y compris le personnel recruté sur les plans national et local, conformément aux obligations que leur impose le droit international;

2.    Demande à tous les États et à toutes les parties à un conflit armé de respecter et de faire respecter les dispositions applicables du droit international humanitaire en toutes circonstances; et rappelle leurs obligations au titre des Conventions de Genève de 1949 et de leurs protocoles additionnels;

3.    Exige de toutes les parties à un conflit armé qu’elles s’acquittent des obligations que leur impose le droit international, y compris le droit international humanitaire, le cas échéant, et le droit international des droits humains; y compris de leurs obligations en matière de respect et de protection du personnel humanitaire ainsi que du personnel des Nations Unies et du personnel associé, y compris le personnel recruté sur les plans national et local, pour autant qu’ils aient droit à la protection que le droit international humanitaire garantit aux civils et aux biens de caractère civil; 

4.    Exhorte tous les États qui ne l’ont pas encore fait à envisager de ratifier les protocoles additionnels de 1977 et 2005 aux Conventions de Genève de 1949; et note que cette année marque le soixante-quinzième anniversaire des Conventions de Genève de 1949;

5.    Invite tous les États à envisager de devenir parties à la Convention sur la sécurité du personnel des Nations Unies et du personnel associé et à son protocole facultatif, et prie instamment les États parties de prendre des mesures pour permettre sa bonne application; 

6.    Condamne fermement les attaques et la violence sous toutes ses formes, y compris la violence sexuelle et fondée sur le genre, les menaces et l’intimidation, contre le personnel humanitaire ainsi que le personnel des Nations Unies et le personnel associé, y compris le personnel recruté sur les plans national et local, ainsi que leurs locaux et leurs biens, y compris les fournitures, les installations et les véhicules, en violation du droit international humanitaire; exhorte en particulier les parties à un conflit armé à respecter les principes de distinction, de proportionnalité et de précaution dans le cadre des hostilités, et à s’abstenir d’attaquer, de détruire, d’enlever ou de rendre inutilisables les biens indispensables à la survie de la population; 

7.    Demande à toutes les parties à un conflit armé de mettre immédiatement et définitivement fin à toute utilisation indiscriminée de dispositifs explosifs en violation du droit international humanitaire, et souligne qu’il faut prendre des mesures appropriées pour atténuer efficacement ce danger, y compris par le déminage et d’autres mesures énoncées dans la résolution 2365 (2017)

8.    Condamne fermement les refus illicites d’accès humanitaire et le fait de priver les civils des biens indispensables à leur survie, qui entravent l’acheminement des secours destinés à lutter contre l’insécurité alimentaire provoquée par les conflits, ce qui pourrait constituer une violation du droit international humanitaire;

9.    Demande instamment à toutes les parties à un conflit armé d’autoriser et de faciliter, dans le respect des dispositions pertinentes du droit international humanitaire, l’accès humanitaire total, sûr, rapide et sans entrave à tous les civils qui en ont besoin, et de favoriser la sûreté, la sécurité et la libre circulation du personnel humanitaire ainsi que du personnel des Nations Unies et du personnel associé, y compris le personnel recruté sur les plans national et local, ainsi que la sûreté et la sécurité de leurs locaux et de leurs biens;

10.   Demande à tous les États de garantir la participation pleine, égale, sûre et véritable du personnel humanitaire féminin ainsi que du personnel des Nations Unies et du personnel associé, y compris le personnel recruté sur les plans national et local, aux activités humanitaires, y compris aux décisions qui concernent leur sûreté et leur sécurité, sans aucune discrimination, et de prendre en compte les questions de genre dans les crises humanitaires et les activités de reconstruction après les conflits;

11.   Condamne la désinformation, la manipulation de l’information et l’incitation à la violence contre le personnel humanitaire ainsi que le personnel des Nations Unies et le personnel associé, y compris le personnel recruté sur les plans national et local, ainsi que leurs locaux et leurs biens, et se déclare préoccupé par les effets de la mésinformation sur ces personnes;

12.   Engage les États Membres et les organismes des Nations Unies à prendre les mesures requises pour faire face à la menace croissante que sont les campagnes de désinformation et la mésinformation, qui sapent la confiance dans l’Organisation des Nations Unies et les organisations humanitaires et mettent en danger le personnel humanitaire ainsi que le personnel des Nations Unies et le personnel associé, y compris le personnel recruté sur les plans national et local, et freinent les activités humanitaires;

13.   Exhorte les États à mener, sans tarder et en toute indépendance, dans leur zone de juridiction, des enquêtes exhaustives, impartiales et efficaces sur les violations des dispositions du droit international humanitaire et du droit international des droits humains commises contre le personnel humanitaire ainsi que le personnel des Nations Unies et le personnel associé, y compris le personnel recruté sur les plans national et local, ainsi que leurs locaux et leurs biens, et, le cas échéant, à sévir contre les responsables de ces violations, conformément au droit national et international, afin de renforcer les mesures de prévention, de veiller à ce que les auteurs répondent de leurs actes et de donner suite aux plaintes des victimes; exhorte également les États à poursuivre les personnes présumées responsables de violations graves du droit international humanitaire; invite instamment les États à coopérer avec les juridictions nationales, régionales et internationales, conformément à leurs obligations respectives; 

14.   Réaffirme qu’il incombe à tout le personnel humanitaire ainsi qu’au personnel des Nations Unies et au personnel associé, y compris le personnel recruté sur les plans national et local, de suivre et respecter les lois du pays dans lequel ils opèrent, conformément au droit international et à la Charte des Nations Unies, et souligne qu’il importe que les organisations humanitaires respectent les principes d’humanité, de neutralité, d’impartialité et d’indépendance dans le cadre de leurs activités humanitaires; 

15.   Se déclare résolu à prendre les mesures requises pour assurer la sûreté et la sécurité du personnel humanitaire ainsi que du personnel des Nations Unies et du personnel associé, y compris le personnel recruté sur les plans national et local, ainsi que de leurs locaux et de leurs biens, afin qu’ils puissent s’acquitter de leurs tâches et de leur mandat, y compris, notamment, les mesures prises à ce jour par le Secrétaire général pour renforcer les partenariats, et encourage la poursuite des efforts visant à renforcer, au Siège comme sur le terrain, la coordination, la coopération et l’échange d’informations entre les États, le système des Nations Unies, les organisations régionales et les organisations humanitaires, y compris les organisations non gouvernementales, pour tout ce qui a trait à la sûreté et à la sécurité de ces catégories de personnel, ainsi que de leurs locaux et de leurs biens, de façon à apporter des réponses aux questions communes de sécurité qui se posent sur le terrain, et, à cet égard, prie les États de communiquer des informations sur les attaques contre ces catégories de personnel ainsi que leurs locaux et leurs biens, de les surveiller et d’enquêter à ce sujet, et de faire connaître les défis et les bonnes pratiques dans ce domaine;

16.   Prie le Secrétaire général:

a)    de lui présenter, tenant compte des attaques signalées, qu’il s’agisse de cas d’intimidation, de détention, de harcèlement et de dommages corporels, contre le personnel humanitaire ainsi que le personnel des Nations Unies et le personnel associé, y compris le personnel recruté sur les plans national et local, ainsi que leurs locaux et leurs biens, dans un délai de six mois, des recommandations sur les mesures à prendre pour prévenir les actes visés aux paragraphes qui précèdent et y répondre, amener les auteurs à répondre de leurs actes et améliorer la protection du personnel humanitaire ainsi que du personnel des Nations Unies et du personnel associé, y compris le personnel recruté sur les plans national et local, ainsi que de leurs locaux et de leurs biens; 

b)    de lui faire un exposé sur la question, notamment les difficultés, les possibilités et les progrès accomplis en vue de renforcer encore la protection, la sûreté et la sécurité du personnel humanitaire ainsi que du personnel des Nations Unies et du personnel associé, y compris le personnel recruté sur les plans national et local, élément essentiel de la stratégie qui consiste à rester sur place et à poursuivre l’action engagée, au plus tard 12 mois après l’adoption de la présente résolution et tous les ans par la suite;

c)    de continuer d’inclure dans tous ses rapports sur la situation d’un pays donné et autres rapports pertinents qui traitent de la protection des civils des informations sur la question de la sûreté et de la sécurité du personnel humanitaire ainsi que du personnel des Nations Unies et du personnel associé, y compris le personnel recruté sur les plans national et local, et leurs locaux et biens, en indiquant de manière précise les actes de violence perpétrés contre ces personnels, les mesures prises pour empêcher qu’ils ne se reproduisent et pour en identifier les auteurs et leur demander des comptes, et de lui recommander des mesures pour empêcher que de tels incidents ne se reproduisent, garantir le principe de responsabilité et améliorer la sécurité de ces personnels; 

d)    de l’informer rapidement en cas de problèmes généralisés concernant la sûreté et la sécurité du personnel humanitaire ainsi que du personnel des Nations Unies et du personnel associé, y compris le personnel recruté sur les plans national et local, ainsi que de leurs locaux et de leurs biens, et entend prêter toute l’attention voulue aux informations communiquées par le Secrétaire général lorsque ces situations sont portées à son attention.

[1]  L’aide-mémoire initial a été adopté le 15 mars 2002 (S/PRST/2002/6).

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité préoccupé par la situation sécuritaire et politique en Afrique de l’Ouest et au Sahel

9635e séance – matin   
CS/15708

Le Conseil de sécurité préoccupé par la situation sécuritaire et politique en Afrique de l’Ouest et au Sahel

Le Conseil s’est dit vivement préoccupé, ce matin, par l’intensification des violences intercommunautaires au centre du Sahel, exprimant son inquiétude face à la montée des tensions et des conflits entre agriculteurs et éleveurs dans la région. 

En adoptant par consensus une déclaration présidentielle consacrée au Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), le Conseil se déclare également vivement préoccupé par les actes violents perpétrés par des acteurs non étatiques, y compris les individus, groupes, entreprises et entités associés à l’EIIL (Daech) et à Al-Qaida qu’il a désignés, de même que par la grave menace que la piraterie et les vols à main armée dans le golfe de Guinée font peser sur la navigation internationale et la sécurité et le développement durable des États de la région. 

Le Conseil condamne l’augmentation du nombre de victimes civiles dans la région et fait part de sa préoccupation au sujet de la situation des enfants dans certaines zones de la région, demandant à toutes les parties au conflit armé de faire cesser et de prévenir les six violations graves commises contre des enfants.

Sur le plan politique, le Conseil se déclare vivement préoccupé par les changements anticonstitutionnels de gouvernement et les tentatives de coup d’État.  Il souligne qu’il importe que, dans les pays de la région concernés, des processus de transition soient mis en place et que l’ordre constitutionnel soit rétabli dans les meilleurs délais et sous le contrôle des pays eux-mêmes.  Il souligne aussi l’importance des missions de bons offices que mène l’UNOWAS pour prévenir les tensions liées aux élections et transitions. 

Dans cette déclaration, le Conseil affirme en outre être vivement préoccupé par la dégradation de la situation humanitaire dans certaines parties de la région, et demande que soit pleinement assuré l’acheminement rapide et durable, en toute sécurité et sans entrave, de l’aide humanitaire et médicale à toutes les personnes qui en ont besoin.

Le Conseil de sécurité accueille par ailleurs avec satisfaction la désignation, le 2 mai 2023, de Leonardo Santos Simão comme Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, Chef de l’UNOWAS et Chef de la Commission mixte Cameroun-Nigéria.

CONSOLIDATION DE LA PAIX EN AFRIQUE DE L’OUEST

Déclaration du Président du Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité accueille avec satisfaction la désignation, le 2 mai 2023, de Leonardo Santos Simão comme Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, Chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS) et Chef de la Commission mixte Cameroun-Nigéria, et demande à toutes les parties prenantes de coopérer pleinement et de manière constructive avec le Représentant spécial dans l’exécution du mandat de l’UNOWAS.

Le Conseil accueille avec satisfaction les rapports du Secrétaire général sur les activités de l’UNOWAS (S/2023/1075, S/2023/490, S/2022/1019) et l’exposé le plus récent fait le 11 janvier 2024 par le Représentant spécial et exprime son plein appui à l’action qu’il mène pour s’acquitter du mandat de l’UNOWAS.  Il considère que, pour être responsable et crédible, une mission de diplomatie préventive et de bons offices exige, entre autres, une appropriation nationale, le consentement des parties au différend ou au conflit visé et le respect de la souveraineté nationale, comme l’a indiqué l’Assemblée générale dans sa résolution 70/304.

Le Conseil rappelle ses résolutions 2690 (2023), 2640 (2022), 2634 (2022), 2584 (2021), 2531 (2020), 2512 (2020), 2480 (2019), 2423 (2018), 2391 (2017), 2359 (2017), 2349 (2017) et 2320 (2016), ainsi que les déclarations antérieures de sa présidence sur la question.

Le Conseil réaffirme que le développement, la paix et les droits de l’homme sont interdépendants et se renforcent mutuellement et se félicite des avis écrits soumis par la Commission de consolidation de la paix en janvier et en juillet 2023, ainsi que de tous les avis précédents concernant l’UNOWAS, et encourage la poursuite d’une coopération étroite et efficace entre le Bureau et la Commission à l’appui d’une paix durable en Afrique de l’Ouest et au Sahel.

Questions de sécurité

Le Conseil prend note des problèmes de sécurité qui se posent en Afrique de l’Ouest et au Sahel, notamment des conflits armés, de la propagation du terrorisme et de l’extrémisme violent conduisant au terrorisme et de la criminalité transnationale organisée. Il condamne fermement les violations persistantes du droit international humanitaire, notamment les attaques contre des civils et des biens de caractère civil, comme les écoles, les hôpitaux, les représentants d’institutions locales, régionales et étatiques, le personnel humanitaire, enseignant et médical et le personnel des Nations Unies.  Il condamne énergiquement l’augmentation du nombre de victimes civiles dans la région et note qu’il convient d’amener les auteurs de toutes les violations du droit international humanitaire et de violations des droits de l’homme et d’atteintes à ces droits à répondre de leurs actes.

Le Conseil prend note du nombre croissant de réfugiés, de demandeurs d’asile et de personnes déplacées et redit que la responsabilité de la stabilisation de la situation en matière de sécurité et de la protection des civils dans cette région incombe en premier chef aux États concernés.  Cette responsabilité exige des autorités de chaque pays, y compris des autorités de transition, qu’elles mènent une action pleinement intégrée, avec l’appui de l’UNOWAS, des organisations régionales, de la société civile et de la communauté internationale.  La meilleure façon d’y parvenir est donc de progresser simultanément sur les plans de la sécurité, de la gouvernance démocratique, du développement durable, de la traduction en justice des auteurs de violations du droit international humanitaire et de violations des droits de l’homme et d’atteintes à ces droits, de l’aide et de la protection humanitaires, de la réconciliation et du respect et de la protection des droits de l’homme, le Conseil soulignant qu’il importe de prévenir les conflits en remédiant à leurs causes profondes et en bâtissant des sociétés pacifiques, justes, inclusives et résilientes.

Le Conseil se déclare vivement préoccupé par les actes violents perpétrés par des acteurs non étatiques, y compris les individus, groupes, entreprises et entités associés à l’EIIL (Daech) et à Al-Qaida qu’il a désignés, dont les activités, y compris celles commises en violation du droit international humanitaire, accentuent la difficulté d’obtenir un retour de l’autorité de l’État et de la primauté du droit et de rétablir des services sociaux de base dans des secteurs de toute la région, ainsi que de mener une action internationale, régionale et nationale afin de ramener la stabilité dans la région.  Il réaffirme qu’un dialogue inclusif occupe une place centrale aux niveaux national et local pour promouvoir une paix et une sécurité durables.  Il sait l’importance de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, notamment des examens ultérieurs, note les mesures prises par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) afin d’appliquer pleinement son plan d’action prioritaire pour 2020-2024 visant à éliminer le terrorisme dans la région et réaffirme qu’il importe de s’attaquer, dans le respect du droit international, aux conditions profondes conduisant au terrorisme, notamment en appliquant la stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel et son plan d’appui.

Le Conseil prend acte de la fermeture de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) le 31 décembre 2023 et exprime à nouveau sa vive satisfaction au personnel des Nations Unies ainsi qu’aux pays fournisseurs de contingents et de personnel de police pour le dévouement dont ils ont fait preuve pour s’acquitter du mandat de la mission dans des conditions très difficiles.  Il note que la coopération avec l’ONU doit se poursuive durant la phase de liquidation en cours, conformément aux dispositions de la résolution 2690 (2023).

Le Conseil se dit de nouveau vivement préoccupé par l’intensification des violences intercommunautaires, en particulier au centre du Sahel.  Il se dit profondément inquiet de la montée des tensions et des conflits entre agriculteurs et éleveurs dans la région.  Il se félicite de l’action et de la coopération conjointes de l’UNOWAS, du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (BRENUAC), de la CEDEAO et de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) dans le cadre de leurs mandats, à l’appui des efforts visant à promouvoir les bonnes pratiques dans le cadre du règlement des conflits entre agriculteurs et éleveurs en Afrique de l’Ouest et centrale.

Le Conseil rappelle que le détournement et le transfert illicites des armes légères et de petit calibre font peser une menace sur la paix et la sécurité dans la région, rappelle sa résolution 2616 (2021) et prie l’UNOWAS de faciliter, et ce avec la CEDEAO, les échanges concernant l’action menée aux niveaux national et régional pour prévenir et combattre le transfert illicite, l’accumulation déstabilisatrice et le détournement des armes légères et de petit calibre et de leurs munitions.

Le Conseil se déclare préoccupé par la grave menace que la piraterie et les vols à main armée dans le golfe de Guinée font peser sur la navigation internationale et la sécurité et le développement durable des États de la région.  Il se félicite de l’amélioration des conditions de sécurité dans le golfe de Guinée et encourage la poursuite des efforts faits conjointement par l’UNOWAS et le BRENUAC pour appuyer, dans le cadre de leurs mandats, une coordination constante entre les États de la région, la CEDEAO, la CEEAC et la Commission du golfe de Guinée dans leur lutte contre la piraterie et les autres formes de criminalité maritime dans le golfe de Guinée. Il se félicite également de l’adoption de la résolution 2634 (2022) sur la sécurité maritime dans le golfe de Guinée et demande l’application des recommandations figurant dans le rapport que le Secrétaire général lui a présenté en application du paragraphe 16 de ladite résolution, y compris l’accent mis sur les causes profondes, ainsi que sur l’appui et les contributions des Nations Unies, qui constituent une bonne base pour intensifier l’action régionale visant à consolider les progrès réalisés dans la lutte contre cette menace.  Il salue les efforts conjoints de la CEDEAO, de la CEEAC et de la Commission du golfe de Guinée en faveur de la sécurité et de la sûreté maritimes dans la région, par l’intermédiaire de l’architecture de Yaoundé pour la sécurité et la sûreté maritimes, et demande que de nouveaux progrès soient accomplis afin que l’architecture puisse remplir son mandat opérationnel de coopération maritime interrégionale en vue de lutter contre les problèmes de sécurité maritime et les menaces pesant sur la sûreté maritime.

Le Conseil se félicite de l’action menée par les pays de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel ainsi que par la CEDEAO et l’Union africaine pour renforcer la coopération régionale afin de prévenir et de régler les problèmes de sécurité.  Il note avec satisfaction les efforts visant à resserrer la coopération entre l’UNOWAS et les organisations sous-régionales, dont la CEDEAO, la CEEAC et le BRENUAC et d’autres parties prenantes, en vue de l’élaboration d’approches sous-régionales cohérentes pour remédier aux problèmes de sécurité dans la région.  Il salue le rôle joué dans la région par la Force multinationale mixte dans la lutte contre les individus, groupes, entreprises et entités associés à l’EIIL (Daech) et à Al-Qaida qu’il a désignés.  Il se félicite de l’intensification de l’action menée pour accroître la collaboration dans le cadre de l’Initiative d’Accra visant à prévenir et combattre la propagation de la violence dans les États côtiers.  Il demande que soit pleinement appliquée la Stratégie régionale en faveur de la stabilisation, du redressement et de la résilience des zones du bassin du lac Tchad touchées par Boko Haram et se réjouit de la décision prise par l’UNOWAS et le BRENUAC de renforcer la sensibilisation à cet égard.

Le Conseil réaffirme que les États Membres doivent veiller à ce que les mesures qu’ils prennent pour combattre le terrorisme soient conformes à toutes les obligations que leur impose le droit international, en particulier le droit international humanitaire, le droit international des réfugiés et le droit international des droits de l’homme.

Le Conseil félicite l’Union africaine pour les efforts importants qu’elle ne cesse de déployer avec ses organismes et mécanismes régionaux dans les opérations de paix, conformément à ses résolutions et décisions.

Le Conseil rappelle sa résolution 2719 (2023) sur le financement des opérations d’appui à la paix menées par l’Union africaine et autorisées par lui.

Le Conseil est particulièrement préoccupé par la situation des enfants dans certaines zones de la région, demande à toutes les parties au conflit armé de faire cesser et de prévenir les six violations graves commises contre des enfants et exhorte toutes les parties à s’acquitter des obligations que leur impose le droit international et en particulier de respecter les droits des enfants, y compris le droit de jouir du meilleur état de santé physique et mentale possible et le droit à l’éducation.  Il appuie les efforts visant à faire en sorte que les faits commis dans la région relevant des six violations graves soient constatés et signalés dans les plus brefs délais et en toute exactitude, conformément à ses résolutions 1612 (2005), 1882 (2009), 1998 (2011), 2068 (2012), 2143 (2014), 2225 (2015), 2427 (2018) et 2601 (2021).  Il rappelle combien l’éducation contribue à l’instauration de la paix et de la sécurité et se déclare préoccupé par l’augmentation constante des fermetures d’écoles dans la région qui privent un nombre inquiétant d’enfants de leur droit à l’éducation.  Il condamne à nouveau fermement les attaques et les menaces d’attaque dirigées contre les écoles, les enfants et les enseignants, comme il l’a déjà fait  dans ses résolutions 1998 (2011) et 2601 (2020), et demande à toutes les parties de garantir, de protéger, de respecter et de promouvoir le droit à l’éducation, y compris pendant un conflit armé.

Le Conseil salue l’action menée par la société civile et les chefs religieux et tribaux pour régler les conflits au Sahel.  Il souligne qu’il importe que les femmes et les jeunes participent pleinement et véritablement, sur un pied d’égalité en toute sécurité, à toutes les étapes des entreprises de prévention et de règlement des conflits et de consolidation de la paix, conformément à sa résolution 1325 (2000) et à ses résolutions ultérieures sur les femmes et la paix et la sécurité et sur les jeunes et la paix et la sécurité, et se félicite de l’action constante menée par l’UNOWAS à cet égard.

Le Conseil constate les effets néfastes des changements climatiques, des changements écologiques et des catastrophes naturelles, notamment des inondations, de la sécheresse, de la désertification et de la dégradation des terres, ainsi que leurs effets multiplicateurs sur la sécurité alimentaire et les autres facteurs humanitaires, sociaux et économiques, et sur la sécurité et la stabilité en Afrique de l’Ouest et dans la région du Sahel.  Il continue de souligner la nécessité de stratégies à long terme, établies à partir des analyses globales des risques menées par les États et les organismes des Nations Unies, afin d’appuyer la stabilisation et de renforcer la résilience, et encourage l’UNOWAS, dans la limite de ses moyens, à continuer de tenir compte de ces informations, selon que de besoin, dans ses activités.  Il prend note des efforts visant à élaborer des démarches et initiatives propres à la région aux fins de la réalisation d’analyses globales des risques, de l’adaptation aux changements climatiques, de l’atténuation de leurs effets et de la résilience en Afrique de l’Ouest et au Sahel, et encourage l’UNOWAS à continuer de plaider et d’agir, dans le cadre de son mandat et dans les limites de ses moyens, en faveur d’un renforcement de l’action et de l’assistance internationales, notamment par l’action humanitaire et l’aide au développement, la mise au point, le transfert volontaire et le déploiement de technologies selon des modalités arrêtées d’un commun accord, la mobilisation des ressources et le renforcement des capacités, y compris en matière de transition énergétique fondée sur les énergies renouvelables et d’efficacité énergétique, conformément aux engagements pris à cet égard pour renforcer la capacité d’adaptation des pays de la région et réduire leur vulnérabilité face aux changements climatiques.  Il souligne que les éléments susmentionnés intéressent tout spécialement la situation particulière de l’Afrique de l’Ouest et de la région du Sahel.  Il considère que la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et l’Accord de Paris sont les principaux cadres intergouvernementaux internationaux dans lesquels se négocie la réponse mondiale face aux changements climatiques.

