Quatrième Conférence internationale sur les petits États insulaires en développement
1re & 2e séances plénières - Matin & après-midi
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La Conférence des petits États insulaires en développement s’ouvre à Antigua-et-Barbuda sur des appels à la solidarité avec ces nations « résilientes » et « vulnérables »

SAINT JOHN’S, ANTIGUA-ET-BARBUDA, 27 mai -- La quatrième Conférence internationale sur les petits États insulaires en développement (PEID) s’est ouverte aujourd’hui à Saint John’s, la capitale d’Antigua-et-Barbuda, en présence d’une vingtaine de chefs d’État, de 75 ministres et de plusieurs hauts fonctionnaires de l’ONU, dont le Secrétaire général, qui a qualifié ces pays d’« exceptionnellement beaux », « exceptionnellement résilients », mais aussi « exceptionnellement vulnérables » aux changements climatiques.  Raison pour laquelle M. António Guterres a demandé que leurs efforts entrepris au niveau national soient soutenus par les bailleurs de fonds, en particulier les pays du G7 et du G20, historiquement responsables d’un réchauffement planétaire dont les PEID sont les premières victimes. 

« Nous ne pouvons tout simplement pas accepter la disparition d’un pays ou d’une culture sous l’effet de la montée des vagues », a tranché le Chef de l’Organisation, en qualifiant d’« obscène » l’idée qu’un État insulaire tout entier puisse devenir un « dommage collatéral » des pratiques de l’industrie des combustibles fossiles ou de la concurrence entre grandes économies.  Une justice climatique indissociable d’une justice financière aux yeux du Secrétaire général, qui a rappelé les pays développés à leur engagement de doubler le financement de l’adaptation climatique d’ici à 2025.  Or, nombre de PEID ont désespérément besoin de mesures d’adaptation pour protéger l’agriculture, la pêche, les ressources en eau et les infrastructures, qu’ils doivent payer en s’appuyant sur le Fonds pour les pertes et les préjudices créé à cet effet.

De la Caraïbe au Pacifique, en passant par l’Asie du Sud et l’Afrique, les petits États insulaires en développement se sont succédé à la tribune aujourd’hui pour appuyer les propos du Secrétaire général.  Reste que, pour tracer la voie vers une prospérité résiliente, ils devraient « parler d’une seule voix », ce qui n’a pas été le cas lors que la dernière édition en date de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 28), selon M. Wavel Ramkalawan, le Président des Seychelles.

Alors que les Tuvalu et Vanuatu sont à la tête d’une coalition de pays plaidant en faveur d’un « traité de non-prolifération des combustibles fossiles », une initiative à laquelle participeront également les Îles Marshall, le Premier Ministre des Tuvalu s’est félicité que la Commission des petits États insulaires sur les changements climatiques et le droit international (COSIS), créée à l’initiative de son pays et d’Antigua-et-Barbuda en 2021, ait récemment obtenu un avis consultatif du Tribunal international du droit de la mer pour clarifier les obligations juridiques des États à l’égard des nations touchées par les changements climatiques.  « Cet avis est une réalisation importante qui fait passer le débat des engagements politiques aux obligations juridiques contraignantes », a résumé le chef de gouvernement.

Si le Premier Ministre des Îles Cook, Mark Brown, a évoqué plusieurs initiatives, dont le cadre régional du Pacifique pour la gestion de la pêche au thon, il a préconisé d’investir dans la résilience des PEID pour ne plus payer « pour les actions des autres ou plutôt pour l’absence d’action de la part des autres ».  Maintenir le statu quo serait non seulement faire preuve de négligence mais constituerait un « choix actif » qui nous conduirait tout droit au désastre, a ajouté M. Gaston Alphonso Browne, Premier Ministre d’Antigua-et-Barbuda et Président de la Conférence. 

Encore faut-il entreprendre une réforme de fond du cadre financier international et de l’architecture multilatérale, ainsi que de leur gouvernance, pour que les pays en développement -dont les PEID- puissent mobiliser les ressources indispensables à la réalisation du Programme 2030, a prévenu le Président de l’Assemblée générale. Plus de 40% des PEID, a rappelé M. Dennis Francis, ont un ratio dette/PIB supérieur à 40%, certains dépassant même les 100%.  Aussi a-t-il appelé à délaisser « le paradigme économique dépassé » du PIB par habitant comme indicateur du bien-être économique afin d’intégrer un indice de vulnérabilité multidimensionnelle dans les pratiques et politiques relatives à la viabilité de la dette et à l’aide au développement, un appel repris en cœur par la très grande majorité des intervenants du jour.

La Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), Paula Narváez, n’a pas dit autre chose lorsqu’elle a appelé à garantir un financement climatique plus juste, avant d’annoncer que le segment PEID du forum politique de haut niveau sur le développement durable de l’ECOSOC sera réorienté pour examiner désormais chaque année les progrès accomplis par rapport aux engagements pris dans le cadre du programme d’Antigua-et-Barbuda.  « La voie du changement peut paraître désespérée alors que ce système inextricable semble vouloir à tout prix se maintenir, même lorsque l’impératif socioéconomique est si fort », a expliqué la Présidente de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), Mme Afioga Fiamē Naomi Mataʻafa, pour qui l’inaction peut avoir un coût supérieur à celui de l’action.

Pour M. Li Junhua, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales et Secrétaire général de la Conférence, le programme d’Antigua-et-Barbuda pour les PEID, le document final que cette conférence adoptera le 30 mai, définit ces pays non seulement comme résilients, mais aussi comme ambitieux, en montrant à la communauté internationale comment intervenir pour les soutenir.  La Conférence sera un catalyseur pour des partenariats nouveaux et revigorés, des financements et des actions ambitieuses pour aider ces nations insulaires extraordinaires à réaliser leur potentiel, s’est félicité le haut fonctionnaire onusien.

La quatrième Conférence internationale sur les petits États insulaires en développement poursuivra ses travaux demain, mardi 28 mai, à partir de 9 heures.

QUATRIÈME CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LES PETITS ÉTATS INSULAIRES EN DÉVELOPPEMENT

Déclarations d’ouverture

M. GASTON ALPHONSO BROWNE, Premier Ministre d’Antigua-et-Barbuda et Président de la Conférence, a considéré que cette manifestation exceptionnelle se tient dans un contexte marqué par des défis mondiaux sans précédent, les PEID étant en première ligne d’une confluence de crises dont ils ne sont pas à l’origine: les pays émetteurs de CO2 qui sont responsables des changements climatiques ont la responsabilité et l’obligation de nous indemniser et de nous accompagner dans nos efforts de résilience, a estimé M. Browne.  Or, a-t-il ajouté, nous sommes ici réunis pas seulement pour reparler des problématiques auxquelles nous faisons face, mais pour trouver et entériner des solutions.  Les pays « du Nord », a-t-il insisté, doivent honorer leurs engagements, notamment s’agissant de la promesse de 100 milliards de dollars de financement en faveur de l’action climatique en matière d’adaptation et d’atténuation, mais également pour capitaliser et opérationnaliser le Fonds pour les pertes et les préjudices.  Il en va de l’avenir de l’humanité, a mis en garde le Président, en prévenant que 2024 pourrait être l’année la plus chaude de l’histoire dans quasiment toutes les régions du monde, avec des répercussions dévastatrices sur les écosystèmes.  Maintenir le statu quo serait non seulement faire preuve de négligence mais constituerait un « choix actif » qui nous conduirait tout droit au désastre, a ajouté M. Browne.  Dénonçant les subventions accordées à l’industrie des combustibles fossiles, il a demandé que les multinationales concernées rendent des comptes, réduisent leurs émissions et privilégient des sources d’énergie plus viables pour protéger les moyens de subsistance.  Il a également recommandé de lever une taxe carbone.

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a déclaré que les petits États insulaires en développement sont exceptionnels: « Exceptionnellement beaux. Exceptionnellement résilients.  Exceptionnellement vulnérables. »  Il a relevé que leur géographie unique les met à la merci du chaos climatique, de l’élévation du niveau des mers et de la dégradation des sols, et qu’ils sont en première ligne des changements climatiques.  De plus, leur profil économique unique, en particulier leur dépendance à l’égard des importations et le coût et la complexité de leurs chaînes d’approvisionnement, les rendent extrêmement sensibles aux chocs économiques mondiaux. 

