En cours au Siège de l'ONU

Quarante-sixième session,
5e séance – matin
PI/2319

Le Comité de l’information achève ses travaux par l’adoption par consensus de sa résolution phare sur les activités de l’ONU en matière de communication globale

Le Comité de l’information a, ce matin, clôturé les travaux de sa quarante-sixième session en adoptant par consensus ses deux projets de résolution annuels, dont son texte phare sur les politiques et activités de l’ONU en matière de communication globale, dans lequel l’intelligence artificielle est désormais clairement mentionnée avec les risques et opportunités qu’elle présente.

Cette adoption a été saluée par le Président de cette session, M. Muhammad Usman Iqbal Jadoon (Pakistan), qui y a vu le signe du multilatéralisme au travail, ainsi que la consécration de la diplomatie, meilleur moyen pour les délégations de surmonter leurs divergences en vue de relever leurs défis communs, tout en fournissant des orientations au Département de la communication globale (DCG). Renchérissant, l’Ouganda, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et la Chine, y a vu la preuve que les États Membres peuvent être capables de mettre de côté les éléments clivants, même dans les configurations les plus complexes.

Pour la Secrétaire générale adjointe à la communication globale, Mme Melissa Fleming, l’adoption par consensus des résolutions du Comité à un moment de tensions et de divisions mondiales alarmantes adresse un signal important: elle démontre la valeur du dialogue, de la diplomatie et du multilatéralisme, qui constituent le socle de la Charte des Nations Unies.  Elle démontre aussi la reconnaissance commune de disposer d’une communication vigoureuse et dynamique au sein de l’ONU: « Nous écoutons, prenons des notes et, sur cette base, nous nous efforçons de mettre en œuvre les communications à l’ONU telles qu’elles sont envisagées par le Comité. » 

Citant la philosophe Hannah Arendt, Mme Fleming a déclaré que « la liberté d’opinion est une farce si l’information sur les faits n’est pas garantie et si ce ne sont pas les faits eux-mêmes qui font l’objet du débat ».  Elle est revenue sur le débat général du Comité, au cours duquel il avait été souligné que la lutte contre la désinformation, la mésinformation et les discours de haine sont au cœur des préoccupations des délégations, avant d’annoncer la publication, dans les prochaines semaines, des principes mondiaux des Nations Unies pour l’intégrité de l’information, qui offriront une vision constructive d’un écosystème de l’information digne de confiance.  Et dans les prochains mois, a ajouté la Secrétaire générale adjointe, le DCG intensifiera aussi sa communication autour du Sommet de l’avenir et l’urgence croissante de solutions multilatérales.

Le texte consacré aux politiques et activités de l’ONU a reconnu cette année pour la première fois les risques et opportunités considérables que l’intelligence artificielle présente pour le Département, comme l’a relevé l’Union européenne.  Aux termes de cette résolution, le Comité charge par ailleurs le Secrétaire général d’évaluer les meilleures pratiques et les défis en matière de lutte contre la désinformation, la mésinformation et la manipulation de l’information.

En outre, il salue le travail important et complet qui est actuellement entrepris pour rédiger les principes directeurs de l’ONU pour l’intégrité de l’information et renforce les appels à défendre le multilinguisme, en tant que principe central de l’Organisation, « notamment en temps de crise ».

Le texte consacré à l’information au service de l’humanité demande pour sa part que tous les pays et organismes des Nations Unies coopèrent afin d’atténuer les disparités dans la façon dont l’information circule à tous les niveaux.  Il appelle également à ce que les journalistes puissent travailler librement et efficacement. 

Toutefois, l’Union européenne a appelé à tirer des leçons des négociations de cette session.  Appelant à réfléchir au lien complexe qui existe entre la recherche d’un consensus et l’absence de politisation dans le travail du Comité, la délégation s’est dite préoccupée par la remise en question du principe « de notre entente commune ».  Aussi a-t-elle encouragé une plus grande reconnaissance du mandat clef du groupe de travail à composition non limitée du Comité, demandant au Secrétariat et au Bureau du Comité d’évaluer ses méthodes de travail et les moyens de fournir les meilleurs conseils au DCG.

L’UE s’est en outre inquiétée de voir la résolution phare s’étoffer toujours plus au risque de diluer les orientations fournies par le Comité.  En tant que Comité, nous devrions chercher des moyens d’améliorer la résolution, qui est parfois redondante et trop longue, a souhaité la délégation. 

De son côté, le Royaume-Uni a salué le fait que la résolution reconnaisse également le rôle essentiel joué par les journalistes dans la diffusion d’informations fiables à l’échelle mondiale.  Il est juste que ce texte exprime sa préoccupation face aux attaques que subissent les journalistes, mais aussi leurs interprètes, chauffeurs et agents de sécurité, a estimé son représentant.  Il a appelé les États Membres à continuer à faire en sorte qu’ils puissent exercer leur métier en toute sécurité et en toute indépendance.

Les États-Unis, qui ont partagé le point de vue britannique, ont réitéré leur soutien indéfectible aux médias libres et indépendants dans le monde entier. Ils ont évoqué les cas de deux citoyens américains « remarquables », Evan Gershkovich et Alsu Kurmasheva, toujours détenus par les autorités russes pour avoir produit un journalisme intègre, avant de faire valoir le fait que « le journalisme n’est pas un crime ».

Par ailleurs, si nous condamnons systématiquement les discours de haine aux plus hauts niveaux de notre gouvernement, nous reconnaissons également que la suppression de l’expression de ces idées ne les fait pas disparaître, a poursuivi la délégation américaine.  De fait, l’action gouvernementale visant à interdire les discours intolérants ou offensants peut être contre-productive, en rehaussant la visibilité du discours offensant et en forçant les idéologies haineuses à s’envenimer dangereusement.  « Interdire les discours offensants n’est pas utile pour une démocratie dynamique, pour respecter la dignité humaine ou pour créer un espace propice au changement et au progrès », ont insisté les États-Unis. Nous protégeons vigoureusement la liberté d’expression parce que le coût de la suppression des droits individuels est bien plus élevé que le coût de la tolérance des propos haineux, a encore précisé la délégation.

Quant à Israël, la délégation a rappelé l’importance de lutter contre la désinformation, notamment celle qu’elle a prêtée aux terroristes qui ont perpétré les attaques du 7 octobre, date à laquelle se sont multipliés la rhétorique et les actes antisémites, contre lesquels il faut lutter, « pas seulement par des paroles, mais aussi par des actes ».  Pour la délégation israélienne, les plateformes numériques sont devenues un terrain de bataille « entre vérité et mensonge ».

Le rapport du Comité de l’information a été adopté, chapitre par chapitre puis dans son intégralité, en vue de son renvoi à l’Assemblée générale pour qu’elle l’entérine lors de sa soixante-dix-neuvième session.  Il a été présenté par la Rapporteuse du Comité, Mme Baños Müller (El Salvador).

 

 

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