Le Conseil félicite l’UNOWAS et d’autres entités compétentes des Nations Unies de l’action qu’ils mènent pour donner suite aux recommandations sur la lutte contre les violences intercommunautaires, notamment par l’intermédiaire du Mécanisme pour la stabilisation de la région du Liptako-Gourma et les efforts de stabilisation dans le bassin du lac Tchad.  Il demande que cette action soit épaulée et renforcée davantage et attend avec intérêt d’être tenu au fait, dans les prochains rapports, des avancées qui auront été réalisées.  Il se félicite également des progrès accomplis par la Commission mixte Cameroun-Nigéria et salue l’action qu’elle mène sans relâche pour parvenir à une démarcation définitive de la frontière entre les deux pays, ce qui démontre que le règlement pacifique des différends frontaliers peut renforcer la confiance et la coopération bilatérale entre pays voisins.

Questions politiques

Le Conseil salue les progrès accomplis pour préserver et faire progresser la démocratie dans plusieurs pays de la région, notamment le déroulement pacifique des élections, les entreprises de dialogue et de réconciliation et la justice transitionnelle.  Il souligne qu’un dialogue politique ouvert à tous et la recherche du consensus entre toutes les parties prenantes sur les grandes priorités nationales sont importants pour parvenir à une réconciliation durable.  Il réaffirme son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’unité et à l’intégrité territoriale de tous les États de la région et souligne la nécessité de respecter les principes de non-ingérence, de bon voisinage et de coopération régionale.  Il souligne que la bonne gouvernance et les transitions démocratiques ainsi que le respect de l’ordre constitutionnel, de l’état de droit et des droits de l’homme, y compris les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique, sont essentiels à la paix et à la stabilité à long terme en Afrique de l’Ouest et au Sahel.  Il souligne également qu’il importe d’atténuer le rétrécissement de l’espace civique et politique.

Le Conseil se déclare vivement préoccupé par les changements anticonstitutionnels de gouvernement et les tentatives de coup d’État.  Il souligne qu’il importe que, dans les pays de la région concernés, des processus de transition soient mis en place et que l’ordre constitutionnel soit rétabli dans les meilleurs délais et sous le contrôle des pays eux-mêmes.

Le Conseil prend note des résultats des sessions ordinaires et extraordinaires de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO qui se sont tenues en 2022, 2023 et 2024 respectivement.  Il note l’action menée par la CEDEAO pour garantir la stabilité politique dans la région, notamment par des activités de médiation et de facilitation, l’appui apporté aux efforts nationaux visant à prévenir la violence électorale et un meilleur dialogue avec les pays en transition politique.  Il salue la mission de bons offices menée par l’UNOWAS en vue d’appuyer la bonne gouvernance, les pratiques démocratiques, le renforcement des institutions, la réconciliation, la cohésion sociale et l’inclusion.  Il accueille favorablement la collaboration établie entre l’UNOWAS et la CEDEAO pour promouvoir les droits de l’homme, l’état de droit et l’indépendance du pouvoir judiciaire, ainsi que les priorités concernant les femmes et la paix et la sécurité.  Il encourage la poursuite des activités visant à établir et à pleinement mettre en œuvre une plateforme régionale des ministres de la justice.

Le Conseil demande également la mise en œuvre du Cadre stratégique de prévention des conflits de la CEDEAO et encourage la CEDEAO et l’Union africaine à continuer de promouvoir l’action de diplomatie préventive avec l’appui de l’UNOWAS et de la communauté internationale.

Le Conseil souligne l’importance des missions de bons offices que mène l’UNOWAS pour prévenir les conflits et, s’il y a lieu, les tensions liées aux élections et transitions, pérenniser la paix et renforcer les efforts de consolidation de la paix et la stabilité politique.

Le Conseil salue les mesures prises par les pays de la région pour promouvoir la participation pleine, égale, sûre et véritable des femmes aux processus politiques et aux  décisions et demande que ces mesures soient renforcées, notamment en vue d’accroître la participation et le nombre de femmes exerçant de hautes responsabilités publiques et, plus généralement, des fonctions électives, dans le respect des constitutions et lois de chaque pays et des engagements pris aux niveaux national, régional et mondial. Il se félicite des informations communiquées par le Secrétaire général sur cette question et engage l’UNOWAS à continuer de partager des informations tenant compte des questions de genre, conformément à son mandat.

Le Conseil est conscient de l’accroissement du nombre de jeunes et souligne qu’il faut promouvoir leur participation constructive aux efforts de consolidation de la paix, conformément à sa résolution 2250 (2015) et à ses résolutions ultérieures 2419 (2018) et 2535 (2020) sur les jeunes et la paix et la sécurité.  Il insiste sur l’importance de promouvoir la participation positive des jeunes parmi les populations, notamment au moyen de l’éducation, de l’emploi et des possibilités d’entrepreneuriat.  Il prend note à cet égard de l’appel à l’action de Mindelo adopté à Cabo Verde en juillet 2023.

Questions humanitaires

Le Conseil se déclare vivement préoccupé par la dégradation de la situation humanitaire dans certaines parties de la région, causée par des conflits armés et exacerbée par les violations du droit international humanitaire, les changements climatiques et les problèmes sociaux, économiques et de développement qui se caractérisent par une augmentation des déplacements forcés, l’extrême pauvreté, l’insécurité alimentaire, la raréfaction de l’eau,  les problèmes liés à la qualité de l’eau, les inondations, les sécheresses, la désertification et la dégradation des terres particulièrement grave dans le Sahel et le bassin du lac Tchad, les inégalités sociales et la violence, y compris la violence sexuelle et fondée sur le genre, et réaffirme la nécessité de garantir l’accès à l’éducation et aux soins de santé.  Il demande que soit pleinement assuré l’acheminement rapide et durable, en toute sécurité et sans entrave, de l’aide humanitaire et médicale à toutes les personnes qui en ont besoin, y compris l’accès rapide à des services de santé sexuelle et procréative, de santé mentale et de soutien psychosocial pour les personnes rescapées de violences sexuelles dans les situations de conflit ou d’après-conflit, sans aucune discrimination.

Le Conseil condamne toutes les formes de violence et les menaces contre le personnel humanitaire et médical et encourage les mesures prises par les États de la région pour veiller à faire traduire en justice les auteurs de ces actes, conformément aux lois nationales et aux obligations que leur impose le droit international.  Il demande en outre une importante action coordonnée sur les plans humanitaire et du développement, la mobilisation des ressources nécessaires au financement des plans de réponse humanitaire et le décaissement des fonds déjà promis.

Le Conseil réaffirme qu’il importe d’accélérer l’application de la stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel et de son plan d’appui et se félicite de l’élaboration d’un chapitre commun visant à faire en sorte que les pays s’approprient davantage la stratégie.  Il se félicite également de la collaboration engagée entre l’UNOWAS et le Bureau du Coordonnateur spécial pour le développement au Sahel, ainsi que les équipes de pays des Nations Unies dans la région, pour appuyer le renforcement de l’action menée par le système des Nations Unies en matière de développement. 

Le Conseil prie le Secrétaire général de continuer de lui rendre compte de l’action menée par l’Organisation des Nations Unies pour ce qui est des domaines mentionnés dans la présente déclaration et du mandat de l’UNOWAS, notamment de la situation générale sur les plans politique, humanitaire et de la sécurité dans la région.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité de l’information achève ses travaux par l’adoption par consensus de sa résolution phare sur les activités de l’ONU en matière de communication globale

Quarante-sixième session,
5e séance – matin
PI/2319

Le Comité de l’information achève ses travaux par l’adoption par consensus de sa résolution phare sur les activités de l’ONU en matière de communication globale

Le Comité de l’information a, ce matin, clôturé les travaux de sa quarante-sixième session en adoptant par consensus ses deux projets de résolution annuels, dont son texte phare sur les politiques et activités de l’ONU en matière de communication globale, dans lequel l’intelligence artificielle est désormais clairement mentionnée avec les risques et opportunités qu’elle présente.

Cette adoption a été saluée par le Président de cette session, M. Muhammad Usman Iqbal Jadoon (Pakistan), qui y a vu le signe du multilatéralisme au travail, ainsi que la consécration de la diplomatie, meilleur moyen pour les délégations de surmonter leurs divergences en vue de relever leurs défis communs, tout en fournissant des orientations au Département de la communication globale (DCG). Renchérissant, l’Ouganda, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et la Chine, y a vu la preuve que les États Membres peuvent être capables de mettre de côté les éléments clivants, même dans les configurations les plus complexes.

Pour la Secrétaire générale adjointe à la communication globale, Mme Melissa Fleming, l’adoption par consensus des résolutions du Comité à un moment de tensions et de divisions mondiales alarmantes adresse un signal important: elle démontre la valeur du dialogue, de la diplomatie et du multilatéralisme, qui constituent le socle de la Charte des Nations Unies.  Elle démontre aussi la reconnaissance commune de disposer d’une communication vigoureuse et dynamique au sein de l’ONU: « Nous écoutons, prenons des notes et, sur cette base, nous nous efforçons de mettre en œuvre les communications à l’ONU telles qu’elles sont envisagées par le Comité. » 

Citant la philosophe Hannah Arendt, Mme Fleming a déclaré que « la liberté d’opinion est une farce si l’information sur les faits n’est pas garantie et si ce ne sont pas les faits eux-mêmes qui font l’objet du débat ».  Elle est revenue sur le débat général du Comité, au cours duquel il avait été souligné que la lutte contre la désinformation, la mésinformation et les discours de haine sont au cœur des préoccupations des délégations, avant d’annoncer la publication, dans les prochaines semaines, des principes mondiaux des Nations Unies pour l’intégrité de l’information, qui offriront une vision constructive d’un écosystème de l’information digne de confiance.  Et dans les prochains mois, a ajouté la Secrétaire générale adjointe, le DCG intensifiera aussi sa communication autour du Sommet de l’avenir et l’urgence croissante de solutions multilatérales.

Le texte consacré aux politiques et activités de l’ONU a reconnu cette année pour la première fois les risques et opportunités considérables que l’intelligence artificielle présente pour le Département, comme l’a relevé l’Union européenne.  Aux termes de cette résolution, le Comité charge par ailleurs le Secrétaire général d’évaluer les meilleures pratiques et les défis en matière de lutte contre la désinformation, la mésinformation et la manipulation de l’information.

En outre, il salue le travail important et complet qui est actuellement entrepris pour rédiger les principes directeurs de l’ONU pour l’intégrité de l’information et renforce les appels à défendre le multilinguisme, en tant que principe central de l’Organisation, « notamment en temps de crise ».

Le texte consacré à l’information au service de l’humanité demande pour sa part que tous les pays et organismes des Nations Unies coopèrent afin d’atténuer les disparités dans la façon dont l’information circule à tous les niveaux.  Il appelle également à ce que les journalistes puissent travailler librement et efficacement. 

Toutefois, l’Union européenne a appelé à tirer des leçons des négociations de cette session.  Appelant à réfléchir au lien complexe qui existe entre la recherche d’un consensus et l’absence de politisation dans le travail du Comité, la délégation s’est dite préoccupée par la remise en question du principe « de notre entente commune ».  Aussi a-t-elle encouragé une plus grande reconnaissance du mandat clef du groupe de travail à composition non limitée du Comité, demandant au Secrétariat et au Bureau du Comité d’évaluer ses méthodes de travail et les moyens de fournir les meilleurs conseils au DCG.

L’UE s’est en outre inquiétée de voir la résolution phare s’étoffer toujours plus au risque de diluer les orientations fournies par le Comité.  En tant que Comité, nous devrions chercher des moyens d’améliorer la résolution, qui est parfois redondante et trop longue, a souhaité la délégation. 

De son côté, le Royaume-Uni a salué le fait que la résolution reconnaisse également le rôle essentiel joué par les journalistes dans la diffusion d’informations fiables à l’échelle mondiale.  Il est juste que ce texte exprime sa préoccupation face aux attaques que subissent les journalistes, mais aussi leurs interprètes, chauffeurs et agents de sécurité, a estimé son représentant.  Il a appelé les États Membres à continuer à faire en sorte qu’ils puissent exercer leur métier en toute sécurité et en toute indépendance.

Les États-Unis, qui ont partagé le point de vue britannique, ont réitéré leur soutien indéfectible aux médias libres et indépendants dans le monde entier. Ils ont évoqué les cas de deux citoyens américains « remarquables », Evan Gershkovich et Alsu Kurmasheva, toujours détenus par les autorités russes pour avoir produit un journalisme intègre, avant de faire valoir le fait que « le journalisme n’est pas un crime ».

Par ailleurs, si nous condamnons systématiquement les discours de haine aux plus hauts niveaux de notre gouvernement, nous reconnaissons également que la suppression de l’expression de ces idées ne les fait pas disparaître, a poursuivi la délégation américaine.  De fait, l’action gouvernementale visant à interdire les discours intolérants ou offensants peut être contre-productive, en rehaussant la visibilité du discours offensant et en forçant les idéologies haineuses à s’envenimer dangereusement.  « Interdire les discours offensants n’est pas utile pour une démocratie dynamique, pour respecter la dignité humaine ou pour créer un espace propice au changement et au progrès », ont insisté les États-Unis. Nous protégeons vigoureusement la liberté d’expression parce que le coût de la suppression des droits individuels est bien plus élevé que le coût de la tolérance des propos haineux, a encore précisé la délégation.

Quant à Israël, la délégation a rappelé l’importance de lutter contre la désinformation, notamment celle qu’elle a prêtée aux terroristes qui ont perpétré les attaques du 7 octobre, date à laquelle se sont multipliés la rhétorique et les actes antisémites, contre lesquels il faut lutter, « pas seulement par des paroles, mais aussi par des actes ».  Pour la délégation israélienne, les plateformes numériques sont devenues un terrain de bataille « entre vérité et mensonge ».

Le rapport du Comité de l’information a été adopté, chapitre par chapitre puis dans son intégralité, en vue de son renvoi à l’Assemblée générale pour qu’elle l’entérine lors de sa soixante-dix-neuvième session.  Il a été présenté par la Rapporteuse du Comité, Mme Baños Müller (El Salvador).

 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale proclame la Journée internationale de réflexion et de commémoration du génocide commis à Srebrenica en 1995

Soixante-dix-huitième session
82e séance – matin
AG/12601

L’Assemblée générale proclame la Journée internationale de réflexion et de commémoration du génocide commis à Srebrenica en 1995

De nombreuses réserves ont marqué, ce matin, la décision de l’Assemblée générale de proclamer le 11 juillet « Journée internationale de réflexion et de commémoration du génocide commis à Srebrenica en 1995 », suite à l’adoption par 84 voix pour, soit moins de la moitié des États Membres, 19 voix contre et 68 abstentions, d’une résolution présentée par l’Allemagne.

Au préalable, le Président de la Serbie, M. Aleksandar Vučić, avait pourtant appelé à voter contre, avertissant que ce texte « politisé » rouvrirait de vieilles blessures et ne contribuait pas à la réconciliation dans la région. 

Aux termes de ce texte, l’Assemblée condamne sans réserve toute négation de l’historicité du génocide commis à Srebrenica, au cours duquel au moins 8 372 personnes ont péri, ainsi que les actes qui glorifient ses responsables.  Elle prie également le Secrétaire général de mettre en place un programme d’activités de sensibilisation intitulé « Le génocide de Srebrenica et l’Organisation des Nations Unies », en commençant par les préparatifs du trentième anniversaire en 2025.  Le Secrétariat a précisé que cette célébration annuelle devrait conduire à des dépenses comprises entre 350 000 et 600 000 dollars par an à partir de 2025.

En présentant le texte, l’Allemagne a rappelé que le génocide des Tutsis au Rwanda fait l’objet d’une journée de commémoration et qu’il est donc logique d’en faire de même pour le génocide de Srebrenica.  La délégation a précisé en outre que le texte ne cible personne et encore moins les Serbes.  C’est d’ailleurs pourquoi le préambule précise « qu’en droit international, la responsabilité pénale pour crime de génocide est individuelle et ne peut être attribuée à aucun groupe ethnique, religieux ou autre, ni à aucune communauté dans son ensemble ».

« Pourquoi adopter ce texte alors que l’on évoque la responsabilité pénale individuelle et que des décisions de justice ont déjà tranché sur les auteurs? » a rétorqué le Président de la Serbie qui a dénoncé la présentation d’un projet hautement politisé et dont la préparation a été marquée, selon lui, par l’absence de transparence. 

Affirmant avoir tendu la main de la réconciliation et s’être rendu lui-même à Srebrenica pour y déposer une gerbe de fleurs et avoir été « presque lynché » ensuite, M. Aleksandar Vučić a averti que ce texte ouvrira une véritable boîte de Pandore.  Comment expliquer que tuer 8 000 personnes est plus grave que tuer des dizaines de milliers de Serbes lors de la Deuxième Guerre mondiale?  À quand une résolution commémorant le génocide des Serbes durant la Première Guerre mondiale?  L’objectif de cette résolution, a-t-il accusé, ne vise ni la réconciliation, ni la commémoration, mais cherche à fomenter l’instabilité politique dans notre région.

Avant le vote, d’autres délégations ont elles aussi exprimé leurs réserves, à l’instar de la Chine qui a relevé que ce texte a suscité une forte polémique dans les pays de la région concernée.  Les victimes de Srebrenica méritent un hommage consensuel, a estimé le Venezuela, appuyé par l’Azerbaïdjan et le Nicaragua qui a relevé que le texte ne tient pas compte du rôle de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) en Yougoslavie il y a 25 ans.  La délégation nicaraguayenne a par ailleurs relevé que les pays soutenant ce texte sont les mêmes qui financent et arment les auteurs du génocide en cours contre « nos frères palestiniens » et que l’Occident a commis l’un des plus grands génocides avec la colonisation des Amériques.  Il semblerait que désormais, le génocide n’est reconnu que si certains le disent, a ironisé la Namibie qui a annoncé son abstention en faisant le parallèle avec la situation actuelle à Gaza et ce qui s’est passé en Namibie entre 1904 et 1908.  Cuba s’est opposée pour sa part à un texte qui mentionne, entre autres, la responsabilité de protéger, concept utilisé pour saper la souveraineté des peuples. 

L’Égypte a regretté les conditions de préparation du texte, les jugeant peu propices à la réconciliation, suivie des Émirats arabes unis, qui ont déploré la politisation des négociations, et de l’Angola, qui s’est inquiété des risques d’exacerbation de la situation dans les Balkans.  « La reconnaissance du génocide doit se faire sur la base de critères objectifs, en évitant toute sélectivité, toute politisation et toute politique du deux poids, deux mesures, car on ne peut reconnaître le génocide des uns et renier celui des autres, a souligné la République démocratique du Congo, qui a signalé qu’un véritable génocide est en train de se dérouler dans l’est de son territoire avec plus de 11 millions de morts et 7,2 millions de déplacés en 30 ans. 

L’adoption de cette résolution est une « victoire à la Pyrrhus » pour ses initiateurs, a réagi, après le vote, la Fédération de Russie.  Les délégations conduites par l’Allemagne, sous couvert de la consécration d’une journée commémorative, ont fait adopter une déclaration politique dont le but est de diaboliser l’un des peuples de l’ancienne Yougoslavie, sapant ainsi les accords de Dayton dont le texte ne fait d’ailleurs aucune mention, a-t-elle fustigé.  La délégation russe a également accusé les auteurs du texte de pousser la Bosnie-Herzégovine vers la confrontation, notant que la préparation d’un tel projet aurait dû bénéficier de l’assentiment de tous les membres du Présidium de ce pays, pointant notamment le « zèle » dont aurait fait preuve le Représentant permanent bosnien.  Également opposée au texte, la Syrie a dénoncé une résolution biaisée qui occulte aussi « les crimes de la soi-disant coalition internationale en Syrie tuant des milliers de civils syriens. »

Parmi les abstentionnistes, le Panama a indiqué qu’il aurait souhaité que toutes les parties concernées s’engagent sur la voie du dialogue, un appel relayé par le Nigéria et par Saint-Vincent-et-les Grenadines qui a appelé à renforcer le processus de réconciliation et à ne point attiser les divisions dans les Balkans. Une telle résolution appelle à un consensus entre les parties concernées, a estimé le Guatemala. Un avis partagé par l’Argentine, la Hongrie et le Ghana.  Le projet ne contribue pas à la paix, la stabilité et l’unité des peuples de Bosnie-Herzégovine, s’est inquiété le Viet Nam.  Le Mexique a lui aussi regretté que le texte n’ait pas été adopté par consensus et accompagné de négociations inclusives, tout comme la Slovaquie qui a exprimé ses préoccupations au sujet de la remise en question de l’adhésion de la Bosnie-Herzégovine à l’Union européenne. La Thaïlande et le Brésil se sont également abstenus, de même que l’Arménie qui a appelé à sanctionner les auteurs de génocide qui n’ont jamais été punis.  Le Pérou a plaidé pour le respect des accords de Dayton, seule voie, a souligné l’Algérie, pour la réconciliation entre les parties. 

Parmi les délégations ayant voté pourle Monténégro a rappelé que les responsabilités pénales sont individuelles, d’où son insistance à ajouter dans le préambule une précision selon laquelle le texte ne cible pas des groupes ethniques ou nationaux particuliers.  Le Pakistan et Singapour ont justifié leur vote favorable par la décision rendue par la Cour internationale de Justice (CIJ), tandis que l’Arabie saoudite a invité à prendre en compte les dimensions humanitaires de la résolution, appelant dans la foulée à mettre un terme au génocide en cours à Gaza.

« Ne ternissons pas la mémoire de Srebrenica par notre manque d’action à Gaza », a lancé l’Indonésie, en exhortant à rejeter ce « deux poids, deux mesures ».  Un appel relayé par l’Iran qui a dit avoir voté pour le projet afin de témoigner son respect aux victimes iraniennes du génocide de Srebrenica, entre autres. Il faut traiter toutes les situations de génocide sans politisation, a souligné la Tunisie en appelant le Conseil de sécurité à prendre ses responsabilités s’agissant de Gaza.  La Sierra Leone, Oman et la République-Unie de Tanzanie ont également expliqué leur vote favorable, de même que la Grèce qui a souligné que l’avenir de la Bosnie-Herzégovine est dans l’Union européenne.

Exerçant ensuite son droit de réponse, le Président de la Serbie, drapé de ses couleurs nationales, a constaté que le projet de résolution a conduit à la division au sein même de l’ONU.  Il aurait fallu de la transparence et un processus inclusif, a-t-il argué.  S’agissant de la responsabilité pénale, il a fait observer que tous les inculpés de Srebrenica ont déjà été condamnés à des peines de prison.  Quel est donc l’objectif de cette résolution sinon d’imputer la responsabilité politique et morale du génocide de Srebrenica aux populations de la Republika Srpska? a-t-il lancé.  Loin d’être une victoire pour les auteurs de ce projet, ce texte est un échec pour ceux qui ont voulu marquer au fer rouge le peuple serbe. 

Le Rwanda est ensuite intervenu pour dénoncer les « abominations » prononcées à son encontre par la République démocratique du Congo qu’il a accusée de négationnisme.  En 1994, le Rwanda a vu un million de Tutsis tués au cours d’un génocide.  Et les « Tutsis congolais s’exprimant en rwandais » sont eux aussi victimes de génocide dans l’est de la RDC, a fait observer la délégation qui a appelé la communauté internationale à condamner les auteurs de ce génocide.