Il a noté que le programme d’Antigua-et-Barbuda pour les petits États insulaires en développement décrit les étapes à suivre pour parvenir à une prospérité résiliente en partenariat avec la communauté internationale.  Les Nations Unies, a-t-il assuré, sont à vos côtés pour arrêter et atténuer les terribles impacts de la crise climatique; construire des économies résilientes; favoriser des sociétés sûres, saines et prospères; assurer la sécurité de l’eau, de l’alimentation et de l’énergie; préserver la biodiversité; et protéger et utiliser durablement l’océan et ses ressources.  Le Chef de l’ONU a ensuite exhorté les gouvernements des PEID à soutenir ces paroles par des investissements audacieux et un engagement soutenu dans tous les secteurs du développement durable.  Mais, a-t-il concédé, les PEID ne peuvent y parvenir seuls. « La communauté internationale a le devoir de vous soutenir, sous la houlette des pays qui ont la plus grande responsabilité et la plus grande capacité à relever les défis auxquels ils sont confrontés. » 

« Nous ne pouvons tout simplement pas accepter la disparition d’un pays ou d’une culture sous l’effet de la montée des vagues », a tranché le Chef de l’ONU qui a qualifié d’obscène l’idée qu’un État insulaire entier puisse devenir un dommage collatéral pour les bénéfices de l’industrie des combustibles fossiles ou de la concurrence entre les grandes économies.  Il s’agit d’une question de justice climatique, a-t-il appuyé. Il a mis en avant le rôle des PEID qui ont été la conscience du monde face à la crise climatique depuis trois décennies.  « C’est en grande partie grâce à vos efforts que nous disposons de la Convention-cadre des Nations Unies et de l’Accord de Paris », a-t-il déclaré en les appelant à faire entendre leurs voix « plus que jamais » pour interpeller les pays du G7 et du G20 qui ne parviennent pas à réduire les émissions de gaz à effet de serre et exiger que chaque pays aligne son plan climatique national sur la limite de 1,5 degré avec des calendriers et des politiques crédibles pour éliminer progressivement la production et la consommation de combustibles fossiles.

Mais les PEID ont également besoin d’une justice financière, a poursuivi le Secrétaire général selon qui ces nations ont raison d’insister pour que les économies développées respectent leur engagement de doubler le financement de l’adaptation climatique d’ici à 2025.  De nombreux PEID ont désespérément besoin de mesures d’adaptation pour protéger l’agriculture, la pêche, les ressources en eau et les infrastructures contre les effets extrêmes du climat et ils sont en droit de demander de nouvelles contributions importantes au Fonds pour les pertes et les préjudices, a-t-il insisté en rappelant que certains de ces pays ont subi des dommages représentant plus de la moitié de leur PIB du jour au lendemain suite au passage de cyclones.

Le monde a besoin d’un système financier qui place les intérêts des pays en développement au premier plan.  Pour les PEID, a-t-il dit, cela signifie simplifier les procédures d’accès au financement et revoir les règles d’accès aux financements concessionnels, afin d’y inclure des outils tels que l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle.  Il a ensuite donné rendez-vous au Sommet de l’avenir en septembre,  l’occasion de créer une forte dynamique politique en faveur de ces réformes.

M. DENNIS FRANCIS, Président de l’Assemblée générale, a déclaré que l’inclusion financière des petits pays en développement vulnérables -y compris les PEID- fait partie intégrante d’une stratégie plus large de développement économique et de lutte contre la pauvreté.  Il a pointé les énormes risques et conséquences socioéconomiques inhérents à l’architecture financière mondiale et aux systèmes bancaires qui contrarient les aspirations de développement des petits États.  « Si nous n’entreprenons pas une réforme de fond du cadre financier international et de l’architecture multilatérale, ainsi que de leur gouvernance, les pays en développement -y compris les PEID- ne pourront pas libérer leur potentiel pour mobiliser les ressources indispensables à la réalisation du Programme 2030, a-t-il prévenu avant de placer ses espoirs dans le programme d’Antigua-et-Barbuda pour les PEID, nouveau programme d’action qui guidera ces pays sur la voie de sociétés résilientes et prospères au cours de la prochaine décennie.

Il a salué le leadership mondial dont ont fait preuve les PEID, rappelant que neuf d’entre eux, dirigés par Vanuatu, ont porté avec succès une affaire devant le Tribunal international du droit de la mer, qui a statué que les émissions de carbone pouvaient être considérées comme un polluant marin.  Cette décision historique oblige les pays à atténuer leurs effets sur les océans, ce qui pourrait constituer une base importante pour la future jurisprudence en matière de climat, a noté le Président de l’Assemblée générale.  Il a souligné que la beauté des PEID n’a d’égal que leur vulnérabilité exceptionnelle, évoquant leur petite taille, leur éloignement, leur dispersion géographique et l’éparpillement de leurs populations.  Il est donc essentiel que ces pays soient mieux soutenus pour améliorer leur résistance aux chocs exogènes tels que les fluctuations du marché, les extrêmes climatiques et les catastrophes généralisées, qui sont souvent la cause première de leur endettement élevé et d’autres défis économiques. 

Sur ce point, M. Francis a relevé que plus de 40% des PEID ont un ratio dette/PIB supérieur à 40%, certains dépassant même les 100%.  Une situation dans laquelle un PEID emprunte auprès d’institutions financières mondiales -souvent à des taux non concessionnels- est non seulement injuste mais aussi inacceptable.  Il a appelé à délaisser « le paradigme économique dépassé » du PIB par habitant comme indicateur du bien-être économique afin d’intégrer un indice de vulnérabilité multidimensionnelle dans les pratiques et politiques relatives à la viabilité de la dette et à l’aide au développement.  Cela pourrait briser ce cycle en faisant de la vulnérabilité un élément central dans la détermination de l’accès au financement concessionnel, a-t-il souligné.  C’est d’autant plus urgent qu’entre 2017 et 2021, pas plus de 1,55% du total de l’aide publique au développement mondiale a été alloué aux PEID.  La quatrième Conférence internationale sur le financement du développement, qui se tiendra en 2025, sera une occasion cruciale de mobiliser les fonds nécessaires pour soutenir le développement durable et renforcer la résilience des PEID, a-t-il ajouté, tandis que le Sommet de l’avenir offrira une nouvelle chance de forger un consensus mondial en faveur d’actions transformatrices qui placent les PEID au centre.

Mme PAULA NARVÁEZ, Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), a souhaité que cette conférence et son document final puissent servir de guide pour appuyer le développement durable des PEID au cours de la prochaine décennie. Elle a appelé à garantir un financement climatique pour les PEID, confrontés à un lourd fardeau de la dette. Même si les perspectives économiques des PEID devraient s’améliorer, leur croissance reste volatile, souvent fortement dépendante de secteurs comme l’agriculture et le tourisme qui sont très sensibles aux chocs extérieurs.  Et l’éloignement des principaux marchés exacerbe les coûts du commerce, limitant les opportunités de compétitivité et de diversification économique.

Elle a également relevé que malgré leur vulnérabilité extrême aux catastrophes naturelles, les PEID sont confrontés à des difficultés considérables pour accéder au financement climatique, notamment pour l’adaptation et les pertes et dommages. La complexité et les processus exigeants en ressources pour garantir le financement climatique coïncident souvent avec un fardeau d’endettement important, a-t-elle ajouté.

La Présidente de l’ECOSOC a aussi appelé les États Membres à s’attaquer aux impacts sexospécifiques de ces défis et à intégrer des stratégies sensibles au genre dans leurs efforts, notant que l’autonomisation des femmes renforce la résilience des communautés.  Elle a ensuite fait savoir que le segment PEID du forum politique de haut niveau sur le développement durable de l’ECOSOC sera réorienté pour examiner chaque année les progrès accomplis par rapport aux engagements pris dans le cadre du programme d’Antigua-et-Barbuda. 

Mme AFIOGA FIAMĒ NAOMI MATAʻAFA, Présidente de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), a déclaré que le développement durable de cette catégorie de pays n’était pas un vœu pieux, mais une croyance ancrée dans des possibilités très concrètes.  Nous nous accrochons à cette idée de nations résilientes, a-t-elle dit, avant d’affirmer sa conviction qu’un monde meilleur est possible.  Selon elle, les difficultés ne résident pas tant dans l’élaboration de nouvelles idées mais plutôt dans le fait de renoncer à celles qui leur préexistent.  « La voie du changement peut paraître désespérée alors que ce système inextricable semble vouloir à tout prix se maintenir, même lorsque l’impératif socioéconomique est si fort », a expliqué Mme Mataʻafa.  Elle a relevé que les menaces géopolitiques qui pèsent sur les PEID sont si grandes qu’elles ne peuvent être relevées que grâce à un accompagnement et à un environnement propice à la réalisation de leur développement durable. L’action à un coût, mais que l’inaction peut avoir un coût encore plus élevé, a-t-elle conclu.

