En cours au Siège de l'ONU

Soixante-dix-huitième session
38e séance plénière – matin
AG/AB/4462

Cinquième Commission: préoccupation face à la situation financière de l’ONU

En 2024, la situation financière de l’ONU risque d’être pire qu’en 2023.  C’est ce qu’a déclaré la Secrétaire générale adjointe chargée du Département des stratégies et politiques de gestion et de la conformité, le 10 mai dernier (A/78/524/Add.1).  Depuis lors, a indiqué aujourd’hui Mme Catherine Pollard, à la Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, 111 États Membres ont payé l’intégralité de leur contribution au budget ordinaire de l’ONU, 58 à celui des opérations de paix et 90 États Membres à celui des Tribunaux pénaux internationaux.

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, l’Ouganda a jugé extrêmement préoccupant qu’un seul État Membre doive plus de la moitié du budget ordinaire et de celui des opérations de paix, malgré son énorme capacité de paiement.  Le 10 mai, Mme Pollard indiquait en effet que sur un budget ordinaire de 3,2 milliards pour 2024, les États-Unis doivent près d’un milliard de dollars, et au budget des opérations de paix, 1,6 milliard sur 6 milliards. 

Alors qu’il bénéficie d’une distorsion « fondamentale » dans la manière dont les quotes-parts ont été déterminées, cet État, a taclé l’Ouganda, dont la quote-part au budget ordinaire est plafonné à 22%, poursuit sa politique de rétention de fonds pour des raisons politiques, tout en « s’accrochant » à ses privilèges spéciaux au Conseil de sécurité.  Nous sommes dans une très mauvaise position, a renchéri Singapour, au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est.  Les problèmes financiers, a-t-il insisté, sont dus principalement aux paiements tardifs ou aux impayés.  Or, s’est-il agacé, il est de notre obligation et de notre responsabilité morales de veiller à ce que l’ONU ait les ressources nécessaires à l’exécution des mandats que nous lui avons nous-mêmes confiés.

Tant au Siège que sur le terrain, des activités sont reportées voire annulées, a constaté l’Union européenne.  L’accumulation des retards de paiement et la non-exécution des mandats nous poussent dans une spirale qui affecte gravement la performance voire la pertinence même de l’ONU.  Tous les États doivent faire leur possible pour payer à temps et dans l’intégralité leurs contributions aux budgets de l’ONU et ceux qui ne peuvent pas, doivent communiquer un plan de paiement clair et fiable pour offrir un peu de prévisibilité au Secrétariat de l’ONU.  Tout comme le Royaume-Uni, l’Arabe saoudite a dit avoir modifié ses règles administratives pour pouvoir verser à temps et dans son intégralité sa contribution aux budgets de l’ONU. 

Nous devons trouver des solutions plus durables à ces crises récurrentes et traiter de leurs causes structurelles, a dit l’Union européenne.  Nous voyons du mérite dans la proposition d’empêcher la restitution des fonds non utilisés aux États Membres.  Nous plaidons aussi pour une centralisation globale des fonds pour assurer une meilleure utilisation des liquidités dispersées dans les différents comptes de l’ONU.  Il faut des mécanismes de transition et pour ce faire, il est important d’étudier le fonctionnement des fonds de réserve et autres outils complémentaires.

Bon élève, le Royaume-Uni a estimé qu’en cette période d’incertitudes géopolitiques, le Secrétaire général doit pouvoir bénéficier de règles et règlements budgétaires plus souples.  Faisant également valoir son statut d’argentier fiable, la Fédération de Russie s’est indignée de ce que sa contribution de 59 millions de dollars au budget ordinaire n’ait pas été créditée au compte de l’ONU.

Les fonds, a-t-elle expliqué, nous ont été restitués, après que notre transaction a été déclinée par une banque américaine, en raison des mesures restrictives unilatérales que nous ont imposées les États-Unis.  Nous avons donc basculé dans un univers où notre responsabilité financière à l’égard de l’ONU repose sur les épaules des États-Unis.  Nous sommes empêchés d’assumer cette responsabilité par ceux-là même qui se soustraient à la leur, préférant financer des opérations militaires dans le monde entier.  Ni les États-Unis ni la Chine qui doivent à eux deux 1,4 milliard au budget ordinaire n’ont pris la parole. 

La Cinquième Commission, qui tient à huis clos cette deuxième reprise de session consacrée au financement des opérations de paix, ne prévoit aucune autre séance publique avant la clôture de ses travaux, le 31 mai.

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