En début de séance, l’Assemblée générale a observé une minute de silence en mémoire du Président de la République islamique d’Iran, Seyyed Ebrahim Raisi, décédé le 19 mai 2024.

Elle a par ailleurs pris note du fait que l’Équateur a effectué les paiements nécessaires pour réduire ses arriérés en dessous du montant spécifié à l’Article 19 de la Charte des Nations Unies.  De ce fait, le pays retrouve son droit de vote à l’Assemblée générale. 

La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité débat des moyens de « libérer la puissance de paix » de l’Afrique en lui ouvrant les portes de la gouvernance mondiale

9633e séance – matin & après-midi     
CS/15706

Le Conseil de sécurité débat des moyens de « libérer la puissance de paix » de l’Afrique en lui ouvrant les portes de la gouvernance mondiale

À l’initiative du Mozambique, qui préside ses travaux ce mois-ci, le Conseil de sécurité a organisé aujourd’hui un débat public sur le renforcement du rôle des États africains face aux problèmes de sécurité et de développement dans le monde, au cours duquel une cinquantaine d’orateurs ont pris la parole.  « Libérer la puissance de paix » de l’Afrique, a résumé le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, en expliquant que cela passe à la fois par la résolution des crises qu’elle traverse dans le respect de l’appropriation nationale, mais aussi par l’élargissement de la participation et du leadership africains dans toute l’architecture de paix et de sécurité mondiale.

Dans la déclaration présidentielle adoptée lors de cette séance, le Conseil, qui reconnaît les liens insécables entre développement, paix et sécurité, juge nécessaire d’adopter une approche globale et intégrée de la pérennisation de la paix en Afrique, pour lui permettre de jouer pleinement son rôle sur la scène internationale.  Une partition que le continent ne pourra tenir qu’à condition que la communauté internationale, précise la déclaration, honore les engagements qu’elle a pris en ce qui concerne le financement du développement et œuvre au renforcement des capacités des États africains. 

En effet, leurs voix ne pourront se faire entendre que s’ils ont la possibilité de participer aux structures de gouvernance mondiale sur un pied d’égalité avec le reste du monde, ce qui implique notamment de remédier à l’absence de représentation permanente de l’Afrique au sein du Conseil de sécurité, a fait observer le Secrétaire général, suivi sur ce point par la plupart des membres du Conseil.  « Et cela implique aussi de réformer l’architecture financière mondiale, en particulier la gestion de la dette, afin que les pays africains puissent gravir les échelons du développement », a préconisé le Chef de l’Organisation, pour qui le Sommet de l’avenir en septembre sera l’occasion de faire avancer tous ces enjeux.

M. Bankole Adeoye, le Commissaire aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité de l’Union africaine (UA), a plaidé en ce sens, prônant un Conseil de sécurité « rénové, élargi, démocratique, inclusif, légitime, équitable et pro-africain », alors que les structures de gouvernance mondiale, créées après la Seconde Guerre mondiale, « laissent apparaître des signes de tension et de division », comme l’indique la note de cadrage partagée par la présidence mozambicaine.  Après s’être félicité de la décision historique prise en 2023 d’inclure l’Union africaine au sein du G20, le haut fonctionnaire a souligné la nécessité d’un financement flexible, prévisible et durable des opérations de paix continentales et régionales, par le biais du budget ordinaire de l’ONU.

Citée par la déclaration présidentielle, la résolution 1719 (2023), adoptée par le Conseil en décembre dernier, a été considérée comme un pas dans la bonne direction.  Ce texte, rédigé par le groupe A3, soit les trois membres africains du Conseil, avait été entériné après l’adoption d’un amendement américain, qui prévoit qu’au titre du partage des responsabilités, la contribution de l’ONU à ces opérations ne pourra excéder 75% de leur budget annuel.  La déclaration présidentielle d’aujourd’hui demande au Secrétaire général et au Président de la Commission de l’Union africaine d’accélérer « l’établissement des documents de planification commune régissant en détail la façon dont cette résolution s’appliquera aux opérations de soutien à la paix conduites par l’UA ». L’Algérie, la Fédération de Russie, la Slovénie ou encore l’Équateur ont souhaité la pleine mise en œuvre de cette résolution, comme du reste le Président de la Commission de consolidation de la paix (CCP), M. Sérgio França Danese (Brésil).

Resituant les enjeux du débat, le Mozambique a souligné l’importance de la représentation de l’Afrique au sein des enceintes multilatérales, « la visibilité devant être un moyen de parvenir à une fin et non pas un but en soi ».  Ce à quoi l’Afrique aspire, c’est d’être en mesure d’exercer une influence et de fixer l’ordre du jour de manière à refléter ses propres perspectives, a souligné cette délégation.  Raison de plus pour que soit réparée « l’injustice historique » (une expression revenue dans plusieurs déclarations) faite au continent africain au Conseil de sécurité.  « La légitimité représentationnelle est une condition nécessaire à une bonne performance institutionnelle », a résumé le représentant, en apportant son soutien à la position africaine sur le sujet, définie par le consensus d’Ezulwini et la Déclaration de Syrte.

Même son de cloche du côté du Japon, du Royaume-Uni, de la Russie et de la France, cette dernière se disant favorable à un Conseil élargi dans ses deux catégories de membres, autour de 25, avec une présence renforcée de l’Afrique, y compris parmi les permanents.  Une dynamique qui devrait s’étendre pour la délégation française aux enceintes de gouvernance économique.  « C’est dans cet esprit que nous avons organisé en juin dernier le Sommet pour un nouveau pacte financier mondial, au terme duquel a été adopté le Pacte de Paris pour les peuples et la planète, aujourd’hui soutenu par 54 États », pour qu’aucun n’ait à choisir entre la lutte contre la pauvreté et la lutte pour la planète, a expliqué le représentant français. 

Pour les États-Unis, qui ont fait valoir leurs programmes bilatéraux d’aide avec des pays comme le Botswana, le Ghana et la Zambie, ce sont la mauvaise gouvernance, la corruption et les atteintes aux droits fondamentaux qui permettent aux terroristes et à d’autres acteurs de prospérer et d’affaiblir la confiance dans les institutions, une inquiétude également exprimée par Malte.  Aussi la Sierra Leone a-t-elle appelé à un Conseil de sécurité « élargi » qui soutienne les efforts de l’UA pour s’attaquer aux causes sous-jacentes des « changements anticonstitutionnels de gouvernement ».

Le Conseil doit être un partenaire clef dans la poursuite de ces objectifs, a confirmé le Guyana tout en lui rappelant le principe des « solutions africaines aux problèmes africains ». Dénonçant à ce propos les ingérences d’acteurs extérieurs, la délégation guyanaise a demandé au Conseil d’adopter une position ferme contre ce phénomène « qui en soi peut être considéré comme une nouvelle forme de colonialisme ».  La Chine a abondé en conseillant à la communauté internationale d’accepter le rôle de fer de lance que jouent les pays africains sur leur continent, et ce, sans ingérence des anciennes puissances coloniales, ni sanctions ni pressions.

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Renforcer le rôle des États d’Afrique face aux problèmes de sécurité et de développement dans le monde(S/2024/327/Rev.1)

Déclaration du Président du Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité rappelle qu’en vertu de la Charte il a la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales et redit que la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales sur les questions concernant le maintien de la paix et de la sécurité internationales, menée conformément aux dispositions du Chapitre VIII de la Charte, peut améliorer la sécurité collective.

Le Conseil salue la contribution apportée par les États d’Afrique, l’Union africaine et les organisations sous-régionales à la recherche de solutions aux problèmes complexes qui se posent en Afrique et ailleurs dans le domaine de la sécurité, conformément à la Charte des Nations Unies, à l’Acte constitutif de l’Union africaine et aux textes constitutifs des organisations régionales et sous-régionales.

Le Conseil salue les efforts déployés et les progrès accomplis dans la prévention et le règlement des conflits sur le continent, ainsi que dans la prévention et la répression du terrorisme et de l’extrémisme violent conduisant au terrorisme, conformément au droit international.

Le Conseil se félicite que la Commission de consolidation de la paix soit disposée à mettre son expertise au service de la préparation des transitions post-conflits et de l’élaboration de solutions durables de façon à aider les pays d’Afrique.  Il souligne également qu’il importe de mettre l’accent sur les dispositifs d’alerte rapide, de renforcer le rôle des femmes dans la paix et la sécurité, de promouvoir la bonne gouvernance et de s’attaquer aux causes profondes comme la pauvreté et les inégalités.

Le Conseil est conscient du rôle crucial que les jeunes peuvent jouer dans l’édification d’un avenir meilleur pour le continent et encourage toutes les parties prenantes à agir en faveur de leur inclusion et de leur autonomisation. Il note qu’en investissant dans l’éducation, le développement des compétences, le développement socioéconomique, l’emploi, l’innovation technologique et les initiatives émanant de jeunes, l’on peut donner à la génération présente les moyens de participer activement aux efforts de consolidation de la paix et de contribuer utilement à une Afrique plus sûre et plus prospère.

Le Conseil soutient les progrès en faveur du renforcement du rôle et de la représentation des États d’Afrique dans les mécanismes mondiaux de gouvernance et de décision.

Le Conseil redit son appui aux objectifs énoncés dans l’Agenda 2063 de l’Union africaine et souhaite que des partenariats mondiaux soient noués pour en accélérer la mise en œuvre et celle du Programme des Nations Unies pour le développement durable à l’horizon 2030, ainsi que celle de l’initiative phare de l’Union africaine intitulée « Faire taire les armes en Afrique » et de la Zone de libre-échange continentale africaine.

Le Conseil redit que le développement, la paix et la sécurité sont liés et se renforcent mutuellement et souligne le lien qui existe entre la réalisation des objectifs de développement durable et la mise en œuvre de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, considérant qu’il est nécessaire d’adopter une approche globale et intégrée de la pérennisation de la paix. 

Le Conseil souligne qu’il est indispensable de soutenir le développement socioéconomique pour pérenniser la paix en Afrique, grâce au développement économique, ce qui passe notamment par le développement des infrastructures transnationales et transrégionales, l’industrialisation, l’élimination de la pauvreté, la création d’emplois, la modernisation de l’agriculture et la promotion de l’esprit d’entreprise, et souligne qu’il faut continuer d’aider les pays d’Afrique en tenant compte de leurs priorités et besoins.  À cet égard, il souligne également l’importance de l’état de droit à l’appui du développement socioéconomique.  Il note que la Politique de l’Union Africaine pour la reconstruction et le développement post-conflit met en relief la nécessité de renforcer les institutions à tous les niveaux afin d’améliorer la gouvernance économique, notamment par l’assainissement des institutions chargées de la gestion fiscale et financière, qui collecteront ainsi plus efficacement les recettes, la mise en place de mécanismes de suivi et d’évaluation et la création de structures de lutte contre la corruption pour garantir le respect du principe de responsabilité et la transparence.

Le Conseil redit l’importance que revêtent la participation pleine, égale, sûre et véritable des femmes et l’inclusion des jeunes dans la prévention et le règlement des conflits et la consolidation de la paix.

Le Conseil se félicite de la célébration du vingtième anniversaire du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et salue la contribution qu’apporte celui-ci au maintien de la paix et de la sécurité internationales sur le continent et à l’instauration d’une gouvernance mondiale efficace grâce à la mise en œuvre de l’Architecture africaine de paix et de sécurité et de l’Architecture africaine de gouvernance, fondée sur le principe que les activités dans les domaines du politique, de la sécurité, du développement, de l’action humanitaire, des droits de l’homme et de l’état de droit sont imbriquées. 

Le Conseil réitère son appui au rôle que jouent l’Union africaine et les organisations sous-régionales dans la promotion de la paix et de la sécurité sur le continent et redit qu’il est prêt à envisager d’apporter, au cas par cas, un appui approprié, y compris aux opérations de soutien à la paix conduites par l’Union africaine dans le cadre de l’application de la résolution 2719 (2023).

Le Conseil se déclare prêt à renforcer sa coopération avec l’Union africaine, en particulier avec son Conseil de paix et de sécurité, et demande au Secrétaire général et au Président de la Commission de l’Union africaine d’accélérer l’établissement des documents de planification commune régissant en détail la façon dont la résolution 2719 (2023) s’appliquera aux opérations de soutien à la paix conduites par l’Union africaine, afin qu’ils soient examinés par les organes compétents de l’Union africaine et de l’Organisation des Nations Unies.

Le Conseil rappelle qu’il a prié le Secrétaire général de lui présenter chaque année, comme prévu dans la résolution 2719 (2023), un rapport rendant compte des progrès en cours et recommande que ce rapport lui soit remis avant la réunion consultative annuelle conjointe, parallèlement aux autres rapports devant être présentés conformément à cette résolution-cadre.

Le Conseil demande à la communauté internationale d’honorer les engagements qu’elle a pris en ce qui concerne le financement du développement et d’œuvrer au renforcement des capacités des États d’Afrique afin que ces derniers puissent saisir les occasions qui leur sont offertes de collaborer activement avec le reste du monde et que les Africains s’approprient les activités internationales menées en faveur de la paix, de la sécurité et du développement.

Déclarations

Le Secrétaire général de l’ONU, M. ANTÓNIO GUTERRES, a commencé par rappeler que la voix de l’Afrique a un poids important dans la défense du bien commun et qu’elle foisonne d’exemples d’unité et de solidarité dans un monde fracturé. Elle se traduit dans l’action menée pour bâtir collectivement, à l’échelle du continent, une économie moderne, diversifiée, innovante et puissante, en faveur de tous les Africains et de toutes les Africaines, comme en témoignent l’Agenda 2063 de l’Union africaine et la Zone de libre-échange continentale africaine.  Pour que ces efforts portent leurs fruits, il faut toutefois que la paix règne en Afrique et ailleurs, a relevé M. Guterres.  Outre les morts, la famine, les maladies et les déplacements de population provoqués par les conflits, de nombreux pays d’Afrique pâtissant encore des conséquences de la pandémie, notamment d’une hausse des taux d’endettement, ce qui limite leur capacité à lutter contre la pauvreté et la faim, a-t-il encore pointé.  Parallèlement, les effets des changements climatiques s’intensifient, et dans certains pays, nous observons de graves violations des droits humains et atteintes à ces droits, une épidémie de violences sexuelles et fondées sur le genre, un mépris du droit international et, de manière générale, un climat d’impunité, s’est désolé le Secrétaire général. 

Pour lui, le moment est donc venu de « libérer la puissance de paix » de l’Afrique.  « Notre partenariat avec le continent repose sur l’idée claire que notre collaboration avec l’Union africaine doit adhérer au principe suivant: ce sont les Africains eux-mêmes qui doivent piloter les solutions aux problèmes rencontrés en Afrique. »  C’est ce que fait l’ONU, a assuré le Secrétaire général, notamment en appuyant pleinement la recherche de la paix par l’initiative phare de l’Union africaine (UA) « Faire taire les armes ».  Il a ensuite recommandé d’intégrer la participation et le leadership de l’Afrique dans toute l’architecture de paix et de sécurité mondiale.  En effet, la voix de l’Afrique ne peut se faire entendre que si les pays africains ont la possibilité de participer aux structures de gouvernance mondiale sur un pied d’égalité, ce qui implique de remédier à l’absence de représentation permanente de l’Afrique au sein du Conseil de sécurité.  « Et cela implique de réformer l’architecture financière mondiale, en particulier la gestion de la dette, afin que les pays africains bénéficient du soutien dont ils ont besoin pour gravir les échelons du développement », a préconisé le Secrétaire général, pour qui le Sommet de l’avenir en septembre sera l’occasion de faire avancer tous ces enjeux.  La paix dépend donc du leadership africain, a-t-il ajouté.

M. BANKOLE ADEOYE, Commissaire aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité de l’Union africaine, a fait remarquer que les institutions africaines sont aujourd’hui mises au défi par les changements climatiques ainsi que par les conséquences de la pandémie qui se font encore sentir.  Il a demandé une reconfiguration de l’architecture internationale de sécurité avec un Conseil de sécurité rénové, élargi, démocratique, inclusif, légitime, équitable et pro-africain.  Le Commissaire a également réclamé une représentation juste de l’Afrique au sein du G20.  À ce titre, il a salué la décision historique prise en 2023 afin d’inclure l’Union africaine au sein du G20.  Il a ensuite souligné la nécessité d’un financement flexible, prévisible et durable des opérations de paix continentales et régionales.  Il a demandé un accès inconditionnel et sans entrave aux contributions onusiennes pour les activités de paix en Afrique.  « La résolution 2719 (2023) constitue un pas dans la bonne direction », a-t-il dit, en demandant sa bonne mise en œuvre.

M. Adeoye a rappelé la primauté des efforts politiques pour régler un conflit, comme l’a récemment montré le processus de paix au Tigré conduit par l’UA sous le contrôle de l’Éthiopie.  La réforme de la gouvernance économique mondiale est une autre priorité, a-t-il ajouté. Il a demandé à cet égard un allègement de la dette, un accès amélioré aux droits de tirage spéciaux (DTS), ainsi qu’un meilleur lien entre la rentabilité du secteur privé et le développement durable.  Il faut aussi aborder la question de l’intégrité financière, a-t-il ajouté avant de parler de l’architecture fiscale mondiale qui doit être équitable et inclusive, en particulier pour les femmes et les jeunes.  Le Commissaire a rappelé l’indivisibilité des droits humains, qu’il s’agisse des droits civiques et politiques et des droits économiques, sociaux et culturels.  En conclusion, il a redit la nécessité d’une participation adéquate et efficace de l’Afrique aux affaires du monde. 

En tant que Président de la Commission de consolidation de la paix (CCP), M. SÉRGIO FRANÇA DANESE (Brésil) a rappelé que cet organe consultatif intergouvernemental de l’ONU collabore avec l’Afrique pour promouvoir une paix durable dans les pays qui sollicitent volontairement son aide.  Dans ce cadre, a-t-il expliqué, la CCP fournit une assistance impliquant tous les acteurs concernés dans des domaines tels que le renforcement des institutions, les processus électoraux, l’état de droit, la justice transitionnelle, les programmes pour les femmes et les jeunes, la paix et la sécurité, les programmes de DDR (désarmement, démobilisation et réintégration), ainsi que la réforme du secteur de la sécurité.  Ces activités, appuyées par le Fonds pour la consolidation de la paix, ne sont toutefois que des « points de départ » pour normaliser les États en transition et dans les situations postconflit, a indiqué le haut fonctionnaire en soulignant l’importance du développement durable pour la cohésion sociale et la stabilité à long terme.  « Il ne peut y avoir de développement durable sans paix et de paix sans développement durable », a-t-il résumé, avant de constater que la poussée démographique de l’Afrique offre à ce continent une multitude d’opportunités pour une croissance robuste, durable et inclusive. 

Saluant les progrès impressionnants réalisés par l’Afrique dans l’institutionnalisation de ses politiques régionales, à travers l’Union africaine (UA), les organisations sous-régionales et les communautés économiques régionales, le Président de la CCP a fait état de discussions entre celle-ci et le Conseil de paix et de sécurité de l’UA pour renforcer la coopération entre les deux organes en tenant compte de leurs avantages comparatifs et de leur complémentarité en matière de consolidation et de pérennisation de la paix.  Il en est ressorti qu’il importe de soutenir les efforts déployés par l’UA, notamment la mise en œuvre de la politique de l’UA pour la reconstruction et le développement postconflit, a-t-il précisé, jugeant essentiel de permettre aux pays africains de jeter les bases d’une paix durable en fonction de leurs besoins et priorités spécifiques, sur la base d’une appropriation nationale. 

S’il faut « des solutions africaines aux problèmes africains », il faut aussi s’appuyer sur des partenariats, a poursuivi le Président de la CCP, pour qui les institutions financières devraient élargir leur coopération en matière de consolidation de la paix et de maintien de la paix en Afrique, notamment en matière de prévention des conflits.  La CCP espère y contribuer en reliant les pays ayant besoin d’un soutien financier aux institutions financières internationales et d’autres partenaires potentiels, a-t-il indiqué.  Soucieux par ailleurs que des efforts soient faits pour assurer la cohérence et la complémentarité entre les missions de consolidation de la paix, de maintien de la paix et les opérations de lutte contre le terrorisme, il a estimé que la résolution 2719 (2023) du Conseil de sécurité, qui vise à soutenir les opérations de paix dirigées par l’UA avec les contributions des États Membres de l’ONU, offre l’occasion de promouvoir une coopération plus étroite entre l’ONU et l’UA. À cet égard, il a réaffirmé l’importance du Cadre conjoint ONU-UA pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité, en particulier en ce qui concerne la prévention des conflits et le maintien de la paix. 

Le représentant du Mozambique a souligné que ce débat a lieu au mois de mai, « le mois de l’Afrique ».  Il coïncide avec la célébration de deux événements marquants: la fondation de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) devenue l’Union africaine (UA) il y a un peu plus de 60 ans, et le lancement il y a 20 ans du Conseil de paix et de sécurité de l’UA, qui est le pilier de l’Architecture africaine de paix et de sécurité.  Il y a 10 ans, à l’occasion du cinquantième anniversaire de la création de l’OUA/UA, l’Agenda 2063 a été conçu, a-t-il rappelé, y voyant « le plan directeur de l’Afrique que nous voulons ».  Ce programme prévoit que l’objectif de l’Afrique est de devenir « un acteur et un partenaire mondial fort, uni, résilient, pacifique et influent, jouant un rôle significatif dans les affaires mondiales », a insisté le délégué ajoutant qu’il ne faut cependant pas attendre 2063 pour y œuvrer.  Décrivant l’Afrique comme une mosaïque de peuples, de tendances, de défis, d’opportunités et de récits qui sont profondément liés aux événements internes et mondiaux, qui les affectent et qui les influencent, il a plaidé pour le renforcement du rôle de l’Afrique sur la scène mondiale. 

Parmi les plus grands défis auxquels l’Afrique doit faire face, il a cité le taux de pauvreté élevé, l’africanisation rapide du terrorisme, l’instabilité politique et l’analphabétisme.  Or, selon le représentant, pour relever ces défis, il est essentiel que l’Afrique sorte de sa situation actuelle et devienne un acteur important sur la scène mondiale.  Il a ajouté que le rôle de l’Afrique dans la sécurité et le développement mondiaux repose sur une approche unifiée entre ses pays, arguant que lorsque les 55 pays africains forment un bloc puissant et unifié, cela sert les intérêts du Sud.

L’Afrique continuera de plaider en faveur de solutions aux déficiences structurelles du système multilatéral, a déclaré le représentant, citant en particulier la réforme du Conseil de sécurité de l’ONU et des institutions financières internationales.  Il a souligné l’importance de la représentation et de la visibilité de l’Afrique dans les enceintes multilatérales, « la visibilité devant être un moyen de parvenir à une fin et non pas un but en soi ».  En guise de conclusion, il a déclaré que ce à quoi l’Afrique aspire, c’est d’être en mesure d’exercer une influence et de fixer l’ordre du jour de manière à refléter ses propres perspectives. 

Le représentant de la Sierra Leone a estimé que relever les défis multidimensionnels auxquels l’Afrique est confrontée nécessite une approche intégrée donnant la primauté aux « solutions africaines ».  Dans ce contexte, l’Agenda 2063 de l’UA reste le mécanisme le plus viable pour garantir l’appropriation et la participation des États africains à leur propre développement, a-t-il affirmé, appelant toutefois les bailleurs de fonds à recourir à des mécanismes de financement et d’investissement flexibles et pertinents.  Après avoir salué l’initiative Faire taire les armes, le délégué a considéré que la propagation du terrorisme, en particulier au Sahel et dans certaines parties de l’Afrique de l’Ouest, exige un partenariat tant au niveau régional entre pays africains qu’au niveau international.  « La récente fragmentation du G5 Sahel présente une lacune importante dans le cadre institutionnel des stratégies de sécurité et de lutte contre le terrorisme dans la région, que nous devons continuer à combler par le dialogue et la collaboration », a-t-il préconisé. 