M. LI JUNHUA, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales et Secrétaire général de la Conférence, a déclaré que les PEID ne savent que trop bien que le destin de toutes les nations est étroitement lié.  Or, cette catégorie de pays est prise dans une tempête de problèmes mondiaux dont ils ne sont pas responsables, pouvant anéantir du jour au lendemain des années de progrès de développement durement acquises. « Notre hôte ne le sait que trop bien », a poursuivi le haut fonctionnaire, en rappelant les dégâts catastrophiques provoqués par l’ouragan Irma à Antigua-et-Barbuda en 2017.  Alors que 95% de toutes les propriétés ont été détruites, les obstacles à l’accès à des financements concessionnels ont conduit Antigua-et-Barbuda à s’endetter à des niveaux insoutenables pour financer son relèvement, a relaté M. Li, qui a déploré que l’architecture financière internationale n’a pas encore pris en compte la vulnérabilité des PEID dans son allocation de financement.

Mais l’histoire de ces pays n’est pas seulement une histoire de vulnérabilité, c’est aussi une histoire de résilience hors du commun, a-t-il observé.  Les PEID ont été pionniers dans de nouvelles approches pour protéger les océans de la planète et préserver la biodiversité, exigeant une action et un financement pour le climat et plaidant en faveur d’un indice de vulnérabilité multidimensionnelle.  Le programme d’Antigua-et-Barbuda pour les PEID, que cette conférence adoptera, définit les PEID comme ambitieux et montre à la communauté mondiale comment intervenir pour les soutenir.  La Conférence sera un catalyseur pour des partenariats nouveaux et revigorés, des financements et des actions ambitieuses pour aider ces nations insulaires extraordinaires à réaliser leur potentiel, a-t-il espéré. 

Mme RABAB FATIMA, Secrétaire générale adjointe, Haute-Représentante pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement et Conseillère spéciale de la Conférence, a expliqué que depuis sa création en 2001, son Bureau a travaillé aux côtés des PEID pour forger une coopération mondiale adaptée à leurs besoins spécifiques. Alors qu’une nouvelle décennie d’action transformatrice pour les PEID commence à peine, l’objectif est d’attirer l’attention de la communauté internationale sur ces pays en adoptant le programme d’Antigua-et-Barbuda pour les PEID, a-t-elle souligné, saluant une stratégie « audacieuse et ambitieuse » qui donne les outils nécessaires pour construire des économies fortes et résilientes.  Elle contribuera également à assurer la protection de l’environnement et à préserver les communautés des PEID.  Toutefois, a-t-elle ajouté, le succès du programme d’Antigua-et-Barbuda dépend d’une solidarité mondiale renforcée et de partenariats multipartites pour atteindre ses objectifs cruciaux. 

Elle a fait savoir que son Bureau a d’ores et déjà identifié trois domaines essentiels dans lesquels il soutiendra la mise en œuvre dudit programme, à commencer par la mobilisation de ressources grâce au lancement d’un nouveau plan de plaidoyer pour augmenter le financement climatique, y compris pour les pertes et dommages.  Il faut aussi débloquer un financement concessionnel plus important, s’assurer que les vulnérabilités uniques des PEID sont pleinement reflétées dans les mécanismes de financement, continuer à soutenir le processus politique sur l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle, et appeler à une réforme urgente de l’architecture financière internationale.  La proposition d’un service d’appui à la viabilité de la dette pour les PEID est tout à fait opportune, a-t-elle ajouté.

La deuxième priorité de son Bureau est de forger des partenariats multipartites nouveaux et plus solides en s’appuyant sur l’élan donné par le Forum du réseau mondial des entreprises des PEID, qui s’est réuni ces deux derniers jours, et la troisième priorité est d’intensifier l’action coordonnée en faveur des PEID au sein de la famille des Nations Unies en garantissant une approche cohérente aux niveaux national, régional et mondial pour mettre en œuvre le programme d’Antigua-et-Barbuda.

M. LUTRELL JOHN, représentant de la jeunesse, a déclaré avoir été témoin du passage de l’ouragan Irma en 2017 à Antigua-et-Barbuda, avant d’exprimer ses inquiétudes quant à l’avenir de son pays.  Il a estimé que les voix des jeunes et des enfants doivent être prises pleinement en compte dans le cadre du dialogue qui aura lieu tout au long de ces quatre jours.  Pour notre part, nous nous engageons également à apporter une contribution auprès des décideurs publics, a-t-il assuré, avant de plaider pour davantage d’accès à l’enseignement primaire et secondaire.  Il faut que nos engagements soient suivis d’effets et changer de paradigme pour ouvrir la voie à des sociétés justes, inclusives et durables, a encore préconisé le jeune homme.

Débat général

M. WAVEL RAMKALAWAN, Président des Seychelles, a indiqué les PEID sont toujours confrontés à une série complexe de problèmes interdépendants, évoquant notamment l’élévation du niveau des mers et leur vulnérabilité économique, marquée par des niveaux d’endettement croissants et un manque de capacité à investir dans la résilience et l’action climatique.  Pour tracer la voie vers une prospérité résiliente, le Président a souligné l’impératif d’unité des PEID, regrettant qu’ils n’aient pas toujours été capables de parler d’une seule voix, notamment lors de la COP 28 où ils n’ont pas été en mesure de présenter un front commun.  Pourtant, en tant qu’États insulaires, « nous sommes tous confrontés aux mêmes problèmes et aux mêmes vulnérabilités »: lorsqu’il y a une guerre sur le continent, nous sommes les premiers à subir l’augmentation du coût de la vie; et l’industrialisation nous affecte que ce soit par l’élévation du niveau de la mer, la crise climatique ou la pollution continentale qui arrive sur nos côtes, a souligné le Président.  Nous devons rester unis et solidaires surtout face à la crise climatique qui va tous nous détruire, a-t-il insisté.

Rappelant que les PEID ont fermement défendu l’adoption de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle, le Président des Seychelles a regretté que le monde prenne son temps « pendant que nous souffrons », s’indignant en outre que les PEID soient étiquetés par ceux-là mêmes qui détruisent leur existence.  L’intention des PEID n’est pas de mendier ou de voler les autres, mais simplement d’avoir accès à des financements concessionnels pour pouvoir affronter l’avenir et survivre.  C’est pourquoi ces pays croient au potentiel de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle. 

M. Ramkalawan a également appelé les PEID à faire preuve d’unité en ce qui concerne le Fonds pour les pertes et les préjudices.  Ne commençons pas à créer des différences entre nous pour savoir qui devrait y avoir accès, leur a-t-il demandé.  Toutes les îles sont affectées par ce qui se passe dans les océans en raison des changements climatiques ou des catastrophes environnementales, a argué le chef d’État en plaidant à nouveau pour la collaboration, le partage des meilleures pratiques et l’innovation afin de surmonter l’adversité et créer un avenir meilleur et la prospérité pour tous.

M. MOHAMED MUIZZU, Président des Maldives, a déclaré que l’heure est venue pour les PEID de croire en leur propre capacité de développement.  Nos vulnérabilités doivent être nos sources de résilience mais aussi notre cri de ralliement, a exhorté le Président, tout en appelant la communauté internationale à appuyer les PEID.  Le Président a demandé de réduire le coût des financements et de la dette avant de dénoncer l’insuffisance des fonds pour atténuer les impacts des changements climatiques.  Il faut plus d’ambition quantifiable pour l’adaptation, a-t-il ajouté.  En outre, l’ONU et le secteur privé doivent s’accorder sur une approche commune pour les PEID et mettre en œuvre le programme d’Antigua-et-Barbuda de manière commune et non en silo.  Il a estimé qu’un plan quinquennal serait préférable, conseillant ensuite aux PEID de travailler avec le secteur privé et de tirer parti de l’économie numérique pour améliorer la résilience.  Le chef d’État a ensuite annoncé la création d’une ville numérique dans les Maldives qui ouvrira la voie à la paix et à la prospérité dans les archipels.  Les PEID sont des exemples de résilience qui doivent être suivis par le monde entier, a-t-il dit. 

Mme HILDA HEINE, Présidente des Îles Marshall, a évoqué la valeur ajoutée des bureaux multipays de l’ONU comme celui en Micronésie pour appuyer la réalisation des ODD avec des stratégies adaptées aux îles, insistant sur l’importance des données.  Les partenaires de développement et le système des Nations Unies doivent adapter leurs structures aux échelles des PEID.  Tant que cela ne se produira pas, nos aspirations resteront hors de portée, a-t-elle affirmé, exhortant à respecter les engagements de 100 milliards de dollars par an et à doubler le financement de l’adaptation. 

Elle a appelé augmenter les financements disponibles pour les PEID, pour l’adaptation et les pertes et dommages.  Le Plan national d’adaptation prévoit que la protection des deux grands centres de population des îles coûtera 9 milliards de dollars.  Ce montant ne couvrira pas le renforcement des systèmes de santé ou d’éducation, ou la préservation des cultures locales.  Il ne sera pas suffisant pour faire face aux conséquences de l’élévation du niveau de la mer.  Il faut prendre au sérieux la question du financement, a martelé la Présidente. 