La vague de changements anticonstitutionnels de gouvernements en Afrique est une preuve troublante de la résistance contre les cadres politiques établis sur le continent, dont l’Acte constitutif de l’Union africaine, a déploré le représentant.  Aussi a-t-il appelé le Conseil de sécurité à soutenir les efforts de l’UA pour s’attaquer aux causes sous-jacentes de ces changements anticonstitutionnels de gouvernement, ainsi qu’à prendre des mesures de prévention et de réponse réalistes et pratiques pour remédier aux déficits de gouvernance et à la manipulation des processus démocratiques, y compris la falsification de lois électorales, les dispositions constitutionnelles et la limitation des mandats.  En outre, pour sa délégation, l’élargissement du Conseil de sécurité pour réparer l’injustice « historique » contre l’Afrique est une priorité.  « La légitimité représentationnelle est une condition nécessaire à une bonne performance institutionnelle », a résumé le représentant, en apportant son soutien au consensus d’Ezulwini et à la Déclaration de Syrte.

La représentante du Guyana a constaté qu’un point commun à bon nombre des questions africaines dont le Conseil est saisi est la problématique de la pauvreté et du sous-développement.  Elle a donc invité le Conseil à adopter une approche globale des questions de paix et de sécurité en Afrique en y intégrant une dimension de développement.  Elle a également souhaité qu’il soit remédié à « l’injustice historique faite à l’Afrique » du fait de son exclusion du statut de membre permanent du Conseil, jugeant que corriger cette erreur contribuerait à la pleine participation de ce continent au régime mondial de paix et de sécurité.  À cette aune, la déléguée a demandé au Conseil de continuer à travailler en étroite collaboration avec les institutions régionales pour promouvoir la paix et la stabilité dans la région, notamment sur des initiatives visant à s’attaquer aux causes profondes des conflits en Afrique. À cet égard, elle a souligné le caractère central de l’Architecture africaine de paix et de sécurité, dont le système continental d’alerte précoce se révèle utile en matière de prévention des conflits, mais aussi de paix, de sécurité et de stabilité en Afrique. 

Elle a d’autre part estimé que, dans l’engagement du Conseil auprès des pays africains, notamment par le biais de missions de maintien de la paix ou de missions politiques spéciales, la priorité doit continuer d’être accordée au renforcement de la gouvernance.  Dans ce cadre, le Conseil doit être un partenaire clef tout en adhérant au principe des « solutions africaines aux problèmes africains », a-t-elle préconisé, avant de dénoncer les ingérences d’acteurs extérieurs.  Le Conseil doit selon elle adopter une position ferme contre ce phénomène « qui en soi peut être considéré comme une nouvelle forme de colonialisme ».  Pour finir, la représentante a observé que, malgré son potentiel économique et son dynamisme démographique, l’Afrique reste sujette à la pauvreté et au sous-développement, une situation encore aggravée par le déséquilibre de l’architecture financière mondiale.  Appelant à une réforme de ce système, elle a aussi souligné l’importance d’encourager et de soutenir les efforts des pays africains visant à accroître la productivité, gage de développement, de stabilité et donc de paix. 

La représentante de Malte a constaté que, après avoir connu des périodes difficiles dans son développement au cours des décennies précédentes, l’Afrique connaît aujourd’hui une croissance rapide et recèle un immense potentiel.  Simultanément, les cas de terrorisme, d’extrémisme violent et la multiplication des changements anticonstitutionnels de gouvernement, en particulier en Afrique de l’Ouest, restent des sujets de préoccupation, a-t-elle regretté.  Elle a ensuite souligné que les partenariats ont le potentiel d’extraire des communautés entières de la pauvreté et de les réintégrer dans le processus de prise de décisions.  C’est la philosophie qui sous-tend la stratégie de Malte pour l’Afrique.  Lancée en 2020, elle a renforcé les contacts interentreprises en Afrique, tout en partageant les meilleures pratiques de développement et en poursuivant une stratégie diplomatique plus large, a expliqué la représentante, pour qui ces efforts complètent l’initiative Global Gateway de l’UE, qui prévoit au moins 150 milliards d’euros investis dans des secteurs clefs. 

La représentante de la Suisse a exhorté à mobiliser davantage le potentiel des États africains à partir de leurs expériences en matière de prévention pour mieux relever les défis globaux en termes de sécurité et développement.  Avec des stratégies nationales de prévention, les pays peuvent puiser dans la riche tradition africaine de résolution des conflits et de médiation, souvent ancrée au niveau local.  Un bon exemple, a-t-elle ajouté, est une initiative lancée au nord du Bénin avec le soutien de la Suisse, qui vise à prévenir la propagation des groupes extrémistes armés: en mettant en œuvre une approche holistique qui investit dans l’aménagement du territoire et crée des incitations économiques, elle empêche, de manière efficace, le recrutement de populations ciblées par les groupes armés. 

La représentante a ensuite souligné l’importance du traitement du passé.  Au niveau national, on trouve de nombreux exemples réussis de formats innovants pour rendre la justice, tels que le Tribunal spécial pour la Sierra Leone ou des moyens non judiciaires comme la Commission de la vérité en Afrique du Sud, a relevé la déléguée.  Ces mécanismes peuvent en même temps servir à assurer la non-répétition des atrocités, à rendre justice aux victimes et à favoriser la réconciliation des communautés.  Enfin, elle a fait valoir le pouvoir d’une étroite coordination régionale.  Le principe des « solutions africaines aux problèmes africains » ne dédouane pas la communauté internationale d’assumer ses responsabilités, a estimé la représentante.  Ceci, car les solutions contribuent souvent à un bien commun mondial tel que lutter contre les facteurs transfrontaliers d’instabilité et à créer des conditions favorables à la croissance, au développement durable et à l’intégration. 

La représentante de la Slovénie a mis l’accent sur le nécessaire renforcement de la résilience nationale en Afrique, qui passe par des institutions nationales fortes et efficaces.  Elle a ajouté que promouvoir la transparence, la responsabilité, l’inclusion, l’état de droit et le respect des droits humains contribue à la bonne gouvernance et à la confiance dans les institutions étatiques.  À ce propos, elle a salué la création au Libéria d’un tribunal pour les crimes de guerre chargé de rendre justice aux victimes des conflits civils, le programme mis en œuvre au Kenya pour prévenir la violence intertribale et l’accord de Maputo, au Mozambique, promouvant la réconciliation et la réintégration.  Le délégué a ensuite appelé à renforcer les cadres régionaux et à établir des partenariats, notant que l’UA et les communautés économiques régionales jouent un rôle essentiel dans la prévention et l’atténuation des conflits, l’intégration politique et économique et le développement durable en Afrique.  À ses yeux, le partenariat renouvelé UE-UA pour la paix, la sécurité et la gouvernance, et le cadre conjoint ONU-UA pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité offrent des opportunités pour mettre en commun les ressources, l’expertise et la volonté politique pour une réponse conjointe plus efficace aux défis complexes de l’Afrique. 

À l’échelle du Conseil, la représentante a noté que la configuration A3 (Algérie, Mozambique et Sierra Leone) a joué un rôle essentiel dans les réponses de l’organe aux menaces et aux violations de la paix et de la sécurité mondiales.  Sous l’impulsion du A3, le Conseil a notamment adopté la résolution 2719 (2023), élargissant la boîte à outils du maintien de la paix de l’ONU pour une réponse plus efficace à la nature changeante des conflits en Afrique, s’est-elle félicitée, saluant également le leadership africain dans les efforts de soutien à la sécurité en Haïti.  La déléguée a enfin souhaité que la contribution significative ainsi que les sacrifices consentis par les soldats de la paix des pays africains, qui ont servi dans de nombreuses opérations de maintien de la paix de l’ONU, de l’UA et d’autres opérations régionales, ne soient pas oubliés. 

Le représentant de l’Algérie a demandé l’application de la résolution 2719 (2023) en vue d’un financement prévisible, durable et flexible des opérations de paix emmenées par l’UA.  Il a rappelé la contribution de son pays aux progrès du continent, en rappelant que l’Algérie a annulé 900 millions de dollars de dette de 14 pays africains.  En vue du renforcement de la coopération entre l’Algérie, la Tunisie et la Libye, un mécanisme consultatif a été mis en place pour assurer la sécurité des frontières, a également signalé le délégué. En conclusion, il a plaidé pour la correction d’une injustice historique en ce qui concerne la représentation de l’Afrique au sein de ce Conseil.

Le représentant de la France a déclaré que le renforcement des capacités, des institutions et de la participation des États africains face aux défis multilatéraux est indispensable.  Les opérations de paix doivent l’intégrer dans leur mandat comme dans leur stratégie de sortie, a-t-elle dit, notamment s’agissant de l’appui à la réforme du secteur de la sécurité.  Pour sa part, la France contribue à ce renforcement au travers de coopérations bilatérales ainsi qu’au niveau européen, comme le montre son partenariat avec les pays du golfe de Guinée contre la menace terroriste mais aussi en matière de sécurité maritime. 

Notant que le renforcement du rôle des États africains passe aussi par une représentation accrue au sein de la gouvernance internationale, il s’est dit favorable à un Conseil de sécurité élargi dans ses deux catégories de membres, comptant autour de 25 membres, avec une présence renforcée de l’Afrique, y compris parmi les permanents.  Cette dynamique, a-t-il ajouté, s’étend aussi aux enceintes de gouvernance économiques. C’est dans cet esprit que Paris a organisé en juin dernier le Sommet pour un nouveau Pacte financier mondial. Le pacte de Paris pour les peuples et la planète qui en découle est aujourd’hui soutenu par 54 États et pose plusieurs principes cardinaux afin qu’aucun n’ait à choisir entre la lutte contre la pauvreté et la lutte pour la planète, a expliqué le représentant. 

Le représentant du Japon a estimé que la paix et la stabilité en Afrique requièrent une approche non pas universelle mais « à long terme, sur mesure et globale », garantissant le lien entre l’humanitaire, le développement et la paix.  Une telle approche globale permettrait aux États africains de construire des sociétés résilientes et inclusives, équipées pour détecter les alertes précoces et faire face aux défis internes et externes, et ainsi mieux prévenir les conflits, a-t-il fait valoir.  Mais il faut également que les aspirations des États africains soient correctement représentées dans le multilatéralisme et les partenariats mondiaux, a ajouté le délégué, non sans rappeler que la majorité des débats au Conseil de sécurité sont consacrés à l’Afrique. 

Tout en saluant l’apport des pays du A3 en termes d’expérience directe du terrain, il a jugé qu’il est possible d’améliorer encore la représentation du continent au sein de l’organe de l’ONU en charge de la paix et de la sécurité internationales. « Un Conseil élargi dans les catégories permanentes et non permanentes est absolument nécessaire pour mieux refléter les réalités contemporaines », a-t-il plaidé, précisant que le Japon, en tant que membre du Groupe des Quatre (G4), soutient pleinement la Position africaine commune.  Enfin, après avoir appelé le Conseil à davantage utiliser la Commission de consolidation de la paix (CCP) pour partager les expériences et les bonnes pratiques de l’Afrique, il s’est prononcé en faveur d’une plus forte appropriation des solutions africaines et d’un renforcement des synergies avec le soutien de l’ONU afin de relever les défis auxquels sont confrontés les États africains. 

Le représentant du Royaume-Uni a appelé à amplifier la voix de l’Afrique sur la scène internationale.  « Nous avons fortement appuyé le fait que l’UA devienne membre du G20. »  Mais nous devons aller plus loin, a dit le délégué, en demandant le renforcement de la représentation de l’Afrique au sein du Conseil de sécurité.  « Mon pays est en faveur d’une représentation africaine permanente. »  Le délégué a également réclamé une réforme du système financier international afin de le rendre plus équitable.  Enfin, il a plaidé pour une coopération renforcée entre l’UA et l’ONU.

Le représentant de la Fédération de Russie a salué le développement du partenariat constant entre ce Conseil et le Conseil de paix et de sécurité de l’UA. Il a souhaité néanmoins que leur dialogue soit plus ciblé.  Il a rappelé l’importance de la résolution 2719 (2023) en vue d’un financement prévisible, durable et flexible des opérations de paix africaines.  Il a appelé à corriger l’injustice historique faite à l’Afrique s’agissant de sa représentation au sein du Conseil de sécurité. Les pays occidentaux y sont surreprésentés, a-t-il tranché.  Le délégué a demandé de mettre en route la réforme de l’architecture financière internationale, avant de saluer le fait que l’UA soit devenue membre du G20.  Il a estimé par ailleurs qu’il n’y a pas nécessairement de lien direct entre développement et sécurité.  Analysant le système actuel, il a constaté que l’argent fuit les pays qui en ont le plus besoin, pointant l’importance des flux illicites internationaux.  Enfin, il a fait remarquer que la nette hausse de l’aide pour la militarisation de l’Ukraine se fait au détriment des pays en développement.

Le représentant des États-Unis a réaffirmé l’engagement de son pays à renforcer ses partenariats avec les pays africains pour relever les défis communs. Il a rappelé que les États-Unis ont appuyé l’adoption de la résolution 2719 (2023) du Conseil, qui promeut la collaboration et le partage durable du fardeau des responsabilités entre l’UA et l’ONU pour relever les défis de paix et sécurité en Afrique.  Ils ont aussi soutenu l’adoption en décembre dernier de la résolution 78/257 de l’Assemblée générale, qui prévoit 58 millions de dollars de mises en contribution pour le Fonds de consolidation de la paix.  Nous continuerons à accorder la priorité aux efforts de l’ONU visant à prévenir les conflits en Afrique, a-t-il affirmé, avant d’évoquer la « tragédie » en cours au Soudan, où le conflit a provoqué la pire crise humanitaire au monde.  Les États-Unis entendent poursuivre leurs efforts humanitaires pour ce pays mais il faut pour cela que les parties au conflit laissent passer l’aide, a-t-il plaidé. Exprimant sa vive inquiétude quant au sort de la population d’El-Fasher, au Darfour, il a réitéré l’appui de son pays aux efforts de l’UA et de l’envoyé personnel du Secrétaire général destinés à faciliter un règlement politique avant que ce conflit ne s’étende à toute la région. 

Soulignant l’importance du commerce et du développement pour garantir la sécurité, le délégué a rappelé que les États-Unis financent des programmes de soutien économique dans des pays comme le Botswana, le Ghana et la Zambie.  Selon lui, le développement et le respect de la démocratie, des droits humains et de l’état de droit doivent aller de pair pour promouvoir la sécurité en Afrique.  À l’inverse, la mauvaise gouvernance, la corruption et les atteintes aux droits fondamentaux permettent aux terroristes et à d’autres acteurs de prospérer et d’affaiblir la confiance dans les institutions, a-t-il souligné, estimant que la gouvernance démocratique est essentielle pour créer des opportunités pour tous et garantir la pluralité des points de vue.  Dans ce contexte, a poursuivi le représentant, les États-Unis sont fiers d’approfondir leur partenariat avec des pays comme le Kenya, dont le Président est aujourd’hui à Washington.  Il a salué la contribution du Kenya à la paix et à la sécurité en Éthiopie, en RDC et maintenant en Haïti.  Enfin, en réponse à la Fédération de Russie, le délégué a fait observer que l’aide apportée par de nombreux pays à l’Ukraine pour se défendre n’aurait pas été nécessaire si les forces russes n’avaient lancé leur invasion.  Il a par ailleurs insisté sur le fait que les États-Unis ont été l’un des principaux fournisseurs d’aide à l’Afrique au cours des 60 dernières années. « Je ne pense pas du tout que la Russie appartienne à cette catégorie », a-t-il conclu.

Le représentant de l’Équateur a noté les difficultés considérables rencontrées par les pays africains en proie à un conflit, avant d’insister sur l’importance de la prévention desdits conflits.  Il a exhorté les pays développés à s’acquitter de leurs engagements pris au titre de l’aide publique de développement, avant de plaider pour des solutions africaines aux défis africains.  Il a souligné l’importance de la résolution 2719 (2023) en vue d’un financement prévisible, durable et flexible des opérations de paix africaines. Le délégué a rappelé qu’elle a été adoptée durant la présidence équatorienne du Conseil de sécurité.

Le représentant de la Chine a tout d’abord adressé les félicitations de son pays à ses « frères africains » à l’approche de la Journée de l’Afrique, qui reflète « la lutte du peuple africain pour son indépendance ».  Alors que l’Afrique est aujourd’hui devenue une « force considérable » dans le monde, il convient de contribuer au règlement de ses problèmes de sécurité pour favoriser son développement, a-t-il plaidé, tout en faisant remarquer que « nul ne connaît mieux l’Afrique que les Africains eux-mêmes ».  De fait, la communauté internationale doit accepter le rôle de fer de lance que jouent les pays africains sur leur continent, et ce, sans ingérence des anciennes puissances coloniales, ni sanctions ni pressions, a souligné le délégué.  Adopter une mentalité relevant de la guerre froide n’aura qu’une influence négative en Afrique, a-t-il insisté, ajoutant que le continent africain ne doit pas être le terrain sur lequel d’autres pays se font la guerre.  À cette aune, il a réaffirmé le soutien de la Chine à la résolution 2719 (2023) et a appelé à sa mise en œuvre rapide afin que les opérations de paix de l’UA puissent être financées de manière durable et prévisible. 

Favorable au développement de l’Afrique, la Chine souhaite que le continent soit un moteur de la croissance mondiale grâce à ses ressources naturelles et humaines, a poursuivi le représentant, pour qui ce développement accéléré profitera à tous les pays du monde et donnera un nouvel élan aux efforts de relance économique. Pour cela, il faut aider les États africains à utiliser leurs propres forces, à se financer et à lutter contre le poids de la dette.  À cet égard, le délégué a encouragé les institutions financières internationales à répondre de manières positives aux demandes de l’Afrique.  Il a également exhorté la communauté internationale, en particulier les pays développés, à accroître le partage des technologies et des connaissances pour combler le fossé entre le Nord et le Sud et ainsi permettre à l’Afrique de s’intégrer et de profiter des fruits de la mondialisation.  Il a enfin souhaité que « l’injustice historique » faite à l’Afrique en matière de représentativité dans les instances mondiales soit corrigée, notamment au Conseil de sécurité.  « Dans un monde multipolaire, l’Afrique constitue un pôle et est une source d’inspiration pour régler les problèmes de l’humanité », a-t-il affirmé. 

Le représentant de la République de Corée a estimé que le vaste potentiel de croissance de l’Afrique, ses ressources abondantes, son émergence comme l’un des plus grands marchés mondiaux et son influence diplomatique illustrent son rôle croissant sur la scène internationale.  « L’adhésion de l’UA au G20 l’an dernier est un exemple notable d’une telle reconnaissance », a-t-il dit.  Il a souligné que l’appropriation africaine est centrale pour résoudre les problèmes africains, à condition de bénéficier d’un soutien international pour une Architecture africaine de paix et de sécurité efficace.  Dans ce cadre, un partenariat renforcé entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’UA sera crucial, a relevé le délégué. 

Il a également plaidé pour une coordination et une complémentarité améliorées entre la Commission de consolidation de la paix (CCP) et le Conseil de sécurité pour favoriser l’appropriation nationale, l’inclusion et le renforcement des institutions dans les pays africains, en particulier pendant les transitions des missions de maintien de la paix et des missions politiques spéciales.  Enfin, s’attaquer aux causes profondes et aux moteurs des conflits est essentiel pour une Afrique résiliente, a encore recommandé le représentant qui a par ailleurs souligné que le développement est étroitement lié à la paix, à la sécurité et à la démocratie.

Après les 15 membres du Conseil, une trentaine de délégations ont contribué à ce débat en confirmant la nécessité de réformer le système de gouvernance internationale dans un monde marqué par « un maximum de danger et un minimum d’accord », en particulier en incluant davantage les organisations africaines et les pays du continent. 

Si tout le monde voit une étape positive dans cette direction avec la récente décision du G20 d’accorder le statut de membre permanent à l’UA et de créer une vingt-cinquième chaire pour l’Afrique subsaharienne au Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI), comme l’a souligné le Portugal, il reste à renforcer la représentation africaine au sein des conseils d’administration des organisations internationales en vue de mieux faire entendre la voix du continent.  Abondant en ce sens, la Thaïlande a argué qu’à mesure que nous renforçons le multilatéralisme, la gouvernance mondiale doit intégrer une plus grande représentation des pays africains, ainsi que d’autres pays en développement.  Elle a souligné que l’UA s’est révélée être « un exemple majeur du régionalisme dont le monde a besoin »: un régionalisme qui renforce le multilatéralisme, en prenant position en faveur du droit international, de la Charte des Nations Unies et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité; un régionalisme qui soutient la paix et la sécurité pan-régionales, grâce au dialogue interrégional, à l’ouverture et à l’inclusion; et un régionalisme qui assume de plus grandes responsabilités pour le bien commun et adopte une approche holistique de la paix et de la sécurité, en intégrant le développement durable et la sécurité humaine comme fondements d’une paix durable.

C’est aussi parce qu’il faut « des solutions africaines aux problèmes africains » qu’une plus grande représentation des pays africains au sein du Conseil de sécurité est importante, car ce Conseil doit savoir comment soutenir les processus dirigés et contrôlés par les Africains, ont fait valoir le Nigéria et l’Espagne, entre autres, pendant que le Brésil a revendiqué deux sièges permanents pour l’Afrique.  Dans la même logique, ils ont estimé que la gouvernance des institutions financières internationales devrait également intégrer les voix de l’Afrique et d’autres pays en développement afin de rester en phase avec la réalité économique mondiale actuelle.  Concrètement, il faut renforcer la voix de l’Afrique dans tous les forums multilatéraux pertinents, a plaidé l’Allemagne qui a activement soutenu l’adhésion de l’UA au G20. « Maintenant que nous y sommes parvenus, nous devons obtenir des résultats tangibles pour les pays africains, notamment en améliorant et en mettant en œuvre le cadre commun du G20 pour le traitement de la dette, un outil important pour la restructuration de la dette ».  Le Kenya a suggéré de mettre à profit le Sommet de l’avenir pour accélérer la réforme de l’architecture mondiale de paix et de sécurité et celle de l’architecture économique et financière mondiale en faisant de l’Afrique un cas particulier. 

L’appel lancé par la résolution 2719 (2023) en faveur du renforcement du rôle de l’Union africaine dans la sécurité régionale a été très largement soutenu et les appels se sont multipliés pour que les partenaires de l’Afrique poursuivent leur engagement auprès de l’UA afin de développer ses capacités de maintien de la paix par différents moyens: exercices de formation conjoints, soutien logistique, partage des connaissances ainsi qu’une aide financière directe.  L’Union européenne s’est alarmée, devant la forte augmentation des conflits, de voir que le financement de la consolidation de la paix s’est effondré.  À l’aune du prochain Sommet pour l’avenir et dans le cadre du Pacte pour l’avenir, l’UE a donc fermement soutenu l’appel du Secrétaire général à développer des stratégies nationales de prévention sur une base volontaire et avec le soutien de l’ONU. Pour l’UE et le Groupe des pays nordiques, la Commission de consolidation de la paix devrait jouer un rôle significatif à cet égard en fournissant une plateforme pour les efforts nationaux de prévention et le renforcement de la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales. 

Soucieuse elle aussi de la mise en œuvre des dispositions de la résolution 2719 (2023), l’Afrique du Sud a encouragé l’ONU et l’UA à accélérer ce processus afin de pouvoir rétablir efficacement la paix et la stabilité chaque fois que le besoin s’en fait sentir.  Elle a ainsi recommandé que les capacités du Bureau des Nations Unies auprès de l’Union africaine et de la Mission permanente d’observation de l’Union africaine auprès des Nations Unies soient renforcées en conséquence.  Le Kenya est allé plus loin que la résolution 2719 (2023) en suggérant au Conseil de sécurité de porter à 100% le financement par l’ONU des opérations de paix menées par l’UA. 