Elle a également fait savoir que les PEID du Pacifique proposent des taxes sur le transport maritime afin d’accélérer la transformation vers une industrie plus verte, tout en fournissant des milliards de dollars pour garantir que la transition soit équitable pour les personnes les plus touchées.  L’argent existe mais il n’est pas dépensé à bon escient, a-t-elle déploré.  En 2022, les subventions à la consommation de combustibles fossiles ont dépassé un billion de dollars.  Imaginez l’impact de cet argent s’il était investi dans l’adaptation, les énergies renouvelables ou les plus démunis du monde.  Elle a fait savoir que Îles Marshall vont participer à l’élaboration d’un traité sur la non-prolifération des combustibles fossiles, étape essentielle pour assurer une transition équitable et urgente vers les énergies renouvelables. 

M. SALVADOR VALDÉS MESA, Vice-Président de Cuba, a déclaré que les PEID sont confrontés à des perspectives économiques défavorables et difficiles, caractérisées par des niveaux élevés d’endettement, d’inflation, de crises alimentaires, énergétiques et climatiques, sans compter un accès limité au financement en raison de leur statut de pays à revenu intermédiaire.  Tout effort à cet égard sera limité sans une réforme profonde et globale de l’architecture financière internationale, de nature à garantir un traitement équitable pour tous, tant dans le processus décisionnaires que dans l’accès au financement, a-t-il préconisé.  Aussi le Vice-Président a-t-il salué le nouveau programme d’action qui envisage la création d’un service spécifique de soutien à la viabilité de la dette pour les PEID.  Pour notre catégorie de pays, le coût de l’adaptation climatique se situe entre 22 et 26 milliards de dollars par an, a-t-il précisé, faisant part de son soutien à l’accord visant à doubler le financement pour l’adaptation et la mise en œuvre en temps opportun de l’objectif mondial fixé pour l’adaptation.  En dépit du blocus économique dont elle fait l’objet de la part des États-Unis, Cuba s’est fixé un plan national ambitieux pour faire face aux changements climatiques, s’est enorgueilli M. Mesa, qui a dit que son gouvernement est prêt à mettre à disposition les 17 projets de coopération lancés par Cuba lors de sa présidence du G77 et par la Chine l’année dernière.  Il a également appuyé les efforts visant à créer un centre d’excellence pour les petits États insulaires en développement à Antigua-et-Barbuda. 

Mme FIAMĒ NAOMI MATA’AFA, Première Ministre du Samoa, qui s’exprimait au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), a placé ses espoirs dans le programme d’Antigua-et-Barbuda, en rappelant que les PEID sont définis par leurs vulnérabilités spécifiques.  Ils souhaitent des mécanismes de riposte qui leur permettront de faire face à leurs défis souvent communs de manière frontale afin de construire des sociétés résilientes, inclusives et tournées vers l’avenir.  Pour cette troisième décennie d’action, il faut changer d’approche et cesser de se limiter à mettre en exergue les spécificités et vulnérabilités des États insulaires sans agir, a-t-elle plaidé.  Elle a indiqué que le programme d’Antigua-et-Barbuda souligne à quel point leurs problèmes sont similaires et imbriqués, notamment en raison de la menace que représentent les changements climatiques et des prévisions alarmantes d’augmentation des températures à l’échelle mondiale.  Nous avons besoin d’une action climatique urgente pour inverser la vapeur, a insisté la Première Ministre, selon qui l’argent ne compensera jamais les dommages infligés d’ores et déjà aux populations des PEID.  Les pays de l’Alliance sont déterminés à tracer la voie à travers une transition vers 100% d’énergies renouvelables et vers le numérique, entre autres, a-t-elle fait savoir.  Elle a également appelé à appliquer l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle, arguant que les PEID « ne font pas la manche » mais exigent simplement un accès sur un pied d’égalité aux ressources financières.  « Nous continuerons à lutter pour préserver l’avenir de nos enfants », a-t-elle affirmé en lançant un appel à la communauté internationale pour devenir un partenaire durable, sincère et actif des PEID sur cette voie « parce qu’ensemble on va plus vite et plus loin ». 

M. JOSÉ ULISSES CORREIA E SILVA, Premier Ministre de Cabo Verde, a déclaré que le monde est formaté pour les pays avec de grands territoires et de nombreuses populations.  C’est là que commencent les problèmes des PEID, s’est-il désolé, les appelant à parler d’une seule voie pour créer des opportunités économiques et géostratégiques et augmenter leur pertinence et leur capacité d’influence dans le concert des nations.  Pour briser les pièges que posent le petit territoire et la faible population, la meilleure solution est un financement pour accroître la résilience structurelle et augmenter le potentiel de croissance économique, a-t-il estimé.  Il a ensuite appelé à mobiliser des financements pour sortir les PEID de la catégorie des pays à revenu intermédiaire et leur permettre d’atteindre la catégorie des pays à revenu intermédiaire supérieure. 

Pour ce faire, a-t-il poursuivi, il faut rendre opérationnel l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle pour permettre l’accès au financement concessionnel.  De même, il faut attirer les capitaux, les investissements, les connaissances et les technologies.  Les PEID, a-t-il ajouté, doivent pouvoir exporter des biens et des services vers les marchés régionaux et mondiaux.  Pour sortir du piège de l’endettement, le Premier Ministre a suggéré de transformer les dettes en investissements climatiques afin de rendre les pays plus résilients, accroître le potentiel de croissance économique et augmenter la capacité d’endettement future.  Avec le Portugal, a-t-il fait savoir, Cabo Verde a signé un accord pour convertir la dette bilatérale en financement pour le climat et l’environnement. 

M. FELETI TEO, Premier Ministre des Tuvalu, a déclaré que l’élévation du niveau de la mer constitue la plus grande menace pour la survie des Tuvalu « en tant que nation et en tant que peuple ».  C’est pourquoi son gouvernement s’est engagé à mettre en œuvre un plan d’adaptation à long terme visant à réhabiliter et surélever les terres et à renforcer la résilience de l’île face à la montée des eaux.  En février de cette année, les Tuvalu ont annoncé 21 priorités stratégiques immédiates, dont huit s’alignent sur l’objectif « Que veulent les PEID? » du programme d’Antigua-et-Barbuda.  Mais il n’est ni juste ni équitable pour un pays comme le mien de porter le fardeau d’un système climatique qui se détériore sans que nous contribuions à ses causes, a observé le chef de gouvernement.  Or, nos marges de manœuvre budgétaires et nos rivages physiques s’amenuisent toujours plus à chaque catastrophe naturelle supplémentaire, a observé le Premier Ministre.

Les Tuvalu, a-t-il indiqué, se sont donc lancés dans des solutions transformatrices telles qu’un projet d’aménagement côtier, l’initiative des nations montantes et le projet Future Now, pour n’en citer que quelques-unes.  Il a également attiré l’attention sur l’initiative conjointe des Tuvalu et d’Antigua-et-Barbuda qui a permis de créer la Commission des petits États insulaires sur les changements climatiques et le droit international (COSIS) en 2021, organe qui a récemment obtenu un avis consultatif du Tribunal international du droit de la mer pour clarifier les obligations juridiques des États à l’égard des nations touchées par les changements climatiques.  « Cet avis est une réalisation importante qui fait passer le débat des engagements politiques aux obligations juridiques contraignantes », s’est félicité M. Teo.  Les Tuvalu et Vanuatu sont également à la tête d’une coalition de pays plaidant en faveur d’un « traité de non-prolifération des combustibles fossiles » dont les objectifs sont d’éliminer progressivement les combustibles fossiles, de promouvoir le développement durable et une transition juste vers les énergies renouvelables.

M. TERRANCE MICHAEL DREW, Premier Ministre de Saint-Kitts-et-Nevis, a déclaré que le chemin vers la prospérité des PEID est une véritable course d’obstacles, amplifiée par un monde en plein bouleversement.  Il a suggéré quelques éléments essentiels dont dépendent le développement et la prospérité des PEID à commencer par des capitaux disponibles, accessibles et adéquats.  Le coût du capital est trop élevé pour les PEID et leur marge de manœuvre fiscale beaucoup trop limitée, a-t-il expliqué en appelant à une réforme de l’architecture financière internationale telle que lancée par l’Initiative de Bridgetown.  À ce sujet, le ministre a encouragé l’utilisation de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle qui s’efforce d’aller au-delà du PIB pour mesurer le bien-être économique.  Le Premier Ministre a également mis en avant la nécessité pour les jeunes citoyens des PEID de maîtriser la technologie.  Il a aussi appelé à miser sur des infrastructures résilientes en rappelant que de nombreux PEID manquent d’eau, alors qu’ils sont des destinations touristiques et des importateurs de denrées alimentaires. 

Notant que les Caraïbes devraient être confrontées à une baisse de 10 à 20% des rendements agricoles d’ici à 2050, en raison des changements climatiques, il a argué qu’on ne peut avoir des systèmes de santé résilients sans systèmes alimentaires résilients.  « C’est pourquoi l’initiative 25x25 de la CARICOM revêt une telle importance. » Le Premier Ministre n’a pas manqué de pointer la crise climatique « qui a enveloppé de ses tentacules les États membres de la CARICOM », avant de déclarer que si nous ne trouvons pas la combinaison de mesures politiques, financières et d’adaptation pour faire face aux impacts de cette crise, les rêves de développement et de prospérité des PEID seront réduits à néant.  Dans ce contexte, la coopération PEID-PEID, la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire sur les grands défis du développement requièrent la solidarité et l’action pour préserver la santé et l’avenir des PEID et de leurs populations, a-t-il conclu. 

M. MARK PHILLIPS, Premier Ministre du Guyana, a déclaré que face aux défis climatiques, il faut accélérer le financement de la transition vers une énergie propre et les transferts de technologie.  Au sein de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), les membres ont fait des progrès modestes, car le potentiel de production d’hydrocarbures au Guyana, au Suriname et à la Trinité-et-Tobago offre des possibilités d’amélioration de la sécurité énergétique régionale, notamment en investissant dans la transition vers des sources d’énergies propres et renouvelables.  Les défis des PEID ne sont pas insurmontables, et le programme d’Antigua-et-Barbuda doit être orienté vers l’action et appuyé par des moyens de mise en œuvre et des partenariats.  Il a indiqué que son gouvernement vise à préserver 87% de la couverture forestière, promeut une nouvelle trajectoire de croissance non polluante, et s’efforce de transformer le secteur agricole pour assurer la sécurité alimentaire dans le pays et la région. 

Le Gouvernement, a-t-il enchaîné, vise aussi à réduire la dépendance à l’égard des aliments importés en améliorant leur disponibilité et leur accessibilité dans la région.  Mais les efforts nationaux et régionaux ne suffiront pas: l’architecture financière mondiale doit aborder la question du financement concessionnel et tenir compte de la grande vulnérabilité des PEID.  Il a appelé à la mise en œuvre de l’Initiative de Bridgetown afin de permettre une mobilisation adéquate et rapide des ressources, ainsi qu’à l’application urgente de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle.  Il a rappelé aux pays développés leurs engagements de consacrer 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement (APD).  Il faut aussi activer rapidement le Fonds pour les pertes et les préjudices. 

M. ÉDOUARD NGIRENTE, Premier Ministre du Rwanda, a considéré que les richesses naturelles de la planète, en particulier celle des petits États insulaires en développement, sont évidentes, et qu’il suffit d’agir pour concrétiser cet énorme potentiel en prospérité partagée.  Il a préconisé d’intensifier et de consolider les investissements dans la résilience, en favorisant les solutions innovantes et le partage des connaissances dans la conception et la construction d’infrastructures capables de résister aux menaces climatiques.  Si l’architecture financière mondiale doit œuvrer en faveur d’un développement inclusif et durable, elle doit également fonctionner pour tous, en commençant encore une fois par les plus vulnérables, dont les PEID, a souligné le chef de Gouvernement.  Car en termes de vulnérabilité climatique et de besoins de financement, il existe des similitudes entre les pays sans littoral et les PEID, raison pour laquelle nous devons œuvrer ensemble en faveur d’une architecture financière internationale plus réactive et inclusive, a-t-il encore dit.

M. DAVID RANIBOK ADEANG, Président de Nauru, a déclaré que les PEID doivent survivre et méritent de prospérer, tout en soulignant qu’il ne peut y avoir de prospérité résiliente sans action climatique.  Il faut dès lors accélérer les efforts d’atténuation des changements climatiques, réduire les émissions, éliminer progressivement les combustibles fossiles et se diriger vers une transition énergétique juste pour maintenir la limite de 1,5 °C.  Nauru, a-t-il expliqué, a été obligé de construire des digues pour protéger ses côtes et ses communautés, mais ce n’est pas une solution durable à long terme.  Le plan Higher Ground Initiative vise en outre à réinstaller les communautés déplacées des zones de basse altitude vers des terrains plus élevés pour survivre.  Après avoir appelé la communauté internationale à soutenir cette initiative, il a demandé au Secrétaire général de nommer un représentant spécial pour le climat et la sécurité. 

Poursuivant, le Président a fait savoir que son gouvernement a élaboré une réglementation robuste pour un approvisionnement responsable en nodules nécessaires à la transition vers une société à faibles émissions de carbone.  Il a demandé un appui pour que les PEID puissent développer durablement leur économie bleue, par le biais du transfert de technologie, du renforcement des capacités et de l’aide financière.  Un accès amélioré et accru au financement durable est nécessaire.  Il faut aussi adopter l’indice de vulnérabilité multidimensionnel. Il a par ailleurs a salué l’achèvement des négociations d’un instrument international juridiquement contraignant se rapportant à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer. 

M. PHILIP EDWARD DAVIS, Premier Ministre des Bahamas, a expliqué que les feux de brousse qui frappent son pays ne sont que le dernier désastre en date d’une crise climatique qui concerne l’ensemble de la région.  Les habitants des Caraïbes vivent dans l’une des régions du monde les plus touchées par le stress hydrique, a-t-il expliqué.  Des sécheresses de courte durée se sont développées au Suriname, à Tobago, au Guyana et à la Grenade alors que des sécheresses de longue durée continuent d’affliger la Trinité, le Belize, Cuba et la Dominique et que la Jamaïque et la Barbade ont été contraintes de mettre en œuvre des politiques limitant l’utilisation de l’eau. 

« Les peuples des Caraïbes ont soif de changement et n’ont aucune intention de devenir des martyrs climatiques », a-t-il déclaré.  Nos îles, qui ont si peu contribué aux émissions mondiales de carbone, ne méritent pas de supporter les pires conséquences d’une crise climatique créée par les superpuissances mondiales, s’est emporté le Premier Ministre en appelant à des changements urgents pour faire face à cette « cruelle ironie ».  L’heure de la révolution climatique a sonné, a-t-il martelé avant d’exiger des solutions durables et à long terme pour renforcer la capacité d’action des PEID, et non des solutions rapides ou des gadgets.  À titre d’exemple, il a parlé de l’engouement récent pour le captage et le stockage du carbone, y voyant la dernière illustration en date des tentatives des sociétés riches à déformer la science pour diffuser de la désinformation au lieu de soutenir une véritable transition vers les énergies renouvelables. Il a également plaidé pour une réforme des systèmes financiers qui régissent les efforts de reconstruction des PEID, en signalant une tendance à mettre sur des listes noires les nations qui présentent des demandes d’indemnisation à la suite de catastrophes.  Ces mesures punitives, souvent imposées sans représentation ou contribution adéquate des PEID, ne font qu’exacerber leurs processus de vulnérabilité, a-t-il expliqué en estimant qu’il ne s’agit pas seulement d’une question de politique financière, mais aussi de justice et d’équité.

Chaque jour, a déclaré M. KAY RALA XANANA GUSMÃO, Premier Ministre du Timor-Leste, nous entendons le monde développé parler de l’importance d’un « ordre mondial fondé sur des règles » et régi par le droit international, ce même ordre mondial qui perpétue l’iniquité et l’exploitation.  Les pays développés ignorent le droit international chaque fois que cela leur convient – « et cela leur convient tout à fait », s’est-il indigné, en affirmant que cela inclut les promesses qui ont été faites pour soutenir les pays en développement, en particulier les engagements pris dans le cadre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, de l’Accord de Paris et des objectifs de développement durable.  Après avoir exigé qu’ils honorent leurs obligations, le représentant a annoncé que son gouvernement élabore actuellement une politique et un plan d’action pour une économie bleue, assortis d’actions concrètes pour lutter contre la pollution marine, pour la conservation de l’environnement marin et de la biodiversité, tout en développant une économie bleue durable.  Mais ces initiatives nécessitent la coopération et le soutien de nos partenaires internationaux, dans le respect de l’appropriation nationale timoraise, a-t-il souligné.

M. SIAOSI 'OFAKIVAHAFOLAU SOVALENI, Premier Ministre des Tonga, a déclaré que le programme d’Antigua-et-Barbuda ne peut que renforcer les initiatives de mise en œuvre des priorités de développement durable des PEID.  Affirmant que les Tonga et toutes les îles du Pacifique n’attendront pas passivement que de nouvelles catastrophes les frappent, il a expliqué que ces pays sont déterminés à faire en sorte que les solutions climatiques tiennent compte de leurs vulnérabilités sociales.  Elles doivent être inclusives et donner à tous les membres de leurs communautés les moyens de renforcer leur résilience.  Il a défendu le Fonds de résilience du Pacifique et le projet Unlocking Blue Pacific Prosperity, arguant en outre que dans le cadre des efforts des PEID du Pacifique et de leurs partenaires, il est important de protéger les droits, les privilèges et les responsabilités définis par le droit international, notamment en ce qui concerne l’élévation du niveau des mers due aux changements climatiques.