Les causes profondes des conflits en Afrique, en particulier le siphonnage de ses ressources par un système commercial international inéquitable, ont préoccupé notamment le Nigéria et le Saint-Siège qui ont appelé le Conseil à se pencher sur ces questions, dont la corruption.  « On assiste actuellement à une nouvelle vague de colonialisme qui ne respecte pas la dignité humaine inhérente à chacun, qui compromet le bien commun et qui menace les efforts d’éradication de la pauvreté », n’a pas hésité à dire le Saint-Siège.  C’est plus de 1,4 milliard d’habitants du continent qui subissent les entraves à sa contribution potentielle à la stabilité et au développement dans le monde, s’est désolé le Ghana en faisant pourtant observer que l’économie combinée de l’Afrique atteint plus de 3,5 milliards de dollars.  Il en a conclu que l’économie africaine travaille pour « le monde riche » plutôt que pour ses propres habitants.

Une vingtaine de démocraties africaines se rendent aux urnes cette année, ont fait remarquer plusieurs délégations en insistant sur les efforts de renforcement de la gouvernance qui permettront à la communauté internationale de s’appuyer davantage sur ces pays.  Le Rwanda a précisé qu’en 2024, plus de 37% des pays africains s’engageront dans le processus démocratique d’élection de dirigeants, ce qui met en évidence selon lui la volonté des Africains, en particulier des jeunes, de défendre les aspirations de leurs pays par l’intermédiaire de leurs dirigeants.  Il a toutefois attiré l’attention sur les questions de sécurité qui affectent les pays fragiles.  L’Afrique attend donc de ses partenaires internationaux un soutien à la démocratisation, a-t-il rappelé en prônant des programmes conjoints de renforcement des capacités dans les domaines de l’éducation, des soins de santé et de la protection sociale.  Cela permet notamment de renforcer la résilience et de lutter contre la désinformation. 

Ce soutien passe par un appui tangible à la jeunesse africaine « dynamique », a complété l’UE en espérant que les prochaines générations soient pleinement responsabilisées et intégrées, afin de pleinement réaliser leur meilleur potentiel.  Dès lors, la délégation européenne a appelé les gouvernements et la communauté internationale à travailler en ce sens en investissant dans des nouveaux domaines comme les secteurs du numérique, du climat et de l’énergie, qui offrent de nouvelles opportunités de travail.  À titre d’exemple, elle a expliqué qu’au Sahel, l’UE soutient la Grande Muraille verte avec plus de 700 millions d’euros par an, alors que l’Autriche a proposé de partager son expérience dans le domaine des énergies renouvelables avec ses partenaires africains.

Sur cette question de renforcement des capacités et de la gouvernance, le Brésil a estimé que la contribution la plus efficace que la communauté internationale puisse apporter à l’Afrique est le transfert de connaissances et la formation.  Les pays africains connaissent leurs défis mieux que quiconque, a expliqué son représentant, en expliquant l’intérêt de forger des partenariats pour renforcer leur capacité à résoudre leurs problèmes.  Il en a profité pour souligner les mérites de la coopération Sud-Sud et de la coopération triangulaire.

Sur une note positive, le Saint-Siège et l’Afrique du Sud ont pointé les progrès significatifs réalisés par les États africains dans le renforcement de leur collaboration pour relever certains des défis les plus pressants du continent.  Que ce soit par le biais de l’initiative Faire taire les armes, de l’Agenda 2063 ou de l’Architecture africaine de paix et de sécurité, le fait est qu’aujourd’hui l’Afrique est plus pacifique qu’elle ne l’était il y a 20 ans.  Un Agenda 2063 que le Maroc a jugé en harmonie avec les objectifs du développement durable (ODD) de l’ONU, avec son deuxième plan décennal 2024-2033 élaboré pour continuer la marche du continent africain sur cette voie. C’est en adoptant cette approche holistique de paix et sécurité que le Maroc et les autres pays africains ont lancé les processus de Tanger au Maroc, de Luanda, d’Assouan, de Dakar et de Lomé, en collaboration avec les partenaires internationaux.  Ces plateformes constituent un cadre de consultation politique permettant au leadership africain de concevoir des réponses durables au « triptyque » paix, sécurité et développement, a fait valoir la délégation. 

 

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: suite et fin du débat public sur la protection des civils

9632e séance (reprise) – matin
CS/15704

Conseil de sécurité: suite et fin du débat public sur la protection des civils

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, 
la Section des communiqués de presse n’a pas pu couvrir cette séance.)

Alors que l’on célèbre le soixante-quinzième anniversaire des Conventions de Genève de 1949, pierre angulaire du droit international humanitaire, et les 25 ans de la résolution 1265 (1999) du Conseil de sécurité sur la protection des civils, le Conseil a poursuivi aujourd’hui son débat public sur ce sujet, axé sur le respect du droit international.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Protection des civils: le Conseil de sécurité débat de l’érosion du droit international humanitaire dans le contexte des conflits en cours

9632e séance – matin & après-midi
CS/15702

Protection des civils: le Conseil de sécurité débat de l’érosion du droit international humanitaire dans le contexte des conflits en cours

Le Conseil de sécurité a tenu, aujourd’hui, son débat public annuel sur la protection des civils en période de conflit armé, l’occasion pour plus d’une soixantaine de délégations de constater l’érosion alarmante du droit international humanitaire (DIH), et de réaffirmer la nécessité de son applicabilité, aujourd’hui mise à mal par l’évolution rapide des méthodes de guerre, du Soudan à l’Ukraine en passant par la bande de Gaza.   

Événement phare de la présidence mozambicaine, ce débat visait à rappeler l’importance de jalons tels que les Conventions de Genève de 1949, pierre angulaire du DIH et à marquer le vingt-cinquième anniversaire de la résolution 1265 (1999) du Conseil, la première à avoir fait de la protection des civils un élément crucial de la paix et la sécurité internationales, tout en soulignant le besoin pressant de renforcer l’engagement des États Membres en faveur du DIH et du droit international des droits de l’homme. 

Ces anniversaires symboliques sont le moment propice à une telle réflexion, a appuyé la Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence, notant que 2023 a été une année « désastreuse » pour la protection de civils, avec notamment l’attaque perpétrée par le Hamas et d’autres groupes armés palestiniens en Israël et la réponse militaire israélienne contre la bande de Gaza, qui a entraîné morts, destructions et souffrances « à un rythme et à une échelle sans précédent dans un passé récent ». 

Dans son état des lieux, Mme Joyce Msuya a aussi cité le conflit au Soudan et ses dizaines de milliers de civils tués, ainsi que d’autres conflits qui continuent d’avoir un grave impact sur les populations civiles, en République démocratique du Congo (RDC), au Myanmar, au Nigéria, au Sahel, en Somalie, en Syrie et en Ukraine.  Au total, a-t-elle précisé, l’ONU a enregistré plus de 33 000 civils tués dans des conflits armés l’an dernier, soit une augmentation « effroyable » de 72% en un an, tandis que l’on comptait 110 millions de personnes déplacées dans le monde pour cause de guerre, de persécutions et de violations des droits humains. 

Face à ces chiffres terribles, qui témoignent du fait que les résolutions sur la protection des civils « sont restées largement lettre morte », Mme Msuya a appelé à renforcer le respect des obligations faites aux belligérants et à obliger les auteurs de violations à rendre des comptes, ce qui, selon elle, suppose une Cour pénale internationale (CPI) indépendante et impartiale. 

Elle a été rejointe par la Conseillère spéciale du Secrétaire général pour la prévention du génocide, qui a mis en garde contre un possible génocide au Soudan, où le conflit entre les Forcées armées soudanaises et les Forces d’appui rapide est marqué par des attaques et des discours de haine contre des populations civiles, sur la base de l’identité et de l’origine ethnique.  Alertant sur la situation des 800 000 personnes présentes à El-Fasher, ville du nord du Darfour encerclée par les Forces d’appui rapide, Mme Alice Wairimu Nderitu a demandé que tout soit mis en œuvre pour éviter que les violations des droits humains ne débouchent sur des crimes plus graves encore. 

Dénonçant pour sa part l’« élasticité croissante » avec laquelle est interprété le DIH, en particulier ses principes de distinction, de proportionnalité et de précaution, la Présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a rappelé que la responsabilité de protéger les civils, y compris les prisonniers, en temps de conflit incombe aux dirigeants politiques et à leurs conseillers militaires « parce qu’ils ont le pouvoir de décider de la trajectoire d’une guerre ».  Mme Mirjana Spoljaric Egger a également noté que l’empêchement de l’aide humanitaire caractérise de plus en plus de conflits, des fournisseurs impartiaux comme le CICR faisant l’objet de pressions régulières en vue d’atteindre des objectifs politiques et militaires. 

En 2023, 264 personnels humanitaires ont perdu la vie en cherchant à protéger les civils pris au piège dans les conflits, a renchéri le Directeur exécutif de l’ONG Center for Civils in Conflit (CIVIC).  En conséquence, les civils se retrouvent privés d’accès aux services les plus élémentaires, à savoir la nourriture, la santé et l’eau, a expliqué M. Hichem Khadhraoui, avant de s’émouvoir de l’utilisation accrue d’armes explosives dans des zones densément peuplées, de la tendance à la « privatisation de la guerre » et de l’explosion des dépenses militaires mondiales.  Selon lui, les États devraient cesser toute fourniture d’armes à des partenaires lorsqu’il existe un risque de violation du DIH. 

Dans leur majorité, les membres du Conseil se sont alarmés de la multiplication des conflits armés dans le monde et des nombreuses violations du DIH que cela entraîne, comme à Gaza, au Soudan, en Ukraine ou encore au Myanmar.  La Suisse, qui prépare un projet de résolution sur la protection des personnels humanitaires, y a vu la conséquence d’un manque de volonté politique, le Guyana le résultat d’« interprétations subjectives du DIH », la Slovénie et Malte regrettant quant à elles le non-respect des résolutions du Conseil.  La Chine a exhorté celui-ci à faire respecter la mise en œuvre du DIH « sans application sélective », tandis que la République de Corée l’invitait à renforcer la responsabilité des auteurs de crimes contre les civils en saisissant la CPI.  La lutte contre l’impunité doit rester une priorité absolue, a abondé la France. 

Si les États-Unis et le Royaume-Uni ont souligné le rôle de fer de lance joué par les opérations de maintien de la paix de l’ONU dans les efforts visant à protéger les civils dans les zones de conflit, la Sierra Leone a relayé les réticences des pays qui accueillent des missions avec mandat de protection des civils, appelant à davantage de concertation pour assurer un transfert de responsabilités en cas de demande de retrait. 

De son côté, la Fédération de Russie s’est étonnée que le rapport annuel du Secrétaire général sur la protection des civils en période de conflit armé ne fasse mention ni de la « stratégie d’affamement » poursuivie par Israël à Gaza, « avec l’appui de certains membres du Conseil », ni du fait que le potentiel militaire de l’OTAN est utilisé contre des cibles civiles, notamment à Donetsk et à Belgorod.  Elle a réclamé l’ouverture d’enquêtes sur les crimes commis par le « régime de Kiev » avec le soutien de l’Occident.

PROTECTION DES CIVILS EN PÉRIODE DE CONFLIT ARMÉ

Vingt-cinquième anniversaire de la résolution 1265 (1999) du Conseil de sécurité (S/2024/359S/2024/385)

Déclarations

Intervenant en vidéoconférence, Mme ALICE WAIRIMU NDERITU, Conseillère spéciale du Secrétaire général pour la prévention du génocide, a rappelé qu’en vertu de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, il convient de réprimer ce crime, « le plus grave des crimes », au titre du droit international.  À cet égard, elle a alerté le Conseil de sécurité sur le fait que la situation au Soudan « revêt tous les traits d’un génocide », la population étant la cible d’attaques et de discours haineux en lien avec l’identité, l’origine ethnique et la couleur de peau.  Elle a indiqué que, dans le cadre de son mandat, elle a informé à de nombreuses reprises le Conseil sur les violences au Darfour, notamment celles menées contre la communauté massalit.  En décembre dernier, elle a lancé une alerte concernant les attaques de civils dans différentes régions du Soudan, faisant état de destructions massives, de privations de conditions de vie, de bombardements d’installations médicales et d’entraves à l’eau.  Après avoir visité des camps de réfugiés soudanais au Tchad, la haute fonctionnaire a pu constater que les violences sexuelles et fondées sur le genre font partie des violences infligées aux civils au Soudan.  Elle a également relevé que, dans ces camps, les adolescents sont en nombre inférieur par rapport aux autres groupes de population, ce qui tend à prouver que ce segment est particulièrement ciblé par les groupes armés.  Outre les réfugiés eux-mêmes, des témoins et des professionnels ont attesté de ces violences perpétrées notamment par les Forces d’appui rapide et les groupes armés qui leurs sont affiliés, a souligné la Conseillère spéciale, selon laquelle des charniers ont aussi été découverts au Soudan.  « La recherche d’une victoire militaire l’emporte sur la protection des civils, ce qui va à l’encontre de la Déclaration de Djedda », a-t-elle déploré. 

Alors que le pays connaît la pire crise de déplacement au monde et qu’il a été mis fin au mandat de la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS), le Coordonnateur résident au Soudan a mis en garde contre les conséquences catastrophiques du siège d’El-Fasher, dans le nord du Darfour, pour les quelques 800 000 personnes qui s’y trouvent encore, a poursuivi Mme Nderitu.  Évoquant des violences sexuelles à grande échelle, des destructions de cultures et de bétail, ainsi que des perceptions arbitraires de taxes dans cette région, elle a averti que le conflit au Soudan risque de perpétuer les attaques à motivation raciale.  Elle s’est, en outre, alarmée de tentatives visant à détruire des groupes protégés, ce qui peut être constitutif du crime de génocide.  Aujourd’hui, a-t-elle constaté, « tous les progrès consentis au niveau collectif semblent réduits à néant sur l’ensemble du territoire soudanais ».  Dans l’immédiat, il importe selon elle de garantir un passage pour les personnes voulant fuir El-Fasher et de veiller à ce que les violations des droits humains ne débouchent pas sur de nouveaux crimes contre les civils.  Notant que « les crimes commis il y a 20 ans contribuent aux horreurs actuelles », elle a appelé à tenir pour responsables les auteurs de ces violences afin de briser le cycle de l’impunité.  Elle a également souhaité que les faits soient répertoriés et que la communauté internationale, en particulier le Conseil de sécurité de l’ONU et l’Union africaine, continuent d’examiner tous les outils à leur disposition pour protéger les civils et créer un environnement propice au règlement du conflit.  Soixante-quinze ans après l’adoption de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, a-t-elle conclu, « la catastrophe au Soudan est une tâche noire sur notre conscience collective » car le « risque de génocide y est réel et va croissant ». 

Mme JOYCE MSUYA, Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence, a rappelé que cette année marque le vingt-cinquième anniversaire de la première résolution de ce Conseil relative à la protection des civils et le soixante-quinzième anniversaire des Conventions de Genève de 1949, pierre angulaire du droit international humanitaire visant à protéger les victimes des conflits armés.  Elle a donc jugé ce moment important pour réfléchir à l’état de la protection des civils dans les conflits armés et aux mesures nécessaires pour garantir le respect du droit international humanitaire et des décisions de ce Conseil.  D’autant plus que la situation des civils dans les conflits armés en 2023 a été désastreuse, s’est désolée la haute responsable en citant les horreurs de l’attaque du 7 octobre par le Hamas et d’autres groupes armés palestiniens contre Israël, ainsi que la réponse militaire israélienne intense à Gaza, qui a entraîné la mort, la destruction et la souffrance à un rythme et à une échelle sans précédent dans un passé récent.  Environ 75% de la population de Gaza a été déplacée de force, a-t-elle mis en avant en s’inquiétant d’une famine « provoquée par l’homme » imminente.  Des milliers d’enfants ont été tués et blessés dans ce que l’UNICEF a appelé une « guerre contre les enfants » et on estime que 130 personnes sont toujours prises en otage, leur traitement inhumain suscitant toujours des inquiétudes, a-t-elle rappelé.

Dans son état des lieux, la Sous-Secrétaire générale a également cité le conflit qui a éclaté au Soudan en avril 2023 et ses dizaines de milliers de civils tués, ainsi que d’autres conflits qui ont continué à avoir un impact grave et durable sur les civils, notamment en République démocratique du Congo (RDC), au Myanmar, au Nigéria, au Sahel, en Somalie, en Syrie et en Ukraine. Au total, l’ONU a enregistré plus de 33 000 civils tués dans les conflits armés l’année dernière, « un chiffre stupéfiant, surtout si l’on considère que les chiffres réels sont probablement plus élevés », ce qui correspond à une augmentation « effroyable » de 72% en un an.

Mme Msuya a fait remarquer que l’utilisation d’armes explosives dans des zones peuplées a eu des effets dévastateurs sur les civils dans de nombreux conflits comme au Soudan et en Ukraine, où c’était la principale cause de pertes civiles.  Des millions de civils ont également été gravement affectés par les dommages et les destructions considérables subis par les infrastructures essentielles, du fait des perturbations de l’approvisionnement en électricité, en eau et en soins de santé. La haute fonctionnaire a dénombré, dans 21 conflits, plus de 2 300 incidents de violence et autres formes d’ingérence contre le personnel médical, les installations, le matériel, les transports et les patients.  Par ailleurs, les déplacements forcés sont restés une caractéristique essentielle des conflits armés, a constaté Mme Msuya en précisant qu’en milieu d’année, un nombre record de 110 millions de personnes dans le monde se trouvaient en situation de déplacement en raison de conflits, de persécutions, de violences et de violations ou d’atteintes aux droits humains, dont 60% à l’intérieur de leur propre pays.  Elle a également signalé que les conflits sont le principal facteur de la faim, qui a atteint des niveaux « stupéfiants » dans 19 pays ou territoires touchés par des conflits où117 millions de personnes ont connu des niveaux de crise d’insécurité alimentaire graves. 

Dans ce contexte difficile, les efforts de la communauté humanitaire ont été gravement compromis par les nombreuses contraintes d’accès, a-t-elle décrit en citant non seulement les hostilités actives et les défis logistiques, mais aussi les obstacles bureaucratiques et « un nombre inadmissible d’attaques contre les travailleurs humanitaires ».  Rien qu’à Gaza, l’UNRWA a perdu 142 membres de son personnel dans les violences survenues entre octobre et décembre.  Le PNUD et l’OMS ont perdu chacun un membre de leur personnel. 

Mme Msuya n’a pas hésité à dire que les dommages et les souffrances causés aux civils en 2023 témoignent d’un manque alarmant de respect du droit international humanitaire et du droit international des droits humains.  Cela indique également que les résolutions sur la protection des civils sont restées largement lettre morte, a-t-elle ajouté en appelant à redoubler d’efforts pour renforcer le respect de ces obligations par les parties au conflit et renforcer l’obligation de rendre des comptes pour ces violations.  Cela suppose l’indépendance et l’impartialité de la Cour pénale internationale (CPI), a rappelé la Sous-Secrétaire générale en faisant remarquer que les dommages civils se produisent souvent alors même que les parties au conflit prétendent agir dans le respect du droit.

Mme Msuya a donc recommandé d’adopter une approche plus globale, qui prenne en compte le point de vue des civils et la nature complexe, cumulative et à long terme de l’ensemble des dommages causés aux civils dans les conflits.  Elle a cité la déclaration politique sur les armes explosives dans les zones peuplées et la déclaration de 2015 sur la sécurité dans les écoles comme exemples de cette voie à suivre, exhortant tous les États à approuver ces instruments et à les mettre en œuvre dans leur intégralité. Il faut également suivre les mesures prises par certaines autorités nationales et régionales en élaborant et en adoptant des politiques, des processus et des outils proactifs de protection des civils, a-t-elle ajouté.  Enfin, elle a appelé les États, les parties aux conflits, les acteurs onusiens, les organisations internationales et les organisations de la société civile à réfléchir à la manière de développer et mettre en œuvre l’approche de la protection totale des civils pour renforcer le cadre mis en place au cours de 25 dernières années.

Mme MIRJANA SPOLJARIC EGGER, Présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a indiqué qu’il y avait 20 conflits actifs enregistrés par son organisation en 1999.  « Aujourd’hui, il y en a 120. »  Elle a ajouté que l’empêchement de l’aide humanitaire caractérise de plus en plus de conflits.  Des fournisseurs d’aide humanitaire impartiaux comme le CICR font l’objet de pressions régulières en vue d’atteindre des objectifs politiques et militaires.  Elle a exploré quelques pistes pour contrecarrer ces tendances dévastatrices, en rappelant que les Conventions de Genève de 1949 représentent le consensus universel le plus fort en vue de protéger l’humanité pendant la guerre.  « Elles sont un dénominateur commun. »

Elle a appelé les États à prendre des mesures concrètes pour protéger toutes les personnes touchées par un conflit.  Grâce à un dialogue confidentiel bilatéral avec les autorités de détention, le CICR peut apporter une protection cruciale aux personnes emprisonnées, a-t-elle dit.  « Néanmoins, nous restons très préoccupés par la manière dont la déshumanisation des personnes privées de détention continue de prévaloir. »  Elle a donc appelé les parties à respecter le droit international humanitaire (DIH) et à traiter toutes les personnes détenues avec humanité.  Elle a ensuite abordé la question des personnes disparues, en exhortant le Conseil à rappeler aux parties qu’elles doivent clarifier leur sort.

La Présidente a demandé aux États d’appliquer le DIH d’une manière telle qu’elle renforce véritablement la protection des civils sur le terrain.  Le DIH est en effet interprété avec une « élasticité croissante », en particulier les principes de distinction, de proportionnalité et de précaution qui régissent la conduite des hostilités, a-t-elle constaté. « Le DIH n’est pas un instrument de justification de la mort, de souffrances sans fin et de dévastations, son but essentiel est de protéger la vie et la santé et de s’assurer que le respect de l’humain est garanti même en temps de guerre. »  La protection des civils en temps de conflit est d’abord et avant tout une question de respect du droit, a-t-elle tranché.  « Cette responsabilité est entre les mains des dirigeants politiques et de leurs conseillers militaires parce qu’ils ont le pouvoir de décider de la trajectoire d’une guerre. »

M. HICHEM KHADHRAOUI, Directeur exécutif du Center for Civils in Conflit (CIVIC), a observé que, 25 ans après être devenu un outil prometteur du système international pour réduire les souffrances causées par les conflits armés, la protection des civils est mise à mal par la multiplication des risques auxquels ils sont exposés.  Les acteurs étatiques et non étatiques prennent pour cible les civils, violant le droit international humanitaire, avec des conséquences dévastatrices, leurs victimes étant parfois qualifiées de « dommages collatéraux acceptables », a-t-il expliqué, avant de signaler plusieurs tendances.  En 2023, 264 personnels humanitaires ont perdu la vie en cherchant à protéger les civils pris au piège dans les conflits.  En conséquence, les civils se voient refuser l’accès aux services les plus élémentaires, à savoir l’accès à la nourriture, à la santé et à l’eau. M. Khadhraoui a ensuite dénoncé l’utilisation d’armes explosives dans des zones densément peuplées, les décès de civils causés par les armes explosives ayant augmenté de 122% l’an dernier. Et les écoles, les hôpitaux, ainsi que les infrastructures d’approvisionnement en eau continuent d’être pris pour cibles, rendant inhabitables des zones entières et provoquant des déplacements, s’est encore alarmé le Directeur exécutif. 

Il a ensuite évoqué la tendance à la « privatisation de la guerre », avec des États qui externalisent les tâches sécuritaires à des sociétés privées, leur permettant de se soustraire dans certains cas à toute responsabilité pour les dommages et violences causés aux civils.  Un nombre croissant de recherches relient certains de ces acteurs à la commission d’atrocités, de violences sexuelles liées aux conflits et à la traite des êtres humains, ces violations étant souvent perpétrées avec l’acceptation tacite des États.  Enfin, M. Khadhraoui a attiré l’attention sur le transfert d’armes et de dépenses militaires mondiales, qui a dépassé les 2 400 milliards de dollars en 2023. « Les États exportent dans le monde entier, et ne veillent pas à ce que ces armes ne soient pas utilisées là où il existe un risque majeur de violations des droits internationaux et droit international humanitaire », a-t-il constaté. 

Face à ces tendances, le Directeur exécutif a recommandé trois actions concrètes pour promouvoir la protection des civils.  Tout d’abord, chaque État Membre de l’ONU doit approuver et mettre pleinement en œuvre la déclaration politique sur le renforcement de la protection des civils contre les conséquences humanitaires découlant de l’utilisation d’armes explosives dans les zones peuplées, adoptée en 2022 par 83 pays.  Par ailleurs, ils doivent immédiatement mettre fin à la fourniture d’armes à leurs partenaires lorsqu’il existe un risque majeur de faciliter les violations du droit international humanitaire.  Enfin, chaque État doit élaborer une politique nationale de protection des civils, en coopération avec la société civile et les communautés concernées.  Quant au Conseil de sécurité de l’ONU, il doit prendre l’initiative de garantir l’établissement des responsabilités, de lutter contre l’impunité et d’éviter le deux poids, deux mesures.  « Inverser la vague de dégâts causés aux civils dans les conflits armés n’est pas seulement une responsabilité juridique et morale, mais également une condition de la paix et de la sécurité internationales et du renforcement de l’économie mondiale », a assuré en conclusion M. Khadhraoui.

M. THOMAS GÜRBER, Secrétaire d’État adjoint de la Suisse, a déclaré que 75 ans après leur adoption, les Conventions de Genève de 1949 et leurs Protocoles additionnels restent plus pertinentes que jamais.  Il s’est inquiété du fait que la multiplication des conflits armés dans le monde s’est accompagnée de nombreuses violations du droit international humanitaire comme à Gaza, au Soudan, en Ukraine et au Myanmar. Ces exemples sont des conséquences évitables dues à un manque de volonté politique de respecter le droit international humanitaire, a-t-il regretté.  « Protégeons les civils! » s’est écrié le Secrétaire d’État adjoint appelant les parties aux conflits à respecter strictement le droit international humanitaire, partout et en toutes circonstances, et ceci même en l’absence de réciprocité. 

Le Secrétaire d’État ajdoint a également exigé un accès rapide, sûr et sans entrave à l’assistance humanitaire.  Il faut aussi ratifier et mettre en œuvre les conventions pertinentes, notamment les Protocoles additionnels aux Conventions de Genève de 1949; reconnaître et soutenir la Cour pénale internationale; et utiliser plus systématiquement les instruments d’alerte précoce, par exemple en lien avec la famine. 

Le représentant de la Fédération de Russie a déclaré que les Conventions de Genève de 1949, pierre angulaire du droit international humanitaire, ont été écrites avec le sang des peuples soviétiques au sortir de la Seconde Guerre mondiale.  Il a dénoncé la stratégie d’affamement poursuivie par Israël à Gaza, avec l’appui de certains pays au sein du Conseil.  Il s’est étonné que cette situation ne fasse l’objet que d’un paragraphe dans le rapport du Secrétaire général.  De même, le délégué a déploré que le rapport ne mentionne pas l’occupation de certaines zones de la Syrie par les États-Unis.  Les passages relatifs à l’Ukraine illustrent ce deux poids, deux mesures.  L’opération militaire spéciale russe a en effet été décidée en réaction aux bombardements dans le Donbass, a dit le délégué, en regrettant que cela ne soit pas mentionné dans ledit rapport.  Affirmant que le potentiel militaire de l’OTAN est utilisé contre des cibles civiles, notamment à Donetsk et à Belgorod, il a demandé que les crimes commis par le « régime de Kiev », avec l’appui des pays occidentaux, fassent l’objet d’enquêtes.  Enfin, il a accusé la France d’alimenter le terrorisme dans certains pays d’Afrique aux fins de prolongement des conflits.

Le représentant du Royaume-Uni a mis l’accent sur plusieurs faits alarmants, en particulier l’escalade de la violence à El-Fasher, au Soudan, la mort de civils en Israël et à Gaza, la multiplication par 10 du nombre de personnes handicapées en Ukraine en raison de la guerre, et les niveaux choquants de violences sexuelles liées aux conflits au Sahel central et en République démocratique du Congo (RDC).  Pour inverser ces tendances, il a plaidé pour l’adoption d’une approche globale de la protection.  Dans ce cadre, a-t-il dit, les parties belligérantes doivent pleinement se conformer au droit international humanitaire et respecter leurs obligations de protéger les civils, notamment en respectant les droits spéciaux, les besoins et les vulnérabilités des enfants touchés par les conflits.  Appelant les États à protéger leurs populations contre le génocide, les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et le nettoyage ethnique, il a indiqué que son pays s’emploie à surveiller la commission d’atrocités et la diffusion de discours de haine au Soudan. 

Le délégué a ensuite exhorté tous les États à prendre des mesures pratiques pour améliorer la mise en œuvre du droit international humanitaire, ce qui tendra à améliorer la protection.  Il a d’autre part estimé que la protection des civils doit rester une priorité des missions de maintien de la paix.  À ce sujet, il a indiqué que le Royaume-Uni forme les soldats de la paix à la prévention des violences sexuelles liées aux conflits, œuvre à l’augmentation de la participation des femmes en uniforme et contribue à lutter contre la désinformation sur les missions.  Il a enfin appelé la communauté internationale à investir dans l’anticipation des risques, en travaillant en partenariat avec les gouvernements nationaux et les organisations locales pour s’attaquer aux causes sous-jacentes des conflits. 

La représentante de la France a noté que les constats du rapport annuel du Secrétaire général sur la protection des civils sont plus alarmants que jamais.  Plus de 33 000 civils, dont une majorité de femmes et d’enfants, ont perdu la vie dans des zones de conflit en 2023, soit une hausse de 72% par rapport à l’année précédente, a-t-elle constaté et les dommages civils se sont étendus à plusieurs régions du globe, notamment en Israël et en Palestine, où 70% des victimes ont été recensées. 

Également alarmée par les attaques sans précédent contre le personnel humanitaire, elle a soutenu en ce sens le projet de résolution présenté par la Suisse visant à renforcer leur protection.  Appelant au respect du droit international humanitaire, et des principes de précaution et proportionnalité dans l’usage de la force, la déléguée a souligné que les parties au conflit doivent se concentrer sur la recherche de solutions politiques justes et durables pour mettre fin aux crises et à leurs conséquences catastrophiques pour les populations civiles.  La lutte contre l’impunité doit rester une priorité absolue, a insisté la représentant avant d’inviter tous les États Membres à rejoindre l’Appel à l’action humanitaire lancé par la France et l’Allemagne en 2019.  Celui-ci a déjà été endossé par 53 États signataires, a-t-elle précisé, mais il est crucial d’élargir cette coalition pour renforcer notre action commune en faveur de la protection des civils. 

Le représentant de la Sierra Leone a noté les réticences des pays accueillant des opérations de paix avec mandat de protection des civils.  Il a appelé à des efforts concertés afin d’assurer un transfert de responsabilités grâce à des désengagements progressifs et responsables, chaque fois qu’il y a une demande de retrait desdites opérations. Les opérations de paix doivent être établies sur la base d’analyses rigoureuses de la situation sur le terrain et être dotées des ressources nécessaires, a-t-il ajouté.  Évoquant l’expérience de son pays, il a plaidé pour un engagement précoce des acteurs clefs, notamment les pays hôtes, lors de chaque phase de préparation et de déploiement des missions.  En conclusion, le délégué a appelé à l’élaboration d’une approche holistique en matière de protection des civils.

Le représentant de la Slovénie a considéré que le Conseil de sécurité devrait accorder davantage d’attention à la pleine mise en œuvre de ses résolutions pertinentes, complétée par des efforts régionaux et nationaux.  L’impact des conflits armés sur l’eau douce, les installations liées à l’eau et les services d’eau et d’assainissement laisse des millions de civils sans eau potable, posant de graves défis humanitaires, de développement et environnementaux.  Une sensibilisation accrue est nécessaire et la Slovénie a l’intention de se joindre à d’autres États pour lancer une alliance mondiale pour économiser l’eau dans les conflits armés plus tard cette semaine, a annoncé son représentant.  Pour lui, le soixante-quinzième anniversaire de l’adoption des Conventions de Genève de 1949 est une nouvelle occasion de renouveler l’engagement en faveur du plein respect du droit international humanitaire.  « Cependant notre engagement ne doit pas être abstrait: nous devons rejeter toutes les attaques contre les infrastructures civiles et les attaques contre les travailleurs humanitaires.  Et nous devons exiger des comptes », a déclaré le délégué.

Le représentant du Japon a déclaré qu’il était affligeant que l’application des Conventions de Genève de 1949 ne s’accompagne pas d’une augmentation de la protection de la vie des civils innocents dans le monde.  Le dernier rapport du Secrétaire général dresse un sombre tableau des victimes civiles dans les conflits armés, a noté l’intervenant se disant découragé par l’érosion des principes du droit international humanitaire.  Le délégué a demandé à tous les États de respecter et de protéger le personnel humanitaire et le personnel des Nations Unies.  Il a salué le leadership de la Suisse dans l’élaboration de la résolution sur la protection de ces personnels.  Le respect du droit international humanitaire est une obligation pour toutes les parties aux conflits, a-t-il martelé en rejetant toute excuse pour les États qui ignorent ces principes.

Le droit international humanitaire a été créé afin de préserver la dignité des personnes et des combattants, a rappelé le délégué en assurant que le Japon est déterminé à garantir la dignité des civils, en particulier les femmes et les filles, dans les conflits armés.  Il a donné un exemple de son appui: l’aide du Japon à la lutte antimines.  En 2023, le Japon a fourni environ 67 millions de dollars d’aide à la lutte antimines dans 20 pays par l’intermédiaire du CICR, du Service de la lutte antimines de l’ONU et d’autres ONG.  Enfin, le représentant a souligné l’importance de protéger le personnel médical et les installations sanitaires et d’assurer leur passage en toute sécurité dans les zones de conflit, dénonçant les 2 370 incidents de violence et d’ingérence ayant touché ces travailleurs et ces établissements dans le monde entier l’année dernière.

La représentante de Malte a souligné l’importance de la résolution 1265 (1999) pour l’engagement collectif en faveur de la protection des civils dans les conflits armés, tout en constatant un affaiblissement de cet engagement ces 25 dernières années.  Les nombreux instruments créés par le système multilatéral ont rarement été utilisés de manière opportune et efficace, a-t-elle déploré, évoquant les situations en Afghanistan, en RDC, en Iraq, au Myanmar, en Haïti, en Syrie, en Ukraine et au Yémen, sans oublier Gaza, où « une population entière est confrontée à une famine provoquée par l’homme ».  Au Soudan, théâtre de la plus grande crise de réfugiés et de déplacés internes au monde, la peur des nettoyages ethniques qui ont eu lieu en 2005 semble réapparaître, tandis que la faim provoquée par le conflit affecte 18 millions de personnes, a ajouté la déléguée, avant d’appeler à éviter un massacre à El-Fasher, ville du Darfour encerclée par les Forces d’appui rapide. 

Pour la représentante, les « dures leçons » tirées des génocides passés soulignent le rôle vital de la responsabilité.  « Sans cela, nos résolutions ne sont que des mots », a-t-elle souligné, jugeant impératif que le Conseil utilise tous les outils à sa disposition pour garantir le respect du droit international conçu pour protéger les civils. Dans le même temps, les solutions humanitaires ne supplanteront pas le besoin crucial d’une véritable diplomatie et d’une prise de décisions politiques courageuses, a soutenu la représentante, pour qui il importe de lutter contre la « loi du plus fort » et de réaffirmer notre attachement aux principes consacrés dans la résolution 1265. Avant de conclure, elle a appuyé la préparation par la Suisse d’un projet de résolution sur la protection des civils et de ceux qui les assistent dans les conflits, espérant voir ce texte adopté par consensus dans les prochains jours.

La représentante du Guyana a estimé que la mise en œuvre de la résolution 1265 (1999) a été semée d’embûches, expliquant cela notamment par la montée en puissance des acteurs non étatiques, la désinformation comme outil de guerre et le recours à des tactiques de guerre asymétriques.  Cette situation a fait des millions de morts parmi les civils, tout en détruisant des infrastructures essentielles.  La déléguée a aussi dénoncé les déplacements de population et le manque d’accès à des services vitaux et essentiels qui en résultent.  Selon elle, l’absence de mise en œuvre de cette résolution est due également à la relativité de plus en plus grande avec laquelle certains acteurs interprètent le droit international humanitaire, qui a pourtant été conçu pour préserver le caractère sacré de la vie et cadrer la conduite de la guerre.  Elle a dénoncé cette « application subjective du droit international humanitaire » en martelant que tous les êtres humains sont nés égaux et doivent être traités de la même manière.

Lorsque l’on permet dans certaines situations l’usage aveugle de la force, le ciblage de non-combattants et la destruction d’infrastructures essentielles, grâce à l’impunité, alors que la responsabilité est exigée dans d’autres, c’est un affront à la dignité de l’être humain et une perpétuation de l’idée dangereuse que tous les humains ne sont pas créés égaux, a-t-elle argué.  Elle a donc jugé essentiel que l’interprétation et l’application du droit international humanitaire et des principes qui y sont consacrés donnent la priorité à la sécurité et à la dignité de tous les civils.  La représentante a soutenu l’initiative actuellement menée par la Suisse en vue d’élaborer une résolution du Conseil de sécurité sur la protection du personnel humanitaire, espérant que ce texte soit adopté par consensus.  « S’il est vrai que la protection des civils est une obligation légale, il s’agit également d’un impératif moral. »

Le représentant de l’Équateur a dit que la protection des civils est une priorité de son pays.  Il a estimé que le cadre juridique international en la matière est robuste, avant d’accueillir favorablement la proposition de la Suisse visant à renforcer la protection du personnel humanitaire.  L’année 2023 est la plus meurtrière de ces 30 dernières années. Face à cette situation, il a appelé à des mesures concrètes, en exhortant notamment les parties à respecter le droit international humanitaire.  Les auteurs de crimes contre les civils doivent être traduits en justice, a-t-il insisté.  Le Conseil doit éviter toute fragmentation des mandats de protection des civils des opérations de paix, a conclu le délégué, en demandant que ces opérations soient dotées des ressources nécessaires.

Le représentant de la République de Corée a estimé qu’au cours des 25 dernières années, le Conseil de sécurité a élaboré un cadre complet pour les normes de protection des civils sur le terrain en incorporant des éléments dans les mandats de maintien de la paix en vertu du Chapitre VII de la Charte. Alors que nous célébrons le vingt-cinquième anniversaire de la résolution 1265 et les 75 ans des Conventions de Genève de 1949, nous devons combler le fossé entre les idéaux et la réalité et revitaliser la stratégie de protection des civils pour les 25 prochaines années, a-t-il recommandé.  Aussi le délégué a-t-il demandé aux États d’assumer leur responsabilité première de cette protection, et au Conseil de promouvoir des mécanismes, des politiques et des institutions nationales de responsabilisation.  Le Conseil doit aussi aider les systèmes judiciaires nationaux à tenir les auteurs responsables de leurs actes grâce à des initiatives de renforcement des capacités, a-t-il préconisé. 

Par ailleurs, de l’avis du délégué, le Conseil doit renforcer la responsabilité des auteurs de crimes contre les civils en se servant de ses régimes de sanctions et en saisissant la CPI.  Il devrait en outre privilégier une approche stratégique plus équilibrée concernant les mandats de protection des civils, souvent jugés « trop ambitieux et irréalistes » au regard des ressources limitées dont disposent les opérations de paix.  Cette nouvelle approche devrait également répondre aux défis émergents, tels que les cyberattaques contre les infrastructures critiques et la désinformation. Enfin, lors de la clôture et du retrait des missions, il faut privilégier la protection des civils pendant et après les transitions, a encore recommandé le représentant coréen. 

Le représentant des États-Unis a indiqué que ces dernières années, de nombreuses opérations de maintien de la paix de l’ONU ont été le fer de lance des efforts visant à protéger les civils dans les zones de conflit où elles sont déployées, évoquant notamment les mandats de la MINUSCA, de la MONUSCO et de la MINUSS.  Il a également rappelé que face à la violence des gangs en Haïti, le Conseil de sécurité a autorisé la Mission multinationale de soutien à la sécurité, qui, sous la direction du Kenya, pourrait bientôt se déployer.  En outre, au Darfour et ailleurs au Soudan, les populations sont confrontées à d’horribles violences qui exigent que la communauté internationale réfléchisse aux outils à mettre en œuvre pour garantir la protection des civils. Le délégué a ensuite exhorté le Conseil à appeler toutes les parties à remplir leurs obligations juridiques internationales liées à la protection des civils, ainsi que les principes du droit international humanitaire.

Le représentant de la Chine a constaté qu’en dépit des orientations essentielles contenues dans la résolution 1265 (1999), les civils restent la cible de violences dans les situations de conflit.  Face à ces violences, qui ont enregistré une hausse considérable depuis l’an dernier, il a appelé à redoubler d’efforts « avec un sentiment d’urgence ».  Si l’élimination des conflits est évidemment la meilleure manière de protéger les civils, il importe de ne pas en attendre la fin avant d’agir, a-t-il plaidé, avant d’appeler à un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Gaza, et notamment à Rafah où une large part de la population de l’enclave s’est réfugiée pour éviter la mort.  Selon lui, le Conseil de sécurité doit inciter Israël à cesser ses opérations militaires et le « châtiment collectif » imposé aux Gazaouites.  

Pour assurer la protection des civils dans ce type de situation, le droit international humanitaire doit être respecté par tous, a insisté le représentant, pour qui il est impératif de garantir un accès humanitaire sûr et sans entrave, tout en veillant à ce que l’assistance ne soit pas politisée et que les biens essentiels ne soient pas utilisés comme armes.  « Au XXIe siècle, ces normes fondamentales ont été violées à de nombreuses reprises », a-t-il dénoncé, exhortant le Conseil à faire respecter la mise en œuvre du droit international humanitaire, « sans application sélective ».  Il a également appelé à lutter contre la prolifération des armes légères et de petit calibre et le développement de systèmes autonomes létaux utilisant l’intelligence artificielle.  Enfin, le délégué a estimé que la protection de civils passe aussi par l’amélioration des capacités de gouvernance des pays touchés par des conflits.  La communauté internationale doit selon lui aider ces pays à renforcer leur système de défense et leurs moyens de lutte contre le terrorisme, mais aussi contribuer à leur développement, à la réduction de la pauvreté et à la recherche des causes profondes des conflits.  

Le représentant de l’Algérie a pris note de la réalité alarmante des civils dans les conflits armés, et de l’augmentation « stupéfiante » de 72% du nombre de victimes civiles par rapport à l’année 2022.  Citant le cadre juridique existant et universellement reconnu (la résolution 1265 (1999) et les Conventions de Genève de 1949), il a dit que le monde est témoin de la manière dont la Puissance occupante des territoires palestiniens occupés le contourne et le bafoue en toute impunité.  Les forces d’occupation israéliennes ont délibérément pris pour cible des civils et des infrastructure civiles, a-t-il souligné faisant état de 35 303 morts, dont 32% sont des enfants, et notant que 171 installations de l’UNRWA ont été prises pour cible, pendant que 493 travailleurs de la santé ont été tués, de même que 193 membres du personnel de l’ONU et 147 journalistes et professionnels des médias.  Cette politique constitue « un crime de guerre et une punition collective », a tranché le représentant arguant qu’affamer des civils innocents ou les cibler directement est explicitement interdit par le droit international humanitaire. 

La situation à Gaza soulève la question fondamentale de la raison d’être de l’état de droit s’il ne peut pas protéger les valeurs les plus sacrées, a analysé le représentant en soulevant un problème plus large: comment s’assurer que toutes les parties à un conflit respectent les normes internationales humanitaires et de sécurité en l’absence d’un mécanisme de dissuasion?  À cette fin, le délégué a proposé la création d’un tel mécanisme permettant au Conseil de sécurité d’être automatiquement notifié de toute violation flagrante et documenté du droit international et du droit international humanitaire.  Le délégué a également insisté sur l’obligation de rendre des comptes pour tous ceux qui ont violé ce droit, souhaitant que le système multilatéral soit habilité à mettre fin à l’impunité.  Il a prôné une approche globale garantissant que tous les efforts, à tous les niveaux, œuvrent à la mise en œuvre du droit international humanitaire.  Il a cependant fait valoir que toutes les propositions concernant la protection des civils dans les zones de conflit et la facilitation de l’accès humanitaire restent des solutions partielles si l’on ne s’attaque pas aux causes profondes et que l’on ne trouve pas de solutions durables aux conflits.

Le représentant du Mozambique a noté la choquante augmentation de 72% des pertes civiles en 2023 par rapport à l’année précédente.  « Les dévastations à Gaza, en Israël, au Soudan, en RDC, au Myanmar, au Nigéria, en Somalie, en Syrie, en Ukraine et dans d’autres régions ont été particulièrement graves. »  Il a appelé les membres du Conseil à adopter rapidement la résolution en cours de négociation parrainée par la Suisse.  Le meilleur moyen de protéger les civils par temps de conflit est de mettre fin aux conflits, a tranché le délégué.  Enfin, il a rappelé les mesures prises, notamment l’établissement d’une force locale, pour protéger les civils des attaques terroristes perpétrées depuis octobre 2017 au Mozambique.

Comme les membres du Conseil, beaucoup de délégations qui ont participé au débat ont rappelé que la clef pour prévenir les souffrances des civils, c’est de prévenir les conflits.  Pour le Rwanda par exemple, ne pas tenir compte de cette réalité serait traiter des symptômes et non des causes.  Ce pays, qui a proposé en 2015 les Principes de Kigali sur la protection des civils dans le cadre des opérations de maintien de la paix, a estimé que la protection des civils doit rester l’objectif central de ces opérations.  En tant que plus grand contributeur des troupes à ces opérations, le Népal a confirmé déployer des soldats de la paix « professionnels ».  De plus, des mesures punitives sont infligées aux Casques bleus reconnus coupables de violations des droits humains ou impliqués dans les cas d’exploitation et d’atteintes sexuelles, a assuré la délégation.

Qu’avons-nous accompli depuis l’adoption de la résolution sur la protection des civils il y a un quart de siècle?  En posant cette question, l’Afrique du Sud a constaté que l’application sélective du droit international, l’hypocrisie et la politique du « deux poids, deux mesures » affichées par certains États Membres ont abouti à la malheureuse situation de conflits actuels et à la souffrance des civils.  C’est fort du constat de la crise à Rafah que l’Afrique du Sud a dit avoir de nouveau saisi la Cour internationale de Justice (CIJ), le 16 mai 2024, au milieu de l’offensive intensifiée et d’une crise humanitaire aigüe.

La Grèce s’est montrée soucieuse également de l’application du droit lorsque les efforts collectifs de maintien de la paix échouent.  Le respect total du droit international humanitaire et des droits humains reste essentiel.  D’où les appels lancés aux parties à un conflit armé pour qu’elles respectent les principes humanitaires.  Un appel valant également pour les acteurs non étatiques.  De nombreuses délégations ont d’ailleurs rappelé l’importance des Conventions de Genève de 1949 dont le soixante-quinzième anniversaire est commémoré cette année.  La Jordanie s’est indignée devant des tentatives de rendre obsolètes ces conventions.  La délégation a insisté pour le respect du droit international humanitaire et la protection des civils à Gaza, point névralgique du principe de la protection des civils en ce moment et exemple revenant dans la plupart des interventions, à côté d’autres zones de conflits du globe citées également à maintes reprises, comme l’Ukraine, le Yémen, la République démocratique du Congo (RDC), le Myanmar, le Soudan ou encore la Syrie.