Le Premier Ministre a ensuite plaidé en faveur de l’adoption de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle.  Nous avons besoin d’un outil capable de fournir une assistance significative et efficace là et quand c’est nécessaire, a-t-il insisté en demandant que des mesures concrètes soient prises afin d’établir un calendrier pour la mise en œuvre dudit indice et de définir des critères clairs pour l’accès des PEID au financement. Une telle approche globale garantirait que les plus vulnérables reçoivent le soutien dont ils ont besoin de toute urgence, a-t-il estimé.

M. MARK BROWN, Premier Ministre des Îles Cook, a estimé que cette conférence est l’occasion d’unir les voix des PEID pour continuer de montrer la voie dans les domaines de l’action et la justice climatiques, la gestion des océans, l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle et l’urgence d’un accès plus équitable au financement pour lutter contre les changements climatiques. Il a parlé du cadre régional du Pacifique pour la gestion de la pêche au thon, des lois nationales visant à réduire l’utilisation des plastiques à usage unique et des lois régionales types qui protègent la richesse des ressources génétiques du Pacifique.  Mais au-delà des liens communs avec les océans, d’autres domaines requièrent une approche collaborative et unie des PEID dans l’esprit des Orientations de Samoa.  Il faut notamment continuer à plaider en faveur d’investissements pour renforcer la résilience des PEID dans un monde « où nous payons pour les actions des autres ou plutôt pour l’absence d’action de la part des autres », a déclaré le Premier Ministre pour lequel la clef de ces efforts réside dans l’accès aux financements pour soutenir leurs efforts de développement durable. 

Il a annoncé qu’en novembre dernier, les dirigeants du Pacifique ont approuvé l’opérationnalisation du Fonds de résilience du Pacifique - un mécanisme de financement régional transformateur, créé par le Pacifique pour le Pacifique.  Son un objectif de départ est de lever 500 millions de dollars pour répondre à une partie des besoins critiques en termes de résilience climatique par le biais de projets à fort impact soutenus au niveau communautaire.  Notant que selon la Banque mondiale, les pays du Pacifique ont besoin à eux seuls d’un milliard de dollars par an au cours des 10 prochaines années pour renforcer leur résilience face aux effets des changements climatiques, il a martelé que les PEID ne sont pas en mesure d’y faire face seuls. 

Mme SAHIBA GAFAROVA, Présidente de l’Assemblée nationale de l’Azerbaïdjan, a regretté que les PEID soient les plus touchés par les changements climatiques en dépit du fait qu’ils n’ont pas contribué à ce fléau, qui entrave leurs progrès en matière d’objectifs de développement durable.  Elle a assuré que, lors la présidence azerbaidjanaise de la COP 29 à Bakou, cette question figurera parmi ses priorités.  Il y aura notamment à cette occasion un sommet spécifiquement consacré aux PEID.  Elle a exhorté tous les pays à redoubler d’efforts pour parvenir à un accord lors de la conférence de Bakou qui serait à la hauteur des besoins des PEID.

M. RALPH REGENVANU, Ministre des changements climatiques et de l’environnement de Vanuatu, qui s’exprimait au nom des PEID du Pacifique, a insisté sur les besoins en financement pour l’adaptation climatique et la nécessité d’alimenter le Fonds pour les pertes et les préjudices.  Il a plaidé pour la réduction de la dépendance aux combustibles fossiles, et souligné la nécessité de faire respecter le principe du pollueur-payeur ainsi que l’importance de la technologie numérique pour les PEID et leur économie.  Le Ministre a aussi mis l’accent sur la nécessité d’établir un cadre robuste sur l’utilisation des ressources des océans et la lutte contre la pêche illégale, appelant à faire preuve de précaution dans la gestion des ressources marines.  Le Ministre a aussi exhorté à la mise en place de partenariats financiers et des mesures d’allégement des dettes pour les PEID qui doivent également bénéficier de taux d’emprunt favorables et d’un financement prévisible pour leurs efforts d’atténuation. Enfin, il faut un système de l’ONU réactif et tenant compte des besoins des PEID.  Les PEID sont des terres d’innovation dans la lutte contre les changements climatiques qu’il faut imiter, a fait valoir le Ministre.    

S’exprimant au nom du Groupe des pays en développement sans littoral, M. DUMEZWENI M. MTHIMKHULU, Ministre de l’environnement et du tourisme du Botswana, a déclaré que la catégorie de pays au nom de laquelle il a pris la parole est confrontée à des défis communs à ceux rencontrés par les PEID.  Leur particularité géographique, a-t-il relevé, présente des obstacles au commerce, à la connectivité numérique et aux voies de développement durable, comme c’est le cas pour les pays en développement sans littoral, qui ont des difficulté à accéder aux marchés et aux ressources mondiaux en raison de leur isolement.  Mais ces défis dissimulent aussi un immense potentiel de synergies et de coopération pour surmonter nos obstacles communs, s’est réjoui le Ministre, qui s’est dit d’avis que tous ces pays peuvent amplifier leur voix collective sur la scène mondiale, défendre leurs intérêts communs et galvaniser le soutien à la mise en œuvre de leurs programmes respectifs.  Il a enfin réitéré son appel à un engagement politique soutenu, à un financement adéquat et à de solides mécanismes de suivi et d’évaluation, afin de garantir une mise en œuvre efficace et des résultats tangibles pour les PEID au cours des 10 prochaines années. 

M. EVERLY PAUL CHET GREENE, Ministre des affaires étrangères, de l’agriculture et du commerce d’Antigua-et-Barbuda, a appelé à faire preuve de solidarité face aux défis communs des PEID.  La réalité est sombre, le Plan d’action de la Barbade et les Orientations de Samoa n’ayant pas réussi à engendrer les changements attendus faute d’engagement de la communauté internationale et de financements.  Il faut un changement radical, a-t-il martelé en appelant à entériner le programme d’Antigua-et-Barbuda.  Il a également insisté sur l’importance d’améliorer la gestion de la dette des PEID et de lutter contre la menace climatique car « si nous disparaissons, nous perdons une partie de notre humanité collective ».

La nouvelle approche doit reconnaître les vulnérabilités spécifiques des PEID et de leurs communautés et les protéger en changeant radicalement la manière de penser et d’agir, a argué le Ministre en invoquant notamment la justice climatique. Jusque-là, les PEID ont eu à se relever tout seuls des catastrophes naturelles, ce qui n’a fait qu’aggraver leur niveau d’endettement, a-t-il relevé.  Il a également plaidé pour des systèmes de santé plus résilients, y compris aux pandémies et aux maladies non transmissibles.  « Nous vous avons invités ici pour que vous puissiez témoigner de la vulnérabilité des PEID en espérant que vous traduirez vos paroles en actes », a-t-il déclaré en appelant la communauté internationale à réfléchir à de nouvelles normes d’intervention, comme le centre d’excellence pour les meilleures pratiques, y compris en termes d’allégement de la dette.

M. SHAWN EDWARD, Ministre de l’éducation, du développement durable, de l’innovation, de la science, de la technologie et de l’enseignement professionnel de Sainte-Lucie, a déclaré que le moment est venu de restructurer les approches dépassées qui paralysent et retardent les aspirations de développement des PEID. Il a appelé à passer à l’action en faveur de la prospérité résiliente des PEID, et à mettre fin à l’ambivalence mondiale sur les changements climatiques.  Rappelant l’avis consultatif rendu par le Tribunal international du droit de la mer mardi dernier, le Ministre a estimé que celui-ci permettra de mettre fin à l’inaction qui a conduit le monde au bord d’un gouffre. Le moment est venu de mettre fin à la pratique consistant à utiliser le PIB par habitant comme un obstacle à toute forme d’aide au développement ou de secours aux PEID, a déclaré le Ministre qui a ensuite appelé à la mise en œuvre de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle pour l’accès au financement à faible coût et à long terme, à l’allégement de la dette et à l’aide publique au développement.  Le Ministre a aussi appelé à soutenir la création d’un service d’appui à la viabilité de la dette et à concevoir des solutions efficaces pour résoudre le problème de la vulnérabilité de la dette à court terme et appuyer la viabilité de la dette à long terme.