Le débat s’est aussi appuyé sur la résolution 1265 (1999) du Conseil de sécurité, relative à la protection des civils, adopté il y a déjà un quart de siècle. Malgré ce cadre juridique, la Norvège a relevé que sur tous les continents, nous assistons à des conflits armés avec des meurtres et des mutilations de civils à une échelle alarmante. S’exprimant au des 27 pays membres du Groupe des Amis pour la protection des civils en période de conflit armé, la délégation a insisté sur le respect du droit international humanitaire, qui est un cadre juridique fondamental pour protéger les civils des horreurs de la guerre.  Le Groupe s’est aussi dit choqué par les nombreux meurtres de personnels humanitaires et médicaux.

La situation à Gaza est revenue dans de nombreux discours, l’Égypte notamment a évoqué les civils sans défense et la destruction des sites civils, même des centres de soins.  Devant l’ampleur de la crise à Gaza, certains États, tels que Cuba, ont proposé l’envoi urgent d’une mission de protection internationale, autorisée par l’Assemblée générale, avec pour mandat de contribuer à la sécurité et la protection de la population civile et la facilitation de la livraison de l’aide humanitaire d’urgence.  La Türkiye a aussi appelé l’acheminement sûr des secours dans l’enclave palestinienne, avant de rappeler qu’elle continue d’apporter assistance aux civils syriens, y compris par le biais de l’aide transfrontière.  En plus de cibler Gaza, le Liban a indiqué qu’Israël cible son territoire depuis le 8 octobre.  Une agression qui vise les civils et les infrastructures civiles.  Le pays a présenté un bilan de 80 civils tués, dont 26 femmes, 14 enfants, 3 journalistes et 18 agents de santé. 

Le Costa Rica a souligné le grand risque que courent les civils en cas de présence de mines et autres engins explosifs, même des décennies après la fin des conflits.  C’est pourquoi il faudrait inclure la lutte contre les mines et autres explosifs dans les mandats des opérations de maintien de la paix, a prôné la délégation. De même, le Saint-Siège a estimé que l’arrêt de la production, du stockage et de l’utilisation d’armes telles que les mines terrestres, les armes à sous-munitions et des explosifs dans les zones peuplées serait une mesure cruciale pour assurer la protection des civils dans les conflits armés. 

Le Liechtenstein comme d’autres pays a constaté des tendances inquiétantes comme l’utilisation de l’intelligence artificielle, des armes létales autonomes et la cyberguerre.  Des défis nouveaux qui nécessitent l’élaboration et l’application minutieuses des principes et normes juridiques.  Le Liechtenstein a dit avoir contribué à cet effort, notamment en publiant un rapport sur l’application du Statut de Rome de la Cour pénale internationale à la cyberguerre. Parmi les nouveaux risques, l’Union européenne a constaté que les changements climatiques peuvent provoquer des déplacements et une insécurité alimentaire qui exacerbent les conflits. C’est pourquoi elle s’engage à assurer la protection des civils à travers le renforcement de la résilience. Cela inclut l’investissement dans la réduction des risques de catastrophe et dans des systèmes d’alerte précoce.

Le Chili, en accord avec la déclaration du Groupe des Amis de la responsabilité de protéger, a rappelé la résolution 2664 (2022) qui voulait éviter que les sanctions de l’ONU nuisent à la population civile et fassent obstruction à l’action humanitaire.  Le Chili a invité tous les États à appliquer ses dispositions, dont celles sur les exemptions humanitaires des régimes de sanctions.  La Grèce a insisté sur la protection des journalistes.  En 2006, elle avait proposé l’adoption de la résolution 1738 à ce sujet et elle facilite chaque année celle de l’Assemblée générale sur la sécurité des journalistes et la question de l’impunité.

Il ne suffit pas de dénoncer les violations de crimes graves commis contre la population civile en situation de conflits armés, a-t-on aussi entendu.  Lorsqu’il s’agit de crimes de guerre et contre l’humanité, il est impératif que ces actes ne restent pas impunis, a tranché le Mexique.  Au nom des pays nordiques (Finlande, Islande, Norvège, Suède et Danemark), le Danemark a déclaré que le droit international humanitaire et les droits humains s’appliquent à tous et partout, que ce soit dans les rues du Soudan ou de Gaza ou encore dans la banlieue de Kharkiv ou dans le cyberespace.  En outre, le Luxembourg a condamné toute menace ou acte d’intimidation à l’endroit du Procureur de la CPI ou de son personnel. 

La Croatie a conseillé d’utiliser le concept de la responsabilité de protéger de manière plus efficace et non controversée.  Elle a vu quelques opportunités très concrètes à saisir, comme les discussions sur le pacte pour l’avenir qui devraient aboutir à un document accordant une grande importance à la prévention et à la protection.  L’Allemagne, qui cofacilite le Sommet de l’avenir, a confirmé que le principe de protection des civils sera ancré dans le Pacte. 

 

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Cinquième Commission: préoccupation face à la situation financière de l’ONU

Soixante-dix-huitième session
38e séance plénière – matin
AG/AB/4462

Cinquième Commission: préoccupation face à la situation financière de l’ONU

En 2024, la situation financière de l’ONU risque d’être pire qu’en 2023.  C’est ce qu’a déclaré la Secrétaire générale adjointe chargée du Département des stratégies et politiques de gestion et de la conformité, le 10 mai dernier (A/78/524/Add.1).  Depuis lors, a indiqué aujourd’hui Mme Catherine Pollard, à la Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, 111 États Membres ont payé l’intégralité de leur contribution au budget ordinaire de l’ONU, 58 à celui des opérations de paix et 90 États Membres à celui des Tribunaux pénaux internationaux.

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, l’Ouganda a jugé extrêmement préoccupant qu’un seul État Membre doive plus de la moitié du budget ordinaire et de celui des opérations de paix, malgré son énorme capacité de paiement.  Le 10 mai, Mme Pollard indiquait en effet que sur un budget ordinaire de 3,2 milliards pour 2024, les États-Unis doivent près d’un milliard de dollars, et au budget des opérations de paix, 1,6 milliard sur 6 milliards. 

Alors qu’il bénéficie d’une distorsion « fondamentale » dans la manière dont les quotes-parts ont été déterminées, cet État, a taclé l’Ouganda, dont la quote-part au budget ordinaire est plafonné à 22%, poursuit sa politique de rétention de fonds pour des raisons politiques, tout en « s’accrochant » à ses privilèges spéciaux au Conseil de sécurité.  Nous sommes dans une très mauvaise position, a renchéri Singapour, au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est.  Les problèmes financiers, a-t-il insisté, sont dus principalement aux paiements tardifs ou aux impayés.  Or, s’est-il agacé, il est de notre obligation et de notre responsabilité morales de veiller à ce que l’ONU ait les ressources nécessaires à l’exécution des mandats que nous lui avons nous-mêmes confiés.

Tant au Siège que sur le terrain, des activités sont reportées voire annulées, a constaté l’Union européenne.  L’accumulation des retards de paiement et la non-exécution des mandats nous poussent dans une spirale qui affecte gravement la performance voire la pertinence même de l’ONU.  Tous les États doivent faire leur possible pour payer à temps et dans l’intégralité leurs contributions aux budgets de l’ONU et ceux qui ne peuvent pas, doivent communiquer un plan de paiement clair et fiable pour offrir un peu de prévisibilité au Secrétariat de l’ONU.  Tout comme le Royaume-Uni, l’Arabe saoudite a dit avoir modifié ses règles administratives pour pouvoir verser à temps et dans son intégralité sa contribution aux budgets de l’ONU. 

Nous devons trouver des solutions plus durables à ces crises récurrentes et traiter de leurs causes structurelles, a dit l’Union européenne.  Nous voyons du mérite dans la proposition d’empêcher la restitution des fonds non utilisés aux États Membres.  Nous plaidons aussi pour une centralisation globale des fonds pour assurer une meilleure utilisation des liquidités dispersées dans les différents comptes de l’ONU.  Il faut des mécanismes de transition et pour ce faire, il est important d’étudier le fonctionnement des fonds de réserve et autres outils complémentaires.

Bon élève, le Royaume-Uni a estimé qu’en cette période d’incertitudes géopolitiques, le Secrétaire général doit pouvoir bénéficier de règles et règlements budgétaires plus souples.  Faisant également valoir son statut d’argentier fiable, la Fédération de Russie s’est indignée de ce que sa contribution de 59 millions de dollars au budget ordinaire n’ait pas été créditée au compte de l’ONU.

Les fonds, a-t-elle expliqué, nous ont été restitués, après que notre transaction a été déclinée par une banque américaine, en raison des mesures restrictives unilatérales que nous ont imposées les États-Unis.  Nous avons donc basculé dans un univers où notre responsabilité financière à l’égard de l’ONU repose sur les épaules des États-Unis.  Nous sommes empêchés d’assumer cette responsabilité par ceux-là même qui se soustraient à la leur, préférant financer des opérations militaires dans le monde entier.  Ni les États-Unis ni la Chine qui doivent à eux deux 1,4 milliard au budget ordinaire n’ont pris la parole. 

La Cinquième Commission, qui tient à huis clos cette deuxième reprise de session consacrée au financement des opérations de paix, ne prévoit aucune autre séance publique avant la clôture de ses travaux, le 31 mai.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’offensive militaire israélienne à Rafah « aura lieu », assure Israël en dépit de l’objection de l’ONU et des membres du Conseil de sécurité

9631E SÉANCE - APRÈS-MIDI
CS/15701

L’offensive militaire israélienne à Rafah « aura lieu », assure Israël en dépit de l’objection de l’ONU et des membres du Conseil de sécurité

Deux hauts fonctionnaires de l’ONU ont mis en garde, cet après-midi, le Conseil de sécurité sur la détérioration rapide de la situation sécuritaire et humanitaire dans la bande de Gaza à mesure qu’Israël intensifie ses opérations militaires à Rafah.  Le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient a constaté une situation désespérée et dangereuse pour la population à Rafah alors que la Directrice des opérations et du plaidoyer au Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a dit manquer de mots pour décrire ce qui se passe à Gaza. Les délégations se sont toutes opposées à l’opération militaire israélienne à Rafah « laquelle aura lieu » selon Israël. 

Pour M. Tor Wennesland, sans la reprise des pourparlers, le pire est à craindre pour les civils à Rafah et les otages détenus par le Hamas, de même que pour une opération humanitaire dans la bande de Gaza.  Il a également averti que l’absence d’un cessez-le-feu à Gaza et une opération militaire à grande échelle à Rafah exacerbent le risque d’escalade des tensions régionales, en particulier de part et d’autre de la Ligne bleue avec le Liban. 

Depuis le mois de mai, la situation sécuritaire à Rafah se détériore rapidement à mesure que les opérations militaires israéliennes s’intensifient, a-t-il constaté, précisant que l’ordre d’évacuation lancé par Israël, le 6 mai, a déplacé plus de 800 000 personnes.  Les opérations d’Israël font que plus aucun endroit à Gaza n’est sûr, y compris pour les travailleurs humanitaires, a observé le haut fonctionnaire déplorant comme son homologue de l’OCHA le décès d’un personnel du Département de la sûreté et de la sécurité et rappelant que 193 membres du personnel de l’ONU ont été tués à Gaza depuis le 7 octobre 2023. 

L’incursion terrestre de Rafah amplifie les obstacles à une opération humanitaire déjà fragile, a souligné pour sa part la Directrice des opérations et du plaidoyer de l’OCHA qui a rappelé que, depuis le 17 mai, le passage de Rafah reste fermé et inaccessible aux mouvements de marchandises humanitaires, de carburant et de personnel.  Mme Edem Wosornu a déploré qu’environ 82 000 tonnes de fournitures sont bloquées du côté égyptien, et a souligné que les routes terrestres restent le moyen le plus efficace d’acheminer l’aide nécessaire, tout en saluant les premières livraisons, le 17 mai, via le quai flottant construit par les États-Unis et le couloir maritime hébergé par Chypre conformément à la résolution 2720 (2023). 

Il est essentiel de limiter les dommages causés aux civils, d’ouvrir pendant une période prolongée tous les points de passage et d’assurer la protection du personnel humanitaire, a-t-elle plaidé.  Seuls un cessez-le-feu et un arrêt de l’incursion terrestre à Rafah permettraient d’endiguer l’aggravation sans fin de la situation.

« Le monde entier s’est opposé à l’offensive israélienne sur Rafah et pourtant Israël continue », a dénoncé l’État de Palestine.  Et au lieu d’ouvrir des points de passage pour l’aide humanitaire, Israël s’est emparé de force de celui de Rafah tout en couvrant la destruction de l’aide humanitaire par les colons et les extrémistes israéliens.  Pour la délégation palestinienne, « il ne fait pas de doute »: Israël demande aux membres du Conseil de détruire de leurs propres mains l’ordre international fondé sur les règles afin de pouvoir continuer à tuer le peuple palestinien et à annexer les terres palestiniennes en toute impunité. 

En planifiant et en lançant son opération militaire à Rafah, la Puissance occupante met en œuvre une stratégie de nettoyage ethnique, une opération qui aura de graves conséquences pour la paix et la stabilité régionales, s’est alarmée l’Algérie qui a demandé la tenue de cette réunion avec la Slovénie. 

Tout en insistant sur l’impératif de vaincre le Hamas, les États-Unis ont affirmé pour leur part n’avoir jamais voulu une opération militaire à Rafah, exhortant eux aussi à la réouverture du point de passage de Rafah qui est « une question de vie ou de mort ». 

« Nous ne voulions pas lancer d’opération à Gaza », a expliqué Israël.  « Tout ce que nous voulons, c’est défendre notre avenir et sauver des vies pour être à l’abri du Hamas, cette organisation terroriste qui nous menace. »  Selon le délégué, des centaines de terroristes se trouveraient à Rafah où seraient également détenus les otages.  Israël a découvert 50 tunnels « de la terreur » sur place et ce n’est là que la pointe de l’iceberg.  « Voilà pourquoi l’offensive à Rafah aura lieu, il n’y a pas d’autre choix », a-t-il insisté. 

Le délégué a par ailleurs condamné la décision « absurde » du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) d’émettre des mandats d’arrêt à la fois à l’encontre de dirigeants israéliens et de ceux du Hamas, y voyant le signe d’une « banqueroute morale totale »:  « Comment mettre sur un pied d’égalité une organisation terroriste et les dirigeants d’une démocratie en pleine santé? »  Depuis le 7 octobre, a-t-il dit, Israël combat pour son avenir « de façon juste, morale et conforme au droit international ».

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

M. TOR WENNESLAND, Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, a déclaré qu’à Rafah, la situation devient de plus en plus désespérée et dangereuse pour la population.  À l’aube d’une nouvelle catastrophe à Gaza, les pourparlers pour la libération des otages et un cessez-le-feu sont au point mort, s’est-il inquiété avant d’appeler les parties à retourner à la table des négociations immédiatement et de bonne foi.  Sans la reprise des pourparlers, le pire est à craindre pour les civils à Rafah, les otages détenus depuis plus de 225 jours et pour une opération humanitaire dans la bande de Gaza. 

Depuis le début du mois de mai, la situation sécuritaire à Rafah se détériore rapidement à mesure que les opérations militaires israéliennes s’intensifient. Il a fait savoir que le 5 mai, le Hamas a tué 4 soldats israéliens et blessé 10.  Selon le Ministère de la santé de Gaza, les attaques du Tsahal ont tué au moins 19 Palestiniens le même jour.  Et le 6 mai, l’armée israélienne a ordonné à environ 100 000 Palestiniens d’évacuer immédiatement.  Depuis le début des opérations, plus de 800 000 personnes ont été déplacées de Rafah vers Maghasi, Khan Younès et Deïr el-Balah pendant que les Forces de défense israéliennes poursuivent leurs tirs quotidiens et que le Hamas continue de tirer des roquettes vers Israël.  Il a également indiqué que la « soi-disante » zone humanitaire de Maghazi manque d’abris, de nourriture, d’eau et d’infrastructures d’égouts adéquats, et que le point de passage de Rafah demeure fermé.

En outre, les opérations des Forces de défense israéliennes font que plus aucun endroit à Gaza n’est sûr, y compris pour les travailleurs humanitaires.  La semaine dernière, un membre du personnel indien du Département de la sûreté et de la sécurité est décédé et un autre membre du personnel a été blessé lorsque leur véhicule a été touché, portant à 193 le nombre total de membres du personnel de l’ONU tués à Gaza depuis le début des hostilités.

M. Wennesland a dit être préoccupé par la possibilité d’une opération à plus grande échelle à Rafah.  Saluant l’ouverture du point de passage de Ziqim ou d’Erez Ouest dans le nord de Gaza, il a souligné la nécessité d’une aide supplémentaire à Gaza. Rien ne peut remplacer les points de passage terrestres existants.  Le déploiement massif de Tsahal dans la région de Kerem Shalom/Karam Abou Salem pose des problèmes majeurs de congestion et de sécurité, entravant la capacité de l’ONU à collecter et à livrer ces marchandises à grande échelle. 

Le Secrétaire général, a rapporté le haut fonctionnaire, a exprimé sa forte objection à une opération militaire dans la ville de Rafah, alors que ses conséquences dévastatrices pour la population civile sont évidentes.  Sauver des vies et répondre aux besoins critiques à Rafah et à Gaza en général doit rester notre priorité immédiate.  Il a averti que l’absence d’un cessez-le-feu à Gaza et une opération militaire à grande échelle à Rafah exacerbent le risque d’escalade des tensions régionales, en particulier de part et d’autre de la Ligne bleue avec le Liban. 

Soulignant qu’il ne peut y avoir de solution à long terme à Gaza qui ne soit pas fondamentalement politique, M. Wennesland a estimé que le nouveau Gouvernement palestinien représente une occasion importante d’appuyer des mesures concrètes en vue d’unifier Gaza et la Cisjordanie occupée sur les plans politique, économique et administratif.  La communauté internationale doit aider le nouveau Gouvernement à relever ses défis budgétaires, à renforcer sa capacité de gouvernance et à reprendre ses responsabilités à Gaza.  Et l’Autorité palestinienne doit faire partie intégrante du plan de relèvement et de reconstruction de Gaza, a indiqué le haut représentant qui a exhorté à jeter les bases d’un avenir meilleur pour les Palestiniens, les Israéliens et la région au sens large. 

Mme EDEM WOSORNU, Directrice des opérations et du plaidoyer au Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), a dit manquer de mots pour décrire ce qui se passe à Gaza.  « Nous avons parlé de catastrophe, de cauchemar, d’enfer sur terre; c’est tout cela, et pire encore », a-t-elle déclaré, ajoutant que les conditions de vie continuent de se détériorer en raison des combats, notamment à Jabaliya et dans l’est de Rafah, ainsi que des bombardements aériens, terrestres et maritimes israéliens.  Alors que le nombre de victimes continue d’augmenter, la violence n’épargne pas le personnel de l’ONU, dont un membre a été tué et un autre blessé grièvement le 13 mai lorsque leur véhicule a été attaqué alors qu’il se dirigeait vers l’hôpital européen de Gaza à Khan Younès.  Cela porte à 193 le nombre de membres du personnel de l’ONU tués à Gaza depuis l’escalade des hostilités, a précisé la haute fonctionnaire, avant de rappeler que ces agents s’emploient à sauver des vies alors que plus que 1,1 million de personnes sont confrontées à des niveaux de faim catastrophiques et que Gaza reste au bord de la famine.   

Selon Mme Wosornu, seules 10 boulangeries étaient opérationnelles au 18 mai, sur un total de 16 soutenues les partenaires humanitaires de l’ONU. Ces boulangeries risquent cependant d’être en rupture de stock et de carburant d’ici quelques jours si aucun approvisionnement supplémentaire n’est reçu, a-t-elle averti, indiquant que les six autres boulangeries, toutes situées dans le sud de Gaza, ont été contraintes de cesser leurs activités à cause des combats ou du manque de carburant. S’agissant du système de santé, 21 points médicaux, 4 centres de soins primaires et 4 hôpitaux sont désormais inaccessibles à Rafah, tout comme le sont 2 hôpitaux, 5 centres de soins primaires et 16 points médicaux dans le nord de l’enclave.  La responsable de l’OCHA a estimé à 14 000 le nombre de patients dans un état critique nécessitant une évacuation médicale hors de Gaza.  Avant la fermeture du terminal de Rafah, a-t-elle expliqué, les évacuations médicales concernaient environ 50 patients par jour.  Cela signifie que près de 700 patients n’ont pas été évacués depuis lors. 

Depuis octobre 2023, a poursuivi Mme Wosornu, 75% de la population de Gaza –soit 1,7 million de personnes– a été déplacée de force à l’intérieur de Gaza, pour la plupart jusqu’à quatre ou cinq fois, notamment à la suite d’instructions d’évacuation émises par l’armée israélienne.  Si, selon certaines informations, plusieurs milliers de Gazaouites pourraient être partis pour l’Égypte, plus de 800 000 personnes ont quitté Rafah vers d’autres zones de Gaza ces dernières semaines, en quête de sécurité, a précisé la haute fonctionnaire, appelant à ce que soit garanti à ces personnes déplacées de force le droit au retour volontaire, comme l’exige le droit international.  Aujourd’hui, a-t-elle ajouté, les camps et les abris d’urgence autrefois surpeuplés de Rafah sont en grande partie vidés, la majorité des personnes déplacées cherchant refuge à Khan Younès et à Deïr el-Balah, où les conditions d’accueil sont « épouvantables ». 

Dans ces circonstances, l’incursion terrestre de Rafah amplifie les obstacles à une opération humanitaire déjà fragile, a souligné la responsable de l’OCHA, rappelant que, depuis le 17 mai, le passage de Rafah reste fermé et inaccessible aux mouvements de marchandises humanitaires, de carburant et de personnel. Environ 82 000 tonnes de fournitures sont bloquées du côté égyptien, où les denrées alimentaires se gâtent et les médicaments périment.  De plus, environ 654 000 litres de carburant ont été introduits dans la bande depuis le début de l’opération à Rafah le 6 mai, soit un quart seulement des allocations de carburant qui étaient disponibles auparavant, ce qui impacte le fonctionnement des boulangeries, des hôpitaux, des puits d’eau et d’autres infrastructures essentielles.  Bien que le point de passage de Kerem Shalom reste ouvert, il est difficile d’accès pour les organisations humanitaires du côté de Gaza en raison des hostilités, des conditions logistiques et des procédures de coordination complexes.  Au nord, le point de passage d’Erez a été ouvert puis fermé, et le nouveau port d’Erez Ouest est désormais utilisé pour des quantités limitées d’aide.  Tout en réaffirmant que les routes terrestres restent le moyen le plus efficace d’acheminer l’aide nécessaire, Mme Wosornu s’est félicitée des premières livraisons, le 17 mai, via le quai flottant mis en place par les États-Unis et du couloir maritime hébergé par Chypre conformément à la résolution 2720 (2023). 

La haute fonctionnaire a assuré que l’ONU et ses partenaires humanitaires demeurent mobilisés et reconfigurent leurs opérations en fonction des mouvements de population.  Elle a cependant reconnu que ce soutien humanitaire pâtit du manque de fournitures et de carburant lié à la fermeture du point de passage de Rafah et de l’accès limité à celui de Kerem Shalom.  Face à cette situation dramatique, il est essentiel de limiter les dommages causés aux civils, d’ouvrir pendant une période prolongée tous les points de passage et d’assurer la protection du personnel humanitaire, a-t-elle plaidé, appelant également à financer l’UNRWA, qui est le pilier central de l’opération d’aide.  Mais, de l’avis de Mme Wosornu, seuls un cessez-le-feu et un arrêt de l’incursion terrestre à Rafah permettraient d’endiguer l’aggravation sans fin de la situation. 

Le représentant de l’Algérie a noté que les délibérations d’aujourd’hui interviennent à un moment critique où 1,5 million de Palestiniens à Rafah sont confrontés à une mort imminente.  Rafah est la dernière zone de Gaza qui n’a pas été complètement détruite, la seule région où les acteurs humanitaires peuvent encore intervenir et le seul endroit en mesure d’accueillir ceux qui ont tout perdu. Rafah abrite également trois des derniers hôpitaux partiellement fonctionnels de Gaza.  C’est la ville où plus de 600 000 enfants ont trouvé refuge. En planifiant et en lançant son opération militaire à Rafah, la Puissance occupante met en œuvre une stratégie de nettoyage ethnique, une opération qui aura de graves conséquences pour la paix et la stabilité régionales.  La Puissance occupante contrôle désormais tous les points de passage, y compris celui de Rafah, ce qui plonge la population dans des niveaux de privation sans précédent.  Les voies terrestres sont indispensables et tous les points de passage doivent être rouverts sans tarder.  Ce à quoi nous assistons à Gaza n’est pas une guerre, c’est un génocide, un comportement barbare né d’un sentiment d’impunité totale face aux conséquences, s’est indigné le représentant pour lequel « abandonner les Gazaouites, c’est abdiquer notre humanité ».

Le représentant de la Slovénie a rejeté, une nouvelle fois, toute opération militaire à Rafah, qui se traduirait par d’énormes pertes et souffrances humaines.  Profondément troublé par le fait que les appels des membres du Conseil de sécurité soient ignorés, il a dénoncé les nouveaux ordres d’évacuation et l’annonce par Israël de l’intensification de l’opération dans ce dernier lieu sûr de Gaza.  Les ordonnances provisoires de la CIJ et les résolutions du Conseil de sécurité doivent être respectées et les ordres d’évacuation ne soustraient pas Israël de ses obligations, en vertu du droit international humanitaire, a rappelé le délégué.  Les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité commis sur le territoire d’Israël et de la Palestine depuis le 7 octobre 2023 au moins doivent faire l’objet de poursuites judiciaires indépendantes et impartiales, quels que soient leurs auteurs, a-t-il ajouté.

Le représentant de la République de Corée a mis en garde contre toute opération terrestre à Rafah, où 1,4 million de personnes sont entassées dans un état de panique, de dévastation, et de faim.  Il a également demandé à Israël de suspendre immédiatement ses opérations qui pourraient mettre en danger les otages israéliens détenus par le Hamas. Les opérations actuelles de Tsahal à Rafah sont d’autant plus alarmantes qu’aucun plan n’est en place pour protéger les civils, a-t-il ajouté.  Cette offensive sanglante ne fera qu’attiser les flammes d’un extrémisme supplémentaire, mettant en péril la libération des otages, compromettant davantage la sécurité à long terme d’Israël dans la région et sapant les perspectives d’une paix durable.  Ce cercle vicieux doit prendre fin le plus tôt possible, a-t-il plaidé.  Il a exigé un cessez-le-feu immédiat dans toute la bande de Gaza, et la fourniture d’une aide humanitaire à grande échelle, appelant à la réouverture des points de passage vers Gaza.

Le représentant de Malte a commencé par demander la libération des otages détenus par le Hamas, avant de se dire préoccupé par l’offensive militaire israélienne à Rafah.  Il a dénoncé la fermeture du point de passage de Rafah et le refus ou le blocage de l’aide humanitaire.  Les routes terrestres restent le mode d’acheminement de l’aide le plus viable et le plus efficace, a insisté le représentant qui a aussi dénoncé le meurtre, la semaine dernière, d’un employé du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).  Il a également appelé au respect des mécanismes de déconfliction, des résolutions pertinentes du Conseil et des ordonnances provisoires de la Cour internationale de Justice (CIJ).  À ce stade, a conclu le représentant, il nous faut une désescalade, la protection des civils, un cessez-le-feu et des efforts diplomatiques, et surtout une marche résolue vers la solution des deux États. 

Le représentant du Royaume-Uni a commencé par rappeler que, plus de sept mois après les attentats terroristes du 7 octobre, des otages sont toujours détenus et leurs familles continuent de souffrir sans connaître le sort de leurs proches.  Il a prévenu que sans un plan très précis sur la manière de protéger les civils et de sauver des vies, le Royaume-Uni ne soutiendra aucune opération de grande ampleur à Rafah.  À cette heure, nous n’avons pas connaissance d’un tel dispositif.  Sur le plan humanitaire, le délégué s’est félicité de ce que le couloir d’aide maritime de Chypre vers Gaza soit désormais opérationnel. Mais ce n’est pas suffisant. Israël doit laisser les fournitures humanitaires entrer à Gaza par tous les points de passage, y compris celui de Rafah actuellement fermé. 

Israël doit respecter ses engagements d’augmenter l’aide et de garantir les convois d’aide et autres travaux humanitaires, a ajouté le représentant, qui s’est dit horrifié par les attaques perpétrées par des extrémistes israéliens contre des convois humanitaires et des bureaux de l’ONU, ainsi que par la mort tragique de travailleurs humanitaires à Gaza.  À ses yeux, le moyen le plus rapide de mettre fin au conflit est de parvenir à un accord permettant de libérer les otages et de permettre une pause dans les combats, dans la perspective d’un cessez-le-feu permanent.  Dans le même temps, a-t-il dit, il importe de supprimer la capacité du Hamas à lancer des attaques contre Israël et à mettre fin à son contrôle sur Gaza.  Nous soutenons les réformes du nouveau Gouvernement palestinien afin d’assurer un horizon politique à son peuple, a-t-il conclu. 

La représentante de la France s’est, une nouvelle fois, comme le 16 mai, aux côtés de 12 autres pays, fermement opposée à l’offensive israélienne sur Rafah, qui ne fait qu’aggraver une situation déjà catastrophique à Gaza et aggraver les risques d’escalade.  Elle a rappelé que le transfert forcé de populations constitue un crime de guerre au sens du droit international et que l’avenir de Gaza ne peut se jouer que dans le cadre d’un futur État palestinien, sous la responsabilité de l’Autorité palestinienne.  En attendant, elle a appelé Israël à rouvrir le point de passage de Rafah vers l’Égypte, soulignant qu’il est indispensable tant pour l’accès de l’aide humanitaire que pour permettre aux personnes les plus vulnérables de quitter la bande de Gaza.  La France, a-t-elle insisté, demande à Israël de rouvrir tous les points de passage nécessaires.

Sur le plan politique, a souligné la représentante, nous continuerons de nous engager dans la voie d’une sortie de crise rapide, fondée sur la solution à deux États.  Le projet de résolution que nous proposons au Conseil de sécurité permettra d’avancer en ce sens, d’autant qu’il demande l’arrêt de l’offensive à Rafah.  Elle a exhorté tous les États membres à soutenir ce projet, dont les éléments tant sur la situation humanitaire que sur le volet politique peuvent faire l’objet d’un consensus. 

La représentante de la Suisse a réitéré son appel à un cessez-le-feu immédiat et à l’arrêt de l’opération militaire en cours à Rafah, estimant que la population de la bande de Gaza a aujourd’hui besoin d’assistance et non de nouvelles souffrances.  Elle a également rappelé que les actes de terreur perpétrés par le Hamas le 7 octobre en Israël ont laissé une trace indélébile chez les Israéliens, avant d’exiger la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages.  En dépit de l’adoption des résolutions 2712 (2023), 2720 (2023) et 2728 (2024), ces derniers restent captifs et les hostilités continuent de faire de nombreuses victimes parmi les civils et de forcer le déplacement de centaines de milliers d’entre eux, a déploré la déléguée, constatant en outre que l’aide humanitaire entrant dans Gaza reste largement insuffisante.  De manière connexe, elle a noté que les obstacles entravant le travail des humanitaires sont un problème récurrent dans les conflits armés et a invité les membres du Conseil à soutenir le projet de résolution préparé par la Suisse à cet égard. 

Face à cette « tragédie qui n’a que trop duré », la représentante a appelé à la mise en œuvre des résolutions du Conseil, qui sont contraignantes et exigent le respect du droit international.  Rappelant la compétence de la Cour pénale internationale (CPI) quant à la commission d’éventuels crimes de guerre, elle a pris acte du fait que la Cour cherche à obtenir des mandats d’arrêts contre certains individus et lui a confirmé le plein appui de la Suisse.  Elle a enfin souhaité que cette semaine dédiée à la protection des civils marque une étape décisive vers la désescalade et un premier pas vers la mise en place d’une paix durable entre Israéliens et Palestiniens, non sans réaffirmer le soutien ferme de son pays à la solution des deux États. 

Le représentant de la Chine a déploré et condamné l’offensive israélienne à Rafah, notant que ce châtiment collectif des civils ne crée nullement des conditions propices à la libération des otages.  Il a appelé les États-Unis à faire pression sur Israël pour obtenir un cessez-le-feu.  Les acteurs humanitaires et les employés onusiens font face à de nombreux obstacles et risques pour leur vie, ce qui est inacceptable, a-t-il déclaré.  Après avoir appelé Israël à respecter le droit international et le droit international humanitaire, le délégué a appelé à la solution des deux États, seul moyen viable pour régler la question palestinienne, ainsi qu’à l’adhésion de l’État de Palestine aux Nations Unies. Il a promis que la Chine continuera d’œuvrer pour que la Nakba soit reléguée au passé, et qu’Israéliens et Palestiniens puissent vivre dans la paix. 

Le représentant de la Sierra Leone a déploré les nombreuses destructions provoquées par le conflit à Gaza, ainsi que l’échec des efforts visant à obtenir la cessation des hostilités et un règlement pacifique du conflit.  Il a appelé à persévérer pour poursuivre la cessation des hostilités, obtenir la libération des otages et acheminer sans entrave l’aide humanitaire à Gaza.  Il a également appelé à un cessez-le-feu permanent dans la bande de Gaza et le Territoire palestinien occupé, en Israël et de part et d’autre de la Ligne bleue.  De même, les parties doivent respecter le droit international.  Et Israël doit créer les conditions qui permettront une opération humanitaire efficace dans la bande de Gaza. 

Le délégué a ensuite condamné les opérations militaires en cours à Rafah et dans le nord de Gaza.  Les attaques contre les locaux de l’ONU, les infrastructures résidentielles et les camps de réfugiés sont inacceptables.  Il a également exigé la libération immédiate de tous les otages, avant de prendre note des demandes de mandats d’arrêt émis par le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI). 

Le représentant de la Fédération de Russie a constaté que les perspectives d’arrêt de la spirale de violence dans la bande de Gaza, ainsi que de règlement du conflit palestino-israélien dans son ensemble, ne sont pas encore visibles, et ce, bien que la situation humanitaire dans l’enclave s’aggrave chaque jour.  Dans ce contexte, il s’est dit préoccupé par les projets de « Jérusalem-Ouest » visant à s’emparer de la ville de Rafah, où sont réfugiés 1,5 million de civils. Alors que 800 000 Palestiniens ont été contraints de quitter Rafah depuis le début de cette offensive, il a assuré que les déclarations de dirigeants israéliens selon lesquelles la population aurait la possibilité de se rendre dans une zone humanitaire sûre « ne correspondent pas à la réalité ».  Des personnes meurent chaque jour à Rafah, y compris des employés de l’ONU, a-t-il dénoncé, évoquant la découverte de sept charniers dans les régions de Gaza et de Khan Younès.  Appelant Israël à respecter strictement les dispositions du droit international humanitaire, il a condamné les attaques contre les travailleurs humanitaires et a appuyé l’appel du Secrétaire général en faveur d’une enquête internationale et indépendante sur tous les décès de personnes aidant les Palestiniens à survivre.

Le délégué a ensuite observé qu’il n’existe pas de canaux stables pour l’aide humanitaire, laquelle ne peut même plus entrer par les points de passage de Rafah et Kerem Shalom.  Pourtant, a-t-il déploré, les dirigeants israéliens sont déterminés à poursuivre les opérations militaires, même s’il semble de plus en plus évident qu’ils ne pourront pas atteindre les objectifs qu’ils s’étaient fixés.  Cette obstination menace également la vie des otages israéliens, réduisant chaque jour les chances de les revoir vivants.  Notant que les négociations entre Israël et le Hamas, menées par l’intermédiaire de médiateurs, pour obtenir la libération d’otages contre des prisonniers palestiniens n’ont donné aucun résultat, il a enjoint à la communauté internationale de continuer de faire pression sur Israël et sur son principal allié, les États-Unis, qui viennent de décider d’une nouvelle aide militaire à l’État israélien « pour frapper les civils palestiniens ». 

Cette décision, associée à l’arrêt du financement de l’UNRWA, provoque un mécontentement et une indignation croissants aux États-Unis mêmes, a relevé le représentant, en affirmant comprendre la colère des jeunes Américains sur les campus universitaires.  À ses yeux, la position de Washington à l’égard de l’UNRWA est particulièrement cynique dans la mesure où le groupe d’experts dirigé par Mme Catherine Colonna a non seulement confirmé le respect par l’Office du principe de neutralité et son rôle clef dans l’assistance aux Palestiniens, mais a également confirmé qu’Israël n’a pu fournir les preuves de ses suspicions.  D’une manière générale, a-t-il poursuivi, le soutien aveugle apporté à Israël par les États-Unis est devenu un « facteur déstabilisateur », le Conseil de sécurité s’en trouvant paralysé.  Dans ce contexte, a conclu le délégué, le veto mis par les États-Unis au projet de résolution sur l’admission de l’État de Palestine à l’ONU a non seulement empêché de corriger « l’injustice historique » faite aux Palestiniens, mais a aussi montré le « véritable visage » de Washington vis-à-vis de la solution des deux États. 

La représentante du Japon a déploré la situation sur le terrain à Rafah qui s’aggrave rapidement, en raison de la poursuite et de l’intensification des attaques et de la destruction des bâtiments et des infrastructures.  Consternée d’apprendre que plus de 800 000 Palestiniens ont été déplacés de force depuis le début de l’opération militaire à Rafah, malgré l’opposition de la communauté internationale, elle a également dénoncé la fermeture du poste frontière de Rafah.  Tout en saluant la jetée flottante construite par les États-Unis qui est désormais opérationnelle, la déléguée a prévenu qu’elle ne peut se substituer à l’acheminement terrestre de l’aide humanitaire.  Elle s’est également félicitée de la mise en place du mécanisme des Nations Unies qui a commencé ses activités le 7 mai, avant de demander à toutes les parties, en particulier à Israël, de poursuivre un dialogue constructif avec Mme Sigrid Kaag afin d’accélérer l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza.  « Le moment est venu de cesser les attaques et de parvenir à un cessez-le-feu immédiat ».  Elle a conclu en réitérant la ferme opposition du Japon à l’opération militaire israélienne à Rafah. 

Le représentant de l’Équateur a regretté que l’accord qui aurait permis à la fois la cessation des hostilités et la libération des otages encore aux mains du Hamas ne soit pas finalisé.  Il a rappelé que la mise en œuvre de toutes les résolutions du Conseil de sécurité, ainsi que des mesures conservatoires de la Cour internationale de Justice (CIJ), est obligatoire pour que l’aide humanitaire parvienne à tous les nécessiteux de manière sûre, suffisante et opportune.  Un cessez-le-feu immédiat est inévitable, comme l’a exigé ce Conseil dans sa résolution 2728 (2024), a-t-il souligné, jugeant également impératif que tous les otages soient libérés immédiatement et sans condition.  La seule manière de mettre fin à ce conflit passe par une solution pacifique, négociée, définitive et équitable pour les parties, avec la coexistence de deux États: la Palestine et Israël, sur la base des frontières de 1967 et des résolutions pertinentes de ce Conseil.

La représentante du Guyana a constaté que la situation humanitaire est plus que catastrophique.  Elle a appelé Israël à respecter ses obligations juridiques en tant que Puissance occupante et de garantir que les besoins fondamentaux de la population sont satisfaits et que les approvisionnements essentiels à sa survie sont fournis.  La Cour internationale de Justice (CIJ) a clairement souligné la responsabilité d’Israël, a-t-elle rappelé, avant d’exiger un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel.  La représentante a appelé le Conseil de sécurité à prendre des décisions efficaces pour mettre fin à la guerre, avant de plaider pour la fin de l’impunité qui entoure ces actes contre le peuple palestinien.  Dans le même temps, a-t-elle ajouté, nous devons œuvrer pour garantir que les Palestiniens exercent leur droit à l’autodétermination, notamment par la création de leur propre État indépendant basé sur les frontières d’avant 1967.

Le représentant des États-Unis a rappelé que l’attachement de son pays à la sécurité d’Israël reste indéfectible.  Le Hamas doit être vaincu, a-t-il dit, tout en soulignant néanmoins que les États-Unis n’ont jamais voulu une opération militaire à Rafah.  Il a appelé Israël à protéger les civils et a déploré la fermeture des points de passage, appelant à la réouverture de celui de Rafah qui est « une question de vie ou de mort ».  Il s’est dit inquiet de l’incident du 13 mai qui a vu la mort d’un personnel international de l’ONU et a plaidé pour l’accès humanitaire et des mécanismes plus fluides pour l’octroi de visas en Israël.  Israël, a-t-il martelé, est responsable de la sécurité des convois humanitaires en Cisjordanie où certains viennent d’être attaqués.  Ces derniers mois, a-t-il-précisé, les États-Unis ont proposé des solutions alternatives pour assurer la défaite du Hamas mais certains membres du Conseil de sécurité refusent de le condamner.  Il est temps que le Hamas respecte les résolutions du Conseil de sécurité et libère les otages.  Voilà la manière de mettre fin au conflit, a conclu le représentant. 

Alors qu’une catastrophe humaine de grande ampleur se déroule déjà à Rafah, le représentant du Mozambique a dit craindre une situation encore plus grave maintenant que se prépare une offensive israélienne de grande envergure. La bande de Gaza, a-t-il dit, a déjà été transformée en un cimetière ouvert et un endroit où les civils sont la cible directe des opérations militaires.  Il est essentiel de prendre les mesures nécessaires pour protéger le caractère sacré de la vie humaine et la dignité des personnes.  Déplacer les civils de force à Rafah et refuser ou bloquer l’aide humanitaire est tout simplement inacceptable, a déclaré le représentant.  Encourageant les efforts diplomatiques en cours pour parvenir à un cessez-le-feu et à la libération des otages, il a argué que cela permettrait d’améliorer la situation humanitaire, de sauver des vies et d’entamer le long processus de reconstruction à Gaza.  Une opération militaire de grande envergure à Rafah serait périlleuse et entraînerait des conséquences catastrophiques inimaginables.  Il faut la condamner d’emblée, a conclu le représentant.

« Gaza hantera la conscience du monde longtemps après la fin de ce génocide », a déclaré l’Observateur permanent de l’État de Palestine qui a fait savoir qu’au cours des sept derniers mois, 2 millions de personnes ont perdu un être cher.  Les réfugiés de la Nakba de 1948 sont forcés de la revivre, avec encore plus de cruauté et de dévastation qu’il y a 76 ans en dépit des décisions de tous les organismes internationaux compétents de la planète, s’est-il indigné.  Israël détruit délibérément la vie à Gaza et ne sera pas dissuadé par les règles du droit international ou les positions adoptées par les États ou les organismes internationaux, a affirmé l’observateur, qui a appelé à une action résolue pour rendre Israël responsable de ses décisions et l’obliger à changer de cap. 

Le monde entier s’est opposé à l’offensive israélienne sur Rafah et pourtant Israël continue, a-t-il dénoncé.  Les gens sont à nouveau déplacés de force, dans des conditions horribles, et par centaines de milliers, n’ayant nulle part où aller.  Et au lieu d’ouvrir des points de passage pour l’aide humanitaire, Israël s’est emparé de force du point de passage de Rafah tout en couvrant la destruction de l’aide humanitaire par les colons et les extrémistes israéliens.  Pourtant la communauté internationale appelait à inonder Gaza d’aide humanitaire pour mettre fin à la famine en cours et aux souffrances humaines résultant de ce siège hermétique, a-t-il rappelé avant d’accuser Israël d’utiliser la famine comme méthode de guerre.  Il a exigé le retrait d’Israël du point de passage de Rafah et la réouverture de tous les autres points de passage, l’exhortant en outre à permettre l’acheminement sans entrave de l’aide humanitaire et à retirer ses forces d’occupation de la bande de Gaza.

Il ne fait pas de doute, a-t-il dit, qu’Israël demande aux membres du Conseil de détruire de leurs propres mains l’ordre international fondé sur le droit et les règles afin de pouvoir continuer à tuer le peuple palestinien et à annexer les terres palestiniennes en toute impunité.  « Israël n’écoutera ni la raison, ni vos protestations, ni vos appels, ni vos demandes », a-t-il affirmé, avant d’appeler le Conseil à utiliser tous les outils dont il dispose pour mettre fin aux massacres. L’avenir de notre région, de notre monde, et de l’ordre international fondé sur le droit en dépend, a-t-il lancé. 

Le représentant d’Israël a tout d’abord condamné la décision « absurde » du Procureur de la CPI d’essayer d’obtenir des mandats d’arrêt à l’encontre de dirigeants israéliens comme à l’encontre de ceux du Hamas, signe d’une « banqueroute morale totale ».  « Comment mettre sur un pied d’égalité une organisation terroriste et les dirigeants d’une démocratie en pleine santé? » s’est-il interrogé, avant de déclarer qu’aujourd’hui est un jour bien sombre pour la communauté internationale et pour les institutions internationales, dont « la boussole morale est brisée ».  Depuis le 7 octobre, Israël combat contre le mal pour permettre la libération des otages et empêcher une redite de ces atrocités, Israël combat pour son avenir « de façon juste, morale et conforme au droit international », s’est justifié le délégué.  La CPI est devenue une arme pour les criminels et les terroristes, a-t-il accusé, en estimant qu’elle est instrumentalisée « à des fins militaires » par des « monstres ».  Réveillez-vous! a tonné le représentant, qui a également fustigé le Conseil pour la minute de silence observée ce matin en hommage au Président de la République islamique d’Iran.  « Le Conseil va-t-il observer une minute de silence pour Ben Laden, y aura-t-il une veille pour Hitler? » a-t-il encore tancé.

Le Conseil de sécurité, a-t-il estimé, ne fait rien de productif pour promouvoir la libération des otages, n’étant qu’un outil politique exploité par certains membres pour poursuivre des objectifs pernicieux.  « Nous ne voulions pas lancer d’opération à Gaza; tout ce que nous voulons c’est défendre notre avenir et sauver des vies pour être à l’abri de cette organisation terroriste qui nous menace », a argué le délégué, en affirmant que des centaines de terroristes se trouvent encore à Rafah et que les otages sont détenus là-bas.  On a déjà découvert 50 tunnels « de la terreur » sur place et ce n’est là que la pointe de l’iceberg.  Nous devons prendre toutes les mesures qui s’imposent pour garantir le retour des otages.  Voilà pourquoi l’offensive à Rafah aura lieu, il n’y a pas d’autre choix, a-t-il insisté.  Selon lui, si le Conseil de sécurité voulait prendre des mesures, il pourrait par exemple désigner le Hamas en tant qu’organisation terroriste et imposer des sanctions contre ses dirigeants, tout en exigeant qu’il relâche les otages et dépose les armes. 

Le représentant de l’Égypte a souligné que l’offensive israélienne depuis octobre dernier aura coûté la vie à plus de 34 000 personnes, dont une majorité de femmes et d’enfants et fait 78 000 réfugiés.  Il a accusé Israël de vouloir rendre Gaza inhabitable.  Il a souligné que 800 000 Palestiniens ont dû fuir Rafah, soit la moitié de ceux qui s’y étaient précédemment refugiés. Il a appelé Israël à respecter le droit international, dénonçant les affirmations creuses de la Puissance occupante au sujet de Rafah où la famine sévit et est accentuée du fait des opérations militaires. Israël cherche à resserrer l’étau autour des civils, rendant toute action humanitaire quasiment impossible, a-t-il dénoncé.  Le délégué a rappelé que plus de 190 membres du personnel humanitaire, y compris des personnels onusiens, ont été tués par les feux israéliens.  Il a estimé que la CIJ a un rôle à jouer pour régler ce problème. C’est pourquoi l’Égypte a rejoint l’Afrique du Sud dans ce dossier auprès de la Cour, a-t-il justifié.  Il a promis que l’Égypte continuera à œuvrer pour la livraison de l’aide humanitaire en faveur des « frères Palestiniens ».

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.