Mme SHIRLEY AYORKOR BOTCHWEY, Ministre des affaires étrangères du Ghana, a souligné qu’un grand nombre de PEID « sont liés par le sang à l’Afrique », et ceux des Caraïbes font partie de l’Union africaine.  Elle a appelé les partenaires de développement et les pays à prendre des mesures globales pour résoudre les problèmes à court terme et mettre en œuvre des stratégies à long terme pour remédier aux vulnérabilités systémiques des PEID.  Cela signifie qu’il faut aider les PEID à résoudre les effets d’entraînement des crises mondiales multiples qui ont aggravé leurs vulnérabilités.  Si on se limite à continuer à appliquer les anciens modèles de développement, on ne peut obtenir de nouveaux résultats, a-t-elle souligné.  Renforcer la résilience économique des pays en développement, et des PEID en particulier, reste pourtant l’impératif de notre époque. Il s’agit notamment de renforcer la résilience aux impacts économiques et environnementaux des changements climatiques et de prendre des mesures pour créer les capacités de production nécessaires pour soutenir un processus de transformation structurelle conduisant à un développement durable, a-t-il précisé.

À moyen et long terme, les PEID ont aussi besoin d’une restructuration de leur dette et d’un nouvel accord pour accéder aux financements concessionnels et à l’aide, qui ont généralement été conditionnés par des critères de revenus, sans tenir compte de la vulnérabilité ou du surendettement, a insisté la Ministre en demandant de soutenir l’Initiative de Bridgetown pour la réforme de l’architecture financière mondiale.  Elle a également appelé à des mesures de soutien international spécifiques pour relever les défis uniques des PEID en matière de commerce et de développement. Elle a ensuite salué l’approfondissement significatif des partenariats entre le Ghana et les Caraïbes, notamment par le biais d’accords bilatéraux de commerce et d’investissement.

Mme DEBY HAALAND, Secrétaire de l’intérieur des États-Unis, a réitéré les liens et les engagements de son pays aux cotés des PEID pour appuyer la prospérité et le développement durable, précisant que l’administration Biden a décaissé plus de 5 milliards de dollars pour les PEID.  Elle a également informé que la stratégie américaine pour le développement des relations avec les îles du Pacifique est dotée de 8 milliards de dollars.  La responsable a indiqué que les États-Unis entendent accroître leur présence dans le Pacifique oriental.  Washington a d’ailleurs ouvert une ambassade dans les Îles Salomon en 2023 et une ambassade à Vanuatu cette année.  Leur mission est notamment d’approfondir les liens avec les PEID de cette région, a-t-elle précisé.

Les États-Unis, a-t-elle poursuivi, ont ces trois dernières années mobilisé 150 milliards de dollars d’investissement privé pour réaliser les ODD.  Depuis une décennie, les États-Unis ont appuyé les partenaires régionaux sous la forme de subventions sans endettement.  L’administration Biden a consacré 30 millions de dollars pour le relèvement économique des îles du Pacifique et les pays qui ont passé des accords de libre-échange avec les États-Unis bénéficient d’une aide au développement. 

M. SAKIASI DITOKA, Ministre du développement rural et maritime et de la gestion des catastrophes des Fidji, a déclaré que les PEID sont à un point de non-retour.  Il a insisté sur l’urgence qu’il y a à agir en expliquant qu’aux Fidji, six communautés ont déjà dû être évacuées en raison de la montée des eaux.  Les ambitions climatiques doivent être revues à la hausse face à l’envergure des défis à relever, a-t-il fait valoir en plaidant pour l’adoption d’un document final robuste à la fin de la Conférence.  Celui-ci devra s’accompagner d’engagements concrets en termes d’allégement de la dette, de lutte climatique, de renforcement de la résilience et d’accès au financement pour le développement.  Le Ministre a appuyé le Fonds pour les pertes et les préjudices, y voyant une avancée dans la bonne direction.  Il a également soutenu l’adoption de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle.

M. ROBERTO ÁLVAREZ GIL, Ministre des affaires étrangères de la République dominicaine, a jugé essentiel de mettre en œuvre le Fonds pour les pertes et les préjudices approuvé lors de la COP 28, ainsi que d’opérationnaliser l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle.  Il a réitéré l’appel lancé par le Président dominicain Luis Abinader pour que le problème de l’affleurement incontrôlé des sargasses soit déclaré une urgence régionale.  Le délégué a ensuite encouragé à renforcer les investissements dans les énergies renouvelables et la transition vers une matrice énergétique propre; à valoriser les océans et leur biodiversité; à évoluer vers un tourisme responsable; et enfin à mettre fin à la pollution plastique grâce à l’accord international contraignant en cours de négociation.  Il a ensuite fait observer que la position géographique de la République dominicaine lui permet de profiter d’opportunités de proximité, en rapprochant les centres de production des marchés de consommation, en atténuant les risques des chaînes d’approvisionnement, et en réduisant les coûts et l’empreinte carbone. Le Gouvernement dominicain reste déterminé à déployer des efforts et à conclure des alliances stratégiques pour la mise en œuvre des modalités d’action accélérées pour les PEID, a assuré le Ministre, qui a cité en exemple un projet pilote qui bénéficiera à environ 850 000 personnes dans le cadre de services de soins et d’assistance, en particulier les femmes, les personnes handicapées et les personnes âgées.

Mme JUTTA URPILAINEN, Commissaire européenne pour les partenariats internationaux de l’Union européenne (UE), a rappelé que cette organisation régionale est engagée en faveur d’un abandon progressif des carburants fossiles et a soutenu la création du Fonds pour les pertes et les préjudices afin de faire face aux coûts croissants des changements climatiques.  Ses États membres se sont d’ailleurs engagés à verser plus de la moitié des fonds initiaux, s’est-elle enorgueillie.  La déléguée a ensuite indiqué que l’UE continue de plaider en faveur d’une meilleure prise en compte par les banques multilatérales de développement des défis climatiques auxquels les pays en développement sont confrontés, et notamment de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle.  Pour elle, cependant, le secteur privé doit contribuer au développement durable, une idée qui est inhérente à la stratégie d’investissement global Gateway, pour laquelle 300 milliards d’euros d’investissements publics et privés doivent être mobilisés d’ici à 2027.

Mme KAMINA JOHNSON SMITH, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de la Jamaïque, a déclaré que le cadre politique de son pays sur les changements climatiques soutient la réalisation d’une croissance et d’une prospérité durables, ainsi que le renforcement de la capacité d’adaptation et la résilience de la Jamaïque.  Le Gouvernement poursuit un développement à faible émission de carbone, mobilise des financements climatiques et promeut l’éducation et la sensibilisation du public, ainsi que la recherche et le transfert de technologie en vue d’une action climatique ambitieuse.  La Ministre a plaidé pour que les pays développés et émergents prennent des mesures urgentes, tangibles et concrètes pour réduire les émissions de gaz à effet de serre pour maintenir le seuil de 1,5 °C.  Elle a demandé une augmentation significative du financement climatique pour soutenir les efforts d’atténuation et d’adaptation des PEID. 

La réforme de l’architecture financière internationale devra faciliter l’inclusion des PEID à revenu intermédiaire très endettés et vulnérables.  Un nouvel objectif financier doit être adopté et mis en œuvre à la COP 29 pour remplacer l’objectif de 100 milliards de dollars qui n’a pas encore été atteint.  Il faut renflouer le Fonds pour les pertes et les préjudices et doubler le financement de l’adaptation par rapport aux niveaux de 2019 d’ici à l’année prochaine. La Jamaïque signera le traité de droit international sur la mer, a promis la Ministre.  Il est aussi nécessaire de revitaliser et de financer les partenariats pour le développement durable, de combler le fossé numérique et intégrer pleinement la science, la technologie et l’innovation dans les processus de développement.  L’élaboration de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle sera tout aussi importante pour examiner spécifiquement les vulnérabilités et les défis uniques auxquels sont confrontés les PEID. 

M. ALBERT RAMDIN,  Ministre des affaires étrangères, du commerce international et de la coopération internationale du Suriname, a déclaré que les PEID sont fatigués d’entendre des aspirations admirables et des objectifs nobles, alors qu’en termes relatifs, il ne se passe pas grand-chose pour les réaliser.  « Nous devons agir », a-t-il exigé.  Les PEID ont besoin de politiques coordonnées et d’un soutien financier externe spécifique.  Nous avons besoin que la communauté internationale reconnaisse notre vulnérabilité et l’incapacité apparente des institutions mondiales à favoriser une prospérité économique et financière durable pour tous, a ajouté le Ministre.  Il a appelé à élaborer des politiques efficaces en termes d’atténuation, d’adaptation et de pertes et préjudices.  Pour le Ministre, le soutien en matière de pertes et préjudices créera la marge de manœuvre budgétaire nécessaire pour remédier aux vulnérabilités structurelles des économies des PEID.  Il a également plaidé pour un réexamen de l’efficacité des institutions financières internationales pour faire face aux conséquences d’une dette élevée, aux inefficacités économiques et à l’impact des défis mondiaux, tels que les changements climatiques et les conflits.  Le Ministre a en outre appelé au renforcement du rôle des banques de développement régionales et nationales avec des fonds propres, ainsi qu’à l’élaboration d’instruments plus efficaces de financement de la lutte contre les changements climatiques, axés sur les priorités des PEID, facilement accessibles et différenciés.

Pour Mme PENNELOPE BECKLES, Ministre de la planification et du développement de la Trinité-et-Tobago, il incombe aux PEID d’articuler leur droit de bénéficier de la providence de la planète Terre, sur la base de leurs contributions à la production mondiale, de l’exploitation passée de leurs ressources par des entités extérieures et des impacts démesurés qu’ils subissent résultant des actions aveugles des autres.  Le financement climatique doit être accessible, adéquat et prévisible pour les PEID parce que ce n’est pas de la charité, mais un impératif moral et un engagement dans le cadre de l’Accord de Paris.  Les pays développés doivent être contraints d’honorer leurs engagements en matière de financement climatique et de fournir des ressources supplémentaires pour soutenir les efforts d’adaptation et d’atténuation des pays vulnérables.  Les PEID doivent pour leur part investir dans des infrastructures résilientes au climat, des systèmes d’alerte précoce et des mesures d’adaptation écosystémiques pour protéger leurs communautés des ravages des phénomènes météorologiques extrêmes et de l’élévation du niveau de la mer.

De plus, a continué la Ministre, il faut intégrer les considérations climatiques dans nos processus de planification du développement pour nous assurer que nos investissements sont durables et résilients face au climat.  Pour atténuer les impacts des changements climatiques, il faut réduire notre empreinte carbone et assurer la durabilité à long terme des systèmes énergétiques, a-t-elle ajouté, notant que l’avenir repose sur les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique et l’innovation.  Favoriser une culture de l’innovation et de l’entrepreneuriat dans le secteur de l’énergie est un engagement crucial pris par la Trinité-et-Tobago qui tire parti d’énormes possibilités d’innovation technologique pour favoriser la transition vers une économie verte. 

M. ORLANDO HABET, Ministre de du développement durable, des changements climatiques et de la gestion des catastrophes du Belize, a fait part de son inquiétude suite à l’annonce récente que la saison des ouragans dans l’Atlantique sera extraordinaire cette année, avec 17 à 25 tempêtes nommées prévues. Nul besoin de rappeler qu’il suffit d’une tempête pour effacer des années de développement durement acquis par une petite île, a-t-il déclaré, précisant que dans le cas du Belize, les impacts climatiques coûtent déjà plus de 4% de son PIB.

Il a indiqué que les PEID ont défendu la cause de la justice climatique ainsi qu’une gestion environnementale équitable des océans en renforçant la gouvernance inclusive et en établissant des normes solides pour la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique marine.  Dans le domaine financier, les pays insulaires ont également été à l’avant-garde des efforts visant à réformer l’architecture financière internationale et à la rendre apte à soutenir la réalisation des engagements en matière de climat et de développement durable.  L’histoire des PEID est une histoire de droits humains et leur processus doit être un processus de leadership transformationnel. Il a demandé à leurs partenaires de développement de leur donner une chance en travaillant avec eux pour tracer la voie vers un avenir durable et résilient.  De même, il a plaidé pour plus de financements et d’investissements en faveur d’un développement résilient aux changements climatiques et d’un allégement de la dette des petits États insulaires. 

M. MOHAMAD MALIKI OSMAN, Premier Ministre de Singapour, a estimé que les mesures d’adaptation sont clairement une priorité pour les PEID, raison pour laquelle il a pleinement soutenu l’appel du programme d’Antigua-et-Barbuda en ce sens, y compris l’opérationnalisation et la mise en œuvre du Cadre des Émirats arabes unis pour la résilience climatique mondiale.  En outre, les PEID doivent travailler ensemble pour faire pression en faveur d’une COP 29 réussie en Azerbaïdjan, qui garantirait que tous les pays respectent leurs engagements climatiques afin de maintenir l’objectif de hausse des température en dessous de 1,5 °C, comme prévu par l’Accord de Paris.  Par ailleurs, le chef du Gouvernement singapourien a souscrit à la recommandation du programme d’Antigua-et-Barbuda d’exploiter les technologies numériques pour parvenir au développement durable.  Pour tirer pleinement parti de la numérisation, les PEID doivent créer un environnement propice à l’innovation, tout en promouvant l’inclusion numérique afin de garantir que personne ne soit laissé pour compte.  À cette fin, Singapour et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) ont travaillé à des solutions innovantes pour les PEID en matière de gestion des risques côtiers et des infrastructures de transport, a annoncé le Ministre. 

M. KAVYDASS RAMANO, Ministre de l’environnement, de la gestion des déchets solides et des changements climatiques de Maurice, a appelé à tirer les leçons du Plan d’action de la Barbade de 1994, de la Stratégie de Maurice de 2005 et des Orientations de Samoa de 2014.  Malgré des efforts considérables en faveur du développement durable, les vulnérabilités des PEID se sont accentuées, face aux crises environnementales planétaires, à la pandémie de COVID-19, à l’émergence de maladies et à la récession économique, a-t-il constaté.  Il a ensuite indiqué que malgré les défis, Maurice ambitionne de devenir un pays sans plastique dans les plus brefs délais.  Le pays dispose en outre d’un plan directeur pour l’environnement 2020-2030 qui trace la voie vers une transition écologique et met en œuvre un plan d’action pour l’économie circulaire pour la décennie 2023-2033.  Il a insisté sur l’importance cruciale pour les PEID de s’adapter aux changements climatiques pour leur survie, précisant que Maurice travaille à l’élaboration de son plan national d’adaptation.  Cependant, de nombreux PEID, y compris Maurice, sont à la traîne dans la formulation de leurs plans nationaux en raison de capacités et de ressources limitées. Bien que le Fonds vert pour le climat prévoie une allocation nationale pour l’élaboration de ces plans et d’autres processus de planification de l’adaptation, il est difficile d’accéder à ce fonds indispensable, a-t-il regretté en demandant la mise en place d’un bureau dédié pour aider les PEID à élaborer ce document crucial. 

Mme Hanke BRUINS SLOT, Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, a déclaré qu’il faut d’urgence sauver des vies et protéger les moyens de subsistance des PEID par des actions climatiques.  La force des Pays-Bas réside dans la connaissance et l’expérience combinées des îles des Caraïbes et de la partie européenne du Royaume qui s’engage à les partager.  Les Pays-Bas ont une longue histoire d’expertise dans la gestion de l’eau, la défense côtière, l’adaptation au climat et la réduction des risques de catastrophe.  Le pays a de solides institutions du savoir et un secteur privé dynamique dans ces domaines.  Les universités d’Aruba, de Curaçao, de Saint-Maarten et des Pays-Bas offrent une grande expertise pour développer des solutions durables.  Elles veulent donner aux générations actuelles et futures des PEID les moyens de relever les défis urgents de cette époque et diversifier leurs économies, en investissant dans les compétences des jeunes. 

Selon la Ministre, il faut également octroyer une plus grande marge de manœuvre budgétaire aux PEID grâce à une architecture financière internationale qui fonctionne vraiment pour eux.  Les Pays-Bas ont récemment alloué 2,1 milliards d’euros de droits de tirage spéciaux pour des financements concessionnels supplémentaires aux PEID.  Ils entendent aider les PEID à soumettre avec succès des demandes pour divers fonds climatiques grâce à un soutien technique.  Les préoccupations des PEID doivent déboucher sur des actions concrètes dans le domaine de la réforme de l’architecture financière internationale.

M. ABDALLAH ULEGA, Ministre de l’élevage et de la pêche de la République-Unie de Tanzanie, a appelé à renforcer le multilatéralisme par une coopération internationale inclusive, représentative et efficace.  Il est clair que les défis mondiaux sont bien trop importants pour qu’une nation puisse les relever seule, le seul espoir, a-t-il dit, étant de trouver une solution multilatérale.  Notant que les PEID sont plus vulnérables aux impacts des défis mondiaux du fait de leurs ressources limitées, de leur éloignement, de leur susceptibilité aux catastrophes naturelles et de leur vulnérabilité aux chocs extérieurs, il a expliqué que les îles Zanzibar ne font pas exception à la règle.  Ce qu’il faut, c’est simplement le soutien de la communauté internationale pour libérer et utiliser le potentiel de ces nations et ouvrir la voie à un avenir durable, a-t-il estimé.  Saluant le travail du Groupe de haut niveau sur l’élaboration d’un indice de vulnérabilité multidimensionnelle, le Ministre a estimé que si ses conclusions et recommandations sont pleinement mises en œuvre, elles marqueront une étape importante vers la construction d’un avenir plus durable pour les PEID en soutenant l’opérationnalisation de ce nouvel indice.  Le Ministre a dit attendre avec impatience la mise en œuvre effective et significative du programme d’Antigua-et-Barbuda avant d’encourager les partenaires de développement et les parties prenantes multilatérales à coopérer avec les PEID dans cette entreprise.

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